Suggestion Mentale Ochorowicz

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  • 8/2/2019 Suggestion Mentale Ochorowicz

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    Ochorowicz, Julijan. De la suggestion mentale. 1887.

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    OchorowiczJ.

    De la suggestionmentale.PrflC. Richet.

    0. Doin

    Paris 1887

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    Symbole applicablepour tout, ou partie

    des documents microfitms

    Original illisible

    N F Z 43-120-10

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    Symboleapplicablepour tout, ou partie

    des documents microfitms

    Texte dtrior reliure dfectueuse

    N F Z 43-120-11

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    SUGGESTIONMENTALE11,

    DELA

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    VREUX,tMPB'MHRtE DE CHARLES UHISSHY.

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    ~)E.t~

    SUGGESTION

    MENTALE

    PAH

    Le ET J. OCHOROWICZ

    Et-Pfofcsscur-AgrgedePsychotogieetde!aPhttosophicdelanaturea l'Untve~ttedeLcmberg

    AVEC UNE PRFACE

    t)E

    M. CHARLES RtCH ET

    PAR!S

    OCTAVE DOIN, DITEUR8, l'LACKDEL'ODON,8

    4887Tousdroitsrserves.

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    A LA SOCJ~TE Af~DfCALS DE LUBU~V

    SoMJf~6rc corr~po~~an~.

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    PRFACE DE M. CH. RtCHET

    Ce'livre, dont le titre effrayera peut-tre ceux

    qui redoutent la nouveaut, n'est pas une uvred'imagination, mais d'exprience. Quantit defaits y sont exposs, qui ont t observs tant parl'autenr lui-mme que par divers exprimentateurs.

    C'est un recueil de faits, et nulle part ailleurs onne pourra, sur la suggestion mentale, trouver ru-nis un si grand nombre de documents.

    Toutefois il ne suffit pas d'accumuler les faits, ilfaut encore qu'ils soient bien observs. Acet gard,la critique de M. Ochorowicz, pour les faits qu'il a

    vus ou qu'il rapporte d'aprs d'autres savants,est aussi svre qu'elle doit tre en un sujet si dif-ncile. Ce qui domine dans son ouvrage, c'est la

    volont bien arrte et bien persvrante de tenir

    compte de toutes les objections, d'carter toutesles causes de mauvaise foi, conscientes ou incon-

    scientes, dese reprsenter~ en les exagrant parfois,

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    PRFACEn

    les difficultsdu problme, et de ne se satisfaire

    qu'aprsavoircarttoute cause d'illusion possible.La tche tait difficile,et c'est dj beaucoup

    que del'avoir entrepriseavec une pareille rigueur.Pour dmontrer la suggestion mentale, Hsuffit

    d'avoir limin deuxcauses d'erreurs.D'abord l'erreur due la

    supercherie.Et

    quandje parle de supercherie, ce n'est pas de celle quiest volontaire, mdite, machiuo, convenue paravance celle-lest trs rare c'est de la superche-rie inconsciente, machinale, produite par la ten-dance naturelle, qui est en nous tous, de vouloirfaire russir une exprience quand nous l'avonsinstitue. Il faut doncs'assurer tout d'abord qu'au-cune indication involontaire n'a pu tre donne;autrement dit, qu'il n'y a eu ni parole, ni geste, ni.

    contactpouvant induire la personne qui rpond, donner de prfrencetelle ou telle rponse.La secondecause d'erreur, c'est le hasard. Le

    hasard amnesouvent des concidencestonnantesor, toutes les fois que le hasard peut tre invoqu,la certitude mathmatique ne peut jamais tre ob-tenue, mais il n'en reste pas moins une certitudemorale, qui rsulte dusuccsconscutifde plusieursexpriences,dont la probabilitestfaible.

    M. Ochorowicza cherch liminercesdiversesdifficults il y est arriv dans un certain nombrede cas qu'il considre comme probants (et je croispouvoir dire qu'il est assez difficile en fait depreuves). Grce quelquesexpriences dcisives,

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    PRFACE in

    il s'est form une conviction~ et naturellement ilessaie de la faire partager ses lecteurs.

    Et cependant, a ne crois pas que son livre, si d-monstratif qu'il soit, entrane laconviction de tous,et mmede beaucoup. Je sais trop bien (par ma

    propre exprience), combien il est difficilede croire

    ce ~M'OMa quand ce qu'on a vu n'est pas enaccord avec les ides gnrales, banales~ qui for-ment le fond-de nos connaissances. Il y a quinze

    jours, j'ai vu tel fait tonnant, qui m'a convaincu.

    Aujourd'hui je hoche la tte, et je commence endouter. Dans six mois d'ici, je n'y croirai plus dutout. C'est l une curieuse anomalie de notre intel-

    ligence. Il nesuffit pas en dfinitive, pour amener la

    conviction, qu'un fait soit logiquement et expri-mentalement prouv, il faut encore que nous en

    ayons pris, pour ainsi dire, l'habitude intellec-tuelle. S'il heurte notre routine, il est repouss et

    ddaign.C'est ce qu'on appelle communment le &o~~M.

    C'est le bon sens qui fait rejeter toutes les ides inat-

    tendues, nouvelles, c'est le bon sens qui rgle notreconduite et dirige nos opinions.

    Hlas ce bon sens qu'on prne tant n'est gurequ'une routine de l'intelligence. Le bon sens

    d'aujourd'hui n'est pas le bon sens d'il y a deuxcents ans, ni le bon sens d'il y a deux milleans. Lebon sens, il y a deux mitie ans, tait de croire quele soleil tourne autour de la terre et se couchetous les soirs dans l'Ocan. Le bon sens d'il y

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    PRFACEIV

    a. deux cents ans tait qu'on ne peut, dans lamme journe, donner do ses nouvelles Pkin eten avoir une rponse, et cependant le bon sens,

    aujourd'hui, indique qu'on peut y envoyer un tl-

    gramme, rponse paye. Aujourd'hui le bon sensconfitnande d'entretenir une arme formidable avec'un million de soldats et cinq millions de fusils.

    Est-ce que dans deux ou trois sicles ce bon sens-l ne paratra pas une absurdit clatante?

    Donc, si l'on s'oppose ia suggestion mentaleau nom dubon sens, on neveut parler que du bonsens de 1886 car le bon sens de 1986 aura de toutautres tendances. Cen'estqu'une question de te!mps,et je m'imagine que, dans un petit nombre d'annes,cette ide, ayant fait son chemin dans les esprits,sera trouve toute simple. Mme on s'tonnera

    peut-tre que nous ayions eu tant de difucnits l'admettre. Ne voit-on pas les immortelles dcou-vertes de notre grand Pasteur, tablies avec un luxeclatant d'expriences dmonstratives, rencontrerune opposition tonnante? Quel plus bel exemple

    v

    de notre incurable routine ?Ce n'est pas a dire que je considre, d'ores et

    dj, la suggestion mentale comme prouve rigou-reusement. Certes non; et les expriences tout fait dmonstratives sont rares. En g'nral,

    quandelles sont probantes (par la concordance des rsul-

    tats), elles ne sont pas irrprochables, et, quandelles sont irrprochables, elles ne sont pas tout fait probantes. Il en est pourtant quelques-unes qui

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    PRFACE ''

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    SMCtHSTtONMENTALE.1

    LA .h~SUGGESTIONMENTALE

    PREMIRE PARTIE

    :-1

    A LA RECHERCHE D'UN PHNOMNE

    Celuiqui,endehorsdes math-matiques-pures,prononcelemot!M~o~6~manquede prudence.

    `

    ARAGO(~eBat~y).v

    Lesbornes du possible reculent. qLa mthode exprimentale, aprs avoir fond la psy- ychologie positive, nous introduit elle-mme dans ledomainedu merveilleux

    L'a hypnotisme appartient dsormais la science,et la suggestion qui produit la plupart de ses mira-cles ne nous tonne plus au contraire, on s''en rfretous les jours pour expliquer d'autres phnomnes,encore plus difficiles comprendre.

    Cependant, avec la suggestion mentale, le problmese

    complique.L'

    imaginationet l'imitation des com-

    missairesde i784 ne suffisent plus. On s'y perd. On nl;air devouloir ddaignerla science, pour senoyer dansl'occultisme.

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    t) LASUGGESTIONMENTALE

    Une foiscette limite franchie et. la suggestion men-tale admise, est-il permis de se flatter.qu'il y ait encore

    quelque autre phnomne plus extraordinaire tu-dier?Mais qu'importe La vritn'est pas faite poureffrayerune science. Cette vrit peut mme tre absolumenten dsaccord avec les opinions courantes; elle n'en est

    pas moins digne d'tre tudie avec soin. Car rien nesert mieuxle progrs, qu'une dcouverte contraire auxthories rgnantes.

    Seulement. Est-ce bien une dcouverte? Est-ce bienune vrit?.

    Toute la.question est l.cartons pour le moment les scrupules; doublons

    nos prcautions habituelles, nos moyens de contrle, etexaminonsles faits.

    Une exprience est toujours instructive, mme quand

    ellerenferme une illusion.Dispens de la peine d'expliquer Inexprience, onaura. concevoir l'illusion et si on parvient s'enrendre compte, ce sera toujours un rsultat.

    Et maintenant, cher lecteur, si nous sommesd'accord

    quant auxprincipes, commenonsnotre petit voyage la recherche d'un phnomne.

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    CHAPITREPREMtE'~

    LA SUGGESTION MNTAJ~APPARENTE

    Mes premires expriences. L'apprciation des individus par letoucher. L'apparence d'une double vue. Imitation desgestes distance. Attraction mentale. Une lucidit simu-le. Un esprit Dqui devine la pense. La fantaisie incons-ciente. Le regard et la volont. Vicomte de Gaston. Laprestidigitation et la psychologie. Le milieu psychique.Suggestion et l'habitude. -Donato. Une paysanne de Zako- (

    pane. Interprtation errone. La thorie suggestive.Expriences l'cole polytechnique de Lemberg. Le toucheret l 'odorat. Une jeune hystrique. Le willing s. LemonoMisme intermittent. Les malades sensitives. Trans-missions des douleurs. Le thermotnicrophone. La cata-

    eps!e provoquementalement. Le grand prestidigitateur del'hypnotisme. Polarit imaginaire. Histoire de M. Camille.

    Robert Houdin. Le cumberlandisme.

    Je dois avouer tout d'abord que je ne croyais pas la suggestion mentale il y a encore un an. Non seule-ment je n'y croyais pas, mais la question ne m'avait pointparu suffisamment srieuse pour lgitimer une tude

    spciale.J'ai cependant essay, et plusieurs reprises, l'action

    prtendue de la pense sur un certain nombre de mes

    sujets.La premire fois, en 1867, Lublin j'exprimentais

    sur un jeune homme de dix-sept ans, assez difficile

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    DJg LA SUGGESTIONMENTALE4

    endormir, mais qui, une fois en somnambulisme,pr-v

    sentait certains phnomnes intressants.Il reconnaissait, par exemple, toute personne de sa

    connaissance qui d'un seul doigt M touchait le dos. Ilen a distingu une fois, successivement jusqu' quinze,~etje dois ajouter qu'une partie de ces personnestaiententres aprs qu'il et t dj endormi.

    S'il prouvait unpeu

    d'hsitation l'gard d'individusqui n'appartenaient pas sa socit habituelle, il dis-tingua toujours mon attouchement decelui detout autre,et il lui est arriv de reconnatre une dame, entre soninsu, et qu'il avait vue pour la premire fois plusieursjours auparavant.

    Comment cela tait-il possible?Quant la diffrence entre le magntiseur et une per-

    sonne trangre,:elle est trs nette pour un grand nombrede somnambules: l'attouchement du magntiseur leurest agrable ou indiffrent, tandis que n'importe quelautre leur cause de la peine Pourquoi? Parce que, disent

    les magntiseurs, ces personnes ne sont pas en rapportavec le sujet. Mais c'est l un mot qui ne nous dit pasgrand'chose. Qu'est-ce donc que ce rapports?

    Pour prciser Ja question, il faut d'abord faire remar-quer que ce phnomne n'existe pas dans l'hypnotismeproprement dit. Un hypnotis peut tre touch parn'importe qui, et si cela lui fait de-la peine, c'est gale-ment vis--vis de tout le monde. Uentendtout le mondeou personne, obit tout le monde, et peut tre rveillpar n'importe qui.

    Il n'en est pas de mme dans le sommeil dit magn-

    tique, provoqu non plus par un objet inanim (un bou-ton brillant, par exemple), mais par un magntiseur, etsurtout par des passes.

    Or,chaque personne a sa faon de toucher et quandon y est habitu, on saisit facilement le contact, la cha-leur ou la pression d'une main trangre, l y a des

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    DE ~ASUeeE~ON 'MENTALE

    animaux domestiques,des chats surtout, qui ne suppf-tent pas les caressesdestrangrs.Sibn flatte dela mainun chat endormi et qui prsente cette idyosyhcrasie, ohle reconnat facilement la diffrence ds mouvementsrflexes le chat s'tend tout de son long langoureuse-ment,si c'est sa matressequi le Hatte dansle cas con-traire, il'se rveille avec mcontentement, et s'enfuit.

    L'isolement danslequel

    se trouve lesujet magntis,la possibilit de concentrer l'attention mieux qu' Ftt

    de veille, facilitentcette sensibilit diffrentielle.L'exer-`~

    cice, l'habitude la fortifient. Le sujet supporte mieuxlesimpressions, auxquelles il s'est habitu; quelquefoismme elles deviennent pour lui un besoin, une ncessit

    agrable, tandis que les sensations imprvues, inaccou-tumes, le drangent.

    Maisds qu'il s'agit de distinguer entre elles les per-sonnes trangres, cette explication neparat plussuffire,mme en y ajoutant les diffrences molculaires ducontact, diffrencesprobables quoique non prouves, et

    qu'il faudrait connatre d'avance, par habitude, pourpouvoir en dduire qu'une certaine sensation physiquecorrespond une personnalit psychique donne.

    Y a-t-il donc l une suggestion mentale?Reconnatre quelqu'un, c'est reconnatre surtout sa

    personnalit psychique, c'est reconnatre cet ensemblevivant, intrieurement actif, dont les'manifestationstactiles extrieures ne sont qu'un reflet imparfait.. S'iltait doncbien prouvque le moi d'une personne puisseagir virtuellement sur le moi du sujet, ce serait l uneexplication directe et relativement suffisante. La per-

    sonne qui touche, pense elle-mme son tat mentalpeut se rsumer dans une affirmation ( C'estmoi )))}et une question ( Mereconnais-tu? ). Tousles assis-tants la regardent et pensent elle machinalementdonc tout le monde influence le sujet et cette influenceconstitue la suggestion.

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    DEI~ASUeGESTONMENTALE.6

    ~ais~ pour admettre une pareille explication, il fautqu'il soit bien dmontr que la suggestion mentaleexiste tandis que ces expriences sont loin de laprouver par elles-mmes.

    Je me suis donc arrt a une autre explication plusnaturelle, quoique assez complique oui, !lyeut sug-gestionde la part de tout le monde, mais pas suggestionmentale. Le sujet avait les yeux bands mais comme

    j'attirai son attentionLsur les personnes qui l'entouraient,il pouvaitbien entendre tout ce qui se passait autour delui; il tait chez lui, l'habitude lui rendait familierstous les bruits possibles, de portes, de meubles, de plan-cher il connaissaitintimement les 8 10 personnes pr-sentes avant son sommeil celles qui ne prenaient pointpart l'exprience, un moment donn, ne se gnaientpas pour changer quelques mots haute voix, tandis

    que lesautres recommandaient le silence la perceptionde voix connues, et dont il est facile de deviner la direc-tion, permet de se rendre peu peu compte de la posi-

    tion de divers interlocuteurs; le bruit de dplacementsinvitables complte ou corrige au fur et mesure sesides.

    Toutes ces inductions ont pu parfaitement resterinconscientes. Sous certain rapport, nous sommes meil-leurs observateurs dans nos rves qu' l'tat de veille.Les scnes imaginaires du sommeil nous reprsententles personnes de notre connaissance avec un profondsentiment de leurs caractres, de leurs habitudes, deleurs mots favoris, d'une infinit de signes physiogno-miques, qui chappent notre observation consciente.Il est donc

    comprhensible qu'un somnambule qui n'apas de distraction, dont tous les souvenirs et toutes lessensations contribuent aune seuleopration perceptive,puisse deviner mieux que nous autres les connexionsde certains signes.

    Le seul fait qui m'a frapp un peu, fut celui de la

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    DE~SUeeESTOMMM~~ 7'

    dame,quele somnambulen'avait vue qu'une seule foismais ce fait offrait quelques particularits de nature ale guider. Le frlement d'une robede soie, derrire sachaise, lui fit deviner une femme,et une femme tran-gre, puisque celles de la maison n'avaient pas de robepareille..Elle le toucha peine, avec une timidit vi-dente c'tait donc plutt une demoiselle qu'une femmemarie; parmi les demoiselles qui pouvaient venir

    cette soire en robe de soie, M""W. figurait en. pre-mire ligne, donc, ce devait treelle.

    Il n'y avait par consquent dans les faits cits qu'unesuggestionpar co/~c~e

    Voicimaintenant une autre exprience, faite sur lemme sujet, et apparemment encoreplus extraordinaire.

    Il s'agissait de vrifier vision sans le secours desyeux.

    Je prends un livre, en dehors de la vue du sujet, jel'ouvre au hasard, etje lui ordonne de lire.

    Je ne vois pas.bien, dit-il.Je lui suggre les deux uu trois premiers mots de lapage, et je l'invite continuer.

    C'est au milieu du second volume, dit-il, chapitretel et tel; c'est le roman de Kraszewski Le Monde et lePote.

    Parfaitement, continuez alors! 1Et, notre grand tonnement il se mit lire une page

    entire, presque sans faute.Si je dposais le livre, il s'arrtait il lisait cou-

    ramment quand j'avais les yeux sur le texte.Je

    changeaide

    pageil lisait

    toujoursbien.

    Quelques-unes des personnes qui ont assist cetteexprience ont cru pouvoir constater la doublevue M,

    t Nousallonsvoirensuitequel'explicationdonneiciduMppo~ne suffitpointdansuncertainnombredecas.

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    DELAS~eESTtONMENTALE:'$

    malgrles explications queje vais donnertout l~heure.Mais si ce n'tait pas une double vue, faut-il unepreuve meilleure de la suggestion mentale?

    Malheureusement, oui. D'abord, il lisait)), quoiquemoins bien, le livre ferm; il fallait seulement lui com-

    muniquer la premire phrase d passage,ce n'tattdonc pas la transmission de la pense; ce n'tait pasnon plus la double vue, puisque, sans cette suggestionverbale, il ne pouvait mme pas lire les numros despages, ni reconnatre un objet quelconque.

    Voicil'explication du mystreLe jeune homme en question a lu dernirement,

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    DE LA SOe~ESt~ MENTALEAPPNENTE 9

    1.

    eut seulement quelques concidences de tempsen .vtemps.

    2Il devait venir moi, traversant plusieurs chambres :=fermes, les yeux bands.

    Cette exprience russissait toujours, mais il fallait yqu'il ft prvenu en gnral qu'elle devait avoir Heu.Alors, et toujours avec un retard de plusieurs minutes,il venait me retrouver. Il tait bien certain qu'il sentait

    ma prsence des qu'il tait dans la mme chambre~mais cela ne prouvait encore rien en faveur de l'actionmentale, ~autant plus que tous les essais faits Tim-proviste n'ont donn qu'un rsultat ngatif.

    3~II devait deviner l'objet pens, en touchant mamain. Rsultat peuprs nul; quelquesrussites cepen-dant.

    Voicil'explication qui m'a paru probable, d'un cer-tain nombre de co ncidences

    4).Noustions deux camarades, vivant ensemble,dansles mmes conditions, et il n'tait pas rare pour nous

    d'avoir simultanment les mmesides.2). Les mouvements qui ont t rpts distanceappartenaient des gestes ou attitudes communes dontle nombre est fort restreint et qui pouvaient tre biendevines au hasard.

    Je me rappelle, par exemple, avoir commence lesexpriences par un ordre de lever le bras droit . Or,c'est presque toujours cette ide-l qui nous vient lapremire, quand on veut exprimenter la suggestionmentale, de mme que, quand on veut prouver lelibre arbitre on donne d'habitude un coup de poingsurla

    table,endisant:

    Jepeuxbienfrapperou nepasfrapperHLe sujet ayant lev le bras droit et n'ayant pas excutles ordres suivants,j'avais le'droit de prsumer qu'ila eu simultanment, mais indpendamment, la mmeide que moi. J'ajoute qu'il fut prvenu d'avance d'avoir excuterles mouvements commands mentalement.

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    ~E LA SUGSESTtON MENTALE~0

    En i869,j'attenouvelme8teniat!ves Varsovie sur~une dameitaUenne. qu'on disait lucide Met qui fusaitbeaucoup parler d'elle. Elle tait remarquable, entreautres, par l'insensibilit presque complte de la pupille la lumire, dans l'tat de contracture gnrale. L'ayantendormie et mise l'preuve, je fus tonn de sa faci-lit toute spciale de raconter ses rves somnambu-liques d'une faon vraiment saisissante. Quant la

    lucidit ou clairvoyance proprement dite, elle taitfort obscureetje n~aipas russi une seule fois arrter

    les flotsde sonloquence par un ordre mental.On verra plus loin que, dans l'tat de somnambulisme

    actif, quand la somnambule parle beaucoupd'elle-mmela suggestion mentale n'est pas possible.

    Dans la mme anne, j'ai fait encore quelques exp-riences spiritiques (j'emploie ce terme dans le sensque lui adonn M.Richet), expriencesquise rattachent

    -notre sujet.Voicileur origine Un homme srieux assistait, un

    jour, une soire des tablestournantes. Voyant Panolle-ment gnral et l'enthousiasme facile des personnes quis'amusaient pousser la table inconsciemment:

    Je croirai aux esprits, dit-il, s'ils me disent le nomde baptme de mon grand-pre.

    Il tait g lui-mme et convaincu que personneparmi les assistants ne connaissait le nom de son grand-pre.

    Les esprits eux-mmes peuvent ne pas le savoirremarqua gravement un spirite qui dirigeait les exp-riences mais si vous concentrez votre pense sur le-

    nom que vous tes seul connatre, ils pourront vous ledire.On rcita l'alphabet, et les coups de la table frapps

    aux lettres correspondantes ont compos le prnomd'Adalbert. Celase trouvait exact.

    C'est une diablerie, pensa l'homme srieux, et il se

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    DE LA SUGGSTMN MENTALE APPARENTE 11

    donnala parole de ne plus assister auxexploits desspirites.

    Lorsqu'il me raconta cette histoire, j'ai eu le droitde supposer une suggestion mentale. Ne croyant pasaux esprits, il fallait, moins d'admettre un simple v.hasard, peu probable, se rsigner cette dernirehypothse. Cependant, vu la complexit de ce genred'expriences, la facilit d'une illusion quelconque, je-me suis dcid de ne rien admettre, en dehors d'uneexprience que j'excuterais moi-mme dans des condi-tions bien connues et bien dtermines.

    Bientt, l'occasion s'offrit de tenter l'preuve.Parmi les cinq personnes (jeunesfillespour la plupart)

    assises autour de la table, aucune, d'aprs ce qu'onm'assura, ne connaissait le nom de la grand'mre d'unedame ge qui est reste en dehors de l'action. Ce nomfut indiqu; mais, vrification faite, j'ai constat qu'unedesjeunes filles qui tournaient la table a d entendresouvent prononcer le nom en question elle m'a avou

    elle-mme, qu'au cours de la sance elle s'tait rappelce nom, qu'elle avait cru nepas connatre quelques mi-nutes avant.

    Cela suffisait pour justifier une influence, plus oumoins involontaire, de ses muscles.

    J'ai imagin alors un nom de fantaisie que j~taisseul connatre.

    La table rpondit par un autre nom, qui n'avait abso-lument aucune ressemblance avec ma pense. Je fissemblant d'crire un mot sur un morceau de papier. Latable

    rponditpar un mot louche

    auquel personnen'avait pens. Il devenait donc vident que la fantaisieinconsciente des mdiums ferait fausse route chaquefois qu'elle ne serait point guide par une suggestionquelconque.

    Passons une autre exprience. J'avais prpar,

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    )~ASUG6RST

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    DE J~SUeGESTmN MNTA~ 13

    Encore une russite.apparente:Je prie une dame qui ne faisait pas partie des m-

    di ums de -passer dans une autre chambre, d'crire unchiffrequelconque sur un bout de papier, et de ne lemontrer personne.

    Lorsqu'elle fut rentre je demande la tableCombien y a t-il de chin'rescrits ?

    Deux.

    Quel est le premier? Je rcite tous les dix signes,y compris zro, la table ne bouge pas. Je recommence

    Est-ce un?Oui. (Il -tait 'convenuavec les esprits qu'un

    coup signine oui, deux non).Et le second chiffre ?

    La table frappa 6 coups. Maisnous tions peine ausixime, que la dame s'cria C'est tonnant! j'aicrit i6!

    Je dois ajouter qu'elle ne pouvait pas se dcider.dans le choix d'un nombre.

    Est-ce un seul chiffre ou plusieurs'que je doiscrire? me demandat-elle avant de sortir.Un nombre quelconque, rpondis-je, de deux ou

    trois chiffres par exemple.La suggestion de deux chin'res a donc t donne par

    maladresse.Nousavons recommenc, etcette fois-ci,dans des con-

    ditions rigoureuses. J'tais seul connatre l chiffre.J'ai crit 4, et la table a devin 346.

    En i872, ce fut une jeune Allemande, trs sensible,

    trs dlicate, sujette des vanouissements hystriques,qui me suggra l'ide d'un nouvel essai. J'avais fait surelle une srie d'observations relatives aux changementsdu pouls dans diverses phases du somnambulisme,observations mentionnes dans l'ouvrage que j'ai publien allemand ~ce~~M~e~ des ~e~MSs~e~e~s. Leipzig

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    t4 BE LA SUGGESTtONMENTtE

    1874. Maisles phnomnespsychiques furent chez elletrs mdiocres, et, quant la suggestion mentale, ellen*apas russi du tout.

    Je ne mentionnerai pas une foule d'expriences d'oc-~casion, faites l'insu des personnes ventes, et qui,d'aprs le prjug populaire, consistaient faire retour-ner la tte d'une personne qu'on fixe par derrire, enlui ordonnant de nous regarder. Ces expriences ont

    russi de temps en temps, mais jamais dans des condi-tions scientinques. Une fois cependant, les apparences

    m'ont beaucoup surpris. Je me trouvais dans unesalle de bal. Unejeune fille attira mon attention par la

    singularit de ses traits; j'ai donc souvent port monregard vers elle et j'ai cru avoir remarqu qu'a chaquecoup d'il un peu prolong, sa tte et ses yeux se por-taient dans ma direction. Elle ne pouvait cependant mevoir. Pour vrifierle phnomne,j'ai choisi un momentmoins favorable, et je russis. J'essaye encore une fois,mme succs! Alors, me trouvant dans une pice voi-

    sine,je dis unde mes amis Nous allons tenter uneexprience curieuse. Vois-tu cette jeune personne quireste assise dans un coin du salon? Je la ferai venirici. Une minute aprs la jeune fille se lve, entredans la pice, reste un moment indcise,jette sur nousun regard interrogateur, puis retourne au salon.

    Je fis sa connaissance quelques semaines aprs. Sou-mise l'exprience de l'hypnoscope 1,elle ne prsentaitqu'un peu d'engourdissement dans le doigt. Elle s'en-dormit assez difficilement (dans quinze minutes) d'unsommeil trs lger et qui se dissipa bientt. C'tait

    J'ai donncenom& un aimant d'uneforme spciale,qui,appliqusurun doigt,sert dcouvrirlasensibilithypnotique.Aquequesexceptionsprs,cemoynnestcettain,ettrscommode,car !'app!icationnedurequedeux minutes.(Comptesrendusdela Socitdebiologie,n"M,1884 La LM~M~e~c

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    DE L SUGGESTiONAENTLEAPPARENTE i8

    maigre pour un b(m sujet. Pasune se~/e ea~~cMcesM~es~o~~e~a~~c~MS~M~.

    Etait-ce donc une illusion? Je crois que oui.Aprs avoir ruchisurlecas, connaissance faite du

    sujet, j'ai tout autrement interprt mes premiers suc-cs. D'abord il n'y avait rien d'tonnantqu'elle.se retour-nt quand je la regardais, parce que, ayant entendu

    parler de moi, elle voulait faire ma connaissance; et ilest mme probable que, par suite d'une illusion fortcommune,j'ai cru l'avoir remarque le premier, cause de la singularit de ses traits M, tandis qu'enralit, ce fut elle qui m'observait dj depuis long-temps, etqui dirigea, inconsciemmentpeut-tre, d'abordmon attention et ensuite mes essais. D'ailleurs, il estraisonnable de se mfier des jolies femmes, ellesvoienttrs bien de ct. On dirait que la priphrie de leurrtine est aussi sensibleque lemilieu de la ~c~cyaMKe.

    Cet incident m'a dgot de la suggestion mentale,et

    plusieurs sujets remarquablesm'ont

    pass parles

    mains, sans que j'eusse envie d'essayer sur euxla trans-missionde la pense.

    Je me rappelle encore d'uneautre circonstance dcou-rageante.

    Je suis all une reprsentation extraordinaire d'un certain vicomte de Gaston qui faisait destours de mmoire et de prestidigitation, improvisaitdesvers, lisait sans le secours desyeux et devinait les pen-ses. Cefut une sance vraiment intressante pour unpsychologue. Je ne parlerai pas des trucs ordinaires,quoique je le dis en toute franchise c'est l une

    tude que je recommande sincrement tout physiolo-giste qui s'occupe de l'hypnotisme en gnralet de lasuggestion mentale en particulier. La magieblancheestl'uvre d'une application ingnieuse de la psychologiede l'attention, des associationsinvolontaires, del'illusionet des mouvements rflexes plutt, que de l'habilet

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    DE LA SUGGESTIONMENTALE~6

    physique. Le grand prestidigitateur de l'hypnotisme,c'est l'Inconscientde Hartmann. Il faut savoir leprendrepar la queue pour ne pas tre sa dupe.

    Mais ce qui mrite d'tre mentionn ici, c'est unesrie de tours, bass uniquement sur ~Msocta~o~desM~. On sait que, par un subterfuge fort simple, il estpossible de forcerune personne choisir une carte vou-lue parmi plusieurs autres. On n'a qu' drouler rapi-

    dement devant ses yeux le jeu de carte, de manire quela carte prdestinesoit la-seulebien visible. Vousesca-motez ainsi la perception du sujet, qui choisit machi-nalement la carte suggre. Notre prestidigitateurpsychologue a dvelopp cettemthode, en l'appliquantaux,oprationspurement mentales aprs avoir prparun certain nombre d'enveloppes cachetes et contenant.un mot crit l'avance, tel que rose ?, diamant ,ngre , etc., il entamait une conversation spirituelleavecle public. En causant de~M~M~?'p~s ~M?'dam a~M,il s'arrtait juste au moment o l'association

    la plus proche et la plus invitable tait celle d'un desobjets prdestins. Puis, faisant un tour habile, il reve-nait d'un autre ct lammeassociation, non exprime,et demandait brusquement une personne, qu'il jugeaitbien absorbe dans ses machinations, de penser unobjet quelconque.

    Elle choisissait toujours l'objet suggr.Il n'avait qu' demander ensuite, auquel des trois

    rgnes minral, vgtal ou animal appartenait l'objetchoisi, pour tre sr- du succs et prouver la per-sonneintresse,que sa penses'est inscrite d'elle-mmedans une lettre cachete.

    Comme l'exprience que je viens de dcrire n'estqu'une utilisation consciente d'un processus mental, quise reproduit journellement et machinalement dans lavie commune,il s'en suit, que dans un grand nombrede cas, le milieu psychique de l'assemble suffit pour

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    DE LA SUGGE8TONMENTALEAPPARENTE

    expliquerr de concidencesinattendues entre lespcnsesde l'exprimentateur et celles de sessujets. Concidencesd'autant plus tonnantes qu'on connat moinsle mca-nisme inconscient de ces suggestions, Me~a/M, si vousvoulez, mais qui n'ont rien f~ire avec la transmissionrde la pense. Depuisce temps, je suis d'avis que. dansune exprience de suggestion mentale russie, il y a

    toujours

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    i8 f DE LA SUGGESTION~M~

    traite que comme faisant partie de l'Histoire des Reli-gions. Je n'ai eu que quelques mots changer pour

    soumettre ce protocole la signature des membres.Evidemment, on n'est pas si bon prophte sans tre

    un peu complice. mais, on est toujours complicedsqu'on commande l'excution d'une ide, qui nous vientmachinalement l'esprit. En voici un exemple Voustes un habitu de la maison.Vousne vous

    rappelez pasque, la dernire fois, on causa de la politique coloniale,et qu'aussitt aprs une dame s'est mise au piano. Oncause de nouveau de la politique coloniale, tandis quel'ide vous vient d'essayer la suggestion mentale vousordonnez la dame d'aller au piano et elle y va.Vous tes tout tonn du succs, d'autant plus que vousne voyez absolument aucun rapport entre la politiquecoloniale et un morceaudepiano, et que votre compre,lui aussi, vous assure de la meilleure foi du monde,qu'il ne comprend pas du tout comment l'ide de semettre au piano lui est venue subitement.

    On peut utiliser ce processus inconscient en connais-sance de cause M. P. mon ami, aussi spirituelque distrait, jouait aux checs dans une pice voi-sine nous causions, nous autres, prs de la porte.J'avais remarqu que parmi les obsessions,si communeschez les joueurs d'checs. l'une des plus frquentes etparticulire mon ami, tait la suivante tout en

    jouant avec laplusgrande.attention, il sifflait machina-lement un air de Madame Angot . II m'arrivait del'accompagner en battant la mesure sur la table.Mais,cette fois-ci, il sifQaitautre chose, par exception.

    C'tait la Marchedu Prophte.Attendez, dis-je mes compagnons nous allonsfaire un tour P. Nousallons lui ordonner mentalementdepasser du Prophte la Fillede MadameAngot M.

    Je me mis tout d'abord battre la mesure de lamarche; puis. profitant de quelques notes communes,je

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    DE LASUGGESTIONMENTAL APPA~ENTE ta

    passe rapidement ta mesureplus rapide et plus saccadev

    de son air favori.Alors notre joueur, lui aussi, change rapidement d'air

    et se met siuler MadameAngot .Tout le monde clata de rire. Quant lui il tait trop

    absorb par un chec - la reine, pour se douter dequelque chose.

    Recommenons, dis-~e et revenons nu

    Pro-phte M.Et nous avons eu tout de suite une reprise de Meyer-

    he~avecune fougue particulire.Monami savait qu'il avait siffl quelque chose, mais

    rien de plus.Celuiqui connait les habitudes d'une personne peut

    quelquefois simuler la suggestion mentale, mme sansaucune impression suggestive.

    A la Facult de X. nous avions un professeur de phi-losophie qui, en faisant son cours, avait l'habitude deregarder d'abord sa droite, puis au milieu de la sallerpuis gauche, puis de nouveau droite et ainsi desuite, avec la rgularit d'une pendule. Commeil n'yavait rien de choquant dans cette petite habitude, elten'avait pas t remarque. Un jour, il tait en train denous prouver la libert psychique de l'homme.

    Vousaltezvoir son libre arbitre, dis-je mes col-

    lgues, par plaisanterie.Et, en levant un doigt, je me mis commander les-

    mouvements, que sa tte devait excuter droite, aumilieu, gauche.

    Ne croyez pas que cette anecdote n'ait pas de rapport

    avec notre sujet; naturellement ce n'tait qu'une plai-santerie ce serait une tricherie si elle tait prise ausrieux. Mais prcisment dans l'hypnotisme ces tri-cheries-l arrivent involontairement des physiolo-gistes qui savent bien observer les faits extrieurs,maisqui ne savent pas s'observer eux-mmes. Voici une

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    &E LA SUGGESTNMENTALE26

    mprise de ce genre qui m'est arrive moi-tneme etqui rentre parfaitement dans la catgorie des sugges-tions apparentes, vises par notre dernire anecdote.

    Je traitais par l'hypnotisme une dame ge, atteinted'un rhumatisme articulaire chronique. Je rendormaistrs facilement et un repos absolu d'une demi-heure(tat o~e~Mc) suffisait toujours pour calmer sesnerfs etamliorer son sommeil naturel au moins pour quelques

    jours.Il

    n'yavait

    pas moyende

    provoquerle somnam-

    bulisme proprement dit, ni de faire causer le sujet (tat'~p~c) -je me tenais donc l'cart, en feuilletantun livre quelconque et en attendant l'heure du rveil.Unjour, j'ai eul'ide d'essayer le rvei! par ordre men-tal. Rveillez-vous, lui dis-je mentalement, et aussi-tt elle eut quelques contractions des muscles dela face,les yeux se sont ouverts elle tait rveille.

    Quelquesjours aprs, j'essayais de lui faire excutercertains mouvements, mais en vain; j'arrivais cependant rveiller le sujet de la mme manire, seulement avecun certain retard. C'tait nanmoins tonnant. Mais

    pourquoi se rveillait-elle, tout en restant insensible d'autres suggestions ?

    En voici la raison il y avait l deux habitudes, quiavaient pass inaperues. Continuant le traitementdepuis plusieurs semaines/j'avais pris l'habitude de larveiller juste une demi-heure aprs la dclaration dusommeil. Je ne regardais pas la montre, mais je venaistoujours l'heure fixe, et, commec'tait une heureavant le diner, mon estomac remplaait parfaitementma montre.

    Quant la malade, elle a pris galement l'habitude

    de se rveiller presque exactement la minute ph-nomne bien connu des hypnotiseurs. Cela n'arrive pastoujours, mais cela arrive trs souvent.

    Ayant eu ce soupon,j'ai voulu en vrifierl'exactitude.Eh bien je n'ai pas eu de peine constater

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    DEt

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    82 DE LASUGGESTIONMENTALE

    donne par le magntiseur. C'tait vague, mais c'tait

    cependant vrai.Il existe en magntisme un phnomne peu tudi

    par les hypnotiseurs, quoique dj mentionn parM. P. Richer celui de l'attraction dite magntique.Il sBtd'approcher la main du bras du sujet endormii

    pour qu'aussitt ce bras se porte dans la directiondelamain et suive tous ces mouvements. Quoique l'aimant

    provoque le mme phnomne, il ne faut pas se laisserprendre par des analogies. Cette attraction n'a rien decommun avec l'attraction du fer par l'aimant; ellen'est pas d'ordre physique, elle est d'ordre rflexe.

    Mais c'est l une question part, que nous n'avons

    pas aborder pour le moment. Ce qui importe et ce quise rattache notre sujet, c'est que cette facult, propre un grand nombre des somnambules,peut tre cultiveet perfectionne par l'ducationhypnotique. Peu peu lesujet devient sensible des attractions varies et si,aux attractionsautomatiques s'ajoute la conceptionintel-

    ligentedes

    gestes,on a

    toutce

    qu'ilfaut

    poursimuler

    merveillela transmission de pense.Au dbut, le sujet n'est influenc que de prs et il ne

    peut comprendre que des mouvementssimples; ensuite,il s'habitue la faon d'agir de son magntiseur, devineles gestes non achevs, et une association machinales'tablit entre les indices presque imperceptibles del'exprimentateur et certains mouvements rflexes oumme volontaires du sujet.

    Et voil comment M'~Lucilea pu excuter les ordrescommands sans paroles.

    11 existe encore un autre moyen, beaucoup plussimple, de simuler la suggestionmentale. M. Donatolui-mme a montr, qu' l'aide de certainsmouvementsdes.doigts, devant les oreilles de M""Lucile, il pouvaitpro-duire une hyperacousie, sumsante pour permettre ausujet d'entendre des paroles, prononces tellementbas,

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    DE LASUGGESTIONMENTALEAPPARENTE 23

    et avec des mouvements des lvres tellement imper-ceptibles, que mme les personnes prvenues et qui yfaisaient attention, n'ont pu rien comprendre.ai sou-vent rpt cette exprience,entre autres sur une pay-sanne de Zakopane (en Galicie), qui, les oreilles bou-ches et toute la tte entoure entriple d'un gros fichupais, rpta parfaitement les mots prononcs par moi,aussi bas

    que possible,

    quatremtres de distance.

    Il est vident qu'avec une telle hyperesthsie, lesujet peut

    i" Oubien entendre directementce qu'on dit l'oreilledu magntiseur;

    2" Ou bien entendre ensuite ce que celui-ci lui souffle l'oreille, sans tre entendu des assistants.

    M. Donato a bien voulu faire pour moi une sanceprive. C'est alors que j'ai eu l'occasion d'exprimenterencore une fois la suggestion mentale. Le magntiseurlui-mme mit des doutes l-dessus. Il croyait le ph-nomne possible, il l'avait mme une fois dmontr en

    prsence de M.Aksakow; mais, d'aprs lui, l'expriencene russit que rarement, on ne sait pas comment, ellechoue dans la plupart des cas, on ne sait pourquoi.

    Nous avons essay tout de mme.M~"Lucile debout, nous tournant le dos; moi ct

    du magntiseur deux mtres du sujet; ce dernierdevait tendrele bras gauche. Au bout d'une minute, il

    y a eu quelques petits mouvements dans le bras indi-que, ou plutt dans tous le corps, mouvements qui pou-vaient bien tre dtermins par la fatigue du sujet et n'a-voir aucun rapport avec les intentions du magntiseur.

    M. Donato ne nt pas dedifncuMspour le reconnaitre.Je serais plus sr de la russite, me dit-il, si vousme permettiez d'agir avecdesgestes.

    Maisla questiou n'est pas l.Certainement qu'on pouvait, en agissant par attrac-

    tion, faire tendre un bras.

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    DE LA SUGGESTION MENTALE34

    Les autres tentatives n'ont pas russi mieux, soit quec~ ft moi qui commandt, aprs avoir endormi le

    sujet, soit que ce ft M. Donato lui-mme. J'ai seule-ment constat le mme phnomne que chez l'un de

    mes premiers sujets, savoir ta facult de reconnatrela personne qui lui touche le dos ( travers le corsage).Quand c'tait M.Donato,qui avait endormi e sujet, monattouchement lui faisaitde la

    peine;le contraire- a eu

    lieu, quand c'tait moi qui magntisait; cependant, ellesupportait toujours relativement mieux le contact de sonmagntiseur habituel.

    Desprcautions ont t prises, pour quele sujet nepuisse deviner la personne autrement que par l'actionseule d'un contact simple et lger.

    Ce phnomne-l, je l'ai vrifi depuis, presque surtous les sujets minemment sensibles, non hypnotiss,mais ~~M~M, et je fus oblig en mme temps d'ad-

    mettre une action physique individuelle en dehors del'hypnotisme de Braid.

    J'espre qu'on ne m'accusera pas de lgret, quand j'aurais publi les dtails de ces tudes, et eu gard cette circonstance, que pendant quatorze ans je suisrest hypnotiseur commetout le monde.

    La question de l'action physique n'est pas indiffrentepour le problme de la suggestionmentale onle verraplus loin-mais videmmentl'une n'implique pasl'autre.

    Malgr cette volution dans mes opinions, j'taisencore loin de croire la transmission de la pense.

    Lesessais prcdents m'avaient, au contraire. dcou-rag, en mettant jour toute la complexe de la ques-

    tion et toutes les causes d'erreurs.Il fut acquis pour moi qu'un magntiseur habile,ayant un sujet convenablement duqu, peut parfaite-ment imiter la suggestion mentale, ou bien encore tredupe lui-mme des associations inconscientes. Lestmoins, en racontant le fait, le transfigurent, Fembel-

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    D LA SUGGESTIONMENTALEAPPARENTE 28

    SUGGESTIONMENTALE. 2

    lissent involontairement, en vertu de cette fa.cuHpsy-chique, trs estimable dans les arts, mais minemmentdangereuse en science, qu'on appelle a fantaisie com-plmentaire .

    -Par omission'de.quelques dtails, qui paraissent insi-gnifiants, par exagration de quelquesautres qui sem-blent ncessaires l'intelligence de la situation, on

    arrive se former dans l'esprit une preuve exp-rimentale, qui, en ralit, ne prouve que notre enthou-siasme personnel. Si, en racontant le fait pour la pre-mire fois, on l'ajuste un peu ad M~M~

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    M LA SUGGESTION MENTALE26

    le pas d'une mouche sur une planchette mince, non pasparcequ'ilamplinele~'M~.du reste imperceptible di-rectement, mais parce que le microphone ~~s/b~c ensons lessecousses mcaniques de ces pas. Fixez proxi-mit de la planchette une montre qui produit un sonbeaucoup plus fort, et vous n'entendrez ?' mais

    ~M

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    LA SUGGESTIONMENTALEAPPARENTE 27`

    J'avais donc l droit de considrer leur tmoignagecomme insuffisant, et ceci pour une autre raison encore

    Pour pouvoir juger un fait de ce genre,'il faut abso-lument avoir dans l'esprit la thorie suggestivede l'hyp-notisme il faut se rappeler chaque moment, que tousles phnomne!! hypnotiques, sans exception, quellequ'en soit la cause primitive, peuvent tre reproduits

    parFaction seule de l'imagination, par

    l'M~o~s~.En

    consquence, pour admettre, par exemple, un cas desomnambulisme distance, il ne suffit pas seulement devrifier le fait, il faut encore avoir la certitude absolueque le sujet n'a pas pu par une combinaison des circons-tances, par l'altitude de la personne qui devait l'ob-server, prsumer l'exprience. Il y a plus, cette prsomp-tion elle-mme peut rester inconsciente, tout en ~er-minant ~j~ voulu. Mes tudes hypnotiques ne melaissent aucun doute l-dessus. Desorte que. mmedansle cas o le sujet n'a nullement t prvenu, o il d-clare ne s'tre dout de rien, on n'est pas encore

    l'abri des incertitudes. Or, malgr les publications del'abb Paria, d'Hnin, de CuviHier,deBertrand, de Braid,deDurand, de Gros, de Morin,de Szokalskiet Libeault,la thorie de la suggestion n'a t rellement connue etreconnue, que depuis l'apparition del'ingnieux travaildu DrBernheim. Dans letemps, on trouvait comprhen-sible l'action des courants magntiques dans l'espace,mais on croyait invraisemblable la production du som-nambulisme, la suite d'une lettre (non magntise) qui.fixait Inexpriencepour une heure donne. Le sujet s'estendormi quelques minutes auprsune concentration de

    volont distance, par consquent ce fut la pense et le fluide magntique son facteur, qui ont produit lesomnambulisme ;po~~oc,e?~oj!?rojo~Aoc.

    Ochorowicz. SM)'/'

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    28 DE LA 8U6GE8T!ON MENTALE

    Cesdoutes m'ont paru longtemps suffisants pour re*-noncer de nouvelles tentatives. Mais on revient tou-

    jours ses premires amours.En professant l'Universit de Lemberg un cours de

    psychologie physiologique,j'ai beaucoup tudi les dif-frentes questions de l'hypnotisme. Un grand nombrede mes lves se prtrent volontiers toutes sortesd'essais et c'est alors queje commenai m'orienter un

    peu mieux sur ce territin mystrieux. Un jour j'avaisruni six de mes meilleurs sujets, dans une salle deTEcoIePolytechnique hermtiquement close la lumirepourvriSer les prtendues dcouvertes du baron Rei-chenbach. Nous sommesrests trois heures dans Fobs-curit absolue, mais aucune des assertions du chimisteallemand n'a pu tre constate srieusement. En revan-che, nous avons dcouvertun fait nouveau assezintres-sant, savoir que certains sujets hypnot.isables voientbeaucoup mieux la phosphorescenced'une machine lec-trostatique, que nous autres. Lesfilets de lumiretout

    fait invisibles pour nous, et constituant une prolongationdes raies visibles, furent parfaitement dcrits par deuxoutrois d'entre eux, et vrifisobjectivementdeplusieursmanires.

    J'ai choisi deux de ces sujets pour essayer la sugges-tion mentale.

    Le premier, un jeune homme d'une taille et d'uneforce remarquables, tout fait bien portant, mais trssensible l'hypnotisme. (~p. hypnoscopique:irritation,anesthsie, contracture), prsentait cette particularit,qu'il tait impossible de produire chez lui une halluci-nation ou une suggestion verbale quelconque. Endormipar la fixation du regard, ou par un autre moyen qui-valent, il retombait en co~'ac/M~e ~M~a/e et au pointde vue psychique, dans un tat d'aidismecomplet (ai-die ttanique). Si on essayaitde le faire parler, ilfallaitd'abord dgager les muscles de la parole, tous contrac-

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    DELA SUCeESTtONMENTALEAPPARENTE 89

    turs et alors ds qu'on obtenait de lui une rponse, ilne dormait plus un certain tourdissement et une con-tracture gnrale persistaient seuls. Onpouvait rveillerseulement un hmisphre et une moiti du corps (dumme ct), mais il fut impossible d'obtenir le ~o~Mo~-~M~sMM.tlpassait directement de l'tat lthargique al'tat de veille; mais d l'tat de veille; aussi bien qu'en

    lthargieon

    pouvaitobtenir

    par des passeslocalises

    l'insensibilit, l'hyperesthsie, l'attraction, la catalepsieet les contractures. Jamais une hallucination. L'hype-resthsieneuro-musculaire fut tellement prononcequ'ilsuffisait d'opprocher un doigt, un aimant, de projeterun rayon de lumire, ou seulement de concentrer leregard surun point nu du corps, pour produire une con-traction ou une contracture locale.

    Sij'essayais de l'influencer mentalement en comman-dant un mouvement, ce mouvement ne s'accomplissaitpas, mais le membre vis par mon regard entrait encontracture. Si, au lieu d'agir par le regard, j'agissais

    par des gestes, il y avait une attraction excessivementfortede tout le corps et ilexcutatttous les mouvementsindiqus par les attractions, jusqu'au moment o unecontracture gnrale l'obligeait de tomber raide ou derester immobile. Il fallait alors enlever la rigidit, parun lger massage, pour continuer l'exprience.

    Cette sensibilit particulire s'est dveloppe -peuapeu. L'attraction ne se manifesta qu' la cinquime ma-gntisation. (Toutes ces expriences ont t prsentes la Socitmdicale de Lemberg en i88i.) Il tait bienprouv pour moi qu'il pouvait tre influenc par le re-

    gard (quoiqueles expriences ne russirent pas toujoursquand ellesfurent faites l'improviste), mais il taitcertain en mme temps, que la suggestion mentaletoute seule restait toujours sans rsultat. Il n'y avaitmme pas trace d'action. Hypnotis, il obissait toutle monde, ~o~M~Me,il ne suivait que son magntiseur;

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    DE LA SUGGE8TONMENTALE.v

    ce~ui-ci seul pouvait le rveiller, nu faire disparatre lacontracture, mais toujours par un massage, les passes,les gestes, le souffle et non par ordre mental. Une oudeux fois seulement, j'ai russi, dans cet tat d'tour-dissementmomentan ducerveau qui prcdaitle rveil,& quelques MMsc~'o~physiques (une pi-qre douloureuse, un got amer, etc.), mais l encoreil y avait des incertitudes d'interprtation et je ne pour-rais pas garantir la valeur de quelques succs.

    Mon autre sujet, fut un jeune homme, galement dehaute taille, mais faible en gnral, trs intelligent, unpeu anmique et poitrinaire. il tait trs sensible, trop

    sensible mme toutes sortes d'impulsions. (Exp. hyp.analgsie, contracture instantane de tout le bras.~L'application de l'hypnoscope sur le creux de l'estomacprovoquait chez lui unesuite de phnomnes singuliers,des sensations, des contorsions, descris perants prolon-gs, des mouvements rotatoires des bras, de la tte etde tout le corps. Il fut aussi remarquable par les visions

    somnambuliques et suggestivesde tous les sens.i'" exprience. Le sujet en somnambulisme (tat

    polyidique) compte de un cinquante. II devait treinterrompu par un ordre distance. Rsultat quel-ques concidences, mais le plus souvent la paralysie sehtait trop elle prcdait l'ordre mental; par cons-quent, il fallait la considrer comme provoque par l'i-doplastie.

    2~M?p. Je touche la nuque avec un doigt et je luiordonne mentalement de se lever et d'aller s'asseoir sur

    un lit. Le sujet se lve un peu, puis glisse par terre,s'asseoit, s'incline, se met genoux. Un des assistants,l'ingnieur B. affirme que c'est lui qui lui avait or-donn mentalement de se mettre genoux. (Il est pro-bable que la faible pression de mon doigt, dirigeun peude haut en bas, car il avait baiss la tte, lui suggra

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    M L SU~HST!ON MENTALEAPPARENTE 31

    l'ide de s'asseoir par terre, ensuite l'humilit de cetteposition fit natredansson esprit l'image d'une attitudehumble par excellence et plus commode, celle de semettre genoux, tandis qu'en mme temps et parune association semblable, l'ingnieur B. a eu l'idede la lui ordonner.)

    3" Mjo. Sans contact et sans gestes. Tous les assis-

    tants pensent lui faire lever la jambedroite.Il; resteimmobile,mais dclare avoir envie de danser.

    (Rapprochement insuffisant pour autoriser une conclu-sion.)

    4 exp. C'est moi seul qui commande, sans con-tact, mais avec desgestes, et en dirigeant le regard versle membre en question. Le sujet a les yeux bands. Jemetiens debout devant lui, 2, 3,4, 6 pas de dis-tance.

    Il excutebien plusieurs mouvements se lve, va

    droite,

    gauche,en

    avant,en arrire

    (ilrecule lente-

    ment et avec difficult), se met genoux, s'asseoit. Jelui ordonne d'tendre le bras droit il lve le brasgauche. C'tait la seuleexprience qui n'avait pas russi;

    je me trouvais alors 6 pas de distance.Les mmes expriences rptes sans gestes, ne don-

    nent aucun rsultat positif. 1

    Les mmes expriencesrptes avec des gestes, maissans uneco~ce~ra~o~ ~oec~/e de la volont, donnent peu prs le mme rsultat positif.

    Quelquesjours plus tard

    Se~. Le sujet en somnambulisme (tat polyidi-que passif), a les yeux bands et les oreilles bouches,jeme tiens devant lui une distance de 4 5 mtres, enexcutant les gestesd'attraction et de rpulsion.

    Pendant prs d'une heure tous les essais russirent.Le principal consistait vrifier si le sujet sent relle-

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    DEM SUGGESTIONMENTALE38

    ment ma prsence. Je me suisdonccach dans des coinsloigns, en l'attirant vers moi.J'ai pris toutes les pr-cautions possibles pour ne faire aucunbruit. Je chan-geais de bottines, une autre personne imita mon pas,

    j'essayais de l'induire en erreur par la 'parole, etc.,il me suivait partout et me retrouvait toujours. Ens'avanant, il flairait commeun ~~M de chasse.(J'taisseul fumeur dans cette socitet mon habit tait im-

    prgn de l'odeur du tabac.)Rsultat dnnitif: il fut guid:i"par une sensibilit exceptionnellede toute la sur-

    face du corps pour les mouvements de l'air (gestes

    distance);2 par une sensibilit exceptionnelle pour la chaleur

    (il sentait la chaleur de ma main une distance de75 cen timtres travers les effets);

    3" par l'exaltation de l'odorat, mais nullement parsuggestion mentale.

    Quelquesjours aprs

    6~T~cp.Le sommeil n'est pas complet. Il y a eu en

    partie souvenir au rveil. (Peut-tre cause des mo-tionsde lajourne). L'attraction fait souvent dfaut.

    Un de mes lves, M. P., trompe le sujet, qui le con-fond avec moi. Les mouvementsordonns sont excutsmal. Le sujet improvise, laissant aller sa fantaisie som-meillante. Il excute des mouvementsauxquels personnen'avait pens, tout en ayant l'air de subir une influence.En somme rsultat nettement ngatif.

    Encore un essai ngatifsur unejeune hystrique, trssensible

    (F~.paralysie, contracture et anesthsie

    complte du doigt). Nous tions deux magntiseurs, ledocteur B.et moi; nous touchons chacun sa tte avec undoigt (;n lui ordonnant d'aller prendre un objet. Pourtoute rponse elle s'endort, seulementelle s'endort d'une

    faon particulire; la moiti gauche de son corps est en

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    DE L SUGGESTIONMENTALE APPARENTE ,33''

    rapport avec moi, la moiti droite appartient au D~B.Elle ne m'entend que par l'oreille gauche; elle n'entendM.B. que par l'oreille droite. De mmepour l'attrac-tion. Sije lui touche le bras droit, elle n'accuse aucunesensation.De mme par intermdiaire d~un objet, d'unbton. Le regard n*agit pas, la suggestion purementmentale non plus.

    Suiventquelques expriences

    sur le willing ?.Noussommesdans le salon du comte D.Unedes dames

    me raconte avoir russi plusieurs fois suggrer sonamie un acte quelconque, en posant lgrement sesmains sur ses pantes. Je fais quelques expriences quirussissent, ou peu prs. Mais dans ces sortes d'essaisil est inutile d'invoquer la suggestion mentale. Ayanttudi les mouvements inconscients des muscles qui fonttourner une table ou balancer une pendule, d'aprs lesindications de M. Chevreul, je savais quoi m'en tenir.Ces mouvements involontaires suffisentpour suggrerles directions au sujet qui ne pense rien, et dont le

    corps se trouve dans un quilibre instable. Quelquefoisil devinele reste, c'est--dire mme les actes qui ne.peu-vent pas tre indiqus directement.

    L'une de ces expriences m'a cependant surpris. Le.prince C. reste assis dans un fauteuil par consquent ilse trouve dans une position stable deux dames se met-tent genoux devant lui et forment un cercle avec sesdeux mains; l'ordre consiste lui faire croiser les jambeset ~o~Me?' un mouvementde ~o~Mco~'eavec la jambedroite. Quelques minutes aprs l'ordre fut excut.

    Dans ce cas, l'explication se complique. Il est diffi-

    cile de pousser involontairement les jambes en tenantles mains, surtout dans une position fixe. Mais d'abord,et prcisment cause de cetteposition, lesjambes seules(et la tte) restaient libres, il n'est donc pas tonnant,qu'aprs quelques minutesd'immobilit, il ait ressenti lebesoin de dplacer ses jambes; et il ne pouvait faire

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    34 DE LA; SUGGESTIONMENTALE

    autre choseque deles croiser, vu la position des dames.Ensuite, il tait certain que, ne serait-ce quepour vrifierInexprience, le regard des deux dames se portait chaque instant vers le pied droit du prince qui, plusou moins machinalement, dirigea son attention sur ce.point. Ladirection de l'attention vers un point donndu corps provoque toujours une tendance au mouve-ment, et le seul mouvement convenable -fut celui qu'il

    avait excut.Je dois ajouter qu'avant de l'avoir !accompli, il fitplusieurs mouvements de tte qui ont t ngligs,commetant sans importance sic'et t un de cesmouvements-l qui avait t choisis, on n'eut pas attendul'autre, on aurait pu proclamer la russite galement.

    Au cours de la mmesoire, je fis encore une autreexprience qui simule l'action de la volont distance.Ayant reconnu la sensibilitde la comtesseD.(~cp.~?.chaleur, engourdissement), je me place debout devantelle et je la fixe pendant deux ou trois minutes ensuite

    je recule et elle me suit; je prcipite le pas, marchanttoujours en arrire, et, malgr les rires de l'assembleet une certaine opposition de sa part, elle est obligede me suivre. Cette exprience, du reste fort connue de-puis les reprsentations de Donato, semble prouverune action physique dela volont et du regard. Il n'enest rien cependant. La fixit du regard, l'attention expec-tante et l'motion font natre un tat d'obsession, defascination, qui peut tre considr comme un TMOMO~-

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    DE LA SUGGESttQNMENTALE AP~ 38

    anesthsie),je lui ai enfonc une pingle dans undoigt,insensibilis localement/sans hypnotisation ce quiprouve, que la russite de l'exprience, d'aprs cettemthode, n'est pas toujours en rapport avec la sensibi-lit du sujet. Nous verrons ensuite qu'elles sont les re-lations exactes entre l'hypnotisme et le CM~er~MM~s~e.

    Je modifiaisces essais en exprimentant sur d'autrespersonnes.

    M~Sch., robuste mais anmique, sujette de temps entemps(sous l'influence des motions) des crises hyst-riques cataleptiformes(~p./H~. anesthsie, contrac-ture localise),se tenant debout, est plonge dans Fttdefascinationpar la fixit du regard. L'ordre mentalme tirer par la ~ar/

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    DEL SUGGESTIONMENTALE36

    ont pu l'influencer par leur attitude. En tout cas, je merappelle bien que l'impression personnelle, qui se dga-gea de ces expriences, n'a pas t dcisive. Les deuxpremires, quoique plus tonnantes, cause du carac-tre des injonctions, difficiles prsupposer, n'ont past excutes-intgralement; les autres, faites avec con-tact, prsentaient des doutes inhrents cette mthode,et enfin les actes commands ont pu tre choisis sous

    l'influence du milieu y~c~g~e. Je me rappelle, parexemple, qu'au dbut de la mme soire o les troisdernires expriences ont t effectues, M"" R. a tprie de fairede la musique et qu'elle avait refus. Riend'tonnant, qu'ensuite, ayant accomplir une sugges-tion, le mme acte lui soit venu la pense.

    Puis, dansde pareilles conditions, le nombre des actes choisir est fort restreint.

    Que voulez-vous qu'on commande une jeune filledans une socit convenable, sinon de se mettre aupiano, ou d'embrasser sa sur. Ets'il s'agit tout sim-

    plement de prendre un objet quelconque ou d'aller l'endroit indiqu, le contact de la main et ses pressions'involontaires conduisent le sujet admirablement.

    Je cite ces petits dtails pour montrer combien il fauttre circonspect et attentif dans ce genre de recherches.

    C'est vers cette poque, qu'aprs avoir acquis unecertaine connaissance de l'hypnotisme, je me suisdcid l'appliquer au traitement des malades. Lersultat fut surprenant et je compris que non seulementles allgations de magntiseurs peuvent tre vraies, mais

    encore qu'une application rationnelle et mthodiqueamnerait vraisemblablement constater des faits plussurprenants encore. Aujourd'hui, on commence s'enga-ger dans cette voie, et certainement il est temps, aprsavoir abruti un certain nombre d'hystriques, de leurrendre la sant par le mme procd.

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    DE LASUGGESTIONMENTALEAPPARENTE 3.7

    SUGGESTIONMENTALE. 3

    Absorb dans l'tude thrapeutique, j'avais ngligle problmede suggestion mentale, comme n'ayant ap-paremment aucunevaleur pratique et ce n'est qu'acci-dentellementque j'ai eu l'occasion d'observer quelquesphnomnes plus ou moins inattendus et qui s'y ratta-chent. Une de mes malades, par exemple, devinait tou-

    jours, ds que je l'avais touche, si mes impressions de

    lajourne ont t agrables ou pnibles. Elle tait at-teinte d'une maladie complexe, que je serais tent denommerunenvroseganglionnaire chlorotique, quila con-finait au lit depuis trente ans. Excessivement impres-sionnable,elletait cependant. insensible l'hypnotismeet la mtalloscopie(~a~. hyp. = 0) Particularit int-ressante ma main lui paraissait toujours chaude,mme quand elle tait de beaucoup plus froide que soncorps. Commeje gardais auprs d'elle toujours la mmeattitude, cette facult de reconnatre mon tat mental,m'tonna un peu. Maisil y a mille autres moyens pour

    devinerces choses-l, grce l'expressiondu

    visage,au timbre de la voix, sans qu'on ait besoin d'avoir re-cours une transmission directe. Il est vrai qu'elle de-vinait aussi, si, avant d'tre venu chez elle, j'avais tou-ch un autre malade; mais elle pouvait s'en douter certains signes de fatigue, ou l'heure un peu plus tar-dive de mon arrive peut-tre encore s'aidait-elle decertaines sensations olfactives.

    Uneautre malade prsentait le mme talent divina-toire vis--visde toutes les personnes qui l'entouraienthabituellement. Elle tait hystrique, trs facilementhypnotisable (/ hyp anesthsie et contracture du

    bras entier)et ne manifestait cette aptitude qu'au mo-ment du rveil, c'est--dire dans un tat intermdiaire,entre le somnambulisme et l'tat de veille. Alorselle disait spontanment Oh que X. est ennuy parson travail ? Pourquoi Y. est-elle si inquite? Aujourd'hui vous avez plus d'espoir de me gurir, et

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    38 DE LA SUGGESTION MENTALE

    vous tes bien content. je vous en remercie. etc.Elle disait tout cela avant d'ouvrir les yeux et quelque-fois sans qu'aucune parole suggestive fat prononce.Yavait-il une transmission relle des tats d'esprit?.Je ne le croyais pas. C'tait toujours les mmes per-

    ~sonnes qui l'entouraient, elle les connaissait assez bien

    pour pouvoir selivrer des prsomptions. Cependant il

    y a eu quelques concidences tranges. Une fois. parexemple, elletait tout tonnede la tristesse de M"B..