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    on aurait-il en tte laphorisme dAuguste Perret: Le grand architecte, cest celui qui prpare de belles ruinesAuguste Perret cit par R. Claude dans Auguste Perret et la demeure,urs, n 4, 1944. Lorsqu la fin de son mandat pour lOpra de Sydney, il compare, dans des propos amers et dsabuss, les futures ruines de lOpra celles, sublimes, du Chichn Itzn, quil a visit lors dun sjour au Mexique, en 1949. Comme il la affirm dans son texte Platforms and Plateaus de 1962, Utzon identifie la monumentalit la prennit du socle etublime avec le paysage, limage des plateformes qui accueillent des temples prcolombiens, o il remarque aussi limportance de la prsence monumentale des emmarchements et

    e entre la base solide et la lgret des constructions quelle accueille.La plateforme est un lment architectural fascinant. Jai t pour la premire fois fascin par ces plateformes loage dtude au Mexique, en 1949, o jai dcouvert plusieurs variations de lide et de la dimension de ces lments. Ils irradient une grande force.J. Utzon, Platforms and Plateaus: Ish Architect, Zodiac, n 10, 1959.Ces principes fondent en quelque sorte la monumentalit de lOpra de Sydney: un socle surlev accueille des coques nervures, inspires du mone et dont la fragilit, par contraste, est une rponse motionnelle et romantique aux lments du monde naturel. Les votes se fondent avec les nuages, en lvitation au-dessus de la be porte des votes dUtzon est, comme dans le cas de la structure mtallique de Kahn, un travail remarquable dingnierie. Mais dans cette analogie entre la structure des votes et les, nous pouvons revenir linterprtation organiciste et romantique que fait Viollet-le-Duc de larchitecture gothique quand il affirme:De mme quen voyant la feuille dune plante, on eentire (...) de mme en voyant un profil, on en dduit les membres darchitecture; le membre darchitecture, le monument.Ds les annes quarante, la ncessit de dpasser le fon

    mation des valeurs esthtiques et humanistes amne lhistorien Sigfried Giedion, associ Jos-Luis Sert et Fernand Lger, prconiser lmergence dune Nouvelle Monumentalitorme dun manifeste et cense reprsenter la troisime tape du mouvement moderne, aprs celles de la cellule du logement et de la planification.Pour les auteurs de ce manifeste,sisont crs pour exprimer la conscience sociale et la vie collective dun peuple, celui-ci exigera quils ne soient pas simplement fonctionnels. Il demandera quil soit tenu compte, dans leesoin de monumentalit et dlvation de lme.S. Giedion, F. Lger et J.-L. Sert, Nine Points on Monumentality in S. Giedion, Architektur und Gemeinschaft, Rowohlt Verlag, Hambpour certains architectes qui sestiment proches de la modernit des annes vingt, le terme monumentalit a une connotation ngative car il reprsente la fois le symbole de la puologie des tats totalitaires et le retour aux valeurs de lacadmisme. Peut-on faire des monuments et rester fidle aux acquis du mouvement moderne? Quest-ce qui caractrise un

    me sicle?Ces questions ne sont quune facette dun dbat complexe et parfois confus (surtout cause de la difficult de dfinir de faon prcise ces notions) consacr la significatiture publique de laprs-guerre. La revue anglaise The Architectural Review consacre le numro de septembre 1948 un symposium, auquel participent G. Paulsson, H.-R. Hitchcock,on, W. Gropius, L. Costa et A. Roth, qui fait surtout ressortir des points de vue contrasts sur les formes aptes exprimer la monumentalit.A ce sujet Walter Gropius sexclame,Le viymbole dune conception statique du monde, dpasse aujourdhui par la relativit et par des nergies changeantes. Je crois, ds lors, que lexpression de la monumentalit est en trair vers un nouveau modle correspondant une forme leve de la vie civique, un modle caractris par la flexibilit, la croissance continue et le changement.W. Gropius, discours lorum In search of a new monumentality, The Architectural Review n 621, 1948.La question de la monumentalit est pralablement pose loccasion du scandale provoqu par le clasntal et dcoratif du sige de lentreprise ptrolire Shell, termin en 1942 par larchitecte hollandais Jacobus Johannes Pieter Oud La Haye. Pour la composition de ldifice, Oud saprincipes classiques comme la symtrie et les tracs rgulateurs et semble ngliger les critres usuels dutilit et de fonctionnalit, ce qui lui vaut lincomprhension de la plupart des cri lvolution de larchitecture moderne de limmdiat aprs-guerre.Pour OudLa vraie architecture ancienne et nouvelle peut et doit crer de lmotion. En dautres termes, elle doit tra

    esthtique de lun (larchitecte) lautre (celui qui regarde).J.-J. P. Oud, Mr. Oud replies, Architectural Record, mars 1947.La vraie architecture doit crer de lmotion: ces mots rament le passage du texte Architecture de 1910, dans lequel Adolf Loos attribue larchitecte la tche de provoquer des motions justes figures par des images vocatrices comm

    oit vous dire: dpose ton argent, il sera bien gard. A. Loos, Architecture (1910) in Paroles dans le vide, Malgr tout, ditions Ivrea, Paris, 1994.En voquant les motions quun objler, Loos et Oud posent, quelques dcennies dintervalle, un mme problme, celui du caractre du btiment. Ils renvoient ainsi la thorie des caractres du 18me sicle et lartser qui, comme laffirme Quatremre de Quincy, est lartde rendre sensibles, par les formes matrielles, les qualits intellectuelles & les ides morales qui peuvent sexprimer dans lere connatre, par laccord & la convenance de toutes les parties constitutives dun btiment, sa nature, sa proprit, son emploi, sa destination.Quatremre de Quincy, Encyclopdie mge, 1788.Et cest justement parce quil part du postulat quune construction doit provoquer des sentiments et exprimer, travers sa forme, son rle dans la socit quOud renonce, drente, au paradigme machiniste et industriel de la modernit pour revenir aux formes habituelles de reprsentation des programmes publics. Ce qui lamne dire, de faon laconique,urs: Je dois avouer que je ne crois pas quon puisse appliquer les formes des maisons ouvrires et des usines aux immeubles de bureaux, aux Htels de Ville et aux glises.J.J.P. Oues Architectural Record, mars 1948.Dans limmdiat aprs-guerre, la Monumentalit va faire lobjet dune profusion de dfinitions auxquelles Louis Kahn rpond par cette affirmation:ntalit est nigmatique... et on ne peut pas la crer volontairement.Louis I. Kahn, Monumentality in Paul Zucker (d.), New Architecture and City Planning, Philosophical Library, Ne

    hn illustre son texte sur la Monumentalit par deux esquisses: dans lune il dessine un centre civique, un espace couvert par une structure mtallique de trs grande porte, rendant ainoits techniques obtenus par lemploi de ce matriau. La monumentalit de cet espace rside dans le sentiment provoqu par la grande porte, sa hauteur corrlative, et dans son rappor

    ge naturel.Dans lautre esquisse, Kahn reprsente une structure no-gothique en mtal en regard de la construction de la cathdrale de Beauvais, recopie du livre de Choisy. Cest surmage que Kenneth Frampton fait remarquer que Kahn identifie la monumentalit la tectonique, dans une relation dialectique propre exprimer la qualit spirituelle de larchitecture, erincipe du rationalisme gothique et de la vrit structurelle de Viollet-le-Duc. A partir de cette esquisse, nous pouvons faire lhypothse que, pour Kahn, lidentification de la monumentalion de la structure primaire passe par lvocation du thme de la ruine et ses valeurs de prennit et de dure.Jrn Utzon aurait-il en tte laphorisme dAuguste Perret:Le grand archit

    ui qui prpare de belles ruinesAuguste Perret cit par R. Claude dans Auguste Perret et la demeure, Formes et Couleurs, n 4, 1944.lorsqu la fin de son mandat pour lOpra de Sye, dans des propos amers et dsabuss, les futures ruines de lOpra celles, sublimes, du Chichn Itz, dans le Yucatan, quil a visit lors dun sjour au Mexique, en 1949. Comme ilans son texte Platforms and Plateaus de 1962, Utzon identifie la monumentalit la prennit du socle et la relation sublime avec le paysage, limage des plateformes qui accueill

    ples prcolombiens, o il remarque aussi limportance de la prsence monumentale des emmarchements et du contraste entre la base solide et la lgret des constructions quelle acforme est un lment architectural fascinant. Jai t pour la premire fois fascin par ces plateformes lors dun voyage dtude au Mexique, en 1949, o jai dcouvert plusieurs variatiet de la dimension de ces lments. Ils irradient une grande force.J. Utzon, Platforms and Plateaus: Ideas of a Danish Architect, Zodiac, n 10, 1959.Ces principes fondent en quelq

    mentalit de lOpra de Sydney: un socle surlev accueille des coques nervures, inspires du monde organique et dont la fragilit, par contraste, est une rponse motionnelle et rom

    EPFL - ENAC - IA - LTH2

    Thorie de larchitecture V

    Professeur Bruno Marchand

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    Thorie de larchitecture V

    Professeur Bruno Marchand

    Assistant: Pierre Lauper

    mai 2003

    EPFL-ENAC-IA-LTH2

    LA MULTIPLICIT DESTENDANCES: LES ANNES

    1940, 1950 ET 1960.

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    Un regard autre

    Le regard que nous portons, travers ces douze cours, sur la thorie archi-

    tecturale et urbaine des annes 1940, 1950 et 1960, veut se distancer des

    clichs qui sont habituellement rattachs cette priode : ceux du fonction-

    nalisme abstrait, de la production de masse strotype.

    Les investigations font ressortir, au contraire, la richesse des penses

    contrastes, la qute des valeurs et des recherches formelles indites : le

    retour phmre de la monumentalit et de lhumanisme; laffirmation desrgionalismes et linfluence du vernaculaire; la reconsidration du fonc-

    tionnalisme de lentre-deux-guerres; la multitude de tendances et dex-

    pressions potiques personnelles.

    Par ailleurs, nous assistons lavnement de phnomnes de socit qui

    nous concernent encore aujourdhui, avec souvent une intensit accrue : le

    paysage du bord de route, la mcanisation des objets quotidiens, la cultu-

    re de la consommation. De mme, plusieurs des notions abordes durant

    cette priode ont encore une actualit : lmergence dune dynamique des

    rseaux, linfluence des formes naturelles sur les recherches formelles,

    une certaine qute de laformalisme, entre autres.

    Enfin, il faut souligner une critique constante du plan libre : dans le plan

    neutre et universel de Mies van der Rohe, dans le plan centr et lex-pression de la pice de Louis Kahn, dans le plan dense et mtaphorique de

    la fort dAlvar Aalto, dans la dynamique cellulaire de James Stirling,

    dans les espaces de transition dAldo van Eyck, enfin, dans les mat-buil-

    dings, les web, les stem des membres du Team 10 et, en particulier,

    dAlison et Peter Smithson.

    Bruno Marchand, mai 2003

    Introduction

    Afin de ne pas surcharger les notices bibliographiques, lanne ddition originale

    est indique entre parenthses, sans prcision de lditeur et du lieu ddition.

    Nota Bene

    LA MULTIPLICIT DESTENDANCES: LES ANNES

    1940, 1950 ET 1960.

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    MIES VAN DER ROHE:LESTHTIQUE DE LACONSTRUCTIONET LE CLASSICISMEINDUSTRIEL

    Paul Klee, Surveyed Fields(1929).

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    MIES VAN DER ROHE

    Ludwig Mies van der Rohe arrive aux Etats-Unis en 1938 o il prend les

    fonctions de directeur de lcole darchitecture de lArmour Institute de

    Chicago (devenu plus tard lIllinois Institute of Technology I.I .T.). Cette

    nouvelle phase de sa vie acadmique et professionnelle va se caractriser

    par lexploration de plusieurs problmatiques architecturales qui loccupe-

    ront jusqu la fin de sa vie.

    Art et technique

    La technique est enracine dans le pass. Elle domine le prsent et stend

    au futur. (...) Chaque fois que la technique atteint son vritable accomplisse-ment, elle se transcende en architecture. Il est vrai que larchitecture dpend deconditions factuelles, mais son vritable champ daction se situe dans le domai-ne de la signification. Jespre que vous comprendrez que larchitecture na rien voir avec linvention de formes.Mies van der Rohe, Art et technique publi in F. Neumeyer, Mies van der Rohe.Rflexions sur lart de btir, Le Moniteur, Paris, 1996 (1950), p. 319.

    Un intrt renouvel pour la technologie et la production industrielle : cette

    nouvelle attitude est clairement illustre dans un collage photographique

    de 1942, qui reprsente un muse dans la halle de montage de la Socit

    de construction aronautique Martin, construite par Albert Kahn, que Mies

    (...) transforme, non sans audace (...) en objet esthtique, dmontrant ainsi,

    une nouvelle fois, sa thse de la promesse artistique de la construction.F. Neumeyer, Mies van der Rohe. Rflexions sur lart de btir, op. cit., p. 230.

    Ci-dessus : la halle originale dAlbertKahn. Ci-dessous: collage de Miesvan der Rohe pour un muse (1942).

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    MIES VAN DER ROHE

    LES LMENTS INDUSTRIELS DE LA CONSTRUCTION

    Cette attention porte la technologie amne Mies van der Rohe adopter

    dans la construction des profils industriels colonnes en H et en U, pou-

    trelles en I, cornires dangle mettant ainsi progressivement au point un

    nouveau langage, dont les caractristiques propres et les implications spa-

    tiales de lespace moderniste universel vers la primaut traditionnelle

    de la charpente et de son assemblage (K. Frampton, Modernisme et tradi-

    tion dans luvre de Mies van der Rohe 1920-1968 in Mies van der Rohe, sa carri-

    re, son hritage et ses disciples, Editions du Centre Pompidou/CCI, Paris, 1987, p. 52)

    ont t clairement perues par lhistorien Colin Rowe:

    La colonne allemande caractristique de Mies tait circulaire ou cruciforme:sa nouvelle colonne est maintenant en forme de H, et elle est pratiquementdevenue sa signature. Habituellement, ses anciennes colonnes allemandes taient nettement spares des murs et des fentres, isoles de ces derniersdans lespace; typiquement, sa nouvelle colonne est un lment intgr len-veloppe de ldifice, o elle finit par exercer la fonction dune sorte de meneauou de vestige de mur. La forme de la colonne ntait donc pas sans exercer unpuissant effet sur lespace entier de ldifice.

    La section circulaire ou cruciforme tendait carter les cloisons de la colonne;le nouveau profil tend les rapprocher. Lancienne colonne ne sopposait gure une extension horizontale de lespace; la nouvelle prsente un obstacle plus

    substantiel. Lancienne colonne avait tendance faire tourner lespace autourdelle, elle tait le centre dun volume dfini avec une certaine imprcision; lanouvelle, en revanche, enclt ou dfinit les limites externes dun volume spatialaffirm. Leurs fonctions spatiales sont donc compltement diffrentes. La nou-velle colonne nest plus le signe de ponctuation du vieux Style international. Elleimplique lexistence dune cellule structurelle autonome, et une quelconquesrie de ces colonnes en arrive fonctionner comme une sorte de cloison-ossa-ture ou de mur discontinu.C. Rowe, Neo-classicisme et architecture moderne II in Mathmatiques de la villaidale et autres essais, Editions Hazan, Paris, 2000 (1956-1957), p. 176.

    Colonne-objet (pavillon de Bar-celone, 1929) et colonne int-gre (dessin dun tudiant deMies van der Rohe, 1944/45).

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    MIES VAN DER ROHE

    LA SYNTAXE ARCHITECTURALE ET LEXPRESSION DE L ANGLE

    Mies labore une grammaire architecturale issue de la mise en uvre de

    la faade et de la relation entre la structure et lenveloppe, comme en

    tmoignent les variations multiples des faades des btiments que Mies

    difie pour le campus du I.I.T. Comme le signale Frampton:

    Le problme paradoxal que Mies eut rsoudre () fut dessayer de raliserune sorte dinflexion hirarchique dans les limites de la syntaxe architecturalepersonnelle quil stait impose. () Dans le Mineral and Metals Research

    Building, lexpression traditionnelle de lusine allemande est applique directe-ment dans toute sa puret technique et tectonique sans aucune manipulation.Dans lAlumni Memorial Hall, non seulement lossature est encastre dans lebton, pour la protection contre le feu, mais la reprsentation de sa prsen-ce cache, en termes de faades dacier profil classiquement et dencadre-ment des fentres, apparat ici comme le thme architectural essentiel du styleamricain de Mies.K. Frampton, Modernisme et tradition dans luvre de Mies van der Rohe 1920-1968,op. cit., pp. 54-56.

    Le travail sur le joint creux entre le profil mtallique qui constitue larte delangle et le remplissage de briques rappelle tout particulirement le thme uti-lis pour lAltes Museum. Ce dtail de langle transmet lextrieur lide ducadre mtallique de la structure, voquant par la platine son encastrement dans

    le sol et par le joint creux sa sparation davec les contreventements enbriques.J.-L. Cohen, Mies van der Rohe, Editions Hazan, 1994, p. 88.

    En haut : faades du Mineral andMetal Research Building, (1942-43) et du Alumni Memorial Hall(1945-46), I.I.T., Chicago. En bas :angle du I.I.T. Navy BuildingAlumni Memorial Hall (1947) etdu Altes Museum (1822-30) de K.Schinkel, Berlin.

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    MIES VAN DER ROHE

    LA CONSTRUCTION ORIGINELLE

    Durant la priode amricaine, on assiste ainsi labandon des recherches

    spatiales noplastiques au profit dun recentrement sur le thme de la

    bote et de lidentification du btiment aux lments porteurs primaires

    les poteaux et les couvertures , recherche constructive et esthtique dont

    le paradigme demeure la Villa Edith Farnsworth, Plano, Illinois (1945-

    1950). En effet :

    Dans la Villa Farnsworth de Mies, limage et les donnes constructives conci-

    dent. La Villa est le domino version mtal. Chaque dtail renvoie aux carac-tres propres de ce type de construction: la saillie des dalles renvoie lutilisa-tion optimale des traves continues; la jonction tangente du poteau et de lapoutre, aux modalits dassemblage de la construction mtallique. A commen-cer par la structure portante jusquaux huisseries, la construction parle delle-mmeB. Reichlin, International Style in P. Pellegrino (sous la direction de), Figures architectu-rales, formes urbaines, Anthropos, Genve, 1994, p. 465.

    Villa Farnsworth (1945-50),Plano, Illinois: plan et faadedentre.

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    MIES VAN DER ROHE

    LESSENCE DE L ARCHITECTURE

    La recherche de lessence de larchitecture par des espaces connotation

    universelle pouvant accueillir lvolution des fonctions: cest certainement

    dans le Crown Hall (1950-56) du I.I.T. que cette ide dun grand espace o

    tout est possible trouve son paroxysme, malgr la remarque pertinente de

    Colin Rowe que le Crown Hall est probablement un modle trop pur pour

    tre utile (C. Rowe, Neo-classicisme et architecture moderne II , op. cit.).

    Comme vous le voyez, tout le btiment est un grand espace unique. Nous

    pensons quil sagit l de la voie architecturale la plus conomique et la plus pra-tique aujourdhui. Les fonctions au service desquelles est ce btiment changentsans cesse, et nous ne pouvons pas nous permettre de dmolir le btiment chaque fois. Cest la raison pour laquelle nous avons revisit la formule deSullivan Form follows Function et construit un espace pratique et cono-mique dans lequel nous avons intgr les fonctions. Mies cit dans C. Norberg-Schulz, Conversation avec Mies van der Rohe ,L Architecture daujourdhui, n 79, 1958.

    Crown Hall (1950-56), I.I.T.,Chicago: plan et faade dentre.

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    MIES VAN DER ROHE

    LAUDACE CONSTRUCTIVE DU GRATTE-CIEL

    Mies accorde un intrt particulier au traitement architectural de certains

    types architecturaux comme le gratte-ciel dont il apprcie lexprience tec-

    tonique et esthtique de ces structures ponctuelles grandioses se dres-

    sant vers le ciel.

    Les gratte-ciel ne montrent leur audace constructive que lorsquils sont enchantier: leur ossature en acier dresse vers le ciel produit alors une impressiongrandiose. Ds que les faades sont maonnes cette impression est abolie. La

    pense constructive, fondement indispensable de la cration artistique, dispa-rat, gnralement touffe sous un fatras formel absurde et trivial. Dans lemeilleur des cas, cest limportance des dimensions qui fait encore impression;et pourtant ces btiments auraient pu tre autre chose que de simples manifes-tations de notre savoir-faire technique. Mais, pour cela, il faudrait cesser des-sayer de rsoudre les problmes nouveaux avec des formes traditionnelles,mais au contraire tenter de dgager des formes de lessence profonde de notrenouvelle mission.Mies van der Rohe, Gratte-ciel publi in F. Neumeyer, Mies van der Rohe. Rflexionssur lart de btir, op. cit. (1922).

    Les tours du 860-880, LakeShore Drive, Chicago: enconstruction (1950), acheves(1951).

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    MIES VAN DER ROHE

    CONSTRUCTION ET EXPRESSION ARCHITECTURALE: LA QUESTIONDU MENSONGE CONSTRUCTIF

    Le traitement architectural des tours du Lake Shore Drive pose nanmoins

    un autre problme, celui de la vrit constructive. Suivant les traces de

    Peter Behrens, qui, dans le traitement des angles de la Turbinehalle, mettait

    en exergue la rhtorique formelle au dtriment de la logique constructive,

    Mies sapproche-t-il de ce quHendrick Petrus Berlage intitulait un men-

    songe constructif , sacrifiant la ralit au dsir de lapparence ?

    Dans cette optique, faut-il reconnatre une dimension reprsentative en

    contradiction avec la vrit structurelle, comme semble lindiquer le cas

    des raidisseurs de faades des tours de Lake Shore Drive, Chicago, qui

    sappliquent non seulement aux lments de fentres mais aussi aux rev-

    tements en tle des piliers, quittant ainsi le champ de la logique constructi-

    ve ? Ou, au contraire, est-on en prsence dune authentique logique de la

    construction, l o les donnes constructives faonnent de faon exhausti-

    ve limage extrieure du btiment? Mies semble plutt accrditer la pre-

    mire hypothse quand il affirme :

    Il tait trs important de conserver et dtendre le rythme cr par les profilsdes meneaux au reste du btiment. Nous nous en rendmes compte en regar-dant la maquette sans que le profil soit pos sur le pilier dangle et cela navait

    pas lair correct. Bien sr, lautre raison tait que cette section dacier taitncessaire pour raidir la plaque qui couvrait le pilier afin quelle nondule pas etnous en avions besoin pour renforcer les lments lors du montage. Cest uneexcellente raison, bien sr, mais cest lautre qui est la bonne.Mies van der Rohe cit dans J.-L. Cohen, Mies van der Rohe, op. cit., p. 100 (1952).

    Les tours du 860-880, Lake ShoreDrive, Chicago: vue fuyante de lafaade et plan de dtail.

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    MIES VAN DER ROHE

    LORDRE

    La construction ne dtermine pas seulement la forme, mais elle est la formemme. Lorsquune construction vritable rencontre un contenu vritable, il enrsulte des uvres vritables, des uvres vritables et conformes leuressence. Celles-ci sont ncessaires. Elles sont ncessaires en elles-mmes eten tant qulments dun ordre vritable. On ne peut ordonner ce qui est djordonn en soi. Lordre dpasse lorganisation. Lorganisation consiste dfinirdes fonctions.

    En revanche, lordre consiste donner un sens. Si nous traitions chaque choseconformment son essence, les choses sorganiseraient delles-mmes selonlordre qui est le leur et cest seulement partir de ce moment quelles seraiententirement ce quelles sont. Alors seulement elles atteindraient rellement leur accomplissement. Le chaos dans lequel nous vivons cderait la place lordre et le monde redeviendrait signifiant et beau.Mies van der Rohe, Confrence Chicago, date inconnue, publi dans F. Neumeyer, Miesvan der Rohe. Rflexions sur lart de btir, op. cit., pp. 320-321.

    Le Seagram Building (1958),New York.

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    MIES VAN DER ROHE

    Ecrits sur Mies van der Rohe

    P. Johnson, Mies van der Rohe. Secker and Warburg, London, 1947. C. Rowe, The Mathematics of the Ideal Villa,The Architectural Review, n 101, 1947.Traduction franaise: Mathmatique de la villa idale in Mathmatique de la villa ida-le et autres essais, Hazan, Paris, 2000. W. Blaser, Mies van der Rohe. Die Kunst der Struktur. Verlag fr Architektur, Zrich, 1965. W. Blaser, Mies van der Rohe. Artemis, Zrich 1968. A. Spenger, Mies Van der Rohe. The Art institute of Chicago, Chicago, 1968. L. Glaeser, Ludwig Mies Van der Rohe. Furniture and Furniture Drawings from the DesignCollection of the Museum of Modern Art, catalogue de lexposition, New York, 1968. M. Pauley, Mies Van der Rohe, Thames and Hudson, London, 1970. P. Carter, Mies van der Rohe at Work, Pall Mall Press, London, 1974. W. Blaser, Mies van der Rohe, Lehre und Schule. Birkhuser Verlag, Basel, 1977.

    W. Blaser, Mies Van der Rohe, Continuing the Chicago School of Architecture. Birkhu-ser Verlag, Basel 1981. F. Schulze, A Critical Biography, Chicago Un. Press, Chicago, 1985. D. Spaeth, Mies Van der Rohe(preface by Kenneth Frampton), Rizzoli, New York, 1985. W. Tegethoff, Mies Van der Rohe, the Villas and the Country Houses, MOMA, New York.1985. Mies Van der Rohe: European Works, Academy Editions, London, 1986. W. Blaser, Mies van der Rohe, Less is More, Waser verlag, Zrich, 1986. Mies van der Rohe, sa carrire, son hritage et ses disciples, Editions du CentrePompidou/CCI, Paris, 1987. F. Schulze, Mies van der Rohe. Critical Essays, MOMA, New York, 1989. F. Neumeyer, The Artless word: Mies Van der Rohe on the Building Art. MIT Press,Cambridge Mass., 1991. J.-L. Cohen, Mies van der Rohe, Editions Hazan, Paris, 1994. Mies van der Rohe, das Kunstlose Wort: Gedanken zur Baukunst, Wolf Jobst Siedler,Berlin, 1986. Traduction franaise dans F. Neumeyer, Mies van der Rohe. Rflexions surlart de btir, Le Moniteur, Paris, 1996.

    A propos de la Villa Farsworth

    L. Glaeser, Mies van der Rohe, Farsworth House, Plano, Illinois, 1945-1950, collectionGlobal Architecture, A.D.A. Edita, Tokyo, 1974. D. Lohan, Mies van der Rohe, Farsworth House, Plano, Illinois, 1945-1950, collectionGlobal Architecture Detail, A.D.A. Edita, Tokyo, 1976. B. Reichlin, International Style in P. Pellegrino (sous la direction de), Figures architec-turales, formes urbaines, Anthropos, Genve, 1994.

    A propos du Crown Hall

    Christian Norberg-Schulz, Conversation avec Mies van der Rohe , L Architecturedaujourdhui, n 79, 1958. C. Rowe, Neo-Classicim and Modern Architecture II, Oppositions, n 1, 1973(texte crit en 1956-1957). Traduction franaise: Neo-classicisme et architecturemoderne II in Mathmatiques de la villa idale et autres essais, Editions Hazan, Paris,2000.

    A propos des tours du Lake Shore Drive

    W. Blaser, Mies van der Rohe, Lake Shore Drive Apartments: High-Rise Building,Birkuser, Ble, 1999.

    Bibliographie