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Gay / Pepusch The Beggar’s Opera 1 Gay & Pepusch Ballad opera de John Gay et Johann Christoph Pepusch Nouvelle version de Ian Burton et Robert Carsen Création le 20 avril 2018 au Théâtre des Bouffes du Nord OPERA THE BEGGAR’S

THE BEGGAR’S OPERA - angers-nantes-opera.com · Gay / Pepusch The Beggar’s Opera 6 Acte I Peachum, un receleur, fait ses comptes et nous présente l’équipe de bandits contrôlée

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Gay / Pepusch The Beggar’s Opera1

Gay & PepuschBallad opera de John Gay et Johann Christoph Pepusch

Nouvelle version de Ian Burton et Robert CarsenCréation le 20 avril 2018 au Théâtre des Bouffes du Nord

OPERA

THEBEGGAR’S

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera2

ANGERSGrand Théâtre

mercredi 7 novembrejeudi 8 novembre

vendredi 9 novembre

NANTESThéâtre Graslin

mardi 11 décembremercredi 12 décembre

jeudi 13 décembrevendredi 14 décembre

RENNES Opéra

mercredi 16 janvierjeudi 17 janvier

vendredi 18 janviersamedi 19 janvier

Tournée régionale en Pays de la Loire

Du 7 novembre au 14 décembre 2018, Angers Nantes Opéra sera présentdans 6 villes des Pays de la Loire du territoire

(Angers, Saint-Nazaire, Le Mans, La Roche-sur-Yon, Laval et Nantes) avec la tournée régionale de The Beggar’s Opera.

Cette opération, soutenue par la Région, permet la diffusion d’un spectaclelyrique au plus près des habitants des Pays de la Loire. C’est en effet une

volonté régionale forte d’irriguer l’ensemble du territoire et de permettre àtous les Ligériens d’accéder à des propositions artistiques d’excellence.

Tout le programme sur www.culture.paysdelaloire.fr

À Nantes, les représentations de The Beggar’s Opera s’inscrivent dans la programmation de Baroque en scène.

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera3

Mr. Peachum Robert Burt

Mrs. Peachum / Diana Trapes Beverley Klein

Polly Peachum Kate Batter

Macheath Benjamin Purkiss

Lockit Kraig Thornber

Lucy Lockit Olivia Brereton

Jenny Diver Lyndsey Gardiner

Filch / Manuel Sean Lopeman

Matt Gavin Wilkinson

Jack / Le gardien de prisonTaite-Elliot Drew

Robin Wayne Fitzsimmons

Harry Dominic Owen

Molly Natasha Leaver

Betty Emily Dunn

Suky Louise Dalton

Dolly Jocelyn Prah

Et les musiciens de l’ensemble Les Arts Florissants

Recherches musicales Anna Besson et Sébastien Marq

Édition musicale Pascal Duc (Les Arts Florissants)

Décors réalisés par les ateliers d’Angers Nantes Opéra

Mise en scène Robert Carsen

Conception musicale William Christie

Direction musicale et clavecin Florian Carré (Grand Théâtre d’Angers)Marie Van Rhijn (Théâtre Graslin de Nantes)

Scénographie James Brandily

Costumes Petra Reinhardt

Chorégraphie Rebecca Howell

Lumières Robert Carsen et Peter van Praet

Dramaturgie Ian Burton

Collaboration à la mise en scène Christophe Gayral

Assistant à la mise en scène Stéphane Ghislain Roussel

Création maquillage/coiffures Marie Bureau du Colombier

Création sonLéonard Françon

Directeur de casting David Grindrod CDG

SurtitrageRichard Neel

Stagiaire costumes Jana Höreth

Stagiaire scénographie Ava Rastegar

Opéra en anglais avec surtitres en françaisDurée estimée : 1h50 sans entracte

Production : C.I.C.T. - Théâtre des Bouffes du NordCoproduction : Les Arts Florissants avec le soutien de CA-CIB ; Angers Nantes Opéra ; Opéra de Rennes ; Les Théâtres de la Ville deLuxembourg ; Opéra Royal / Château de Versailles Spectacles ; Grand Théâtre de Genève ; Théâtre de Caen ; Edinburgh International Festival ; Festival di Spoleto ; Opéra Royal de Wallonie-Liège ;Centre Lyrique Clermont-Auvergne ; Opéra Royal de Wallonie – Liège ; Opéra de Reims/ La Comédie de Reims CDN ;Teatro Coccia, Novara ; Teatro Verdi, Pise ; Attiki cultural Society/Athènes ; Cercle des Partenaires des Bouffes du Nord.Avec le généreux soutien de la Fondation KT Wong

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera4

Alain Surrans Directeur général d’Angers Nantes Opéra

LES RAISONSD’UNE ŒUVRE

Matthieu Rietzler Directeur de l’Opéra de Rennes

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera5

Nous voilà donc face à ce qu’on peut considérer comme la toute première comédie musicale de l’histoire ! Non pas une parodie comme celles qui fleurissaient en France, à l’époque, pour railler les tragédies lyriques de Lully, non pas une opérette, grotesque ou sentimentale, non pas une revue assemblant sans vraie continuité théâtrale des numéros chantés. Comme chez Gershwin, Cole Porter ou Bernstein, The Beggar’s Opera nous raconte une histoire qui nous parle et intègre dans sa trame des musiques qui nous parlent tout autant, des ballads aisément reconnaissables par tous. Pourtant cet ouvrage devrait sembler bien éloigné de nous, au moins dans le temps, puisqu’il remonte aux années 1720, il y a trois siècles exactement. Par quel prodige rentrons-nous de plain-pied, sans aucune difficulté, dans l’univers de Pepusch et Gay, ses auteurs ?

La première raison tient au sujet, bien sûr. Loin des évocations légendaires et historiques chères à l’opéra, nous sommes trans-portés dans les bas-fonds de Londres, un monde de « gueux » (beggars) dont on doit bien dire qu’il n’a guère changé depuis lors. La rencontre des trafics les plus divers avec la prostitution, allant de pair avec la corruption des représentants de l’ordre et de la justice, tout cela nous est on ne peut plus familier, grâce au cinéma surtout. Dans les années 1920, Bertolt Brecht pourra reprendre toute la trame du Beggar’s Opera pour en faire celle de son Opéra de quat’sous, œuvre justement saluée pour sa modernité, mais à laquelle les chansons de Kurt Weill allaient assurer une popularité qui ne s’est jamais démentie depuis lors.

C’est bien du côté de la musique que se joue l’accès si aisé au Beggar’s Opera, et le metteur en scène Robert Carsen l’a parfaitement compris. Choisissant des comédiens qui sont aussi d’excellents chanteurs, il a fait d’eux de formidables équipiers pour les instrumentistes des Arts Florissants et s’est lui-même étroitement associé à William Christie pour aller vers le cœur de cet ouvrage décidément très singulier, très puissant par sa dimension musicale. En retrouvant la spontanéité d’une quasi-improvisation, en nous faisant entendre combien ces musiques du passé sont en fait un noyau de la musique populaire anglo-saxonne d’hier et d’aujourd’hui, ces artistes nous font ressentir ces ballads anciennes comme des chansons vivantes, gaies, violentes ou cafardeuses, des chansons que nous avons l’impression d’avoir fredonné depuis l’enfance. Un joli tour de force !

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera6

Acte I

Peachum, un receleur, fait ses comptes et nous présente l’équipe de bandits contrôlée par le criminel Macheath. Il explique à l’un d’entre eux, Filch, sa propre théorie sur la corruption quotidienne et son travail auprès de ses prostituées.

Survient sa femme, Mrs. Peachum, et la conversation tombe sur Macheath, dont leur fille Polly, pense-t-elle, doit être fort éprise. Le couple s’inquiète d’une alliance matrimoniale avec ce bandit, peut-être désargenté par trop de liaisons amoureuses. Leurs craintes se confirment par Polly elle-même, qui avoue entre temps s’être mariée avec Macheath. Les Peachum lui recommandent le seul bon remède à la situation : un prompt veuvage déclenché par la pendaison de son mari ! Impuissante à détourner ses parents d’un projet qui, affirme-t-elle, la tuera du même coup, Polly avertit Macheath. Amoureux, ils conviennent à grand peine de se séparer.

Acte II

Dans un tripot tenu par Diana Trapes, les comparses de Macheath sont en train de boire en attendant une expédition nocturne. Macheath entre et les avertit qu’en raison d’un léger désaccord avec Peachum il ne sera pas des leurs cette nuit. Resté seul, Macheath, qui préfère de loin la compagnie des dames, se voit comblé par une horde de prostituées, Jenny Diver en tête. Elles le cajolent, tout en complotant finalement sa capture. Macheath est ainsi livré à Peachum, qui a fait irruption accompagné d’agents de police qui emmènent le prisonnier.

L’HISTOIRE

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Dans sa prison, Macheath s’épanche avec aigreur sur les femmes. La perte de sa liberté se complique avec l’arrivée de Lucy Lockit, la fille du directeur de la prison. Macheath l’a jadis séduite et Lucy, qui attend un enfant de lui, l’accable de reproches et l’accuse surtout d’avoir épousé Polly Peachum. Macheath se défend en protestant que cette histoire de mariage est une invention de Polly. Quand cette dernière arrive pour revendiquer le prisonnier comme son propre mari, Macheath cherche en vain à calmer les deux furies jusqu’à ce que surviennent les pères qui entraînent de force leurs filles respectives. Plus tard Lucy, séduite à nouveau par Macheath, vole les clés de la cellule à son père et libère son amant.

Acte III

Lucy regrette amèrement son geste car l’ingrat a rejoint à nouveau Polly. Peachum et Lockit trinquent au business et réfléchissent comment, grâce à l’aide des prostituées, ils pourraient mettre la main sur Macheath. Grâce au concours de Jenny ils font alors arrêter à nouveau Macheath. Lucy reçoit Polly avec l’intention de l’empoisonner, mais son plan est interrompu quand les deux filles apprennent que Macheath va être pendu. Dans sa cellule, Macheath vit le tourment d’un condamné à mort. Ses deux fiancées viennent lui faire leurs adieux, car rien ne semble devoir sauver Macheath. Quand, au comble de l’angoisse, la cloche des pendaisons se met à sonner… miracle : Macheath est gracié !

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Avec une soixantaine d’airs directement inspirés de chansons populaires (ou « ballads » en anglais), The Beggar’s Opera n’est donc pas un opéra au sens strict du terme mais un ballad opera. Ce genre nouveau a été pensé par John Gay en réaction aux opéras italiens qui, depuis l’arrivée de Handel en Angleterre, avaient totalement inondé les scènes londoniennes. Fini les récitatifs, place aux dialogues parlés, comme au théâtre. Fini les dieux de la mythologie éloignés de notre réalité, place aux personnages de la vie de tous les jours… y compris aux mœurs parfois douteuses.

1- The Beggar’s Opera est une œuvre satirique avant tout. Au fil de l’intrigue, le gouvernement britannique, avec à sa tête le Premier ministre Robert Walpole, en prend méchamment pour son grade. Au-delà de la question de la corruption que John Gay cherchait à montrer du doigt, on peut voir dans cette attaque une manière pour lui de se venger de n’avoir jamais eu de poste stable, contrairement à la majorité des poètes de son temps. Loin de craindre la censure, il est allé jusqu’à intituler l’une de ses chansons « Walpole or The Happy Clown » (Walpole ou le clown heureux). Pas sûr que le Premier ministre l’ait bien pris...

Une œuvre subversive

Un esprit pop

CHOSES À SAVOIR SUR

THE BEGGAR’S OPERA

2-

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3- Le caractère populaire et l’aspect satirique de son intrigue font de The Beggar’s Opera l’un des plus grands succès théâtraux du XVIIIe siècle. Une phrase célèbre résume bien le tout : « Il fit de Rich (directeur du théâtre ayant produit The Beggar’s Opera) un homme gai, et de Gay un homme riche. » Ce succès s’est traduit par de nombreuses imitations et adaptations, notamment par de grands noms de la musique tels que Kurt Weill ou encore Benjamin Britten.

The Beggar’s Opera est le résultat d’une belle complicité entre John Gay et John Christopher Pepusch. Tandis que le premier s’est chargé du texte, le deuxième s’est occupé de la musique. Pepusch a dû harmoniser toutes les chansons, leur trouver une introduction et une conclusion. Il a même été amené à écrire une ouverture à la française à la dernière minute, peu avant la première représentation de l’œuvre !

5- Une pièce de théâtre entrecoupée de chansons populaires, ça ne vous rappelle rien ? Si l’on trouve déjà les prémisses de la comédie musicale dans les semi opera et les masques de Handel, le ballad opera n’est pas sans rappeler ce genre dont le succès outre-Manche, et surtout outre-Atlantique, ne s’est jusqu’alors jamais démenti…

Un immense succès populaire

Le fruit d’une collaboration

L’ancêtre de la comédie musicale ?

4-

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William Christie

Directeur musical

Robert Carsen

Metteur en scène

DU JAZZ À LA SAUCE

XVIIIe SIÈCLE :

Une grande amitié lie William Christie et Robert Carsen depuis de nombreuses

années. Ensemble, ils évoquent la manière dont ils ont conçu, scéniquement

et musicalement, le Beggar’s Opera de Gay et Pepusch.

ENTRETIEN CROISÉ

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Comment vous est venue l’idée de monter The Beggar’s Opera ?

William Christie : Ce projet mijotait dans ma tête depuis une quarantaine d’années ! Je l’avais monté lorsque j’étais étudiant à Harvard et j’ai toujours caressé l’espoir de le remonter un jour. Mais je voulais aborder ce projet d’une manière tout à fait nouvelle. Il y a deux-trois ans, alors que nous discutions de ce que nous pourrions faire ensemble avec Robert Carsen, je lui ai dit : « Et pourquoi pas The Beggar’s Opera ? ». Nous trouvions intéressant de faire une œuvre satirique avec un orchestre de fortune, comme à l’époque, avec des musiciens qui improviseraient. L’idée était d’avoir quelque chose de très spontané dans la partie musicale avec des chanteurs qui ne seraient pas des chanteurs d’opéra mais des acteurs qui aiment chanter.

Robert Carsen : Pour ma part, je connaissais bien l’œuvre car je l’avais étudiée pendant mes études en Angleterre. J’étais extrêmement enthousiaste à l’idée de monter ce projet car The Beggar’s Opera est une œuvre qui m’intriguait beaucoup.

Des librettistes aussi, voire plus connus que le compositeur, vous en connaissez beaucoup ?

Bill : Oui, en particulier dans la tradition française. Un livret de Corneille était considéré à l’époque comme plus important que la musique. Par exemple, lorsque Lully a écrit ses comédies-ballets et ses tragédies, son nom était mentionné au même titre que son librettiste, Molière la plupart du temps. De même, sur la première page de la partition de Médée de Charpentier, le nom de Corneille est mentionné avant celui du compositeur. Cela montre le respect des Français pour le texte littéraire.

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The Beggar’s Opera est décrit comme un ballad opera. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce genre ?

Bill : The Beggar’s Opera est plutôt un anti-opéra. Ballad renvoie à une œuvre d’un genre populaire et dénué de sérieux. C’est une musique simple avec des mélodies très connues qui peut donc être facilement reconnue par un public très large, car c’est une musique que connaissent et chantent les amateurs. Gay avait dans l’idée de présenter au public londonien une œuvre qui se moque de l’engouement pour un art musical venant de l’étranger, l’opera seria de Handel. C’était une sorte de réponse anti-snob et anti-conformiste. L’on a coutume d’en parler comme de la première comédie musicale mais je pense que c’est un peu exagéré. Il est vrai que les ingrédients sont les mêmes - le parlé et la musique - mais les comédies musicales ont existé bien avant, notamment avec les semi opera et les masques de Handel.

Bob : Gay était un ami de Handel, mais il trouvait cet engouement ridicule et cet art, extravagant, avec ses rois, ses magiciens... Ce n’est sans doute pas la première comédie musicale, mais je la considère en tout cas comme la première comédie musicale Juke Box en ceci que l’œuvre utilise des chansons déjà existantes pour servir l’intrigue.

La tâche ne devait pas être simple, Handel était une vraie star à l’époque...

Bill : Ça dépend. En fait il y a eu des creux. Il y avait tout de même une certaine lassitude du public londonien, pour ne pas dire un ras-le-bol. Au fond, à ce moment-là, Gay a fourni au public exactement ce qu’il voulait. Avec en prime une saveur supplémentaire : un regard cruel sur la politique de l’époque. En effet, Gay a choisi en cela un sujet extrêmement pertinent et actuel. Et puis il avait le désir de se moquer de quelque chose, ce qui a toujours une très belle allure. Quand on voit l’histoire des

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œuvres satiriques et des attaques qu’elles contiennent, on voit très bien que c’est une façon de séduire. La classe populaire n’arrêtait pas de cibler ces gens-là. La tentative de censure de l’œuvre a échoué, le succès était au rendez-vous et même Walpole, le Premier ministre de l’époque, est venu assister au spectacle...

Quelle a été précisément votre approche pour concevoir The Beggar’s Opera ?

Bill : Tout d’abord, il faut rappeler que l’œuvre de Gay et Pepusch a été conçue sans aucune orchestration mais avec seulement une ligne mélodique et une ligne de basse. Tout le reste a été en quelque sorte bricolé. C’est aussi ce qui a laissé place à de nombreuses adaptations, la plus connue étant sans aucun doute celle de Kurt Weill avec son Opéra de quat’sous. C’est seulement peu de temps avant la première que Gay a eu l’idée d’ajouter des instruments car tout était chanté a capella. Il n’y a guère que l’ouverture où il y avait l’indication d’instruments. Parfois, nous avons respecté l’idée originale de plusieurs chansons a capella. Dans notre spectacle, chaque groupe de musiciens décide de quels instruments il y aura sur quelles chansons. Et ce qui est formidable c’est que chaque soir, ce sont les mêmes musiciens qui improvisent différemment. Bob : En relisant The Beggar’s Opera, j’ai compris que pour respecter l’esprit de l’œuvre, il fallait absolument actualiser le texte. C’est pourquoi avec Ian Burton, le dramaturge, nous avons transposé les dialogues du Londres de 1728 à notre époque. Nous avons repris le livret original en le suivant quasi à la lettre, avec les mêmes personnages, mais en utilisant un langage tout simplement moderne : le gouvernement de Walpole, le Premier ministre de l’époque, cédait sa place au gouvernement de Theresa May et tous ces gangsters autour d’elle...

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S’agissant de la mise en scène et des décors, je voulais que le spectateur soit plongé dans l’univers de la rue. L’idée des cartons m’est alors venue très rapidement. Enfin, je ne voulais pas que l’on comprenne qu’il y avait des musiciens : les pupitres, les chaises, etc., c’est quelque chose de très bourgeois qui est justement à l’opposé de l’esprit de ce que l’on appelle en anglais le rough street theater. Il était important pour moi que la mise en scène et les décors soient très basiques. C’est ça que le public doit immédiatement comprendre.

C’est la raison pour laquelle vous avez introduit de la danse hip-hop ?

Bob : Tout à fait. Il faut savoir qu’aucune musique de danse n’était prévue dans le Beggar’s Opera tel que conçu par Gay et Pepusch. C’est nous qui avons créé cela. Nous avons travaillé avec la chorégraphe Rebecca Howell qui vient du monde de la comédie musicale et son regard était essentiel parce que celui de quelqu’un qui ne pensait pas l’œuvre comme quelque chose de pur. On a souvent tendance à traiter cette musique avec des gants, à la vénérer comme quelque chose d’intouchable. Pourtant l’esprit de cette époque était beaucoup plus léger, et cette musique n’était pas quelque chose de rigide mais au contraire de très libre. Pour revenir à Rebecca Howell, elle était très à l’écoute et a cherché à donner une réponse intuitive à la musique. Avec cet esprit de rue et de cartons, l’idée de la danse hip-hop est alors venue assez naturellement.

Qui a eu l’idée de faire porter des lunettes de gangster à Bill Christie ?

Bob : C’est moi ! (Rires). Ce look lunettes noires / catogan, il adore ! Vous savez, nous avons commencé à travailler ensemble il y a de cela vingt-cinq ans, à Aix. C’est vingt-cinq ans de complicité et nous sommes devenus de grands amis. Bill a un côté très anarchique ! Même s’il

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sait ce qu’il veut et qu’il a beaucoup d’expérience, il est très spontané et très ouvert. C’est ça le théâtre. Et j’en suis d’autant plus convaincu lorsque je vois son travail auprès des musiciens de l’ensemble Les Arts Florissants. Ils sont vraiment très fort. Bill les encourage à improviser, à trouver des couleurs, à sortir de leur zone de confort tout en restant extrêmement précis. Au fond, tout ça c’est un peu du jazz à la sauce XVIIIe siècle.

Bill : Je n’ai rien de plus à ajouter ! (Rires)

Propos recueillis par Sonia Hossein-Pour

Biographie

JOHN GAY 1685 - 1732

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John Gay naît à Barnstaple, en Angleterre, où il fait ses études. Devenu apprenti chez un marchand de soie à Londres, il quitte rapidement ce métier dont la servilité ne lui convient guère et devient, de 1712 à 1714, intendant de la maison de la duchesse de Monmouth, ce qui lui donne la sécurité financière pour écrire à loisir.

Grâce à l’influence de l’écrivain Jonathan Swift, John Gay est nommé en 1714 secrétaire de l’ambassadeur britannique à la cour de Hanovre mais cet emploi officiel n’est que de courte durée puisque trois mois plus tard survient la mort de la reine Anne d’Angleterre. En effet, son successeur George Ier de Hanovre s’installe à Londres et rend par là inutile le maintien d’une ambassade à Hanovre.

Très tôt, John Gay s’intéresse au style pamphlétaire. Cet appétence s’exprime d’abord dans le domaine journalistique. Il participe avec deux de ses amis, Aaron Hill et Eustace Budgell, à la création du journal The British Apollo et écrit un pamphlet intitulé The Present State of Wit (1711) où il passe au crible les publications de journaux de son époque. Puis viennent les poèmes : Wine en 1708 et son premier poème important, Rural Sports, en 1713, dédié au poète Alexander Pope qu’il admire beaucoup et qui marque le début d’une longue amitié entre les deux hommes. L’un de ses plus beaux poèmes, The Art of Walking the Streets of London, est publié en 1716.

Avec Pope, Swift et Arbuthnot, John Gay est membre du club Scriblerus, un cercle littéraire dont le but est de tourner en ridicule la pédanterie. John Gay introduit sa plume acerbe au théâtre avec deux pièces satiriques : The What D’ye Call it (1715) et Three hours After Marriage (1717) à l’écriture desquelles ces mêmes amis ont participé. Ami de Handel, John Gay participe en outre à l’écriture du livret de Acis et Galathée aux alentours de 1718.

En 1728, John Gay écrit avec son acolyte Pepusch son plus grand succès qui sera aussi celui de l’époque, The Beggar’s Opera, produit au Lincoln’s Inn Fields Theatre par John Rich. Fin musicien, il donne naissance par là même à un genre nouveau, le ballad opera. Puisant dans les chansons populaires de l’époque qu’il réécrit dans le but de critiquer ouvertement la corruption des politiciens britanniques, il s’inscrit en faux avec le genre prédominant de l’époque et introduit

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d’Italie par Handel, l’opera seria. Loin des héros tragiques de l’Antiquité grecque déclamant de longs aria, Gay souhaite parler du peuple, des bas-fonds de Londres, se rapprochant ainsi dans l’esprit d’un Hogarth, peintre anglais dont les petites scènes satiriques remportent un certain succès. The Beggar’s Opera est le spectacle qui tourne le plus alors avec un record de 62 représentations. Walpole, le Premier ministre directement caricaturé par la pièce, assiste à la représentation et se retrouve impuissant face au succès de l’œuvre. Il est trop tard pour imposer une quelconque censure mais ce sort-là est tout de même réservé à Polly, la suite du Beggar’s, ballad opera écrit en 1729. Cette censure a le mérite de faire une immense publicité à la pièce et à son auteur.

John Gay perd une grande partie de son argent en bourse, victime de l’éclatement de la bulle financière de 1720 après avoir investi dans la Compagnie de la mer du Sud qui a succombé à la spéculation boursière.

Il est enterré au Westminster Abbey, à côté du poète Geoffrey Chaucer. Son grand ami et poète Alexander Pope est l’auteur de son épitaphe.

Biographie

JOHN CHRISTOPHER PEPUSCH 1667 - 1752

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Compositeur anglais d’origine allemande, John Christopher Pepusch (en allemand Johann Christoph Pepusch), est une figure importante de la musique en Angleterre à l’époque de l’hégémonie handeliennes.

Après avoir étudié la théorie et l’orgue, il obtient à l’âge de 14 ans un poste à la cour de Prusse qu’il occupe de 1681 à 1697. Il voyage alors par la suite aux Pays-Bas, en particulier à Amsterdam, et s’installe après 1700 à Londres pour y demeurer jusqu’à sa mort. Il commence par y travailler comme violoniste au théâtre de Drury Lane pour lequel il compose également des récitatifs et des cantates anglaises dans le style italien et destinés aux entractes.

En 1713, il devient docteur en musique de l’Université d’Oxford avant de devenir le maître de musique de James Brydges, futur premier duc de Chandos, à Cannons, propriété située dans le Middlesex. Haendel est d’ailleurs employé par Brydges à la même période et un nombre important de ses œuvres y sont composées et exécutées, telles que son oratorio Esther (1718) son semi-opéra Acis et Galatée (1718) et ses Chandos Anthems (1717-1718).

Dans les années 1720, John Pepusch devient directeur musical du Lincoln’s Inn Fields Theatre pour lequel il compose un certain nombre de masques, parmi lesquels Venus et Adonis (1715), Apollon et Daphné (1716), La mort de Didon (1716), arrange des mélodies et compose l’ouverture du Beggar’s Opera de John Gay en 1728 et sa suite, Polly, écrit en 1729 mais créé seulement en 1777 au Little Theatre de Haymarket.

Professeur très recherché, il devient, à partir de 1737, organiste à la Chartreuse de Londres et enseigne auprès de William Boyce, Benjamin Cooke, John Travers et d’autres jeunes compositeurs et organistes. Il participe, avec d’autres compositeurs, à la création de l’Academy of Ancient Music où l’on interprète des œuvres de compositeurs du XVIe siècle et édite certaines partitions d’Arcangelo Corelli. En 1738, il devient membre de la Royal Society.

Passionné de musique de la Renaissance, de la Rome et de la Grèce antique, il acquiert au fil des années une magnifique collection de livres de musique et de partitions, dont certaines de Handel. Il compose des cantates, des concertos et des sonates mais on le connaît aujourd’hui essentiellement pour ses arrangements du Beggar’s Opera.

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera25

Saint-Brieuc La Passerelle – scène nationaleMardi 13 novembre 2018

Dinan Théâtre des JacobinsMardi 20 novembre 2018

Vannes Théâtre Anne de BretagneVendredi 23 et samedi 24 novembre 2018

Saint-Nazaire Le Théâtre – scène nationaleMardi 27 novembre 2018

Le Mans Les Quinconces – L’Espal scène nationaleVendredi 30 novembre et samedi 1er décembre 2018

La Roche-sur-Yon Le Grand R – Le ManègeMardi 4 et mercredi 5 décembre 2018

Laval Le ThéâtreSamedi 8 décembre 2018

Quimper Théâtre de Cornouaille – Scène nationaleMardi 22 et mercredi 23 janvier 2019

Ce spectacle s’inscrit dans le cadre d’une tournée de 25 représentations en régions Pays de la Loire et Bretagne mise en œuvre par Angers Nantes Opéra et l’Opéra de Rennes soutenue par le Conseil régional des Pays de la Loire et en Bretagne, à l’initiative de l’Opéra de Rennes soutenue par le Conseil régional de Bretagne.

THE BEGGAR’S OPERA EN TOURNÉE EN RÉGIONS PAYS DE LA LOIRE ET EN BRETAGNE

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera26

William ChristieConception musicale

Robert CarsenMise en scène

Florian CarréDirection musicale

(Angers)

Marie Van Rhijn Direction musicale

(Nantes)

Beverley KleinMrs. Peachum / Diana Trapes

Robert BurtMr. Peachum

Kate BatterPolly Peachum

Kraig ThornberLockit

Benjamin PurkissMacheath

Olivia BreretonLucy Lockit

LES ARTISTESDE LA PRODUCTION

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera27

Emily DunnBetty

Natasha LeaverMolly

Louise DaltonSuky

Wayne FitzsimmonsRobin

Taite-Elliot DrewJack / Gardien de prison

Dominic OwenHarry

Retrouvez les biographies des artistes sur le site

www.angers-nantes-opera.com

Jocelyn PrahDolly

Sean LopemanFilch / Manuel

Lyndsey GardinerJenny Diver

Gavin WilkinsonMatt

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera28

Au Grand Théâtre d’Angers

Direction musicale et Clavecin Florian Carré

Violon I Liv Heym

Violon II Martha Moore

Alto Sophie de Bardonnèche

Violoncelle Elena Andreyev

Contrebasse Douglas Balliett

Traverso, flûte à bec Sébastien Marq

Hautbois Neven Lesage

Luth, théorbe Massimo Moscardo

Percussions Marie-Ange Petit

Au Théâtre Graslin de Nantes

Direction musicale et Clavecin Marie Van Rhijn

Violon I Emmanuel Resche-Caserta

Violon II Martha Moore

Alto Sophie de Bardonnèche

Violoncelle Alix Verzier

Contrebasse Hugo Abraham

Traverso, flûte à bec Tiam Goudarzi

Hautbois Neven Lesage

Luth, théorbe Thomas Dunford

Percussions Hervé Trovel

LES MUSICIENS DE L’ENSEMBLE LES ARTS FLORISSANTS

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera29

Régie générale Marie Wild

Régie plateau Adrien Meillon, Paul Atlan

Régie accessoires Lucille Guilbert-Dumont

Régie lumières Christophe Mallein

Régie son Serge Lacourt

Maquillages/coiffures Noï Karuna

Habillage Elisabeth Jacques

Régie surtitres Juliette Rivens Adrien Leroux (en alternance)

Administration de tournée Nadège Néchadi

LES TECHNICIENS DE LA TOURNÉE

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera30

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera31

Alain Surrans Directeur général

Thomas Pialoux Directeur administratif et financier

ARTISTIQUE

ProductionChristophe Delhoume Administrateur artistique

Dominique Le Goff Coordinatrice artistique

François Bagur Régisseur général

Chefs de chantJulien DupréFrédéric JouannaisHélène Peyrat

Le ChœurXavier Ribes Chef de chœur

François Bagur Régisseur du chœur

Fabienne Sirven Régisseuse adjointe

ADMINISTRATION

Florence Hébert Assistante de direction

Emilie Letertre Assistante

Catherine Coulaud Conventions, marchés et juridique

Céline Cheurfi Prévention et sûreté

FinancesChristine Hauss Responsable

Assistantes comptabilité

Sandrine Corbineau Nadine Deryckere

Ressources humainesAurélie Thomas-Michel Responsable

GestionairesMélanie Bouley Sylvie Lemarié Isabelle Manant

ACTION CULTURELLE, PUBLIC, COMMUNICATION

Sonia Hossein-Pour Secrétaire générale

Delphine Paré Assistante

Bénédicte de Vanssay Communication et presse

Camille Rousseau Action culturelle

Marie-Emeline Laizeau Chargée des publics

Coralie Meillerais Chargée de Billetterie

Isabelle Sainton Chargée de Billetterie

Maïa Choukair Accueil et information

du public

Matthieu Jouan Webmaster et multimedia,

coordinateur informatique

COSTUMES, HABILLAGE,PERRUQUES, MAQUILLAGE

Patricia Nail Directrice d’atelier

Karine Fresneau-Cœffé Adjointe à la directrice

Nathalie Giraud Seconde d’atelier

Frédérique Aguerra Coupeuse

Sékou Diallo Coupeur

Guillaume Malaval Coupeur

Armelle Broussard Costumière

Anne Le Déaut Costumière

Béatrice Bonneau-Eveno Maquilleuse

Jérôme Joyeux Perruquier, coiffeur

Yves Augereau Habilleur

Marie-Pierre Génin-Régent Habilleuse

Angèle N’Diaye Habilleuse

ÉQUIPE D’ANGERS NANTES OPÉRA

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera32

TECHNIQUE

Michel Hamon Directeur technique

Pascal Cagnon Régisseur général technique

Marie-Line Audouit Secrétaire technique

Jean-Pierre Druelle Chef de l’atelier décors

Alison Bigeard Adjointe, peintre décoratrice

Julien Roche Chef machiniste

Xavier Potiron Sous-chef machiniste

Yoan Le Normand Sous-chef machiniste

MachinistesDany BranchereauFrédéric DujardinValérian GarnierDaniel GuillemotBenoît HermannRichard HinaultFranck Le Gars

Pascal Le CozChef accessoiriste

AccessoiristesLudovic BernardEric Ordrenneau

Laurent Le Déaut Chef électricien

Yann Pressard Adjoint au chef électricien

Samuel Baron Régisseur audiovisuel

Régisseurs LumièreRomain DelavauxDavid LassiégéeMaxime Tertereau

Électriciens Maud PlantecAndy Sébillet

Logistique et entretienEvelyne BonninBruno CornuMarie-Pierre Lassale

ConciergesIbrahima SeneDavid Silvestre

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera33

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera34

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera35

SopraniIsabelle ArdantFlorence DauriachLaurence DuryGersende Guilbert DezitterHélène LecourtFabienne SirvenKatia Szumilo

AltiRhym Aïda AmichAntonine BonRosalind EllimanNathalie GuillardYaël PachetClaire PenissonViridiana Sotto Ortiz

TénorsAntoine AlbuquerqueFranck EstradeSung Joo HanVincent KarcheBo Sung KimJean-Pierre PayratMikaël Weill

BarytonsNicolas BrissonBenoit DucAgustin Perez EscalanteEdson Jimenez Cornejo

BassesNikolaj BukavecJean-François LaroussarieYann-Armel Quemener

CHŒUR D’ANGERS NANTES OPÉRA

Direction : Xavier Ribes

Gay / Pepusch The Beggar’s Opera36

Kasra Alizadeh Marina Ashrafi Clémence Audouit Elisa Bardon Robin Bigeard Stanislas Bossard Pauline CaronClément Carmagnola Camille Chevrier Joséphine Coutand Cécile Delassalle Aziliz Denis Leïla El Moktari Meïla Feddal Marie Grison Lucien Jouannic Leïna Khelladi Tristan Lallemand

Clara Lamarque Juliette Le Goff Valentin Lechat Léna MaisonneuveMargaux Manant Tanguy Maurice Manuela MellerinThéo Merlet Maxime Mineau Côme Morillon Nolwenn Norvez Sarah Orumchi Maëlysse Paul Alice Paul Antoine Peroi Robin Pigne Méhann Pressard Marie Raisin-Bystryewsky

HÔTESSES ET CONTRÔLEURS D’ANGERS NANTES OPÉRA