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Préparation au Concours du CAPES/CAFEP EXTERNE D’HISTOIRE et GÉOGRAPHIE 2017 ÉPREUVE D’ANALYSE DE SITUATION PROFESSIONNELLE HISTOIRE Sujet : Enseigner « La mode (création, production, usages) : un sujet d’histoire » en classe de première I. Éléments de présentation de la situation professionnelle - Document 1 : Extraits du programme d'histoire-géographie- éducation civique de la classe de première des séries STD2A, STL et STI2D, B.O. spécial n° 3 du 17 mars 2011, et de la fiche Eduscol. − Document 2 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première STD2A-STI2D-STL, Laurent Soutenet , Séverine Vercelli, dir., Paris, Magnard, 2011, p. 140-141. - Document 3 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première STD2A- STI2D-STL, Michel Casta, Alain Prost, dir., Paris, Hachette, 2015, p. 146-147. II. Éléments d’analyse scientifique et civique de la situation professionnelle - Document 4: Jean-Pierre Lethuillier et comité scientifique du colloque, Argumentaire de l’appel à contribution pour le colloque « Faire l'histoire de la mode dans le monde occi- dental » (Paris, 11-13 mai 2015), organisé par le Groupement d’intérêt scientifique « Ap- parences, corps et sociétés ». Publié sur Calenda le jeudi 24 juillet 2014. http://calen- da.org/293157. - Document 5 : Gilles Lipovetsky, Le règne de l’éphémère, Paris, Gallimard, 1987.

SUJET Enseigner la Mode un sujet d'histoire 1re STD2A · (beauté, hygiène, etc.) à ce domaine de recherche. Sur ces bases, et par référence aux processus contemporains qui promeuvent

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Préparation au Concours du CAPES/CAFEP EXTERNE D’HISTOIRE et GÉOGRAPHIE2017

ÉPREUVE D’ANALYSE DE SITUATION PROFESSIONNELLE

HISTOIRE

Sujet :

Enseigner « La mode (création, production, usages) : un sujet d’histoire »en classe de première

I. Éléments de présentation de la situation professionnelle

- Document 1 : Extraits du programme d'histoire-géographie- éducation civique de la classe

de première des séries STD2A, STL et STI2D, B.O. spécial n° 3 du 17 mars 2011, et de

la fiche Eduscol.

− Document 2 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première

STD2A-STI2D-STL, Laurent Soutenet , Séverine Vercelli, dir., Paris, Magnard, 2011, p.

140-141.

- Document 3 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première STD2A-

STI2D-STL, Michel Casta, Alain Prost, dir., Paris, Hachette, 2015, p. 146-147.

II. Éléments d’analyse scientifique et civique de la situation professionnelle

- Document 4: Jean-Pierre Lethuillier et comité scientifique du colloque, Argumentaire de

l’appel à contribution pour le colloque « Faire l'histoire de la mode dans le monde occi-

dental » (Paris, 11-13 mai 2015), organisé par le Groupement d’intérêt scientifique « Ap-

parences, corps et sociétés ». Publié sur Calenda le jeudi 24 juillet 2014. http://calen-

da.org/293157.

- Document 5 : Gilles Lipovetsky, Le règne de l’éphémère, Paris, Gallimard, 1987.

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Document 1 : Extraits du programme d'histoire-géographie- éducation civique de la classe de première des séries STD2A, STL et STI2D, B.O. spécial n° 3 du 17 mars 2011, et de la fiche Éduscol.

Extrait du programme

Ouverture sur le monde XIXe-XXIe siècle (10h) (…)3. Histoire du quotidien (…)B. Sujet d’étude au choix (…)La mode (création, production, usages) : un sujet d’histoire (4h)

On aborde le secteur de la mode du double point de vue de la création artistique et de la pro-duction industrielle. On montre que la mode est liée à la société de consommation. On met en rapport son évolution avec celle de la condition féminine.

Extrait de la fiche Eduscol

ProblématiqueIl importe tout d’abord de bien circonscrire le sujet d’études et de ne produire ni une histoire du vêtement ni une histoire de la haute couture. Dans un premier temps, on s’attachera donc à dé-finir le concept de mode (selon la définition choisie, la portée et la période de référence peuventconsidérablement varier). On peut retenir le sens « de façon d’être passagère » (latin modus), en distinguant la mode institutionnalisée (anglais fashion) de l’engouement (anglais fad). Si la mode au sens large va bien au-delà de la façon de se vêtir, il reste raisonnable de s’en tenir aux habits et accessoires, en incluant éventuellement les éléments qui modifient l’apparence ducorps et dont le rôle s’affirme de plus en plus (coiffure, maquillage, tatouage). Sur ce plan, le point de départ pourra passer par la recherche d’une définition orale en classe, afin de faire prendre conscience aux élèves de leurs modes de représentation implicites (…)

Démarches et supports (…)Le choix le plus simple serait de suivre le plan suggéré par le libelle retenu par le programme en abordant successivement la création (dimension artistique), la production (enjeux et modèleséconomiques), l’usage (aspects culturels et sociaux) de la mode, puis de consacrer la dernière heure à la mode comme reflet de l’émancipation féminine.Tous ses aspects peuvent cependant être fondus dans une approche diachronique globale (…) englobant les trois champs :* historique pour définir l’évolution des styles, dans la double dynamique de la haute couture et de la mode venue de la rue, à travers la dialectique des contraintes sociales et des choix indivi-duels (le costume et l’habillement selon l’analyse de Roland Barthes à propos du vêtement)* économique, en distinguant lieux de conception (les capitales de la mode), de production (les NPI et autres pays à bas salaires), les marchés (toujours dominés par les pôles de la Triade auxquels s’est ajoutée la Chine)* culturel et social avec les dimensions artistique, médiatique et sociétale.

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Document 2 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première STD2A-

STI2D-STL, Laurent Soutenet , Séverine Vercelli, dir., Paris, Magnard, 2011, p. 142-143.

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Document 2 (suite)

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Document 3 : Manuel d’histoire-géographie-éducation civique, classe de première STD2A-

STI2D-STL, Michel Casta, Alain Prost, dir., Paris, Hachette, 2015, p. 146-147.

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Document 3 (suite)

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Document 4 : Jean-Pierre Lethuillier et comité scientifique du colloque, Argumentaire de l’appel à contri-bution pour le colloque « Faire l'histoire de la mode dans le monde occidental » (Paris, 11-13 mai 2015), organisé par le Groupement d’intérêt scientifique « Apparences, corps et sociétés ».

Depuis quelques décennies, la mode a cessé d’être conçue comme un répertoire de formes en perpé-

tuelle évolution, que le chercheur s’épuiserait à observer pour en faire l’inventaire, aussi illusoire qu’in-

utile. À la suite des travaux de Georg Simmel, Norbert Elias, Roland Barthes, etc., les manières de vêtir

et de parer le corps ont été abordées à partir de concepts qui ont inscrit l’individu dans un réseau de

normes sociales. Les recherches menées en histoire du corps ont ajouté de nouvelles dimensions

(beauté, hygiène, etc.) à ce domaine de recherche. Sur ces bases, et par référence aux processus

contemporains qui promeuvent les modes de masse ou uniformisent la gestion des attitudes et des pos-

tures, les quelque soixante dernières années auraient pu voir naître des coopérations internationales

plus nombreuses, plus ouvertes. Tel n’a pas été le cas et bien des cloisonnements demeurent : la re-

cherche récente n’échappe pas aux déséquilibres, en particulier entre les mondes anglo-saxon et scan-

dinave d’une part et le reste de l’Europe continentale d’autre part.

De manière globale, il s’agit d’abord de considérer l’ensemble des approches scientifiques de la mode

pour interroger leur rôle et leur place dans la construction et l’organisation du savoir, en général, d’un

pays à un autre. Quelques réflexions complémentaires peuvent guider l’approche des problèmes spéci-

fiques, actuels, de la recherche sur l’histoire de la mode :

Concepts. Alors que le concept d’« apparences » a surtout conduit à analyser les normes politiques et

sociales qui régissent le vêtir, celui de « clothing », par exemple, a donné une place plus importante au

jeu des pratiques consuméristes, à la construction identitaire, au rapport au corps. Cette divergence est

redoublée par celle qui concerne les concepts de « mode » et de « fashion ». En France, les formes de

la mode, éphémères ou jugées telles, n’auraient pas d’intérêt par elles-mêmes : c’est la tension sociale

qu’elles créent entre centres prescripteurs et périphéries qui devrait retenir l’attention. Cette position a

conduit à minorer l’intérêt des formes du vêtement et de leur évolution alors que d’autres expériences

conduisent au contraire les chercheurs aux reconstitutions vestimentaires. Au nord et à l’est de l’Europe,

les apparences ont souvent été saisies à travers les questions de la construction de l’État, de la nation,

ou des deux ; ce qu’on retrouve à l’Ouest, à une échelle plus réduite, dans l’examen des modes régio-

nales.

Rapport aux collections et temporalités. Dans les manières d’appréhender la « mode/fashion », les

rapports entretenus avec les objets par les chercheurs varient d’un lieu à un autre, qu’il s’agisse des atti-

tudes face aux pièces existantes, à l’archéologie expérimentale et aux reconstitutions de costume, ou

des manières d’aborder l’épineux problème du vocabulaire par lequel on nomme les objets. Peut-on

construire des bilans de ces inégalités, par exemple à partir d’expériences menées dans le domaine de

l’archéologie expérimentale ? Comment aborde-t-on les sources de l’histoire des apparences lorsque les

collections font défaut, notamment pour les périodes anciennes ?

Dans ces cadres, naissent des histoires de la mode différentes. Elles se signalent notamment par la

mise en œuvre de temporalités propres, dépendantes des critères et des méthodes que les concepts re-

tenus ont privilégiés. (…)

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Document 5 : Gilles Lipovetsky, Le règne de l’éphémère, Paris, Gallimard, 1987.

« Ainsi la mode est-elle aux commandes de nos sociétés, la séduction et l'éphémère sont devenus,

en moins d'un demi-siècle, les principes organisateurs de la vie collective moderne ; nous vivons

dans des sociétés à dominante frivole, dernier chaînon de l'aventure pluriséculaire capitaliste démo-

cratique individualiste. Faut-il en être accablé ? Cela annonce-t-il un lent mais inexorable déclin de

l'Occident ? Faut-il y reconnaître le signe de la décadence de l'idéal démocratique ? Rien de plus ba-

nal, de plus communément répandu que de stigmatiser, non sans quelques raisons d'ailleurs, le nou-

veau régime des démocraties privées de grands projets collectifs mobilisateurs, étourdies par les

jouissances privées de la consommation, infantilisées par la culture minute, la publicité, la politique

spectacle. Le règne ultime de la séduction, dit-on, annihile la culture, conduit à l'abêtissement généra-

lisé, à l'effondrement du citoyen libre et responsable, le lamento sur la mode est la chose intellec-

tuelle la mieux partagée. (…)

À coup sûr, la nouvelle donne frivole a de quoi alimenter un certain nombre d'inquiétudes : la société

qu'elle dessine est assez loin de l'idéal démocratique et ne permet pas d'aborder dans les meilleures

conditions la sortie du marasme économique dans lequel nous sommes plongés. D'un côté, les ci-

toyens se sentent peu concernés par la chose publique, un peu partout la démotivation, l'indifférence

au politique gagnent, le comportement de l'électeur est en passe de s'aligner sur celui du consomma-

teur. D'un autre côté, les individus atomisés, absorbés par eux-mêmes, sont peu disposés à considé-

rer l'intérêt général, à renoncer aux privilèges acquis, la construction du futur tend à être sacrifiée aux

satisfactions catégorielles et individuelles du présent. Autant de comportements hautement probléma-

tiques quant à la vigueur de l'esprit démocratique, quant à la capacité de nos sociétés de se ressaisir,

de se reconvertir à temps (…)

C'est dans le domaine de la vie de l'esprit que la dénonciation de la mode à son stade achevé a trou-

vé ses accents les plus virulents. Au travers de l'analyse de la culture médiatique appréhendée

comme machine destructrice de la raison, entreprise totalitaire d'éradication de l'autonomie de la pen-

sée, l'intelligentsia a fait bloc commun, stigmatisant d'une même voix la dictature dégradante du

consommable, l'infamie des industries culturelles. Dès les années 1940, Adorno et Horkheimer s'in-

surgeaient contre la fusion « monstrueuse » de la culture, de la publicité et du divertissement indus-

trialisé entraînant la manipulation et la standardisation des consciences. Plus tard, Habermas analy-

sera le prêt-à-consommer médiatique comme instrument de réduction de la capacité à faire un usage

critique de la raison. G. Debord dénoncera la « fausse conscience », l'aliénation généralisée, induites

par la pseudo-culture spectaculaire. Aujourd'hui même, où la pensée marxiste et révolutionnaire n'est

plus de saison, l'offensive contre la mode et la crétinisation médiatique repart de plus belle. (…) Ou-

vrez donc les yeux sur l'immense détresse de la modernité, nous sommes voués à l'avilissement de

l'existence médiatique, un totalitarisme de type soft s'est installé dans les démocraties, il a réussi à

semer la haine de la culture, à généraliser la régression et la confusion mentale, on est carrément

dans la « barbarie », dernier jingle de nos philosophes antimodernes. »

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