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Système de construction assemblé à sec REX EVREUX Auteur Jean-Luc SALAGNAC - CSTB Rédaction - Mise en page Christophe PERROCHEAU - Dac Communication Photos Jean-Luc SALAGNAC - CSTB Plan Urbanisme Construction Architecture - Innover Ensemble - Février 2002 Directeur de la publication Olivier PIRON Directeur de rédaction Hervé TRANCART Communication Daniel WATINE Arche de la Défense 92055 PARIS LA DÉFENSE Cedex 04 Tél : 01 40 81 24 33 - Fax : 01 40 81 23 82

Système de construction assemblé à sec · Cette opération expérimentale a pour but d’approfondir, notamment sur les plans logistique et écono ... Le chantier a fait appel

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Système de constructionassemblé à sec

REX EVREUX

AuteurJean-Luc SALAGNAC - CSTB

Rédaction - Mise en pageChristophe PERROCHEAU - Dac CommunicationPhotosJean-Luc SALAGNAC - CSTB

Plan UrbanismeConstruction Architecture - Innover Ensemble - Février 2002Directeur de la publicationOlivier PIRONDirecteur de rédactionHervé TRANCARTCommunicationDaniel WATINEArche de la Défense92055 PARIS LA DÉFENSE Cedex 04Tél : 01 40 81 24 33 - Fax : 01 40 81 23 82

Sommaire

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FICHE TECHNIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

SYNTHÈSE DE L’ÉVALUATION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4

PROTOCOLE D’EXPÉRIMENTATION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 5

DÉROULEMENT DE LA DÉMARCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 6Evolution du projet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 6Préparation de l’opération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 6Déroulement du chantier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 6

DÉROULEMENT DE LA DÉMARCHE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 9Une préparation adaptée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 9Des détails perfectibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 9Performances techniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 10

Performance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 10

Perspectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p 10

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Fiche technique :REX EVREUX

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RÉSUMÉ DE L’EXPÉRIMENTATIONCette opération expérimentale a pour but d’approfondir, notamment sur les plans logistique et écono-mique, l’utilisation du Plancher Composite Interactif Sec (PCIS). Ce plancher, réalisé par assemblage deproduits en acier, en bois et en plâtre, est l’aboutissement du concept de filière sèche dans les bâtiments àusage de logement. Ce concept s’inscrit dans une démarche d’utilisation intensive et optimisée de produitsindustriels légers assemblés à sec, impliquant une organisation TCE du chantier inspirée des méthodes de l’indus-trie (fabrication, approvisionnements, construction séquentielle).

OPÉRATION SUPPORTL’opération, réalisée en 2000, comporte 51 logements locatifs neufs localisés à Evreux (Eure). Elle estcomposée d’un bâtiment scindé en cinq plots.

PARTENAIRES DE L’EXPÉRIMENTATION

Maître d’ouvrageOPAC de l’Eure

ArchitecteCabinet Dubosc et Landowski

Entreprise généraleQuille (groupe Bouygues)

ContactM.ALEXANDRE - QUILLERue Jean Monnet - ZAC du Bois des Communes NetrevilleBP 183727018 EVREUX CedexTel. 02 32 39 02 55

ÉVALUATION DE L’EXPÉRIMENTATIONJean-Luc SALAGNAC - CSTB4, avenue du Recteur Poincaré75782 PARIS Cedex 16Tel. 01 40 50 28 39 - Fax 01 40 50 29 10Courriel : [email protected]

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Une réponse possible pour maîtriser les délais deconstruction d’un bâtiment est de reporter enusine la fabrication d’éléments d’ouvrage puis deles assembler sur chantier.

Cette démarche a été explorée dans les années60 dans le cadre de la filière béton. La présenteopération relève de cette démarche appliquée à lafilière sèche. La REX d’Evreux se présente commel’approfondissement, notamment sur les planslogistique et économique, de l’opération de Saint-Martin d’Hères qui avait expérimenté le PlancherComposite Interactif Sec. Ce plancher est réalisépar assemblage de produits en acier, en bois et enplâtre, associés à de l’isolant minéral et un matéri-au résilient.

La technique utilisée à Evreux (51 logements) estpresque identique à celle employée à Saint-Martind’Hères. Les différences entre les deux opérationsrésultant de l’évolution du produit Prégychape(Lafarge Plâtres) et de l’impossibilité de disposerdu produit résilient Vélimat (Saint-Gobain) endébut de chantier.

Outre son rôle de coordination, et contrairementà l’opération de Saint-Martin d’Hères, l’entreprisegénérale a eu à Evreux une production propre sig-nificative, incluant le gros œuvre béton (fondations,parkings) la pose des panneaux de particules debois (Triply) du plancher PCIS, l’électricité, la posedes menuiseries extérieures et intérieures, la posedu bardage Canexel.

Ce choix constructif induit, d’une part une prépa-ration de chantier beeaucoup plus détaillée qu’en

filière béton afin de bien articuler conceptionarchitecturale et conception de production,d’autre part une forte augmentation du pourcent-age de travaux des sous-traitants par rapport à unchantier traditionnel.

Limité au seul PCIS, le bilan économique de l’opéra-tion montre moins d’intérêt qu’une solution tradi-tionnelle : le m2 de PCIS coûte environ deux foisplus cher qu’un plancher béton dimensionné pource type de bâtiment. Mais d’autres facteurs, commel’absence de grue ou d’équipements de chantierimportants, contribuent à compenser ce surcoût.On retiendra par ailleurs qu’une analyse détailléedu projet initial a permis d’abaisser d’environ 30%le coût du bâtiment.

Le développement de ce type de procédé passepar une approche globale, en étudiant toutes lesimplications du choix technique sur la conceptiondu bâtiment, sur l’organisation de la production etsur le niveau des performances atteintes. Cetteapproche dépasse le seul cadre de la maîtrised’œuvre et de l’entreprise ; elle doit égalementmobiliser les industriels partenaires du PCIS. Ilrevient en effet à tous les promoteurs de la tech-nique de bâtir les argumentaires, d’organiser lacapitalisation des acquis, d’améliorer et de conso-lider les performances.L’objectif étant de démontrer à la maîtrise d’ou-vrage les gains potentiels de délais, de justifierl’économie du projet et de lever les interrogationsrelatives aux particularités du PCIS, par exemple lecomportement des ouvrages en cas de dégât deseaux ou la moindre rigidité du PCIS par rapport àun plancher en béton.

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Synthèse de l’évaluation

Comme l’opération expérimentale de St Martind’Hères1 dont elle est un prolongement, la REXd’Evreux a pour but de mettre en œuvre unplancher à structure métallique, baptisé PCIS(Plancher Composite Interactif Sec), développéconjointement par le cabinet d’architectes Duboscet Landowski et les industriels Haironville, Isoroy,Lafarge et Saint Gobain.

L’expérimentation s’inscrit dans la perspectived’une évolution des modes de production desbâtiments caractérisée par un emploi massif decomposants industriels assemblés sur chantier. Ilest attendu de cette évolution :• des délais de chantier réduits par rapport auxmodes traditionnels de construction,• une diminution des nuisances de chantier,• un transfert en atelier ou usine d’une partiesignificative de la production,• une rationalisation de l’organisation de laproduction sur chantier.

Des conditions doivent accompagner cette évolu-tion.Il s’agit notamment de conduire une étude deconception et une préparation de la production

adaptées aux techniques d’assemblage. Une colla-boration avec les bureaux d’études (notammentles bureaux d’études structure béton armé etcharpente métallique) et une coopération étroiteavec les industriels sont nécessaires.Ces travaux préparatoires ont pour but de définiret de planifier une organisation logistique dechantier intégrant plusieurs fonctions (en particu-lier, gestion des flux, gestion des ressources, suiviéconomique) pouvant être assurées par des outilsinformatiques.

L’opération support de l’expérimentation estconstituée d’un bâtiment composé de cinq blocs,dont quatre identiques de quatre étages, lecinquième bloc accueillant, outre des logements,une bibliothèque publique. Ce bâtiment de 51logements, sans contrainte particulière d’accès, estsitué en périphérie de zone urbaine.

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Protocole d’expérimentation

1 MARTIN (P.). Le planchercomposite interactif sec, Rex de StMARTIN D’HERES, Cahierd’expérimentation Chantier 2000– PARIS, PCA, avril 1997.(http://www.chantier.net/documents/saint_martin.pdf )

EVOLUTION DU PROJET

Entre les premières esquisses du projet (1998) etle démarrage du chantier (2000), le projet initial,marqué par un parti constructif «tout acier», aévolué afin que le coût de réalisation soit compa-tible avec le budget de l’opération, en agissantnotamment sur les points suivants :

• Planchers séparatifs en béton entre les logementset le parking d’une part, la bibliothèque et les loge-ments d’autre part, afin de satisfaire aux exigencesde sécurité incendie de manière économique.• Structure du bâtiment redessinée de manière àmieux tirer parti de la portée de six mètres offer-te par le plancher PCIS.• Toiture, à l’origine composée d’un toit à quatrepentes, transformée en surface cylindrique.Diminution du nombre de menuiseries exté-rieures tout en conservant la surface d’ouvertures.• Augmentation du nombre de logements (51 aulieu de 48). Sur le plan de la distribution, transfertdes logements destinés aux handicapés au rez-de-chaussée. De ce fait, installation de logements enduplex aux deux derniers niveaux avec pour effet,d’une part de résoudre un problème de régle-mentation incendie (passage du bâtiment de la3ème à la 2ème famille), d’autre part de revêtir debois les planchers du dernier niveau.• Hormis pour la bibliothèque, abandon du chauf-fage par plafond rayonnant au profit d’un chauffa-ge par convecteurs.

Ces mesures ont permis d’annuler le surcoût quiétait initialement d’environ 30%.

PRÉPARATION DE L’OPÉRATION

Préparation du chantierLe choix constructif a imposé une préparationplus détaillée qu’en filière béton afin de bien arti-culer conception architecturale et conception deproduction. Elle a nécessité d’impliquer en amontles sous-traitants, en particulier le charpentiermétallique et le plaquiste.La préparation de chantier, de deux mois, a faitl’objet d’un ordre de service spécifique. Cettepériode a été mise à profit pour étudier l’organi-sation de la production de la structure et de l’en-veloppe du bâtiment.Cette étude, conduite par un BET spécialisé enstructures métalliques, a nécessité une coordi-nation étroite avec le bureau d’études bétonarmé et celui de l’entreprise de charpentemétallique.

Ce travail d’anticipation a permis d’identifier despoints critiques du projet, notamment l’interfaceentre l’infrastructure béton et la structure acier.L’entreprise générale a mis en place une procédu-re de contrôle pour que l’ouvrage en bétonréponde aux spécifications de réalisation de lacharpente.En particulier, le positionnement des réservationsdestinées à accueillir les bêches situées en pieddes poteaux métalliques a fait l’objet de contrôlesavant et après coulage du béton.Des dispositions ont également été prises sur leplan des conventions de repérage relatives auxpositions des différents éléments composant lafaçade (repérage par rapport au nu intérieur).

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Déroulement de la démarche

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Organisation de la productionLe chantier a fait appel à une grue à tour pour laréalisation des fondations et des parkings. Unegrue mobile, utilisée par le charpentier, a ensuitepris le relais. Des chargeurs mobiles à bras téles-copiques ont été employés pour les approvision-nements des produits industriels (éléments destructure, bacs acier, plaques de Triply, plaques deplâtre, …).

La réalisation de l’enveloppe a conduit à découperle chantier en zones d’intervention. Après réalisa-tion de la structure d’un bloc (poteaux, planchers)et pose des éléments de couverture, un échafau-dage périphérique était installé pour accueillir plu-sieurs interventions : bardage métallique, bardage“bois” (panneaux Canexel), peinture.

L’entreprise générale a pris en charge la réalisationde plusieurs phases : gros œuvre béton, électricité,pose des menuiseries extérieures, pose de lacouche Vélimat et des lés de laine minérale, posedu Triply (Isoroy), pose du bardage Canexel, posedes menuiseries intérieures.

Malgré une préparation qui a abordé les pro-blèmes de conception et d’organisation de la pro-duction, la phase chantier a mis à jour d’importantsécarts par rapport aux prévisions. Sur le plan dudimensionnement des ouvrages de structuremétallique, une différence de 9 tonnes est apparueentre la masse prévue et la masse effective de lacharpente. Cette différence a deux origines princi-pales :• la substitution des profilés dessinés par l’archi-tecte (profilés standards en I) par des profilésreconstitués soudés,• le remplacement des chevêtres en tôles pliéespar des profilés standards.

DÉROULEMENT DU CHANTIER

Le chantier a démarré fin 1999, en pleine périodede tempête. Ceci a perturbé les approvisionne-ments, avec pour effet un décalage d’un mois duplanning.

Montage de la structureLe montage du premier bloc a servi à la mise aupoint des méthodes et organisations de produc-tion. En raison de l’indisponibilité de certaines

pièces de charpente, les éléments extérieurs desportiques ont été assemblés au sol puis, aprèsrelevage, fixés à l’infrastructure béton. Les autreséléments métalliques ont ensuite été mis en placeau prix de difficultés. Le cumul de ces difficultés etdes délais de fabrication des éléments de structu-re ont généré un temps de montage incompatibleavec le délai global du chantier.

Pour les blocs suivants, le charpentier métallique a,d’une part augmenté sa capacité de fabrication,d’autre part employé une méthode usitée pour cetype de structure, à savoir l’assemblage au sol desportiques puis leur mise en place d’un seul tenant.Cette solution, également adoptée à Saint-Martind’Hères, a permis un assemblage dans demeilleures conditions, tant pour l’ouvrage quepour la sécurité des compagnons. Elle a nécessitél’usage d’une grue de plus grande capacité decharge que pour la solution initiale. De ce fait, ledétail de la définition des zones d’intervention ducharpentier métallique a dû être révisé par rap-port aux prévisions. Le caractère répétitif du mon-tage des blocs a permis de trouver un rythme deproduction compatible avec le délai prévu.

Montage des planchersRéaliser les planchers en débutant par le bas auraitpermis l’installation de filets permanents de sécuri-té assurant la protection collective des équipes.Toutefois, ce mode opératoire induisait d’approvi-sionner les bacs par le haut, ce qui présentait tropde difficultés. Des solutions de remplacement àl’accrochage des bacs par élinguage ont étérecherchées (en particulier par préhenseurmagnétique), mais sans succès. Les planchers ontfinalement été réalisés par travée en débutant parle haut et en progressant étage par étage vers lebas. Les problèmes de sécurité ont été traités engrande partie à l’aide d’équipements individuels :harnais, ligne de vie.

Le mode opératoire pour la pose des bacs est lesuivant :

1. la mise en place débute par l’approvisionne-ment, à l’aide de la grue mobile, d’un colis de bacscontenant une douzaine de profilés empilés etmaintenus par deux cerces de bois et d’acier. Cecolis est déposé sur le plancher supérieur de l’in-frastructure en béton, en limite de la zone d’em-

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prise de la structure métallique destinée à recevoirles bacs;

2. quatre compagnons déplacent le colis horizon-talement, à l’aide d’un transpalette, dans la zoned’emprise de la structure métallique. Les cerces debois sont ouvertes pour permettre de saisir sépa-rément les bacs. Chaque bac est alors retournépar deux compagnons dans sa configuration depose;

3. le bac est entouré de deux sangles dont lesextrémités sont attachées au crochet d’un palanélectrique suspendu à une des poutres horizon-tales de la structure, à la verticale du lieu de dépo-se du bac. Le palan est mis en place préalablementpar un opérateur à partir d’une nacelle placée àl’extrémité d’un bras hydraulique;

4. le levage du bac est commandé par un compa-gnon placé au niveau du plancher à réaliser. En finde levage, le bac est positionné par deux compa-gnons en appui sur les ailes inférieures des poutrespériphériques de la travée de plancher;

5. le bac est ripé latéralement pour permettrel’approvisionnement des bacs suivants. L’objectifétant, qu’en fin de période de pose, les bacs cou-vrent toute la surface du plancher.A cet effet, il estnécessaire de faire passer les bacs par-dessus despoutres horizontales. Cette manœuvre est assuréepar deux compagnons : le premier positionné dansla nacelle d’un engin de levage, l’autre en borduredu plancher.

Le positionnement des ondes des bacs-acier peutposer des difficultés, car ceux-ci ont tendance às’affaisser sous leur poids propre. Lorsque aucuneprécaution n’est prise, les bacs posés présententune hauteur inférieure à la hauteur nominale et,de manière corrélative, une largeur d’ondessupérieure à la cote nominale. A Saint-Martind’Hères, un mauvais positionnement avait renduinopérant le pré-découpage des panneaux deTriply. Le sommet des ondes des bacs ne corres-pondait pas à l’emplacement prévu sur les plans,ce qui empêchait de fixer les panneaux conformé-ment aux prévisions.

Pour pallier cette difficulté, l’entreprise Quille a misau point un gabarit permettant de redonner aux

bacs leur profil originel avant leur scellement surles ailes inférieures des poutres. Cet outil simple,constitué d’un panneau de contreplaqué découpésuivant le profil nominal des bacs, permet de bienpositionner ceux-ci. Malgré ce gain de précision, ledécoupage des panneaux de Triply s’est opéré surplace, le pré-découpage ne présentant pas d’inté-rêt en termes de délai et de qualité de travaux.

Logistique et sécuritéL’entreprise générale a organisé la logistique relati-ve à ses propres approvisionnements. Les sous-traitants, notamment le plaquiste, ont géré lesleurs en propre, étant entendu que l’entreprisegénérale assurait la coordination de l’ensemble.

L’entreprise Quille a assuré une part importantede production propre, avec pour effet un surcroît degestion lié pour partie au mode constructif lui-même. Par exemple, le renforcement du contrôledes livraisons, dû à la grande variété de produitsutilisés, ou bien la mise en place d’une gestioncentralisée des accessoires, outillages portatifs etvis par le chef d’équipe.

Les problèmes de sécurité ont fait l’objet d’uneattention particulière. Les dispositions et leséquipements utilisés sur un chantier traditionnelne sont pas directement transposables en filièresèche : il a fallu choisir (en concertation avec laCRAM notamment) parmi les moyens courants(échafaudage, filet, garde-corps, harnais, ligne devie) ceux dont la mise en œuvre était cohérenteavec les possibilités de montage et d’approvision-nement des matériaux, notamment des bacs.

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UNE PRÉPARATION ADAPTÉE

L’entreprise générale, rodée aux techniques tradi-tionnelles, a dû adapter ses méthodes de productionaux exigences associées au procédé d’assemblage.Par rapport aux techniques constructives tradi-tionnelles, la filière sèche impose une préparationde chantier beaucoup plus détaillée. Cette prépa-ration a un coût : désignation précoce des sous-traitants et études plus lourdes.

L’expérience des équipes de production rend latechnique du béton coulé en place (jusqu’à uncertain point) «tolérante» vis-à-vis d’impasses lorsdes études de préparation. La filière sèche semontre «par nature» beaucoup plus rigide : larecherche de précision des assemblages ne peutêtre efficiente qu’au prix d’études détaillées.

L’assemblage entre l’infrastructure en béton et lasuperstructure en acier s’est bien déroulé : l’entre-prise générale a porté une attention particulière àcette interface et anticipé sa réalisation en associa-tion avec les bureaux d’études.

DES DÉTAILS PERFECTIBLES

Les solutions techniques adoptées pour le passagedes réseaux verticaux ont conduit à réaliser desouvrages complexes au regard de la fonction àassurer. Le traitement de ce problème passe parune réflexion associant le concepteur dubâtiment, les industriels et les entreprises. D’autrepart, des lacunes ont émergé en cours de chantier.Par exemple, des éléments de contreventement

ont gêné la mise en œuvre des bacs acier. Dessolutions pertinentes, comme l’intégration desformes de pente de toiture aux poutres de lastructure, ont été élaborées alors que la fabrica-tion des éléments de charpente était déjàengagée.

Le PCIS est un procédé breveté porté parplusieurs industriels. Comme à Saint-Martind’Hères, l’entreprise générale a fait état de la faiblemobilisation de plusieurs d’entre eux pour l’assis-ter sur le chantier. En particulier, il semble qu’il aitété difficile d’obtenir auprès des industrielsconcernés toutes les informations relatives auxévolutions intervenues dans le détail des fourni-tures de leurs produits :• la sous-couche Vélimat (Saint-Gobain), qui étaitindisponible en début de chantier, a été remplacéetemporairement par un autre produit (Ecophon)dont il a été difficile d’obtenir les écarts de perfor-mances par rapport au produit originel.;• les plaques Prégychape (Lafarge Plâtres) ontégalement évolué sur le plan de la réalisation desjoints entre plaques. Une couche complémentaire derésine, générant une plus-value, a dû être mise enplace. L’incidence de ces évolutions sur les perfor-mances du PCIS a été abordée tardivement, alorsque l’ensemble du plancher était déjà posé.

La production des bacs acier du PCIS est margina-le pour la société Haironville, ce qui expliquepeut-être les difficultés d’approvisionnement desproduits industriels fabriqués spécifiquement pource plancher. A travers ces remarques, l’entreprisegénérale réitère un souhait déjà émis lors de la

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Evaluation de la démarche

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REX de Saint-Martin d’Hères, à savoir disposerchez chacun des industriels d’un «homme produitPCIS» porteur des réponses posées par lechantier.

PERFORMANCES TECHNIQUES

Le maître d’ouvrage a formulé une demanded’Appréciation Technique d’Expérimentation(ATEx) auprès du CSTB alors que la réalisation dubâtiment était bien avancée. L’avis formulé couvre leschamps de la sécurité de l’ouvrage (stabilité,sécurité des usagers et des intervenants, sécuritéincendie), la faisabilité de sa réalisation, les risques dedésordres. Cet avis est assorti de recommanda-tions, parmi lesquelles la réalisation de mesuresd’isolement acoustique de manière à vérifier l’effi-cacité des dispositions constructives prises.Des essais acoustiques, réalisés par l’entreprisegénérale, montrent que les performances sesituent à la limite des exigences réglementaires.

PERFORMANCE ÉCONOMIQUE

La décomposition du prix moyen du PCIS conduità la même conclusion qu’à Saint-Martin d’Hères :

le prix du mètre carré d’ouvrage est environ deuxfois plus cher que le prix du mètre carré deplancher en béton.Selon l’analyse effectuée par l’entreprise QUILLE,le prix moyen du PCIS (sans les aciers de structu-re) est de 775 Frs/m2. Il se décompose ainsi :

• bac Haciero : 38%• couche Vélimat : 6%• plaque Triply : 10%• plaque Prégychape : 21%• faux-plafond : 23%• sécurité : 2%

Le prix du mètre carré construit étant annoncé à4500 F HT, soit le prix de référence d’un chantiertraditionnel, le surcoût du PCIS doit être compen-sé par des gains sur d’autres postes.

Sur le plan de l’analyse qualitative, le PCIS agit sur lespostes suivants :

Postes minorés • Adaptation au sol• Grue• Coffrage, production et mis en œuvre béton• Délai de réalisation plus court

Postes majorés• Plancher• Encadrement (1 conducteur + un adjoint)

En tout état de cause, il apparaît que des gai,ns detemps pourraient être obtenus par une meilleureprise en compte des conditions effectives de réa-lisation et par une étude plus approfondie desdétails (par exemple, les trémies et les pénétra-tions d’éléments de structure en façade).Autre point d’amélioration : concevoir des élé-ments d’ouvrage dont toutes les dimensionssoient un multiple du pas de l’onde des bacs afind’éviter de découper ceux-ci dans le sens de lalongueur.

PERSPECTIVES

Au prix d’une préparation très détaillée, l’entrepri-se a réalisé un chantier dans un délai plus courtqu’en solution traditionnelle (9 mois au lieu de 13estimés). Si les techniques mises en œuvre ne sontpas d’une grande complexité, en revanche leur

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performance est subordonnée à une articulationétroite entre conception de l’ouvrage et concep-tion de la production. D’où la nécessité de mobili-ser des moyens d’étude adéquats et d’organiser lacapitalisation des expériences.

Si le coût de réalisation annoncé (4 500 FHT/m2)reste dans les limites des prix de référence, il fauttoutefois rappeler le travail amont qui a permisd’endiguer un surcoût initial de 30 %.

Comme cela a été le cas pour les techniques tra-ditionnelles, les progrès dans la mise en œuvre desprocédés d’assemblage ne pourront s’acquérir quepar une assimilation progressive des savoir-faire.Ce chantier, qui a constitué une «excursion» versun système d’assemblage pour une entreprise maî-trisant les techniques traditionnelles, a fait émergerdes sources d’économie qui ne pourront sepotentialiser qu’en organisant la capitalisation desacquis.L’entreprise générale a pris des initiatives en cesens en réalisant un film vidéo et en rédigeant un«certificat de capacité», document interne à l’en-treprise destiné au service après vente et faisantétat des particularités du bâtiment.

L’amélioration de ces points conditionne la valori-sation des atouts inhérents à ce parti constructif :plateaux libres, performances acoustiques desplanchers. Un autre constat est que l’associationentre la maîtrise d’œuvre et l’entreprise doit êtreplus étroite que sur une opération traditionnelle : latechnique d’assemblage offre en effet une capacité

d’adaptation aux aléas plus réduite que d’autrestechniques constructives.

La seule implication des concepteurs et de l’entre-prise n’est pas suffisante pour assurer le dévelop-pement de cette technique ; il faut également celledes industriels. L’objectif étant de proposer dessolutions performantes aux maîtres d’ouvrage.Performance qui passe par l’économie, par lamaîtrise des délais, par l’adaptabilité du particonstructif aux nombreux paramètres caractéri-sant chaque opération.Sans oublier le développement d’argumentairesliés aux questions d’usage, comme la «souplesse» dessols (le PCIS ne possède pas la rigidité d’unplancher traditionnel en béton armé) ou lecomportement du PCIS en cas de dégât des eaux.

Cette REX a apporté une deuxième référence auplancher PCIS. C’est maintenant aux promoteursdu procédé d’organiser la formalisation et la diffu-sion des savoirs de manière à pouvoir en tirerparti lors de prochaines opérations.

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