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Tahitiens d'hier et d'aujourd'hui - Numilog

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TAHITIENS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

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CH. VERNIER

TAHITIENS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

SOCIÉTÉ DES MISSIONS ÉVANGÉLIQUES 102, Boulevard Arago, PARIS (XIVe)

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AVANT-PROPOS

Si cet ouvrage a pu paraître, il faut en remer- cier sans doute la C.M.J., c'est-à-dire la Com- mission Missionnaire des Jeunes. Son Président nous avait demandé de donner à la jeunesse chré- tienne universitaire, réunie au Cinquième Camp tflnitiation à Neuwiller (Alsace), en septembre 1933, un « cours » sur la Mission de Tahiti. Ce cours ne fut pas écrit, mais parlé, d'après des notes et des documents.

Dans le présent volume, nous avons repris et mis au point ce travail, présenté à la C.M.J.

Mais cet ouvrage, on le doit également aux très nombreux amis des missions de France, de Suisse, voiare d'Italie, qui nous ont si souvent demandé, au cours de nos tournées missionnaires, de publier quelque chose sur un sujet qui avait semblé les intéresser grandement.

Il nous est apparu en effet que la Mission de Tahiti était très peu connue ; pour quelques-uns, nos causeries étaient une véritable révélation. Pourquoi révélation ? Sinon à cause de la rareté des documents ou des ouvrages de vulgarisation sur le sujet.

La Société des Missions n'a guère publié que la petite brochure de M. Ed. Ahnne, volontaire-

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ment incomplète. Le livre de M. Arbousset (Tahiti et les Iles adjacentes) est épuisé depuis longtemps, et il date de plus de soixante ans.

C'est pourquoi nous avons voulu profiter de nos dernières semaines de congé en France, pour essayer de combler une lacune et satisfaire le vœu de beaucoup d'amis.

Nous l'avons fait avec l'enthousiasme d'un mis- sionnaire passionnément attaché à cette œuvre de Tahiti, et reconnaissant aussi envers les amis des missions qui, en Franc et en Europe, suivent avec un réel intérêt le développement de l'œuvre missionnaire.

En intitulant ce travail •' Tahitiens d'autrefois, Tahitiens d'aujourd'hui, nous avons voulu embras- ser l'histoire de la mission du Christianisme évan- gélique dans la Polynésie orientale, depuis son ori- gine jusqu'à la période actuelle.

A la demande de plusieurs, nous avons situé, dans un premier chapitre, le pays et ses habitants. Cette géographie physique, économique et hu- maine est donc l'entrée en matière toute natu- relle du livre. Le chapitre II retrace le paganisme tahitien avant l'arrivée des missionnaires.

Les chapitres III et IV racontent plus spécia- lement l'histoire du développement du christia- nisme à Tahiti : ses difficultés, puis son triomphe,

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suivi d'une grande et longue épreuve. Nous l'avons fait avec impartialité, en nous confor- mant, da-ns le chapitre IV, aux « inspirations de la charité, sans hostilité à l'égard de personne ».

Ce livre — nous l'espérons — pourra être utile d'une manière spéciale aux cercles missionnaires qui ont souvent voulu étudier la Mission de, Tahiti, mais qui se sont trouvés arrêtés par l'ab- sence de documents facilement accessibles. Puis- sent-ils découvrir dans cette étude des raisons nouvelles d'aimer les Missions et de croire tou- jours plus à la Puissance régénératrice de l'Evan- gile de Jésus-Christ.

Paris, le 15 octobre 1934. Charles VERNIER.

N. B. — Nous prions le lecteur qui rencontrera dans ce livre des noms écrits en langue tahitienne, de se souvenir que la voyelle ie se prononce ou, et que l'e n'est jamais muet. C'est ainsi que Ru- rift u se prononce Rouroutou, et que Papeete se . prononce Papéété.

Ch. V.

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DEUXIEME AVANT-PROPOS

La première édition de ce livre ayant été rapi- dement épuisée, bien avant la dernière guerre de 39-45, la Société des Missions de Paris en publie aujourd'hui une seconde, revue, corrigée et aug- mentée.

En comparant les deux éditions on remarquera: 1) que nous avons un peu changé le titre du

livre, sans en changer le contenu. Nous avons pensé en effet que l'expression Tahitiens d'hier et d'aufourd'hui était préférable à celle de Tahitiens d'autrefois, Tahitiens d) aujourd' hui ;

2) que nous avons sensiblement augmenté le chapitre premier, afin de bien situer la physiono- mie du peuple tahitien ;

3) que nous avons enfin ajouté à la fin du livre — à la demande de la Société des Missions — un appendice sur les effets de la dernière guerre à Tahiti.

Puisse la nouvelle édition de ce livre intéresser tous les lecteurs, et en particulier ceux qui aiment les questions missionnaires et demandent à Dieu que Son Règne vienne !

Paris, le 12 février 1948. 1 Charles VERNIER.

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CHAPITRE PREMIER

TAHITI

Géographie physique

On a longtemps attribué la découverte de l'île de Tahiti au navigateur espagnol, Fernandez de Qitiros, en 1606. Il paraît aujourd'hui certain que cet honneur revient au capitaine anglais IVallis, qui y arriva en 1767, et donna à l'île le nom de Otditi (i), ou Ile du Roi Georges- III.

Un an après, en 1768, le Français Bougain- ville visita Tahiti. Il la surnomma « la Nouvelle Cythère », à cause de la beauté du pays et du charme des habitants.

Le capitaine Cook fit à son tour quatre voyages à Tahiti, de 1769 à 1777, et c'est à lui, en vérité,

(1) O-taïti, ou « O-tahiti », veut dire « c'est Tahiti ». C'est la réponse que firent les indigènes à la question de Wallis : « Quelle est cette île ? » L'orthographe officielle du nom de l'île est depuis longtemps Tahiti.

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que l'on doit les premiers renseignements scien- tifiques et précis sur Tahiti et les autres archi- pels. C'est en effet au cours de ces voyages qu'il découvrit d'autres îles importantes du groupe, et qu'il donna le nom d'Iles de la Société à l'ensem- ble des deux archipels principaux : celui des Iles du-Vent (Tahiti-Mooréa) et celui des Iles Sous- le-Vent (Raïatéa, Huahiné, Bora-Bora...). Il les appela ainsi en l'honneur de la Société royale de Géographie de Londres, qui avait assumé les frais de ces expéditions lointaines. Ce nom a pré- valu jusqu'à ce jour (i).

Mais l'archipel des Iles de la Société ne cons- titue qu'une partie des Etablissements français de l'Océanie, ou de la Polynésie française. Celle- ci comprend, en outre, d'autres archipels, fort distants les uns des autres. Ce sont : les Iles Mar- quises, à 1.600 kilomètres au N.-E. de Tahiti ; les Iles Tuamotu, ou Paumotu ou Iles Basses, au N.-E. et à l'E. de Tahiti ; les Iles Gambier, à 1.700 kilomètres à l'E. de Tahiti, et enfin les Iles Toubouai, ou Iles Australes (Rurutu, Rimatara, Rapa, etc.) au Sud et au S.-E. de Tahiti, à 500 et 1.200 kilomètres. Soit une centaine et plus d'îles volcaniques, d'atolls et d'îlots, dont la super- ficie totale est de 4.210 kilomètres carrés, c'est- à-dire à peu près la moitié de la Corse. Ces archi- pels sont disposés sur toute la périphérie de

(1) Après Cook, de nombreux navigateurs ou explo- rateurs ont visité le groupe et l'ont décrit : Domingo Benechea, Vancouver, Bligh, Dumont-d'Urville, etc...

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Tahiti, et sur une surface de l'Océan qui équi- vaut à plusieurs fois celle de la France (2).

Au point de vue physique ou géologique, ces îles se ramènent à deux types principaux : les îles hautes, ou volcaniques, et les îles basses ou madréporiques. Tahiti, les îles Sous-le-Vent, les Marquises, les Gambier, les îles Australes appar- tiennent au premier type : ce sont des îles mon- tagneuses, boisées, couvertes de fougères ou d'her'be, coupées de larges vallées, aux rivières fraîches et limpides et à la végétation luxuriante. Quelques-unes sont remarquables par leurs for- mes pittoresques (Mooréa, Bora-Bora, Ua-Pou, Fatu-Iva, Rapa). Beaucoup d'entre elles sont pro- tégées par un grand récif extérieur — véritable

(2) ...Constituant une surface émergée de 4.000 kilo- mètres carrés ces archipels s'éparpillent sur une. sur- face maritime voisine de 2.000.000 de km2. Cette pous- stère d'îles qui représente à peine l'étendue d'un petit département français, occupe ainsi une portion du globe comparable en surface à l'Europe occidentale. Une carte superposant les E.F.O. avec l'Europe montre mieux que bcute autre comparaison, cette extraordinaire dispersion.

Si en effet on fait coïncider la capitale de la colonie, Papéété, avec la capitale de la métropole, Paris, on cons- tate que les Iles Sous-le-Vent viennent se placer sur le Bassin de Londres, tandis que Rapa occupe le nord de la Sardaigne, que les Gambier et les Marquises entou- rent respectivement Belgrade et Oslo et que l'archipel des Tuamotu recouvre l'Europe centrale et la plus gran- de partie de l'Allemagne occidentale. Cette formidable dispersion explique les difficultés qu'a rencontrées la colonisation française pour la mise en valeur et l'admi- nistration de ces petits territoires et surtout pour leur organisation sociale. — E. DE CURTON, Tahiti, Terre française combattante, p. 12.

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trottoir de vingt à trente mètres de large — qui les entoure presque complètement. Dans certains endroits, le récif touche à la côte ; ailleurs, il s'en écarte à quelque distance, et ouvre ainsi des plans d'eau et plusieurs bons ports où l'on pénètre par des brèches naturelles (passes).

Tahiti est la plus grande des, îles volcaniques de la Polynésie française. Elle a une superficie de 1.000 kilomètres carrés environ, et un pourtour de 180 kilomètres.

Les Tuamotu appartiennent au second type, ce- lui des îles madréporiques ou atolls coraligènes. Elles sont absolument plates et émergent à un ou deux mètres au-dessus du niveau de l'Océan (i).

Cet archipel est formé d'une poussière de plus de 70 atolls. Le plus grand, Fakarava, pourrait contenir dans son lagon l'île de Tahiti tout entière.

On connaît le travail de ces microscopiques infusoires (polypes) qui, patiemment, à travers les siècles, ont édifié leurs formations coraligènes sur les crêtes rocheuses, de ce que l'on croit d'an- ciens cratères enfouis. Ces formations sous-ma- rines, longtemps invisibles, ont fini par émerger,

(1) Le sol est du carbonate de chaux tantôt semé de sables calcaires, tantôt hérissé de blocs redres- sés ; ce calcaire grossier a été perforé par l'eau de manière à avoir à la surface l'aspect de roches madréporiques ; mais ce n'est qu'un calcaire coquiller où l'on trouve des bivalves pétrifiés, et ça et là, de rares madrépores empâtés dans la masse et dans les fissures. — JOUAN, Revue maritime et coloniale, 1861, P. 365.

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et recevoir peu à peu les déchets de toute sorte que leur ont apportés les courants et les vents. C'est ainsi que les noix de coco, les graines des pandanus, des arbres de fer, ou d'autres plantes vivaces ont pris racine sur ces récifs, et qu'à l'heure actuelle, ces îles basses sont couvertes de cocotiers et de toute une végétation particu- lière très dense. Vues de haut, elles ressemblent à des couronnes de verdure posées sur le vaste océan.

Bougainville a appelé l'archipel des Tuamotu « l'Archipel dangereux » ou « l'Archipel per- nicieux » ; dangereux en effet, il l'est non seu- lement à cause de l'invisibilité de ces îles par nuit noire ou temps couvert, mais aussi à cause des haut-fonds innombrables — à peine visibles de jour — semés dans toute cette région, et sur lesquels de forts courants font dériver facilement les navires. Cet archipel est le tombeau des voi- liers et des vapeurs.

Les atolls, nous en avons donné la raison, ont tous la forme circulaire. Ils contiennent, à l'inté- rieur de l'anneau de verdure, un beau lac d'eau salée. L'anneau, large lui-même de quelques cen- taines de mètres, n'est pas toujours continu : il est coupé de brèches assez profondes, qui consti- tuent des passes- d'entrée et de sortie, pour les courants et les navires. La profondeur de ces lacs varie de 5 à 30 mètres. C'est dans ces eaux tièdes, extrêmement limpides, que se développent — sur des fonds de sable ou de corail — des millions d'huîtres perlières. Les indigènes — véritables poissons — plongent « à nu » dans ces fonds

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pour extraire les précieuses huîtres pintadines, qu'ils vendent pour le commerce de la nacre et des perles fines.

Il y a lieu de noter, en Polynésie française, un troisième type d'île : l'île — unique en son genre — de Makaiêa, ou l'île des phosphates, à 120 milles au N.-E. de Tahiti. Elle a été consti- tuée par trois soulèvements successifs du sous-sol marin. Elle atteint 100 mètres de hauteur à son point culminant. Elle a l'aspect d'un plateau isolé, dont les bords, surtout dans la partie ouest de l'île, tombent à pic dans l'océan. Les falaises sont partout percées de grottes et de galeries souterraines, où se trouve de l'eau saumâtre. Au flanc de ces falaises, se voient très distinctement les traces des anciens niveaux de la mer, indices des soulèvements successifs de ce très vieuix lagon (Voir Leverd. Bulletin des Etudes océanien- nes, septembre 1917). C'est sur ce plateau con- cave que l'on extrait un phosphate, extrêmement riche, abondant et logé dans des poches.

Saisons, climat. — Tahiti se trouve envi- ron au 170 degré de latitude sud et au 151e degré de longitude ouest. C'est la latitude des Nouvel- les-Hébrides, du Zambèze, du Pérou, d'une par- tie du Brésil, de Madagascar (Tamatave). On est donc en plein pays tropical. Ici, il n'y a jamais d'hiver ; il y fait toujours chaud ; aussi a-t-on pu appeler cette île, le « pays de l'éternel été ».

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PÊCHEURS

REQUIN CAPTURÉ EN MER (47 kg.)

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L'année, à Tahiti, est partagée en deux sai- sons : la saison sèche et la saison des pluies. La saison sèche s'étend d'avril à octobre : elle est caractérisée par la prédominance des vents ali- zés (Sud-Est) et par une température relative- ment fraîche, surtout la nuit. En juin-juillet, le thermomètre peut descendre jusqu'à 16 degrés au-dessus de zéro, au petit jour. Dans la jour- née, il monte vite à 26-30°. Les indigènes sont très sensibles à cette baisse de température et contractent à cette saison des rhumes et bron- chites qui, mal soignés, dégénèrent souvent en congestions pulmonaires ou autres affections de poitrine. C'est pendant cette saison que l'on peut le mieux apprécier la beauté et le charme de ces iles ; aussi, le courant touristique a-t-il lieu à cette époque-là.

La saison des pluies (novembre à mars) mérite bien son nom : pluies lourdes, tièdes, abondantes, poussées par des vents de N.-O. Elles grossis- sent instantanément les cours d'eau et ravagent les routes et les ponts. C'est la saison la plus chaude, la plus anémiante (32-34°). Souvent alors la chaleur est d'étuve ; l'atmosphère est saturée d'humidité. Dans les maisons, tout est transpercé par cette humidité : meubles, effets, papiers. La nourriture est difficile à conserver ; lé linge se pique de moisissure si l'on n'y veille, les chaussures aussi. Temps d'épreuve pour les Euro- péens.

Qu'est-ce à dire, sinon que la réputation de Tahiti et de l'ensemble des E.F.O. a été bien exagérée. Tahiti n'est pas le pays de l'éternel

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printemps au climat idéal, paradisiaque, mais bien un pays nettement chaud, tropical, éner- vant, anémiant à la longue. La moyenne annuelle

, de la température est de 25°, comme à St-Louis- du-Sénégal. Mais ce climat est relativement égal et sain à cause des alizés qui soufflent presque toute l'année et du vent des montagnes (Hupe) qui rafraîchit la température et procure des nuits délicieuses.

L'île de Tahiti est formée de deux presqu'îles d'inégale grandeur : l'une, Tahiti-Nui, presque ronde (120 km.), l'autre, Tahiti-Iti, beaucoup plus petite et de forme ovale (60 km.). Elles sont reliées par un isthme de 2.400 mètres de largeur et de 14 mètres de hauteur : l'isthme de Taravao. Tahiti-Nui a un diamètre de 30 à 40 kilomètres.

Ces deux presqu'îles sont extrêmement monta- gneuses, mais c'est dans la plus grande que se trouvent les plus hauts sommets : l' A or ai (2.087 m-) et VOrahéna, flanqué du Pitohiti (2.237 m.). Ces majestueux massifs encadrent et dominent le pic central de Maiao, appelé le Diadème, à cause de sa forme qui rappelle une couronne royale. Les inclinaisons presque verti- cales de certaines de ces montagnes les rendent souvent inaccessibles - d'autre part, l'exiguïté de leurs plateaux, ou leurs crêtes, rendent les autres difficilement habitables. C'est la réponse qu'on doit malheureusement faire à ceux qui en Europe s'étonnent que Tahiti ne possède point de station climatérique permanente.

Ces hautes montagnes, souvent perdues dans p

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les nuages, donnent naissance à de nombreux cours d'eau qui dévalent en cascades bondissantes et viennent fertiliser les vallées et les petites plaines de l'île. — Les vallées de Tahiti sont jus- tement célèbres par leur poésie incomparable. Pierre Loti a chanté celle de Fautaua, qui part du Diadème et débouche à Taunoa dans les envi- rons de Papéété.

L'intérieur de l'île est absolument désert ; une brousse épaisse et presque impénétrable le recou- vije.

La plaine, à Tahiti, n'est autre que l'étroite bande de terre alluvionnaire, large de quelques centaines de mètres, ou parfois, de un à deux kilomètres, qui s'étend du rivage de la mer jus- qu'au pied des premières collines. C'est sur cette plaine très riche que se sont groupés les indigè- nes, que s'étendent leurs villages et leurs plan- tations. Les vallées furent habitées autrefois, avant l'arrivée des Européens ; elles constituaient alors le dernier réduit fortifié, dans les guerres d'île à île, ou de district à district. Actuellement, personne n'habite dans le fond des vallées ; mais celles-ci sont comme le grenier à fruits de la population indigène.

L'unique route, à Tahiti, suit le pourtour de l'île, en traversant la plaine côtière. Elle connaît une solution de continuité de 25 kilomètres, dans la partie sud. En faisant sur cette route le tour de l'île, on a l'illusion souvent de traverser un parc exotique, riche en couleurs. D'ailleurs, on ne perd jamais de vue la mer, qui est toujours

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là, dans les environs immédiats (i). Seuls des sentiers remontent les vallées.

Flore. — La flore de Tahiti est extrêmement variée, comme ceMe des pays tropicaux. Cette île est le paradis des botanistes.

Parmi les arbres, il en est deux qui méritent une mention très spéciale : le cocotier et l'arbre à pain.

Le cocotier est la providence de l'indigène. On le rencontre partout, en Océanie, et chacun en plante sur sa terre. Une noix de coco germée met 6 à 8 années à achever son développement, c'est-à-dire à devenir un palmier adulte, produc- tif. Mais quelle merveille ! Ce stade atteint, ce végétal ne connaîtra plus de saisons ; il ne s'ar- rêtera plus de produire ; il fleurira tous les jours, et produira son fruit tous les jours, et cela pen- dant 50 à 60 années. La noix, suivant son degré de maturité, contiendra une eau sucrée, claire, pétillante, ou bien une amande blanche, épaisse comme un doigt ; celle-ci, séchée au soleil pen- dant quelques jours, donnera le copra. Ce copra, très riche en huile, servira à la fabrication du

(1) « En somme, l'aspect de ces rivages offre une variété sublime de beauté naturelle, une heureuse com- binaison de terre et d'eau, de précipices, de plaines, d'ar- bres projetant leur feuillage épais sur des eaux limpides, des montagnes éloignées dessinant leur profil sur un ciel pur ; tout se réunit pour donner au spectateur de déli- cieuses sensations. ». — Arbousset, Tahiti et les Iles adjacentes, p. 6.

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savon ou de nombreuses huiles de cuisine (végé- taline, cocose, etc...). Le cocotier, on l'a compris, sert à l'indigène une véritable <( rente perpé- tucl1e ». Qu'il dorme ou qu'il veille — selon l'image biblique — il est sûr de récolter son fruit.

Ce palmier est par ailleurs très utile : on le retrouve dans plus de 120 emplois différents : toitures, cordages, remèdes, aliment, breuvage, sauces, huile, etc. (1).

L'autre arbre-providence, qu'on rencontre éga- lement à profusion en Polynésie, c'est l'arbre à pain (artocarpus incisa) ou « maïoré ». C'est un grand et bel arbre, au feuillage opulent. Ses feuilles, d'un beau vert, sont luisantes, immobiles, comme celles du figuier, et largement découpées, comme une main ouverte. Son fruit vert-clair est assez semblable, quant à la forme, à un melon sans côtes ; il est gros comme la tête d'un enfant. A l'époque de la récolte — il y en a deux dans l'année — un seul arbre en produit des quantités extraordinaires. C'est un spectacle très beau. vrai- ment, qu'un arbre à pain chargé de fruits.

Le fruit de l'arbre à pain se mange toujours cuit ; la pulpe est blanchâtre et farineuse ; elle a un peu le goût de la châtaigne bouillie. Sa va- leur nutritive n'a pas cependant celle de notre pain d'Europe, ni celle de la pomme de terre.

(1) Le climat marin lui convient parfaitement et un proverbe tahitien dit que pour prospérer « le cocotier doit avoir les pieds dans le sel (c'est-à-dire l'eau de mer) et la tête dans le feu (au grand soleil des tropiques) ». — E. AHNNE, Dans les Iles du Pacifique, p. 20.

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Mais les indigènes en ont fait l'une des bases de leur alimentation (i).

Il y a à Tahiti de nombreux fruits ; le princi- pal est certainement la banane, dont les variétés ne se comptent pas. Détail curieux, les indigènes et parfois les Européens la mangent surtout comme un légume, c'est-à-dire cuite. Mais c'est la grosse banane de montagne : le fêi, que les Tahitiens préfèrent. Ils n'hésitent pas à remonter les vallées profondes et à descendre dans des poches dangereuses pour y cueillir les régimes de féïs et en rapporter les lourdes charges jusqu'au village.

Outre la banane, il y a aussi, à Tahiti, les oran- ges, extrêmement juteuses, les mangues, surtout les mangues greffées, la papaïe, qui a un peu l'aspect et le goût d'un melon sans le parfum ;

(I) Une vieille légende polynésienne exprime bien l'importance qu'a cet arbre pour les indigènes. Selon cette légende, les Tahitiens, à une époque assez reculée, furent réduits à une extrême disette.

« Quelques habitants d'un village de Tahiti se ren- dirent auprès de leur vieux chef et lui exposèrent leur angoisse comme suit : « Regarde la terre, elle ne pro- duit plus rien ; vois les arbres, plus de fruits sur leurs branches..., nous allons mourir de faim ! Toi qui es vieux et qui es notre chef, donne-nous un conseil pour que nous ne mourions pas. » Le vieux chef se recueillit un instant, puis, s'adressant à sa tribu : « Mes enfants, leur dit-il, écoutez-moi ; faites un trou ici, dans la terre, un trou profond ! » Ainsi fut fait. Le vieux chef examine alors le trou, puis il y descend et s'écrie : « Mes amis, remplissez de terre ! » Les Tahitiens hésitent, ils refusent ; cependant, sur l'insistance de leur vieux chef, le trou est rempli.

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l'ananas, la goyave, l'avocat, la pomme cythère, etc.

Comme féculents : la patate douce, l'igname, le manioc, le taro (arum esculentum), sorte de betterave bleutée, très abondante surtout aux Iles Australes.

Les cultures principales auxquelles se livrent les indigènes de Tahiti et des autres archipels sont — indépendamment des féculents ci-dessus nommés — celles du café, de la canne à sucre, du maïs, de la vanille, des ananas. Le coton, le cacao et le caoutchouc pourraient aussi y prospérer remarquablement. Ces cultures tropicales con- viennent très bien à la fécondité merveilleuse du sol des îles volcaniques de la Polynésie.

Mais ce sol ne convient pas au blé, à la vigne, à la pomme de terre ni à la plupart des arbres fruitiers d'Europe. Le blé, certes, pousse très

« Quand sa tête émerge seule de terre, sa voix, une dernière fois, se fait entendre : « Rentrez dans vos demeures, leur dit-il, et demain matin revenez me voir. »

« Sans comprendre, ils rentrèrent dans leurs cases. La journée leur parut longue ; la nuit, ils ne dormirent pas ; à la pointe du jour, ils sortirent comme un seul homme de leurs cases, et se hâtèrent vers le lieu où ils avaient enterré leur vieux chef ; mais quel ne fut pas leur ébahissement ! Au lieu de la tête de leur vieux chef, émergeant de terre, ils ont maintenant devant eux un arbre immense, magnifique. Les jambes de leur vieirx chef étaient devenues, sous terre, de puissantes racines ; son buste était devenu un tronc vigoureux ; ses bras, des branches chargées de feuilles, et sa tête, le fruit sauveur. Il y en avait des centaines et des centai- nes. Ils en mangèrent, dit la légende, et ne moururent pas. »

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bien, monte, fleurit, mais ne porte absolument pas de grain ; la plante de la pomme de terre ne fournit que des tubercules gros comme des noi- settes... Le sol de la zone côtière est sans doute trop riche et le pays trop chaud et surtout trop humide. Il suffit d'ailleurs de changer de latitude, en Polynésie, pour voir le phénomène inverse se produire : c'est ainsi qu'à Rapa, l'île la plus au sud du groupe (à 1.200 kilomètres de Tahiti), les pommes de terre réussissent à merveille, mais les cocotiers y viennent très mal.

On trouve aussi à Tahiti eL dans les autres archipels des arbres ou essences recherchés pour leur bois, tels que le tamanu (calophyllum nwno- phyllum), le miro (thespesia populnea), le bois de fer (casuarina equisetifolia). le purau (hibis- cus t Mac eus) ; le bois de santal, le bois de rose, le bancoul, le kapok, le râtâ. A noter aussi une sorte de châtaignier des vallées (inocarpus edulis), le p and anus odoratissimus, etc.

Faune. — La faune est pour ainsi dire nulle à Tahiti. Dans les montagnes ou les vallées, il n'y a pas d'animaux sauvages. Très peu d'oi- seaux également. (Les vallées et les forêts, à Tahiti, sont silencieuses). Dans d'autres îles, ils abondent cependant : des kuku (tourterelles) et des rupe (espèces de ramiers), des poules et coqs sauvages.

On ne rencontre guère dans ces archipels que les animaux qu'on y a importés : cochons, chèvres, bœufs, chevaux, moutons, chiens, chats, rats,

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volaille (i). Aux Iles Marquises, le bétail — n'étant presque pas abattu à cause de la dépopu- lation de ces îles — s'est développé, sauvage, dans la brousse des hauts-plateaux ; les che- vaux et les ânes également, sont sauvages dans d'autres îles. Aux Gambiers et à Rapa, comme aux Marquises encore, les chèvres foisonnent sur les collines. A l'occasion des grands festins publics ou pour ravitailler un baleinier de pas- sage, les indigènes organisent des captures de chèvres sauvages ; mais ces battues n'entament guère le troupeau (2).

(L) Il semble que le cochon soit l'animal le plus ancien qui ait existé à Tahiti. Wallis, Bougainville, Cook, Bonechéa, Bligh, Vancouver, le signalent tous. Les indigènes l'appelaient puâà... la bête, Aussi, lorsque les autres animaux furent importés, les indigènes les dénommèrent en les comparant au cochon, la bête-type bien connue d'eux. C'est ainsi que le cheval fut appelé : le cochon-qm-court-sur-la-terre ; la chèvre : le cochon- aux (bonnes) dents ; le boeuf : le cochon-aux-cornes-ten- dues ; le dhat s'appelle : l'animal qui-appelle-dans-la- maison.

Un oiseau introduit à Tahiti pour détruire les guêpes — le merle des Molluques — est devenu un fléau. Il pré- fère les bananes, les fleurs de vanille, le coprah... aux guêpes.

(2) Voici comment on procède, aux Marquises, pour ces captures : les indigènes poussent devant eux le trou- peaif, et le font converger vers l'extrémité d'une falaise dominant la mer. Traquées de toute part, elles se jet- tent d'elles-mêmes à la mer, les boucs se précipitant les premiers. En bas, sur la mer, des barques attendent à une certaine distance, et l'on fait la rafle des plus belles chèvres. Le requin, lui aussi, fait des coupes sombres. Hélas ! combien de chèvres qui, drossées contre les falaises, sont tuées, assommées par les rouleaux qui brisent avec force sur ces côtes sauvages !

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Détail réjouissant : il n'y a ni serpents, ni bê- tes fauves en Polynésie. On peut camper de jour ou de nuit dans les vallées, s'enfoncer dans les gorges les plus retirées sans être inquiété de ce côté-là. Les moustiques ! voilà peut-être ce qui importune le plus l'Européen, surtout pendant les premiers mois de son séjour dans les îles. Certains: moustiques sont même assez dangereux : ce sont les moustiques à filaires. Ils peuvent provoquer, petit à petit, sur des sujets prédis- posés, ce qu'on appelle là-bas des « crises de lym- phangite » — sorte de malaria — dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles sont très doulou- reuses et déprimantes. Et c'est quelquefois le commencement de l'éléphantiasis, affection très commune dans les Iles de lai Société, surtout à Mooréa, à Huahiné et à Raiatéa.

En Polynésie, la vie animale est beaucoup plus riche dans la mer que sur la terre. Le Pacifique des tropiques est extrêmement poissonneux. La variété des poissons est infinie : thons, bonites, dorades, bécunes, carangues, maquereaux, pois- sons-volants, rougets, mulets, perroquets, scares aUJ bec dtir, etc., espadons, marsouins, requins, (des baleines dans les eaux plus fraîches des Iles Australes). Même remarque pour les crustacés : crabes, coquillages, langoustes... (i).

Dans toute la Polynésie abonde un très gros (i) Nous ne parlons pas ici des petits poissons aux

nuances les plus vives comme les plus rares qui se croi- sent en totrs sens dans les rameaux des coraux qui tapis- sent les mers intérieures. Que de beautés sous-marines ravissantes, qui font penser au Ps. 104 :24-25.

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crabe : le tourlourou. Il vit dans les terrains sablonneux et humides qu'il mine. On trouve aussi dans les atolls et à Makatéa le birgus latro, ou crabe des cocotiers, énorme crustacé qui offre la particularité, dit-on, de grimper jusqu'au bout des cocotiers pour en détacher les noix dont il fait sa nourriture. Les indigènes en sont friands.

Ajoutons que les oiseaux de mer sont très abondants : hérons (otuu), bécassines (torea), paille-en-queue ou phénix (petea), hirondelle blanche de mer (itatae), le fou (kaveka), le cor- donmer ou malamoch (uaao), la frégate (otaha), mouettes, goélands, albatros, etc... Certains îlots sont couverts de milliers et de milliers de kavekas, à l'époque de la ponte ; leurs œufs sont une grande ressource pour les indigènes.

Géographie humaine

Les indigènes de la Polynésie appartiennent à la race Maorie, une des plus belles races du mon- de. Voici comment la décrit un ethnographe anciennement chargé de mission par le gouverne- ment français : « Par sa taille moyenne, le Maori égale et dépasse les Européens du Nord ; son teint bronzé — de bronze doré — est plus ou moins clair selon les archipels. Le front très haut est généralement vertical ; l'ovale du visage est régulier ; les yeux, à fleur de tête, sont noirs, horizontaux et plutôt rapprochés ; les oreilles sont parfois assez grandes ; la bouche en accent

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circonflexe est un peu épaisse, mais d'un contour agréable ; elle découvre en souriant des dents lar- ges et blanches ; la moustache et la barbe sont peu fournies ; les cheveux, généralement noirs et lis- ses, sont rudes et parfois crépus, mais jamais laineux. Les formes bien prises indiquent la vi- gueur ; le torse est droit et cambré ; cuisses, mol- lets, pieds et mains gardent des proportions nor- males. Les reins drapés de quelques mètres de cotonnade (paréu), le Maori de la brousse pré- sente un type réellement remarquable.

« Les femmes, gracieuses de geste et agréables de trait, surtout dans leur jeunesse, ont une dé- marche lente et superbe, que caractérise un fort mouvement de hanches en avant. Une épaisse chevelure, ornée de fleurs et réunie en natte, tom- be sur leurs rondes épaules ; l'ovale du visage est régulier ; leurs yeux noirs sont assez rapprochés, à fleur de tête, et voilés de longs cils noirs très fournis ; le nez est court et se dessine agréable- ment ; la bouche un peu épaisse est d'un contour délicieux ; les dents sont larges et blanches ; la gorge est ferme et opulente. Le corps robuste, bien pris, remarquablement proportionné est, au point de vue esthétique, admirable à voir en pleine lumière, avec ses belles lignes et ses tons ambrés, quand un rouge « paréu » le drape des reinis au genou.

« Mais ces impressions d'art, souvenirs de brousse, sont plutôt rares ; des longues robes sans taille, de forme vaguement empire, n'émer- gent que des faces mutines, des pieds et des mains ayant parfois une certaine finesse... (i). »

(1) R. NAUZIÈRE : Océanie française.

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