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UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES Faculté de Philosophie et Lettres ÉTUDE COMPARATIVE DE DEUX LONGS MÉTRAGES The Birds d'Alfred Hitchcock et eXistenZ de David Cronenberg LOUIS-DE W ANDELEER Laurent Travail présenté dans le cadre du cours Esthétique et philosophie du cinéma CINE-B410 Dominique Nasta ANNÉE ACADÉMIQUE 2013-2014

The Birds (Hitchcock, 1963) & eXistenZ (Cronenberg, 1999)

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Étude comparative de deux longs métrages : "The Birds" d'Alfred Hitchcock (1963) et "eXistenZ" de David Cronenberg (1999).

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  • UNIVERSIT LIBRE DE BRUXELLESFacult de Philosophie et Lettres

    TUDE COMPARATIVE DE DEUX LONGS MTRAGES

    The Birds d'Alfred Hitchcock et eXistenZ de DavidCronenberg

    LOUIS-DE WANDELEERLaurent

    Travail prsent dans le cadre du cours

    Esthtique et philosophie du cinma

    CINE-B410

    Dominique Nasta

    ANNE ACADMIQUE 2013-2014

  • Introduction

    Alfred Hitchcock et David Cronenberg : eux seuls, ces deux noms forcent le

    respect et l'admiration de la majorit des critiques et analystes

    cinmatographiques. Le talent de ces deux cinastes n'est aujourd'hui plus

    dmontrer, pas plus que l'intrt de leurs uvres respectives soutenues par un

    nombre important de travaux et de recherches scientifiques.

    Au premier abord, l'objectif du prsent travail peut paratre quelque peu

    incongru. De fait, tenter une comparaison entre The Birds (HITCHCOCK 1963) et

    eXistenZ (CRONENBERG 1999) peut apparatre comme une gageure tant les deux

    films diffrent au niveau des rcits qu'ils proposent. Le but de notre analyse sera

    donc de trouver un terrain d'entente entre les deux productions.

    Ainsi, aprs avoir propos un bref rsum des deux longs mtrages, nous

    exploiterons la notion de point de vue en nous basant principalement sur un crit

    du thoricien Edward Branigan, intitul : Point of View : Camera Movement

    and Subjectivity1 .

    Corrlativement, nous dbattrons de la place du spectateur travers le point de

    vue en nous servant des concepts de voir, croire et savoir de Francesco Casetti.

    Enfin, toujours par rapport au point de vue, nous analyserons le type d'auto-

    rflexivit l'uvre dans The Birds et dans eXistenZ en utilisant les concepts

    d'auto-rflexivit systmique et non-systmique de Bruce Kawin.

    1 Cet crit est issu du deuxime chapitre du livre Projecting a Camera : Language-Games inFilm Theory d'Edward Branigan.

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  • 1 Des scnarios que tout oppose... Ou presque.

    Avant d'entrer dans le vif du sujet, il convient de rappeler brivement l'histoire

    de chacun des films tudis.

    The Birds met en scne les personnages de Melanie Daniels et Mitch Brenner.

    Aprs que Melanie a rejoint Mitch dans la petite ville de Bodega Bay dans le but

    de le surprendre et de le sduire, tous deux vont se trouver confronts de

    multiples attaques d'oiseaux. Mitch et Melanie tenteront de se dfendre contre ces

    agressions dont la cause ne sera jamais clairement explique. Nanmoins, les

    assauts rpts des volatiles amneront les habitants de Bodega Bay dserter la

    ville et laisseront Melanie moiti folle.

    eXistenZ, quant lui, prend place dans un futur proche o, pour jouer des

    jeux vido, les joueurs doivent se brancher physiquement une station de jeu

    appele game pod grce leur bioport2 . eXistenz est le nom d'un nouveau

    jeu vido cr par Allegra Geller, une femme considre comme la plus grande

    cratrice de jeux vido au monde. Lors d'une dmonstration de ce nouveau jeu,

    Allegra se fait agresser par un membre de la secte des Ralistes, un mouvement

    qui se positionne violemment contre la conception de jeux vido. Allegra, blesse,

    est contrainte de s'enfuir avec Ted Pikul, un employ de la socit de production

    d'eXistenZ. Le duo en cavale sera plus tard amen entrer dans le monde

    d'eXistenZ sorte de mise en abyme du monde rel o prennent galement place

    de violents conflits entre Ralistes et pro-jeux vido afin de vrifier que le jeu

    n'a pas t endommag lors de l'attentat contre Allegra. Il s'avrera finalement que

    tout le film se passait en ralit dans un jeu vido nomm transCendenZ auxquels

    participaient plusieurs volontaires dont Allegra et Ted. Ces derniers rvlent leur

    vritable identit une fois sortis du jeu : ce sont des Ralistes venus pour

    assassiner les concepteurs de transCendenZ. Leur forfait accompli, le rcit se

    2 Le bioport est un trou qu'on fait dans la colonne vertbrale pour connecter les podsdirectement la corporalit organique et nerveuse du joueur, sa perceptualit innerve parl'ombilic introduit dans ce bioport. (BELHAJ KACEM 2005 : 10)

    3

  • termine sur une ultime interrogation quant au fait que les personnages se trouvent

    toujours dans un jeu vido ou bien dans la ralit.

    Comme nous l'avions mentionn dans l'introduction de ce travail, les deux

    rcits (que nous avons ici trs fortement rsums) empruntent des voies

    scnaristiques diamtralement dissemblables dans des univers qui n'ont rien de

    comparable. Toutefois, au-del du fait que les deux films mettent en scne un duo

    de personnages devant faire face un monde hostile, un autre point commun

    transparat entre les deux uvres. En effet, toutes deux parviennent crer un

    sentiment d'angoisse chez le spectateur en se servant de la notion de point de vue

    comme d'un instrument ncessaire l'installation de ce ressenti. Ds lors,

    l'angoisse endosse le rle de fil conducteur au sein des deux rcits et permet

    d'unifier les deux films.

    Le chapitre suivant aura pour but de montrer comment l'utilisation du point de

    vue peut amener le sentiment d'angoisse chez le spectateur.

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  • 2 Le point de vue comme lment convergent

    2.1 Branigan, iek et la notion de point de vue

    La notion de point de vue est primordiale en ce qui concerne le genre filmique.

    Nanmoins, elle reste trs diversifie et complexe dans sa comprhension.

    BRANIGAN reprend ainsi dans son article onze tentatives visant analyser de

    manire pertinente le point de vue narratif et/ou le point de vue filmique3.

    Cependant, toutes ont, selon lui, une limite intrinsque (2005 : 42) :

    The point-of-view schemes shown in figures 2.1-2.114 do not confront the deep

    subjectivity of a spectator. That is, they do not address a purported medium (or

    media) located within the mind itself where non-conscious feelings and impulses

    intersect and compete against one another prior to the appearance of conscious

    thought, emotion and action.

    (Projecting a Camera : Language-Games in Film Theory)

    BRANIGAN (2005 : 42) propose donc d'adopter une autre conception de la notion

    de point de vue. Il s'inspire des thories de Slavoj iek, disciple de la

    psychanalyse freudienne, afin d'adopter une approche du point de vue qui fasse

    rsonner ce que Branigan appelle la subjectivit profonde du spectateur,

    laquelle serait lie des prdispositions non-conscientes chez ce dernier.

    Selon iek, il y aurait six paradigmes stylistiques auxquels on pourrait lier les

    mouvements non-arbitraires (et donc motivs) de camra. Ces paradigmes

    voqueraient des stades psychiques freudiens (oral, anal et phallique) lis au

    dveloppement libidinal. Parmi ces six paradigmes numrots de 0 5 c'est le

    dernier qui retiendra notre attention. iek le dcrit comme suit : 5. Hitchock's3 Il serait trop long et fort peu -propos de retranscrire ici les onze tentatives susmentionnes.

    Pour de plus amples dtails, se rfrer l'article de BRANIGAN (2005).4 Mme remarque que prcdemment.

    5

  • Blot, where "the 'true' action is repressed, internalised, subjectivised" into "the

    domain of what is prohibited." (2005 : 44). Cette tache de Hitchcock serait

    rattacher, toujours selon iek, au stade phallique de la logique freudienne (d'o

    l'appellation de tache phallique ). Ce stade phallique correspondrait un

    "signifiant sans un signifi" avec une "ambigut totale" ainsi qu' un dsir

    hallucinatoire, un effroi, et un besoin li l'trange5 (2005 : 47).

    BRANIGAN explique que iek concrtise ses thories comme suit (2005 : 48) :

    With respect to the phallic blot, iek argues that Hitchcock creates in a character

    and in the audience a (i) feeling of menace, threat, horror, anxiety, strangeness,

    hidden or double meanings, or a feeling for the uncanny, by (ii) embedding a small

    anomalous feature, an incongruous detail, something that does not belong, that is

    out of place, that sticks out [...] into the (iii) natural, familiar, ordinary, even idyllic

    landscape of our lives.

    (Projecting a Camera : Language-Games in Film Theory)

    Enfin, iek dnombre chez Hitchock quatre mouvements de camra

    prototypiques lis au stade phallique. Il s'agit de quatre types de travellings

    (2005 : 51) :

    le travelling avant o la camra part d'un plan large pour aboutir lentement

    un gros plan de la tache phallique ;

    le travelling arrire qui part de la tache phallique pour aboutir un plan

    plus large ;

    le travelling abrupt pouvant employer des jump cuts pour rvler la tache

    phallique ;

    le travelling immobile o la camra reste fige sur place et o c'est la tache

    5 Notre traduction.

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  • phallique qui pntre le cadre du plan6.

    Ces thories permettent de comprendre comment Hitchcock utilise le point de

    vue afin de provoquer un sentiment latent d'angoisse chez le spectateur.

    Nanmoins, et comme ne manque pas de le souligner BRANIGAN (2005 : 50), les

    taches phalliques hitchcockiennes sont aussi dcelables plus petite chelle. On

    parle alors de mini-taches (Branigan prend l'exemple de la corde visible hors

    du coffre contenant un corps sans vie dans Rope, un autre film de Hitchcock).

    2.2 Le point de vue dans The Birds

    Si l'on applique les thories de Branigan et iek The Birds, l'lment

    apportant l'anormalit dans le quotidien en d'autres termes la tache phallique

    principale du film serait, selon iek, la nature elle-mme sous la forme

    d'oiseaux (IEK cit par BRANIGAN 2005 : 50). En effet, ce sont les oiseaux qui

    provoquent la plus grande angoisse chez Melanie comme chez le spectateur :

    inconsciemment d'abord (comme en tout dbut du film o les oiseaux sont dj

    omniprsents mais pacifiques) puis de plus en plus concrtement jusqu'au climax

    de fin de film et la lutte finale entre Melanie et les oiseaux chez Mitch.

    Il convient, selon nous, d'apporter quelques ajouts cette constatation primaire.

    Le plus important d'entre eux s'incarne dans l'omniprsence des fentres (et, par

    extension, du verre en tant que matriau) dans The Birds. Toutes ces fentres

    incarnent autant de mini-taches phalliques selon la conception de Branigan et

    iek. Elles ont la fois une composante physique en tant qu'elles sont des

    structures matrielles et une composante psychique, comme l'explique

    BRANIGAN en reprenant les penses de iek propos du fonctionnement des

    taches phalliques (2005 : 48) :

    6 Branigan fait remarquer que, d'un point de vue purement technique, les deux derniers types detravellings n'en sont pas rellement. Simplement, du point de vue de iek, the real "cameramovements" are in the mind of the spectator . (BRANIGAN 2005 : 52)

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  • [...] first, the blot frames a hole in the fabric of the real world, of normality, but

    only after it has been recognized and removed as anomalous (leaving behind

    the hole as a window onto the unseen, the forbidden, the repressed).

    Secondly, the newly created hole , in turn, acts to frame the whole , the rest

    of the real, from the inside out(ward) ultimately out toward the spectator and into

    the spectator's psyche to open up the repressed of the unconscious (a window

    onto the soul ).

    (Projecting a Camera : Language-Games in Film Theory)

    On peut rattacher cette thorie aux crits de Bill NICHOLS (1979 : 124) selon

    lequel les fentres et les assauts continus envers celles-ci constitueraient une

    mtaphore de la transgression et de sa punition. La transgression est celle de

    Melanie qui tente de s'immiscer dans le triangle familial form par Mitch, sa mre

    et sa sur. Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'une mre accuse Melanie d'tre la cause

    des attaques des oiseaux aprs l'assaut contre la ville. Melanie est, de fait, une

    coupable toute dsigne qui met mal le rapport dipien entre Mitch et sa mre.

    Ceci constitue une nouvelle trace de la psychanalyse freudienne dans The Birds.

    Ds lors, chaque fois que Melanie apparat travers une vitre, c'est une vue sur

    l'me de la jeune femme que propose Hitchcock la subjectivit profonde du

    spectateur, un examen inconscient de sa culpabilit. Ces plans sur Melanie

    rappellent que c'est elle qui a apport l'anormalit dans le quotidien tranquille de

    Bodega Bay. On peut penser, par exemple, la scne de la pompe essence o

    Melanie se trouve derrire la vitre d'un restaurant et ne peut que constater

    l'ampleur des dgts dont elle serait potentiellement la cause primaire.

    NICHOLS (1979 : 125) remarque en outre que Hitchcock utilise plusieurs

    point-of-view shots7 par rapport la dynamique du verre. C'est toujours

    7 Ou ocularisations internes secondaires selon la terminologie de Franois JOST (1987), paropposition l'ocularisation zro correspondant au point de vue visuel non marqu.

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  • Melanie, l'origine de la transgression, qui est concerne par ce type de point de

    vue subjectif. Les assauts semblent ds lors dirigs non seulement vers Melanie

    mais aussi directement vers le spectateur. On peut prendre comme exemples

    l'attaque de la cabine tlphonique dans laquelle se rfugie la jeune femme lors de

    la charge sur la ville ou encore l'attaque de la voiture aprs que Mlanie et

    quelques enfants y ont pris place suite l'assaut de l'cole. Selon les thories de

    iek, nous serions dans le cas de deux travellings immobiles o c'est la tache

    phallique (c'est--dire les oiseaux) qui pntre dans le cadre. Cette manire de

    procder par vue subjective permet d'accrotre un peu plus l'angoisse et explicite

    davantage le concept de fentre sur l'me dcrit par iek : en partageant la

    vision de la protagoniste, le spectateur est mme de ressentir les tensions qui

    habitent son for intrieur, le refoul de son inconscient comme l'indique iek.

    C'est donc travers le regard que s'articule le plus la notion de subjectivit

    profonde chez le spectateur. C'est le regard qui permet de dceler le ressenti

    profond des personnages. Aussi, il ne rside aucune surprise dans le fait que la

    punition suprme dans The Birds soit l'impossibilit de regarder, en tmoignent le

    cadavre nucl que dcouvre la mre de Mitch (rvl d'ailleurs par un travelling

    abrupt) et les lunettes brises lors de la fuite de l'cole. Le cadavre et les lunettes

    constituent par ailleurs deux nouvelles mini-taches phalliques.

    Enfin, il apparat que l'anormalit dans le quotidien est accrue par le jeu de

    Hitchcock sur la dynamique de la stase et de la narration. La technique du

    retardement constitue ainsi un lment-clef dans l'imprgnation de l'angoisse

    inconsciente chez le spectateur. On peut notamment penser aux scnes qui

    prcdent l'attaque de l'cole primaire, lorsque les enfants chantent une comptine

    et que des dizaines d'oiseaux viennent prendre place dans la cour de rcration.

    2.3 Le point de vue dans eXistenZ

    Comme nous l'avons dj mentionn plus haut dans ce travail, c'est le point de

    9

  • vue et la manire dont il amne l'angoisse de manire inconsciente chez le

    spectateur qui unit les deux films sujets de cette tude, The Birds et eXistenZ. De

    fait, on retrouve dans le film de Cronenberg les procds mis en uvre dans

    l'uvre de Hitchock et rattacher la notion de taches phalliques de iek.

    Pour envisager correctement les anomalies dans le quotidien des personnages

    d'eXistenZ, il est ncessaire de garder l'esprit que ceux-ci sont en fait plongs

    physiquement et mentalement dans l'univers du jeu vido transCendenZ durant la

    quasi totalit du film. Il apparat donc que le monde rel s'incarne dans cette

    ralit virtuelle pour les personnages comme pour le spectateur, avant que la fin

    du film ne vienne contredire cette acception.

    Dans notre analyse, le personnage de Ted Pikul prsente davantage d'intrt

    que celui d'Allegra Geller en ce sens qu'il reprsente un nophyte total en matire

    vidoludique l o Allegra excelle en ce domaine en tant que cratrice de jeux

    vido. Le spectateur pourra donc plus aisment s'identifier au personnage

    masculin. On ne compte d'ailleurs qu'une seule scne du film o Ted n'est pas

    physiquement prsent.

    D'emble, nous pouvons affirmer que la tache phallique principale du film est

    le jeu vido eXistenZ lui-mme, d'abord sous sa forme de console de jeu

    organique (et donc drangeante par essence) puis sous sa forme virtuelle. La

    premire rvlation visuelle d'eXistenZ en tant que support physique se situe en

    dbut de film et s'opre par un travelling arrire qui part de la tache phallique le

    game pod d'Allegra pour aboutir un plan plus large sur les joueurs volontaires,

    conformment la thorie de iek. L'angoisse inconsciente s'installe donc ds le

    dbut du film chez Ted et chez le spectateur. C'est bien la console de jeu qui

    introduit l'anormalit dans le quotidien de Ted et c'est par rapport celle-ci que va

    s'orchestrer la suite des vnements puisque toute la premire partie du film est

    ddie la protection et la prservation du game pod. Comme le prcise BELHAJ

    KACEM dans son analyse du film (2005 : 12), l'angoisse ne s'incarne ainsi pas

    seulement dans le rapport au game pod et son apparence organique (voire

    10

  • vivante), mais aussi dans sa sauvegarde :

    Avant mme qu'on sache en quoi consiste ce jeu [...], le jeu lui-mme a jusque-l

    t l'enjeu, et l'enjeu de perdre le jeu est beaucoup plus grave et central que celui,

    classique au jeu classique, de perdre au jeu. On ne sait pas encore de quel jeu il

    s'agit, sinon que l'angoisse d'y perdre compte moins que celle de le perdre ;

    angoisse absolument centrale, concentriquement encercle par les dangers pesant

    sur Allegra de toutes parts [...].

    (eXistenZ : Lecture d'un film)

    Il faut en effet attendre la 40e minute du film pour, enfin, entrer dans le monde

    d'eXistenZ. Comme chez Hitchcock, la technique du retardement ne fait

    qu'accrotre l'angoisse dans la subjectivit profonde du spectateur, tiraill entre

    l'envie de voir (et de savoir) et la rpulsion vis--vis du support du jeu et son

    fonctionnement. De fait, on retrouve la composante phallique freudienne dans la

    manire dont les joueurs doivent se brancher au game pod par le biais de leur

    bioport. L'image de la pntration sexuelle est ici explicite. Le premier bioport

    rvl au spectateur est, la 27e minute, celui de Ted lorsqu'il vient de se le faire

    implanter par Gas, le pompiste. Le bioport (associ l'ombilic qui le pntre)

    incarne ainsi une mini-tache phallique, une nouvelle anormalit dans le quotidien

    de Ted, un nouvel accs l'inconscient qui se retrouve aussi chez le spectateur. La

    technique du retardement est une nouvelle fois utilise pour accrotre l'angoisse

    inconsciente.

    Par ailleurs, le jeu vido transCendenZ (et donc, par extension, le jeu eXistenZ)

    incarne merveille le concept de fentre sur l'me dcrit par iek. En effet,

    comme le laissent entendre les concepteurs du jeu en toute fin de film, les penses

    et opinions des participants influent sur le contenu du jeu qui devient, en quelque

    sorte, une rplique du monde rel. Ceci explique les interpntrations entre les

    11

  • trois niveaux de ralit proposs par le film, par exemple le pistolet construit

    partir d'os, le chien blanc ou encore le conflit entre Ralistes et pro-jeux vido.

    transCendenZ permet donc un accs quasi inconditionn l'inconscient des

    personnages, ce qui se rpercute chez le spectateur touch dans sa subjectivit

    profonde. Comme l'indique BELHAJ KACEM (2005 : 45) :

    L'enregistrement de l'angoisse dans la forme du jeu, compos nervur de

    figuration, de narration et de psychologie [...] informe qui y assiste beaucoup plus

    vridiquement de sa propre angoisse que tout ralisme reu, ou toute

    surenchre cathartique la peur.

    (eXistenZ : Lecture d'un film)

    Belhaj Kacem continue quelques lignes plus loin : l'angoisse est le jeu car

    elle fait de l'impossible trouvaille de son objet l'nergie mme du jeu [...]. De

    fait, l'angoisse rside dans l'inconscient et dans le refoul des joueurs. Mme si le

    jeu leur soumet cette angoisse (rappelons qu'ils sont physiquement branchs au

    jeu), son identification est impossible car elle leur est, en soi, inconnue. Ce

    schma se rpte dans la subjectivit profonde du spectateur qui, pas plus que les

    personnages du film, n'est mme de dfinir d'o provient son sentiment

    d'angoisse latent.

    Terminons par deux exemples de mini-taches phalliques dans eXistenZ. La

    premire, quelque peu abstraite, rside dans la perte de contrle du joueur sur ses

    propres actions une fois qu'il est l'intrieur du jeu. En effet, certaines phrases

    doivent tre dites ou certaines actions effectues afin que l'intrigue du jeu puisse

    avancer ( l'image de ce qu'il se passe dans un jeu vido classique). On peut voir

    dans ce procd une autre manire de faire ressortir l'inconscient refoul du joueur

    (et, par extension, du spectateur). La scne o Allegra et Ted commencent

    s'embrasser de manire incontrle en constitue l'exemple le plus vident.

    12

  • Enfin, un dernier exemple de mini-tache phallique dans eXistenZ rside dans la

    double apparition du lzard bicphale issu de manipulation gntique. Si Allegra

    ne semble pas droute par l'trange animal, Ted est, quant lui, bien plus

    perplexe lorsqu'il y est confront (probablement l'image du spectateur). Cette

    crature permet d'asseoir un peu plus le sentiment d'angoisse qui plane sur

    l'ensemble du film en crant une nouvelle anormalit dans un univers a priori

    familier.

    2.4 La fonction rfrentielle comme pilier de l'angoisse

    Nous venons de montrer comment une nouvelle approche du point de vue, plus

    profonde et psychanalytique, permet de relier deux films a priori trs loigns

    dans les thmes qu'ils abordent. C'est l'angoisse inconsciente amene par ce point

    de vue qui unit intrinsquement la dmarche de Hitchcock celle de Cronenberg.

    Cependant, une condition sine qua non essentielle l'usage de ce type de point

    de vue rside dans l'omniprsence de la fonction rfrentielle (JAKOBSON 1963) au

    sein des deux films tudis. Pour rappel, la fonction rfrentielle implique un

    auteur (ou ralisateur) omniscient, qui se pose ds lors comme grand imagier,

    ainsi qu'une narration la troisime personne.

    En effet, pour que le sentiment d'angoisse inconsciente rsonne chez le

    spectateur, il est ncessaire que le contexte et sa ralit objective soient mis en

    avant. C'est le ralisateur qui manipule ce contexte et cette ralit dans lesquels

    voluent les personnages (comme l'illustre la technique de la stase ou du

    retardement). Par consquent, ces derniers n'ont aucune emprise sur leur univers

    et se retrouvent la merci des vnements qui surviennent.

    C'est seulement en agissant de la sorte que peuvent se glisser dans le quotidien

    des personnages les anormalits qui amneront l'angoisse inconsciente. Les

    ocularisations internes secondaires, marqueurs de la fonction motive (fonction

    13

  • centre sur l'metteur et entranant une narration la premire personne), sont ici

    mises au service de la fonction rfrentielle et ne font qu'insister sur des lments

    que la narration la troisime personne a dj mis en place.

    Ainsi, la problmatique est la mme que l'on aborde The Birds ou bien

    eXistenZ : les personnages sont victimes de leurs univers respectifs et ne peuvent

    avoir qu'un impact limit sur le droulement des vnements qui y prennent place.

    De fait, Melanie ne comprendra jamais le pourquoi des attaques des oiseaux et

    finira par tre exclue de Bodega Bay. Ted, quant lui, restera rsolument hostile

    au jeu et ne sera mme plus matre de ses propres actions au sein d'eXistenZ.

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  • 3 La place du spectateur travers le point de vue :voir, croire et savoir

    Malgr la primaut de la fonction rfrentielle la fois dans The Birds et dans

    eXistenZ, l'articulation du point de vue et la place occupe par le spectateur

    varient sensiblement d'un film l'autre. Afin d'analyser en quoi celles-ci diffrent,

    nous utiliserons la division tripartite de CASETTI (1990) entre le voir, le croire et le

    savoir.

    3.1 Voir, croire et savoir dans The Birds

    Dans The Birds, Hitchcock aborde une configuration objective de l'articulation

    du point de vue, ceci tant une consquence de l'omniprsence de la fonction

    rfrentielle dans le droulement du film. Si l'on se rfre au tableau propos par

    CASETTI (1990 : 114), la caractrisation de la tripartition entre voir, croire et savoir

    chez le spectateur devrait tre la suivante :

    voir : exhaustif ;

    croire : solide ;

    savoir : digtique.

    De fait, l'usage de la fonction rfrentielle et de la narration la troisime

    personne permet au spectateur de ne rien manquer des prgrinations des

    personnages ainsi que de l'avancement de l'intrigue. Hitchcock va jusqu' placer la

    camra dans le ciel lors de l'attaque des oiseaux sur la ville, preuve de

    l'exhaustivit du voir.

    La consquence de cette exhaustivit du voir rside dans le fait que rien ne

    semble pouvoir altrer le croire chez le spectateur qui Hitchcock ne cache aucun

    vnement.

    15

  • Quant au savoir, il est bel et bien digtique en ce sens qu'il relve de la

    narration de l'histoire. Ainsi, le spectateur ne comprendra pas plus que les

    personnages du film la raison des attaques des oiseaux.

    3.2 Voir, croire et savoir dans eXistenZ

    La configuration de l'articulation du point de vue dans le film de Cronenberg

    diffre quelque peu de celle adopte par Hitchcock. En effet, elle n'est plus

    seulement objective mais plutt objective irrelle en ce sens que l'univers du film

    ne peut tre rattach une entit relle ou assimilable la ralit.

    Ds lors, la catgorisation de la tripartition entre voir, croire et savoir chez le

    spectateur doit tre actualise en fonction de ce changement. Selon Casetti, on

    aboutirait au schma suivant :

    voir : total ;

    croire : absolu ;

    savoir : mtadiscursif.

    En effet, le voir ne peut plus tre exhaustif en ce sens que, contrairement ce

    que l'on trouve dans The Birds, l'univers n'est plus familier au spectateur. Il n'y a

    donc plus aucune certitude quant au fait que ce qui est observable dans le film soit

    exploit fond par l'articulation du point de vue.

    Ce qui prcde est relier au croire chez le spectateur. De fait, le croire devient

    absolu tant donn que le spectateur n'a pas d'autre choix que de croire ce qu'il

    voit, victime qu'il est de l'univers qui lui est propos au mme titre que les

    personnages. Ainsi, comme le spectateur n'a aucune notion de ce qui lui chappe

    ou non par rapport cet univers et qu'il ne peut se rfrer qu'aux seules images

    comme garantes de la vrit, le voir devient total mais non exhaustif. On peut

    donc estimer que, tout comme le croire solide tait une consquence du voir

    16

  • exhaustif dans The Birds, le voir total est une consquence du croire absolu dans

    eXistenZ.

    Enfin, le savoir dpasse le cadre digtique pour devenir mtadiscursif, c'est--

    dire qu'il propose un discours sur le discours lui-mme. Ce caractre mtadiscursif

    sera abord dans la prochaine et dernire partie de ce travail consacre l'auto-

    rflexivit.

    17

  • 4 Auto-rflexivit systmique ou non-systmique ?

    L'auto-rflexivit systmique et non systmique sont des concepts que l'on doit

    Bruce Kawin. KAWIN (1984 : 41) dfinit les deux types d'auto-rflexivits

    comme suit :

    1. Authorial Self-Consciousness8. The film-maker (real or as a persona) makes it

    clear that he is aware of creating a discourse within the context of other discourses,

    sometimes undermining the audience's suspension of disbelief and taking the stage

    in the process. [...] 2. Systemic Self-Consciousness. The film itself appears to be

    aware of the fact that it is a deliberate discourse [...] and this imitative awareness is

    not passed back to the real or implied author. The system appears to narrate itself,

    almost as if it had consciousness [...].

    (An Outline of Film Voices)

    L'application de ces deux dfinitions aux deux films tudis permettra de clore

    notre analyse comparative du point de vue dans ces deux ralisations.

    4.1 L'auto-rflexivit dans The Birds

    L'auto-rflexivit dans The Birds est une auto-rflexivit de type non-

    systmique. De fait, l'indication de cette auto-rflexivit apparat dans les

    premires minutes du film par le biais du traditionnel camo d'Alfred Hitchcock

    lorsqu'il sort du magasin d'oiseaux en tenant deux chiens en laisse. Ainsi, comme

    l'explique la dfinition de Kawin, Hitchcock est conscient de crer un discours

    dans le contexte d'un autre discours qui est celui de l'histoire en train de se

    8 Correspond l'auto-rflexivit non-systmique.

    18

  • drouler.

    Nous sommes ici au comble de la fonction rfrentielle : le grand imagier, en la

    personne du ralisateur, se met lui-mme en scne.

    Il n'y a pas d'autre trace vidente d'auto-rflexivit non-systmique dans The

    Birds. On peut ventuellement penser la dcomposition du regard de Melanie

    lorsqu'elle regarde l'essence prendre feu travers la vitre du restaurant de Bodega

    Bay. L'auto-rflexivit est ici plutt induite : Melanie commence laborer sa

    propre faon de regarder et essaie de recomposer des lments. En d'autres termes,

    elle devient grand imagier par dlgation.

    4.2 L'auto-rflexivit dans eXistenZ

    Contrairement ce que l'on observe dans The Birds, l'auto-rflexivit dans

    eXistenZ est de type systmique. En effet, le film constitue un discours dlibr

    sur le processus de cration et la cration artistique de manire plus gnrale,

    comme l'affirme Karim DEBACCHE (2013) dans une chronique vido ddie

    eXistenZ :

    C'est un film qui parle de jeu vido et d'univers virtuel, certes, mais, surtout, c'est

    un film qui se sert de a pour parler ple-mle de notre rapport la ralit, de notre

    rapport au corps, l'image ou encore la religion. [...] Du coup, le jeu vido dans

    le film permet Cronenberg de parler plus largement de cration artistique et donc

    de son propre statut d'auteur.

    (Crossed : eXistenZ)

    La dfinition de Kawin s'applique eXistenZ en ce sens que le film semble

    avoir conscience qu'il est un discours. Cette constatation semble logique une fois

    parvenu la fin du film, quand le spectateur se rend compte que tous les

    vnements auxquels il vient d'assister taient en ralit les fruits d'une

    19

  • construction vidoludique9. Ainsi, toutes les problmatiques prsentes au sein du

    jeu vido dans lequel taient plongs les personnages proviennent en fait du choix

    des dveloppeurs.

    Nanmoins, sans l'application rtroactive de cette dcouverte finale, le film en

    lui-mme n'a de cesse de renvoyer, consciemment ou non, aux problmatiques

    susnommes par de multiples biais : le relation d'Allegra son game pod, le

    conflit entre Ralistes et pro-jeux vido, les interpntrations entre monde rel et

    monde virtuel... Autant d'lments que rien, de prime abord, ne relie au ralisateur.

    Le film constitue donc intrinsquement un discours et se veut tre un discours.

    9 Quoique la fin du film ne permette pas d'affirmer totalement que l'on soit revenu un univers rel.

    20

  • Conclusion

    Ce travail n'a pas pour but de nier les diffrences scnaristiques videntes des

    deux films tudis, The Birds d'Alfred Hitchcock et eXistenZ de David

    Cronenberg, pas plus que de contester d'autres divergences plus spcifiques

    (notamment en ce qui concerne les aspects du voir, du croire et du savoir, tout

    comme l'auto-rflexivit l'uvre dans les deux ralisations).

    Nanmoins, malgr ces dissemblances, force est de constater que les deux

    uvres sont similaires dans leur usage du point de vue ayant trait la subjectivit

    profonde du spectateur. De fait, la primaut de la fonction rfrentielle permet un

    traitement psychanalytique de l'angoisse travers une manipulation du point de

    vue qui touche l'inconscient des personnages et du spectateur, ce chez les deux

    ralisateurs.

    Bien entendu, ce travail ne fait qu'effleurer la problmatique du point de vue

    dans le genre filmique et ne se veut en aucun cas exhaustif en la matire.

    Toutefois, il offre un aperu non ngligeable de l'importance accorder au

    subconscient et l'inconscient dans les uvres cinmatographiques centres sur le

    sentiment d'angoisse.

    21

  • Fiches techniques des films tudis

    THE BIRDS 1963

    En France : Les oiseaux

    Ralisateur : Alfred Hitchcock Scnario : Evan Hunter (d'aprs la nouvelle ponyme

    de Daphne du Maurier) Directeur de production : Robert Boyle Photographie :

    Robert Burks Dcors : George Milo Effets spciaux : Lawrence A. Hampton

    Effets visuels : Ub Iwerks, Albert Whitlock Son : William Russel, Waldon O. Watson

    Effets sonores : Remi Gassmann, Oskar Sala, Bernard Herrmann Montage :

    George Tomasini Costumes : Rita Riggs, Edith Head Maquillage : Howard Smit

    Socit de production : Universal Pictures Origine : tats-Unis d'Amrique

    Dure : 119 min.

    INTERPRTES : Tippi Hedren (Melanie Daniels), Rod Taylor (Mitch Brenner),

    Jessica Tandy (Lydia Brenner), Veronica Cartwright (Cathy Brenner), Suzanne

    Pleshette (Annie Hayworth), Ethel Griffies (Mrs. Bundy), Malcolm Atterbury (Al

    Malone), Ruth McDevitt (Mrs. MacGruder), Richard Deacon (voisin de Mitch),

    Elizabeth Wilson (Helen Carter), Charles McGraw (Sebastian Sholes, client du

    restaurant), William Quinn (Sam, l'homme au restaurant), Lonny Chapman (Deke

    Carter, grant du restaurant), Karl Swenson (l'homme ivre au restaurant), Doreen

    Lang (la mre hystrique), John McGovern (le postier), Darlene Conley (une

    serveuse), Doodles Weaver (un pcheur), Joe Mantell (le reprsentant de commerce).

    EXISTENZ 1999

    Ralisateur : David Cronenberg Scnario : David Cronenberg Directeur de

    production : Michael MacDonald Photographie : Peter Suschitzky Dcors : Carol

    Spier Musique originale : Howard Shore Montage : Ronald Sanders Costumes :

    Denise Cronenberg Production : David Cronenberg, Andrs Hmori, Robert Lantos

    Socits de production : Alliance Atlantis Communications, Canadian Television

    22

  • Fund, Harold Greenberg Fund, The Movie Network, Serendipity Point Films, Tlfilm

    Canada (Canada) / Natural Nylon Entertainment (Royaume-Uni) / UGC (France)

    Origine : Canada / Royaume-Uni / France Dure : 97 min.

    INTERPRTES : Jude Law (Ted Pikul), Jennifer Jason Leigh (Allegra Geller), Ian

    Holm (Kiri Vinokur), Willem Dafoe (Gas), Don McKellar (Yevgeny Nourish), Callum

    Keith Rennie (Hugo Carlaw), Christopher Eccleston (Levi), Sarah Polley (Merle),

    Robert A. Silverman (D'Arcy Nader), Oscar Hsu (le serveur du restaurant asiatique),

    Kris Lemche (Noel Dichter).

    23

  • Bibliographie

    Sources primaires

    HITCHCOCK Alfred, 1963, The Birds, tats-Unis d'Amrique, Universal Pictures, 119

    min.

    CRONENBERG David, 1999, eXistenZ, Canada, Alliance Atlantis Communications

    Canadian Television Fund Harold Greenberg Fund The Movie Network Serendipity

    Point Films Tlfilm Canada / Royaume-Uni, Natural Nylon Entertainment / France,

    UGC, 97 min.

    Sources secondaires

    BELHAJ KACEM Mehdi, 2005, eXistenZ : Lecture d'un film, Auch, Tristram, 60 p.

    BRANIGAN Edward, 2005, Point of View : Camera Movement and Subjectivity , in

    BRANIGAN Edward, Projecting a Camera : Language-Games in Film Theory, New York

    Londres, Routledge, pp. 40-54.

    CASETTI Francesco, 1990, Voir, croire, savoir : quelques diffractions , in CASETTI

    Francesco, Le film et son spectateur : D'un regard l'autre, Lyon, Presses Universitaires

    de Lyon, pp. 114-115.

    JOST Franois, 1987, L'il-camra : Entre film et roman, Lyon, Presses Universitaires

    de Lyon, 166 p.

    NICHOLS Bill, 1979, The Birds : At the Window , Film Reader, 4, pp. 120-144.

    24

  • Sitographie

    AMAZON COMPANY, eXistenZ (1999) Full Cast & Crew , Internet Movie Database,

    http://www.imdb.com/title/tt0120907/fullcredits?ref_=tt_ov_st_sm, consult le 12 avril

    2014.

    AMAZON COMPANY, The Birds (1963) Full Cast & Crew , Internet Movie

    Database, http://www.imdb.com/title/tt0056869/fullcredits?ref_=tt_ql_1, consult le 12

    avril 2014.

    DEBBACHE Karim, Crossed : eXistenZ , YouTube, publi le 5 dcembre 2013,

    https://www.youtube.com/watch?v=_JjQQeFgQBQ, consult le 12 avril 2014.

    25

  • Table des matires

    Introduction..............................................................................................................2

    1 Des scnarios que tout oppose... Ou presque........................................................3

    2 Le point de vue comme lment convergent.........................................................5

    2.1 Branigan, iek et la notion de point de vue.................................................5

    2.2 Le point de vue dans The Birds.....................................................................7

    2.3 Le point de vue dans eXistenZ.......................................................................9

    2.4 La fonction rfrentielle comme pilier de l'angoisse...................................13

    3 La place du spectateur travers le point de vue : voir, croire et savoir..............15

    3.1 Voir, croire et savoir dans The Birds............................................................15

    3.2 Voir, croire et savoir dans eXistenZ.............................................................16

    4 Auto-rflexivit systmique ou non-systmique ?..............................................18

    4.1 L'auto-rflexivit dans The Birds................................................................18

    4.2 L'auto-rflexivit dans eXistenZ..................................................................19

    Conclusion..............................................................................................................21

    Fiches techniques des films tudis.......................................................................22

    Bibliographie..........................................................................................................24

    Sitographie.............................................................................................................25

    Table des matires..................................................................................................26

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    UNIVERSIT LIBRE DE BRUXELLESFacult de Philosophie et Lettres

    Introduction1 Des scnarios que tout oppose... Ou presque.2 Le point de vue comme lment convergent2.1 Branigan, iek et la notion de point de vue2.2 Le point de vue dans The Birds2.3 Le point de vue dans eXistenZ2.4 La fonction rfrentielle comme pilier de l'angoisse

    3 La place du spectateur travers le point de vue: voir, croire et savoir3.1 Voir, croire et savoir dans The Birds3.2 Voir, croire et savoir dans eXistenZ

    4 Auto-rflexivit systmique ou non-systmique?4.1 L'auto-rflexivit dans The Birds4.2 L'auto-rflexivit dans eXistenZ

    ConclusionFiches techniques des films tudisBibliographieSitographieTable des matires