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RC B 403 289 580 // crédit photo : Getty images // www.inoxia.com // Sept. 2014 SUPPLÉMENT JUNKPAGE

Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

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À l'occasion des Journées européennes du Patrimoine, la Lyonnaise des eaux et L'eau de La Cub ont confié à Junkpage la rédaction d'un supplément présentant les 12 sites à visiter.

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IntroductIonEn tant qu’auteur, j’avais raconté pour le mag-azine Junkpage une promenade sur le thème des châteaux d’eau… Ce texte a donné l’idée à la Communauté urbaine de Bordeaux et à ses opérateurs des services d’eau potable et d’assainissement collectif, Lyonnaise des Eaux et la Sgac, de m’inviter à présenter les 12 sites ouverts pendant les Journées du Patrimoine qui se déroulent les 20 et 21 septembre.

L’eau symbolise souvent une image de parfaite simplicité, comme s’il était possible de s’en suffire pour vivre : ne dit-on pas, que l’on pourrait se contenter « d’amour et d’eau fraîche » ? Ce qui surprend d’abord, quand on pénètre ces lieux dédiés au cycle de l’eau domestique et habituellement fermés au public pour la majorité d’entre eux, c’est cet incroyable décalage entre l’habitude si évidente de trouver de l’eau à nos robinets et la complexité du chemin qu’elle par-court, de sa source à son retour au milieu naturel. Un chemin ultracontrôlé qui met en jeu à chaque étape l’intelligence de l’homme.Le patrimoine industriel et naturel lié à l’eau n’est pas seulement ancien : les bâtiments et leurs environs se construisent et se modifient avec l’évolution des connaissances et des besoins. Et, au-delà surtout de leurs fonctions techniques et du haut niveau d’ingénierie, chacun d’eux pos-sède son étrangeté, sa fantaisie et son histoire.

À l’occasion des Journées du Patrimoine, vous rencontrerez certains de ceux qui travaillent sur ces sites. Passionnés par « l’eau » et fiers d’être l’un des rouages de ce cycle vital, ils font des guides parfaits pour ces deux journées d’ouverture exceptionnelle.

Sophie Poirierauteure et chroniqueuse

pour JUNKPAGEjournaljunkpage.tumblr.com

Le télécontrôle Ausone Bordeaux Visite : 1 h

Le réservoir Paulin Bordeaux Visite : 30 min (couplée avec la visite du télécontrôle Ausone)

La Maison de l’Eau Bordeaux (Espace pédagogique)Visite : 1 h 15

Le champ captant du Thil Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h

L’usine de potabilisation de Gamarde Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h (couplée avec la visite du champcaptant du Thil)

Les sources de Fontbanne, l’usine de potabilisation Budos Visite : 1 h 15

L’usine de potabilisation du Béquet Villenave-d’Ornon Visite : 1 h

L’espace pédagogique de la station d’épuration Louis Fargue Bordeaux Visite : 1 h 30

La station d’épuration Clos de Hilde Bègles Visite : 1 h 30

Le télécontrôle Ramsès Bordeaux Visite : 1 h 30

Le bassin de la Grenouillère Bordeaux Visite : 1 h 15

Le bassin de retenue des eaux pluviales Dinassac Blanquefort Visite : 2 h

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Ambès

Saint-Vincent-de-Paul

Saint-Louis-de-Montferrand

Ambarès-et-Lagrave

Bassens

Lormont

Cenon

Floirac

Bouliac

Budos

Bègles

Villenave- d'Ornon

Talence

Gradignan

Pessac

Mérignac

Le Haillan

Le Taillan-Médoc

Saint-Médard-en-Jalles

Martignas-sur-Jalle

Saint-Aubin-de-Médoc

Blanquefort

Parempuyre

EysinesBruges

Bordeaux

Artigues-près-Bordeaux

Carbon-Blanc

Le Bouscat

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Le télécontrôle Ausone Bordeaux Visite : 1 h

Le réservoir Paulin Bordeaux Visite : 30 min (couplée avec la visite du télécontrôle Ausone)

La Maison de l’Eau Bordeaux (Espace pédagogique)Visite : 1 h 15

Le champ captant du Thil Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h

L’usine de potabilisation de Gamarde Saint-Médard-en-Jalles Visite : 1 h (couplée avec la visite du champcaptant du Thil)

Les sources de Fontbanne, l’usine de potabilisation Budos Visite : 1 h 15

L’usine de potabilisation du Béquet Villenave-d’Ornon Visite : 1 h

L’espace pédagogique de la station d’épuration Louis Fargue Bordeaux Visite : 1 h 30

La station d’épuration Clos de Hilde Bègles Visite : 1 h 30

Le télécontrôle Ramsès Bordeaux Visite : 1 h 30

Le bassin de la Grenouillère Bordeaux Visite : 1 h 15

Le bassin de retenue des eaux pluviales Dinassac Blanquefort Visite : 2 h

Ambès

Saint-Vincent-de-Paul

Saint-Louis-de-Montferrand

Ambarès-et-Lagrave

Bassens

Lormont

Cenon

Floirac

Bouliac

Budos

Bègles

Villenave- d'Ornon

Talence

Gradignan

Pessac

Mérignac

Le Haillan

Le Taillan-Médoc

Saint-Médard-en-Jalles

Martignas-sur-Jalle

Saint-Aubin-de-Médoc

Blanquefort

Parempuyre

EysinesBruges

Bordeaux

Artigues-près-Bordeaux

Carbon-Blanc

Le Bouscat

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12 sItes pour mIeux comprendre les servIces d'’eau potable et d’'assaInIssement collectIf de la cub

Supplément du journal JUNKPAGE, septembre 2014. Publication d’Évidence Éditions – 791 986 797, RCS Bordeaux ; 32, place Pey-Berland, 33000 Bordeaux | [email protected] | journaljunkpage.tumblr.com | Directeur de publication : Vincent Filet, 06 43 92 21 93 | Rédactrice en chef : Clémence Blochet, [email protected], [email protected], 06 27 54 14 41 | Rédaction du supplément : Sophie Poirier | Design graphique du supplément  : Poignée de main virile, www.poigneedemainvirile.com | Charte graphique & affiche de l’évènement : Inoxia, www.inoxia.com | Correction : Laurence Cénédèse, [email protected] | Impression : Roularta Printing, Roeselare (Belgique), roulartaprinting.be |

Papier issu des forêts gérées durablement (PEFC) / Dépôt légal à parution – ISSN : en cours ; OJD : en cours.L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photos, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays, toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles sont interdits et donnent lieu à des sanctions pénales. Ne pas jeter sur la voie publique.

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le tÉlÉcontrôleausonela surveillance du réseau d'eau potablebordeaux

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En entrant dans ce jardin élégant, j’ai levé la tête sur ma droite, et, presque parallèlement au clocher de l’église Saint-Ferdinand, j’ai re-marqué le château d’eau, puis, face à moi, en haut de la façade du bâtiment inauguré en 1857 sous Napoléon III, parfaitement conservé, le fronton sculpté représentant deux nymphes, utiles à glorifier ici, mesdemoiselles Abondance et Ressource.Me voilà dans les lieux. Sont exposées quelques pièces anci-ennes comme la première pompe activée par machine à vapeur (vapeur qui alimentait les bains des établissements Paulin jouxtant l’usine) et un antibélier (de taille moins imposante que celui de l’usine du Béquet).Cette traversée dans l’histoire est rapide, car, juste après les portes vitrées, on bascule directement au XXIe siècle dans la salle de télécon-trôle Ausone, dévolue à la gestion des stocks et à l’alimentation en eau potable de la Communauté urbaine de Bordeaux.

Mur d’écrans, ordinateurs, graphiques, cartes, horloge en temps universel, téléphones à portée de main : ici, pas de doute, on surveille, avec une vigilance absolue, tout le réseau d’eau potable.

Lors de ma visite, on m’a expliqué toute la complexité de cette fine gestion des stocks d’eau – qui est une ressource naturelle, rap-pelons-le. Une gestion qui prend en compte nos besoins et nos façons de consommer. À titre d’exemple, comme nous prenons tous notre douche aux mêmes heures, disons

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entre 8 h et 10 h le matin, il faut nécessairement un débit plus fort et une quantité d’eau suffisante à ce moment-là.

Le rôle des télécontrôleurs est ici de gérer les niveaux d’eau présents dans les différents ouvrages (réser-voirs enterrés,

châteaux d’eau) pour assurer le bon fonctionnement du service.Mais le télécontrôle Ausone, modernisé en 2012, est bien plus que cela. Il s’agit d’une véritable tour de contrôle de l’ensemble des installations d’eau potable, 24 h/24, chaque jour de l’année.Il assure une surveillance rigou-reuse de tous les sites : les réser-voirs, les points de distribution, les appareils de mesure qualité et quantité et les alertes intrusions signalant la moindre entrée. Pour piloter l’ensemble, six télécon-trôleurs se relaient en trois-huit. Ils tiennent un journal de bord, Le Fil

« La nuit, aux heures les plus silencieuses,

des multitudes de capteurs écoutent

les tuyaux… »

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LE TÉLÉCONTRÔLE EN CHIFFRES :12 sources 90 forages102 points de distribution130 000 M3 par jour3 000 informations parviennent quotidiennement au télécontrôle Ausone1 télécontroleur présent 7j/7 et 24h/24.

Télécontrôle Ausone 91, rue Paulin, Bordeaux.

#télécontrôle #pédagogique

de l’eau, dans lequel ils consignent le moindre événement. Ils répondent également aux appels téléphoniques que nous pas-sons en cas d’urgence le soir puis le week-end, et se chargent d’envoy-er sur place les équipes d’astreinte qui vont intervenir sur le réseau d’eau potable. L’eau est contrôlée depuis son captage (extraction du sol) jusqu’au robinet du consom-mateur, et l’évolution des tech-niques favorise une surveillance de plus en plus pointue. Sachez qu’ici, la nuit, aux heures les plus silencieuses, des multitudes de capteurs écoutent les tuyaux à la recherche des fuites invisibles…

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le rÉservoIr paulIn

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Ce vaste réservoir enterré, situé en plein cœur de Bordeaux, possède un charme étrange. Parmi toutes mes visites, celle-ci a eu sur moi un effet indéniable. C’est assez normal : il suffit seulement de descen-dre quelques marches pour faire un voyage à la fois dans le temps et dans l’imaginaire… D’ordinaire, cet endroit, qui n’est que rarement accessi-ble au public, est protégé par de nombreuses barrières de sécurité : manuelle, électrique, électronique. Toute intrusion est forcément repérée par le centre de télécontrôle Ausone. L’eau présente dans ce réser-voir fait l’objet d’une surveil-lance extrême. Il faut dire que Paulin alimente en eau un tiers des Bordelais.

Sous l’œil des caméras de sécurité, je suis arrivée dans un vaste jardin, j’y ai découvert des ruches (car ici on cultive la bio-diversité), et je me suis dirigée

jusqu’à ce qui ressemble à un haut tipi en métal. Il s’agit de l’entrée du réservoir et elle n’a, je vous l’accorde, aucun rapport avec une quelconque architec-ture napoléonienne, époque de conception du site. Pourtant, je me suis laissé faire… Quelques marches seulement, disais-je : et, tout à coup, je me suis retrouvée dans l’eau. Grâce au sas vitré, j’étais à l’intérieur du réservoir avec la tentation de chercher un poisson à travers l’eau translu-cide… Mais ce n’est évidemment pas un aquarium !

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le stockage de l'eau potable en milieu urbainbordeaux

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Arrivée de Saint-Médard-en-Jalles (source du Thil) via l’aqueduc souterrain de 12 kilomètres, l’eau du réservoir Paulin est ensuite acheminée jusqu’à nos robinets. Elle aura bien sûr été traitée aupara-

vant pour être rendue potable ! Cet ouvrage, inauguré en 1857, soit à la

même période que l’usine de potabilisation de Budos, dispose d’une capacité de stock-age de 13 000 m³. Ses voûtes en brique, soutenues par des colonnettes en fonte, qui, ainsi plongées dans l’eau et éclairées, dessinent une architecture élégante et donnent au lieu une dimension irréelle. On reste songeur quand on comprend à quel point cet endroit un peu magique revêt une fonction indispensable dans la distribu-tion de l’eau de l’agglomération bordelaise.

« Et tout à coup, vous êtes littéralement

dans l’eau. »

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le stockage de l'eau potable en milieu urbainbordeaux

LE RÉSERVOIR PAULIN EN CHIFFRES :1857 : inauguration du réservoir13 000 m3 de capacité de stockage12 Km c’est la longueur de l’aqueduc souterrain en provenance du Thil à St-Médard-en-Jalles qui permet d’alimenter en eau le réservoir.

LA CUb COmPTE :31 réservoirs enterrés 18 châteaux d’eauTous ces réservoirs sont indispensables au stockage permanent de l’eau. Ils sont situés à des points géographiques intégrant la notion de pression, donc de puissance, nécessaire pour que l’eau circule ensuite dans le réseau avec un minimum de coût énergétique.

Réservoir Paulin91, rue Paulin, Bordeaux.

#télécontrôleausone #aqueduc #réservoir

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la maIson de l'’eau

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Vous êtes peut-être déjà passés devant, sans bien com-prendre pourquoi il y avait dans cette vitrine un robinet alors qu’autour il y a plutôt des boutiques de luxe ?C’est que l’eau a sa Maison, ici, cours Georges Clemenceau. Et ça, finalement, pensais-je, avoir une Maison, c’est très couture.La visite commence par une expérience singulière que vous n’avez sans doute jamais faite dans votre vie, d’autant plus dans une ville comme Bordeaux, où l’on goûte habituel-lement bien d’autres choses : être accoudé au comptoir d’un bar pour une dégustation d’eaux.L’occasion pour moi d’échang-er avec le barman (en réalité, il s’agit d’un guide spécial-iste) sur les caractéristiques intrinsèques des différentes eaux de consommation (eau du robinet, de source, minérale). Saurez-vous les

distinguer et les reconnaître ? Vous risquez d’être surpris du résultat…

À l’étage, plusieurs salles pédagogiques. L’intérêt de cette visite, c’est qu’ici les explications sont contextual-isées. En vrac, j’ai pu action-ner le système de pompage d’un château d’eau, entendre parler pour la première fois d’un vrai Sage, découvrir les écogestes et être sensibilisée à la lutte contre le gaspillage ou me faire confirmer que

un espace pédagogique dedIÉ À l'eau et À l'envIronnementbordeaux

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le shampoing ne nettoie pas l’eau !

Le grand moment : la fabri-cation d’eau potable. Envis-agée d’abord comme un jeu enfantin, cette expérience en laboratoire s’est révélée

un plus pour comprendre la complexité de la potabilisa-tion grandeur nature.

Également lieu de ressources documentaires (DVD, livres, ordinateurs pour une consul-tation sur place), la Maison de l’Eau accueille gratuite-ment tout au long de l’année les scolaires et le grand public (sur rendez-vous pour les groupes). N’hésitez pas à vous y arrêter, c’est une Maison pleine de bons conseils !

un espace pédagogique dedIÉ À l'eau et À l'envIronnementbordeaux

« Le shampoing dans l’eau ne nettoie

pas l’eau ! »

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LA mAISON dE L’EAU EN CHIFFRES :25 000 personnes sensibilisées chaque année4 animateurs pédagogiques.

SAGE : schéma d’aménagement et de gestion des eaux, qui, à l’échelle nationale, planifie des actions à tous les niveaux d’usage en vue d’une préservation durable de la ressource en eau.

AUTREFoIS, l’eau minérale (eau riche en minéraux, comme le magnésium ou le calcium, par exemple) se vendait en bouteilles de verre dans les pharmacies parce qu’elle jouait un rôle sur la « santé » (en fonction de la spécificité de l’apport). L’eau de source et l’eau du robinet sont neutres.

maison de l’Eau35, cours Georges Clemenceau, Bordeaux.

#pédagogie #dégustationd’eaux #expériences

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le cHamp captant du tHIl

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eau et biodiversité au c’’oeur de la villesaint-médard-en-Jallles

Les sites liés au traitement de l’eau potable sont ap-pelés des usines d’eau pota-ble. Pourtant, même si l’eau passe effectivement par des usines pour être rendue potable, il faut, avant cela, aller la chercher à la source. Et là, il s’agit pour moi d’un véritable périple. Pour venir jusqu’au champ captant, il faut s’avancer dans la forêt du Domaine du Thil, puis passer à côté d’une villa qui fut autrefois le restaurant Moulin du Thil – et qui par sa position reculée servit de cadre idéal (à ce qu’on raconte) aux « aventures » nécessitant « la plus grande discrétion ».Le restaurant est fermé au-jourd’hui et les seules désor-mais autorisées au butinage par ici sont les abeilles des ruches installées sur place. Très sérieusement, l’envi-ronnement naturel de ce site est préservé et constitue

un espace de protection de la biodiversité.« Allons jusqu’au regard n° 21 », m’invite mon guide du jour. Un regard, c’est le nom donné à ces petites bâtisses de pierre, sortes de maisons sans fenêtres (et sans habitants) qui permet-tent un accès direct au sous-sol. Ultraprotégé pour des raisons de sécurité évidentes (comme tous les sites du service de l’eau potable), le n° 21 m’a été ou-vert exceptionnellement. La

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source du Thil captée à cet endroit est acheminée via l’aqueduc du Taillan jusqu’au centre de Bordeaux.

Descendre dans cet ouvrage se fait simplement, ça

n’est pas très profond ; pourtant, l’eau y surgit et commence sa course en s’engouffrant dans la galerie souterraine.

En visitant le champ cap-tant, qui, avec ses 238 ha est le plus vaste de la Cub, j’ai découvert qu’au-delà de sa fonction purement technique, cet endroit protégé de toute ac-tivité industrielle, agricole et humaine est devenu, grâce à une gestion écologique, une zone libre de droit pour la nature. Les fauches sont tardives, les espèces rares identifiées… Une invitation à la contemplation.

« Allons jusqu’au regard n°21 »

LE CHAmP CAPTANT EN CHIFFRES :14 000 m3 d’eau sont acheminés chaque jour par l’aqueduc du Taillan en provenance des sources du Thil et de Cantinolle vers le réservoir Paulin

Histoire : l’aqueduc du Taillan, encore utilisé aujourd’hui, a été construit entre 1854 et 1857. Il avait pour fonction d’acheminer l’eau, prove-nant des sources du Thil et de Cantinolle, vers 400 bornes fontaines, cinq fontaines monumen-tales et cinq fontaines Wallace.

L’association Cistude Nature s’occupe de la ges-tion écologique de Thil et Gamarde. Elle a relevé la présence de la Cistude d’Europe et du Damier de la Succise (n’ayez pas peur, respectivement, il s’agit d’une tortue et d’un papillon).

Le champ captant du Thil Avenue de Gamarde, Saint-Médard-en-Jalles.

#gamarde #captage #aqueduc#environnementnaturel #budos

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l'usIne de potabIlIsatIonGamardeune usine de potabilisation au c’oeur de la naturesaint-médard-en-Jallles

Il est des découvertes aux-quelles on ne s’attend pas… Néophyte dans le domaine de l’eau, je n’imaginais pas une usine d’eau potable cohabitant avec les papillons et autres espèces plus ou moins rares et menacées. Pourtant, l’usine de potabilisation Gamarde à Saint-Médard-en-Jalles se trouve là, en plein milieu de la forêt, à proximité du champ captant du Thil.

C’est à l’intérieur de ce bâ-timent, devant la quantité d’appareils de mesure fixés au mur et accompagnée par mon professeur du jour, qu’a com-mencé pour moi l’aventure scientifique : – C’est quoi, un turbidimètre ?– Ça sert à mesurer la turbidité.– Et c’est quoi, la turbidité ?– Quand l’eau captée arrive dans l’usine, elle est trou-ble parce qu’elle contient à l’état naturel des matières en suspension. On procède à la

décantation par floculation et coagulation. Ensuite, un système de filtres, à sable puis à charbon, fait office de « passoire ».– Évidemment !En réalité, cette visite m’a per-mis d’appréhender concrète-ment les expériences réalisées lors de mon passage à la Maison de l’Eau. J’avais vu comment quelques gouttes de floculant (un produit chimique) sous l’effet d’un mouvement de l’eau avaient rassemblé les matières en sus-pension sous la forme de flocons pour ensuite faciliter leur décantation. Ces amas presque solides sont plus faciles à séparer de l’eau. Rendue potable, l’eau va ensuite reprendre sa route jusqu’aux réservoirs de stockage, avant d’être distribuée à nos robinets.

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couche perméable

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« Devant la quantité d’appareils de mesure fixés au mur a com-

mencé l’aventure scientifique »

Le sous-sol se divise en plusieurs couches géologiques. Les couches supérieures, le miocène et l’oligocène, sont rechargées par les infiltrations de pluie locale.L’eau de la couche géologique éocène provient du Massif central. Elle met parfois jusqu’à 25 000 ans pour parvenir jusqu’à nous.

Histoire récente : Le service de l’eau de la Com-munauté urbaine de Bordeaux a connu, durant les mois de juin et juillet 2011, une pollution au perchlorate sur les ressources du Thil et de Gamarde. Conséquences de cette pollution : depuis juin 2011, le système d’eau potable de la Cub se voit privé de plus de 15 % de ses ressources.

Usine de potabilisation GamardeAvenue de Gamarde, Saint-Médard-en-Jalles.

#paulin #traitementsdeleau #potabilisation#aqueduc #budos #maisondeleau

couche perméable

nappes profondes

couchesimperméables

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les sources de fontbanne

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 Si vous venez de Bordeaux, vous traverserez les forêts et les villages des Landes girondines. Sans le savoir, vous passerez au-dessus d’un ouvrage technique ancien et essentiel. Au point haut de la com-mune de Budos, vous apercevrez les ruines d’un château fortifié, vieux gardien de la précieuse ressource. Le guide pour cette visite vous accueillera à bras ouverts et vous entendrez dans le son de sa voix quand il vous dira « Bienvenue à Budos ! » qu’il ne s’agit pas d’une simple formule de politesse, mais d’une véritable invitation dans son royaume. Il est électricien : « Oui », précise-t-il, « électricien dans les eaux, en général ça fait rire ! » En visitant le lieu avec lui, on comprend pourtant que ça n’a vraiment rien d’une plaisanterie.Budos, c’est un peu l’endroit originel : le sous-sol regorge de nombreuses sources (merci, mère Nature) qui ressurgissent pile ici à travers le sol sableux. Un bassin a été construit afin de profiter de ces résurgences : l’eau « remonte » dans un débit

intense qui ne varie quasiment jamais. Ainsi canalisée, cette eau est dirigée dans le large tuyau de l’aqueduc.Exceptionnellement, j’ai pu descendre dans ce réservoir ouvragé (architec-ture identique à celle du réservoir de Paulin) assister à ce spectacle magique… L’effet de cascade et le bruit assourdissant, l’énergie ressentie et l’eau translucide : il y a quelque chose d’émouvant à être sous terre « au plus près du début de l’eau ». 

L’usine de traitement, le premier lavage à filtres, jouxte les sources. L’eau y fait un passage pour y être « nettoyée » puis elle est rejetée de nouveau dans l’aqueduc pour le vrai départ vers la grande ville.Les parties techniques de ces usines peuvent paraître visuelle-ment assez simples : des tuyaux, des filtres, des bacs et des appareils de mesure… On comprend parfaitement la logique du circuit. Une des grandes problématiques du cycle de l’eau : que fait-on des

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l'eau à l'état brut et sa potabilisation budos

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« déchets » issus de ce premier nettoyage ? Il s’agit princi-palement de matières organiques, les boues.

Derrière l’usine, dans de grands bassins aux sols craquelés de pay-sage désertique, les boues humides sèchent jusqu’à devenir une sorte de poussière sablonneuse qui, mélangée à des déchets verts, sera recyclée en compost. Et, pendant ce temps, l’eau filtrée poursuit son chemin dans l’aqueduc…

« L’effet de cascade et le bruit assourdis-

sant, l’énergie ressentie et l’eau

translucide… »

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AQUEdUCOuvrage conçu entre 1885 et 1887 par l’ingénieur Wolf : cette canalisation enterrée va de Budos jusqu’à Villenave-d’Ornon. Le long de son par-cours, au niveau de la surface, on peut repérer des regards, au milieu des vignes par exemple, ou des bosses étranges : l’aqueduc est là, et là, et là… et il va ainsi lentement et naturellement (gravitairement) pendant 42 kilomètres suivant une pente judicieuse-ment étudiée jusqu’à l’usine du Béquet, où l’eau sera rendue parfaitement propre à la consommation (c’est-à-dire respectant les nombreux critères de potabilité fixés dans le Code de la santé publique).

LES SOURCES dE FONTbANNE EN CHIFFRES :42 kM soit 15 communes traversées. 1,70 M de hauteur (au point haut de la voûte) et 1 M de largeur.28 800 M3/JoUR de capacité0,1 MM/M de dénivelé, soit 4 M du point de départ au point d’arrivée.Assurent 20% de la production journalière nécessaire au territoire, dont la consommation moyenne est de 130 000 M3/JoUR.

Sources de Fontbane et usine de potabilisation,Budos.

#béquet #sources #traitementsdeleau #potabilisation #aqueduc #budos

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l'usIne de potabIlIsatIon du bÉquet

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Étape ultime avant l'arrivée au robinet villenave-d'ornon

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Depuis Budos, j’ai suivi le chemin de l’aqueduc jusqu’à Villenave-d’Ornon. La « goutte d’eau », sortie des sources de Fontbanne et contrôlée un matin à 8 h, arriv-erait, elle, le lendemain soir au Béquet. Après son trajet de 42 km (un marathon), l’eau subit un second traitement d’affinage. Rendue potable selon toutes les normes fixées, elle est stockée sur place dans les deux bâches, en fonction des besoins en eau de Bordeaux et partiellement de la rive droite.L’usine de potabilisation du Béquet, que j’ai découverte, se situe dans un édifice construit en 1887 et classé aux Bâti-ments de France. En passant sur la route de Toulouse, vous avez peut-être déjà remar-qué cette façade en pierre surmontée de l’inscription gravée « Eaux de Bordeaux ».

C’est ici que se trouve l’usine. Le rez-de-chaussée a été aménagé en plusieurs salles à vocation pédagogique : la maintenance et le matériel, une salle « patrimoine » avec des photos de châteaux d’eau, des explications relatives à la gestion de l’eau sur notre territoire. Une partie de l’instal-lation technique reste apparente. À moitié en sous-sol, les moteurs et les tuyaux, dont le plus gros permet un débit de 1 000 m3/heure et pouvant monter jusqu’à 2 000 m3/heure :

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l’endroit est appelé la « pail-lasse » par les techniciens, du fait des nombreux appareils

de mesure pour les contrôles des paramètres de qualité (pH, turbidité, résiduels de chlore).

Le clou du spectacle de la visite du Béquet est sans aucun doute la « charlate ». Ce mot, en jargon des métiers de l’eau, désigne un antibélier. Comme cela arrive dans les canalisations domestiques, des bulles d’air peuvent se produire : les tuyaux vont trembler avec un bruit sourd, évoquant des explosions. Ici, cet équipement permet de compresser l’air dans les tuyaux. L’air va ensuite jouer un rôle d’amortisseur pour protéger le réseau des variations brutales de pression. Cette énorme citerne fixée au sol

« Le retour de bulle qui se produirait en cas d’arrêt brutal serait hyperpuissant… »

L’USINE dE POTAbILISATION dU bÉQUET EN CHIFFRES :2 RÉSERVOIRS d’une capacité totale de stockage de 4 200m3.

L’AQUEdUC (de Budos au Béquet) achemine en moyenne 24 000m³ d’eau par jour.L’USINE dU bÉQUET alimente environ 20 % dES FOyERS de la Communauté urbaine de Bordeaux.

Usine du béquetRoute de Toulouse, Villenave-d’Ornon.

#usinedepotabilisation #espacepédagogique

est prévue pour l’encaisser. La charlate, scellée dans le béton, se trouve à côté d’un groupe électrogène conséquent capable d’alimenter l’usine en cas de panne. Tous les sites liés à l’eau, de la production à la distribution, du stockage au contrôle, sont prévus pour fonctionner dans toutes les situations et en continu.

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l'espace pÉdaGoGIque de la statIon d’'ÉpuratIon louIs farGue

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La station d’épuration LouisFargue à Bordeaux-Nord, qui traite les eaux usées des habitants de la Cub, n’a pas été conçue pour accueil-lir du public. En revanche, elle est dotée d’un espace pédagogique pour répon-dre à toutes les questions des curieux en matière de traitement des eaux usées et d’écogestes. Celui-ci propose deux sortes de scénographies : une mise en scène simple à base de panneaux d’informa-tion et d’écrans tactiles ; et une plus sophistiquée avec un décor en forme de tunnel. À l’intérieur, des pastilles lumineuses bougent au sol et réagissent à vos pas (vous devez ainsi chasser les « indé-sirables » de l’eau), un rideau de brume sert d’écran à la projection d’images sur les écogestes… La Palme d’or de la présentation la plus originale revient aux sculptures qui illustrent de façon créative les

différents objets que l’on re-trouve dans les égouts ! Dans cette drôle de galerie d’art, j’ai découvert des totems conçus en téléphones portables, en jouets (dont beaucoup de petites voitures), en clés par milliers et même en dentiers… La visite de l’usine Louis Fargue à proprement parler se passe dans la salle de pro-jection dédiée. Il s’agit d’une visite virtuelle qui s’effectue assis dans un fauteuil (rouge ou bleu), au cours de laquelle on est équipé de lunettes 3D.

pour tout savoIr sur le traItement des eaux uséesbordeaux

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l'espace pÉdaGoGIque de la statIon d’'ÉpuratIon louIs farGue

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L’expérience du film en relief vaut le détour. Chaque étape est ponctuée d’une question (buzzer intégré à l’accoudoir),

avec résultat du quizz en direct, et donc compétition entre les fau-teuils rouges et les fauteuils bleus ! Le film d’animation se déroule sur un

rythme soutenu. On ne s’en-nuie pas et la visite est origi-nale. Là encore, les amateurs en ingénierie trouvent de quoi étancher leur soif de connaissance.

« Le film en 3D explique l’ensemble

des processus permettant de rejeter

dans la Garonne une eau propre. »

pour tout savoIr sur le traItement des eaux uséesbordeaux

LA STATION d’ÉPURATION LOUIS FARGUE EN CHIFFRES :4121  Km de canalisations d’assainissement en 2013 par lesquelles transitent les eaux usées et pluviales de la Communauté urbaine de Bordeaux. 470 000 ÉQUIVALENT-HAbITANT= capacité de traitement de la station par temps de pluie.370 000 ÉQUIVALENT-HAbITANT= capacité de traitement de la station par temps sec.Assainissement = ensemble des moyens de col-lecte, de transport et de traitement des eaux usées et pluviales avant leur rejet dans le milieu naturel. Réseau unitaire = canalisations dans lesquelles circulent à la fois les eaux usées et les eaux de pluie,par opposition au réseau séparatif qui distingue les eaux usées des eaux pluviales.

Station d’épuration Louis Fargue 88, cours Louis-Fargue, Bordeaux.

#stationd’épuration #espacepédagogique

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statIon d'ÉpuratIon clos de HIlde

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Quand on passe par la rocade, la nuit, on aperçoit du côté de la Garonne un ensemble de colonnes éclairées de bleu, on croirait une mystérieuse piste d’atterrissage.Je l’ai toujours appelée l’usine bleue. À l’occasion de cette visite s’est ajouté plus particulière-ment le plaisir lié à la curiosité la plus savoureuse : entrer dans un endroit familier au regard, mais pourtant inconnu et secret…À la pointe de l’innovation technologique, référence européenne pour ses perfor-mances, la station d’épuration Clos de Hilde dépollue les eaux usées de 410 000 habitants.

L’effluent (nom donné à toute eau usée) arrive ici. Après un passage par les dégrilleurs (ce sont des grands tamis), l’eau filtrée une première fois est brassée par des agitateurs géants qui vont, grâce à l’ajout de floculant et de coagulant,

rassembler les déchets organiques pour faciliter leur récupération sous la forme de boues solides. L’eau clarifiée continue son voyage et son traitement avant de retourner « propre » à la nature.Chaque coupole bleue de la station Clos de Hilde abrite une étape de dépollution. Le laby-rinthe de canalisations est en sous-sol. À noter : au milieu du parcours, une sorte de « yourte » sert d’espace pédagogique. L’endroit, dont l’esthétique a été pensée par l’architecte Jean de Giacinto, est fascinant. Il permet notamment d’entrevoir que le cycle de l’eau intègre des questions plus larges que la seule consommation.

Dans l’avenir, l’enjeu des stations d’épuration reposera sur la valorisation des déchets issus du traitement pour qu’ils deviennent utilisables comme produits ou sources d’énergie. À titre d’exemple, les sables qui

quel avenIr pour nos eaux usÉes ?bègles

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statIon d'ÉpuratIon clos de HIlde

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sont charriés par les eaux de pluie sont lavés puis valorisés afin d’être recyclés en matériau pour les routes. Autre exemple :

quand les boues fermentent, elles produisent du biogaz stocké sur place dans les gazomètres. Ce biogaz

constitue une source d’énergie pour chauffer le site lui-même. En outre, un projet d’injection dans le réseau de gaz de la ville a été conçu pour alimenter 4 000 habitants des communes de Bègles, Villenave-d’Ornon, Talence et Gradignan. L’objectif pour Clos de Hilde : devenir un site carbo-neutre d’ici à 2019.

« Entrer dans un endroit familier au regard, mais pourtant inconnu et secret… »

LA STATION d’ÉPURATION CLOS dE HILdE EN CHIFFRES :410 000 ÉQUIVALENT-HAbITANT= capacité de traitement de la station.10 000 TONNES de boues produites par an25 mILLIONS dE m3 d’eaux usées épurées avant rejet en milieu naturel en 2013.La station est capable de relever jusqu’à 14 000 m3/HEURE en pointe lors de grands événements orageux ou pluvieux.

Clos de Hilderue Louis-Blériot, Bègles.

#stationdépuration

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le tÉlÉcontrôleramsÈs

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Pour cette visite, je me suis rendue au 53, cours Louis Fargue, à Bor-deaux. Je suis entrée dans la salle de contrôle de tous les problèmes liés aux eaux pluviales, et donc à la météo. Le phénomène des inondations fait l’objet à la Cub, depuis 1982, d’un plan de lutte spécifique et performant. Certains s’en souviennent peut-être… Fin 1981, quatre jours de pluies intenses frappent l’agglomération. Six mois plus tard, le 31 mai 1982, un orage centennal s’abat sur une bande fine du territoire. Il tombe à cet endroit localisé 80 mm d’eau en 1 h 05. Deux jours plus tard, la même zone vit un orage décennal : 40 mm en 1 h. Devant l’ampleur des inondations, le conseil de la Cub décrète un investissement massif dans la lutte contre les inondations pour éviter que les mêmes effets ne se repro-duisent. Il faut dire que l’aggloméra-tion est un vaste amphithéâtre de 90 000 ha, dont 15 % des terres environ sont situées en dessous du niveau de la Garonne. À partir de 1983, des équipements

de protection et de lutte contre les inondations sont donc construits. La Cub construit des conduites forcées d’évacuation en Garonne, aménage des stations de pompage et créé des collecteurs sous la rocade, des bassins de retenue le long de la voie ferrée de la ceinture et des bassins enterrés en ville pour stocker et évacuer les eaux de ruissellement.

Voici quelques-unes des informa-tions que l’on découvre en visitant le télécontrôle Ramsès mis en service en 1992 pour surveiller 24 h/24 les installations dédiées à la lutte contre les inondations. Il assure le rôle de gestion, en continu, de l’ensemble des ouvrages de stockage et de pompage. Il travaille en anticipation, grâce aux prévisions météo et à l’estimation des débits et volumes à gérer toutes les 5 minutes. Ce sont plus de 10 000 données traitées en temps réel et transformées en informa-tions visuelles, géolocalisées et en scenarii d’aide à la décision pour

la lutte contre les inondationsbordeaux

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gérer les épisodes pluvieux. Incluse dans ce tableau de bord géant, qui emplit tout un mur, la carte radar du front de pluie…

Ici, j’ai aussi pu découvrir ce qui se produit en situation A (A comme Alerte) avec le retour en images sur un épisode récent, celui du 26 juillet 2013, jour de cet orage hyperviolent qui a frappé Bordeaux. J’ai pu revivre la procédure mise en œuvre : évacuer en priorité les ouvriers dans les chantiers, ensuite fermer les vannes pour piéger l’eau et remplir les bassins, démarrer les groupes électrogènes pour vérifier et en-voyer immédiatement du person-nel en cas de dysfonctionnement. Tout doit être opérationnel en cas de crise. Plus d’un milliard d’euros investis pour ce haut niveau de protection (la Cub se place juste après Paris) font aujourd’hui de Ramsès une véritable référence

« Évacuez en priorité les ouvriers dans les

chantiers, ensuite fermez les vannes pour piéger l’eau et

remplir les bassins ! »

LE TÉLÉCONTRÔLE RAmSÈS EN CHIFFRES :42 PLUVIOmÈTRES retransmettent les données en temps réel au centre de télécontrôle Ramsès.En 2013, il y a eu 16 ORAGES mAJEURS (passage en situation A). L’intensité de celui du 26 juillet a été bien supérieure à l’orage de référence de juin 1982.

Ramsès 53, cours Louis-Fargue (entrée : rue Jean-Hameau), Bordeaux.

mondiale en matière de lutte contre les inondations et de gestion des eaux pluviales. Dans un futur proche, il intégrera non seulement les impératifs de lutte contre les inondations, mais aussi de limitation de l’impact des pollutions sur le milieu naturel et d’optimisation de la consommation énergétique des installations. Il prendra aussi en compte les informations en continu pour agir sur le système : stockage dans les bassins ou les collecteurs, modi-fications du fonctionnement des stations d’épuration, basculement des eaux usées d’un bassin de collecte à l’autre…

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le bassIn de la GrenouIllÈre

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Expérience plutôt réservée aux amateurs de sensations fortes…Parmi toutes les visites, j’appréhendais un peu celle-ci : la descente dans le bassin de la Grenouillère. Quand je l’évo-quais auprès de mes divers guides-employés de l’eau, chaque fois on me répondait : “La Grenouillère, c’est quelque chose…” De quoi installer une légère tension, car, si même les gens du métier en restaient encore étonnés, c’est que c’était vraiment quelque chose… Et descendre à 24 mètres de profondeur dans un réservoir humide et sombre, vous verrez (si vous osez), ça a effective-ment l’allure d’une aventure… Je m’y suis rendue en tramway. On est en pleine ville, à Bor-deaux, et pourtant, l’air de rien, quelques minutes plus tard, me voilà en combinaison de plastique, bottes aux pieds et casque bleu siglé « L’Eau de La Cub » sur la tête, en train de descendre les (nombreuses)

marches de l’impressionnant ouvrage. Avant qu’on ne m’ouvre cette lourde porte, qui évoque l’entrée dans un sous-marin, j’ai éprouvé une légère appréhension… Et j’ai pénétré, en toute sécurité, dans l’un des lieux les plus étonnants de ce patrimoine industriel ! L’atmo-sphère est forcément lourde et moite dans ce bassin de 60 mètres de diamètre dans lequel j’ai pu marcher, mais qui se remplit d’eau quand les pluies s’intensifient, et dont il faut gérer par conséquent le niveau

la dépollution des eaux de pluiebordeaux

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des eaux pluviales. L’endroit, d’un point de vue du volume, ressemble à une nef d’église souterraine. C’est un moment

troublant que d’être là pour deux raisonsà cause de l’imposante architecture et parce que la

sortie vers la lumière du jour m’a paru soudain lointaine… À la surface, au niveau de la salle des pompes, une maquette toute en transparence et inter-active permet de comprendre parfaitement plusieurs situa-tions de niveaux d’alerte. Grâce à elle, on visualise très bien le mécanisme à l’intérieur duquel on s’est trouvé. Ici, l’effet vortex entre en jeu dans la dépollution des eaux de pluie. Cette rota-tion à vitesse accélérée, grâce à la pente par laquelle les eaux pluviales arrivent, favorise le dépôt vers le sol de toutes les matières en suspension. L’eau « du haut » devenue

« La sortie vers la lumière du jour

vous paraîtra soudain lointaine... »

LE bASSIN dE LA GRENOUILLERE EN CHIFFRES :Avec un diamètre de 60M et une profondeur de 24M ce bassin peut stocker et dépolluer 65  000M3 d’eau de pluie.

bassin de la GrenouillèreAvenue Émile-Counord, Bordeaux.

#dinassac #gestionpollution #luttecontreinondations #espacepédagogiqueLouis-Fargue #centretélécontrôleRamsès

propre s’écoule par l’intérieur du bassin et file vers la Garonne. L’eau sale et chargée part dans les tuyaux vers la station d’épu-ration Louis Fargue, la seule à traiter à la fois eaux pluviales et eaux usées. La Grenouillère et ses deux bassins concen-triques, sous leurs airs de crypte étrange, jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les inondations.

:

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le bassIn de retenue de dInassac

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Voici typiquement le genre de paysages que l’on aperçoit sans bien savoir de quoi il s’agit…On comprend évidemment que c’est un plan d’eau, mais il a l’air tellement protégé, et surtout, il semblerait qu’il n’y ait aucune présence humaine visible, un peu comme pour les châteaux d’eau : on ne voit jamais personne entrer ou sortir. Alors, c’est quoi cet étang protégé derrière des grillages où per-sonne ne va ?

Dinassac, construit en 2001, est un bassin de retenue ; dans le processus de prévention des inondations, les bassins à l’image de celui-ci sont essentiels. Ils contiennent de l’eau en per-manence, mais peuvent en re-cevoir encore davantage, jusqu’à 110 000 m³. Reliés au réseau général, fermés par des vannes, ils servent, en cas de pluies intenses, à désemplir les tuyaux, qui seraient trop vite saturés. Ils retiennent momentanément ce

trop-plein. L’impression qu’il ne se passe rien autour est bien sûr une illusion… Le statut d’espace clos a favorisé l’épanouissement de la nature. À l’abri, la faune et la flore reprennent leurs droits, et certaines espèces réapparaissent ou trouvent ici un refuge pour se reproduire. Il est exceptionnel de pouvoir marcher autour du vaste plan d’eau.Comme d’autres sites naturels, par exemple les berges de la jalle dans le domaine du Thil ou le bassin du Chêne vert, Dinassac est géré de manière écologique,

comment la protection simultanée des usagers et de la biodiversité devient possible...blanquefort

Page 27: Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

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ce qui explique, par exemple, que les abords du lac ne soient pas tondus à ras tel un golf, mais ressemblent davantage à une

prairie sauvage. Le tas de bois mort à l’entrée du chemin sert aux insectes ; des haies et des saules ont été

plantés pour leur rôle de nour-riture, de protection visuelle et d’écran au vent. Cette gestion raisonnée implique de rester vigilant sur les espèces invasives et enva-hissantes, qu’il s’agisse des lapins, dont les terriers trouent dan-gereusement le sous-sol, ou de la « JUSSIE », qui colonise le plan d’eau. L’efficacité de Dinassac ne doit pas être gênée.Le matin de ma visite, j’ai eu la chance de voir s’envoler de beaux spécimens (de libellule déprimée et de héron pourpré !) depuis ce qui se révèle être un véritable îlot de quiétude, dont on ne soupçonne pas un instant l’utilité…

« Cette gestion raisonnée implique

de rester vigilant sur les espèces invasives »

LE bASSIN dE dINASSAC EN CHIFFRES :Une capacité de 110 000m3

Depuis 2013, le bassin de Dinassac est l’un des 10 sites du service de l’assainissement géré de manière écologique.154, c’est le nombre de bassins de retenue gérés pour le compte de La Cub, soit une capacité de stockage de 1.9 mILLIONS dE m3.

PARTENARIAT : Avec la Sepanso, fédération des Sociétés pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest.

bassin de dinassac Avenue du Port-du-Roy, Blanquefort.

#bassinretenue #environnementnaturel#lutteinondations #eauxpluviales

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m35 8 7 2 0

protectIon de la ressource

sauveGarde de la bIodIversItÉ

captaGe

usIne de potabIlIsatIon traItement

analYsesdIstrIbutIon

entretIen rÉseau

tÉlÉcontrôle eau

eau potable

stocKaGe

le cYcle de l'eau de la cub

Site 1

le télécontrôle ausone

Site 3

la maison de l'eau

Site 2

le réservoir paulin

Site 6

sources de fontbanne

Site 5

l'usinede potabilisationde gamarde

Site 4

le champ captant du thil

Page 29: Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

m35 8 7 2 0

entretIen rÉseau

collecte des eaux usÉeset pluvIales

eaux usÉes

eaux pluvIales

tÉlÉcontrôleassaInIssement

et pluvIal

traItement des eaux usÉes et pluvIales

reJet au mIlIeu naturel

analYses eaux dÉpolluÉes

sauveGarde de la bIodIversItÉ

surveIllancede la qualItÉ

de l’eaustatIon

d’'ÉpuratIon

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Site 10

le télécontrôle ramsès

Site 12

le bassinde retenue de dinassac

Site 11

le bassin de la grenouillère

Site 9

la stationd'épurationclos de hildeSite 8

l'espace pédagogique de la station d'épuration louis fargue

Site 7

l'usinede potabilisation du béquet

Site 6

sources de fontbanne

Page 30: Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"
Page 31: Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

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LES PARTENAIRES :

LA FéDéRATIoN DéPARTEMENTALE

DES AAPPMA DE GIRoNDE

La Fédération a été créée en 1913 sous

le nom de « Fédération de pêche de

Guyenne et de Gascogne ». Elle compte

aujourd’hui environ 30 000 adhérents.

À l’échelle départementale, la Fédération de Gironde œuvre,

en travaillant en relation avec les associations agréées pour

la pêche et la protection du milieu aquatique (Aappma)

locales et avec ses nombreux partenaires, à l’accomplissement

de ses missions reconnues d’intérêt général, à savoir : pro-

mouvoir et développer le loisir pêche, ainsi que protéger les

milieux aquatiques et piscicoles.

CISTUDE NATURE

Cistude Nature est une association

agréée de protection de la nature et

d’éducation à l’environnement. Outre

une activité d’expertise, l’association

propose des activités pédagogiques, en

particulier sur le site du champ captant

de Thil-Gamarde.

Ces animations, conçues sous la forme d’une découverte

active des milieux naturels présents, sont l’occasion d’aborder

différents thèmes liés à l’écologie et au développement

durable. Elles peuvent se dérouler sur la journée (avec

la possibilité de pique-niquer sur le site) ou sur la demi-

journée. Les animations pédagogiques sont adaptables en

classe. Cistude Nature organise aussi des sorties de décou-

verte pour les adultes.

L’événement « Nous allons vous raconter l’eau » sera l’occasion

pour l’association de présenter, aux côtés des opérateurs du

service de l’eau de La Cub Lyonnaise des eaux et sa filiale,

la Sgac, la mise en œuvre, depuis six ans, du plan de gestion

écologique du champ captant des sources du Thil.

LA SEPANSo

La Société pour l’étude, la protection

et l’aménagement de la nature dans le

Sud-Ouest (Sepanso) est une associa-

tion créée en 1969, reconnue d’utilité

publique en 1982, sans but lucratif, indépendante de toute

organisation politique ou religieuse.

Ses revendications sont construites et portées par des militants

bénévoles, aux compétences complémentaires, dont l’action

est motivée par le seul intérêt général.

Naturalistes, environnementalistes, juristes, généralistes ou

spécialistes, « simples » amoureux de la nature, tous œuvrent

à un même objectif : faire évoluer notre société vers un

modèle qui permette de satisfaire les besoins humains tout

en protégeant ce patrimoine commun vital qu’est notre

environnement.

À l’occasion des Journées du Patrimoine, le grand public

pourra découvrir le bassin de Dinassac, géré de manière

écologique depuis 2013 grâce à un partenariat entre la

Sepanso et la Sgac, opérateur du service de l’assainissement

collectif de La Cub.

LES ORGANISATEURS  :

L’EAU DE LA CUB

La production et la distribution d’eau potable ainsi que le

service d’assainissement des eaux usées, qui portent, depuis

le 1er janvier 2013, la marque L’Eau de La Cub, sont de la

compétence de la Communauté urbaine de Bordeaux.

Celle-ci a délégué, en 1992, à la Lyonnaise des eaux les inves-

tissements et l’exploitation (captage, stockage et distribution)

du service public d’eau potable, de 23* de ses 28 communes.

Elle a confié, en 2013, à la Société de gestion de l’assainisse-

ment de La Cub (Sgac), filiale de la Lyonnaise des eaux, la

collecte et le traitement des eaux usées de 27**

de ses 28 communes, et la gestion des eaux pluviales

urbaines de l’ensemble de son territoire.

À l’occasion de l’événement « Nous allons vous raconter

l’eau », L’Eau de La Cub propose un programme de visites de

sites représentatifs du service de l’eau potable et de

l’assainissement collectif de La Cub. Animées par les femmes

et les hommes qui en assurent la gestion au quotidien,

ces visites sont l’opportunité de valoriser le patrimoine

aquatique de la collectivité, d’illustrer concrètement ses

évolutions au fil de l’histoire et de faire prendre conscience à

chacun de la nécessité de le préserver.

* Hors Ambarès-et-Lagrave, Artigues-près-Bordeaux, Bassens,

Carbon-Blanc et Martignas-sur-Jalle.

** Hors Martignas-sur-Jalle.

Page 32: Supplément "Nous allons vous raconter l'eau"

INFOS PRATIQUES :Renseignements et inscriptions

05 57 57 29 51eaucub.fr

PLACES EN NOMBRE LIMITÉ. INSCRIVEZ-VOUS VITE !

Clôture des inscriptions sur Internetvendredi 19 septembre à 12h

Les déplacements entre les sites sont à la charge des visiteurs sauf pour la visite des sources de Budos pour laquelle les organisateurs mettent en place, deux fois par jour, un déplacement en bus au départ du site du Béquet

à Villenave d’Ornon.

Note : en cas de mauvaises conditions météorologiques,et pour des raisons de sécurité, certaines visites pourront être modifiées

ou annulées, notamment celles concernant les ouvrages de lutte contre les inondations.