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www.editionsdumoniteur.com | 9 COMPLéMENT TECHNIQUE > Novembre/Décembre 2011 Techniques de construction Le gros œuvre des bâtiments basse consommation à l’heure de la RT 2012 Le 26 octobre 2010, ont été publiés l’arrêté [1] et le décret n° 2010‑1269 [2] relatifs aux caractéristiques thermiques et aux exi‑ gences de performance énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiment. Ces deux textes, qui officialisent la nouvelle réglementation thermique, dite RT 2012, ont pour finalité de généraliser les bâtiments basse consommation (BBC). Cette réglementation thermique, qui vise à améliorer le confort d’usage des bâtiments, met en lumière la nécessité de concilier la conception et la réalisation. Pour les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre, l’amélioration des performances du bâti consti‑ tue l’axe à privilégier en vue de répondre aux traitements des ponts thermiques et de l’étanchéité à l’air du bâtiment. 1 Historique Le premier choc pétrolier, en 1973 (1) , a eu pour effet la prise de conscience, à l’échelle nationale, de notre dépendance énergé‑ tique vis‑à‑vis des combustibles fossiles. Ainsi, après la période dite des Trente Glorieuses (2) , la France a initié un début de poli‑ tique énergétique, dont l’objectif affiché était de réduire la dépen‑ dance vis‑à‑vis du pétrole. En témoigne le slogan publicitaire en vogue à cette époque : « En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées ». Cette période a vu le lancement de la construction des centrales nucléaires, la création de l’agence pour les éco‑ nomies d’énergie (AEE) et du commissariat à l’énergie solaire (Comas) (tab. 1). La figure 1 récapitule l’évolution de la consommation d’énergie primaire au cours des 40 dernières années. Remarque La consommation d’énergie primaire traduit la consommation de l’éner‑ gie (électrique et fossile) en amont de l’utilisation, c’est‑à‑dire avant les opérations de transformation et de transport. 2 Réglementation thermique 2005 La RT 2005 correspond à l’application de la loi n° 96‑1236 du 30 décembre 1996 [3] sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’éner‑ (1) Conséquence de la guerre du Kippour, le choc pétrolier de 1973 se traduit par l’augmentation du prix du baril de pétrole qui passe de 3 à 18 dollars. (2) Trente Glorieuses : période de haute croissance consécutive à la Seconde Guerre mondiale. Wilfried Pillard Docteur ingénieur, Wilfried Pillard est directeur technique de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvrede la Fédération française du bâtiment (UMGO-FFB). Il intervient dans les diverses commissions de normalisation relatives au béton, et est également l’animateur du GEF 8, groupe d’experts français sur les normes d’essai du béton. > Sommaire 1 • Historique 2 • Réglementation thermique 2005 3 • Label « haute performance énergétique » (HPE) 4 • Construire BBC 5 • Réglementation thermique 2012 6 • Confort thermique 7 • Ponts thermiques 8 • Étanchéité à l’air 9 • Conclusion 10 • Bibliographie Construction CTQ023_.indb 9 23/11/11 14:51

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Techniques de construction

Le gros œuvre des bâtiments basse consommation à l’heure

de la RT 2012 Le 26 octobre 2010, ont été publiés l’arrêté [1] et le décret n° 2010‑1269 [2] relatifs aux caractéristiques thermiques et aux exi‑gences de performance énergétique des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiment. Ces deux textes, qui officialisent la nouvelle réglementation thermique, dite RT 2012, ont pour finalité de généraliser les bâtiments basse consommation (BBC). Cette réglementation thermique, qui vise à améliorer le confort d’usage des bâtiments, met en lumière la nécessité de concilier la conception et la réalisation. Pour les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre, l’amélioration des performances du bâti consti‑tue l’axe à privilégier en vue de répondre aux traitements des ponts thermiques et de l’étanchéité à l’air du bâtiment.

1 Historique

Le premier choc pétrolier, en 1973 (1) , a eu pour effet la prise de conscience, à l’échelle nationale, de notre dépendance énergé‑tique vis‑à‑vis des combustibles fossiles. Ainsi, après la période dite des Trente Glorieuses (2) , la France a initié un début de poli‑tique énergétique, dont l’objectif affiché était de réduire la dépen‑dance vis‑à‑vis du pétrole. En témoigne le slogan publicitaire en vogue à cette époque : « En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées ». Cette période a vu le lancement de la construction des centrales nucléaires, la création de l’agence pour les éco‑nomies d’énergie (AEE) et du commissariat à l’énergie solaire (Comas) (tab. 1) .

La figure 1 récapitule l’évolution de la consommation d’énergie primaire au cours des 40 dernières années.

Remarque La consommation d’énergie primaire traduit la consommation de l’éner‑gie (électrique et fossile) en amont de l’utilisation, c’est‑à‑dire avant les opérations de transformation et de transport.

2 Réglementation thermique 2005

La RT 2005 correspond à l’application de la loi n° 96‑1236 du 30 décembre 1996 [3] sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’éner‑

(1) Conséquence de la guerre du Kippour, le choc pétrolier de 1973 se traduit par l’augmentation du prix du baril de pétrole qui passe de 3 à 18 dollars.

(2) Trente Glorieuses : période de haute croissance consécutive à la Seconde Guerre mondiale.

Wilfried Pillard Docteur ingénieur, Wilfried Pillard est directeur technique de l’Union de la maçonnerie et du gros œuvrede la Fédération française du bâtiment (UMGO-FFB). Il intervient dans les diverses commissions de normalisation relatives au béton, et est également l’animateur du GEF 8, groupe d’experts français sur les normes d’essai du béton.

> Sommaire

YY 1Y•YHistoriqueYYY 2Y•YRéglementationYthermiqueY2005YYY 3Y•YLabelY«YhauteYperformanceYénergétiqueY»Y(HPE)YYY 4Y•YConstruireYBBCYYY 5Y•YRéglementationYthermiqueY2012YYY 6Y•YConfortYthermiqueYYY 7Y•YPontsYthermiquesYYY 8Y•YÉtanchéitéYàYl’airYYY 9Y•YConclusionYYY 10Y•YBibliographieY

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

kWhEP/m2

470

330

280250

200

50

0

1974

1982

1988

1991

1998

2001

2004

2006

2009

2013

2020

1er chocpétrolier

2e chocpétrolier

Protocole de Kyoto

G F E D A

RT 1998

RT 2005

RT 2012BBC

Bas

se c

onso

mm

atio

n

RT 2020Énergie positive

RT 2000

Fig. 1. Évolution de la consommation d’énergie primaire avec la réglementation.

Tab. 1. Chronologie des effets des chocs pétroliers de 1973 et 1979 sur la réglementation thermique.

Dates Réglementation et labels associés

1973 Premier choc pétrolier

1974

• Première réglementation thermique applicable au secteur résidentiel . Afin de répondre rapidement à l’augmentation du prix de l’énergie, il est demandé pour les logements neufs : – l’isolation thermique performante des parois ; – la bonne gestion de la ventilation. • Ces exigences conduisent à définir le coefficient de déperditions globales G.

1976 • Première réglementation thermique applicable au secteur non résidentiel . Apparition du coefficient G1.

1979-1980 Deuxième choc pétrolier (1)

1980 • Création du label haute isolation (HI) incitant à renforcer les exigences réglementaires existantes.

140 000 logements reçoivent ce label.

1982

• Publication de la RT 1982 dans le secteur résidentiel : les niveaux d’isolation du label HI deviennent obligatoires pour tous les logements. • Un nouveau coefficient B est introduit pour exprimer les besoins en chauffage ; il est calculé en déduisant les

apports solaires des déperditions.

1983 • Création du label haute performance énergétique (HPE) et solaire. Quatre niveaux de performance sont proposés.

Le programme H2E85 (habitat économe en énergie à l’horizon 1985) en constitue l’aboutissement.

1988 • Deuxième réglementation thermique (RT 1988). Cette nouvelle étape correspond au renforcement de la

réglementation pour le secteur non résidentiel. Elle porte désormais sur la somme des besoins en chauffage corrigée.

2000 • Troisième réglementation thermique (RT 2000). Introduction du coefficient (Tic) relatif à la température intérieure

de confort.

2006 • Quatrième réglementation thermique (RT 2005). Par rapport à la RT 2000, une amélioration de 15 % de la

performance thermique est exigée.

(1) Le deuxième choc pétrolier est une conséquence de la révolution iranienne et de la guerre Iran‑Irak. Le prix du baril passe alors de 18 à 39 dollars.

Construction

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Techniques de construction

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Techniques de construction

gie. Elle s’appuie sur le décret n° 2000‑1153 du 29 novembre 2000 [4] et divers arrêtés qui précisent notamment : – les caractéristiques thermiques minimales ; – la méthode de calcul de la consommation conventionnelle

d’énergie d’un bâtiment ; – les caractéristiques thermiques de référence pour le calcul de la

consommation conventionnelle d’énergie de référence C epref

à ne pas dépasser, calculée réglementairement d’après les coefficients U de référence des parois d’un bâtiment et suivant la zone clima‑tique (tab. 2) . La consommation conventionnelle d’énergie C

ep des

bâtiments doit être la plus inférieure possible à la valeur de référence.

Le principe de la RT 2005 s’appuie sur la règle dite des « 3 C » : – limiter la consommation d’énergie et donc avoir un coeffi‑

cient C ep

du projet inférieur au C epréf

; – garantir un confort d’été en assurant une température intérieure

conventionnelle T ic inférieure à la température intérieure de réfé‑

rence T icréf

; – s’assurer du respect des exigences minimales (valeurs garde‑

fous) applicables aux caractéristiques thermiques des éléments du bâtiment intervenant dans le bilan énergétique : isolation ther‑mique, apport de chaleur solaire, perméabilité à l’air, ventilation, chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage.

La RT 2005 définit les zones climatiques, regroupées comme suit : – trois zones d’hiver, période de chauffe : H1, H2 et H3 ; – quatre zones d’été : a, b, c et d ;

soit au total 8 zones : H1a, H1b, H1c, H2a, H2b, H2c, H2d, H3 (fig. 2) .

Tab. 2. Valeurs réglementaires U des parois courantes selon la RT 2005.

Parois courantes U maximal [W/(m 2 .K)] (1)

(garde‑fous)

U de référence RT 2005

[W/(m 2 .K)] (1)

(zone H1c)

Murs en contact avec l’extérieur 0,45 0,36

Murs en contact avec un local non chauffé 0,45/b (2) ND (3)

Planchers bas donnant sur l’extérieur 0,36 0,27

Planchers bas donnant sur un vide sanitaire ou un volume non chauffé 0,40 0,27

Planchers hauts en béton et toitures en tôles métalliques étanchées 0,34 0,27

Planchers hauts en couvertures de tôles métalliques 0,41 0,27

Autres planchers hauts 0,28 0,20

Fenêtres et portes‑fenêtres prises nues donnant sur l’extérieur 2,60 1,80

Façades rideaux 2,60 ND (3)

Coffres de volets roulants 3,00 ND (3)

(1) U : coefficient de transmission thermique (U = 1/R voir plus bas).

(2) b : coefficient de réduction des déperditions vers les volumes non chauffés.

(3) ND : non déterminé.

H2a

H1a

H1b

H2b

H2c

H1c

H3

H2d

Fig. 2. Les huit zones climatiques définies par la RT 2005.

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

3 Label « haute performance énergétique » (HPE)

Le contenu et les conditions d’attribution du label « haute per‑formance énergétique » (HPE) sont définis par l’arrêté du 3 mai 2007 [5].

L’objectif de ce label est de développer l’utilisation de systèmes constructifs performants. Repris dans le cadre de la RT 2005, il s’inscrit dans la perspective de la RT 2012 et de la RT 2020.

3.1 Conditions d’attribution Pour bénéficier de ce label, un bâtiment doit être thermiquement performant en se conformant à un référentiel plus exigeant que celui de la réglementation en vigueur. Pour cela, la conformité au label HPE impose des exigences qui portent sur les matériaux, les produits, les ouvrages et les équipements et s’appuie sur la sécu‑rité, la durabilité et les conditions d’exploitation des installations de chauffage, de production d’eau chaude sanitaire, de climatisa‑tion et d’éclairage.

Cette conformité fait l’objet d’une certification délivrée par un organisme ayant passé une convention avec le ministère en charge de la construction et accrédité selon la norme NF EN 45011 [6] par le comité français d’accréditation (Cofrac).

Concrètement, l’organisme qui délivre ce label se fonde sur des modalités de contrôle pendant la phase d’étude (hypothèses et données de calcul des performances thermiques du bâtiment cohérentes avec les données du projet) et la phase de chantier (exposition du bâtiment, mise en œuvre des matériaux, produits et équipements utilisés tels que les matériaux isolants des parois, les installations de chauffage ou de refroidissement, etc.). En particulier, cet organisme peut contrôler le fonctionnement des installations lors de leur mise en service.

Remarque Les organismes de certification d’ouvrages sont accrédités par le comité français d’accréditation (Cofrac). Ils proposent des certifications mul‑ticritères. Les principaux sont : Céquami, Promotelec, Cerqual et Cer‑tivéa.

3.2 Niveaux du label HPE Le label HPE comprend cinq niveaux.

3.2.1 Niveau 1 : HPE 2005 (haute performance énergétique 2005)

Réduction des consommations conventionnelles d’au moins 10 % par rapport à : – la consommation de référence de la RT 2005 pour les construc‑

tions relevant de l’article 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7] ;

– la consommation maximale autorisée C epmax

(voir tab. 4) pour les bâtiments à usage d’habitation relevant du 4 e alinéa de l’ar‑ticle 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7].

3.2.2 Niveau 2 : THPE 2005 − Très haute performance énergétique 2005

Réduction des consommations conventionnelles d’au moins 20 % par rapport à : – la consommation de référence de la RT 2005 pour les construc‑

tions relevant de l’article 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7] ; – la consommation maximale autorisée C

epmax ( tab. 4) pour les

bâtiments à usage d’habitation relevant du 4 e alinéa de l’article 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7].

3.2.3 Niveau 3 : HPE EnR 2005 − Haute performance énergétique 2005 – Énergie renouvelable

Il est fondé sur les exigences du niveau 1 accompagnées d’exi‑gences portant sur l’installation d’équipements d’énergie renou‑velable.

3.2.4 Niveau 4 : THPE EnR 2005 − Très haute performance énergétique 2005 − Énergie renouvelable

Réduction des consommations conventionnelles d’au moins 30 % par rapport à : – la consommation de référence de la RT 2005 pour les construc‑

tions relevant de l’article 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7] ; – la consommation maximale autorisée C

epmax (tab. 4) pour les

bâtiments à usage d’habitation relevant du 4 e alinéa de l’article 9 de l’arrêté du 24 mai 2006 [7], complétée par des exigences sur l’utilisation d’équipements d’énergie renouvelable ou de pompes à chaleur très performantes, pour l’habitat.

3.2.5 Niveau 5 : BBC 2005 − Bâtiment basse consommation

Ce niveau concerne les bâtiments ayant une consommation très nettement inférieure à la consommation énergétique réglemen‑taire soit, pour le résidentiel, une consommation maximale en énergie primaire limitée à 50 kWh/m 2 .an pour les cinq usages (chauffage, refroidissement, production d’eau chaude sanitaire, ventilation et éclairage) et déclinée selon les zones climatiques et l’altitude du projet. En outre, la performance énergétique est améliorée d’au moins 50 % par rapport à la performance régle‑mentaire pour les bâtiments tertiaires.

3.3 Comparaisons Le niveau 5 du label HPE (BBC 2005) reprend l’esprit des labels suisse Minergie et allemand Passivhaus, mais avec des exigences et des techniques qui correspondent à chaque zone climatique

Construction

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Techniques de construction

française. En effet, la particularité française vis‑à‑vis de la Suisse ou de l’Allemagne est la variabilité plus importante de son climat, nécessitant de fait l’introduction de modulations (tab. 3) .

4 Construire BBC

Les principes généraux permettant de construire des bâtiments basse consommation s’articulent sur les cinq axes suivants.

4.1 Préférer une conception bioclimatique – Construire de manière compacte : le ratio surface des parois

extérieures/surface habitable doit être minimal. – Protéger la construction des vents dominants en jouant sur la

forme du bâtiment et l’éventuelle implantation de végétation. – Limiter la différence de température entre l’extérieur et l’inté‑

rieur en plaçant les zones peu chauffées au nord, par exemple des garages, et en profitant de l’inertie du sol (parties enterrées de la construction). – Optimiser les apports solaires en privilégiant les espaces vitrés

(de l’ordre de 16 %) et leur disposition (nombreux vitrages expo‑sés au sud).

4.2 Assurer la bonne qualité de l’enveloppe – Obtenir une bonne isolation des murs. – Recourir à un vitrage performant. – Améliorer l’étanchéité à l’air du bâtiment. – Optimiser le confort d’été. – Utiliser des matériaux sains au regard de la qualité de l’air

intérieur.

4.3 Améliorer le système de chauffage – Installer une ventilation efficace. – Adapter les systèmes de production thermique.

– Stocker et distribuer la chaleur. – Réguler le système de chauffage. – Minimiser les consommations dues à l’éclairage.

4.4 Produire à partir d’énergies renouvelables

– Pompe à chaleur. – Production solaire thermique ou photovoltaïque. – Cogénération biomasse. – Énergie éolienne.

4.5 Gérer le cycle de l’eau – Minimiser les consommations d’eau potable. – Récupérer l’eau de pluie. – Traiter les eaux de pluie et les eaux usées.

5 Réglementation thermique 2012

Après des années de travail et de concertation avec l’ensemble des acteurs de la filière, le volet réglementaire a atteint un stade suffisamment avancé pour que les premiers textes concernant la RT 2012 soient publiés (décret n° 2010‑1269 du 26 octobre 2010 [2]). Cette réglementation permettra de standardiser les bâtiments basse consommation.

5.1 Dates et domaines d’application Moyennant quelques adaptations, les exigences du niveau 5 du label HPE deviennent réglementaires et concernent : • à partir du 28 octobre 2011, les bâtiments : – de bureaux, d’enseignement et d’établissements d’accueil de la

petite enfance ;

Tab. 3. Comparatif sommaire des trois labels européens.

Pays France Suisse Allemagne

Nom du label Effinergie Minergie Passivhaus

Surface à considérer Surface hors œuvre nette (Shon) Surface de référence énergétique

(SRE) Surface réellement

habitable (SHab

)

Consommation d’énergie primaire

< 50 kWh/(m 2 .an)

(modulée selon l’altitude et la zone climatique)

Minergie‑S : < 38 kWh/(m².an)

Minergie‑P : < 30 kWh/(m².an) < 120 kWh/(m².an)

Perméabilité à l’air

Sous 4 Pa

Maison individuelle : q4 < 0,6 m 3 /(h.m 2 )

Logement collectif : q4 < 1 m 3 /(h.m 2 )

Sous 50 Pa

Minergie‑S : non obligatoire

Minergie‑P : n50 = 0,6 vol/h

Sous 50 Pa

n50 = 0,6 vol/h

Chacun de ces trois labels possède des spécificités propres aux réglementations, techniques et normes applicables dans chaque pays.

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Techniques de construction Techniques de construction

– à usage d’habitation prévus par les conventions pluriannuelles passées par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) ou bénéficiant des dispositions prévues au 6 du I de l’ar‑ticle 278 sexies du Code général des impôts ; • à partir du 1 er janvier 2013, tous les projets de construction de bâtiments à usage d’habitation autres que ceux cités précédem‑ment.

Toutes les catégories de bâtiments ne sont donc pas visées par ces premières dispositions. D’autres textes vont venir compléter les conditions d’application de la RT 2012 et s’appliqueront par exemple aux bâtiments de santé et aux commerces.

Remarque Sont donc exclus du champ d’application de la RT 2012 : – les constructions provisoires (durée d’utilisation prévue inférieure à

deux ans) ; – les bâtiments et parties de bâtiment dont la température normale d’uti‑

lisation est inférieure ou égale à 12 °C ; – les bâtiments d’élevage ; – les bâtiments ou parties de bâtiments qui, en raison de contraintes spé‑

cifiques liées à leur usage, doivent garantir des conditions particulières de température, d’hygrométrie ou de qualité de l’air, nécessitant de fait des règles particulières ; – les bâtiments ou parties de bâtiment destinés à rester ouverts sur l’ex‑

térieur en fonctionnement habituel ; – les bâtiments ou parties de bâtiment chauffés ou refroidis pour un

usage dédié à un procédé industriel ; – les bâtiments agricoles ; – les bâtiments situés dans les DOM.

5.2 Nouveautés de la RT 2012 La RT 2012 s’inscrit dans la continuité des réglementations pré‑cédentes. L’esprit n’a pas été réellement modifié mais certains changements sont significatifs.

L’objectif de la RT 2012 est de limiter la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs à un maximum de 50 kWh/m 2 .an (valeur modulée). Cette valeur, environ trois fois inférieure à celle préconisée par la RT 2005, correspond au niveau 5 du label haute performance énergétique (tab. 4) .

Comme pour la RT 2005, cette consommation d’énergie primaire comprend cinq usages : le chauffage, la climatisation, la produc‑

tion d’eau chaude sanitaire (ECS), les éclairages et les auxiliaires, par exemple la ventilation.

La RT 2012 conserve le découpage en cinq zones climatiques de la RT 2005.

Beaucoup plus orientée vers une réglementation d’objectifs, la RT 2012 comprend moins d’exigences de résultats : les princi‑pales valeurs garde‑fous de la RT 2005 ont été supprimées.

Les exigences de résultats nouvelles de la RT 2012 s’articulent sur trois paramètres : – le besoin bioclimatique B

bio ;

– la consommation d’énergie primaire C ep

; – le confort d’été T

ic .

5.2.1 Coefficient bioclimatique B bio (≤ B biomax )

Ce coefficient exprimé en points permet de déterminer le niveau de conception bioclimatique du bâtiment et ses besoins en chauf‑fage, climatisation et éclairage. Il traduit l’efficacité énergétique minimale du bâti en se focalisant sur la bonne isolation thermique, l’étanchéité de l’enveloppe, l’inertie de la structure, l’apport des surfaces vitrées et l’accès à l’éclairage naturel.

Dès la conception, certains choix sont à privilégier. L’implantation et l’orientation sont importantes et intègrent les caractéristiques climatiques du site : ensoleillement et accès à l’éclairage naturel, topologie du terrain, etc. L’agencement des espaces au moyen de cloisons, d’espaces tampons, et l’emplacement des espaces vitrés répondront ainsi aux futures ambiances thermiques de l’habitation.

Le coefficient bioclimatique B bio

est une valeur modulée :

B biomax

= B biomaxmoyen

(M bgéo

+ M balt

+ M bsurf

)

avec :

M bgéo

: modulation comprise entre 0,7 et 1,4 selon la localisation géographique, c’est‑à‑dire selon l’une des huit zones climatiques ;

M balt

: modulation selon l’altitude (tab. 5) ;

M bsurf

: modulation selon la surface moyenne des logements du bâtiment ;

B biomaxmoyen

: valeur définie par type d’occupation du bâtiment et par catégorie CE1 ou CE2.

Le tableau 6 donne les valeurs des modulations B biomaxmoyen

.

Tab. 4. Comparaison des valeurs de la consommation d’énergie primaire C epmax (kWh/m 2 .an) de la RT 2005 et de la RT 2012.

Zones climatiques

RT 2005 RT 2012

Chauffage par combustible fossile Chauffage électrique

(dont pompes à chaleur) Valeur moyenne

(modulée)

H1 130 250 60

H2 110 190 50

H3 80 130 40

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Techniques de construction

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Techniques de construction

Exemple Pour une maison individuelle de SHON

RT = 110 m 2 située à Paris

(zone climatique H1a), l’application des données issues de l’arrêté du 26 octobre donne : B

Biomaxmoyen = 60 ; M

bgéo = 1,2 ; M

balt = 0 ; M

bsurf = 0,042 et ainsi B

biomax = 74,5.

Défi nition des catégories CE1 et CE2

Un local est de catégorie CE2 s’il est muni d’un système de refroi‑dissement et si l’une des conditions suivantes est remplie : – simultanément, le local est situé dans une zone à usage d’ha‑

bitation, ses baies sont exposées au bruit BR2 ou BR3, et le bâti‑ment est construit en zone climatique H2d ou H3 à une altitude inférieure à 400 m ; – simultanément, le local est situé dans une zone à usage d’en‑

seignement, ses baies sont exposées au bruit BR2 ou BR3, et le

bâtiment est construit en zone climatique H2d ou H3 à une alti‑tude inférieure à 400 m ; – le local est situé dans une zone à usage de bureaux, et ses baies

sont exposées au bruit BR2 ou BR3 ou ne sont pas ouvrables en application d’autres réglementations ; – le local est situé dans une zone à usage de bureaux et le bâti‑

ment est construit soit en zones climatiques H1c ou H2c à une altitude inférieure à 400 m, soit en zones climatiques H2d ou H3 à une altitude inférieure à 800 m.

Les autres locaux sont de catégorie CE1.

Une zone ou une partie de zone est de catégorie CE2 si tous les locaux autres qu’à occupation passagère qu’elle contient sont de catégorie CE2. Elle est de catégorie CE1 dans les autres cas (tab. 7) .

5.2.2 Confort d’été T ic (T ic ≤ T icref )

La température intérieure conventionnelle exprime le niveau de température ambiante obtenu en période estivale de forte chaleur. Le confort estival est un élément d’actualité avec l’évolution du climat et des aléas climatiques comme l’épisode caniculaire de 2003. En effet, des bâtiments très étanches et très isolés, sans inertie thermique, deviendront difficiles à vivre dès les premières chaleurs, sauf si l’on recourt à un système de refroidissement.

Comme pour la RT 2005, des catégories de bâtiment sont défi‑nies, pour lesquelles il est possible d’assurer un niveau de confort correct sans recourir à un système de refroidissement. La tempé‑rature la plus élevée atteinte dans ces bâtiments au cours d’une période de cinq jours ne doit pas excéder une valeur de référence calculée.

Cette valeur de référence est le résultat du calcul de la tempéra‑ture intérieure, pendant les 5 jours les plus chauds de l’année, du bâtiment faisant l’objet du projet équipé de protections solaires imposées et d’une inertie imposée. La valeur du confort d’été T

ic

du projet, calculée avec les protections solaires réelles et l’inertie réelle, doit être inférieure à cette valeur de référence.

Tab. 6. Valeurs du coefficient B biomaxmoyen .

Usage CE1 CE2

Maisons individuelles ou accolées et bâtiments collectifs d’habitation

60 80

Foyers de jeunes travailleurs et cités universitaires

60 90

Bureaux 70 140

Enseignement secondaire (partie jour) 40 50

Enseignement secondaire (partie nuit) 60 90

Enseignement primaire 75 105

Accueil de la petite enfance (crèche, halte‑garderie)

90 125

Tab. 5. Valeurs du coefficient M balt .

Usage Altitude (m)

0 à 400 401 à 800 ≥ 801

Maisons individuelles ou accolées et bâtiments collectifs d’habitation 0 0,2 0,4

Foyers de jeunes travailleurs et cités universitaires 0 0,2 0,4

Bureaux 0 0,1 0,2

Enseignement secondaire (partie jour) 0 0,1 0,2

Enseignement secondaire (partie nuit) 0 0,2 0,4

Enseignement primaire 0 0,1 0,2

Accueil de la petite enfance (crèche, halte‑garderie) 0 0,1 0,2

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

5.2.3 Consommation d’énergie primaire C ep (≤ C epmax )

La consommation conventionnelle maximale d’énergie primaire concerne les 5 usages énergétiques cités ci‑avant. La valeur de 50 kWh/m 2 .an est une valeur modulée :

C epmax

= 50 × M ctype

(M cgéo

+ M calt

+ M csurf

+ M cGES

)

avec :

M ctype

: modulation selon le type de bâtiment et sa catégorie CE1/CE2 (tab. 8) ;

M cgéo

: modulation comprise entre 0,8 et 1,3 selon la localisation géographique ;

M calt

: modulation selon l’altitude (tab. 9) ;

M csurf

: modulation selon la surface moyenne des logements du bâtiment ;

M cGES

: modulation selon l’émission de gaz à effet de serre (GES).

Tab. 8. Valeurs du coefficient M ctype .

Usage CE1 CE2

Maisons individuelles ou accolées et bâtiments collectifs d’habitation

1 1,2

Foyers de jeunes travailleurs et cités universitaires

1,8 2,1

Bureaux 1,4 2,2

Enseignement secondaire (partie jour) 1,1 1,4

Enseignement secondaire (partie nuit) 1,8 2,1

Enseignement primaire 2 2,8

Accueil de la petite enfance (crèche, halte‑garderie)

1,7 2

Tab. 9. Valeurs du coefficient M calt .

Usage Altitude (m)

0 à 400 401 à 800 ≥ 801

Maisons individuelles ou accolées et bâtiments collectifs d’habitation 0 0,2 0,4

Foyers de jeunes travailleurs et cités universitaires 0 0,2 0,4

Bureaux 0 0,1 0,2

Enseignement secondaire (partie jour) 0 0,1 0,2

Enseignement secondaire (partie nuit) 0 0,2 0,4

Enseignement primaire 0 0,1 0,2

Accueil de la petite enfance (crèche, halte‑garderie) 0 0,1 0,2

Tab. 7. Définition des catégories CE1 et CE2 (source : arrêté du 26 octobre 2010, annexe III) [1].

Zones climatiques

Usage Zones

de bruit H1a H1b

H1c < 400 m

H1c ≥ 400 m

H2a H2b H2c < 400 m

H2c ≥ 400 m

H2d < 400 m

H2d ≥ 400 m et < 800 m

H2d ≥ 800 m

H3 < 400 m

H3 ≥ 400 m et < 800 m

H3 ≥ 800 m

Habitation

Enseigne‑ment

BR1 CE1

BR2 CE1 CE2 CE1 CE2 CE1

BR3 CE1 CE2 CE1 CE2 CE1

Bureaux

BR1 CE2 CE1 CE2 CE1 CE2 CE1 CE2 CE1

BR2 CE2

BR3 CE2

Autres

BR1 CE2

BR2 CE2

BR3 CE2

Construction

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Techniques de construction

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Techniques de construction

Remarque La valeur de 50 est à remplacer par 57,5 pour les bâtiments collectifs d’habitation ayant fait l’objet d’une demande de permis de construire ou d’une déclaration préalable de travaux entre la date d’entrée en vigueur du décret du 26 octobre 2010 [1] et le 31 décembre 2014.

5.2.4 Exigences de moyens pour une performance globale

La RT 2012 impose quelques exigences de moyens : – le traitement des ponts thermiques et de l’étanchéité à l’air (3) ,

afin de garantir la qualité de la mise en œuvre ; – une surface minimale de baies vitrées, afin de garantir le

confort d’habitation ( § 6 ) ; – l’obligation de recourir aux énergies renouvelables (EnR), afin

de participer à leur développement ; – la mesure ou l’estimation des consommations d’énergie par

usage, afin de s’assurer du bon usage du bâtiment.

L’ensemble du texte a été structuré de sorte que seule la perfor‑mance globale du bâtiment soit recherchée. Cette performance peut être atteinte au moyen de plusieurs leviers : implantation, orientation, choix du type d’équipements, etc., ce qui laisse une liberté pendant la conception.

Les exigences de la RT 2012 sont exprimées en valeur absolue et non plus, comme dans la RT 2005, en valeur relative − ce qui obligeait à comparer chaque bâtiment à un bâtiment de référence. Une grande partie des garde‑fous de la RT 2005 ont été abandon‑nés, à l’exception de deux valeurs relatives au traitement des ponts thermiques et reprises dans l’article 19 de l’arrêté [1].

(3) Le test de la « porte soufflante » est obligatoire dans le secteur du loge-ment collectif.

Texteofficiel Arrêté du 26 octobre 2010, art. 19 Le ratio de transmission thermique linéique moyen global des ponts thermiques du bâtiment doit être inférieur à 0,28 W/(m 2 .K). Le coefficient de transmission thermique linéique moyen des liaisons entre les planchers intermédiaires et les murs donnant sur l’extérieur ou un local non chauffé doit être inférieur à 0,6 W/(ml.K).

6 Confort thermique

Référence – Perméabilité à l’air des bâtiments – Généralités et sensibilisation,

CETE de Lyon, octobre 2006.

Un bâtiment respectueux des enjeux du Grenelle de l’envi‑ronnement et confortable pour l’usager doit avoir une enveloppe performante. Le confort est une notion subjective, donc difficile à définir : il varie selon les personnes, principalement leur sexe, leur âge et leurs habitudes. Le confort dépend de la tempéra‑ture de l’air et des parois, de l’hygrométrie et de la vitesse de l’air. L’isolation et l’inertie sont deux notions fondamentales en matière de thermique et de confort du bâtiment : la première empêche la chaleur de pénétrer et la seconde permet de stocker l’énergie.

La stratégie de confort consiste (fig. 3) : – en hiver, à maximiser les apports de chaleur en exposant au sud

la façade principale du bâtiment, et à minimiser les pertes avec sa compacité : – en été, à minimiser les apports et à évacuer les excédents de

chaleur.

Conserver

Éviter

Refroidir

Minimiser

Dissiper

ÉtéHiver

Distribuer

Stocker

Capter

Protéger

Fig. 3. Schéma de principe de la stratégie de confort.

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

6.1 Isolation Une isolation efficace permet de maintenir une température agréable à l’intérieur des bâtiments. Lorsqu’il y a des parois froides, ces dernières refroidissent l’air à leur contact puis l’air froid descend jusqu’au plancher inférieur : ce mouvement de convection est une source d’inconfort.

La capacité d’un matériau à conduire la chaleur est la conductivité thermique λ (W/m.K). Elle intervient dans l’équation de la cha‑leur, dite loi de Fourier : φ ( x ) = ‑λ dT / dx . Cette loi traduit la linéa‑rité entre un flux de chaleur φ ( x ) (W/m 2 ) selon une direction x et le gradient de température dT / dx . Plus le coefficient λ est faible, plus le matériau est isolant (tab. 10) .

Remarque Le meilleur isolant est l’air immobile : c’est la raison pour laquelle une grande partie des isolants sont constitués d’alvéoles d’air. Le tableau 11 donne des valeurs de conductivité thermique pour les matériaux courants.

La résistance thermique d’une paroi mesure l’aptitude d’un matériau à freiner le passage de la chaleur. Dans le domaine du bâtiment, en complément de ce paramètre, la caractéristique

représentative est la résistance thermique R . Cette donnée intègre les caractéristiques géométriques de la paroi :

R = e /λ (m 2 .K/W)

dans laquelle e est l’épaisseur de la paroi considérée.

Remarque Lorsque la paroi est composée de plusieurs couches ayant chacune une résis‑tance thermique R

i , la résistance thermique totale vaut : R

Totale = Σ R

i = Σ e

i /λ

i

(association en série).

Les déperditions d’une paroi sont caractérisées par le coefficient de transmission surfacique U : U = 1/ R (W/m 2 .K). Afin d’aug‑menter la résistance d’une paroi, on utilise des matériaux isolants qui viennent s’associer aux éléments qui assurent la stabilité mécanique.

Exemple Pour quantifier l’effet apporté par la présence d’un isolant, considérons une paroi constituée de briques de terre cuite (λ = 0,7 et e = 0,20 m) associée avec un isolant en polystyrène expansé (PSE) (λ = 0,038 et e = 0,10m). On obtient : R

paroi = 0,29 + 2,63 = 2,92.

Cela signifie que la présence de 10 cm de PSE multiplie par 10 la résis‑tance thermique de la paroi. Dans le cas réel, le calcul de la résistance thermique d’une paroi (fig. 4) prend en compte les contributions dues à l’enduit extérieur et à la plaque de plâtre épaisse de 10 mm, et la résistance surfacique interne et externe, de telle sorte que la résistance totale vaut R = 3,07 m 2 .K/W.

Tab. 11. Exemples de conductivité thermique λ de matériaux courants.

Matériau λ (W/m.K)

Cuivre 400

Acier 50

Béton 1,5

Brique 0,7

Béton cellulaire 0,16 à 0,33

PVC 0,15

Isolant 0,03 à 0,05

Air immobile 0,024

Inté

rieu

r

Exté

rieu

r

10 15100

Th38

200

Fig. 4. Exemple courant de paroi maçonnée. YYEnduitYextérieurYdeY1YmmY:YRY=Y0,01YmY2Y.K/WYYParpaingsYcreuxYd’épaisseurY20YcmY:YRY=Y0,23YmY2Y.K/WYYIsolationYparYunYpolystyrèneYPSEY(Th38)Y(eY=Y100Ymm)Y:YRY=Y2,63YmY2Y.K/WYYPlaqueYdeYplâtreY(eY=Y10Ymm)Y:YRY=0,03YmY2Y.K/WYYRésistanceYsurfaciqueYinterneYetYexterneY:YRY=Y0,17YmY2Y.K/WYYRYmurYY=Y3,07YmY2Y.K/WYY

Tab. 10. Classement des matériaux selon leur conductivité thermique λ.

Familles de matériaux λ (W/m.K)

Métaux (très bons conducteurs)

> 5

Matériaux conducteurs 0,6 < λ < 5

Matériaux isolants 0,2 < λ < 0,6

Très bons isolants λ < 0,2

Construction

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Techniques de construction

Dans les cas courants de doublage à base de polystyrène expansé ou extrudé, la performance thermique du mur en maçonnerie ou en béton banché est fonction de la nature du polystyrène (Th32, Th38, etc.) et de son épaisseur. Le tableau 12 donne plusieurs valeurs indicatives.

6.2 Inertie L’inertie thermique joue un rôle particulièrement important l’été ; et l’on sait qu’une bonne isolation d’hiver n’est pas nécessaire‑ment synonyme de confort d’été. L’inertie thermique est condi‑tionnée en premier lieu par la capacité thermique C

p (kJ/m 3 .K),

qui exprime l’aptitude d’un matériau à absorber et stocker de l’énergie. Plus cette capacité est élevée, meilleure est l’inertie thermique du matériau. Le tableau 13 donne des ordres de gran‑deur de capacités thermiques usuelles.

L’inertie thermique est pleinement opérationnelle si l’énergie emmagasinée par les matériaux à forte capacité thermique peut être libérée, c’est‑à‑dire si un échange avec l’intérieur est possible. La prise en compte de cette aptitude conduit à introduire la dif‑fusivité thermique : D = λ/ρ. C

p (ρ : masse volumique en kg.m 3 ).

En résumé :

λ : conductivité thermique (W/(m.K)) ; traduit l’aptitude d’un matériau à conduire la chaleur ;

Cp : capacité thermique (J.m ‑3 .K ‑1 ) ; traduit l’aptitude d’un maté‑

riau à emmagasiner la chaleur.

D : (λ/ρ.Cp) diffusivité thermique (m 2 .s‑1) ; traduit l’aptitude d’un

matériau à emmagasiner et échanger la chaleur.

La figure 5 schématise les effets de l’inertie sur l’évolution de la température intérieure en période estivale. Dans le cas d’une inertie légère, on remarque que les fluctuations de température sont beaucoup plus grandes et qu’elles génèrent une température ressentie plus importante et donc un confort moins agréable.

7 Ponts thermiques

Référence – Salem Farkh, Les ponts thermiques dans le bâtiment – Mieux les

connaître pour mieux les traiter, Guide pratique, CSTB, 2009.

7.1 Généralités Un pont thermique est une partie de l’enveloppe du bâtiment où la résistance thermique, par ailleurs uniforme, est modifiée par la pénétration de l’enveloppe par des matériaux à conductivité

Tab. 12. Exemples de valeurs de la résistance thermique R de parois courantes.

Type de mur R (m 2 .K/W)

Blocs creux en béton (e = 20 cm) + Th38 (e = 10 cm)

3,07

Blocs creux en béton (e = 20 cm) + Th32 (e = 10 cm)

3,58

Béton banché (e = 16 cm) + Th38 (e = 10 cm)

2,94

Béton banché (e = 16 cm) + Th32 (e = 10 cm)

3,43

Tab. 13. Exemples de capacités thermiques usuelles.

Matériaux Cp (kJ/m 3 .K)

Bois 960

Terre cuite 630 à 1800

Béton 2400 à 2610

Pierre 2520 à 2790

Temps

Température (°C)

Temps

Température (°C)

Temps

Température (°C)

20°Inertie très lourde(planchers lourdset ITE)

20°Inertie lourde(planchers lourdset ITI)

20°Inertie légère(aucun élémentlourd)

Température ressentie

Ventilation

Limitation du rayonnement solaire

Isolation

Structure

Fig. 5. Évolution de la température intérieure d’un bâtiment selon son inertie lors d’une journée d’été.

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

différente, par un changement local d’épaisseur de matériau ou par une liaison entre parois.

On distingue deux types de ponts thermiques : – les ponts thermiques linéaires (PTL) (W/m.K), dus à l’interrup‑

tion de l’isolation au niveau des liaisons entre les parois ; ils sont caractérisés par le coefficient linéique ψ ; – les ponts thermiques ponctuels ou intégrés (PTI), dus à l’inter‑

ruption ou la dégradation de l’isolation au sein de la paroi ; ils sont caractérisés par le coefficient χ (W/K).

Plus les coefficients ψ et χ sont faibles, plus les ponts thermiques sont réduits (fig. 6) .

Le guide du CSTB donne des ordres de grandeur permettant d’ap‑précier l’importance de ces ponts thermiques (tab. 14) .

Exemple Dans un bâtiment isolé par l’intérieur, le pont thermique linéaire le plus courant est celui qui se situe à la liaison du plancher avec les murs exté‑rieurs. Le pont thermique intégré se rencontre lorsqu’une cheville métal‑lique pénètre l’isolation (fig. 7) .

Dès 1974, l’obligation de traiter l’isolation du bâti a amélioré les performances de la paroi. Les bâtiments construits avant cette date présentaient des déperditions thermiques importantes par la paroi. Après 1974, ces déperditions ont été réduites pour la paroi mais se sont retrouvées aux divers points singuliers du bâtiment que sont les ponts thermiques (fig. 8) .

Les principaux ponts thermiques de liaison se localisent aux jonc‑tions suivantes : – plancher bas ou intermédiaire et mur extérieur (fig. 9) ; – mur de refend et mur extérieur ; – menuiserie, encadrement de baies et mur extérieur ; – toiture et mur.

7.2 Traitement des ponts thermiques La réglementation thermique RT 2012 a conservé deux valeurs garde‑fous pour les ponts thermiques : – le pont thermique moyen tous ponts confondus : c’est en fait un

ratio qui doit être inférieur à 0,28 W/(m 2 .K) ; – le pont thermique moyen « planchers – murs extérieurs », qui

doit être inférieur à 0,60 W/(ml.K).

Il devient donc nécessaire de traiter les points faibles de la paroi. Les solutions existantes sont les suivantes.

7.2.1 Rupteurs thermiques

Ce sont des éléments structurels isolants conçus pour traiter les ponts thermiques entre les parois du bâtiment. L’interposition de ces éléments isolants réduit les fuites de chaleur. Ces éléments sont soit continus, soit discontinus (fig. 10) .

Pont thermiqueponctuel

[W/K]

ParoiU [W/(m2 .K)]

Pont thermiquelinéaire

[W/(m.K)]

Fig. 6. Représentation schématique des ponts thermiques.

Tab. 14. Règle d’évaluation des ponts thermiques de liaison.

Pont thermique Faible Moyen Fort Très fort

ψ (W/m.K) 0 à 0,2 0,2 à 0,5 0,5 à 1 > 1

La dalleinterromptl'isolation

Mur

Isolation

Cheville

Fig. 7. Exemples de ponts thermiques.

Construction

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Techniques de construction

Les principaux rupteurs disponibles traitent de la liaison entre les murs de façade et les planchers, dans le cas d’isolation par l’intérieur. Ils sont placés en about de dalle, dans la continuité de l’isolant du mur.

Outre des éléments isolants, les rupteurs thermiques sont consti‑tués d’éléments visant à assurer la continuité mécanique entre le plancher et la paroi. Ils peuvent intégrer des dispositions visant à renforcer la sécurité au feu.

Actuellement, les conditions de mise en œuvre de ces rupteurs thermiques ne sont pas considérées comme relevant de solutions traditionnelles. Des prescriptions figurent dans des avis techniques mais non pas dans un document technique unifié (DTU) (fig. 11) .

La mise en œuvre de cette solution exige de vérifier : – si le domaine d’application inclut l’utilisation en zone sismique

ou non, en vertu de la modification de la prise en compte de l’aléa sismique (arrêté et décrets du 22 octobre 2010) ;

Y

U1

U2

Fig. 9. Exemple de pont thermique d’un plancher bas sur terre-plein.

Rupteur continu Rupteur discontinu

Fig. 10. Schéma de principe des rupteurs continus et discontinus.

Diagonales

Armatures supérieures

Armatures inférieures

Isolant

Fig. 11. Schéma générique de fonctionnement d’un rupteur.

Bâtiment non isolé : fuites à travers la paroi Bâtiment isolé : fuites réduites à travers la paroi

mais importantes aux ponts thermiques

Fig. 8. Déperditions de chaleur au travers de l’enveloppe.

Construction

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Techniques de construction Techniques de construction

– le dimensionnement de ces éléments structurels, qui dépend de la portée et de l’épaisseur de la dalle.

Elle impose également de respecter : – les enrobages supérieurs et inférieurs ; – le sens de pose : boucles du côté du mur et aciers du côté de

la dalle.

7.2.2 Plancher bas sur vide sanitaire

Dans une maison individuelle, l’efficacité thermique du plancher bas est fondamentale. L’une des solutions permettant de réduire de manière significative les fuites consiste à associer un plancher poutrelles avec entrevous (isolants ou non) avec une chape flot‑tante (fig. 12) .

Une chape flottante sur isolant thermique est mise en œuvre conformément aux dispositions prévues dans le DTU 26.2/52.1.

7.2.3 Planelles de rive

Cette solution consiste à « habiller » les abouts de plancher. C’est une alternative aux rupteurs thermiques. La mise en œuvre des planelles de rive obéit aux prescriptions du DTU 20.1, en parti‑culier : – ne pas dépasser le tiers de l’épaisseur brute de la paroi exté‑

rieure du mur ; – veiller à ce que l’épaisseur minimale de la planelle seule soit

de 5 cm s’il n’y a pas d’isolant placé entre elle et l’about de plancher ; en présence d’isolant, cette épaisseur est portée à 7 cm (fig. 13) .

D’autres solutions permettent d’envisager sereinement le traite‑ment des points singuliers de l’enveloppe au niveau de la maçon‑nerie et du gros œuvre (cas des planchers intermédiaires, des coffres de volets roulants, etc.).

8 Étanchéité à l’air

Référence – Perméabilité à l’air des bâtiments – Généralités et sensibilisation,

CETE de Lyon, octobre 2006.

8.1 Enjeux et généralités En dehors de l’isolation et de la réduction des ponts thermiques, l’étanchéité à l’air devient incontournable pour satisfaire aux exigences de la réglementation RT 2012. Une bonne étanchéité à l’air est essentielle pour maîtriser les divers flux d’air au sein d’un

Complexede doublage

Chape flottante

Entrevous béton

Isolant

Mur en maçonnerie Mur en maçonnerie

Complexede doublage

Chape flottante

Isolant

Entrevous isolant

Fig. 12. Exemple de traitement des ponts thermiques sur un plancher bas.

Complexede doublage

Planelle

Dalle

Enduitextérieur

Maçonnerie courante(parpaing, briques, etc.)

Fig. 13. Principe de la planelle de rive.

Construction

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Techniques de construction

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Techniques de construction

bâtiment, que ces flux soient volontaires (bouches de ventilation et entrées d’air) ou non.

À l’inverse, une mauvaise perméabilité à l’air a des conséquences sur le confort thermique (courants d’air, difficultés à chauf‑fer), sur le confort acoustique (bruits extérieurs), sur la qualité sanitaire de l’air intérieur (présence de fibres ou de poussières voire de composés organiques volatils (COV)), sur la facture énergétique (augmentation des besoins de chauffage pouvant aller jusqu’à 25 %), la conservation du bâti (condensations indésirables et dégradations progressives par corrosion et moi‑sissures) (fig. 14) .

Remarque À 20 °C et sous une humidité relative de 70 %, 1 m 3 d’air contient 10 g d’eau sous forme de vapeur. À une température de 0° C, ce même mètre cube n’en contient plus que 4 g. Ainsi, s’il y a exfiltration d’air entre l’intérieur (à 20° C) et l’extérieur (0° C), 6 g d’eau vont se condenser dans la paroi.

La RT 2012 impose des valeurs de perméabilité sous 4 Pa (Q

4Pa-surf ) à ne pas dépasser :

– 0,60 m 3 /(h.m 2 ) en maison individuelle ou accolée ; – 1,00 m 3 /(h.m 2 ) en bâtiment collectif d’habitation.

Le contrôle du respect de ces valeurs résulte d’un test effectué en fin de chantier seulement. Cela justifie d’autant plus l’impor‑tance de pouvoir y répondre positivement. Pour satisfaire à cette exigence, il est fondamental que le rôle des différents acteurs soit clarifié dès la phase de conception du projet. Il est en effet très dif‑ficile de pallier un manque dû à une mauvaise conception, tandis que pendant la phase de travaux, les imperfections peuvent être reprises plus facilement − sous réserve qu’elles soient détectées suffisamment tôt. Il est donc souhaitable de pouvoir effectuer des contrôles au fur et à mesure de l’avancement des travaux.

Il convient également d’informer le futur occupant de ne pas dégrader les solutions mises en œuvre afin de s’assurer de la pérennité de l’étanchéité du bâti.

Les fuites d’air d’un bâtiment se localisent pour la plupart aux interfaces suivantes : – les liaisons entre façades et planchers ; – les menuiseries extérieures (seuils, liaisons entre mur et fenêtre

au niveau du linteau) ; – les équipements électriques (interrupteurs et prises de courant) ; – les traversées de parois (trappes d’accès aux combles ou aux

gaines techniques).

8.2 Principe de la mesure Il s’agit de localiser les éventuelles fuites et de quantifier la per‑méabilité à l’air du bâtiment. Le mode opératoire est celui de la norme NF EN 13829 [8], dit « test de la porte soufflante ». Cette norme d’essai européenne a pour objectif la détermination in situ de la perméabilité à l’air d’un bâtiment ou de parties de bâtiment, en utilisant une méthode de pressurisation par ventilateur.

Les diverses étapes permettant de mener à bien ce test sont les suivantes : – étape n° 1 : détecter tout mouvement d’air non prévu ; il faut

obturer les orifices volontaires, c’est‑à‑dire ceux qui sont néces‑saires à la circulation de l’air (photo 1) ; – étape n° 2 : remplacer la porte d’entrée par une fausse porte

reliée à un ventilateur à vitesse variable afin d’extraire des volumes d’air connus (photo 2) ; – étape n° 3 : mise en place d’un dispositif mesurant la différence

de pression et le débit ; – étape n° 4 : détection des points de fuite ; on peut utiliser la

poire à fumée (photo 3) ou la thermographie infrarouge ; dans ce dernier cas, il faut être attentif à l’analyse des résultats parce que cette technique met en évidence des ponts thermiques qui ne sont pas responsables des fuites ;

Intérieur Extérieur

Écoulement aéraulique

Fig. 14. Condensation dans la paroi.

Photo 1. Obturer les orifices volontaires nécessaires à la circula-tion de l’air.

Construction

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– étape n° 5 : mesurer le débit de fuite ; la vitesse du ventilateur est diminuée depuis 70 Pa jusqu’à 10 Pa par paliers de 10 Pa ; pour chaque palier, les différences de pression entre l’intérieur et l’ex‑térieur et le débit sont mesurés, permettant d’obtenir les couples dépression‑débit. L’analyse des résultats permet d’extraire les indicateurs de perméabilité à l’air et en particulier la valeur Q

4Pa-surf .

9 Conclusion

La réglementation RT 2012 vise à transformer, dès 2013, toutes les constructions en bâtiments basse consommation (BBC). Elle constitue une étape supplémentaire, parmi d’autres, dans l’amé‑lioration de la performance thermique des bâtiments. C’est un processus engagé depuis bientôt 40 années, qui a pour objectif d’améliorer l’empreinte énergétique du bâtiment, en réduisant de manière significative la consommation d’énergie primaire − à une époque où les enjeux mondiaux imposent une vision à long terme de notre dépendance énergétique.

Cette nouvelle réglementation privilégie une approche globale du bâtiment, fondée sur des exigences de résultats que sont la consommation d’énergie primaire (C

ep ), le besoin bioclima‑

tique (B bio

) et la température intérieure conventionnelle (T ic ). Les

exigences de moyens : le traitement des ponts thermiques et de l’étanchéité à l’air, l’utilisation d’énergies renouvelables sont les axes forts de la RT 2012. Pour ce qui est de la maçonnerie et du

gros œuvre, les deux valeurs garde‑fous à traiter avec soin concer‑nent les ponts thermiques et le test final de perméabilité à l’air. Les matériaux et leurs conditions de mise en œuvre, qui relèvent de documents techniques traditionnels (DTU 21 et DTU 20.1), permettent de garantir un niveau de performance des parties cou‑rantes des parois compatible avec la RT 2012.

En comparaison avec la RT 2005, la réglementation RT 2012 se veut plus simple et met en avant le lien fondamental entre la conception du bâtiment et sa réalisation − entre l’architecte, le maître de l’ouvrage et les entreprises.

Il convient de généraliser cette approche, dont la réussite nécessite de gérer au mieux les interfaces entre les différents corps d’état qui interviennent dans la construction d’un bâtiment. Tout l’art résidera dans la manière de conserver l’intégrité de l’enveloppe du bâtiment tout au long de la phase de construction : gros œuvre, second œuvre et équipement. Que ce soit avec de nouveaux maté‑riaux ou de nouveaux systèmes constructifs permettant de traiter les points singuliers, les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre ont à leur disposition les solutions techniques pour relever le défi de la RT 2012.

10 Références

[1] Arrêté du 26 octobre 2010, relatif aux caractéristiques ther‑miques et aux exigences de performance énergétique des bâti‑

Photo 3. Détection des points de fuite par la poire à fumée.

Photo 2. Remplacer la porte d’entrée par une fausse porte reliée à un ventilateur.

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[7] Arrêté du 24 mai 2006 relatif aux caractéristiques thermiques des bâtiments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments, JO du 25 mai 2006.

[8] NF EN 13829 (février 2001 − indice de classement : P 50‑759) : Performance thermique des bâtiments − Détermination de la per‑méabilité à l’air des bâtiments – Méthode de pressurisation par ventilateur.

[9] DTU 21 (mars 2004 – indice de classement P 18‑201) : Travaux de bâtiment − Exécution des ouvrages en béton − Cahier des clauses techniques.

[10] NF DTU 20.1 (octobre 2008 : indice de classement : P 10‑202) : Travaux de bâtiment – Ouvrages en maçonnerie de petits éléments – Parois et murs – Partie 1‑1 : cahier des clauses techniques types – Partie 1‑2 : critères généraux de choix des matériaux – Partie 2 : cahier des clauses administratives spé‑ciales types – Partie 3 : guide pour le choix des types de murs de façades en fonction du site – Partie 4 : règles de calcul et dis‑positions constructives minimales – Référence commerciale des parties P1‑1, P1‑2, P2, P3 et P4 du NF.

ments nouveaux et des parties nouvelles de bâtiments, JO du 30 octobre 2010.

[2] Décret n° 2010‑1269 du 26 octobre 2010, relatif aux caracté‑ristiques thermiques et à la performance énergétique des construc‑tions, JO du 27 octobre 2010.

[3] Loi n° 96‑1236 du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, JO du 1er janvier 1997.

[4] Décret n° 2000‑1153 du 29 novembre 2000 relatif aux carac‑téristiques thermiques des constructions modifiant le Code de la construction et de l’habitation et pris pour l’application de la loi n° 96‑1236 du 30 décembre 1996 sur l’air et l’utilisation ration‑nelle de l’énergie, JO du 30 novembre 2000.

[5] Arrêté du 3 mai 2007 relatif aux caractéristiques thermiques et à la performance énergétique des bâtiments existants, JO du 15 mai 2007.

[6] NF EN 45011 (mai 1998 − indice de classement : X 50‑071) : Exigences générales relatives aux organismes procédant à la cer‑tification de produits.

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