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Les Dossiers du Grihl Les dossiers de Dinah Ribard Sur plusieurs frontières : le président d’Espagnet (1564– après 1637) [2005] DINAH RIBARD Notes de l’auteur Cet article a été initialement publié en 2005 dans le numéro 2 de la revue électronique Comètes, “Sciences / Lettres classements et croisements, XVIeXVIIIe siècles”, dir. M. Brunet et B. Parmentier :http://www.cometes.org/revue/numeros/numero2sciences lettres/dinahribardsurplusieursfrontiereslepresidentdespagnet/ Je tiens à remercier Christophe Blanquie, Christian Jouhaud et Cécile Soudan pour leur aide généreuse et multiple. Texte intégral 1609 : Jean d’Espagnet, président au parlement de Bordeaux, se trouve à la tête de la commission chargée d’éliminer la sorcellerie dans le Labourd dont l’acteur le plus connu, et l’historien, est Pierre de Lancre. 1623 : le même Jean d’Espagnet publie – anonymement – à Paris un ensemble composé de deux livres, un traité de philosophie naturelle marqué par le paracelsisme et le néoplatonisme et un ouvrage alchimique, l’Enchiridion physicæ restitutæ et l’Arcanum Hermeticæ Philosophiæ Opus. Un épisode de la carrière politique d’un magistrat, un fait de publication : la célébrité de la chasse aux sorcières du Labourd a pour une fois perpétué les deux faces de l’identité de Jean d’Espagnet telle qu’elle apparaît dans les écrits de son temps – immédiatement ou moins immédiatement contemporains. « President au Parlement de Bourdeaux, a été l’un des savans hommes du XVII . siècle », écrit ainsi Bayle dans la notice du Dictionnaire historique et critique (1697) qui lui est 1

Sur Plusieurs Frontières _ Le Président d’Espagnet (1564–Après 1637)

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Sur le président d'Espagnet et la chasse aux sorcières.

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    LesDossiersduGrihlLesdossiersdeDinahRibard

    Surplusieursfrontires:leprsidentdEspagnet(1564aprs1637)[2005]

    DINAHRIBARD

    NotesdelauteurCetarticleatinitialementpublien2005danslenumro2delarevuelectroniqueComtes,Sciences/Lettresclassementsetcroisements,XVIeXVIIIesicles,dir.M.BrunetetB.Parmentier:http://www.cometes.org/revue/numeros/numero2scienceslettres/dinahribardsurplusieursfrontiereslepresidentdespagnet/JetiensremercierChristopheBlanquie,ChristianJouhaudetCcileSoudanpourleuraidegnreuseetmultiple.

    Texteintgral

    1609:JeandEspagnet,prsidentauparlementdeBordeaux,setrouvelattede lacommissionchargedliminer lasorcelleriedans leLabourddont lacteur leplus connu, et lhistorien, est Pierre de Lancre. 1623 : le mme Jean dEspagnetpublieanonymementParisunensemblecomposdedeuxlivres,untraitdephilosophienaturellemarquparleparacelsismeetlenoplatonismeetunouvragealchimique,lEnchiridionphysic restitut et lArcanumHermeticPhilosophiOpus.Unpisodedelacarrirepolitiquedunmagistrat,unfaitdepublication:laclbrit de la chasse aux sorcires duLabourd a pourune fois perptu les deuxfaces de lidentit de Jean dEspagnet telle quelle apparat dans les crits de sontempsimmdiatementoumoinsimmdiatementcontemporains.PresidentauParlementdeBourdeaux,atlundessavanshommesduXVII.sicle,critainsiBayle dans la notice du Dictionnaire historique et critique (1697) qui lui est

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    http://www.cometes.org/revue/numeros/numero-2-sciences-lettres/dinah-ribard-sur-plusieurs-frontieres-le-president-despagnet/http://dossiersgrihl.revues.org/http://dossiersgrihl.revues.org/6002

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    consacr, la suite de Sorel qui explique longuement, dans son trait De laperfectiondelhomme(1655)reprisplustarddanslaScienceuniverselle,lesraisonsdelattributiondelEnchiridionMessireJeandEspagnetPresidentauParlementdeBourdeaux.Siaujourdhuilaquestiondustatutdunauteur,endehorsdesaqualit dauteur, napparat gnralement pas comme indissociable de celle de lalecture quil convient de faire de sa production (en particulier lorsquil sagit dephilosophie), la violence de 1609 a en loccurrence port jusqu nous lamatireduneinterrogationsurlacohrencedesdiffrentesformesdapparitionpubliquedelauteurdelArcanumOpus.

    Cette interrogation est dordinaire ainsi formule : comment comprendrelinvestissement dun alchimiste dans une chasse aux sorcires1 ? Audel duneinterprtationentermesdeconcurrenceetdoncdecirconstancesaggravantesouduneadhsioncequedeLancrelaisseentendre,savoirquedEspagnetstaitenfaittenulcartetavaitlaissfairesonsubordonnlequelseraitdonclevritablecoupabledelaffaire,suivrecettepisteimposeraitsurtoutdedistinguerlalchimiesavante,prsentecommeunescienceet commeunephilosophiepardEspagnet,desdiversespratiquesqualifiesdesorcellerieparlesjuges2.Ilseraitmmepossibledesuggrer,selonlhypothseproposeuneautrechelleparLelandL.Estes3,quelacriminalisationdecesmultiplespratiques,etdesmursdontellestaientissues,apuallerdepairaveclaproductiondelachimiecommephilosophienaturelleetdonccommelieudinterventionsurlescontenus,lesobjetsetlesfrontiresdusavoirsavant4. Alchimiste et officier socialement dfini par un certain nombre de traitsdontfaisaitpartielascience(c'estdirelaccscesavoirsavant),doncacteurengag double titre dans les tches de (re)dlimitation de ses frontires etdexclusiondesesautres,dEspagnetnepouvaitquerejeter lamagiedesBasquesdans une extriorit radicale par rapport lespace o sexerait son activitintellectuelle.

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    Mais plutt que dappliquer ainsi cette hypothse large au cas du prsidentdEspagnet, je voudrais proposer, titre exprimental, la dmarche inverse :regardersaproductionphilosophiqueetalchimiquepartirdustatutdemagistratqui explique sa prsence dans le Labourd. Lexercice nest pas sens unique,puisquilimpliquedintgrercetteproductiondanslatrajectoireinterroge:ilsagitaussiicidesedemandercequonestamencomprendredecettetrajectoiresilonprendpleinement en compte lespublicationsdedEspagnetoprationdautantplus dlicate ou illgitime, premire vue, que cellesci sont intervenuestardivement,etdansdesconditionsquisontgnralementdsignesparlestermesderetraiteoudeloisir.Nen1564,dEspagnetesteneffetnonseulementdjgen1623,maisilarsignsachargedepuisplusieursannes,etparle luimme dune retraite prise pour se consacrer la science dans lavertissement delEnchiridion5.

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    Lexprienceproposeiciaunautreobjectif,indissociabledupremier.Elleviseintroduirelecourtterme,autrementditlatemporalitdelaction,danslarflexionsur les variations dans le classement des savoirs (donc sur lhistoricit de cesclassements).Lhistoiredesrapportsentrelessciencesetleslettres,ouentrediffrentstypesdesavoirsetdactivits,pourraitgagnernepasscrirecommeunehistoiresansacteursunehistoiredontlespersonnagesnesontquelestmoinsoulesrelaisdechangementsdanslescadresdepenseoulescadresinstitutionnelsdelapenseetprendreencomptecequeceuxquiproduisent(oureproduisent)cesrapportsfontenlesproduisantouenlesutilisant: jevoudraisici,entoutcas,enfairelessai6.

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    Hypothsessurunetrajectoire:pourdjoueruneassignation(leslettres)

    Prendre en compte le fait que dEspagnet est unmagistrat bordelais, estce setrouver ramen des figures bien connues de lhistoire littraire ou culturelle : lasocitcultivedeprovince, le loisir lettr, la rpubliquedes lettres7?Unmoyendobserversaproductionpartirdesonstatutconsistelacomparercelledautresmembresdummeparlementdanslammepriode.Pournepasparlerdecasclbrescommeceux,unpeuantrieurs,deLaBotie,MontaigneouFlorimonddeRaemond,leconseillerJeandArrrac,parexemple,publieentre1598et1625unePhilosophie civile et dEtat, desPandectes,Troisdivers traits (sur les juges, lesoffices et diverses antiquits ) et unPangyrique la ville de Bordeaux trsfleuri. A premire vue, cet officier bordelais ne parat pas fondamentalementdiffrentparsescritsdedEspagnet,quiaccdelimprimpardesavantspomesliminaires louverture de livres de Raymond deMassac (1599)8 et de Pierre deLancre(1612)9,avantdepublier(1616)unouvragepolitiqueattribuLouisXI,leRosierdesguerres,enyajoutantunTraitdelinstitutiondujeunePrincedesoncru,puisdedonnersestraitsphilosophiquesetchimiques.Unetellecomparaisonappellepourtantdeuxremarques.

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    Dabord,onpeutnoterquelemodleduloisirlettroudelarpubliquedeslettresludelaquestiondelautorit.Larflexionphilosophique,laconnaissancedelantiquitoulacapacitcomposerpomesetdiscoursenlatinouenfranaispeuvent certes tre comprises comme faisant partie de la culture de magistratspasssparlescollgesetlesuniversitsuneculturedontlecaractreunitaireestsignifidanslacritiqueetlhistoriographieparladjectiflettre10.Maisilestsansdouteplusintressantdesinterrogersurlafaondontunstatutassis,prcisment,surdestitrescertifiantlapossessiondecetteculturelascience11dontiladjtquestionetquestcensdtenirtoutoccupantdunechargeoudunefonction,qualifieuneproductioncrite,autorisesamiseencirculation,luidonneelleaussiunstatut.Celanestpassansimplication,carilfautalorsenvisagerquelcriture,mme lorsquelle touche desmatires apparemment sans rapport avec lactivitprofessionnelle,peuttreunemaniredagirdanslecadredesafonction,etpeuttreaussisurelle.

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    partirde l, cequepeutavoirderemarquable laproductiondedEspagnet,partlabsencedouvragesjuridiques,sapprciemieux.Enmatiredephilosophie,ilnesebornepaslamoraleetlapolitique.Ildonneaussiunephilosophienaturellequiatouslestraitsduneinterventionpuisquilytouchedesquestionsdactualit,commelatomismeetlapluralitdesmondesetonpeutremarquerquesespicesliminaires voquent des phnomnes merveilleux ou extraordinaires (les eauxmdicinales,lamagienoire)relevantdunjugementphilosophiquesurleurscausespossibles. Surtout, son criture nest pas lie sa ville. Il ne publie qu Paris,toujourschezlemmediteur(NicolasBuon),ladiffrencedeJeandArrracqui,comme beaucoup dautres, confie ses livres des imprimeurs bordelais, et alorsmme que le Pimandre dHerms Trismgiste, par exemple, avait t publi Bordeaux(1579)12.Etcenestpasunenotabilitbordelaisequiloffresespremirespicesdlogedestineslimpression,maisunmdecindOrlans.Cesconstatsincitent interroger sa trajectoire partir de la question de son inscription (oupluttdesanoninscription)locale.

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    JeandEspagnet,quideconseillerauGrandConseilavaittfaitprsidentaumortierdansleparlementdeBordeaux,ayantvendusonofficedeprsidentJeandeBavolier,conseillerauditParlement,commeFranoisdePichon,gendreduditBavolier,eutsuccdenladitecharge,aprsledcsduditBavolier,sonbeaupre,semitendevoirdecontesterlaprsanceetlerangauprsidentdEspagnet,setrouvantenlaprdicationquisefaisaitdanslEgliseSaintAndr.MaislaffairetanttraiteauParlement,etlesamisetparentsduprsidentdEspagnetyoprantfortement,jointlemriteetlgedicelui,etletempsquilavaitservileRoi,laprsancefutconserveauprsidentdEspagnet,qui,depuis,entoutesoccasions,aeudroitdemarcherdevantleprsidentPichonlequel,causedece,nesevoulutjamaistrouverenassemblesoleditprsidentdEspagnetsesttrouv,quandilsenpouvaitddire.Mais,enconsquencedece,lesusditprsidentdEspagnetetPichonstanttrouvsenlanne1637,aumoisdavril,enlassembledesfianaillesquisefirentpourlemariagedentrelafilledupremierlitdeFranoisdeMestivier,conseillerauParlement,etJeandeMartin,frredelabbdeFese,etenlaquelleassemblesetrouvaitleprsidentdePontac,parentmaterneldelapromise,commefutmenerladitepromiselglisepourfiancer,etledit

    Lesgrandestapesdesavieprofessionnellesontconnuesetattestes.Onsaitquilest avocat au parlement de Bordeaux c'estdire simplement quil a fait destudesdedroiten1590:ilestainsiqualifidansletestamentdesamre,datdu24juillet159013.En1592,ildevientconseillerauGrandConseil14,endcembre1600prsidentauparlementdeBordeaux15,en1602conseillerdtatilquittesachargedeprsidentmortier,vendueunconseillerbordelais,Bavolier,endcembre1611,souslapromessedecontinueravoirlesmmesprivilgesetrecevoirlesmmesmarquesdhonneurquesiltaitrestparlementaire,cequidonnelieuparlasuiteconflitsetrclamations16.SonfilsEtienne,nen1597,sigeluiaussiauparlementdeBordeauxentantqueconseillerpartirde1617.Ilfautenfinprciserquaucoursde ses annes dactivit dans la magistrature, Jean dEspagnet avait prsid plusieursrepriseslachambredelEditdeNrac(en1605eten16101611)17.

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    DanslabiographiededEspagnet,c'estdiredanslercitstabilisquicirculedesnoticesdedictionnairesauxnotesdebasdepagesetauxpassagesdesarticlesquiontbesoindelesituer,cestapessenchanentdemanirenaturellepourformerunecarrire. Ce rcit comme la plupart de ceux du mme genre, en outre, metexactement sur le mme plan ces renseignements socioprofessionnels et deslments supposs fonctionner comme indices de lappartenance un milieucultureletdoncexpliquerfinalementlexistenceduneproductioncrite.JepensenotammentlamiseenrapportdufaitqueMariedeGournayaffirmedansundeses crits, LOmbre de la demoiselle de Gournay (1626), connatre dEspagnetdepuis1595aveclachargebordelaisedeceluici,etdoncaveclafiguredunerelationde collgialit avec Montaigne (qui, on peut le rappeler, quitte le parlement deBordeauxen1570)18:cettemiseenrapportpermetdvoquertoutunmilieucultureldemagistratspourquilespratiquessavantesetlettresseraientfondamentales,etfondamentalementdistinctesdeleursautresactivits.

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    Ce qui suit vise donc moins donner des informations supplmentaires beaucoupdetravailreste faire,notammentdans lesarchivesbordelaisesqurendremoinsvidentcedoubleentrelacementbiographique.Pourcela, jevoudraisici tre attentive aux possibilits dhypothse suggres notamment par cequcrivent surdEspagnet les chroniqueursbordelais lorsquils le font apparatre.Ceschroniques,eneffet,fontplusquaiderlareconstitutiondesatrajectoireellesindiquentdesvoiessuivrepourlexprimentationpropose.

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    Dans sa Chronique bordelaise, Jean de Gaufreteau raconte un pisode grceauquelonsaitquedEspagnettaitencorevivanten1637:

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    prsidentPichonseprsentantpourlaction,audevantduditEspagnet,commetantplusancienquePontac,etdisputantleranglautre,leprsidentPontac,quitaitpriparlepredelapromisedeluifaireconduite,ayantprislafilleparlamain,laprsentaauprsidentdEspagnet,lequelfitladiteaction.Aussitaitilparentmaterneldelapromise,etplusprochequeleditprsidentPontac.19

    Pendantlessusditesvacations,monsieurleprsidentdHispagnetsenpartitpourallerlaCour,olebruitestquilavendusonofficedeprsidentenladiteCourausieurdeBeaumond,pourleprixdecentmillelivres,etquilatadmisetcouchsurltatdesconseillersdtatetpriv,avechuitcentscusdepension.27

    Cequimintresseiciestlaformuleutiliseaudbutdurcit:JeandEspagnet,quideconseillerauGrandConseilavaittfaitprsidentaumortier.Laphrasesuggre, malgr tout ce qui dans la suite de lpisode indique lancrage dedEspagnetdanslesmilieux(traverssdeconflits)delamagistraturebordelaise,quesonentreauseindecelleciavaittleffetdunevolontquintaitpasseulementla sienne. Lpisode de 1594 la charge de conseiller au parlement de Bordeauxacquise et presque aussitt abandonne tend montrer que ses projets taienttournsversBordeauxetlaGuyenne20.Maissionpeutvoirllunedestapes(enloccurrenceinaboutie)duneascensionsocialeimpliquantunpassageparleGrandConseilpourrevenirdanssaprovincedorigineplusdignedyoccuperdeschargeslucratives,etainsidtrechoisipourdescommissionspluslucrativesencore,commelaprsidencedelaChambredelEdit21,onpeutaussiproposeruneautretentativedelectureduparcoursdedEspagnet.Beaucoupdechosesycomprisductdeses publications, mais aussi de sa rputation sclairent en effet si on faitlhypothsequecetteascensionsesteffectuedansleservicedHenriIV.

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    DEspagnetnappartenaitpasauxgrandesfamillesparlementairesbordelaises.Iltait lefilsdunmdecindeSaintEmilionqualifidansletestamentdesafemme(ellemmeveuvedunjugeordinairedeBazasettoutdemmefilledesecrtaireduroi)dedocteurenmdecine,mdecinordinaire22delavilledeBordeauxetquiavaitauparavant,sembletil,soignlefuturHenriIVPau23.Enracontantsarceptionendtails,Cruseausuggrequilapeuttreunpeuviteaccdlachargeextrmementprestigieusedeprsidentmortier,etindiquequilnapaspufournirdextrait baptistaire24. Cette absence intrigue un peu. DEspagnet, certes, na paslgerequisdequaranteans,mais ilauraitpuavoirrecoursunedispensedge.Auraitonaffaireavecluiunancienprotestant25?LaquestionnaicidintrtquepourvenirsajouterlimpressiondensemblequelinscriptionlocalededEspagnettait parmi les hommes dHenri IV en Guyenne plutt que dans la notabilitbordelaise.Danssoncas,lepassageparParisetleGrandConseilpourraitavoirunautresensqueleparcourssimilaireeffectudanslammepriodeparplusieursfilsde grandes familles parlementaires de la Guyenne (Pontac ou de Gourgues) ilpourrait avoir t la fois rcompens et plac dans un lieu important parlobtentiondelachargedeprsidentauparlement.CestlentoutcaslarputationquilsemblaitavoirBordeaux.Achaquefoisquilparledelui,Cruseauinsiste,demanireassezpeuvraisemblable,sursonincapacitincarnerdignementsonrleetnotammentdiscourircequimontreaussilecaractrepolitiquedesdiscourssurles comptences lettres de tel ou tel comme sil rappelait une sorte deparachutage26.Maisilparleaussidesesvoyageslacour,notammenten1608,etrapporte,c'estdireconsolide,lesbruitsquicouraientalorssurlui:

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    En fait, dEspagnet est dj conseiller dEtat depuis 1602. Trs honorifique, ce14

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    Action,tradition,nouveaut

    Jaiestimqueceuxquisontcapablesdycontribuer[laformationduroi]quelquechose,sontcoupablessilsnelefont,chacuntantobligdyapportersapierre,commeundificepublic.Recherchantpartmoilhonneurdemedonnerpartcetteobligation,&lemoyendemenacquitter,mammoirema

    titrepouvaitaussicorrespondreunefonctionrelle.SonacquisitionmontreentoutcasquedEspagnetacontinutrebienencouraprssonentreauparlementdeBordeaux,commelemontrentpeuttreaussilescommissionspourallerNracoudans leLabourddautantplusquecettedernire comportaitpour luiuneautretcheque lachasseauxsorcires,savoir lerglementdunproblmede frontiresurlaBidassoa28.LentreauConseildtatpeutaussitreinterprtecommeunetapedansunecarrirepolitique,impliquantlaccsdespossibilitsdactionplusimportantes. Cette perspective change aussi la suite du rcit en suggrant quersigner sa charge de prsident Bordeaux nimpliquait pas forcment pourdEspagnet labandon de toute ambition et de toute action politiques, maisinauguraitpeuttreaucontraireuneconcentrationsurceterrain.Cestentoutcasceque tendrait suggrer la successiondedeuxvnementsen16151616 :dunepartlacrmoniequivoitdEspagnetsiger,enprsencedeLouisXIIIetenfacedesesancienscollgues,parmilesmembresduConseil29dautrepartlapublicationduRosierdesguerres, dans lequel il semploie incarner et charger dun sensconcret sa qualit de conseiller dtat, donne voir sur une page de titre quimentionne aussi sa charge de prsident,mais pas la localisation de celleci30.Etdanscecas,ladoubleparutionde1623pourraitsontourapparatrecommeunereconversion de sa politique de publication dans une autre conjoncture politique.Anonyme, elle se prsente comme dtermine par une volont de prendre de ladistanceetde lahauteur31.Le livrenenestpasmoinsddiHenrideBourbon,vque de Metz et marquis de Verneuil, fils lgitim dHenri IV32. Malgr lesdclarationsdelauteur,onnestpasforcdepenserquelapublicationdelouvragetaitlesignedunabandondelascneetduneconscrationautravailsavantmendanslaretraite.

    LanalysemenejusquicivisaitsuggrerlidedunparcourssociopolitiquepourproposerdyintgrerlespublicationsdedEspagnet.Parcourspolitiquepluttquecarrire professionnelle : il sagit en loccurrence de penser deux choses la fois.Dabord,uneactiondupouvoirpolitiquesurlatrajectoireprofessionnelleetsocialedunacteur,cequipeutrenvoyer,etdoittrecompriscommepouvantrenvoyerenmmetempsunertributionouuneinstallationdecetacteurdansleslieuxoilpeut tre leplusutile, lattentedun serviceou,du ctde lacteur luimme, lincorporationdecetteattenteetuneorientationdesgestesetdescomportementsendirectiondupouvoir.Maisilsagitaussidepenserunepolitiquedusujetdecettetrajectoire. Dans cette perspective, les livres quil crit et fait paratre ne peuventplus tre renvoys unmilieu et une culture mme en volution dont ilsseraientdessignes. Ilssoffrentcommedesactions jadisaccomplies,etondoitsedemandercommentpouvaittrepenscommeuneaction,parexemple,cequisydonne comme inscription dans une tradition, ou comme changement dans ladestinationdelcriture,oucommechoixdundomainedesavoir.

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    Lptre ddicatoire du Rosier des guerres Louis XIII contient un rcit surlhistoiredumanuscritpublipardEspagnet:

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    fournidepuisquelquetempsunsujet,quejaiautrefoisrencontrsousmaplume,sujetquejaijugdevotreMajest,convenablevotrege,&mondsir.Dedouzeannesquejaiemploy[es]servirlefeuRoiHenryleGrandvotrePre,SIRE,&votreMajestenlachargedePrsidentauParlementdeBordeaux,jenaipasstroislattedelaChambredelEditenGuyenne,santeenlaVilledeNrac,laquelletantvisiteenlannemilsixcentsixparlefeuSieurMarchaldOrnano,LieutenantGnralaugouvernementdeGuyenne(quitaitunprodigedusiclenonmoinsenpreudhommiequencourage,affection&fidlitauservirdesRoisquilaservis&biendelEtat,lminencedesesvertusmobligedendirecemotenpassant)ilobtintendondufeuRoiquelquesarmes&meublesdefortpeudevaleur,quitaientdansunpetitcabinetauChteaududitNrac:ilmefitlhonneurdemenoffrirplusquejenenacceptai,mecontenantdequelquespices,quitaientplusmonusagequausien:unpetitmanuscritduRoiLouisXIfaitpourMonseigneurleDauphinsonfils,depuissonsuccesseurlaCouronne,enfutune,quejetrouvaienuncoinparmidevieillesarmes,lequelouparquelquedgot,ouparlapressedesoccupationsquimattachaientlorsauPalais,jemconnus&ngligeai,maisdepuismtantdonnmeilleurepartaurepos:commelespritlibresamuseparfoissejouer&foltreraveclammoire:lemienencetexercicemareprsentlimagedecelivreabsent,quejaitrouvparmimesautreslivres,&rapportdeBordeauxcederniervoyage,auqueljaisuivivotreMajest:&layantfeuillettoutloisirenlaVilledeTourspendantlesjourquelleyafait,jelaitrouvsucculent,richeenbellessentences,pleindetrsbellesinstructions:cesteneffetunrecueildesagesse,unmanueldignedunMonarque:laveudundenosplusgrandsRois,quilportesursonfront:laccueildunDauphindeFrance,telquevousavezt,SIRE,quiluiaouvertlamain&lecur:lesoinquelefeuRoivotrepreaeudeletenirsouslaprotectiondesespluschresarmes,augmenterontenversvoussonprix&sarecommandation.Cenesontpascesfleursdelis,cenestpascetterobeRoyalequilachargdenouveaupourvousvenirtrouver,paroilveuttrevu&pris:ilvoussemond,SIRE,delouvrir,deleconsidrerpardedans,denlireavecattentionchaquejourunfeuillet:ilestdetropbonnemaisonpoursecontenterdevotremmoire,ilveutlogerdansvotrecur,illamarqupoursonLouvre.Ilneserapasingratdecethonneur,enrevancheilvousinspireralasagesseRoyale,dontilesttoutplein,laquellevouslverasursesailesautantpardessuslesautresRois,quelessacresfleursdelisrendentvotreCouronneminentesurtoutescellesdumonde.33

    DEspagnet affirme ici offrir au jeune roi un livrequi lui permettrade sinscriredansunedoublefiliation.EnlisantcommeilconvientcequifutdonnparLouisXIsonfils,iloccuperalaplacedecefilsetactiveraparllelienquilunitauxanciensroisdeFrance.MaiscestaussilesouvenirdelancragegascondHenriIV,desarmeset des meubles du chteau de Nrac, et du bon serviteur du roi en Guyenne(AlphonsedOrnano34)quicertainsdentreeuxontttransmisavantdepasserdEspagnet, bref le souvenir de fidlits locales, qui est rappel du mmemouvement.Autrementetplusprcismentdit,laccsunobjetquinonseulementvient des anctres du royal destinataire, mais aussi porte en lui la figure dunetransmission lgitime et la possibilit de linvestir, implique ici la reconnaissancedun pass proche o ces fidlits ont jou un rle. DEspagnet se pose ainsi enintermdiaireou,commeil leditlouverturedelAvertissementsurleRosierqui suit immdiatement lptre ddicatoire, en parrain 35 : il transmet ce quimrite dtre transmis de la gnration prcdente, ayant su distinguer parmi lesvieillesarmeslaissesNracarmesdefortpeudevaleurmaisquitaientaussi les plus chres armes du feu Roi cemanuscrit authentiquement royal jusqualors enfoui36.De l son souci dtablir lauctorialit de LouisXI,vritableorigineselonluietsourcedautoritdutrait

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    [...]quilafaitdresserparquelquespersonnagesnotablesensuffisance&sagesse,auqueljestimequilacontribudusien,puisquillavouluavouer&honorerdesonnom:ataussipourservirdaiguillonmonditSeigneursonfils,afinquilenftplusdtat,&mieuxsonprofit37.

    Cesteneffetlammeoprationqueritreleparraindumanuscriteninvoquantlenomdupreetceluidelanctre,undenosplusgrandsRois.

    Dansledispositifainsimisenplace,lacontinuitdunroiunautre,dunpreunfils,dupassauprsentnestpasnaturelle:elledoittreproduite,pardescritset par des hommes qui incarnent y compris physiquement, comme il apparatdanslvocationdelaprsencededEspagnetlorsduvoyagederetourdujeuneroiaprssonsjourBordeaux,c'estdireaprssonmariage,clbrdanscettevilleen 1615 la transmission de lhritage, le passage dune gnration lautre. Enajoutantsonpropre traitDe linstitutiondu jeunePrince auRosierdesguerres,dEspagnetsinstalledanscerleenlecaractrisantcommeunrledephilosopheducateur,ainsiquelesuggredemblelptreddicatoireduRosierquisouvresurunevocationfortementplatoniciennedelartroyalducommandement,comparceluidupilote38.Ainsi,lhommequidonnesonroiunlivrerecouvertdunerobeRoyalelexpressionrenvoieprobablementlareliuredelexemplaireoffert,quiensignalelavaleurdhritageestaussiceluiquipeutluidirequelessenceroyaleestlintrieur,danslesmotsquecelecteurparticulierdoitfairesiens,etquipeutgalementaffirmerquesonpropretraitdonneuncontenucequi,danslesautresouvragesdummegenre,nestquediscours vides sur les vertusduprince39.Nonquil faille forcment penser que le conseiller dtat et exprsident au parlementoffrelsesservicespourunepositiondeprcepteurdesfutursenfantsdujeuneroiengnralconfiedesgensdontlestatutsocialtaitnettementinfrieurausien,tandis que le gouverneur tait choisi dans la haute noblesse , mme si DelinstitutiondujeunePrincedtaillelonguementlesqualitsindispensablesuntelhomme, celles qui lui sont communes avec le gouverneur, et celles qui lui sontpropres40.Ilmesemblequiltenteautrechose,unesortedefusiondediffrentstraitsquilentendunirenluietquifontpeuttredjpartiedelarputationquilaoupenseavoir auxyeuxde sesdestinataires, sansdoutemoinsLouisXIII luimmeque son entourage pour dfinir une fonction spcifique la situation detransmissionbrutaledupouvoirroyallaquellelaFrancesesttrouveconfronte.Fusion, donc, du conseiller dEtat, du philosophe c'estdire galement dusavant : dEspagnet est aussi lhomme qui est all prendre des mesures pourdterminer la situation dune frontire et le type de bateaux qui devaient treautorisslafranchiretdutmoindelapriodeprcdente41.

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    Onalunexempledactionoudetentativedaction:lanalysedecequiestfaitne doit pas tre remplace par, ou considre comme dpendante de la difficilemesuredesarussiteoudesonchecparlcrituresurunstatutetuneidentitquil sagit demettre enuvre pour laborer une fonction politique.Mais il fautgalementremarquerqueloprationestdlicate,carelledfinitlescomptencesquedEspagnetrevendiquecommetirantleurforceetleurvaleurdeleurancragedansunpassposcommetel.Sansparlerdurisquedensemblequilpeutyavoiraffirmeruneappartenanceau tempsdHenri IV (mais il fautaussiprendreencomptequedEspagnet faitaveccequila),cequirendpossible lentreprisedadaptationdunensembledesavoirsunmomentpolitiqueestenmmetempscequilesfragilise.Estainsidclarecommevenuedupass(passiste?),parexemple,ladfensedurespect du vieux langage franais42, la mobilisation de la rfrence danciensusages(commeceluideporterdescouronnesderosesdanslesbanquets,rfrence

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    utilisepourexpliquer le titredumanuscritpubli)ou,plusgnralement, llogedesbonneslettres43etlaposturedephilosopheconseiller.

    La question du rapport au pass est repose dans lEnchiridion et rgleautrement. Mais avant den venir ce dernier ouvrage, il peut tre utile pourlclairer de faire un dtour par le livre quasicontemporain de Pierre de Lancre,LIncrdulit etmcrancedu sortilge, publi en 1622 chez lemmediteurqueceuxdedEspagnet,NicolasBuon44.Celivre,ouvertparlatraduction(parGeoffroyGay45) du pome latin donn par dEspagnet pour accompagner le Tableau delinconstancedesmauvaisangesde1612,seprsentecommedestinremplacerune rencontre rate entre de Lancre et Louis XIII qui, lors de lexpdition ayantconduitaurattachementduBarnlaFrance(1620),estpassensonabsenceparlapropritduspcialistedessorcirespouryobserverunphnomneremarquable:une colline creuse de grottes remplies de coquilles ptrifies (des fossiles) etdonnantsurlaGaronne46.

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    Dans lptreddicatoireet les trs longsAvertissementsdeLIncrdulit etmcrance (33pages in4),deLancre semploie rattacheraupremier le secondlivre et loffre qui en est faite en roi, tisser une continuit47. Mais cesAvertissements sont aussi et surtout consacrs rendre compte du dbat entresavantssurlaprsencedecoquillesdanslapierreetdansunlieuloigndelamer(miracleoujeudelanature?),etletrancher:pourdeLancre,cettebizarreriedoittre considre commeun phnomnenaturel.Dans un livre destin ritrer cequil pose comme laction centrale de sa vie savoir la commission dans leLabourd et, indissociablement, sa mise en criture en accentuant la radicalitspcifiquedesaposition48, deLancre fait aussi le choixdadopteruneposturedephilosophe naturel qui se consacre au savoir et lcriture dans la retraite49.Lopration,c'estdire leffortpourattirer la reconnaissanceroyaleetobtenirdespossibilitsdagirnouveaudanssondomainespcifiquedecomptenceleBarnrattach la France, signaletil, est encore tout plein de sorcires , est trsvoyante,bienplusvoyantequedanslestraitspublispardEspagneten162350.Lerapprochement suggre pourtant une voie pour comprendre le passage dunecriturearrimelactionpolitiquelcrituredelasciencedtachedesaffairesicicombinesdansunseuletmmelivre.Deuxhommesquionttravaillensembleet dont les publications montrent de remarquables proximits51 ont en tout caschoisidefaireparatretrspeudedistance,etdansuneconjoncturemarquepardclatantesaffaires impliquantdesalchimistesetdes libertins,des livresquimettent en avant leur capacit intervenir dans un domaine o science (enloccurrencelaphilosophienaturelle,lesavoirdescauses)etreligionsetouchent.Ici,il fautprciser.CequefontcesdeuxconseillersdEtatquisontaussidanciensoudactuelsspcialistesdessorcires,cestjustementsituerleurinterventiondansunteldomaine,dessiner (ou souligner)des frontires lintrieurdesquellesonpeuttrechrtienmilitantetspcialistedecertainsjeuxdelanature(commedeLancre)ou philosophe chimiste antiaristotlicien et spiritualiste (comme dEspagnet),c'estdire,trsintensmentaudbutdesannes1620,agir.Ilnestpeuttrepassansintrtpourfairelhypothsequunetelleactionatpossibleetpensable,entoutcas,denoterquelelongdveloppementsurlescoquillesestdelapartdePierredeLancreuneoccasiondaffirmer la foissadvotion ila installdes tableauxpieuxdanssagrottefossilesetsaconnaissancedespierres,c'estdiredundessujetsprincipauxdelArcanumOpusdedEspagnet52.

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    Au terme du parcours propos, il est donc possible de regarder la nouveautrevendique53, et frappante pour les contemporains54, de lEnchiridion physic

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    [...]aveclessicleslessciencesontacquisunematuritparfaiteainsiunelonguesuitedannesleurabailllachvementtoutautantquelaforcedelesprithumainlapupermettre&assurmentilyabeaucoupdechosesquisontagites,dontonnapasencoretrouvlavraiesolution.LaPhilosophienesusepasparlesannescommeunhabit:maiselleendevientplusforte,sibienqueletempsluibailleducrdit,&leluitetoutensemble,puisqumesurequelledevientnouvelle,elleestplusassurequelancienne.NecondamnezdoncpasavecprcipitationuninnocentsanslevouloirentendresilsemblequejaiecommisuncrimeenretranchantlestermessacrsdelaPhilosophie,nevouslaissezpasemporterlacolre,&nemappelezpasdabordsacrilge:maisconsidrezsinousnavonspluttavanclaPhilosophiequedelavoirreculesinousneluiavonspaspluttredonnsapuret,quedelavoircorrompuesinousnenavonspluttaugmentlamajest,quedelavoiramoindri[sic].59

    restitut et de lArcanum Hermetic Philosophi Opus de 1623 comme on aregardlinscriptiondansune(oudansdes)tradition(s)opredansleRosierdesguerres.Cestuneautrefonctionmettantenuvreunsavoirenpartielemmesavoir,dailleurs,puisquelarfrenceLulleestprsentedanslespublicationsde1623commedanscellede1616quislaboreiciparlcriture.Etpourleconseillerdtat ancien (expriment ?) et confrontdenouveaux changementspolitiquesquest alors dEspagnet cest une autre manire possible de se prsenter discrtementpuisque le livreestanonyme,maisrellementpuisquilestddi,etddi dans la fidlit aux choix passs comme possdant les comptences lesmieux adaptes ce quedemultiples vnements et publications font apparatrecomme les besoins du moment55. Le sage conseiller du jeune prince form auxbonnes lettres, devenu sansdoute inutile, disparat devant lhommequi a susleverduservicedesLoisPolitiquesceluides loisde lUniversetde la Rpublique du Monde 56 en sinvestissant dans les formes les plusproblmatiquement actuelles du dbat savant. Se posant toujours commephilosophe, il entend prsent enseigner, en adoptant un mode dcriture parsentences ou canons, comment discriminer la vraie de la fausse alchimie57 etcommentpratiquerunephilosophienaturellequisoitenmmetempsentirementspirituelle, remarquable par la reformulation conciliante parce que spirituellequelle propose de thses premire vue incompatibles, par exemplelhylmorphismeetlatomisme58.

    Lanalyse tente ici navait pas pour but de sannuler en dbouchant sur uneinterprtationdelaphilosophiededEspagnet.Ilsagissaitpluttdeconstruiredesmoyensderendrevisible,etinterrogeable,lefaitquunouvragelaccentnovateuraffirm,etclasscommetelparsescommentateurs,reposesurunecomprhensiondelaphilosophiedEspagnetemploielemotsciencescommecapitalsavant:

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    La question, ici, est celle du crdit et de la dignit : ceux que donne laphilosophie sa nature de savoir accumul quun individu qualifi et exprimentpeutlafoispossderetmettreautravaildansleprsent.DEspagnetditquilseconsacrelascience,auxrecherchesdsintressessurlesloisdelUniverset,parl,quilestpassundomainedactivitintellectuellequintaitpaslesienjusquici,untypededisciplinetoutfaitspcifiquedautantplusquilaffirmequelexercicedecettedisciplineest incompatibleavec lesaffaires.Pourtant, ilestdifficiledenepas voirquil ritre l, avecdautresobjets et surunmodeprsent commeplusthorique,loprationduRosier60.

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    Notes

    1 Voir notamment J. BERNOU, La Chasse aux sorcires dans le Labourd (1609). 2tudehistorique,Agen,ImprimerieCalvetetClri,1897et,rcemment,latrsricheintroduction la dernire dition du Tableau de Pierre de Lancre (Pierre de Lancre, Tableau delinconstancedesmauvaisangeetdmons.Oilestamplementtraitdessorciersetdelasorcellerie, Paris, ditions 00h00, 2000), dote dune abondante bibliographie. Voirgalement laseuletudehistorique jusquici consacreenpropredEspagnet,J.MAXWELL,UnMagistrathermtiste.JeandEspagnet,PrsidentauParlementdeBordeaux,Bordeaux,G.Gounouilhou,1896.

    2 Sur les distinctions entre sorcellerie, magie, fausse alchimie, vraie alchimie, sans cessemobilises dans les dbats au dbut du XVIIe sicle, notamment autour de Mersenne etnotammentdanslesannes1620,marquesparlesaffairesdesRoseCroix(1623),desthsesdeVillonetdeClave(1624)etdelacondamnationdeKhunrathparlaSorbonne(1625),voirenparticulierDidierKahn,Entreatomisme,alchimieetthologie:larceptiondesthsesdAntoine deVillon ettienne deClave contreAristote, Paracelse et les cabalistes (2425aot1624),AnnalsofScience, 58,2001,p.241286.SurEtiennedeClave, voir ledossierquiluiatconsacrparlarevueCorpus,n39,2001,p.999.

    3 LelandL.ESTES,GoodWitches,WiseMen,Astrologers,andScientists :WilliamPerkinsand the Limits of the European WitchHunts dansHermeticism and the Renaissance.Intellectual History and the Occult in Early Modern Europe, ed. by I. Merkel and A. G.Debus, WashingtonLondon and Toronto, Associated University Presses, 1988, p. 154165.Larticle emprunte une voie proche de la rflexion de Carlo GINZBURG sur les effets dellaborationdenouveauxschmassavantsparlesspcialistesausensrpressifduterme de la sorcellerie (Les Batailles nocturnes. Sorcellerie et rituels agraires aux XVIe etXVIIesicles, trad. G. Charuty, Paris, Flammarion, 1984),mais ce quil observe nest pas lamanire dont ce discours savant (et pourvu dautorit) agit sur les pratiques magiquespopulaires,maissonactionsurdautrespratiquessavantesquipouvaienttrecellesdesjugeseuxmmes.

    4Cersultatestacquis,sagissantdedEspagnet,danslesConversationsdeMonsieurlAbbBourdelot,ContenantdiversesRecherches,Observations,Expriences,&RaisonnementsdePhysique,Mdecine,Chymie,&Mathmatiques.LetoutrecueilliparleSrLEGALLOIS,Etle Parallle de la Physique dAristote & de celle de Monsieur Descartes, lu dans laditeAcadmie,Paris,ThomasMoette, 1672.Laprface indiquequedans lAcadmieBourdelot,oonnerejetteniLulle,niParacelse,niHobbes,etooncouteaussifavorablementAristoteque Descartes ou Gassendi, on a vu autrefois venir parler les Rvrends PresMagnan,Mersenne,Grandamy,& plusieurs autresReligieux trs clbres par leur science.On y vit

    Deuximesuggestion,liecellequivientdtrefaite.Sionconsidre,commecelaa t propos dans les pages qui prcdent, que lEnchiridion et lArcanumOpusparaissent dans une conjoncture, et sajustent cette conjoncture, alors il fautremarquer la ractivit de dEspagnet, qui sy insre trs promptement. Laremarquer,maissansncessairementlarendreextraordinaireouinvraisemblable:beaucoupdeceslivresviennentdelieuxvoiredauteursplusoumoinsprochesdelui.Apparaticiunegographie(aquitaine,enloccurrence)delinterventionparlimprimsurlacirculationdesdiscours.

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    Unetroisimeetderniresuggestionprocdedecequivientdtredit.Onvoitbienici quunedivisiondes savoirs et des activits savantes est explicitementmise enuvre par dEspagnet, quelle nest pas simplement reflte ou reproduite. Cettedivision,enoutre,estmiseauserviceduneadaptationdecesactivitsauxbesoinsducourttermealorsraliseparplusieursauteursprocheslesunsdesautres.Grcecesoprationsmenessinonensemble,dumoinsenmmetemps,lesproductionsdecesauteursdeviennentcentrales,etcontribuentcrerlvnement(lactualit)auquelellesmmesapparaissentcommeragissant.Comprendrecesmcanismes,cest donc admettre que lhistoire des disciplines et des catgories ou domainesintellectuelsestelleaussifaitepardesacteurs,etdespolitiquesdacteurs.

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    MessieursGassendi,LaMotheLeVayer,Montmor,Pascal,LePailleur,Petit,Roberval,Hullon,Despagnetpre&fils,Verdus,&autresEspritssublimes(p.56).

    5 Ceconstat,enfait, lgitime ladmarchepropose :riennenousditquilpratiquaitdjlalchimieen1609,alorsquonestsrquilavaitbienappartenu,etdoncappartenaitencore,aumondedesmagistratslorsdelapublicationdesesuvresphilosophiquesetalchimiques.

    6JeremercieDidierKahn,quitudieendtaillescritsetlapensededEspagnetdanssathseparatre(ParacelsismeetalchimieenFrancelafindelaRenaissance(15671625),UniversitdePariIV,1998,paratreGenve,chezDroz),demavoircommuniquavantpublicationlanoticequilardigesurluipourleDictionaryofFrenchSeventeenthCenturyPhilosophers. Le travail qui suitmodifie sur certains points la synthse biographique quilpropose.

    7Pourunerflexionsurcetypedeproblmatique,voirMichelCASSAN,Formation,savoirsetidentit des officiers moyens de justice aux XVIeXVIIe sicles : des exemples limousins etmarchoisdansLesOfficiersmoyens lpoquemoderne : pouvoir, culture, identit(France, Angleterre, Allemagne), tudes runies par M. Cassan, Limoges, PULIM, 1998,p.295322etIsabelleLUCIANI,LaprovincepotiqueauXVIIesicle:sociabilitdistinctiveetintgrationculturelle,Revuedhistoiremoderneetcontemporaine,473,2000,p.545564.LouisDESGRAVES(LescerclesscientifiquesbordelaisetleursrelationsavecleP.Mersenne,Actes du colloque du 4me centenaire de la naissance de Marin Mersenne (15881988),tudesruniesparJ.M.ConstantetA.Fillon,UniversitduMaine,1994,p.8391)tranchelaquestion sagissant de dEspagnet : pour lui, celuici correspond au type du curieux et delamateurprovincial.

    8 Il sagit dun pome latin sur les eaux minrales de Pougues. Raymond de Massacenseignait lamdecineOrlans ila luiaussicrit la louangedesaville(voir leRecueildespomesetpangyriquesdelavilledOrlanspubliOrlansen1646).

    9LesdeuxpomesdusdEspagnet,lunenfranaisetlautreenlatin,ouvrentleTableaudelinconstancedesmauvaisanges.

    10Uneautremanirededcrirecettecultureunitaireconsistelarattacherunepriode,laRenaissance, comme le fait par exemple Thomas WILLARD : I want to point out, moregenerally, thatDEspagnetwas a typical Renaissanceman andmoved inmanyworlds.Hewasamagistratreandamathematician,anantiquarianandanalchemist,apoetinLatinandFrench,andafriendofFrenchLiterati(TheManyworldsofJeanDEspagnetdansA.G.DEBUSandM.T.WALTON(eds.),ReadingtheBookofNature.TheOtherSideoftheScientificRevolution, Kirksville (Missouri), 1998, p. 201214 citation p. 201202). Un tel noncsupposerglcequiestenquestion.

    11 Letermeestalorssouventutilis,onlesait,demanirequasiinterchangeableavecceuxde lettres ou de littrature : tous dsignent le savoir possd lissue dunapprentissage. Je lemploi icipour sa charge sociale : sujet desusages fortement cods, ilconnotedavantagelautoritquesadtentionconfre.

    12 Lapublicationdecette traductiondeFranoisdeFoix,vquedAire,Bordeaux (chezSimonMillanges)indiquequilexistaitdanscettevilledeslibrairessusceptiblesdimprimerdesouvrageshermtistes,etquedEspagnetauraitpuleurconfierlesien.

    13BNFPicesoriginales1066(testamentdeJeanneMestadier).

    14 Ses lettres de provision sont dates du 3 avril 1592, et il est reu le 16 octobre (BNFms.fr.14015,p.64etms.fr.32989,fol.218).VoirCamilleTRANI,LesmagistratsduGrandConseil au XVIe sicle (15471610) , Paris et IledeFrance. Mmoires publis par laFdration des Socits historiques et archologiques de Paris et de lIledeFrance, 42(1991), p. 61218 (p. 141142 sur dEspagnet). Cette institution parisienne concurrente desparlements et qui avait le royaume tout entier pour ressort tendait tre utilise par lepouvoirroyalpourfairecontrepoidsceuxcifonctionpolitiquequitaitalleserenforantaucoursduXVIesicle(voirChristopheBLANQUIE,LesInstitutionsdelaFrancedesBourbons(15891789),Paris,Belin,2003,p. 147153 CamilleTRANI,LeGrandConseildeHenriIIHenri IV (15471610), Thse pour le doctorat en droit, Universit Paris II, 1969). CamilleTranimontreaussiquelesconseillersauGrandConseilfontsouventcarrireensuitecommematresdesrequtesoucommeprsidentsauparlementde laprovincedont ilssont issus:leur passage par cette cour permet ainsi, dans certains cas, des serviteurs du roi pasforcmentissusdesplusgrandesfamillesdaccderdespositionsavantageuses.

    15A.D.Gironde,1B17f197.LechroniqueurduparlementdeBordeaux,Cruseau,racontesarception:Lesamedi,9edumoisdedcembre1600,leslettresduprsidentenlaCourduParlementdeBordeaux,obtenuesparlesieurdHispagnet[]envertudelarsignationdu

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    feusieurChristophedeBabiault,aussiprsidentenladiteCourquandvivait,furentlues[][il]futreuetseslettresregistres,ChroniquedEtiennedeCruseau,publieparlaSocitdesBibliophiles deGuyenne, Bordeaux, ImprimerieG.Gounouilhou, 187981, t. I, p. 264265.OnpeutajouterunpisodequinapparatdansaucunenoticesurdEspagnet:en1594,il avait t nomm un office de conseiller au parlement de Bordeaux, mais avaitdmissionnpeuaprs(A.D.Gironde,1B16f35,f64vetf65v).

    16AprsFleuryVINDRY(LesParlementairesfranaisauXVIesicle,Paris,Champion,1909,t. II, 1, p. 4546), Camille TRANI affirme que Bavolier tantmort trs peu de temps aprs,dEspagnetrepritsacharge,endonnantpourpreuve,daprsCruseau,lefaitquilsigepardeuxfoisauparlement,endcembre1615.Maisenralit,Cruseauraconteseulementque,le4 dcembre, dEspagnet est venu rclamer le respect des assurances reues en 1611(ChroniquedEtiennedeCruseau,op.cit., t. II,p.214 :Lemme jourdevendredi 1615[dcembre], le sieur dHispagnet, jadis prsident en la Cour du Parlement de Bordeaux,stantdfaitduditofficedeprsidentenfaveurdufeusieurdeBavolier,auraitprilaCourdeluirserverlentreetprivilgequifurentoctroysaufeusieurdeVilleneuveenjanvier1589,et,depuis,ausieurprsidentdeNesmondpre,en lan1592 etde tantque lorsqueledit sieur dHispagnet se dmt, il demandaitmarcher en son rang, tant aux compagniesprivesquepubliques,etquelorsquil iraitauPalais,ilsesiraitaubancdesprsidents,etquequandilsporteraientleursmanteaux,mortiersetpitoques,quilptaussilesprendreetmarchersonrangderceptionsanspouvoirprsider,futditquilpourraitjouirpleinementdesonrangauxcompagniesparticuliresetpubliquesaprslesprsidents,sanspouvoiruserdesornementsautresquede la robeet chapeaudcarlate) etque, le 10dcembre, il estvenu siger lors du lit de justice tenu par Louis XIII Bordeaux mais pas en tant quemembreduparlement,puisquil sassiedavec les conseillersdtat etmatresdes requtes(voir plus loin), comme lindiquent aussi les registres secrets du parlement de Bordeaux propos de cette crmonie (voir Archives historiques du dpartement de la Gironde,t.XLIII,ParisBordeaux,PicardFret,1908,picenCCLV,EntresolennelledeLouisXIIIetAnnedAutricheBordeaux,p.318).CtaitlegendredeBavolier,FranoisdePichon,quiluiavaitsuccddanslachargedeprsidenten1612.

    17LesChambresdelditoumiparties,composesdemagistratscatholiquesetprotestants,jugeaient, sur requte dune des parties, les procs civils et criminels dans lesquels desprotestants taient impliqus. Les membres catholiques taient tirs par rotation duparlementdontlaChambredelditdpendait(BordeauxpourNrac,donc)lesprotestantsservaient en permanence. Voir Christophe BLANQUIE, Les Institutions de la France desBourbons,op.cit.,p.8689StphaneCAPOT,JusticeetreligionenLanguedocautempsdelditdeNantes.LaChambredelditdeCastres(15791679),Paris,coledesChartes,1998(MmoiresetdocumentsdelcoledesChartes,52)surlhistoiredelachambredeNrac,voir le chapitre IXdeLHistoire duParlementdeBordeauxdepuis sa cration jusqu sasuppression(14511790)deC.B.F.BOSCHERONDESPORTES,Bordeaux,CharlesLefebvre, 1877.LamissiondansleLabourdprendfinaumoment(novembre1609)odEspagnetretourneNracpourlanne1610.

    18VoirMarioSCHIFF,LaFilledalliancedeMontaigne.MariedeGournay,Genve,SlatkineReprints, 1978, p. 109113. SurMarie deGournay, voirMichle FOGEL,Marie de Gournay.Itinrairesd'unefemmesavante,Paris,Fayard,2004.

    19 Jean DE GAUFRETEAU,Chronique bordelaise, Extrait des Publications de la Socit desbibliophilesdeGuyenne, d. J.Delpit, t. II,Bordeaux,CharlesLefebvre, 1878,p. 243244.SurGaufreteau,dontlaproductionsedtachedecelledecesofficiersruditsquipratiquentle droit mais aussi la virtuosit potique et la philosophie parce quils ont un rapportreconnu lautorit, voir Christian JOUHAUD,Les Pouvoirs de la littrature. Histoire dunparadoxe,Paris,Gallimard,2000,p.308319(citationp.312).

    20 Voir plus haut, note 15. DEspagnet possde, et sembletil occupe rgulirement unemaisonnoblehritedesamredanslargiondeSaintEmilion.

    21 Gaufreteau voque aussi laspect financier de la commission du Labourd (Chroniquebordelaise,op.cit.,t.II,p.121).DautresascensionssocialesdummetypeonttralisesdanslammepriodeBordeaux.LhommequidEspagnetvendsachargeen1611,JeandeBavolier,taitfilsdeprocureur,etGaufreteaulesignalecommevenudepeu.Illaissesafille une fortune considrable gagne dans lexercice de ses fonctions de magistrat (voirlHistoiredeBordeaux,dir.B.HIGOUNET, t.III:Bordeauxde14531715,dir.R.BOUTRUCHE(avec la collaboration de J. Bernard, L. Desgraves, F. Giteau, F. Loirette et P. Roudi),Bordeaux,FdrationhistoriqueduSudOuest,1966,p.489).IlataumoinsunefoisenassociationavecdEspagnetdansunecommission(A.D.Gironde1B17f303v).IlexisteunlivrercentsurlapolitiquedHenriIVendirectiondesparlementaires,MichelDEWAELE,Les

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    RelationsentreleparlementdeParisetHenriIV,Paris,Publisud,2000.

    22Voirplushaut,note13.UnsecrtaireduroinommJeanouPierreMestardier(ilrsignesachargeen1544)apparatdanslHistoiredelaGrandeChancelleriedAbrahamTESSEREAU(HistoirechronologiquedelaGrandeChancelleriedeFrance,contenantsonorigine, ltatde sesofficiers,un recueil exactde leursnomsdepuis le commencementde lamonarchiejusquprsent,leursfonctions,privilges,prrogatives,droitsetrglements[...]letouttirdeschartes,dits[]etautresactesauthentiques[],Paris,P.LePetit P.Emery,16761710, t. I,p.88et 106).Le testamentde lamrededEspagnetnommesonprePierre, etaffirmequellenarienreuenhritagedeceluici.

    23 Voir Franois Secret, Rforme et alchimie ,Bulletin de la Socit de lHistoire duProtestantismeFranais,124,1978,p.173186.

    24ChroniquedEtiennedeCruseau,op.cit., t.I,p.264266:Lesamedi,9edumoisdedcembre1600,leslettresduprsidentenlaCourduParlementdeBordeaux,obtenuesparlesieurdHispagnet,filsdeSaintEmilion,dematreHispagnet,docteurenmdecine,envertudelarsignationdufeusieurChristophedeBabiault[]furentlues[]quoiquilsenfalltdeuxansquilnetservidixansuneCoursouveraine,nyayantquehuitanset troismoisquilavaittreuauGrandConseil.Etquilneftapparatrequiletquaranteansdge.Toutefoisfutreuetseslettresregistres,enpensantobtenirpourcejouretseulementquilferaitapparatrepartmoinsdesonge,nepouvantfournirdebaptistaire,nidesonenqutefaite lorsquil fut reu conseiller auGrandConseil. Et ntant entr ce jour, il fut remis aulundi pour lui faire lire les articles de foi et lui faire prter le serment. Ce qui fut trouvtrange.Lelundi,11edummemoisdedcembre1600,entreseptethuitheuresdumatin,les Chambres assembles, fut avis de faire entrer le sieur dHispagnet, et fut dit quonapporttlesarticlesdefoipourlesluifairelireyeneutaucunquidirentquecelanavaittrsoluetquonnenavaitopin.Cequifutmisendlibration,etenfinpassquilslesliraitetjurerait,cequifutfaitetquilluiseraitditquoilseraittrouvchangerdereligionautreque la religion catholique, apostolique et romaine, il consentait son tat tre dclarimptrablecequifutfaitilyprtasonconsentementetcefait,lesieurpremierprsidentChezacluifitunetrsbelleremontrance,etpuisprtalesermentaccoutum,etfutlinstantinstallauctdusieurprsidentdeLalane[]

    25 Il y a une autre explication cette absence. Les registres de lglise de SaintEmilioncontiennentunerequtededEspagnetindiquantquilsouhaiteyfaireinscrirelebaptmedesonfilsEtienne,lequelauraiteulieudansunegliseprochedesamaison(quiestaussicellequil a hrite de sa mre) mais dpourvue de coffres o garder les registres. On peuttoutefois remarquer que cette requte date de 1601, au moment o dEspagnet vientdaccdersacharge,alorsquesonfilsestn,etsupposbaptis,en1597.Onpourraitvoirllavolontdeffacerlestracesdunancienprotestantisme.

    26 Par exemple en avril 1602 o monsieur dHispagnet, sixime prsident en la Cour,pronona prsidentalement un arrt dun lignagier. Lappellation venait du pays dAgenais,o,quoiquililetquelquechangefrauduleux[]lespartiesfurentmiseshorsdecouretdeprocs.Etfittrsmal,staittroubldslecommencement,parce,ditil,quemonsieurdeMenardeau,matredesrequtes,quitaitassisen laudience, leregardait.Etentraentelleapprhension,quilsarrtacinqousixfois,quoiquilnamenaquechosesdepeu,vulgairesetassezmalpropos.Voilcommeilvadeseconnatre,ChroniquedEtiennedeCruseau,op.cit.,t.I,p.301.Cruseauvoqueaussi(t.II,p.4)undiscoursquildcritcommemdiocre,louverturedelaChambredelEditen1605or,ilnesetrouvepasNraccemomentl:il utilise donc des bruits sur dEspagnet pour construire sa rputation ngative. LechroniqueurdeNrac,IsaacdePrs,produitentoutcasunerputationdiffrentelorsquilrapporte le retour de dEspagnet dans sa ville : Monsr le Prsident dEspagnet arriva enceste ville, pour le service de la Chambre, lemardyXNovambre 1609.Messrs les Consulzfurent jusqu Barbaste pour le recepvoir, accompagns de plusieurs habitans. []Et, lasalutationquiluyfutfaiteauditBarbaste,leditsieurdeVenyer,premierConsul,luifitcesteharangue:Monseigneur,nousnevoulonspasentreprendredevousfaireunlongdiscoursetpreschervoslouanges,dautantplusquenostrecapacitesttropfoible,laissantcellaauxgensdoctesquinauroitquetropdesubjetpourenparler.Nousvenonsicyseulement,pourvousrendre lhonneurquivousappartient []etpourvous tesmoigner laizeet lecontentementquetousleshabitansdenostrevilleontdevousrevoir.Cestsurtoutnous,lesConsulzdicelle,qui sommes particulirement en possession de faire savoir vous et tout vostre corps,dzirantyestremaintenus,rputantgrandhonneurdyestreemploys.Nousavonseubienet honneur, dj, Monseigneur, davoir expriment vos dispositions paisibles, plaines deprudence et de justice en lexercice de vostre honorable charge et ailleurs, qui nous faitesprer [] que toutes choses iront de mieux en mieux. [] Le dit sieur Despagnet fitlouverturedupalaisdelaCouretChambredeNrac,lejeudy12Novambre1609,ayantfaict

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    uneharanguequiduraenvirondeuxheures,etaprs,selonlacoustume,futprestlesermentpar les advocats et procureurs ,Chronique dIsaac de Prs, publie par Ph. Tamizey deLarroque,RevuedelAgenais,1881,p.8687.

    27ChroniquedEtiennedeCruseau,op.cit.,t.II,p.50.

    28 Sur limportance pour le pouvoir politique franais, tout au long du XVIIe sicle, desngociationssurlesfrontirespyrnennes,etsurlinvestissementdacteursdepremierplandans ces questions, voir Peter SAHLINS, Frontires et identits nationales. La France etlEspagne dans les Pyrnes depuis le XVIIesicle, traductionG. de Laforcade, Paris, Belin,1996, p. 17147 et Daniel NORDMAN, Frontires de France. De lespace au territoire XVIeXIXesicle,Paris,Gallimard,1998,p.150192.SurlestensionsfrontaliresentrelaFranceetlEspagneen1609,voirChristianDesplat,HenriIVetlaNavarrefranaisedansProvinceset pays du midi au temps dHenri de Navarre. Avnement dHenri IV 4e centenaire.ColloqueII(Bayonne1988),Pau,J&DEditions/AssociationHenriIV1989,1989,p.6590,enparticulierp.8688.

    29CRUSEAU(ChroniquedEtiennedeCruseau,op.cit., t. II,p.221)dcrit lascne :Avecledit sieur Chancelier vinrent messieurs le prsident de Thou, comme premier conseillerdEtatmonsieurdeVic,lesieurdeCommartin,lesieurprsidentJeanninDuBui,lesieurde Beaumond, doyen des matres des requtes le sieur de Marillac, de Leovillier,dHispagnet, de Lucmajour, de Renard et autres, qui sassirent sur deux bancs qui furentapposs aumilieu de la Chambre et audevant de nous, ct gauche de SaMajest. Et main droite de SaditeMajest taient assis, au bas de laReine, les sieurs deMango et dePontac de Sales,matres des requtes, vtus de robes et chaperons dcarlate, seuls, et audessousyavaitunbancotaientassis lesieurdEstemines,chevalierdesdeuxordres lesieurdeLaCurce, capitainede la compagniede gendarmesde laReinemre, etplusieursautresseigneurs,ainsiquaudevantdeux,dummect,sixvques.Certes,dEspagnetpeuttreainsimisenvaleurparcequil se trouveque lacrmoniesedrouleBordeaux,danslacourlaquelleilavaitappartenu.Restequelaplaceoccupeesttrshonorable.

    30LeRosierdesguerrecomposparlefeuRoiLouisXIdecenompourMonseigneurleDauphinCharlessonfils,MisenlumiresurleManuscrittrouvauChteaudeNracdanslecabinetduRoiparleSieurPrsidentdEspagnet,ConseillerduRoiensesConseilsdEtat&Priv, et ensuite un Trait De lInstitution du jeune Prince fait par ledit sieur PrsidentDEspagnet,AuRoi,Paris,NicolasBuon,1616

    31 Jecitedaprs laprcoce traduction franaisede lEnchiridionparJeanBACHOU(1651):Aprsavoirabandonnlessoins,&lesembarrasdelaCourpourvenirjouirdeladouceur&de la tranquillitde lespritdansmamaison ensorteque jepuisdiremaintenantavec lePote, enfin jai recouvert [sic]ma libert, & jai rompu les chanes quime liaient. Aprsavoir, disje, quitt cettemer (Messieurs qui recherchez les secrets de laNature) jai sentidansma solitude renatre enmoi cette affection,& cette inclination ltudede laNature,quautrefoisjavaisembrassdansmajeunesse.Etcommecettepensedabordmaflatt,jelaivolontiersentretenue& fomente sibienquil sembleque laNatureparcebienfait,avoulu rcompenser la perte de la Fortune, que de mon propre mouvement je venais dequitter. Jai suivi cet tude, afin de me mettre couvert des reproches que le public mepouvait faire : car jemimaginaisdjque lonmallaitappeler ledserteurdesLois,de lapatrie, & des charges publiques. Cest pour cela que craignant dtre condamn en cettequalit,jaieurecoursdautresLoispourmedfendre,quisontcellesdelUnivers,quelonpeut appeler la patrie communede tout lemonde, afinque cesLois pussentprotgermoninnocencecontrelacalomnie.EtassurmentilnyaurapersonnequipuissesouffrirquelesLoisPolitiquesportentsentencecontreunhomme,quiayantquittlesoindesembarrasdelavie civile, sest adonn ltude & la connaissance de la Rpublique du Monde , LaPhilosophienaturellertablieensapuret.O lonvoitdcouvert toute lconomiede laNature&osemanifestentquantitderreursdelaPhilosophieAncienne,tantrdigeparCanons&dmonstrationscertaines.AvecleTraitdelOuvragesecretdelaPhilosophiedHerms,quienseignelamatire,&lafaondefairelaPierrePhilosophale,Paris,EdmePpingu,1651,AvisAuxdisciplesdelaPhilosophienaturelle,n.p.

    32Surcepoint,voirlanalysedeDidierKAHN,Entreatomisme,alchimieetthologie[],art.cit.

    33LeRosierdesguerre,op.cit.,ptreddicatoiren.p.

    34CercitdonneliredesliensdeclientleentredEspagnetetdOrnano,acteurimportantparmiceuxquistaientmisauservicedHenriIV,nommparceluicimarchaldeFrance(1595) puis lieutenant du roi en Guyenne la suite dumarchal deMatignon (1597) en1599, il tait devenumaire de Bordeaux. Ilmeurt en janvier 1610 (pour une prsentation

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    rapidede cepersonnage, voirHistoiredeBordeaux, t. IV,op.cit., p. 316318).DEspagnetsembleiciraconter(enseprotgeantparlamentiondeleurpeudevaleur)quelesobjetscontenusdanslecabinetduchteaudeNrac,chteaufamilialdHenriIV,luiavaienttaussittoffertscommeunfidleparcefidleduroidfunt.Onpeutaussiremarquerquildclarequunmanuscritroyaltaitplus[son]usagequceluidunmarchaldeFranceilestcerteshommederobeetdeplume,maiscest lmettreparticulirementenvaleursacomptencesavante.LesrapportsdHenriIVaveclaGuyennesontundesobjetscentrauxdulivre de JeanPierre BABELON, Henri IV, Paris, Fayard, 1982. Sur la politique royale enAquitaine,voirFrancisLOIRETTE,Ltatet largion.LexempledelAquitaineauXVIIesicle.Centralisation monarchique, politique rgionale et tension sociale, Talence, PressesUniversitairesdeBordeaux,1998.

    35 Il dit quil sest fait le parrain de cemanuscrit royal cette seconde naissance quilprend,LeRosierdesguerres,op.cit.,AvertissementsurleRosier,n.p.

    36 NAUD, dans sonAddition lhistoire de Louis XI (1630), signale que dEspagnet sesttromp,etquelemanuscritduRosieravaittpubliavantlui:lruditionbibliographique,ici,dfaitloprationdtablissementdunecontinuitentrelepassrcentetleprsent(voirGabrielNAUD,AdditionlhistoiredeLouisXI,Paris,Fayard,1999,p.5052).OnpeutnoterquelAdditionestddieauconseilleretsecrtairedtatdummemarquisdeVerneuil.

    37LeRosierdesguerres,op.cit.,AvertissementsurleRosier,n.p.

    38 Sire, Le seul timonne fait pas le Pilote, il faut y ajouter lart de le bienmanier, quiconsiste principalement en deux points, en la connaissance de la carte, & en lusage de laboussole:cellelluimontrelesroutesdelamer,celleciduciel,quildoitprendrepourguidede sa navigation. La Royaut ressemble un navire, le sceptre figure de la puissancesouveraineestlegouvernail,leRoiestlepilote:MaisleseulsceptreneparfaitpasleRoi,saperfection dpend den bien user, que la suffisance et la preudhommie lui enseigneront :cellelluidoitservirdecartes,pourluireprsenterlesvoiesquildoittenirenlaconduite&directiondesonEtat:cellecidequadrant&daiguille,quiluiproposeraleCielpourmiredesesactions,lexempledupilote,lequelparlaconsidrationduCielparvientheureusementauport&laterrequildsire.Sionluitecesdeuxpices,ceserapluttlefantme,quelapersonnedunRoi,LeRosierdesguerres,op.cit.,ptreddicatoiren.p.DEspagnetbrodeicisurLePolitiquedePlaton.

    39Laplupartdeceux,quiontcritsurcesujet,sesontcontentsdediscourirdesvertus&desperfectionsrequisesunPrince,delexhorter&disposerlesrecevoir,maisilsontomisou coup ce quils devaient le plus traiter, savoir est les principauxpoints de lducation&instructiondujeunePrince:enquoiilsontfaitcommelemdecin,quisamuseraitconsolerson malade, louer lart de mdecine & la vertu des remdes, & lencourager laconvalescence,sansluienprescrireniordonnerlesmoyens:oucommecelui,quisoccuperaitattiser le feu, sansymettredeboispour lentretenir& fomenter. Jaipris le contrepied,tchant au rebours denseigner plus que de discourir, afin de me tirer par ce moyen delornire&ducheminbattu,&rendremonpetit labeurplusutile& fructueux,LeRosierdesguerres,op.cit., Avertissement de lauteur deLInstitution du jeune Prince, par leSieurPrsidentdEspagnet,ConseillerduRoiensesConseilsdEtat&Priv,n.p.

    40OnpeutremarquerquelefilsdumarchaldOrnano,JeanBaptiste,seraen1619nommgouverneur de Gaston dOrlans. Par ailleurs, un passage du chapitre sur le prcepteurcompare la bonne lecture une opration alchimique et permet ainsi de renforcer lavraisemblance de lattribution de lEnchiridion et de lArcanumOpus dEspagnet (voirFranois SECRET, Littrature et alchimie , X : Melle de Gournay, alchimiste ,BibliothquedHumanismeetRenaissance,35,1973,p.526531):Laplupartdeceux,quisemlentdelirelesbonslivres,secontentent&croientavoirtoutfait,lorsquilsontacquislaconnaissancedulangage&dusensdesAuteurs,cesttoutcequelesplussavantsenseignentauxcoles,&nanmoinscenestpaslaprincipaleutilit,quelalecturenousdoitfournir,ilenyauneautreaudel,quiestcommelacausefinale[]Lesmouchesmielnousenseignent,quelaNatureamissfleursquelquechosedeplusexquisquelabeaut&quelodeur,quinepeuvent contenter que lil & lodorat, elles en tirent une quintessence, dont elles font unexcellent ouvrage. Linstinct de ces petits animaux, & de plusieurs autres, que la Nature adou dune connaissance particulire, a donn jour lesprit de lhomme, pour observer&reconnatre lavertudessimples,&desmtaux,&extrairepar lartspagiriqueleuressence,enquoiconsisteunedesmeilleurespartiesdelamdecine.Leslivresquinesontautrechosequune production de lesprit de lhomme, ont aussi leur quintessence, leur sucmdicinal,pourlasantdelesprit&delme,quilfautextraireparlalambicdudiscours:lefruitdelalectureest imparfait, jusqucequece feumental& intellectuelait consomm&rduit leslivres en cendre, & quil en ait tir & spar le sel, le mercure & le soufre, ainsi que les

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    Chimistespratiquentenleursmatires.Lutilitquontiredeslivresesttriple,outrelesdeuxpremires&communes,quejaimarqu[es],ilyenaunetroisime,cestlerecueilquedoitfairelespritcapabledulecteur,desmaximes&rsolutionsquitacitementrsultentdufait,dudiscoursoudesexemplesallguspar lauteur : cesteneffet informer le jugement& laprudence, leur tablir un conseil secret, o ils puissent recourir s occurrences qui seprsenterontsplusimportantesaffairesdumonde,pleinsdedoutes&dedifficults,commesontceuxquetraitentlesRois&lesPrinces,&quiregardentlasciencedebiengouvernerungrand Etat : [] cest proprement digrer les livres : la plupart de ceux qui lisent, secontententde lesavaler toutentiers,aussi les rendentils touscrus,quand ilsviennentenfairemontre.Leffetdece labeurestdeconvertir les fleursdes livresenmiel&enfaireunprcieuxalimentdelesprit&delme:cestunsecretquil fautdebonneheureenseignerauxjeunesPrinces,afinquilssenfassentunart&unehabitudepourprofiterlalecturedetousleslivres,quilsprendrontenmain,LeRosierdesguerres,op.cit.,p.7680.UneautreallusionlalchimiesetrouvedanslAvertissementsurlerosier,odEspagnetexpliquelefait quil nait publi quun manuscrit incomplet (daprs la table des matires quil enpossde)par lideque laplupartdesouvragesroyauxdemeurent imparfaits.Pourunelecture alchimique de ldition du Rosier des guerres par dEspagnet, voir Louis XI, LeRosierdesguerres,introductionetnotesF.Leclercq,Paris,ParisZanzibar,1994.

    41 On peut noter que dEspagnet ne cesse dinsrer dans son discours des signes de cerapportunetraditionrcente,parexempleenlouantlesgouverneursdonnsparHenriIVpuisMariedeMdicisleursdeuxfils,ouenrappelantunehabitudedelareineMarguerite:entrelesbienfaitsinfinis,dontnotregrandHenriabienheurlaFrance,ilfautcompterundes premiers le choix quil a fait de la personne deMonsieur de Souvr Chevalier de sesOrdres,&prsentMarchaldeFrance,pourluifier&consignerlepluschergagequeDieului et donn, & la France, Monseigneur le Dauphin lors, maintenant notre Roi [] LaReine,quipendantlgedordesargenceaexactementsuivilordretablienlaconduitedesaffairespar lasagessedufeuRoi,&imitses louablesactions, lasecondencoreencellelayantprislesoindelducationdeMonsieurfrreuniqueduRoi,&faitlectiondeMonsieurde Brves pour commettre sa vigilance & suffisance le gouvernement de personne tantprcieuselaFrance[]cepetitHerculelevparsamainnousprometdemployerlaforcedesonbrasdompterlafiertdesmonstres,ennemisdurepospublic,&tendresesvictoires&conqutesjusquaudeldesbornesdelEmpiresujetaucroissant,LeRosierdesguerres,op.cit.,p.1416,etp.8182:CetteformeordinairequelafeueReineMargueritepratiquait ses repas & s heures de son loisir, est digne de louange & dimitation. Cette grandePrincesseavaitdordinairedeuxoutroisdesplusbeaux&doctesesprits,quelleobligeaitparbonsappointementsdesetrouverprsdellesesheures,principalementsesrepas,pourlui fournirdentretienpar formedediscoursoudedispute sur lesplusbellesquestionsdePhilosophie,ousurquelqueautredignesujet []CetteAcadmieestbienplusdignedungrandPrince,quecelledelabouffonnerieoudelamdisance.

    42 DEspagnet critique ainsi ce qui est arriv Commines : pensant menderlorthographe,&polirladiction,onaarrachlesmarquesdelantiquit,tellementquelestylede son livre nest pas celui de son temps, ainsi que nous pouvons juger tant par ce petitmanuscrit, que par plusieurs autres de mme ge, qui se trouvent s clbresBibliothques,parexemplelhistoireduroiCharlesVIparJuvnalDESURSINS,rcemmentmiseau jourparGODEFROY,LeRosierdesguerres,op.cit., Avertissement sur le rosier ,n.p.

    43 Jediraienpassantquunedesmeilleures loisdEtat,quenousayonsenFrancepourmaintenir notre ancienne valeur & gnrosit, est la dfense aux nobles de traiter lamarchandise:ilseraitbondedfendreencorelarobeauxfrancsGentilshommes,silaNaturenyavaitpourvuparlemoyendelantipathiequellealog[e]entrelpe&laplume[]Ilfautavouerquelusagedenotrerobe,quinestpaslaRomaine,abatlecourage,&abtarditladispositionauxfonctionsmilitaires.Jenentendspassouslarobecomprendreltudedesbonneslettres[]Cestuneerreur,joseraidirefoliehrditaireparminosGentilshommes,que dempriser les lettres & les sciences en haine de la robe, comme si ctait leur habitpropre& particulier, [] tous habits leur sont bons& biensants, elles sont utiles toutesprofessions,ellesmanientdunemainlpe,&delautrelaplume[]:quenoscourtisansreconnaissent de bonne foi, quel avantage ont sur eux ceux dentre eux, qui ont quelqueteinturedeslettres&suffisanceacquise,quelhonneur&respectilssontcontraintstoussaisisdadmiration de leur dfrer , Le Rosier des guerres, op. cit., p. 46 (cest le dbut delInstitutiondujeunePrince).

    44LIncrdulitetmcrancedusortilgepleinementconvaincue.Oilestamplementetcurieusement trait, de la vrit ou illusion du Sortilge, de la Fascination, delAttouchement, du Scopelisme, de la Divination, de laLigature ou LiaisonMagique, des

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    Apparitions:Etduneinfinitdautresrares&nouveauxsujets,parP.DELANCREConseillerduRoiensonConseildEtat,Paris,NicolasBuon,1622.OnpeutnoterquelesproductionsdedEspagnet et de Lancre semblent tonnamment parallles : en 1617, de Lancre avait ainsipubli, un an aprs le Rosier des guerres, et l encore chez Nicolas BUON, un Livre desprinces, contenant plusieurs notables discours pour linstruction des rois, empereurs etmonarques.IlseraitsansdoutepossibledefairelhypothsequececonseillerauparlementdeBordeaux,plusgquedEspagnet (ilestnen1553)a tentdans lesannes16101620desoprationsprochesdessiennes,voirecoordonnesavecelles.IlacommencpublierdeslivresavantdEspagnet(leTableaude linconstanceet instabilitdetouteschosesparaten1607 chez LAngelier), et on peut penser que cest lui qui lamis en relations avecNicolasBuon,chezquiilafaitparatre,enassociationavecJeanBERJON,leTableaudelinconstancedesmauvaisanges livre o il raconte demanire prcise et logieuse lamission sur laBidassoa.Mais il aurait pu, en retour ou enmme temps, bnficier de la protection dunhommedont la carrire a tplus rapide etplusbrillanteque la sienne, etqui estdj auConseildEtatdepuisdixansquanddeLancreyentre,en1612.

    45 Sur Geoffroy Gay, voir Christian JOUHAUD,Mazarinades : la Fronde des mots, Paris,Aubier,1985,p.192201.OnpeutreteniricidelanalysequeluiconsacreChristianJouhaudque ce personnage, socialement infrieur de Lancre et a fortiori dEspagnet, tenteparalllementsespropresoprationsparlcriture,parexempleententantdentrerdanslesbonnesgrcesdeMariedeGournay:cest,lui,entantquauteuretdoncpardesauteursquilessaiedesefaireconnatre.

    46 Il y a quelque temps, que VotreMajest tant venue visiter les Provinces [], voushonortes la Guyenne de votre Royale prsence, pour dissiper les nues de nos derniersmouvements.Etvoulantpasseroutre,pourvoirlepatrimoineanciendevosaeuxenBarnquelqueespritparavanturepluscurieuxquedvot,donnaenvieV.M.devoir&considreren un lieu que jai choisi pour ma dernire retraite, une Chapelle des Grottes & desFontaines,dansunemontagnedHutres,ayantsonaspectsurlariviredeGaronne:bties[]desmainsseulesdelaNature.OV.M.reconnut&admirasesbats&menusplaisirs.SIRE,cestleMontParnassedemesMuses,ojemesuisrduit,pourytrouvermonrepos,lexempledesanciensRomains,quiavaientbtiletempleduReposenlacampagne.Jesuisbienmarri,SIRE,denavoirpuvousoffrirmoimme, lesfleurs&lesfruitsdesMusesquihabitentencelieu,desquellesjetirecommelinspirationdunenouvellevie,monespritsurmesvieux joursne senourrissant guredautre chose.Lebruitde la guerre,mavait en cetempslrenfermdanslavilleprochaine,&lesincommoditsquiaccompagnentlavieillesse,myretenaientregret.Maisdgagmaintenantdelun&delautre, jeviensoffrirV.M.cesDiscours&Traits,concernantlesMagiciens&SorcierscontrelesquelslefeuRoiHenrileGrand, ayant cidevantdcern commission en touteSouverainet, quinous futmise enmain nous nous en sommes acquitts avec toute la prudence& intgrit quil nous a tpossible. SIRE, ce sontdtranges crimes,malfices& casnouveaux,& le rcit vritabledeleurspeines,tirslaplupartdecegrandRegistredecegrandConsistoiredeDemidieux[]pourfairemieuxdlogerlincrdulit&mcrance,quelescompagniesSouveraines,&tousJuges&autresgrandspersonnagesenpourraientavoir[],LIncrdulitetmcrancedusortilge,op.cit.,ptreddicatoireauroi,p.34.

    47Ilestdonctrsproposdefairesavoirencoreuncoup,ceuxquivoudrontprendrelapeinedelirecesdiscoursquelefeuRoiHenrileGrand,ayantdcerncommissioncontrelesSorciers, larequtede laNoblesse,&SyndicdupaysdeLabour,ellefutmiseenmainauxsieurdEspaignetConseillerduRoiensonConseildEtat,&PrsidentauParlementdeBordeaux,&moi,quiaieulhonneurdyavoirservileRoilespacedetrentequatreans.Lacommission nous fut dcerne en toute Souverainet, & vrifie audit Parlement. Etantexpire, ledit sieur Prsident sen alla servir le Roi en la Chambre deNrac : Si bien quenayantloisirderendrecompteauRoi,&MonseigneurleChancelier,detoutcequisytaitpass,(dequoiilseftacquittbeaucoupmieuxquemoi)ilmelaissacettecorve,quimedonna occasion de mettre la main la plume, pour dresser mon premier Tome, lequelcontienttouteslesprocdureslesplusclbresdesSorcires,quenousavonsoucondamnesmort,oubannies,ourenvoyesauditParlement:&cesecondTomeencontientlesraisons,&dcouvretantquefairesepeut,commentleDiable&sessupptslesSorciers,peuventfairetantdemaux,&malfices[]DonclepremierTomeestcommeleRegistreouprocsverbal,contenant linstruction& les procdures sur lesquelles est fonde leur condamnation. Et cesecondencontientlesraisons,&lecommercequisepassepartoutlemondeentreSatan&lessorciers : car ils ontmmematre,&mmeprocder par tout lUnivers ,LIncrdulitetmcrancedusortilge,op.cit.,Avertissements,p.1011.

    48Cestcequindiquelepassagedelptreddicatoiresurlincrdulit&mcrance,quelescompagniesSouveraines,&tousJuges&autresgrandspersonnagesen[=desondiscours

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    sur la sorcellerie] pourraient avoir & convaincre derreur & daveuglement, ceux qui seplaisentplusauxobscuritsdesEclipses,quauxpurs&clairsrayonsduSoleil.Acadmiciensnouveauxquisoutiennent,quilnyanullevritencequonditdesSorciersetdusortilge,ains que le tout nest quillusion ,LIncrdulit etmcrance du sortilge,op. cit., ptreddicatoire,p.4.Le10melivredelouvrageestconsacrcetteincrdulitdesjuges,dontdeLancresefforcedemontrerlillgitimit.

    49Lafindelptreddicatoireinsisteainsisursondsintressement:limportantestquele roiait le livreagrableet le jugedaprs ledsir extrmequa sonauteurdeprofiteraupublic.DeLancrenecherchepasdautrercompense,etdailleurssondesseinestdetenirtoujours[ses]Musesenpleinelibert,&nesoumettreleurslabeurscettevilet,quilssoientpessdanslaseulebalancedelagratification&delafaveur,craignanttrouverlecontrepoidsdunercompenseforce,tellequondonneunimportun,LIncrdulitetmcrancedusortilge,op.cit.,ptreddicatoire,p.5.

    50Aprsavoirrenonctoutercompensedanslepassagedelptreddicatoirequivientdtrecit,deLancredclarequilneveutvidemmentpasempcherlegrandmcnequiestvenuvisitersonMontParnassedelegratifier,caronnepeutclorelamainauxRoyalessanstmrit,LIncrdulitetmcrancedusortilge,op.cit.,ptreddicatoire,p.5.Ilconclutp.67endisantquilnaspireplusququittercettevie,etnetravaillequepourmettredanslespritduroidebannir&exterminerentirementdevotreCour&decetAuguste&saintRoyaume les Magiciens, Sorciers, Devins, Tireurs dHoroscopes, Juifs, Apostats, Athes, ettouscesautresennemisdeDieu.

    51Voirplushaut,note44.

    52 Il voquemmeAlbert leGrand, ainsi quune exprience remarquable : Palamdes,mon grand ami, trs bon orfvre, dun esprit hardi & relev, ma souvent racont, quependantquilsciait&rompaitduMarbre,ilavaittrouvaumilieudunegrandepicequilnavait pu briser qu grands coups demarteau, de lhuile enferm& clos commedans unvase, dune odeur trs suave & agrable voir, quon disait avoir certaine vertu de gurirplusieursmaladies,lequelayanttmaniparlui,sesmainsenretinrentlongtempsunetrsbonne&suaveodeur:dequoijenepourrairendreraisoncarjenesaisenquellemanire,cettepicesolidedemeuranttoujoursencettat,cethuilestaitpuramasser&enfermerdela sorte,LIncrdulit etmcrancedu sortilge,op.cit., Avertissements, p. 34. FranoisSecretmentionnecepassagecommeuneallusionlalchimiedanssonarticlesurMelledeGournay,alchimiste,art.cit.

    53 Voir par exemple un passage caractristique : Or mon esprit schauffant dans cetexercice,&examinantplusieursdcretsdelaPhilosophieancienne,nepouvaitaucunementyconsentir,causedunfauxjour&dbilequiluivenaittraversdesnuages,quelaNaturedepremier abord lui prsentait de loin, & comme des confins les plus reculs de la vrit :jusqutantquecettelumireserenforant,&lengourdissementdesnuesenayanttforc&vaincu,jedcouvrisunplusgrandjour,dontmonentendementayanttclair,iletplusdhardiesse&deconfiancepourpntrerdans les secretsde laNature.Dabord leserreursdesanciens,quisont lasource& loriginede toutes lesmauvaisesopinionsquisontvenuesensuite,touchantlesprincipesdelaNature,sesontprsents[sic]monesprit.Carlorsquejemditais lesopinionsquisontcommunmentreues, touchant lamatirepremire,& laforme universelle dont toutes choses ont t faites, le nombre des lments, leurs qualits,leurrpugnance,leursituation,&leurrciprocation,jenaipointtrouvquellessatisfissentmonesprit:&javouequelautoritdetouscesgrandsPhilosophes,quitaientdesentimentcontraireaumien,nonplusqueleursraisonsambigus&subtiles,nontpumedbaucherdemesopinions,niobscurcirenmoicette lumirede laNature,quiaclairmonesprit,&laquellejemesuislaissconduire,LaPhilosophienaturellertablieensapuret,op.cit.,AuxdisciplesdelaPhilosophienaturelle,n.p.

    54LesdveloppementsdedEspagnetsurlatomismeetsurlapluralitdesmondes(reprisentotalitparPierreBoreldanssonDiscoursnouveauprouvant lapluralitdesMondede1657) ont tout particulirement contribu signaler son livre. Sorel, dans la section de laScience universelle quil consacre aux novateurs en philosophie, fait de lEnchiridion lepremierouvragedephysiquevritablementnovateurdunFranais,enrelativisantparllanouveautdeceuxdeDescartes(LaScienceUniverselledeSorel,diviseenquatreTomes,Paris,NicolasLeGras,1668,t.IV,DesNovateursmodernesenPhilosophie,p.413415letexteestlemmequedansDelaperfectiondelhomme,Paris,RobertdeNain,1655,p.249250).JeanBACHOU,letraducteurdelEnchiridion,dveloppeunpropostrssimilairedansleDiscourslarecommandationdelaPhilosophieanciennertablieensapuret[]Extraitde quelques Ecrits curieux de ce sicle par lequel il introduit le texte quil a traduit ilprciseenoutrequelepremiervoletdelaScienceuniverselle,intitulLaSciencedeschoses

  • 31/3/2015 Surplusieursfrontires:leprsidentdEspagnet(1564aprs1637)

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    corporelles et paru en 1634, sinspire beaucoup de lEnchiridion. Il commente : CetteSciencedeschosescorporellesestplusampledevraiqueceLivreci,quionadonnletitredeSommaire:maisceluicicontientbeaucoupdesecretsquelautrenapas,parcequoutrequilyaunTraitdelaPhilosophiedHerms,quiyestcompris, lesprincipesdePhysiquequil rapporte sont entirement appuys sur ceuxde laChimie,LaPhilosophienaturellertablie en sa puret,op.cit., Discours la recommandation de la Philosophie anciennertablieensapuret,n.p.Sorelsedfenddecesaccusationsdanslepassagecit(p.415)eninsistant sur le caractre de chimres spiritualistes de certaines des propositions dedEspagnet : Dans tout le reste de son Livre il se trouve beaucoup de particularits trscurieusestouchantloriginedesChoses,leursubstance,&leursdiverschangements,cequiserapporte fort au dessein que ce nouveau Philosophe a eu de parler des choses Chimiques.Aussi atil mis ensuite un trait [] dans lequel il parle de la matire de la pierrePhilosophale&de sesDigestions []Vritablement commebeaucoupde gens bien sensstiennent la pierre Philosophale pour une chimre, cela pourrait dcrditer tout le Livre,ntait que sa bellemanire de sexpliquer lui a donn de la rputation. Ceux qui sont dupartidePripatlecondamnerontentirementDautresapprouverontquelquesopinions,&rejetterontcellesquisemblentencoretenirdecesPhilosophiesparticuliresquoncroittreremplies de visions comme de dire que la lumire du Soleil & tout autre lumire estspirituelle []. Les choses ny sont proposes que par Canons ou Articles succincts, quilaissent beaucoup deviner & dsirer, mais lentreprise na t aussi que de faire unEnchyridionouAbrg.Ilmesemblequecedbat,quicontribueplacerlinterventiondedEspagnetdanslaphilosophiesurleterraindesrapportsentrephysiqueetchimieetleursmodesdnonciation,montresonsuccsentantquintervention.Surlhistoiredelanouvellephilosophie et particulirement sur Sorel, je me permets de renvoyer Dinah Ribard,Racontervivrepenser.Histoiresdephilosophes16501766,Paris,Vrin/EHESS,2003.

    55 Voir la correspondancedeMERSENNE qui fait paratreLimpit des distes, athes etlibertins de ce temps en 1624 et La Vrit des sciences, dirig notamment contre leschimistes, en 1625 dans ces annesl. Cest en 1623 queGarasse (ancien enseignant ducollgejsuitedeBordeaux)publielaDoctrinecurieusedesbeauxespritsdecetemps,livrequiestdfenduen1625,onpeutleremarquer,parunNouveauJugementdecequiatditetcritpouretcontrelelivredelaDoctrinecurieusedesbeauxespritsdecetempsdaummeGeoffroyGayquelatraductiondelapicededEspagnetplaceparPierredeLancrelouverture de lIncrdulit etmcrance, et qui pose de manire centrale la question deladaptationdespublicationssavantesuneconjonctureprcisedeluttecontrelacirculationdediscoursdangereux(voirChristianJOUHAUD,LesPouvoirsdelalittrature,op.cit.,p.5462surcetcritdeGay).

    56Voirplushaut,note31.

    57 Cest le projet expos dans lavis Aux Professeurs de la Philosophie dHerms quiouvre (toujours dans la traduction de Jean BACHOU) LOuvrage secret de la PhilosophiedHerms.OlondcouvretoutcequelaNature,&lArtontdecachtouchantlaMatirede la Pierre Philosophale & la faon de la faire, Fait par le mme Auteur du Traitprcdent[aveclequelilestreli],Paris,1651.DEspagnetaffirmesyadresserceuxquiontttrompspardescharlatans.

    58VoirDidierKAHN,Entreatomisme,alchimieetthologie[],art.cit.,quisuggrequeles thses quasimatrialistes de Villon et de Clave se concevaient peuttre comme unerponse ce spiritualisme.CettepositiondedEspagnetnestpas forcment innovante cequi est peuttre plus remarquable, cest sa volont de fdrer diffrentes approches, et lareconnaissancetrsviteobtenueparsonlivre.

    59LaPhilosophienaturellertablieensapuret,op.cit.,AuxdisciplesdelaPhilosophienaturelle,n.p.

    60 Une formulation ironique de cette opration apparaissait dans le sonnet insr par deLancreaudbutduTableaudelinconstancedesmauvaisAnge:Pourtemontrerconstant traiter lInconstance / Lancre, tu nous fais voir les changements divers / Des bizarresDmons,htesdelUnivers,/ParcesecondtableauquetupeinslaFrance./Maisquoi?nevoistu pas combien peu de constance / On te donna, voyant sur le bord des Enfers / Lesombresvoltigerdecepeuplepervers/Desquelstesjugementsontfaitjustevengeance./Etmaintenanttufaisparuncontrairesort/Quelimmortalitsuccdecettemort/Taplumeleur donnant une immortelle vie /Et pour un secondmal tu feras natre ainsi /Mille etmille sorciers des cendres de ceuxci / Qui pour revivre auront de mme mort envie (TableaudelinconstancedesmauvaisangesetDmons,Paris,J.Berjon(etNicolasBuon),1612,n. p.Ledangerdes livres et leur capacit crerunprsent sont ici identifis lun lautre.

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    Pourcitercetarticle

    RfrencelectroniqueDinahRibard,Surplusieursfrontires:leprsidentdEspagnet(1564aprs1637),LesDossiersduGrihl[Enligne],LesdossiersdeDinahRibard,misenlignele03avril2014,consultle30mars2015.URL:http://dossiersgrihl.revues.org/6003DOI:10.4000/dossiersgrihl.6003

    Auteur

    DinahRibardEHESS(Grihl).http://www.ehess.fr/grihl/CV_Fiches/CV_RibardDinah.htm

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