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L LE BULLETIN TRIMESTRIEL DE WILSON BANWELL VOLUME 6 • ISSUE 3 • 2001 Voir la page suivante V V I I T T A A L L I I T T E E La confiance Vous êtes à des heures de chez vous ou de toute association d’assistance automobile et votre sale voiture est en panne – indiscutablement, incontestablement, tragiquement et radicalement en panne. Après un peu de bricolage sous le capot dont le seul effet est de vous rendre les mains grais- seuses, vous décidez qu’il vous faut de l’aide. Il ne vous reste plus qu’à vous traîner en maugréant le long d’une route poussiéreuse infestée de moustiques. Au bout de vos peines apparaît finalement une petite sta- tion-service plutôt dilapidée. C’est tout juste si l’homme taciturne en pantalon écossais et chemise bowling à son nom vous dit bonjour. Vous voyez à sa chemise qu’il s’appelle Frank. Sa femme, Nadine, est trop nerveuse pour vous regarder droit dans les yeux, mais vous offre un verre de limonade. Frank vous pose quelques questions d’ordre mécanique, vous emboite le pas en silence et regarde sous le capot. « C’est sûrement le contact », marmonne-t-il. « Mais je ne peux pas le savoir à moins de la remorquer et de faire des essais. » « Ça va coûter combien? » « Je ne peux pas vous dire, » répond Frank, « tant que je ne saurai pas ce que c’est. » Allez-vous faire confiance à Frank ou appeler votre garagiste habituel ou un mécanicien de chez vous, que vous devrez attendre au moins trois heures? La plupart d’entre nous déciderons en quelques secondes de faire confiance à Frank ou non. Il se peut que nous conversions avec lui un moment, que nous lui demandions d’inspecter la voiture plus à fond ou que nous ruminions la question. Pourtant, la déci- sion finale – de laisser Frank bricoler ou non la voiture – sera largement basée sur notre réaction instinctive initiale et notre intuition. La facilité et la fréquence avec lesquelles nous accordons notre confiance en disent long à notre sujet. Nos traits dominants, notre éducation et notre vécu déterminent tous notre disposition naturelle à la confiance. Certains d’entre nous n’hésiteraient pas une sec- onde à confier les clés à Frank, à suivre Nadine à l’intérieur et à passer le temps en lec- ture. D’autres ne voudraient même pas se tremper les lèvres dans la limonade – qui sait ce qu’elle a pu y mettre? Peut-être entend-elle me droguer, me dépouiller ou me mettre un meurtre sur le dos? Faire confiance, c’est prendre un risque, se trouver vulnérable. Les psychologues con- sidèrent depuis longtemps l’aptitude à faire confiance comme un signe de bonne santé mentale. Reste que la confiance mal placée ou démesurée peut avoir de facheuses con- séquences. C’est également notre personnalité qui dicte en qui nous plaçons notre confiance.

Êtes-vous doué pour reconnaître les mensonges? IITT€¦ · Dans plusieurs livres, dont Telling Lies: clues to deceit in the marketplace, Politics and marriage et Why Kids Lie,

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Page 1: Êtes-vous doué pour reconnaître les mensonges? IITT€¦ · Dans plusieurs livres, dont Telling Lies: clues to deceit in the marketplace, Politics and marriage et Why Kids Lie,

AAAu TravailDe plus en plusd’employés ont desdoutes quant à lafiabilité de leurentreprise. Unchercheur a décou-vert qu’en 1997seuls 21 % desemployés avaientconfiance en leurentreprise, compar-ativement à 55 % en1964.

Les chercheursattribuent cemanque de confiance aux attentes déçues et aux tech-nologies engendrant la suspicion, comme l’équipementde surveillance du personnel. Les entreprises ont pour-tant besoin de gagner la confiance de leurs employésafin d’améliorer l’efficacité de leurs rapports mutuels,de faciliter la coopération et de rehausser la crédibilitéde la direction. Que peuvent-elles faire?

Le Dr Roderick Kramer, expert en confiance en milieude travail, a compilé un impressionnant sommaire desdernières découvertes dans l’Annual Review ofPsychology. Il décrit les différents types de confiancetouchant les employés et leur attitude au travail commesuit :

1. La confiance innée – le degré de confiance auquel onest prédisposé.

2. La confiance cumulative – l’historique des rapportsentre l’employé et les autres personnes ayant un rôle àjouer.

3. La confiance fondée sur les tiers – la façon dont lespotins de l’entreprise circulent par le téléphone arabe.

4. La confiance fondée sur la catégorisation – qui faitqu’on décide d’accorder sa confiance en fonction de sonopinion générale de la « catégorie » dans laquelle onplace la personne évaluée, par ex. le sexe, le groupeprofessionnel.

5. La confiance fondée sur le rôle – ce que nous atten-dons des gens qui jouent certains rôles ou ont suivi uncertain parcours.

Visitez le site Web www.utm.edu~mikem/kramertrust.htm pour en savoir plus sur les décou-vertes du Dr Kramer en matière d’obstacles à la confi-ance et de solutions aux problèmes.

LLLE BULLETIN TRIMESTRIEL DE WILSON BANWELL

VOLUME 6 • ISSUE 3 • 2001

Voir la page suivante

VVIITTAALLIITTEE

La confiance

Vous êtes à des heures de chez vous ou de toute associationd’assistance automobile et votre sale voiture est en panne –indiscutablement, incontestablement, tragiquement etradicalement en panne. Après un peu debricolage sous le capot dont le seul effetest de vous rendre les mains grais-seuses, vous décidez qu’il vous fautde l’aide. Il ne vous reste plus qu’àvous traîner en maugréant le longd’une route poussiéreuse infestée demoustiques. Au bout de vos peinesapparaît finalement une petite sta-tion-service plutôt dilapidée.

C’est tout juste si l’homme taciturne enpantalon écossais et chemise bowling à son nom vous ditbonjour. Vous voyez à sa chemise qu’il s’appelle Frank. Safemme, Nadine, est trop nerveuse pour vous regarder droit dans les yeux, mais vousoffre un verre de limonade. Frank vous pose quelques questions d’ordre mécanique,vous emboite le pas en silence et regarde sous le capot. « C’est sûrement le contact »,marmonne-t-il. « Mais je ne peux pas le savoir à moins de la remorquer et de faire desessais. » « Ça va coûter combien? » « Je ne peux pas vous dire, » répond Frank, « tantque je ne saurai pas ce que c’est. »

Allez-vous faire confiance à Frank ou appeler votre garagiste habituel ou un mécaniciende chez vous, que vous devrez attendre au moins trois heures?

La plupart d’entre nous déciderons en quelques secondes de faire confiance à Frank ounon. Il se peut que nous conversions avec lui un moment, que nous lui demandionsd’inspecter la voiture plus à fond ou que nous ruminions la question. Pourtant, la déci-sion finale – de laisser Frank bricoler ou non la voiture – sera largement basée sur notreréaction instinctive initiale et notre intuition.

La facilité et la fréquence avec lesquelles nous accordons notre confiance en disent longà notre sujet. Nos traits dominants, notre éducation et notre vécu déterminent tous notredisposition naturelle à la confiance. Certains d’entre nous n’hésiteraient pas une sec-onde à confier les clés à Frank, à suivre Nadine à l’intérieur et à passer le temps en lec-ture. D’autres ne voudraient même pas se tremper les lèvres dans la limonade – qui saitce qu’elle a pu y mettre? Peut-être entend-elle me droguer, me dépouiller ou me mettreun meurtre sur le dos?

Faire confiance, c’est prendre un risque, se trouver vulnérable. Les psychologues con-sidèrent depuis longtemps l’aptitude à faire confiance comme un signe de bonne santémentale. Reste que la confiance mal placée ou démesurée peut avoir de facheuses con-séquences.

C’est également notre personnalité qui dicte en qui nous plaçons notre confiance.Writing: Elizabeth Muehlchen, Ph.D., R.Psych. Design: Cathy M. Tan

[email protected]

À TROMPEUR, TROMPEURET DEMIÊtes-vous doué pour reconnaître les mensonges?

La plupart des gens répondraient que oui et la plupartdes gens auraient tort. Paul Ekman, psychologuerenommé et expert en physionomie et mensonges, aétudié la difficulté qu’il y a à différencier la vérité dumensonge. Dans plusieurs livres, dont Telling Lies:clues to deceit in the marketplace, Politics and marriageet Why Kids Lie, il révèle à quel point on a tendance àsurestimer ses capacités à déceler les mensonges.

À l’encontre de l’entourage de Pinocchio, nous ne pou-vons pas compter sur un nez qui s’allonge au point deservir de perche aux oiseaux. La plupart des étudesdémontrent que les sujets obtiennent des résultatsfondés sur le hasard ou à peine mieux. En dehors desservices secrets américains, M. Ekman n’a rencontréque de rares exceptions à ce résultat décevant. Pourquoiavons-nous tant de mal?

Il avance diverses hypothèses. Peut-être nos ancêtresavaient-ils moins de moyens de mentir et d’occasionsde protéger leurs mensonges, ce qui nous auraitempêché de perfectionner sur plusieurs siècles notreaptitude à détecter les mensonges. D’autre part, les par-ents n’apprennent pas nécessairement à leurs enfants àreconnaître les mensonges. Même les plus fiables desparents arrivent à prononcer quelques petits men-songes sans gravité. Enfin, nous ne désirons pas tou-jours connaître la vérité, particulièrement quand celle-ci peut faire du tort à nos amitiés, notre famille ou notreréputation.

Quels sont les signes révélateurs du mensonge?D’après M. Ekman, la réponse est loin d’être simple. Ilse peut que différentes personnes accompagnent leursmensonges de différents indices subtils. Une chose estsûre, il n’est pas bon de se fixer expressément sur le vis-age de la personne. L’une des études de M. Ekmanrévèle qu’on arrive bien mieux à détecter les men-songes quand on ne regarde pas seulement le visage deson interlocuteur, mais aussi son corps. En effet, lementeur réussit à contrôler ses expressions faciales,mais sa nervosité se propage à son corps.

Quand les gens mentent, ils ont tendance à faire moinsde gestes de la main. Leur voix est généralement plusaigue. Souvent les réponses mensongères sont pluslongues à venir, plus brèves et ponctuées de plus depauses et d’hésitations. Les experts en détection desmensonges savent également « balayer » rapidementles visages pour y déceler les sourires dont on se sertpour masquer ses mensonges par rapport aux souriresde plaisir qui accompagnent la vérité.

Pour en savoir plus, visitez le site Web www.paulekman.com.

Page 2: Êtes-vous doué pour reconnaître les mensonges? IITT€¦ · Dans plusieurs livres, dont Telling Lies: clues to deceit in the marketplace, Politics and marriage et Why Kids Lie,

employé potentiel – on cherche despreuves de fiabilité. C’est là qu’on tend

à examiner de près les actions de lapersonne plutôt que ses propos. On

aurait pourtant tout à gagner dese soucier davantage des com-

portements non verbaux,comme le langage corporel.Ainsi la gouvernante quiaffirme à un employeurpotentiel qu’il ne fautrien conclure de labrèche de six ans à sonC.V., mais qui se metd’un seul coup à frétiller,

à baisser les yeux et à par-ler d’une petite voixaigue, devrait éveiller lessoupçons.

Une fois qu’on a formédes liens étroits, la confi-ance contribue à les

intensifier et à les renforcer. La révélation de soi est unmoyen efficace de communiquer sa confiance. Enrévèlant ses secrets, on montre qu’on a foi en son inter-locuteur. Si celui-ci fait de même, on est assuré de saloyauté. Enfin, quand on garde le secret et qu’on réag-it comme il se doit, on prouve son engagement. Rienn’est plus gratifiant que de mériter la confiance d’unepersonne qu’on respecte.

Mais la confiance est, comme on dit, beaucoup plusfacile à détruire qu’à créer. Les trahisons de nature per-sonnelle – l’adultère, le vol, la duplicité – peuvent être

difficiles à vivre. Plus on a foien quelqu’un et plus latromperie est douloureuse. Ilest sans doute plus facile depardonner à ceux en qui oncroit moins. Les images mor-dantes de la confiance trompéesupplantent aisément le con-fort douillet de la confianceabsolue.

La démarche de rétablissementde la confiance, en plus d’ex-iger un sérieux engagement,regorge de contretempséventuels et de souvenirscuisants. Ceux qui gagnent labataille usent de persistence,de communication efficace, debons conseils et de leur désirde se montrer à nouveauvulnérables.

Nous avons tendance à nous fier davantage aux per-sonnes qui nous ressemblent. « Vous aussi élevezles juments percheronnes et aimez les casquettesà carreaux? Vous devez être digne de confi-ance. » On ne réalise souvent même pasqu’on est bien plus disposé à avoir confi-ance en quelqu’un dont on partage lestraits de caractère, les attitudes oumême les goûts en vêtements. Lesgénies de la vente savent établir desaffinités (« Je vois que vous portez desbottes de randonnée Mooka. Moi, quandj’ai escaladé le mont... ») pour gagner laconfiance du client.

Nous sommes enclins à faire confianceaux gens qui ont l’astuce de nous flatter.Selon le psychologue Bob Cialdini, àmoins que nos admirateurs soientéffrontément mielleux, nous lesrécompensons de leurs compli-ments par notre confiance, même sileurs louanges sont loin de la vérité.Les chercheurs Aronson et Linder ont découvert que latechnique du compliment était particulièrement effi-cace quand l’admirateur commençait par critiquer unpeu le sujet, puis se mettait graduellement à luiprodiguer des compliments et des louanges outrées.

Quoique la plupart d’entre nous le démentiraient avecforce, les spécialistes en sciences sociales ont prouvé àmaintes reprises qu’on est beaucoup plus tenté decroire une personne d’une grande beauté. De plus,nous savons grâce aux études des chercheurs Sigall etOstrove qu’un jury est bien plus susceptible de croireun demandeur au physiqueséduisant.

Qui plus est, les commérages peu-vent peser étonnamment lourd sur laconfiance. Il nous arrive d’oublier quia dit quoi, mais seulement quand lapersonne ne nous inspire pas entièreconfiance. Le contexte est lui aussiimportant. Si, alors qu’on est victimede tromperie ou d’escroquerie, onrencontre un inconnu n’ayant rien àvoir avec la situation, il se peut qu’onlui fasse moins confiance pour la sim-ple raison qu’il se trouve là quand onéprouve du ressentiment.

Une bonne part de la confiances’établit donc inconsciemment.Toutefois, quand l’enjeu est impor-tant – comme par exemple quand onéprouve de l’attirance pourquelqu’un ou qu’on évalue un

La confiance aupetit écranÀ qui les téléspectateursfont-ils confiance? Lacrédibilité de la sourcepréoccupe grandement lesprofessionnels de la publicité. En effet,quand le message coûte plusieurs millionsde dollars, mieux vaut que le porte-paroleinspire la confiance de son auditoire. La question de la foi en la publicité secomplique encore à mesure que les con-sommateurs deviennent plus avertis. Ilssavent à quoi s’en tenir. Ils savent se pré-munir contre le baratin publicitaire le plussubtil avant même de voir l’annonce.Comment les professionnels de la publicitépeuvent-ils détourner leurs soupçons etcapter leur attention?Nombre d’entre eux ont recours à unporte-parole que les gens admirent déjà ettiennent pour sincère, comme Tiger Woodsou Wayne Gretzky. Nous savons bienqu’ils gagnent une fortune à promouvoirdes produits. Nous ne pouvons pourtantnous empêcher de penser que, vu leurrenommée et leur richesse, ils ne patron-neraient pas un article médiocre. Et queson achat pourrait peut-être nous procurerun peu de leur « magie ».Évidemment tous les annonceurs n’ont pasles moyens d’embaucher un porte-parolede renom. Les groupes de discussion peu-vent les aider à voir précisément quelacteur inconnu inspire la confiance de leurmarché cible. De quoi devrait-il avoirl’air? La clientèle cible des 18 à 24 ans seretrouve-t-elle en lui?Les porte-parole sont particulièrement effi-caces quand l’auditoire ne réalise pas qu’ilest ciblé. Selon les chercheurs Hatfield etFestinger, nous nous fions davantage auxgens qui ne savent pas qu’on écoute leurmessage de persuasion. De plus, nousavons davantage confiance en un porte-parole qui nous apprend un fait inattendu,tel le fumeur invétéré qui déplore le tabag-isme. Nous faisons confiance aux gens quin’ont pas l’air de défendre leurs intérêts ouqui, mieux, sacrifient leur position ou leurrenommée pour communiquer leurmessage.

VVVOUS TROUVE-T-ON DIGNEDE FOI?

Êtes-vous quelqu’un à qui l’on confie dessecrets? Voici comment le découvrir....

1. Vous savez vous taire. Beaucoup degens ne réalisent pas qu’on les trouve can-caniers. Peut-être justifient-ils leurs com-mérages , les dispensent-ils à petite doseou ne se penchent-ils même pas sur laquestion… Il est fort possible que lesbavards ne réalisent pas qu’on écourte lesconversations avec eux ou qu’on les évite.Le meilleur moyen de déterminer si l’onvous juge digne de foi, c’est de voir si, envotre for intérieur, vous savez être capablede garder un secret.

2. Vous apprenez les grandes nouvelles de premièremain. Peut-être savez-vous un tas d’histoires, mais vous endonne-t-on la primeur ou les dénichez-vous ultérieurement? Lesgens qui vous connaissentbien vous apprennent-ilsles nouvelles sur lechamp ou longtempsaprès coup?

3. Ce n’est pas devous qu’on tient l’ex-clusivité. Vousassaille-t-on dequestions dès qu’ilse passe quelquechose de sensationnel?Si oui, il y a gros à parier qu’onvous sait incapable de garder un secret.

4. Vous révélez un peu de vous-même. Si vous êtes réti-cent à vous confier, la plupart des gens se fatigueront desconfidences à sens unique. S’ils y voient un manque deconfiance, ils finiront par vous en vouloir de mériter laleur.

5. Vous prenez vos écarts de conduite au sérieux. Raressont les personnes dont la fiabilité ne vacille jamais. Sivous vendez la mèche,l’admettez-vous aussitôt enpromettant de ne jamaisrecommencer? Lavérité finira sansdoute par se savoiret les gens vousferont davantageconfiance si ellevient de vous.

Page 3: Êtes-vous doué pour reconnaître les mensonges? IITT€¦ · Dans plusieurs livres, dont Telling Lies: clues to deceit in the marketplace, Politics and marriage et Why Kids Lie,

employé potentiel – on cherche despreuves de fiabilité. C’est là qu’on tend

à examiner de près les actions de lapersonne plutôt que ses propos. On

aurait pourtant tout à gagner dese soucier davantage des com-

portements non verbaux,comme le langage corporel.Ainsi la gouvernante quiaffirme à un employeurpotentiel qu’il ne fautrien conclure de labrèche de six ans à sonC.V., mais qui se metd’un seul coup à frétiller,

à baisser les yeux et à par-ler d’une petite voixaigue, devrait éveiller lessoupçons.

Une fois qu’on a formédes liens étroits, la confi-ance contribue à les

intensifier et à les renforcer. La révélation de soi est unmoyen efficace de communiquer sa confiance. Enrévèlant ses secrets, on montre qu’on a foi en son inter-locuteur. Si celui-ci fait de même, on est assuré de saloyauté. Enfin, quand on garde le secret et qu’on réag-it comme il se doit, on prouve son engagement. Rienn’est plus gratifiant que de mériter la confiance d’unepersonne qu’on respecte.

Mais la confiance est, comme on dit, beaucoup plusfacile à détruire qu’à créer. Les trahisons de nature per-sonnelle – l’adultère, le vol, la duplicité – peuvent être

difficiles à vivre. Plus on a foien quelqu’un et plus latromperie est douloureuse. Ilest sans doute plus facile depardonner à ceux en qui oncroit moins. Les images mor-dantes de la confiance trompéesupplantent aisément le con-fort douillet de la confianceabsolue.

La démarche de rétablissementde la confiance, en plus d’ex-iger un sérieux engagement,regorge de contretempséventuels et de souvenirscuisants. Ceux qui gagnent labataille usent de persistence,de communication efficace, debons conseils et de leur désirde se montrer à nouveauvulnérables.

Nous avons tendance à nous fier davantage aux per-sonnes qui nous ressemblent. « Vous aussi élevezles juments percheronnes et aimez les casquettesà carreaux? Vous devez être digne de confi-ance. » On ne réalise souvent même pasqu’on est bien plus disposé à avoir confi-ance en quelqu’un dont on partage lestraits de caractère, les attitudes oumême les goûts en vêtements. Lesgénies de la vente savent établir desaffinités (« Je vois que vous portez desbottes de randonnée Mooka. Moi, quandj’ai escaladé le mont... ») pour gagner laconfiance du client.

Nous sommes enclins à faire confianceaux gens qui ont l’astuce de nous flatter.Selon le psychologue Bob Cialdini, àmoins que nos admirateurs soientéffrontément mielleux, nous lesrécompensons de leurs compli-ments par notre confiance, même sileurs louanges sont loin de la vérité.Les chercheurs Aronson et Linder ont découvert que latechnique du compliment était particulièrement effi-cace quand l’admirateur commençait par critiquer unpeu le sujet, puis se mettait graduellement à luiprodiguer des compliments et des louanges outrées.

Quoique la plupart d’entre nous le démentiraient avecforce, les spécialistes en sciences sociales ont prouvé àmaintes reprises qu’on est beaucoup plus tenté decroire une personne d’une grande beauté. De plus,nous savons grâce aux études des chercheurs Sigall etOstrove qu’un jury est bien plus susceptible de croireun demandeur au physiqueséduisant.

Qui plus est, les commérages peu-vent peser étonnamment lourd sur laconfiance. Il nous arrive d’oublier quia dit quoi, mais seulement quand lapersonne ne nous inspire pas entièreconfiance. Le contexte est lui aussiimportant. Si, alors qu’on est victimede tromperie ou d’escroquerie, onrencontre un inconnu n’ayant rien àvoir avec la situation, il se peut qu’onlui fasse moins confiance pour la sim-ple raison qu’il se trouve là quand onéprouve du ressentiment.

Une bonne part de la confiances’établit donc inconsciemment.Toutefois, quand l’enjeu est impor-tant – comme par exemple quand onéprouve de l’attirance pourquelqu’un ou qu’on évalue un

La confiance aupetit écranÀ qui les téléspectateursfont-ils confiance? Lacrédibilité de la sourcepréoccupe grandement lesprofessionnels de la publicité. En effet,quand le message coûte plusieurs millionsde dollars, mieux vaut que le porte-paroleinspire la confiance de son auditoire. La question de la foi en la publicité secomplique encore à mesure que les con-sommateurs deviennent plus avertis. Ilssavent à quoi s’en tenir. Ils savent se pré-munir contre le baratin publicitaire le plussubtil avant même de voir l’annonce.Comment les professionnels de la publicitépeuvent-ils détourner leurs soupçons etcapter leur attention?Nombre d’entre eux ont recours à unporte-parole que les gens admirent déjà ettiennent pour sincère, comme Tiger Woodsou Wayne Gretzky. Nous savons bienqu’ils gagnent une fortune à promouvoirdes produits. Nous ne pouvons pourtantnous empêcher de penser que, vu leurrenommée et leur richesse, ils ne patron-neraient pas un article médiocre. Et queson achat pourrait peut-être nous procurerun peu de leur « magie ».Évidemment tous les annonceurs n’ont pasles moyens d’embaucher un porte-parolede renom. Les groupes de discussion peu-vent les aider à voir précisément quelacteur inconnu inspire la confiance de leurmarché cible. De quoi devrait-il avoirl’air? La clientèle cible des 18 à 24 ans seretrouve-t-elle en lui?Les porte-parole sont particulièrement effi-caces quand l’auditoire ne réalise pas qu’ilest ciblé. Selon les chercheurs Hatfield etFestinger, nous nous fions davantage auxgens qui ne savent pas qu’on écoute leurmessage de persuasion. De plus, nousavons davantage confiance en un porte-parole qui nous apprend un fait inattendu,tel le fumeur invétéré qui déplore le tabag-isme. Nous faisons confiance aux gens quin’ont pas l’air de défendre leurs intérêts ouqui, mieux, sacrifient leur position ou leurrenommée pour communiquer leurmessage.

VVVOUS TROUVE-T-ON DIGNEDE FOI?

Êtes-vous quelqu’un à qui l’on confie dessecrets? Voici comment le découvrir....

1. Vous savez vous taire. Beaucoup degens ne réalisent pas qu’on les trouve can-caniers. Peut-être justifient-ils leurs com-mérages , les dispensent-ils à petite doseou ne se penchent-ils même pas sur laquestion… Il est fort possible que lesbavards ne réalisent pas qu’on écourte lesconversations avec eux ou qu’on les évite.Le meilleur moyen de déterminer si l’onvous juge digne de foi, c’est de voir si, envotre for intérieur, vous savez être capablede garder un secret.

2. Vous apprenez les grandes nouvelles de premièremain. Peut-être savez-vous un tas d’histoires, mais vous endonne-t-on la primeur ou les dénichez-vous ultérieurement? Lesgens qui vous connaissentbien vous apprennent-ilsles nouvelles sur lechamp ou longtempsaprès coup?

3. Ce n’est pas devous qu’on tient l’ex-clusivité. Vousassaille-t-on dequestions dès qu’ilse passe quelquechose de sensationnel?Si oui, il y a gros à parier qu’onvous sait incapable de garder un secret.

4. Vous révélez un peu de vous-même. Si vous êtes réti-cent à vous confier, la plupart des gens se fatigueront desconfidences à sens unique. S’ils y voient un manque deconfiance, ils finiront par vous en vouloir de mériter laleur.

5. Vous prenez vos écarts de conduite au sérieux. Raressont les personnes dont la fiabilité ne vacille jamais. Sivous vendez la mèche,l’admettez-vous aussitôt enpromettant de ne jamaisrecommencer? Lavérité finira sansdoute par se savoiret les gens vousferont davantageconfiance si ellevient de vous.

Page 4: Êtes-vous doué pour reconnaître les mensonges? IITT€¦ · Dans plusieurs livres, dont Telling Lies: clues to deceit in the marketplace, Politics and marriage et Why Kids Lie,

AAAu TravailDe plus en plusd’employés ont desdoutes quant à lafiabilité de leurentreprise. Unchercheur a décou-vert qu’en 1997seuls 21 % desemployés avaientconfiance en leurentreprise, compar-ativement à 55 % en1964.

Les chercheursattribuent cemanque de confiance aux attentes déçues et aux tech-nologies engendrant la suspicion, comme l’équipementde surveillance du personnel. Les entreprises ont pour-tant besoin de gagner la confiance de leurs employésafin d’améliorer l’efficacité de leurs rapports mutuels,de faciliter la coopération et de rehausser la crédibilitéde la direction. Que peuvent-elles faire?

Le Dr Roderick Kramer, expert en confiance en milieude travail, a compilé un impressionnant sommaire desdernières découvertes dans l’Annual Review ofPsychology. Il décrit les différents types de confiancetouchant les employés et leur attitude au travail commesuit :

1. La confiance innée – le degré de confiance auquel onest prédisposé.

2. La confiance cumulative – l’historique des rapportsentre l’employé et les autres personnes ayant un rôle àjouer.

3. La confiance fondée sur les tiers – la façon dont lespotins de l’entreprise circulent par le téléphone arabe.

4. La confiance fondée sur la catégorisation – qui faitqu’on décide d’accorder sa confiance en fonction de sonopinion générale de la « catégorie » dans laquelle onplace la personne évaluée, par ex. le sexe, le groupeprofessionnel.

5. La confiance fondée sur le rôle – ce que nous atten-dons des gens qui jouent certains rôles ou ont suivi uncertain parcours.

Visitez le site Web www.utm.edu~mikem/kramertrust.htm pour en savoir plus sur les décou-vertes du Dr Kramer en matière d’obstacles à la confi-ance et de solutions aux problèmes.

LLLE BULLETIN TRIMESTRIELLE DE WILSON BANWELL

VOLUME 6 • ISSUE 3 • 2001

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VVIITTAALLIITTEE

La confiance

Vous êtes à des heures de chez vous ou de toute associationd’assistance automobile et votre sale voiture est en panne –indiscutablement, incontestablement, tragiquement etradicalement en panne. Après un peu debricolage sous le capot dont le seul effetest de vous rendre les mains grais-seuses, vous décidez qu’il vous fautde l’aide. Il ne vous reste plus qu’àvous traîner en maugréant le longd’une route poussiéreuse infestée demoustiques. Au bout de vos peinesapparaît finalement une petite sta-tion-service plutôt dilapidée.

C’est tout juste si l’homme taciturne enpantalon écossais et chemise bowling à son nom vous ditbonjour. Vous voyez à sa chemise qu’il s’appelle Frank. Safemme, Nadine, est trop nerveuse pour vous regarder droit dans les yeux, mais vousoffre un verre de limonade. Frank vous pose quelques questions d’ordre mécanique,vous emboite le pas en silence et regarde sous le capot. « C’est sûrement le contact »,marmonne-t-il. « Mais je ne peux pas le savoir à moins de la remorquer et de faire desessais. » « Ça va coûter combien? » « Je ne peux pas vous dire, » répond Frank, « tantque je ne saurai pas ce que c’est. »

Allez-vous faire confiance à Frank ou appeler votre garagiste habituel ou un mécaniciende chez vous, que vous devrez attendre au moins trois heures?

La plupart d’entre nous déciderons en quelques secondes de faire confiance à Frank ounon. Il se peut que nous conversions avec lui un moment, que nous lui demandionsd’inspecter la voiture plus à fond ou que nous ruminions la question. Pourtant, la déci-sion finale – de laisser Frank bricoler ou non la voiture – sera largement basée sur notreréaction instinctive initiale et notre intuition.

La facilité et la fréquence avec lesquelles nous accordons notre confiance en disent longà notre sujet. Nos traits dominants, notre éducation et notre vécu déterminent tous notredisposition naturelle à la confiance. Certains d’entre nous n’hésiteraient pas une sec-onde à confier les clés à Frank, à suivre Nadine à l’intérieur et à passer le temps en lec-ture. D’autres ne voudraient même pas se tremper les lèvres dans la limonade – qui saitce qu’elle a pu y mettre? Peut-être entend-elle me droguer, me dépouiller ou me mettreun meurtre sur le dos?

Faire confiance, c’est prendre un risque, se trouver vulnérable. Les psychologues con-sidèrent depuis longtemps l’aptitude à faire confiance comme un signe de bonne santémentale. Reste que la confiance mal placée ou démesurée peut avoir de facheuses con-séquences.

C’est également notre personnalité qui dicte en qui nous plaçons notre confiance.Writing: Elizabeth Muehlchen, Ph.D., R.Psych. Design: Cathy M. Tan

[email protected]

À TROMPEUR, TROMPEURET DEMIÊtes-vous doué pour reconnaître les mensonges?

La plupart des gens répondraient que oui et la plupartdes gens auraient tort. Paul Ekman, psychologuerenommé et expert en physionomie et mensonges, aétudié la difficulté qu’il y a à différencier la vérité dumensonge. Dans plusieurs livres, dont Telling Lies:clues to deceit in the marketplace, Politics and marriageet Why Kids Lie, il révèle à quel point on a tendance àsurestimer ses capacités à déceler les mensonges.

À l’encontre de l’entourage de Pinocchio, nous ne pou-vons pas compter sur un nez qui s’allonge au point deservir de perche aux oiseaux. La plupart des étudesdémontrent que les sujets obtiennent des résultatsfondés sur le hasard ou à peine mieux. En dehors desservices secrets américains, M. Ekman n’a rencontréque de rares exceptions à ce résultat décevant. Pourquoiavons-nous tant de mal?

Il avance diverses hypothèses. Peut-être nos ancêtresavaient-ils moins de moyens de mentir et d’occasionsde protéger leurs mensonges, ce qui nous auraitempêché de perfectionner sur plusieurs siècles notreaptitude à détecter les mensonges. D’autre part, les par-ents n’apprennent pas nécessairement à leurs enfants àreconnaître les mensonges. Même les plus fiables desparents arrivent à prononcer quelques petits men-songes sans gravité. Enfin, nous ne désirons pas tou-jours connaître la vérité, particulièrement quand celle-ci peut faire du tort à nos amitiés, notre famille ou notreréputation.

Quels sont les signes révélateurs du mensonge?D’après M. Ekman, la réponse est loin d’être simple. Ilse peut que différentes personnes accompagnent leursmensonges de différents indices subtils. Une chose estsûre, il n’est pas bon de se fixer expressément sur le vis-age de la personne. L’une des études de M. Ekmanrévèle qu’on arrive bien mieux à détecter les men-songes quand on ne regarde pas seulement le visage deson interlocuteur, mais aussi son corps. En effet, lementeur réussit à contrôler ses expressions faciales,mais sa nervosité se propage à son corps.

Quand les gens mentent, ils ont tendance à faire moinsde gestes de la main. Leur voix est généralement plusaigue. Souvent les réponses mensongères sont pluslongues à venir, plus brèves et ponctuées de plus depauses et d’hésitations. Les experts en détection desmensonges savent également « balayer » rapidementles visages pour y déceler les sourires dont on se sertpour masquer ses mensonges par rapport aux souriresde plaisir qui accompagnent la vérité.

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