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1 UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL *************** ANNEE 2015 THESE POUR LE DIPLOME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE *************** Présentée et soutenue publiquement le 14 décembre 2015 A la faculté de Bichat Par Sophie DEMONDION Née le 29 juin 1985 à Saint-Mandé SYNDROME COCHLEOVESTIBULAIRE AIGU : CARACTERISTIQUES, PRONOSTIC ET PRISE EN CHARGE Président de thèse : Professeur Romain KANIA Directeur de thèse : Docteur Charlotte HAUTEFORT Membres du jury : Professeur Thierry VAN DEN ABBEELE Docteur Jérôme NEVOUX Docteur Jean-Pierre GUICHARD

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UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

***************

ANNEE 2015 N°

THESE

POUR LE DIPLOME D’ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE

***************

Présentée et soutenue publiquement le 14 décembre 2015

A la faculté de Bichat

Par Sophie DEMONDION

Née le 29 juin 1985 à Saint-Mandé

SYNDROME COCHLEOVESTIBULAIRE AIGU :

CARACTERISTIQUES, PRONOSTIC ET PRISE EN CHARGE

Président de thèse : Professeur Romain KANIA

Directeur de thèse : Docteur Charlotte HAUTEFORT

Membres du jury : Professeur Thierry VAN DEN ABBEELE

Docteur Jérôme NEVOUX

Docteur Jean-Pierre GUICHARD

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REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Kania, pour votre gentillesse, votre disponibilité et votre

enthousiasme. Vous me faites l’honneur de présider mon jury de thèse.

A Monsieur le Professeur Van Den Abbeele, pour m’avoir accompagnée depuis le début

de mon internat. Vous avez été mon premier contact avec le monde de l’ORL, et m’avez

suivi avec le mémoire et aujourd’hui la thèse. Je vous suis très reconnaissante d’avoir

accepté de juger mon travail.

Au Docteur Nevoux, merci d’avoir accepté d’être jury de ma thèse, avant ton départ au

« States ». Merci pour ton enseignement dans la joie et la bonne humeur, surtout en

garde.

Au Docteur Guichard, pour votre gentillesse. Vous avez fait partie de mon année à

Lariboisière, et avez grandement participé à mon apprentissage de la radiologie ORL.

Merci d’être présent parmi les membres de jury de thèse.

Au Docteur Hautefort, un grand MERCI. Pour ta patience des débuts de semestre quand

on ne connaît rien aux vertiges, pour ton enthousiasme permanent sur cette spécialité.

Tu m’as permis d’avoir une révélation sur le monde obscur des explorations

fonctionnelles, et je t’en serai éternellement reconnaissante. Tu nous transmets tes

connaissances sans jamais rien nous cacher.

A Monsieur le Professeur Herman, pour son enseignement rigoureux et de qualité. Merci

à toute l’équipe de Lariboisière de m’avoir accompagnée pendant plus d’un an ! Merci

aux chefs Pierre, Benjamin, Huong, avec qui on a bien rigolé ! Un grand merci à Natalie

qui m’a accompagné durant ce travail.

A Monsieur le Professeur Bobin, et toute l’équipe de Bicêtre (Jean François, Catherine et

Laurent), pour leur enseignement en otologie dans la bonne humeur permanente.

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A l’équipe de Robert Debré, à Natacha spécialement, modèle de toute ORL. Merci pour ta

générosité, ta bonne humeur et ton enseignement. Je te souhaite plein de bonheur avec

ta petite dernière. Au Docteur Wiener Vacher, qui m’a enseigné la "vestibulologie" en

tout premier, chez les enfants. Ce n’était pourtant pas gagné d’avance !

Au Professeur Lacau Saint Guily, et son équipe, pour l’enseignement de carcinologie et

de la chirurgie cervicale. Un grand merci à Marie d’avoir été la chef rêvée ! Toujours

prête à opérer en chantant.

Merci à mes amies de longue date : Marine, Laurie, Mathilde, Elodie, Yona, Raphaëlle,

Axelle… que la vie a parfois éloignée mais jamais définitivement. Merci pour ces

merveilleux moments passés ensemble depuis notre P1! Ca fait déjà plus de 10 ans que

nous sommes côte à côte! Merci d’être présentes dans les bons comme les mauvais

moments ! Je vous adore tellement.

Merci à mes co-internes, Jacques, Mareva, Elisabeth, Diane, Aude, Florian, Franklin,

Juliette, Marine, Abdullah, François… pour tous les moments de poilade parfois dans la

difficulté. Un spécial MERCI à Quentin, statisticien hors pair, et bien sur co-interne

fantastique.

A ma famille,

Mes parents, qui m’ont toujours soutenu dans toutes mes études, jusqu’à aujourd’hui

encore. Merci pour votre présence infaillible dans toutes les étapes de ma vie.

Thomas, mon grand frère, et ses femmes, Maud et Jeanne. A Amélie ma super cousine, et

Julien et Romane. Merci.

A Lucie, ma sœur adorée. Aucun mot ne suffit pour t'exprimer mon amour.

A Gérard et Maryvonne, pour votre aide précieuse jour après jour. Merci.

A Manu et Julie, et Clémence : je suis ravie de pouvoir profiter de vous à Paris !

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Enfin, à Alexandre mon Mari, mon roc; à Arthur, ma douce terreur !

A notre petite fille à venir qui a su se manifester pendant que je travaillais.

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TABLE DES MATIERES

1 INTRODUCTION ........................................................................................................................................ 9

2 ETAT DES LIEUX SUR LES SYNDROMES COCHLEO-VESTIBULAIRES .............................. 10

3 MATERIELS ET METHODES .............................................................................................................. 15

3.1 Population étudiée .................................................................................................................... 15

3.1.1 Critères d’inclusion .............................................................................................................. 15

3.1.2 Critères d'exclusion ............................................................................................................. 15

3.2 Examens ........................................................................................................................................ 16

3.2.1 Interrogatoire ......................................................................................................................... 16

3.2.2 Examen clinique .................................................................................................................... 16

3.2.3 Examens paracliniques ....................................................................................................... 17

3.2.4 Examen ophtalmologique .................................................................................................. 17

3.2.5 Examen cardiologique ........................................................................................................ 17

3.2.6 Examens biologiques ........................................................................................................... 18

3.3 Examen d’imagerie ................................................................................................................... 18

3.4 Traitement ................................................................................................................................... 19

3.5 Tests statistiques ....................................................................................................................... 22

4 RESULTATS ............................................................................................................................................. 23

4.1 Généralités ................................................................................................................................... 23

4.2 Comparaison des terrains et des symptômes initiaux chez les patients FLAIR+

et FLAIR-...................................................................................................................................................... 25

4.2.1 Données démographiques ................................................................................................. 25

4.2.2 Présentation clinique .......................................................................................................... 26

4.3 Comparaison des explorations fonctionnelles et paracliniques chez les patients

FLAIR+ et FLAIR- ..................................................................................................................................... 28

4.3.1 Explorations fonctionnelles .............................................................................................. 28

4.3.2 Imagerie par résonnance magnétique .......................................................................... 31

4.3.3 Bilan auto-immun, ponction lombaire, examen ophtalmologique et

cardiologique ........................................................................................................................................ 32

4.4 Comparaison de l'évolution chez les patients FLAIR+ et FLAIR- ............................ 33

4.4.1 Evolution de 0 à 3 mois ...................................................................................................... 33

4.4.2 Suivi du bilan audio vestibulaire à 6 mois .................................................................. 36

5 DISCUSSION ............................................................................................................................................. 42

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5.1 Différences des terrains et des symptômes initiaux chez les patients FLAIR+ et

FLAIR-........................................................................................................................................................... 42

5.2 Comparaison des explorations fonctionnelles et paracliniques chez les patients

FLAIR+ et FLAIR- ..................................................................................................................................... 44

5.3 Comparaison de l'évolution chez les patients FLAIR+ et FLAIR- à 6 mois. ......... 46

6 CONCLUSION .......................................................................................................................................... 50

7 Annexe 1 : embryologie de l'oreille interne ................................................................................ 52

Annexe 2 : anatomie de l'oreille .............................................................................................................. 53

Labyrinthe antérieur .............................................................................................................................. 53

Labyrinthe postérieur ............................................................................................................................ 55

Canaux semi-circulaires ................................................................................................................... 55

Vestibule (utricule et saccule) ....................................................................................................... 56

Canal endolymphatique .................................................................................................................... 57

Vascularisation ......................................................................................................................................... 57

Réseau artériel ..................................................................................................................................... 57

Réseau veineux .................................................................................................................................... 59

La microcirculation cochléo-vestibulaire .................................................................................. 59

Innervation ................................................................................................................................................. 60

Annexe 3 : physiologie de l'oreille ......................................................................................................... 61

Liquides labyrinthiques ........................................................................................................................ 61

Physiologie cochléaire ........................................................................................................................... 61

Physiologie vestibulaire ........................................................................................................................ 64

Physiologie canalaire ......................................................................................................................... 64

Physiologie otolithique ..................................................................................................................... 65

Annexe 4 : mécanisme de mort cellulaire cochléo-vestibulaire ................................................. 67

Annexe 5 : système immunitaire de l'oreille interne...................................................................... 69

Annexe 6 : explorations fonctionnelles de l'oreille ......................................................................... 71

Audiométrie ............................................................................................................................................... 71

Epreuves caloriques ............................................................................................................................... 72

cVEMP ou PEO ........................................................................................................................................... 73

VHIT .............................................................................................................................................................. 74

Annexe 7 : les séquences en IRM dans l'oreille ................................................................................. 75

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................................................... 77

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ABREVIATIONS Ac : anticorps

Ag : antigène

AIC : accident ischémique constitué

AICA : anterior inferior cerebellar artery

AIED : auto-immune inner ear disease

ANCA : anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires neutrophiles

AVC : accident vasculaire cérébral

BU : bandelette urinaire

CA : canal semi-circulaire antérieur

CAI : conduit auditif interne

CCE : cellule ciliée externe

CCI : cellule ciliée interne

CL : canal semi-circulaire latéral

CMV : cytomégalovirus

CP : canal semi-circulaire postérieur

CSC : canal semi circulaire

cVEMP : cervical vestibular evoked myogenic potential : potentiel évoqué otolithique

myogénique (cf PEOM)

EBV : Epstein Barr virus

ECC : épreuves caloriques calibrées

ECG : électrocardiogramme

ECT : anticorps anti-antigène nucléaire soluble

FDRCV : facteur de risque cardio-vasculaire

Ig : immunoglobuline

Il : interleukine

IMIED : immune-mediated inner ear disease

PAM : perte auditive moyenne

PCR : polymerase chain reaction

PEO ou PEOM : potentiels évoqués otolithiques myogénique (cf cVEMP)

RVO : reflexe vestibulo-oculaire

SCM : sterno-cléido-mastoïdien

SCV : syndrome cochléo vestibulaire

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SEP : sclérose en plaque

SNC : système nerveux central

TPHA-VDRL : Treponema pallidum Hemagglutination Assay - Venereal Disease Research

Laboratory

VHB : virus de l’hépatite B

VHC : virus de l’hépatite C

VHIT : vidéo head impulse test

VZV : virus zona varicelle

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1 INTRODUCTION

Le syndrome cochléo-vestibulaire déficitaire aigu, ou labyrinthite, est caractérisé

par une surdité de perception et de grands vertiges rotatoires, d'apparition brutale,

associés à des signes neurovégétatifs importants. Il s'agit d'une entité généralement

décrite dans un contexte otologique (otite moyenne aigue, méningite infectieuse,

contexte postopératoire de chirurgie de l’oreille moyenne), ou neurologique (accident

ischémique constitué dans le territoire de l’artère cérébelleuse moyenne antérieure

inférieure ou de l'artère labyrinthique). En urgence une imagerie avec injection

s’impose : soit à la recherche d’une extension d’une infection loco régionale, soit à la

recherche d’un accident vasculaire cérébral ou d'une dissection de l’artère vertébrale.

Depuis quelques années, l'exploration des syndromes cochléo-vestibulaires est facilitée

par le développement des potentiels évoqués otolithiques et du Vidéo Head Impulse test,

permettant une investigation otolithique et canalaire complète en consultation [1].

Même si l'étude de l'oreille interne est encore limitée en raison de sa localisation au

cœur de l'os temporal rendant impossible des prélèvements sur des sujets vivants,

l'amélioration des techniques d'imagerie IRM affine considérablement son exploration

anatomique en permettant l’analyse des liquides péri et endolymphatiques. A cette

occasion, il n’est pas rare d’observer une modification du signal labyrinthique chez ces

patients, atteints d’un déficit cochléo-vestibulaire aigu, en particulier sur les séquences

FLAIR, T1 et T2 [9]. Jusqu’à présent les études réalisées sur les déficits aigus de l’oreille

interne ne concernaient que l’étude des « surdités brusques » [6-8, 15, 16] relayant le

vestibule à un facteur aggravant, parfois associé. Aucune série n’a comparé les

particularités sémiologiques cliniques aux modifications du signal labyrinthique pour

les patients atteints d’un déficit cochléo-vestibulaire, au stade initial de la prise en

charge et au cours de leur évolution.

L'objectif de ce travail est de décrire une population de patients présentant

un syndrome cochléo-vestibulaire aigu isolé, en comparant ceux pour lesquels

existait une modification du signal labyrinthique et ceux pour lesquels l’IRM ne

montrait aucune anomalie. Ont été étudiés : (1) la recherche d’une différence

radio clinique initiale entre ces deux groupes de patients ; (2) leurs différences

lors du bilan cochléo vestibulaire initial et (3) lors du suivi évolutif à 6 mois

(pronostic auditif et vestibulaire).

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2 ETAT DES LIEUX SUR LES SYNDROMES COCHLEO-VESTIBULAIRES

Les syndromes cochléo-vestibulaire (SCV) sont le plus souvent décrits comme

complication d’une infection de voisinage telle qu’une otite moyenne aiguë, une otite

moyenne chronique surinfectée, une sinusite, une méningite, un cholestéatome, qui se

manifeste par un déficit vestibulaire et auditif brutal. Cependant, dans notre pratique

courante, nous avons observé que ces symptômes pouvaient être isolés, sans facteur

déclenchant retrouvé à l'interrogatoire ou à l'examen clinique. Par ailleurs, les données

de la littérature s'attachent bien souvent à décrire les surdités brusques, parfois avec

des symptômes vestibulaires associés, mais peu d'auteurs relatent des syndromes

cochléo-vestibulaires. Les hypothèses vasculaires et virales sont discutées depuis de

nombreuses années.

Hypothèse vasculaire

Dès les années 1940, De Kleyn [45] puis Hallberg [46] suspectent une origine

vasculaire dans la genèse des surdités brusques. Des analyses histologiques de rochers

de patients décédés étayent ce diagnostic [36, 38].

On retrouvait une atrophie de l'organe de Corti et de la strie vasculaire associée à

de la fibrose et des zones d'ossification cochléaire. La cochlée est particulièrement

sensible à l'anoxie. Ainsi, chez l'animal, une occlusion de 60 secondes de l'artère auditive

interne entraîne déjà une chute des potentiels cochléaires qui récupèrent totalement si

l'occlusion est inférieure à 8 minutes, mais disparaissent irrémédiablement si l'occlusion

est prolongée au-delà de 60 minutes. L'occlusion temporaire (spasme) provoque une

dégénérescence des neurones du ganglion spiral et à un moindre degré une atteinte de

l'organe de Corti. L'ischémie permanente entraîne, chez l'homme une nécrose du

labyrinthe membraneux, suivie d'une fibrose et d'une ossification en quelques mois [39].

La surdité est alors habituellement profonde et irréversible, s'accompagnant de vertiges.

Il existe trois mécanismes étio-pathogéniques d’hypoxie cochléaire : l’embolie, la

thrombose, et l’hyperviscosité sanguine [39]. Plus l'occlusion vasculaire est proximale,

plus les lésions ischémiques sont étendues et la symptomatologie conséquente (surdité

profonde, vertiges invalidants...).

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Hypothèse virale

Dans le même temps, les causes virales sont fréquemment incriminées chez les

patients ayant une surdité brusque. D'autres travaux histo-pathologiques consolident

également cette hypothèse, en incriminant un virus de la famille des herpesvirus [40] ou

celui de la rubéole [38], ou le CMV.

Chez l'animal on a démontré la diffusion de certains virus vers l'oreille interne

après qu'ils aient été injectés par voie systémique, diffusion s'accompagnant de

phénomènes inflammatoires locaux. Les mécanismes retenus pour expliquer une surdité

brusque lors d'une infection virale seraient soit une contamination virale directe du

labyrinthe réalisant une labyrinthite, soit une atteinte des fibres nerveuses à type de

névrite cochléaire.

Du point de vue thérapeutique, cette hypothèse virale est à la base de l'utilisation

des corticoïdes lors des surdités brusques, les agents antiviraux n'ayant pas fait à ce jour

l'objet d'une utilisation validée.

Hypothèse auto-immune

Enfin, les atteintes cochléo-vestibulaire peuvent s'intégrer dans un cadre

beaucoup plus large de pathologies auto-immunes ou systémiques [41], telles que la

Maladie de Wegener, le lupus érythémateux, le Syndrome de Susac, le syndrome de

Cogan ou bien la Maladie de Fabry par exemple. L'atteinte semble être plutôt de type

vascularite et les lésions sont proches des atteintes vasculaires. C'est le profil évolutif

des patients qui diffèrent.

Les maladies autoimmunes de l'oreille interne, ou autoimmune inner ear disease

(AIED) ont été décrites par Lehnardt en 1958, puis par McCabe en 1979. Elles sont

définies comme une surdité bilatérale, asymétrique d'apparition rapidement

progressive sur quelques semaines voire mois, associée à une atteinte vestibulaire dans

50% des cas. Ce sont les seules surdités neurosensorielles qui répondent à un traitement

par immunosuppresseurs, s’il est instauré dans les premiers mois. Les corticostéroïdes

restent le seul traitement ayant fait preuve de leur efficacité, mais seulement chez 70%

des patients.

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Les AIED peuvent être primaires, n'atteignant que l'oreille interne, ou secondaire

et s'intègrent dans ce cas à des maladies multisystémiques, dans 15 à 30 % des cas [42,

43].

Physiopathologie des AIED

Les AIED sont des formes particulières de surdité neurosensorielle où

l’inflammation et la sensibilisation immunitaire provoquent la dégénérescence de la

strie vasculaire et du ganglion spiral, une atrophie de l’organe de corti, un collapsus de la

membrane de Reissner, une distorsion de la membrane tectoriale et parfois un hydrops

endolymphatique.

Le mécanisme initial expliquant l’inflammation et la cascade immunitaire serait la

reconnaissance d’auto antigène cochléaire (possiblement du sac endolymphatique), qui

relargue des médiateurs de l’inflammation type ICAM-1 (interstitial cell adhesion

molecule-1), pour augmenter la perméabilité vasculaire et attirer des leucocytes par

chimiotactisme.

Il s'ensuit des dommages tissulaires et vasculaires, dont les mécanismes

physiopathologiques sont encore incertains (dépôt de complexes immuns entre les

jonctions endothéliales, attaque de l'endothélium et des plaquettes par des Ac,

aboutissant à un phénomène thrombotique, comme dans le syndrome dans anticorps

antiphospholipides).

En établissant un parallèle chez l’animal, les auteurs supposent que chez

l’homme, les AIED résultent de modifications vasculaires dans la cochlée, créant un

déséquilibre ionique et donc une modification du neurosignal, plutôt qu’une atteinte de

la structure interne cochléo-vestibulaire comme les cellules ciliées.

Le mécanisme d’action de la corticothérapie reste quant à lui controversé :

- Blocage des auto anticorps et de la production des médiateurs de

l’inflammation, permettant de restaurer le gradient électrochimique nécessaire pour

générer des potentiels d’action ;

- Modification de l’environnement des cytokines qui stimule les protéines anti-

inflammatoire et diminue la réponse inflammatoire de la famille des Il-1[42]

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Traitement

Le gold standard est l'administration de prednisone [43] à la dose de 60 mg par

jour pendant 4 semaines. L'efficacité du traitement est évaluée à la fin de la 4ème semaine

par un audiogramme. Si les seuils se sont améliorés de 15 dB ou plus sur une fréquence

ou 10 dB sur deux fréquences consécutives, alors les patients sont considérés comme

répondeurs.

Les non répondeurs arrêtent le traitement progressivement sur 15 jours. Les

répondeurs poursuivent le traitement à pleine dose jusqu'à l'obtention d'un plateau,

puis la dose est diminuée progressivement sur 8 semaines jusqu'à une dose de 10 à 20

mg par jour de prednisone.

La durée totale de traitement devrait être au moins de 6 mois sous peine de

rechute.

L'utilisation de méthotrexate ou d'anti-TNF alpha n'a pour l'instant pas fait

preuve de son efficacité. Ces traitements permettent néanmoins de limiter les effets

secondaires des corticostéroïdes, chez les patients cortico-dépendants [43].

Evolution

En l'absence de traitement, ou en cas d'échec, les patients évoluent vers la surdité

profonde bilatérale, et dans le cas d'atteinte vestibulaire associée vers l'aréflexie

complète.

Ces patients sont des candidats à une implantation cochléaire en urgence car des

cas d'ossification labyrinthique ont été rapportés [44].

Apport de l’imagerie par résonnance magnétique dans les atteintes cochléo-

vestibulaires

Les modifications de signal intralabyrinthique dans un contexte de déficit

cochléo-vestibulaire aigu ont été décrites pour la première fois au début des années

1990. Il s’agissait de patients ayant une surdité de perception pouvant aller d’une perte

auditive moyenne à la cophose, associée parfois à des vertiges. Du côté de la surdité était

retrouvée une modification du signal labyrinthique, avec un rehaussement après

injection de gadolinium.

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La prise de contraste labyrinthique était déjà connue dans les pathologies

néoplasiques, ou infectieuses, mais n’avait jamais été décrite de manière isolée. Cette

modification du signal semblait être le reflet d’une rupture de la barrière hémato-

encéphalique. Il s’agissait de la première description d’un tableau radio-clinique

spontané, appelé « maladie labyrinthique » [4, 5].

D’autres auteurs ont poursuivi les observations permettant de préciser les types

d’atteinte labyrinthique, distinguant le neurinome intralabyrinthique, la labyrinthite, ou

l’hémorragie intra labyrinthique. Dans l'étude de Dubrulle [9], entre 1996 et 2008, 37

patients présentant une prise de contraste intralabyrinthique ont été étudiés (14

hommes et 23 femmes, de 16 à 69 ans, d’âge moyen 46 ans). Les neurinomes

intralabyrinthiques représentent également une cause sous diagnostiquée de

modification du signal labyrinthique (15 cas /37). Ils représenteraient 4% des

neurinomes vestibulaires. L'IRM retrouve chez ces patients un hypersignal T1 après

injection de produit de contraste, bien limité, et un hyposignal T2. Aucun hypersignal

spontané en T1 n'est observé. Huit hémorragies intralabyrinthiques sont décrites dans

cette étude. Les IRM retrouvent chez tous ces patients un hypersignal T1 spontané de

forte intensité, un hyposignal T2 et un rehaussement en T1 après injection de produit

gadoliné. Treize cas de labyrinthite tous avec une cause infectieuse ou systémique (2

patients présentaient un déficit cochléo-vestibulaire aigu associé à des acouphènes, 5

patients ont présenté une otite ou une mastoïdite, 1 patient une méningo-encéphalite, 2

patients une maladie systémique-Maladie de Lyme et Maladie de Wegener) sont décrit,

présentant les caractéristiques suivantes : pas d’hyper signal spontané T1, prise de

contraste après injection de gadolinium. Sur la séquence T2 trois cas ne présentent pas

d’anomalie, et dix cas retrouvent une diminution significative du signal labyrinthique.

L'hypersignal FLAIR endolabyrinthique est analysé depuis plusieurs années chez

les patients ayant une surdité brusque, et correspondrait à un critère de gravité, car il

est plus fréquemment associé à la présence de vertige chez ces patients [7, 8, 15]. Par

ailleurs, Yoshida [6] et d'autres auteurs [15, 16] considèrent que la présence de cet

hypersignal est un facteur de mauvais pronostic de récupération auditive.

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3 MATERIELS ET METHODES

Nous avons réalisé une étude rétrospective mono centrique, en analysant les

patients présentant un syndrome cochléo-vestibulaire aigu admis en urgence dans notre

centre hospitalo-universitaire pour adultes entre février 2012 et avril 2015.

3.1 Population étudiée

3.1.1 Critères d’inclusion

Etaient inclus les patients âgés de plus de 18 ans, présentant l’ensemble de ces critères :

(1) un déficit cochléaire brutal, se manifestant par une baisse d’audition évoluant

depuis plus de 24 heures, objectivée sur un audiogramme et définie par une

chute de plus de 20dB sur au moins 3 fréquences consécutives;

(2) un déficit vestibulaire partiel ou complet associé à un nystagmus spontané ou

provoqué, objectivé par des examens paracliniques (Vidéo Head Impulse test -

VHIT, épreuves caloriques calibrées, potentiels évoqués otolithiques-PEO);

(3) un examen clinique neurologique normal;

(4) une IRM encéphalique et des conduits auditifs internes (CAI) en coupes fines

recherchant une modification du signal labyrinthique et éliminant un neurinome

du VIII, une malformation d’oreille ou un accident vasculaire cérébral.

3.1.2 Critères d'exclusion

Etaient exclus de l'étude les patients ayant :

(1) un antécédent de Maladie de Menière ou autre antécédent de vertige et/ou

surdité;

(2) une otoscopie anormale;

(3) une méningite en cours;

(4) un antécédent de fracture du rocher;

(5) des symptômes de récupération des signes cochléo vestibulaires depuis moins de

24h;

(6) un neurinome du VIII;

(7) un accident vasculaire cérébral;

(8) ou une malformation d’oreille.

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16

3.2 Examens

3.2.1 Interrogatoire

Après l'admission, un interrogatoire était réalisé, comprenant systématiquement :

- La date d’apparition des symptômes;

- Le délai entre le début des symptômes et la première consultation aux urgences;

- Les facteurs de risques cardio-vasculaires : âge, sexe, tabagisme, hypertension

artérielle, dyslipidémie, diabète, surpoids, antécédent personnel d'accident

vasculaire cérébral ou syndrome coronarien aigu avant 45 ans ou familial (père

avant 55 ans, mère avant 65 ans),

- Antécédent de migraine ou de maladie auto-immune;

- Les antécédents personnels ou familiaux cochléo-vestibulaires;

- La description des symptômes cochléaires : acouphène, plénitude d’oreille;

- La description des symptômes vestibulaires : type de vertige (rotatoire ou

tangage), durée des symptômes, analyse du nystagmus (spontané, provoqué,

positionnel).

Les données recueillies étaient reportées dans le dossier du patient.

3.2.2 Examen clinique

Une série d'examens cliniques était réalisée pour chaque patient, comprenant :

- Un examen oculomoteur observant la poursuite oculaire, la précision des

saccades et la recherche d'un gaze nystagmus (nystagmus dans le regard

excentré).

- Sous vidéo-nystagmoscopie on étudiait le nystagmus spontané, au head shaking

test et positionnel en précisant son sens, ses directions, son intensité et sa durée.

- L'examen postural recherchait un tilt de la tête (déviation involontaire de la tête

vers le coté sain lors d’un déficit vestibulaire aigu), une déviation segmentaire

harmonieuse (déviation du corps et des index du coté sain à la fermeture des

yeux lors d’un déficit vestibulaire aigu).

- Un examen neurologique recherchant un déficit neurologique du tronc ou de la

fosse postérieure évocateurs d'accident ischémique cérébral ou de poussée de

sclérose en plaque ou une anomalie des paires crâniennes et/ou trouble de la

commande sensitivomotrice aux trois étages.

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3.2.3 Examens paracliniques

Chaque patient pris en charge bénéficiait d'un ensemble d'examens paracliniques

comprenant :

- Un audiogramme tonal et vocal. Pour chaque patient on effectuait une

moyenne de la perte auditive (PAM), calculée selon la formule suivante :

[2].

La perte auditive était ensuite classée en légère (21-40dB), moyenne (41-70 dB),

sévère (71-90 dB), profonde (91-119 dB) ou cophose (> 120 dB) selon la

classification du bureau internationale d'audiométrie (BIAP) (annexe 6).

- Un VHIT (Synapsys Ulmer®, Marseille, France) qui recherchait un déficit du gain

du reflexe vestibulo-oculaire associé à une saccade compensatrice pour chaque

canal semi circulaire. L’intensité du déficit était mesurée en fonction du gain de

réflexe vestibulo-oculaire. Un gain inférieur à 68% était considéré comme

pathologique [3] (annexe 6).

- Des épreuves caloriques calibrées (logiciel Synapsys®) étaient réalisées en

irrigant chaque oreille successivement par de l’eau chaude à 44°C, puis de l’eau

froide à 30°C. On recherchait une atteinte canalaire aux basses fréquences. La

réflectivité canalaire était calculée en comptant le nombre de réponses (phase

lente du nystagmus) obtenues lors des stimulations froide et chaude pour chacun

des canaux semi-circulaires (CSC) latéraux (annexe 6).

- Des potentiels évoqués myogéniques cervicaux (cVEMP) (unité Nicolet Viking

Select®) recherchaient un allongement des latences P13 et N23, ainsi qu’une

modification de l’amplitude, ou bien une absence de réponse du réflexe sacculo-

colique signant une atteinte sacculaire (annexe 6).

3.2.4 Examen ophtalmologique

Un bilan ophtalmologique était réalisé avec fond d’œil qui recherchait des

anomalies de la chambre antérieure et de la cornée (uvéite, kératite ou d’une

rétinopathie dans le cadre d’un syndrome de Susac).

3.2.5 Examen cardiologique

Un bilan cardiologique avec ECG et/ou échographie cardiaque recherchait une

pathologie cardiaque, telle qu'un trouble du rythme cardiaque ou un foramen ovale

perméable pouvant expliquer une pathologie thromboembolique.

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3.2.6 Examens biologiques

Chez tous les patients dont l’IRM montrait une modification du signal

labyrinthique, on effectuait le bilan suivant :

- Un bilan sanguin à la recherche

o D’auto immunité : Anticorps anti cardiolipine, anticoagulant circulant,

antiβ2GP1, les ANCA (anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires

neutrophiles), les anticorps anti nucléaires, les anticorps anti ECT

(anticorps anti-antigène nucléaire soluble).

o De facteurs de risque cardiovasculaires (FDRCV) : glycémie à jeun, bilan

lipidique complet.

o De causes infectieuses avec les sérologies VHC (virus de l'hépatite C), VHB

(virus de l'hépatite B), VIH (Virus de l'immunodéficience humaine), TPHA-

VDRL (Treponema pallidum Hemagglutination Assay - Venereal Disease

Research Laboratory), sérologie Lyme.

o De granulomatose avec recherche l’enzyme de conversion de

l’angiotensine.

- Une ponction lombaire (après information et consentement du patient) à la

recherche de VZV (Virus varicelle zona), EBV (Epstein Barr Virus), CMV

(cytomégalovirus) sur la PCR (Polymerase chain reaction).

3.3 Examen d’imagerie

Tous les patients bénéficiaient d'une IRM cérébrale dans leur bilan initial en

urgence ou dans les 15 jours suivant le déficit cochléo-vestibulaire aigu Si l’IRM n’était

pas disponible lors de la prise en charge initiale, un scanner cérébral avec injection

permettait d’éliminer un accident vasculaire cérébral hémorragique (AVC) ou une

dissection de l’artère vertébrale.

Les imageries initiales étaient réalisées, dans notre centre, sur une IRM GE 1,5

Tesla, jusqu’en juillet 2014, puis sur une IRM Siemens 3 Tesla après cette date. Pour

certains patients, les examens étaient réalisés dans des cabinets de radiologie extérieurs,

sur des IRM différentes. Les séquences étaient centrées sur l'encéphale et plus

particulièrement la fosse postérieure et comprenaient des images en pondération T1,

FLAIR, Diffusion, T2 submillimétrique (CISS) et T1 après injection de produit de

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contraste gadoliné. Les séquences FLAIR mesuraient 4 mm d'épaisseur lorsqu’elles

étaient sur l’encéphale et 3 mm en 2D pour les coupes centrées sur le rocher (annexe 7).

Les images étaient toutes interprétées par un senior de neuroradiologie. Chaque patient

bénéficiait d’une IRM de contrôle à 6 mois, également interprétée par un

neuroradiologue sénior.

Une modification du signal labyrinthique était recherchée sur chaque séquence

d’imagerie.

3.4 Traitement

En urgence, les patients recevaient un traitement symptomatique à J0 associant

Acetyl leucine (Tanganil®), Metoclopramide (Primperan®) ou Ondansétron (Zophren®).

Les patients en phase initiale du déficit cochléo-vestibulaire bénéficiaient d’une

corticothérapie par voie générale par Méthylprednisolone à 1 mg/kg/jour pendant 7 à 10

jours.

Les patients ayant une PAM > 70 dB, ou une IRM avec une modification du signal

labyrinthique, ou lorsque la corticothérapie par voie générale n'avait pas été

suffisamment efficace à J7, bénéficiaient après explication et obtention de leur

consentement, d’une injection trans tympanique de dexamethasone (4mg/1mL) sous

anesthésie locale (pommade lidocaïne appliquée dans le conduit auditif externe sous

microscope pendant 45 minutes). On effectuait jusqu’à trois injections de

dexamethasone.

Ces patients bénéficiaient d'une rééducation vestibulaire, débutée le plus

précocement possible après le début des symptômes. Cette rééducation était effectuée

par des kinésithérapeutes habitués à la prise en charge des troubles de l'équilibre. Il

était prescrit au moins une dizaine de séances, voire plus en fonction de la vitesse de

récupération.

Chez les patients ayant une modification du signal labyrinthique, lorsque la perte

auditive était totale malgré le traitement initial (surdité profonde ou cophose) ou

lorsqu’une instabilité persistait, un traitement par des bolus de corticoïdes

(Méthylprednisolone 500 mg par jour pendant 3 jours) était proposé. Avant chaque

traitement un contrôle de l’ECG et de la BU était réalisé, suivi d’une surveillance de la

glycémie et de la pression artérielle durant l’hospitalisation. A J4 à la fin des bolus une

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corticothérapie à la dose initiale de 1mg/kg/jour était initiée avec une décroissance de

0,1mg/kg/semaine pendant 3 mois. Les mesures de prévention d'ulcère et

d'ostéoporose étaient associées (inhibiteur de la pompe à protons et vitamine D et

calcium).

Un entretien avec la diététicienne était organisé pour expliquer les règles

hygiéno-diététiques à observer (régime pauvre en sel et en sucre, supplémentation

vitamino-calcique). Le médecin traitant était informé de ce nouveau traitement et invité

à revoir le patient régulièrement.

Un audiogramme était réalisé dans le bilan initial, puis immédiatement après la

fin de la corticothérapie, puis après les ITT (1 semaine après), puis à 6 mois.

Le bilan vestibulaire était réalisé à 6 mois, et comprenait un examen clinique, un VHIT,

des PEO et des épreuves caloriques.

Le protocole décrit précédemment est résumé dans la figure 1.

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Figure 1 : protocole de prise en charge des syndromes cochléo-vestibulaires du service.

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3.5 Tests statistiques

Nous avons classé les patients en deux groupes distincts en fonction des résultats

du signal labyrinthique de l'IRM.

Pour les données quantitatives, nous avons calculé les moyennes et leur écart type,

la médiane. Nous avons calculé les pourcentages (ie distribution) pour les données

qualitatives. Les tests réalisés étaient les suivants :

- Pour les données quantitatives, nous avons utilisé un test de Wilcoxon (ou Mann

Whitney), le test t de Student n'étant pas applicable devant le faible effectif (< 30

sujets par groupe) et l'absence de normalité de la distribution de plusieurs

variables.

- Pour comparer l'évolution d'une donnée quantitative au sein d'un même groupe,

nous avons utilisé le test de Wilcoxon pour séries appariées.

- Pour comparer les données qualitatives entre les deux groupes nous avons

utilisés un test de Fisher, le test du chi deux n'étant pas applicable devant le faible

effectif (< 30 sujets par groupe).

Une valeur de p inférieure à 0,05 (p<0,05) était considérée comme significative.

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4 RESULTATS

4.1 Généralités

Nous avons inclus 31 patients pour un syndrome cochléo-vestibulaire déficitaire

unilatéral aigu avec une otoscopie normale, entre février 2012 et avril 2015. Tous ont

bénéficié d'un examen clinique et d'un bilan audio-vestibulaire comprenant VHIT,

cVEMP, épreuves caloriques, audiogramme tonal et vocal ainsi qu'une IRM cérébrale et

labyrinthique.

Chez ces 31 patients, 18 présentaient une modification du signal labyrinthique

homolatéral au déficit cochléo-vestibulaire et tous avaient un hypersignal spontané sur

les séquences FLAIR (figure 2). Ce groupe a été nommé dans la suite du travail FLAIR+.

Parmi ces 18 patients FLAIR+, 7 patients avaient un hypersignal spontané T1 associé, 3

avaient un hyposignal T2 associé, et 2 avaient un hypersignal T1 et un hyposignal T2

associés. Treize patients ne présentaient pas de modification du signal labyrinthique

homolatéral au déficit cochléo-vestibulaire. Ce groupe a été nommé FLAIR-.

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Figure 2 : IRM cérébrale centrée sur les angles ponto-cérebelleux en pondération FLAIR

d’un patient classé « FLAIR+ ». Hypersignal spontané FLAIR endolabyrinthique diffus

gauche (flèche épaisse). Hypersignal FLAIR localisé au vestibule gauche (flèche fine) sur

une image agrandie.

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4.2 Comparaison des terrains et des symptômes initiaux chez les patients FLAIR+

et FLAIR-

4.2.1 Données démographiques

Chez les patients FLAIR+, l’âge moyen était de 41 ans [24 à 84] ans. Le sex-ratio

était de 0,8. Le délai moyen de consultation était de 7 jours. Onze patients (60%)

présentaient au moins 1 facteur de risque cardiovasculaire. Le score moyen des facteurs

de risque cardiovasculaire cumulé était de 1,50.

Chez les patients FLAIR-, l’âge moyen était de 61 ans [43 à 83] ans. Le sex-ratio

était de 0,62. Le délai moyen de consultation était de 18 jours. Tous les patients (100%)

présentaient au moins 1 facteur de risque cardiovasculaire. Le score moyen des facteurs

de risque cardiovasculaire cumulé était de 2,77.

On observait une différence significative (tableau 1) de l'âge et du nombre de

facteurs de risque cardio-vasculaire (FDRCV) cumulés, entre les groupe FLAIR+ et

FLAIR-. Les patients du groupe FLAIR+ étaient plus jeunes (p=0,0007), et présentaient

moins de FDRCV (p=0,032). En analysant chaque facteur de risque cardio-vasculaire

(HTA, DNID, tabagisme, cholestérol, antécédents personnel ou familial cardio-

vasculaire), on ne retrouvait pas de différence significative. Il n’y avait pas de différence

pour l’ensemble des autres paramètres recueillis.

FLAIR+ FLAIR- p

Age (années) 41 61 0,0007

H/F 8/10 5/8 1

Moy FDRCV 1,5 2,77 0,032

HTA 16% 54% 0,05

Tabac 23% 7% 0,3

Cholestérol 38% 38% 1

DNID 5% 23% 0,2

ATCDp CV 11% 7% 1

ATCDf CV 23% 38% 0,67

Tableau 1: caractéristiques des patients

(Moy FDRCV: moyenne du nombre de facteurs de risque cumulés; CV : cardiovasculaire; ATCDp : antécédents

personnels; ATCDf : antécédents familliaux).

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4.2.2 Présentation clinique

Chez les patients FLAIR+, les symptômes inauguraux étaient vestibulaires pour

22% des patients (n=4), cochléaires pour 39% des patients (n=7) et 39% des patients

(n=7) présentaient des symptômes cochléo-vestibulaires concomitants. Lors de

l'interrogatoire, 83% des patients (n=15) présentaient un vertige rotatoire, et 14% des

patients (n=3) une sensation d'instabilité et de tangage. Tous se plaignaient

d’hypoacousie. Un acouphène était rapporté chez 83% des malades (n=15).

Sous vidéonystagmoscopie, on retrouvait un nystagmus spontané chez 61% des

patients (n=11). Chez tous les patients le nystagmus était provoqué au head shaking test.

On observait un nystagmus destructif chez 78% des patients (n=14) et un nystagmus

irritatif chez 22% des patients (n=4). 8 patients présentaient un nystagmus déclenché

en positionnel, associé pour 6 d’entre eux à une sensation de vertige rotatoire. Pour les 2

autres patients l’instabilité était au premier plan.

Chez les patients FLAIR-, Les symptômes inauguraux étaient vestibulaires pour

31% des patients (n=4), cochléaires pour 46% des patients (n=5), et 31% des patients

(n=4) présentaient des symptômes concomitants. Lors de l'interrogatoire, 84% des

patients (n=11) présentaient un vertige rotatoire, et 16% patients (n=2) une sensation

d'instabilité et de tangage. Tous se plaignaient d’hypoacousie. Un acouphène était

rapporté chez 84% des malades (n=11).

Sous vidéonystagmoscopie, on retrouvait un nystagmus spontané chez 6 patients.

Pour tous les patients, on retrouvait un nystagmus provoqué au head shaking test. On

observait un nystagmus destructif chez 9 patients et un nystagmus irritatif chez 4

patients. 6 patients présentaient un nystagmus positionnel associé dans presque tous les

cas aux grands vertiges rotatoires.

Les groupes FLAIR+ et FLAIR- ne présentaient pas de différence

significative entre eux sur la présentation clinique initiale (tableau 2).

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Acouphène Vertige

rotatoire NS NPr Npo

FLAIR+ (n=18)

15 (83%) 15 (83%) 11 (61%) 18

(100%) 8 (44%)

FLAIR- (n=13)

11 (84%) 11 (84%) 6 (46%) 13

(100%) 6 (46%)

p 1 1 0,48 1 1

Tableau 2 : comparaison des patients FLAIR+ et FLAIR- sur la présentation clinique

initiale.

(NS : nystagmus spontané, NPr : nystagmus provoqué, NPo : nystagmus positionnel)

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4.3 Comparaison des explorations fonctionnelles et paracliniques chez les patients

FLAIR+ et FLAIR-

4.3.1 Explorations fonctionnelles

Chez les patients FLAIR+ ,

- A l'audiométrie, la PAM était de 84,3 dB.

- Le VHIT mettait en évidence une atteinte simultanée des trois canaux chez 4

patients et une atteinte isolée du canal postérieur chez 9 patients. Chez 5 patients

on ne retrouvait pas d'atteinte canalaire aux hautes fréquences (l'atteinte

canalaire est résumée dans le tableau 3). Parmi les patients qui présentaient une

atteinte du CP seul, 4 étaient cophosés. Les patients qui avaient une atteinte des 3

canaux simultanés avaient une perte auditive allant de légère à cophose. Aucune

atteinte simultanée des canaux antérieurs et latéraux n'a été observée.

- Une atteinte aux épreuves caloriques était constatée chez 9 patients avec un

déficit moyen de 46,7%.

- Les cVEMP montraient des latences moyennes P13 de 11,3 ms, N23 de 16,3 ms,

avec une amplitude moyenne de 0,068 mV. Ils étaient absents chez 4 patients.

Chez les patients FLAIR-,

- A l'audiométrie, la PAM était de 89,9 dB.

- Le VHIT mettait en évidence une atteinte simultanée des trois canaux chez 3

patients, et une atteinte isolée du canal postérieur chez 9 patients (l'atteinte

canalaire est résumée dans le tableau 3). Pour un patient, les résultats au VHIT

initial n’étaient pas connus. Quatre patients étaient cophosés (30%), et tous

présentaient une atteinte du CP uniquement. Aucune atteinte simultanée des

canaux antérieurs et latéraux n'a été observée.

- Une atteinte aux épreuves caloriques était constatée chez 11 patients avec un

déficit moyen de 48,5%.

- Les cVEMP montraient des latences moyennes P13 de 9,0 ms, N23 de 12,3 ms,

avec une amplitude moyenne de 0,03 mV. Ils étaient absents chez 6 patients.

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Nombre de canaux

atteints au VHIT

0 1 (CP) 2 3

FLAIR+ (n=18)

[PAM en dB]

5 (28%) [72]

9 (50%) [88]

0 4 (22%)

[90]

FLAIR- (n=13)

[PAM en dB] 0

9 (70%) [92]

0 3 (30%)

[75]

Tableau 3 : répartition des déficits canalaire au VHIT.

PAM : Perte auditive moyenne en fonction du nombre de canaux atteints. CP : canal

postérieur

Les groupes FLAIR+ et FLAIR- ne présentaient pas de différence

significative entre eux lors des différentes explorations fonctionnelles réalisées

(tableau 4). Il n'y avait pas de différence significative entre le degré de surdité et la

présence ou non d'un hypersignal en FLAIR (figure 3). Il n'y avait pas de différence

entre le degré de surdité et l'atteinte canalaire au VHIT (tableau 3).

Tant pour les groupes FLAIR+ que FLAIR-, le VHIT retrouvait soit une atteinte

associée des 3 canaux, soit une atteinte d’un seul canal ; dans ce cas il s’agissait

toujours du canal postérieur.

PAM (dB) VHIT Epreuves

caloriques (déficit en %)

PEO (absent)

FLAIR+ (n=18)

84,3 CA+CL+CP : 4

CP : 9 46,7 4 (34%)

FLAIR- (n=13)

90 CA+CL+CP : 3

CP : 9 48,5 6 (46%)

P 0,69 - 1 0,77

Tableau 4 : comparaison des patients FLAIR+ et FLAIR- sur la présentation paraclinique

initiale.

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30

Figure 3 : répartition du degré de surdité dans les groupes FLAIR+ et FLAIR-.

0%

10%

20%

30%

40%

50%

60%

70%

Légère à Moyenne

Sévère Surdité profonde à

cophose

No

mb

re d

e p

atie

nts

(e

n %

)

Degré de surdité

Répartition du degré de surdité dans les groupes FLAIR+ et FLAIR-

FLAIR-

FLAIR+

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31

4.3.2 Imagerie par résonnance magnétique

Tous les patients bénéficiaient d'une IRM lors de la prise en charge initiale. Lors

de l'IRM initiale, on retrouvait un hypersignal FLAIR chez 18 patients sur 31, soit 58%.

Deux patients ne présentaient pas d'hypersignal sur leur IRM initiale mais après

relecture nous avons observé une modification sur l'IRM à 1 mois : ils ont donc été

classés FLAIR+. Ces 2 patients n'ont pas pu bénéficier d'une IRM de contrôle à 6 mois.

Parmi ces 18 patients, neuf patients, soit 50%, présentaient un hypersignal

spontané sur la séquence T1 et cinq patients, soit 28% présentaient un hyposignal en

séquence T2. On n’observait aucune prise de contraste après injection de produit

gadoliné. Ces données sont résumées dans le tableau 5.

T1(Hypersignal

spontané) T2

(Hyposignal) FLAIR

(Hypersignal) T1

gadolinium

IRM initiale 9/18 (50%) 5/18 (28%) 18/18 (100%) 0/18 (0%)

Localisation de l'atteinte

Cochlée : 3 Vestibule : 9 CSC : 6

Cochlée : 2 Vestibule : 2 CSC : 4

Cochlée : 13 Vestibule : 16 CSC : 15

-

Tableau 5 : répartition des signaux lors de l'IRM initiale.

Lors de l'analyse des patients qui présentaient un hypersignal spontané en T1, on

retrouvait les caractéristiques résumées dans le tableau 6. Il n’existait pas de différence

significative de PAM, de VHIT ou d’hyporéflexie entre les patients présentant un

hypersignal T1 spontané ou non. De même, le tableau clinique des patients présentant

un hyposignal T2 (5 patients), n’est pas différent statistiquement des patients sans

hyposignal T2.

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32

PAM (dB) VHIT Hyporéflexie (%)

Hypersignal T1 initial

(n=9) 77

VHIT nl : 2 CP : 4 CA+CL+CP: 3

59

Normosignal T1 initial

(n=9) 91

VHIT nl : 3 CP: 5 CA+CL+CP: 1

33

Tableau 6 : caractéristiques des explorations fonctionnelles des patients FLAIR+

présentant ou non un hypersignal T1 spontané (nl: normal).

4.3.3 Bilan auto-immun, ponction lombaire, examen ophtalmologique et cardiologique

Le bilan auto-immun réalisé chez les patients FLAIR+ retrouvait la présence

d'auto-anticorps chez 3 patients : deux présentaient des anticorps anti nucléaires

positifs isolés et un patient présentait des anticorps anti-sm avec des anticorps anti

cardiolipides. Les explorations complémentaires en médecine interne n'ont pas permis

de révéler de pathologie systémique associée à l’atteinte cochléo-vestibulaire, en

particulier pas de syndrome des anticorps anti phospholipide. Ces anticorps étaient

positifs de manière isolée et aucun traitement spécifique n’a alors été introduit en

dehors d'une surveillance biologique.

La ponction lombaire à la recherche des virus VZV, EBV et CMV par PCR n'a

jamais été positive et l’analyse du liquide céphalo rachidien était toujours normale.

L'examen ophtalmologique n'a jamais permis de retrouver d’anomalie tant à

l’examen à la lampe à fente qu’au fond d’œil.

L'examen cardiologique a révélé pour un patient un micro anévrysme du septum

interauriculaire avec un foramen ovale perméable. Cette anomalie semble assez

fréquente dans la population générale, mais peut dans certain cas être à l'origine de

micro emboles. Aucune autre anomalie n'a été retrouvée chez les autres patients. Ils ont

bénéficié d'un examen cardiologique standard, afin de prendre en charge les facteurs de

risque cardio-vasculaires tels que l'hypertension, le cholestérol.

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33

4.4 Comparaison de l'évolution chez les patients FLAIR+ et FLAIR-

4.4.1 Evolution de 0 à 3 mois

4.4.1.1 Patients FLAIR+

4.4.1.1.1 Evolution J0 à J15

Les 18 patients FLAIR+ ont bénéficié d'une corticothérapie à la dose de

1mg/kg/jour pendant une durée moyenne de 7,2 jours. La PAM à J7 était de 81,4 dB,

avec un gain moyen de 5,2 dB, sans différence significative (p=0,41). Pour les dix-huit

patients FLAIR+ une ou plusieurs injections transtympaniques (ITT) de corticoïdes

étaient réalisées entre J0 et J15(en moyenne 2,8 injections par patients).

Après cette première ligne de traitement :

- La PAM était de 67,5 dB, avec un gain moyen de 16,8 dB, sans différence

significative (p=0,39).

- Sur le plan vestibulaire, 10 patients présentaient encore des troubles invalidants,

la plainte principale étant une instabilité empêchant la reprise de l’activité

professionnelle. L’examen clinique retrouvait un nystagmus spontané chez 3

patients et un nystagmus positionnel pour 7 patients.

4.4.1.1.2 Evolution J15-3 mois

Pour ces patients symptomatiques sur le plan vestibulaire (n=10), un traitement

par bolus de corticoïdes à la dose de 500 mg/jour pendant 3 jours, suivi d'une

décroissance progressive sur 3 mois a été proposé. Neuf patients sur 10 ont accepté le

traitement. Il a été instauré précocement (dans les 15 jours) chez 6 d’entre eux. Les trois

autres patients ont accepté ce traitement plus tardivement (de 3 à 6 mois), après une

période d’instabilité persistante non régressive. Un des patients déjà cophosé, a refusé

les bolus, et préféré une labyrinthectomie chimique par de la gentamicine après plus de

6 mois d’instabilité permanente.

Après ce dernier traitement :

La PAM après 3 mois de corticothérapie prolongée était de 57,4 dB, avec un gain

moyen de 24 dB. L'instabilité avait disparu chez 7 patients sur 9. Pour un patient les

troubles cochléo-vestibulaires ont de nouveau récidivé à la décroissance des corticoïdes

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34

nécessitant la mise en route d’un traitement alternatif permettant de le sevrer des

corticoïdes. Il bénéficie actuellement d’un suivi conjoint avec la médecine interne pour

perfusion d’anti TNF alpha. Les 9 patients ayant reçu les bolus de corticoïdes

avaient une meilleure récupération auditive avec un gain de 24 dB (mais sans

différence statistiquement significative) que les patients n'ayant pas bénéficié de

bolus de corticoïdes (gain de 13,5 dB) (p=0,19) (figure 4).

Figure 4 : récupération auditive chez les patients FLAIR+ avec et sans bolus de

corticoïde. La PAM est celle obtenue après traitement.

Sur le plan vestibulaire, les patients qui avaient reçu les bolus de corticoïdes

avaient d’avantages d'instabilité avant ce traitement (88%) que ceux qui n'avaient pas

eu les bolus (44%), et on constatait une amélioration très nette de leur symptomatologie

vestibulaire après ce traitement (11% d’instabilité) (figure 5). Chez les patients qui

n'avaient pas eu de bolus, 33% étaient encore symptomatiques plusieurs mois après.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

PAM (dB) Gain (dB)

cib

els

Récupération auditive à 3 mois

Bolus+ (n=9)

Bolus- (n=9)

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35

Figure 5 : Comparaison des symptômes vestibulaire avant et après bolus de corticoïdes

4.4.1.2 Patients FLAIR-

Chez les patients FLAIR-, ils avaient tous bénéficié d'une corticothérapie à la dose

de 1mg/kg/jour pendant une durée moyenne de 6,2 jours.

Après ce traitement :

- La PAM était de 84,6 dB, avec un gain moyen de 10,7 dB.

- Sur le plan vestibulaire, ces patients présentaient peu de symptômes

résiduels.

Six patients parmi les 13 avaient bénéficié d'une ou plusieurs injections

transtympaniques de corticoïdes. En moyenne 1,4 injections par patient avaient été

réalisées. A J15, la PAM était de 85,3 dB, avec un gain moyen de 13,1 dB.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Avant bolus Après bolus

No

mb

re d

e p

atie

nts

Comparaison symptômes vestibulaire avant et après bolus de corticoïde à 3 mois

Pas de vertige

Instabilité

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36

4.4.2 Suivi du bilan audio vestibulaire à 6 mois

4.4.2.1 Clinique

On constatait la présence d'un acouphène chez 62% des patients FLAIR+ et 61%

des patients FLAIR- (p=0,9).

Quatre patients sur 18, soit 22% présentaient une instabilité persistante, dans le

groupe FLAIR+. Parmi eux, 1 avait reçu les bolus de corticoïdes associés à une

corticothérapie prolongée. Quatorze patients ne présentaient plus de symptôme

vertigineux, soit presque 80%. Huit d'entre eux avaient reçu la corticothérapie

prolongée. Dans le groupe FLAIR-, 2 patients présentaient une instabilité, soit 15%. Tous

les autres ne ressentaient plus de vertige (tableau 7).

A 6 mois Acouphène Vertige

(instabilité) NS NPr Npo

FLAIR+ (n=18)

11 (62%) 4 (22%) 3 (16%) 5 (27%) 5 (27%)

FLAIR- (n=13) 8 (61%) 2 (15%) 0 5 (38%) 2 (15%)

p 0,9 - - - - Tableau 7 : comparaison des patients FLAIR+ et FLAIR-

sur la présentation clinique à 6 mois.

(NS : nystagmus spontané, NPr : nystagmus provoqué, NPo : nystagmus positionnel)

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37

4.4.2.2 Résultats audiométriques

On observait une moyenne de PAM de 64,8 dB dans le groupe FLAIR+, et de 77,8

dB dans le groupe FLAIR-. Il n'y avait pas de différence significative entre les PAM à 6

mois entre les 2 groupes (p=0,30). Le gain moyen était de 18,1 dB dans le groupe

FLAIR+ et de 10,9 dB dans le groupe FLAIR-. Il n'existait pas de différence significative

sur la récupération auditive dans le groupe FLAIR+ par rapport au groupe FLAIR-

(p=0,29). Les données sont résumées dans la figure 6.

Figure 6 : Répartition du degré de surdité à 6 mois

Au sein du groupe FLAIR+, on observait une amélioration significative de la

PAM à 6 mois par rapport à la PAM initiale (84 dB vs 64 dB) (p=0,03),

indépendamment du traitement reçu. Pour le groupe FLAIR-, on ne notait pas de

récupération significativement différente entre l'audiogramme initial et celui à 6 mois

(89,9 dB vs 77,8 dB) (p=0,3).

0%

20%

40%

60%

80%

100%

FLAIR+ (n=18) FLAIR+ (n=17) M+6

FLAIR- (n=13) FLAIR- (n=12) M+6

Po

urc

en

tage

de

pat

ien

ts

Comparaison du degré de surdité initiale et à 6 mois

Légère à moyenne Sévère Profonde à Cophose

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38

4.4.2.3 Résultats au VHIT

Nous avons observé une normalisation du VHIT chez 6 patients sur 31 (19%),

trois dans le groupe FLAIR- et 3 dans le groupe FLAIR+.

Dans le groupe FLAIR+, nous avons vu apparaitre une atteinte des canaux

latéraux et postérieurs (CL+CP) chez 3 patients (10%) qui n’avaient initialement qu’une

atteinte du canal postérieur, ou lorsqu’il existait une atteinte des 3 canaux chez 3

patients également (10 %). Cette atteinte ne correspondait à aucune systématisation

nerveuse. Aucune atteinte isolée des canaux antérieurs et latéraux n'avait été observée.

Ces données sont résumées dans les figures 7 et 8.

Figure 7 : comparaison des VHIT initiaux et à 6 mois chez les patients FLAIR+.

Figure 8 : comparaison des VHIT initiaux et à 6 mois chez les patients FLAIR-.

0

2

4

6

8

10

CP CA+CL+CP CL+CP Normal

No

mb

re d

e p

atie

nts

Atteinte canalaire

Comparaison VHIT initial et à 6 mois chez les FLAIR+

FLAIR+-VHIT initial

FLAIR+VHIT6mois

0

2

4

6

8

10

CP CA+CL+CP CL+CP Normal

No

mb

re d

e p

atie

nts

Atteinte canalaire

Comparaison VHIT initial et à 6 mois chez les FLAIR-

FLAIR-VHIT initial

FLAIR-VHIT6mois

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39

4.4.2.4 Résultats aux épreuves caloriques

Dans le groupe FLAIR+, l'hyporéflexie moyenne était de 52,3%, et dans le groupe

FLAIR- l'hyporéflexie moyenne était de 40,7%. Il n'y avait pas de différence

significative entre les deux groupes (p=0,3).

4.4.2.5 Résultats des PEO

A 6 mois, plus aucun patient FLAIR+ ne présentait d'absence de réponse aux PEO.

On notait une diminution du rapport des amplitudes chez 7 patients, avec un rapport

moyen de 0,28 mV. Dans le groupe FLAIR-, on observait une absence de réponse chez 5

patients, et une diminution du rapport des amplitudes chez 5 autres patients. Le rapport

moyen des amplitudes était de 0,02 mV. Il n'y avait pas de différence significative

pour les résultats des PEO à 6 mois entre les groupes FLAIR+ et FLAIR- (p=0,07),

malgré la récupération d’une fonction sacculaire chez tous les patients FLAIR+. Ces

résultats sont résumés dans le tableau 8.

Bilan à 6 mois FLAIR+ (n=18) FLAIR- (n=13) p

PAM (dB) 64,8 77,8 0,2

Gain PAM (dB) 18,1 10,9 0,29

Hyporéflexie (%)

52,3 40,7 0,3

Rapport des amplitudes PEO (mV)

0,28 (absent : 0)

0,02 (absent : 5)

0,07

VHIT

CA+CL+CP : 0 CP : 5

CL+CP : 5 Nl : 6 NC : 2

CA+CL+CP : 1 CP : 7

CL+CA : 1 Nl : 3 NC : 1

-

Tableau 8 : synthèse des données paraclinique à 6 mois

(CA : canal antérieur; CL : canal latéral; CP; canal postérieur, Nl : VHIT normal, NC : non communiqué).

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40

4.4.2.6 IRM

Les IRM de contrôle des patients FLAIR+ à 6 mois montraient :

- Une normalisation complète de l’IRM, sur toutes les séquences pour 4 patients

sur 18. Parmi eux, 2 patients avaient bénéficié d'un traitement par bolus de

corticoïde suivi d'une corticothérapie prolongée. Un patient est passé de surdité

moyenne à légère, et ne présentait plus de déséquilibre; l'autre était cophosée

initialement, sans récupération à 6 mois, mais avait présenté une instabilité

chronique qui a disparue suite à ce traitement. Les 2 autres patients pour

lesquels l'IRM s'était normalisée, mais qui n'avait pas reçu les bolus, avaient des

symptômes audio-vestibulaires initiaux peu invalidants, avec une surdité initiale

légère à moyenne, qui s'est normalisée à 6 mois, et des symptômes vestibulaires

à type de tangage, qui ont disparu à 6 mois.

- Une amélioration globale de l’imagerie pour 9 patients, soit par diminution très

nette de l’hypersignal FLAIR et/ou de l’hypersignal T1, soit par une diminution

du nombre de sites atteints (cochlée, vestibule ou CSC) sur ces séquences.

- Pour tous les patients (n=5) qui présentaient un hyposignal en T2, on observait

une normalisation de leur imagerie sur cette séquence. Parmi ces 5 patients, 4

(soit 80%) avaient reçu les bolus de corticoïde suivi d'une corticothérapie

prolongée.

Aucune prise de contraste après injection de produit gadoliné en T1 n’était apparue.

A noter qu’un patient a été perdu de vue et 2 patients n’ont pas bénéficié d’IRM

de contrôle à 6 mois car nous avions considéré initialement que leur IRM était normale.

Ces données sont résumées dans le tableau 9.

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41

T1

(Hypersignal spontané) T2

(Hyposignal) FLAIR

(Hypersignal) Prise de

contraste

IRM initiale 9/18 (50%) 5/18 (28%) 18/18(100%) 0/18 (0%)

Localisation de l'atteinte

Cochlée : 3 Vestibule : 9

CSC : 6

Cochlée : 2 Vestibule : 2

CSC : 4

Cochlée : 13 Vestibule : 16

CSC : 15 -

IRM à 6 mois 5/15 (33%) 0/15 (0%) 11/15 (73%) 0/15 (0%)

Localisation de l'atteinte

Cochlée : 3 Vestibule : 4

CSC : 3

Cochlée : 0 Vestibule : 0

CSC : 0

Cochlée : 5 Vestibule : 9

CSC : 10 -

Tableau 9 : synthèse des images à l'IRM initiale et à 6 mois

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42

5 DISCUSSION

A notre connaissance, notre série de 31 patients est la plus importante traitant

des déficits cochléo-vestibulaires unilatéraux isolés aigus et « idiopathiques ». La plupart

des études [4-8] explorent indirectement les troubles cochléo-vestibulaires aigus,

s’intéressant essentiellement aux surdités brusques et accessoirement aux troubles

vestibulaires associés. Aucune étude ne reprend la sémiologie radio-clinique précise des

déficits labyrinthiques aigus. Dans notre groupe 18/31 patients (58%) avaient une

anomalie labyrinthique visible lors de la réalisation de l’IRM précoce. Tous nos patients

ayant une modification du signal labyrinthique avaient un hypersignal sur la séquence

FLAIR. Cette anomalie de signal en FLAIR est déjà reconnue comme étant un facteur de

gravité initiale et de mauvais pronostic à plus long terme dans les surdités [6-8].

L’analyse des séquences T1 et T2 est évoquée par d’autres auteurs mais semble

moins pertinente dans l’évaluation pronostique des syndromes cochléo-vestibulaires [4-

5,9]. Dans notre série, seuls quelques patients avaient en plus de l’hypersignal FLAIR, un

hypersignal spontané en T1 et/ou un hyposignal en T2, sans que l’on observe de

différence.

Cet hypersignal FLAIR observé à l’IRM initiale peut-il nous orienter dans la prise

en charge thérapeutique et l’évaluation pronostique des syndromes cochléo-

vestibulaires aigus ?

5.1 Différences des terrains et des symptômes initiaux chez les patients FLAIR+ et

FLAIR-

Dans notre série, chez les patients FLAIR+ l’âge moyen était significativement

plus bas que dans le groupe FLAIR- (respectivement 41 ans vs 61 ans). L’hypersignal

FLAIR est témoin sur le plan radiologique d’un œdème secondaire à une inflammation

(primaire ou secondaire). Il semblerait qu'une réaction inflammatoire en général soit

moins intense chez un patient plus agé par rapport à des sujets plus jeunes pour une

même agression.

Le fait que nos patients FLAIR- soit plus âgés pourrait être expliqué par ce

phénomène, et n’élimine pas une inflammation infraradiologique dans ce groupe.

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43

D’un autre côté, le groupe de patients FLAIR- avait significativement plus de

facteurs de risque cardiovasculaires que le groupe FLAIR+ (2 ,77 vs 1.5). Associé à

l’âge, ces résultats laissent penser qu’un mécanisme ischémique aigu pourrait être

responsable de l’atteinte cochléo-vestibulaire chez les patients FLAIR-.

Au stade initial, l’examen clinique ne retrouvait pas de différence

significative entre les groupes FLAIR+ et FLAIR-. Ainsi, l'ensemble des patients

présentait au moment de leur prise en charge les mêmes symptômes (acouphènes,

vertige rotatoire) qui n'étaient pas différents entre les deux groupes.

Dans l’étude de Berrettini [7], les auteurs remarquent qu’il existe une corrélation

entre la présence d’un vertige et d’un signal FLAIR à l’IRM, parmi les patients présentant

une surdité brusque. Le vertige serait le témoin d'une atteinte plus importante de

l'oreille interne dans les surdités brusques. Ils déduisent que le FLAIR+ dans les surdités

est un facteur de sévérité; dans cette étude, la PAM initiale chez ces patients est plus

importante. Dans notre travail, d’une part tous les patients présentaient déjà un vertige,

d’autre part, chez ces mêmes patients, seuls 58% avaient un FLAIR+ et sa présence

n’était pas corrélée à l’intensité de la surdité initiale.

La plupart des études [4-8] portent sur les surdités brusques avec ou sans

syndrome vestibulaire associé. La comparaison avec notre travail n’est donc pas aisée.

Peu d’auteurs ont recherché s’il existait des terrains différents entre les patients FLAIR+

et FLAIR-. Seules deux études [6 et 8] ont regardé spécifiquement l’âge des patients mais

n’ont pas montré de différence significative (tableau 10). Aucune de ces différentes

études ne s’est intéressée aux facteurs de risque cardio-vasculaires.

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44

Etude N Pathologie Symptômes FLAIR

(Hypersignal) Sites Age FDRCV

Notre série 31 Syndrome cochléo-

vestibulaire

S : 31 V : 31

18/31 Cochlée : 9 Vestibule : 14 CSC : 12

41 vs 61 (p = 0,0007)

1,5 vs 2,77 (p = 0,03)

S.Seltzer, 1990 5 Surdité brusque S : 5 V : 4

/ Cochlée : 5

Vestibule : 4 nc nc

A.S.Mark, 1992 12 Surdité brusque S : 12 V : 6

/ Cochlée : 12 Vestibule : 5

nc nc

S.Berrettini, 2013 (3D FLAIR sans et avec

Gadolinium) 23 Surdité brusque

S : 23 V : 10

13 /23 (dont V=8)

Cochlée : 11 Vestibule : 5

CSC : 6 nc nc

M. Sugiura, 2006 (3D FLAIR sans et avec

Gadolinium) 8 Surdité brusque

S : 8 V : 2

4/8 (dont V=2)

Cochlée : 4 Vestibule : 2

65 vs 55 (p = 0,38)

nc

T. Yoshida, 2008 (3D FLAIR sans et avec

Gadolinium) 48 Surdité brusque

S : 48 V : 15

31/48 (dont V=12)

Cochlée : 31 Vestibule :

10

50 vs 49 (p = 0,9)

nc

Tableau 10 : revue des études portant sur les hypersignaux FLAIR endolabyrinthique

dans les surdités brusques

(S: surdité; V: vertige; CSC: canal semi-cirsulaire).

A ce stade les deux groupes se différencient par l’IRM en séquence FLAIR, l’âge et les

FDRCV.

5.2 Comparaison des explorations fonctionnelles et paracliniques chez les patients

FLAIR+ et FLAIR-

Les explorations fonctionnelles audio-vestibulaires ne retrouvent pas de

différence significative entre les groupes FLAIR+ et FLAIR-. L'audiogramme, les

épreuves caloriques, les potentiels évoqués otolithiques, et le video head impulse test

n'étaient pas différents entre les deux groupes.

Même si aucune différence statistique n’est observée entre les deux groupes lors

de la comparaison des résultats des différentes explorations fonctionnelles, il est

intéressant de noter que lors d’un déficit au VHIT, le canal postérieur est toujours

incriminé, isolément ou avec d’autres canaux. Sur le plan anatomique, l’association canal

postérieur et surdité doit faire évoquer l’atteinte vasculaire [37, 38]. Cette association

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45

(CP+surdité) est de manière surprenante retrouvée autant chez les FLAIR+ que chez les

FLAIR-. Néanmoins, dans le groupe FLAIR- on retrouve une surdité plus sévère

(profonde ou cophose) que chez les FLAIR+ et une atteinte deux fois plus importante du

canal postérieur seul, par rapport à une atteinte tricanalaire. Cela pourrait

correspondre au territoire vasculaire de l'artère cochléaire commune; cette entité est

déjà décrite dans la littérature par Gussen [37] et Sauron [38], sous le nom de syndrome

de l'artère cochléo-vestibulaire. Cette hypothèse ischémique est renforcée par les

FDRCV plus nombreux dans cette population.

Il est intéressant d'établir un parallèle avec une pathologie ischémique mieux

connue : l'occlusion de l'artère centrale de la rétine (OACR). Tout comme le labyrinthe,

l'œil est un organe à vascularisation terminale (artère carotide interne), et une occlusion

de son artère centrale provoque une baisse d'acuité visuelle irréversible et brutale. Le

pronostic fonctionnel est très mauvais, puisqu'en moins de 90 minutes toutes les

cellules sensorielles sont détruites, aboutissant à une cécité monoculaire, ou au mieux

une perception lumineuse [10, 11]. Les mécanismes étiologiques décrit sont emboliques,

thrombotiques (inflammatoire par exemple, comme la Maladie de Horton, ou artérite à

cellule géante) ou par hyperviscosité sanguine.

De la même façon, on peut s’attendre lors d’une atteinte vasculaire par

thrombose de la veine ou embolie de l’artère cochléo-vestibulaire à un déficit d’emblée

sévère et profond de très mauvais pronostic [38].

Aucun traitement n'a fait preuve de son efficacité dans la récupération visuelle

chez ces patients ayant une OACR [12].

Dans la recherche d’hypothèse physiopathologique, l’IRM aurait pu nous orienter.

En effet sur les analyses histologiques post ischémique par oblitération artérielle, on

retrouve de la fibrose et des zones d’ossification [39]. Or les patients FLAIR- n’avaient

pas d’autre anomalie de signal en pondération T1, T2 et T1 après injection de produit de

contraste. Cela ne nous permet pas de conclure de manière certaine en faveur d’une

cause ischémique.

De plus nous ne mettons pas en évidence comme nous l'avions pensé de

corrélation radio-clinique, tant sur le plan cochléaire que vestibulaire. Certains patients

cophosés ne présentent pas d'hypersignal en FLAIR sur la cochlée alors que chez des

patients avec une surdité moyenne on retrouve cet hypersignal FLAIR cochléaire. De la

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46

même façon, lorsqu'il existe un déficit localisé d'un canal semi-circulaire (identifié sur le

VHIT, les épreuves caloriques, ou les PEO), on ne retrouve pas systématiquement

d'hypersignal FLAIR du ou des canaux atteints. L'imagerie n’a donc pas de valeur

localisatrice sur les zones mortes fonctionnelles et ne nous informe que sur une

anomalie liquidienne témoin d’une souffrance cellulaire.

Un hypersignal FLAIR était présent chez 18/31 patients évoquant une réaction

inflammatoire, dont l’origine est indéterminée; parmi eux, sept présentaient

uniquement un hypersignal FLAIR sans autre anomalie de signal sur l’imagerie initiale.

Pour 9 patients, il était associé un hypersignal T1 spontané chez 50% d’entre eux, plutôt

évocateur d’hémorragie intra labyrinthique mais sans aucune prise de contraste après

injection de gadolinium. D’après l’étude de Dubrulle[9], l’hémorragie intra labyrinthique

est définie s’il existe un hypersignal spontané associé à une prise de contraste en T1.

S’agit-il réellement dans notre cas d’une hémorragie intralabyrinthique ?

Cinq patients présentaient un hyposignal T2. Dans la littérature cet hyposignal

est un signe précoce de labyrinthite ossifiante ou de fibrose, particulièrement dans les

labyrinthite bactérienne (à confronter au scanner).

La présence ou non d’hypersignal FLAIR à l’IRM, ne nous permet donc pas de

nous orienter avec certitude vers une étiologie spécifique. L'imagerie initiale peut être

difficile à interpréter et parfois seule l'évolution nous permet de conclure en faveur

d’une hypothèse diagnostique.

5.3 Comparaison de l'évolution chez les patients FLAIR+ et FLAIR- à 6 mois.

Sur le plan auditif, la récupération semble moins bonne dans le groupe FLAIR-,

mais sans différence significative par rapport au groupe FLAIR+. Cela est en

contradiction avec certains auteurs qui retrouvent une corrélation entre la présence

d’un hypersignal FLAIR, la sévérité de l’atteinte cochléo-vestibulaire et la mauvaise

récupération auditive dans les surdités brusques [6, 15]. Dans le même sens, l'absence

d’hypersignal en 3D FLAIR serait en faveur d’un meilleur pronostic auditif [16].

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Au sein du groupe FLAIR+, la cophose ou la surdité profonde initiale semble

insensible à la corticothérapie, par voie générale et locale. Cependant, en cas de surdité

légère à sévère on note une amélioration significative à 6 mois de la PAM, chez les

patients FLAIR+. Contrairement aux patients FLAIR- dont le profil semble plus

vasculaire (âge, FDRCV, évolution, atteinte du canal postérieur associée aux surdités les

plus sévères).

Cette corticosensibilité conforterait l’hypothèse plutôt inflammatoire et moins

microvasculaire chez les patients FLAIR+. Pour deux de nos patients nous avons observé

une corticodépendance des symptômes cochléo-vestibulaires. Ils rechutaient à chaque

arrêt de la corticothérapie (signe d’irritation vestibulaire et majoration de la surdité).

Cette corticodépendance est très évocatrice de mécanismes inflammatoires chroniques,

décrit dans les AIED. Pour ces patients un traitement complémentaire par anti TNF

alpha en partenariat avec la médecine interne a été instauré afin de permettre un

sevrage en corticoïdes.

Sur le plan vestibulaire, les patients FLAIR+ présentant une instabilité persistante

à la suite du traitement conventionnel (9/18 soit 50%) avaient à l’examen des signes

d’irritation vestibulaire. Notre étude étant rétrospective, nous n'avons pas pu quantifier

le handicap lié au vertige. Un questionnaire, tel que le Dizziness Handicap Inventory

aurait été une aide précieuse pour établir une échelle de qualité de vie lié au vertige,

comme pour la mesure à l'audiogramme.

L’hypothèse d’une inflammation locale persistante responsable des symptômes

vestibulaires chroniques, a motivé l’optimisation de la corticothérapie calquée sur le

traitement des maladies auto-immunes de l’oreille interne (AIED). Comme pour les

surdités fluctuantes, un traitement associant une corticothérapie à forte dose, avec une

décroissance lente sur 3 mois a été proposé. Les résultats observés sont très

prometteurs. L'amélioration clinique chez 7 patients (sur 9) et la disparition de

l'hypersignal FLAIR chez 3 patients (sur 4) sous traitement semble concorder avec cette

hypothèse de cascade inflammatoire corticosensible. Malheureusement, nous n'avons

pas de population témoin permettant d'affirmer que l'évolution favorable soit liée au

traitement. Certains de nos patients ont adhéré tardivement à ce protocole devant la

persistance d’un syndrome vestibulaire irritatif chronique. Nous n'avons pour le

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moment de recul de ce traitement instauré tardivement que pour deux patients qui

semblent satisfaits avec une nette diminution des symptômes vestibulaires.

Il est intéressant de noter la régression de l’hyposignal T2 et l’absence de fibrose

même à plus de 6 mois. Cette observation va à l’encontre de ce qui est observé dans la

littérature [9]. Le traitement par corticothérapie que nous avons instauré a peut-être

permis la régression des phénomènes inflammatoires, qui aurait pu évoluer vers la

fibrose. Pour certains auteurs, l'absence de fibrose labyrinthique serait un argument

contre l'hypothèse vasculaire [17].

Cette observation est fondamentale car la préservation d’une cochlée non

fibrosée rend possible une réhabilitation auditive, notamment par implantation

cochléaire. Certaines équipes sont en cours d'étude afin d'évaluer la réhabilitation

auditive pour les surdités unilatérales. Cela nous incite à traiter activement les patients

en cas d’hypersignal FLAIR, même si l'évolution auditive est compromise.

Lorsqu'elle est instaurée précocement chez les patients FLAIR+, la

corticothérapie à forte dose puis prolongée, semble avoir un effet bénéfique sur la

récupération vestibulaire et l'imagerie, notamment l'hyposignal T2 (4 patients sur les 5

ont reçu les bolus). Nous n'avons pas assez de recul ni de patients pour conclure de

l’intérêt de la corticothérapie sur le contrôle de l’inflammation visible à l’IRM (3 patients

sur 4 qui ont normalisé cette séquence ont reçu les bolus). La récupération auditive est

plus variable et on observe une tendance à l'amélioration avec les bolus, lorsque la perte

auditive initiale est sévère au maximum, mais sans différence significative.

Lorsque ce traitement a été instauré plus tardivement à cause d’un syndrome

vestibulaire irritatif persistant, on a pu noter une bonne efficacité sur ces symptômes

mais aucun bénéfice sur l'audition n'a été observé.

La corticothérapie ne semble pas indiquée chez les patients FLAIR- car les

symptômes vestibulaires s'amendent plus rapidement. Il semble que les patients ne

présentent pas de phénomène vestibulaire irritatif chronique, permettant une

compensation plus rapide. Cette observation est plutôt en faveur d’une destruction

rapide et définitive, comme nous pouvons l’observer dans les atteintes vasculaires.

De plus, ces patients ont plus de facteurs de risque cardiovasculaires pouvant

être aggravés sous corticoïdes (majoration de la tension artérielle, déséquilibre du

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diabète). Pour ces patients, l'instauration d'aspirine précocement pourrait permettre

une prévention secondaire en évitant les récidives.

La limite de cette étude est évidemment liée au recueil de donnée rétrospectif,

avec des outils ayant évolués rapidement au cours des dernières années (IRM, VHIT,

PEO). Par ailleurs, le faible nombre de patients inclus (pathologie rare) et à la difficulté

d’instaurer le même traitement à tous les patients est une autre limite.

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6 CONCLUSION

Le syndrome cochléo-vestibulaire déficitaire aigu est une maladie de l'organe

labyrinthique à part entière.

Il s'agit d'un tableau sévère d'atteinte cochléo-vestibulaire, entraînant un handicap

sensoriel cochléo-vestibulaire invalident dont la récupération est aléatoire.

L’IRM a permis d’identifier et de visualiser certaines anomalies labyrinthiques

responsables de cette atteinte. Cet examen d'imagerie doit être réalisé

systématiquement devant tout syndrome cochléo-vestibulaire aigu : d'abord pour

éliminer une pathologie neurologique centrale, puis pour définir s'il existe ou non une

modification de signal du liquide labyrinthique. La séquence FLAIR est la plus sensible

pour objectiver précocement l’inflammation labyrinthique. Elle devra être réalisée en

coupes fines sur le rocher.

Actuellement, nous ne pouvons toujours pas déterminer précisément la cause de

ces labyrinthites. Notre travail a permis d’identifier deux groupes qui se différencient

initialement, d’une part par leur signal à l’IRM en FLAIR, d’autre part par le terrain :

FDRCV et âge. Le profil évolutif de ces patients est aussi distinct permettant d’évoquer

deux mécanismes physiopathologiques : l’ischémie aigüe et l’inflammation.

Le groupe FLAIR+ (plus jeune et avec moins de FDRCV) répond favorablement à

la corticothérapie tant sur le plan cochléaire que vestibulaire. Il pourrait s'agir de

phénomènes inflammatoires locaux modifiant l'équilibre des liquides

endolabyrinthiques, ou bien aboutissant à des phénomènes thrombotiques comme dans

les vascularites. C'est dans cette optique que nous avons proposé à certains patients un

traitement par bolus et corticothérapie prolongée. L'amélioration des symptômes

vestibulaires est un résultat encourageant. La récupération auditive est trop modeste

pour être mise en avant.

Dans le groupe FLAIR-, plus âgés et présentant plus de FDRCV, on relève moins

d’instabilité mais la récupération auditive est moins bonne. Par ailleurs l'association

d'une surdité profonde à une cophose avec une atteinte du canal semi-circulaire

postérieur homolatéral est plus fréquente chez ces patients, nous permettant

d'envisager une hypothèse microvasculaire par atteinte de l’artère cochléo-vestibulaire.

Dans ces cas un traitement par aspirine et le contrôle des FDRCV semblent le plus

adapté.

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Ces résultats doivent néanmoins être confirmés par un travail prospectif car les

deux groupes FLAIR+ et FLAIR- n’ont pas reçu des traitements comparables en

rattrapage. L’étude de la qualité de vie est nécessaire. L’intérêt d’une corticothérapie par

bolus en phase initiale, ou d’un autre traitement immuno-modulateur pour les patients

dont l’inflammation est objectivée à l’IRM doit être discuté.

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7 Annexe 1 : embryologie de l'oreille interne

Le labyrinthe membraneux est d'origine ectoblastique, et le labyrinthe osseux d'origine

mésoblastique.

Les structures labyrinthiques se mettent en place précocement, puisque dès le 22ème

jour, la placode otique apparait. C'est un épaississement de l'ectoblaste de part et

d'autre du rhombencéphale. Elle s'invagine dans le mésoblaste pour former une vésicule

: l'otocyste. Les neurones du ganglion stato-acoustique dérivent de la paroi médiale de

cette vésicule, qui donnera plus tard l'utricule.

A la 4ème semaine, la vésicule otique se divise en une partie ventrale qui donne naissance

au saccule et au canal cochléaire et une partie dorsale qui forme l'utricule, les canaux

semi-circulaires et le canal endolymphatique.

L'utricule et le saccule se forment à la 6ème semaine. Puis un diverticule antérieur va

naître du saccule pour donner le canal reunien et le canal cochléaire.

Le canal cochléaire s'enroule dans le mésoblaste et vers la 10ème semaine conflue pour

former les rampes tympanique et vestibulaire. Le canal cochléaire est alors séparé de la

rampe vestibulaire par la membrane de Reissner et de la rampe tympanique par la

membrane basilaire.

Dans le même temps, durant la 6ème semaine, la portion dorsale de l'utricule donne trois

disques aplatis qui forment les trois canaux semi-circulaires, par des phénomènes

d'accolement et de résorption.

Parallèlement, le ganglion stato-acoustique se développe. Initialement, il n'est en contact

qu'avec la partie supérieure de la vésicule otique, sur la face médiale de l'utricule. Lors

de la partition de la vésicule otique, le ganglion va aussi se diviser, en une partie

supérieure pour l'utricule, et en une partie inférieure pour le saccule et l'ampoule de

canal semi-circulaire postérieur. Ce dernier constitue le ganglion de scarpa, puis la

cochlée où il devient le ganglion spiral ou organe de Corti.

L'épithélium sensoriel se développe à partir de l'épithélium pseudo-stratifié de la face

médiale de la vésicule. Les cellules sensorielles des macules utriculaires et sacculaires et

des crêtes sensorielles se divisent vers la 7ème semaine.

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Annexe 2 : anatomie de l'oreille

L'oreille interne est située au sein de la pyramide pétreuse de l'os temporal. Elle

comporte un ensemble de cavités osseuses, ou labyrinthe osseux, contenant des

structures tubulaires formant le labyrinthe membraneux. Au sein de ce dernier se

trouvent le vestibule, organe de l'équilibre et la cochlée, organe de l'audition.

D'une même origine embryologique (la vésicule otique), ces deux organes partagent

aussi d'autres propriétés morphologiques et physiologiques comme le liquide

endolymphatique, les cellules ciliées et leurs propriétés de transduction.

Labyrinthe antérieur

La cochlée osseuse est située juste en avant du vestibule. Sa forme extérieure ressemble

à une coquille d’escargot. Il s'agit un tube osseux long de 30 mm et de 1 à 2 mm de

diamètre. Il est enroulé autour d’un axe appelé modiolus. Au sein du modiolus, la lame

spirale s'insère et permet de séparer les deux rampes.

Autour de cet axe sont enroulés en spirale trois canalicules : la rampe tympanique, la

rampe vestibulaire et le canal cochléaire. Les rampes tympanique et vestibulaire sont

remplies de périlymphe, et communiquent entre elles par un petit orifice à l'apex de la

cochlée par l'hélicotrème.

Le canal cochléaire est situé entres les rampes tympanique et vestibulaire, et est rempli

d'endolymphe. Entre le canal cochléaire et la rampe tympanique se situe l'organe de

Corti.

Le canal cochléaire est limité en haut par la membrane de Reissner, en latéral par le

ligament spiral sur lequel s'insèrent la membrane de Reissner et la strie vasculaire et en

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inférieur par la membrane basilaire sur laquelle repose l'organe de Corti recouvert par

la membrane de Corti.

L'organe de Corti est l’élément sensoriel où sont situés les récepteurs de l’audition. Il

repose sur la membrane basilaire entre deux sillons : le sillon spiral interne et le sillon

spiral externe. Il comporte plusieurs systèmes de cellules et structures.

Cellules sensorielles

– Trois rangées de cellules ciliées externes surmontées par des stéréocils disposés

comme des tuyaux d’orgue et rangés selon un W ouvert vers le modiolus. Ces

cellules auraient des propriétés contractiles.

– Une seule rangée de cellules ciliées internes.

Cellules de soutien

Elles supportent les cellules sensorielles. Des cellules de soutien entourent

complètement les cellules ciliées internes. Les cellules de Deiters reposent sur la

membrane basilaire. Les cellules de Hensen sont placées en dehors des cellules de

Deiters et tapissent la lèvre interne du sillon spiral externe.

Les fibres nerveuses gagnent et quittent la cochlée au travers de la membrane basilaire.

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Labyrinthe postérieur

Le labyrinthe postérieur comprend l’utricule, le saccule, les canaux semi-circulaires et le

système endolymphatique.

Canaux semi-circulaires

Les canaux semi-circulaires (CSC), orientés dans les trois plans de l’espace, sont :

– le CSC latéral ou horizontal ou externe, situé dans un plan oblique d’avant en

arrière et de haut en bas lequel fait un angle de 30° environ ouvert en avant. Dans

le port de tête habituel, le canal latéral externe est en position horizontale;

– le CSC antérieur ou supérieur, situé dans un plan vertical presque perpendiculaire

à l’axe du rocher, oblique de dehors en dedans et d’avant en arrière, lequel forme

avec le plan sagittal un angle ouvert en avant de 37°. Ce plan est perpendiculaire

au plan du canal latéral;

– le CSC postérieur, situé dans un plan vertical presque parallèle à l’axe du rocher et

faisant avec le plan sagittal un angle ouvert en arrière de 53°. Ce plan est

perpendiculaire au plan du canal latéral.

Les trois canaux, dont la lumière est de l’ordre du millimètre, débouchent dans le

vestibule par un orifice dilaté (ampoule) et par un orifice simple. Les canaux antérieur et

postérieur possèdent une branche osseuse commune. Les ampoules des CSC latéral et

antérieur, à l’inverse des postérieures, ont une situation antérieure. Les ampoules sont

formées des extrémités dilatées des trois CSC. Sur leur plancher, perpendiculairement à

la lumière de chaque canal, se trouve la crête ampullaire. La partie superficielle des

crêtes est constituée de cellules de soutien et de cellules sensorielles. Ces dernières

émettent des cils qui s’insinuent dans une structure gélatineuse constituée de protéines :

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la cupule. La cupule s’étend de la surface de la crête jusqu’au sommet de l’ampoule,

formant une cloison élastique étanche.

Chaque crête ampullaire est recouverte par un neuroépithélium comportant deux types

de cellules : (1) les cellules de type I, de forme évasée, sont englobées dans une

terminaison nerveuse afférente épanouie en calice. (2) les cellules de type II dont le pôle

basal est connecté à une terminaison afférente simple.

Chaque cellule comporte à son pôle apical une touffe de stéréocils dominée par un

kinocil plus long. Pour chaque ampoule, les stéréocils sont tous placés du même côté du

kinocil. Kinocils et stéréocils sont enchâssés dans une membrane amorphe barrant

transversalement l’ampoule : la cupule. Lors des mouvements de la tête, les

déplacements inertiels de l’endolymphe déterminent un enfoncement de la cupule

provoquant une flexion des kinocils et des stéréocils. Une flexion en direction du kinocil

induit une augmentation de l’activité neuronale afférente, et inversement une flexion en

sens inverse induit une inhibition de cette activité [18].

Vestibule (utricule et saccule)

L'utricule est une vésicule allongée dont l’extrémité antérieure arrondie est accolée par

sa face médiale à la fossette ovoïde. À ce niveau, l’utricule est fixé solidement par du

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tissu conjonctif et les filets nerveux utriculaires. Les canaux semi-circulaires débouchent

dans l’utricule en deux groupes : – les orifices ampullaires des canaux latéral et

supérieur dans le plafond de l’extrémité antérieure; – l’orifice non ampullaire du canal

latéral, l’orifice commun au canal semi-circulaire antérieur et au canal semi-circulaire

postérieur et l’orifice ampullaire du canal postérieur dans l’extrémité postérieure.

La macule de l’utricule représente la région sensorielle et inclus : (1) l’épithélium

sensoriel; (2) la membrane otolithique, disposée sur le neuroépithélium. Elle comporte

trois couches : la couche des otolithes, la couche gélatineuse, la couche du maillage sous-

membranaire. Les otolithes sont des formations inertes riches en carbonate de calcium.

Lors de l’inclinaison de la tête, la membrane otolithique glisse sur le neuroépithélium et

les stéréocils subissent des déformations qui se traduisent soit par une excitation, soit

par une inhibition, à la manière du processus décrit pour la crête ampullaire.

Le saccule est une vésicule arrondie, sous-jacente à l’extrémité antérieure de l’utricule,

plus médiale et plus petite que lui. La macule sacculaire a une structure analogue à la

macule utriculaire.

Canal endolymphatique

Le canal endolymphatique naît de la réunion de deux canalicules issus de l’utricule et du

saccule. Le sac endolymphatique termine le canal et constitue un véritable

prolongement intracrânien du labyrinthe membraneux. Large de 8 à 10 mm, il déborde

la fossette unguéale dans un dédoublement de la dure-mère.

Vascularisation

Réseau artériel

La vascularisation du labyrinthe membraneux est une vascularisation terminale

provenant de l'artère labyrinthique. Celle-ci nait de l'artère cérébelleuse moyenne ou

inférieure et antérieure, ou directement du tronc basilaire. Elle traverse le CAI au fond

duquel elle se divise en trois branches.

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Artère vestibulaire antérieure

Elle donne des branches pour la face postérieure du saccule et de l'utricule, et

vascularise les CSC antérieur et latéral.

Artère cochléaire

Elle pénètre dans le modiolus, où elle donne naissance aux artères radiales. Chaque

artère radiale se divise en artère radiale externe et artère radiale interne.

Artère vestibulo-cochléaire

Elle nait de l'artère cochléaire et se divise en deux branches :

-la branche cochléaire, qui vascularise le canal cochléaire et s'anastomose à

l'artère cochléaire;

-la branche vestibulaire postérieure, qui irrigue la macule du saccule, l'ampoule

et les parois du CSC postérieur, et les parois inférieures du saccule et de l'utricule.

Le labyrinthe osseux possède une vascularisation indépendante par l'artère tympanique

inférieure, l'artère stylo-mastoïdienne et l'artère subacuarta.

Figure : vascularisation de l'oreille interne (in www.vestib.org/innervation)

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Réseau veineux

Il existe deux réseaux veineux principaux.

Réseau de l'aqueduc du vestibule

Il réunit les veines en provenance des zones non sensorielles du labyrinthe vestibulaire.

La veine de l'aqueduc du vestibule reçoit les veines du sac endolymphatique. Un trouble

du retour veineux pourrait jouer un rôle dans la genèse de l'hydrops labyrinthique.

Réseau de l'aqueduc de la cochlée

Il rassemble les veines en provenance des zones sensorielles du vestibule (Veine

vestibulaire supérieure -utricule; Veine vestibulaire inférieure -saccule, ampoule du CSC

postérieur; Veine cochléaire commune, Veine de la fenêtre ronde).

Ces réseaux se jettent dans le sinus pétreux inférieur, qui se poursuit vers le golfe de la

jugulaire. Le CAI ne possède pas de circulation veineuse issue de l'oreille interne.

La microcirculation cochléo-vestibulaire

La microcirculation cochléo-vestibulaire est à l'origine des fluides de l'oreille interne.

C'est ce réseau, formé de capillaire, qui alimente les organes sensoriels et de soutien.

L'artère radiale externe fournit

- le réseau de la membrane de Reissner, et jouerait un rôle dans la production de

périlymphe et les transports liquidiens.

-Le réseau de la strie vasculaire, qui permet l'oxygénation de cellules de la strie, et le

maintien de l'équilibre électro chimique de l'endolymphe.

-le réseau de la proéminence spirale, qui joue un rôle dans la réabsorption de

l'endolymphe.

-Le réseau du ligament spiral

L'artère radiale interne forme un arc vasculaire et se divise en quatre réseaux capillaires

dont le principal est le réseau de la membrane basilaire.

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La microcirculation vestibulaire est plus simple et suit les nerfs à destinée de chaque

structure vestibulaire.

Innervation

La huitième paire crânienne ou nerf cochléo-vestibulaire se divise dans le conduit auditif

interne (CAI) en une branche antérieure, le nerf cochléaire, et une branche postérieure,

le nerf vestibulaire.

Le nerf cochléaire naît de l'organe de Corti, où les filets nerveux cheminent le long de la

lame spirale pour se distribuer au ganglion spiral de Corti. Les filets nerveux afférents

des CCI constituent 90 à 95% des fibres du nerf cochléaire, et véhiculent le message

sensoriel jusqu'au noyau cochléaire.

Les fibres cochléaires traversent la columelle puis gagne la partie antéro-inférieure du

CAI via la fossette cochléaire.

Les CCE ne sont pas véritablement un récepteur sensoriel, et sont douées de propriétés

contractiles. Elles reçoivent des informations du système efférent, nées du complexe

olivaire supérieur.

Le nerf vestibulaire est la réunion du nerf vestibulaire supérieur (NVS) et du nerf

vestibulaire inférieur(NVI).

Le NVS provient de l'association des nerfs utriculaire, ampullaire supérieur, et

ampullaire latéral. Il reçoit aussi une petite branche issue du saccule. Il chemine dans la

partie postéro-supérieure du CAI.

Le NVI provient du nerf sacculaire et du nerf ampullaire postérieur. Il chemine dans la

partie postéro-inférieure du CAI après avoir traversé le foramen singulare de Morgagni.

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Annexe 3 : physiologie de l'oreille

Liquides labyrinthiques

Dans l’oreille interne, le labyrinthe membraneux, épithélium neurosensoriel hétérogène

et serré, sépare deux compartiments remplis de liquides extracellulaires de composition

chimique très différente. Les cavités du labyrinthe membraneux sont remplies

d’endolymphe, alors que les espaces compris entre les labyrinthes membraneux et

osseux sont remplis de périlymphe. Dans la cochlée des mammifères, l’endolymphe est

contenue dans la scala media ou canal cochléaire, la périlymphe dans les rampes

vestibulaire et tympanique.

Figure : Ferrary E., Couloigner V., Sterkers O. Physiologie des liquides labyrinthiques. EMC 20-030-B-10, 2007.

Physiologie cochléaire [19] La transduction des informations mécaniques en signaux électrochimiques est assurée

par les cellules sensorielles. Ces dernières sont coiffées à leur pôle apical de trois

rangées de stéréocils, auxquels elles doivent leur nom de cellules ciliées. Il existe deux

types de cellules ciliées, disposées de part et d’autre du tunnel de Corti : les cellules

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ciliées externes (CCE) et les cellules ciliées internes (CCI). Les CCE ont pour rôle

d’amplifier l’onde sonore et les CCI traduire l’information sonore en message nerveux.

Tandis que les stéréocils des cellules ciliées baignent dans l’endolymphe, leur corps

cellulaire est localisé dans le compartiment périlymphatique. Les stéréocils,

principalement constitués d’actine, sont au nombre d’une centaine par cellule ciliée et

sont disposés sur trois rangées.

Les cellules ciliées externes

Les cellules ciliées externes, situées sur le bord externe de la spirale cochléaire, sont

organisées en trois rangées et sont au nombre d’environ 13 000 par cochlée chez

l’homme. Leurs stéréocils sont disposés en W sur leur plaque cuticulaire. La rigidité des

stéréocils varie de la base à l’apex dans un rapport voisin de 1 à 10 pour la première

rangée, de 1 à 40 pour la troisième rangée. Cette rigidité dépend du sens de déflexion

des cils : elle est plus grande pour une déflexion vers l’extérieur par rapport à l’axe de la

cochlée.

Les cellules ciliées internes

Les CCI se distinguent des CCE par la forme en poire de leur corps cellulaire. Les CCI, au

nombre de 3 500 par cochlée, sont situées sur le bord interne de l’organe de Corti et

sont organisées sur une seule rangée. Contrairement aux CCE, les stéréocils sont

disposés en ligne et ne sont pas ancrés dans la membrane tectoriale. Le noyau est en

position médiane et la membrane plasmique latérale est classique. Bien que trois fois

moins nombreuses que les CCE, les CCI sont les véritables cellules sensorielles. Elles

assurent à la fois la transduction de la vibration mécanique en signal électrique et le

transfert de l’information par la libération de neurotransmetteur sur les fibres du nerf

auditif. Chaque CCI a une réponse électrophysiologique très dépendante de la fréquence

du son stimulant. Il est possible de tracer des courbes isoélectriques (intensité de

stimulation nécessaire pour obtenir une réponse de la cellule d’une amplitude donnée

selon la fréquence de stimulation) qui présentent une très forte sélectivité en fréquence.

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Innervation afférente et efférente

Innervation afférente

L’organe de Corti reçoit une double innervation, à la fois afférente et efférente.

L’innervation afférente provient des neurones de type I et II du ganglion spiral, dont les

axones projettent vers les noyaux cochléaires. L’innervation efférente provient de

neurones appartenant à deux systèmes distincts dont les corps cellulaires se situent

dans les noyaux du tronc cérébral. Le prolongement axonal de l’ensemble de ces

neurones constitue le nerf cochléaire.

L’innervation afférente de l’organe de Corti provient des neurones auditifs primaires,

dont les corps cellulaires sont situés au niveau du ganglion spiral. Les neurones auditifs

primaires sont de deux types, appelés neurones ganglionnaires de type I et neurones

ganglionnaires de type II. L’innervation afférente des CCI est assurée par les neurones

ganglionnaires de type I. Les neurones de type I représentent 95 % de la population

neuronale du ganglion spiral. Plusieurs neurones de type I vont contacter une même CCI

(en moyenne une dizaine par CCI). Ainsi, chez l’homme, il existe environ 30 000

neurones de type I pour 3 500 CCI.

Le neurotransmetteur utilisé par les CCI est le glutamate, acide aminé excitateur utilisé

par une grande majorité des synapses du système nerveux central. Cependant, sa

libération excessive peut devenir toxique (phénomène d’excitotoxicité).

L’innervation afférente des CCE est assurée par les neurones ganglionnaires de type II.

Ces derniers représentent une population minoritaire au sein du ganglion spiral : ils

constituent en effet à peine 5 % de la population neuronale de cette structure. Chaque

neurone de type II va ainsi établir des synapses avec une dizaine de CCE différentes,

appartenant généralement à la même rangée. La nature du neurotransmetteur utilisé

par ces synapses est à l’heure actuelle inconnue.

Innervation efférente

La cochlée est un organe contrôlé par les centres supérieurs. Les cellules ciliées

reçoivent une innervation massive de la part de deux systèmes efférents dont les corps

cellulaires sont originaires de l’olive bulbaire. Le système efférent médian innerve

directement les CCE tandis que le système efférent latéral innerve les dendrites des

fibres de type I du nerf auditif pour les CCI. Le système efférent latéral utilise plusieurs

neurotransmetteurs dont l’acétylcholine, l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), la

dopamine, et des neuromodulateurs.

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L’innervation efférente des CCE est assurée par le système olivo-cochléaire efférent

médian. Le neurotransmetteur utilisé par le système efférent médian est l’acétylcholine.

En contrôlant le potentiel de membrane des CCE, le système efférent médian module

donc l’activité de ces cellules, dont le rôle majeur est d’amplifier l’intensité des ondes

sonores. La réduction du gain de l’amplificateur cochléaire permet au système efférent

médian d’assurer une protection aux fortes intensités de stimulation.

Physiologie vestibulaire

L'appareil vestibulaire fonctionne en permanence de façon inconsciente. En l'absence de

mouvement, les cellules toniques produisent un rythme de base permettant le maintien

d'un tonus musculaire. Ces cellules sont sensibles aux basses et moyennes fréquences et

réagissent à des stimuli excitateurs et inhibiteurs.

Physiologie canalaire

Ewald, en 1892, évoque déjà des mécanismes d'activation canalaire.

Le système canalaire est un accéléromètre qui réagit au mouvement angulaire de la tête.

Les CSC fonctionnent en couple selon un modèle push-pull.

Les cellules vestibulaires sont orientées dans le même sens et polarisées selon un axe

formé par le stéréocil et le kinocil. Un mouvement de liquide endolymphatique entraîne

un déplacement de la cupule, qui modifie l'inclinaison des stéréocils. Leur inclinaison

vers le kinocil entraîne une excitation, et inversement; leur inclinaison dans le sens

opposé au kinocil entraîne une inhibition. Ainsi, lorsqu'un canal horizontal est excité,

son homologue controlatéral est inhibé. Lorsqu'un canal antérieur est excité, le canal

postérieur controlatéral est inhibé.

Le kinocil étant positionné différemment entre les CSC latéraux et les CSC verticaux, tout

mouvement ampullipète (c'est à dire en direction du kinocil) est excitateur dans le plan

des canaux horizontaux, et tout mouvement ampullifuge (c'est à dire en direction

opposée au kinocil) est excitateur dans le plan des canaux verticaux. Inversement, tout

mouvement ampullifuge est inhibiteur dans le plan des canaux horizontaux, et tout

mouvement ampullipète est inhibiteur dans le plan des canaux verticaux.

Ewald, dans sa seconde loi, énonce que les stimulations excitatrices sont plus fortes que

les stimulations inhibitrices. C'est ce mécanisme physiologique qui est utilisé lors de la

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rééducation vestibulaire, mais cette compensation est impossible en cas de déficit

vestibulaire définitif.

Dans sa première loi, Ewald énonce que toute stimulation d'un canal déclenche un

mouvement oculaire dans le plan de ce canal. On suppose que chaque CSC stimulé est à

l'origine d'un mouvement oculaire spécifique, en donc qu'il existe un couplage entre

chaque CSC et les muscles oculomoteurs. L'interaction réciproque des canaux conduit

également à une activation des muscles oculomoteurs dans le plan du canal stimulé et à

une inhibition des muscles oculomoteurs reliés au CSC antagoniste. Le mouvement

global des yeux avec la tête est la résultante de stimuli excitateurs et inhibiteurs

transmis aux muscle oculomoteurs par les CSC.

Le réflexe vestibulo-oculaire (RVO) a pour objectif de stabiliser une image sur la rétine

alors que l'individu est en mouvement. Il permet la réalisation de mouvements oculaires

compensateurs des déplacements de la tête, dans le plan des CSC excités. Il s'agit d'un

arc reflexe très rapide (7 ms environ) à 3 neurones (noyaux vestibulaires-bandelette

longitudinale médiane-noyaux oculomoteur). Ce RVO est modulé par le cervelet, par des

fibres projetées sur les noyaux vestibulaires. Le cervelet permet un rétrocontrôle

permanent sur les mouvements oculaires afin d'adapter le RVO.

Lors d'une destruction d'un organe vestibulaire, on supprime temporairement ou

définitivement les informations du vestibule, et donc du RVO. Le côté sain ne cesse pas

de fonctionner, et les cellules vestibulaires émettent leur potentiel tonique de façon

continue : les muscles oculomoteurs connectés sont donc stimulés en permanence. Il

apparait alors le nystagmus spontané pathologique.

Physiologie otolithique

Le système otolithique est un capteur gravitationnel, sensible aux accélérations

linéaires.

Les macules sont activées par une force de cisaillement provoquée par le glissement de

la membrane otolithique sur la macule. Cette force est produite par une accélération

linéaire, dans le plan de la macule. Tout comme les cellules ampullaire, les cellules

otolithiques émettent un tonus de base, qui est majoré lorsque le glissement de la

membrane otolithique couche les stéréocils vers le kinocil et inhibé lorsque les

stéréocils se couchent dans le sens opposé. Seul un mouvement dans l'axe de la cellule

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entraine une réponse mais les cellules maculaires ont une orientation

pluridirectionnelle et sont capables de répondre à tous types d'accélération linéaire. Les

cellules sensorielles répondent à des stimuli permanents tonique ou phasique. Lorsqu'il

n'y a plus d'accélération ou décélération, la membrane otolithique retrouve son état de

base.

Les macules utriculaires codent pour les accélérations horizontales et les macules

sacculaires codent pour les accélérations verticales et gravitationnelles.

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Annexe 4 : mécanisme de mort cellulaire cochléo-vestibulaire

Les mécanismes de toxicité cochléo-vestibulaire entrainant une atteinte définitive ont

été de mieux en mieux compris ces dernières années, notamment par l'étude des

molécules ototoxiques (telles que les aminosides ou les sels de platine) ou des

traumatismes sonores chez l'animal.

Les molécules ototoxiques ont pour cible principale les cellules ciliées de l’organe de

Corti. Celles-ci, intoxiquées meurent par apoptose. Il existe un gradient de sensibilité

baso-apical de ces cellules ciliées : la base est plus vulnérable que l’apex de la cochlée. Il

existe également une différence de sensibilité entre les cellules ciliées externes et

internes : les cellules ciliées externes sont plus fragiles et sont les premières à montrer

des signes de souffrance. Cette variation de vulnérabilité des cellules de l’oreille interne

pourrait être due à un potentiel d’oxydo-réduction différent, impliquant une sensibilité

différente aux radicaux libres.

L'atteinte des cellules ciliées est suivie par la dégénérescence des neurones

ganglionnaires.

L’ototoxicité des aminoglycosides est liée à une cascade de réactions multiples et

à la génération d’un excès de radicaux libres, par formation d'un complexe

intracellulaire entre l'antibiotique et le fer. La pénétration des aminoglycosides dans

l’oreille interne n’est pas corrélée avec le taux sérique ou périlymphatique

d’antibiotique, mais plutôt avec la dose totale administrée et la période de temps

pendant laquelle le taux sérique est élevé.

L'ototoxicité des sels de platines associe en plus de l'excès de radicaux libres, une

atteinte de la strie vasculaire conduisant à l'apoptose des cellules ciliées et des neurones

du ganglion spiral [20 – 22].

L'excitotoxicité est un autre mécanisme de mort cellulaire impliqué dans les surdités

post traumatiques ou ischémiques locales. Il s'agit d'une libération trop importante de

glutamate lors d'un épisode de stress. Le glutamate est le neuromédiateur intervenant

dans la synapse CCI avec le premier neurone.

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Un excès de glutamate provoque un gonflement du bouton post synaptique et un

éclatement de celui-ci. Les terminaisons efférentes dopaminergiques ne sont pas

atteintes, et peuvent même avoir un effet protecteur.

En cas de traumatisme isolé ou de faible intensité, la dendrite afférente repousse et

forme à nouveau une synapse avec les CCI en 2 à 5 jours.(probable mécanisme de

récupération auditive dans les surdités brusques). En cas de traumatisme répété ou

sévère (accident ischémique constitué), la synapse ne peut pas se reformer car les CCI

sont aussi atteintes. Il existe alors une mort neuronale et cellulaire associée. Il s'agit des

"zones mortes" en audiométrie [23].

Lors des traumatismes sonores, deux mécanismes lésionnels interviennent :

-d'une part des lésions mécaniques, par destructions cellulaires (cisaillement-étirement

des CCE et des cellules de soutien), modification de la rigidité des stéréocils et rupture

des liens entre eux (ayant pour conséquence des troubles ioniques);

-d'autre part des lésions métaboliques par réduction du flux cochléaire, induisant

hypoxie et production de radicaux libres; par libération de glutamate en excès

(excitotoxicité) et enfin par trouble ionique engendré par la rupture des jonctions

endothéliales entrainant un mélange périlymphe/endolymphe, et aboutissant à des

lésions retardées [24].

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Annexe 5 : système immunitaire de l'oreille interne

L’oreille interne étant un organe difficilement accessible pour des explorations

histologiques, la communauté scientifique a longtemps considéré que l’oreille interne,

tout comme le système nerveux central avec lequel elle partage certaines similitudes,

était un organe dépourvu de système immunitaire efficace.

La barrière hémato-labyrinthique est très sélective, mais on a pu démontrer qu’elle était

tout de même perméable et permettait le passage d’éléments cellulaires et protéiques

assurant une réaction immunitaire tout à fait efficace (et indépendante du système

nerveux central).

Concernant l’immunité humorale : il a été démontré que la périlymphe contenait des

immunoglobulines d’isotypes multiples (IgG prédominantes) et que celles-ci

provenaient des vaisseaux périlymphatiques (et non directement du liquide céphalo-

rachidien comme cela avait été suggéré initialement).

L’efficacité du système immunitaire de l’oreille interne dans le processing antigénique a

pu être mise en évidence chez l’animal en montrant que la réponse immunitaire

humorale mais aussi cellulaire développée après immunisation directement au niveau

de l’oreille interne était comparable à une réaction obtenue après immunisation par voie

systémique. Les conséquences sont localement plus importantes sur le plan histologique

mais aussi « clinique » (surdité franche) si cette réaction immunitaire est de type

mémoire (immunisation préalable des animaux par voie systémique .

Le sac endolymphatique est très impliqué dans le fonctionnement du système

immunitaire de l’oreille interne : en effet la réponse immunitaire obtenue après

immunisation locale d’animaux ayant subi une ablation du sac endolymphatique est

considérablement réduite par rapport aux animaux n’ayant pas subi d’intervention

chirurgicale.

D’autre part, il est également le seul à être drainé vers les organes lymphoïdes

secondaires.

Enfin le sac endo-lymphatique joue un rôle primordial dans l’infiltration (« trafficking »

et « homing ») de l’oreille interne par les cellules de l’immunité : son épithélium est

bordé par un tissu conjonctif riche en capillaires par lesquels les cellules de l’immunité

peuvent pénétrer dans l’oreille interne : ainsi à l’état basal le sac endolymphatique est le

seul organe de l’oreille interne où résident des cellules immuno-compétentes. Celles-ci

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seraient responsables dans certaines conditions immunogènes de l’augmentation des

taux d’IL2 observés dans la périlymphe, ayant ensuite indirectement pour conséquence

l’afflux d’autres cellules de l’immunité au niveau de la rampe tympanique via les

veinules de drainage (spiral mediolar vein).

L’oreille interne est donc un organe immuno-compétent, pouvant être le siège d’une

réaction immune dirigée contre le non soi dont le but premier est protecteur (visant à se

débarrasser d’un agent infectieux par exemple). Néanmoins, cette réaction peut avoir

des conséquences néfastes (liées notamment à l’inflammation générée) et léser l’organe

sensoriel très fragile qu’est la cochlée [25-28].

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Annexe 6 : explorations fonctionnelles de l'oreille

Audiométrie

Cet examen est l'examen de base de toute surdité. Réalisé en cabine insonorisée, il

consiste à faire entendre au patient une série de 8 sons purs compris entre 125 et 8 000

hertz en faisant varier leur intensité. Chaque oreille est testée indépendamment l'une de

l'autre, en commençant par la meilleure oreille. On doit systématiquement utiliser un

masquage (ou assourdissement) lors des tests en conduction osseuse, et également en

conduction aérienne en cas de différence importante entre les deux oreilles (40 à 50 dB).

Le transfert transcrânien controlatéral est en effet source de mesures erronées (courbes

fantômes). Différentes méthodes de masquage sont utilisables [29].

Les surdités sont classées en surdité légère, moyenne, sévère, profonde et cophose,

selon le Bureau International d'Audio-Phonologie (BIAP).

Le système vestibulaire fonctionne à des fréquences différentes, allant de 0,01 Hz à 100

Hz. Les différentes explorations du système vestibulaire sont décrites sur le

vestibulogramme d'Ulmer.

Les différents examens vestibulaires s’attachent à évaluer les capacités des cinq

capteurs du labyrinthe postérieur que sont les trois canaux semi-circulaires et les deux

organes otolithiques que sont le saccule et l’utricule.

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Epreuves caloriques

Décrites pour la première fois par Bárány [30] ces épreuves permettent d’apprécier

l’excitabilité des ampoules des canaux semi-circulaires horizontaux. Elles interrogent

principalement un labyrinthe et restent un des examens clés de l’étude du

fonctionnement de l’ampoule du canal semi circulaire horizontal. De plus, elles ont une

valeur quantitative et permettent de mesurer l'intensité relative du déficit.

En pratique, chaque oreille est irriguée, soit par de l’eau froide (30 °C), soit par de l’eau

chaude (44 °C) pendant 30 secondes, et la réponse est enregistrée entre la soixantième

et la quatre-vingt dixième seconde après le début de la stimulation. Les épreuves

chaudes précèdent les épreuves froides. La stimulation froide inhibe l’ampoule du canal

semi-circulaire horizontal alors que la stimulation chaude l’active. Ceci a pour effet

d’induire un nystagmus oculaire battant du côté opposé à la stimulation froide et du côté

de la stimulation chaude. Ce test permet d’apprécier le fonctionnement du réflexe

vestibulo-oculaire horizontal sur des bandes de fréquence basse de l’ordre de 1/1 000

Hz. La fréquence du nystagmus oculaire ou l’amplitude de la vitesse de la phase lente du

nystagmus oculaire sont mesurées à l’aide de la vidéonystagmographie. Les valeurs sont

ensuite reportées sur un graphe : le diagramme de Freyss . Ce graphe permet de

visualiser de façon instantanée l’existence d’une hypovalence vestibulaire (asymétrie

d’excitabilité entre les ampoules des canaux semi-circulaires droit et gauche, quantifiée

en pourcent) ou d’une prépondérance directionnelle (sens prédominant de la phase

rapide du nystagmus). La prépondérance directionnelle, contrairement à l’hypovalence,

ne possède aucune valeur localisatrice.

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cVEMP ou PEO

Historiquement, ce test a été rapporté pour la première fois dans la littérature dans les

années 60 [31]. Toutefois, il a fallu attendre les années 1990 pour qu’il soit proposé en

pratique clinique pour explorer la fonction sacculaire [32]. Le principe est le suivant :

des clicks sonores ou des shorts tone bursts de 100 dB sont délivrés dans une oreille à

l’aide d’un casque à une fréquence de 5 Hz et les potentiels évoqués myogéniques sont

recueillis dans les deux muscles sterno-cléidomastoïdiens à l’aide d’électrodes de

surface placées au tiers supérieur de ces deux muscles. Durant l’enregistrement, les

patients sont placés en décubitus dorsal et relèvent la tête afin que leurs muscles SCM

soient mis en contraction. Il s’agit d’une condition nécessaire puisque l’amplitude des

potentiels évoqués est corrélée à l’amplitude de la contraction musculaire des muscles

SCM. Les potentiels évoqués sont ensuite amplifiés, filtrés entre 5 et 10kK et moyennés

sur 200 événements.

Deux types d’ondes sont transmis dans le muscle SCM ipsilatéral à la stimulation sonore

par des clicks ou des short-tone bursts de 100 dB : des ondes précoces et des ondes

tardives. Les ondes précoces sont composées d’une première positivité à 10 ms (onde

P13) suivie d’une négativité à 19 ms (onde N23). Elles sont le reflet de l’activation de

voies sacculospinales inhibitrices et trisynaptiques, ce qui explique la nécessité de

réaliser ce test sur des muscles SCM en contraction afin de détecter la diminution

induite de l’activité électromyographique de ces muscles [33] et la latence courte des

potentiels mesurés. Les ondes tardives n’ont pas d’intérêt diagnostique en clinique

courante.

L’amplitude du pic P13/N23 (variant entre 50 et 500 µV) est mesurée pour chaque

stimulation et à chaque oreille. Elle dépend de l’amplitude de l’activité

électromyographique du muscle SCM enregistré. Par conséquent, elle n’a de valeur

diagnostique que si on compare le côté présumé malade avec le côté sain. Pour chaque

stimulus, on mesure le rapport : 100* (amplitude côté sain- amplitude côté malade) /

(amplitude côté sain + amplitude côté malade). Une absence d’ondes précoces ou une

diminution de l’amplitude du pic P13/N23 d’un côté par rapport à l’autre de plus de

50% signe une atteinte du saccule et/ou des voies sacculo-spinales.

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VHIT

Le test d'impulsion céphalique à été décrit pour la première fois par Halmagy à la fin des

années 80. Il s'agit d'un test simple initialement réalisé au lit du patient, qui s'est

nettement perfectionné depuis le début des années 2000 [34].

Cet examen teste à haute fréquence (5Hz) et indépendamment les uns des autres les 6

canaux semi-circulaires, lors d'une impulsion de la tête de faible amplitude (10 degrés

environ) à haute vitesse (3000 à 4000 °/s).

En pratique, le patient est placé face à une caméra, à 1 mètre, qui repère la position du

globe oculaire grâce au reflet pupillaire. Lors de l'examen, le patient à pour consigne de

fixer une cible face à lui, ou située à droite et à gauche à 20 °, en arrière de la caméra.

L'examinateur imprime un mouvement de la tête, aléatoire pour éviter une anticipation

du patient, dans le plan des canaux. La tête est tournée horizontalement, de droite à

gauche, dans un plan de 30° pour les CSC latéraux. La tête est tournée d'avant en arrière

(vers la droite puis vers la gauche), dans un plan de 45°, pour les CSC antérieurs et

postérieurs. L'enregistrement du mouvement pupillaire par la caméra permet le calcul

du gain du reflexe vestibulo-oculaire aux hautes fréquences, pour chacun des canaux

testés. Le déficit est défini est défini par le rapport entre la position de la pupille et la

position de la tête avant et après impulsion, calculé en %. Le déficit moyen normal est de

8% pour les canaux latéraux, et 16 % pour les canaux verticaux [35]. Un canal est

considéré déficitaire lorsqu'il existe une diminution du gain de RVO associé à une

saccade de rattrapage.

L’examen est représenté sous forme de canalogramme permettant une lecture rapide

afin de connaître le ou les canaux atteints.

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Annexe 7 : les séquences en IRM dans l'oreille

Une étude rétrospective portant sur 354 patients qui ont bénéficié d'une IRM pour un

bilan de surdité, vertige ou acouphène a révélé des anomalies dans 34% des cas [36].

L’imagerie de l’oreille interne en résonnance magnétique peut être réalisée dans des

champs de 1,5T ou 3,0T. On utilise généralement une antenne « tête » (head coil). Le

patient est installé comme pour une exploration encéphalique classique. Il est réalisé

des coupes axiales, dans le plan du canal semi-circulaire latéral, en pondération T1,

diffusion, FLAIR et DRIVE. Puis une injection de produit de contraste gadoliné est

réalisée et des coupes axiales et coronales en pondération T1 sont également réalisées.

L’examen a une durée d’environ ¼ heure. Les contre-indications à cet examen sont les

contre-indications habituelles (dispositif médical métallique, implant cochléaire,

claustrophobie, etc.).

La séquence en pondération T1, est utilisée pour obtenir une référence de signal avant

injection de produit de contraste. Elle permet également de faire le diagnostic de

granulome apical ou d'hémorragie intralabyrinthique s’il existe un hypersignal

spontané intra labyrinthique.

La séquence en pondération FLAIR a une double utilité. Non seulement elle permet

une analyse du parenchyme cérébral à la recherche notamment d’une lésion intra

axiale expliquant la symptomatologie mais elle permet également en cas d’hypersignal

intra labyrinthique de porter le diagnostique de labyrinthite.

La séquence de diffusion est quant à elle indispensable pour faire le diagnostic

d’accident ischémique du tronc cérébral. Cette séquence rapide permet d’éliminer

toute cause neurologique centrale d’origine vasculaire récente.

L’utilisation de la séquence DRIVE / CISS permet une analyse morphologique

anatomique des liquides endolabyrinthiques. Ceci permet de s’assurer de l’existence

de 3 canaux semi-circulaire et de la présence d’une cochlée complète. Elle permet

également l’analyse morphologique du contenu du méat acoustique interne. avec

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notamment la présence de 4 nerfs (facial, cochléaire, vestibulaire supérieur et

vestibulaire inférieur) et également de s’assurer de l’absence de syndrome de masse

dans le fond du conduit auditif interne (type schwannome vestibulaire).

Les deux séquences réalisées après injection de contraste, permettent la recherche

d’une prise de contraste du labyrinthe (pouvant entrer dans le cadre d’une labyrinthite)

ou du fond du conduit auditif interne.

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ANNEE 2015

Auteur : DEMONDION Sophie

Directeur de thèse : Docteur HAUTEFORT Charlotte

SYNDROME COCHLEO-VESTIBULAIRE AIGU : CARACTERISTIQUES, PRONOSTIC ET

PRISE EN CHARGE

Les nouvelles techniques d’explorations fonctionnelles et l’amélioration de l'IRM

permettent de mieux caractériser les déficits cochléo-vestibulaires. L’objectif de ce

travail est de décrire une population présentant un syndrome cochléo-vestibulaire; de

préciser les caractéristiques cliniques et para cliniques initiales, en distinguant deux

groupes à l'IRM, FLAIR+ et FLAIR- et de suivre leur évolution à 6 mois.

31 patients ont été inclus. Ils recevaient un traitement symptomatique associé à une

corticothérapie et à des injections trans tympaniques de dexamethasone. 18 patients

présentaient un hypersignal en FLAIR. Parmi ces patients FLAIR+, certains recevaient

un traitement supplémentaire par bolus de corticoïde suivi d’une corticothérapie

prolongée (n=9).

Les patients FLAIR- (n=13) étaient plus âgés et avaient plus de facteur de risque cardio-

vasculaire que les patients FLAIR+. On n’observait pas de différence entre les deux

groupes sur la perte auditive moyenne, l’hyporéflexie, l’atteinte des PEO et du VHIT, sur

le bilan initial et à 6 mois. A 6 mois, on notait une amélioration significative de la PAM

chez les patients FLAIR+ mais pas chez les patients FLAIR-.

Neuf patients FLAIR+ ont reçu des bolus de corticoïde en raison d’une instabilité

importante; 8 ont nettement amélioré leur vertige, sans différence sur la récupération

auditive. L’IRM s’est normalisée chez 2 patients qui ont reçu les bolus. Deux profils

semblent se dégager : les patients présentant un hypersignal FLAIR, qui répondent aux

corticoïdes d'étiologie inflammatoire, et les patients FLAIR-, qui ont une récupération

auditive plus modeste, chez qui une étiologie microvasculaire peut être envisagée.

Mots-clés :

Syndrome cochléo-vestibulaire

Hypersignal FLAIR

Bolus de corticoïdes

Maladie autoimmune de l'oreille interne

FDRCV

Faculté de médecine de Créteil : 8, rue du général Sarrail- 94010 CRETEIL