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Tanzania Commission for AIDS (TACAIDS) Renforcer les capacités de soutien aux organisations de la société civile dans la région de Mtwara at the University Hospital Heidelberg International Health Publié par : En coopération avec : 1 Informations sur le pays : Tanzanie En Tanzanie, l’Initiative allemande BACKUP et le Programme germano-tanzanien de promotion de la santé (Tanzanian-German Programme to Support Health, TGPSH) ont répondu favorablement à une proposition de leur organisation partenaire, la Commission tanzanienne de lutte contre le sida (Tanzania Commission for AIDS, TACAIDS). La TACAIDS est légalement mandatée pour assurer un leadership stratégique, coordonner les réponses multisectorielles au VIH, évaluer et suivre les évolutions, mobiliser des ressources et assurer promotion et défense. Ensemble, ces partenaires ont identifié le besoin de renforcer les capacités des organisations communautaires locales de promouvoir des programmes de lutte contre le VIH s’intéressant au genre, ainsi que le rôle de ces mêmes organisations en tant que partenaires des autorités gouvernemen- tales locales. Le projet Towards Gender-Sensitive and Gender- Transformative HIV Programming (élaboration de programme de lutte contre le VIH qui prennent en compte le genre et se soucient de l’évolution favorable des inégalités de genre) dans la région de Mtwara a été mis en œuvre avec deux organisations-cadres com- munautaires locales : MANGONET dans la municipalité de Mtwara et MTWANGONET dans le district de Masasi. Douze des organisa- tions de la société civile membres ont également travaillé sur des mesures de renforcement des capacités. 1. Contexte La Tanzanie fait face à une épidémie de VIH généralisée. Si la prévalence du VIH a diminué chez les femmes comme chez les hommes dans la plupart des groupes d’âge, un écart important subsiste entre les deux sexes, les femmes enregistrant plus de 60 % du taux de prévalence chez les adultes. Différentes études montrent que le faible statut économique et sociétal des femmes, les bar- rières socioculturelles, les pratiques et coutumes traditionnelles nocives et la violence liée au genre contribuent à une plus grande vulnérabilité des femmes face au VIH. Si les stratégies et politiques nationales reflètent l’engagement du gouvernement à répondre aux inégalités de genre en général et à lutter contre le VIH en tenant compte de celles-ci en particulier, les instances institutionnelles de l’architecture des genres ne disposent pas encore de la coordination et des ressources adéquates. Par conséquent, ces instances ont un impact limité aux niveaux sectoriel et national et la mise en œuvre de politiques de genre à tous les niveaux s’en trouve entravée. Au niveau local, le développement d’interventions spécifiques au genre dans les programmes de lutte contre le VIH dans les districts, quartiers et Population : Part des adolescents (10-19) parmi la population totale (%) : Indice de développement humain : Indice de développement lié au genre : Alphabétisation des adultes (%) : Espérance de vie (à la naissance) : Prévalence du VIH parmi les adultes (15-49 ans) (%) : Prévalence du VIH parmi les jeunes (15-24 ans) (%) : Personnes vivant avec le VIH : Part des femmes parmi les adultes vivant avec le VIH (%) : 43 000 000 23 152e rang (sur 187) 119e rang (sur 146) Féminin 67 Masculin 79 Féminin 57 ans Masculin 56 ans 5,8 7 Féminin 4 Masculin 1,8 1 600 000 58 1 2 3 4 5 6 7 7 7 7 Sources: (1) National Bureau of Statistics Tanzania 2010, quoted in Demographic and Health Survey 2010 (2) Unicef 2010 (3) United Nations Development Report 2011 (4) WHO 2009 (5) UNESCO 2009 (6) Population Reference Bureau 2011 (7) UNAIDS 2012 Source : commons.wikimedia.org

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Tanzania Commission for AIDS (TACAIDS) Renforcer les capacités de soutien aux organisations de la société civiledans la région de Mtwara

at the University Hospital HeidelbergInternational Health

Publié par : En coopération avec :

1

Informations sur le pays : TanzanieEn Tanzanie, l’Initiative allemande BACKUP et le Programme germano-tanzanien de promotion de la santé (Tanzanian-German Programme to Support Health, TGPSH) ont répondu favorablement à une proposition de leur organisation partenaire, la Commission tanzanienne de lutte contre le sida (Tanzania Commission for AIDS, TACAIDS). La TACAIDS est légalement mandatée pour assurer un leadership stratégique, coordonner les réponses multisectorielles au VIH, évaluer et suivre les évolutions, mobiliser des ressources et assurer promotion et défense. Ensemble, ces partenaires ont identifié le besoin de renforcer les capacités des organisations communautaires locales de promouvoir des programmes de lutte contre le VIH s’intéressant au genre, ainsi que le rôle de ces mêmes organisations en tant que partenaires des autorités gouvernemen-tales locales. Le projet Towards Gender-Sensitive and Gender-Transformative HIV Programming (élaboration de programme de lutte contre le VIH qui prennent en compte le genre et se soucient de l’évolution favorable des inégalités de genre) dans la région de Mtwara a été mis en œuvre avec deux organisations-cadres com-munautaires locales : MANGONET dans la municipalité de Mtwara et MTWANGONET dans le district de Masasi. Douze des organisa-tions de la société civile membres ont également travaillé sur des mesures de renforcement des capacités.

1. Contexte

La Tanzanie fait face à une épidémie de VIH généralisée. Si la prévalence du VIH a diminué chez les femmes comme chez les hommes dans la plupart des groupes d’âge, un écart important subsiste entre les deux sexes, les femmes enregistrant plus de 60 % du taux de prévalence chez les adultes. Différentes études montrent que le faible statut économique et sociétal des femmes, les bar-rières socioculturelles, les pratiques et coutumes traditionnelles nocives et la violence liée au genre contribuent à une plus grande vulnérabilité des femmes face au VIH. Si les stratégies et politiques nationales reflètent l’engagement du gouvernement à répondre aux inégalités de genre en général et à lutter contre le VIH en tenant compte de celles-ci en particulier, les instances institutionnelles de l’architecture des genres ne disposent pas encore de la coordination et des ressources adéquates. Par conséquent, ces instances ont un impact limité aux niveaux sectoriel et national et la mise en œuvre de politiques de genre à tous les niveaux s’en trouve entravée. Au niveau local, le développement d’interventions spécifiques au genre dans les programmes de lutte contre le VIH dans les districts, quartiers et

Population :

Part des adolescents (10-19) parmi la population totale (%) :

Indice de développement humain :

Indice de développement lié au genre :

Alphabétisation des adultes (%) :

Espérance de vie (à la naissance) :

Prévalence du VIH parmi les adultes (15-49 ans) (%) :

Prévalence du VIH parmi les jeunes (15-24 ans) (%) :

Personnes vivant avec le VIH :

Part des femmes parmi les adultes vivant avec le VIH (%) :

43 000 000

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152e rang (sur 187)

119e rang (sur 146)

Féminin 67

Masculin 79

Féminin 57 ans Masculin 56 ans

5,8 7

Féminin 4

Masculin 1,8

1 600 000

58

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3

4

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7

7

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Sources: (1) National Bureau of Statistics Tanzania 2010, quoted in Demographic and Health Survey 2010 (2) Unicef 2010 (3) United Nations Development Report 2011 (4) WHO 2009 (5) UNESCO 2009 (6) Population Reference Bureau 2011 (7) UNAIDS 2012

Source : commons.wikimedia.org

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villages a été ralenti par trois facteurs : le manque d’implication des organisations de la société civile (notamment celles compo-sées de personnes vivant avec le VIH), les obstructions et retards perpétuels des financements des districts et communautés et la capacité limitée des administrations locales à élaborer, mettre en œuvre et assurer le suivi de plans exhaustifs de lutte contre le VIH.

Une première étude conduite par l’initiative BACKUP a montré que les OSC locales ciblées, pour la plupart des organisations bénévoles financées par des dons, ont du faire face à des défis fondamentaux en termes de capacités (de gestion et d’organisa-tion, de composition des propositions et de suivi et évaluation, par exemple). Bien que conscients des aspects sociaux et culturels qui font que les inégalités de genre entravent la prévention du VIH, le traitement et les soins, les membres de ces OSC manquent des connaissances et des compétences nécessaires pour intégrer le genre dans leur travail quotidien. En outre, il existe peu de coordination entre les OSC et les autorités locales au niveau des districts.

2. Présentation du projet

Fondée sur cette étude, l’intervention visait l’autonomisation des OSC partenaires grâce à un renforcement de leurs capacités d’organisation, de leur aptitude à élaborer des programmes de lutte contre le VIH intégrant le genre, de leurs compétences en matière de plaidoyer, ainsi que leur capacité à agir en partenariat avec les autorités gouvernementales. Ces mesures ont été antici-pées autant que possible afin de permettre aux OSC de postuler pour des financements futurs de projets de lutte contre le VIH intégrant le genre.

Le projet ciblait des bénéficiaires à différents niveaux :

Les organisations faîtières Mangonet et Mtwangonet et leurs OSC membres ont eu l’opportunité de renforcer leurs capacités organisationnelles et leurs compétences en matière de plai-doyer et d’accéder à des financements pour mettre en œuvre

des activités de communication sur les changements d’attitudes et de promotion.

Les communautés desservies par les OSC ont bénéficié d’inter-ventions liées au genre qui ont été rendues possibles grâce à de petites subventions octroyées aux OSC.

Les autorités gouvernementales locales ont été un peu plus sensibilisées aux programmes de lutte contre le VIH sensibles au genre et la TACAIDS a été encouragée au niveau régional dans sa campagne de suivi du VIH intégrant la dimension du genre.

La TACAIDS a bénéficié d’un soutien au niveau national sous forme d’élaboration d’un guide de formation sur le genre et le VIH en général et des sessions de formation qui ont suivi, des-tinées à tout le personnel technique de la TACAIDS au niveau central et à tous les coordinateurs régionaux de la TACAIDS au niveau national. La TACAIDS a également été soutenue par la multiplication des retombées positives de la formation sur le genre et le VIH suivie par des journalistes dans une station de radio de Mtwara, et par d’autres dans des stations de radio dans tout le pays.

Du point de vue technique et financier, le projet a été soutenu par l’Initiative allemande BACKUP ; il a été mis en œuvre par la GIZ et commissionné par le BMZ pour deux ans, d’octobre 2010 à septembre 2012.

3. Approche

Á partir des conclusions principales de l’évaluation initiale conjointe, effectuée avec des parties prenantes nationales et locales, le projet s’est poursuivi selon une approche intégrée de renforcement des capacités, qui comprend quatre éléments étroi-tement liés : une phase d’étude participative qui comportait une enquête sur les questions essentielles de genre dans la région de Mtwara, une série de sessions de renforcement des capacités, des petits projets financés par des subventions et une campagne de promotion et de sensibilisation avec les autorités gouvernemen-

Photos : © GIZ

Panneau de l’organisation de tête MANGONET.

Secrétaire et président du MTWANGONET.

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tales. Tout au long de ces phases, le projet a travaillé en étroite concertation avec le Programme germano-tanzanien de promo-tion de la santé (TGPSH) de la GIZ.

4. Résultats

Les OSC ont déclaré être satisfaites par l’approche intégrée adop-tée pour l’analyse de la situation et le renforcement des capacités et par l’opportunité qui s’en est suivi de mettre en pratique les compétences nouvellement acquises en mettant en œuvre un petit projet financé par des subventions.

Le projet a débouché sur les résultats suivants :

Afin de documenter les futures activités de défense et de promotion, les 14 OSC et leurs groupes cibles (femmes, hommes et jeunes) ont participé à une étude qualitative sur les questions de genre dans la région. Au cours de cette enquête de terrain fouillée, des pratiques traditionnelles nocives ont été identifiées, notamment les camps d’initiation pour filles (unyago) et garçons ( jando), où des pratiques sexuelles et tra-ditionnelles et les rôles attribués aux hommes et aux femmes par les communautés sont enseignés à de très jeunes adoles-cents. L’étude a également révélé que les mutilations génitales féminines, bien que prétendument abolies, continuent d’être pratiquées dans certaines régions. Le mfumo dume, principe du patriarcat, a été identifié comme source de déséquilibre entre les genres dans les prises de décisions ainsi que de divorces et procédures d’héritage injustes. Les activités de défense, promotion et communication des OSC qui impliquent des tribunaux et des chefs traditionnels, ainsi que les autorités gouvernementales locales, tentent d’apporter des réponses à ces questions cruciales.

Les capacités des deux ONG faîtières et des douze OSC membres ont été renforcées grâce aux mesures de formation. Les OSC participantes ont affiché une meilleure compré-hension des questions liées au genre et ont par conséquent procédé à des ajustements au sein de leur propre structure, notamment à une représentation égale des hommes et des

femmes dans les comités de décision. En outre, les OSC ont intégré des aspects liés au genre dans les propositions sou-mises à d’autres bailleurs. Elles ont intensifié leur plaidoyer en faveur d’une prise en compte des aspects de genre dans l’élaboration des programmes de lutte contre le VIH. Elles ont amélioré leurs compétences de mise en œuvre et de gestion de projets, notamment en ce qui concerne la gestion financière, le suivi et l’évaluation, et ont nettement renforcé leurs capacités en matière d’élaboration de propositions.

Sur les 14 propositions soumises à la GIZ et concernant de petites subventions ( jusqu’à 6000 EUR) pour des projets sou-cieux de faire évoluer favorablement les inégalités de genre, 13 ont abouti et ont été mises en œuvre avec succès.

La collaboration entre les OSC et les autorités gouvernemen-tales locales a été améliorée et renforcée. En conséquence, des activités de prévention du VIH intégrant la dimension de genre ont été incluses dans les cinq plans biennaux de districts (MTEF 2012-13) de la région de Mtwara et les OSC sont consi-dérées comme des « partenaires sérieux de la société civile ».

Les deux districts ont mis en place des « guichets Genre » au sein des administrations locales.

Les OSC participantes fournissent désormais au système de suivi trimestriel de la TACAIDS des informations sur les activi-tés de lutte contre le VIH sensibles au genre.

Les résultats de l’étude sur le genre menée dans le cadre du projet ont pu être présentés oralement lors de la Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA ou CISMA) de 2011 qui s’est tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie.

Les OSC sont à présent mieux formées pour préparer des propositions. Plusieurs des OSC participantes ont postulé et réussi à obtenir des financements d’autres mécanismes de financement nationaux, bilatéraux et internationaux. Á la fin du projet, elles avaient ainsi déjà réussi à obtenir près de 400 000 EUR de financement d’autres sources. Toutes les propositions soumises tiennent désormais compte des questions de genre et tentent d’y répondre.

Trésorière, secrétaire et présidente des Femmes de Mtwara vivant avec le VIH : MWOLIHA

Les membres et bénéficières du centre paralégal du Mtwara MPC sensibilisent les membres de la communauté sur leurs droits.

Les résultats encourageants relevés dans la région de Mtwara et le fort engagement de la cellule Genre au bureau central de la TACAIDS ont permis un transfert de capacités massif du terrain vers le niveau national. Non seulement tout le per-sonnel technique et tous les coordinateurs régionaux de la TACAIDS ont suivi une formation, mais un guide de formation sur le genre et le VIH a été conçu et testé, permettant ainsi la réplication de ces sessions de formation autant de fois que nécessaire.

L’expérience positive de renforcement des compétences en matière de genre de la station de radio locale a également été répétée avec des journalistes de radio dans tous les coins de Tanzanie. Les journalistes de radio ainsi formés ont ensuite été mis en relation avec les coordinateurs régionaux de la TACAIDS dans leurs régions respectives.

5. Conclusion

En résumé, ce projet a eu une portée considérable. Les parte-naires des OSC locales ont assumé le rôle, généralement dévolu aux ONG, qui consiste à représenter et aider les segments vulnérables de la population et à traiter les questions sensibles ou controversées que les services publics généraux négligent souvent. Certaines OSC sont considérées comme des modèles et les conseils de district de Masasi et municipal de Mtwara sont devenus « un modèle et une ressource pour l’apprentissage par-tagé ainsi que pour le déploiement et la réplication futurs dans

d’autres districts de programmes de lutte contre le VIH intégrant la dimension du genre » (TACAIDS).

Il faut toutefois admettre que cette réalisation, au niveau local et des districts, exige une architecture d’encadrement importante en termes de personnel de soutien technique et administratif. Garantir une assurance qualité haut de gamme aux activités tech-niques exigerait une aide permanente encore plus régulière que celle qu’il est possible de fournir avec les moyens actuellement disponibles. Si certaines OSC ont réussi à s’assurer des finance-ments supplémentaires auprès d’autres partenaires de dévelop-pement et à intégrer le genre et le VIH plus systématiquement que jamais dans leurs propositions, la durabilité des niveaux de résultats et de capacités atteints demeure un défi pour les OSC situées dans des régions si retirées.

Le transfert de capacités du niveau local au niveau national, condi-tion importante de la durabilité et du déploiement des programmes, aurait du être prévu dès le début de la conception du projet.

6. Additional information

Site web du projet : www.tgpsh.or.tz/our-focus/sexual-reproductive-health-and-rights-hivaids/gender-and-hiv-project-in-mtwara-region

TACAIDS : www.tacaids.go.tz

Publié par Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Sièges de la société Bonn et Eschborn, Allemagne

Tanzanian-German Programme to Support Health (TGPSH) 76 Ali Hassan Mwinyi Road P.O. Box 65350 Dar es Salaam, Tanzanie [email protected] +255 (0)22- 2122044/66/88 www.giz.de, www.tgpsh.or.tz

Situation Mars 2013

La GIZ est responsable du contenu de cette publication.

En coopération avec evaplan au Centre Hospitalier Universitaire Heidelberg, Allemagne

Mandaté par Ministère fédéral de la Coopération économique et du Développement (BMZ)

L’association du développement des femmes de Masasi.

Le coordinateur assistant de la santé reproductive et enfant à

l’hôpital régional de Mtwara avec le coordinateur du projet et autres.

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