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Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV) 12/06/22 1 LE XXVI e CONGRÈS INTERNATIONAL DE LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIE ROMANES Valence, septembre 2010

Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV)

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LE XXVI e  CONGRÈS INTERNATIONAL DE LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIE ROMANES Valence, septembre 2010. Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV). - PowerPoint PPT Presentation

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Teodor-Florin Zanoaga

Université Paris-Sorbonne (Paris IV)

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LE XXVIe  CONGRÈS INTERNATIONAL DE LINGUISTIQUE ET PHILOLOGIE ROMANES

Valence, septembre 2010

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État de la question

Traitement incomplet dans la lexicographie générale jusqu’à une date très récente.

Pierre Enckell, Pierre Rézeau, Dictionnaire des onomatopées, Paris, PUF, 2003 et 2005.

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Une étude sur les interjections du créole guadeloupéen, dansMofwaz, 2 / 1977.

Quelques observations dans les grammaires créoles.

Serge Colot, Guide de lexicologie des créoles guadeloupéen et martiniquais, Paris / Guyane / Guadeloupe, Ibis Rouge, Presses Universitaires Créoles, 2002.

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Corpus

L'Homme-au-bâton (Paris, Gallimard, 1992), pour lequel l'écrivain a remporté le prix des Caraïbes,

Tambour-Babel (Paris, Gallimard, 1996), qui a obtenu le prix RFO du livre,

L'Envers du décor (Paris, Du Rocher / Le Serpent à Plumes, 2006).

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La présence des onomatopées et des interjections dans notre corpus est:

explicite (onomatopées et interjections en tant que telles)

implicite (onomatopées et interjections qui ont changé de classe grammaticale ou qui ont constitué le point de départ pour la formation d'autres mots qui sont des particularités antillaises).

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I. Présences explicites des interjections et des onomatopées

Hon

« – Et c’est pourquoi hon ? » (Homme, 17) « Ah bon ! Qu’est-ce que tu faisais là, hon ? » (Homme, 48) « Mais pour qui se prennent-elles, hon ? » (Homme, 72)

→ le mécontentement, le doute, l'étonnement, l'insolence

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Cette interjection existe en CMG («notation conventionnelle d’une exclamation produite bouche fermée avec ouverture du chenal nasal. Marque une forte réprobation.» Tourneux / Barbotin 1990 s.v. hon ?; «Donc, alors […] Plus souvent : hon.» Barbotin 1995 s.v. on3.

H. Poullet nous a témoigné dans son courriel du 1er août

2009 qu'elle est courante aux Antilles, surtout chez les campagnards.

BBG. «vx.». «Cette interj. n’est plus usitée; on ne relève pas d’attest. postérieure à Feuillet. Les dict. du XXe s. l'illustrent à l'aide d’ex. antérieurs au XIXe siècle, notamment tirés de Molière.» TLFi s.v. hon.

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Tchip.  

« Éloi m’appelait «mon fi» [mon fils] sans se rendre compte de notre duel silencieux, lames de coups d’yeux, détonations de tchiiip, paroles à double sens catapultées par-dessus les oreilles naïves, huile bouillante des mots sales, ou bien tout simplement la massue d’un silence et le poison du faire-honte. » (Tambour, 51) [mépris]

« Le blanc-pays [Antillais non issu du métissage, descendant des premiers colons blancs] ayant d’instinct la hantise d’une pareille situation ne savait trop quoi faire sinon blêmir et pousser des «tchip ! tchip» pour exprimer sa contrariété. » (Homme, 126) [contrariété]

« Elle lance un grand tchiiip en signe de colère. » (Tambour, 13) [colère] 

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BBG. «claquement de la langue pour manifester son désaccord, son mécontentement ou le parti qu'on prend de se moquer d'une observation. Le simple qip coûtait une sévère bastonnade à l'esclave qui l'avait fait entendre.» Germain 1980 s.v. qip; «onomatopée exprimant le mépris ou le dédain» Barthèlemi 2007 s.v. tchip.

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Aire créolophone américano-caraïbe (créoles à base lexicale française):les Grandes Antilles (Haïti)les Petites Antilles (Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante)

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Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante (Petites Antilles)

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Guyane, Louisiane.

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(Yé) cric ! (yé) crac ! / Yé misticric! Yé misticrac!

« Yé cric ! Yé crac ! Yé misticric ! Yé misticrac ! Foi de moi, vous voulez savoir pourquoi la loi n’était plus la loi ? Yé cric ! Yé crac ! […] Yé cric ! Yé crac !» (Homme, 188-189)

Formule qui annonce le début d'un conte créole dont le premier élément est prononcé par le conteur pour avertir l'auditoire et le deuxième élément par l'auditoire pour signaler le fait qu'il est préparé à écouter.

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Attestations:

Guadeloupe

Marie-Galante

Martinique

Haïti

Guyane

Réunion:

«formule liminaire des contes et légendes cr. On constate qu'elle se retrouve dans les parlers de la zone Caraïbe.» Chaudenson 1974, II. 9.2. s.v. [krak] s.v. [krik krak]).

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Origine: galloromane. Attesté dans Enckell / Rézeau 2003 s.v. cric-crac3 ex. 14 et ainsi défini:

«Vx [Parfois disjoint, chaque élément étant dit par un locuteur distinct] “(formule précédant un conte folklorique ou traditionnel)”» Enckell / Rézeau 2005 s.v. cric crac sens 3;

Crac: Attesté dans divers régions de la France métropolitaine: “blague”, “menterie.” V. FEW (2/2, 1270a)

Cric < crac : alternance [i] / [a] cf. patati, patata; flic flac; tic-tac; zigzag)» (v.Thibault 2008 s.v. cric! crac!)

BBG. Thibault 2008 s.v. cric! crac!

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Titim…bois sec Interj.

« Titim ! dit le conteur. Bois sec ! dit la ronde des auditeurs. » (Homme, 187)

→ [Formule rituelle qui annonce le début d'une devinette créole dont le premier élément est prononcé par le conteur qui interpelle ainsi l'auditoire en lui annonçant la devinette et le deuxième élément par l'auditoire qui accepte ainsi de trouver cette devinette].

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Titim est un mot d'origine inconnue, attesté dans les créoles de l'aire atlantique (Guadeloupe, Martinique, Guyane): « formule pour lancer un conte » Ludwig 2002 s.v. tim-tim; « titime = mot d’annonce des devinettes» Jourdain 1956, 166; « formule précédant un conte ou une devinette » Barthèlemi 2007 s.v. titim).

Attesté déjà en 1874:

« Nous laissons au lecteur le soin de deviner l’énigme : Cè yon tim-tim; duviné, chè. » Turiault, M.-J., Étude sur le langage créole de la Martinique, 1re partie, dans Bulletin de la Société académique de Brest, 2e série, vol. 1, 432.

bois sec: « réponse rituelle à la question 'Titim?' qui ouvre les devinettes et certains contes créoles. Variante: 'buachèch' en martiniquais.» Désormeaux2 1992 s.v. bwasèk;

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BBG.

Thibault 2008 s.v. timtim.

«La formule tim-tim-bois-sec précède le conte créole.» Telchid 1997 s.v. tim-tim.

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[Étonnement]Oui foutre / Wouaye foutre Interjection composée.

« Aujourd’hui qu’il avait atteint l’âge d’une tête-coton [fruit du cotonnier], la ressemblance étonnait et, oui foutre, plus d’un plongeait dans la gêne devant lui. » (Tambour, 18)

« Jojo, notre Jojo à nous, donné pour poussière de cimetière, pour trompette d’os, pour dessert des vers, Jojo bien djok [vigoureux], bien gaillard, bien debout sur ses ergots, apostrophant de toutes ses forces les journalistes, les colonialistes, la Mafia et les armées de Lucifer. Wouaye foutre ! » (Tambour, 229)

La particularité de cette interjection composée, à connotation vulgaire qui existe en CMG est que le deuxième élément de sa structure, est considérée aux Antilles beaucoup moins grossier qu'en France. (v. note en bas de page 252 dans Œuvres complètes de Jacques Roumain, (Gouverneurs de la rosée), Paris, ALLCA XX).

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[Bruit sourd ou chuintant]Ouache

« Déserter très tôt le lit, balayer le devant de la porte à petits coups secs et rapides, ouache ! ouache ! […] Ouache ! Ouache !» (Homme, 174)

Attestations: Guadeloupe, Marie-Galante, Martinique.

Français de référence: Schlac “(bruit soudain et sec d'un déclic ou d'un coup, notamment d'un coup de fouet)” Enckell / Rézeau 2005.

 

BBG. « descriptif onomatopéique (sifflement d’un bâton ou d’un fouet dans l’air » Tourneux / Barbotin 1990 s.v. wach !

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[Le bruit d'une chute brutale] Blip

« Un homme qui descend n’est pas un arbre qui tombe blip ! en un seul fracas avec tout le désordre de ses branches et tout le pleurer de ses feuilles sèches. » (Tambour, 39)

« Ses bras montaient haut et s’affaisaient-blip ! » (Tambour, 108)

Attestations: Guadeloupe, Martinique, Haïti, Guyane.

 

Ayant une valeur adverbiale, cette onomatopée est parfois liée du verbe qu'elle détermine par un trait d'union (v. le deuxième ex.).

 

Onomatopées qui lui correspondent en français de référence: badaboum; Bam, Ban, Bang, Beng, Brou. (v. Enckell / Rézeau 2005).

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[Agacement] Fouink

  « Mais la vie ne se laisse pas faire comme ça! Quand elle a décidé

de mettre une bonne grattelle sur la peau des nègres, il faut qu'elle aille jusqu'au bout. Alors elle invente, elle imagine, elle improvise et sa scélératesse est sans fond! Fouink ! » (Homme, 106)

 

L’interjection existe dans les créoles de l'aire atlantique (Guadeloupe, Martinique).

Français de référence: Mince!

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[Admiration]Woulo-bravo ! Interjection composée.

« La ronde éclata en battre-mains [applaudissements]. Elle cria : Woulo-bravo ! Elle s’envoya monter dans des hauteurs de complimentations [compliments]. » (Tambour, 106)

[les gens félicitent Éloi, le personnage principal du roman, pour la biguine qu'il vient d'interpréter].

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[Surprise, admiration, enthousiasme]Woye !

« Woye ! Woye ! Woye ! Deux ou trois anciens combattants, en très mauvais état, remontèrent les ressorts de leurs vieux corps et s’enflammèrent à l’idée d’aller sauver la France. » (Tambour, 223)

La répétition est un indice de l'intensité.

 

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Roye ! [admiration, enthousiasme]

  « La première fois, nous sommes allés au Centre des arts de

Pointe-à-Pitre pour écouter Kassav. Roye ! Roye ! Roye ! La musique a coulé comme l’eau de la Grande-Rivière. » (Envers, 123)

Le r- pourrait s'expliquer par une tendance à l'hypercorrection, à partir de la forme créole woye.

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[Interjection utilisée pour demander le secours à qqn en cas debesoin ou qui exprime la colère] Ouayayaye !

Ouayayaye ! An moué ! Sauvez Jojo ! » (Tambour, 202)

— Laide comme ouayayaye. “Très laide”.

« Une petite, noire comme hier au soir [très noire], laide comme ouayayaye, les jambes arquées comme les morceaux d’un cerceau, un nez plat comme caca-bœuf [bouse de vache] sous la pluie mais vicieuse, oui, vicieuse, tu m’entends ! » (Tambour, 80)

Attestations:

Marie-Galante

Martinique.

Elle peut jouer le rôle de terme comparant dans des structures qui expriment le superlatif absolu (v. laid comme ouayayaye). Le nombre d'apparitions de la syllabe ya est un indice de l'intensité du sentiment exprimé.

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II. Présences implicites des interjections / onomatopées

Bankoulélé N. m.

« La rue Vatable, le soir, était un bankoulélé de vitalité : les enfants se regroupaient autour des lampadaires pour apprendre leurs leçons. » (Homme, 29)

→ sens: ‘’désordre’’.

< bank (< bank-g) + ouélélé interj. (Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante, Guyane)

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Attestations:

Martinique: «bankoulélé» Pinalie 1992 s.v. désordre; «désordre indescriptible» Confiant 2007 s.v. bankoulélé1;

Guyane: «désordre, scène bruyante» Barthèlemi 2007 s.v. bankoulélé.

BBG. «1. désordre indescriptible. 2. situation inextricable» Désormeaux1 1992 s.v. bankoulélé;

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Chacha N.m.

« Malgré les accords de la guitare, les fantaisies d’un banjo, les miaulements d’accordéon, l’obsédant raclement d’un syak, la pulsation du chacha, le délicat vibrato d’un violon, la voix d’Éloi se détachait comme une pleine lune. » (Tambour, 22)

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→ sens:

“Instrument musical appelé également maracas”.

Origine onomatopéique (le bruit que font les graines secouées à l’intérieur des calebasses ou du tube en métal)

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Attestations: Guadeloupe: « maracas (instrument de percussion) » Ludwig 2002 s.v.

chacha; Marie-Galante: Tourneux / Barbotin 1990 ; Barbotin 1995; Martinique: «sorte de maracas» Confiant 2007 s.v. chacha1; Haïti: «Tchatcha (maracas)» ALH, II, 1978, 556, 1259; Guyane: «‘Boîte à clous’, instrument de musique typique faisant partie des

orchestres créoles (percussion)» Barthèlemi 2007 s.v. chacha

BBG. «maracas» Telchid 1997 s.v. chacha; Thibault 2008 s.v. shasha (graphie isolée dans La rue Cases-Nègres de J.Zobel).Désormeaux2 1992 s.v. cha-cha: «Instrument de musique dont il existedeux sortes utilisées en permanence dans les musiques antillaises.

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Ouélélé N. m.

  « Le djimbé [une sorte de tambour] souleva un ouélélé

d’applaudissements parmi nos partisans. » (Tambour, 208)

→ ‘’bruit’’.

Attestations: Guadeloupe: «tapage, bruit, chahut, tumulte, charivari, remue-

ménage» Ludwig 2002 s.v. wélélé. Martinique: chahut, altercation bruyante» Jourdain 1956, 300,

ouélélé. Marie-Galante: ‘’une partie’’, ‘’un pique-nique’’ (Barbotin 1995).

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Origine onomatopéique:

allusion au cri de douleur (V. Germain 1980, 278 : ouélélé (de wélé = appeler en malinké) “cri humain de douleur”) (références?)

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Ploum-ploum. N. m. 

« De lourdes odeurs de sirop-batterie [boisson préparée dans les chaudières à partir du sirop de canne à sucre], de sueurs et de ploum-ploum flottaient dans l’air. » (Homme, 83)

→ “Parfum pas cher”.

Attestation: Martinique:

«parfum bon marché (du nom de marque Ploumploum)» Confiant 2007 s.v. ploumploum.

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Première attestation dans une source antillaise: 1988: «[…] des femmes à casque, fleurant la vaseline et le cheveu brûlé,

à robes rouges et sou liers blancs 45 à talons, parfumées au ploum-ploum […].» Patrick Chamoiseau, Solibo magnifique : roman, Paris, Galli mard, 1988, 58.

Formation: répétition de l’interj. ploum faisant allusion au bruit produit au moment de la pulvérisation.

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Rara N. m.

[emploi figuré]  « […] ceux qui, […], secouaient le rara de leurs paroles inutiles

devant lui, ceux dont les yeux torves ressemblaient à des couleuvres en torche, ceux qui prennent la vie pour une profitation [injustice]. » (Tambour, 89)

→ “Crécelle”. Attestations: Guadeloupe: «crécelle, bavard, jacasse» Ludwig 2002 s.v. rara Marie-Galante: «crécelle» Tourneux / Barbotin 1990 s.v. rara Martinique: «crécelle» Confiant 2007 s.v. rara1

Haïti: «crécelle, patipata.» Peleman 1978 s.v. rara Guyane: «crécelle» Barthèlemi 2007 s.v. rara

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♦ Parler comme rara de semaine sainte.

  « Vieil homme d’une auguste bonhomie qui parlait comme rara de

semaine sainte tout en agitant le cliquetis de ses ciseaux. » (Homme, 13)

→ “Parler beaucoup et en faisant un bruit insupportable.”

Origine onomatopéique: bruit que fait le frottement de la languette de bois contre le roue dentée lorsqu’on tourne vite l’instrument.

BBG. «crécelle, bavard» Telchid 1997 s.v. rara.

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Rarater Vb. intrans.

« Or donc, à la rue Frébault, toujours tourmentée par son yen-yenage de gens occupés à choisir, à acheter, à rarater de la langue entre deux coups de marteaux des ressemeleurs, les agaceries des Syriens, les cris de Déterville en train de vendre des journaux, les appels des marchandes de topinambours, survint sous le soleil un léger incident. » (Homme, 125)

→ “Parler beaucoup et en faisant un bruit insupportable”.

Origine: création idiolectale (onomatopée rara “crécelle” + l'interfixe -t- et la

dés. –er (témoignage de l’auteur) Néologisme (?) (Confiant 2000 s.v. ressasser.

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Syak N. m.

« Malgré les accords de la guitare, les fantaisies d’un banjo, les miaulements d’accordéon, l’obsédant raclement d’un syak, la pulsation du chacha, le délicat vibrato d’un violon, la voix d’Éloi se détachait comme une pleine lune. » (Tambour, 22)

→ “Instrument de musique traditionnelle fabriqué à partir du bambou sur lequel on a creusé des traits transversaux peu espacés”.

Attestations: Marie-Galante: «instrument de musique fait avec un tronçon de

bambou aux nombreuses petites entailles parallèles que l’on frotte avec un petit bâton, racleur» Tourneux / Barbotin 1990 s.v. siyak, var. siyap.

Page 41: Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV)

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Origine onomatopéique (le bruit répété produit par le frottement du bois contre le bambou.).

BBG. Hazaël-Massieux, Marie-Christine, «De l’intérêt du Dictionnaire du créole de Marie-Galante de Maurice Barbotin», article paru dans la revue Creolica, 23 septembre 2004.

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Ti-tac Adv.

– Par ti-tac. Loc. adv.  

« Éloi avançait par ti-tac, par petits brins, soucieux de ne rien bousculer pour ne pas faire chavirer la barque fragile de son approche. » (Tambour, 21)

→ “Peu à peu”.

Attestations:

Guadeloupe: «un brin, un peu» Ludwig 2002 s.v. titak;

Marie-Galante: «On ti tak : un petit peu» Barbotin 1995 s.v. tak;

Martinique: «un peu» Confiant 2007 s.v. titak1;

Haïti: «ti tak (petite quantité de liquide)» ALH, II, 1978, 648, 1473.

Page 43: Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV)

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Origine onomatopéique: (évoque le tic-tac de la montre).

BBG. «an ‘ti tac’ correspond à ‘un peu’» JourdainCréole 1956, 122.

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BBG.

Ø FEW (TAKK- 13/1, 31b; seulem. tac “onomatopée qui sert à exprimer un bruit sec” 1587);

«an ‘ti tac’ correspond à ‘un peu’» JourdainCréole 1956, 122.

Page 45: Teodor-Florin Zanoaga Université Paris-Sorbonne (Paris IV)

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Oiseau-foufou / Oiseau-foufou N. m.

« L’accordéon haletant soulève de petits pas d’oiseau-foufou. » (Tambour, 191)

« Ses mains battaient en ailes d’oiseau-fou-fou. » (Tambour, 114)

→ “Oiseau colibri”.

Origine: création idiolectale (témoignage de l’auteur).

Foufou – mot créole d’origine onomatopéique (évoque le battements d’ailes). Attestations: Guadeloupe, Martinique, Marie-Galante.

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Conclusions:

Source d’enrichissement lexical. Toutes les interjections et onomatopées mentionnées ainsi que les

mots dont elles constituent le noyau d’origine ou qui ont ces interjections ou onomatopées dans leurs structures sont attestées dans des sources écrites (exception: oiseau-fou-fou).

Prise en compte dans la lexicographie différentielle francophone. Indice d’un style profondément ancré dans l’oralité.

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Gracias!

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