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Vue de l’exposition Supportive, 1966–2011 du 15 février au 14 avril 2013 au mac  LYON © Photo Blaise Adilon SUPPORTIVE, 1966-2011 MANIFESTES ET DOCUMENTS INÉDITS TEXTES EN FRANÇAIS

SUPPORTIVE, 1966-2011 - MAC Lyon · les intervenants figure Frank Popper, sommité de l’art cinétique vivant à Paris. La PRESSE est invitée à visiter l’exposition située

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Vue de l’exposition Supportive, 1966–2011 du 15 février au 14 avril 2013 au mac LYON © Photo Blaise Adilon

SUPPORTIVE, 1966-2011

MANIFESTES ET DOCUMENTS INÉDITSTEXTES EN FRANÇAIS

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PLAN DE L’EXPOSITION

3E ÉTAGE

À partir de 1959, Gustav Metzger associe une réflexion théorique qu’il publie sous la forme de manifestes et d’articles, et une expérimentation constante de processus générateurs de formes plastiques. Ces deux dimensions de son œuvre sont présentes dans l’exposition.

Les différents documents exposés sont rédigés en anglais. Afin d’en faciliter la compréhension, nous réunissons ici les traductions françaises des documents les plus importants. Dans la liste ci-contre, ces documents sont marqués d’une astérisque.

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LÉGENDES

Cardboards, novembre 1959Exposition au 14 Monmouth Street, LondresExhibition at 14 Monmouth Street, LondonTirage d’après négatif original / Print run from an original negative101 × 93 cmCollection particulière© John Cox

Supportive, 1966–20117 projecteurs Kodak SAV 2050 avec unités de contrôle, filtres polarisés rotatifs, cristaux liquides7 projectors Kodak SAV 2050 with control units, rotating polarized filtres, liquid crystals4 × 28 m Collection du Musée d’art contemporain, LyonNo d’inventaire : 2011.8.1

A new phase in art & motion… G. Metzger at Bartlett, 1963Poster pour sa Lecture/Démonstration à la Bartlett, School of Architecture, University College of London, 28 février 1963 Poster for his Lecture/Demonstration at the Bartlett, School of Architecture, University College of London, February 28th, 1963 Stencil / Stencil 71 × 55 cm Collection de l’artiste, Londres

Art of the Liquid Crystals, 1966 *Document FPOPP XT139 / 89, 1 feuillet Document FPOPP XT139 / 89, 1 leaf 20,5 × 16,5 cm Dossier Gustav Metzger Fonds Frank Popper Archives de la critique d’art, Rennes

Machine, Auto-Creative, & Auto-Destructive Art, 1962Tapuscrit original, publié dans : ARK, Journal of the Royal College of Art, Londres, no32, été 1962 Original typescript text, published in: ARK, Journal of the Royal College of Art, London, No. 32, summer 1962 25,5 × 20,3 cm Collection MC, Londres

Machine, Auto-Creative, & Auto-Destructive Art, 1962ARK, Journal of the Royal College of Art, Londres, no32, été 1962, p. 7-8 ARK, Journal of the Royal College of Art, London, No. 32, summer 1962, p. 7-8 27 × 22 cm Collection MC, Londres

Auto-Destructive Art, Metzger at the AA, 1965Livret / Booklet 29,7 × 21 cm / 26,5 × 20 cm Collection MC, Londres

Auto-destructive Art, 4 novembre 1959 *Premier manifeste, incluant également une déclaration à propos de Cardboards First manifesto, includes also a statement on Cardboards Tapuscrit, tirage env. 150 Typescript text, print run approx. 150 33 × 20,5 cm Collection particulière

Manifesto Auto-Destructive Art, 10 mars 1960 *Second manifeste, incluant également le premier manifeste Second manifesto, includes also the first manifesto Tapuscrit, reproduction par stencil, tirage env. 150 Typescript text, reproduction with stencil, print run approx. 150 30,5 × 20 cm Collection Jasia Reichardt, Londres

Auto-Destructive Art, Machine Art, Auto-Creative Art, 23 juin 1961 *Troisième manifeste (manifeste de la South Bank), incluant également une reprise des deux premiers manifestes Third manifesto (South Bank manifesto), includes also a reprint of the first two manifestos Impression offset  / Offset print 28 × 21,5 cm Collection MC, Londres

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Manifesto World, 7 octobre 1962 *Quatrième manifeste Fourth manifesto Sérigraphie /Silkscreen printing 39 × 52 cm Collection de l’artiste, Londres

On Random Activity in Material/Transforming Works of Art, 30 juillet 1964 *Cinquième manifeste, incluant également la reprise des trois premiers manifestes, publié dans : Signals. Newsbulletin of the Centre for Advanced Creative Study, Londres, vol. 1, no2, septembre 1964, p. 14 Fifth manifesto, includes also a reprint of the first three manifestos, published in: Signals. Newsbulletin of the Centre for Advanced Creative Study, London, Vol. 1, No. 2, September 1964, p. 14 50,5 × 34,5 cm Collection MC, Londres

Auto-Destructive Art, 1965Publié dans : Granta, Cambridge, vol. 71, no12457, 6 novembre 1965, p. 21-22 Published in: Granta, Cambridge, Vol. 71, No. 12457, 6th November 1965, p. 21-22 Revue, impression offset / Magazine, offset print 28,5 × 21,5 cm Collection MC, Londres

Zagreb Manifesto, 1969 *Publié dans : Studio International, Londres, vol. 177, no912, juin 1969 Published in: Studio International, London, Vol. 177, No. 912, June 1969 Revue, impression offset / Magazine, offset print 30 × 24,5 cm Collection MC, Londres

Automata in history, 1969 Publié dans : Studio International, Londres, vol. 177, no909, mars 1969, p. 107-109 Published in: Studio International, London, Vol. 177, No. 909, March 1969, p. 107-109 Revue, impression offset / Magazine, offset print 30 × 24,5 cm Collection MC, Londres

Automata in history: part 2, 1969Publié dans : Studio International, Londres, vol. 178, n°915, octobre 1969, p. 109-117 Published in: Studio International, London, Vol. 178, No. 915, October 1969, p. 109-117 Revue, impression offset / Magazine, offset print 30 x 24,5 cm Collection MC, Londres

Hotplate, 1968 reconstruit pour l’exposition en 2013Plaque chauffante électrique, eau Hotplate, water 140 × 23 cm Collection de l’artiste, Londres

Extremes Touch, 1968 * Communiqué de presse Press release 25,3 × 20,3 cm

Collection MC, Londres

Extremes Touch, 1968 Compte-rendu, tapuscrit original Review, original typescript 25,3 × 20,3 cm Collection MC, Londres

New Ideas in Plotter Design Construction and Output, 1970Impression offset, reproduction de dessins à la lumière sur papier photosensible Offset print, reproduction of light drawings on photosensitive paper 33 × 21 cm Collection MC, Londres

Auto-Destructive Art –The Activities of G. Metzger, 1963Film 16 mm transféré sur DVD, noir et blanc, muet Film 16 mm transferred to DVD, black and white, no sound 8 minutes Réalisateur /Director : Harold Liversidge

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MANIFESTES ET DOCUMENTS INÉDITS

Art of the Liquid Crystals, 1966

Auto-destructive Art, 4 novembre 1959Premier manifeste

L’ART DES CRISTAUX LIQUIDES

Une nouvelle technique artistique est exposée dans l’une des vitrines de Better Books (au coin de Charing Cross Road et New Compton Street).Deux aspects de cette technique sont montrés :1. Alors que le spectateur passe le long d’une plaque de verre montée dans la vitrine, celui-ci peut observer une série de changements de couleur.2. Un produit chimique est introduit entre deux lamelles de microscope. Au cours de cycles d’une minute chacun, le produit chimique est fondu puis refroidi. Lorsque le produit chimique refroidit, on observe des modifications de couleurs qui varient en fonction de la position du spectateur et de la source de lumière. Cette œuvre est appelée TERRE DEPUIS L’ESPACE.Cette technique est fondée sur l’utilisation de cristaux liquides. Elle peut être utilisée

à grande échelle, à l’intérieur ou à l’extérieur de bâtiments. L’exposition est l’œuvre de Gustav Metzger. Il est l’auteur de L’ART AUTO-DESTRUCTIF – première monographie illustrée consacrée à ce sujet et publiée en octobre 1965.Une soirée consacrée à l’art auto-destructif ainsi qu’à l’art auto-créatif se tiendra chez Better Books, samedi 8 janvier à 21h. Parmi les intervenants figure Frank Popper, sommité de l’art cinétique vivant à Paris.La PRESSE est invitée à visiter l’exposition située dans la vitrine de Better Books le jeudi 6 janvier entre 11h et 12h ou entre 14h et 15h, lorsque M. Metzger est présent.Pour plus d’informations, merci d’appeler le TEM 6944.

CARTONS CHOISIS ET ARRANGÉS PAR G. METZGER

AU 14 MONMOUTH STREET, W.C.2.près de Cambridge Circus

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Le deuxième manifeste Manifesto Auto-Destructive Art inclus en préambule le texte du premier manifeste Auto-Destructive Art déjà traduit en numéro  .

MANIFESTE DE L’ART AUTO-DESTRUCTIF

L’homme qui parcourt Regent Street est auto-destructif.Les fusées et les armes nucléaires sont auto-destructives.Art auto-destructif.La chute chute chute en chute libre des bombes HH.Indifférent aux ruines (le folklore).L’art auto-destructif rejoue l’obsession

Manifesto Auto- Destructive Art, 10 mars 1960 Deuxième manifeste

7Le carton abandonné qui est exposé ici emballait probablement une télévision.

Aucune considération commerciale ni exigence d’un cabinet de dessin contemporain ne viennent souiller la pureté de ces cartons.

Ils possèdent des qualités égales à ce qu’il y a de meilleur dans la peinture, la sculpture et l’architecture moderne.Ces cartons ont été réalisés mécaniquement dans un seul but et pour un usage temporaire.

Ils nous rappellent que la « fonction dans le design » n’est rien d’autre qu’un slogan.

L’ART AUTO-DESTRUCTIF

L’art auto-destructif est avant tout une forme d’art public destinée aux sociétés industrielles.

La peinture, la sculpture et la construction auto-destructives sont le résultat global de l’idée, du lieu, de la forme, de la couleur, de la méthode et de la temporalité du processus de désintégration.

L’art auto-destructif peut être réalisé grâce aux forces naturelles, aux techniques artistiques traditionnelles et aux procédés technologiques.

Le son amplifié du processus d’auto-destruction peut faire partie intégrante de la conception globale.

L’artiste peut collaborer avec des scientifiques et des ingénieurs.

L’art auto-destructif peut être réalisé mécaniquement et assemblé en usine.

Les peintures, les sculptures et les constructions auto-destructives ont une durée allant de quelques minutes à vingt ans. Lorsque le processus de désintégration est terminé, l’œuvre doit être retirée du site et mise au rebut.

À Londres, le 4 novembre 1959 G. METZGER

Les cartons sont exposés du lundi 9 novembre au 30 novembre. Ouvert tous les jours de 18h00 à minuit.

L’exposition ouvrira discrètement à 18h00, lundi 9 novembre.

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Le troisième manifeste publié par Gustav Metzger Auto-Destructive Art – Demonstration inclus en préambule les textes des premier et deuxième manifestes (pour les traductions, se reporter aux numéros et   ).

ART AUTO-DESTRUCTIF ART MÉCANIQUEART AUTO-CRÉATIF

Chaque fait visible exprime complètement sa réalité.Certaines formes produites mécaniquement sont les plus parfaites de notre époque.Le soir, quelques-unes des plus belles œuvres d’art produites aujourd’hui sont déversées dans les rues de Soho.

de la destruction, qui frappe les individus comme les peuples.L’art auto-destructif démontre le pouvoir donné à l’homme d’accélérer les processus de désintégration de la nature et de les provoquer.L’art auto-destructif reflète le perfectionnisme compulsif des manufactures d’armes – la perfection jusqu’au point de destruction.L’art auto-destructif, c’est la transformation de la technologie en un art public.L’immense capacité productive ; le chaos du capitalisme et du communisme soviétique ; la coexistence de l’excédent et de la famine ; la constitution de stocks toujours plus nombreux d’armes nucléaires – des armes plus que suffisantes pour détruire les sociétés technologiques ; les effets désintégrateurs sur les gens des machines et de la vie dans les grandes agglomérations…

L’art auto-destructif, c’est l’art qui contient en lui-même un agent conduisant automatiquement à sa destruction dans un laps de temps qui ne dépasse pas vingt ans.D’autres formes d’art auto-destructif impliquent une manipulation manuelle. Il existe des formes d’art auto-destructif avec lesquelles l’artiste exerce un strict contrôle sur la nature et la temporalité du processus de désintégration ; d’autres formes ne demandent qu’un contrôle superficiel.Les matériaux et techniques utilisés pour créer l’art auto-destructif peuvent être les suivants : l’acide, l’adhésif, l’argile, la balistique, le béton, le bois, la combustion, la chaleur, la charge, la chute, le cinéma, la compression, la corrosion, la cybernétique, l’eau, l’élasticité, l’électricité, l’électrolyse, l’électronique, l’énergie humaine, l’énergie nucléaire, l’énergie solaire, les explosifs, le feed-back, le fil, la force naturelle, la glace, le jet, la lumière, le métal, le mouvement, le moulage, la peinture, le papier, la photographie, le plâtre, le plastique, la pression, la production de masse, le rayonnement, le sable, le son, le soudage, le stress, la terre cuite, la toile tendue, la vapeur, le verre, la vibration.

À Londres, le 10 mars 1960 G. METZGER

Auto-Destructive Art, Machine Art, Auto-Creative Art, 23 juin 1961Troisième manifeste

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L’artiste doit détruire les galeries d’art. Institutions capitalistes. Zones d’imposture.Des événements, des happenings. Les artistes ne peuvent rivaliser avec la réalité. Une quantité croissante d’événements et de happenings. L’artiste ne peut intégrer en lui-même toutes les expériences du présent.

Il ne peut en rendre compte avec la peinture ou la sculpture.Le Nouveau Réalisme. Le mouvement artistique le plus significatif d’aujourd’hui, mais dont l’évolution est inévitablement commerciale – sans retour possible. La nature imite l’art.Le Nouveau Réalisme était une étape nécessaire vers un nouvel essor de l’art. Le monde dans sa totalité comme œuvre d’art. Y compris le son. Les journaux.Le Nouveau Réalisme montre l’importance d’un objet ou de la relation entre un certain nombre d’objets.C’est évidemment la première étape vers un ensemble plus large, celui d’une relation globale entre les objets et l’être humain.Vous autres de salopards puants qui fumez des cigares, et vous, bandes de vaches qui puez le dernier parfum à la mode et vendez des œuvres d’art.

Il fut un temps où il y avait des hommes et des animaux.Et les hommes peignaient des hommes et des animaux.Puis les dieux et les rois arrivèrent et les hommes se mirent à peindre des dieux et des rois.Puis les hommes s’assirent dans des véhicules qui se déplaçaient sur terre et les hommes se mirent à peindre des véhicules.Aujourd’hui, les hommes volent vers les étoiles. Et les hommes peignent cet élan vers les étoiles.En ce moment à Londres : des millions d’hommes, des millions d’objets, des millions de machines. À chaque fraction de seconde, des millions d’interactions entre les hommes, les objets et les machines. Jour et nuit, des inventeurs créent de nouvelles machines – des objets qui seront produits jour et nuit.

Le champ visuel tout entier de l’artiste devient l’œuvre d’art.Il s’agit d’une nouvelle sensibilité artistique. L’artiste ne veut pas que son travail soit possédé par de puants personnages. Il ne veut pas être indirectement pollué lorsque son œuvre est observée par des gens qu’il déteste.

L’art auto-créatif est l’art du changement, de l’évolution et du mouvement.L’art auto-destructif et l’art auto-créatif visent à intégrer l’art aux progrès de la science et de la technologie. L’objectif principal est la création, grâce à l’informatique, d’œuvres d’art dont les mouvements sont programmés et qui intègrent leur propre « auto-régulation ». Grâce à différents dispositifs électroniques, le spectateur peut influencer directement l’action de ces œuvres.L’art auto-destructif lance une attaque contre les valeurs capitalistes et la marche forcée de l’anéantissement nucléaire.

Le 23 juin 1961 G. METZGER

MANIFESTO WORLD

absolument tout absolument tout absolument tout absolument tout Un monde au bord de la destruction. Les objets deviennent précieux, la matière devient l’objet d’un sentiment de révérence. Une forme d’art destinée aux artistes. La plupart des gens apprécient l’art moderne 50 ans après sa création. Cette forme d’art ne sera pas assujettie à un tel décalage temporel, car il est peu probable qu’un monde où l’on puisse la pratiquer existe encore dans 50 ans.

Un art de conscience et d’extrême sensibilité.Nous évacuons l’art des galeries et des musées.

Manifesto World, 7 octobre 1962Quatrième manifeste

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Certaines formes d’art majeures peuvent être décrites comme la représentation d’une croyance.Le meilleur moyen de démontrer une croyance dans la théorie moléculaire et dans les croyances – définissables et indéfinissables – qui lui sont liées, ainsi que les intuitions partagées avec des scientifiques et d’autres, c’est de décréter qu’elles sont des œuvres d’art faites de matériaux en cours de transformation. L’art auto-destructif et l’art auto-créatif sont des formes d’art faites de matériaux en cours de transformation.Le fait de les « représenter » de toute autre manière reviendrait à en tuer l’esprit et à ne capturer qu’un simple fragment de réalité.L’activité aléatoire et les questions qualitatives qui en découlent sont désormais des problématiques artistiques cruciales et fertiles.L’activité aléatoire de l’œuvre d’art prolonge les concepts tenus pour acquis (et improductifs) de l’art, de la nature et de la société.Si tous les facteurs d’une œuvre sont compris, chaque instant est prévisible. Une grande partie de ce qu’on nomme l’« aléatoire » s’assimile à de l’ignorance. La présentation de l’activité réalisée avec le minimum d’instructions artistiques correspond à une croyance à sa valeur maximale.L’artiste désire et parvient à atteindre

L’appropriation par l’artiste d’un objet est une activité bourgeoise à bien des égards.Une sorte de condescendance, un sentiment de supériorité vis-à-vis de l’ouvrier.L’appât du gain – cela vaut maintenant xxx francs parce que je l’ai décidé.L’artiste agit dans un cadre politique qu’il le sache ou non. Qu’il le veuille ou non.

Le nombre d’expériences que l’artiste doit intégrer à une œuvre est désormais si vaste qu’il est impossible de les compresser toutes dans l’espace d’un seul objet.Le fait d’admettre qu’on peut remplacer le monde ne permet pas pour autant d’échapper à la production.The Door de Robin Page* est le catalyseur de la nouvelle esthétique.

G. METZGER 7. 10. 62

* The Door est un happening réalisé en 1962 par l’artiste Robin Page à l’ICA à Londres (NdT).

Le cinquième manifeste, publié dans la revue Signals. Newsbulletin of the Centre for Advanced Creative Study, inclus les trois premiers manifestes. Nous traduisons le manifeste intitulé On Random Activity in Material/Transforming Works of Art. Pour les traductions des trois premiers manifestes, se reporter aux numéros  ,  , .

IV. À propos de l’aléatoire dans les œuvres d’art faites de matériaux en cours de transformation. 30.7.64

On Random Activity in Material/Transforming Works of Art, 30 juillet 1964 Cinquième manifeste

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des ordinateurs et de leurs périphériques existants. Toutefois, certains artistes sont conscients des possibilités qu’offre l’application des techniques de pointe permettant d’organiser et de transformer l’information. Ces techniques évolutives répondent à une variété infinie d’événements, les transforment et offrent des possibilités créatives inaccessibles à l’art d’aujourd’hui. Ces progrès portent notamment sur l’utilisation de l’informatique, non seulement pour le traitement de données visant à obtenir de nouvelles formes, mais aussi pour optimiser le potentiel créatif lié à l’interface homme/machine. Cette interface est peut-être l’aspect le moins satisfaisant des ordinateurs d’aujourd’hui, en raison des strictes contraintes imposées par les mathématiques, la conception de la logique interne des machines et l’inadéquation des langages de programmation existants vis-à-vis du traitement de l’information en système ouvert. Une grande partie de l’art informatique intègre les limites des techniques existantes. Les exigences esthétiques des artistes les conduisent nécessairement à s’allier avec la recherche la plus avancée en termes d’intelligence naturelle et artificielle.

Les artistes s’efforcent de plus en plus de relier leurs œuvres et celles des technologues à la crise sans précédent qui secoue la société aujourd’hui. Certains artistes réagissent en utilisant leur expérience de la science et de la technologie pour tenter de résoudre des problèmes sociaux urgents. D’autres, qui vont du côté de la cybernétique et des neurosciences, explorent de nouvelles idées sur l’interaction entre l’être humain et l’environnement. D’autres encore identifient leur travail à un concept écologique englobant l’intégralité de l’environnement technologique que l’homme a imposé à la nature. Dans le domaine des sciences, certains esprits créatifs estiment que la résolution du problème homme/machine est au cœur de l’idée même de transformer l’ordinateur en serviteur de l’homme et de la nature. Ces mêmes esprits, inquiets qu’on puisse perdre de vue l’humanité et la beauté, se félicitent ainsi de l’intuition des artistes dans ce contexte.

GORDON HYDEJONATHAN BENTHALLGUSTAV METZGER

À Londres, le 4 mai 1969

une certaine forme, un certain rythme, une certaine ampleur : il entend et s’identifie à toutes les transformations, prévisibles et imprévisibles, que l’œuvre est capable de créer.À un certain point, l’œuvre prend le dessus, s’échappe du contrôle minutieux de l’artiste, et atteint la puissance, la grâce et la transcendance d’un élan… que l’artiste ne pourrait jamais atteindre s’il ne jouait pas de l’aléatoire.

Manifeste de Zagreb

Le manifeste de Londres qui suit fut énoncé lors du Symposium international sur l’informatique et la recherche visuelle à Zagreb (Yougoslavie), le 5 mai. Un compte-rendu de ce symposium sera publié dans notre prochaine édition.

Nous saluons l’initiative des organisateurs en mai 1969 du Symposium international sur l’informatique et la recherche visuelle à Zagreb, ainsi que de l’exposition qui lui est liée. Créée à Londres cette année, la Société des arts informatiques a pour objectif de « promouvoir l’utilisation créative de l’informatique dans le domaine des arts et de favoriser l’échange d’informations dans ce domaine ». Il est désormais évident que lorsque l’art rencontre la science et la technologie, l’informatique et ses disciplines connexes constituent un trait d’union.

Nous supposons que les vingt prochaines années pourraient être consacrées par les artistes à explorer et absorber le potentiel

Zagreb Manifesto, 196911 B

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L’exposition est organisée par le comité du Festival des Arts 68 (président : John Plant), avec l’aide des départements de métallurgie, de génie chimique, de physique, de chimie et de génie électrique.

Il n’est pas possible de faire la démonstration de l’ensemble des techniques présentées au même moment. Les objets marqués en rouge sont soit chauds, soit froids. Prière de s’en approcher avec prudence.

DÉFENSE DE FUMER

Matériaux et techniques employés. Eau – jet, chute, atomisation.

Principale conduite d’air comprimé. Structures flottantes. Phénomènes de cristaux liquides contrôlés électroniquement par des phases continues de réchauffement et de refroidissement – baignés d’une lumière réfléchie et avec la projection d’une lumière polarisée. Métal expansé. Vide.

Tubes de nylon, de cuivre, de caoutchouc et de plastique. Mica. Plaques chauffantes. Fibres optiques. Dioxyde de carbone.

Azote liquide. Vase de Dewar. Silicone. Oxyde de polyéthylène. Stroboscope. Graphite. Plastique.

Soufflerie d’air chaud. Son.

« […] agités d’un mouvement continuel et divers, (les atomes) se heurtent, puis rebondissent, les uns à de grandes distances, les autres faiblement, et s’éloignent peu. Tous ceux qui, formant les assemblages les plus denses, ne s’écartent que de fort peu après leur rencontre, enchevêtrés qu’ils sont grâce aux entrelacs de leurs figures […] »

LucrèceCité en page 116 – L.S. Penrose, « Automatic Mechanical Self-Reproduction »In New Biology, No. 28, Penguin Books, Londres, 1959.

FESTIVAL DES ARTS 68

UNIVERSITY COLLEGE OF SWANSEA

EXTREMES TOUCH

L’ART DES MATÉRIAUX EN TRANSFORMATION

COORDONNÉ PAR GUSTAV METZGER

Laboratoire de filtration, 294. Département de génie chimique.

22 janvier – 4 février 1968.

Ouvert du dimanche au vendredi de 12h à 14h et de 16h à 18h, le samedi de 12h à 18h.

Ouvert au public. Depuis l’entrée principaledu département des sciences appliquées, des flèches indiquent la direction de l’exposition au deuxième étage.

Communiqué de presse de l’exposition Extremes Touch, 22 janvier-4 février 1968

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Gustav Metzger,Auto-Creative Art

Composée d’une préface de Thierry Raspail (directeur du mac LYON), d’essais de Mathieu Copeland (commissaire de l’exposition)et Frank Popper (historien de l’art),et d’un entretien avec Gustav Metzger,cette publication bilingue (français/anglais) présente également de nombreux documents d’archives et textes inédits, complétésde vues de l’exposition.

Mathieu Copeland Éditions80 pages15 €

CATALOGUE

SUPPORTIVE, 1966–2011�:UNE ACQUISITION RÉCENTEDE LA COLLECTIONLe Musée d’art contemporain acquiert Supportive, 1966–2011,une œuvre de Gustav Metzger,la plus grande qu’il ait créée avec une technologie à cristaux liquides. Sur cinq cents mètres carrés, surun écran long de 28 mètres et haut de 4 mètres, Gustav Metzger projette des formes auto-engendréeset aléatoires. Cette vaste installation renoue avec la technique des cristaux liquides que l’artiste conçoit entre 1965et 1966. Grâce à sa collaboration avec des ingénieurs, il concrétise enfi n un projet qui n’avait pu aboutir jusque-là. Un système informatique régule désormais le cycle de réchauff ement et de refroidissement des cristaux liquides qui changent

de couleur en fonction de la température, ainsi que le mouvement continu des images et des couleurs ainsi engendrées. L’œuvre est acquise en 2011 avec le concours du Fonds Régional d’Aide pour les Musées. C’est la plus importante installation à base de cristaux liquides créée par l’artiste. Au moyen de sept projecteurs, Metzger conçoit pour le mac LYON

un dispositif composé d’un arcde cercle lumineux de 28 mètres de long, dans lequel le spectateur se retrouve immergé dans une chorégraphie d’images, de lumière et de couleurs, orchestrée selon un cycle de 16 minutes et 27 secondes, créant ainsi un rythme équivalent en puissance au fl ux-refl ux des vagues.