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SUR LA DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SIBYLLINS Author(s): Jean Larocque Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 20 (Juillet à Décembre 1869), pp. 261-270, 376 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41736662 . Accessed: 20/05/2014 20:40 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.99 on Tue, 20 May 2014 20:40:34 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

SUR LA DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SIBYLLINS

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SUR LA DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SIBYLLINSAuthor(s): Jean LarocqueSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 20 (Juillet à Décembre 1869), pp. 261-270,376Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41736662 .

Accessed: 20/05/2014 20:40

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SUR LA

DATE DU TROISIÈME LIVRE

DES ORACLES SIBYLLINS

Dans la nouvelle édition qu'il vient de donner des Oracles sibyl- lins (1), l'éminent helléniste M.Alexandre défend contre un critique allemand, M. Ewald, auteur d'un traité sur l'origine et la matière de ces livres (Gœttingue, 1858), ses opinions précédemment émises sur la date des diverses parties du livre III. Cette controverse puise son principal intérêt dans la date reculée que tous les savants s'ac- cordent à donner aux parties les plus considérables de ce troisième livre et dans l'importance du déplacement de quarante années que le système de M. Hilgenfield* soutenu par M. Ewald et ďautres cri- tiques, ferait subir à la date de leur rédaction; car ces questions de date sont d'un vif intérêt pour le lecteur qui considère le rapport de ces textes avec certains textes relatifs à la naissance du christia- nisme.

M. Alexandre place la composition des §§ 2 et 4 de ce troisième

(1) Cette édition est la seconde qu'ait publiée M. Alexandre. Il y a résumé en un seul tome la matière des trois volumes de l'édition antérieure (1841, 1853, 1856), sans rien retrancher au texte. La traduction en vers latins a été soigneusement re- maniée. Autres éditions : 1545, Bàie-, texte des huit premiers livres publié par Xystus Betuleius; 1546, Bàie; traduction latine des mômes livres, par Castalio; 1555, Bàie; texte et traduction des mêmes, par Castalio; 1599, Paris; édit. Opsopoius; 1867 8; Amsterdam; édit. Servatius Gallaeus; 1855, Leipzig; édit. Friedlieb; texte et traduction allemande, y compris les quatre

nouveaux livres découverts par le cardinal Mai.

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262 RILVUE ARCHÉOLOGIQUE. livre au règne de Ptolémée Phiiométor (vers l'an 168 avant J.-C.) ; M. Ewald, aux dernières années de Ptolémée Evergète II Physcon (vers l'an 124). Tous les critiques s'accordent toutefois à rejeter les onze derniers vers du § 4. Ils rejettent aussi le § 1er comme ayant été rédigé au vie siècle de notre ère, d'après des fragments chrétiens, par le compilateur du recueil. Quant au § 3vque M. Ewald considère comme contemporain des §§ 2 et 4, M. Alexandre Replace à l'époque des Antonins.

S'il n'était question que de juger entre les opinions de M. Alexan- dre et celles de M. Ewald, la légèreté, le parti pris évident des cri- tiques de ce dernier nous auraient bientôt conduit à lui appliquer les épi thètes peu scientifiques qu'il décerne si aisément aux argumen- tations combattues par lui. Mais il nous est difficile d'embrasser ab- solument la décision par laquelle M. Alexandre sépare ďune manière aussi radicale les §§ 1 et 3 des §§ 2 et 4. Nos objections à cet égard se résument dans les termes suivants :

!• Les Ii 1 et 3 sont l'un et l'autre des assemblages informes de morceaux disparates dont il est peut-être téméraire de prétendre toujours assigner la date ;

2° Le § 4 n'est pas exempt de ce vice ; 3° Le § 2 paraît offrir des lacunes qui seraient facilement comblées

par des passages empruntés au § 3 ; 4° L'ensemble du livre présente des traces de composition ap-

partenant à chacun des quatre paragraphes, traces que n'a pas res- pectées le compilateur du recueil que nous possédons et qui restent de la rédaction primitive.

Pour mettre le lecteur à même d'en juger, il nous faut analyser sommairement l'ensemble du livre dans l'ordre actuel de ses parties. Et d'abord, constatons l'incohérence de la composition totale. Sans nous astreindre à distinguer entre eux tous les fragments dispara- tes, comme l'a fait le critique danois Thorlacius, nous en remarque- rons cependant un certain nombre.

§ 1er. Les manuscrits divisent eux-mêmes ce§ 1er en deux frag- ments distincts, dont le second, relatif à la venue future de Belial, l'antéchrist juif, et au jugement dernier, offre une lacune. Le premier fragment, jusqu'au vers 45, est le début naturel d'un livre sibyllin, avec déprécation générale contre le culte des ido- les. Au vers 46 le sujet change brusquemeát et nous trouvons le

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DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SYBILLINS. 263

passage suivant, qui me paraît d'une rédaction antérieure au chris- tianisme :

Alilàp E7TEI P(0[JLY1 XOCt AtYUTCTOU ßa<JtA£tJ<7£l, Etç [e v y1] îôùvouffa, [tot5 au] ßaaiXsta 'Lt^íavf' AôavcÍTOu pocGtXvjoç su' àvOpomoici cpavEiTat. "Hçei S1 àyvbç aval;, iráarjç Y^Ç sx^Tpa xparqaftw Eiç a'iwvaç 7rávTaç, E7r£tYO[/ivoto ýrpovoto. Kat tote ÀaTtvwv à7rapaiTY)TOç yokoç àvSpcõv, Tpetç Pá[JLY)V OlXTpY) {JLOtpTJ XaTa$7])^CrOVTai.

Suit, du vers 53 au vers 62, qui termine le premier fragment, une premiére prédiction du jugement dernier avec l'engagement pris par l'auteur de raconter en détail les maux soufferts par chaque ville; or cet engagement n'est pas tenu. Comment voir dans cette série de fragments un morceau préparé : « Transilionem, utpote paratam... » suivant les expressions de M. Alexandre? Gomment surtout s'ap- puyer sur cette hypothèse pour placer en tête du livre III le frag- ment sibyllin donné sous le titre de Proème (Revue germanique , oc- tobre 1858)?

§ 2. Ce paragraphe commence brusquement (vers 97) par un récit biblique et mythologique pris au moment de la dispersion de? hom- mes devant la tour de Babel. Régne de Kronos, Iapetos et Titan. Naissance de Here et de Zeus. Destruction des Titans et des Kro- nides.

Y. 158- 195. Fondation des empires d'Egypte, de Perse, de Mé- die, d'Ethiopie, d'Assyrie, de Macédoine. Second empire égyptien. Les Romains. Résumé : trois grandes dominations successives, celles des Juifs, des Macédoniens et des Romains. Prédiction du Messie. Cet ordre est donné comme formant l'économie ultérieure du poëme. Sera-t-il suivi ?

V. 196 - 198. Transition. V. 199-212. Suite de la discorde des enfants de Titan et de ceux

de Kronos. La Grèce et la Phrygie. Chute de Troie. Malheurs des anciens peuples. Transition.

Y. 213-217. Transition. V. 218-294. Histoire du peuple hébreu jusqu'à la captivité. Le paragraphe se termine au vers 294, bien que l'auteur n'ait en-

core traité qu'un des quatre points de son programme. Ce paragraphe

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234 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. n'est donc qu'un fragment, et nous rencontrerons d'autres fragments plus courts qui paraissent devoir y êlre intercalés. Il offre, du resle, en lui-môme une certaine suite.

I 3. Y. 295-302. Introduction et transition. Y. 303-313. Prédiction contre Babylone. V. 314 - 318. Contre l'Égypte. Y. 319-322. Contre Gog et Magog. V. 313 - 336. Contre la Lybie, la mer et la terre et les nations

occidentales qui ont porté les mains sur le temple de Jérusalem (Rome, suivant M. Alexandre).

V. 337-340. Signes généraux. Y. 341 - 349. Contre les villes d'Asie et parliculiérement contre

Alexandrie. V. 330 - 362. Contre l'Italie, qui périra par la guerre civile. V. 363. Contre Samos et Délos. V. 364. Contre Rome. V. 365, 366. Contre Smyrně. V. 367 ̂380. Paix et bonheur de l'Asie, soit, comme paraît en

juger M. Alexandre, sous le règne du Messie, soit sous celui dos Perses après Cyrus.

V. 381. Conquête de l'Asie par la Macédoine. V. 382-387. Contre l'Asie et contre sa dominatrice (Rome ou

la Macédoine). Y. 388-400. Destinée du conquérant de l'Asie (Hadrien suivant

M. Alexandre, Antioclius Epiphane suivant M. Ewald, peut-être un autre) et de ses descendants.

V. 401-413. Tremblement de terre de Dorylée. Signes de guerre civile pour Rome.

V. 414-418. Lamentation sur le sort de Tfoye. V. 419-432. Homère et ses fables. Y. 433 - 435. Guerre des Locriens contre la Lycie et des Étoliens

contre la Chalcédoine. Y. 436 - 443. Tremblements de terre à Cyzique et à Byzance. Y. 444 - 448. Prospérité et ruine de Rhodes. Y- 449, 450. La Perse ruinée par un tremblement de terre sur-

venu en Lydie. Gémissements sur le sort de l'Asie et de l'Europe. V. 451 - 456. Guerre navale de Sidon contre Samos. Y. 437-462. Tremblement de terre de Chypre et de Tra Iles.

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DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SÏBILMNS. 265

V. 464. La dite: celle du règne de Polycrale à Samos. Y. 464-469. Contre l'Italie, qui ne périra que par la guerre

civile. V. 470. Un nouveau conquérant venu d'Italie : Néron l'anté-

christ, suivant M. Alexandre. V. 471-482. Tremblements de terre de Laodicée, de la Thrace,

de Cyrnos. V. 483-488. Ruine de la Mysie, de Carthage, de la Galatie, de

Tcnédos, de Sicyone et de Corinthe. On voit, d'après cet exposé quelle faible certitude peut fonder un

système quelconque sur une telle confusion.

§ 4. V. 489 - 492. Transition. V. 493-519. Centre la Pliénicie, la Crète, la Thrace, Gog et

Magog, les Marses et les Daces, la Lycie, la Mysie, la Phrygie, la Lydie, la Pamphylie, les Maures, les Ethiopiens, les Cappadociens et les Arabes.

V. 520-572. Contre la Grèce. Voici enfin un fragment suivi. V. 573-817. Fragment très-régulier, formant la conclusion mo-

rale du poëuie. V. 818-823. Introduction singulièrement placée , et que

M. Alexandre considère à bon droit comme interpolée, ou du moins surajoutée. Il y est question de Noé et du déluge.

Cet exposé général suffit tout d'abord pour faire écarter Topi ni on de M. Ewald qui s'appuie sur l'homogénéité du § 3 et sa parfaite con- nexité avec le § 2 et le § 4, afin de pouvoir rapporter l'ensemble des trois paragraphes aux dernières années du règne de Physcon (vers 124 avant J.-C.), tandis que M. Alexandre sacrifie l'antiquité du § 3 et fait remonter d'une quarantaine d'années plus haut, comme nous l'avons dit, la composition des deux autres paragraphes. Celte date est, d'ailleurs, donnée par une indication qu'on lit d'abord au § 2

(v. 190-191) :

"A/JJI Ttpoç I6Sou.öcty|V ßasi)ar|iSa, ßa<xtXsu<JEi AiyÚ-tou 3 a c; i a eu;, 8; àep' 'EM^vwv f évo; sural. . .

et qu'on retrouve au § 4 (v. 608-610):

'Ottotocv AîyÙtttou ßaaiXebi véoí eêSojxov a f/3 Tîj; ÎSI'Y); Ya''rm apiOaoúy.svoç s; 'Ap/T|í, ap;ou<Ji MaxiíSovsç auitetot ávSpsç.

XX. 18

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266 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. Ce septième roi d'Egypte, à partir d'Alexandre le Grand, estPtolémée- Philométor, qui régna, seul ouarec son frère Evergèie, de 170 à 164. La date est précisée par les vers 811 et suivants, où l'invasion d'An- tiochus Epiphane en Egypte (170, 169) est clairement indiquée- comme un fait récent.

Mais s'il est impossible d'élever conlre l'attribution de celte dale aucune objection sérieuse tirée du § 3, il nous paraît hasardé, d'une- autre pari, de rapporter ce paragraphe dans son ensemble à l'époque des Antonins, par la raison avant toutes que ce paragraphe est l'as- semblage informe de plusieurs fragments auxquels on ne saurait que par présomption assigner une date commune.

11 nous reste à examiner quels sont ceux de ces fragments qui, aussi bien que le § 1er en partie et que les onze derniers vers du | 4, se rapportent à l'objet principal de ce dernier paragraphe et du § 2. Mais avant de passer à ce second pointde noire proposition générale, notons quelques objections de délail qui peuvent être soumises à M. Alexandre au sujet de son argumentalion sur le § 3.

La prédiction des vers 388-400 sert de base à toute la discussion ; or cette base est par elle-même bien incertaine. Le texte est peu précis, notamment au vers 399; et ne faudrait-il pas éiablip que cette prophétie, manifestement tirée de Daniel, a un sens rigoureusement historique?

M. Alexandre interprète le vers 383 :

*Ex Yevsîjç KpovtStov TS voOojv, SoúXwv -ce ysytOXr,;, par une allusion à l'asile de Romulus, et celte interprétation est appuyée par le vers 401 où il est question des enfants de Rhéa :

"Oratóre xev eívjç Pixiapòv yevoç . . .

si l'en suppose la connexion des deux passages et si l'on rapparie le second aux Romains et non aux Phrygiens, souillés par leurs mys- tères. Mais l'épithète de Kpovt85v ne pourrait-elle pas être rapportée, ainsi que les qualifications qui l'accompagnent, à l'origine d'Alexan- dre, considéré comme descendant d'Hercule, c'est-à-dire d'un bâ- tard du fils de Kronos, d'Hercule, serviteur d'Eurysthée?

Dans le système de M. Alexandre, les mois «Tffi 7[oXu|xv^oTOi<ri Y«(xoiciv

du vers 357 expliqueraient le vers 413;

'AXXà xai au6iç ÍÀwp ít' ¿vOpcónoiatv ipaataïç.

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DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SYBILLINS. 267

s'appliquant aux compétiteurs de l'empire, et qui du reste s'appli- querait bien mieux aux ambitieux de la république qu'aux Anto- nins. Mais ce vers revient à propos de Rhodes (v. 447) :

'AXkk [/.srauôt; eXwp £ŒY]àvôpwTcoi(iiv IpacraTç,

el ici l'allusion n'est plus possible et le senâ d'IpacraTç doit être en- tendu autrement.

Mais laissons ces doutes qui n'empruntent leur valeur, s'ils en ont une, qu'à la subtilité même de l'argumentation de M. Alexandre, et arrivons à l'objet principal de notre thèse, à savoir l'indication des rapports qui, suivant nous, ne permettent pas de détacher totalement des §§ 2 et 4 soit le g 1er, soit le § 3, soit les onze derniers vers du § 4.

Et d'abord nous trouvons au § 3 (v. 318) une indication tout à fait identique à celles des § 2 et 4 qui ont servi à déterminer la date de ces deux paragraphes :

'EêSo^aTY] yeV£y¡ ßaariXqcov • xa! róre itauffTj.

M. Alexandre rapproche ce vers du vers 457 du livre V :

yE<rrai S' Iv 7rÉjJL7uxvi ̂ iTcatiorar' oXsÔpoç AiyUTTTOU. . .

et il induit de ce rapprochement la contemporanéité des deux pas- sages. Sans examiner la force de cet argument, nous croyons devoir nous arrêtera ces expressions de M. Alexandre : « Notanda maxime verba isla: inde quiesces, quae non temere ñeque leviler jacta, etc. » Ces deux mots ne sont, en effet, pas plus temere ñeque leviter jacta que les expressions analogues qui suivent les deux indications iden-

tiques du § 2 et du § 4, rapprochement que n'a pas fait M. Alexan- dre et qui nous parait donner l'explication véritable de rore toxúoti :

Y. 19 i, 195 : Kal tot' £Ôv oç {jLe^a^oto 0eoü iráXi xáprspov forai, Oí TOxvreacji ßporoTcxt ßiou xaOoSYifol foovrai.

Y. 616, 619 : Kal rore Srj xájx^ouai 0ew |X£yáXto ßa<riX9)'i. . . Kal róre X®PPlv psY«^*iv «vSpdtat Swgzi.

Or si l'auteur du vers 318 du livre III a voulu parler, avec celui des vers 194 et 616 du même livre (ce qui ne nous semble pas pouvoir être mis eu doute), de la paix qui suivra l'invasion d'Antiochus

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268 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

Epiphane, et si l'auteur du vers 457 du livre Y a entendu la môme expression du règne de Gléopâ tre. « velut quinta post Philometorem regnatura, » si d'autre part, comme le veut M. Alexandre, le second vers a été calqué sur le premier, il est clair qu'il n'a pu être écrit par la môme main, contrairement à ces expressions de M. Alexandre: « ut eamdem mentem eamdemque manum agnoscas. »

Passons à une autre observation. Tous les critiques sont d'accord à rejeter le § 1er comme étranger au reste du livre; cependant cette première partie pourrait, jusqu'au vers 28, êire superposée à la se- conde, sauf une lacune, puisqu'elle nous laisse à la création et que la seconde nous porte à la dispersion des hommes. Ce début aurait l'avantage de constituer l'unité du livre en plaçant tout d'abord sous nos regards les conseils et les sentiments qui reviendront abondam- ment à la fin.

La mention qui se trouve faite du déluge dans les onze derniers vers du livre induirait à les placer également avant le § 2.

On pourrait voir un autre lien du § 1er avec les suivants, dans les expressions mythologiques qui leur sont communes et qui constituent des deux parts une sorte de syncrétisme des traditions juives et des traditions grecques, tentative assez originale pour être signalée. Ce n'est pas en vain que Fauteur commence à la guerre des Kronides pour arriver aux Romains; il montre dans la guerre de Troie la suile naturelle des guerres des Kronides et des Titans, dans lesquel- les il voit des héros, mais non des dieux. Or, il confond partout sys- tématiquement les Romains avec les Italiens leurs ancêtres. Ajoutons à cette remarque les considérations tirées de l'économie générale du poëme, le plan tracé par l'auteur au J 2, suivi quant aux Juifs dans le même paragraphe, et qui nous amène aux deux grands fragments du § 4 en découvrant deux lacunes considérables, avant et après le premier de ces deux fragments, l'une relative à la domination des Macédoniens, l'autre à celle des Romains. Ces deux fragments sont connexes et par le sens et par la forme : dans tousles deux, les prédictions faites contre la Grèce paraissent n'être pas encore exécu- tées; ce sont des menaces et des invitations au repentir; l'auteur craint avant tout le triomphe de Rome, triomphe qui n'est encore ni définitif ni absolu. Mais malgré cette connexion, la parenté évi- dente du § 4 avec le § 2 ne permet guère de ne pas apercevoir entre eux, au mépris du plan formulé avec tant d'insistance, une la- cune relative aux Romains. Est-on, par suite, autorisé à considérer comme ayant fait partie de l'économie du livre tous les fragments

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DATE DU TROISIÈME LIVRE DES ORACLES SYBILLINS. 2G9

relatifs aux Ro:nains? Non : la plupart de ces fragments sont évi- demment postérieurs. Mais il en est quelques-uns qui n'ont peut- être pas été étrangers à la rédaction primitive,, et ce sont d'abord ceux où l'auteur, se souvenant de son point de départ mythologique, confond à dessein les Romains avec leurs ancêtre.*. Nous avons déjà rencontré une confusion de ce genre au § 3, confusion relative aux descendants de Kronos et à ceux de Rhéa. Si, comme le croit M. Alexandre, les Romains sont désignés dans ce passage, il devient difficile de ne pas y trouver une trace de la rédaction primitive. Le § 4 nous fournit peut-être aussi l'exemple d'une confusion analogue, confusion voulue par son auteur. Nous lisons, en effet, dans les pre- miers vers de ce paragraphe, premiers vers qui ne se rapportent en rien à ce qui les suit, l'expression de Djrdanides appliquée à de s envahisseurs de la Grèce (v. 509) :

'Hvixa FaXotTai toTç Aap&xvtSaïatv . . .

Ce passage, où les Dardanides sont nommés comme agissant de con- cert avec les Galates, doit sans doute être rapproché des prédictions faites un peu plus bas contre la Grèce (v. 520):

S' óttotocv iroXuêáp&tpov sôvoç ETTeXOt).

Les fragments qui forment les vers 350-355, 401 - 414, 464-409, fragments où les guerres civiles de Rome sont données pour immi- nentes et où il est dit que l'Italie ne sera vaincue que par ses discor- des intestines, fragments qui se rapportent si bien à la république et si mal au temps des Antonins, pourraient être introduits ; malheu- reusement ce ne sont là que des débris d'un morceau plus développé qu'il est devenu impossible de reconslruire.

Nous n'en dirons pas autant des vers 46 ot suivants, qui se rap- portent manifestement aux souvenirs du second triumvirat:

TpsT Pwjjnqv obcrpvj [¿otp-fl xaTaSr^aovTai (V. 52).

Il ne peut être, en effet, question ici du premier triumvirat, puisque l'Egypte, à cette date, selon ce que vous apprend le sybilliste. est totalement subjuguée par les Romains :

AuTotp líes! Ptó|AY) xoct Arbitrou ßaaiXeuiisi (v. 46).

Mais il ne peut pas non plus y être question des luttes qui ont suivi la mort de Néron : comment l'auteur, qui, suivant M. Alexandre, aurait écrit sous les Antonins, aurait-il pu dire que ces princes ont

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270 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

perdu l'empire? D'ailleurs, on devine que le souvenir de la sou- mission de l'Égypte est récent, et que les conséquences des luîtes du triumvirat ne sont pas encore connues.

La déclamation sur Troie et sur Homère, qui tombe si mal à pro- pos au § 3 (vers4i4 - 432), serait très-heureusement intercalée entre les vers 206 et 207, et le passage du § 3 sur la paix de TAsie, qui n'a aucune raison d'être où il se trouve (v. 366 - 380), se place naturel- lement à la suite du vers 294. où il est question de ia rééducation du temple par Cyrus.

Il nous paraît, en résumé, résulter de ce qui précède: Io Que le § 3 ne forme pas un tout homogène; 2° Que plusieurs des fragments qui le composent appartiennent

réellement àia rédaction primitive du livre III des vers sybillins, et doivent être placés après les vers 206, 294 et 57-2.

Ajoutons, pour finir, une remarque qui se déduit du sens donné par nous au vers 52 et de la date que nous avons attribuée à tout le passage, c'est que le messie désigné dans ce passage est, contraire- ment à ces paroles de M. Alexandre : « prsedicitur futurus Christi adventus, » le messie juif (v. 47-50) :

[tot' au] ßast^aa y.zyloTr' 'AOavdcTOu pafft)vYÎoç 571' avôpoiTrotcri cpavstTat.

S' áyvòç ava?, 7i:á<r7]ç GXYjxrpa xpar/fríov Eîç aiwvaç ttòcvtícç, £7r£iyo[jL£Voio ^povo'o.

L'auteur de ces vers serait, par conséquent, un juif et non un chré- tien, comme l'admet M. Alexandre pour la totalité du § 1er. L'objec- tion qui pourrait être, quant à la date, tirée du passage relatif à Belial (v. 63 sq.,), tombe devant l'indépendance évidente, et d'ail- leurs admise, des divers passages.

Nous terminons ici ces observations, ou plutôt ces indications rapi- des, qui n'auront d'intérêt que pour le lecteur des Oracula sybillina et en présence même du volume, malgré le soin que nous avons eu de reproduire la plupart des textes qui en font l'objet. Nous les sou- mettons respectueusement à M. Alexandre en particulier, heureux si, lors même qu'il n'attacherait aucun prix à nos remarques, il y reconnaît les traces d'une étude attentive du texte si sincère que nous lui devons et de ses excellentes noies latines.

Jean Larocque.

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376 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. M. le baron des Granges vient de compléter sa collection dans un se-

cond voyage où il a photographié Nau plie, Mycène, Argos, Sparte, Egine, etc. Ces nouvelles photographies seront déposées, comme les pre- mières, chez M. Goupil. Maintenant que nous avons les éléments d'un album complet de la Grèce, il nous reste à souhaiter qu'on les réunisse et qu'on en forme un ensemble définitif, comme on a fait avec succès pour Rome, la Suisse, la Terre sainte, l'Egypte et Constantinople. Le pu- blic lettré verrait moins un nouveau livre de luxe qu'une œuvre utile et belle dans un album tout peuplé de noms si fameux et de si nobles sou- venirs. P. J.

ERRA TA :

Page 261 du numéro d'octobre, ligne 9 du texte, lisez Hilgenfeld au lieu de Hil- genfield; ligne 9 de la note, 1667 au lieu de 1867.

Pag. 265, lig. 35 : óiwróxav ou lieu de ótcótocv. Pag. 266, lig. 27 : 'Pefyç [itapòv au lieu de eírjç 'P^iapòv. Pag. 265, lig. 18 ; au lieu de rajwrrfl. Pag. 268, lig. 25 : Troyens au lieu de Italiens. Pag. 269, iig. 29 : Tpeïç au lieu de Tpsï.

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