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L a recherche effrenee d'ornements cor- porels : tatouages, piercings, rend urgentes des mesures de securita commu- nautaires, estime la Commission europeen- ne, en I'absence de legislation sanitaire propre a chaque pays, compte tenu de I'ex- pansion de cette mode et de la pauvrete des reperes epidemiologiques : populations, pra- tiques et produits & risque, repertoire des professionnels, complications habituelles... Une enquete en ce sens a ere confiee par la Direction europeenne de la sante et de la protection des consommateurs au Centre de recherche communautaire (JRC). Les donnees qui nous manquent : prevalen- Tatouage et piercing : I'Europe inqui te du risque biologique ce du tatouage et du piercing dans rUnion europeenne ; bilan des recommandations existant en Europe et ailleurs ; donnees de sacurita sur les pigments et teintures pour tatouage, sur les pratiques de piercing et I'im- portance des sequelles de ces pratiques ; evaluation de donnaes professionnelles : exigences d'apprentissage, regles d'hygiene. Sujet futile, dira-t-en, compare aux grands pro- blemes sanitaires. Mais le Conseil de I'Europe envisage une Ioi de protection sanitaire appli- cable & toute I'Union europeenne (resolution en preparation). Tatouage et piercing seraient ainsi soumis & enregistrement et & autorisa- tion, avec obligation pour les professionnels de formation et d'education avant accredita- tion, de connaissance des pratiques d'hygie- he, de sterilita des pratiques, des produits et des instruments, des mesures d'hygiene des Iocaux professionnels, de perception et d'evaluation du risque. Enfin connaissance des produits autorises (liste positive) et inter- dits (liste negative), determines par une auto- rite competente. Ce dernier point est essen- tiel. On a signale, en France et ailleurs, I'utili- sation par certains tatoueurs de pigments et teintures industriels interdits.., dans les cos- metiques ! La pauvrete des connaissances sur la toxico- Iogie de ces produits, et meme sur leur com- position exacte est inquietante, alors que se daveloppe actuellement une pratique deri- vee du tatouage: le maquillage permanent. Les adeptes de ces pratiques s'exposent & des risques toxiques et infectieux (11. Le deve- Ioppement d'une recherche epidemiologique sur le risque biologique global est & rordre du jour. J.-M. M. (1) L'Union europ~enne a publi~ le rapport d'un grou- pe de travail technique, r~uni le 5/5/2003 au JCR (Ispra, Italie : www.jcr.it) : Risks and health effects from tattoos, body piercing and related practices : www.europa.eu.int/comm/censumers/cons safe/ne ws/eis_tattoo_risk O52003 en.pdf Depistage d'HBsAg chez la femme enceinte : resultat mitig( en region-test •.. •. •. • • .............. L Le depistage au Labm du marqueur de I'hepatite B, I'antigene HBs (HBsAg) chez la femme enceinte est obligatoire par decret du 14/2/1992. II s'agit ensuite de determiner si la seropositivita est la marque d'une infection ancienne guarie ou d'une phase de replication active, & risque de trans- mission, d'et~ recherche du marqueur de replication : I'antigene HBe (HBeAg). Les femmes negatives pour HBeAg ne trans- mettent le virus que dans 10 % des cas, dans 90 % des cas si elles sont positives. En consequence, la preuve du risque de transmission & I'enfant au cours de I'accouchement justi- fie, & la naissance, I'administration d'immunoglobulines anti-HBs (serum), suivie d'une premiere dose vaccinale, procedure d'urgen- ce destinee & prevenir I'hepatite et ses complications ulterieures chez I'enfant. Une enquete en Haute-Vienne a avalue le taux de couverture du depistage d'HBsAg. Sur 1 356 dossiers de depart de I'Assurance maladie, 1 235 femmes (16-45 ans) ont ate retenues. Parmi les problemes rencontres au cours de I'enquete, on note : imprecisions sur I'origine geographique de certaines patientes, insuffisance de la couverture (74 % des femmes en ont banaficie), demande precise d'analyses dans seulement 39,5 % des cas... Dans 85 % des cas, les impre- cisions de la demande sont corrigees par le Labm, les erreurs dans 15 % des cas. La recherche du seul HBsAg a eta realisae dans 75,9 % des cas. Enfin, on n'est pas s0r que tous les nouveau-nes de meres positives aient bene- ficie de la sero-vaccination. I-'-Iements inquietants selon les enqueteurs : insuffisance de femmes depistees et celle des enfants sero- vaccines, imprecision des demandes d'ana- lyses qui necessiterait ,, d'informer reguliare- rnent les prescripteurs et les biologistes afin d'am~liorer la quafit# de la prescription, de la r#alisation et de la cotation des tests ,,. De resserrer leurs relations aussi ? Et on lit ceci : ,, Cette enquire fait craindre qu'en France, un certain nombre de nou- veau-n#s de m~re HBsAg positives #chap- pent ~ la s~ro-vaccination ,,. Une evidence : les obligations legislatives formulees au benafice des femmes enceintes ne doivent pas etre consideraes comme acquises mais faire I'ebjet de rappels annuels, car 12 arts apres, la protection de tousles nouveau-nes de mere seropositives est loin d'etre syste- matique. J.-M. M. - - m Source : BEH (Invs) 2003, n° 33. Enqu~te du Service de bacteriologie-virologie-hygi#ne du CHU de Limoges et du Service medical de I'Assurance maladie de Limoges. 8 Revue Fran~aise des Laboratoires, juin 2004, N° 364

Tatouage et piercing: l'Europe inquiète du risque biologique

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Page 1: Tatouage et piercing: l'Europe inquiète du risque biologique

L a recherche effrenee d'ornements cor- porels : tatouages, piercings, rend

urgentes des mesures de securita commu- nautaires, estime la Commission europeen- ne, en I'absence de legislation sanitaire propre a chaque pays, compte tenu de I'ex- pansion de cette mode et de la pauvrete des reperes epidemiologiques : populations, pra- tiques et produits & risque, repertoire des professionnels, complications habituelles... Une enquete en ce sens a ere confiee par la Direction europeenne de la sante et de la protection des consommateurs au Centre de recherche communautaire (JRC). Les donnees qui nous manquent : prevalen-

Tatouage et piercing : I'Europe inqui te du risque biologique

ce du tatouage et du piercing dans rUnion europeenne ; bilan des recommandations existant en Europe et ailleurs ; donnees de sacurita sur les pigments et teintures pour tatouage, sur les pratiques de piercing et I'im- portance des sequelles de ces pratiques ; evaluation de donnaes professionnelles : exigences d'apprentissage, regles d'hygiene. Sujet futile, dira-t-en, compare aux grands pro- blemes sanitaires. Mais le Conseil de I'Europe envisage une Ioi de protection sanitaire appli- cable & toute I'Union europeenne (resolution en preparation). Tatouage et piercing seraient ainsi soumis & enregistrement et & autorisa- tion, avec obligation pour les professionnels de formation et d'education avant accredita- tion, de connaissance des pratiques d'hygie- he, de sterilita des pratiques, des produits et des instruments, des mesures d'hygiene des Iocaux professionnels, de perception et d'evaluation du risque. Enfin connaissance des produits autorises (liste positive) et inter- dits (liste negative), determines par une auto-

rite competente. Ce dernier point est essen- tiel. On a signale, en France et ailleurs, I'utili- sation par certains tatoueurs de pigments et teintures industriels interdits.., dans les cos- metiques ! La pauvrete des connaissances sur la toxico- Iogie de ces produits, et meme sur leur com- position exacte est inquietante, alors que se daveloppe actuellement une pratique deri- vee du tatouage: le maquillage permanent. Les adeptes de ces pratiques s'exposent & des risques toxiques et infectieux (11. Le deve- Ioppement d'une recherche epidemiologique sur le risque biologique global est & rordre du jour.

J.-M. M.

(1) L'Union europ~enne a publi~ le rapport d'un grou-

pe de travail technique, r~uni le 5/5/2003 au JCR (Ispra, Italie : www.jcr.it) : Risks and health effects from tattoos, body piercing and related practices : www.europa.eu.int/comm/censumers/cons safe/ne ws/eis_tattoo_risk O52003 en.pdf

D e p i s t a g e d ' H B s A g c h e z la f e m m e e n c e i n t e :

r e s u l t a t mitig( e n r e g i o n - t e s t • . . • . • . • • . . . . . . . . . . . . . . L Le depistage au Labm du marqueur de

I'hepatite B, I'antigene HBs (HBsAg) chez la femme enceinte est obligatoire par decret du 14/2/1992. II s'agit ensuite de determiner si la seropositivita est la marque d'une infection ancienne guarie ou d'une phase de replication active, & risque de trans- mission, d'et~ recherche du marqueur de replication : I'antigene HBe (HBeAg). Les femmes negatives pour HBeAg ne trans- mettent le virus que dans 10 % des cas, dans 90 % des cas si elles sont positives. En consequence, la preuve du risque de transmission & I'enfant au cours de I'accouchement justi- fie, & la naissance, I'administration d'immunoglobulines anti-HBs (serum), suivie d'une premiere dose vaccinale, procedure d'urgen- ce destinee & prevenir I'hepatite et ses complications ulterieures chez I'enfant.

Une enquete en Haute-Vienne a avalue le taux de couverture du depistage d'HBsAg. Sur 1 356 dossiers de depart de I'Assurance maladie, 1 235 femmes (16-45 ans) ont ate retenues. Parmi les problemes rencontres au cours de I'enquete, on note : imprecisions sur I'origine geographique de certaines patientes, insuffisance de la couverture (74 %

des femmes en ont banaficie), demande precise d'analyses dans seulement

39,5 % des cas... Dans 85 % des cas, les impre- cisions de la demande sont corrigees par le Labm, les erreurs dans 15 % des cas. La recherche du seul HBsAg a eta realisae dans 75,9 % des cas. Enfin, on n'est pas s0r que tous les nouveau-nes

de meres positives aient bene- ficie de la sero-vaccination.

I-'-Iements inquietants selon les enqueteurs : insuffisance de

femmes depistees et celle des enfants sero- vaccines, imprecision des demandes d'ana- lyses qui necessiterait ,, d'informer reguliare- rnent les prescripteurs et les biologistes afin d'am~liorer la quafit# de la prescription, de la r#alisation et de la cotation des tests ,,. De resserrer leurs relations aussi ? Et on lit ceci : ,, Cette enquire fait craindre qu'en France, un certain nombre de nou- veau-n#s de m~re HBsAg positives #chap- pent ~ la s~ro-vaccination ,,. Une evidence : les obligations legislatives formulees au benafice des femmes enceintes ne doivent pas etre consideraes comme acquises mais faire I'ebjet de rappels annuels, car 12 arts apres, la protection de tousles nouveau-nes de mere seropositives est loin d'etre syste- matique.

J.-M. M. - - m

Source : BEH (Invs) 2003, n ° 33. Enqu~te du Service de bacteriologie-virologie-hygi#ne du CHU de Limoges et du Service medical de I'Assurance maladie de Limoges.

8 Revue Fran~aise des Laboratoires, juin 2004, N ° 364