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T. LOBSANG RAMPA
LA ROBE DE SAGESSE
(La Robe Safran)
La Robe de Sagesse — (Initialement publié en
1966) une pénétration plus avant dans la vie lamastique de Lobsang avec son guide le Grand Lama
Mingyar Dondup. Des sujets comme les origines du bouddhisme, l'histoire véridique du Prince Gautama,
comment ce dernier devint "le Bouddha", ses quatre nobles vérités, y sont détaillés.
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Mieux vaut allumer une chandelle
que maudire l'obscurité.
À
Sheelagh M. Rouse Honni soit qui mal y pense —
Gaudet tentamine virtus
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TABLE DES MATIERES
TABLE DES MATIERES .......................................... 3 CHAPITRE UN ...................................................... 3
CHAPITRE DEUX ................................................ 18 CHAPITRE TROIS ............................................... 34
CHAPITRE QUATRE ............................................. 50 CHAPITRE CINQ ................................................. 68
CHAPITRE SIX ................................................... 83 CHAPITRE SEPT ................................................. 99
CHAPITRE HUIT ............................................... 116 CHAPITRE NEUF ............................................... 134
CHAPITRE DIX ................................................. 151 CHAPITRE ONZE .............................................. 167
CHAPITRE DOUZE ............................................ 183 CHAPITRE TREIZE ............................................ 201
CHAPITRE QUATORZE ....................................... 226
CHAPITRE QUINZE ........................................... 248
CHAPITRE UN
DES OMBRES étranges se mouvaient sous mes yeux, ondulant comme les fantômes multicolores d'un univers
lointain et plaisant. L'eau éclaboussée de soleil était paisible, à quelques centimètres de mon visage.
Je glissai doucement un bras sous la surface, observant les petites vagues paresseuses provoquées
par ce geste. Clignant des yeux, je contemplai les
profondeurs. Oui, cette grosse pierre... C'était là qu'il
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vivait — et voici qu'il sortait pour venir me saluer ! Je laissai distraitement glisser ma main le long du flanc du
poisson immobile ; seules ses nageoires s'agitaient légèrement.
Nous étions de vieux amis et je venais bien souvent lui apporter à manger, avant de le caresser. Nous nous
comprenions comme seuls peuvent le faire deux êtres
qui ne se craignent pas. A cette époque, je ne savais même pas que les poissons étaient comestibles ! Les
bouddhistes ne prennent pas la vie des autres, n'infligent pas la souffrance.
J'aspirai profondément et enfonçai ma tête sous l'eau, avide de contempler de plus près un autre
univers. Je me prenais presque pour un dieu inspectant une forme de vie très différente. Un courant invisible
agitait lentement de grands feuillages, des plantes aquatiques se dressaient comme les arbres géants
d'une forêt. Un chemin de sable sinueux ressemblait à un serpent, entre des plantes vert pâle qui évoquaient
à s'y méprendre une pelouse bien tondue. De tout petits poissons multicolores, à grosse tête,
passaient comme des éclairs, allant et venant entre les
plantes pour chercher leur nourriture, ou s'amuser. Une énorme limace d'eau glissa lentement le long du rocher
gris afin d'aller nettoyer le sable. Mais j'étouffais déjà ; le soleil de midi me brûlait la
nuque, les cailloux pointus de la berge me déchiraient la poitrine. Jetant un dernier coup d'oeil autour de moi
je me redressai pour aspirer profondément l'air embaumé. Là, dans MON univers, tout était bien
différent de ce monde paisible que je venais d'examiner. L'animation et le bruit y étaient maîtres.
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Titubant un peu, à cause d'une blessure à la jambe gauche, je m'adossai à un vieil arbre de mes amis et
regardai à droite et à gauche. Le Norbu Linga n'était qu'un éclaboussement de
couleurs, le vert vif des osiers, l'or et l'écarlate du Temple de l'Ile, le bleu profond du ciel et le blanc pur
des nuages légers venant de l'Inde par-dessus les
montagnes. Les eaux calmes du lac reflétaient ces couleurs en les intensifiant et lorsqu'une brise
vagabonde provoquait un friselis, les images se brouillaient. Ici, tout était paisible, mais je savais
qu'au-delà du mur il en était autrement. Des moines, en robe couleur de rouille, portaient des
piles de linge à laver, d'autres, penchés sur le ruisseau étincelant, tordaient, battaient et rinçaient leurs
vêtements afin qu'ils fussent bien propres. Les têtes rasées luisaient au soleil et, tandis que le jour avançait,
les crânes rougissaient. De petits acolytes récemment accueillis à la lamaserie s'acharnaient sur leur linge
avec de gros cailloux ronds afin de l'user, pour donner l'impression qu'ils portaient ces robes depuis
longtemps !
De temps en temps, le soleil allumait des reflets éblouissants à la longue robe jaune d'or de quelque
auguste lama voyageant entre le Potala et le Pargo Kaling. La plupart étaient des hommes très dignes, au
service du Temple depuis leur enfance, d'autres, très rares, étaient de jeunes gens, des Incarnations
Reconnues ou bien des moines que leur mérite avait portés très haut.
Marchant à grandes enjambées, l'air très alerte et féroce, venaient les Maîtres de Discipline, hommes de
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grande taille de la Province de Kham, chargés de maintenir la discipline. Droits et corpulents, ils
portaient d'énormes matraques en signe de leur fonction. Non pas des intellectuels, ceux-là, mais des
hommes musclés et intègres, choisis seulement pour cela. L'un d'eux s'approcha de moi en me regardant de
travers d'un air interrogateur. Me reconnaissant
tardivement, il s'éloigna à la recherche de coupables dignes de son attention.
Derrière moi, le Potala — 'la Maison du Dieu' — dressait vers le ciel sa masse imposante et glorieuse.
Ses pierres de toutes couleurs luisaient doucement et se reflétaient dans les eaux calmes. Dans la brume de
chaleur, les sculptures polychromes de sa base semblaient bouger comme un groupe de personnes
discutant avec animation. De grands rayons de lumière jaune se reflétant sur les Tombes d'Or du toit du Potala
projetaient des lueurs jusque dans les anfractuosités des montagnes.
Un bruit sourd et le craquement d'une branche me fit tourner la tête vers ce nouveau pôle d'attraction. Un
vieil oiseau gris, plus vieux que le plus vieux des
acolytes, venait de se poser dans l'arbre, derrière moi. Ses petits yeux brillants me considérèrent avec
curiosité, puis il se retourna, allongea le cou, battit des ailes et expédia dans ma direction un 'cadeau'
déplaisant, avec une force et une précision remarquables. Je dus faire un grand bond de côté pour
éviter ce présent. L'oiseau me fit face à nouveau et me dit : 'Crouaak ! Crouaak !' avant de se désintéresser de
ma personne.
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La brise m'apporta soudain les sons d'un groupe de marchands arrivant de l'Inde, le meuglement des yaks,
la plainte asthmatique des vieux harnais de cuir desséché, le grondement de pas nombreux et le
tintement musical des petits cailloux déplacés par la caravane. J'aperçus bientôt les énormes buffles chargés
de paquets ; leurs cornes immenses se balançaient au
rythme de leur marche lente. Les marchands suivaient ; certains portaient un turban, d'autres de
vieilles toques de fourrure, certains des calottes de feutre mitées.
— La charité, pour l'amour de Dieu, la charité ! crièrent les mendiants.
Mais comme la caravane passa sans s'arrêter ils proférèrent des insultes :
— Ta mère est une vache engrossée par un bouc, tes rejetons sont les enfants de Sheitan, tes soeurs se
vendent sur la place du marché ! D'étranges senteurs vinrent chatouiller ma narine,
me faisant d'abord aspirer profondément — et éternuer. Je humai au passage les odeurs de l'Inde, celle du thé
de Chine, la vieille poussière tombant des ballots
juchés sur les yaks. Le bruit de leurs cloches s'éloigna et s'estompa enfin, avec les cris des marchands et les
imprécations des mendiants. Bientôt les dames de Lhassa ouvriraient leur porte à des riches visiteurs.
Bientôt les boutiquiers marchanderaient avidement avec les colporteurs, hausseraient les sourcils,
élèveraient la voix, protesteraient contre l'inexplicable augmentation des prix. Bientôt il me faudrait rentrer au
Potala.
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Distraitement, je contemplai les moines à leurs ablutions ; deux d'entre eux se disputaient et
s'éclaboussaient. Ils allaient en venir aux mains lorsque les Maîtres de Discipline intervinrent rapidement ; deux
de ces "Gardiens de la Paix" emmenèrent les moines penauds.
Mais qu'était-ce là ? Mon regard fouilla les buissons.
Deux petits yeux brillants me regardaient peureusement, deux petites oreilles grises se poin