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dossiers et documents sur la lecture des 12.18 ans JUILLET 1991 - N° 59

Table ronde « faut-il écrire, éditer, publier pour la jeunesse

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dossiers et documents sur la lecture

des 12.18 ans

JUILLET 1991 - N° 5 9

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L'association Lecture-Jeunesse (Loi 1901, déclarée le 4 janvier 1974) agréée par le Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports fonctionne grâce au concours du Service des Bibliothèques de la Ville de Paris et à celui du Centre National des Lettres.

SOMMAIRE

Editorial 1

Prix Lecture-Jeunesse 2

Articles • Table ronde : " Faut-il écrire, éditer, publier 7

pour la jeunesse " avec Leïla Sebbar, Geneviève Brisac, Suzanne Buckiet, René de Ceccatty et Michèle Kahn.

Dossier : La violence en milieu scolaire 11 Catherine Belle-Croix

Livres • Nouvelles de l'édition : " Explora " Presses Pocket 16 • Analyses de nouveautés 19

Informations 47

I.S.S.N 0152-8505 Association LECTURE-JEUNESSE (Loi 1901) C.P.P.P. n° 59511

Tél. 45.78.13.89 LECTURE-JEUNESSE

Dossiers et documents sur la lecture des 12-18 ans

Directeur de la publication : Daisy D'AUVIGNY

Adresse : 36, rue Emériau - 75015 PARIS C.C.P. LA SOURCE 3570140C

Abonnement 1991 : 120 F

Composition-Réalisation : texte &gr~a.ph.±&rti.e - Paris

N ° d ' i m p r i m e u r : 6 4

Imprimerie dePithiviers 45300 Pithiviers

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ÉDITORIAL

FUGUER DANS LES LIVRES

Il semble que depuis quelques années, la littérature de jeunesse ne soit plus consi-dérée comme mineure. La production française augmente, et la qualité des albums, des livres, des documents ne fait pas de doute. L'exemple anglo-saxon a stimulé l'édition et la création françaises, si bien que le choix des titres pour le prix Lectu-re-Jeunesse s'est effectué sans douleur, et les membres du jury qui ont lu les dix-sept romans ou recueils de nouvelles proposés, n'ont pas eu à souffrir d'une quel-conque médiocrité. C'est avec un réel plaisir que j'ai, pour ma part, lu et découvert plusieurs livres étrangers et français, sélectionnés par les comités de lecture de la revue. J'ai aimé lire les livres que ma mère, institutrice, passionnée d'éducation et de litté-rature, attentive à la qualité de l'édition, du texte et de l'image, m'a donnés à lire. Elle m'a transmis et à mes sœurs aussi, ce goût des livres, des beaux livres, et comme il y avait dans l'école et dans la maison d'école, toutes sortes de livres qui n'étaient pas destinés seulement aux enfants, j'ai tout lu... au détriment des mathé-matiques. Je ne sais pas lire des livres de sciences. Dire que je le regrette... La fic-tion est plus facile, plus efficace. Elle permet aux petites filles de fuguer dans la rue, tout près ou très loin, au-delà de la mer de Chine ou dans les glaces dures du grand Nord.

Et lorsque j'ai eu à mon tour des enfants, et avant eux des élèves, j'ai lu pour eux, avec eux, j'ai découvert et j'ai fait découvrir. J'ai eu, j'ai encore une sorte d'excita-tion à feuilleter les livres pour les petits, tout petits, moins petits...

Nous avons lu, nous avons discuté avec âpreté parfois, suivant des principes divergents, mais avec chaque fois une fougue d'enfance. C'est ainsi que nous avons choisi un enfant de la Caraïbe, un îlien qui parle de lui, le " négrillon ", comme il dit, avec humour et sans complaisance, tendre pour une mère rude, dans une langue entre deux langues, le créole natal et la langue de l'école de France. Et de l'autre côté du monde, à l'Extrême-Orient, un jeune artiste-peintre chinois, persécuté par la Chine bureaucratique, et délivré de la rancune par l'amour de l'Art, la peinture. Deux beaux textes que les lecteurs jeunes et moins jeunes vont lire, et je les envie.

Leïla Sebbar

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PWriAfVn»iin

ANTAN D'ENFANCE

étNufi ENFANCE

1er PRIX 2®me PRIX

Feng Ji Cai Patrick Chamoiseau Que cent fleurs s'épanouissent Antan d'enfance

Gallimard (Page blanche) Hatier (Haute Enfance)

MENTIONS SPÉCIALES

Ida Fink Le jardin à la dérive

Maren Sell

MENTION SPÉCIALE D'ÉDITEUR

Ecole des Loisirs Pour Je suis Juan de Pareja

de E. Borton de Trevino (Médium)

P.M. Beaude Le Muet du Roi Salomon Gallimard (Page blanche)

Pour Hypatia de A. Zitelman (Médium)

Pour L'or de Cajamalca de J. Wassermann (Médium)

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Le prix Lecture Jeunesse a été créé en 1987, à l'occasion du I0 è m e anni-versaire de l'Association, grâce à l'initiative d'un mécène, Madame Méry, relayée aujourd'hui par un mécénat collectif.

Ce prix est attr ibué tous les deux ans. Il entend récompenser des ouvrages romanesques choisis dans les collections spécifiques pour la jeunesse et dans les collections de littérature générale, ouvrages qui per-mettent aux adolescents de ne pas abandonner la lecture au sortir de l'enfance.

Le jury se détermine selon certains critères : Les ouvrages primés offrent des qualités d'esthétique (harmonie du fond et de la forme) ; ils répondent aux intérêts des jeunes d'aujourd'hui et à leurs possibilités de lecture, tout en respectant le plaisir des histoires de l'enfance, ils le prolongent et l'enrichissent. Ils sont ouverts sur l'imaginaire et le rêve et permettent également de sor-tir de cet imaginaire pour vivre. Ils sont porteurs d'espérance et propo-sent des solutions pour sortir de situations difficiles ou conflictuelles. Leurs personnages évoluent au fil du récit. Ils sont originaux et réservent le plaisir de la découverte par le thème proposé et la manière dont il est traité.

Le jury a salué l'excellente " Cuvée 1990-91 " proposée à son apprécia-tion et se plaît à constater la qualité croissante des ouvrages édités dans les collections spécifiques ces dernières années.

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Prix du jury de la section Jeunes Adultes d'Auxerre et de deux collèges de Migennes

1er prix

Je suis Juan de Pareja de E. Borton de Trevino

2ème p r j x

Hypatia de A. Zitelman

Mention spéciale

Anibal de A. Bragance

Prix du jury du collège de Morlaix

1er prix

Je suis Juan de Pareja de E. Borton de Trevino

2ème prix

Hypatia de A. Zitelman

Mention spéciale

Anibal de A. Bragance

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Annie Boyer responsable de la section " Jeunes Adultes " à la bibliothèque Municipale d'Auxerre a constitué pour la première fois un jury de jeunes dans sa région. Ce jury était composé d'une part d'élèves de 3 è m e et de 4è m e de deux collèges de Migennes (réunis en atelier lecture), et d'autre part de lec-teurs de la section " Jeunes Adultes " d'Auxerre. Le but était de faire lire les jeunes en leur montrant que la lecture pouvait se faire de façon agréable et en dehors des périodes scolaires. Le vote (les parti-cipants étaient au nombre de trente-quatre) a donné lieu à des discussions vigoureuses, chacun défendant son choix avec enthousiasme et spontanéité. Plus qu'aux qualités littéraires des livres proposés, les jeunes ont fait attention à leurs coups de cœur...

Le travail du jury de jeunes de Morlaix a été mené par les professeurs de lettres du collège du Château, Mme Jaouen et M. Ménez. Le jury, là, était composé de trois classes entières (deux 3ème , une 4ème). La participation de ces jeunes au jury a eu un effet très Incitatif, puisqu'il a engendré une forte demande de lectu-re pour les titres sélectionnés. Les livres ont circulé entre les élèves, sans jamais repasser par les adultes, chaque jeune étant pressé de partager son intérêt de lecture avec ses camarades. Les élèves ont été sensibles à la variété et à la qualité des titres proposés. Le bilan est très satisfaisant puisque cette activité paraît formatrice, dévelop-pant l'esprit critique et augmentant la capacité de lecture des élèves.

Anibal, l'ouvrage d'Anne Bragance a été apprécié par tous les jeunes qui l'ont lu, tant à Auxerre, à Migennes qu'à Morlaix. Arrivé tardivement, tous n'ont pu le lire et c'est pourquoi il ne bénéficie que d'une mention spéciale.

Pourquoi nous avons choisi : • je suis Juan de Pareja : parce qu'il est facile à lire ; il nous montre que même un esclave noir pouvait devenir important et reconnu. Il nous fait découvrir le monde de la peinture. • Hypatia parce qu'on change d'époque, le thème est différent des romans traditionnels. L'héroïne est vue à travers un héros qui prend de l'importance au fil des pages. Toutefois le niveau d'écriture parfois soutenu a dérangé certains d'entre nous. • Nous avons aussi beaucoup aimé Béquille qui parle si bien de l'amitié. • Enfin, nous avons découvert trop tard Anibal qui est génial parce que tout de suite on partage les sentiments du narrateur. On découvre l'apprentissage de l'amour fraternel entre deux êtres qui n'ont rien de commun. C'est un livre vrai-ment touchant, émouvant. (Nathalie et Isabelle 4e)

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Point de vue des traductrices

A l'occasion de la remise du 1er prix Que cent fleurs s'épanouissent, traduit du chinois, les deux traductrices, Marie-France de Mirbeck et Antoinette Nodot, se sont spontanément exprimées sur leur travail.

Le chinois étant une langue souvent inconnue de l'éditeur, c'est au traducteur qu'il appartient de découvrir les textes ; les deux traductrices qui suivent la pro-duction littéraire chinoise, ainsi que les événements politiques marquants, ont proposé leur travail à Claude Gutman, directeur de la col lect ion " Page blanche " chez Gallimard. C'est évidemment un choix subjectif fondé sur la qualité du texte, de l'écriture et sur le sujet traité. Chaque traductrice effectue de son côté un travail littéral puis leur collaboration se fait au niveau de la mise en forme du texte traduit. Ce livre, en Chine, est une nouvelle, parue dans une collection de littérature générale. Les traductrices ont eu la chance de rencontrer l'auteur. Une relation approfondie avec un auteur, surtout avant d'aborder une traduction, est extrê-mement intéressante pour le traducteur. Elles nous ont tracé un portrait de Feng Ji Cai : né en 1943, c'est un homme de haute taille (1,80 m), très sportif, origi-naire de Mandchourie ; il est à la fois écrivain et peintre (il sort de l'Institut d'Art de Pékin). C'est un créateur en pleine évolution, bien connu dans son pays. Son livre est son témoignage sur la Révolution culturelle, qu'il a vécu de façon très douloureuse ; c'est une démarche naturelle pour les écrivains chinois de donner leur point de vue sur cette période.

Tessa Brisac, la traductrice de Je suis Juan de Pareja est intervenue pour dire qu'elle n'a jamais rencontré les auteurs qu'elle traduit. Elle n'accepte de tradui-re que des ouvrages qui lui paraissent intéressants ; elle a beaucoup aimé le livre d'E. Borton de Trévino.

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Table Ronde : " Faut-il écrire, éditer, publier pour la jeunesse "

animée par Leila Sebbar (présidente du jury)

Leïla Sebbar, présidente du jury, écrivain, a publié des essais, des romans, des récits, des nouvelles, une correspondance. Elle collabore régulièrement à des revues littéraires et à des émissions de radios. Elle est professeur de lettres.

Leïla Sebbar présente tout d'abord les intervenants : Suzanne Buckiet est directeur de collection chez Syros Alternatives où elle dirige entre autres : " Racines ", " L'Arbre aux accents " et " Pollen ".

Michèle Kahn est écrivain ; elle a publié de nombreux livres pour les jeunes et pour les adultes. Elle est critique de livres et vice-présidente de la Société des Gens de Lettres.

Geneviève Brisac dirige l'Ecole des Loisirs. Elle est journaliste, critique lit-téraire au journal Le Monde. Ecrivain, elle a publié des livres de littérature géné ra le chez Ga l l imard et des romans pour la jeunesse à l'Ecole des Loisirs. Elle a dirigé la collection

" Page Blanche " chez Gallimard en 1985-1988. Elle a été rédactrice en chef de la Revue des Livres pour enfants.

René de Ceccatty dirige la collection " Haute Enfance " chez Hatier. Il est critique littéraire au journal Le Monde. Il est traducteur d'italien et, en colla-boration, de japonais. Il a publié des romans et des essais.

Leïla Sebbar introduit le débat en rap-prochant la littérature pour la jeunesse de la littérature pour le peuple. Ecrire pour les enfants a toujours été une démarche idéologique. L'Eglise, puis les régimes socialistes et communistes ont fait de grands efforts en direction de la jeunesse, avec un projet précis.

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Ce qui paraît nouveau aujourd'hui c'est que ce projet est devenu aussi un projet littéraire et pédagogique.

Elle pose la quest ion aux interve-nants : " Ecrire pour la jeunesse est-ce pour vous différent de cette tradi-tion idéologique et politique que je caricature ? ". Geneviève Brisac : Cette notion est difficile à manipuler. L'éditeur à mon avis est quelqu'un d'empirique et de pragmatique. A l'Ecole des Loisirs on reçoi t un t rès g rand nombre de manuscrits et l'on en garde très peu. Il y a beaucoup de textes de pres-cripteurs qui ont un message à trans-mettre aux jeunes sur les problèmes de société et de vie quotidienne. Le cadre idéologique (ou son absence) n'est pas un empêchement absolu à l 'absence de bons textes. Ce qui m'intéresse en tant qu'éditeur c'est de travail ler avec des écr ivains à l'abri de la société littéraire, saturée de conventions. On leur donne une protection par rapport à la notoriété, ce qui constitue en fait un atout pour leur travail. On ne promet pas aux écrivains pour la jeunesse de gagner beaucoup d'argent ou de passer à la télévision, mais d'être imprimé, de rencontrer des lecteurs... Notre tra-vail à l'Ecole des Loisirs c'est un peu la N.R.F. à ses débuts, Hetzel avec ses copains, une cour de " récré "...

Leïla Sebbar : Comment ciblez-vous votre public ? Suzanne Buckiet : Je ne sais pas répondre à cette question. Pour moi, un bon livre de jeunesse est un livre

qui peut se lire à plusieurs niveaux : il va avoir des relectures permettant de découvr i r à chaque fois que lque chose de nouveau, dans le style, le vocabulaire, les idées véhiculées ; c'est un livre qui accompagne et par-ticipe à l'évolution et au développe-ment du jeune. Un bon livre pour la jeunesse, c'est un livre auquel n'im-porte quel adulte peut prendre un grand plaisir. C'est la même chose pour l'illustration : il n'y a pas d'illus-tration pour enfant, mais des illustra-tions riches, vivantes, fortes. Moi, en tant qu'éditeur, je suis un peu en marge de l'édition classique. Nous avons dans notre secteur une spécificité multiculturelle ; notre fonc-t ion est d'ouvrir au maximum des fenêtres sur des langues, des cul-tures d i f fé ren tes . Nous s o m m e s actuellement la maison d'édition qui a le plus d'expérience dans le domaine du livre bilingue.

Ce terme de projet " multiculturel " est assez ambigu. Le sens que nous donnons à ce mot a beaucoup évo-lué depuis quinze ans. Il y a quinze ans c'était un problème de société : nous avons commencé à faire des livres bilingues sur le terrain pour les cultures, les langues de l'émigration. Cherchant à travailler concrètement, nous avons suivi les l ivres et les avons regardés vivre : et nous avons alors été frappés par l'extraordinaire ignorance et l'indifférence totale de la société française pour les langues et les cultures autres, même celles des pays les plus proches. En fait l 'urgence n'était pas de tra-

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vailler pour ces cultures de l'émigra-tion, ce qui les condamnaient à être maintenues dans un ghetto, mais de travail ler sur nos propres enfants, dans notre propre culture, pour leur donner envie d'aller voir plus loin. Notre responsabil i té était d'éveiller leur curiosité, de secouer les idées toutes faites. Il nous a paru important d'intégrer les cultures de l'émigration à la Culture en général, pour prépa-rer le choc de l'Europe, beaucoup plus large que prévu, avec l'arrivée par exemple des pays de l'Est. Notre but actuel c'est d'échapper à ce regard " ethnocentriste " sur les autres : c'est de là qu'est née la col-lec t ion b i l i ngue in te rna t iona le " L'Arbre aux accents ". Dans cette collection, il y a toujours : un livre de cuisine, pour connaître la vie quoti-dienne des gens ; des contes, pour entrer dans leur imaginaire ; des nou-velles, parce que justement aujour-d'hui ces peuples ont quelque chose à nous dire.

Nous pensons que cette langue que nous ne comprenons pas, c'est la présence de l'autre dans notre vie : on ne parle pas à la place de... on donne la paro le . . . La con t ra in te absolue de cette collection c'est un auteur et un illustrateur originaires du pays. Commercialement, nous nous en rendons compte, la formule du livre bil ingue est très mauvaise ; il nous semble pourtant qu' i l y a la même authenticité et la même diffé-rence entre un livre bilingue et une traduction qu'entre un film en version originale et un film doublé...

Leïla Sebbar : Il y a quelques années il y a eu un effort éditorial im-mense en direction des livres pour les plus jeunes et même les très jeunes enfants. Par contre dans le créneau étroit de l'adolescence, il y avait une pénurie de textes français et une surabondance de traductions. Actuellement, il semble que des édi-teurs et des directeurs de collections s'attachent à produire des textes litté-raires d'écrivains français pour les adolescents. René de Ceccatty : Je suis quant à moi dans une situation un peu diffé-rente par rapport aux deux interve-nantes précédentes car je dirige une collection de littérature générale chez Hatier, un éditeur qui a plutôt une éti-quette Jeunesse. " Haute Enfance " est une collection de souvenirs d'en-fance qui s'adresse à des adultes ; à aucun moment , je n'ai cherché à cibler un public d'adolescents. Pour-tant Rabah Belamri (dont le livre fai-sait partie de la sélection pour le Prix Lec tu re -Jeunesse) est tout à fait abordable par les jeunes : ses dons de conteur et son imaginaire peuvent les toucher sans difficulté. Il a un rap-port très naturel avec l'enfance. Patrick Chamoiseau (2ème prix Lectu-re Jeunesse) demande peut-être une plus grande maturité littéraire ; il joue sur les mots.

J'adhère en tous cas totalement à ce que Suzanne Buckiet vient de dire : c'est une nécessité absolue pour la littérature française de s'ouvrir aux apports des littératures francophones, et des littératures étrangères.

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Michèle Kahn : Je n'ai pas, en tant qu'écrivain un projet ou une théorie i d é o l o g i q u e par t i cu l iè re . J ' éc r i s depuis l'âge de quatorze ans pour répondre à des questions que je me pose à moi-même. Je pense que la marge entre la littérature pour adultes et cel le pour adolescents est très étroite et à la limite ne devrait pas exister. Je me demande si l'éditeur de jeunesse ne maintient pas l'écri-vain en état d'enfance.

Geneviève Brisac : Les écr ivains pour la jeunesse ont peut-être plus de problèmes narcissiques que les écrivains pour adultes ; ils se posent des ques t ions sur leur i t inéraire. Cette interrogation donne de bons et de mauvais livres. Actuel lement il se passe pour les romans ce qui s'est passé autrefois pour les albums : une vague énorme d'auteurs américains et anglais défer-le sur l'édition de jeunesse en France.

Claude Gutman (directeur de la col-lection " Page blanche " chez Galli-mard) : Je préfère publier un bon livre anglais qu'un mauvais livre français. Actuellement II y a trop peu d'auteurs français pour la jeunesse ; on n'arrive pas à avoir un tiers de livres français dans une collection. Il y a actuelle-ment des auteurs à faire naître, dont il faut favoriser l'apparition.

Suzanne Buckiet : Il est vrai que l'on

" tourne " toujours sur les mêmes auteurs. La part qui leur est faite dans l'édition est si réduite qu'il n'y a pas de dynamique. C'est la même chose pour les illustrateurs. Il y a en France des i l lustrateurs extraordi-naires et les albums sont Illustrés par une multi tude d' i l lustrateurs étran-gers.

Leïla Sebbar : Il faut une politique éditoriale pour demander à des écri-vains d'écrire pour la jeunesse et l'adolescence. On commence à se détacher de l'impérialisme américain. Les revues critiques font avancer les choses. M. Isabelle Merlet (conservateur à la Bibliothèque Beaugrenelle, à Paris) : La solution n'est pas de faire écrire des livres fabriqués par des auteurs de littérature générale. Il faut changer la mentalité française et s'ajuster sur les pays anglo-saxons. On n'écrit pas pour telle tranche d'âge. Il faut recon-naître les chefs d'œuvre là où ils sont, mais en France, la critique ne parle pas d'un chef d'œuvre s'il s'agit d'un livre pour la jeunesse.

Un professeur de lettres : le rôle des b ib l io thécaires est pr imordia l pour informer les professeurs sur la littérature de jeunesse.

Leïla Sebbar conclue le débat en disant qu'il faut continuer à promou-voir et à faire connaître une littérature de qualité.

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LE DOSSIER

LA VIOLENCE EN MILIEU SCOLAIRE

Catherine Belle-Croix Professeur de français

Plusieurs livres parlant de la violence en milieu scolaire ont paru ces derniers temps ; il nous semble intéressant de les regrouper. Madame Belle-Croix, nous aide à réfléchir sur ce problème brûlant. La lecture de ces livres doit être conseillée avec beaucoup de prudence et nécessite une discussion avec les jeunes. Pour compléter ce dossier nous rajoutons deux livres plus anciens : La Guerre des chocolats de R. Cormier et Racket de A. Chambers précédemment analy-sés.

La première remarque à la lecture de ces livres sur la jeunesse, pour la jeu-nesse, c'est qu'ils concernent avant tout les adultes. Car la violence, thème commun à ces ouvrages d'auteurs et de pays diffé-rents n'existe que par les adultes, soit qu' i ls soient exemples, soit qu' i ls soient compl ices, soit qu'i ls soient indifférents, soit qu'i ls soient igno-rants (Frère Léon dans La Guerre des chocolats est l'adulte par qui la violence arrive parce qu'il l'exerce, la génère, la tolère avant de l'encoura-ger. Si le livre a pu scandaliser, c'est qu'il révèle sans manichéisme une

forme d'autorité qui est la négation de la d isc ip l ine et de l 'éducat ion. Rien n'est plus négatif que le mal qui ressemble au bien et la violence alors est multipliée par le fait qu'elle mutile chez des êtres jeunes l'idée du Bien.) Mais l ' ignorance, en ce domaine, relève de la non-assistance à person-ne en danger. Aussi, ces livres qui analysent les mécanismes de la vio-lence éclairent, initient, avertissent tout adulte qui se veut éducateur. Et si l 'éducateur est un " éveilleur d'âmes ", il est aussi et préalable-ment un veilleur qui se doit de regar-der, d'observer, de décrypter le non-

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dit, le caché, l 'occulte (les méca-nismes d'imitation et de reproduction sont assez connus aujourd'hui de la psychiatrie et illustrés dans le livre Racket d'Aidan Chambers où Méla-nie Prosser, bourreau des enfants se révè le être auss i v i c t ime de ses parents). En effet, la première remarque qui est à faire dans cette analyse du proces-sus de la violence, c'est que contrai-rement peut-être aux idées reçues la violence la plus dangereuse, la plus destructrice pour la personne humai-ne, n'est pas visible. Et si l'on est prêt à le c ro i re dès qu ' i l s 'ag i t des adultes, l'héritage Rousseauiste nous empêche de croire possible dans la jeunesse la cruauté et la perversité mentales. La v i o l ence est semb le - t - i l , par ailleurs liée à une conception de la civilisation ; certes il est difficile de généra l i ser à part i r de que lques ouvrages une relation de cause à effet. Cependant, on peut noter que certaines valeurs civilisatrices anglo-saxonnes ou extrême-orientales, pour le panel proposé, semblent porter en

elles les germes de la négation de l'être. Dans la Loi du plus fort, la conception exacerbée de la virilité, de la réussite au service d'un ordre social cont r ibue non seulement à créer de la violence, mais à la dissi-muler. La dernière analyse est une analyse " politique ". La lecture de ces livres permet aux lecteurs de déchiffrer, de comprendre les processus " poli-tiques " au sens large de la vie socia-le. En cela Notre héros défiguré est un remarquable traité d' instruct ion civique qui peut permettre de domi-ner les soi-disant procédés " démo-cratiques " d'élection, de délégués, de représentation qui ne sont en fait ici, que les outi ls d 'un ter ror isme d'autant plus cruel et annihilant qu'il a toutes les apparences de la liberté. En conclusion, ces romans " pour la jeunesse " le sont à double titre : ils parlent à la jeunesse, de la jeunesse, mais ils permettent aux adultes de mieux la protéger, y compris d'elle-même.

Catherine Belle-Croix.

CHAMBERS (Aidan) - Racket ; trad. de l'anglais. - L'Ecole des loisirs, 1986. -154p. - (Neuf). - 68 F. L.j. n° 39

Dans une classe de 7e les élèves sont tour à tour terrorisés par une fille de leur classe Mélanie, véritable meneuse de bande et future graine de prison. Celle-ci les oblige à lui faire des cadeaux, à tricher, à voler dans les magasins pour elle. Jusqu'au jour où, grâce à l'impulsion de Lucie et d'Angus, une coalition contre Mélanie s'organise et aura raison de cet infernal engrenage de racket. Une triste " affaire " racontée d'une bien jolie manière où les bons et les mau-vais sentiments prennent tour à tour la succession ou le parallèle. Lucie vit dans un milieu familial aimant désarmé devant la méchanceté dont elle est la victime.

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En revanche Mélanie, la petite peste, a des parents alcooliques, détestables et méprisables. Le style est agréable, clair, précis. Bien des enfants de 10 à 14 ans se retrouve-ront dans ce drame qu'ils auront malheureusement personnellement vécu car il est plus fréquent qu'on ne le pense. (Jacqueline de Mython) Contre L'idée de départ n'était pas mauvaise et même de plus en plus d'actualité mais la réalisation laisse beaucoup à désirer. Les situations sont traitées de façon banale, les personnages stéréotypés et caricaturaux (les parents gentils, pro-tecteurs de l'enfant brimée ; les odieux parents de la méchante peste). On effleure la question. Un peu léger. (Françoise Bourdier)

CORMIER (Robert). - La Guerre des chocolats ; trad. de l'américain. -L'Ecole des Loisirs, 1984. - 216 p. - 85 F. L.j. n° 33

Déjà publiée en France, en 1976 (sous le titre " Les Chocolats de la discorde ") dans une version édulcorée, voici enfin l'œuvre originale, remarquablement tra-duite par Michèle Poslaniec. Élève d'un collège catholique américain, un adolescent fragile mais déterminé, tient tête tout seul, à ses risques et périls (et Dieu sait qu'on ne l 'épargne guère !) à un professeur opportuniste et méchant et à certains de ses condis-ciples qui font régner la terreur. Une œuvre forte et violente (mais que veut dire le mot violence pour les jeunes aujourd'hui ?) qui vous prend à la gorge et vous laisse sous le choc. A partir de 15 ans. (Françoise Bourdier)

Ce livre commence comme un roman innocent décrivant la vie d'un collège, mais peu à peu le livre bascule : Archie, manipulateur de foule, lui-même ris-quant une remise en question, se révèle un véritable nazi organisant sciemment la torture de Jerry et manœuvrant les tortionnaires. Ce livre est terrifiant, les adultes n'ayant pas un plus beau rôle que les enfants. C'est un roman très fort mais à discuter avec les adolescents. Un très bon thème de livre club par le nombre des quest ions abordées qui m'a fait penser à " Sa Majesté des mouches ". (Bénédicte Tardy)

GUILLOU (Jan). - La Fabrique de violence ; trad. du suédois. - Manya, 1 9 9 0 . - 4 1 8 p . - 1 2 9 F.

Vous souvenez-vous de " La Guerre des chocolats " de Cormier ? C'est un peu le même thème mais à mon sens mieux développé et mis en valeur. Pour dire la vérité ceci est un livre violent, d'une violence crue, physique. La description des combats est précise, quasi-chirurgicale. Erik est un jeune suédois très résistant à la douleur. Il en a l'expérience. Son père le bat, tous les jours. Il transporte à l'école sa grande expérience de résis-tance vis-à-vis de toutes les forces qui s'opposent à lui. Au point qu'il est ren-

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voyé et mis en pension dans une école qui pratique " l'éducation mutuelle " : les grands assujettissent les élèves des petites classes, leur demandent des ser-vices humiliants et leur Imposent des bizutages et des brimades affreuses et souvent dangereuses, tandis que les professeurs laissent faire et s'Isolent pour ne rien savoir. Erik décide de se battre contre le système.

Largement autobiographique, ce livre fit scandale en Suède car II dénonçait des pratiques existantes. Ici le problème de la violence dans les établissements scolaires se pose aussi. Cette histoire amène à une réflexion profonde et intelli-gente, celle d'Erik tout au long du livre, sur les moyens de combattre. Peut-on lutter contre la violence sans en faire usage soi-même ? Jusqu'à quel point cet enchaînement vous alléne-t-il ? Y-a-t-ll un recours individuel, collectif ? Erik lutte physiquement mais II n'aime pas cela. Il cherche par tous les moyens une solu-tion différente. Il mène un combat moral et polémique avec son ami Pierre qui est non-violent. Il tache d'y voir clair, de comprendre le fonctionnement de la foule, de la peur, l'engrenage de la violence et tente de l'arrêter. On ne peut se boucher les yeux et on ne peut empêcher les ados de voir. Par contre, on peut les aider à réfléchir sans rien leur cacher. La question soulevée ici est fondamentale et ne peut être passée sous silence. Ce livre n'est pas moralisateur, il n'apporte pas de réponses toutes faites. Il permet de s'identifier à un jeune qui lutte et en même temps réfléchit. Il amorce la prise de conscien-ce dans le bon sens. Il donne envie de continuer à se révolter contre la violence répressive parce que cela est juste même si ce combat est difficile, solitaire. Mais dans le même élan il ne cache pas qu'il ne s'agit nullement d'héroïsme niais, qu'il faut se poser des questions sur son action, qu'il ne faut peut-être pas dépasser certaines limites sous peine de devenir à son tour terroriste. Que peut-être la fin ne justlfie-t-elle pas tous les moyens. (Valérie Maritaux)

. . .Et voilà comment on peut " fabriquer " un être violent à partir d'un jeune qui a un grand sens de ce qui est juste, et qui ne veut pas s'avilir devant la force ! Il ne semble pas qu'un tel récit puisse être proposé à des jeunes avant 17 ou 18 ans. Plus tôt, Il risque d'entraîner le lecteur à Imiter ce qu'il aura lu et de transformer ce livre en un " miroir " redoutable. (Emilienne Vallet)

MUNYOL (Yi). - Notre héros défiguré ; trad. du coréen. - Actes Sud, 1990. -118 p. - 6 9 F. Dans sa nouvelle école, dès le premier jour, Han découvre que toute la classe est sous la domination despotique de Om - obéissance absolue, racket, humi-liations en tous genres - et cela avec la complicité du maître. Han tente de résister mais isolé, persécuté, incompris même de ses parents, il se soumet. Om le comble alors de ses faveurs. Han physiquement et morale-ment épuisé les accepte avec gratitude. C'est alors qu'un nouveau maître est nommé et démasque Om. Accablé par ses anciens courtisans (à l'exception de

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Han), il est sévèrement puni mais tous ceux qui par lâcheté ont accepté son pouvoir injuste le sont également. Par une nouvelle organisation de la vie de la classe, l'enseignant s'efforce de faire comprendre aux élèves ce qu'est la démocratie, le courage et le respect de l'autre. Dans les dernières pages, nous retrouvons Han trente ans plus tard. Avec ses scrupules, son sens de la morale, il n'a pas " réussi " aussi bien que ses anciens condisciples. Par hasard sur un quai de gare, il assiste à l'arresta-tion de Om devenu un puissant mafiosi.

Cette fable en forme de souvenir d'enfant dénonce la dictature : ceux qui l'exer-cent mais aussi ceux qui la subissent soit par lâcheté, soit parce qu'ils en profi-tent. Dans un texte court, dans une langue dépouillée, Munyol se pose et nous pose une question fondamentale. A partir de 16 ans. (Elisabeth Courchinoux)

Seulement, il se dégage de cette lecture une telle violence qu'on peut se demander si on ne doit pas la réserver à des lecteurs déjà formés à un juge-ment et une pensée personnels et qui ont dépassé l'âge grégaire de l'imitation de ce qui envahit leur imaginaire car, à ce niveau, elle peut devenir très grave-ment nocive. (Emilienne Vallet)

PEROL (Huguette). - La Loi du plus fort. - Rageot, 1989. - 155 p. - (Les Maîtres de l'aventure). - 27 F. En japonais, l'Ipimé c'est l'acte de maltraiter un être plus faible, l'exclure du groupe, le harceler jusqu'à ce qu'il se rende. Un jeu cruel et dangereux dont sont victimes beaucoup de collégiens. L'histoire de Youkio Kinura tient en peu de lignes. Il fut une victime innocente. Maltraité par ses camarades de classe, n'ayant personne vers qui se tourner ; abandonné par son professeur qui a pré-féré ignorer ce qui se passait dans sa classe, et par ses parents qui voulaient en faire un garçon fort et qui craignaient que tendresse ne soit synonyme de faiblesse, il a préféré se laisser mourir, seul moyen pour lui d'échapper aux per-sécutions. C'est un récit à plusieurs voix, chacun des protagonistes raconte à sa manière les événements. Un roman poignant qui pose le problème de la violence dans les collèges et du despotisme des petits chefs. Ce livre, reflet d'une certaine réalité, constitue une mise en garde contre un état d'esprit que l'on rencontre parfois. A partir de 14-15 ans. (Nathalie Ruby).

Nous s ignalons le n° 287 d 'oc tobre 90 des Cahiers pédagogiques qui consacre son dossier à la violence à l'école. C'est dire l'importance du problè-me. Ce dossier est constitué de témoignages de jeunes et d'adultes, d'articles de réflexion prenant du recul quant aux problèmes, pour trouver des solutions. Cahiers pédagogiques 5, impasse Bon Secours 75543 Paris Cédex 11 - 40 F.

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NOUVELLES DE L'ÉDITION

EXPLORfî Presses-Pocket - Cité des Sciences

et de l'Industrie "

Partant de l'idée que la science fait partie intégrante de la culture et doit être accessible à tous, la Cité des Sciences et de l'Industrie lance en coédition avec Presses-Pocket une collection de vulgarisation scientifique au format de poche : EXPLORA.

Du même titre que l'exposition permanente de la Cité des Sciences et de l'Indus-trie, cette collection veut être à long terme une encyclopédie couvrant l'ensemble des domaines scientifiques, de l'astronomie à l'océanographie, de la physique à la géologie, de l'espace à la biologie. Les auteurs sont des scientifiques spécialisés pour la plupart dans la vulgarisation scientifique - certains ont collaboré aux expo-sitions de la cité des sciences.

La collection est conçue pour les adolescents, avec un souci pédagogique, mais elle s'adresse aussi à tous les non-scientifiques, la science pénétrant chaque jour notre environnement quotidien : " C'est une exploration par l'image et par le texte des sujets scientifiques qui concernent tout un chacun ".

Une gros travail a été effectué sur les textes ; ils sont d'une grande lisibilité ; chaque ouvrage, plus ou moins difficile, cherche à fournir l'essentiel de l'informa-tion sur un domaine, de façon claire mais parfaitement rigoureuse scientifiquement. La maquette est très réussie : l'iconographie est belle mais au-delà de l'esthétique elle se veut avant tout informative.

Six volumes parus en mars 1991 sont présentés ici ; six nouveaux titres sortiront en octobre prochain ; à partir de 1992, le rythme sera de dix titres par an.

Chaque volume d'un format très maniable, broché-cousu, a 128 pages : il est vendu au prix de 55 F.

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ALTER (Anna), HAGENE (Bernard). - Mille et une lunes.

Mené comme une enquête, ce récit révèle au lecteur tout ce qu'il faut savoir sur la lune : depuis les travaux de Galilée au XVIIème siècle jusqu'à la découverte chrono-logique de la lune par les hommes : le débarquement sur le sol lunaire en 1969, les recherches sur la formation de la lune, son influence et ses manifestations sur les hommes depuis toujours, la géologie lunaire, les projets d'avenir... L'iconographie est superbe : des photos-documents étonnantes qui proviennent des laboratoires de recherches, des dessins populaires, des croquis. Les auteurs, à la fois physiciens, enseignants et journalistes, ont su vulgariser tout en distrayant. On peut lire ce documentaire avec un grand plaisir à partir de treize ans. Un seul reproche : le manque d'index qui faciliterait les recherches ponc-tuelles. (Françoise Hedde)

BOISSIER (Jean Michel), SCRIVE (Martine), - Mille milliards de microbes.

Microbe, le mot date de 1875 : il servira à désigner l'ensemble des " petites vies " qui se mêlent à la nôtre et pas toujours pour notre plus grand bien ! Depuis, que de chemin parcouru ! Ce petit livre de 125 pages, intelligemment illustré, nous explique tout sur la prolifération dans le monde humain, de ces micro organismes, nous indique les moyens pour, autant que faire se peut, nous en protéger (hygiène, antibiotiques, vaccins) et les combattre, sans pour autant méconnaître les échecs de la lutte engagée. Clarté et humour. A la fin du texte, un glossaire succinct mais suffisant. (Françoise Bourdier)

LERAY (Guy). - Planète eau.

La question de l'eau est ici envisagée sous différents aspects. L'eau est d'abord décrite au niveau chimique et physique. Mais le problème est surtout considéré d'un point de vue sociologique. On y découvre la place de l'eau dans le développe-ment des civilisations. Puis suivent les questions de la gestion et le traitement des eaux potables et des eaux usées, du rôle de l'eau pour la santé... L'ouvrage se ter-mine en traitant des questions plus cruciales de la pollution, de la distribution et du partage inégal de l'eau entre pays riches et pays pauvres. Le texte est toujours simple, la présentation claire et agréable. Les photos et illus-trations nombreuses sont largement commentées. Pour tous à partir de 14 ans. (Marie Loquet)

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REYSS (Daniel). - La découverte des abysses.

L'approche du sujet est très journalistique et vivante. Les connaissances sur les fonds marins, leur flore et leur faune, ne sont données qu'en relation avec le récit des expéditions qui ont permis de les établir, ce qui donne l'occasion d'évoquer quelques personnalités pittoresques, comme celle du professeur Piccard, qui a servi de modèle à Hergé pour son professeur Tournesol. L'auteur crée un véritable suspense : ce que l'on croyait établi se trouve remis en question par les plongées du sous-marin Alvin, au printemps 1977, par 2500 mètres de fond. On en retire la conscience que la science, c'est quelque chose de vivant, qu'elle est en train de se faire. De la bonne vulgarisation, et qui pourrait bien susciter des vocations I Dès 13-14 ans. (Marie-Isabelle Merlet)

SABOURAUD (Christiane). - Les archives de la terre.

Tout est indice d'une histoire pour qui sait le détecter. L'impact d'une goutte de pluie, les traces de pattes d'oiseau, l'ordonnancement, parfois bouleversé, des strates de roches... Les photos sont particulièrement parlantes, le texte vivant, les titres accrocheurs, on se transforme en détective de ces archives, l'espace de la lecture. Dès 13-14 ans (Marie-Isabelle Merlet)

TAURISSON (Alain). - Du boulier à l'informatique.

Cette ouvrage retrace les techniques de calcul depuis le simple boulier jusqu'à l'or-dinateur. L'auteur " décortique " d'une façon logique et claire tous les mécanismes du calcul, des machines à calculer, de l'électronique pour arriver jusqu'aux micro-processeurs. Les illustrations, photos et schémas, participent à l'information. L'ensemble est pas-sionnant pour tous à partir de 14 ans. (Françoise Hedde)

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fi Nfi LYSE DE NOUVEAUTÉS

Romans

BEN JELLOUN (Tahar). - Les Yeux baissés. - Le Seuil, 1991. - 298 p. - 99 F.

Les Yeux baissés raconte l'errance psychologique et affective de tous les exilés arrachés à leur terre et ballotés entre deux mondes. Les Yeux baissés chante tel un grand poème en prose l'amour de la terre natale, l'amour de l'autre : Amour qui n'est jamais donné, mais qu'il faut créer au prix de ruptures déchirantes et de la découverte du prix de l'échec. Les Yeux baissés laisse entrevoir l'avènement d'un monde dans lequel les échanges, les voyages, la pénétration des médias amènera la géographie à se rétrécir, les continents à se rapprocher ; un jour vient où la conteuse est la dernière à porter en elle le secret, où les cultures se rapprochent... Tahar Ben Jelloun qui ne moralise à aucun moment, ne dit pas si c'est un bien. Il laisse le lecteur s'interroger. Pour un lecteur déjà à l'aise dans les chemins littéraires qui ne sera pas désarçonné par les différents registres qui s'intercalent dans le récit : univers maghrébin et univers occidental. Rêve, conte ou réalité du quotidien. 16-17 ans (Catherine Bertrand).

BERHEIM (Cathy). - Quel cinéma ! ; trad. de l'anglais. - Ecole des Loisirs, 1990. - 156 p. - (Médium) - 92 F.

La vie quotidienne au jour le jour d'une adolescente américaine de quinze ans : ses démêlés avec ses parents qui dirigent un cinéma et qui ne s'entendent pas, ses rapports avec sa tante et son cousin, son amitié pour son copain Bernard et sa chienne Falconetti, l'arrivée du nouveau projectionniste... Mais en attendant la vie n'est guère facile pour Tony... heureusement passionnée par le cinéma... voilà son univers et son échappatoire...

Certes un roman Intéressant ; le style est vif, alerte et rapide ; les événements et les faits sont décrits d'une façon amusante qui permet d'éviter le côté tragique ou décourageant des situations ; mais cela donne une Impression un peu superficielle. Donc un récit facile à lire, assez tonique même, qui peut-être proposé à des lec-teurs n'aimant pas particulièrement la lecture. (Brigit Cosset)

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BRAGANCE (Anne). - Anibal. - Laffont. 1991. - 1 7 8 p. - 85 F.

Récit plein de charme et d'humour où l'on assiste à la naissance d'une amitié puis d'une véritable affection entre deux enfants que tout séparait. Sweetie promène sur le monde des adultes - stars de cinéma, médecins, éduca-teurs, parents - un regard plein de candeur, de drôlerie, d'insolence. Toutefois les grands problèmes n'en sont pas pour autant évacués : besoin de tendresse de l'en-fant, carence des parents, adoption. L'auteur a su avec bonheur emprunter le rythme d'un style assez décousu. Elle a fait parler l'enfant avec un langage à la fois enfantin et populaire qui rend la lecture très amusante. C'est une merveilleuse histoire où l'auteur a su restituer la fraîcheur et la grâce de l'enfance. Pour tous à partir de 13 ans. (Odile Altamayer).

BRISOU-BELLEN (Evelyne). - Deux ombres sur le pont. - Hachette, 1990. -219 p. ; ¡II. - (Livre de Poche jeunesse). - 22,50 F.

E. Brisou-Pellen situe l'action de son roman au XIIe siècle dans le Japon des sho-guns et des samouraïs. Pour venger le meurtre de sa mère, Omi, une jeune fille de la noblesse se révolte contre son beau-père qu'elle croit être l'assassin. Elle rejette l'éducation qu'elle a reçue, bafoue les principes de la noblesse et s'insurge contre l'injustice sociale. L'intrigue est bien menée et tient le lecteur en haleine mêlant mystère et roma-nesque. L'atmosphère et la description de la société de l'époque sont bien rendues sans être pesantes. Un roman d'aventures et la naissance d'un amour. A partir de 12 ans. (Nathalie Ruby).

CALDWELL (Erskine). - A la recherche de Bisco ; trad. de l'américain. - Bel-fond, 1990. - 210 p. - 98 F.

Caldwell était très ami, lorsqu'il était jeune, avec Bisco jeune noir de son âge. Leurs parents les séparent car un blanc et un noir ne peuvent, à cette époque, être amis dans le Sud des Etats-Unis. Devenu adulte dans les années 60, Caldwell part à la recherche de Bisco et cette quête est un prétexte pour écrire des témoignages de blancs et de noirs sur leurs rapports respectifs. C'est un réquisitoire contre le racis-me ordinaire, le racisme de tous les jours, le poids des traditions, le manque de courage, les pressions insidieuses...

Livre très intéressant pour voir les points de vue divergents des blancs du Sud et également ceux des noirs, certains pleins d'espoirs et d'autres ne croyant plus en rien. A partir de 16 ans. (Claude Imbert)

COMMENT (Bernard). - L'Ombre de mémoire. - Christian Bourgois, 1990. -218 p . - 8 0 F.

La mémoire des lectures, des images, des peintures, de la musique... Le narrateur en semble dépourvu et cela est, pour lui devenu une obsession. Sur ordinateur, il tente de créer sa mémoire et emmagasine tout ce qu'il peut. Un jour, il rencontre

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Robert, vieil homme secret et solitaire, très " cultivé ", doté d'une mémoire phéno-ménale. Le jeune homme est ébloui, paralysé devant ce vieillard qui pendant des heures peut parler d'un peintre, d'une toile, de ses livres... Le narrateur va tout abandonner, sa vie, son amour dans l'espoir fou d'hériter de cette mémoire. Mais contre l'âge on ne peut lutter et il ne va pas supporter de voir le vieux Robert se vider de sa mémoire, de voir son héritage s'envoler. Curieux roman, un peu obsédant comme le narrateur totalement annihilé par son obsession, incapable de communication et se posant à lui-même mille questions. La forme est assez vivante. Les lycéens qui lui ont décerné un prix ont sans doute été intéressés par le parallélisme entre la description de la mémoire active et enri-chissante et la mémoire " archives ". A partir de 16 ans. (Claire Michel).

DAENINCKX (Didier). - La Mort n'oublie personne. - Gallimard, 1990. -189 p. (Folio). - 23,50 F.

Un roman qui exprime bien la vie dangereuse permanente menée par les résistants face à l'abjection d'autres français. Ces derniers parviennent parmi les multiples exactions commises à la Libération à se tirer d'affaire et à manipuler la justice à leur profit au détriment de ceux qui croyaient en elle. Le personnage de Jean Ricourart est émouvant, l'homme ayant su conserver malgré les multiples épreuves et drames subis, une grande humilité et une grande réserve de jugement. Un récit dramatique bien écrit, mais cependant confus dans l'explication du mobile réel de l'accusation, destiné à des jeunes intéressés par la 2è m e guerre mondiale et plus particulièrement par cette époque trouble de la Libération. A partir de 16 ans. ( Véronique Gélot).

DEFOE Daniel. - Les Chemins de Fortune ; trad. de l'anglais. - Phèbus, 1990. -438 p. ; III. - 138 F.

Barbe noire, Rackham-Le-Rouge, Mary Read et bien d'autres pirates connus sont les héros de ses dix-neuf récits écrits par Daniel Defoe. Malgré la réputation d'affa-bulateur de Defoe, il semble que les documents découverts à ce jour confirment la véracité de ce livre-somme sur la piraterie. Au fil des pages nous découvrons abor-dages sanglants, pillages, orgies menés par des brutes et des forbans, mais aussi un combat contre les injustices et le désir de créer une sorte de république bénéfi-ciant d'un ordre social égalitaire.

Quant à la qualité littéraire c'est celle d'un grand conteur anglais qui a le sens de la scène juste, du détail original, du génie de l'image et qui cisèle chaque récit comme les différentes pièces d'orfèvrerie d'un trésor. Nombre de ces histoires ont été à l'origine de bandes dessinées et de films et le filon, avec ce livre, n'est pas près de s'épuiser. A lire à partir de 15-16 ans pour les amateurs du pavillon à tête de mort, sans oublier, surtout, la magnifique préface de Michel Le Bris. (Christiane Ailleret).

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FRANCK et VAUTRIN. - Le Temps des cerises : les aventures de Boro, reporter photographe. - Fayard, 1990. - 577 p. - 1 3 5 F.

Attention, c'est reparti pour de nouvelles aventures : Boro est de retour ! Formidable Borowicz : après ses aventures à Berlin, nous le retrouvons à Paris avant et pendant le Front Populaire. Ce reporter de charme connaîtra moult coups de foudre. Il pren-dra sous son aile une charmante jeune orpheline mêlée à une sombre conspiration d'extrême-droite. Photographe toujours à l'affût de scoop, il partira couvrir les débuts de ce qui sera la guerre d'Espagne. Il apprendra là la valeur de l'engage-ment antifaciste et comprendra que plus jamais il ne pourra rester spectateur de l'événement. Il retrouvera dans la tourmente espagnole sa belle cousine Maryika et son ami et rival Dimitri. Bien sûr on a un peu oublié " La Dame de Berlin " mais heureusement il n'y a pas trop d'allusions à ce précédent épisode. La langue est toujours aussi savoureuse : verte et imagée. L'histoire est bien entremêlée au récit. Les péripéties sont hale-tantes et échevelées... A quand la suite ? A lire d'un trait dès 15 ans si l'on est pas rebuté par l'épaisseur du livre. ( Valérie Mantoux).

GARFIELD (Léon). - La Rose de décembre ; trad. de l'anglais. - Gallimard, 1990. - 312 p. ; ill. - (Folio Junior). - 23 F.

Ce livre est la fois un roman historique et un roman policier : l'ambiance de Londres au siècle dernier est habilement récréée tandis que le lecteur est saisi par la rapidi-té des aventures du jeune ramoneur " Petit Crampon " et leurs multiples rebondisse-ments. Les personnages sont habilement décrits, leurs personnalités sont très vivantes et variées, typiques probablement de la population londonienne d'autre-fois. Les divers lieux où se passe l'action revivent aussi : les rues de Londres, la vie des bateaux sur la Tamise, la boutique du fripier, les belles demeures des hauts personnages. Il s'agit donc d'un excellent roman, remarquablement construit, d'un grand pouvoir évocateur, qui tiendra les jeunes lecteurs en haleine sans les ennuyer une seconde. De 11 à 15 ans. (Micheline Fargues).

GUNN (Aeneas). Bett-Bett, petite princesse australienne ; trad. de l'anglais. - Magnard, 1990. - 1 4 0 p. - (Fantasia Poche contemporain). - 41 F.

Le récit se situe en région tropicale du continent australien. Là, vivaient les abori-gènes du " Bush " quand vinrent les premiers colons européens, éleveurs de bovi-dés. L'auteur, première femme blanche vivant dans cette difficile contrée, nous conte l'histoire de Bett-Bett, petite fille indigène de huit ans, recueillie par les pion-niers et sa difficile adaptation au monde des blancs. Sous forme de récit, c'est en fait un documentaire sur la vie indigène en Australie du Nord au début du siècle. A partir de 11 ans. (Francine Barbier).

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LABAKY (Mansour). - Deux maisons pour rien. - Fayard, 1991. - 190 p. -(Les Enfants du Fleuve). - 79 F. Deux enfants de 9 ans se lient d'amitié en classe. L'un Marwan, a fui le Liban avec sa famille, l'autre, Olivier, est déchiré entre un père et une mère divorcés et remariés chacun de leur côté, d'où le titre " Deux maisons pour rien ". Le thème du livre est celui de la souffrance causée par le manque d'amour chez l'enfant, symbole de l'innocence. C'est un hymne à l'amour comme élément indis-pensable à la vie, amour bafoué partout où il y a la guerre mais aussi où il y a désu-nion entre mari et femme. Les réflexions des deux jeunes héros sont très vraies, très vécues par l'expérience de chacun : l'un confiant et serein, l'autre perpétuellement en quête d'un regard ou d'un sourire qui le rassure. Excellent livre à partir de 12 ans. (Jacqueline Brisset).

LOI (Michelle). - Adieu mes ancêtres. - Hachette, 1991. - 221 p. - ill. - (Verte Aventure/Humaine). - 27 F. La biographie d'un très grand écrivain chinois fils et petit fils de lettrés, soumis à une discipline stricte au niveau des études et de leur sanction. En même temps, la relation, remplie d'intelligence, de réalisme, de tendresse et d'humour, d'une époque fertile en événements politiques et sociaux, dans la quelle on pouvait se retrouver du jour au lendemain dans une situation sans aucun rapport avec le rang social offert par la naissance. A conseiller à partir de 13 ans. (Françoise Bourdier).

MARCEAU (Claude). - Enfant sans âme. - Hachette, 1990. - 124 p. ; ill. -(Livre de poche jeunesse). - 22,50 F. Une vieille indienne dans une réserve près du Saint-Laurent raconte à un jeune étu-diant une légende de son pays : Le chef d'une tribu Innue avait un fils. Celui-ci pas-sait des journées à rêvasser avec un regard vide. On l'avait surnommé, « enfant sans âme ». Quand II eût 14 ans son père Inquiet consulte un chaman. Par magie celui-ci fera passer tour à tour l'âme du garçon dans le corps d'une mouette, d'un loup, d'un caribou, d'un castor et d'un ours. Autant de très dures épreuves, car à chaque métamorphose il faudra se faire admettre des autres animaux et surtout trouver à se nourrir. Redevenu humain « enfant sans âme » mettra en pratique tout ce qu'il aura appris de ses " vies animales ". Il pourra devenir un grand chef. L'étude parallèle de la vie de l'enfant transformé en animal et celle de sa tribu tout au long du livre est une bonne idée. Lecture facile grâce à des chapitres courts. Pour les plus jeunes. (Marie-Jeanne Quidet).

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MIRMAN (Louis). A la recherche de Tiang. - Gallimard, 1990. - 214 p. ; ill. -(Folio Junior). - 28 F.

Tiang, adolescent cambodgien, vit en France depuis quelques années dans une famille adoptive avec laquelle il ne s'entend pas. Il part à la recherche de sa demi-sœur enlevée par un étrange major. Il rencontre heureusement une alliée de son âge en la personne de Laure. A eux deux ils vont résoudre le mystère du château de Castes. Tiang va retrouver la confiance des autres et sa confiance dans la vie. L'enquête policière est bien menée et on suit avec beaucoup de plaisir les aven-tures de Tiang et de Laure. Il y a une analyse assez fine des rapports entre les émigrés et les personnes qui les accueillent et du manque de compréhension de certains adultes vis-à-vis des jeunes. L'intrigue effleure certains sujets difficiles (traite des enfants) mais le livre reste très optimiste et facile à lire. A partir de 12 ans. (Claude Imbert).

OBERMAYER (Inge). - Georgie pot de colle ; trad. de l'allemand. - Nathan, 1990. - 159 p. ; ill. - (Bibliothèque Internationale) - 59 F.

Georgie vient d'emménager avec sa mère dans un grand immeuble. Il passe pour original, ne parle pas, fait des bêtises ou plutôt, rien comme tout le monde, déroute, toujours sans violence ni méchanceté. Les enfants l'observent. Quand disparaît l'oi-seau d'Anne, les enfants se mobilisent pour que Georgie quitte l'immeuble, seul responsable possible de cette perte. A eux les " bêtises " puis la découverte de la vérité, vérité sur l'oiseau, vérité sur la nature de Georgie, sa vie, et pourquoi par sur l'amitié. Très beau livre simple, pudique qui ouvre la porte sur un monde inconnu et dérou-tant pour les enfants : l'autisme, la maladie mentale, le silence... Belle histoire d'amitié qui attache et dédramatise. Le titre ne " colle " vraiment pas avec le personnage et les images sont tristes pour les jeunes. (Sophie Farache).

OTTESEN (Josefine). - Le Pays interdit ; trad. du danois. - Nathan, 1990. • 222 p. ; ill.- (Bibliothèque Internationale). - 69 F.

Quand deux pays, leurs deux cultures et leurs deux genres de vie s'affrontent, cela entraîne beaucoup de souffrances et de malheurs pour les deux peuples. Au Pays Magnifique, où l'efficacité seule compte, il est interdit de parler du passé, de faire pousser des fleurs, d'écouter des contes, de rêver. Par contre au Pays des Oiseaux, tout est délabré, on y mange pas toujours à sa faim, mais tout est joie, chansons, fleurs, etc... Autrefois les deux pays étaient unis, mais un marécage infranchissable les sépare maintenant. Qui va parvenir à faire disparaître ce terrible obstacle et permettre la

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réunion des deux peuples afin que l'un retrouve la joie de vivre et l'autre le goût du travail bien fait ? Le Roi du Pays Magnifique et la Reine du Pays des Oiseaux, après d'innombrables aventures parviendront à retrouver la formule magique qui permet-tra la disparition de tout obstacle et apportera le bonheur à tous y compris au roi et à la reine. Livre rempli de poésie, moitié conte moitié roman d'aventure qui plaira aux ama-teurs d'Andersen ou de Selma Lagerlôff. Bonne présentation. A partir de 12 ans. ( Jacqueline Peillon).

PONTY (Monique). - Le Chemin de l'écluse. - Hachette, 1991. - 186 p. ; ill. -(Le livre de poche jeunesse). - 23 F.

Jean-Louis perd ses parents adoptifs et est accueilli chaleureusement par une autre famille. Pourtant il a du mal à s'habituer à sa nouvelle vie et à faire abstraction du passé... C'est au bout de six mois, après s'être adapté à une nouvelle école, s'être lié d'amitié avec un vieil éclusier solitaire et s'être enfui sur une péniche qu'il revien-dra de son plein gré chez lui. Roman sensible où la psychologie des personnages est bien étudiée ; le problème de l'adoption est également bien posé. (Brigit Cosset).

RANDIER (Jean). - Un Mousse au Cap Horn. - Gallimard, 1990. - 245 p. ; ill. -(Folio Junior). - 28 F.

Enfin, un livre de garçons, tout à fait passionnant pour ceux qui aiment la mer, écrit par l'ancien commandant du " Bellem " avec beaucoup de verve et un certain regret des navires à voiles ; la vapeur c'est moins excitant ! Il raconte la vie dure d'un petit mousse de onze ans en 1907 sur les derniers trois-mâts. Pour les passionnés de mer et d'aventure. (Danièle Pannier).

REY (Frédéric). Pleins feux sur Raphaël. - Hachette, 1990. - 188 p. ; ill. -(Livre de Poche Jeunesse). - 23 F.

Raphaël est en classe un mauvais élève ; à la maison il est silencieux. Ainsi, soit on l'oublie soit on se moque de lui. Jusqu'au jour où, dans sa nouvelle école, un pro-fesseur de français enthousiaste, autoritaire parfois, passionné de théâtre, impose le rôle principal à Raphaël, ce sera un triomphe et une révélation pour les parents de Raphaël enfin sorti de sa coquille. Petit roman bien écrit, plein de charme et de psychologie fine et amusante. Beau-coup de choses de la vie sont évoquées à travers ce professeur et cet adolescent ; entre ce dernier et sa famille. Tous les personnages sont bien campés, décrits avec précision et humour. Peut être lu à tous les âges avec plaisir à partir de 12 ans. (Béatrice de Lépinay).

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REYBAUD (Fanny). - Mademoiselle de Malpierre. - Actes Sud, 1990. - 188 p. - 7 9 F.

Dans une maison de Haute-Provence un jeune homme rêve devant un tableau représentant Mademoiselle de Malpierre. Il imagine la vie de celle-ci car elle a renié sa famille et ses titres pour épouser un paysan à la veille de la Révolution. Viennent les malheurs et la déchéance pour cette jeune et fière aristocrate. Et le jeune homme rêve, imagine, sans savoir que dans la maison de son oncle, vit quelqu'un qui aurait beaucoup à raconter sur ces événements. Par petites touches successives, grâce à un vocabulaire limpide, l'auteur nous per-met de sentir la vie d'un village provençal avec ses jalousies, ses gestes quoti-diens, ses joies. Cette chronique au ton intimiste est d'une lecture très agréable. A partir de 14-15 ans (Marie-Odile Cavalié).

STEVENSON (Robert-Louis). La Magicienne ; trad. de l'anglais. - Rivages, 1991. - 83 p. - (Bibliothèque Etrangère). - 32 F.

De l'art de tromper les gentlemen anglais naïfs et désargentés ou, comment une jeune femme riche pouvait parfaitement bien mener sa barque à une époque où les droits de ses semblables n'étaient pas toujours respectés. Une nouvelle de soixante pages, subtile, incisive, chaleureuse. Bref, du grand art. On en redemande. (Françoise Bourdier).

STEVENSON (Robert Louis). Ceux de Falesa ; trad. de l'anglais. - La Table Ronde, 1990.-231 p. - 95 F.

Trois textes inédits de Stevenson, dont le premier n'avait jamais été édité que tron-qué, en raison de la pudibonderie excessive des censeurs de l'époque. C'est l'his-toire d'un voyageur désireux de s'installer en Papouasie et d'y prendre une épouse indigène. L'épisode décrivant une parodie de mariage choqua les contemporains de l'auteur mais aujourd'hui nous pouvons nous régaler à la lecture de ce récit bien construit à la fois drôle et réaliste. Si l'on passe toute la première partie consacrée aux démêlés de Stevenson avec ses éditeurs, l'on peut lire la suite, avec profit à partir de 15 ans. (Françoise Bourdier).

Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, recueillies et présentées par Jean-Louis Maunoury ; trad. de l'arabe. - Phébus, 1990. - 307 p. - 128 F.

Nasr Eddin Hodja n'est pas un personnage réel. Mais il permit depuis six siècles aux Turcs, aux Arabes et aux Perses d'exprimer à travers facéties, insanités, paradoxes, histoires absurdes ou provocatrices, une sorte de philosophie et de vraie liberté de l'esprit. On retrouve certaines de ces histoires dans Esope ou La Fontaine. Jean-Louis Maunoury a rassemblé ici deux cent trente-quatre de ces histoires

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brèves et parfois vraiment réjouissantes. Elles nous font découvrir des musulmans truculents, irrévérencieux, parfois carrément canailles. En le lisant à petites doses il enchantera les aînés qui apprécient l'humour. (Marie-France Alexandre).

SURGET (Alain). - Le Voleur de pandas. - Rageot, 1990. - 123 p. ; ill. -(Les Maîtres de l'Aventure). - 24 F.

Au zoo de Chongquing, un panda a disparu. Le jeune Li a surpris le voleur et se lance à sa poursuite. Cela le mène sur le grand Fleuve Bleu, où il manque de se noyer. Sauvé par le voleur, qui le tient sous bonne garde dans son sampan rouge, il découvre que le panda se trouve aussi à bord du bateau, dans une cage. Où va le voleur ? Que va-t-il faire du panda ? Le voleur, enfin, est-Il bon ou est-il méchant ? Un roman qui aille avec succès " suspense " et réflexion. Il s'en dégage une certai-ne philosophie de la vie, faite d'équilibre, un des grands principes du taoïsme. On y découvre aussi certains aspects de la Chine, cités et paysages... A recommander. 12-14 ans. (Béatrice Charignon).

TROYAT (Henri). - Aliocha. - Flammarion, 1991. - 191 p. - 89 F.

Vivant à Neuilly en 1924 avec ses parents russes blancs émigrés, Aliocha a quator-ze ans. Alors qu'il ne pense qu'à s'enraciner en France, ses parents sont perdus dans les souvenirs nostalgiques de leur Russie natale. Lorsque Thierry, le meilleur élève de la classe, isolé des autres par son infirmité, lui propose son amitié, c'est un grand pas vers l'intégration pour Aliocha. Ils partagent leurs lectures et leurs aspira-tions littéraires. Cette amitié, si courte mais si absolue, va apprendre à Aliocha à se sentir enrichi par ses deux cultures et à s'accepter tel qu'il est. A travers le regard de l'adolescent, ce récit authentique est en grande partie auto-biographique. L'auteur trace un portrait des parents, dignes et aimants, qui est plein de tendresse et de pudeur. Ce thème intemporel de l'amitié qui unit les deux jeunes exclus, l'un par son infirmité, l'autre par son origine touchera sûrement les lecteurs à partir de 13 ans ; et, dans un contexte différent aujourd'hui, les pro-blèmes d'intégration en France des immigrés sont encore bien les mêmes. Un beau livre. (Françoise Hedde).

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Policiers

DELLISSE (Luc). - La Nuit d'en face. - Duculot, 1990. - 133 p. ; ¡II. - (Travel-ling). - 43 F.

Morisson, peintre très célèbre fait appel à son jeune ami journaliste, Romain Colom car il a l'impression que la maison où il aime aller peindre est hantée. Quelqu'un lui voudrait du mal pense plutôt Romain. Après une suite de rebondissements, notre enquêteur remonte le fil de l'intrigue, mais aboutit trop tard. Malgré tout, la justice sera rendue, à sa manière. Le suspense est bien tenu, l'intrigue courte et bien menée ; chaque personnage voit son rôle se dévoiler au fil des scènes. L'ambiance compte parfois plus que l'histoire elle-même. Livre facile à lire, et qu'on ne lâche pas. A partir de 11 ans. (Sophie Farache).

HOROWITZ (Anthony). - Signé F.K. Bower ; trad. de l'anglais. - Hachette Jeunesse, 1990. -184 p. - (Verte Aventure). - 27 F.

Frédéric Kennet Bower, douze ans, est l'être le plus laid et le plus malfaisant que l'on puisse imaginer. Il a hérité de la colossale fortune de son père et, ayant décou-vert des documents secrets qui mettent en péril sa fortune et son pouvoir, décide, par tous les moyens, d'éliminer Robin West. Mais en dépit des machinations les plus machiavéliques et les plus violentes mises en oeuvre (tentative d'empoisonne-ment, noyade, colis piégé, etc.). Frédéric Kennet Bower ne parviendra pas à ses fins. Livre drôle et entraînant à partir de 11 ans. (Elisabeth Courchinoux)

KAMINSKY (Stuart M.). - Le Flic qui venait du froid. - Librairie des Champs Elysées, 1990 - 223 p. - (Le Masque / Romans d'aventures). - 26 F. (Prix du roman d'aventures)

Le Commissaire Rostnikov est chargé d'enquêter sur la mort d'un collègue qui, lui-même, enquêtait sur la mort (accidentelle ou criminelle) de la fille d'un dissident exilé en Sibérie. Mais la confiance ne règne pas dans les services secrets et Rostni-kov est accompagné de deux accolytes, chargés de surveiller la manière dont il tra-vaille. Très humain, très intuitif, le Commissaire va peu à peu éclairer et résoudre tous les problèmes. A l'intérêt réel que présente le travail de ce policier s'ajoute celui d'un paysage politique qui semble très vraisemblable et qui est finement ana-lysé. Pour les aînés, car la complexité des situations demande de bien dominer la lecture. (Emilienne Vallet).

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REOUVEN (René). - Faites-les taire ! - Denoël, 1991. - 198 p. - (Sueurs Froides). - 78 F.

François-Frédéric Lachouan, un petit fonctionnaire qui ne dédaigne pas l'emploi de l'imparfait du subjonctif, se trouve mêlé à une affaire criminelle. Un récit bien mené, un suspense présent jusqu'au dernier chapitre, de l'humour, un personnage hors du commun, tout ceci fait de ce roman un bon " polar nouvelle vague ". L'excentricité vestimentaire de François-Frédéric Lachouan, son langage à la limite de la préciosité, son recul par rapport aux réalités de la vie, en font un anti-héros sympathique. Quelques traits d'humour parfois un peu " lourds ". A partir de 14 ans. (Nicole Porebski).

RITCHIE (Jack). - Ma tête à couper ; trad. de l'américain. - Christian Bour-gois, 1990. - 221 p. - (10/18 Nuits Blêmes). - 34 F.

L'originalité de ces quatorze nouvelles réside dans le fait qu'elles n'obéissent pas au schéma traditionnel du roman policier (la résolution d'une énigme par déduc-tions, confrontations...). J. Ritchie ne craint d'ailleurs pas de laisser certains crimes impunis sans que le lecteur reste sur sa faim pour autant. Car l'intérêt est ailleurs : il se situe davantage dans la description des plans complexes ou même machiavé-liques que peut échafauder l'esprit humain : chantage, meurtre déguisé, prise d'otage consentie... Toute la noirceur des actes accomplis est balayée par un humour (noir, évidem-ment) toujours présent, qui rend la lecture souvent amusante. A partir de 15 ans. (Nicole Porebski).

Tableaux rouges : 25 histoires mystérieuses pour le temps des Beaux-Arts. - Julliard, 1990. - 537 p. - (Bibliothèque Criminelle). - 1 2 0 F.

Ces nouvelles, très diverses, se rapportent toutes à des événements concernant des œuvres d'art. Les thèmes en sont fort divers : escroqueries, meurtres, faux, mystères. Les auteurs sont tous des écrivains de talent (une courte présentation de chacun est proposée avant la nouvelle qu'il a écrite). Une lecture très gratifiante, si on se garde de lire plusieurs nouvelles à la fois. Chaque texte nous tient en haleine et la conclusion de l'histoire est le plus souvent surprenante et originale. Les amateurs d'émotions fortes ne seront pas déçus et pourront aborder ce livre dès 12 ans. (Emilienne Vallet).

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LA COLLECTION " Nuits Noires ".

Cette nouvelle collection " Nuits Noires " de chez Nathan, propose de beaux albums à la présentation soignée (maquette originale - mise en page agréable et lisible - qualité des illustrations). Des auteurs de B.D. invitent le lecteur à résoudre des énigmes en repérant les indices parsemés dans le texte et l'image et ainsi à " percer le voile des Nuits Noires ". L'idée est attrayante. Des lecteurs de B.D. pas-seront-ils ainsi à des textes un peu plus longs ? C'est à voir. " Nuits Noires " propose tout d'abord une lecture ludique, des textes courts, des indices graphiques clairs et des énigmes plutôt faciles à résoudre. Une lecture " accroche " ou " passerelle " pour des lecteurs au rythme lent. Un bon moment à passer pour les 11-14 ans. (Marie-Odile Paitreault)

DODO et BEN RADIS. - Kora et les Yakusas. - Nathan, 1990. - 31 p. ; ill. -(Nuits Noires). - 65 F.

Dans ce livre nous sommes entraînés dans l'univers inquiétant de la mafia japonai-se. Furio est assassiné pour avoir protégé la femme d'un chef de gang et élevé Kora la fille illégitime de celle-ci. Le scénario est intéressant et bien mené mais le procédé du flash-back rend la lecture parfois très confuse. Un des moins bons de la série. (Nathalie Ruby).

CHALAND et FROMENTAL. - La Main coupée. - Nathan, 1990. - 30 p. ; ill. -(Nuits Noires). • 65 F. Simon le jeune détective se voit entraîné dans une enquête qui le mène au musée Grévin où il assiste à la mort étrange d'un empereur mandchou qui agonise au milieu des statues de cire. Le mourant lui murmure quelques mots et le jeune détec-tive plonge à ce moment dans un secret de son enfance. Sympathique mais un peu confus. (Colette Tapia).

SOKAL et RIVIERE. - Silence, on tue. - Nathan, 1990. - 31 p. ; ill. - (Nuits Noires). - 65 F.

Lors de la prise de vue d'un film, un acteur est retrouvé mort, étranglé. Le lecteur est lui-même détective et est invité à trouver la solution de l'énigme policière. C'est traité légèrement, comme un jeu. Facile à lire, dans un style simple et direct, sous forme d'une correspondance, convient comme livre " accroche ". Intermédiaire entre la B.D. et le roman. A partir de 12 ans pour jeunes peu lecteurs. (Francine Barbier).

GOFFIN et PEETERS. - Le Signe de Lucifer. - Nathan, 1990. • 32 p. ; ill. -(Nuits Noires). - 65 F.

Pour qu'Antoine, son neveu, ne s'ennuie pas pendant ses vacances à Bruxelles, l'oncle Charles, lui concocte une histoire de maison hantée difficile à croire. Seules les illustrations présentent de l'intérêt : un dessin pur dans la lignée belge des Hergé ou Le Floch', elles sont précises, réalistes, agréables à regarder, un régal. (Françoise Baudier).

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Bandes Dessinées

YANN, BERCOVICI. - Niet future. - (Léonid et Spoutnika ; 1) édition Marsu Productions, 1990. - 48 p. Album satirique de la société soviétique actuelle : Léonid, " poulbolchevlc " des rues de Moscou, Spoutnika, le chien, Natacha, sœur ainée de Léonid et guide d'Intourist etc... vivent de combines et de trafics en tout genre. Il s'agit en général de gags en une page, avec un dessin caricatural particulièrement propice à ce genre d'humour. Un album original, à découvrir, plus Intéressant que ce qu'on pour-rait penser à première vue. A partir de 14 ans.

DUCHATEAU (André-Paul ) , SANAHUYAS (Patr ice) .Le Monde perdu (d'après Sir Arthur Conan Doyle). - (Challenger ; 1) édition Claude Le-francq, 1990. - 48 p. - 48 F. L'irascible professeur Challenger est en possession d'un carnet relatant les voyages d'un explorateur disparu ayant découvert un " monde perdu " : des animaux préhis-toriques semblent avoir survécu dans une région surélevée située au cœur de l'Amazonie. Une expédition montée par Challenger va en avoir confirmation : des ptérodactyles, des dinosaures habitent les lieux et les menacent... La suite dans le tome 2 ! Le récit de Conan Doyle paraît bien adapté et cette B.D. donne envie de lire le roman d'où elle a été tirée. Un dessin tout à fait agréable, très lisible, dans les tons de bleu et de jaune.

VAN HAMME, ROSINSKI. - Louve. - (Thorgal ; 16). - Le Lombard, 1990. - 49 F.

Thorgal et sa famille reviennent dans leur pays. Aarlcia est sur le point d'accoucher. Ils croisent une expédition de Vikings, commandée par Wor le Magnifique qui veut dominer le peuple vlking et fait régner la terreur en pillant et tuant sans pitié. Thor-gal ne voulant pas se soumettre, Wor cherche à se venger en le poursuivant, lui et sa famille. Aaricia, aux abois, se réfugie dans une grotte où elle accouche en même temps qu'une louve, d'où le prénom de Louve qu'elle donne à sa petite fille. De structure très classique, cet album réussi relance les aventures de Thorgal qui revient dans son pays après une très longue absence.

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MARC RENIER, RODOLPHE. - Sur la route de Londres. - (Melmoth ; 1). -Dargaud, 1990. - 49 F.

L'histoire se passe en Angleterre, au début du 19e siècle.

Le jeune Melmoth, orphelin, s'évade du pensionnat où il vient d'être victime d'une injustice. Il est recueilli par une troupe de forains qu'il quitte pour se rendre à Londres retrouver le notaire de sa famille. Mais avant, il va rencontrer des jeunes de la rue et des gens douteux. Le scénario fait penser à " Olivier Twist " de Dickens. Un bon dessin qui rend bien l'atmosphère de l'Angleterre de cette époque. A partir de 12 ans.

LE GALL (Pierre), GEERTS (André). - Jabert contre l'adversité. - Delcourt, 1990.- 69 F.

Le jeune Jabert est seul avec son père car sa mère, est partie pour 3 semaines au moins. Le père est gentil mais incapable d'assurer la subsistance de la famille, car il ne pense qu'à dormir. Jabert est un petit garçon énergique qui veut lutter contre I"' Adversité " qui lui apparaît sous la forme d'un monstre vert ressemblant à son père. Il est aidé par son oncle Valentine, peintre de miniatures et par un brocanteur, Monsieur Pinson. Mais le frère de ce dernier est un horrible individu qui va leur mener la vie dure.

Un scénario et un dessin originaux, d'une apparence enfantine mais destinés aux plus grands.

GRIESMAR, DELLISSE. - L'Etrange héritage. - (La Péniche bleue). -Dargaud, 1990. - 48 p. - 49 F.

Un oncle lègue sa fortune en héritage à trois cousins, Lina, Camille et Verny, à condition qu'ils fassent un tour d'Europe avec la péniche qui lui a appartenu. Ils décident de jouer le jeu et partent à l'aventure sur les canaux. Mais un mystérieux motocycliste semble les suivre et des événements bizarres se passent sur la péniche. Le dessin aurait mérité un peu plus de maîtrise. Une B.D. d'aventure au scénario classique. A partir de 12 ans.

TITO. - Samantha. - (Tendre banlieue). - Casterman, 1991. - 43 F.

Vincent et Eric détiennent une bourse pour partir 15 jours à New-York. Les adoles-cents de leurs familles d'accueil les emmènent visiter la ville. Eric tombe amoureux de Samantha mais ne sait pas comment le lui dire. De retour en France, il souffre le martyre, même lorsque Samantha vient en France. Une sympathique tranche de vie d'un adolescent amoureux. A partir de 12 ans.

Annie Boyer Hervé Chamoreau

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DOCUMENTAIRES

Bibliothéconomie

CHARTIER (A.M.) et HEBRARD (J.). - Discours sur la lecture. - B.P.I. Centre Georges Pompidou, 1989. - 525 p. - (Etudes et recherche). - 1 9 0 F.

Enquête collective demandée par la Direction du Livre (les différentes recherches ont été reprises dans une synthèse. Les monographies qui ont servi à la base sont à la B.P.I.). Les auteurs travaillent à l'Ecole Nationale Supérieure des Bibliothèques, au C.N.D.P. et à l'Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales. En raison de l'importance du corpus et de la profusion des sources et des citations, cet ouvrage peut être considéré comme un livre de référence. Il apporte documents et réflexions sur l'évolution, de 1880 à 1990, dans les différents milieux concernés par la lecture, de ce qu'elle doit apporter, des moyens de diffusion, des méthodes d'acquisition : clergé, sociétés républicaines, Etat, bibliothèques, éducation natio-nale, édition etc... Les sources sont extrêmement nombreuses : guides de lecture, textes officiels, revues spécialisées, discours, préfaces de livres scolaires. L'intérêt pour les professionnels de la lecture est de replacer ce qu'ils connaissent dans une évolution et de trouver des renseignements extrêmement précis. Mais au-delà de la lecture, on touche à l'évolution politique et sociale de la France. On pour-rait dire aussi que ressortent clairement des problèmes fondamentaux sur les plans moral, éducatif, politique. Une somme universitaire mais qui se lit aisément grâce à un plan rigoureux, la divi-sion en courts chapitres, les nombreuses citations. (Gilberte Mantoux).

DERARD (Marie-Françoise). - Pour approcher la littérature de jeunesse. -Editions Ciaco, 1990. - 225 p. (14 chaussée de Gand-B-1080 Bruxelles).

Bibliographie analytique sur les livres traitant de la littérature de jeunesse, ce petit ouvrage recense toutes les monographies parues en langue française depuis 1945 à nos jours. Composé d'un catalogue alphabétique (auteurs et titres d'anonymes) et d'index (sujets, titres, auteurs), c'est un bon outil de travail pour les bibliothécaires et toute personne recherchant des ouvrages concernant la littérature de jeunesse. ( Françoise Hedde).

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LEFORT (Geneviève). - Savoir se documenter. - Les Editions d'Organisa-tion, 1990. -190 p. - (Method'sup). - 99 F. (26, avenue E. Zola 75015 Paris)

Ouvrage d'une spécialiste, documentaliste à l'Ecole Normale de Saint-Cloud et ensei-gnante à l'Université, qui joint la précision à la simplicité. Il s'adresse à des lycéens en fin d'études secondaires et à des étudiants débutants mais peut être fort utile à un public plus large (enseignants, lecteurs sérieux,... et même bibliothécaires). Deux parties : 1) La recherche documentaire partant du document puis expliquant comment fonc-tionnent les classements et les fichiers sur fiches ou informatisés. 2) La recherche et l'acquisition de l'information personnelle ; lectures, prise de notes, mémorisation. Les explications sont toujours étayées par des exemples clairs. Deux annexes : les grandes bibliothèques de la région parisienne, une bibliogra-phie (présentation aérée par courts chapitres). C'est un excellent guide plein de renseignements pratiques mais aussi un texte qui conduit à une réflexion sur la recherche documentaire et finalement sur la lecture. (Gilberte Mantoux).

MELET-SANSON (J.) et BLASELLE (B.). - La Bibliothèque Nationale, mémoire de l'avenir. - Gallimard, 1990. - 175 p. ; ill. - (Découvertes. Histoi-re). - 71 F.

Ce livre retrace de façon à la fois vivante, claire et complète la vie de la Biblio-thèque Nationale depuis ses origines jusqu'à nos jours. Il aborde de façon passion-nante le thème de la constitution des collections aux différentes époques, les pro-blèmes de catalogage et de classement, de communication au public, évoque les noms des bibliothécaires et archirectes aux différentes époques. Le contexte histo-rique est toujours clairement relié à l'évolution de la Bibliothèque, les détails amu-sants ne manquent pas et l'illustration fait vivre - plus encore - ce texte remar-quable. Un excellent ouvrage. A partir de 14 ans. (Micheline Fargues).

MERON (Christine). - MAGA (Jean-Jacques). - Le Défi lecture. - Chronique sociale (7, rue du Plat 69288 Lyon cédex 02), 1990. - 188 p. -(Synthèse). -115 F.

Le défi lecture développe une pédagogie de la lecture-écriture fondée sur des jeux entre des classes de différents établissements. Il a pour but de faire de la lecture un acte collectif où le bouche à oreille entre les jeunes est le moteur du jeu. Les livres proposés sont de tous niveaux pour correspondre aux goûts et aux capacités de chaque jeune sans qu'il y ait une quelconque obligation de lecture. Ce livre propo-se des suggestions d'animation excessivement claires, pratiques et efficaces (d'après ceux qui les ont employés). Un bon outil de travail. (Daisy d'Auvigny).

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POSLANIEC (Christian). - Donner le goût de lire. - Ed. du Sorbier, 1990. -235 p. - 96 F.

Le projet de Christian Poslaniec est de faire découvrir aux jeunes, par le biais de médiateurs, la lecture-plaisir. Il propose pour cela une trentaine d'animations liées à la lecture : concrètes, variées, adaptées aux goûts et aux âges de chacun. Ces acti-vités, ludiques, informatives, responsabilisantes, se pratiquent en bibliothèque, dans les classes, dans les centres de loisirs et s'adressent en priorité aux faibles lecteurs. Cet ouvrage vivant et clair est complété par une bibliographie, des adresses et des renseignements précis. Il rendra de grands services à tous ceux qui s'intéressent à la lecture des jeunes. (Françoise Hedde).

SALLEN AVE (Danièle). - Le Don des morts. - Gallimard, 1991. - 187 p. - 85 F.

Voici un plaidoyer en faveur de la lecture : sans les livres dit l'auteur, nous n'héritons de rien, nous ne faisons que naître. Ne pas connaître l'œuvre de la pensée dans les livres est un manque Incomparable car être privé de livre n'est pas seulement être privé d'Instruction, mais surtout être hors d'état de poser la question du sens de l'existence. Vivre sans les livres dans une société où la pensée se fait dans les livres amène à une situation d'exclus. Telle est brièvement ébauchée la thèse de l'auteur ; elle enthousiasmera ou appellera à la contradiction mais cet ouvrage important ne peut laisser indifférent tous ceux que préoccupent la formation des jeunes. Nous en reparlerons. (Catherine Bertrand).

Sciences sociales

ANDERSET (M.J.) - La Vie de famille. - Nathan, 1991. - 96 p. ; ¡II. - (Etats d'âme). - 95 F.

Quelques petits problèmes qui se rencontrent souvent en famille (relations avec les parents et les autres enfants) sont présentés Ici avec des solutions simples. Le jeune contestataire est amené à prendre du recul, à comprendre l'autre, et cela en se resituant entre son enfance (qu'il cherche à dépasser) et son avenir (qui ne le préoccupe guère). Une Illustration humoristique, aux couleurs heurtées, marque à la fols l'intensité des oppositions et leur caractère explosif et passager. Parents et jeunes sont traités avec respect, à travers des situations prises sur le vif, en même temps que des conseils qui permettent de grandir à travers ces conflits tout en gar-dant sa personnalité.

Ce guide peut aider les plus jeunes (dès 12 ans) car les problèmes des plus grands, même s'ils rejoignent ceux qui sont abordés ici, demandent souvent d'être traités avec plus de complexité. (Emilienne Vallet).

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CHAZE (Françoise) et BACKES (Michel). - La Vie de collège. - Nathan, 1990. - 95 p. ; ill. - (Etats d'âme). 59 F.

Comment vaincre les difficultés de la vie au collège ? Comment apprendre ? et sur-tout comment réussir ? Ce guide donne des idées pratiques pour organiser son tra-vail au collège et à la maison. Pour réussir, il faut aussi " avoir la pêche ", s'accepter et accepter les autres tels qu'ils sont... Pour tous ceux qui entrent en 6ème. A partir de 11 ans. (Gisèle Ollivier).

FONTANEL (Béatrice). - L'Hiver c'est long !. - Nathan, 1990. - 93 p. ; ill. -(Etats d'âme). - 59 F.

Petit guide pratique, bourré de conseils simples et le plus souvent de bon sens. Il est composé de trois grandes parties : Vie quotidienne, Fêtes, Loisirs. Ce livre s'adresse à des jeunes entre 12 et 14 ans. Il rappelle des évidences tou-jours bonnes à redire : bien dormir, aérer sa chambre, se laver tous les jours et bien se tenir à table par exemple ! Le ton est agréable à la fois léger et sérieux. Les dif-férences de typographie et la mise en page très aérées en rendent la lecture très facile. Sans prétention, il remplacera pour les plus jeunes la lecture des magazines féminins. (Valérie Mantoux).

GENTZBITTEL (Marguerite). - La Cause des élèves. - Seuil, 1991. - 247 p. -95 F.

Marguerite Gentzbittel se livre ici à une observation des élèves " dans l'exercice de leur métier " ; le proviseur du lycée Fénelon aime les jeunes, on le sait depuis son précédent livre, elle les connait bien et voit en eux autre chose que des " cer-veaux ". A travers les portraits d'élèves assez typés qu'elle décrit, elle cherche à éveiller l'attention des adultes sur l'angoisse, les drames parfois, que peut provo-quer le système scolaire actuel. Elle dénonce les choix scolaires, l'orientation, le mode de sélection, qui ne peuvent convenir à tous. Son discours, au style toujours imagé, empreint de son expérience, et plein de bon sens, rejoint souvent celui de Françoise Dolto, sur la psychologie des adolescents. Elle provoque une réflexion salutaire, et finalement pleine d'espoir quand même, indispensabble à tous ceux qui s'intéressent aux jeunes, spécialement aux parents. (Françoise Hedde).

MASPERO (François). - Les Passagers du Roissy Express. - Seuil, 1990. -329 p. ; ill. - (Fiction et Cie). 120 F.

François et Anaïk voyagent pendant un mois sur la ligne B du RER (Roissy, Saint-Rémy-les-Chevreuse). Ils veulent vivre et faire des rencontres, aller d'une ville à l'autre comme on peut le faire à la campagne, de village en village.

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Des villages, ils en verront, avec une église, un café et d'anciens bâtiments de ferme désaffectés, à Tremblay ou à Villepinte. Ils les découvriront sur leur chemin, comme ils découvriront les entrepôts de Garonor dont on ne peut concevoir la taille que lorsqu'on a essayé de les contourner à pied. Ils pénétreront aussi dans les " 3 000 " ou " la Cité de la muette ", ces véritables " réservoirs " de logements conçus pour accueillir la main d'oeuvre nécessaire à des activités économiques depuis longtemps abandonnées.

Ils rencontreront des hommes et des femmes, français de souche ou immigrés, qui vivent chaque jour la difficulté des transports inter-banlieue, les problèmes posés par l'intégration de communautés aussi diverses que le vaste monde, l'absence de vie des grandes cités,... Merveilleusement documenté, tant sur le plan du " vécu sociologique " que de la géographie mouvante des lieux, et appuyé de fresques historiques (notamment à Drancy, au Bourget et sur les fortifications de Paris), ce livre pourrait être l'occasion d'une bonne prise de conscience des problèmes posés par les banlieues défavori-sées s'il n'était accompagné d'un certain parti pris idéologique. A partir de 16 ans, pour les élèves de première et terminales. (Geneviève Wemaërè).

ROQUES (Nathalie). - Les petites nanas. - Nathan, 1990. - 95 p. ; ill. - (Etats d'âmes). - 59 F.

Petit tour d'horizon des problèmes et des soucis, du " mal à vivre ", des filles de 10 à 15 ans : avec des conseils et des explications pour y faire face. Rassurant par le fait qu'il aborde des sujets délicats, c'est un bon guide pour les soins du corps par exemple. Il est moins convaincant dans le chapitre sur les quali-tés et les défauts à surmonter. Dès 12 ans. (Sophie Farache).

SIMONET (G.). - L'argent de poche. - Nathan, 1991. - 96 p. ; ill. - (Etats d'âme). - 59 F.

Un petit guide pour gérer son argent de poche. Trois thèmes : l'argent au jour le jour ; l'argent qui fait tourner le monde ; des pistes pour inventer. La première partie contient des conseils pratiques pour gérer son argent de poche (depuis les petits achats jusqu'à l'épargne et le placement à la banque). Ensuite, quelques considé-rations sur la circulation de l'argent dans le monde. Enfin, les sources de l'argent chez les adultes. Quelques proverbes autour du thème de l'argent, ainsi que des expressions argotiques complètent ce texte. Une lecture facile, instructive, formatrice même, illustrée avec beaucoup d'humour et de bonhommie. A partir de 12 ans. (Emilienne Vallet).

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Sciences pures

WASSERMAN (F. ). - La Grenouille dans tous ses états. - Gallimard, 1990. -112 p. ; ill. - (Découvertes/Histoires naturelles) - 48 F.

C'est vraiment dans " tous ses états " que nous découvrons ici un petit animal fami-lier : la grenouille. Nous la découvrons d'abord au point de vue scientifique : il y a des millions d'années apparaissaient les amphiblens dans les mares, les étangs, les rivières, les forêts. Et nous pouvons suivre ici les recherches les concernant. Nous abordons ensuite le monde des symboles qui, depuis les Egyptiens et à tra-vers le monde, ont été attachés à la grenouille et enfin sa place dans la pensée et l'imaginaire (fables, contes...). Ce petit ouvrage se termine par des témoignages et documents d'un intérêt certain. Ce texte a été établi par une ethnologue qu'intéres-se " la mise en parallèle des recherches ethnologiques et l'histoire des mentalités ". Une belle Iconographie, empruntée en partie au bestiaire d'un aquarelliste du XIXe

siècle, complétée par des dessins et des photos. La qualité de cette étude retiendra l'attention des jeunes qui aiment la nature. Ils en retireront un grand enrichissement. (Emilienne Vallet).

BECK (Corinne), REMY (Elisabeth). - Le Faucon, favori des princes. -Gallimard, 1990 -112 p. ; ill. - (Découvertes/Histoires Naturelles). 48 F.

Documentaire passionnant qui retrace l'origine de la chasse au vol et révèle la pas-sion qu'a pu susciter la fauconnerie à travers les âges. Le faucon, privilège du sei-gneur féodal et du seigneur du désert, symbole de noblesse, a bien failli disparaître, si quelques ornithologues passionnés ne les avalent sauvés de la destruction. Ce texte brillant est le résultat d'une recherche sérieuse et approfondie. Les auteurs ont traqué le faucon à toutes les époques et dans bien des régions. Les illustrations sont superbes. Ce livre devrait enchanter les jeunes fascinés par cet animal qui a traversé les époques sans rien perdre de sa splendeur. (Françoise Baudier).

MATRICON (Jean). - Cuisine et molécules. - Hachette Jeunesse, 1989. -80 p. ; ill. - (Echos/Palais de la Découverte). 39 F.

Un documentaire destiné aux jeunes amateurs de cuisine, ayant l'esprit scienti-fique. Ceux qui veulent maîtriser tous les éléments intervenant dans la réussite d'une recette seront comblés. Cette étude des réactions chimiques mises en jeu dans une recette culinaire est faite par l'équipe du Palais de la Découverte (physi-ciens et chimistes) qui simplifie de façon amusante, à l'aide de nombreuses Illustra-tions, des phénomènes complexes. Un livre très agréable dès 12 ans. (Françoise Rochef).

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RASA (Anna). - La Famille idéale, vie sociale des mangoustes ; trad. de l'allemand. - Odile Jacob, 1990. - 358 p. ; ill. - 1 6 0 F.

Anna Rasa fait partager au lecteur son observation de la vie d'une famille de man-goustes. Au cœur du Kenya, pendant cinq ans, sans jamais déranger cet animal très méfiant, cette naturaliste nous fait découvrir l'organisation et les relations de ces petits prédateurs avec le reste du monde. Ce récit très vivant ne manque pas de détails plus passionnants les uns que les autres où l'observateur respecte la vie de l'animal et n'essaie pas de l'apprivoiser. La patience, la rigueur de l'analyse, le tout sur fond d'humour et de tendresse ren-dent cette famille très humaine et attachante. Quel bel exemple d'observation à confier à tous les jeunes aussi bien dans un but pédagogique, que scientifique. Konrad Lorenz y a reconnu un chef-d'œuvre I Dès 14 ans. (Dominique Sarrazin).

DELORT (Robert). - Les Eléphants, piliers du monde. - Gallimard, 1990. -185 p. ; ill. - (Découvertes/Histoires Naturelles). 71 F.

Après une brève description physique et psychologique l'auteur étudie l'éléphant d'Asie et d'Afrique à travers les âges depuis les temps préhistoriques jusqu'à nos jours et ses rapports avec l'homme : dressage, utilisation et même divinisation dans la religion boudhiste. Les illustrations sont très belles avec beaucoup de reproductions de miniatures (dont celles du livre de Babor), mais une dispersion entre le texte et les légendes des illustrations en rend la lecture parfois difficile. Ce livre nous fait aimer cet animal, géant sympathique, sage et bienveillant ami de l'homme, qui a été et reste pour lui le plus grand des prédateurs. Pour les jeunes dès 12 ans et les adultes. (Marie-Jeanne Quidet).

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Beaux flrts

BOUVET-LANSELLE (Violaine) et GENIN (Marie-Thérèse). - Destination Louvre, guide côté Denon. - Réunion des Musées Nationaux, 1990. - 40 p. ; ill. - (Louvre Chercheurs d'art). 50 F.

BROYELLE (Françoise), IROLLO (Jean-Marc) et SOULIE (Daniel). - Destina-tion Louvre, guide côté Sully. - Réunion des Musées Nationaux, 1990. -40 p. ; ill. - (Louvre Chercheurs d'art). 50 F. (60 ter, rue de Lille, 75007 Paris).

Deux petits guides extrêmement maniables destinés à visiter le Louvre en se pro-menant au fil des salles, à partir de l'entrée par la Pyramide. Au début de chaque guide un plan et une information permettent de se repérer dans l'une des trois " régions " qui constituent le Louvre. Ensuite, au fil des pages, des explications sont données sur les principales œuvres.

Les explications sont très claires, on a un peu l'impression de suivre un jeu de piste en s'amusant. A partir de 11-12 ans. (Françoise Hedde).

BRAMLY (Serge). - Le Grand Cheval de Léonard. - Adam Biro, 1990. - 78 p. ; ill. - (Art/Aventures). 145 F. (17, rue du Louvre, 75001 Paris).

L'avertissement sert à la fois d'introduction et de sommaire du livre. Mais que de richesses supplémentaires dans son contenu. Serge Bramly nous invite à une connaissance originale de Vinci en découvrant la diversité de son génie à travers une œuvre. L'histoire de la statue équestre en bronze commandée par Ludovic Sforza pour enorgueillir Milan est une véritable aventure car elle s'est étalée dans le temps et a connu de nombreux rebondissements. Que d'énergie, que d'espoirs pour une statue qui ne vit jamais le jour mais dont l'Italie parlait ! Léonard de Vinci, en tant que philosophe pensait qu'il était plus important de chercher que de trouver et de trouver que de faire. Le texte est facile à lire. L'iconographie est importante, vivante et variée, provenant de nombreux musées (voir p. 77). Un très bon livre. (Brigitte de Bergh).

EUGÈNE (Catherine). - La Mouche de cuivre. - Hatier, 1990. - 80 p. ; ill. - 92 F.

Comment jouait-on dans l'Antiquité à Athènes et à Rome ? Quels jeux mathéma-tiques, quelles devinettes et énigmes étaient proposés à l'astuce des enfants et des adultes ? Et très important ! A quelles injures pouvait-on recourir pour passer sa colère ? Catherine Eugène répond à toutes ces questions d'une manière aussi documentée qu'attrayante. Même si ce livre ne remplace pas l'apprentissage des déclinaisons, il contribue à familiariser le jeune avec beaucoup d'éléments qui faisaient partie de la civilisation gréco-latine. A partir de 12 ans. (Béatrice Charignon).

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QUIROT (Odile). - Eugène et le Sultan : le voyage du peintre Delacroix au Maroc. - Adam Biro, 1990. - 86 p. ; ill. - (Art/Aventures). 145 F.

L'auteur nous raconte le voyage de Delacroix au Maroc : les raisons de son départ et les diverses péripéties rencontrées par la mission diplomatique française. Ce récit est bien mené, à la manière d'un roman d'aventures : Delacroix, à la veille de sa mort, se souvient de son équipée au Maroc. Très vite, nous ressentons l'émer-veillement du peintre pour ce pays. Livre remarquable par la qualité du texte et de la maquette. Chaque événement décrit dans le texte est mis en relation avec un croquis ou un tableau reproduit sur la même page. De plus, la mise en page est très soignée et les reproductions sont très belles. Le récit est complété par un dossier composé d'une carte du Maroc, de la vie de Delacroix, d'une bibliographie et de la liste des musées possédant des oeuvres du peintre. Ce livre donne envie d'en connaître davantage sur Delacroix et constitue une invita-tion à aller découvrir ses œuvres dans les musées. (Agnès Brugnel).

MARJEVOL (Florence). - L'Art égyptien au Louvre. - Ed. Scala, 1991 . -125 p. ; ill. - (Œuvres choisies). - 89 F.

Ce livre qui s'attache pour chacune des œuvres présentées à décrire le sujet, ana-lyser les techniques employées, préciser l'utilisation et le symbole de l'objet, est très riche et d'une grande clarté. La simplicité des explications ne retire en rien à leur intérêt ; les illustrations choisies par des égyptologues (reproductions, dessins, photos) sont le complément indispensable du texte. L'introduction consacrée à l'histoire du département des Antiquités Egyptiennes, un chapitre général présentant l'histoire de l'Egypte, une carte des présentations thé-matiques d'un groupe d'œuvres, et plusieurs index (portraits royaux, dieux de l'Egypte, chronologie, lexique) complètent ce guide qui renouvelle les innombrables propositions éditoriales d'approche de l'art égyptien et mérite de rencontrer un grand succès tant auprès des visiteurs de musées que des amateurs curieux de l'Egypte pharaonique. Pour tous. Il n'y a pas d'âge pour profiter des belles choses ! (Catherine Bertrand).

RAGON (Michel). - C'est quoi l'architecture ?. - Seuil, 1991. - 90 p. ; ill. -(Petit point). 33 F.

Qu'appelle-t-on " architecture " ? Un château, une église, une masure, une vieille demeure, un H.L.M., la pyramide du Louvre ? Avant tout c'est un abri, un point d'ancrage : l'architecture aménage un espace. L'essentiel de l'architecture c'est ce qui ne se voit pas, ce qu'il y a derrière les murs, l'espace dans lequel vivront les habitants. L'architecture est la chose vivante, toute notre vie y est liée, elle ressemble à ceux

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qui la façonnent. Petit livre de réflexion sur l'origine et l'évolution de l'architecture, de ce qu'elle nous apporte et de ce que nous attendons d'elle. A partir de 12 ans. (Jacqueline Peillon).

RICHARDSON (Wendy et Jack) ; trad. de l'anglais. - Fleurus, 1990. - 48 p. ; ¡II. - (Fleur'Art ; série Regards). 68 F.

- Les Ages de la vie dans la peinture du monde entier - Les Arts du spectacle dans la peinture du monde entier - L'Eau et les vagues dans la peinture du monde entier - Nature et paysages dans la peinture du monde entier - Portraits d'animaux dans la peinture du monde entier - La Ville et les hommes dans la peinture du monde entier Tous les volumes de cette série " Regards " sur la peinture nous proposent, sans aucun souci de chronologie, un certain nombre de reproductions de tableaux dans le but de faire sentir aux lecteurs l'émotion ressentie par les artistes et de montrer comment les techniques artistiques ont été utilisées pour traduire ces émotions. Les œuvres présentées sont accompagnées de quelques explications sur la vie et l'œuvre de l'artiste et de quelques commentaires nous aidant à mieux comprendre les tableaux, à en remarquer les particularités et à en apprécier les spécificités. - Dans le volume sur La Ville et les hommes, les trois-quarts des œuvres repro-duites proviennent d'artistes du XXe siècle, en majorité anglais ou américains, au style souvent très moderne. De ce fait, l'ensemble est relativement difficile et pour certains tableaux les explications sont vraiment les bienvenues. Par contre d'inté-ressantes comparaisons sont établies pour montrer comment des artistes peuvent peindre différemment à partir des mêmes éléments, comme par exemple : le palais des Doges de Venise, le train, la rue, des immeubles ou la foule urbaine. - Dans le volume sur L'Eau et les vagues, après plusieurs tableaux sur la mer ce sont des lacs qui nous sont présentés puis des rivières et une cascade. On trouve même une piscine ou tout simplement la pluie. Les époques et les provenances sont très variées. La Norvège, l'Autriche et même le Japon sont présents. La majorité des reproductions sont des huiles sur toiles mais on a un très large éventail des moyens d'expression picturale puisque l'on voit plusieurs gravures sur bois, une aquatinte, une tapisserie et même une peinture sur écorce ou de la pâte à papier colorée. - Dans le volume sur Les Arts du Spectacle, les principaux thèmes des tableaux reproduits sont : la musique, la danse, le théâtre et le cinéma (du point de vue des acteurs ou des spectateurs) puis enfin le cirque. La majorité des tableaux choisis datent du XIXe et XXe siècle mais quelques exemples plus anciens et la variété des œuvres reproduites montrent bien au lec-teur la constance de cette source d'inspiration dans le monde de la peinture. En dehors du Japon toutes les autres œuvres viennent d'Occident.

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— Les Ages de la vie, se veut un livre d'art simple et sans prétention. Pas de biographies compliquées : ce ne sont que par quelques anecdotes plus ou moins marquantes de leur existence que nous sont présentés ces peintres qui se sont employés à saisir les scènes de la vie familiale depuis la naissance jusqu'à la mort. Enfin les commentaires sur les oeuvres choisies sont extrêmement réduits et se limi-tent parfois à quelques questions destinées à attirer l'attention de l'observateur sur les particularités de l'œuvre. — Dans Portraits d'animaux et contrairement aux autres volumes de la collection il n'y a ici absolument aucun souci de classement dans la succession des reproduc-tions qui nous sont livrées. Et c'est sans aucun ordre que nous sont soumises toutes ces représentations d'animaux, à des époques très différentes, dans tous les pays du monde et dans les matériaux les plus divers. Cela gênera peut-être certains. D'autres par contre apprécieront que le livre ne soit pas trop didactique et les suc-cintes explications qui accompagnent ces jolies reproductions peuvent être pour eux une première occasion d'entrevoir la variété des inspirations et la richesse des moyens que les artistes ont mis en œuvre pour exprimer comment ils avalent vu certains animaux. — L'ouvrage Nature et Paysages donne des aperçus sur la façon dont le monde de la nature a été traduit par des peintres de diverses écoles et pas simplement dans les pays européens puisque l'Australie, le Zaïre et l'Azerbaïdjan y sont repré-sentés.

Toutefois, dans ce volume-ci, les commentaires ne sont pas toujours bien centrés et donnent parfois l'impression d'un travail trop rapide qui a peut-être engendré des erreurs (cf. p. 38 : " La Lithuanie dans l'est de l'U.R.S.S. ") et qui s'est parfois contenté de juxtaposer quelques réflexions sur le peintre du tableau, sans faire la sélection nécessaire pour que les explications fournies soient particulièrement en rapport avec le tableau en question. En dehors de ces réserves ce livre peut être agréable à tous mais pour ma part j'ai plus apprécié la seconde partie réservée aux natures mortes que la première consacrée aux paysages. Au passif de ces ouvrages il faut signaler quelques Imprécisions ou erreurs qui font penser que la réalisation a été parfois un peu trop rapide ; mais à leur actif il faut saluer un très louable effort de vulgarisation pour ouvrir des jeunes non initiés à l'art de la peinture, et leur donner envie d'étendre leur culture en la matière. Agréable à lire pour tous à partir de 12 ans. (Armelle Ftichy).

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Témoignages

BENAISSA (Aïcha), PONCHELET (Sophie). - Née en France : Histoire d'une jeune beur. - Payot, 1990. - 139 p. - (Documents). - 95 F.

Sophie Ponchelet, journaliste, a recueilli ces souvenirs et confidences d'une jeune beur, Aïcha Benaïssa : celle-ci raconte combien elle a douloureusement vécu le manque de liberté avec ses parents immigrés algériens. En tant que fille aînée, elle doit aider sa mère au détriment de sa scolarité, obéir à son père et à ses frères, ne pouvant vivre comme ses camarades françaises. Elle tombe amoureuse d'un jeune homme italien, pour lequel elle quitte le domicile familial. Mais, affectant de lui avoir pardonné, son père la fait partir pour l'Algérie où elle est véritablement séquestrée par sa grand-mère et l'ensemble de la famille. Cet ouvrage permet de mieux com-prendre les problèmes des beurs " nés en France " en particulier des jeunes filles. Il montre aussi le désarroi des immigrés cherchant à élever leurs enfants selon leurs traditions sans parvenir à adapter celles-ci à notre société. Ce livre peut être conseillé à des adolescents(tes) à partir de 14 ans. Il faudra leur faire remarquer cependant la médiation de la journaliste qui a pu modifier le fond et la forme de ce témoignage. A compléter par d'autres documents sur le même sujet. {Micheline F argues).

BROSSARD-LE GRAND (Monique). - Zem Zem, mon enfant d'Ethiopie. -Edition n° 1,1990. - 226 p. ; Ml. - 90 F.

A travers le récit d'un amour fou pour Zem Zem, bébé de neuf mois que l'auteur arrachera de la mort, nous découvrons l'Ethiopie, enfer et paradis, misère et violen-ce, mais aussi ces hommes et ces femmes luttant et tentant chaque jour d'arracher des êtres humains à la mort. De superbes figures nous sont ainsi présentées, reli-gieux et laïcs. C'est un récit émouvant, sans mièvrerie, très lucide. Un petit reproche cependant, on ressent un léger agacement parfois devant le ton un peu emphatique de l'auteur. A partir de 16 ans. (Dominique Garnier).

KNOBEL FLUEK (Toby). - Souvenirs de ma vie dans un village de Pologne ; trad. de l'américain. - Gallimard, 1990. - 151 p. ; ill. - (Page Blanche). - 86 F.

L'originalité de cet ouvrage sur la vie quotidienne des Juifs en Pologne tient au fait que l'auteur illustre elle-même ses souvenirs par une série de tableaux merveilleu-sement adaptés au texte retraçant simplement les traditions juives dans son pays. Un livre qui se feuillette comme un album de famille. A partir de 12 ans. (Agnès Brugnel).

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FÔLLMI (Olivier). - L'Ecole au bout du fleuve. - Nathan, 1990. - ¡II. - 99 F.

Motup, 11 ans, est un enfant du Zanskar, petit pays perdu dans l'Himalaya. Avec sa petite sœur, Diskir, âgée de 8 ans, il doit rejoindre son école à Leh au Ladakh, à 150 km de son village et pour effectuer ce trajet le seul itinéraire possible passe par le Tchadar, le fleuve gelé. Olivier Fôllmi nous relate ce voyage de quinze jours à tra-vers la voix de Motup le narrateur. La caravane de treize personnes va devoir affronter les épreuves du froid, des glaces et de la fatigue au risque constant de la vie de chacun. Un très beau récit émaillé de splendides photographies qui décrit avec beaucoup de sympathie et de respect les conditions de vie de ces enfants des immensités himalayennes et les épreuves qu'ils doivent endurer pour accéder à l'école et à l'instruction. Une invitation au voyage et une incitation à la découverte d'une autre culture. Pour tous à partir de 10 ans. Olivier Fôllmi reprend cette histoire dans la revue " Géo ", n° 138, août 1990 et, dans deux livres " Deux hivers au Zanskar " chez Oli-zane, 1988 et " Caravane pour une école " chez Nathan, 1990. ( Véronique Geiot).

GILBERT (Guy). - Les Petits pas de l'amour. - Stock, 1990. - 212 p. - 89 F.

Pour rendre compte de ce témoignage, riche d'une expérience de vingt-cinq ans auprès des marginaux, on ne peut qu'essayer d'en dégager les maîtres-mots, valables à l'égard de tout être et dans toute situation : regard, respect, écoute inlas-sable, confiance, être oreille et cœur, savoir aussi dire non, fixer des limites même si elles ne peuvent pas être toujours celles de la morale à laquelle on adhère soi-même. Bien des situations sont évoquées (la vie au milieu des loubards, la prison, le viol, l'amour, les rapports parents-enfants, la vie de l'Eglise...), toujours dans un style décapant, toujours aussi le langage du cœur, de l'espérance avec le souci de témoigner de l'efficacité des " petits pas de l'amour ". Une lecture facile et attachante, à conseiller largement à partir de 15, 16 ans. (Françoise Sassier).

LEFORT (François), BADER (Carmen). - Mauritanie : la vie réconciliée. -Fayard, 1990. - 240 p. ; ill. - (Les Enfants du fleuve). - 95 F.

Comme des centaines d'autres enfants de Mauritanie, El Hor vit dans les bas-fonds de Nouakchott, n'ayant ni toit, ni moyen d'existence, ayant été abandonné, vendu, enlevé à sa famille. Leur seul soutien, c'est la bande des compagnons d'infortune qui apporte à ces enfants un peu de l'affection dont ils ont tant besoin. Mais il y a aussi le Père Lefort qui comprend et aime ces jeunes qui touchent le fond de la misère. Prêtre et médecin, avec fermeté et bonté et surtout avec une

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extraordinaire connaissance des problèmes de ces enfants assoiffés à la fois de liberté et de sécurité, il semble avoir trouver un moyen de les réconcilier avec la vie. Très beau livre, simple et vivant, qui montre bien la situation douloureuse de ces jeunes mais ouvre une porte vers l'espoir. A partir de 15 ans. ( Jacqueline Peillon).

MELLON (James). - Paroles d'esclaves ; trad. de l'anglais. - Seuil, 1991. -345 p. - (Point Virgule). - 43 F.

Cet ouvrage rassemble vingt des témoignages recueillis entre 1934 et 1941 d'an-ciens esclaves noirs dans les plantations de coton affranchis à la fin de la guerre de Sécession. Groupés par chapitres traitant d'aspects particuliers de la vie d'esclave, ces récits révèlent de sensibles différences de conditions selon les tempéraments du maître et de l'esclave et des formes qu'adoptait l'esclavage. A côté de brutalités atroces figurent des récits de bonté, de courage, de loyauté, d'humanité. Un défilé captivant qui fait revivre les plantations du Sud de l'Amérique préindus-trielle, dresse des portraits de personnalités très variées et invite à la réflexion sur l'un des crimes les plus odieux de notre histoire. A partir de 14 ans. (Marie-France Alexandre).

SISAVANJ (Sor). - L'Enfant de la rizière rouge. - Fayard, 1990. - 233 p. ; ill. -(Les Enfants du Fleuve). - 98 F. (Prix Saint-Exupéry 1990).

En 1975, à l'âge de 11 ans, Sor Sisavanj est enrôlé au Cambodge par les khmers rouges dans les camps de travail qui sont aussi des camps de " rééducation "... et d'extermination des classes intellectuelles du pays. Son livre est le récit boulever-sant de ces années de faim, d'horreur et de tortures quotidiennes qui dureront jus-qu'en 1980. On ose à peine parler de chef-d'œuvre dans la mesure où une telle expression pourrait renvoyer à une réussite littéraire. Disons plutôt que c'est un témoignage d'une qualité humaine exceptionnelle. Il ne peut être proposé qu'à des lecteurs dont la maturité affective est assez grande pour que leur équilibre n'en soit pas menacé de façon stérile et pour qu'ils puissent prendre conscience des enjeux fondamentaux qu'il met en cause : respect et digni-té de la personne, pouvoir de la haine, mais aussi de l'amour. Il me semble donc qu'il ne peut être proposé, avec discernement, qu'aux classes de terminales. (Françoise Sassier).

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IONS... INFORMATIONS... IN

SALONS

• Le 5 è m e salon régional du livre de Jeunesse de Troyes aura lieu du 17 au 20 octobre 1991 sur le thème : les livres d'art pour enfants. Le prix des Bonnetiers 1991 sera proclamé à cette occasion. • Le 1er salon du livre de jeunesse de Ham a eu lieu du 5 au 8 avril sur le thème : Les Iles et la Mer. Une biblio-graphie est disponible. Association Lecture et Culture, 12, rue Béranger 80200 Peronne. 16-22.84.01.66.

PRIX

• C'est Sophie Solal, jeune marseillaise de 13 ans, qui a été lauréate du 4ème

prix Plume en herbe Nathan/Le Monde pour son manuscrit La farce du diable sur des dessins de Brigitte Vionnet. • Le prix Sorcière 91 a décerné le pre-mier prix dans la catégorie " romans pour grands " à Que cent fleurs s'épa-nouissent de Feng Ji Cai, (Page Blanche Gallimard) et a nominé Lettres à Barbara de Léo Meter (Messidor/La Farandole) et Un enfant dans la guer-re de Thierry Jonquet (Page Blanche Gallimard).

• Le prix des lecteurs Je bouquine 1991 a été attribué à Hypatia d'A. Zll-telman, Ecole des loisirs (médium). • Le prix de la Nouvelle pour la jeu-nesse est destiné à récompenser une

nouvelle inédite - s 'adressant aux jeunes de 13 à 17 ans - d'un auteur de langue française déjà publié ou non. Les manuscrits doivent être déposé avant le 25 septembre 1991. Rensei-gnements : Salon du Livre de Jeunes-se, 3, rue François Debergue 93100 Montreuil. Tél. : 48.57.57.78 • Le prix 1991 des Lecteurs en herbe de la Bib l io thèque Munic ipale de Bègles a été attribué à Alain Surget pour le Fils des loups. Ed. de l'Amitié-Rageot (Cascade).

SÉLECTIONS

• AROLE propose une sélection de 37 livres faciles pour adolescents fai-néants. Arole - Case postale 1000 Lau-sanne 4. • Le collège Paul Fort a sorti le n°3 de sa revue Fortissimots regroupant les analyses critiques de livres de jeunes-se faites par les élèves de 6/5ème (350 élèves) ainsi que leurs correspon-dances avec les auteurs, éditeurs, illus-trateurs. Prix : 25 F. J.P. Nozière - C.D. Lycée Paul Fort 21120 Is-sur-Tille. • La Bibliothèque municipale de Colo-miers a réalisé une sélection sur le thème des livres dont vous êtes le héros. Gratuit. B. M. 33, rue de l'Eglise 31770 Colomlers Tél. : 16/61.78.73.14 • La sélection n° 1/1991 d'OpalIvres Jeunesse est à votre disposition à Opa-

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IONS... INFORMATIONS... IN

livres Hôtel de ville, place Godefroy de Bouillon 62200 Boulogne-sur-Seine. Contre une enveloppe timbrée.

FORMATIONS

• L'association Livre et lire et la Mai-son de l'Environnement ont organisé du 17 au 21 juin des journées de formation pour tous les médiateurs du livre sur le thème de l'eau dans la littérature de jeunesse. Exposition-vente des livres retenus dans la bibliographie. Véro-nique Lombard 71640 Mellecey. • L'Age d'or de France propose son programme de formation 1991/1992 sur la connaissance, la réflexion et la pra-tique du conte, réparti en conférences, stages de formation et ateliers. Rensei-gnements : Age d'or 1, rue Denis Pois-son 75017 Paris Tél : 45 72 10 93.

DIVERS

• La BCP de la Seine-Maritime met à votre disposition le Répertoire du conte et de l'oralité en Haute-Normandie " Mais où et quand as-tu donc dit ? " indi-quant les noms et adresses des auteurs et des organismes susceptibles d'assu-rer animation, formation... Bibliothèque départementale de prêt B.P. 216 76136 Mont Saint-Aignan cédex. • Pour tout nouvel abonné à la revue Lecture-Jeunesse, Gallimard offre un folio Junior.

• Le C.R.D.P. de Grenoble a organisé un forum Lecture/Ecriture avec confé-rences et débats au mois d'avril. Marie-Claude Bayard, responsable du centre ressource lecture, est à votre disposition pour répondre à toutes vos demandes (consei ls, documents , bibliographie, rencontres d'auteurs...). CRDP de Grenoble, 11 avenue Général Champon 38031 Grenoble cédex -Tél. : 16-76.87.77.61.

PUBLICATIONS

• Le C.R.I.L.J. édite un nouveau réper-toire des auteurs et illustrateurs fran-cophones pour la jeunesse. Un ouvra-ge de référence incontournable. Prix de lancement 300 F. A partir du 15 sep-tembre prix public 400 F. CRILJ, 39, rue de Chateaudun 75009 Paris Tél. : 45.26.70.06 • Les Actes du colloque de Lecture-Jeunesse en mars 90 " Rupture ou continuité... Le passage d'une lecture de jeunesse à une lecture d'adulte " avec les interventions de Tony Anatrel-la, psychanalyste, auteur d'Intermi-nables adolescences et de Rémi Lillet auteur de Quoi Lire sont disponibles. Prix : 60 F + 10 F pour les frais de port.

• Le n°94 de la revue Le Français au-jourd'hui est consacré "aux diction-naires " : réflexion, analyses critiques, comptes rendus d'expériences. 19, rue des Martyrs 75009 Paris. Prix : 55 F.

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LECTURE-JEUNESSE - 36, RUE EMERIAU, 75015 PARIS - (1) 45 78 13 89

BULLETIN DE COMMANDE 1991

NOM, Prénom :

Organisme :

Adresse :

Abonnement 1991 France : 120 F 0 (n° 57 à 60) Etranger : 130 F •

Départ Année Civile Supplément Envoi/Avion : 25 F • Vente au numéro : 35 F •

Bibliographies Presse adolescent (déc./89) :10 F •

Policiers 12/18 ans (1989) : 20 •

B.D. 12/18 ans (déc./89) : 30 F • Romans 6e/5e (juin/90) : 30 F •

Romans 4e/3e (déc./88) : 30 F • Romans l^/ter. (nov./87) : 30 F •

Autour de l'histoire (déc./88) : 30 F •

Le Sport 12/18 ans (déc./90) : 30 F 3 La Mer et les Iles " Océanes " (87/88) : 35 F • Actes « La lecture des adolescents... Un enjeu pour l'an 2 000 » (mars/88) : 60 F • Actes « Rupture ou continuité... Le passage d'une lecture de jeunesse à une lecture d'adulte » (mars 90) : 60 F •

Frais d'envoi et de port en sus 1 ou 2 bibliographies : 10 F 3 bibliographies : 15 F 4 et plus :20 F

• Chèque joint (Lecture-Jeunesse C.C.P. La Source 35 701 40 C). •

• facture en exemplaires. •

Pour ceux qui désirent adhérer à l'Association : Je désire adhérer à l'association « Lecture-Jeunesse » et soutenir son action en qualité de : membre adhérent (1) : 35 F membre bienfaiteur (1) : 200 F et +

Date et signature

Association Loi 1901 déclarée le 4 janvier 1974. Agréée par le Secrétariat d'État Jeunesse et Sport le 27/1/1977 - N° 94.155