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LES C O N S ERVAT E U R S ET LE PERSONNEL par GERMAINE CAKT DE MUSE ENSEIGNANT mm les questions inscrites au programme du stage de Brooklyn, celle de la I? formation des éducateurs de musée (pour employer un terme général) a donné lieu à des entretiens particulièrement importants, qui mettent en évidence la néces- sité d‘une telle formation. I1 est certain que l’effort poursuivi sur le plan matériel depuis quelques années, en vue de faire des musées des centres de culture ouverts à tous, n’atteindra vrainient son but que le jour des hommes auront été préparés à cette tâche. Pareille prépa- ration s’impose en prenlier lieu en ce qui concerne les futurs conservateurs, aux- quels incombera la double responsabilité de mettre en valeur les ressources pédago- giques qu’offrent les collections muséographiques et d’organiser un ensemble cohé- rent d’activités éducatives, en fonction même de ces collections. Mais il p aurait intérêt à instruire à còté des conservateurs les maîtres qui seront appelés à diriger des élèves dans ces vastes champs d‘exploration que sont les musées. F,n attendant que chaque musée posséde un service éducatif dont le personnel spécialisé s’occupera de tout ce qui a trait à l’enseignement, nombreux sont les conservateurs qui seront obligés, seuls ou avec l’aide de quelques professeurs, d‘assumer cette tâche. Nous espérons leur venir en aide en leur apportant ici le résumé des entretiens et des expé- riences du stage d‘études de Brooklynl. I1 apparaît nécessaire, de nos jours, de préparer le conservateur à son ròle d‘édu- cateur. Cependant cette formation est encore délicate à assurer en raison méme de la complexité des problèmes qu’elle soulève; et le principe semblera difficilement acceptable à ceux qui s’en tiennent à la conception traditionnelle du rôle de conser- vateur. On admet couramment aujourd’hui qu’on ne s’improvise pas conservateur; ceux qui se destinent à cette carrière resoivent donc une formation scientifique et des conseils d‘ordre pratique qui les rendent aptes à exercer cet emploi. Mais l’aspect pédagogique, on peut même dire social, que comporte cette fonction est encore trop souvent négligé au profit d’études purement théoriques. Cependant, il devient chaque jour plus difficile d’imaginer un muséographe qui ne serait qu’un savant, au sens strict du mot, et qui attacherait plus d‘importance à faciliter les recherches de quelques érndits qu’à répondre aux légitimes curiosités du grand public. Certes, il n’est pas question de minimiser l’iniportance du travail scientifique qui s’effectue dans les musées et enrichit chaque jour nos connaissances. Mais celui-ci ne doit pas faire oublier les obligations plus humbles, plus humaines aussi, que tout homme auquel incombe la garde et la nise en valeur des collections asseniblées par ses prédécesseurs a envers les modestes visiteurs qui viennent à lui avec le désir de s’instruire. Ces obligations se font plus impérieuses encore vis-à-vis de la jeunesse qui serait en droit, demain, de nous reprocher de l’avoir délaissée au profit de quel- ques privilégiés. Le souvenir de propos d‘adolescents entendus auprès d‘une vitrine, de regards enfantins, confiants et éblouis, surpris au détour d’une galerie nous per- mettent d‘affirmer qu’il s’agit là d’un devoir auquel les spécialistes des musées n’ont plus le droit de se dérober. Quels sont les problèmes que tout futur conservateur soucieux de faire servir ses collections à l’enseignement doit pouvoir résoudre? Ce sont tout d’abord des pro- blèmes d‘ordre matériel, qui touchent à l’organisation du musée et pourront étre étudiés dans les salles mêmes. La formule des stages, tels qu’il en existe déjà dans certains musées, devrait se généraliser z. Ils permettraient à celui qui en bénéficierait de se familiariser avec tous les problèmes niuséographiques et en même temps de juger des réactions du public. 11 lui serait alors facile d’apprendre à classer les collections selon des principes didactiques, à choisir les objets qui meubleront les vitrines non seulement pour leur 1. Nous considérons dans cette étude le *‘le et la formation du conservateur uniquement du point de vue éducatif. 2. Les bourses d’&des d’une durée Cun an environ instituées par le Metropolitan Museum of Art de New Sont une très bonne f?rmY1e; elles permettent au bénéficiaire de se famlhanser avec l’organisation des divers services en m6me temps qu’il poursuit ses études personnelles. beauté propre, mais aussi pour leur pouvoir d’évocation, et à constituer des centres d’intérét susceptibles de stimuler la curiosité de jeunes visiteurs et de concentrer leur attention. Les principes de niuséographie actuellement en vigueur rendent une 228

The Curator-Educator and the Museum-Teacher

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LES C O N S ERVAT E U R S ET L E P E R S O N N E L

par GERMAINE CAKT

D E MUSE E N S E I G N A N T

mm les questions inscrites au programme du stage de Brooklyn, celle de la I? formation des éducateurs de musée (pour employer un terme général) a donné lieu à des entretiens particulièrement importants, qui mettent en évidence la néces- sité d‘une telle formation.

I1 est certain que l’effort poursuivi sur le plan matériel depuis quelques années, en vue de faire des musées des centres de culture ouverts à tous, n’atteindra vrainient son but que le jour où des hommes auront été préparés à cette tâche. Pareille prépa- ration s’impose en prenlier lieu en ce qui concerne les futurs conservateurs, aux- quels incombera la double responsabilité de mettre en valeur les ressources pédago- giques qu’offrent les collections muséographiques et d’organiser un ensemble cohé- rent d’activités éducatives, en fonction même de ces collections. Mais il p aurait intérêt à instruire à còté des conservateurs les maîtres qui seront appelés à diriger des élèves dans ces vastes champs d‘exploration que sont les musées. F,n attendant que chaque musée posséde un service éducatif dont le personnel spécialisé s’occupera de tout ce qui a trait à l’enseignement, nombreux sont les conservateurs qui seront obligés, seuls ou avec l’aide de quelques professeurs, d‘assumer cette tâche. Nous espérons leur venir en aide en leur apportant ici le résumé des entretiens et des expé- riences du stage d‘études de Brooklynl.

I1 apparaît nécessaire, de nos jours, de préparer le conservateur à son ròle d‘édu- cateur. Cependant cette formation est encore délicate à assurer en raison méme de la complexité des problèmes qu’elle soulève; et le principe semblera difficilement acceptable à ceux qui s’en tiennent à la conception traditionnelle du rôle de conser- vateur.

On admet couramment aujourd’hui qu’on ne s’improvise pas conservateur; ceux qui se destinent à cette carrière resoivent donc une formation scientifique et des conseils d‘ordre pratique qui les rendent aptes à exercer cet emploi. Mais l’aspect pédagogique, on peut même dire social, que comporte cette fonction est encore trop souvent négligé au profit d’études purement théoriques. Cependant, il devient chaque jour plus difficile d’imaginer un muséographe qui ne serait qu’un savant, au sens strict du mot, et qui attacherait plus d‘importance à faciliter les recherches de quelques érndits qu’à répondre aux légitimes curiosités du grand public. Certes, il n’est pas question de minimiser l’iniportance du travail scientifique qui s’effectue dans les musées et enrichit chaque jour nos connaissances. Mais celui-ci ne doit pas faire oublier les obligations plus humbles, plus humaines aussi, que tout homme auquel incombe la garde et la nise en valeur des collections asseniblées par ses prédécesseurs a envers les modestes visiteurs qui viennent à lui avec le désir de s’instruire. Ces obligations se font plus impérieuses encore vis-à-vis de la jeunesse qui serait en droit, demain, de nous reprocher de l’avoir délaissée au profit de quel- ques privilégiés. Le souvenir de propos d‘adolescents entendus auprès d‘une vitrine, de regards enfantins, confiants et éblouis, surpris au détour d’une galerie nous per- mettent d‘affirmer qu’il s’agit là d’un devoir auquel les spécialistes des musées n’ont plus le droit de se dérober.

Quels sont les problèmes que tout futur conservateur soucieux de faire servir ses collections à l’enseignement doit pouvoir résoudre? Ce sont tout d’abord des pro- blèmes d‘ordre matériel, qui touchent à l’organisation du musée et pourront étre étudiés dans les salles mêmes.

La formule des stages, tels qu’il en existe déjà dans certains musées, devrait se généraliser z. Ils permettraient à celui qui en bénéficierait de se familiariser avec tous les problèmes niuséographiques et en même temps de juger des réactions du public. 11 lui serait alors facile d’apprendre à classer les collections selon des principes didactiques, à choisir les objets qui meubleront les vitrines non seulement pour leur

1. Nous considérons dans cette étude le *‘le et la formation du conservateur uniquement du point de vue éducatif.

2. Les bourses d’&des d’une durée Cun an environ instituées par le Metropolitan Museum of Art de New Sont une très bonne f?rmY1e; elles permettent au bénéficiaire de se famlhanser avec l’organisation des divers services en m6me temps qu’il poursuit ses études personnelles.

beauté propre, mais aussi pour leur pouvoir d’évocation, et à constituer des centres d’intérét susceptibles de stimuler la curiosité de jeunes visiteurs et de concentrer leur attention. Les principes de niuséographie actuellement en vigueur rendent une 228

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telle tiche relativement aisée; mais il ne sera jamais inutile, croyons-nous, d’insister auprès d’un futur conservateur sur ce c6té pratique du problème 3.

La question des petites collections didactiques, telles qu’il en existe dans de nom- breux musées des Fkats-Unis, doit dgalement retenir son attention. Composées d’objets appartenant aux réserves des muskes ou acquises spécialement, de telles collections serviront essentiellement à illustrer un sujet emprunté aux programmes scolaires : lesons d’histoire, de sciences ou de litti-rature aussi bien qu’enseignement artistique trouveront de la sorte leur prolonsenient naturel au musée. Chaque collection ainsi constituCe est complétée par une courte notice où sont consipées, sous une forme simple, des indications de date et de provenance concernant les objets, des explications tecliniques et des sujets de comparaison; un questionnaire que doivent remplir les élèves est parfois joint à ces notjces. De telles collections peuvent Stre utilisées au musée &me, à l’occasion d’une visite scolaire; mais le plus souvent elles sont destinées à être prêtées aux établissenients d’enseigne- ment, qui se servent du matériel ainsi m i s à leur disposition pour illustrer les lesons faites en classe (fix. 6, 7, 8).

D’une fqon plus géntrale, la publica- tion de brochures didactiques représente une des branches importantes de toute activité tducative. Le programme en est dtabli en fonction des collections par le conservateur lui-même, q uiveille à sa réali- sation. De telles publications ne doiyent en aucun cas faire double emploi avec les ouvrages scientifiques, catalogues ou études critiques. Consacrées à la présentation d’une pièce maîtresse ou d’un ensemble homogène, elles doivent être d’une lecture facile, d’un prix abordable, mais aussi - et c’est là une condition essentielle - d’un aspect agréable; une jolie couverture, illustrée d’une reproduction qui attire l’œil et si possible en couleurs, u format peu encombrant, une inipression claire et animée de quelques illustrations sont autant de qualités qui séduiront le lecteur le moins convaincu (bg. 90, 11).

La yuestion des expositjons éducatives temporaires n’est pas moins importante que celle des publications. De telles manifestations offrent le double avantage de renouveler l’int2rit que pri-sente un musée et de permettre l’utilisation de tout un matdriel didactiyne qu’il serait parfois regrettable d’introduire dans les galeries d’espcsition permanente, particulièrement lorsyu’il s’agit d‘un musée d’art. I es thèmes de semblables expositions sont variés, et c’est dans le choix des sujets aussi bien que dans leur présentation qu’interviennent l’imagination et l’esprit d’initiative du conservateur : il doit faire en sorte que ces expositions soient de véritables démonstrations capables de capter l’attention du visiteur le moins averti (fig. zo a, 6, c) et de se graxrer dans sa mémoire 4.

Enfin l’organisation régulière de visites-conférences sur des sujets variés et propres à inti-resser des publics divers viendra compléter cet ensemble d‘activités et offrir, sous une Forme vivante et sans cesse renouvelée, un enseignement concret. LTn local d’accès facile, confortablenient aménagé, oil il sera possible de projeter des

6. DERBYSHIRE EDUCATION CObIhIITTEB, School Museum Service, Derby. Service de prit aux tcoles: une vitrine portative illustre la fabrication dcs pneu- matiques.

6. Loans to schools: a travelling showcase illustra- ting the manufacture of rubber tyres.

____ j. Nous n’itudions pas ici en d i t i l les yucstions

d’organisation et de prksentation des collections, ces probkmes ayant dt j i fait l’objet de nombreux et tris bons articles dms MosEubf.

films ou des films fixes, constituera l’ausiliaire-indispensable d’un tel enseignement et permettra, en eget, de préparer les visites ou d’apporter un complémznt d‘infor- mation à des sCances pour lesquelles le musée n’offrait pas de ressources suffisantes. L’existence d’un te1 local facilitera infiniment la \Tisite du musée, ceci particulièrement

4. pour tout ce qui concern: l‘orginisitinn mztC- riel12 de telles expositions, ne saurions mie^^^ faire que de renvoyer à l’article du DC Grace L. hIcCam &forley : ,~ des expositions Cducativcs MUSEUM, v, ‘952, p. 80-97.

pour le public scolaire. Telles sont, sur le plan pratique et muséographique, les principales activités

auxquelles tout conservateur, qui se voudra aussi éducateur, devra consacrer une 229

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7. DERBYSHIRE EDUCAtrIoN COhïhfITTEE, School Museum Service, Derby. Matériel de prêt aux &coles : les valises, les sacs, etc., sont fermés pour étre espbdiés; leur forme repond à la nature des objets.

7. Loan material ready tn go to a school: the shapes of the containers vary according to the type of object.

5 . On ne dira jamais asset l’importance que peuvent présenter, pour de jeunes ouvriers, des visites de musies. Organisees en fonction mème de leurs hesoins professionnels, ces séances peuvent constituer pour tous un veritable enseignement tech- nique cnncret en mime tcmps que culturel. S’il s’agit de jeune ébbnistes. par exemple, une etude sur le mobilier ancien qui leur montrera comment ont Ctb poses et résolus, dans les siècles précédents, les pfohlemes qu’ils ont eus-mémes A surmonter, pourra augmenter l’intkrit qu’ils portent il leur métier. I1 en est de mkme pour tous les métiers d’art : orfèvrerie, tapisserie, etc.

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part importante de son temps. Mais pour que ses efforts dans ce domaine portent tous leurs fruits, il lui sera nécessaire d’acquérir une parfaite connaissance des besoins du public et, en premier lieu, du public scolaire. Autrement dit, Ir. muséo- graphe devra se doubler d’un pédagogue - nous serions tentés d’ajouter : d’un psychologue.

Nous abordons ici l‘autre aspect du problème de la formation du conservateur, l’aspect pédagogique et social. Trop rarement mise en évidence, cette question nous semble cependant présenter un très grand intérêt, mais &re encore plus délicate à résoudre que la précédente.

En ce qui concerne les rapports avec l’enseignement, des contacts riguliers avec les éducateurs apportent déjà une aide certaine aux miméographes : mzis on souhai- terait les voir se généraliser sous la form- de conférences d’information, d’exposés relatifs aux besoins du public scolaire, qui seraient faits par des membres de l’ensei- gnement aux élèves-conservateurs. Et, afin que les contacts soient plus efficaces, ne serait-il pas possible d’organiser, dans lzs établissxnEnts scolaires, d-s stage3 de courte durée qui permettraient aux jeunes muséographes de particip- er aus exercices qui se font en classe? 11 leur suffirait de quelques séances pour se mettre au courant des illéthodes pédagogiques actuelles, pour apprendre à connaître la ni?ntalité des enfants ou des adolescents et pour s’initier i leurs préoccupations, s’informer de tous les problèmes scolaires (programmes, horaires, sujets traités en classe, manuels utilisés...). Lorsque, quelques années plus tard, ils seront à la tête d’un musée, le souvenir de ces séances les aidera à utiliser d’une faqon judicieuse les objets dont ils disposeront et à organiser tout un ensemble d’activités qui feront du musée le prolon- gement et le coniplément logiques de l’tcole.

Ce qui est vrai du public scolaire l’est aussi de l‘ensemble des visiteurs : des visites aux centres d’apprentissage, aux foyers de culture populaire, à tous les groupements culturels formés à l’intérieur d’une usine, d’un atelier, d‘une administration, et des contacts avec les services sociaux généralement responsables 5 au sein de ces orga- nismes de toutes les activités éducatives seraient souhaitables. Elles apporteraient au jeune érudit, trop souvent confiné dans sa spécialité, et dont l’horizon risque de se limiter aux galeries de son musée, une vision directe du monde, qui enrichirdit sa connaissance des hommes, de leurs désirs et de leurs besoins. D’une fason générale, toute activité éducative (publications, conférences aussi bien qu’expositions) devra éviter d’ètre trop spécialisée et s’efforcer de garder un contact étroit avec la vie. Les expositions éducatives, en particulier - qu’elles se proposent de mettre à la portte du grand public les dernikres découvertes de la science ou d’expliquer et, mieux, de raconter un tpisode de l’activité humiine - devront toujours se rattacher à l’actua- lité et éviter les sujets de caractère scientifique qui exigent du public des connais- sances spéciales. Par exemple, plutòt que d’organiser une exposition sur L’rtwrt? de Remlmmdt- ceci étant affaire de spécialistes -- on cherchera à évoquer à l’aide de tableaux, de dessins ou d’objets d‘art L a vie etz Hollaade au XVIIe siècle. De même des sujets comme T,e trmail dn bois chez les artisms dtl n~oj’eii L[qe ou La IGP des o iseau ,viigatews devront être préférés à une étude savante sur Les strrtzLes religieuses dit XV(: sièrle ou sur Le pt-oblè/ue de la reprodwtiofion des flmiafits roses. On aura toujours intérêt à choisir des sujets simples qui seront expliqués et présentés de manière accessible, et pour lesquels la présence de l’objet réel et authentique, avec sa forme, son volume et sa couleur, remplacera avantageusement la reproduction la plus fidèle et le commentaire le plus savant.

Ainsi conp, dans sa complexité même, le r d e du conservateur-éducateur est un des plus beaus qui soient, puisque celui-ci apporte à tous la joie de connaître et celle de comprendre. Mais sa tâche est lourde, surtout lorsqu’elle vient se superposer aux besognes normales que réclame la conservation des collections; aussi, en atten- dant que chaque musée de quelque importance dispose de sa petite équipe de spécia- listes, y aura-t-il le plus grand intérêt à demander l’aide de membres de l’enseigne- ment. Certains conservateurs estiment mème, à tort ou à raison, que l’organisation et la direction de visites scolaires doivent ètre laissées à l’initiative des maîtres d‘école.

Là encore une préparation s’impose, moins complexe que celle des conservateurs- éducateurs, mais aussi nécessaire. On peut être, en effet, un excellent professeur, et se trouver fort embarrassé quand il s’agit de guider les élèves dans une galerie. Comme pour les élèves-conservateurs, c’est au cours même de leurs etudes que les ftiturs

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maîtres devraient ètre instruits de l’aide que les musées peuvent leur apporter. TI est juste de reconnaître qu’un grand effort en ce sens a été fait ces dernières années par les organismes dirigeants de l’enseignement. Cet effort a d’ailleurs coïncidé avec la grande campagne de réorganisation des musées : en France en particulier - et on pourrait dire la mime chose de la Belgique, de la Grande-Bretagne, du Mexique, et d’autres pays encore - où les programmes comprennent des conférences d’infor-

mation, des visites types de musées o u de monuments d’art. Cet enseignement som- maire serait utilement complété par quelques indications précises sur ce qu’il ne faut pas faire dans un musée. Trop de jeunes maîtres, en effet, pleins de bonne volonté et d’enthousiasme, semblent encore ignorer les quelques règles essentielles. On ne va plus par exemple visiter un musée sans but précis; mais on y conduit des élèves dans une intention déterminée; une telle visite ne s’improvise pas, mais demande à Etre soigneusement préparée i l’avance par le professeur lui-même et par ses élèves (jfq. II), et, pour laisser un souvenir dans la mémoire de ces dernier?. elle doit être complétée par des exercices scolaires (dessins, descriptions, comptes rendus, etc.); enfin, seuls des petits groupes (IO à 1 5 élèves au maximum), dans lesquels la question de discipline et de surveillance ne se posera pas, peuvent retirer un bénéfice certain de semblables visites.

A ces instructions d‘ordre très génkral, il y aurait lieu d’adjoindre à l’usage des maîtres déjA en fonctions et qui en manifesteraient le désir, un enseignement plus poussE qui leur apporterait une documentation précise concernant chaque musée et dont ils pourraient ensuite tirer parti pour leur enseignement.

Cette connaissance du musée, c’est auprès du conservateur lui-même qu’ils auront tout intérèt à l’acquérir; en effet, celui-ci, qui vit au milieu de collections dont il connaît l’histoire et la valeur exacte, et qui a présidé à leur installation, saura répondre d’une manière pertinente aux questions de l’éducateur, l’aider dans ses recherches, lui expliquer la raison de certaines présentations ou de l’importance accordée à certains objets plutôt qu’à d’autres dont la qualité ou l’intérgt semblent cependant, à première vue, equivalents.

Nous ne faisons ici que rappeler une vérité reconnue par un grand nombre de muséographes réputés, cpi se sont rendu compte de l’avantage qu’offrait un véri- table enseignement donné aux professeurs dans le cadre mème de leur musée: avantage pour les kducateurs, mais aussi pour le conservateur; car de ce contact avec ceux dont la mission est d’ouvrir de jeunes esprits à la compréhension des choses humaines, il recueillera des suggestions qui pourront l’aider à mieux présenter ses collections.

Telles sont, brièvement exprimées, les conclusions qu’on peut tirer des séances d’étude du stage de Brooklyn. Mais si riche qu’ait été la documentation recueillie au cours des entretiens où des hommes venus de toutes les parties du monde ont m i s en commun leurs efforts et leurs espoirs pour faire progresser l’idée du misée - centre d’éducation, il est une chose qu’on ne doit point oublier : ne s’improvise pas éducateur qui veut, et seuls réussiront dans cette tâche ceus*yui en auront la vocation, qui s’y donneront avec confiance et enthousiasme.

8. CIIICAGO NATURAL I-II~TORY ~’V~USETIM, Chicago, Illinois. Pendant toute l’année scolaiir, des vitrines contenant des objets propres i illustrer les lesons d’histoire naturelle sont apportées tous les quinze jours par ces camionnettes dans les Gcoles de la ville.

8. Throughout the school year, exhibition cases depicting natural history subjects are delivered by truck to the Chicago Public Schools at fortnightly in tervals

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THE CURATOR-EDUCATOR AND THE MUSEUM-TEACHER

MONG the questions dealt with during the Brooklyn Seminar, the training of A curators-educators (to use a general term) gave rise to discussions of particular importance, in the course of which th.- need for such training became evident.

The practical efforts made during recent years to transform museums into cultural centres accessiblz to the public as a whole will certainly not achieve their end until specially trained staff is available for the task. First to be trained should be the curators, upon whom devolves the dual responsibility of developing the educational resources latent in any museum and of organizing, on the basis of the available material, a properly co-ordinated series of educational activities. But in addition to the curators it is desirable to provide training for the teachers who will be called upon to guide schoolchildren in their exploration of the vast territory ofmuseums. Until thc time comes when every museum has its own Education Department, with a specialized staff to cover all aspects of education, many curators will have to carry on this work

by GERMAINE CART

a b

E c Ti P T E tr: II . I > 1.4 II . i

.. . I . . .

9 a, b. hlusr i~ DU Louvm, Paris. Publications du service educatif : dkpliant concernant le mastaba. a) Portrait du défunt. b) IntCrieur du dépliant reproduisant le plan des salles de l'Ancien Empire, département des antiquitts Cgyptiennes, et donnant une courte description du mastaba (histoire, signi- fication et dicor).

9 a, b. An educational pamphlet on the mastaba. a ) The cover, reproducing the portrait of the dehnct. b) 'Inside o€ the folder, with the plan of the galleries devoted to the Old Kingdom, Department of Egyptian Antiquities, and giving a short des- cription of the mastaba, its history, meaning and decomtion.

... . . I . ..*

alone, or with the help of a few teachers. We hope the following summary of the discussions and experiences at the Brooklyn Seminar will be of assistance to them.l

It seems necessary, nowadays, to train curators for their role as educators. As yet, however, it is no easy matter to provide such training, owing to the complexity of the problems involved; and the principle will not be readily accepted by those who still take the traditional view of the curator's role.

It is now generally agreed that curators are made, not born, and those intending to take up that career are therefore given scientific training and practical advice to fit them for their task. But the educational-one might even say social-aspect of their work is still too often neglected for the sake of purely theoretical instruction. Yet it is becoming daily more difficult to think of a museographer simply as a scholar in the strict sense of the word, who thinks it more important to facilitate research by the learned few than to satisfy the natural curiosity of the general public. The importance of the scjentific work done in museums must not, of course, be under- estimated, for it adds continually to the sum of our Itflowledge. But it should not be allowed to overshadow the more modest and human obligajions which any man, entrusted with the guardianship and development of the collections formed by his predecessors, owes to the ordinary people who come to him for instruction. These obligations are particularly binding in the case of young people, who would have every right to reproach us in the near future if we neglected them for the sake of a few privileged elders. Anyone who remembers comments heard by chance from young people standing in front of a showcase, or the entranced, trusting expression

I. ;This article wjll deal only with the training of curators from thc educational point of view.

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on the faces of children caught in some corner of a gallery, will agree that this is a duty that museum staffs can no longer avoid.

What are the problems that call €or solution by any future curator who map wish to use his collections in the cause of education? First there are practical problems, which affect the organization of the museums and can be studied on the spot.

The system o f training courses,2 already introduced in some museums, should be extended. It enables trainees to acquaint themselves with all museographic problems, and also to gauge the reactions of the public. They thus learn to classify the items according to educational principles, to select exhibits for the showcases not for their beauty alone, but for their power of suggestion as well, and to for= centres of interest that will stimulate the curiosity and hold the attention of young visitors. The principles of up-to-date museograpliy make this task comparatively easy; but we feel it will always be worth while calling the particular attention of a future curator to this practical aspect of the p r ~ b l e m . ~

He should also consider the question of small educational collections such as are to be found in many museums in the United States. These are made up of items either drawn from the museum’s reserves or specially acquired, and their chief use is to illustrate some subject included in the school curricula. In this way, the museum provides a natural follow-up for history, science or literature classes, as well as for art classes. Each of these collections is supplementedby a short printed description, giving the date and origin of the different items, together with a simple technical explanation and suggestions for comparisons-sometimes accompanied by a questionnaire to be filled in by the chldren. These collections may be used in the museum itself, for school visits; but in most cases they are intended for loan to the schools, which use the material thus made available to illustrate the lessons given in class (jgs. 6, 7, 8).

in a more general wap, the publication of educational pamphlets is an important aspect. The schedule of thc publications is drawn up by the curator on the basis of the collections available, and he himself sees that it is carried out. Care must be taken to avoid duplicating any csisting scientific works, catalogues or critical studies. The pamphlets should deal with one outstanding item or group of items, and should be not only readabk and cheap but-this is essential-attractive in appearance. h well-designed wrapper with a reproduction that catches the eye-in colour if possible, a handy size, and clzar type enlivened with a few illustrations, will go far to win over even the most hesitant reader ( jg. ga, b) .

No less important than the question of publications is that of temporary educa- tional exhibitions. These have the double advantage o f stimulating fresh interest in the museum and providing a use for a quantity of educative material which-especially in the case of an art gallery-it is not always desirable to include among the permanent exhibits. There is a wide variety of themes for such exhibitions, and the curator’s ima- gination and initiative can find an outlet both in the choice and presentation of the items. It is for him to ensure that such an exhibition shall be sufficiently striking to catch the attention (jigs. ~ m , b, c), and remain in the memory even of the uninformed v i~ i to r .~

Finally, the regular organization of conducted lecture-tours on varied subjects of general interest will supplement this series of activities and provide practical instruction in a lively and constantly diversified form. This type of teaching requires premises that are easily accessible, comfortably arranged, and suitable for showing films or filmstrips. Here preparation for the conducted tours can be given, or additional information supplied, at meetings for which the museum itself cannot provide facilities. Where such premises are available it becomes much easier to arrange museum visits, especially tor schoolchildren.

These are the chief practical and museographic activities to which a curator must devote time if he wishes to be an educator as well. But if his efforts in this direction are to be completely productive, he will have to acquire a €u11 knowledge of what the public-and the school public first and foremost-needs. In other words, he must be

I. Fellowships and trdining courses of abnut one year’s duration, as established by the bletrupolitan Museum of Art, New York, have proved ta he an excellent system. The trainees have an ctpportunity of acquainting themselves with all the different aspects of the museum and at the same time pursue their own studies in their specialized fields.

3. We shall not dwell here upon the problem d organization and presentation of the collections, this subject having already been discussed in a number of excellent articles in RIusEmr.

not only a museographer but a teacher-one is even tempted to add, a pspchologist. This brings us to the other aspect of the training of a curator-the educational and

social aspect. Too little attention is paid to this problem, which in our view is of

4. Regmding the actual organization of such exhibitions, .we Grace L. McCann Morley, “In- stallation of for Education,,, blussuhr, vol. IT , T952, pp.

great interest, though even more difficult to solve than the foregoing one. As regards their teaching connexions, museographers are already receiving sub-

stantial help from regular contacts with educationists; but it is desirable for these 233

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contacts to be broadened by means of informative lectures, and surveys of the needs of schoolchildren, which could be given by teachers to student-curators as part of their training. And the effectiveness of such contacts would surely be enhanced if short practical courses could be arranged in schools, enabling young museographers to take part in class work. Only a few such courses would be needed to put them abreast of present-day methods of teaching, familiarize them with the outlook of children or adolescents, give them an insight into their mentality, and acquaint them with the whole range of school problems (curricula, syllabuses, subjects covered in class, handbooks used). A few years later, when they are in charge of a museum, the memory of these classes will help them to make a wise use of the objects in their care and to organize a series of activities that will turn the museum into the logical exten- sion and supplement of the school.

What applies to schoolchildren applies also to the general run of visitors; it is advisable for the trainee curator to visit technical training centres, adult education

IO a, b, C. METROPoLIT.4N MUSEUM OF ART, New York. Exposition d’histoire culturelle Throzrgb the Pic- t i r e Frame (Perspective au delà du cadre) construite sur le thCme d’un tableau de Rubens : L’etitr,‘~ triom- phale d’Heiird IL7 à Paris. A cBt6 de nomhreux objets representant les arts i l’époque de Rubens, plusieurs panneaus didactiques espliquent les cir- constances historiques de la commande du tableau ou replacent l’artiste dans son milieu. Cette espo- sition retrace un épisode de l’histoire des activitis humaines.

IO a, b, c. Throigh the picture frame, an exhibition of cultural history based on a painting by Rubens: Triionphal Etzt?)! of Henri the 1 L-th ìt i to Parir. A number of objects representing the arts of the time surrounds the picture, esplains the historical events which governed the ordering of the picture and places the artist in his true environment. The eshi- bition’s aim is to tell the story of a particular phase of human activity.

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institutions, and any type of cultural group set up in a factory, workshop or govern- ment department, and to get into touch with the Welfare Services, which are usually responsible for any educational activities undertaken in such organization^.^ These contacts will give the young student-whose horizon is too often bounded by his own speciality and who is apt to have no interests outside his own museum-a first-hand acquaintance with the outside world, and thus increase his understanding of other people, their needs and desires. Generally speaking, any form of educational activity-publications, lectures or exhibitions-should avoid excessive specialization and keep closely in touch with everyday life. Educational exhibitions, in particular- whether their aim is to give the general public a grasp of the latest scientific discov- eries or to explain or, better still, tell the story of some phase of human activity- should always be based on current events, avoiding scientific subjects that demand an expert knowledge on the part of the public. For instance, rather than organizing an exhibition on The Work uf Rerzbrmdt, which is a matter for specialists, one should

seek, with the help of paintings, drawings or other works of art, to give an idea of Life itz Ho/lrrrd ìla the XTfUth Ceiitql. And subjects such as Wood-carving by Medìaevul Crgffs/Neiz or Tke LifE of M&rtltoy B i d should be chosen in preference to learned presentations of Religiom Stutrmy im the X V f h Ceat.ul-3, or The Pt-obLetji cf Breeditg F/umìqoe.r. It is always advisable to choose simple subjects, explaining and presenting them in a simple manner: and the sight of an actual authentic object, with its own shape, size and colour, is to be preferred to the most faithful repro- duction and the most learned commentary.

Regarded in this light, the role of the curator-educator, complicated as it is, becomes one of the most satisfying, because it makes the joys of knowledge and understanding available to everybody. But it is a heavy task, especially when it has to be undertaken in addition to the normal duties entailed in looking after a museum. Therefore, until every large museum has its own small team of specialists, it is highly desirable to enlist the help of teachers. Some curators even consider, rightly or wrongly, that the organization and leadership of school visits should be left to the teachers’ initiative.

Here again some preparation is necessary, though it is 1:ss complex than the train- ing of curators-educators. For evenan excellent teacher may be at a loss when expected to guide l i s pupils round a museum. As in the case of trainee curators, it is in the course of their actual studies that future teachers should be made aware of the help they can get from museums. It is only fair to recognize that the educational autho- rities have recently been making great efforts in this direction-an effort that has

5 . The importance of museum visits by young craftsmen must be stressed. The visits adapted to their professional nceds can provide them with B sound technical as well as cultural education. Young cabinet makers studying pieces of old furniture will see that the problems they are faced with today are the sanie as those which abinet makers of bygone centuries had to solve; this will augment their inter- est in their craft, The same can be said of other crafts, goldsmiths, upholsterers, etc.

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coincided with the far-reaching campaign for the reorganization of museums: in France, for instance-and the same can be said of Belgium, Mexico, the United Kingdom and other countries-where curricula now include informative lectures and standard visits to museums or monuments of art. This brief course of instruction may usefully be accompanied by some precise information on what not to do in a museum. Too many young teachers, though full of enthusiasm and good intentions, seem to be still unaware of certain basic rules. For instance, children no longer go to a museum for no precise purpose; they are taken with some definite intention; the visit should not be decided on the spur of the moment, but should be carefully prepared beforehand by teacher and pupils alike (Le. r r ) ; and if the children are to remember what they see it must be completed by their school work (drawings, descriptions, written accounts, etc.). Finally it should be remembered that only small groups of children (IO to 1 5 at most), which raise no problems of discipline or supervision, can be certain to benefit from such visits.

I I . MUSLE DU LOUVRE, Paris. Sous la direction d‘un assistant du musee et d’un professeur, une classe de dessin étudie, dans les salles d’esposition, le decor et la technique de poteries antiques choisies dans les collections de la reserve.

r r . A drawing class studies in the museum gal- leries, under the supervision of a museum assistant and a teacher, the techniques and decoration of ancient pottery selected specially for the purpose from the storage collections.

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In addition to these very general suggestions, practising teachers who so desire should be able to obtain more advanced instruction, giving them exact particulars of each museum, for use in their lessons.

They will be well advised to get this information about the museum from the curator himself. Because he lives with the exhibits, knows their history and exact value and has supervised their arrangement, he can give pertinent replies to the educators’ questions, help them in their research, and explain why certain objects are exhibited in a certain way or why some are given greater prominence than others which, at the first glance, appear to be of equal quality or interest.

What we have been saying here is merely a reminder of a fact recognized by many eminent museographers, who have realized the advantages of providing proper instruction for teachers within the museum itself. This is an advantage not only for the teachers, but for the curator as well, because through contact with those whose task is to open young minds to an understanding of life, he will pick up suggestions that will help him to exhibit his collections better.

Such, in brief, are the conclusions to be drawn from the Brooklyn Seminar. But notwithstanding the wealth of information acquired during these discussions, where people from all over the world pooled their efforts and aspirations in order to advance the concept of the museum as a centre of education, one fact must not be forgotten: that not everyone can become an educator. Success will come only to those who have a vocation for this work and who devote themselves to their task with confi- dence and enthusiasm. ( TrniisZnied j . o t n F r ~ t ~ b .)