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Nom de l’étudiant : …………………………………………………………
Promotion : ……………………………………………………………………
Tâches d’apprentissage coactif :
les procédés discursifs en français académique
1
Avertissement
Nous consignons dans cette plaquette des tâches d’apprentissage conçues dans le but de
développer la compétence discursive en français académique. Par compétence discursive
entendons la capacité d’adopter le langage adéquat (façon de dire et/ou d’écrire) en vue d’une
production discursive adaptée au contexte de la communication/expression. La même
condition constitue également un préalable à la réception du discours.
La tâche principale que les participants sont appelés à accomplir consiste à rédiger
collectivement une note critique de lecture d’un article ou d’un ouvrage devant, par la suite,
faire l’objet d’un exposé oral. En effet, contrairement à un résumé de texte ou une synthèse, la
note critique est une production écrite autonome réalisée à partir d’un texte d’un auteur tiers,
mais qui incorpore, en plus de la restitution du point de vue de cet auteur, un jugement et/ou
une réflexion du producteur de ladite note.
Le producteur d’une note critique doit procéder à l’analyse du texte-corpus afin d’en
déterminer, entre autres, la structure et le plan de rédaction. La critique qu’il formule concerne
la thèse présente dans le texte-corpus ainsi que l’argumentation développée pour soutenir
cette thèse. Aussi peut-il confronter le point de vue de l’auteur dudit texte à une thèse
contraire défendue à propos du même thème traité par celui-ci. L’apprenant-acteur ou
l’apprenti-auteur de la note critique a ainsi l’occasion de faire usage de divers procédés
discursifs qui caractérisent le discours académique.
A la tâche principale de ce dispositif d’apprentissage coactif sont associées des activités
spécifiques préparant à l’appréhension des procédés discursifs retenus dans le cadre de la
présente recherche-action. Il s’agit principalement des procédés d’argumentation, et de
manière subsidiaire des procédés d’explication et de description, desquels dépend le caractère
hétérogène du discours académique, souvent formellement marqué par l’enchâssement de plus
d’une organisation séquentielle.
Et pour pouvoir évaluer le dispositif mis en place, la plaquette comprend également un pré-
test et un post-test qui sont administrés individuellement aux participants. Ce qui permet de
sonder la marge de progression individuelle de chaque étudiant.
2
MACRO-TACHE
Rédaction d’une note critique
Consigne :
Il vous est demandé ici de rédiger une « note critique » d’un article scientifique traitant d’un
thème lié à votre domaine de formation. La présente tâche est à accomplir collectivement en
ateliers, elle fait partie intégrante de l’activité qui définit votre profession d’étudiant. Lors de
différentes rencontres, la discussion entre co-équipiers (groupe de quatre étudiants) devra se
rapporter à la mise en commun des idées, la recherche des solutions et la prise de décision
concertée. La troisième phase de la tâche (celle de l’exposé) se déroulera en plénière devant
un public étranger à l’équipe de travail, un public qui engagera un débat contradictoire, et le
cas échéant constructif, avec vous les auteurs de la note critique.
Choix du texte
Allez sur http://www.u-grenoble3.fr/les_enjeux vous trouverez des articles scientifiques
publiés par des chercheurs en sciences de l’information et de la communication sur des
thèmes divers. Cette revue électronique (publication sur Internet) vous propose en outre un
menu des articles en débat que vous pouvez consulter comme exemple de critique. Le choix
d’un article doit en effet répondre à un intérêt et/ou un questionnement qui vous préoccupent
ou fondent vos ambitions professionnelles. Aussi pour faire une critique éclairée, vous est-il
suggéré de référer à un point de vue soutenant une thèse contraire à celle de l’auteur dont le
texte est soumis à votre appréciation.
Procédure
- Lecture et prise des notes :
Lire le texte en entier et utiliser l’approche modulaire pour en saisir le contenu. Prendre des
notes de manière à appréhender la stratégie argumentative de l’auteur : situer le thème abordé
(ou la problématique sous-tendant l’intérêt de l’étude), relever la thèse qu’il défend, les
arguments qu’il avance ainsi que les différents exemples qui illustrent chacun de ces
arguments. A la suite de cet exercice, repérer dans cette stratégie argumentative des limites et
points qui vous semblent critiquables.
- Rédaction de la note :
Ecrire un texte de 5 à 10 pages (Times New Roman, taille 14, interligne 1,5). La réfutation,
les marques d’opposition et de concession, doivent constituer la base de votre stratégie
argumentaire. Ce texte mettra en évidence l’essentiel de l’article analysé sur une page ; il
présentera ensuite le résultat auquel aboutit l’analyse ainsi que la confrontation des points de
vue en présence et mentionnera, enfin, vos commentaires, critiques et propositions. Veiller à
ne pas mélanger ces différents axes et à les articuler sans que la cohérence et la cohésion du
texte n’en souffrent. Pour ce faire, utiliser adéquatement des connecteurs logiques et
3
modalisateurs idoines (adverbes ou locutions marquant la certitude : assurément, sans doute,
toujours, jamais… ou l’hésitation : peut-être, probablement, il est possible…).
- Exposé :
Décrire les conditions de travail, expliquer l’approche méthodologique, présenter l’essentiel
du travail accompli (épingler les axes principaux), répondre aux questions, remarques et
suggestions du public.
N.B. : Argumentation description, explication, sont les trois types de procédés discursifs
retenus, dans le cadre du présent dispositif en expérimentation, pour une didactique du
discours académique.
Argumentation
- Objectif : convaincre et donc imposer un point de vue (une opinion) ; pour être
efficace, envisager ou prévoir une contre-argumentation ; éviter des sophismes
(inférence reposant sur ambiguïté ou confusion quant au sens des termes,
présuppositions pragmatiques indues faites, éléments non pertinents ou prémisse non
pertinente, conclusion fausse ou pas d’inférence soutenant la vérité de cette
conclusion) ; produire un raisonnement qui soit fondé, sans faute sémantique ou erreur
de sens (prémisses vraies), soit valide (vérité des prémisses déterminant celle de la
conclusion : lien d’inférence déductive), soit inductif légitime (vérité des prémisses
augmentant la crédibilité de la conclusion : lien d’inférence inductive), les deux sans
faute formelle ;
- Organisation d’un procédé argumentatif : thème (sujet abordé), thèse (point de vue ou
opinion sur le thème), arguments (idées prouvant la validité de la thèse), exemples
(faits pour illustrer les arguments) ;
- Marques : usage de la première personne (du singulier ou du pluriel), utilisation des
modalisateurs comme indices de subjectivité si besoin de nuancer, le présent comme
temps verbal d’usage, utilisation des connecteurs pour assurer la logique du texte et
exprimer les relations logiques de cause, conséquence, l’opposition, la concession, la
condition, etc.
- Rédaction (démarche) : comprendre le thème, identifier clairement la situation de
communication (qui parle ou doit parler, quel est son destinataire, où et quand),
formuler la thèse à défendre, répertorier les arguments à avancer et les classer du
moins solide au plus solide, donner un ou des exemples pour illustrer chaque
argument, écrire son texte en prévoyant un paragraphe par argument (ou idée) avec un
(des) exemple(s) prévus pour son illustration, exprimer les relations logiques au
moyen des connecteurs appropriés et utiliser les mots de liaison pour assurer le lien
entre les différentes parties du texte
4
Description
Focalisation : points de vue (interne, externe, zéro) pour créer une impression ou un effet.
- Objectif : observer et/ou présenter un personnage (portrait), un événement, une action,
un paysage
- Organisation : marquer la progression avec les indicateurs de l’espace (bas en haut,
gauche à droite, premier plan à l’arrière-plan, suivant le regard ou l’avancée d’un
personnage en mouvement
- Marques : champ lexical de la perception à travers les sens, utilisation des adjectifs
qualificatifs, groupes nominaux (nom + préposition = complément du nom),
subordonnées relatives (complément de l’antécédent), temps verbal du passé
(imparfait) ou du présent.
- Rédaction : relever le(s) thème(s) dominant(s) à partir de l’observation de ce qu’il faut
décrire ; construire le champ lexical (ensemble des mots se rapportant un même
thème, avec un mot clé indiquant le thème et des mots de la même famille et
expressions qui en découlent, servant à construire le sens d’un texte) relatif à ce(s)
thème(s) ; adopter le registre littéraire avec l’emploi de scruter, remarquer, admirer,
apercevoir, distinguer, etc. ; ordonner la description en suivant la progression du
regard ; recourir aux expressions d’ordre sensoriel (auditif, gustatif, olfactif, tactile,
visuel), utiliser la comparaison et la métaphore
Pour repérer un champ lexical, lire et relire le texte en attirant son attention sur le
vocabulaire ; ce qui permet de dégager l’idée maîtresse du texte et de lister les mots précis qui
s’y rapportent
Explication
- Objectif : Répondre à une question clairement énoncée au début du texte ou
implicitement dans son titre. Un procédé explicatif a une fonction didactique, on y
aborde un seul et même thème, en utilisant des présentateurs et autres organisateurs
textuels, notamment logiques.
a) Plan d’une séquence explicative
- Du plus évident au moins évident : partir des faits supposés connus par le récepteur vers
des faits qui le sont moins ou pas du tout.
- Accent préalable sur le fait seul (objet de l’explication), c’est-à-dire en observant ses
causes et effets intrinsèques, avant de viser ses liens avec l’extérieur, ses effets
extrinsèques.
b) Caractéristiques d’une explication
Réponse à une question initiale, basée sur des relations logiques ayant trait à : la cause, la
conséquence, l’opposition, la comparaison, l’adjonction, la reformulation, l’exemple…
5
c) Structures de l’explication
- Structure énumérative : causes/conséquences (Phénomène + causes ou phénomène +
conséquences)
- Structure problème – causes – solutions
- Structure comparative : différences/ressemblances
- Structure problème – causes – conséquences (Phénomène + enchaînement causes +
conséquences ou énoncés/détermination de rapports cause-conséquence entre chaque
énoncé
d) Les phases d’une explication
- Questionnement (le pourquoi) : exposition du phénomène et ordonnancement des aspects
de son explication ; on y trouve l’énoncé de l’idée principale, ainsi que des traits
distinctifs signalant son ouverture (organisateurs textuels, substituts pronominaux, etc.)
- Phase explicative (le parce que) : développement de la suite en fournissant des
explications ou des arguments, des exemples ou des propos, des rapports d'opposition, de
cause, de conséquence...
- Phase conclusive : reformulation et/ou résumé de l’explication ; rappel de la
problématique et ouverture de l’explication (phrase synthèse, termes récapitulatifs ou
conclusifs, énoncé qui annonce une nouvelle articulation dans le développement, etc.)
e) Les organisateurs textuels
Placés au début ou à la fin du paragraphe, les organisateurs textuels indiquent :
- Le changement de lieu, de temps, d’aspect, d’argument, etc.
- Le changement de sujet (ex : en ce qui concerne…, quant à…)
- La clôture du passage (ex : en conclusion, enfin, etc.)
A propos de la cohérence textuelle : un texte est cohérent dès lors qu’il se soumet aux
principes de :
- Continuité : il comporte des éléments qui, d’un passage à un autre, constituent le fil
conducteur ;
- Progression : il présente des informations nouvelles pour un intérêt communicatif.
L’information nouvelle doit être en relation logique avec l’information précédente (phrase
= thème [groupe sujet] + propos ou rhème [groupe verbal])
- Organisation : il évite des contradictions internes ;
- Dialogue : il délimite des informations en contradiction avec les connaissances du monde
du destinataire.
6
TACHES DE FOCALISATION
1. Compréhension de la stratégie argumentative
Objectif : saisir, à travers le texte qu’il a écrit, la démarche d’un auteur qui cherche à
convaincre ou persuader, en identifiant le thème qu’il développe, la thèse qu’il défend, les
arguments qu’il avance mais aussi les exemples qu’il exploite pour ce faire.
1°) En quels termes l’auteur du texte qui suit définit-il le thème abordé ?
2°) Quelle thèse défend-il ?
3°) Relever les marques de l’énumération
4°) Deux considérations s’opposent à propos de la perception de la pratique du coupage. Que
sont-elles ?
2. Exercice de repérage
1°) Relier – sous forme de chiasme – l’expression à l’articulation logique (indiquant des
rapports et enchaînements d’idées) :
Expression
Rapport/enchaînement
Le présent article a pour objet analogie
Communément appelée but
Toutefois Conclusion
Cette pratique consiste en désignation du thème
La pratique du coupage peut être appréhendée comme annonce de l’objet
Le premier définition
Alors que adjonction
D’une part énumération (alternative)
D’autre part opposition
Ainsi énumération (ordre)
Néanmoins
En plus
Deuxièmement
Pour
7
Extrait n° 1
La pratique du « coupage » dans la presse congolaise
Une analyse du processus de contractualisation et de contextualisation d’une pratique
négociée
(Par Rigobert Lapess Munkeni)
INTRODUCTION
Le présent article a pour objet d’exposer
les hypothèses et le modèle résultant d’un
travail de recherche portant sur la
compréhension du sens qui émerge d’une
pratique ayant pris ancrage dans les
milieux de la presse de la République
démocratique du Congo. Cette pratique,
communément appelée « coupage »,
accompagne l’exercice du métier de
journaliste dans ce pays depuis les années
60. Toutefois, son appréhension n’a jamais
dépassé celle du sens commun. Cette
pratique consiste en l’allocation par les
sources d’information de ressources
financières ou matérielles aux
professionnels des médias, lorsque ceux-ci
couvrent certaines manifestations
organisées par les premières. Diversement
appréciée, la pratique du coupage peut être
appréhendée comme le lieu d’apparition et
d’entretien de nombreux paradoxes dont
trois particulièrement. Le premier est le
fait que, se nourrissant de cette pratique,
les journalistes congolais se plaisent à
exercer leur métier, ne dédaignant pas de
travailler parfois dans des conditions de
précarité inacceptables. Le deuxième
paradoxe résulte du cadre même de cette
pratique qui tolère que les journalistes
soient rétribués par des sources
d’information, alors que le code
déontologique qui les régit leur interdit de
recevoir « un quelconque présent de la part
des sources d’information » (Code de
déontologie et d’éthique du journaliste
congolais, 2004). Le troisième paradoxe se
situe au niveau même de la perception de
ce présent. Qu’elle soit en espèces ou en
nature, cette allocation est perçue sous
deux angles apparemment opposés. D’une
part, plusieurs milieux de la société
congolaise la considèrent comme un acte
de corruption disposé à l’avantage des
journalistes par les organisateurs de
manifestations. D’autre part, des membres
de la presse congolaise l’assimilent à un
acte de motivation généré par les sources
d’information en faveur des journalistes,
leur procurant les moyens financiers ou
matériels d’exercer leur métier. Le
coupage constituerait ainsi une sorte de
palliatif aux conditions précaires de
l’exercice du journalisme en République
démocratique du Congo et pour les
professionnels des médias congolais, il
serait perçu à la limite comme un droit
dont ils se réclament et se prévalent.
Autant de paradoxes relevés dans
l’appréhension de la pratique du coupage
qui contrastent néanmoins avec la place
que cette dernière occupe de plus en plus
dans le microcosme de la presse
congolaise où elle a trouvé ancrage et
force de perpétuation. Ces paradoxes et
ces contrastes ont suscité notre curiosité et
nous ont convaincu de la nécessité de
pénétrer les divers sens accordés à ce
phénomène pour en dégager une
compréhension. Ainsi avons-nous posé la
question de recherche suivante : comment
la pratique du coupage est-elle
appréhendée au sein de la société
congolaise ? En plus de cette question
globale, nous nous sommes posé deux
questions spécifiques. Premièrement, quel
rôle le coupage joue-t-il dans les milieux
de la presse congolaise ? Deuxièmement,
comment les acteurs du coupage
présentent-ils et se représentent-ils cette
pratique ? Pour répondre à ces questions,
nous avons émis une série d’hypothèses
visant à faire surgir le sens de la pratique,
en empruntant un parcours par paliers.
8
3. Traitement de sens
1°) Remettre en ordre les phrases du paragraphe ci-après :
Cette préoccupation nous a été dictée par le caractère ambivalent de cette pratique qui se
pose comme phénomène répréhensible mais est entretenu et parfois encensé par ceux-là
même qui l’accablent. Au terme de cette recherche, nous avons obtenu des avancées
significatives, concernant l’explication de l’objet coupage. La présente étude s’est donc fixé
pour objectif principal une connaissance plus poussée de la pratique du coupage dans
l’espace médiatique congolais.
2°) Dans l’extrait de texte qui suit, compléter les pointillés par les expressions ci-après :
- Cela renvoie
- Comme
- Dès lors qu’il
- En second lieu
- Enfin
- Lorsque
- Mais également
- Pour désigner
- Quant au
- Un événement
Extrait n° 2
« L’observation comme processus de révélation de sens »
Après une observation systématique de
l’espace et des acteurs médiatiques concernés,
nous avons dégagé des éléments qui font
globalement apparaître la pratique du coupage
…1 une réalité partagée par cet espace et les
acteurs qui l’occupent. Concrètement, le
professionnel des médias congolais qui s’en va
en reportage ou est convié à couvrir …2
s’attend presque toujours à recevoir en retour
une rétribution. Tout se passe comme si
professionnels des médias et sources
d’information s’étaient mis d’accord pour que
s’installe et s’entretienne cette pratique. Il
nous a été donné de constater en premier lieu
que le coupage est attesté unanimement par les
acteurs de l’espace médiatique congolais dont
certains l’acceptent comme un acte de
motivation et d’autres la tolèrent comme une
corruption déguisée posée à l’endroit du
professionnel des médias travaillant dans des
conditions précaires. …3, les éléments
d’observation mettent en scène deux acteurs
actifs de la pratique du coupage : les
professionnels des médias ou coupés-
bénéficiaires et les sources d’information ou
coupeurs-donateurs. La troisième réalité
révélée par cette pratique est l’abondance et la
diversité de dénominations dont l’affublent
ces acteurs et que nous avons classées en
quatre grandes tendances qui renvoient à l’acte
de motivation, de corruption, de rétribution
ainsi qu’à des réalités qui sont non expressives
d’emblée. Nos observations ont …4 révélé que
la pratique du coupage se manifeste à travers
un ensemble de comportements et d’actions
que nous avons appréhendés à travers une
typologie en quatre cas de figure : le coupage
occasionnel, le coupage circonstancié, le
9
coupage ratifié et le coupage proximisé. Le
premier type de coupage exprime l’occasion
d’octroi d’une rétribution sur laquelle un
professionnel des médias tombe, au hasard de
ses reportages et des couvertures des
événements surgissant de manière
inhabituelle. …5 à une rétribution tout aussi
inhabituelle car l’occasionnel ici est soit
improvisé soit provoqué et donc plus au moins
arrangé par le coupé ou le coupeur. Le
coupage circonstancié résulte d’une
couverture événementielle pour laquelle la
source d’information fait expressément appel à
l’un ou l’autre professionnel des médias. Le
coupage dont bénéficie le journaliste dans ce
cas de figure est à la mesure de la circonstance
et largement en sa faveur, …6 n’aura rien
demandé à la source d’information qui
sollicite ses « services". …7 coupage ratifié, il
est alloué à des journalistes et médias que la
communauté des professionnels ou des
sources d’information a établis comme
interlocuteurs choisis et incontournables dans
l’espace médiatique congolais. Il en est ainsi
surtout des journalistes-vedettes ou des
chaînes de télévision de grande écoute …8 des
professionnels des médias audiovisuels par
rapport à ceux des organes de presse écrite qui
n’ont pas grande audience. Dans ce cas de
figure se distingue le journaliste-coupé de
notoriété dont la ratification a été consacrée
par la majeure partie de la communauté et le
journaliste-coupé accrédité par la source
d’information qui convie à la couverture de
l’événement. Enfin, le coupage proximisé est
celui qui se manifeste …9 une source
d’information entretient des liens de proximité
avec un professionnel de médias ou un organe
de presse et qui ressemblerait à de la
complicité. La pratique du coupage inscrite
dans cette catégorie procède des éléments de
proximité relationnelle que nous traduisons
mieux par le néologisme proximisé, …10
toute
la charge affective, sentimentale et subjective
que véhicule ce type de coupage.
De l’extrait ci-dessous dont l’objectif est de critiquer un article scientifique, relevez les
expressions qui introduisent une reformulation, une contradiction, une réfutation et une
concession, en les classant dans un tableau à quatre entrées.
Extrait n° 3
« A PROPOS DE L’ARTICLE DE BEATRICE VACHER »
(Par Brigitte GUYOT)
L’initiative de B. Vacher ne peut qu’être
saluée, comme entreprise visant à dresser un
état de l’art des relations entre trois notions
problématiques en SIC information-
communication-organisation, ce qui semble
d’autant plus important lorsqu’on s’intéresse
aux échanges en milieu professionnel. Et
comme toute initiative qui cherche à
développer une vision globale sur la question,
les commentaires ne peuvent que se multiplier.
Certes, vouloir repérer les définitions données
par les chercheurs sur les termes information et
communication paraît légitime dès lors qu’on
s’attache à une vision surplombante des SIC, et
l’on peut souscrire au besoin de fonder sa
légitimité au sein de la communauté SIC en se
retournant vers des notions fondatrices souvent
reléguées dans la communauté « com-orga » et
considérées comme allant de soi. Par delà le
fait de ranger les chercheurs en catégories, ce
qui semble de bon ton dans une section
disciplinaire qui, pourtant, affirme haut et fort
10
l’importance de les travailler ensemble, je
m’interroge sur le bien-fondé scientifique qui
consiste à creuser cette opposition info/com,
sauf à établir des distinctions commodes sur le
plan méthodologique qui constitueraient alors
un développement intéressant. Dès lors il est
difficile d’échapper au risque de définitions par
exclusion, ce que n’ont pas manqué de faire de
nombreux auteurs cités.
Appartenant au champ de la « communication
organisationnelle » ou de l’ « approche
communicationnelle des organisations », ce qui
inclut bien évidemment l’information,
j’aimerais m’arrêter sur les relations
infocom/organisation plutôt qu’entre
information/communication. Sans critiquer le
fait que Béatrice Vacher tienne à établir la
différence entre ces dernières, il me semble
intéressant de travailler le lien du couple info-
com avec l’organisation qui me paraît somme
toute moins travaillé dans cet article, alors
même que nombre de ses écrits prouvent le
contraire. On pourrait commencer par
substituer à ces deux termes ceux de modes
d’échanges, ceux qui existent entre des
individus et des collectifs au travail, qui
prennent des formes variées (tant orales
qu’écrites), et qui mobilisent des objets
(méthodes, règles, documents, techniques)
devenus alors médiateurs dans l’action
collective organisée, autre formulation de
l’organisation. Cela a le mérite d’enlever
l’ambiguïté de ce dernier terme, en distinguant
l’organisation comme opération organisante de
l’organisation comme entité-projet.
Or, étonnamment, l’auteur ne donne guère de
définitions de ce concept, alors qu’elles
figurent chez de nombreux auteurs (notamment
chez Le Moënne), ce qui me paraît révélateur
d’un certain malaise. Citons alors plusieurs
travaux et interrogations récentes qui nous
éclairent sur cette difficulté en rapportant ce
qui peut paraître anecdotique mais qui traduit
tout de même la perplexité des chercheurs à
propos de ces termes et leurs propositions pour
y échapper. Lors des préliminaires
indispensables à la mise en place d’un groupe
de réflexion – en l’occurrence sur la
thématique document et organisation – ce
dernier terme a été rejeté du fait de son
ambiguïté. Parle-t-on de l’organisation comme
façon d’organiser, ou de l’organisation comme
projet ? Il a été rejeté au profit du terme
univoque d’entreprise (en insistant cependant
sur le fait qu’il s’agit d’un ensemble de
moyens orientés vers un but et qu’une
administration est une entreprise, c'est-à-dire
qu’elle se traduit par des actes). L’organisation
est alors ici l’opération d’organiser.
Dans la même ligne, un groupe de travail du
CNRS avait travaillé lui aussi sur la relation
organisation et information, mais il a
abandonné très vite ce dernier terme au profit
de celui de document auquel il a associé le
terme d’action, parlant de document-action,
afin de se dégager des ambiguïtés propres à ces
concepts fourre-tout. Enfin, les réflexions du
groupe RTP-doc dont Pédauque (et surtout JM.
Salaün) s’est fait le porteur avec le concept de
« redocumentation », a résolument abandonné
le terme d’information, considéré comme trop
vague et trop ambigu, au profit de celui de
document. Il y a donc bien, dans notre champ,
plusieurs détours, revendiqués, pour
contourner ces expressions et en trouver
d’autres qui semblent plus adaptés à la
thématique organisationnelle.
Par delà le fait de devoir décider si
l’information est un signal transformant les
connaissances, une norme ou encore une forme
(mais est-ce exclusif ?), il semble en effet
intéressant de s’appuyer sur un « observable »
lorsqu’on veut saisir les dynamiques,
individuelles et collectives, donc sociales, mais
aussi « organisationnelles », puisque cet objet
est pris dans des processus de création de
règles et de mises en formes, notamment
sémiotiques, structurelles et techniques. C’est
bien l’une des activités d’une entreprise que
d’organiser ses moyens en fonction des buts
qu’elle poursuit. Cette démarche d’empirisme
méthodologique constitue l’une des tendances
11
de notre champ selon laquelle, si l’on veut
travailler les articulations, il convient de porter
attention aux objets qui permettent de mettre
en relation, voire en tension, ce qui gouverne
les individus et ce qui est érigé en mode de
management. C’est dans ce sens que
j’interprète les termes d’articulation puis de
« croisements » de la partie 4. Quant aux deux
approches relevées – l’une par le document et
l’autre par le projet, elles me semblent
procéder de la même logique, qui s’appuie sur
des observables pour approcher les activités
ordinaires et, surtout, les mettre en lien avec le
facteur organisant.
Mais alors, si l’on s’intéresse à l’activité de
travail et donc à l’action collective située, on
ne peut la réduire à des oppositions comme
« médiation humaine/actancielle,
interprétation/compréhension ou encore
communication instrument/information
langage ». Le souci de lier l’organisation et
communication, tout en maintenant la
distinction information et communication, a
pour une autre conséquence, celle de laisser de
côté les aspects proprement gestionnaires. Il
est intéressant de les approcher en tant que
facteurs organisateurs de cette activité info-
communicationnelle propre à l’univers de
travail : peut-être faut-il décrypter ainsi ce
creux, qui serait finalement l’une des
acceptions des termes d’organisation ou
d’organisations fréquemment utilisés dans le
texte. Partir de l’activité de travail, qui est en
effet croisement et agencement de moyens,
tout comme l’est celle qui consiste à informer,
à s’informer, à échanger, oblige à considérer
les places et les rôles dévolus ou choisis par les
acteurs, ce qui est bien un effet
organisationnel ; cette démarche montre une
interaction permanente entre règles et formes
info-communicationnelles, entre des règles
prescrites et l’activité même qui s’appuie sur
elles, les transforme et en crée de nouvelles.
Cette activité « communicationnelle » est tout
autant organisante qu’organisée. D’où l’intérêt
de travailler sur les processus de création de
formalismes et de normes.
D’où l’intérêt, également, de préférer
l'expression de communication organisante à
celle de communication des organisations, qui
paraît induire une partition et une réduction de
l’organisation à un contexte surplombant. J’ai
été surprise, à cet égard, de ne trouver à aucun
moment le terme d’acteur, (au profit du sujet et
de l’individu). Or celui-ci a, me semble-t-il, le
mérite de mettre l’accent sur deux points : sur
une capacité individuelle à agir et à se doter de
moyens pour agir en contexte orienté et
encadré, ainsi que sur le rôle des personnes, ce
qui permet de qualifier leurs actions les unes
sur les autres. Dans notre champ, il s’avère très
fréquemment utilisé afin de signaler que
l’activité est organisée. Il l’est aussi dans
l’ensemble de la littérature SIC, ne serait-ce
qu’avec le concept de stratégies d’acteurs.
Enfin, l’une des caractéristiques des chercheurs
d’Org&Co est de travailler aux marges
d’autres disciplines, notamment des sciences
de gestion, d’autant que Béatrice en est issue et
s’intéresse au « nouage » conceptuel. J’ai pu
regretter ici l’absence de références aux
emprunts qui sont faits de nombreux concept et
aux façons dont les auteurs s’en démarquent. Il
serait bien intéressant de s’y consacrer dans un
autre article.
Thème : « le corps »
Thèse : « tout vient du corps »
Argumentation :
- Argument principal : « C’est par lui que nous percevons le monde extérieur ».
- Arguments secondaires :
12
« Notre relation aux autres est construite par nos attitudes, nos gestes, nos
mouvements ».
« Par sa médiation, nous exprimons nos sentiments et nous communiquons nos
affects ».
Sur les types d’arguments
Dans l’extrait qui suit, repérer et souligner les arguments qui répondent aux types énumérés
(définition, conséquence, autorité, modalisation, hypothèse, reformulation, cause-
conséquence) :
1er
type d’argument : définition des caractéristiques du corps à partir d’un procédé d’addition
et d’accumulation (… non seulement… comme…) ;
2e type d’argument : conséquence (Dés lors…)
3e type d’argument : autorité (… comme le pensait… … tel que le définit… Diderot […]
exigeait… … il entendait… … il désignait… … chez … Félibien […] affirmait…)
4e type d’argument : modalisation (… sans aucun doute…)
5e type d’argument : hypothèse (Si… Et si…)
6e type d’argument : reformulation (Autrement dit… … c’est-à-dire…)
7e type d’argument : cause – conséquence (… une fois … devient …)
8e type d’argument : exemple (… est un autre exemple…)
N.B. : La stratégie argumentative est fondée sur la définition des caractéristiques et fonctions
du corps.
Extrait n° 3
« Tout vient du corps »
(Par Jean CAUNE)
Tout vient du corps, donc.
C’est par lui que nous percevons le monde
extérieur. Notre relation aux autres est
construite par nos attitudes, nos gestes, nos
mouvements. Par sa médiation, nous
exprimons nos sentiments et nous
communiquons nos affects. Pourtant, les
questions relatives à son pouvoir d’expressivité
et de médiation ne peuvent s’appréhender sans
références aux idéologies du corps, aux valeurs
et aux normes qu’une culture et une société lui
attribuent.
LE CORPS OBJET DE DISCOURS ET DE
PRATIQUES
Dans les formations discursives des années
soixante-dix, le corps est non seulement un
objet de discours, il se présente comme un
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concept qui fonde la légitimité de l’idéologie
de l’expressivité corporelle. Le corps s’impose
comme thématique qui imprègne la publicité,
l’art, la formation… Enfin, le corps apparaît
comme le support et la condition des
phénomènes relationnels. Dès lors, le corps
devient objet de pratiques dans les multiples
domaines qui mettent en jeu la construction du
sujet : de la formation personnelle à
l’expression de soi.
Les voies prises par la réhabilitation du corps
ont été multiples. C’est dans la vie
quotidienne, avec le dévoilement du corps dans
la mode vestimentaire, qu’elle s’est d’abord
réalisée. Elle a trouvé une forme dans les
poétiques corporelles inspirées des spiritualités
orientales. Enfin, elle s’est fondée sur une
métaphysique qui, à la suite de Merleau-Ponty,
a donné au corps un caractère originaire et
miraculeux dans le phénomène d’expressivité.
« Le corps tombeau de l’âme », comme le
pensait Platon ? Le statut du corps comme
espace de l’expressivité reste à analyser. Le
corps est sans aucun doute le lieu où
s’inscrivent les manifestations significatives de
l’expérience humaine. Le corps peut-il alors
être conçu comme un objet perçu ? Si on doit
considérer les signes du corps comme
l’extériorisation d’une intention du sujet,
comme un vouloir dire, il est difficile
d’envisager l’expressivité du corps comme une
chose. Autrement dit, la construction d’une
sémiotique du corps reste un projet illusoire
tant les signes du corps relèvent d’une
perception qui met en jeu une relation. Et si
une sémiotique du corps peut être tentée dans
les représentations qu’en donnent les artifices
de l’art, elle doit s’accompagner d’une
herméneutique. Le corps ne peut être considéré
comme un fait sociologique au sens de
Durkheim. L’expressivité du corps ne peut être
reconnue indépendamment du sujet percevant.
Cette expressivité ne vaut que par la relation
qu’elle construit avec celui qui en est le
destinataire ou le récepteur. Le corps est inscrit
dans un système culturel et il est l’objet d’une
réception sensible et intelligible dans un
« horizon d’attentes », tel que le définit H.R.
Jauss, c’est-à-dire construit par l’expérience
qu’en ont les hommes, par les codes qu’ils
reconnaissent et par la frontière mouvante
qu’ils tracent entre imaginaire et réel.
LES ESPACES DE DÉPLOIEMENT ET
DE LECTURE DU CORPS
Le corps se déploie de manière construite par
l’artifice de l’art dans l’espace de la scène, du
tableau, de l’écran, du défilé… C’est dans un
cadre – un espace de médiation – qu’il est mis
en scène, qu’il se montre et qu’il peut être livré
à la raison sensible. Diderot, dans ses Pièces
détachées sur la peinture, exigeait de l’artiste
deux qualités essentielles : la morale et la
perspective. Par morale, il entendait la nature
de la relation, déterminée par une intention et
une technique, que l’artiste cherchait à nouer
avec le spectateur par la médiation du tableau.
Par perspective, il désignait le point de vue que
le peintre introduit dans son tableau afin de
communiquer une impression et une
perception. Morale et perspective sont alors les
modalités par lesquelles le corps est
appréhendé dans l’espace de représentation.
Le corps sur la scène de théâtre a été soumis à
de nombreuses réductions. À la fin du XIXème
siècle, dans les systèmes codifiés du jeu de
l’acteur, notamment dans la pantomime
imaginée par Delsarte, le corps est considéré
comme une réserve de signes. Ces techniques,
disparues dans le jeu de l’acteur, perdurent
dans la danse classique ; elles ne prennent en
compte ni les affects qu’elles tiennent à
distance, ni l’investissement imaginaire
qu’elles masquent par l’artifice du costume.
Dans les années soixante-dix, le concept de
corps devient un « idéologème », dans la
mesure où les techniques de l’expression
corporelle prétendent libérer le sujet en se
donnant comme objectif la production de Soi
dans l’émergence de l’expression. Chez
Grotowski, les techniques trouvent leur
inspiration dans la spiritualité orientale, le
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corps de l’acteur est l’instrument à travers
lequel la totalité de l’être s’exprime. L’acteur
livre son corps au public dans une cérémonie.
La via negativa qu’il choisit est celle de
l’élimination des blocages, qui s’opposent à
l’expression du corps, mais aussi des
contraintes que l’histoire et la culture ont
déposées par sédimentation. Le corps de
l’acteur, une fois dépouillé des attributs qui le
définissent dans une culture, devient le support
d’un mythe, l’instrument d’un rituel et le
témoin d’une souffrance humaine
déhistoricisée. Le corps a été réduit à sa
dimension de surface vide, de page blanche,
qui peut accueillir les signes d’une parole
expressive. Pourtant, chez Grotowski,
l’expressivité du corps est rendue sensible au
spectateur par la médiation du souffle. Comme
chez Artaud, qui voit en l’acteur un « athlète
affectif », le souffle mobilise le corps, le relie
au mouvement de l’esprit et donne une
profondeur au jeu.
La danse contemporaine s’est, elle, développée
à l’opposé de cette conception académique
d’un corps support, médium d’une partition sur
laquelle s’inscrivent des gestes désincarnés,
éléments distinctifs d’une syntaxe corporelle. Il
n’est pas surprenant que chez Pina Bausch,
Maguy Marin ou encore Jean-Claude Galotta,
le danseur, en abandonnant un vocabulaire et
une syntaxe fixés, se soit rapproché de l’acteur.
L’espace à deux dimensions du tableau est un
autre exemple d’un espace susceptible de
rendre visibles des figures dont les caractères
sont à la fois formels et expressifs. Ces figures
constituent le « texte », le tissage, d’une
histoire qui peut être interprétée par le
spectateur. Dans la peinture classique, les
signes expressifs – geste, regards,
mouvements, attitudes… – sont les signes
exacts des affects et des passions de l’âme.
Félibien, ce grand critique du XVIIe siècle
commentateur des tableaux de Poussin,
affirmait : « De même que les lettres de
l’alphabet servent à former nos paroles et à
exprimer nos pensées, de même les linéaments
du corps servent à exprimer les diverses
passions de l’âme pour faire paraître au-dehors
ce qu’on a dans l’esprit ».
Dans cette perspective, Poussin pouvait écrire,
en 1639, à Chanteloup, son commanditaire du
tableau La Manne : « Lisez l’histoire et le
tableau, afin de connaître si chaque chose est
appropriée ». Louis Marin montre comment
Poussin dans Les Bergers d’Arcadie conduit et
oriente la vision du spectateur (1). « Lire le
tableau » n’est pas une opération naturelle de
l’œil, « c’est un jugement, un office de raison
répandu dans le tableau ». Marin met en
évidence un modèle de récit pictural où les
mouvements et les actions des personnages
rendent compte des passions et des affects
échangés. La désignation par le geste, le
questionnement par le regard, le déplacement
de la main… réalisent des formes de relation et
de contact qui recouvrent les fonctions
fondamentales de la linguistique mises en
valeur le linguiste Roman Jakobson. Les corps
des personnages agissants effectuent une
médiation, d’une part entre les personnages, et
d’autre part entre l’espace du tableau et
l’espace de réception du spectateur (2).
Ces modalités de la médiation du corps qui se
manifestent dans les représentations artistiques
du corps peuvent s’étendre aux usages dans
lesquels le corps se montre dans la perspective
de réalisation du corps social. En particulier
dans l’espace cérémoniel du groupe comme
c’est le cas dans la ronde magique des tribus de
Nouvelle-Guinée dont parle Marcel Mauss :
« Tous les corps ont le même branle, tous les
visages ont le même masque, toutes les voix
ont le même cri. À voir sur toutes les figures
l’image de son désir, à entendre dans toutes les
bouches la preuve de sa certitude, chacun se
sent emporté, sans résistance possible, dans la
conviction de tous… C’est alors que le corps
social est véritablement réalisé ».
La médiation du corps, qu’elle se manifeste
dans les représentations artistiques ou dans les
cérémonies sociales met en jeu un certain
nombre de conditions. Elle exige un sujet,
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individuel ou collectif, qui extériorise une
intention visant à produire une relation avec le
destinataire de la manifestation. Elle se situe
dans un cadre de compréhension qui suppose
des normes et des codes partagés. Elle est
intelligible dans un espace de pratiques
culturelles reconnu comme tel. La médiation
du corps, parce qu’elle délimite un espace de
vision et espace de jugement esthétique,
construit une raison sensible partagée : elle
institue une identité collective.
1. Questions sur l’argumentation
a) Notion de thèse
Objectif : à partir de la question relative à l’idée principale du texte, conduire les étudiants à
l’appréhension de la notion de thèse, à l’identification de celle-ci dans un texte quelconque et
à la formulation correcte d’une thèse personnelle.
1°) Dans le texte ci-haut, identifier et reformuler la thèse de l’auteur
2°) Opposer cette thèse à une antithèse en vue d’une synthèse
- Confronter une thèse défendue sur un thème donné à une thèse contradictoire et
construire son propre point de vue sur le même thème qui soit différent de ceux repris
dans les deux thèses.
- Synthétiser l’ensemble des trois points de vue en présence dans une carte conceptuelle
(un thème central, trois thèses opposées, des arguments et leurs liens avec l’une ou
l’autre thèse qu’ils aident à défendre ou à contredire, des exemples relatifs à chaque
argument).
b) Arguments vs exemples
Objectif : identifier dans un texte des arguments invoqués à l’appui de la thèse défendue, en
les distinguant clairement des exemples en présence.
1°) Dans un diagramme, relier à la thèse en présence des arguments y relatifs et à chaque
argument un (des) exemple(s) qui en constituent l’illustration.
2°) Distinguer les arguments des exemples proposés
- Lister les différents exemples présents dans le texte, regrouper ces exemples par
rapport à chaque argument avancé, en vue de reconstituer la thèse de l’auteur.
- A partir de la thèse soutenue, formuler deux ou trois arguments y relatifs et étayer
chaque argument par deux ou trois exemples.
c) Eléments introductifs
1°) Repérer l’expression ou les expressions qui introduisent la thèse défendue dans ce texte,
des arguments avancés à cet effet, ainsi que des exemples les illustrant.
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2°) Trouver, pour chaque expression, quelques synonymes pouvant être employés dans le
même contexte (ou cotexte).
3°) Identifier des unités linguistiques (connecteurs) marquant l’approbation, la réfutation ou la
concession dans ce texte.
4°) Délimiter les parties du texte en suivant la stratégie argumentative de l’auteur (prêter
attention à l’emploi des connecteurs d’addition, de concession, de conséquence,
d’opposition).
N.B. : Questionnement pour l’analyse d’une argumentation (identifier les objectifs et enjeux
d’un texte) : Qui argumente ? Quelle est sa thèse ? Qui le soutient ? Qui s’oppose à lui ? Qui
s’agit-il de convaincre ? Pourquoi ?…
Merci de votre implication.
L’auteur.