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SSuupppprreessssiioonnss ddee ppoosstteess Le … · des fiches de travail, remises aux décideurs locaux des services déconcentrés de l'Éducation nationale (recteurs et inspecteurs

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SSuppressions de postesuppressions de postes

Après avoir supprimé près de 100 000 emplois defonctionnaires depuis 2007 (sur quatre années), legouvernement de François Fillon vise le même chiffre sur lestrois exercices budgétaires prochains (2011, 2012 et 2013).

Avec 34 000 suppressions annuelles prévues d'ici 3 ans,l'offensive générale contre les emplois de la Fonctionpublique va donc continuer. Aux ordres des marchés financiers et d'une logique libéraledestructrice, la politique menée par le gouvernement vise àréduire les dépenses publiques en s'attaquant aux servicespublics et aux budgets sociaux et non aux mesures fiscalesfavorisant les plus riches (le bouclier fiscal par exemple) oul'exonération des charges patronales (coûtant près de 30 milliards de recettes par an au budget de l'État).

Haro sur les emplois de l'Éducation nationale

Sur les 34 000 suppressions de postes de fonctionnairesprévues pour 2011, 16 000 emplois concerneront l'Éducationnationale. Le Café pédagogique a récemment rendu publics(courant mai) les documents internes à notreadministration qui présentaient lespistes envisagées pour satisfaireles apprentis sorciers de larègle à calculer et du coupde rabot : tous lessecteurs sont touchés,sans exception. Des suppressions depostes d'enseignantsspécialisés dans la priseen charge de la difficultéscolaire dans l'enseignementprimaire à l'augmentationarbitrairement décidée du nombred'élèves par classe, tout est envisagé pourpermettre les retraits d'emplois. L'ensemble est détaillé pardes fiches de travail, remises aux décideurs locaux desservices déconcentrés de l'Éducation nationale (recteurs etinspecteurs d'académie), "identifiant une trentaine de

leviers" pour cibler les retraits d'emplois.

Les emplois administratifs concernés, en servicescomme en EPLE...

Tout comme les postes d'enseignants, les emploisadministratifs sont visés par les fiches ministérielles. La fiche n° 13, intitulée avec force démagogie "Renforcement

de l'efficience des emplois administratifs dans les services

déconcentrés et dans les EPLE" indique clairement lesintentions : définir puis informer le ministre "d'un plan

d'action académique" prévu pour réorganiser les services etainsi permettre de réaliser des "gains" en emploispermettant d'envisager le calibrage national dessuppressions.

Après avoir détruit près de 3 000 postes administratifsdepuis 2006, dont plus des 2/3 en services (centraux etdéconcentrés), le ministère envisage clairement deréintroduire les EPLE dans son territoire de chasse, alorsqu'ils les avaient épargnés en 2009 et 2010.

Evidemment, les "leviers" sont connus pour réorganiser etpermettre ainsi les retraits d'emplois : mutualisations (demissions académiques, des missions comptables en EPLE...)mais d'autres apparaissent également : suppression des EPLEde petite taille, redéfinition de la fonction administrative enEPLE visant à "rationnaliser" (comprendre supprimer) lacarte des postes implantés...En bref, il est demandé aux responsables académiques detout faire pour satisfaire à l'appétit des casseurs d'emplois.

Des mesures qui cassent le service public

Evidemment, la destruction massive des emplois publics àl'œuvre actuellement se retourne très concrètement contreles usagers des services publics, les élèves et leurs familles,

et contre les personnels qui y exercent. Après plusieurs années d'une telle

politique, après notammentplusieurs dizaines de milliers

de suppressions d'emploisstatutaires et de contre-

réformes, qui peutprétendre quel'Éducation nationaleremplit parfaitement sa

mission d'éducation,d'instruction ou de

qualification des jeunes ?Cette politique remet tout

simplement en cause le droit à uneéducation de qualité pour tous les jeunes.

Elle est également contraire aux intérêts des salariés qui ytravaillent. Les conditions d'exercice s'y dégradent, le stressau travail s'y développe car il faut faire autant (voire pluset/ou mieux, à entendre les discours officiels) avec moins depersonnels...

Cela ne va plus pouvoir durer très longtemps sansmobilisations majeures...

Le rythme s’accélère

Fonctionpublique, Éducation

nationale, filière administrative : le gouvernement veut augmenter le

rythme annuel des suppressionsde postes

n° 161 — août-septembre 2010n° 161 — août-septembre 2010

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1111n° 161 — août-septembre 2010n° 161 — août-septembre 2010

Le SNASUB n’a jamais caché son hostilité envers cetentretien professionnel qui n’est qu’une copie appliquée auService public d’une pratique largement utilisée dans leSecteur privé. Ceci n’est pas en soi un critère de vilénie ou deforfaiture, mais en l’occurrence c’est le signe d’une volontéde faire fi des spécificités de la gestion publique etaccessoirement l’indication que pour les administrations lestatut des fonctionnaires n’est pas voué à un grand avenir.

En effet l’entretien professionnel ne constitue en rien uneavancée pour les salariés du Service public ; il est conçucomme le point de départ d’une évaluation individuelle deperformance et il peut donner lieu à de nombreuses dérives.

Ainsi dans un service, une hiérarchie qui souhaitecontraindre les effectifs, et c’est ce qui s’applique de plus enplus, pourra fixer des objectifs individuels toujours plusimportants en terme de volume de travail en faisant miroiterun gain salarial par le biais indemnitaire.

Nous n’en sommes plus au point ou on nous présentaitl’entretien professionnel comme un moyen d’écoutemutuelle, presque comme le sésame d’une relation socialeou le confort le disputait à la courtoisie bien comprise.

Nous en sommes à une phase où l’entretien professionneldevient l’outil privilégié de l’individualisation et de la mise enconcurrence des salariés publics entre eux.

Le SNASUB n’a jamais appelé de ses vœux une telleévolution, il milite au contraire pour que la gestion descarrières se fasse de manière transparente et juste, pourqu’un réel contrôle des instances paritaires puisse s’exercer.

L’entretien professionnel est loin d’être comme la langued’Esope dont on sait qu’elle pouvait aussi contenir lemeilleur. Même dans le cas où un fonctionnaire seraitcouvert d’éloges dans un compte-rendu d’entretien, laperversité du système fait que les appréciations positivespourront être utilisées pour dévaloriser y comprissalarialement ses collègues.

Nous avons également d’ores et déjà la preuve quel’administration s’appuie demanière totalementdiscrétionnaire sur les compte-rendus d’entretien niant desqualités expressément signaléesquand elle ressent le besoind’écarter ou de sanctionner unfonctionnaire. Pire encore ?certains se livrent à des exégèseshasardeuses pour justifier desdécisions n’ayant pu trouverailleurs d’autres fondements.

Lien avec l’indemnitaire

Le lien avec la PFR n’est pas encore réalisé concrètement,mais il ne saurait tarder. L’entretien professionnel deviendradès lors l’outil de détermination d’une part indemnitaire etd’une négation de l’égalité indispensable pour lefonctionnement du service public.

On nous rétorquera que l’appréciation du mérite des uns oudes autres est déjà en vigueur depuis des lustres et qu’il n’ya ici qu’une nouvelle formalisation de l’évaluation.

Mais l’argument ne tient pas ; l’attribution d’avantagespécuniaires individualisés directement liés à une procédurede cette nature change radicalement l’optiqued’accomplissement des missions de service public.

Voyez déjà les ravages de cette politique du résultat qui seconfond étrangement avec la culture du chiffre et avec uncertain abattage de procédures dans les parages duministère de l’Intérieur ou au voisinage de systèmesautomatisés fiscaux ou assimilés.

Culte de la productivité et dégradation des conditions detravail

Nous qui sommes si fiers de cette mission éducative et quinous opposons à sa marchandisation, pouvons-nous laisserse dégrader les conditions de travail en faisant mine de nepas nous en apercevoir pour recevoir quelques euros degratification ?

N’en doutons pas, il y aura de plus en plus de pression quandla triste besogne du rabotage des postes, des mutualisationsforcées ou de l’hypertrophie des agences comptables aura, sion n’arrive à s’y opposer, complètement dégradé le cadredes missions de service public.

Les fameux objectifs de l’entretien professionnel seront deplus en plus exigeants et ce management de la performancemontrera comme dans le privé son véritable enjeu : faire dela productivité le seul ressort de la gestion et del’administration.

L’entretien professionnel comme toute lamachinerie managériale en marche dans notresecteur contribue à un laminage de notre activité,en lui niant ses caractéristiques, il prélude à desombres aboutissements.

On a appris il y a quelques temps qu’un hôpitalparisien avait délocalisé au Maroc le secrétariat descompte-rendus opératoires ; le progrès est enmarche, il suffit de croire que les apôtres dumanagement moderne veulent notre bien !

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L’entretien professionnel : un outil mal dégrossi au profit d’un management imité du privé