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Taitu BEtul L’avènement d’une Etege Série UNESCO Femmes dans l’histoire de l’Afrique Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture

Taytu Betul: l'avènement d'une Etege; Série UNESCO femmes

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Taitu BEtulL’avènement d’une Etege

S é r i e U N E S C O Fe m m e s d a n s l ’ h i s t o i r e d e l ’A f r i q u e

Women in African History

Femmesdans l’histoirede l’Afrique

Organisationdes Nations Unies

pour l’éducation,la science et la culture

La série UNESCO Femmes dans l’histoire de l’Afrique, produite par la Division des sociétés du savoir du Secteur de la communication et de l’information de l’UNESCO, a été réalisée dans le cadre de la plateforme intersectorielle Priorité Afrique, avec le soutien de la Division pour l’égalité des genres. Cette initiative a été financée par le gouvernement de la République de Bulgarie.

Spécialiste UNESCO responsable du projet : Sasha RubelDirection éditoriale et artistique : Edouard Joubeaud

Published in 2015 by the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France

© UNESCO 2015ISBN : 978-92-3-200063-7

Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-SA 3.0 IGO) (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/igo/). Les utilisateurs du contenu de la présente publication acceptent les termes d’utilisation de l’Archive ouverte de libre accès UNESCO (www.unesco.org/open-access/terms-use-ccbysa-fr).

Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites.

Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent pas nécessairement les points de vue de l’UNESCO et n’engagent en aucune façon l’Organisation.

Illustration de la couverture : Alaba OnajinMise en pages : Dhiara Fasya

Women in African History

Femmesdans l’histoirede l’Afrique

Organisationdes Nations Unies

pour l’éducation,la science et la culture

Taitu betull’avènement d’une etege

Bande dessinéellustrations : Alaba Onajin

Scénario et texte : Obioma Ofoego

Dossier pédagogiqueTexte : Obioma Ofoego

Validation scientifique : Bahru Zewde

Série UNESCO Femmes dans l’histoire de l’Afrique Direction artistique et éditoriale : Edouard Joubeaud

SOMMAIRE

1 Introduction 5

2 Biographie 7

3 Bande dessinée 8

4 Dossier pédagogique 39

5 Bibliographie 53

5 Taitu Betul – Introduction

1 Introduction

Lumière sur les femmes !La série UNESCO Femmes dans l’histoire de l’Afrique, ainsi que site Internet du même nom, poursuivent l’objectif de mettre en lumière une sélection de figures féminines de l’histoire de l’Afrique.

A travers une sélection de 20 personnages, elle témoigne en effet que, de tout temps, les femmes africaines et d’ascendance africaine se sont illustrées dans l’histoire dans des domaines aussi divers que la politique (Gisèle Rabesahala), la diplomatie et la résistance à la colonisation (Njinga Mbandi), la défense des droits des femmes (Funmilayo Ransome-Kuti), ou la protection de l’environnement (Wangari Maathai).

La sélection de femmes proposée à travers cette série de publications ne représente qu’une infime partie de la contribution des femmes africaines, qu’elles soient connues ou anonymes, à l’histoire de leur pays, de l’Afrique et de l’humanité tout entière.

A travers cette initiative, en soulignant l’éducation, le parcours académique et les accomplissements principaux de ces femmes d’exception, l’UNESCO souhaite mettre en exergue leur héritage et inviter à poursuivre la recherche sur le rôle des femmes dans l’histoire africaine.

Visitez et partager le site Internet de l’UNESCO sur les femmes dans l’histoire de l’Afrique :

www.unesco.org/womeninafrica Femme de la cour royale à Tiébélé, Burkina Faso.Photographie de Rita Willaert, 2012.

6 Taitu Betul – Introduction

L’égalité des genres, priorité globale de l’UNESCOL’Organisation s’efforce sans relâche de promouvoir et intégrer les principes de l’égalité des genres dans tous ses programmes, notamment dans le secteur de l’éducation.

L’éducation permet en effet de transmettre la valeur essentielle de l’égalité entre les sexes : elle constitue un levier pour faire respecter les droits fondamentaux des femmes et mettre en lumière leur place centrale dans toutes les sociétés.

A ce titre, l’enseignement de l’histoire a un rôle déterminant à jouer puisqu’il permet une meilleure compréhension des fonctions sociales, politiques, économiques et des conditions de vie spécifiques des femmes dans les sociétés du passé.

Histoire générale de l’AfriqueLa présente publication s’inscrit dans le cadre de la phase II du projet de l’UNESCO intitulé « l’Histoire générale de l’Afrique ».

Sa phase I, lancée en 1964 et terminée en 1999, a permis la rédaction et la publication d’une collection de huit volumes, en édition principale et en version abrégée, qui ont été traduits en treize langues (dont 3 langues africaines). Ces volumes sont accessibles gratuitement en version numérique sur le site Internet de l’UNESCO.

Sa phase II, lancée en 2009, est intitulée « l’Utilisation pédagogique de l’Histoire générale de l’Afrique ». Son objectif est d’adapter les contenus des volumes à l’enseignement scolaire afin d’améliorer la connaissance des élèves et des étudiants africains sur l’histoire de leur continent.

Photographie de UNESCO/M. Benchelah,2012.

Photographie de Almanaque Lusofonista, 2013.

7 Taitu Betul – Biographie

2 Biographie Taitu Betul, l’avènement d’une EtegeTaitu Betul (c. 1851-1918), épouse de Ménélik (Roi du Shoa, puis Négus Negest, ou Roi des rois), fut une remarquable reine et impératrice d’Ethiopie. Elle utilisa son intelligence exceptionnelle pour renforcer et étendre son pouvoir par un mélange subtil de népotisme, de mariages politiques et d’autorité naturelle. Déterminée à résister aux visées impérialistes étrangères sur son pays, elle s’opposa de plus en plus catégoriquement à toute négociation susceptible d’entraîner la perte de territoires éthiopiens. Lorsque la diplomatie céda la place à la guerre, elle marcha à la tête de son propre bataillon, aux côtés de son époux. C’est elle qui conçut le plan à l’origine de la victoire éthiopienne à Makalle, et sa présence fut déterminante pour remporter un autre triomphe à Adwa en 1896, le plus significatif de toute l’Afrique au plus fort du colonialisme européen.

Elle fonda Addis-Abeba, aujourd’hui capitale de l’Ethiopie. Les dernières décennies de son règne se caractérisèrent par une période de modernisation qui ouvrit progressivement le pays aux échanges commerciaux et à l’acquisition de savoir-faire technique. Elle permit également à la communauté éthiopienne chrétienne orthodoxe de Jérusalem de bénéficier de logements décents, et finança la construction du dôme de l’imposante église de Debré Gannet. Lorsque son mari tomba malade, elle chercha à concentrer le pouvoir entre ses mains, ce qui finit par susciter le mécontentement public et la contraignit à se retirer.

8 Taitu Betul – Bande dessinée

3 Bande dessinée

Taitu Betul, l’avènement d’une etege

Avant-proposLa bande dessinée qui va suivre propose une interprétation de certains passages de la vie de Taitu Betul. Les illustrations présentées

proviennent d’un travail de recherche historique et iconographique sur Taitu Betul, Menelik II et sur l’Ethiopie de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle. Elles constituent elles aussi une interprétation et ne prétendent aucunement représenter avec exactitude les faits,

les personnages, l’architecture, les coiffures et les parures de l’époque.

Le monastère éthiopien de Deir al-Sultan, photographie de

9 Taitu Betul – Bande dessinée

Ethiopie, années 1880. Alors que l’Empereur Yohannes IV se bat pour résister aux menaces extérieures, il doit également tenir compte de l’influence croissante de Ménélik, Roi du Shoa, et de sa très intelligente épouse, la reine Taitu, dans tout le Sud du pays.

10 Taitu Betul – Bande dessinée

Un jour de l’année 1889, l’Empereur Yo-hannes IV, tentant désespérément de préserver l’intégrité de son Empire contre l’invasion des mahdistes dans le Nord du pays, tombe de cheval, blessé mortellement.

11 Taitu Betul – Bande dessinée

C’est ainsi que Ménélik, Roi du Shoa, devient Ménélik II, Roi des rois d’Éthiopie. À ses côtés, l’Impératrice Taitu, Reine des reines, est désormais la femme la plus puissante du royaume.

12 Taitu Betul – Bande dessinée

Pourtant, la fastueuse cérémonie d’intronisation laisse place à des années de famine qui mettent à mal le royaume. Bien que l’Impératrice Taitu ait été acclamée comme la lumière de l’Ethiopie, de nombreuses familles pauvres périssent...

13 Taitu Betul – Bande dessinée

Alors, en toute humilité, l’Impératrice se rend elle-même sur le lieu saint des églises creusées dans le roc de Lalibela pour demander grâce à Dieu.

14 Taitu Betul – Bande dessinée

La faim nourrit l’ambition des chefs provinciaux, qui affûtent leurs griffes et leurs crocs et convoitent le coeur du royaume.

Pauvres naïfs. Pendant qu’ils font

leur pèlerinage inutile, nous allons nous emparer des terres

et de leurs ressources.

Hi hi ! Et ils tomberont directement dans

la gueule du lion.

15 Taitu Betul – Bande dessinée

C’est sans compter sur la perspicacité de l’Impératrice. Sous ses airs calmes et majestueux couve la résolution d’une lionne. Comme elle a des yeux et des oreilles dans tout le pays, elle a déjà anticipé le complot et fait désarmer immédiatement les rebelles. Les troubles sont apaisés et la position de l’Impératrice est renforcée.

Levez-vous, et ne vous

opposez plus à nous.

16 Taitu Betul – Bande dessinée

Lorsque la famine desserre enfin son étreinte macabre, l’Impératrice Taitu tisse un vaste réseau d’influence avec habileté, patience et précaution pour tarir le sang et réconcilier les ennemis au moyen d’alliances matrimoniales, jusqu’à tenir la moitié du pays sous sa coupe.

17 Taitu Betul – Bande dessinée

Pendant ce temps, aveugle à la signification des évolutions internes en Ethiopie, le gouvernement italien caresse le rêve de posséder une colonie africaine et de fonder un deuxième Empire romain.

Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu !

18 Taitu Betul – Bande dessinée

2 mai 1889. La version italienne du traité d’amitié signé entre l’Italie et l’Ethiopie est rédigée de manière trompeuse et, à l’insu de l’Empereur Ménélik, elle revendique un protectorat sur l’Éthiopie.

19 Taitu Betul – Bande dessinée

Lorsque la supercherie est découverte... Que peut-il y

avoir de si urgent pour que vous entriez dans le

Palais royal sans vous

déchausser ?

20 Taitu Betul – Bande dessinée

Depuis le début, nous avons été stupides

de les écouter et, maintenant, regardez ! Une grande partie de l’Ethiopie est déjà tombée entre leurs mains, contre ma

volonté. Après toutes ces années de traîtrise,

d’intrusion et de violation, je dis :

assez ! Nous devons riposter !

Que tous les hommes du Tigrai se lèvent - que celui qui refuse de le faire pour

se battre prenne ma jupe, je porterai

son pantalon !

21 Taitu Betul – Bande dessinée

Les dés sont jetés : c’est la guerre !

Imbi ! Ces conditions

sont inacceptables. Votre progression doit être appelée

par son nom : c’est une agression impérialiste ! Vous voulez que les autres pays considèrent

l’Ethiopie comme votre enfant, mais elle ne

le sera jamais.

Allez-y, concrétisez votre

menace de guerre. Pas un seul Ethiopien, pas une seule Ethiopienne n’hésitera à planter

ses pieds dans la terre et à se battre pour préserver

la souveraineté de son pays. Nous sommes prêts.

22 Taitu Betul – Bande dessinée

26 juillet 1895. Très loin de là, le gouvernement italien, avec suffisance, ne tient pas compte de l’avertissement et se prépare à passer des vacances d’été oisives en août et en septembre.

Mes amis, je reviendrai bientôt

vous voir avec ce soi-disant < Roi des rois >,

enfermé dans une cage !

23 Taitu Betul – Bande dessinée

En Ethiopie, cependant, la guerre se prépare méticuleusement...

24 Taitu Betul – Bande dessinée

Et le 11 octobre 1895, une armée gigantesque se met en branle, avec l’Impératrice Taitu à sa tête...

25 Taitu Betul – Bande dessinée

Après une marche longue et exténuante, elle approche de Makalle, où les Italiens ont établi un fort redoutable.

26 Taitu Betul – Bande dessinée

Mes braves, vous vous êtes vantés

d’être déterminés à prendre le fort d’assaut. Mais l’orgueil

des hommes s’émousse peu à peu. Gardez cette rivière comme s’il s’agissait

des portes du paradis car, sans eau, un fort n’est-il pas une prison ?

Vous qui vous êtes portés volontaires, vous serez honorés.

L’Impératrice Taitu comprend rapidement que l’attaque frontale du fort, en apparence imprenable, fera se déverser des flots de sang éthiopien. Mais elle a l’esprit vif...

27 Taitu Betul – Bande dessinée

Le siège écrase l’ennemi peu à peu...

28 Taitu Betul – Bande dessinée

... jusqu’à ce que les Italiens soient forcés de se rendre. Mais la grande bataille menace à l’horizon.

29 Taitu Betul – Bande dessinée

Adwa, fin février 1896.

30 Taitu Betul – Bande dessinée

Le 1er mars 1896, à 4 heures du matin, alors que l’Empereur et l’Impératrice célèbrent l’office divin, un messager apporte l’annonce d’une attaque italienne...

31 Taitu Betul – Bande dessinée

Apportez de l’eau à nos lèvres assoiffées, sur le

champ de bataille ! Les Italiens sont à nous - ne les laissons pas

nous échapper !

La bataille tourne rapidement en faveur de l’armée éthiopienne. L’Impératrice Taitu et les femmes soldats sont infatigables.

32 Taitu Betul – Bande dessinée

A la nuit tombante, les Italiens sont vaincus et l’Ethiopie est l’un des rares pays à conserver sa souveraineté à une époque où l’impérialisme européen fait rage. Pourtant, au sortir de la guerre, le nombre de victimes rappelle le prix terrible à payer pour la liberté.

33 Taitu Betul – Bande dessinée

La victoire d’Adwa revient aux filles et aux fils de l’Ethiopie du

monde entier !

Néanmoins, la victoire de l’Ethiopie à Adwa retentit dans le monde entier et le pays devient un symbole de résistance pour tous les peuples luttant contre l’oppression.

34 Taitu Betul – Bande dessinée

Hélas, l’Italie non plus n’oubliera pas cette défaite historique cuisante et sa colère alimentera un autre cycle de violence, au plus sombre de la période fasciste des années 1930...

35 Taitu Betul – Bande dessinée

Une fois la souveraineté consolidée, un programme ambitieux de modernisation est mis en oeuvre. Avec Addis-Abeba pour capitale, l’Ethiopie s’ouvre lentement aux communications modernes, aux transports plus rapides et au tourisme.

36 Taitu Betul – Bande dessinée

Par-delà les frontières de l’Ethiopie, l’Impératrice Taitu assume personnellement la responsabilité de la communauté religieuse éthiopienne de Jérusalem. Elle lui fournit un logement confortable et un soutien financier considérable. Pour la première fois dans l’histoire de cette communauté, ses membres n’auront pas à mendier pour survivre.

37 Taitu Betul – Bande dessinée

Cependant, au fil des ans, la santé de Ménélik se dégrade et l’emprise de l’Impératrice sur la politique nationale se relâche.

38 Taitu Betul – Bande dessinée

Finalement, elle se retrouve privée de pouvoir politique et forcée de demeurer dans le Palais impérial, autrefois théâtre de sa grandeur et désormais celui de son déclin. Néanmoins, elle passe ses dernières années dans une grande dignité et son nom perdure encore aujourd’hui.

39 Taitu Betul – Dossier pédagogique

4 Dossier pédagogique

SOMMAIRE1. Empire et mariages politiques

1.1 L’ère de l’Empire

1.2 Les femmes et le pouvoir

2. Taitu : l’avènement d’une Etege

2.1 Education

2.2 Un époux idéal

2.3 Etege

2.4 Les premières épreuves

2.5 La consolidation du pouvoir

Extension de l’Empire éthiopien sous Ménélik II (1879-1889).

40 Taitu Betul – Dossier pédagogique

3. La menace extérieure italienne

3.1 Un triangle fragile : Yohannes IV, Ménélik, l’Italie

3.2 Le traité de Wuchale

3.3 L’échec de la diplomatie

4. Les guerres italo-éthiopiennes

4.1 Les femmes dans l’effort de guerre

4.2 L’unité des Ethiopiens

4.3 Les victoires de Makalle et Adwa

4.4 L’occupation par l’Italie fasciste (1935-1941)

5. Les dernières années

5.1 La fleur nouvelle

5.2 La modernisation

5.3 Jérusalem

5.4 Le déclin

Le Négus Ménélik à la bataille d’Adwa.Tableau de Paul Buffet, 1898, paru dans

Le Petit Journal.

Article 17 du Traité de Wuchale, 1889.

Voie de chemin de fer en construction à Dirré-Daoua en Ethiopie.

Photographie d’Alfred Ilg, 1902.

41 Taitu Betul – Dossier pédagogique

1. Empire et mariages politiques

1.1 L’ère de l’EmpireEn 18551, le couronnement de Kassa Hailou2 sous le nom de Théodoros II entraîna des conséquences importantes pour l’histoire de l’Ethiopie. Le titre de Négus Negest (« Roi des rois » ou Empereur) fut rétabli et doté d’une autorité suprême et unique. Dès lors, la période trouble appelée Zemene Mesafent, ou « Ere des princes » (1769-1855), lors de laquelle le pays était alors dominé par des seigneurs de guerre provinciaux, s’estompa peu à peu, alors qu’apparaissaient, malgré les divisions et l’isolement régional, des thèmes nationaux dans le discours politique.

Revendiquant son appartenance à la lignée biblique du Roi Salomon, Théodoros II et ses successeurs immédiats (Tekle Giyorgis II et Yohannes IV, qui régnèrent respectivement de 1868 à 1871 et de 1871 à 1889) entreprirent de consolider le pouvoir central impérial. Ce processus atteignit son apogée sous le règne de Ménélik II (1889-1913), qui se distingua par une poussée expansionniste vers ce qu’il prétendait être les terres ancestrales de l’ancien Empire éthiopien chrétien. De nombreux peuples furent alors rassemblés au sein d’un système politique unique et peu structuré, dont les frontières sont encore reconnaissables aujourd’hui.

1 L’année civile éthiopienne (guèze) se compose de 12 mois de 30 jours chacun, et d’un mois de cinq jours (six les années bissextiles). Le calendrier guèze commence sept ans avant le calendrier grégorien (huit, après janvier), en raison des différences de calcul de l’année de nais-sance du Christ. L’année civile éthiopienne commence le 11 septembre (le 12 septembre, les années bissextiles). Pour plus de facilité pour les étudiants, les dates indiquées correspondent au calendrier grégorien.2 Pour la transcription de l’amharique en caractères romains, la première édition de l’Histoire générale de l’Afrique de l’UNESCO (vol. 7) sert généralement de référence.

Théodoros II, Empereur d’Abyssinie.Gravure de Guillaume Lejean, 1865.

42 Taitu Betul – Dossier pédagogique

1.2 Les femmes et le pouvoirA cette période, les mariages politiques au sein de l›élite gouvernante étaient encore fréquents. En effet, ils permettaient aux familles de l’aristocratie de :

- former de nouvelles alliances ;

- assurer ou obtenir une meilleure protection ;

- renouer des liens rompus ;

- gagner et exercer du pouvoir.

Si les circonstances le permettaient, une femme avisée pouvait parvenir au pouvoir en se mariant, puis l›exercer et le conserver par népotisme politique (en plaçant sa famille et ses amis à divers postes de commandement en échange de leur influence).

Les historiens s›intéressent de plus en plus aux méthodes discrètes et subtiles employées par certaines femmes pour participer au pouvoir en dépit des nombreux obstacles qui se dressaient sur leur chemin. En Ethiopie, les alliances par mariage au sein de l›élite gouvernante, dans lesquelles les femmes jouaient souvent un rôle de premier ordre, permirent de forger une certaine unité nationale, au-delà des différences régionales et culturelles, et de tisser un lien de continuité ténu entre le 18e siècle et les premières décennies du 20e siècle.

Nobles éthiopiens au couronnement du roi Edouard VII d’Angleterre, 12 août 1902.Photographie de Lafayette Ltd., Victoria and Albert Museum, London, 1902.

43 Taitu Betul – Dossier pédagogique

2. Taitu : l’avènement d’une Etege

2.1 EducationSelon toute vraisemblance, Taitu Betul naquit en 1851, à l’aube d’une nouvelle ère pour l’Ethiopie. Fille d’une famille de quatre enfants, ses frères et sœurs parvinrent tous à l’âge adulte – fait remarquable à une époque où la mortalité infantile était élevée. Compte tenu de la rareté de l’enseignement pour les femmes à cette période, Taitu Betul était une exception : elle savait lire et écrire l’amharique et comprenait le guèze, langue alors utilisée exclusivement dans la liturgie éthiopienne orthodoxe. La poésie, les échecs et le bagana, instrument de musique à cordes, étaient d’autres domaines où elle excellait.

2.2 Un époux idéalAristocrates, les membres de la famille de Taitu Betul occupaient des positions importantes dans le Nord de l’Ethiopie : dans le Simien, le Gojjam, le Yedjou, le Wello, à Lasta et à Bégemder. Elle grandit en étant profondément consciente du fait que le mariage pouvait ouvrir à une femme intelligente une voie vers le pouvoir, si étroite soit-elle.

En 1883, après quatre mariages, dont l’un avait abouti à un divorce avantageux, Taitu Betul épousa Ménélik, Roi du Shoa, en pleine ascension. Elle avait clairement perçu le déplacement historique du pouvoir économique et politique qui s’opérait progressivement du Nord vers le Sud. En effet, l’expansion du Shoa vers le Sud de l’Ethiopie, engagée dans les années 1840 sous le règne de Sahlé Sélassié et poursuivie sous celui de Ménélik, offrait de grandes possibilités commerciales.

Portrait de Ménélik II.

Portrait de Taitu Betul réalisé au début des années 1880.

44 Taitu Betul – Dossier pédagogique

2.3 EtegeEn mars 1889, l’Empereur Yohannes IV fut blessé mortellement lors d’une bataille contre les mahdistes soudanais. Quelques mois plus tard, Ménélik accéda officiellement au trône sous le nom de Ménélik II, Roi des rois d’Ethiopie. Taitu fut couronnée Impératrice, ou Etege (littéralement : « sœur du pays »), devenant par là-même la femme la plus puissante du pays.

2.4 Premières épreuvesDès 1886, Taitu révéla son aptitude à l’exercice du pouvoir. Au cours de l’une des campagnes militaires de son mari, à Harar, de nombreux soldats désertèrent l’armée et rentrèrent chez eux, pensant y trouver refuge. Feignant la joie, Taitu leur prépara un accueil trompeur, visant à les punir pour leur lâcheté. Les déserteurs, confiants, se précipitèrent dans le piège tête baissée et furent immédiatement enchaînés ou mis au carcan. Ce fut un précédent marquant.

En décembre 1889, le frère de Taitu, le Ras Wele, accompagna Ménélik II dans le Tigrai afin d’asseoir son autorité de nouvel empereur. En son absence, un rival dénommé Zegeye prétendit usurper son poste de gouverneur à Weldya, capitale du Yedjou. Informée du danger et consciente du fait que cette menace porterait également atteinte à sa propre autorité émergente, l’Impératrice Taitu tira habilement parti des hauts-faits de sa famille dans la région pour convaincre la population locale de rejeter Zegeye et fit arrêter ses principaux alliés.

Eglise Sainte Maryam, sur le Mont Entoto.Photographie de Vob08, 2008.

45 Taitu Betul – Dossier pédagogique

2.5 La consolidation du pouvoirLa décennie suivante, l’Impératrice Taitu chercha à accroître son influence et son pouvoir personnels en neutralisant les menaces potentielles par une combinaison savante d’alliances matrimoniales et de népotisme. En 1900, un observateur remarqua à juste titre qu’elle tenait plus de la moitié de l’Ethiopie sous sa coupe.

Quelques exemples permettent d’illustrer sa stratégie, aux résultats variables. Ainsi, en 1896, elle arrangea le mariage du rival de son mari dans le Tigrai, le Ras Mengesha, avec sa nièce, Woizero Kefei, dans une tentative d’apaiser les tensions entre le Tigrai et le Shoa. Son neveu, Dejazmach Gesesse, gouverna le Simien et le Wolqayt ; le mari de sa cousine régna sur le Kaffa ; l’influent Ras Makonnen accepta d’épouser sa jeune nièce, Mentewab Wele (qu’il répudierait peu de temps après au motif qu’elle était trop jeune) ; l’une de ses cousines fut mariée à un noble qui contrôlait la province de Menz, importante pour sa production de laine. Mais surtout, en 1900, son neveu Gugsa Wele épousa la fille de Ménélik, Zawditu, et reçut le poste de gouverneur de la province de Bégemder.

Ras Makonnen, août 1902.Photographie de V&A Lafayette, 1902.

46 Taitu Betul – Dossier pédagogique

3. La menace extérieure italienne

3.1 Un triangle fragile : Yohannes IV, Ménélik, l’ItalieDans les années 1880, l’Empereur Yohannes IV se battit pour défendre la souveraineté de l’Ethiopie contre les menaces extérieures (celles de l’Egypte, des mahdistes soudanais et de l’Italie) et pour renforcer son autorité à l’intérieur du pays.

Bien qu’officiellement Ménélik fût un vassal de Yohannes, le soutien qu’il lui offrait restait occasionnel et ambigu. En réalité, il était résolu à élargir le territoire du Shoa vers le Sud grâce aux armes à feu qu’il avait acquises par des traités conclus en secret avec l’envahisseur italien (1883, 1887).

Extension de l’Empire éthiopien sous Ménélik II (1879-1889). Domaine public.

47 Taitu Betul – Dossier pédagogique

3.2 Le Traité de WuchaleLa stratégie téméraire de Ménélik consistant à échanger des territoires éthiopiens contre des armes à feu prit fin brutalement avec le Traité de Wuchale, signé peu après la mort de Yohannes IV le 2 mai 1889. Par une distorsion délibérée de la version amharique du traité, qui offrait simplement la possibilité de solliciter le soutien diplomatique de l’Italie, la version italienne obligeait l’Ethiopie, à l’insu de Ménélik, à confier l’intégralité de la gestion de sa politique extérieure au gouvernement italien.

Le supposé traité de paix et d’amitié se révéla être, en réalité, une tentative du gouvernement italien de duper l’Ethiopie pour la convertir en protectorat.

3.3 L’échec de la diplomatieDepuis le traité de 1883, l’Impératrice Taitu se méfiait des négociations de Ménélik avec les Italiens et restait sur ses gardes, percevant la menace qu’ils représentaient pour la souveraineté éthiopienne. Lorsque la Cour, outragée, découvrit cette dernière traîtrise, Taitu passa au premier plan. Rejetant résolument les propos mielleux de la diplomatie italienne, elle insista sur le fait que l’Ethiopie devait défendre sa propre dignité et que seule une abrogation totale du Traité de Wuchale était recevable.

Après une courte période consacrée au renforcement de l’armée éthiopienne, Ménélik accéda aux demandes répétées de son épouse et abrogea le traité en février 1893, malgré les protestations de l’Italie. La guerre devint incontournable.

Article 17 du Traité de Wuchale, 1889.

Echec des négociations, Taitu renvoyant un italien.

48 Taitu Betul – Dossier pédagogique

4 Les guerres italo-éthiopiennes

4.1 Les femmes dans l’effort de guerreHistoriquement, les femmes éthiopiennes étaient indispensables par bien des aspects lors des campagnes militaires. Outre la préparation du ravitaillement (en nourriture, en boissons telles que le tedj ou l’araki, en vêtements et en remèdes), elles étaient également réputées pour encourager les soldats au plus fort du combat, pour les enhardir et les pousser à accomplir des exploits toujours plus grands. Le droit foncier exigeant un service militaire au moins partiel par temps de guerre, les veuves de soldats pouvaient aussi être appelées à servir sous les drapeaux.

Lors des campagnes militaires, les troupes parcouraient des distances pouvant dépasser 30 km par jour. La marche était particulièrement éprouvante pour les femmes enceintes et celles ayant récemment accouché, tenues de suivre le même rythme que les autres. Les femmes devaient également porter de lourdes charges de provisions et de matériel.

49 Taitu Betul – Dossier pédagogique

4.2 L’unité des EthiopiensFin 1895, l’Impératrice Taitu et l’Empereur Ménélik II lancèrent une campagne militaire pour repousser l’invasion des Italiens sur le territoire éthiopien. Forte de l’unité sans précédent de l’élite dirigeante et du soutien des milieux ruraux, qui fournissaient les vivres, l’armée éthiopienne grossit ses rangs pendant la campagne, jusqu’à atteindre 100 000 soldats. L’impératrice marchait à la tête de son propre bataillon de 5 000 soldats d’infanterie et de 600 cavaliers.

4.3 Les victoires de Makalle et d’AdwaLes troupes éthiopiennes savourèrent leur première victoire à la bataille d’Amba Alagi, où elles mirent en échec l’avant-garde italienne pourtant retranchée dans une forteresse naturelle. Lorsqu’elles parvinrent au fort italien de Makalle, Taitu comprit immédiatement qu’une attaque frontale des Ethiopiens provoquerait de grandes pertes, malgré leur supériorité numérique. Elle conçut alors rapidement un plan ingénieux pour couper l’approvisionnement en eau des Italiens et transformer ainsi le fort en prison. Assoiffés, les Italiens furent contraints de se rendre à l’issue d’un siège bref.

La principale bataille se déroula néanmoins à Adwa, le 1er mars 1896. Pendant toute la bataille, l’Impératrice Taitu ordonna aux 10 000 à 12 000 femmes du campement de remplir des cruches d’eau pour redonner des forces aux soldats mis à rude épreuve, qu’elle exhortait inlassablement à se battre jusqu’au bout. A midi, les Italiens étaient battus et prenaient la fuite. Cette victoire éclatante fit de l’Ethiopie le seul pays africain à avoir réussi à défendre sa souveraineté contre l’impérialisme européen.

Le fort de Makalle en 1896.

Bataille d’Adwa.Artiste inconnu. British Museum, 1940-1949.

50 Taitu Betul – Dossier pédagogique

4.4 L’occupation par l’Italie fasciste (1935-1941)Mais l’Italie pansa ses blessures et, lors de l’avènement du parti fasciste de Benito Mussolini, manifesta sa soif de revanche.

Inspirées par Taitu et la bataille d’Adwa, les Ethiopiennes relevèrent le défi. Des combattantes telles que Lekyelesh Beyan, Kebedech Seyoum, Shoareged Gedle et Qeleme Worq Tiruneh sont souvent citées en exemple, à juste titre, mais ce sont en réalité des milliers de femmes, forcées de fuir vers les collines pour échapper aux bombes et aux gaz des Italiens, qui participèrent héroïquement à la résistance, comme membres de réseaux clandestins, combattantes de la guérilla ou encore espionnes. Les Italiens furent finalement vaincus en 1941.

Allégorie de la victoire italienne de 1936 sur l’Ethiopie.Gravure d’Achille Beltrame, 1936. Parut dans « La

Domenica del Corriere » le 27 décembre 1936.

51 Taitu Betul – Dossier pédagogique

5 Les dernières années

5.1 La « fleur nouvelle »À la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, l’Ethiopie connut un important processus de modernisation. La nouvelle capitale, Addis-Abeba (qui signifie « fleur nouvelle » en amharique), fondée sur l’ordre de Taitu en 1886, devint rapidement un centre économique et politique stable, source de développement commercial et technique. Certains détails pittoresques, comme l’arrivée du cinéma, la construction d’un hôtel (le « Itegue Taitu », qui existe toujours) et l’apparition de différents articles de luxe, tels que les foulards, la soie et les parfums, témoignèrent, même s’ils ne concernaient que quelques privilégiés, de changements profonds.

5.2 La modernisationDeux facteurs contribuèrent à l’ouverture progressive du pays sous le règne de Ménélik et Taitu. Tout d’abord, l’amélioration progressive des transports – goudronnage des routes, construction de ponts de pierre et, surtout, création d’une ligne de chemin de fer de Djibouti à Dire Dawa (1902), rejoignant la capitale en 1917 – permit l’expansion du commerce et la diversification des importations. Ensuite, la modernisation des communications grâce à la ligne de téléphone et de télégraphe conduite par rails entre Addis-Abeba et Djibouti permit d’établir des contacts commerciaux avec le reste du monde. La première monnaie nationale, un service des postes, le premier hôpital (baptisé « Ménélik II ») et le premier journal apparurent également à cette période.

Ménélik II inspectant la voie ferrée accompagné de sa suite et d’une caravane de chameaux. Gravure de Louis Blombled, 1899.

L’ingénieur suisse Alfred Ilg (1854-1916), nommé à la cour de l’Empereur Ménélik II puis Ambassadeur d’Ethiopie en Europe, a largement

contribué à la modernisation de la nouvelle capitale Addis-Abeba.

52 Taitu Betul – Dossier pédagogique

5.3 JérusalemLe regard de l’Impératrice Taitu se porta aussi au-delà des frontières immédiates de l’Ethiopie. Une communauté chrétienne orthodoxe éthiopienne résidait depuis longtemps à Jérusalem et vivait depuis le 16e siècle, dans des conditions difficiles, dans un monastère installé sur le toit de l’église du Saint-Sépulcre. Fidèle à l’héritage de l’Empereur Yohannes IV, l’Impératrice veilla à ce que cette communauté reçoive suffisamment d’argent pour vivre dans la dignité et ordonna la construction de logements confortables à l’extérieur des murs de la vieille ville, qui existent encore à l’heure actuelle. Elle fut également à l’initiative du financement de l’achèvement du dôme de l’église imposante de Debré Gannet.

5.4 Le déclinA mesure que la santé de Ménélik se dégradait, à partir de 1906, le réseau de l’Impératrice, autrefois efficace, commença à se déliter, puis finit par se disloquer totalement. En mars 1910, le pouvoir qu’elle exerçait au niveau politique depuis que l’incapacité de son époux avait été reconnue, suscita un violent mécontentement public et elle fut contrainte d’y renoncer. Forcée de demeurer dans le palais jusqu’à la mort de son époux malade, en 1913, elle se retira ensuite dans les montagnes d’Entoto, où elle s’éteignit à son tour en 1918.

Monastère éthiopien de Deir es-Sultan à Jérusalem.Photographie de Flavio, 2010.

53 Taitu Betul – Bibliographie

5 BibliographieL’Impératrice Taitu est une figure exceptionnelle des études sur les femmes, du fait que de nombreuses sources traitent de sa vie, notamment des rapports diplomatiques, des chroniques officielles, les riches ressources de la tradition orale (poésie, chansons, témoignages) et des représentations visuelles (photos, peintures). Pour les historiens, il est en revanche plus difficile de décrire les nombreuses manières dont des millions d’Ethiopiennes ordinaires ont vécu et se sont déplacées au fil des siècles.

Adu Boahen, Adu (dir. publ.), Histoire générale de l’Afrique, Paris : UNESCO, 1989, v. 7.

Adugna, Minale, « Women and Warfare in Ethiopia », Gender Issues Research Report Series – n° 13, Organization for Social Science Research in Eastern and Southern Africa (OSSREA),2001.

Bizuneh, Belete, « Women in Ethiopian History: A Bibliographical Review », Northeast African Studies 8.3, 2001, p. 7-32.

Eniyew, Getinet, Empress Taitu, 2008. Pièce (en amharique) traitant de la contribution de l’Impératrice à la défaite des Italiens à Makalle.

Gerima, Haile, Adwa: An African Victory, 1999. Documentaire sur la bataille d’Adwa, par le célèbre réalisateur éthiopien.

Jemberu, Mekdes (dir .publ.), Egna, 1998. Recueil de poèmes de femmes écrivains éthiopiennes (Firmaye Alemu, Aregash Seifu, Mekdes Jemberu, Merkeb Tsegaye, Simegn Gizaw et Senait Abera).

Marcus, Harold, A History of Ethiopia, Berkeley : University of California Press, 1994.

Eds. Milkias, Paulos et Getachew Metaferia, The Battle of Adwa: Reflections on Ethiopia’s Historic Victory Against European Colonialism, New York : Algora Publishing, 2005.

Prouty, Chris, Empress Taitu and Menilek II, Trenton, New Jersey : The Red Sea Press, 1986. Biographie détaillée de Taitu et de son époux à partir de leur mariage.

Sereke-Brhan, Heran, « “Like Adding Water to Milk”: Marriage and Politics in Nineteenth-Century Ethiopia », International Journal of African Historical Studies, vol. 38, n° 1 (2005), p. 49-77.

Pour davantage de ressouces, visitez et diffuser le site Internet www.unesco.org/womeninafrica

Taitu Betul, l’avenèment d’une EtegeTaitu Betul (c. 1851-1918), épouse de Ménélik (Roi du Shoa, puis Négus Negest, ou Roi des rois), fut une remarquable reine et impératrice d’Ethiopie.Elle utilisa son intelligence exceptionnelle pour renforcer et étendre son pouvoir par un mélange subtil de népotisme, de mariages politiques et d’autorité naturelle. Déterminée à résister aux visées impérialistes étrangères sur son pays, elle s’opposa de plus en plus catégoriquement à toute négociation susceptible d’entraîner la perte de territoires éthiopiens. Lorsque la diplomatie céda la place à la guerre, elle marcha à la tête de son propre bataillon, aux côtés de son époux.

Femmes dans l’histoire de l’AfriqueA travers un ensemble de ressources artistiques et pédagogiques portant sur une sélection de figures féminines de l’histoire de Afrique et de sa diaspora, l’UNESCO souhaite rendre hommage aux femmes africaines et honorer leur mémoire. Ce projet vise à témoigner que, de tout temps, ces dernières se sont illustrées dans l’histoire de leur continent, dans des domaines aussi divers que la politique (Gisèle Rabesahala), la diplomatie et la résistance à la colonisation (Njinga Mbandi), la défense des droits de la femme (Funmilayo Ransome-Kuti), et la protection de l’environnement (Wangari Maathai).

La sélection de figures historiques proposée dans le cadre de ce projet ne représente qu’une infime partie de la contribution des femmes africaines ou d’ascendance africaine, qu’elles soient connues ou anonymes, à l’histoire de leur pays, de l’Afrique et de l’humanité tout entière.

Pour davantage de ressources, visiter le site Internet www.unesco.org/womeninafrica

Le projet UNESCO Femmes dans l’histoire de l’Afrique a bénéficié du soutien financier de la République de Bulgarie.

République de Bulgarie

Women in African History

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