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SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE ~) par R. M~.I (BERmz) L'existence de facteurs autre que le facteur ,,g"et les facteurs sp~cifiques est aujourd'hui presque g~n~ralernent adrnise. Je ne sais pas si on est partout conscient de rirnportance considerable de ce fait.Si Spearman a si longternps ni~ rexistence de facteurs de groupe et a essayd de maintenir sa th6orie des deux facteurs malgrd les cas de plus en plus nornbreux od le crit~re de la t~trade n'~tait pas satifait, ce n'etait certainement pas par pure conservatisme, rnais parce qu'il savait, que rintroduction de ces facteurs de groupe appelait une interprdtation psychologique et que par cela l'objectivit~ absolue qu'il recherchait ~tait de nou- veau perdue.. Dans la th~orie origmale des deux facteurs le fac- teur ,,g" est ddfini par son caract~re de g~n~ralit~. Puisqu'il est le seul facteur pouvant se rencontrer dans plusieurs tests n'importe quel facteur non-sp~cifique devient par d~finition ce facteur ,,g". Les facteurs sp~cifiques, d'autre part, 6tan~ d~finis chacun par le test dans lequel il se trouve, il n'est pas n~cessaire de le caract~riser psychologiquement. ~vec radrnission d'autres fac- teurs g~n~raux ou de facteurs de groupe la situation a cornpl~te- m,.mt change. Ces facteurs suppl~rnentaires doivent ~tre d~finis psychologiquement si ron veut les distinguer les uns des autres. Comment voudrait-on savoir de quel facteur de groupe, entre plusieurs, on parle si on ne leur attribue pas quelques qualities sp~cifiques? I1 ne suffira en effet pas de les d~finir par la simple ~num~ration des tests dans lesquels on les rencontre. Car je peux trouver aujourd'hui un facteur cornrnun aux tests A, B, C, demain un dans les tests D, E et F e~ plus tard encore un commun ~ ces six tests. Si l'on d~finR les facteurs de groupe seulement par r~num~r~.tion des tests on aura alors trois facteurs diff,- ") Ce travail a ~t6 r~lig~ /sun moment o~, par suite de la guerre, les p'nbl~cations anglaises et am~ricaines ne m'~taient pas access~bles. N~an- moins, d'apr~s |es .rapports clue j'en ai eus depuis, l'~tude suivante ne p.~rait pas d~pass~e.

Sur la nature des facteurs d'intelligence

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Page 1: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE ~)

par

R. M~.I (BERmz)

L'existence de facteurs autre que le facteur ,,g" et les facteurs sp~cifiques est aujourd'hui presque g~n~ralernent adrnise. Je ne sais pas si on est partout conscient de rirnportance considerable de ce fait. Si Spearman a si longternps ni~ rexistence de facteurs de groupe et a essayd de maintenir sa th6orie des deux facteurs malgrd les cas de plus en plus nornbreux od le crit~re de la t~trade n'~tait pas satifait, ce n'etait certainement pas par pure conservatisme, rnais parce qu'il savait, que rintroduction de ces facteurs de groupe appelait une interprdtation psychologique et que par cela l'objectivit~ absolue qu'il recherchait ~tait de nou- veau perdue.. Dans la th~orie origmale des deux facteurs le fac- teur ,,g" est ddfini par son caract~re de g~n~ralit~. Puisqu'il est le seul facteur pouvant se rencontrer dans plusieurs tests n ' importe quel facteur non-sp~cifique devient par d~finition ce facteur ,,g". Les facteurs sp~cifiques, d 'autre part, 6tan~ d~finis chacun par le test dans lequel il se trouve, il n'est pas n~cessaire de le caract~riser psychologiquement. ~vec radrnission d'autres fac- teurs g~n~raux ou de facteurs de groupe la situation a cornpl~te- m,.mt change. Ces facteurs suppl~rnentaires doivent ~tre d~finis psychologiquement si ron veut les distinguer les uns des autres. Comment voudrait-on savoir de quel facteur de groupe, entre plusieurs, on parle si on ne leur attribue pas quelques qual i t ies sp~cifiques? I1 ne suffira en effet pas de les d~finir par la simple ~num~ration des tests dans lesquels on les rencontre. Car je peux trouver aujourd'hui un facteur cornrnun aux tests A, B, C, demain un dans les tests D, E et F e~ plus tard encore un commun ~ ces six tests. Si l 'on d~finR les facteurs de groupe seulement par r~num~r~.tion des tests on aura alors trois facteurs diff , -

") Ce travail a ~t6 r~lig~ / s u n moment o~, par suite de la guerre, les p'nbl~cations anglaises et am~ricaines ne m'~taient pas access~bles. N~an- moins, d'apr~s |es .rapports clue j 'en ai eus depuis, l '~tude suivante ne p.~rait pas d~pass~e.

Page 2: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DE-~; FACTEURS D'INTELLIGENCE 41

rents. Mais il se pourrait tr~s bien, qu'en rSaiit~, deux de ees facteur.~ ou m~me les trois ~oient identiques.

Le travail du psyehologue n'est donc pas termin~ avee l'ana.- lyse s~atistique des correlations, il doit encore trouver une signification psyehologique aux facteurs trouv~s. Or, jusqu'iei les ,,facteuristes" ne paraissent pas aimer eette partie de !eur travail et semblent presque devoir s'excuser de s'y risquer. Aussi s'en d~barrassent-ils g~n~ralement le plus rapidement possible et se eontentent-ils de dSsigner les facteurs par les qualit~s les plus ext~rieures des tests dans lesquels on les rencontre. Ainsi on fait actueUement le plus souvent mention d'un facteur verbal, d'un facteur num~rique et d'un facteur spatial ou visuel.

Cette fagon de caract~riser les facteurs peut avoir deux signifi- cations diff4rentes:

1) que le facteur en question est n~cessairement present dans tout probl~me qui poss~de la qualit~ caract~ristique; chaque probl~me d'ordre verbal par ex. conti:,endra le facteur verbal. Dans ce cas il suffira donc de regarder l'aspect ext~rieur d'un probl~me pour savoir si tel ou tel facteur s'y trouve.

2) que le faeteur en question se trouve seulement dans les probl~mes poss~dant la qualit~ caract~ristique mais pas dans tous. On rencontrera le facteur verbal par ex. ~eulement dans certains probl~mes verbaux.

Je ne vois pas que dans les travaux respectifs on ait nettement indiqu~ de laqueUe des deux mani~res on associe le facteur aux qualit~s des probl~mes. Et ce serait pourtant tr~s n~cessaire. Si Iron parle de facteur verbal etc., tout court, on semble admettre une eorrespondance complete. Dans ce cas, il faut pouvoir d~montrer que le facteur est t o u j o u r s present dans les tests de nature correspondante. Si, par contre, la qualit~ du test n'est qu'une condition n~eessaire mais pa~ suffisante de l'existence d'un certain facteur il faut indiquer les autres conditions n~ces- saires ~galement e.fi.d, il faut d~signer le facteur autrement que par cette seule qualit~ verbale~ num~rique etc.

Nous aUons voir en examinant un certain hombre de travaux relatifs ~ ees facteurs que la premiere mani~re de les inte~'preter est ~ exelure mais qu'on n'a jusqu'iei fait aueun effort pour en donner une signification plus exaete.

Page 3: Sur la nature des facteurs d'intelligence

~2 R. MEILI

Lre f~cte~,7* verbaZ

L a p r e m i e r e r e c h e r c h e su r ce f a c t e u r a ~t~ f a r e , ~ m a con- a " na i s sance , p a r D a v e y I) . L ' a u t e u r a ess y e d e c o n s t r u i r e des

"~ests n o n - v e r b a u x - - i l les a p p e l l e , ,p ic to r ia l " m c o r r e s p o n d a n t

auss i e x a c t e m e n t q u e poss ib le ~ des t e s t s v e r b a u x a f i n d e p o u v o i r ~ t re sSr q u ' u n e d i f f e r e n c e ~ v e n t u e l l e e n t r e les t e s t s pu i s s e ~ t r e

~ t t r i bu~ ~ ces ca rac t~ re s v e r b a l e t p i c t u r a l .

I1 y a donc dans la s6rie de Davey deux tests de classification, deux tests d'analogies, deux o5 il faut mettre d ; mots resp. des images en ordre, deux tests de lacunes (clans les deux on lit b l'enfant un texte o~ il dolt completer les lacunes en choississant un mot ou une image parmi quatre qu'on propose); dans une cinqui~me couple de tests ii faut r~pondre b des questions pos~es verbalement en choississant un mot ou une image; dans la sixi~me couple renfant dolt ~crire aussi rapidement que possible ,,tout ce qu'on peut volt" darts une image donn~e (la forme verbale de ce test n'est pas d~crite) On voit que les trois derniers probl~mes picturaux comportent tous ~galement une composante verbale ce qui peut expliquer les r~.sultats peu clairs de cette recherche. Deux tests verbaux qui n'ont pas de pendant sur le plan visuel compl~tent la s~rie. II s'agit de tests de synonymes et d'identiques-oppos~s qui font appel ~ des connaissances pr{~- cises du vocabulaire.

D ' ap r~s l ' ~ tude des t d t r a d e s q u ' o n p e u t c a l c u l e r a v e c les cor rd - l a t ions e n t r e ces t e s t s D a v e y c o n c l u t q u e d a n s q u a t r e t e s t s s eu l e -

m e n t su r n u i t ( dans I d e n t i q u e - O p p o s ~ , S y n o n y m e s , C la s s i f i ca -

t ions e t Ques t ions ) se r e n c o n t r e u n f a c t e u r de g roupe . S a n a t u r e

n ' e s t pas pr~cis~e, m a i s i l n e p e u t p a s s ' a g i r d ' u n f a c t e u r v e r b a l g~n~ral , p u i s q u ' i l n e se t r o u v e p a s d a n s t o u s l e s t e s t s d ' o r d r e

ve rba l .

S t e p h e n s o n 2) clans des e x p e r i e n c e s t r~s ~ t endues , a b o u t i t

u n e conc lus ion opposde i ce l le de D a v e y . I1 se b a s e s u r h u i t t e s t s n o n - v e r b a u x e t h u i t t e s t s v e r b a u x a p p l i q u e s c o U e c t i v e m e n t

1037 en fan t s . Voic i de b r~ves indi ,ca t ions s u r les t e s t s emp loy~s .

a. Tests non-verbaux: 1. Former des lettres imprim~es en capitales ~:n utilisant d'autres lettres

clout il faut supprimer une pattie.

1) Davey, C. M. Compeer/son of Group Verbal and Pictorial Tests of Intelligence. Br. J. Psychol 1926/27 XVII.

2) Stephenson, W. Tetrud-differenc,es tor non-verbal subtests. J. educ. psychol. 1931, 22. p. 167.

Tetrad.differences for verbal subtests. Id. p. 255. Tetrad-differences for verbal subtests relative to non-verbal subtests. Id.

p. 334.

Page 4: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE 43

2. Test de substitution: inscrire au-dessous de certains signes des chiffres selon un code donn~,

3. Puzzle: indiquer par des traits de quelle fa~on une figure donn~e se lalsse d~composer en trois parties donn~es.

4. Lacunes d'images: indiquer la partie qui manque. 5. Test d'analogies avec des figures g~om~triques: !~. qua.tri~me figure

est & choisir parmi quatre figures donn~es. 6. Test des cubes de Yerkes: compter le nombre de cul~,es dont est form~

un tas.

7, S~ries b continuer: par exemple XXOXXOXXO. 8. Des figures g~om~triques qui se couvrent partiellement sont donn~es.

Indiquer dans lesque]les de ces figures se trouve un certain num~ro.

b. Tests verbaux:

I. Un mot est donr,~; indiquer un synonyme. 2. Indiquer dans une phrase le mot qui manque. 3. Chercher parmi quatre mots celui qui appartient b la m~m~ classe

que trois autr~s roots donn~s. 4. Dans une phrase, deux mots sont interchanges; les souligner. 5. Indiquer, parmi quatre mots, deux mots oppos~s~ 6. Analogies: mot b choisir parmi quatre autres mots donn~s. 7, Parmi quatre mot3, en choisir deux pouvant completer des phrases du

~ype: ,,Un homme a toujours . . . . " (corps et t~te). 8, Exdcuter des consignes; exemple: dcrire la premiere '.~*~re de

ralphabet.

Stephenson soumet ses r~sultats "~ une analyse statistique tr~s poussde qui le conduit ~ affirmer rexistence d'un facteur verbal dans tousles tests verbaux. II a~tribue la difference entre ses r~sultats et ceux de Davey A la difference des tests utilisds.

Mais, puisqu'il n'est pas possible de contester le caract~re verbal des tests de Davey, il n'est pas permis de conclure avec Stephenson que to~s les tests verbaux contierrnent un facteur commun et d'affirmer qu'il s'agi*, d'un facteur verbal gdn~ral.. II faut chercher une sig1~ification particuli~re au facteur qui se manifeste dans tousles tests de ~tephenson. On en trouve peut- ~tre une indication si ron compare dans leur ensemble les deux groupes de tests qu'il utilise. On constate alors que tous les probl~mes des tests verbaux ont un contenu concret, tandis que parmi les tests non-verbaux un seul (lacunes d'image) appartient ~ ce type. Dans tousles autres tests non-verbaux, ii faut manier des signes d~pourvus de signification concrAte et des figures g~om~triques. J'ai trouv~ dans rues experiences sur les formes d'intelligence que des tests visuels A contenu concret n'ont pas exactement les m~mes facteurs que des tests ~ figures g~o-

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R. MEILI

m~triques, et il est permis de penser que le facteur de Stephen- son tient ~ la nature concrete du matdriel. II est ~vident que cette remarque n e peut pas constituer une d~finition suffisante de ce facteur, mais elle peut faire comprendre qu'il n'a pas n~ces- sairement tm caract~re verbal. Une autre recherche parue deux ans plus tard entreprise par

Belle Schiller 3), sur la comparaison des tests verbaux, num~ri- ques et spatiaux donne de nouv/.dl ~s pr~cisions sur le probl~me du facteur verbal. L'exp~riencc a dt~ effectu~e avec 359 enfants juifs ages de 9 ans environ. ?,es r~su!tats sont ~labor~s s~par~- ment pour les garcons et lej filles, les deux groupes ~tant ~ peu pros de grandeur ~gale. ~'~ous comparons d'abord les tests ver- baux aux tests numdriques.

a. Tests verbaux:

I. Test de vocabulaire: chercher parmi cinq images celle qui correspond a un mot indiqu~. II faut, en outre, chercher parmi cinq roots celui qui ressemble le plus b un mot donn~.

2. Test d'analogies, forme s~lective. 3. Phrases avec lacunes. Une ~ trois lacunes par phrase, laissant dans

certains cas celle-ci tr~s incomplete.

4. Lecture silencieuse ~e textes pr~sentant certaines difficult~s de comprehension.

b. Tests num~riques:

I. Test d'op~rations; 2. probl~mes arithm~tiques; 3. test des s~ries de chiffres h completer.

Examinant les differences t~tradiques de ces tests, on ne trouve M contrairement aux rdsultats de Stephenson -- pas trace d'un facteur particulier commun aux quatre tests verbaux. Mais chez les garqons aussi bien que chez ies rifles, on constate une ressemblance particuli~re entre les phrases ~t completer et la lectu~r~, et entre le vocabulaire et la lecture.

11 faut en conclure qu'il n'y a pas un seul facteur particulier mais deux, Fun se trouvant dans la premiere des deux couples indiquL=es, ~/autr~ dans la seconde. Car si c'~tait le m~me facteur qui ~tait responsable des liens dans les deux couples, il devrait hgalement produire un lien entre les phrases ~ completer et le vocabulaire

=) Schiller, B. Verbal, numerical and spatial abilities of young children. Arch. of Peychol. 1933, 156.

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SUR LA NATURE DES FACTEURS D'iNTELLIOENCE 45

Opposes aux tests num~riques les quatre tests verbaux aura ient donc la composition suivante:

Analogies : f (g, s) Phrases ~ completer : f (g, p o, s) Vocabulaire : f (g, Pl, s) Lecture : f (g, Pl, P~, s)

(g d~signe un facteur g~n~ral se t rouvant dans tous les tests examines; s d~signe les facteurs sp~ciaux, p les facteurs de groupe qu'on peut aussi appeler des facteurs particuliers; p~ et P2 sont des facteurs diff~rents).

Nous comparons main tenant les tests verbaux aux tests spatiaux. Parmi ces derniers il y a l e dessin d 'un bonhomme appr~ci~ selon la technique de Goodenough. Les trois autres tests sont tous compos~s de probl~mes de nature diff~rente dont les r~sultats ne sont pas trait~s distinctement. Pour cette raison, nous renonqons ~ leur description d~taill~e; notons seulement quails sont du genre cie ceux employ~s par Stephenson et qu'il s 'y t rouve quatre tests de performance de la s~rie Pintner- Paterson et plusieurs labyrinthes.

Les t~tra~les obtenues avec ces tests montrent la presence d 'un facteur par~iculier commun ~ t o u s l e s tests verbaux, particu- l i~rement a(:cus~ dans les tests de vocabulaire, de phrases et de lecture, phLs faible, sur tout chez les flUes, dans les tests "d'analogies.

Tous les quat re tests ont donc maintenant la m~me compo- sition

Tests verbaux : f (g, p~, s)

tandis que les tests spat iaux ne contiennent qu 'un 9 et des s. La situation se pr~sente donc de la mani~re suivante: Dans la

comparaison avec les tests num~riques, (voir le tableau pr~c~- dent) , le test d'analogies parai t contenir seulement un facteur g~n~ral et un facteur sp~cifique, contrairement aux autres tests, qui, eux, comportent des facteurs de groupe. Comparant les tests verbaux ahx tests spatiaux, nous trouvons ~ cSt~ du facteur g un facteur pv qui est commun ~ t o u s l e s tests verbaux. Les fac- teurs Pl ~t P2, par contre, ne se r~v~lent plus. La premiere question qui se pose au sujet de ces deux analyses diff~rentes, est de savoir pourquoi en comparant les analogies aux tests num~ri- ques, on ne t rouve pas le pv. I1 faut supposer qu'il en est ainsi parce que ce p se t rouve ~galement dans les tests num~riques ( leur composition sera alors: g, p, s) et s 'y confond avec le g,

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R. MEILI

t and i s que les tests spa~iaux ne le e o n t i e n n e n t pas et pa r eela

m~me le fon t appara l t r e . Mais peu t on encore cons id~rer se p~ comme un f ac t eu r , ,verbal" pu isqu ' i l j o u e r a i t un rSle ~ga lement dans des tests num~r iques? Schi l le r pense que chez des j eunes

en fan t s la , ,verbal i sa t ion" joue un g r and r61e dans le calcul. Mais pourquo i le l angage n ' i n t e r v i e n d r a i t pas t ou t aussi b ien dans des p rob lbmes avec des f igures g~om~tr iques?

Mais m~me en a d m e t t a n t ce t te exp l i ca t ion on ne p o u r r a i t pas

eonsid~rer ce ~aeteur ve rba l eomme ~tan t de !a m~me n a t u r e clue celui qui s 'est r~v~l~ en t re t rois des tests dans la compara i - son avec les tests num~riques . Nous nous t r o u v e r o n s donc en face de deux ou trois f ac teurs qui tous ser~ient d~finis p a r l eu r carac-

t~re ve rba l sans que l ' au t eu r aft fa i t une t e n t a t i v e de les diff~-

rencier. Une recherche entreprise par G. M. Smith 4) ajoute encore

quelques pr~eisions au probl~me du faeteur verbal. L 'auteur a construit, avec beaucoup de soin, des tests pr~sentant exacte- m e n t la m~me s t ruc tu re tou t en ~tant eonst i tu~s pa r des mat~- r i aux d i f f~rents (verbal , num~r ique , :~patial). I1 emploie :

trois tests d'analogies, forme s~lective; trois tests de g~n~ralisation dans lesquels il faut choisir, parmi cinq mote, nombres ou figures trois unit~s appartenant ~ la m~me esp~ce; trois tests de construction, dont les l:,robl~mes sont un peu cliff,rents euivant le materiel employS. Le test verbal consiste sn phrases incom- plates; le mot manquant dolt ~tre trouv~ parmi J'autres. Comme test num~rique, on a choisi celui dee s~ries de chiffres /t continuer. L'~preuve s~:Jatiale est un puzzle form~ par dee fitIuree g~om~triques. A c e s neuf tests, l'aLttsur ajoute une dpreuve d~analogies grammati- cales et une d~preuve d'a:~alys~ grammeticale.

m

Analo "es I Anslogies [ G~n&ali' • erb'~ I 'gramm'ti" sations

I cales lverbale s

Analogies verbales Analogies gra~maticales x G~n~ralisations verbales x G~n~ralisatione gramma- tiealee x Phrases ~ completer (Chaque croix indique un lien en~r~

1 - sations 1 Phrases gra m. compl.

respective).

4} Smith, G. M. Group factors in mental tests similar in material, or in structur~e. Arch. of Psychol. 1933, 156.

X X

X

x

X

le test de'la colonne et de la rang~e

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SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLI~ENCE 47

Smith se sert de diff4rentes m~thodes d'analyse. Le tableau prdc&lent indique les liens, qui se r~v~lent selon la m4thode des t~trades moyennes.

Pour expliquer ces liens il faut adme*.tre plusieurs facteurs de groupe et les compositions factorielles peuvent ~tre ~crites comme suit:

Analogies verbales -- f (g, Pl, P2) Analogies grammaticales -- f (g, Pl, Ps)

G~n~ralisations verbales = f (g, P2) G~n~ralisations gramma- ticales = f (g, Pl) Phrases ~ completer = f (g, P3).

I1 y a donc au moins trois facteurs de groupe dans ces cinq tests verbaux et aucun des trois se rencontre dans tous. Voici ce qui ne parle gu~re en faveur d 'un unique facteur verbal g~n~ral!

Nous arr~tons ici cette revue des t ravaux sur le facteur verbal. C'est seulement dans les recherches de Stephenson qu'un facteur commun ~ tous les tests verbaux s'est rdv~l~. Mais nous avons vu clue ce facteur peut trouver aussi une autre interprdtation. On est donc en droit de conclure qu'il n'y a pas n$cessairement de ~acteur wrbal chaque lois qu'un probI~me e~t d'uidre verbal. I1 se pourrait par contre que certains probl~mes de cette nature comportent un facteur de groupe qui devrait alors ~tre d~fini plus exactement. ,,kctuellement on d~signe sous le nora ,,verbar' probablement plusieurs facteurs de nature plus ou moins diffd- rente. La notion d'intelligence verbale parait, ~ la lumi~re de ces recherches ~galement sujette ~ caution.

Le Sacteur numdrique

Comme le mot, le nombre est un matdriel netteraent ddfini et on s'est souvent demand~ si un facteur intellectuel particulier est associ~ au materi~l num~rique. Cette question est d 'autant plus justff~e que le nombre est li~ aux math~matiques, et que robser- ra t ion courante montre que celles-ci exigent quelques aptitudes particuli~res.

Le premier travail de quelque importance relatff ~ cette question paralt ~tre celui de Collar intitul4 ,,Statistical Survey of arithmetical Ability" 5). La recherche a 4t~ faite sur 200 ~co- liers (degr4s III ~ VII); elle comporte les experiences suivantes:

6) Br. J. Psychol. 1920, XI. P. 135.

Page 9: Sur la nature des facteurs d'intelligence

48 R~ ME~L!

L Op~rations d'erithm6tique, leur rapidit~ et leur justesse. 2. Pro:ol~nes d'arithm6tique. 3. Rbgle~ d'ari.thm6tique. Ce sont encore des operations mais choisies de

mal~i~re ~ appeler l 'application de toutes les rbgles apprises & l'~cole. On appr~cie dans ce test ~es fautes dues & la connaissance tnsuffisante des r~gles.

4. Calcul mental. L'auteur a examine, en outre, l'orthog.'aphe, la lecture, la composition,

l'histoire et la g~ographie. A part cela, les sujets furent soumL,, & deux tests d'intelligence d'ordre surtout verbal et compos~s de problbr:~es d'ana- lo~ies, de phrases en d~sordre, de phrases /ncompl~tes etc. La description d~taill~e des diff~rentes experiences n'est malheureusement pas donn~e.

Nous analysons les r~sultats de Collar par la m~thode des t~trades moyennes qui n '~tait pas encore connue ~ ce moment-l~. (Nous devons Gliminer de ces calculs les Operations parce que Collar ne donne pas les coefficients de corr~lations en t re ce test et lies tests d ' intell igence). Ce qui nous int~resse c 'est de savoir s'il existe ent re les cliff ,rents tests d 'ar i thm~tique des liens qui ne peuvent pas ~tre at t r ibu~s au fac teur ,,g" seul. A cette fin nous calculons les moyennes t~tradiques caract~ristiques, une pre- m_~re fois sans tenir compte des correlat ions oh en t ren t les tests sc~laires non-sr i thm~tiques et une seconde lois en tenant compte d~ toutes les correlations. Les r~sultats obtenus se t rouvent dans la premiere re,=p, seconde colonne du tableau suivant.

Couple de tests

T~trades moyennes

Avec tests d'arith- Avec tous mG1~ques et tests les

d'intelligence, tests.

Probl~mes - - Calcul mental Prob1~mes m R~gles Calcul mental - - R~gles Pr¢~bl&mes - - Intelligence I Pre=,bl&mes - - Intelligence II Calcul mental - - Intelligence I Calcul mental - - Intelligence II R~gles - - Intelligence I R~gles - - Intelligence II Intelligence I ~ Intelligence II

---0.0573 -t- O. 1015 ---0.0093 -t-0.0908 Jr 0.2120 -t- 0.6250 + 0.0540 + O. 1278 ---0.0073 ---0.0462 --0.1460 --0.1000 ---0.0705 ---0.0878 --0.1315 ---0.0443 ---0.1513 --0.1658 fi- 0.2280 -}- 0.0519

(Erreur probable moyenne 0.0509)

Dans la premiere colonne on ne trouve que deux t~trades moyennes suffisar~rnent importances pour pouvoir ~tre prises en

Page 10: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE 49

consideration, celle entre Calcul mental et R~gles, et celle entre les deux tests d'intelligence. Un facteur qui soit n~cessairement li~ aux probl~mes num~riques n'existe donc pas. Le facteur plus particulier qui existe entre Calcul mental et R~gles dolt trouver une explication sp~ciale.

Envisageons maintenant les t~trades de lw seconde colonne. Le lien particulier entre les tests d'intelligence disparait, - - la t~trade a diminu~ - - tr~s probablement parce que les autres tests scolaires nouvellement ajout~s contiennent ce m~me facteuro Les trois couples de tests d'arithm~tique par contre, montrent des differences t~tradiques assez ~lev~es. Celle entre Calcul mental et R~gles est de nouveau la plus forte.

R~sumons de nouveau la composition factorielle des diff~rents tests telle qu'elle r~sulte de ces differences t~tradiques:

D'apr~s les t~tra- D'apr~s les t~- des de la premiere trades de la se-

colonne conde colonne

Probl~mes f (g') £ (g", P~, P4) Calcul mental f (g', p~) f (g", P3) R~gles d'arithrn~tiques f (g', Pl) f (g", P3) Intelligence I f (g', P2) f (g", P4) Intelligence II f (g', P2) f (g")

(Nous utilisons la notation g' et g" pour indiquer qu'il ne s'agit pas, dans les deux cas, du m~me facteur g~n~ral).

I1 n'est naturellement pas possible de donner une explication d~finitive et precise de ces r~sultats, toutefois il est permis d'en d~gager deux constatations:

1 °) La signification du facteur g n'est pas la m~me dans les divers ensembles de tests. Dans l'ensemble comph.~t, il englobe le facteur p2 mais il ne renferme plus les fonctions psychologiques qui caract~risent particuli~rement les tests num~riques.

2 °) Le facteur P3 du second ensemble ne peut avoir un carac- t~re typiquement num~rique, parce que dans ce cas il awai t d~ se manffester aussi bien dans le premier que dans le second groupe de tests.

I1 n'est pas possible d'aUer plus loin dans l'interpr~tation de ces r~sultats dont les rapports sont tr~s complexes. En appli- quant la m~thode de Thurstone on obtiendrait peut-~tre de

Page 11: Sur la nature des facteurs d'intelligence

R. MEIL!

nouvelles indications; mais la description des tests de Collar ~tant t rop sommaire, cette analyse ne me semble pas pouvoir aboutir ~ des r~sultats qui just i f ieraient cet effort.

Quant au probl~me qul nous int~resse surtout, la r~ponse me parai t assez nette:

I1 n 'y a pas de facteur num~rique g~n~ral qui soit caract~ris- t ique de t o u s i e s probl~m~es de clfiffres, bien qu'i l y ait un facteur part iculier , commun au Calcul menta l et aux R~gles.

Cette conclusion est en d~saccord avec celle que Collar t i re de ses r~sultats quand il d~clare qu' i l y a ,,un fac teur sp~cifique uni- que e) d 'ordre menta l o,9~rant dans les diff~rentes sortes de tra- vai l ar i thm~tique".

D'oh vient ce d~saccord dans 1 ' interpretation des faits? Collar n 'uti l ise pas la technique des differences t~tradiques, mais celle des correlations partielles. Apr~s avoir d~termin~, selon une for- mule propos~e par Spearman, 1'influence du facteur g dans les tests d 'ar i thm~tique, il calcule les correlations part iel les entre ses tests en maintenan~ l ' intell igence constante. Ces correlations ~tant routes positives et significatives, Collar d~ iu i t qu'il y a un facteur ar i thm~tique commun h tous ses tests.

M~me en admet tan t que la technique suivie par Collar soit correcte (c.O.d. qu' i l ai t r~ussi h ~liminer dans les tests num~- riques tout ce qui est pu remen t intel lectuel et pas davantage) , on n 'est pas n~cessairement tenu ~ accepter sa conclusion. Rien, en effet, ne pe rmet d 'a f f i rmer que les correlat ions qui subsistent apr~s ! '~limination de tout ce que Collar a t t r ibue ~ 1'intelligence, soient dues ~t un seul et unique facteur de groupe. Si tel ~t-~it le c~s, les differences t~tradiques bas~es sur ces coefficients de cor- r,~latio]:~ partielles devra ient ~tre z~ro, car le facteur num~rique deviev~trait, apr~s l '~limination de g u n nouveau facteur g~n~ral. Or, en :~ait, on t rouve pour la c]~,sse dont nous avons analys~ les cliff,re]ices t ~ t r a d i q u e s : - O. 1229; ~- O. 2616; - - O. 1387 7). Ces r~sultaLs correspondent donc ~ (eux que nous avons trouv~s avec 1~ m~thode des t~trades moye]mes: I1 peut exister un facteL~r commun ~ t ous les tests num~riques employ~s par Collar,

6) ,,Facteur s]~cifique unique" signifie dans notre terminologie .facteur de groupe".

~) Collar a c,~Icul~ les correlations partielles entre quatre tests; ~es six c~efficients de ,:orr~lation linsi obtenus donnent lieu b trois differences t~tradiq~aes.

Page 12: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DES FACTEURS D'iNTELLIGENCE 5~

dont le caract~re num~rique ne peut ,cependant pas ~tre d~- montr~, et un ou plusieurs facteurs particuliers.

Les experiences de Collar ont trait ~ des travaux d'ordre sco- laire et on dolt se demander quels sont les rapports entre des tests num~riques de nature non-scolaire. Dans la recherche d~j~ circe de G. M. Smith nous trouvons les tests suivants:

S~ries de chiffres b continuer. Analogies numfiriques; la rdponse est b choisir parmi quatre; par exemple:

64-- 8 : 169-- .. (11, 13. 26, 96). Gdn~ralisations; les chiffres qui ont une qualit~ en commun sont b sou-

ligner; par exemple: 3, 15, 16, 21, 8.

Probl~:rnes; d'arithm~tique.

Si l'on compare ces tests fi des tests spatiaux, on trouve des t~trades moyennes significatives seulement entre des couples de S~ries de chiffres-Problfimes et Analogies-G~ndralisations; si l'on compare ces tests aux tests verbaux, on trouve des Uens entre ces deux m~mes couples et un autre lien entre Analogies numdriclues-S~ries de chiffres. De nouveau, il ne se manifeste done pas de fitcteur commun fi tous les tests numdriques.

Les expdriences de B. Schiller ddjfi citdes donnent des rfisul- tats qu i ne parlent pas davar~tage fi rappui d'un facteur numd- rique gdndral. Si l'on confronte les trois tests numfiriques de la s~rie de Schiller (S~ries de chiffres, Problfimes arithm~tiques et Opfirations arithm~tiques) fi des tests spatiaux, des liens appa- raissent entre les trois tests. On pourrait doric faire ici l 'hypo- thfise d'un seul facteur num~rique. Mais opposes aux tests ver- baux, les tests num~riques ne rdv~lent plus de facteur commun unique: le lien entre Problfimes et Operations disparait. La preuve est doric faite que ces deux tests ne contiennent pas de facteur numdrique et la conclusion des experiences pr~c~dentes trouve une nouvelle confirmation.

Brigham dans ,,A study of Error" s) rapporte des coefficients de corrdlations et des tdtrades sur des tests de Sdries de chiffres, de Problfimes arithm~tiques et de Proportions arithmfitiques. Compar~s ~ des tests verbaux et spatiaux, ces dpreuves donnent des t~trades qui sont toutes positives et indiquent des liens parti- culiers entre les trois tests numdriques, n est done possible d'aprfis ces rdsultats d 'admettre l'existence d'un facteur num~-

s) College Entrance Examination Board. New-York 1932.

Page 13: Sur la nature des facteurs d'intelligence

52 R. MEILI

rique mais le nombre r&iuit des tests ne donne pas une tr~s grande portde ~ cette conclusion. Sur quatre travaux un seul donne des r~sultats en faveur de

rexistence d'un facteur num~rique. Dans les trois autres recher- ches il se trouvaient toujours des tests num~riques qui ne laissaient voir aucune trace de ce facteur de groupe. II est donc probabte que le facteur commun aux trois tests num~riques de Brigham ait une autre signification et nous sommes de nouveau amends ~ la conclusion c~u'il n'ex~ste pas de ~acteur de groupe lid ndczssairement ~ la nature n~mdrique des probl~mes.

Le Sacteur spatial

Au materiel verbal et num~rique s'oppose tout naturellement le mat,~riel visuel et nous avons d~j~ vu dans les paragraphes pr~c~d,mts que des recherches avee ce troisi~me type de materiel ont ~t~ entreprises. Certains auteurs ons conclu ~ l'existence d'un facteur visuel. Ce terme de ,,visuel" me paralt cependant un peu trop wlgue. Faut-il y comprendre tous les probl~mes pr~sent~s sous fc,rme visueUe? On aurait alors ~ faire ~ des probl~mes si divers que jamais on arrivera ~ des conclusions nettes et indiscu- tables.

Aussi, suivant en ceci plusieurs travaux r~cents, me bornerai-je exauziner Pexistence d'un facteur spatial. Si ee dernier ne

s'imp~se pas, le facteur visuel sera ~ plus fortes raisons ~ rejeter. Le teJme spatial, d~signe nettement des donn~es earact~ris~s par leur 5orme plutSt que par leur signification. Un probl~me est d'ordre spatial lorsqu'il implique des relations de formes, de grandeurs, de positions. Nous nous demanderons done, dans ce chapitre, si des pro blames de ce genre eontiennent un facteur partieulier.

Pour r~pondre ~ cette question, nous revenons aux recherches d~j~ cities.

Stephenson 9) ne trouve pas de facteur spatial commun ~t tous ses tests, pas m~me de facteur limit~ ~t quelques uns d'entre eux. Ils paraissent tous ~d~termin~s par g uniquemenL

D'apr~s Smith ~o), il y a certains faeteurs partieuliers entre des

9j op. cit. to) op. cir.

Page 14: Sur la nature des facteurs d'intelligence

SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE 53

tests spat iaux, /~ savoir entre: Analogies sl3atiales, puzzles de Minnesota , et puzzles de Kel ley .

Les deux premiers de ces tests ont 6t6 d6crits plus haut; les deux derniers sont des sortes de puzzles, coup6s en figures g6om6triques o/1 Ie su~et doit "ndiquer de quelle fa¢on une figure donn6e se d~compose en plusieurs 616ments pr6sent6s. Par exemple, iI faut dessiner la diagonale darts un rectangle pour montrer comment il se compose de deux triangles.

Le t ab leau qui sui t r6sume les l iens en t re les d i f f6rents tests tels qu ' i l s r6su l ten t de l ' ana lyse ~ l ' a ide des t6trades moyennes . (Nous admet tons l ' ex i s tence des l iens si la t6 t rade m o y e n n e d6passe son e r r e u r p robab le 11). Sont indiqu6s par une croix les l iens que se m a n i f e s t e n t en t re les tests spa t i aux si on les compare a u x tests num6r iques , pa r un cercle, ceux qu 'on t rouve en opposant les tests spa t i aux aux tests verbaux .

Puzzles Analogies G6n&al i - Puzzles (Minnesota) sations (Kelley)

, ,

.zz,os I I o I o t I 1 o

Sur les six couples qu 'on peu t f o rmer avec ces qua t re tests, d e u x ou trois s eu l emen t m o n t r e n t u n l ien par t icul ier . I1 est donc c e r t a i n e m e n t f a u x d ' a f f i r m e r qu ' i l exis te un fac teur spat ia l g6n6ral. Celui qu i se mani~este en t re les deux tests de puzzles et qu i est de loin le p lus fort (la t6 t rade m o y e n n e d6passe six fois son e r r eu r p robable ) a p r o b a b l e m e n t sa ra ison dans la fo rme tr6s s e m b l a b l e de ces deux tests.

Les exp6r iences de B. Schi l le r ne sont gu6re ut i l i sables pour le p rob l~me qui nous occupe pour l ' instant . Elles sugg~rent l ' ex i s tence d ' un fac teur spat ia l c o m m u n /~ t o u s l e s tests de ee genre pour les garcons et non pas pour l e s flUes. Mais les te,~ts ut i l is6s sont compos6s de p lus ieurs sortes de probl~mes diff6- ren t s et p lus ieurs de ces s6ries con t iennent les m6mes probl/~mes, p a r e x e m p l e des l abyr in thes . Ce mat6r ie l rend en tout cas im- possible u n e d6 te rmina t ion pr6cise de la na tu re des facteurs.

11) Nous donnons par cela plus de chance b l'apparition d'un facteur nura6rique qu'on le fait habituellement.

Page 15: Sur la nature des facteurs d'intelligence

54 R. MEIL!

F. M. F.~z112) dans une recherche sur des tests d'aptitudes la m,~canique, conclut qu'tl y a dans ses tests un facteur particu- lier qu'il appelle ,,perception spatiale".

Earl uti]~!se les tests suivants:

I. Un test collectif d ' intelligence de 1'Institut National de Psychologie Industrielle.

2. Un test d'aptitudes ~ la m,~canique qui consiste dans l 'assemblage de petits c~bjets d~compos~s, par exemple sonnette de bicyclette0 tourne- vis, etc.

3. Un test de relations spatiales, o~ il faut chercher parmi un certain nombre de pi~ces celle, qui compl~te un carr6 ou un cube.

4. Un puzzle g~om~trique de Dearborn. 5. Le tableau de Healy (lacunes). 6. Le test de Knox (m~moire de mouvement): Le sujet dolt toucher

quatre cu.bee dans l 'ordre indiqu~ par l 'exp~rimentateur. 7. Un tesL de construction avec des cubes.

Darts l'ensemble, les t~trades qui r~sultent des correlations entre ces te:~ts, d~passent de peu seulement leurs erreurs pro- bables, et les liens entre ]es tests paraissent tenir surtout ~ un facteur g~n~iral. Poursuivant son analyse, l 'auteur calcule les coefficients de correlation entre les tests spatiaux en maintenant constants le.s tests d'intel]lgence qui, d'apr~s lui, s'identifient avec le facteur g. Ces correlations partielles sont ~ peine plus faibles que les correlations originales. La moyenne des premieres ~tant 0.35, ceUe des derni~'es 0.30. L 'auteur en d~lui t que, con- trairement ~ ce que les faibles differences t~tradiclues semblent indiquer, des facteurs particu]lers ou plutSt un seul facteur d'ordre spatial serait present. ~'.n fair, par sa double technique, Earl prouve uniquement que le facteur g~n~ral clui seu] parais- salt d~terminer les correlations, est en r~a]lt~ un facteur com- pos~; mais il ne peut pas a~firmer que ces composantes soient v~ritablement l e g et un facteur spatial g~n~ral; une composition plus complexe est ~galement possible.

Nous avons, de notre cSt~, analys~ des tests spatiaux choisis parmi ceux qui sont utilis~s depuis de nombreuses ann~es l 'Institut des Sciences de l 'Education k Gen~ve.

I. Le test de Relation de formes de l°In~titut National de Londres. 2. Un test de lignes enchev~tr~es oh il faut chercher & suivre chaque

l i the du d~but ~ la fin (semblable ~ celui des Mechanical Aptitude Tests de McQuarrie).

12) Earl, F. M., Tests of roect~anica/ abillty. Studies of vocational 9uidance Ill. The National Institute of Industrial Psychology, London, 1929.

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SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELL~ENCE ~

3. Le test de Ryb~koff: d~couper une figure en deux parties et assembler celles-ci de fa¢on qu'elles forment Un carrY.

4. Le test des Leviers de Spielrein qui exige la representation des mouve- nzents dun syst~me de leviers.

L e s c o r r e l a t i o n s de ces t e s t s e n t r e e u x e t avec q u e l q u e s t e s ~ d ' i n t e l l i g e n c e c o m m a c e u x des S~r ies de ch i f f res , des S~ri'~s d ' i m a g e s , des A n a l o g i e s d e f i g u r e s e t des I m a g e s avee ]a~.~mes

ca lcu l~es s u r 100 j e u n e s g e n s e n t r e 17 e t 18 ans, tOLlS ~l~ves

d '~eoles seconda i re s , n e d ~ m o n t r e n t gu~re l ' e x i s t e n e e d ' tm fltc- t e u r s p a t i a l g~n~ral . O n n e t r o u v e de t ~ t r a d e s m o y e n n e s de q u e l q u e i m p o r t a n c e q u ' e n t r e les t e s t s de R y b a k o f f e t de Re la -

t i ons d e fo rmes . II s ' ag i t d a n s ces d e u x p r o b l ~ m e s d ' u n e ~eFr~-

sentation s p a t i a l e e t n o n d e l a p e r c e p t i o n de f i g u r e s n i d e ra is(m-

n e m e n t su r des d o n n e s spa t i a les . Nous t r o u v o n s d ' a u t r e s r e n s e i g n e m e n t s t r~s i n t ~ r e s s a n ~ d~Lus

u n t r a v a i l de A l e x a n d e r i n t i t u l ~ ,,Intelligence co~cret and abst'ract" 13). L ' a u t e u r u t i l i s e d a n s son , ,Groupe I V " les t e s t s

s u i v a n t s :

a. Tests de performance: I. Le Pa.~tsalong Test: dans une petite boite se trouvent quelques ~or-

ceaux - - carr~s et rectangles ~ qui, ne la remplissant pas compli~te- ment, peuvent ~tre d~plac6s sans ~tre extraits du contenant. II s'~tgit de les d~placer et de l~.s mettre dans une position indiqu~e.

2. Le test des Mosa':quelt de Koh. 3. Un test de construction avec des cubes. 4. Une combinaison de cinq planches de puzzles de la s~rie de Pint~er-

Paterson. 5. Une combmaison de plusieurs tests d'images & lacunes. 6. Les labyrinthes de Porteus. b. Tests spatiaux de Spearman. 7. Analogies de figures. 8. S6ries de figures. 9. Groupes de points: est donn~ un groupe de points ~ cSt~ duquel se

retrouve ce groupe entour~ d'autres points qui ne l~issent plus a~,pa- raltre la configura.tion du premier gronpe. Il faut la rechercher et en dessiner les contours.

c. Tests verbaux: 10 & I~. Six ensembles de tests verbaux et num~riques emprunt~s

& des tests collectifs de Terman et d'Otis. ~6. La r~vision de Stanford du Binet-Simon. ~7. Le test collectif d'auto-administration ¢~'Otis. 18. Le te~t de lecture de Thorndike.

13) Br. J. PsychoL Monogr. Suppl. XIX, 193,';.

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56 R. ME|LI

Alexander soumet les correlations obtenues avec ces tests sur un groupe de 100 jeunes fiHes d~linquantes ~g~es de 16 ans (d'autres groupes de sujets donnent des r~sultats tr~s sembla- bles) ~ une analyse selon la m~.thode de Thurstone et trouve la presence de 3 facteurs: un facteur g~n~ral, un facteur verbal et un facteur ,,pratique". C e dernier facteur apparait dans les tests de performance, (1 ~ 5) qui sont tous d'ordre spatial -- et ~ un degr~ moindre, dans la s~rie de Binet-Sirnon. Mais il est absent

et c'est I~ le point int~ressant --dans les trois tests spatiaux de Spearman. Aussi l'auteur n'en conclut-il pas ~ rexistence d'un facteur spatial, mais d'un facteur ,,pratique", qui est important pour l'habilet~ pratique. Sans vouloir nous prononcer sur ce dernier facteur, nous retenons que ces r~sultats confirment l'hypoth~se selon laquelle il n'y a pas de facteur spatial g~n~ral.

Nous pouvons de nouveau r~sumer l'examen de ces diff~rentes recherches en disant qu'il para~t peu probable qu'un Sacteur spatial soit n~cessairement prdsent dans tousles tests de ce genre.

CONCLUSIONS

I1 r~sulte de nos v~alyses qu'il n'est pas justifi~ de parler d 'une fa~on g~n~rale de facteur verbal, num~rique et spatial, car il y a trop de recherches o~. ces facteurs ne se sont pas r~v~l~s malgr~ la presence de tests de la nature correspondante. Nous avons cependant vu que dans plusieurs t ravaux des liens particuliers existaient entre certains probl~mes du m~me materiel et il reste donc possible qu'il y a des facteurs verbal, num~rique et spatial de nature plus restreinte. Mais auvune tentative n'a ~t~ f a r e pour les caract~riser exactement. Vu ces r~sultats peu favorables pour ces facteurs on peut s'~tonner de l 'insistance avec laquelle on en fait ~tat. Je peux en trouver la raison seulement dans le souci d'objectivit~ quii retient les facteuristes d'une analyse psychologique plus subtile. Mais ~ quoi cette objectivit~ sert-elle si elle n'est pas accompagn~e d 'un ~gal effort de contrSle de la port~e des conclusions? Est-ce vraiment ~tre objectif que de se contenter de donner un nora aux facteurs trouv~s sans en promiser le sens? I1 me semble qu'on agit alors un peu ~ la mani~re de quelqu'un qui appelerait or tout ce qui est jaune et brille.

En dehors de tout examen comme nous l 'avons tent~ dans ce

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SUR LA NATURE DES FACTEURS D'INTELLIGENCE 57

travail , les facteurs qui correspondent ~ un caract~re ext~rieur des probl~mes sont d 'ai l leurs suspects parce qu'ils ne paraissent l~as g r a d u a b 1 e s. Or, ies facteurs doivent ~tre graduables puisque leurs saturat ions sont plus ou moins fortes suivant les tests. I1 faudrai t doric pouvoir expliquer pourquoi tel probl~me implique davantage du facteur verbal par ex. que tel autre. Or, je ne vois aucun indice ext~rieur qui puisse permet t re de classer les pro- blames suivant leur degr~ de verbalit~ etc. Un probl~me est verbal, num~rique, spatial ou il ne l 'est pas. Si l 'on veut y fa:ire une graduation, on peut admettre , comme le fait Spearman~ que les facteurs sont dus ~ l ' influence de connaissances particuli~.res, Plus un test fera donc appel ~ certaines connaissances, plus im- por tant sera le facteur en question. Mais dans ce cas on ne serait plus en presence d 'un seul facteur verbal par ex. mais d'aut~mt qu'il y a de connaissances verbales particuli~res. Seulement les tests qui fon~ appel aux m~mes connaissances feraient apparvi tre le m~me facte~Lr et on comprendra alors pourquoi on ne trouve pas de facteur commun ~ t o u s l e s tests verbaux. Si sur le p tan verbal et num~rique cette r~duction des facteurs ~ des conmlis- sances paral t possible, on ne volt pas tr~s bien comment on pourra i t l 'op~rer pour le facteur spatial. Dans tous les cas, cette faqon d ' in terpr~ter les facteurs de groupe ne permet pas de par ler d 'une t a~on g~n~rale d 'un facteur verbal, num~rique ou spatial; il sera toujours n~cessaire de montrer dans chaque cas exactement quelles connaissances sont en jeu.

I1 me semblai~, n~cessaire de d~montrer en d~tail l'in¢on- sistence de ces interpretat ions pour rendre la route libr,9 d 'autres conceptions. I1 faudra, une fois pour toutes, se d~tourner de cette voie pour que les m~thodes factorieiles si riches en pc ssi- bilit~s puis~ent v ra iement ~tre fertiles pour la psychologic. I1 sera n~cess~'~ire que les facteuristes t iennent compte des donn~es qu 'eppor tent des recherches sur l ' intelligence faites pvr d 'autres m~thodes (celles de la g~n~tique p a r ex.) au lieu de travail ler sur un plan qui est encore, en d~pit de toutes les affirmat~.ons contraires, celui de la th~orie des facult~s. Dans quelques re- cherches publi~es r~cemment ~4), j 'ai essay~ une interpretat ion de facteurs bas~e sur les conceptions gestaltistes. I1 me semble en effet que la th~orie de la Gestalt pr~sente le cadre le ]?lus

14) R. Meili; L'analyse de l'lntelligence. Arch. de Psychol. Vol. XXXI, 1946.

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R. MEILi

favorable ~ une in te~r~ta t ion psyehologique des facteurs. Les actes d'int~elligence, selon c e t ~ th~orie, ~ tant consid6r~s comme des t ran~ormations de structure, l e ~ diversit~ doit reposer sur des propri~t~s varifies des structures intellectuelles et des processus de transformation, et c'est sur ce plan que doivent ~tre interpr~t~s les facteurs.