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    on aurait-il en tte laphorisme dAuguste Perret: Le grand architecte, cest celui qui prpare de belles ruinesAuguste Perret cit par R. Claude dans Auguste Perret et la demeure,urs, n 4, 1944. Lorsqu la fin de son mandat pour lOpra de Sydney, il compare, dans des propos amers et dsabuss, les futures ruines de lOpra celles, sublimes, du Chichn Itzn, quil a visit lors dun sjour au Mexique, en 1949. Comme il la affirm dans son texte Platforms and Plateaus de 1962, Utzon identifie la monumentalit la prennit du socle etublime avec le paysage, limage des plateformes qui accueillent des temples prcolombiens, o il remarque aussi limportance de la prsence monumentale des emmarchements et

    e entre la base solide et la lgret des constructions quelle accueille.La plateforme est un lment architectural fascinant. Jai t pour la premire fois fascin par ces plateformes loage dtude au Mexique, en 1949, o jai dcouvert plusieurs variations de lide et de la dimension de ces lments. Ils irradient une grande force.J. Utzon, Platforms and Plateaus: Ish Architect, Zodiac, n 10, 1959.Ces principes fondent en quelque sorte la monumentalit de lOpra de Sydney: un socle surlev accueille des coques nervures, inspires du mone et dont la fragilit, par contraste, est une rponse motionnelle et romantique aux lments du monde naturel. Les votes se fondent avec les nuages, en lvitation au-dessus de la be porte des votes dUtzon est, comme dans le cas de la structure mtallique de Kahn, un travail remarquable dingnierie. Mais dans cette analogie entre la structure des votes et les, nous pouvons revenir linterprtation organiciste et romantique que fait Viollet-le-Duc de larchitecture gothique quand il affirme:De mme quen voyant la feuille dune plante, on eentire (...) de mme en voyant un profil, on en dduit les membres darchitecture; le membre darchitecture, le monument.Ds les annes quarante, la ncessit de dpasser le fon

    mation des valeurs esthtiques et humanistes amne lhistorien Sigfried Giedion, associ Jos-Luis Sert et Fernand Lger, prconiser lmergence dune Nouvelle Monumentalitorme dun manifeste et cense reprsenter la troisime tape du mouvement moderne, aprs celles de la cellule du logement et de la planification.Pour les auteurs de ce manifeste,sisont crs pour exprimer la conscience sociale et la vie collective dun peuple, celui-ci exigera quils ne soient pas simplement fonctionnels. Il demandera quil soit tenu compte, dans leesoin de monumentalit et dlvation de lme.S. Giedion, F. Lger et J.-L. Sert, Nine Points on Monumentality in S. Giedion, Architektur und Gemeinschaft, Rowohlt Verlag, Hambpour certains architectes qui sestiment proches de la modernit des annes vingt, le terme monumentalit a une connotation ngative car il reprsente la fois le symbole de la puologie des tats totalitaires et le retour aux valeurs de lacadmisme. Peut-on faire des monuments et rester fidle aux acquis du mouvement moderne? Quest-ce qui caractrise un

    me sicle?Ces questions ne sont quune facette dun dbat complexe et parfois confus (surtout cause de la difficult de dfinir de faon prcise ces notions) consacr la significatiture publique de laprs-guerre. La revue anglaise The Architectural Review consacre le numro de septembre 1948 un symposium, auquel participent G. Paulsson, H.-R. Hitchcock,on, W. Gropius, L. Costa et A. Roth, qui fait surtout ressortir des points de vue contrasts sur les formes aptes exprimer la monumentalit.A ce sujet Walter Gropius sexclame,Le viymbole dune conception statique du monde, dpasse aujourdhui par la relativit et par des nergies changeantes. Je crois, ds lors, que lexpression de la monumentalit est en trair vers un nouveau modle correspondant une forme leve de la vie civique, un modle caractris par la flexibilit, la croissance continue et le changement.W. Gropius, discours lorum In search of a new monumentality, The Architectural Review n 621, 1948.La question de la monumentalit est pralablement pose loccasion du scandale provoqu par le clasntal et dcoratif du sige de lentreprise ptrolire Shell, termin en 1942 par larchitecte hollandais Jacobus Johannes Pieter Oud La Haye. Pour la composition de ldifice, Oud saprincipes classiques comme la symtrie et les tracs rgulateurs et semble ngliger les critres usuels dutilit et de fonctionnalit, ce qui lui vaut lincomprhension de la plupart des cri lvolution de larchitecture moderne de limmdiat aprs-guerre.Pour OudLa vraie architecture ancienne et nouvelle peut et doit crer de lmotion. En dautres termes, elle doit tra

    esthtique de lun (larchitecte) lautre (celui qui regarde).J.-J. P. Oud, Mr. Oud replies, Architectural Record, mars 1947.La vraie architecture doit crer de lmotion: ces mots rament le passage du texte Architecture de 1910, dans lequel Adolf Loos attribue larchitecte la tche de provoquer des motions justes figures par des images vocatrices comm

    oit vous dire: dpose ton argent, il sera bien gard. A. Loos, Architecture (1910) in Paroles dans le vide, Malgr tout, ditions Ivrea, Paris, 1994.En voquant les motions quun objler, Loos et Oud posent, quelques dcennies dintervalle, un mme problme, celui du caractre du btiment. Ils renvoient ainsi la thorie des caractres du 18me sicle et lartser qui, comme laffirme Quatremre de Quincy, est lartde rendre sensibles, par les formes matrielles, les qualits intellectuelles & les ides morales qui peuvent sexprimer dans lere connatre, par laccord & la convenance de toutes les parties constitutives dun btiment, sa nature, sa proprit, son emploi, sa destination.Quatremre de Quincy, Encyclopdie mge, 1788.Et cest justement parce quil part du postulat quune construction doit provoquer des sentiments et exprimer, travers sa forme, son rle dans la socit quOud renonce, drente, au paradigme machiniste et industriel de la modernit pour revenir aux formes habituelles de reprsentation des programmes publics. Ce qui lamne dire, de faon laconique,urs: Je dois avouer que je ne crois pas quon puisse appliquer les formes des maisons ouvrires et des usines aux immeubles de bureaux, aux Htels de Ville et aux glises.J.J.P. Oues Architectural Record, mars 1948.Dans limmdiat aprs-guerre, la Monumentalit va faire lobjet dune profusion de dfinitions auxquelles Louis Kahn rpond par cette affirmation:ntalit est nigmatique... et on ne peut pas la crer volontairement.Louis I. Kahn, Monumentality in Paul Zucker (d.), New Architecture and City Planning, Philosophical Library, Ne

    hn illustre son texte sur la Monumentalit par deux esquisses: dans lune il dessine un centre civique, un espace couvert par une structure mtallique de trs grande porte, rendant ainoits techniques obtenus par lemploi de ce matriau. La monumentalit de cet espace rside dans le sentiment provoqu par la grande porte, sa hauteur corrlative, et dans son rappor

    ge naturel.Dans lautre esquisse, Kahn reprsente une structure no-gothique en mtal en regard de la construction de la cathdrale de Beauvais, recopie du livre de Choisy. Cest surmage que Kenneth Frampton fait remarquer que Kahn identifie la monumentalit la tectonique, dans une relation dialectique propre exprimer la qualit spirituelle de larchitecture, erincipe du rationalisme gothique et de la vrit structurelle de Viollet-le-Duc. A partir de cette esquisse, nous pouvons faire lhypothse que, pour Kahn, lidentification de la monumentalion de la structure primaire passe par lvocation du thme de la ruine et ses valeurs de prennit et de dure.Jrn Utzon aurait-il en tte laphorisme dAuguste Perret:Le grand archit

    ui qui prpare de belles ruinesAuguste Perret cit par R. Claude dans Auguste Perret et la demeure, Formes et Couleurs, n 4, 1944.lorsqu la fin de son mandat pour lOpra de Sye, dans des propos amers et dsabuss, les futures ruines de lOpra celles, sublimes, du Chichn Itz, dans le Yucatan, quil a visit lors dun sjour au Mexique, en 1949. Comme ilans son texte Platforms and Plateaus de 1962, Utzon identifie la monumentalit la prennit du socle et la relation sublime avec le paysage, limage des plateformes qui accueill

    ples prcolombiens, o il remarque aussi limportance de la prsence monumentale des emmarchements et du contraste entre la base solide et la lgret des constructions quelle acforme est un lment architectural fascinant. Jai t pour la premire fois fascin par ces plateformes lors dun voyage dtude au Mexique, en 1949, o jai dcouvert plusieurs variatiet de la dimension de ces lments. Ils irradient une grande force.J. Utzon, Platforms and Plateaus: Ideas of a Danish Architect, Zodiac, n 10, 1959.Ces principes fondent en quelq

    mentalit de lOpra de Sydney: un socle surlev accueille des coques nervures, inspires du monde organique et dont la fragilit, par contraste, est une rponse motionnelle et rom

    EPFL - ENAC - IA - LTH2

    Thorie de larchitecture V

    Professeur Bruno Marchand

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    Thorie de larchitecture V

    Professeur Bruno Marchand

    Assistant: Pierre Lauper

    mai 2003

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    LA MULTIPLICIT DESTENDANCES: LES ANNES

    1940, 1950 ET 1960.

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    Un regard autre

    Le regard que nous portons, travers ces douze cours, sur la thorie archi-

    tecturale et urbaine des annes 1940, 1950 et 1960, veut se distancer des

    clichs qui sont habituellement rattachs cette priode : ceux du fonction-

    nalisme abstrait, de la production de masse strotype.

    Les investigations font ressortir, au contraire, la richesse des penses

    contrastes, la qute des valeurs et des recherches formelles indites : le

    retour phmre de la monumentalit et de lhumanisme; laffirmation desrgionalismes et linfluence du vernaculaire; la reconsidration du fonc-

    tionnalisme de lentre-deux-guerres; la multitude de tendances et dex-

    pressions potiques personnelles.

    Par ailleurs, nous assistons lavnement de phnomnes de socit qui

    nous concernent encore aujourdhui, avec souvent une intensit accrue : le

    paysage du bord de route, la mcanisation des objets quotidiens, la cultu-

    re de la consommation. De mme, plusieurs des notions abordes durant

    cette priode ont encore une actualit : lmergence dune dynamique des

    rseaux, linfluence des formes naturelles sur les recherches formelles,

    une certaine qute de laformalisme, entre autres.

    Enfin, il faut souligner une critique constante du plan libre : dans le plan

    neutre et universel de Mies van der Rohe, dans le plan centr et lex-pression de la pice de Louis Kahn, dans le plan dense et mtaphorique de

    la fort dAlvar Aalto, dans la dynamique cellulaire de James Stirling,

    dans les espaces de transition dAldo van Eyck, enfin, dans les mat-buil-

    dings, les web, les stem des membres du Team 10 et, en particulier,

    dAlison et Peter Smithson.

    Bruno Marchand, mai 2003

    Introduction

    Afin de ne pas surcharger les notices bibliographiques, lanne ddition originale

    est indique entre parenthses, sans prcision de lditeur et du lieu ddition.

    Nota Bene

    LA MULTIPLICIT DESTENDANCES: LES ANNES

    1940, 1950 ET 1960.

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    EERO SAARINEN:LAPRS-MIES ET LE NOUVEAUBAROQUISME SCULPTURAL

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    En 1954, Sigfried Giedion crit deux articles successifs pour la revue The

    Architectural Record, dans lesquels il fait le point sur la situation de larchi-

    tecture contemporaine. Dans le premier texte, il revient sur la question du

    rgionalisme, par un contrepoint un peu tardif par rapport aux clbra-

    tions du Style international; dans le second il pose une question nigma-

    tique, celle du besoin de limagination . Derrire cette question se profile

    le souhait dune nouvelle re dinnovation et dexprimentation car:

    Limagination repose sur la capacit de reprsenter concrtement de nou-

    velles notions esthtiques ou intellectuelles. Limagination cre des objets quinexistaient pas jusque-l (...) et est la racine de toute ide cratrice dun senti-ment. Selon quun difice sera ou non rempli dimagination, il irradiera une forcesusceptible dmouvoir ceux qui le regarderont.S. Giedion, Sur le besoin dimagination in Architecture et vie collective, EditionsDenol-Gonthier, Paris, 1980 (1954), p. 156.

    Evoquant limagination spatiale, Giedion fait rfrence aux systmes de

    couverture des espaces usage collectif les intrieurs des glises, salles

    de runion, de concert, etc. l o il est ncessaire de dpasser laspect

    purement fonctionnel pour atteindre les motions et les sentiments.

    Il sagit de donner forme un vaste espace clos devant servir lexpressiondes plus hautes aspirations humaines. () En un mot: il sagit du problme de

    la vote.Ibidem, p. 18.

    Dans le domaine artistique, les coques spatiales de Naum Gabo et les

    surfaces dveloppables dAntoine Pvesner font cho aux recherches

    plastiques architecturales. Dans le champ de la modernit architecturale, si

    les exemples sont nombreux partir de la fin des annes 1950, le paradig-

    me demeure lEglise de Ronchamp de Le Corbusier.

    Page de gauche: Antoine Pvesner,maquette pour la construction deMonde(1946). Ci-dessous: NaumGabo, projet pour le Palais desSoviets (1932), Moscou.

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    DE LHRITAGE DE MIES AUX SCULPTURES ARCHITECTURALES

    Eero Saarinen est lun des chefs de file ayant pos des jalons pour

    rsoudre de faon spectaculaire et sculpturale le problme de la vote

    voqu par Sigfried Giedion. Tel une star,

    (...) il traverse la dcennie, applaudi au dpart par les modernistes voyant enlui un des chefs de file de la gnration des continuateurs miesiens (), puispar les revues avec ses recherches formelles renouvelles () et par lAmriquetoute entire quand slve lArche monumentale de Saint-Louis partir de1961.D. Rouillard, Organique et fonctionnel in Les annes 50, Centre GeorgesPompidou/CCI, Paris, 1985, p. 495.

    Dans lArche de Saint-Louis (1947-1964), Saarinen apporte la preuve de sa

    matrise formelle, la fois sculpturale et architecturale, allie lemploi de

    nouveaux matriaux comme lacier inox. Sa rputation va pourtant sta-

    blir un peu plus tard avec un projet salu comme un Versailles

    industriel , o il rend hommage la discipline architecturale de Mies van

    der Rohe : le centre technique de la General Motors (1948-1956), Warren,

    Michigan. Pour Saarinen, le programme appelait en effet lexpression

    dun classicisme industriel, distinct de lapproche romantique et organique

    tablie au pralable par son pre Eliel Saarinen. Comme lexplicite Henry-Russell Hitchcock:

    Ctait la discipline miesienne qui convenait le mieux pour ordonner un tel pro-jet, tant au niveau du planning global que du vocabulaire structural caractris-tique relevant de lemploi du mur-rideau.H.-R. Hitchcock, Architecture : dix-neuvime et vingtime sicles, Pierre Mardaga diteur,Bruxelles, Lige, 1981 (1958), p. 593.

    Malgr ladoption dun langage architectural proche de celui de Mies, une

    analyse plus profonde de luvre fait ressortir quelques signes caractris-

    tiques dune interprtation personnelle qui vogue dj vers dautres

    rivages :

    Saarinen semparait du modle des btiments du I.I.T., amincissait lesmeneaux, tendait le mur-rideau, allgeait lallg, composait plus symtrique-ment; dautre part, il substituait aux couleurs dorigine des briques aux tonsdorange brle et de bleu, trs brillantes, rappelant les faences perses.D. Rouillard, Organique et fonctionnel, op. cit., p. 496.

    Jefferson National ExpansionMemorial Gateway Arch(1947-64), Saint-Louis, Missouri.Page suivante : plan etdiffrentes vues de la GeneralMotors (1948-56), Warren,Michigan.

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    LE DME DU M.I.T.

    Avec la construction de lauditorium Kresge du M.I.T. (1950-1955), Saarinen

    affirme son appartenance une gnration darchitectes qui refuse de croi-

    re que :

    (...) lentire architecture moderne (..) ne puisse pas tre contenue dans lemme style universel prconis par les puristes miesiens et qui a la convic-tion que le futur demeure ouvert lexploration de nouvelles formes et nou-veaux principes.

    L. Lessing, The diversity of Eero Saarinen, Architectural Forum, juillet 1960.

    Aprs la General Motors, il soriente ainsi vers une recherche formelle o :

    lexpression plastique compte au moins autant que le point de vue fonctionnel[et] doit affirmer la fois son poque et le mode constructif adopt. Saarinen et Associs, architectes, F. Severud, ingnieur, Patinoire D.-S. Ingalls, YaleUniversity, New Haven, U.S.A., L Architecture daujourdhui, n 76, 1958, pp. 45-46.

    La rception critique de cet ouvrage est pour le moins controverse. Colin

    Rowe voque un no-classicisme douteux , louvrage tmoignant la

    fois de la recherche

    (...) dun contrle volumtrique idal () dune prfrence pour lespace cen-tralis () et de conceptions urbaines et technocratiques plutt que rustiqueset artisanales.C. Rowe, Neo-classicisme et architecture moderne II in Mathmatiques de la villaidale et autres essais, Editions Hazan, Paris, 2000 (1956-1957), p. 176.

    Pour Eugenio Montuori, Saarinen prconise un total irrationalisme , et

    la confusion est totale ; pour Pier Luigi Nervi, le report des charges dun

    dme sur trois points est une extravagance ; enfin pour Bruno Zevi,

    lauditorium du M.I.T. est significatif de limpasse figurative ou mme de

    la crise morale actuelle. ( Three Critics discuss M.I.T.s New Buildings ,

    Architectural Forum, mars 1956.)

    M.I.T. : masse, plan et coupe de

    lauditorium. Page suivante : vueextrieure de lensemble etintrieur de la chapelle.

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    LES AILES DE LA TWA: DE LA FORME BAROQUE LEXPRES-SION DU SIGNE

    Le terminal de la TWA New York (1956-1962) est certainement le projet

    dEero Saarinen le plus abouti dans les recherches des volumes sculptu-

    raux en bton. Cest une sorte de design total qui fait voluer le voyageur

    dans un espace fluide et dynamis par les formes obliques et par les

    masses mouvementes des coques en bton. Pour Eero Saarinen, un des

    enjeux de la TWA est de

    (...) projeter un btiment dans lequel larchitecture exprime les sensations du

    voyage. Ds lors, nous avons voulu que larchitecture fasse ressortir le caract-re du terminal, pas comme un espace statique et clos, mais plutt comme unlieu de transition et de mouvement.Recent Work of Eero Saarinen, Zodiac, n 4, 1959, p. 54.

    La TWA voque ainsi un imaginaire li au mouvement et au voyage. Sa

    recherche formelle prsente aussi des similitudes avec celle des

    (...) architectes baroques qui luttaient avec le mme problme, crer un espa-ce dynamique. Dans les limites imposes par lordre classique et leur technolo-gie, ils essayaient de voir jusqu quel point ils pouvaient exprimer une architec-ture non-statique . Dans la TWA, nous avons essay, en partant de la disciplineimpose par la vote en bton, datteindre cette qualit non-statique . Dansun sens, nous sommes en train de faire la mme chose, avec dautresmoyens.A. Saarinen (sous la direction de), Eero Saarinen on His Work, Yale University Press, NewHaven, 1962, p. 60.

    Pour Saarinen, le fait que, pour certains, le btiment ressemble un

    oiseau en vol est rellement une coincidence (ibidem, p. 60). Il faut nan-

    moins reconnatre que la forme du btiment voque cette mtaphore,

    devenant ainsi un signe qui renvoie dautres valeurs que la simple

    expression de la fonction. John Jacobus voque ce sujet

    (...) une architecture parlante ractualise, pas un style mais plutt, par uncurieux retour aux mthodes du dix-huitime sicle, une architecture littrairequi provoque des motions et des sentiments.

    J. Jacobus, Twentieth Century Architecture : The Middle Years 1940-65, Frederick A.Praeger, New York, 1966, p. 160.

    Terminal de la TWA (1956-62),aroport J.F.K., New York: plan etvues extrieures.

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    Ecrits de et sur Eero Saarinen

    E. Saarinen, The Six Broad Currents of Modern Architecture, Architectural Forum,juillet 1953. E. Saarinen, The Chanching Philosophy of Architecture, The Architectural Record,aot 1954. S. Giedion, The State of Contemporary Architecture, II The Need of Imagination,The Architectural Record, n 207, 1954. Traduction franaise: Sur le besoindimagination in Architecture et vie collective, Editions Denol-Gonthier, Paris, 1980. H.-R. Hitchcock, Architecture : Nineteenth and Twentieth Centuries, Penguin books,Harmondsworth, Baltimore, 1958. Traduction franaise : Architecture : dix-neuvime etvingtime sicles, Pierre Mardaga diteur, Bruxelles, Lige, 1981. Recent Work of Eero Saarinen, Zodiac, n 4, 1959. P. Carter, Eero Saarinen 1910-1961, Architectural Design, dcembre 1961.

    A. Saarinen (sous la direction de), Eero Saarinen on His Work, Yale University Press,New Haven, 1962. A. Temko, Eero Saarinen, Georges Braziller, New York, 1962. W. McQuade Eero Saarinen, a Complete Architect, Architectural Forum, avril 1962. J. Jacobus, Twentieth Century Architecture : The Middle Years 1940-65, Frederick A.Praeger, New York, 1966. A. O. Dean, Eero Saarinen in Perspective, AIA journal, n 13, 1981. P. Papademetriou, Coming of Age. Eero Saarinen and Modern American Architecture,Perspecta, n 21, 1984. Eero Saarinen and his Works, A+U, avril 1984. J. Peter, The Oral History of Modern Architecture, Harry N. Abrams, New York, 1994.

    A propos de la General Motors

    GM nears completion, Architectural Forum, novembre 1954. GMs industrial Versailles, Architectural Forum, mai 1956.

    A propos du M.I.T.

    M.I.T. dedicates New Auditorium, Architectural Forum, juillet 1954. Three Critics discuss M.I.T.s New Buildings , Architectural Forum, mars 1956. C. Rowe, Neo-Classicim and Modern Architecture II, Oppositions, n 1, 1973(texte crit en 1956-1957). Traduction franaise: Neo-classicisme et architecturemoderne II in Mathmatiques de la villa idale et autres essais, Editions Hazan, Paris,2000.

    A propos de la TWA

    Shaping a Two-Acre Sculpture, Architectural Forum, aot 1960. Landmarks: TWA Terminal, Progressive Architecture, n 5, 1992. P. Papademetriou, TWAs Influence , Progressive Architecture, n 5, 1992. C. H. Leubkeman, Form Swallows Function, Progressive Architecture, n 5, 1992.

    Bibliographie

    Terminal de la TWA (1956-62),aroport J.F.K., New York.