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SUR QUELQUES MÉDAILLES PUNIQUES D'ILES DE LA MÉDITERRANÉE Author(s): A. Judas Source: Revue Archéologique, 16e Année, No. 2 (OCTOBRE 1859 A MARS 1860), pp. 647-660 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41746567 . Accessed: 22/05/2014 10:18 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.105.154.70 on Thu, 22 May 2014 10:18:42 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

SUR QUELQUES MÉDAILLES PUNIQUES D'ILES DE LA MÉDITERRANÉE

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SUR QUELQUES MÉDAILLES PUNIQUES D'ILES DE LA MÉDITERRANÉEAuthor(s): A. JudasSource: Revue Archéologique, 16e Année, No. 2 (OCTOBRE 1859 A MARS 1860), pp. 647-660Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41746567 .

Accessed: 22/05/2014 10:18

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SUR

QUELQUES MÉDAILLES PUNIQUES

D'ILES DE LA MEDITERRANÉE.

PETITES ILES.

Ebusus , Cossyre, Inara, Ethusa.

On sait que quelques-unes des médailles appartenant à cette ca- tégorie ont fait, entre les savants, l'objet de longues discussions dès l'aurore des études sur la langue phénicienne; ce sont celles que l'on a longtemps attribuées à Cossyre , aujourd'hui Pantellaria, si- tuée entre la Sicile et Carthage. M. de Saulcy en a définitivement détaché une classe sur laquelle il a lu aurrr.y , aibsm, c'est-à-dire l'original du nom latin Ebusus , d'où le moderne Iviça, l'une des anciennes Pityuses , près de la côte d'Espagne. Raoul -Rochette, dans son Mémoire sur l'Hercule phénicien , a vainement tenté d'é- branler cette attribution : je la crois aujourd'hui universellement adoptée. Le critique que je viens de citer a lui-même, à son insu, fourni un argument indirect à l'appui de la transcription de la lé- gende. En effet, il a reconnu la ressemblance de la grotesque figure de divinité qui caractérise les pièces dont il s'agit avec une figure égyptienne qu'il regardait comme une image d'Hercule, mais dont il ignorait le véritable nom : ce nom est Bes sur les monuments hié- roglyphiques. Or, dans la légende numismatique , on doit distin- guer ia, ai, qui signifié île, et Dura, bsm, qui doit être le nom pro- pre (1). Ce nom, sous celte forme même, offre déjà une assez grande similitude avec Bes : mais la ressemblance est complète si, appuyé surtout sur le grec Bousos de la note ci-dessous , on considère le mem ou m terminal comme la désinence plurielle , qui est en effet formée par cette lettre dans les noms phéniciens masculins à l'état absolu : la formative ethnique s'ajoute ici au mot composé comme dans l'hébreu Vaniva, Bethélien, qui serait au pluriel D^Nnnn, en

(1) On lit en effet ce nom isolé dans Denis le Périégète : Nifaoi 8è ¿Ufa âyxt Sè Bou<roç.

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648 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

phénicien oWirrci, du nom de ville, fonn, Béthel, au propre De- meure de Dieu. Le nom topique sur les médailles puniques est donc ra, a IBS, E -bes ou E-bous, c'est-à-dire île de Bes, et la légende complète ja-BS-M signifie Ebésiens ou Habitants de l'ile de Bes { 1).

Sur les autres médailles avec lesquelles on confondait primitive- ment celles dont je viens de parler, M. de Saulcy a lu, avec Kopp et Hamaker, djtk, airnm, et, nonobstant la différence de cette leçon , d'ailleurs incontestable, avec le nom Cossura, il maintient l'attribu- tion à l'île de ce dernier nom. « 11 n'est pas, dit-il, de monuments numismatiques dont l'attribution soit plus certaine, parce que cette attribution est constatée pai- l'existence de monnaies du même style, de même fabrique et de mêmes types, qui, au lieu d'une lé- gende phénicienne, présentent en toutes lettres le nom Cossura.... Les monnaies frappées dans cette île tie ressemblent à aucune autre et ne sauraient être confondues avec aucune autre. Au droit, paraît constamment une tête coiffée à l'égyptienne et tournée tantôt à droite, tantôt à gauche ; assez souvent une victoire est placée dans le champ, devant ou derrière l'effigie qu'elle couronne. Au revers, une couronne d'olivier contient un mot punique composé de cinq lettres ou le nom latin Cossura; dans ce dernier cas, au-dessus de la légende se trouve placée la petite figure queM.Gesenius regarde avec raison comme l'image conventionnelle et vulgaire de Baal et d'As- tarté. Je le i;épète, les monnaies puniques et latines de Cossura ont un style qui leur est propre et qui n'a d'analogie qu'avec le style de monnaies puniques de Malte et de Gaulos. »

Je reconnais ce qu'il y a de pressant dans cette argumentation. Cependant je ne la crois pas à l'abri d'objections et, répondant au loyal appel du savant et sagace académicien, je n'hésite pas à les lui soumettre avec confiance.

En premier lieu, le nom de Cossyre doit lui-même être punique. On ne peut en effet le rattacher ni au grec ni au latin, tandis qu'avec Bochart on peut très-naturellement le dériver de lïp, csr, curtus, brevis, parvus , ce qui se trouve en rapport avec ce vers de Silius Ita-

(1) Une série assez nombreuse de ces pièces porte invariablement, dans une se- conde ligne, le nombre 50, bien que les caractères paléographiques témoignent évidemment d'époques différentes; je ne connais point de solution à ce pro- blème. Le dieu que je regarde comme éponyme est représenté étreignant de la main

gauche un serpent : cette image peut, jusqu'à un certain point, se rattacher au Bes égyptien; mais il est probable que c'est surtout une allusion à la croyance lo- cale que la terre de l'île dont il s'agit était mortelle aux serpents , contrairement à celle d'Ophiuse , autre île voisine.

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SUE QUELQUES MONNAIES PUNIQUES. 649

licus, 1. XIV : Et bellare Tabas docilis , Cosyraque parva . Dès lors, comment ce nom se montrerait-il sur les monnaies romaines, tan- dis qu'il en existerait un autre sur les pièces puniques ?

En second lieu, le rapprochement que M. de Saulcy, avec sa sin- cérité habituelle, admet finalement entre les monnaies dont il s'agit et quelques-unes de celles de Malte n'a-t-il pas pu exister aussi à l'égard d'autres îles voisines? Cette question ne repose pas sur une simple hypothèse : je suis possesseur et je donne ici le dessin

d'une médaille de bronze aussi, identique aux espèces précédem- ment décrites sous tous les rapports, excepté la légende, qui n'a que deux lettres puniques lesquelles valent yx , ats ou et s. Celte légende me paraît ne pouvoir guère s'appliquer qu'à Ethusa , au sud de Cossyre. Quoi qu'il en soit, elle ne peut, daps aucun cas, se rap- porter à Cossyre. Plusieurs îles plus ou moins rapprochées dans cette mer ont donc frappé simultanément des médailles semblables par le style, la fabrique et les types, et, par conséquent, celle avec la légende Iranim peut , malgré les autres analogies, ne point ap- partenir à Cossyre. Or, Ethicus, dans sa Cosmographie, place une île du nom d 'Inara parmi celles de l'Océan méridional immédiate- ment après Cosrosa ou Cossyre. Je ne doute pas que ce ne soit une transposition pour Irana et que l'on 11e doive y voir le thème de la légende i-rn-m. Iraniens , c'est-à-dire Habitants ď Irana ou de l'île de la Victoire. Les Berbères ont dans leur langue ern, erni, vaincre , avec plusieurs dérivés; le thème est peut-être emprunté aux Ara- bes; cependant il peut aussi descendre de la langue carthagi- noise (1) : quoi qu'il en soit, M. Newman, dans une de ses notes au vocabulaire Touareg de M. Barth, signale inri signifiant dominer , conquérir , dans le dialecte Schilla ; ce ne peut être qu'une méta- thèse de irni pareille à celle de V Inara ďEthicus pour Irana . Mais quelle est cette Irana , quels étaient ces Iranim ? Je n'hésite pas à

(1) Ce qui me parait le prouver, c'est la citation plusieurs fois répétée dans la Johannide de Corippe, du nom d'homme Jerna , à la fois général et prêtre dans l'armée des Libyens : ce nom répond au latin Victor , qui était quelquefois aussi un nom propre.

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650 REVUB ARCHÉOLOGIQUE.

proposer pour réponse JEmria , île de la mer tyrrhénienne, en face de la côte de Campanie, à Ventrée de la baie de Naples : elle était aussi nommée Inarimé, et l'on saisira facilement, je pense , la res- semblance de cette forme avec celle de la légende de nos médailles. La double terminaison confirme ce que j'ai dit dè la légende des médailles d'Ëbùsus , ibésim , savoir : Habitants d'Ibes ou de l'île de Bes, comme nous avons ici inarim pour iranim, c'est-à-dire Habitants d'Inara pour [rana ou de l'île de la Victoire.

L'attribution aux Carthaginois d'une île si voisine de Rome à l'époque qu'indiquent les caractères numismatiques des médailles en question ne peut, je crois, être regardée comme l'objet d'une négation fondée. La fréquentation de ces parages par les Carthagi- nois dès 543 jusqu'en 352 est démontrée par l'alliance avec les Étrusques contre les Phocéens à l'occasion de la possession de la Corse, et par les deux traités avec les Romains dont Polybe nous a transmis les textes : il me paraît ressortir de ces circonstances et de ces documents, avec la plus grande vraisemblance, que les Car- thaginois occupaient à ces différentes époques des positions de ces côtés , et l'île d'JEnaria en pouvait être une. Mais nous possédons un témoignage beaucoup plus puissant; c'est l'énonciation précise de Polybe, 1. I, c. 1 , qu'après la défaite de Pyrrhus, lorsqu'une partie des Mamertins possesseurs de Messine invoquèrent l'appui des Romains contre les Syracusains et les Carthaginois alliés pour les expulser, ce qui fut l'origine de la première guerre punique, en 264, un des motifs de détermination des Romains fut cette consi- dération que les Carthaginois étaient alors maîtres, non-seulement de l'Afrique, de plusièurs provinces de l'Espagne et d'une partie de la Sicile , mais encore de toutes les îles des mers de Sardaigne et de Tyrrhénie. Or , c'est à celte époque que me paraissent avoir été émises les médailles dont il s'agit, à raison des relations avec l'É- gypte qu'exprime leur type principal. Ptolémée Philadelphe jetait alors un grand éclat en Égyple. Dans l'imminence du conflit terri- ble qui se préparait en Occident, les puissances rivales recher- chaient l'alliance du nouveau monarque, qu'on prévoyait devoir être d'une grande utilité. Lui-même d'ailleurs avait appelé, à cet égard, l'attention par la célèbre ambassade qu'il avait envoyée à Rome après l'expulsion de Pyrrhus, et lès Romains avaient mani- festé l'importance qu'ils reconnaissaient à cette démarche en y ré- pondant par une ambassade non moins solennelle. Hiéron 11 avait sans doute compris aussi la portée de ces relations, et les imitations égyptiennes que M. le duc de Luynes a signalées chez ce prince

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semblent une des attestations de ses efforts pour entretenir des rapports équivalents. Il en a été sans doute de même de la part des Carthaginois, en ce qui concerne les monnaies contemporaines dont nous nous occupons , ainsi que d'autres qui portent aussi des types égyptiens. L'alliance des Carthaginois avec le fils de Sôter est en effet notoire, puisque, dans le cours de la première guerre pu- nique, ils s'adressèrent à lui pour un emprunt de deux mille ta- lents , et que , tout en refusant , il les reconnut pour amis ; mais comme les Romains étaient avec lui dans la même position, il crut devoir garder la neutralité : bien que les Carthaginois eussent échoué dans l'objet direct de leur demande, il leur importait beau- coup encore de ménager au moins cette neutralité. Je le répète donc, les types égyptiens des monnaies carthaginoises me parais- sent établir un synchronisme concordant avec le fait transmis par Polybe, et l'attribution que je propose me semble y puiser un motif de confirmation : les lecteurs décideront.

SICILE.

Himère , Agrigente , Céphalœdium , Partorirne.

La numismatique phénicienne de la Sicile a été l'objet de nom- breuses recherches. Il n'entre pas dans mes vues d'en refaire ici le long historique. Je prends la question au point où l'a amenée le dernier ouvrage sur cette matière , savoir le mémoire de M. l'abbé Ugduléna, de Palerme, intitulé Sulle monete punico-sicule, 1857.

Ce mémoire , qui a été couronné par notre académie des inscriptions, fait connaître de nombreuses et curieuses variantes des monnaies de Motya , dont l'attribution, depuis Gesenius, ne laisse plus de doute. Il confirme la leçon yw, tsits, et l'attribution , selon M. Minervini, à Ségeste , d'une médaille publiée par M. le duc de Luynes, et il y ajoute la copie d'un exemplaire inédit où la lé- gende est rétrograde. Cette dernière circonstance rappelle que M. de Saulcy avait précédemment lu de même l'inscription du revers d'une médaille dont le droit porte en grec Panormos. Ce concours de deux noms en caractères et en idiomes différents avait déterminé notre éminent compatriote à regarder le mot punique comme le nom carthaginois de Panorme, et il avait rattaché à cette leçon et à cette attribution une série assez nombreuse d'autres pièces qui offrent aussi tin nom punique de trois lettres, dont celle du milieu est certainement semblable à la médiane du nom y% c'ëst-à-dire

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652 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. à un iod ou i, et les deux extrêmes, identiques entre elles, ont aussi une similitude, mais moins complète, avec les extrêmes de px , c'est-à-dire avec des Tsadé ou ts. Mais M. Ugduléna n'admet pas l'as- similation : pour lui, ainsi que pour Fabricy, pour Gesenius et pour moi, dans la dernière série, la leçon est ion, aia, et il y voit le nom punique d'Himère Je me trouve ici, à regret, en dissidence avec le savant académicien de Palerme.

Son opinion est appuyée principalement sur trois objets de compa- raison : Io un moyen bronze portant la légende punique à côté d'un coq, l'un des types de monnayage d'Himère ; 2° un exemplaire en ar- gent présentant au revers une poule dans un carré creux et au droit un coq semblable au précédent, mais tourné en sens inverse, avec les lettres grecques iàton; 3° une autre pièce d'argent, ayant d'un côté, cheval au galop accosté d'un homme nu tenant la bride , avec la légende grecque rétrograde imeraion: de l'autre côté, nymphe Hi- mère (1) faisant une libation sur un autel ; derrière elle, un caducée où sont entrelacés, outre les serpents ordinaires . deux autres ser- pents vivants dont les têtes sont dirigées vers la nymphe; à l'exer- gue, en lettres grecques et en sens direct,... ton. De ces rappro- chements, M. Ugduléna conclut que les trois médailles appartiennent à une même ville, Himère sur la rive occidentale du fleuve homo- nyme ; que, sur la seconde monnaie, iaton est, au génitif pluriel , l'ethnique de ia, transcription grecque du nom punique, lequel. a précédé Himera; que, sur la troisième pièce, ton est la terminaison du même mot, et que la réunion des deux noms sur le même exem- plaire marque la transition d'un nom à l'autre.

Sur le dernier point d'abord, je ferai observer que, sur un exem- plaire dont le bord gauche ne serait pas tronqué comme il l'est sur le dessin de notre auteur, l'exergue présenterait plus d'espace qu'il n'en faut pour les deux premières lettres ia. Quant à iaton , cette dérivation d'un thème ia me paraît peu vraisemblable, peu d'accord avec les analogies. D'un autre côté, comment, dans le passage d'un mot plus ancien à un mot plus récent, serait-ce l'ancien qui serait écrit de gauche à droite et le nouveau de droite à gauche? En troi- sième lieu, l'on ne fixe point l'époque des médailles puniques : il est impossible cependant qu'on les fasse remonter à la période an- térieure à l'installation des Grecs et au prétendu changement de nom, c'est-à-dire environ 648 ; tous les caractères numismatiques

(1) Gicéron, in Y err. , II, 35, décrit ainsi celle divinité : In Iiis (sigais ex sere) mira pulchritudine ipsa Himera in muliebrem figuram hàbitumque formata ex op- pidi nomine et fluminis.

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me paraissent s'y opposer. Il faut donc attribuer íes monnaies à la ville rebâtie vers 409 par les Carthaginois sur la rive orientale du fleuve, en supposant que les habitants , augmentés, comme le dit Diodore, 1 . XIII, de volontaires africains, reprirent, sur les monnaies puniques, le nom primitif, celui emprunté à la langue des nou- veaux fondateurs. Mais, bien que cette seconde ville n'ait pas été sans importance, il ne me paraît guère vraisemblable qu'elle ait pu, sous l'autorité des seuls Carthaginois , produire une telle série de mon- naies. Au surplus, ici comme pour Cossyre, le nom connu est phé- nicien ; il n'est donc pas probable qu'il y en ait eu deux tirés de la même langue. Ce nom, Himère, doit, en effet, provenir, ainsi que Bochart l'a dit, de non, hmr, dont l'une des significations est JEstua- vit, ferbuit agua : il fait allusion aux sources chaudes qui avaient rendu cette cité célèbre. Le nom grec de la nouvelle ville, Thermes , en était la traduction, en même temps qu'il convenait aussi à cette localité, car elle possédait pareillement des eaux chaudes : mais ce sont celles de la première ville, ou Himère proprement dite, qui ont d'abord été en vogue, c'est à celles-ci que se rapporte la légende de l'ouverture de la source par les nymphes pour soulager Hercule au retourde son expédition occidentale, Diod., IV. C'est probablement ce prodige qui est figuré sur la médaille publiée par Pellerin, Ree. III, pl. cix , n° 31. La nymphe fait une libation comme sur le troisième exemplaire indiqué ci-dessus, et derrière elle, au lieu du caducée, on voit, sur une estrade à un gradin, une tète de lion lançant de sa gueule béante un flot d'eau (1) que reçoit sur son corps un personnage mâle, nu , agenouillé sur le degré de l'estrade dans l'attitude de la souffrance ou de la fatigue. La pièce porte en sens rétrograde la légende imeraion : ce doit être l'ancienne Himère. Pindaro, qui paraît avoir résidé dans cette ville (voy. Pyth. 1), dit, à la fin de la 12e olympique, adressée à Ergotèle : « Par ton habitation sur cette terre, tu relèves la célébrité des bains thermaux desnym-

(1) Plularque , dans ses Sympos., 1. IV , dit que les fontaines émettaient par des ouvertures de gueules de lions les flots continuels des eaux de leurs sources, à cause de la coïncidence du débordement du Nil avec le passage du soleil à travers la consultation du Lion; et, selon Horapollon, Hierogl., 1, 17 et 21 , le lion était regardé par les Égyptiens comme le symbole et de la chaleur et de l'écoulement de l'eau : l'image de la médaille était donc un ingénieux emblème de l'effusion d'eaux chaudes. La même idée, jointe à celle d'eaux salutaires, médicinales, est exprimée sur d'autres médailles de la mime localité par une ligure complexe te- nant a la fois de l'homme, du lion et du coq; l'homme est le génie du lieu, le lion représente l'écoulement d'eau chaude, et le coq, alectôr, ou celui qui soulage, in- dique la vertu réparatrice. Cet emblème du lion explique peut-être l'une des dé-

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phes. » Or, Pindare écrivait du temps de Théron et ďHiéron 1er; par conséquent, du temps de la première Himère. J'ai déjà signalé ( Etude démonstr. de la langue phèn. et de la langue libyque , p. 197) un petit bronze portant évidemment, si je ne m'abuse, le mot ion, hmr; j'en donne ici le dessin :

Le crabe démontre l'appartenance à une ville maritime; c'était en particulier l'un des types d'Himère. La forme décussée du rnem ou m lié au resch our dénote une basse époque, par conséquent la fabri- cation dans la seconde ville et peut-être l'émission sous la domina- tion même des Romains, car, d'une part, on sait qu'ils laissèrent à cette population l'autonomie jusqu'au règne d'Auguste, qui la consti- tua en colonie; d'une autre part, des exemples d'Afrique et d'Es- pagne prouvent qu'ils permirent quelque temps, en de pareilles circonstances, de continuer l'usage de la langue et de l'écriture na- tionales. Mais l'origine du nom ne remonte pas moins à la première Himère, et il n'a donc pu coexister un autre nom phénicien. Thermœ , je le répète, en était la traduction. Mais le sens appellatif du nom original s'étant perdu de vue, on ajoutait ce nom, sous la forme adjective , à Thermœ , et l'on disait Tliermx himerenses (i) : aussi trouve-t-on réunis sur quelques médailles les mots Therma Himeraiôn , Thermitôn himeraiôn : il me paraît très-probable que c'est une pareille leçon qui existait sur le troisième exemplaire de M. Ugduléna. Quant à iaton du deuxième exemplaire, l'auteur dit que les lettres en sont bien claires; n'était cette déclaration formelle,

nominations d'autres eaux thermales aux environs de Sélinonte, Aqux labodx ou labodes : en effet, ruS, LBH, en phénicien mS, LBT, signifiait flamme , cha- leur , et uS, LBI, probablement aussi řaS, LBA, lion, au fém. riNaS, LBAT, comme en arabe ; on trouve donc la double acception : je ne doute pas que ce ne soit l'origine de l'épithète labodx, en sorte que Aqux labodx me paraît une déno- mination donnée par les Carthaginois et la traduction dans leur langue de l'image du lion vomissant de l'eau chaude, c'est-à-dire une appellation signifiant Eaux enaudes. Ce commun voisinage d'eaux thermales a fait choisir pour Sélinonte et Himère des types communs aussi ou fort analogues.

(i; C'est ainsi que, sur une inscription lapidaire rapportée par Muratori , on lit : Invicta: cœlesti uranix.

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qui me met dans l'impossibilité de trouver aucune explication , je résisterais difficilement à la tentation ďy voir aussi une légère alté- ration de la terminaison àe Thermitón. En tout état de cause, les motifs que je viens d'exposer me paraissent suffisants pour exclure la dérivation du mot punique aia.

Dans mon ouvrage précité, p 180, j'avais, à l'exemple de Fabricy, regardé ce mot comme le nom de l'île située entre l'Italie et la Si- cile, à laquelle Homère, Od . x, a donné le nom à'Aiaia en la dési- gnant comme la demeure de Circé. Cependant, bien que plusieurs auteurs décernent h cette île Pépithète de célèbre, il m'a paru, par la réflexion , difficile de persister à croire qu'elle ait pu fabriquer une série de monnaies telle que celle dont il s'agit. Aussi, dans un article publié depuis (Rev. numism ., nouv. série, tome I), j'ai, dans une note, annoncé que ces pièces, après nouvel examen, me paraissaient appartenir à Agrigente. Telle est, en effet, aujourd'hui mon opinion bien prononcée, wk, transcrit aja , esť, à mon avis , l'origine de aga dans le nom grec acr-aga, acr-aga-s, c'est-à-dire du thème fondamental de ce nom.

Plusieurs auteurs de l'antiquité cités par Cluvier et Bochart pré- tendent que primitivement Acragas était le nom du fleuve et que c'est de celui-ci quella ville a pris le sien. Cette assertion est évi- demment erronée. Aera , qui entre dans la composition de ce nom , indique incontestablement un accident de terrain , une hauteur , une colline, et le plus souvent une forteresse, une citadelle sur une colline. Il en était ainsi pour Agrigente, car Polybe, 1. IX, c. 7, s'ex- prime en ces termes : « La citadelle (oíxpa) est à l'orient d'été et dé- fendue tout à l'entour par un abîme inaccessible. On ne peut entrer dans cette forteresse que par un seul endroit du côté de la ville » (Dom Thuillier). Il y avait donc une ville, dont le nom simple a dû être Aga , et une citadelle nommée , à cause du voisinage, Acraga, comme il y avait dans le Péloponèse Corinthe et Acrocorinthe. Acra- gas n'a donc pu être primitivement le nom du fleuve; comme ce nom composé a prévalu sur le nom simple pour désigner la cité , il a été aussi appliqué consécutivement au fleuve.

Le thème fondamental, je le répète, a dû être Aga (1). Ce nom se déduit très-naturellement de transcrit aja , comme , selon M. Ugduléna lui-même, segeste, de , s-js=sgs. Ila dû être donné dès la plus haute antiquité par les Phéniciens avant l'arrivée des

(1) La superposition du terme grec Acra à un mot punique ne pourrait faire l'ob- jet d'une difficulté sérieuse, car on la trouve aussi en Afrique dans Hippocrita, Hip - pagreta , pour Hippou Acra , Acra Hippou , la citadelle ď Hippo Zaritus %

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656 RS V UE ARCHÉOLOGIQUE. Grecs , car on ne peut prendre à la lettre l'allégation par les histo- riens grecs de la fondation réelle par des émigrés de Géla, non plus que celle d'Himère par des envoyés de Zancle ; ces prétendues fon- dations, dont l'attribution était très-recherchée , parce qu'elle con- férait un culte héroïque, étaient le plus souvent de simples transla- tions de populations (1).

On est immédiatement frappé de l'appropriation du nom à la situa- tion. En effet, est universellement regardé comme l'équivalent de l'hébreu , dont la signification essentielle est île. Or , voici comment Polybe, dans le chapitre précité, décrit Agrigente : « Bâ- tie à dix-huit stades de la mer..., la nature et l'art se sont réunis pour la mettre à couvert d'insulte de quelque côté que ce soit ; car ses murailles sont élevées sur un rocher que sa situation naturelle et l'industrie humaine ont rendu fort escarpé. Des fleuves l'en- vironnent tout autour : du côté du midi, celui qui porte le même nom que la ville ; du côté de l'occident et de l'Afrique, celui qu'on appelle Hypsas. »

La plupart des types aussi peuvent se rattacher à ceux des mé- dailles grecques ď Agrigente. Il en est deux dont L. fréquente réu- nion me parait caractéristique : l'un est la tête enfantine ou juvé- nile. On sait que les Agrigentins représentaient souvent par une image semblable l'un des fleuves que l'on vient de dire baigner les environs de la ville; Ëlien, Hist. l. ii, c. 33, déclare expressément que les Agrigentins sacrifiaient au fleuve éponyme de leur ville, sous l'apparence d'un bel enfant en l'honneur duquel ils avaient consacré une statue d'ivoire dans le temple. d'Apollon, à Delphes. Sans doute, plusieurs autres villes de Sicile ont aussi employé dans le même but une figure juvénile; mais la citation particulière des Agrigentins par Élien donne une importance spéciale à leur type. Il y a plus : sur les oboles carthaginoises , ce type est associé à une autre image de fleuve : un taureau ou un protome de taureau à tête humaine et barbue. Est-il probable que ces figures différentes, opposées même, aient été concurremment employées sur les mêmes pièces pour représenter un seul fleuve? Je ne puis le croire. En principe , au caractère commun d'être des symboles de fleuves, ces figures ajoutaient chacune spécialement une acception propre et distinctive; les faces d'hommes âgés et barbus impliquaient ordi-

(11 Un témoignage positif du séjour antique des Phéniciens sur ce point ressort de l'appellation Toros (Polybe, 1. i , c. 3) donnée à une colline voisine d'Agri- gente, appellation dont l'origine sémitique, TO, ITO, tor, rocher, montagne , est bien connue.

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SUR QUELQUES MONNAIES PUNIQUES. 657

nairement l'idée de fleuves d'un certain volume et allant à la mer; les images de jeunes hommes sans barbe, celle de rivières portant à peine bateau (l).Sans doute, quand il n'y avait qu'une figure, la distinction pouvait n'être pas rigoureusement observée : mais lors- que, comme ici, les deux imáges réunies se font contraste , il me semblerait étrange qu'elles n'eussent répondu qu'à une seule inten- tion : je ne puis m'empêcher d'y voir une allusion aux deux cours d'eau qui embrassaient presque complètement dans leur circuit le pourtour de la cité et donnaient la raison du nom punique, cours d'eau d'importance et d'issues différentes, car l'un, l'Hypsas, n'allait pas à la mer, mais se jetait dans l'autre , l'Acragas ; à celui-là con- venait la figure enfantine ou juvénile ; à celui-ci appartenait la tête d'homme âgé et barbu. Cependant, il est vrai que, sur des médailles grecques, le nom Acragas est écrit au-dessus d'une tête juvénile, et c'est aussi le fleuve éponyme de la ville qu'Élien dit avoir été sym- bolisé par une statue d'enfant. Cet auteur a pu ne connaître que l'Acragas, dont le nom a certainement éclipsé celui de l'Hypsas, et, par suite, il a pu tomber dans l'erreur sur l'application du symbole. Quant aux médailles grecques, elles ne réunissent point les deux images et, ainsi que je l'ai dit ci-dessus , ne faisant allusion qu'à l'un des deux cours d'eau, elles ont pu le faire sous l'emblème d'un jeune homme même pour l'Acragas. Mais, je le répète, lorsque les deux images sont simultanément employées, il me semble impos- sible que ce ne soit pas avec le sens d'opposition dont j'ai parlé; que ce ne soit point, par conséquent , une indication des deux cours d'eau dont le voisinage caractérisait Agrigente, et, par suite , une preuve péremptoire de la justesse de mon attribution. .

Le seul point qui semble faire disparate dans l'ensemble des considérations pour cette attribution, me paraît être le type du coq sur l'exemplaire n® 3 de la planche II de M. Ugduléna. Ce type, toutefois, n'est pas exclusivement affecté à Himère. 11 a pu, comme emblème généralement consacré à Esculape, être adopté par Agri- gente qui honorait ce dieu d'un culte particulier et lui avait élevé un temple très-véréré, religiosissimum, dit Cicéron. Mais il a pu même avoir une signification spéciale comme à Himère : ici, en effet, ainsi que le savant Palermitain l'a conjecturé, il était expressément le symbole des eaux salutaires ; il se montre aussi, à ce titre, à Séli- nonte. Or, Strabon fait observer avec raison que les sources d'eaux chaudes étaient nombreuses dans l'île ; il a donc pu en exister aussi

(1) Voy. Hist, de l'Acad. des inscript., in-12, t. VI, p. 12.

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658 RBVUE ABCHÉOLOGIQUE. à Agrigente; la proximité de celles de Sélinonle autorise cette conjecture. D'ailleurs, plusieurs auteurs anciens font positivement connaître une autre particularité qui a pu être le motif spécial de l'emploi du coq comme type monétaire: c'est l'existence dans le voisinage de la ville d'un lac bitumineux : ces auteurs disent que les eaux en étaient appliquées au traitement de certaines maladies des bestiaux ; ils n'en mentionnent point l'emploi dans la médecine humaine ; mais il est difficile de croire que cette extension n'ait pas eu lieu. Fazelli dit que de son temps les Agrigentins se servaient de l'huile ou bitume de ce lac pour la cure de divers genres de ma- ladies. Quoi qu'il en soit en définitive , cette difficulté , lors même qu'on ne la résoudrait pas comme je le propose, ne m'en paraîtrait pas moins insuffisante pour détruire le reste de mon argumenta- tion (1).

M. Ugduléna fait connaître une petite, mais très-intéressante série de pièces en bronze et en argent portant la légende punique K1S3, CPHRA. Comme l'un des exemplaires contient en même temps la légende grecque solontinon, Des habitants de Solous , l'auteur en conclut que les monnaies appartiennent à cette ville, et que cphra en était le nom punique. La conséquence ne me paraît pas rigou- reuse. En effet, dans le mémoire même où je puise ces données, on voit une médaille ayant, avec la légende punique yrs ou n'n, la lé- gende grecque Panarmos , une autre, avec la légende punique les lettres grecques Osion , terminaison de Syrakosion : cependant M. Ugduléna repousse avec raison l'attribution de la première à Panorme, celle de la seconde à Syracuse ; il y voit de simples indi- cations d'alliances. Il peut donc en être de même à l'égard de Ké- phra ou Céptara et de Solous, et, en effet, jequis fort porté à voir dans Céphra, par une mutation de liquide très-fréquente et très- naturelle, soit l'origine réelle, soit la transcription du grec au puni- que de la première partie du nom Céphalœdion ( céphal-oidion ). Dans le premier cas, Céphra (transcription grecque, Céphal) signifierait, ainsi que l'a pensé M. Ugduléna, viens, pagus ; il répondrait à la qualification polichnôn donnée à Céphalœdion par Strabon : oidion, dérivé de tn, voulant dire, d'une part, inftexit, incurvava ; d'une autre part, validus, robustus fuit, s'accorderait soit avec la position à

(1) Ce doit être une médaille de cette série que le Catalogue de la collection Al- lier de Hauteroche décrit p. 16, et représente pl. I, n° 20, avec la légende repro- duite à tort par les lettres grecques STI, regardées comme les initiales de Siilpa, ville dont le géographe Élienne de Byzance parle seul et dont ou ne connaît au- cune monnaie.

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SÜR QUELQUES MONNAIES PUNIQUES. 659

l'une (les pointes ďun golfe dont Solous occupait l'autre pointe; soit avec l'état fortifié de la place, à laquelle Diodore donne le titre de Phrourion. Dans le second cas , la réunion des composants du nom grec signifierait Cap battu par les flots : on a des exemples de noms grecs simplement transcrits en phénicien ; tel, entre autres, celui de Laodicée sur la côte de Phénicie (1).

Un des motifs invoqués par M. Ugduléna, pour rejeter l'attribu- tion à Syracuse des médailles inscrites de la légende punique kw , est emprunté à M. de Saulcy, qui dit à cette occasion : « Gesenius, qui traduit la légende par insula , ile, n'h'ésite pas à considérer ces monnaies comme ayant été frappées par le quartier de Syracuse qui avait reçu le nom de Nr,<roç, île,... Sachant à merveille que Syra- cuse ne fut jamais envahie que momentanément par les Carthagi- nois, il se trouve assez embarrassé pour expliquer l'existence des diverses monnaies syracusaines, suivant lui, qui portent des légendes purement puniques.... »

Cette observation puissante m'a embarrassé moi-même au sujet d'autres médailles qui présentent la légende punique nNl>a, baratA ou boret/i, etc., et que j'ai, à l'exemple de Gesenius, aussi attribuées à la partie de Syracuse nommée Ortygie, là où était la fontaine Aré - thuse , en expliquant la légende différemment, savoir en la décom- posant ainsi: naiN-a, b-aretä, Ad Arethusam. M. Ugduléna, qui paraît ne point connaître mon interprétation, repousse l'attribution fondée sur les motifs de Gesenius , et il adopte la provenance de Lilybée proposée par M. Grotefend, lequel y voit une allusion au puits miraculeux, naiNa, qui existait dans les environs de cette ville.

J'abandonne l'attribution à Ortygie. Mais je ne puis admettre celle à Lilybée , car ce mot, avec la signification En face de la Libye , doit être lui-même le nom punique, et je trouve ici, par consé- quent, un empêchement semblable à celui que j'ai déjà signalé pour

(1) Qu'on attribue ces pièces à Céphalœdium ou à Solous, il n'en sera pas moins à remarquer qu'elles portent quelquefois des types d'Agrigente, par exemple au revers du n° 3, pl. I, de M. Ugduléna : cette particularité est plus frappante sur les médailles citées, d'après Torremuzza, tab. X, 4 et 5; par Munter, Relig. der Karthag ., p. 166, et pl. I, n° 3, sur lesquelles la tête d'Hercule de l'exemplaire précité de M. Ugduléna est surfrappée sur des pièces d'Agrigente positivement. Cela tend à faire comprendre qu'un type d'Himère, le coq, ait pu être récipro- quement emprunté aussi par le monnayage carthaginois d'Agrigente. Ces corréla- tions résultent du synchronisme des conquêtes de Sélinonte, d'Himère et d'Agri- gente (-410à-406) par Annibal, petit-tils d'Hamilcar, et par Imilcon : elles avaient pour objet de lier immédiatement entre elles ces nouvelles possessions.

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660 BEVUE AttCnÉOLOGIQÜE. Ia substitution d'autres noms puniques fi ceux de Cossyre cl d'IIi- mère. Je vais donner d'ailleurs un autre motif péremptoire :

M. Ugduléna maintient à Panorme les tétradrachmes à légendes puniques Valant, les uns runa et ses variantes, rotn mp , wrn mp nano ; les autres caffira.

Il me semble d'abord impossible de souscrire à la confusion de cette dernière légende avec l'autre, dont la formule complète est ritnri mp narra ; or, si l'une des deux devait être réellement assignée à Panorme, ce ne pourrait être que celle-ci (1). Mais je crois avoir, tant dans mon Étude démonstrative que dans mon article précité aussi de la Revue numismatique , présenté des motifs assez forts pour faire prévaloir l'attribution de cette légende même à la partie de Carthage où la population était réellement installée et qui est nommée dans les auteurs grecs et latins tantôt Megara , Magalia, transcriptions altérées de runa, tantôt Néapolis , traduction de mp nttJTTi, par opposition à C admet a, l'ancienne épithète de la citadelle ou Botsra , Byrsa. Cette opinion me paraît aujourd'hui confirmée par la découverte du véritable nom punique de Panorme. Or, ce nom, si je ne m'abuse, n'est autre précisément que la légende ruma , rum-a, dont je viens de parler. Il suffit, pour le trouver, de substituer à ma transcription primitive b-aretA, où je croyais voir sur l'Areth ou l'Aréthuse, ad Arethusam, cette nouvelle transcription b-oretA, conforme à toutes les analogies, puisque l'on sait que le son vocal attaché à Yaleph était essentiellement vague; que, par conséquent, le premier aleph de la légende peut très-légitimement être rendu par o aussi bien que par a. b-oretA veut dire Sur l'Oreth, ad Orethum, savoir le fleuve auprès duquel Panorme avait été bâtie : Orethus, Panorhmi Sicilix, dit Vibius Sequester, dans son Catalogue des fleuves. On conçoit dès lors la fabrication du médaillon maxime semblable à celui de Syracuse; la capitale des possessions carthagi- noises en Sicile a voulu, sous ce rapport même, ne pas rester infé- rieure à son émule grecque.

A. Jddas.

(I) A Pexemple d'Hamaker, j'attribue l'autre, savoir D3OTID, s Aspis, sur la côte d'Afrique ; voir mon mémoire précité de la Revue numismatique.

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