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« P aris : il poignarde un passager dans le métro. Mar- seille : une septuagénaire entre la vie et la mort à la suite d’un vol à l’arraché… », autant de faits divers qui font les unes des quotidiens et renforcent le sentiment d’insécurité auprès du grand public, qui cherche son salut dans des méthodes de self-defense. Le 21 janvier dernier, Brice Hortefeux à l’époque minis- tre de l’Intérieur, a présenté un bilan chiffré de la politique de sécurité 2010 : une baisse globale de la délinquance générale (– 2,1 % par rapport à 2009) tempérée par une hausse des violences contre les personnes (+ 2,5 %). Cette dégradation n’est donc pas le fruit de fantasmes, mais bel et bien une réalité avec laquelle le public doit composer. Ces agressions sont souvent inat- tendues, rapides et violentes. Comme l’utilisation d’armes est interdite sur la voie publi- que et extrêmement restrictive au domicile, il ne reste plus, à la population soucieuse de se protéger, qu’à rechercher dans les activités d’opposition une réponse adéquate. Le modus operandi des agressions phy- siques se modifie de jour en jour, dans une surenchère effrénée à la violence gratuite. La fin justifie les moyens pour nombre de voyous, de plus en plus jeunes, qui n’hésitent plus à utiliser des armes de tous genres. Dans ces condi- tions, l’entraînement stéréo- typé, pratiqué notamment sur les tatamis, est aux antipodes de la réalité. Chaque pratique martiale est encadrée, codi- fiée, empreinte de respect de l’adversaire. Partant de ce postulat, le capitaine Jacques Levinet a mis au point une méthode évolutive, afin de répondre à la dogmatique de la rue, sans tomber dans la finalité militaire de neutralisa- tion d’un individu : le Self Pro Krav. L’Académie Jacques Levinet Self Pro Krav : une méthode redoutable Les origines du SPK Adepte du karaté dès son plus jeune âge, Jacques Levinet devient ceinture noire 5e DAN, acquiert un titre de champion de France “karaté combat” et sanctionne sa pratique par l’obtention d’un diplôme d’État. L’étude du combat sous toutes ses for- mes lui fait parcourir le monde (Canada, Israël, États-Unis…). La redoutable efficacité du Self Pro Krav par Jacques Lévinet, inventeur et initiateur de cette technique de self-defense Le logo de l’Académie Jacques Levinet TACTICAL N° 1 - juin 2011 (self-defense) 72

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SELF PRO KRAV avec le fondateur de la méthode, le Capitaine Jacques Levinet, ceinture noire 10e Dan SPK

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Page 1: TACTICAL MAGAZINE

«P aris : il poignarde un passager dans le métro. Mar-

seille : une septuagénaire entre la vie et la mort à la suite d’un vol à l’arraché… », autant de faits divers qui font les unes des quotidiens et renforcent le sentiment d’insécur i té auprès du grand public, qui cherche son salut dans des méthodes de self-defense. Le 21 janvier dernier, Brice Hortefeux à l’époque minis-tre de l’Intérieur, a présenté un bilan chiffré de la politique de sécurité 2010 : une baisse globale de la délinquance générale (– 2,1 % par rapport à 2009) tempérée par une hausse des violences contre les personnes (+ 2,5 %). Cette dégradation n’est donc pas le fruit de fantasmes, mais bel et bien une réalité avec laquelle le public doit composer. Ces agressions sont souvent inat-tendues, rapides et violentes. Comme l’utilisation d’armes est interdite sur la voie publi-que et extrêmement restrictive au domicile, il ne reste plus, à la population soucieuse de se protéger, qu’à rechercher dans les activités d’opposition une réponse adéquate. Le modus operandi des agressions phy-siques se modifi e de jour en jour, dans une surenchère effrénée à la violence gratuite. La fi n justifi e les moyens pour

nombre de voyous, de plus en plus jeunes, qui n’hésitent plus à utiliser des armes de tous genres. Dans ces condi-tions, l’entraînement stéréo-typé, pratiqué notamment sur les tatamis, est aux antipodes de la réalité. Chaque pratique martiale est encadrée, codi-fiée, empreinte de respect de l’adversaire. Partant de ce postulat, le capitaine Jacques Levinet a mis au point une méthode évolutive, afin de répondre à la dogmatique de la rue, sans tomber dans la fi nalité militaire de neutralisa-tion d’un individu : le Self Pro

Krav.

L’Académie Jacques Levinet

Self Pro Krav : une méthode

redoutable

Les origines du SPK

Adepte du karaté dès son plus jeune âge, Jacques Levinet devient ceinture noire 5e DAN, acquiert un titre de champion de France “karaté combat” et sanctionne sa pratique par l’obtention d’un diplôme d’État. L’étude du combat sous toutes ses for-mes lui fait parcourir le monde (Canada, Israël, États-Unis…).

La redoutable ef� cacité ■du Self Pro Krav

par Jacques Lévinet, inventeur et initiateur

de cette technique de self-defense

Le logo de l’Académie ■Jacques Levinet

TACTICAL N° 1 - juin 2011

(self-defense)72 > L’Académie Jacques Levinet

Page 2: TACTICAL MAGAZINE

Réfl exes et instinct de survieLe SPK est un cheminement pédagogique dans le développement de l’instinct de survie et de l’apprentissage de réfl exes conditionnés simples…

C’est à partir de ces expé-riences qu’il a mis au point le “SPK”, un système anti-agres-sion redoutable pour tous publics, hommes et femmes. “Self” pour self-defense, “Pro” pour professionnelle et “Krav”

pour combativité en hébreu, le SPK n’est pas pour autant une forme de kravmaga, dont il diffère par de nombreuses techniques spécifiques. Le SPK est un cheminement pédagogique dans le déve-loppement de l’instinct de survie et de l’apprentissage de réfl exes conditionnés sim-ples mais nécessaires à la

Le but : faire face ■aux violences gratuites et apprendre à surmonter une agression

Défense sur une batte ■de base-ball

protection individuelle. Afin de rester dans le réalisme des attaques de rue, le SPK met l’accent sur l’instinct de sur-vie ancré en chaque individu, en l’exacerbant. Il propose l’enseignement de gestes naturels, en opposition aux techniques martiales, parfois complexes et stéréotypées. « Ce n’est pas dans la diver-sité des solutions que réside la vérité, mais dans des mises en situation de terrain avec un agresseur non complaisant, qui ne joue pas le jeu d’un pantin immobile. » Travailler en ayant une proximité optimale,

(self-defense)

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73> L’Académie Jacques Levinet

Page 3: TACTICAL MAGAZINE

QUELQUES QUESTIONS

à Jacques LevinetRichard Dumas : • À quand remonte la création

du SPK ?

Jacques Levinet : À 1998, suite à 40 années d’expérience dans les arts martiaux, et à 25 ans de police, en tant que capitaine et formateur.

RD : • Pourquoi ce nom ?

JL : Le “Self Pro Krav” est une marque déposée, avec des techniques spécifi ques. J’ai voulu garder ce terme pour signifi er que, sans combativité ou esprit guerrier, on ne peut

survivre à une agression. Mon but est d’enseigner une méthode en phase avec la législation de notre pays. Ceci explique, par exemple, que dans le SPK le mot frappe n’existe pas, mais nous utilisons celui de riposte, ce qui n’est pas juridiquement la même chose.

RD : • Quelles sont vos relations avec les autres concepteurs de méthode de défense en France et à l’étranger ?

JL : En France, j’ai de très bonnes relations avec les experts, qui ont un esprit ouvert et qui me connaissent personnellement et autrement que par des commentaires plus ou moins complaisants. C’est le cas, par exemple, de Charles Joussot, une des principales fi gures du penchak silat, car nous nous apprécions mutuellement. À l’étranger, l’esprit est plus ouvert et moins nombriliste. J’ai d’excellents contacts avec Haïm Gidon, un des piliers du kravmaga en Israël, avec Aaron Elbaze, le représentant en France de l’expert Gabi Shai pour le kravmaga opérationnel, ou encore Moshe Galisko pour le kappap. Je pourrais citer de nombreux autres noms aux USA, comme Maurice Elmalem ou Jim Wagner, en Australie, au Canada, en Argentine, au Brésil, comme les frères Machado ou Francisco Mansur, ou encore en Russie… Le problème n’est pas entre les différents fondateurs et experts des méthodes de disciplines, mais entre les élèves qui veulent souvent que leur discipline soit la meilleure.

RD : • Le SPK, l’arme absolue ?

JL : Sûrement pas, car une telle idée s’avérerait dangereuse et irresponsable. Nous ne sommes jamais sûrs de rien, car même les plus grands champions ont eu à pâtir de leurs expériences malheureuses. Dans la rue, il n’y a pas de règles, pas d’arbitre, pas de respect, ce qui induit l’incertitude quant à l’issue de la confrontation. Nous cherchons à être très pragmatiques et accessibles, afi n de mettre la méthode à la portée de tous. Ils peuvent ensuite adapter, facilement, une autre méthode que nous leur enseignons, à savoir le “Real Operational System” ou ROS. Ceci dit, nous sommes fi ers de voir que nombre d’unités spéciales apprécient le SPK, au point que beaucoup nous ont envoyé leur personnel en instruction.

RD : • Comment devenir instructeur SPK ?

JL : Par l’acceptation de leur dossier d’inscription, suivie par la signature d’un contrat de qualifi cation professionnelle, au terme de six stages de week-end avec, à chaque fois, un examen à la clé. Ce cursus se termine par un examen technique, pédagogique et théorique très complet, pour devenir instructeur stagiaire pendant un an, avant d’être titularisé. La pédagogie joue un rôle déterminant dans notre Académie, car nous voulons fi déliser les futurs instructeurs au lieu d’en faire à tour de bras, pour grossir le nombre de clubs. Pour autant, nos qualifi cations professionnelles ne sont pas décernées à vie, mais renouvelées annuellement avec obligation de recyclage. C’est une garantie pour les élèves.

RD : • Votre étude du combat vous amène-t-elle à développer d’autres méthodes de défense ?

JL : Bien sûr, car les origines et les fi nalités sont communes. Le SPK se termine là où commence le ROS (Real Operational System), pour garder une façon de se défendre identique, selon les attributions spécifi ques des uns et des autres. Le cursus des différentes méthodes, avec ou sans armes, est similaire, car né de la même réfl exion, à savoir l’anticipation ou la surprise, face à une agression ou à une mission. La canne défense est, quant à elle, née de notre méthode du tonfa opérationnel, que je ne voulais pas enseigner aux civils. Mais ce qui fait la richesse de nos méthodes, ce sont leurs interactions, ce qui me pousse à les faire évoluer conjointement en fonction de leurs spécifi cités.

QUELQUES QUESTIONS

à Jacques Levinet• du SPK ?

Jacques Levinet : d’expérience dans les arts martiaux, et à 25 ans de police, en tant que capitaine et formateur.

• JL :des techniques spécifi ques. J’ai voulu garder ce terme pour signifi er que, sans combativité ou esprit guerrier, on ne peut

survivre à une agression. Mon but est d’enseigner une méthode en phase avec la législation de notre

dans une situation réaliste, permet aux pratiquants du SPK de démystifier l’agres-sion et d’appliquer des répon-ses adaptées en situation de stress.

Le SPK au féminin

Dans l’inconscient col-lectif, la femme reste le sexe faible, ce qui, en théorie, en fait une proie facile. Et pour-tant, en milieu naturel, aucun mâle, aussi puissant soit-il, n’osera affronter une femelle protégeant ses petits. C’est donc sur ces atouts physi-ques inhérents à son sexe, que le SPK féminin repose. Savoir gifl er, mordre, griffer ou utiliser les objets dont elle dis-pose, comme un magazine, un sac à main, des clés ou encore un stylo, sont autant d’axes autour desquels évo-lue cette pratique spécifi que. Avec un entraînement régulier, reposant sur des mises en situation à la fois stressantes et pragmatiques, toutes les femmes qui pratiquent cette forme de self-defense sont à même de pouvoir affronter les dangers de la rue et la vio-lence des agressions. Et pour les enfants ? Bien que notre société ait consacré ce que les analystes ont appelé “l’en-fant roi”, nos chérubins ont à affronter eux aussi, en dehors de leur cocon familial, les affres de la réalité. Violences scolaires, rackets et autres maltraitances physiques ou morales sont légion. Pour eux, le SPK aide l’enfant à sur-monter ses peurs, le forme à réagir, voire à s’enfuir afin de rompre l’agression. Le but est d’adapter des techniques de dégagement selon la puis-sance de l’adversaire. Le travail du cartable en est un exemple. La gestion des confl its enfant-enfant est aussi un volet de cette spécifi cité, l’idée étant de faire grandir l’enfant en déve-loppant chez lui des notions de civisme, de non-acharnement, mais aussi d’appréhender la gravité de certains gestes.

TACTICAL N° 1 - juin 2011

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Une méthode connue et reconnue

Le SPK est diffusé au sein de l’Académie Jacques Levinet, qui est une fédération internationale autonome. Elle est recon-nue par les structures où siègent les plus grands experts mon-diaux, toutes disciplines confondues. Parmi elles, citons l’ISMA (International School of Martial Arts), l’IPCSE (International Police Confederation of Security Experts), la WOSD (World Organization of Self Defence), la PMA (Police Martial Arts), l’IAEB (International Association Europa Budo 2000). En France, l’AJL dispose d’un agrément ministériel de la Jeunesse et des Sports, via la Fédération française de savate et bâton défense (FFSBF) où Jacques Levinet est, pour la canne défense, le res-ponsable technique national. Le Self Pro Krav est déposé en tant que marque auprès de l’INPI. Les titres d’instructeurs SPK sont des qualifi cations professionnelles, au titre de l’enregistre-ment de l’Académie AJL au ministère du Travail et de l’Emploi, en tant qu’organisme de formation professionnelle.

Jacques Levinet est attentif au travail des stagiaires et n’hésite pas à intervenir et à dispenser ses conseils, toujours judicieux. Cette proximité plaît, car l’esprit ouvert de Jacques est propice à l’échange. Dans chaque situation, la réponse fait appel

à des gestes simples, dont la fi nalité est toujours l’effi cacité. Et cette aptitude du SPK à donner les meilleurs résultats possibles ne se fait jamais au mépris de la loi. Je suis tou-jours stupéfait quand je vois, sur tel ou tel stage, l’utilisation de techniques qui visent à retourner l’arme sur l’agres-seur, en faisant abstraction du cadre juridique de la légitime défense et de la gestion de “l’après-agression”. Seul un entraînement sérieux et régu-lier est à même de développer des réactions rapides et salu-taires, afin de permettre une réponse adaptée. Plus que satisfait de cette rencontre, il ne me reste qu’à parfaire mon étude du SPK, et à découvrir, avec Jacques Levinet, le ROS (Real Operational System) à destination des professionnels de l’intervention et la canne défense.

Richard ( DUMAS

Une méthode plus que positive !Ouvert à tous, femmes et enfants compris, le SPK donne à chaque situation une réponse qui fait appel à des gestes simples, dont la fi nalité est toujours l’effi cacité. Les résultats obtenus, après un entraînement sérieux et régulier reposant sur des mises en situation à la fois stressantes et pragmatiques, sont les meilleurs possibles et ne se font jamais au mépris de la loi…

Le self Pro Krav ■au féminin

Défense sur étranglement ■

Le SPK, grandeur nature

C’est avec la pluie et une température à peine positive que je découvre le Palais des Sports Chaban Delmas, où siège la fédéra-tion AJL à Castelnau-le-Lez, dans la banlieue montpelliéraine. Les frimas de l’hiver contrastent avec l’accueil chaleureux de Jacques Levinet. Pour ce premier contact, je suis surpris par la sympathie et la simplicité dont fait preuve le personnage. Comme sur la plupart des stages de self-defense, la population de pratiquants est composée d’éléments venus de tous les horizons, où se mêlent infirmiers, gendarmes et autres. L’ambiance décon-tractée est néanmoins stu-dieuse. L’ensemble des situa-tions tactiques est passé en revue : saisie de face, défense au sol, menace au couteau…

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