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W W W . T E R R E D E V I N S . C O M Sylvain Fadat (34), Sophie Guiraudon (11) et Thierry Valette (33) pour Terre de vins les BIOS 120 vins au top Grands crus classés du Médoc nos meilleurs seconds L 12406 - 10 - F: 5,00 - RD 20 Embarquez sur le canal du Midi Luchini passe à table

Terre de Vins n10

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Mars Avril 2011

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W W W . T E R R E D E V I N S . C O M

Sylvain Fadat (34), Sophie Guiraudon (11) et Thierry Valette (33) pour Terre de vins

lesBIOS120 vins au top

Grands crus classés du Médocnos meilleurs seconds

L 12406 - 10 - F: 5,00 € - RD20

Embarquezsur le canaldu Midi

Luchinipasse

à table

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n° 10 I MARS AVRIL 2011

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SOMMAIRE

ACTUALITÉS

16 I AU FIL DE LA LOIREDu Muscadet au Pouilly fumé, le vignoble s’étire, inlassable, le long duplus grand fleuve de France. Les vignerons y cultivent toutes les couleurs.Et les petits prix ! Voyage au pays des mille cépages

24 I LUCHINI, SANS CHICHIFabrice Luchini, comédien génial et lettré, aiguise son verbe en parlantdu vin. Pas de faux semblant, pas de chichi : « Quand les gens disent‘‘faut l’aérer’’, toutes ces choses qui cassent les c… Je ne peux pas sup-porter ! » Epicurien et décomplexé, Luchini. On adore !

32 I SAGA : SKALLI, PLEIN SUDIl a développé le rayon vins de la grande distribution, conquis la NapaValley, initié les vins de cépages dans le sud de la France. Robert Skalli,entouré de son épouse et de son cercle d’intimes, reçoit « Terre de Vins »

DÉGUSTATION

44 I BIO, LE VIN EN POUPE !La demande des consommateurs se fait chaque année plus forte. Pourvous, nos dégustateurs ont sélectionné 120 vins bio sur l’ensemble de laFrance. Si Languedoc et Loire ont été les premiers, tout le monde suitaujourd’hui la marche en avant…

56 I LES MEILLEURS SECONDS DU MéDOCIls sont les petits frères des stars. Les 61 grands crus classés du Médocont toujours un second. Autour de Michel Bettane, Thierry Desseauveet Sylvie Tonnaire, nos dégustateurs ont retenu les 20 meilleurs

65 I HUBERT DE BOUARD, L’ICONELe patron de château Angelus à Saint-Emilion a fait partie des précur-seurs et toujours maintenu très haut le niveau d’exigence dans ses pro-priétés. Hubert de Bouärd, ce grand discret omniprésent

ARTS DE VIVRE

68 I VENT D’ESTUAIRE, VIN D’HISTOIRESur les bords de l’estuaire de la Gironde, l’appellation Blaye-Côtes deBordeaux avance et regarde ce Médoc à la fois si proche et si loin. Exi-geante et ambitieuse. Embarquement immédiat

80 I CANAL DU MIDI : C’EST L’HEURE !D’avril à octobre, l’œuvre de Paul Riquet s’anime. Les touristes, plaisan-ciers ou promeneurs se retrouvent sur les rives du Canal classé au patri-moine mondial de l’Unesco, jamais très éloignées du vignoble

92 I ARIZONA, CAP A L’OUESTTout près de la Californie, si connue pour ses vins, l’Arizona développeune nouvelle mine d’or : celle du tourisme. On part à la découverte descanyons de l’Arizona et on se retrouve encerclé par les vignes…

Ont participé à ce numéro : Pierre Arditi, Jean Batilliet, Alain Benoît (Studio Deepix), Philippe Campa, Alain Chameyrat, Jean-Charles Chapuzet, Jefferson Desport, RodolpheEscher, Philippe Geluck, Luc Jennepin, Séverine Joubert, Egmond Labadie, Anne Leroy, Isabelle de Montvert-Chaussy, Iris Mour, Newsgraphe (infographies), Jacques Orhon,Emmanuel Perrin, Sylvie Reboul, Véronique Raisin, Frédéric Sallet, Jean-Jacques Saubi, Richard Sprang, Anne-Sophie Thérond, Michel Tolmer, Nicolas Tucat. En couverture�:photo réalisée par Emmanuel Perrin avec Sylvain Fadat du domaine d’Aupilhac à Montpeyroux (34), Sophie Guiraudon du Clos de l’Anhel à Lagrasse (11) et Thierry Valette, duClos Puy Arnaud, à Belvès-de-Castillon (33).

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SAINT-ÉMILION I ICÔNES

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Thierry Desseauve I photographie Mathieu Garçon

P eu de vignerons ont illustré avecautant d’évidence que Hubert deBoüard le formidable bond en avantqu’a effectué la viticulture française,

et même mondiale, au cours de ces trentedernières années. Quand il prend la succes-sion de son père à Angélus, au milieu desannées quatre-vingts, le paysage viticolelocal est archi traditionnel, figé dans sesclasses où des familles de notables, dont ilfait partie, drivent des crus consacrés sansmettre leur imagination et leur ambition enjeu. C’est précisément l’inverse que va réa-liser le jeune héritier : il va faire immédiate-ment de la qualité du vin une affairepersonnelle. Pour comprendre la singularitéde cette implication, qui paraît sinon nor-male du moins partagée par beaucoupaujourd’hui, il faut simplement déguster unquart de siècle plus tard les saint-émilionsde cette époque. Le premier millésimed’Angélus entièrement réalisé par deBoüard, 1987, est un vin onctueux, géné-reux et toujours savoureux là où tant d’au-tres paraissent étriqués, astringents,asséchés. Comme tous les créateurs du vin,Hubert de Boüard a façonné son goût, toutautant en dégustant d’innombrables nectarset en visitant maints vignobles et crus (dontun voyage bourguignon, à la fin des annéesquatre-vingts, qui l’a profondément inspiré)qu’en affinant, millésime après millésime,ses techniques et ses conceptions in situ.Angélus, ce cru niché à mi-pente au début dela côte de Saint-Émilion, a été et demeure sonprincipal terrain de jeu : il y a défini un styleà la fois spectaculaire et accessible, tout enrondeur, en velouté mais aussi en fraîcheurgrâce à une part très significative de cabernetfranc qui vient contrebalancer la générositéde ses solaires merlots. Au début de sa car-rière, les vieux caciques de Saint-Émilion par-laient dédaigneusement de « confiture demerlot » ; on a compris depuis belle luretteque la maturité du fruit et des tanins révélaitau contraire la finesse du terroir et peu debordeaux offrent comme Angélus une tellerégularité au plus haut niveau. Hubert deBoüard avait fait une promesse à sa famille :celle de faire du cru l’une des stars de Bor-deaux. Bien avant qu’il passe premier grandcru classé, le pari était réussi. Notre homme apu se lancer dans d’autres aventures : celle de

La Fleur de Boüard, magnifique lalande-de-pomerol acquis dans les années quatre-vingt-dix, celles de partenariats passionnants sousd’autres horizons, au Liban comme enAfrique du Sud, ceux du consulting égale-ment, avec un suivi attentif de plusieurs pro-priétés de renom sur les deux rives. La

cinquantaine épanouie et dynamique,Hubert de Boüard n’a pas fini de créer, d’ex-périmenter, de construire…

Château Angélus33330 Saint-ÉmilionTél. 05 57 24 71 39

Hubert de Boüard

sonne les cloches à Saint-Émilion

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CIEL MON CHÂTEAU SAINT-JULIEN (33)

Photo

Jean-J

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euls les invités ont le privilège du parc… Les visiteurs ou les curieux, en arrivant à Ducru-Beaucaillou, ont droit à la façadeouest. Mais la magnificence apparaît côté est… face à l’estuaire. Ducru-Beaucaillou doit son nom à Bertrand Ducru, qui lerachète en 1795. Et, évidemment, à son terroir, composé de beaux (et gros) cailloux. En 1855, Ducru-Beaucaillou, doté de cettefaçade Directoire, est classé second cru. À la famille Johnston, qui succéda aux Ducru en 1866, la propriété doit ses apparats de

style victorien. Le XXe siècle sera marqué par l’empreinte de la famille Borie, propriétaire du château depuis plus de soixante ans. Grâceà de très grands millésimes (1961, 1970 et 1982 notamment), les Borie ont su le montrer : à l’image de ses vins, le Château Ducru-Beaucaillou constitue l’essence de l’AOC Saint-Julien, équilibre parfait entre finesse et élégance.

La faceLa facecachée

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Le Val de Loire, c’est 69 appellations et des dizainesde cépages. Impossible de dresser un inventaireexhaustif de l’extraordinaire richesse de cette régionviticole. Gérard Barbeau, directeur de l’Unité vigne

et vin du centre Inra d’Angers-Nantes, ne dira pas lecontraire : « Avec six cépages majeurs, sources d’une multituded’appellations d’origine contrôlée et déclinés en différents typesde vin, oui, le Val de Loire est la région viticole française la plusdiverse. »

Un point commun à tous ces terroirs, peut-être : un climatplutôt tempéré, favorisé par l’« effet tampon » de la Loire, ex-plique le chercheur de l’Inra. Gérard Barbeau pense mêmeque le réchauffement climatique fait de la vallée de la Loire« une zone d’expression maximale pour de nombreux cépages em-blématiques tels le chenin ou le cabernet franc ». Les vignoblesde la Loire sont donc voués à un bel avenir. Très attachés auxcépages typiques du Val de Loire, les vignerons rencontréspar « Terre de vins » l’ont compris.

DU MUSCADET AU POUILLY FUMÉ, LE VIGNOBLE DE LA LOIRE S’ÉTEND DE PART

ET D’AUTRE DU PLUS GRAND FLEUVE DE FRANCE. SES COURBES DESSINENT

UNE PALETTE UNIQUE DE TERROIRS ET DE VINS, ANIMÉE PAR DES VIGNERONS

TRÈS ATTACHÉS À «�LEURS�» CÉPAGES MYTHIQUES

Reportage Cyril Charon, photographies Nicolas Tucat

Adresses en pages carnet

Un fleuvemille cépages

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TRIBU GENS DE LOIRE

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BOURgUeIL et caBeRnet FRancCATHERINE BRETON42 ans, vigneronne en Bourgueil (49), domaine Breton

« Le syndicat viticole veut régulièrement remplacer le cabernet franc par du cabernet-sauvignon. Mais, pour moi, ce n’est vraiment pas un cépage adapté à laclimatologie et au terroir du Bourgueil. On pense vraiment que toute la recherche faite par nos ancêtres a débouché sur un très bon cépage, qu’il fautconserver ! Au Domaine Breton, on mène depuis 1985 une démarche en vin de terroir. Nos cuvées sont le fruit d’un travail d’élevage qui va permettre auxtanins de s’arrondir d’eux-mêmes, par le travail du temps et des barriques – âgées de deux ou trois millésimes, elles gardent en mémoire nos levures indigènes.C’est pour cela qu’on a pris le chemin de la culture en biodynamie : pas de désherbage mais seulement du labourage, une meilleure irrigation aussi. Tout çapermet aux racines de pénétrer plus en profondeur et donc, dans les veilles vignes, de continuer à donner une alimentation optimale à la vigne. Objectif :trouver la pure expression de l’AOC, en composant avec le terroir, le climat et l’action de l’homme. Depuis 1994, nous travaillons avec des levures indigènes,sans filtration et avec très peu de soufre, après une récolte manuelle en caissettes. Il faut éviter d’avoir une trop forte maturité dans les raisins. On essaye derester sur un côté très fruité, fraise des bois, cerise ou cassis selon les millésimes. Car, comme le disait Rabelais, ce sont des “vins de soif”, qui désaltèrent. »

Mes préférences :Un vouvray pétillant de Vincent Carême. Synonyme de tradition et de modernité, de terroir, aussi. Une très belle représentation du cheninde Vouvray.

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INTERVIEW FABRICE LUCHINI

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Fabrice Luchini, c’est avant tout l’exaltation. L’exu-bérance pour d’autres. Sur les plateaux de télévisionou à la présidence de la vente aux enchères historiquedes Hospices de Beaune, en novembre dernier, l’ac-

teur ne peut s’empêcher de dégainer sa prose, ses talentsd’orateur, et d’appeler en renfort ses auteurs favoris : Nietz-sche, Proust, Rabelais, ou La Fontaine. La littérature, voilàun objet qui se prête bien à l’exaltation ! Mais pour le vin :gardez vos « robes », vos « arômes » et autres « cuisses » ! Lessaveurs oui, mais pas le savoir ! Car « boire, c’est avant toutlaisser pénétrer la richesse du réel en soi ».

Dans votre dernier film, « Les Femmes du sixième

étage », à l’affiche, votre personnage a une très belle

cave : fiction ou réalité ?

Je ne vais pas vous faire le laïus des faux amateurs. On voittrop d’acteurs qui sont de faux amateurs. Moi, je suis trèsnaïf dans le vin. Et pour vous répondre : je n’ai pas de« chez moi » ! Alors, où j’habite, il n’y a pas de vin, maislà où je vais, il y en a ! Je donne du vin à mes très bonsamis. Énormément de bourgogne notamment… Parcequ’ils m’ont envoyé 150 caisses de bourgogne (après laprésidence de la vente des Hospices de Beaune). On

trouve aussi du bordeaux, beaucoup de bordeaux. Du che-val-blanc aussi, mais très peu. J’aime beaucoup les vins duChâteau La Croix Figeac (à Saint-Émilion). Ils sont abso-lument délicieux. Et maintenant des côtes-du-rhône,parce que j’ai une maison dans la Drôme et que je ne dé-teste pas le saint-joseph !

Au sujet de la filmographie du réalisateur du film, vous

avez dit : « J’ai l’impression que ce film est plus ample.

Comme s’il avait fait un beaujolais nouveau avec

“L’Année Juliette”, un bon petit côtes-du-rhône avec

“Le Goût de la vie”, et qu’il est maintenant entre un

grand saint-joseph et un cheval-blanc »… On peut

parler de cinéma comme on parle de vin ?

Ce n’est pas que l’on peut en parler comme cela. C’estmême la seule manière de le faire ! Je parlais du film deLe Guay comme cela, parce qu’il ressemble à un beau che-val-blanc, pas au beaujolais neuf et de mauvaise qualitédes premiers films. La maturité, la sensibilité, la chaleur !Un côté fleuri, mais avec de la conséquence. Pas fleuricomme le beaujolais, que je déteste : il est spectaculairemais sans aucune conséquence. Je préfère les vins richeset conséquents.

PAS AVARE DE MOTS LORSQU’IL S’AGIT DE PARLER LITTÉRATURE, FABRICE LUCHINI EST MOINS

PROLIXE QUAND ON LE QUESTIONNE SUR LES PLAISIRS DU VIN. MAIS DERRIÈRE SES AIRS DE NE

PAS Y TOUCHER, L’AMATEUR DE CHEVAL-BLANC FILE VOLONTIERS LA MÉTAPHORE ŒNOLOGIQUE

Par Cyril Charon, photographie Nicolas Tucat

des verset Des veRRes

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TERROIR BORDEAUX

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Ici, pas de portail clinquant ou de blason exubérant surles murs. Seules des routes à travers vignes, entrecoupéesde paisibles villages où boire un café au comptoir vouscoûtera 1 euro. Portets, dans le sud des Graves. Il faut

chercher sa route, un peu, et trouver le chemin des chais duVieux Château Gaubert. Dominique Haverlan n’en est ja-mais loin.Habillé d’un jean et d’un polaire noir à l’effigie des Graves,Dominique Haverlan nous ouvre les portes de sa « Villa Gau-bert », comme il la surnomme. Pour nous conter l’histoired’hommes qui, comme lui, ont fait de quelques cailloux lasource d’une singulière richesse. L’histoire d’un terroir, écritedans le lit originel de la Garonne voilà des millions d’années,entre le tertiaire et le quaternaire. Au fil des épisodes glaciaires,le fleuve a laissé quelques traces : un peu d’argile, recouverted’une strate – épaisse de quelques centimètres à 3 mètres –composée de sable, de gravier et de galets, longtemps charriéspar ses eaux tumultueuses. Un cailloutis d’une variété extra-ordinaire, où se mêlent sur une trentaine de centimètres seu-lement des quartz et quartzites ocre, blancs, rouges et rosés,des jaspes, des agatoïdes, silex et autres lydiennes (jaspe noir).De cette langue de cailloux arc-en-ciel, des vignerons ont

décidé de faire leur jardin. Un jardin d’Éden, berceau desvins de Bordeaux, dont le nom était tout trouvé : les Graves.L’appellation porte le nom de son sol : « Un cas unique enFrance », aime rappeler Dominique Haverlan. Unique, maissurtout symbolique de l’attachement des vignerons à leurterre. À 52 ans, Dominique Haverlan fait partie de ceux-là.Le propriétaire du Vieux Château Gaubert, d’où sortentchaque année 250 000 bouteilles, représente même les pro-ducteurs des Graves, en assumant la présidence du Syndicatviticole de l’AOC depuis une quinzaine d’années.Quelque 300 vignerons se partagent les 3 600 hectares del’appellation, des portes de l’AOC Pessac-Léognan, au nord,jusqu’à Langon, en amont de la Garonne. Un terroir auclimat très clément, tempéré par deux frontières naturellesprotectrices : la Garonne, sur son flanc est, et la forêt de pinsdes Landes, à l’ouest. Cette géographie, Dominique Haverlanla connaît comme sa poche. « Tout petit, j’aidais déjà monpère, vigneron à Portets, se souvient-il. Notamment le dimanche.Avant la messe, on mettait une barrique ou deux en bouteille »,raconte le vigneron, son sourire et son regard bleu d’enfantintacts. Quelques vendanges plus tard, une formation enœnologie à l’école de la Tour Blanche (dans le très proche

LES CAILLOUX QUI ONT DONNÉ LEUR IDENTITÉ ET LEUR NOM AUX GRAVES, FONT LA RICHESSE

DU TERROIR LE PLUS MÉRIDIONAL DU BORDELAIS. PLONGÉE DANS CETTE AOC, EN COMPAGNIE

DE DOMINIQUE HAVERLAN, PROPRIÉTAIRE DU VIEUX CHÂTEAU GAUBERT, À PORTETS (33)

Reportage Cyril Charon, photographies Anne Leroy, adresse en page carnet

l’accentGRAVES

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SAGA SUD MÉDITERRANÉE

la vie devant soiSKALLI

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NÉ À ORAN EN 1950, ROBERT SKALLI A D’ABORD DÉVELOPPÉ LES VINS DE TABLE EN GRANDE DISTRIBUTION,

AVANT DE PARTIR À LA CONQUÊTE DE LA NAPA VALLEY. NONOBSTANT LA CRISE QUE SON ENTREPRISE TRAVERSE

(SKALLI A ANNONCÉ UN PLAN DE RÉDUCTION DE 20 % DE SES EFFECTIFS EN 2011), ROBERT SKALLI DEMEURE

UN INFATIGABLE BÂTISSEUR. LE SUD DE LA FRANCE LUI DOIT NOTAMMENT LA CRÉATION DES VINS DE CÉPAGES

ET DES VINS DE PAYS D’OC, AUX CÔTÉS DE JACQUES GRAVEGEAL. PORTRAIT D’UN GRAND PUDIQUE

Par Jean-Charles Chapuzet, photographies Alain Benoît/Studio Deepix, adresse en page carnet

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PORTRAIT VALLÉE DU RHÔNE

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Pour beaucoup d’amateurs de vin dans le monde, c’estune « icône ». Il suffit de prononcer le nom magiquede la cuvée La Mémé pour que leurs sens s’éveillent,leurs papilles s’agitent, prêtes au grand voyage inter-

sidéral. Parfois, « la Mémé » n’est pas en forme. Qu’importe,ils lui pardonnent : ils attendront le temps qu’il faudra !Ce rêve absolu de voir son vin encensé, adulé, quel vigneronne l’a pas fait, parfois au prix d’actes insensés ? Question dechance ? De terroir ? De savoir-faire ? Pas seulement…Au fin fond du sud de la vallée du Rhône, en Drôme pro-vençale, le domaine de Gramenon est situé à un jet de pierrede Grignan, sur les hauteurs de Montbrison-sur-Lez, unetoute petite commune classée en Côtes du Rhône depuis lesannées 1970.Il faut quitter la route principale, serpenter un peu au milieudes champs et des vignes pour apercevoir la grande bâtisseprovençale. La vue est dégagée, le paysage somptueux.À l’entrée, un petit panneau prévient le visiteur : ici, le vinest « en liberté » !Cheveux courts, le sourire facile, Michèle Aubéry a la bonnemine de ceux qui vivent au grand air. « Nous avons acheté cedomaine en 1978 avec mon mari, expose-t-elle, pour son joliterroir calcaire et, surtout, ses vignes. » Fils d’agriculteurs, Phi-lippe est passionné par le vin et rêve de faire le sien. Filled’experts-comptables, elle suit des études d’infirmière.D’emblée, ils construisent une cave et décident de travaillerleurs terres sans engrais ni produits chimiques pour élaborerun vin le plus naturel possible, à partir de l’encépagement tra-ditionnel des Côtes du Rhône : grenache, syrah… Une attitudeconsidérée comme totalement farfelue à l’époque de la chimieet de l’œnologie triomphantes. Philippe est une force de la na-ture. Curieux, inventif, il est aussi très doué. Alors que lesmeilleurs négociants rhodaniens lui achètent la totalité de saproduction, il décide de se lancer dans la vente en bouteille.

Pionniers des vins naturelsLes clients sont surpris par ce vin qui leur rappelle « celui deleur grand-père ». Tout en exerçant son métier d’infirmière

durant la nuit, « j’adore soigner, c’est vraiment une vocation »,Michèle participe à la vie du domaine durant la journée :taille, ébourgeonnage, vendanges… « J’ai arrêté à la naissancede mon deuxième enfant, mais j’ai longtemps rêvé que je conti-nuais à soigner des gens ! »Le jeune couple rencontre des vignerons qui partagent leursconvictions : Marc Lapierre dans le Beaujolais, Pierre Auver-noy dans le Jura, Mark Angeli en Anjou… « Nous n’étionspas nombreux, à l’époque, à réaliser des vins naturels, sansutiliser de soufre. Les échanges d’expérience étaient précieux caril nous arrivait quand même assez fréquemment de rater noscuvées ! » De grands cuisiniers s’intéressent à ces originauxévoluant à contre-courant et, peu à peu, référencent leursvins dans leurs restaurants. En faisant confiance à un toutjeune importateur américain, ils décrochent la lune. « Nousne savions pas qu’il était ami avec Robert Parker. Lorsque lescommandes ont afflué, nous avons mis un moment à comprendreque c’était parce qu’il avait dégusté et très bien noté nos vins ! »À la fin des années 1990, l’avenir s’annonce radieux : heureuxparents de trois enfants, ils ont presque remboursé la totalitéde leurs emprunts.Un voile passe sur les yeux verts de Michèle. En quelquesjours de ce mois de novembre 1999, sa vie bascule. Parti seulà la chasse, Philippe glisse dans un fossé et se tue. Le rêvevire au cauchemar car à la douleur de perdre son mari s’ajou-tent l’incrédulité, la suspicion, la convoitise aussi. « Je n’aijamais pensé abandonner, glisse-t-elle dans un souffle. Je mesuis même longtemps demandé pourquoi c’était arrivé, ce quecela signifiait. Moi qui râlais toujours d’être un peu dans l’ombre,le moment était venu de prendre ma place. »

Les pieds sur terreAvec beaucoup de courage, Michèle prend les rênes du do-maine, s’aidant des précieux conseils d’amis vignerons. Aprèsquelques années, elle trouve sa voie dans la biodynamie. « Lavigne est vivante, elle subit du stress, a besoin de soins, commen’importe quel être humain. La biodynamie implique le respectde la vie et permet d’aller plus loin dans les échanges. J’ai ainsi

EN COMMUNION TOTALE AVEC SES VIGNES, MICHÈLE AUBÉRY ÉLABORE DES VINS

QUI LUI RESSEMBLENT�: NATURELS, SAUVAGES, ATTACHÉS À LEUR TERROIR.

SON IDÉAL DE PURETÉ L’A CONDUITE À TRAVAILLER EN BIODYNAMIE, FAISANT

DU DOMAINE DE GRAMENON UN INCONTOURNABLE DE LA VALLÉE DU RHÔNE

Par Sylvie Reboul, photographies Emmanuel Perrin

Adresse en page carnet

Michèle Aubéryun cœur nature

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Longtemps l’agriculture a été bio, sans que cela fasse l’objet d’unerevendication quelconque ou d’un label. Le monde agricole a basculéau XXe siècle (dans la seconde moitié de celui-ci pour la France), avecl’utilisation de plus en plus intensive et systématique des engrais

chimiques et autres molécules de synthèse pour aider la plante à croître mieux,plus vite et lutter contre les fléaux naturels de la vigne (insectes, araignées,maladies cryptogamiques, etc.). À l’époque, il fallait reconstruire le pays ravagépar la guerre, nourrir une population qui avait faim et soif et désirait avant toutoublier le souvenir des privations, si bien que la quantité était systématiquementprivilégiée à la qualité, une tendance qui ne décrit pas seulement la viticulturemais l’agriculture en général. Les consciences s’éveillèrent petit à petit,individuellement ou collectivement, lorsqu’on constata que les produitsemployés pouvaient polluer les sols et les nappes phréatiques, leurs résiduséventuellement être stockés dans la plante et le fruit, donc être absorbés par leconsommateur, que leur épandage causait souvent de sévères troubles de la santéchez les vignerons, et surtout, lorsque la garantie d’une récolte constante cessad’opérer, les fléaux non traités par les produits employés faisant alors des ravages,sans parler du coût croissant que requérait l’usage de ces produits chimiques. Lesnouvelles démarches, bio et autres, purent notamment se passer des produits desynthèse grâce aux énormes progrès accomplis ces dernières décennies en matièrede viticulture et de connaissance du vivant, on passe trop souvent sous silence lesbienfaits de la recherche scientifique. Aujourd’hui encore, quelques vigneronstrop idéalistes tombent dans le travers de privilégier le moyen (leur démarcheagricole, souvent labellisée) en oubliant l’essentiel : le vin, tel qu’il sera dégustépar le consommateur. Nous ne traitons pas ici des vins vinifiés sans soufre, c’estun autre sujet, mais un raisin bio ne donne pas nécessairement un bon vin,encore faut-il un adroit vinificateur à la baguette. Notre palmarès montre qued’immenses progrès ont été accomplis, et que des régions comme l’Alsace, leLanguedoc ou la Loire sont des locomotives pour cette nouvelle philosophie. Auxautres d’emboîter le pas, et surtout, au consommateur de donner son avis.

Michel Bettane et Thierry Desseauve

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B E T T A N E

D E S S E A U V E

L A S E L E C T I O N

&

SommaireLA SÉLECTION

Les vins bio> pages 44 à 55

LE PALMARÈS DU GRAND JURYSeconds vins du Médoc : les petits frères des stars

> pages 56 à 63

TALENTSCollioure, de belles terrasses

en plein soleil> page 64

ICÔNESHubert de Boüard sonne

les cloches à Saint-Émilion> page 65

Bio et bon à la fois

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Dossier réalisé par Alain Chameyrat et Guillaume Puzo I photographie D.R.

L e monde agricole, n’en déplaise au bon vieux sens paysan,est parfois complexe à cerner. Entre l’agricultureconventionnelle (régie par aucune convention, d’ailleurs),l’agriculture raisonnée, l’agriculture biologique et la

biodynamie, le consommateur a plus d’une occasion d’y perdre sonlatin. L’agriculture conventionnelle, la plus pratiquée, a recours auxproduits chimiques pour faciliter la croissance de la plante et luttercontre les parasites et maladies de la vigne. Sauf que personne ne saitprécisément quels produits ni à quelle dose ils sont utilisés. Pourremédier à ce flou, dans un contexte où les questionsenvironnementales et les exigences du consommateur pour plus detraçabilité se font plus pressantes, de nombreux domaines ont optépour l’agriculture raisonnée, une démarche officiellement reconnuepar le ministère de l’Agriculture. En gros, les vignerons traitent lemoins possible, mais se réservent le droit d’intervenirponctuellement, afin de ne pas perdre la totalité de leur récolte.Cette démarche « raisonnable » ne satisfait pas les viticulteurs quioptent pour l’agriculture biologique, dont les vins font l’objet d’unlabel « AB » sur l’étiquette » (en fait, seuls les raisins sont considéréscomme bio, les vins sont « élaborés à partir de raisins issus del’agriculture biologique »). En bio, point de molécule de synthèse,aucun produit issu de la filière pétrochimique, on ne peut utiliserque des intrants naturels, à base de minéraux, de plantes ou des

composts d’origine animale ou végétale. Leur point faible, que leursdétracteurs soulignent régulièrement, ce sont les doses de soufre etsurtout de cuivre utilisées de façon parfaitement légale, mais quipeuvent entraîner de graves déséquilibres dans les sols lorsqu’ils sontpulvérisés à l’excès (heureusement, ce n’est pas une généralité). Lespartisans de la biodynamie vont eux encore plus loin, en ne limitantpas leur action à la seule plante (la vigne), mais en y impliquant leséquilibres du sol et du vivant en général, microfaune et microflore,une démarche elle aussi labellisée. Enfin, il existe de nombreuxdomaines qui pourraient revendiquer l’une de ces démarches, mais,pour différentes raisons, refusent de s’enfermer dans un labelcontraignant et coûteux (car il faut payer pour être labellisé), sansparler de tous ceux qui disent-qu’ils-sont sans pour autant êtrecertifiés, bref, un labyrinthe sans fin pour l’amateur.Tous ces courants de pensée ne sont pas d’accord sur tout, leurs oppo-sitions sont régulièrement violentes (verbalement) du fait de posturesparfois dogmatiques. Faute de pouvoir trancher, le consommateurastucieux se fiera à son meilleur allié : son palais, seul organe indiscu-table à pouvoir discerner le bon vin du mauvais. Dans notre sélection, nous avons retenu des domaines actuellementlabellisés en agriculture biologique ou en biodynamie, mais égalementceux dont la conversion était entamée (et labellisés lors de la prochainevendange). Afin de simplifier la présentation de ce dossier, nous avons choisi dene citer les domaines qu’une seule fois. Lorsqu’un domaine présenteplusieurs vins de qualité, nous le mentionnons dans le commentaire,le premier vin décrit étant systématiquement celui précisé dans le titre.

Plusieurs chapelles, une même religion

LES VINS BIOL A S E L E C T I O N B E T T A N E E T D E S S E A U V E

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Seconds vins :

les petits frèresdes stars

NOTRE PALMARÈS I MÉDOC

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D ’abord apanage des crus classés du Médoc, quidéveloppèrent le phénomène à partir des années 1980,les seconds vins se sont par la suite répandus sur l’autrerive, à Saint-Émilion et à Pomerol pour s’étendre enfin

sur la quasi-totalité de la région. L’idée de créer un autre vin auxcôtés du premier n’a pourtant rien de récent : le Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande a ainsi trouvé trace dans sesarchives de l’envoi de son second vin à l’Exposition Universelle deMoscou en 1874. Et Pavillon-Rouge, second du célèbre ChâteauMargaux, existe depuis 1908. Autre exemple, le Château Figeac àSaint-Émilion qui, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale,avait mis sur le marché ce qui, à l’époque, s’appelait une deuxièmemarque.Imaginés pour des raisons commerciales plus que d’image, les secondsvins des grands crus – et notamment des crus classés du Médoc de1855 - ont surtout permis aux châteaux de rentabiliser leurs jeunesvignes. Moins puissants, moins complexes, moins aptes à la garde, lespremiers spécimens officiaient en tant que version a minima.Aujourd’hui, les choses ont changé et le second est plutôt un « autre »vin, très souvent issu des mêmes terroirs que son aîné, à partir d’unesélection au moment de l’assemblage, puis élevé moins longtemps etdonc plus immédiat à la dégustation. La plupart, surtout ceux desdomaines de pointe, équivalent à un grand cru, autant en qualité qu’enprix. Sans surprise, ceux qui ont ravi nos dégustateurs ont tout de larace de leurs aînés : Latour, Mouton, Cos d’Estournel, Haut-Brion…Les autres constituent de bons voire de très bons vins, comme on peutaussi en trouver dans d’autres appellations du Bordelais, et la plupartdu temps pour des sommes équivalentes voire plus modestes. Restel’attrait de l’étiquette, la force de la marque. Enfin, dans ce millésime2008, ils offrent une belle idée du classicisme bordelais, empreint dedroiture et de finesse.

Tous les vins dégustés et l'intégralité des notations sont disponibles surwww.terredevins.com

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L E J U R Y

L E S I N V I T É S

L A S É L E C T I O N

Michel Bettane et Thierry Desseauve sont les

auteurs du Grand Guide des Vins de France et

conseillers éditoriaux de Terre de Vins. Dégustateurs

depuis plus de vingt-cinq ans, leur expertise pointue

est reconnue dans tous les vignobles. Fins

connaisseurs du Bordelais, leur expertise est très

pointue sur la région des Graves.

Alain Chameyrat est l'un des dégustateurs phare

du Grand Guide des Vins de France. En dégustateur

chevronné, il passe plusieurs mois par an sur place à

la recherche des meilleurs vins et vignerons.

Sylvie Tonnaire est rédactrice en chef de Terre

de Vins. Observatrice privilégiée de l’évolution

des vignobles du sud de la France, cette fine

gastronome ne manque jamais de glisser un accord

sur chaque vin qu’elle goûte.

Amy Lillard est l’une des dégustatrices du Grand

Guide des Vins de France. Sa région de prédilection

est le Rhône Sud où elle est installée avec son mari

vigneron, au Domaine de la Gramière. Pétillante et

dynamique, Amy s’est jointe à nous pour cette

dégustation.

Guy Charneau est photographe et dégustateur pour

Le Grand Guide des Vins de France. Conjuguant la

bonne humeur à l’expertise, il est venu nous prêter

main forte pour cette dégustation.

Véronique Raisin est une journaliste spécialisée

en vins. Voyageuse infatigable, elle parcourt les

vignobles du monde entier.

Ce palmarès a été établi en deux temps : à Paris, à

partir d’un appel à échantillons auprès des 61

grands crus classés en 1855, chacun présentant le

millésime à la vente (en général le 2008). Puis sur

place, à Bordeaux, dans le château concerné ou au

cours de dégustations à l’aveugle par appellation,

après appel à échantillons du Conseil des Grands

Crus Classés en 1855. À noter que certains

domaines n’ont pas souhaité présenter de vin. La

note est la moyenne arithmétique des notes des

dégustateurs.

Nous avons retenu pour cette sélection le Château

Haut-Brion bien qu’il ne soit pas situé en Médoc

car il figurait dans le classement historique de

1855. En revanche, le Château La Mission Haut-

Brion n’en faisait pas partie.

LE SECOND VIN D’UN CRU CLASSÉ, C’EST UN PEU

DE L’ÂME DU GRAND VIN, MAIS À MOINDRES FRAIS.

CES CADETS DE L’AQUITAINE FORMENT-ILS DES

TROUPES D’ÉLITE ? NOUS AVONS TESTÉ LES

SECONDS VINS DES GRANDS CRUS CLASSÉS DU

MÉDOC SUR LE MILLÉSIME 2008. LE NIVEAU EST

RELEVÉ, VOICI LES VINGT MEILLEURS.

Thierry Desseauve et Véronique Raisin I photos Fabrice Leseigneur

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ESCAPADE GIRONDE

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FACE À LA RIVE GAUCHE DE L’ESTUAIRE DE LA GIRONDE ET AUX PLUS GRANDS CRUS

DU MÉDOC SE TROUVENT LES VINS DE BLAYE. UNE APPELLATION INVENTIVE ET

CURIEUSE QUI, SANS SE RENIER, S’EST RÉAPPROPRIÉE LE NOM DE BORDEAUX DEPUIS

2010. ET SUR LAQUELLE VEILLE UNE CITADELLE CLASSÉE AU PATRIMOINE MONDIAL DE

L’UNESCO. UNE NOUVELLE HISTOIRE S’ÉCRIT

Reportage Jefferson Desport, photographies Rodolphe Escher

pour Blayeembarquez

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ESCAPADE BLAYE

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MARC BONNIN

LES BONS REMÈDES DU BISTROLOGUE

N’ayez crainte, Le Ptit Canon ne connaît que deux types de coups de feu : celui du midi et celui du soir. Il y alongtemps que la citadelle de Blaye ne canonne plus. Pourtant, si Marc Bonin a baptisé son restaurant ainsi, c’estbien entendu en souvenir de ces pièces d’artillerie, mais aussi pour le côté bistrot du canon, ce ptit verre qu’on prendau comptoir. Le bistrot, c’est l’esprit de cette bonne adresse installée au cœur de la forteresse avec vue sur l’estuairede la Gironde. Un panorama d’autant plus agréable que Marc Bonin, hédoniste revendiqué, a fait de cet endroit unlieu résolument chaleureux. Ici, les tables et les chaises sont hautes. Tout autour, la pierre est omniprésente. Apparenteset légèrement blondes, elles éclaircissent la salle, encadrant une très belle cheminée. Un dîner au feu de bois, avec larive gauche en arrière-plan : la recette gagnante. Surtout que dans l’assiette, c’est la bonne humeur du chef ÉricDelaunay et les surprises du marché qui commandent.Pour les vins, laissez-vous guider par le patron. Avant d’ouvrir le Ptit Canon en 2009, Marc Bonin était vigneron àSt-Genez-de-Blaye. S’il ne produit plus, il garde une sincère tendresse pour ces vins de la rive droite. Ainsi pour lesblancs, ne manquez pas le château des Graves d’Ardonneau, cuvée prestige élevée en fût. Idéal en apéritif, ce vin,servi bien frais, offre un bouquet de fruit explosif. En rouge, il sert volontiers un Mondésir Gazin ou un châteauHaut Canteloup. En hiver, il s’autorise quelques infidélités autour du Bourgogne et du Muscadet.S’il parle à loisir du vin, Marc Bonin a débuté à mille lieux de là : « J’ai commencé comme pharmacien à Libourne, ra-conte-t-il. Puis j’en ai eu assez. Je me suis lancé dans la vigne. Si bien qu’après avoir été pharmacologue, puis « vinologue »,je suis maintenant bistrologue. » Le Ptit Canon est bien armé.

LE PTIT CANON

Place d’armes, citadelle de Blaye. 09�51�19�11�85. Menu du jour à partir de 14�€. Sur réservation.

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PHILIPPE LACOURT

ESCALE À PATIRAS

« Prenez un navigateur breton, il peut faire deux cents fois le tour du monde, il reviendra toujours. » PhilippeLacourt est un homme de racines. Et bien qu’il soit marin, les siennes ne plongent pas du côté de Belle-Ile-en-Mer. Son berceau épouse d’autres méandres : ceux caramel de l’estuaire de la Gironde. Ses souvenirs d’enfancesont ainsi peuplés de cargos et de sillons d’écume. Aussi, après une première vie réussie dans l’agroalimentaire enDordogne, a-t-il opéré son retour. Et découvert Patiras. Un bout de terre situé en face de Pauillac. « C’est lapremière île qu’on trouve quand on entre dans le fleuve », indique-t-il. Là, avant l’océan, il a acquis une ruine etun… phare.L’entreprise de réhabilitation est immense. Et après des fondations creusées à 20 mètres de profondeur, le rêveprend corps. Patiras dispose d’un ponton digne de ce nom. Désormais gris anthracite, le sémaphore est devenubelvédère. Quant à la résidence principale, c’est un concentré de modernité aux lignes épurées. Un grand rectanglesurélevé aux baies vitrées démesurées. Asseyez-vous dans l’un des fauteuils de cette maison-loft, et vous saisirez engrand large ce que signifie être un îlien : un homme au milieu des eaux. Sous vos yeux, l’estuaire déroule seshumeurs puissantes. Les roseaux abritent quelques faisans de passage. Un alligator ne dépareillerait pas… Ouverteaux quatre vents, Patiras l’est aussi à ses contemporains. La raison ? Retrouver un semblant de vie sur le fleuve.Pour se faire, Philippe Lacourt a créé son agence de tourisme, Gens d’estuaire, et fait de son refuge, une escale.Depuis, il accueille des séminaires et des soirées gourmandes. Les fameuses soirées « Cul noir de Patiras » où l’ondéguste mets et grands crus dans une ambiance unique. Patiras s’est trouvée une âme. L’estuaire, un gardien.

GENS D’ESTUAIRE

12, rue Charlevoix de Villers 33300 Bordeaux. 05�56�39�27�66. www.gensdestuaire.fr

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ESCAPADE LANGUEDOC-ROUSSILLON

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TOUS RÊVENT D’Y ALLER UN JOUR. SOUS LES PLATANES ET SUR LE MIROIR D’EAU

DU CANAL DU MIDI, CLASSÉ AU PATRIMOINE MONDIAL DE L’UNESCO, LA VIE SUIT SON

COURS, TRANQUILLE. ET LA VIGNE N’EST JAMAIS LOIN

Reportage Iris Mour, photographies Emmanuel Perrin

Canaldivin

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ESCAPADE LANGUEDOC-ROUSSILLON

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D’avril à octobre, le canal se peuple : plaisanciers, touristes, na-vigateurs à pied sec, candidats au bonheur à plein régime. Toussont venus, dans la quiétude des beaux jours, boire le calme etles paysages. « Le canal, c’est un aimant », estime Stéphane

Roux, président du Syndicat des crus minervois, l’AOC « du bord del’eau ». L’essor du tourisme fluvial est spectaculaire : + 35 % en 2010. Lechef-d’œuvre de Pierre-Paul Riquet – construit entre 1666 et 1681 pourfaire la jonction entre la Garonne et la mer Méditerranée – est un eldoradodu vin en devenir. Aujourd’hui paradis de la plaisance. Et demain, “ rivièrepactole ” pour l’œnotourisme ? Dans sa partie audoise, entre Argeliers etTrèbes, aux portes de Carcassonne, « le canal traverse sur un peu plus de60 km l’AOC Minervois ». Le long ruban d’eau (241 km) cache dans sesméandres 328 ouvrages d’art (tunnels, ponts, écluses, épanchoirs, etc.), deschemins de terre pittoresques pour VTTistes aventuriers, des guinguettes

sur l’eau et, partout, des pontons pour accéder aux propriétés qui jalonnentle canal.La vigne est si près de l’eau qu’on s’étonne même de la perméabilité de cesdeux mondes. Pour les « terriens » qui au plus fort de la saison, sécateurs à lamain, voient défiler sous leurs pieds « une péniche toutes les trois minutes »,les opportunités sont à saisir. On commence un peu partout à jouer la cartede l’accueil, du ponton au caveau. Sur les rives, on plante des pancartes poursignaler sa présence (domaine, gîte, auberge). Car l’été sur le canal, c’est unpeu « Riquet-Land », avec des Anglais, des Hollandais et même des Russes :« La plupart ne parlent pas le français mais ils aiment déguster nos vins. » C’estça le canal : un monde en miniature. Des paysages somptueux, des vins nom-breux offrant un large éventail de découvertes, des caves particulières commedes coopératives qui se rendent compte de la chance d’être là, assises au bordde l’eau. Au paradis, tous veulent boire l’ambroisie.

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FRANÇOISE BOUSQUET

ah, Le grand air !

On lui demande toujours si ses vins sont sucrés, et d’où vient l’exotisme de ce nom étrange (Pain de sucre), qui fait penser à la baie de Rio, au Brésil. Àchacun, Françoise Bousquet fait la même réponse : c’est le Bailly de Suffren qui nomma ainsi cette dépendance de la commanderie de Preïssan, en « souvenird’une navigation dans les pains de sucre de Guadeloupe ». Mais le véritable exotisme du domaine Pain de sucre, à la sortie de Capestang, c’est la reconversionéclair de Florence Bousquet, ancienne pharmacienne à Béziers, métamorphosée vigneronne il y a dix ans. Cette fille et petite-fille de vignerons de Saint-Thibéry a passé son enfance « dans les vignes pour la taille, les vendanges, les vinifications ». En 2001, Françoise Bousquet acquiert ce domaine de 22 ha lové« dans une boucle du canal », entre Minervois et Saint-Chinian. Un coup de cœur : « La cave était magnifique, avec ses immenses foudres. Le site, avec les vigneset les pins parasols, rappelait la Provence. » À l’exception de 5 ha de vieux cinsault vinifiés en rosés dès 2001, Françoise écope d’un vignoble en bout de course,qu’elle renouvelle petit à petit. Syrah, grenache, muscat petit grains pour les blancs, cabernet sauvignon, grenache et petit verdot pour les rouges. Celle qu’onappelle toujours ici « la pharmacienne » a trouvé sa drogue : les cépages, de préférence atypiques, pour apporter de la rondeur et assouplir des vins asseztanniques. Avec le rosé, le blanc, les rouges et depuis 2010 une « cuvée pédagogique », le Petit Verdot (Guide Hachette 2011), Françoise Bousquet signe unegamme de vins fruités, avec une belle colonne vertébrale de fraîcheur.

DOMAINE PAIN DE SUCRE, 34310 Capestang. 04�67�93�75�51. www.domainepaindesucre.com

Caveau ouvert tous les jours de 11 heures à 19 heures, du 15�juin au 30�septembre et sur rendez-vous en hiver. Vins de Pays d’Oc rouges, blancs et rosés, entre 4�€ et 11�€.

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ON PART À LA DÉCOUVERTE DES CANYONS DE L’ARIZONA, ET L’ON SE RETROUVE ENCERCLÉ

PAR LES VIGNES À QUELQUES ENCABLURES DE L’UN DES DÉSERTS LES PLUS CHAUDS ET SECS

DE LA PLANÈTE. UNE NOUVELLE MINE D’OR TOURISTIQUE EN PLEIN ESSOR

Reportage Frédéric Sallet

WORLD ESCAPADE ARIZONA

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Depuis le hublot de l’avion qui dépose les voyageurs à Phoenix,s’offre un rapide aperçu du climat local : le ciel bleu éclatantcontraste immanquablement avec l’aridité des paysages environ-nants, de ces roches rouges d’où seules parviennent à s’extraire

d’incroyables variétés de cactées inconnues sous nos latitudes. L’ampleur du désert de Sonora, qui couvre une large partie du Mexique et del’Arizona, ne laisse guère de doutes quant au niveau des précipitations an-nuelles, et les conducteurs empruntant la route 66, au nord de l’État, ont in-térêt à ne pas tomber à court de liquides avant d’avoir rejoint la côtecalifornienne. Dans ces conditions extrêmes, difficile de penser que se joue l’une de ces par-ties de poker dont les Américains ont le secret : faire de l’Arizona la nouvelleNapa Valley, ou plutôt une anti-Napa Valley, tant l’environnement y impose

la rudesse de ses conditions. Les journées y sont plus chaudes, les nuits plusfroides, au point qu’à travers la planète seule l’Argentine présente des varia-tions de températures plus importantes ! Pourtant, ici, depuis les années 1990,on plante la vigne à tour de bras sur des roches tantôt volcaniques tantôt cal-caires, les deux à la belle minéralité.En partant de la capitale Phoenix, où règne le sénateur John McCain depuisvingt-cinq ans, il suffit de remonter la route 17 vers le nord-est de l’Arizonapour découvrir les premiers ceps. La Verde Valley porte bien son nom etbénit sa rivière, auprès de laquelle viennent bourgeonner toutes les nouvelleswineries de l’État. Les plus vieilles vignes n’ont pas 40 ans et de jeunesparcelles les rejoignent chaque jour autour de Camp Verde, Cottonwood ouJerome, quelques-unes des principales cités à proximité. Engouement passagerpour le vin ? Les propriétaires refusent de le penser.

de l’ouestLA CONQUÊTE

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WORLD ESCAPADE ARIZONA

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INFOS PRATIQUES

L’Arizona est le sixième état des États-Unis par sa superficie. Sa capitale estPhoenix, et son emblème demeure le Grand Canyon, qui reçoit plus de 5 mil-lions de visiteurs chaque année. Le climat est particulièrement doux au prin-temps, avant un été sec et chaud (35 à 40 °C). L’Arizona bénéficie de 320 joursd’ensoleillement chaque année.L’aéroport de Phoenix (Sky Harbor International Airport) constitue l’un deshubs de la compagnie US Airways. Pas de vols directs depuis la France, maisune escale à Philadelphie. À partir de 600 € aller-retour (www.usairways.fret 0810 63 22 22). Décalage horaire : –8 heures. Attention aux passages auxheures d’été et d’hiver, décalés d’une semaine par rapport à l’Europe.

OÙ DÉGUSTER

AU LON’S À PARADISE VALLEY

L’esprit de l’Ouest américain continue d’imprégner les murs de cette anciennehacienda qui héberge désormais l’hôtel Hermosa Inn et son restaurant, leLON’S (www.lons.com). La cave abrite plusieurs centaines de bouteilles dumonde entier – et finalement peu d’Arizona ! Un lieu régulièrement récom-pensé par le « Wine Spectator ».

AU FNB À SCOTTSDALE

Dès son ouverture, à la fin de 2009, le FNB s’est taillé une solide réputation,et les réservations sont fortement conseillées pour y découvrir les recettescontemporaines du chef Charleen Badman, qui fait vivre la carte avec les sai-sons, privilégiant les producteurs locaux. Le patron, Pavle Milic, ne manquepas de gouaille lorsqu’il s’agit de vanter les vins d’Arizona, dont il est l’un desrares à garnir sa cave. Il a même lancé sa « chaîne » sur Youtube pour partagerson enthousiasme. www.fnbrestaurant.com

AU BELGIAN JENNIE’S BORDELLO À JEROME

Davantage que pour l’assiette, allez y pour écouter les incroyables histoires deTom Pitts au sujet de la ville de Jerome, de Jennie la Belge… et des vinsd’Arizona ! Ancien président de la Chambre de commerce de la ville, Tom alongtemps travaillé dans le vin en Europe et aux États-Unis. Il ne se fera pasprier pour vous sortir ses nombreuses distinctions de confréries vineuses etprésenter le parcours viticole imaginé par le Verde Valley Wine Consortium,qu’il a contribué à développer.

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CUISINE CORSE

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En fin d’année, au salon Le Grand Tasting à Paris, une poignée de vi-gnerons corses avait fait le déplacement au côté de leur caviste pré-féré, Nicolas Stromboni, basé à Ajaccio, et véritable porte-drapeaude la nouvelle génération de vignerons. La dégustation pointait des

typicités marquées, des différences revendiquées, un renouveau des générationset des flacons. À la question du chef travaillant particulièrement bien les ac-cords, celui à l’affinité avérée pour les vins corses, la réponse plaçait systéma-tiquement Christophe Giraud et son Bouchon à Bastia dans le tiercé gagnant.Alors, nous avons pris la mer et débarqué tout début janvier sur la côte est del’île de Beauté. Sur le vieux port, Le Bouchon occupe une place modeste. Saterrasse encore encapuchonnée de ses bâches est même peu engageante, ondevine un mobilier rustique et finalement un tout petit espace, tant pour lesconvives que pour les cuisiniers. Mais voilà, l’espace à cet endroit stratégiqueet magique de la ville est inversement proportionnel à la richesse du lieu et àsa carte des vins, simplement hallucinante.

LE VIGNOBLE CORSE BOUGE, ON PEUT MÊME DIRE

QU’IL SE RENOUVELLE EN PROFONDEUR. AVEC UN MÉLANGE DE

SAGESSE ET DE FIERTÉ, LES VIGNERONS CULTIVENT LA PERSONNALITÉ

INTRINSÈQUE DE LEURS CÉPAGES ET DE LEURS TERROIRS.

POUR CHRISTOPHE GIRAUD, CHEF À BASTIA ET ŒNOPHILE AVERTI

C’EST AUTANT D’OCCASIONS DE MARIAGES RÉUSSIS

Par Sylvie Tonnaire, photographies Richard Sprang. Adresses en page Carnet

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Bastiaby wine

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