Symboles et pratiques rituelles dans les maisons paysannes et traditionnelles

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1 ma1son Herv Fillipetti & Janine Trotereau 1 01978,&litionsBergerLevrault,Paris. f (IU:\ droits rservs. --..-introduction ongtempsmprise parleschercheurs,l'architecturepaysanneest depuisquelques annesremiseenvogue par le public comme par les professionnelsdelaconstruction.Lesarchitectesquilaconsidr-rentlongtempscomme peu digned'intrt y puisent aujourd'huide nouvellessourcesd'inspiration.Cerenversement desmentalits, s'il a permis desauver del'oubli unhabitat dont beaucoup d'exemples ont par ail.Jleurstout jamaisdisparu,n'apas pourautantamenunecomprhension plus grande del'habitat traditionnel: onneveut yvoir aujourd'hui qu'objet parfaitementadaptaumilieunaturel>>,produittechnologiqueol'astuce pallie lemanque demoyens, chef-d'uvred'quilibreet debon got.En unmotunechoseunpeuvieil/ote,pleinedecharme,bienconstruite. Sans rejeter cesapprciations,nous pensons qu'il convient deles compl-ter,de fairedel'habitatdel'hommeautrechosequ'unentrept,de jairede l'homme autre chose qu'un tre proccup deson bien-tre matriel, de sa sur-viephysique.Sil'habitatruraltraditionnelnousparatextraordinairement complexe c'est justement parce qu'il obit une srie decontraintes qui dpas-sent largement lestrict cadre desbesoins matriels. C'est par essence un pro-duitculturel et par l-m!'le il exprime, outre les capacits d'adaptation tech-nologiqued'unesocit,lescaractristiquesessentiellesconcernantses croyances,sescraintes,sareprsentationdel'univers. Il sera toujours possible defaire entrer dansle cadre triqu d'une typolo-gie plus ou moins savante les formesdel'habitat paysan traditionnel, il ya de 1 0 forteschances pour que l'on passe ainsi ct deshommes qui les ont produi-tes.Sans exclure le bienjond d'une analyse technique de l'architecture rurale, nousenproposonsiciunelectureplus profonde,certesplusalatoirecar chappant larigueur del'pure,mais redonnant lamaisondel'homme sa vraiedimensionspirituelle.Tout aulongdesonhistoire,lasocit paysanne exprimeunecommunionconstanteentrel'hommeet sonenvironnement.Ce dernier n'est aucun moment unterritoire l'usage exclusif deshommes mais unmilieu oceux-ci occupent une placeet exercent un pouvoir dfinis, parmi d'autres forces,enaccordavecelles. L'arbrequel'onexploite,l'animal quel'on fait travaillernesont pasde simples outils de production mais participent lavie de toute lacommunaut; lesproduitsquel'oncultive,lesmatriauxquel'on faonnenesont jamais rduitsl'inertiemmelorsqu'ilsontttirsdeleurmilieunaturel,transfor-ms: ilscontinuentderagir,toujourscapables d'intervenir soit enbien,soit enmal selonquel'ona suou pas respecter lesrglesstrictes concernantleur utilisation. Il n y a ainsi jamais rapt delanature,mais continuel change,don librementconsenti.Cen'estqu'ainsiquel'onpeutcomprendreleperptuel dialogue del'homme avecleschoses et lestres qui l'entourent,lacontinuelle interrogationdumilieu pour comprendre lesractionsdetoutesles forcesqui l'animent.Le dialogueaveclecheval oulesbufsquel'onexhorte,quel'on stimule,quel'onremercie,rejointledialogueaveclesarbresquel'onsecoue ou quel'on pare derubans.Le respect que l'on porte au pain ou lamaie qui abritelaptevadepairavecl'utilisationmagiquequel'on faitdecertains objets.Aaucunmomentleschosesoulesbtesnesontqu'elles-mmes:la personnalit dontonleschargelesrendreprsentativesde forcesquel'onse doitderespecter,decraindre,pour mieuxlesutiliser.Cen'est paslacrmaillre entantqu!objet domestiquequel'on jette verslesnues pour loigner l'orage, mal$' la puissance manant delacohsion familiale qu'elle symbolise, ce n'est pas lebalai entant que tel que l'onretourne pour carter lemauvais il, mais commesymbole domestiqueattestantlavigilancedechacun faceauxagres-sionsdudiableetdesjeteursdesorts. Cettevisiondumondenousinterditdeconsidrerlamaison paysanne traditionnellecommeleseulassemblagedematriaux plusoumoinsno-bles,l'agencement plusoumoinssavantdepicesdeboiset de pierres,de terreetdepaille,lajuxtapositionplusoumoinshtroclitedevolumeset d'espaces.L'intimit del'hommeavecsamaisonn'est pas diffrentedecelle quileliel'ensembledesonexploitation,objetset tresconfondus.Bien plus qu'un abri>>,lamaisonpaysannetraditionnelleestuncorpssocialet plus encore unobjet cosmogoniqueos'exprime latranscription deslimitesspiri-tuellesentrel'hommeetl'ensembledes forcesqui rglentl'ordredeschoses. Enaucuncaslesindividusn y sont enscurit absolue, pas plus, pasmoins qu'l' extrieur>>si tant est quel'on puisse distinguer unintrieur et unext-rieuraux frontirestangibles. Cenesont enaucuncasleslmentsdelaconstructioneux-mmes qui l8 protgent l'individu et ses biens, car lamaison en soi est ((transparente)), mais c'est un bouclier magique)) designes,demarques,d'objetssymboliques qui assure cette protection, qui marque lesvraies limites del'habitat.Signes,mar-quescomposaientaudpartunvritablelangagedestin jaire connatrela situationoulerang .social,les problmes proccupants,lescralntes,lesesp- . rancesdesoccupants dumoment. L'aisance,la pauvret,undcs,unmaria-ge,unenaissance,l'attentedela fcondit,la peur dudiable,la proprit,la craintedel'orage,l'hommagerendulanaturebienveillante...Toutesces informationsnoussont livresenvrac par lamaison paysanne traditionnelle. Ils'agit pournousdedchiffrer,delirelessignes,d'ytrouverl'homme. On pourrait penser qu'il s'agit l d'une dmarchetendant retrouver une socit historique, travers des tmoins fossiles plus ou moins respects par le temps. En faitil n'en est rien;l'incroyable persistance des croyances, desrites, desattitudes se rvle dansune Traditionqui, si elle ne correspond plus tout faitauxmmesmotivations, unemme interprtationdeschoses,neconti-nuepasmoinse x i s ~ e r ,plusoumoinslocalement,p.Zusoumoinssecrte-ment.Ce n'est pas tant lavision del'homme qui a volu propos des phno-mnes qui l'entourent que l'expression desa vision: les objets de culte ont par-foischang,maislescroyancesdemeurent,mmesileurmanifestation publique n'est plustout aussi vidente.Aussi est-il prilleuxd'affirmer solen-nellementautrefoislespopulationsruralesdetellergionavaientcoutu-me ... )).Autrefois? A lorsqu'ilsuffitdequelquesrecherchesdeterrainpour .' voir resurgir,intactes, des pratiques que d'aucuns assuraient avoir disparu (( la findusicledernier))ou partirdeladeuximeguerremondiale )).Les religions naturelles ont lavie dure :les constantes attaques de l'glise vis--vis duculte deseaux,des pierres,desarbres,tout aulong des sicles n'ontjamais aboutiqu'teinterpartiellementd'unecouleurorthodoxedescroyanceset pratiquesrestes foncirementpaennes. Lescroyancesetlesritesrelatifs l'habitatn'chappent pas largle. Car lamaison n'est qu'un espace occup et proccupant, parmi d'autres, et les activitsqui s'ydroulentnesontque destapesd'unvasteensembledbor-dantlargementlalimitedesconstructions.Encesensil nousestinterditde considrerlamaisonpaysannetraditionnellecommeunespacehomogne, protg, scurisant, il ne l'est pas plus que tout autre et il est ncessaire de dis-posersesabordsautantdesignesprotecteursqu'auxquatrecoinsdes champscultivs. A us si l'homme etsonhabitat ncessitent-ils lesmmesrites cathartiquestoutaulongdel'anneetl'osmoseest grandeentrelesrythmes imposs par lescycles naturels,laviedelasve,et lesgrandsmoments dela viedomestique.Lamaisonn'estenfaitquel'amnagementdematriaux vivants,issusdelanature,appartenanttoujourslanature,hants parles mmes forces:l'hommen'yestqu'entransit,untransitcraintif.Dsespr-ment nu dans sa coquille. J.T.& H.F. / L'htie .del'titdanslescroyances -etlesritesdumondetLral trnonnel Lesritesetles ftesagraires. Lescroyances. 1 12 \ 1 n'est nullement question pour nous de dresser un tableau exhaustif des croyan-ces et desrites du monde ruralantique;maislaconnaissance de quelques l-ments despratiques et dessymboles utilisspar le'SGrecs et les Romains nous permettra debiencomprendrenon pas tant l'origine descroyancesdumonde paysan contemporain (que l'on doit rechercherbienavant cespriodes) que la continuitdesattitudesdel'hommefacesonenvironnement. La plupart desrites agraires, descroyances et des cultes, des objets et des recet-tes magiquesquenousdcrironsplus loinpour la priode contemporaine se retrou-venteneffetdsl'poquegrecqueet romaineavecparfoisunesimilitudepresque parfaite.La crainte desmmeslments,l'adorationdesmmesforces,l'utilisation desmmessymbolessont peine maquillesaucours desgespar une adaptation aucontexte cultueldumoment :la formeoule nompeuventchanger maislefond reste identique. De la dendroltrie des Grecs qui vnrent le chne de Zeus aux cultes rendus ..auxarbrestoutaulongdumoyen-gefranaisetau-del,jusqu'auxdix-neuvimesicle,dessacrificesmarquantle dbut d'une construction ou sa finchez lesRomainsauxpratiquessimilaires quel'on retrouvenotre poque, l'histoire du monde- rural est marque par une tonnante stabilit des croyances. Il est donc vain devouloirenfermerl'analysedesractionsde la paysannerie franaisevis--vis de sonenvironnementimmdiatetparticulirementdesonhabitat,dansuncontexte strictementcontemporainet aussid'ailleursdansuncontexte strictementnational. Tropdefilsrelientchacunedescroyances,chacundessymbolesutilissjusqu' l'poque actuelle un fondsantique universel.Le passage de la thogonie grecque celle du monde romain,lepassage du polythisme antique au monothisme chrtien n'ont que peu modifi des attitudes dictespar une religion naturelle quia plus cher-chunejustificationdanslescroyancesofficiellesqu'ellen'yapuisdessources d'inspirationnouvelles. La longuesuite de fteset de crmonies jalonnantl'anne dumondeagraire, dessemaillesjusqu'auxmoissons,semblebientirersonoriginedemanifestations identiquesdj prsentesauxpoquesgrecqueet romaine.La lecturedePline, d'Ovide, dePlutarque,de Pausanias,deStrabonnousdonnedeslmentsdecomparaison possibles.Ainsi, t'importance des solstices d'hiver et d't dans le monde rural tradi-tionnelseremarqueautantdanslesfestivitsqui,dansl'aptiquit,marquentces priodes que dans lesftesplus ou moinschristianises de l'poque contemporaine. Lescroyancescontemporaines relatives aux vertus de certaines plantestrouventleurorigine aussibiendanslesvieux cultes celtiquesquedansla phytoltriedespeuples nordiques,desGrecsoudes Latins.Lacueillette duguipar lesdruidespassedansle folklorehistoriquedela Gauleprromaineetromaine estrelateparPlinedansson HistoireNaturelle .Alors 4u'actuellement,leg1.:1i porte-bonheur desftesdunouvelan provientden' importequel arbre,seulceluiquipoussait sur le chne rouvre, le plus rare, tait chez lesCeltesl'objet d' un culte. Pagesuivante : Lecuitedel' arbreest certainement celuiquiale plus marqulespopulationstant ruralesqu' urbaines:rpandu cheztouslespeuplesde l'antiquit,ilestcombattupar l'glisetoutaulongdeson histoire,maisenvain.L'arbre solitaire,oul' arbredelafort continuerontdurantlemoyen-gerecevoiroffrandeset processions.Lesderniers vestigesdel'adorationde l'arbre semanifestent encore au xxe sicle enEurope, travers lescoutumesdumai d' honneur ,,del' arbre commmoratif,ou de l'arbre de Nol. --1 ---14 ------ - _ .......,_._--

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' Le solstice d'hiver quimarque le retour de la lumire, la dernire grande nuit de l'anne, est consacr depuisla plushaute antiquit au culte du soleil. Dans la Rome antiquec'estle25dcembrequel'on ftaitleNatalis Jnvicti Solis,la Naissance du SoleilInvaincu,qui,aprsavoirtravers lestnbresrevenait chauffer leshommes. C'est cette poque de l'anne que les Romains ftaient Saturne, filsduCiel et de la Terre,crateurdel'agriculture.Durant cesSaturnales, onbrlait des chandelles de cire enoffrande au soleil.C'tait galement une priode de grandes rjouissances o touteslesdistinctionssocialestaientabolies: le roitait tir au sort par l'interm-diaired'unefveplacedansungteau;onretrouveaussicettecoutumedansla Perse antique.La ftedes Rois mages de l'glise ne faitdonc que se superposer un lmentprexistant. Demme,leventdefoliequisoufflaitsur la populationetleclergpendant cette priodedefind'anne neput tretotalement rfrn que trs tardivement : la findu quinzime sicle, on assiste encore aux efforts dsesprs des Pres de l'Eglise pour fairecesser cesFtes desFous o le clerg lui-mme prend une grande part aux dfoulementscollectifs,cesftesdel' Ane o l'onamenait l'animall'autelpour le faire par sescris, participer la sainte messe.Au dix-huitime sicle mme, certains vestigesdecesftessubsistentencore,maisseulementauxabordsdesglises. Cettepriodedusolstice d'hiversembledoncavoirmarquprofondmentles populations quiy ont vuledouble symbole du soleil qui meurt - et qui par l-mme bouleversel'ordretablidel'univers- etdusoleilressuscitant,faisantaveclui renatre la nature entire.Le culte dusoleil, lecultedufeuse retrouventaussibien dansleschandellesromaines,danslesapinillumindesNordiques,quedansla bchedeNolchrtienne,etl'ided'offrandeautantdanslesgteauxofferts Hcate par lesAthniens ou ceux faonnsl'image des dieux par les Romains que danslespainscornabufsoffertsNolauxpauvresduBerryjusqu'ausicle dernier(lebuf taitl'attribut dusoleilchezlesGauloi s).N'oublionspasdeplus que jusqu' une poque rcente subsista dans certaines rgions comme la Normandie l'habitudedefairedegrandsfeuxdanslesvillagesla veilledeNol.Nousverrons plus loinl'importance que prend letison de Nol dansla pratique prophylactique du mondepaysan traditionnel.n n'a enfaitd'gal que letison tirdu brasier desftes dusolstice d't dont lesfeux de laSaint-Jean fontl'exact pendant ceux du solstice d'hiver. L'offranded'unanimal sacrifienl'honneurdesdieux dontonveuts'attirerles bienfaits estune constante dela viequotidiennedelasocit romaine.Sousuneformeplus oumoinsdulcore.cette pratiqueasubsistjusqu'une poque rcentedans les ritesde constructiondespopulations rurales.L'gorgementd'une poule, d'uncoq ou d'uncanard lorsdelaposedelapremire pierre,ouaumomentde l'inaugurationd'unbtiment n'ad'autrebutquedese concilierlesforcesoccultes. ' . . . -, Considrscommedes intermdiairesprivilgisentre lesdieuxetleshommes,les animauxfurentconstamment interrogs,dansleurs dplacements,leursattitudeset jusquedansleursentraillespour interprter les messagesdont ils taientcenss tre porteurs.De lapratiquedesaugresetdes aruspicesantiquesaux croyancesaujourd'huiencore vivacesrelativesauvoldela pie, aucridelachouette ouau cheminement de la belette, il n' y aenfaitaucunediffrence. 17 La prennit des ftespaennes est parfaitement exprime travers la coutume decesfeuxdela Saint-Jean.Encore vivacesl'poque contemporaine, ces ftesdu feu,rassemblant en un lieu lev de la commune ou sur la place du village l'ensemble de la jeunessepourbtir un norme bcher plantd'unarbreauquelon metlefeu pendant la nuit de la Saint-Jean, remontent en fait aux poques les plus recules de l'humanit.Lesvieuxcultessolairesnepouvaientquemettreenvaleurcedernier jour de gloire du soleilarriv au maximum de sa force qui peu peu cde le pas aux tnbres chaque jour plus paisses, et en mourant progressivement assure la fcondi-tdelaterre. Aussiloinquel'onremontedanslestempshistoriquesonretrouveletmoignage de ces feuxdu solstice d't, dernier hommage rendupar les hommesau soleil : chez lesGauloisdont le dieuBeltait assimil l'astresolaire, c'est cettepoqueque l'on dressait des bchers sur les collines leves et les montagnes. C'est galement au momentdu solstice d't que se plaaient lesPalilia des Romains, les ftes en l' hon-neur de la desse Palsquiprsidait aux troupeaux, o l'on faisait feuxdont on attendaituneactioncathartique.AulivreIVdesesFastes,Ovide nousdcritces ftesencestermes:Biensouvent au jour des Palilia, j'ai saut traverstroisbra-siersaligns,bien souvent j'ai asperg l'autel d'eaulustrale avec une branche delau-rier ... Imitez-moi jeunes bergers, allumez les feux, faites passer rapidement vos corps gnreux traverslesamas embrass de paille qui ptille: l reste del'anne la des-sePalsvousserapropice;vosbrebisserontfcondes,vosbliersvigoureux ... Cesont les mmesfeuxque l'onretrouve toutaulongdumoyen-ge dansles villes et les campagnes, avec des restes de sacrifices quipeuvent nous instruire sur la naturedesoffrandesquel'onfaisaitautrefoisaudieusoleil.L'idedepurification assurepar lefeuque l'on traverse d'unsaut passeparla croyance qu'il dtruit les dmons habitant lecorps : lesacrifice d' unchat noir quipersista officiellement jus-qu' laveillede la Rvolutionfranaiseillustrebien la destruction des forcesmali-gnes,symbolisesparl'animal,qu'onattendaitdecesbchersardents. Lesgrandes ftes du feuque l'on prte aux Celtes voyaient de mme le sacrifice d'hommes et d'animaux destin fertiliserla terre et appeler sur elle tous les bien-faitsdesdieux.Lesgrandsmannequinsd'osieretd'herbesdanslesquelstaient enfermes lesvictimes que l'on jetait aufeureprsentaient les esprits vgtaux qui se manifestaientdansl'abondance desrcoltes: lesgantsd'osier brlsaucoursdes .. . 1 .. . . . ... ' .. ' c.ftesde l't dunord de la France, le mme gant autrefois brl en Brie la veille de laSaint-Jean, de mme que les gants de carnaval semblent bien tre les restes fossi-lesdecescultesantiques. Maislefeuquipurifie est aussilefeuquifconde,et l'association des feuxde Saint-Jeanaux ritesde fconditest manifeste lorsque l'onsait que les jeunes filles quisautaienttraverslesflammesenattendaientlemariage, et lesjeunesmaries unematernitrapide. L'importancequ'onteuecescultessolairesexpliqueleurmaintiensousune formeplus oumoins dulcore jusqu' notre poque. L'glisepar la voix de ses prdicateursetpontifesadepuissonorigineessaydelesfairedisparatre,n'a jamaisrussiqu'habillerd'unvernischrtienlesvieuxritespaens(1). La datedenaissancedesaintJean-Baptistequiconcideaveclesolstice d't n'est donc pas plusun hasard quenel'est celle du Christ placeau solstice d'hiver. Mme si la _longuela signification desritesa t perdue, le ftichisme vou leurs produitss'est maintenu jusqu' l'poque contemporaine :jusqu'au dbut du sicle et parfois au-del, les populations rurales ont, comme par le pass, continu attribuer auxtisons de Nol et de la Saint-Jean, aux cendres de ces feux,aufeului-mme, des pouvoirs purificateurs, fertilisateurs, protecteurs.La place occupe par ces lments, commenousleverronsplus loin,danslescultes domestiquesdpend d'un hritage vieuxcommel' histoiredeshommes. Desremarquessimilairespeuventtrefaitesencequiconcernelesautres arandsmomentsdel'annequesontlesftesdefind'hiveretduprintempset les l'tesdemai. L'veil progressif de la nature aprs le sommeilapparent de l'hiver tait assimi-lchezlesanciensla luttedesforcesdubiencontrelesforcesdestnbreset il convenait de faireensorte que ces dernires abandonnent effectivement les champs, lesvergers, les hommes.Lesmasques du carnavalsymbolisent parfaitement ces for-cesmalfiques qu'il faut mettre en droute (masque en Provence dsigne la sorcire). Mais la purification des lieux est avant tout assure par le feu, au pouvoir cathartique depuistoujoursreconnu.C'estl'aidedetorchesenflammesque,jusqu'une poquercente on allait,le jour des Brandonspar leschamps et les vergerschasser ledmonsassimilsaux rongeurs et aukmauvaises herbes.Al'poque romaine on usi5tait de mme aux crmonies qui devaient protger la nature et les futures rcol-, 1cullesrendus (Mty10souBacchus, dieux du 91ft. ontttelpointtenaces kJquileurtaient dansl'antiquitont reprtspar I'gse pour fixer n'Bacque etlasaint llfft Ocscrmonies ldoratundecaractretrs lt'mtntpaen ont treleves r 1lonviticole jusqu' la fin 1X' 'iecte. ' 1.Au dbutduVIP sicle,saintloi crivait : vous runissezpasau solstice,qu'aucunde vousnedanseetne sauteautourdufeu,ni nechantedechansons le jour de la Saint-Jean; ceschansonssont diaboliques 19 1 2.Certainesdeces croix avaient jusqu' un mtrecinquantede haut.Lebl,le chanvre,l'avoine, taientcensspousser jusqu'auniveaudela croix.Celles,plus petites,quele moissonneurtrouvait soussa fauxtaient recueilliesavec vnrationcommedes objetssanctifis. 3.Riend'ailleursne permetd'endouter puisqu'onsaitqueles Rogationsontt instituesparsaint Mamertdslesicle enremplacementdes pratiques paennesde cette priode del'anne. 4.CfCharles Beauquier : ,-Lesmois enParis1900. 20 tes. Dieux demon pays. crit le pote latin Tibulle, nous purifions nos champs. nous purifions nos fruits.Ne souffrez pas qu'au lieu dubl promis lesherbes avidestrom-pentlafauxdesmoissonneurs. Malgrlalutteconstantedel'glisepourfairedisparatrecespratiques,la pyroltries'estmaintenuejusqu'J'poquecontemporaine.Lesrouesenflammes qu'enChampagne l'onfaisait,pourlesBrandons, jusqu'la veilledela deuxime guerremondiale,dvalerlelongdespentes,lesprocessionsauxflambeauxqui devaientassurerdesrcoltesabondantesexprimentbienlaprofondeurdeces croyancesetlesdifficultsquel'glisearencontrespourlesfairecesseroules dtourner son profit. Malgr ses nombreux martyrs, le paganisme perscut tout au long des sicles a ainsi maintenu sa prsence. Libanius dj dans son Oratio pro tem-plisadressl'empereurThodoseleGqmdentreprendunardentplaidoyeren faveurdumaintiendesanciens cultes et descrmonies traditionnelles interdits par l'glise triomphante.Ira-t-on fairedugenredeviequechacunmnechezsoi tob-jet dednonciation?ctaitunancienusagedeserunirdansleschampsles plus connuset,aprsqu'on avait sacrifi,d'yclbrer unbanquet.On suivit cette coutu-me aussilongtempsquelessacrifices furent autoriss ... Acertains jours fixes tablis par l'usageetdansleslieuxaccoutums onrenouvelaitcessolennits champtres ... Quinze sicles aprs Libanius, les rites subsistent; les branches de buis bnit plantes dansleschamps, danslesprs, dans les vignesle jour des Rameaux, les processions desRogationspourlefoin,pourlebl,pourl vigneo l'on plantait descroix (2) identiques celles des Romains sont-elles autre chose que les survivances descultes antiques, des Ambarvales dumonde romain, des processions pour la desseCrs? (3).LefaitrelevpourlaFranche-Comt(4)estgalement trssignificatif:dans cetteprovinceaumomentdesRogations,le curcollait surdescailloux rondsde petites croix de cire avant de les jeter dans les champs. On les appelait fumier de cur montrantbienpar-l lerlefertilisateurqu'onenattendait.Le jet d'objetsvaleur prophylactiqueouapotropaqueseretrouvedanstoutel'antiquit. Lesritespaensdeclbrationduprintemps,traverslescoutumesdumai fontpreuve d'une gale prennit.Sil'on peutlier la tradition de dresser le1ermai desarbresquel'onatransportstriomphalementtraverslesruesdu villageaux Floralia des Romains qui se situaient la mme poque, il est galement possible de la rattacherau culte antique de Maa clbr par lesGrecs. Comme leculte du feu, Lacroyance endesdivinits rgissant Jerythmedeviedes vgtauxet!?abondancedes rcoltesnes'est jamais totalementteinte.L'antique cultedeCrsdeessede l'agriculturetrouvedeschos jusqu'audbutduxxesicle danslesnombreusespratiques rituellesmarquantlafindes moissons. '1 .. ; . ' :a.:Jt41 1;;mn ' f1'11 "" L,..\- r ... .. . - ._r :{ : 1 S.Cf.Deroy,Berger, De/planque ... : Les traditionspopulaires dansleNorddela 6.Pline : Histoire Naturelle JI.7.Snque: Questions naturelles JI.8.SaintAugustin : LaCitdeDieu 11.22 cette phytoltrie apersist, tant sonimportanceat grande et malgr lesattaques toujours renouveles de l"glise, jusqu' l'poque contemporaine. Alors que ds 585, leconcile d'Auxerre condamne les pratiques quiconsistentvnrer desfontaines, desbuissons et des arbres, en1579, leconcile provincialdeMilanritre l'interdic-tion decouper desarbresavecleursbranches,deles promener danslesrues et dans lescarrefours,etdeles planterensuiteavecdescrmonies follesetridicules(5). Ce mois de mai consacr aux ftesen l'honneur de la nature tait si essentiel dans le calendrierantique,queletravailytaitproscritetlesmariagesimpossibles :cet interdit est rest vivacedanslescampagnes jusqu'au dbut duvingtime sicle.Le moisdemaiconsacrpar l'empire romain la desse Maa,mre de la nature, fille d'Atlas, est depuis le triomphe de l'glise consacr Maria, mre du Christ Lumire duMonde. Le culte de l'uf qui, au moment des ftes de printemps eut une importance par-ticulire chezlesRomains, comme d'ailleurs chez lesHbreux oulesPhniciens, se retrouve demaniresimilaire dansles pratiquespascales du mopde contemporain : nous verrons par la suite l'importance que Puf a conserve dans les pratiques magi-quesdeprotectiondelamaison. Lespratiquesrituelles,lescrmoniesreligieuses,quiont jusqu' unepoque rcente et mme jusqu' nos jours rythm la vie des campagnes,au gr de la course dusoleiletdela viede la vgtation,trouvent doncleurfondementdansunpass historique lointain et sans doute au-del, dans les ractions des populations prhisto-. riques faceaux transformations priodiques dela nature. Mais la trace de ces cultes anciens ne se limite pas des manifestations publiques plus ou moins reprises par la religion chrtienne : elle se retrouve galement dans lespratiques individuelles et les croyancesrelativesaucaractrebnfiqueoumalfiquedesplantes,desanimaux, des objets, propos de la vie quotidienne des hommes et de leur habitat. Destin se protger des jeteurs de sorts, meneurs de nues, sorciers mettant en danger lesrcol-teset lesbiens, ou au contraire porter la dsolation dans les champs voisins, l'usa-gecontemporain du caractre magique de ces diffrents lments s'avre identique cequ'il at durant l'antiquit. L'importance de la sorcellerie dans le monde romain estattestepardesauteurstelsquePline(6),Snque(7),ouplustardSaint-Augustin (8),quien ont parfaitement dcrit les ravages et la rpression dont les sor-ciersontfaitl'objet. La religion grecque, qui dans chaque arbre voyait une.divinit et qui attribuait certainsdieuxlacrationdesdiffrentesespcesvgtales,algul'essentieldes croyancesconcernantlepouvoirmagiquedesvgtaux.Reprise parlesRomains, mleaux croyances desCeltes, des Germains et desScandinaves, cette phytoltrie antiqueapersvrdanslespratiquesquotidiennesdu monde ruralcontemporain. On remarque ainsi la persistance des cultesconcernant des arbres telsque lechne, lelaurier, le cyprs, le noyer, d'arbustes tels que l'aubpine, te sureau, de plantes tel-lesquelegui,l'armoise,l'ail,lechardon.Lechneest consacrZeuschezles Grecs, Jupiter chez lesRomains, Thor chez les Germains, Esus chez les Celtes; c'est par excellence l'arbre sacr assimil au dieu du tonnerre et de la foudre.Le lau-rierquantluiestarbred'Apollon,il cartela foudre,loignelamaladie;c'est, disait Pline,leplusbel arbre duParnasse,symbole de vieet d'allgresse, il protge desmalfices.Si le laurier est symbole de vitalit, lecyprsest la foissymbole de mort et d'ternit. TIest, ds l'poque grecque,plant prs des tombes et les cercueils sont faits de son bois; dans le monde romain, c'est l'arbre de Pluton, dieu des morts. Lessymbolesattachscesespcesdurantl'antiquitontpersistjusqu' notre poque, et si lesautels ne sont plus dresssau pied des arbres sacrs, on recon-natle$croyancesattachesauxdiffrentesvarits:lecyprscontinuetre la marque des cimetiresetlesvertusprophylactiques et apotropaques du laurier ont tutilisesjusqu'nosjours.Demmeque,aumomentdesf.tesconsacres Apollon,lesGrecsetlesRomainsaccrochaientauxportesde leursdemeuresdes branchesdelaurierquidevaientleur porterbonheur et lesprotger tout au long de l'anne,leshabitantsdenoscampagneslesutilisrentet enattendirent desembla-blesservices.ll intervient encorel'heureactuelledansdesrites de mariage ou de protection de la maison. Quant au noyer qui cheztait arbor irifelix, il a gard,l'heureactuelle,sarputationd'arbremalfique. Maisla persistance descroyances est encore plus frappante en ce quiconcerne l'aubpine.Les anciensluiattribuaient les mmes pouvoirs vis--vis de la foudre, de lamaladie,dessortilges que ceuxquenousretrouvonsl'poque contemporaine. Elleprcdaitlescortges desmariagesromains,et onutilisait dscette poque la branche d'aubpine pour lutter contre les malfices ou loigner l'orage de la maison. NousverronsbienttlerleimpC!rtantjou par cetarbustedanslaprotection des habitations, des hommes, des rcolts dans la socit rurale traditionnelle. De mani-L'aubpineoccupeune placeprpondrantedans l'herbier magique. L'Alba spin a taitdjconsidreparles Romainscommedouedu -pouvoird'carterlessorts,les orages,lamaladie. ces ... croyancesperSIStentanotre poquedansdenombreuses rgions deFrance. ' 9.Ensanscritl'ailest appelChatagna, rtueurdemonstres " cf A. L. Mercier: rLaFlore populairede l'IledeFrance 11 in BulletinFolkloriquede l'IledeFrance- Paris 1953. re identique, on prte au sureaule pouvoir d'carter les serpents et de gurir les ani-maux,alorsquelesRomainsl'utilisaientdjdansleurpharmacopevtrinaire. Onpeut tablir desliensaussividentsentreleguimagique desCeltescueilli s urlechne rouvre, qui, selonPline, servait gurirl'animalmalade ou le rendre fcond,etl'utilisationqu'onenafaitejusqu'audix-neuvimesicle (sanscompter bien sr le rle de porte-bonheur qu'on luiattribue encore); on relve les mmes rela-tionsproposde l'armoiseconseille par Pline etApulepour lutter contre la fati-gue,emmnagogueconnudepuistoujoursalorsquesonnom(Artemisiavulgaris) rappelleceluideladesseArtmi sinvoqueautrefoisparlesfemmessurlepoint d'accoucher, herbe Saint-Jean enfin; desremarquessimilaires peuvent tre faitesau sujet de l'ail rput pour chasser les dmons depuisla plus haute antiquit (9) et que l'onpendencorelaportedestables;lechardonenfinauquel Apuleattribuele pouvoirdeprotgerceluiquileporteestaujourd' huiencoreutiliscommeporte-bonheurcloul'entredesmaisonsoudestables. . Lecaractre bnfique ou dmoniaque reconnu auxanima4.Xremonte luiaussi auxcroyancesantiques:l'interprtationduvoldesoiseaux,lesensdonnerla rencontre de tel ou telanimaL, l'utilisation des fins protectrices de certaines espces, se retrouvent eneffet dans les textesanciens. Ainsi lelucane, ce coloptre auxpin-ces en forme de cornes est port l'poque romaine comme amulette :dans le Berry on en fait de mme jusqu'au dix-neuvime sicle.L'habitude de clouer des dpouilles d'animauxsauvagessurlaportedesmaisonspourseprotgerdesmalficesse remarque autant chez lesRomains que Pline dcrit accrochant unrostrumlupi apo-tropaquesurleur demeure,quecheznos contemporainsclouant despattesde san-Chneetfoudreont longtemps tassocis dansles croyancesetcultespopulaires. ChezlesRomainsc'est l'arbredeJupiter,dieudes dieux, matre de la foudre. Cette assimilation est peut-tre due au fait,constatpar les populationsrurales,queplus souvent que les autresarbres, le chneestfrappparJe feudu ciel. Cet arbre a gard toute son importancedanslareligion populaire:vertu prophylactiquedelafeuillede glier ou une chouette sur lesgranges et les habitations.Il n'est pas jusqu' au sacrifice ducochonqui n'aitgard soncaractre rituel.De mme, l'assimilation de la desse infernaleHcateauxchiensquitaientcenssl'accompagner,peutexpliquerle caractrediaboliqueattribuauchiennoirdanslescroyancespopulairesetle sacrificequ'onenfaisaitpourloignerledmond' unemaison;l' hirondelleelle-mme, prsente par l'crivain grec Elien ( 10) comme consacre aux dieux Pnates a gardjusqu'nosjourssarputationdeporte-bonheur.Quandonsaitenfinque Plinereconnatl'uf le pouvoir d'arrterl' incendie alors que la croyance persiste de nos jours dans certaines rgions deFrance comme nous le verrons par la suite, on comprendle poids despratiques rituelles antiques sur le comportement despopula-tionscontemporaines. Certainsobjetsfigurantdanslapanopliemagiquedesanciensont euxaussi conservtouteleurvaleurprotectricetraverslesges: la valeur magique duclou que l'onplante pour stigmatiser la maladie oules sortilges est admise par Tite-Live et par Pfine qui en dcrivent l'usage.Pline ajoute qu'un clouarrach d'un cercueil et plant sur la porte d'une chambre carte radicalement les esprits; on sait que le clou fututilis des- fins identiques de gurison ou de protection jusqu' notre poque. De manirplusgnrale,le fer,durantl' antiquit,est chargdepouvoirsmagiques: onverra parla suite l'importancequ'ilgarde encore danslescroyanceset lesrites concernant la maison. Enfin, et ce n'est pas le faitlemoins significatif, Lapersistance delavaleurtalismaniqueattacheauferchevalouauxhachesdepierrepolie, depuisl'antiquit, montre la filiationtroite que l'onpeut tablir entre lescroyances decespoquesetcellesdelasocitfranaisetraditionnelle. chne,chne sacr cheraUJ(lgendesdufolklorergional, prsagetirdel'examendeLanoix de galle du chne montrent bienl'impactdescultes antiquesquiluionttrendus. L'glise,quandellen' apu dtruirelesrestesdecette adorationpaenne,lesa dtournssonprofit: ce n'est plusalorsl' arbre entant que telques'adressentlesprires maislaViergequ'onya place. -10.Ellen: rParticularitsdes

- Lescroyanceset lesrites .dela priodern'vale tr.averslesconciles,lescapi etlesprocsdesorcellerie Dfensedu paganisme. Desdieuxantiquesauxdmons. Luttedel'glisecontrelescultes populaires. Cultedel'eau,du feu,desarbresdansles concilesetlescapitulaires.-DesdmonsauDiable:lesprocsdesorcellerie. Maintiendesritesetdescroyancesantiques danslespopulationsruralestraditionnelles . s 1 Malheurlapauvre femmequiamislepied danslachambredetorture; ellen'ensortiraqu'aprsavoirdittoutcequ'onvoulaitlui fairedire. Une foislatorture,c'enest faitd'elle;ellenepeutchapper; il fautqu'ellemeure. Souvent jemesuisditmoi-mmequesitoutlemonden'taitpassorcier, c'estquetoutlemonden'avait paspass parl. Celaestsivrai,quetoutrcemment,l'inquisiteurd'ungrandprince osaitdclarerquesilepapetombaitentresesmains etsubissaitlatorture, il leforceraitd'avouerqu'ilestsorcier. Frdric de Spe: Cautio criminalis contra sagas - Rhin tel 1631- (1) 'ensembledesritesetdescroyancesdel'antiquits'estperptudansle monderuralbienau-deldelapriodemarquantlachutedel'Empire romain.LescultesofficielsvousauxdieuxduParnassecontinuent,mal-grlesinterdits,trepratiqussousuneformeplusoumoinsocculte, essentiellement par lespopulationsrurales, tout au long dumoyen-ge. La 1.Jsuiteinquisiteur. Cf Jules Balssacgrandsjoursdela sorcellerie Paris 1890. conversion du monde romainau christianisme n'quivaut donc nullement une dis-paritionimmdiateetdfinitivedesritesquiavaienttle fondementdela socit romaine.Par l'intermdiaire des empereurs et desvques, l'glise marginalise pro-gressivement les cultes antiques enlesprsentant comme contraires la loi divine et jusqu' lesfaire apparatre comme entreprises dmoniaques.Ds la findu quatrime sicle,letonestdonnparl'empereurThodoseleGrand :quenulabsolument, quelsque soient sa famille,son rang,sa dignit,qu'il soit ou non revtu d'une autori-t ou de fonctions publiques, qu'il soit d'une naissance, d'une condition ou d'une for-tune leve ouhumble, ne sacrifie en quelque lieu que ce puisse tre, en aucuneville, dessimulacresprivsd'intelligence,neleurimmoledesvictimes;qu'ilne jasse point d'offrandedansl'intrieurdesamaison,soit enallumant du feuenl'honneur desLares,soit enversantduvinenl'honneur duGnie,soit enoffrant auxPnates l'odeurdes parfumsqu'il brle;qu'il ne place point delumire,qu'il ne brle point d'encenssurleurautel,qu'ilnel'entourepasdeguirlandesdefleurs.Quiconque osera immoler une victime ou consulter les entrailles des animaux qu'on vient de tuer seraregardcommecoupable ducrime delse-majest.Chacunauraledroitdele dnoncer,eton prononceracontreluilapeine fixe parlaloi,lorsmme qu'il ny (', ) c H.\ P l TR EIll. Lemonde rural a vcutout aulong de son histoiredanslahantisedes sorciersetdeleurssortilges. Maladiesdubtailetdes hommestransmisespar cnvoOtement,destructiondes rcoltes,tarissementdespuits craindrecommeautant J'actionsnesdetamalignit decertainespersonnesde l'entourage. COIII