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Petite autobiographie 1. Le Nouvel Enseignement Tchan 2. Le dzogchen 3. Tummo 4. Amma 5. Jésus 6. Le roman dharmique 7. Escrocs et gourous indiens 8. Sri Aurobindo et le yoga intégral 9. Petit détour par Kelsang Gyatso : Comprendre l'esprit. 10. Retour au soufisme 11. Retour au christianisme. 12. Projets. Celui qui veut parvenir à un haut rang spirituel doit passer par des épreuves et des examens sans fin. Mais la plupart des candidats sont seulement anxieux de soudoyer l’examinateur. Sri Aurobindo. 1. Le Nouvel Enseignement Tchan J'ai commencé mon parcours en 1996 avec le Nouvel Enseignement Tchan. Les choses semblaient simples. Où que je me tourne, je retombais sur la même "formation mentale ", à savoir qu'il existait quelque chose qui s'appelait "l'éveil", et qu'il suffisait d'un coup de chance ou de quelque retournement magique de l'esprit, pour être "libéré" des ennuis sans fin du samsara. Or, le Nouvel Enseignement Tchan se proposait justement (et se propose toujours) de vous le faire atteindre en dix leçons par correspondance (la vérité si je mens !). Etant extraordinairement naïve, comme tout débutant qui se respecte, je me suis dis que puisqu'ils le disaient, ça devait être vrai, d'autant qu'ils vendaient un petit livret se présentant comme le journal d'un sage taoïste s'étant éveillé en 49 jours, après être parti d'un état apparemment assez ordinaire. Je me suis donc procuré leurs cours auprès d'un ami qui les avait suivis (voyant d'autant moins l'intérêt de les enrichir qu'ils déclaraient ne pas vouloir l'être), j'ai acheté le livre, et j'ai commencé à faire leurs exercices, qui étaient finalement tous destinés à conduire à un seul exercice clé, la "pensée perceptive", fondé en réalité sur le sutra satipatthana. Satipatthana signifie établissement de l'attention. Selon le Bouddha, il existe quatre attentions : - l'attention au corps. - l'attention aux sensations. - l'attention à l'esprit (à la conscience). - l'attention aux formations mentales. Je ne définirai pas ces termes, qui comme tous les objets du dharma sont des objets cachés, et qui ne sont absolument pas donnés d'office, comme j'en discuterai plus tard. Pour le Nouvel Enseignement Tchan, en tous cas, ces objets étaient manifestes, et l'on pouvait d'ailleurs se restreindre à l'attention portée aux sensations, ce que j'ai fait pour commencer, car la tache s'est révélée beaucoup plus ardue que prévu. Pendant trois mois, je n'ai "rien" fait, à part cela - ne travaillant pas vraiment, je pouvais me le permettre -. J'ai même tenu un journal où je notais jour après jour toutes mes observations. Au bout d'un an "d'attention" et de réflexion critique sur la pratique destinée à détecter mes erreurs, n'ayant atteint aucun état mirifique, j'ai acheté une montre qui sonnait toutes les deux minutes, afin de me "rappeler" d'être "attentive". Le problème, c'est que "l'attention" n'ayant elle-même jamais été définie clairement (sauf à dire qu'il devait s'agir d'une attention non-mentale, mais le royaume du non-mental est extrêmement vaste et varié), je m'imaginais que ce que le bouddha appelait "l'attention aux sensations", c'était ce que le Nouvel Enseignement Tchan appelait "attention aux sensations", et moi aussi tant qu'à fair, alors que nous avions affaire là à deux ou trois définitions différentes. Quoi qu'il en soit j'ai réussi à entraîner mes amis de l'époque (cinq ou six malheureux) dans cette aventure, en sorte que nous avons pu comparer nos résultats. Qui étaient à peu près aussi nuls que similaires. Je leur avais prêté les cours du Tchan, je m'étais même procuré les anciens cours du Tchan, relatant la success story du fondateur Jérôme Calmar, j'avais également lu un livre entier sur le sutra Sathipatthana, ainsi qu'un autre sur le sutra Anapanasatti. J'ai également lu Krishnamurti et autres chantres de l'attention consciente, et bien sûr j'ai beaucoup échangé avec mes amis, dont la culture était d'ailleurs largement plus vaste que la mienne. En un mot, je n'ai pas ménagé mes efforts. Mais je ne voulais rien laisser au hasard, pour être sûre que dans le cas où ça ne fonctionnerait pas comme prévu, j'aurais fait les choses au mieux de mes possibilités, et que je n'aurais donc aucun regret : maximum de pratique, maximum de renseignements, maximum de réflexion critique et de remise en question, maximum d'échanges. Peut-être que nous étions vraiment très peu doués, tous autant que nous étions, mais nous avons dû finalement écarter cette hypothèse, car durant tout ce temps, j'ai eu l'occasion de parler avec des dizaines de personnes ayant terminé l'enseignement par correspondance et le résultat était partout le même : une forme d'ataraxie et d'auto-satisfaction de bon aloi, qui semblait contenter à peu près tout le monde. Sauf moi, malheureusement. Cela dit, il faut quand même préciser par souci d'honnêteté que le ton des anciens cours du Tchan était assez différent de celui des nouveaux cours. Les nouveaux cours parlent simplement "d'éveil", alors que les anciens cours établissent des degrés d'éveil, précisant que le degré que l'on pouvait atteindre seul n'était pas très élevé. Cela dit les méthodes proposées pour une pratique collective paraissaient tout à fait dignes du "chamanisme toltèque" à la Castaneda. Dans la même période, je suis allée faire un petit tour à la Gendronnière (le repaire de l'AZI) pour une sesshin après avoir lu un livre du Dr Suzuki. Là j'ai eu un entretien avec un instructeur qui m'a dit en substance que j'étais une pauvre fille qui n'avait rien compris et que je faisais beaucoup trop d'efforts - qu'en réalité il ne fallait faire aucun effort. Mais je sentais bien que si je ne faisais aucun effort, Pagina 1 di 10 autobiographie 06/03/2013 http://clarte.eu.com/petiteperfection/biographies/autobio.htm

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Petite autobiographie

1. Le Nouvel Enseignement Tchan2. Le dzogchen3. Tummo4. Amma5. Jésus6. Le roman dharmique7. Escrocs et gourous indiens8. Sri Aurobindo et le yoga intégral9. Petit détour par Kelsang Gyatso : Comprendre l'esprit.10. Retour au soufisme11. Retour au christianisme.12. Projets.

Celui qui veut parvenir à un haut rang spirituel doit passer par des épreuves et des examens sans fin. Mais la plupart des candidats sont seulement anxieux de soudoyer l’examinateur. Sri Aurobindo.

1. Le Nouvel Enseignement Tchan

J'ai commencé mon parcours en 1996 avec le Nouvel Enseignement Tchan. Les choses semblaient simples. Où que je me tourne, je retombais sur la même "formation mentale ", à savoir qu'il existait quelque chose qui s'appelait "l'éveil", et qu'il suffisait d'un coup de chance ou de quelque retournement magique de l'esprit, pour être "libéré" des ennuis sans fin du samsara. Or, le Nouvel Enseignement Tchan se proposait justement (et se propose toujours) de vous le faire atteindre en dix leçons par correspondance (la vérité si je mens !). Etant extraordinairement naïve, comme tout débutant qui se respecte, je me suis dis que puisqu'ils le disaient, ça devait être vrai, d'autant qu'ils vendaient un petit livret se présentant comme le journal d'un sage taoïste s'étant éveillé en 49 jours, après être parti d'un état apparemment assez ordinaire.

Je me suis donc procuré leurs cours auprès d'un ami qui les avait suivis (voyant d'autant moins l'intérêt de les enrichir qu'ils déclaraient ne pas vouloir l'être), j'ai acheté le livre, et j'ai commencé à faire leurs exercices, qui étaient finalement tous destinés à conduire à un seul exercice clé, la "pensée perceptive", fondé en réalité sur le sutra satipatthana.

Satipatthana signifie établissement de l'attention. Selon le Bouddha, il existe quatre attentions :- l'attention au corps.- l'attention aux sensations.- l'attention à l'esprit (à la conscience).- l'attention aux formations mentales.

Je ne définirai pas ces termes, qui comme tous les objets du dharma sont des objets cachés, et qui ne sont absolument pas donnés d'office, comme j'en discuterai plus tard. Pour le Nouvel Enseignement Tchan, en tous cas, ces objets étaient manifestes, et l'on pouvait d'ailleurs se restreindre à l'attention portée aux sensations, ce que j'ai fait pour commencer, car la tache s'est révélée beaucoup plus ardue que prévu. Pendant trois mois, je n'ai "rien" fait, à part cela - ne travaillant pas vraiment, je pouvais me le permettre -. J'ai même tenu un journal où je notais jour après jour toutes mes observations.

Au bout d'un an "d'attention" et de réflexion critique sur la pratique destinée à détecter mes erreurs, n'ayant atteint aucun état mirifique, j'ai acheté une montre qui sonnait toutes les deux minutes, afin de me "rappeler" d'être "attentive". Le problème, c'est que "l'attention" n'ayant elle-même jamais été définie clairement (sauf à dire qu'il devait s'agir d'une attention non-mentale, mais le royaume du non-mental est extrêmement vaste et varié), je m'imaginais que ce que le bouddha appelait "l'attention aux sensations", c'était ce que le Nouvel Enseignement Tchan appelait "attention aux sensations", et moi aussi tant qu'à fair, alors que nous avions affaire là à deux ou trois définitions différentes.

Quoi qu'il en soit j'ai réussi à entraîner mes amis de l'époque (cinq ou six malheureux) dans cette aventure, en sorte que nous avons pu comparer nos résultats. Qui étaient à peu près aussi nuls que similaires. Je leur avais prêté les cours du Tchan, je m'étais même procuré les anciens cours du Tchan, relatant la success story du fondateur Jérôme Calmar, j'avais également lu un livre entier sur le sutra Sathipatthana, ainsi qu'un autre sur le sutra Anapanasatti. J'ai également lu Krishnamurti et autres chantres de l'attention consciente, et bien sûr j'ai beaucoup échangé avec mes amis, dont la culture était d'ailleurs largement plus vaste que la mienne. En un mot, je n'ai pas ménagé mes efforts. Mais je ne voulais rien laisser au hasard, pour être sûre que dans le cas où ça ne fonctionnerait pas comme prévu, j'aurais fait les choses au mieux de mes possibilités, et que je n'aurais donc aucun regret : maximum de pratique, maximum de renseignements, maximum de réflexion critique et de remise en question, maximum d'échanges.

Peut-être que nous étions vraiment très peu doués, tous autant que nous étions, mais nous avons dû finalement écarter cette hypothèse, car durant tout ce temps, j'ai eu l'occasion de parler avec des dizaines de personnes ayant terminé l'enseignement par correspondance et le résultat était partout le même : une forme d'ataraxie et d'auto-satisfaction de bon aloi, qui semblait contenter à peu près tout le monde. Sauf moi, malheureusement. Cela dit, il faut quand même préciser par souci d'honnêteté que le ton des anciens cours du Tchan était assez différent de celui des nouveaux cours. Les nouveaux cours parlent simplement "d'éveil", alors que les anciens cours établissent des degrés d'éveil, précisant que le degré que l'on pouvait atteindre seul n'était pas très élevé. Cela dit les méthodes proposées pour une pratique collective paraissaient tout à fait dignes du "chamanisme toltèque" à la Castaneda.

Dans la même période, je suis allée faire un petit tour à la Gendronnière (le repaire de l'AZI) pour une sesshin après avoir lu un livre du Dr Suzuki. Là j'ai eu un entretien avec un instructeur qui m'a dit en substance que j'étais une pauvre fille qui n'avait rien compris et que je faisais beaucoup trop d'efforts - qu'en réalité il ne fallait faire aucun effort. Mais je sentais bien que si je ne faisais aucun effort,

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j'allais simplement retomber dans mon état antérieur, je n'en voyais donc pas l'intérêt. Je suis donc partie au bout de trois jours, d'autant que l'atmosphère générale était absolument sinistre, les instructeurs ne rayonnant pas la joie divine, et les disciples encore moins.

Avec un ami, j'ai également fait une petit visite à Karma-Ling, l'antre de Lama Denys (aujourd'hui "Rinpoche" et "Vajradhara") que je n'ai d'ailleurs pas rencontré. Le lieu était fréquenté par quelques instructeurs ternes, résidents désabusés, et visiteurs goguenards, il y faisait froid et humide (par contre le chalet était très bien). L'activité la plus intéressante était la promenade en forêt. Une forêt de sapins qui prenait des allures de bardos sous la lune fantômatique, et où nous allions nous faire peur toutes les nuits. Après cela, j'ai tenté une petite visite du côté de Kagyu-Ling mais j'en ai de très mauvais souvenirs, entre un lama star, de jeunes résidents un peu désaxés, et un réfectoire où je n'ai trouvé aucun interlocuteur valable - comble de malchance, j'ai fini par être harcelée par une pauvre femme dépressive qui traînait toute la misère du monde. Au final, j'ai appris que les gens du lieu me regardaient de travers parce que j'avais le malheur de me réchauffer sous une grande serviette de bain orange, n'ayant pas apporté avec moi assez d'habits. Or la couleur orange, comme chacun sait, est la même que celle des robes des lamas ! (qui sont bordeau). A passage j'ai remarqué une nonne qui s'hypnotisait sur sa pratique de satipatthana, apparemment ça ne marchait pas non plus pour elle car il n'en émanait vraiment rien qui donnât envie de lui ressembler.

Après l'attention aux sensations, j'ai testé la respiration consciente, censée donner un résultat similaire. J'ai lu ce que j'ai pu sur la question, et j'ai pratiqué un minimum de 10 heures par jour pendant un an, aidée de ma fidèle montre, et ensuite d'un mala (je faisais en moyenne 100 malas par jour). J'ai même poussé le vice jusqu'à la faire sonner ma montre dix-huit heures par jour. Ce qui m'a au moins permis de constater qu'en sommeil profond, le temps passe à la vitesse de l'éclair pour la conscience subjective. Lorsque je m'endormais, j'avais parfois l'impression que ma montre sonnait de manière ininterrompue. J'ai également fait quelques rêves lucides grâce à elle.

Bref, au bout de quatre ans de ce petit jeu, il est devenu assez clair que cela n'allait pas me conduire où que ce soit. J'étais certainement devenu quelqu'un de très calme et d'assez observateur, sans beaucoup de perturbations mentales, mais ce n'était pas ce qui m'intéressait. Ce qui était à la fois rassurant (pour mon ego) et inquiétant (pour l'avenir), c'est que je n'avais croisé personne dans le petit peuple des citoyens lambdas dont je faisais partie, qui eût obtenu un résultat décent avec ce genre de méthodes - j'ignorais ce qu'était un résultat décent d'un point de vue positif, mais en tous cas ce n'était pas ce que j'avais obtenu, ni les gens avec qui j'avais eu l'occasion de parler.

Ayant des amis chrétiens orthodoxes que j'appréciais beaucoup, j'ai décidé de faire un essai de ce côté (ce qui n'empêchait pas de toutes façons de continuer à pratiquer "l'attention consciente"). J'ai donc eu un entretien avec Monseigneur Germain, dont j'avais lu l'excellent livre "Pour une théologie du coeur", et j'ai reçu la chrismation un Noël. Ensuite je suis allée régulièrement à la messe. J'ai également lu les Récits d'un Pèlerin russe, le cours sur l'antinomie, de feu Mgr Jean, et je m'imaginais fort naïvement trouver des gens prêts à échanger leurs expériences et connaissances. Au lieu de cela, je tombai sur une petite communauté frileuse en plein désarroi parce que l'évêque s'était marié sans rien dire à personne... Déjà à cette époque, je constatais que selon la formule consacrée "Personne n'en a rien à faire de personne". Les gens veulent bien parler de spiritualité une heure de temps en temps, mais la "vraie vie" les occupe bien davantage.

2. Le dzogchen.

C'est à cette époque que j'ai rencontré P*, qui m'a introduite à la tradition Bön. P* était un homme d'une cinquantaine d'années, très sûr de lui et pour cause, cela faisait plus de vingt-cinq ans qu'il courait les maîtres, en réalité il avait suivi l'enseignement de dizaines de maîtres bouddhistes dont Dudjom Rinpoche ou Guendune Rinpoche et reçu des dizaines (centaines) d'initiations, bien qu'il ne dédaignât pas l'hindouisme ou le christianisme. En fait, il avait la qualité extrêmement rare de ne pas être un pratiquant à mi-temps ou à quart-temps, c'est-à-dire qu'il avait vraiment vécu sa vie pour la pratique, il était allé en Inde, et il avait pratiqué des dizaines de milliers d'heures. En fait, c'était la perle rare des pratiquants occidentaux, car je ne pense pas qu'on en trouve beaucoup qui soient plus impliqués. Pour quelqu'un qui n'y connaissait pas grand-chose, il apparaissait comme un puits de science, et comme j'avais une certaine faculté à écouter les puits de science afin d'apprendre ce qu'ils savaient, je l'ai beaucoup écouté, et j'en ai appris beaucoup. Du moins, j'en ai appris beaucoup sur son propre système de croyances, car le problème c'est qu'il ne soumettait jamais ses conclusions à vérification.

Il m'a conduite aux enseignements de Lopön Tenzin Namdak, un vénérable grand-père qui parlait de l'état naturel de manière si convaincante que bientôt j'ai fini par être convaincue que réellement, il n'y avait "rien" à faire - cela dit, je ne prétends pas que ce soit par autre chose qu'une mauvaise compréhension de son enseignement. A cette époque, je ne pouvais pas me douter que tous les objets dont il était question étaient "cachés", dans la mesure où ils semblaient manifestes pour absolument tout le monde, y compris P* qui savait déjà tout cela depuis très longtemps - en fait il savait tout depuis son premier jour de méditation, tant il était surdoué. Donc je n'ai plus "rien" fait pendant 3 ans, à part écouter les discours du Lopön une fois par an, tout en allant le reste du temps aux enseignements d'un autre lama qui enseignait sur Paris, C* Rinpoche. J'écoutais également les discours de P*, cela dit ils commençaient à être un peu répétitifs. Il objecterait certes qu'une fois qu'on a trouvé la vérité, il n'y a rien à renouveler, ce qui est un vision tout à fait partielle pour ne pas dire erronée, ainsi que je l'expliquerai plus loin. Quoi qu'il en soit, il avait raison sur tout ce qui touchait à la pratique et au dharma, et il ne fallait pas s'aviser de le contredire.

Je dois dire que c'est lui qui m'a appris à analyser les choses en profondeur, bien involontairement du reste. En effet, il y avait autour de lui deux sortes de gens.Soit ceux qui pensaient qu'il était réalisé, soit ceux qui pensaient que c'était un plaisantin. Mais si l'on voulait bien se donner la peine de considérer l'ensemble des faits, il n'était ni l'un ni l'autre. Les centaines d'heures que j'ai passées à essayer de démêler son cas m'ont appris à ne laisser aucun fait de côté dans l'analyse d'une situation. Mais pourquoi y avoir passé tant de temps me dira-t-on ? Simplement pour séparer le bon grain de l'ivraie, car il y avait incontestablement du bon grain dans ses paroles. Et aussi de l'ivraie. Or, trouver un pratiquant bouddhiste occidental qui ait une pratique sérieuse, qui ait le désir de partager, et qui ait réellement quelque chose à en dire, eh bien c'est extrêmement difficile. Alors j'ai simplement tiré le meilleur parti de celui que j'avais sous la main, d'autant qu'au fond je l'aimais bien, et qu'il était mille fois plus intéressant que n'importe lequel de ses frères de sangha. Il ne détenait pas la vérité, mais il avait beaucoup plus de choses à dire que les autres bouddhistes que j'ai eu l'occasion d'interroger.

Suivant P* dans son programme, puisqu'il en savaitr beaucoup plus que moi, je me suis également mise au chi-qong, et j'ai suivi les cours d'une certaine Kar-fung, une chinoise d'une cinquantaine d'années aux discours merveilleux. Elle avait passé son enfance

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dans un monastère (si j'ai bien compris et si elle n'a pas menti), expliquait les icônes chrétienne par la physiologie taoïste, en fait elle avait inventé tout un système pratique fort intéressant combinant les traditions d'Orient et d'Occident. Cependant, les prix des cours a graduellement augmenté, le discours est devenu graduellement plus mirifique, j'ai appris qu'il y avait eu des frictions avec C* Rinpoche dont elle avait relativement abusé de la bonté, bref... C'était sympathique mais douteux au final. Si on avait du temps et de l'argent à perdre, ou si on voulait devenir prof de tai-chi sous licence kar-fungienne, c'était bien, sinon... J'ai donc testé un deuxième professeur de chi-qong, un certain Wen-tuin, chinois habitant dans le 15è arrondissement, un véritable escroc celui-là, qui m'a extorqué des sommes rondelettes, je dois le reconnaître. J'ai également testé le travail du Chi au centre Stévanovitch, il y avait des techniques intéressantes. Mais ce que je peux dire aujourd'hui, c'est qu'aucune de ces personnes ne connaissait l'alchimie taoïste, ce qui au final était la seule chose qui aurait pu m'amener là où je le souhaitais.

Malgré ma naïveté persistante, j'avais semble-t-il une qualité rare, c'est que même si j'avais dépensé un temps et un argent considérable dans tel ou tel domaine, je n'avais aucun problème pour abandonner la chose en cas d'échec et aller voir ailleurs. Alors que la plupart des gens malheureusement préfèrent insister dans l'espoir que ça va finir par donner des résultats, ou mieux, se convaincre qu'ils ont des résultats.

J'ai donc continué à écouter les discours de P* et j'ai essayé de tout reprendre par le début. A un certain moment, j'ai quand même fini par remarquer qu'il y avait deux sortes de discours. Un discours pseudo-dzogchen ou pseudo-advaitiste, comme quoi tout est déjà là et il n'y a rien à faire (et qui essaie de vous faire croire que si vous en êtes encore à faire des efforts c'est que vraiment vous êtes un pauvre imbécile qui n'a rien compris), et un discours un peu plus volontariste (qu'on entend principalement chez les tibétains), qui disait qu'avant de ne rien faire, il fallait déjà avoir parcouru un long chemin. P* pour sa part ayant déjà parcouru ce chemin d'après son propre jugement, l'absence constatée de visions de thögal était probablement le signe, d'après lui, qu'il en était à la dernière vision, celle de la résorption des apparences (!), donc il ne pouvait pas m'aider dans ma recherche. C'est ici que nos chemins ont commencé à diverger.

En effet, j'avais décidé de remettre d'aplomb tous ces discours contradictoires (notamment ceux qui entouraient le dzogchen), dont l'aspect contradictoire ne semblait déranger personne à part moi, et je me suis aperçue qu'il y avait un ordre, qu'avant la 4ème vision, il y avait la 3ème, et avant elle la 2ème, et avant elle la 1ère. Incroyable. Que chacune avait des caractéristiques précises, et qu'on ne pouvait pas penser au gré de son imagination qu'on se trouvait à tel ou tel stade. Quant à l'état naturel, il n'y avait pas moyen de trouver quelqu'un qui se soit interrogé vraiment à ce sujet, puisque tout le monde y était. Tenzin Wangyal explique d'ailleurs dans Les prodiges de l'esprit naturel, qu'il suffit de méditer 15 jours sur le A blanc, de recevoir l'introduction, et c'était tout bon. Pour tout le monde, c'était un objet tout à fait évident. Je me suis donc fait le raisonnement suivant : "je vais pratiquer thögal, et si je suis dans l'état naturel, j'aurai des résultats. Sinon, c'est que je n'y suis pas, et qu'il va me falloir le trouver". Contrairement à P* qui en était à la 4ème vision, je n'en était pas encore à la 1ère, on comprend donc qu'il était difficile d'en discuter ensemble.

Je me levais donc à sept heures du matin l'été pour aller dans les jardins publics, à huit heures je prenais un petit déjeuner au café du coin, ensuite j'y retournais, et puis je revenais l'après-midi. J'ai vu quelques jolies petites choses dans le ciel, mais ça n'a pas évolué. Cependant j'ai pu faire des observations instructives sur la terre ferme.

Tous les matins, je voyais la même employée municipale venir s'occuper du jardin, et elle m'étais d'ailleurs assez sympathique, jusqu'au jour où je l'ai vue balayer de la poussière sur un pigeon à moitié mort qui battait de l'aile. Ne cédant pas à l'impulsion de l'étrangler pourtant forte, j'ai attendu qu'elle parte, j'ai pris le pigeon dans mes mains et je l'ai ramené chez moi (en pleurant), là je lui ai posé un texte (du dzogchen) sur la tête pour qu'il ait une meilleure réincarnation et il a expiré dans l'heure. J'observais également les enfants, et c'est là que j'ai vu réellement le mensonge à l'œuvre, sans fard. Un jour par exemple, ils faisaient un jeu consistant à se tenir sur un pied sur des plots en béton, le gagnant devrait être celui qui tiendrait le plus longtemps. Le gamin qui est tombé le premier s'est mis à crier

"j'ai gagné ! j'ai gagné !". Il en a résulté une telle confusion que le jeu a sombré, au final c'était le plus nul qui avait réussi à attirer toute l'attention sur lui.

Lorsque je méditais sur le trottoir en face de chez moi (il me fallait une portion de ciel bleu), diverses personnes me croyant SDF m'ont proposé de l'argent, et la police est même venue me demander si tout allait bien. Du coup, j'ai déménagé devant une entrée du Père-Lachaise, qui était un endroit peu fréquenté, assez sympathique, mais qui parfois sentait le pipi de chien à cause d'un poteau qui apparemment plaisait aux chiens.J'en ai également profité pour réciter parallèlement quelques millions de mantras, on ne sait jamais, ça pouvait toujours donner un résultat. En tous cas j'ai un très bon souvenir de toute cette période, même si j'en suis restée à la zéro-ième vision, faute de savoir ce qu'était l'état naturel.

Période qui a duré deux ans, le temps que je m'avise qu'avant le neuvième véhicule (le dzogchen), il y en avait un huitième, et puis un septième, et puis un sixième… D'ailleurs, C* Rinpoche avait quand même eu la bonté de me signaler qu'avant de pratiquer thögal il fallait stabiliser l'état naturel, mais j'aurais eu du mal à mettre son conseil en pratique, puisque, au contraire de tout le monde, j'ignorais en réalité ce que c'était !J'en avais la preuve puisque ma pratique finalement n'avait pas marché. (Je dirais que c'était la ma deuxième qualité : quand j'ai une certitude, je la mets à l'épreuve, et si le résultats ne sont pas les résultats escomptés, alors je sais que je me suis trompée. C'est simple, et pourtant personne ne le fait).

En fait, c'est le grand problème du bouddhisme, et du dharma en général, en Occident. Etant soi-disant intelligents, nous nous imaginons savoir de quoi il est question, sous prétexte que nous avons entendu quelques explications, qui nous ont semblé correspondre à notre expérience, reçu quelques initiations (qui font de nous des gens spéciaux). Personne ne se fait apparemment

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la réflexion que si nous savions de quoi il s'agit, alors c'est nous qui enseignerions. Il semble qu'en général, les lamas passent pour des gens qui en savent plus intellectuellement, mais qui ne sont pas vraiment différents de nous - bien qu'ils se tuent à dire le contraire -. Il suffit donc d'aller les écouter pour en savoir autant qu'eux - et peut-être même qu'en lisant beaucoup de livres, nous en saurons plus qu'eux.

Après ces deux ans d'efforts soutenus, mon échec ne m'a pas poussée à me convaincre qu'il n'y avait rien d'autre à trouver, mais plutôt qu'il y avait quelque chose à trouver, qui était manifestement caché (par les lamas). Si bien caché que même P* ne l'avait pas trouvé, toujours empêtré dans les mêmes problèmes et tenant toujours les mêmes discours - " Il n'y a personne " " Je suis en colère mais c'est vu comme vide " etc… Là j'ai commencé à en avoir assez, j'ai décidé qu'il était temps de s'y mettre sérieusement. De n'écouter personne, car il y avait manifestement une conspiration du silence chez ceux qui savaient, soutenue par la naïveté et la paresse de ceux qui ne savaient pas. Il me fallait trouver une pratique qui marche. L'attention consciente ne fonctionnait pas, le dzocghen non plus, et les préliminaires pas davantage (j'avais récité assez de mantras pour le savoir, et les retraites d'une semaine chez C* Rinpoche, consacrées aux préliminaires, étaient pour moi une catastrophe, me faisant à chaque fois détester davantage ces pratiques).

3. Tummo

C'est à ce moment j'ai "relu" Claire Lumière de Félicité de Kelsang Gyatso, un lama très contesté, et bien que l'ensemble m'ait paru assez abscons, la pratique de tummosemblait prometteuse. Quoique fort aride. Mais enfin, avec ses explications, on en savait assez pour s'y mettre, à condition d'avoir beaucoup de bonne volonté. Etant donné qu'aucune initiation ne m'avait jamais donné une quelconque capacité, je me suis dit que je pouvais aussi bien commencer sans initiation ni lung, que ça ne serait pas pire. Je trouvais d'ailleurs étrange que ce soit une pratique plus ou moins maîtrisée par tous les Rinpoches, tout en n'étant pratiquée par aucun occidental. Je pouvais constater par ailleurs que les transmissions étaient extrêmement rares et qu'on ne poussait surtout pas les gens à pratiquer. En un mot, j'ai suspecté qu'il y avait là la clé de notre inaptitude, en même temps que la clé de l'aptitude des lamas. J'ai donc commencé à pratiquer entre 3h et 4h par jour, sans beaucoup de résultat. J'ai reçu le lung 4 mois plus tard, ce qui n'a strictement rien changé, de toutes façons le gueshé donnait l'impression de s'ennuyer ferme pendant sa lecture.

Quoi qu'il en soit, j'avais au moins acquis la certitude que j'ignorais tout à fait ce qu'était l'état naturel. Même si on nous dit partout qu'on en a des éclairs toute la journée (entre deux respirations par exemple), en réalité rien ne saurait être plus faux. Ceux qui disent cela sont soit des grands Rinpoches qui sont tombés dans la marmite étant petits, et qui ignorent tout de la condition ordinaire, soit des menteurs qui eux-mêmes ne savent pas de quoi ils parlent. Il est possible qu'entre deux respiration, il y ait une milliseconde de calme mental, mais le véritable état naturel, union de la clarté et de la vacuité, c'est tout autre chose.

Le premier début de mini-résultat est venu au bout de six mois, mais en fait ça n'était rien de stable. Je me suis donc décidée à étudier en détail tous les facteurs en jeu, quel que soit le temps que cela prendrait, qui se révélaient de plus en plus nombreux, afin de pouvoir obtenir des résultats reproductibles. En décembre, j'ai fait une semaine de retraite de tummo au centre Bön, ce qui n'a été d'aucune utilité. Comme on pouvait s'en douter, l'enseignement était tout à fait incomplet, aucun exposé sur la claire lumière ni les signes de la claire lumière, autrement dit ceux qui n'avaient pas lu Kelsang Gyatso n'avaient pas la moindre idée de l'objectif de la pratique.

J'ai continué pendant un an, et là j'ai compris que le ciel allait devoir m'aider, parce que cela s'avérait beaucoup plus difficile que prévu. D'après ceux qui avaient essayé cette pratique, cela ne posait pas de problèmes particuliers, à ceci près que n'étant au courant de rien de ce qu'il fallait réellement obtenir, ils n'obtenaient pas le résultat correct et l'ignoraient, ce qui est une façon assez simple d'être satisfait. Pour ma part, plus j'avançais plus je voyais que les vents avaient de la difficulté à entrer dans le canal central, que les gouttes avaient de la difficulté à fondre, et qu'aucune technique ne pourrait rien y changer. Et le temps passait.

Je dois préciser que je n'ai jamais pratiqué bêtement. Ou du moins, j'ai passé un temps fou à pratiquer bêtement, mais il ne s'est jamais passé trois jours sans que je remette en question ce que je faisais. Le seul problème c'est que cette remise en question ne pouvait s'effectuer qu'aux abords de ce que je faisais déjà, c'est-à-dire dans les limites de ce que je pouvais percevoir ou concevoir (ou non-percevoir et non-concevoir). Autrement dit, la pratique bête succédait à la pratique bête, personne n'ayant jamais su/voulu m'expliquer ce qu'était une pratique intelligente. Les lamas étant malheureusement les derniers à vendre la mèche. Cependant j'étais convaincue qu'il y avait des "secrets" à découvrir, et j'ai fini par me dire que si je voulais avoir une chance de les découvrir, je devais aller voir ce qui se passait dans d'autres traditions. En effet, il y avait des chances que les questions non envisagées ou non explicitées ne soient pas les mêmes et qu'en mettant plusieurs traditions bout à bout on ait un éclairage plus complet. Si on peut jouer le jeu complètement.

4. Amma.

En 2007, je me suis donc décidée à aller voir Amma, réputée omnisciente, pour prendre le mantra. Je me disais qu'un être omniscient qui offrait son corps pour le bien des êtres avec une telle constance, saurait forcément mieux m'aider qu'un lama dont l'agenda caché me restait secret (et d'après Dzongsar Khyentsé, ils en ont tous un).

Je suis allée aux 3 jours à Paris, j'ai acheté un sari du Devi-bhava, une paire de sandales d'Amma, une écharpe portée par Amma ainsi que divers autres objets. Non par superstition, mais parce que Muktananda prétend avoir "vu" des particules bleues s'émaner des objets que son maître lui avait donnés, et qui étaient en sorte des particules de Shakti. Je me suis dit que les objets portés par Amma devaient avoir la même vertu, bien que je n'aie jamais pu le vérifier. Mais puisqu'en même temps je donnais des l'argent pour des oeuvres humanitaires... au mieux j'acquérais des objets sacrés, au pire je construisais une maison pour les pauvres.

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J'ai lu toute la série des " Eveillez-vous mes enfants", j'ai médité sur Amma, et j'ai récité dix millions de mantras tout en m'interrogeant régulièrement sur le sens de cette pratique, et comme j'y avais emmené mes amis (pour changer), j'en ai discuté avec eux. Ça ne venait pas comme j'aurais voulu, mais enfin, je continuais de m'interroger - au lieu de me contenter des explications dont tout le monde se contente, soit que le mantra calme le mental, soit qu'il vous relie au gourou comme à un fil et que le gourou s'occupe de vous, soit qu'une divinité va vous prendre sous son aile… Tout ça c'était bien gentil, mais c'était juste des choses que les gens disaient - y compris les gourous. Mais quelle valeur ont les mots ? Personnellement, je ne voyais pas le fil me reliant au gourou, donc je voulais bien y "croire", mais pas plus loin que les progrès que je constaterais.

Dans le même temps j'ai réussi à faire deux retraites d'une semaine chez C* Rinpoche, en me disant fort "logiquement" que c'était Amma qui m'y envoyait. En effet, étant arrivée un soir à une conférence, alors que je ne m'étais pas manifestée depuis des mois, une camarade de sangha me demande si je vais à la prochaine retraite. Pour ne pas faire de vagues, je dis "je ne sais pas", et là elle me dit qu'il doit rester des places, elle appelle le responsable qui dit qu'il reste des places, et me voilà inscrite. Rien de bien sorcier me direz-vous. Sauf que j'ai appris le lendemain qu'il ne restait plus de places depuis des mois et que la liste d'attente était longue comme le bras. Bref. Là je prends un entretien avec le lama qui me dit qu'il s'inquiète un peu de ma propension à vouloir progresser toute seule bien que mon aspiration lui semble correcte, et là je lui dis que j'ai un maître, qui est Amma... Le brave homme a dû être quelque peu surpris,

quoi qu'il n'en ait rien montré, et il m'a expliqué que selon lui, cela pouvait difficilement être le cas, et que si c'était mon avis ce n'était sans doute pas celui d'Amma.C'est ici qu'on voit la différence de culture. Il est écrit noir sur blanc chez Amma qu'à partir du moment où vous prenez le mantra, elle devient votre satguru, point final. Apparemment pour un tibétain ça ne vaut rien, même de la part d'un être qu'eux-mêmes admettent être un bouddha. Allez savoir où se trouve la vérité dans tout ça. Ensuite j'ai parlé de tummo, la conversation fort sympathique au demeurant ne s'est terminée sur rien de précis. Il a juste semblé étonné que je connaisse toutes ces sortes de choses (pour sûr, lui-même n'en parlait jamais).

Durant cette période, j'ai commencé à avoir quelques sensations bizarres au niveau du cœur que j'identifiais comme des "problèmes de lungs" dûs à ma pratique acharnée de pranayamas (sans instructeur puisque de toutes façons les conseils donnés par le gueshé ayant fait la transmission ne manifestaient aucune clairvoyance supérieure à la mienne concernant mes propres problèmes). Je m'en suis remise à Amma qui évidemment n'a rien fait (et d'ailleurs pourquoi aurait-elle dû faire quelque chose, enfin, j'aurais au moins voulu comprendre ce qui se passait, mais apparemment je devais comprendre par moi-même).

5. Jésus.

C'est là que j'ai eu une sorte de révélation chrétienne en lisant la vie de Saint Gérard de Majella (révélation que j'imputais à Amma, censée être mon guru). J'ai donc appelé un ami à huit heures du matin pour m'accompagner au Sacré-Cœur, à la messe de 10h (je crois). Le prêtre croyait vraiment à ce qu'il disait, son enthousiame était communicatif, et bien que n'ayant jamais fait de première communion (j'étais juste baptisée dans l'église catholique, ayant reçu la chrismation dans l'église orthodoxe, ce qui donne le droit de prendre la communion chez les catholiques) j'ai communié.

Cela m'a fait le même effet qu'un darshan d'Amma, j'ai donc décidé d'y retourner, et pendant 3 mois je suis allée à la messe presque tous les jours. D'abord au sacré-cœur, puis à Notre Dame, et aussi à Saint Gervais. Dans le même temps j'ai lu et fait lire à mes amis les mystiques chrétiens, notamment Sainte Thérèse d'Avila chez qui j'ai retrouvé tous les signes de la claire lumière. J'ai donc décidé de me lancer dans une étude comparative des religions, m'imaginant retrouver partout la même chose, semblablement à tous ceux qui clament que c'est partout la même chose.

Cependant il y avait des notes discordantes, notamment la vie de Jésus, et le fait qu'il soit dit qu'il avait réellement souffert sur la croix, ce qui n'aurait pas été le cas d'un maître bouddhiste prêt à partir en corps d'arc-en-ciel. A partir de là, deux voies de présentaient : soit essayer de tout ramener à une sorte de tradition unique dans la lignée de Guénon ou Schuon, en ignorant sciemment toutes les discordances, soit essayer de comprendre le christianisme en tant que tel, à partir de lui-même et d'une pratique chrétienne, en suivant les indications des mystiques.

C'est là que j'ai identifié précisément la "connaissance par identité". En effet, j'ai vite compris qu'il était impossible de lire les mystiques dans un esprit ordinaire, en essayant d'analyser avec le mental, ce qui conduit inévitablement à une comparaison très peu flatteuse pour nous. La seule option qui reste, c'est de s'identifier à eux le plus complètement possible, et de lire leur histoire comme si c'était la nôtre. C'est à ce moment qu'on réalise qu'il y a des transmissions qui s'effectuent, et que toute leur démarche à un sens, en elle-même. Par exemple, on ne peut pas dire avec les bouddhistes que la transsubstantiation n'a pas lieu, car pour les mystiques chrétiens, elle a lieu. Et on ne voit pas de quel droit on donnerait raison à un bouddhiste sur un sujet qui ne le concerne pas, alors que les premiers concernés sont d'un autre avis.

Car on finit par découvrir que tout se joue en réalité dans les royaumes de la subjectivité. Pas une subjectivité délirante, c'est-à-dire mentale, mais une subjectivité vraie, qui se situe au-delà du mental, dans les domaines de l'imaginal, ou des terres pures. Car étonnamment, au-delà du mental, ce n'est pas le domaine sans partage du silence des sépulcres blanchis, il y a des "divinités", des "anges", des "bouddhas" et des "paradis".

C'est ici que je me suis avisée qu'il existait, en préalable à la pratique de tummo, quelque chose qui se nommait le "stade de génération" et qui devait être suffisamment avancé pour que le reste fonctionne. Que le stade de génération devait conduire à la "huitième terre de boddhisattva", après quoi tummo assorti d'autres pratiques comme la "récitation-vajra" pouvait mener aux

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suivantes. Du coup, j'ai compris pourquoi je n'avais pas obtenu le résultat de tummo, cela aurait signifié que j'étais à la 9ème terre, et j'en étais fort loin, n'ayant même pas développé les 6 paramitas. En quelque sorte, j'ai commencé à voir que le développement d'une pratique apparemment technique comme tummo suit en réalité le développement de "qualités éveillées", et que l'aspect technique, qui est évidemment le seul décrit, n'est qu'une présentation très externe, qui n'atteint absolument pas le coeur du sujet. Que tous les objets, les gouttes, les vents, les canaux, sont en réalité des apparences qui recouvrent un "sens", et que si l'on n'en réalise pas le sens, alors les apparences ne vont pas bouger. De même que ce n'est pas en tirant sur les habits d'une personne qu'on la déplace. Les vents "féminins" ou "masculins", ou le vent de l'élément terre, feu, ou eau, ne sont pas des courants d'énergie de telle ou telle couleur, situés dans tel endroit, ce sont en premier lieu des qualités. C'est en se concentrant sur la qualité qu'on les atteint, et non sur la description. Pour les chakras c'est la même chose. S'imaginer une roue verte qui tourne, ou un triangle rouge, ou allez avoir quoi, ça n'a aucun sens. A partir de là, on comprend que la science va avoir du mal à objectiver tout cela, puisqu'il s'agit en fait de qualités, qui en outre ne sont pas manifestes pour l'esprit ordinaire, et qui sont en réalité des objets infinis.

Du coup, le sens du japa à lui aussi commencé à s'éclairer. Réciter un mantra ne consiste pas à répéter une formule comme un perroquet, mais à générer une divinité et sa terre pure. Ce qui se fait sur la base de "vents de sagesse". En ce qui concerne le stade de génération, les vents de sagesse sont générés par l'union des vents masculins et féminins, rendue possible par la fonte des gouttes en-dehors du canal central, les gouttes libérant les vents tenus prisonniers dans les canaux. C'est donc une alchimie très particulière qui doit s'effectuer, sur la base d'une imagination vraie, conduite par la dévotion et l'esprit d'éveil. Mais comment obtenir ce résultat avec une déité perçue comme extérieure ?

Au bout de trois mois de messes, j'ai vu que la voie chrétienne, bien que fort intéressante, n'était pas pour moi (à ce moment...), que la voie bouddhiste ne m'inspirait pas de dévotion, et que le mantra d'Amma était en train de faire long feu… Après un "Tour des reliques" assez sympathique où j'ai écumé l'Italie avec quelques amis en mobile-home pour aller voir des reliques de saints, j'ai finalement décidé de créer ma propre divinité personnelle. Pour ce faire, j'ai créé l'idée du "roman dharmique", ou comment transformer son imaginaire personnel en imaginal, en transformant certains de ses personnages intérieurs en "êtres d'engagement" (dans lesquels on prie les bouddhas de bien vouloir descendre et manifester leurs qualités). Fini les Krishna, les Gourou Rinpoche, les Jésus et les je-ne-sais-qui, de toutes façons ces gens m'étaient étrangers en réalité (et en vertu de quoi ne l'auraient-ils pas été ?), il n'y avait aucune chance qu'ils puissent m'aider.

6. Le roman dharmique.

Nous atteignons pour une grande part les accomplissements du mantra secret grâce au pouvoir de la foi et de l'imagination (Kelsang Gyatso, Guide du pays des dakinis).

L'idée, c'est décrire une histoire qui nous plaît, avec des personnages qui nous plaisent, peu importe qu'ils aient de nombreux défauts, il faut seulement avoir confiance que certains (on ne sait d'ailleurs pas lesquels) vont se perfectionner au cours du temps sous l'influence invisible du divin. De fait, ça fonctionne. C'est ainsi que s'est créé un premier personnage nommé Amtar (le masculin d'Amrita sans doute), qui manifestait mes premiers essais faiblichons pour concevoir l'image du Maître. Je m'aidais également avec l'étude des traditions, par la méthode de la connaissance par identité. Aller voir un lama ne consistait plus à écouter son discours (qui de toutes façons ne se renouvelle qu'en surface), mais à devenir le lama. Qui apparaît très vite comme un objet infini, ou encore un abîme insondable, c'est-à-dire quelque chose dont par définition on ne fera jamais le tour. Ce qui ne veut pas dire qu'on n'en connaît rien. On n'en connaît rien que le mental puisse décrire, certes, il n'empêche qu'il y a des perceptions réelles, et parfois très précises. Mais par définition elles sont "subjectives", on ne peut pas dire "le lama est ceci" ou "le lama est cela", on peut juste constater qu'il nous permet de développer notre "terre pure".

En un sens je m'éloignais de plus en plus de ce que les croyances communes établissent comme bouddhisme, hindouisme, christianisme, ou spiritualité (sans préjuger de ce dont il s'agissait du point de vue correct, puisque j'avais reconnu que je l'ognorais), et au fur et à mesure que les cognitions valides émergeaient, je voyais de plus en plus que les maîtres ne faisaient que raconter des histoires simples pour les petits enfants (ou des histoires qui leur passaient tellement au-dessus qu'elles se transformaient de fait en histoires simples). A force d'essayer de voir ce qu'ils faisaient, j'ai fini par trouver qu'ils pensaient que personne n'était capable d'une réalisation personnelle, et qu'il ne restait donc qu'une seule solution : faire disparaître la personnalité externe du disciple (ce qu'on appelle son ego), constitués du vital et du mental, et la remplacer par leur propre réalisation. Le premier point se fait en décourageant la réflexion personnelle (parfois en prétendant le contraire, mais obliger les gens à croire qu'on est la seule école à détenir la vérité vraie tuera dans l'oeuf toute réflexion véritable quoi qu'il en soit), en répétant à l'envi que le mental est une mauvaise chose, et en contraignant le vital à se retirer (en imposant des obligations qui lui sont détestables), tout en déversant sur la tête du disciple une énergie spirituelle (shakti) qui va finir de déséquilibrer l'ensemble. A aucun moment, les outils ne sont donnés, qui permettraient de faire émerger sa propre réalisation. Le résultat étant une personne docile qui ne pense plus rien et qui est dévitalisée. Là-dessus, le maître peut ensuite transmettre une partie de sa réalisation (généralement petite car malheureusement ce genre de vase n'est pas très solide), et le disciple est "content". Quand il meurt, on ne sait pas trop ce qu'il devient, mais enfin... Quoi qu'il en soit, il n'a certainement pas réalisé l'esprit éveillé des bouddhas. Ajoutons à cela que la deuxième phase n'a pas toujours lieu, ce qui explique qu'on croise facilement des gens décérébrés et dévitalisés, naviguant soit dans une ataraxie de bon aloi (bouddhisme), soit dans des cycles d'exaltation/dépression (hindouisme christianisme).

Pour ma part, c'est uniquement lorsque j'ai rejeté définitivement ce système du bâton et de la carotte, qui est finalement un système de la terreur, que les choses ont réellement commencé à avancer. Aujourd'hui, le critère est simple. Si une assertion ou une image crée le moindre malaise ou le moindre espoir d'en obtenir quelque chose (ce qui est en réalité la même chose), c'est qu'elle est mensongère, et donc je la rejette. Cela ne signifie pas que l'objet désigné soit mensonger. Par exemple, quand j'entends parler de samaya, cela me met mal à l'aise : c'est que j'ai une conception/perception erronée de l'objet dharmique désigné par ce mot. Il est donc inutile d'y penser ou d'y accorder la moindre importance. En réalité, je sais parfaitement ce que sont les vraies samayas, et c'est quelque chose de tout à fait délicieux, il n'empêche que la façon dont les gens en parlent, la façon dont ils prononcent le mot, est mensongère et génère automatiquement une formation mentale dont il est très difficile de se défaire, calculée pour inspirer l'attraction (plus exactement l'avidité de celui qui croit qu'il va obtenir des réalisations) ou la répulsion (plus exactement la terreur). Je refuse ce genre d'énergie et de méthode, faite à l'évidence pour discipliner une bande de gens sans foi ni loi.

Par ailleurs, cette méthode, où le maître remplace l'ego du disciple par sa réalisation (nous reparlerons plus loin du processus) serait valable s'il ne s'agissait que de réaliser l'aspect statique du Divin, au niveau duquel la manifestation n'est qu'une maya dénuée de sens. Mais si la manifestation a un sens, et s'il existe un plan divin, dénuder le disciple de son mental et de son vital, c'est le dénuder des instruments de sa réalisation, puisque c'est en transmutant son karma qu'on développe la sagesse et les qualités éveillées des bouddhas. On peut penser que toutes ces qualités existent par elles-mêmes et n'ont besoin d'aucun karma pour exister, ce qui serait valable si la réalisation consistait simplement en ce que l'esprit rejoigne l'esprit. C'est sans doute ce que beaucoup de gens se

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souhaitent, fatigués par la vie. Pour ma part, je me dis que si l'esprit avait voulu rester en lui-même, il ne se serait pas donné la peine d'en sortir. Mais dans l'optique d'une réalisation dynamique, la matière et tous les domaines intermédiaires doivent être transmutés par la descente de l'esprit (ce qui se produit avec le corps d'arc-en-ciel).

7. Escrocs et gourous indiens.

Swami Athmachaithanya Swami Veerendra Sri Tathata

Je savais maintenant où j'allais, ce qui voulait dire que tout restait bon à explorer. J'ai donc continué à explorer l'hindouisme et le bouddhisme, afin de préciser mes observations, apprendre par identité, et développer une forme de connaissance intégrale (et non-mentale), car c'était finalement la seule chose qui m'intéressait, même si je ne connaissais pas Sri Aurobindo. Tout me semblait bon, pourvu qu'il en résulte un développement substantiel. Ayant entendu parler de Sai Baba, j'ai fréquenté quelques uns de ces disciples, et j'ai découvert un étrange phénomène : les swamis-channels. Comme quoi on est loin de tout connaître même quand on pense avoir fait un tour raisonnable de la situation. En fait, il y a des swamis qui disent channelliser Sai Baba, Amma et autres avatars, matérialisant de la vhibuti, des lingams, voire des statues...

La shakti est tout à fait présente dans ce genre de réunion, j'ai pu le vérifier, mais il faut préciser qu'il s'agit d'une shakti du vital. Ce qui est assez logique, compte tenu des matérialisations (si elles sont vraies, ce qui est difficilement vérifiable). En effet, les matérialisations, qu'on essaie de nous faire prendre pour des phénomènes spirituels, sont généralement effectuées par des entités du vital, qui sont de petites entités pas forcément malines, au service de tel ou tel gourou (Voir ce que Mère en dit). Dans le meilleur des cas, ces réunions ne peuvent conduire à aucune réalisation propre, car on est y fait appel aux dieux du surmental. On invoque Krishna, Ganesh, Shiva, tout ce qu'on veut, et le but est apparemment de faire descendre la divinité dans le disciple. Il semble que ce soit très courant en Inde, mais à part une certaine béatitude, on n'en voit pas trop l'intérêt. Une fois la divinité repartie, il n'en reste pas grand chose. Nous sommes ici finalement dans l'attitude inverse du mauvais bouddhisme. Dans le mauvais bouddhisme, on met tellement l'accent sur la paix du mental et la vacuité que c'en devient du néant, et dans le mauvais hindouisme, on met tellement l'accent sur la béatitude qu'on ne regarde même plus d'où ça vient, et qu'on se fiche d'avoir la moindre compréhension de ce qui se passe.

Dans un autre genre, il y a un escroc redoutable qui commence à sévir, c'est Sri Tathata, le nouveau messie planétaire. Moi-même et quelques amis avons pris sa première initiation, afin de voir de quoi il retournait, c'est assez misérable en termes de contenu, et si cela doit rester tellement "secret", c'est probablement à cause de cette indigence. Par ailleurs le discours ne tient pas debout. Sri Tathata répète à l'envi qu'il fait descendre le supramental sur terre, mais nous n'avons vu aucun indice du supramental ni en lui ni dans ses disciples, en ce sens qu'il n'engage personne à s'universaliser, à tout connaître (un des préalables d'après Mère). A l'inverse il développe une sorte de culte de la personnalité qui ne présage rien de bon. Par ailleurs, tout est beaucoup plus cher que chez Amma, et l'atmosphère beaucoup moins agréable. Il s'agit manifestement d'une entreprise destinée à ramasser de l'argent, à destination des naïfs qui sont pléthore et c'est normal, pour ne plus être naïf dans ce milieu, il faut avoir une vaste culture et une pratique sérieuse. J'ai moi-même été assez naïve pour ne pas leur jeter la pierre, je constate seulement que le résultat n'est pas fameux. (Les curieux peuvent lire mon rapport complet datant de l'époque, je n'y fais pas mention du discours sur le supramental, je ne savais pas ce que c'était).

Heureusement, il y a aussi des swamis dont la réalisation est plus authentique et le portefeuille moins vorace, tels swami Athmachaithanya, mais il ne faut pas en attendre autre chose qu'une réalisation statique obtenue par le maître. C'est très clair lorsque l'on écoute les discours, et qu'on observe les disciples. Les discours volent véritablement au ras des pâquerettes, quant aux disciples, ils ont un vital tout à fait réprimé, qui ressurgit absolument partout. Un peu comme un cadavre qu'on laisse traîner dans un cave, finalement toute la maison s'en retrouve infestée. Certes le maître aurait le pouvoir de nettoyer cela, mais pas en voyant les disciples une fois par an. Alors on voit une vieille dame qui nous raconte doctement ses voyages en Inde, et qui nous montre la statue que le swami a matérialisée pour elle, sauf qu'elle semble tout à fait mécontente la plupart du temps et très aigrie. Où la tenancière des lieux qui semblent détester absolument tout le monde malgré ses discours lénifiants et ses sourires de circonstance... Et le swami au milieu de tout ça, très content, il a la réalisation du moi statique, pour le moi dynamique c'est moins évident, en effet ses passes magiques ne sont pas d'une efficacité délirante. Mais il rayonne d'amour divin, il faut le reconnaître, et c'est quand même une des choses qu'on se souhaite. (Le lecteur peut lire notre compte-rendu de 2009, qui était beaucoup plus enthousiaste que ce que je viens d'en dire, cependant nous l'avons revu en 2010 et les choses sont apparues un peu différemment. Plus clairement, en ce qui me concerne).

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Swami Premananda Mère Meera Sai Baba

Enfin le panorama ne serait pas complet si je ne parlais de Mère Meera. Son darshan étant très occulte, je peux dire que le sens m'en échappe grandement, cependant je veux bien croire qu'il ait une action réelle, car elle se dit héritière de Sri Aurobindo. Et il est vrai que le jour où j'ai découvert Sri Aurobindo (trois ans après Mère Meera, le temps de développer ma méthode), j'ai trouvé une pensée étrangement similaire à ce que la mienne était devenue, en infiniment plus riche bien entendu.

8. Sri Aurobindo et le yoga intégral.

Le sâdhak du yoga intégral ne sera pas satisfait tant qu'il n'aura pas inclus tous les autres noms et toutes les autres formes de la Divinité dans sa propre conception, tant qu'il n'aura pas vu son propre Ishta Devata dans tous les autres, pas unifié tous les Avatars dans l'unité de Celui qui descend en l'Avatar, et fondu la vérité de tous les enseignements dans l'harmonie de la Sagesse éternelle. Sri Aurobindo.

On l'aura compris, ce parcours relativement éclectique (je n'ai pas mentionné mes lectures soufies ni ma pratique du phosphénisme, antérieures au Tchan) devait logiquement se continuer chez Sri Aurobindo et Mère. Après m'être sentie en biais dans toutes les sanghas parce que je ne comprenais plus comment il était possible d'avoir l'esprit aussi étriqué et exclusif, alors qu'il est évident que les religions ne se contredisent pas mais se complètent, je trouvais enfin quelqu'un qui expliquait tout cela. Depuis le temps qu'on m'accusait de ne pouvoir arriver à rien parce que soi-disant je mélangeais des choses tout à fait inconciliables - dont je constatais qu'elles se conciliaient très bien pour autant qu'on n'ait pas l'esprit étriqué - je découvrais que la méthode que j'essayais de développer avait déjà été inventée et que cela s'appelait le yoga intégral, et que l'esprit que je voulais promouvoir - reconnaissance de la richesse de la diversité et de l'autre en tant qu'autre sans vouloir à toute force le ramener au Même en son aspect manifesté - trouvait son accomplissement dans le supramental.

Tout n'est pas "pareil", et c'est tout l'intérêt de la chose. Aller à l'église pour y trouver la même chose qu'à la mosquée ou à l'ashram ça n'a vraiment aucun sens. L'enrichissement provient de la différence, et je dois avouer que j'ai du mal à comprendre pourquoi cela fait tellement

peur. Pourquoi il est soit nécessaire de tout ramener au Même (un même parfaitement connu), soit nécessaire d'affirmer que tout est différent mais que l'on est seul à détenir la vérité, alors qu'une fois qu'on a pris l'option inverse, il devient tellement évident que tout se complète. C'est sans doute que, comme le dit Mère, dans la réalisation du moi statique, on se fabrique sa petite citadelle et il n'y a aucun danger de se perdre, alors que dans l'universalisation, on sera forcément amené à se perdre. La plupart de ceux qui se prétendent réalisés sont tellement fermés que c'en est effrayant, j'en ai un bon exemple avec P* que j'ai fréquenté pendant 10 ans et qui refuse d'entendre quoi que ce soit qu'il ne connaisse pas déjà - et qui se plaint ensuite de sa vie, bien que sa plainte soit évidemment vue comme vide. En ce qui me concerne, je serais plus convaincue par une joie vue comme vide.

A l'opposé des dogmes et des "vérités éternelles", la vérité donnée par le supramental n'est pas statique, elle est en mouvement perpétuel, car elle explore avec une fraîcheur toujours nouvelle les objets infinis qui sont la trame de l'univers. C'est de ce caractère d'impermanence qu'elle tire sa puissance agissante, car elle se calque sur la force dynamique qui soutient l'univers. Elle ouvre alors sur un champ de découvertes inépuisables, qui vivent de leur propre énergie et se multiplient sans fin dans un bourgeonnement extraordinaire.

Il n'existe pas de "méthode" de yoga intégral, car ainsi que le dit Sri Aurobindo, il y a autant de chemins que de personnes. Chacun doit créer sa propre voie. Pour ma part, il s'agissait d'une voie à base de tummo, de mantras, de roman dharmique, d'un peu de yoga, de dzogchen, et de toutes les transmissions possibles. Les maîtres nous disent que l'on ne peut pas mélanger les énergies et les pratiques. C'est vrai dans le cadre d'un dogme érigé au niveau du surmental, où chaque vérité partielle ne voit qu'elle-même et s'érige en opposition aux autres. Mais si l'on se dirige par la conscience de vérité, l'Un est reconnu dans sa multiplicité, et les éléments sont vus comme complémentaires, pas comme opposés. Chaque tradition est perçue comme messagère d'une vérité particulière, qui est une partie du Tout. Ici l'objectif était la réalisation du supramental dans tous les domaines de l'existence.

Pour en savoir plus : cet article de Jean Herbert qui détaille la constitution de l'être selon Sri Aurobindo.

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9. Petit détour par Kelsang Gyatso : Comprendre l'esprit.

Le problème en matière de dharma, c'est qu'on se laisse abuser par les termes, faute de rechercher les objets auxquels ils se réfèrent (et qui ne sont jamais manifestes).

Il est nécessaire de comprendre que pour réaliser le sens du dharma, et des termes utilisés, il va nous falloir exercer notre esprit d'une certaine manière. Comme l'explique Keslang Gyatso "L’essence de la pratique du dharma consiste à obtenir des connaisseurs valides de tous les objets des étapes de la voie et d’éliminer de cette manière toutes nos perceptions erronées". Il ajoute que "Nous n’avons que peu de connaisseurs valides au sujet du dharma", pour cette simple raison que les objets du dharma sont généralement des objets cachés. "Un objet manifeste est par définition un objet dont la réalisation initiale par un connaisseur valide ne dépend pas de raisons logiques. De manière générale, tout objet qu’un être ordinaire peut réaliser au moyen d’un connaisseur valide direct, sans avoir d’abord obtenu un connaisseur issu d’inférence de cet objet, est un objet manifeste. Un objet caché est par définition un objet dont la réalisation initiale par un connaisseur valide dépend de

raisons logiques correctes".Pour obtenir une connaissance directe d'un objet du dharma (l'impermanence, la vacuité, le karma...), il nous est donc nécessaire de commencer par nous faire une image générique sur laquelle nous allons méditer, en établissant d'abord le calme mental et en développant ensuite la vision pénétrante (Sri Aurobindo parlerait de développer le mental intuitif). Ce qui va nous donner une première cognition valide, qui aura certes un support conceptuel, et qui ne sera pas tout à fait direct. A partir de là nous devons développer des reconnaisseurs et grâce aux facteurs précisants qui nous permettront de nous faire une image plus exacte de l'objet considéré, et en continuant à méditer de la sorte, nous progresserons de connaisseur valide en connaisseur valide, jusqu'à atteindre le percepteur yoguique direct (L'ultime percepteur yoguique direct étant la sagesse omnisciente).

Traduit en langage aurobindien, on peut dire que toute cognition valide est une conception/perception porteuse d'une vibration de vérité (née par le pouvoir de l'intuition subjective). En amplifiant cette vibration par le moyen de reconnaisseurs et de facteurs précisants (nés de l'usage du discernement intuitif), on génère la cognition valide suivante, et ainsi de suite, juqu'à obtenir la connaissance directe (qui est le mode de connaissance supramental).

Pour ma part, je considère que tous les objets du dharma sont des objets infinis, à savoir qu'on n'a jamais fini des les investiguer. Et pas seulement les objets du dharma. Les gens sont également des objets infinis, et par extension, on finit par réaliser que tout "objet" est infini par nature, non seulement en vertu de l'interdépendance, mis aussi parce que tout est clarté/vacuité, qui est l'infini par excellence. C'est pour cette raison que l'on peut dire que "nous ne savons rien", car on n'a jamais fini de développer des connaisseurs valides. Même la sagesse omnisciente est en évolution, si l'on y réfléchit bien, puisque la manifestation est en évolution. Il n'y a donc rien de fixe.

10. Retour au soufisme.

Malheureusement, Sri Aurobindo n'a pas laissé derrière lui de disciples dignes de ce nom, quoi qu'en pensent la multitude qui se pensent investis du supramental. Or, je concevais mon chemin dans l'échange. Dans mon Roman Dharmique, après avoir investigué divers thèmes liés à l'Agenda de Mère, j'ai créé une communauté d'elfes, qui sans être une communauté supramentale, commençait à s'en rapprocher, et je me disais que c'était ce que je voulais créer sur terre. Restait à trouver les elfes en question...

C'est arrivée à ce point de mes réflexions que j'ai rencontré Petit Elfe (ainsi que ma nature androgyne bien réelle). En fait je la connaissais depuis dix ans en tant que femme de Petit Jean, mais elle m'est apparue tout à coup très semblable à certains de mes elfes. L'imaginal a réjoint la réalité, me donnant l'occasion de développer au quotidien la "relation parfaite" que j'avais développée dans le Roman. Etonnamment ou non, cela s'est révélé assez facile. Moi qui étais incapable de rester plus de quatre heures de suite avec une personne sans être excédée par sa présence, voilà que je pouvais rester dans la même pièce qu'une autre personne pour une durée indéterminée et extensible à volonté. Dans le même temps, je redécouvrais le soufisme chez Petit Jean qui avait collectionné les ouvrages d'Henry Corbin, et la religion des Fidèles d'Amour, où j'ai clairement reconnu une partie de mon vécu. De fait, Petit Elfe est pour moi la théophanie de certaines qualités divines. Tout à coup, les grands mystiques de l'Islam comme Ruzbehan ou Ibn Arabi, commençaient à prendre un sens, même si en un autre sens je pouvais percevoir l'abîme nous séparant. Mais grâce à tummo et à ce que cela avait pu développer, j'avais une certaine expérience de "l'Essence", et avec Petit Elfe, je commençais à avoir une perception plus claire des qualités divines, ou Noms divins. Et grâce à notre relation, je pouvais commencer à comprendre la relation avec son "Ange", décrite dans le soufisme.

Pour Ibn Arabi, il y a Allah, le Dieu de tous, inconnaissable, origine de tout, et le Seigneur, qui est le Dieu que chacun peut engendrer grâce à son sens spirituel, et qui est tout ce que nous pourrons jamais connaître de Dieu. Le Seigneur, ou l'Ange de son être, est différent pour chacun, car il est ce que chacun va refléter de Dieu, en fonction de sa prédisposition essentielle. On comprend qu'il est le "yidam" des bouddhistes, et aussi le corps de gloire. Pour Henry Corbin, on se trouve avec lui en relation de dualitude, car il est à la fois nous-même, et autre, en ce sens nous avons avec lui une relation d'amour qui ne se finit jamais dans la (con)fusion des deux.

Malheureusement, les maîtres soufis qui enseignent à ce niveau ne courent pas les rues. Par ailleurs, je ne me voyais pas porter le voile et suivre la charia.

11. Retour au christianisme.

A force de voir Petit Jean me faire la tête parce que je lui avais "volé" sa femme - mais surtout parce qu'il n'avait toujours pas de voie déterminée - j'ai fini par faire voeu de silence afin qu'il cesse de m'imiter (ce qu'il faisait consciencieusement depuis 12 ans). La biographie de Saint François d'Assise m'a fait comprendre qu'il devait être chrétien. J'ai donc prié Jésus de se révéler à lui, ce qui n'a pas manqué de se produire dans un délai assez bref. S'en est suivi un déluge de livres chrétiens dans notre maison, que j'ai évidemment lus. Je me suis aperçue la plupart des "objets cachés" du christianisme étaient devenus manifestes, non par miracle, mais par toutes les pratiques accumulées depuis mon précédent passage dans la maison de Jésus, notamment tout ce qui concerne le développement de l'imaginal. Les vies de Saints ne sont plus seulement l'occasion de transmissions, mais sont le vecteur de présences surnaturelles de plus en plus claires. Cela ne se serait jamais fait si je n'avais pas su à un moment donné qu'il y avait une faculté à développer.

Je pourrais me dire chrétienne à l'heure qu'il est, même si mon christianisme serait jugé comme hérétique. Mais pourtant tout se tient. La Trinité qu'on pourrait dire "cosmique" (celle qui est "Dieu") est le modèle de la Trinité que chacun porte en lui-même, virtuellement. Nous avons chacun un Père (une conscience claire par elle-même) qui désire se connaître en engendrant un Fils, le

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résultat est la relation d'amour qu'on nomme de Saint-Esprit, qui produit tous les bienfaits. Il est d'ailleurs possible qu'il n'existe qu'un seul Père, dont nous portons chacun un reflet, il n'en reste pas moins qu'il existe autant de Fils que d'êtres conscients. Le Jésus de saint François d'Assise n'est pas le même que Sainte Thérèse d'Avila et ainsi de suite. C'est le même Jésus qui les inspire, mais le résultat de leur inspiration, le Fils qu'ils ont engendré par leur aspiration, leur corps de gloire, est différent pour tous.

L'intérêt du christianisme et de l'islam, c'est l'accent porté sur le Personnel, qui se révèle comme le projet de l'Impersonnel. A partir de quoi la vie prend un autre sens, il devient possible d'aimer son prochain sans se dire que tout cela va se résorber dans l'état naturel quoi qu'il arrive et que tout est "maya".

Je développe tous ces nouveaux aspect par ici.

12. Projets.

Mon projet consiste maintenant à développer une communauté chrétienne, qui serait capable d'inclure les apports des autres religions, ce que j'ai fait pour moi-même, et cela peut fonctionner parfaitement sans dénaturer le message du Christ. En revanche, cela produit une extension apparente qui ne se trouve peut-être pas dans le dogme établi, mais dont rien n'assure qu'elle ne se trouvait pas dans le message initial.

Fondamentalement, il s'agit d'entrer en "amitié" avec Jésus, Marie, les Anges et les Saints.

Cela peut s'étendre aux Saints de l'Islam, qui ont l'avantage d'avoir développé des aspects inconnus dans les christianisme, notamment la doctrine théophanique, une grande connaissance des Noms Divins, une réflexion bien plus poussée sur l'équivocité, et les rapports entre l'Essence et les Attributs.

Les apports du bouddhisme seraient également fondamentaux. En effet le christianisme n'explique que l'aspect surnaturel. Or il y a des rapports entre ce qui se produit au plan surnaturel et le substrat naturel (corps physique et énergétique). C'est le mérite du bouddhisme, de fournir une science permettant de supprimer les obstacles bloquant l'accès au plan surnaturel. Le rôle de la grâce divine n'est pas nié, mais son action est grandement facilitée. Je peux en témoigner, car je suis née sans aucun sens spirituel et la grâce n'a jamais fait irruption dans la grisaille de mon existence, lorsqu'elle était grise. Mais j'ai pu me rendre dans le lieu où elle s'écoule naturellement. De complètement athée, je suis devenue non pas "croyante", mais "voyante", et c'est arrivé par mes propres efforts autant que par la grâce divine. On peut dire en un sens que Dieu fait tout, mais en un autre sens, on peut dire aussi que l'homme a le devoir de l'aider de toutes ses forces. Il y a ceux qui deviennent Saints sans autre méthode que celles qui existent dans la tradition chrétienne. Pour ceux qui n'y parviennent pas, et qui le voudraient, il existe d'autres méthodes plus puissantes, qui n'empêchent ni l'humilité, ni de s'en remettre à Dieu.

Note : je n'ai pas parlé de toute ma période "rêves lucides" qui a duré de 1992 à 2003, cependant les personnes intéressées trouveront ici mon journal de rêves commenté (282 rêves).

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