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.Neuropsyckoloyia, Vol 19, No 3, pp 487 489, 19X1 Prmted m Greal Brmin Per~amon Press Ltd BOOK REVIEWS The Deaf Schoolchild: Language and Cognitive Function. R. CONRAD. Harper and Row, London, 1979, 364 pp. f12.50. CET OUVRAC;E qui s’adresse aux kducateurs mais aussi aux psychologues, fournit un bilan des efforts consacr&s depuis plusieurs an&es a I’enseignement du langage oral chez les enfants sourds. Les nombreux rksultats rapportks ont t-t6 obtenus au tours de I’&ude d’une large population de sujets sourds dont la st-lection est prisentbe en dktails au chapitre 2 en mcme temps que sont &voq&s les problemes spkcifiquement Ii&sau contrfile des nombreuses variables qui affectent une telle population: mesure de I’atteinte auditive, mesure du niveau intellectuel, prise en compte des Cventuels handicaps associ&s, itiologie du dkficit etc. Le probltme post est celui du rapport entre le langage oral (external speech) et son internalisation (internal speech). Celle ci est dkfinie comme un mode de pens&e qui permet au sujet de “mampuler, habituellement de faGon silencieuse, les mots parlts qui sont requis pour atteindre un but cognitir’. Le developpement de ce langage oral interne est mesure en terme du degr& de codage phonologique au tours d’expkriences mettant en oeuvre la mkmorisation de listes de mots homophones et non homophones. Apris avoir ktabli cette mesure, qui se rkvele &re Ii&e au degri de prtservation de I’auditlon et au niveau intellectuel, elle est mise en relation, en mCme temps que d’autres paramktres, avec les performances des sujets g une s&rie d’tpreuves mettant en oeuvre la mimoire i court terme (mesure de I’empan mntsique) et le langage externe (lecture, lecture sur les Ikvres, intelligibiliti du discours). Les deux derniers chapitres sont consacriis a la discussion des rbsultats de ces itudes, et de leur signification sur un plan pratique de I’tducation de l’enfant sourd. Les rt-sultats montrent en effet que langage externe et langage interne sont interdkpendants, et qu’au deli d’un certain degr? d’atteinte sensorielle leur dtveloppement est trt’s limit&. C’est g dire que, dans un grand nombre de cas, une kducation strictement orale n’a pas pu donner aux sujets un langage oral efficace sur le plan de la communication, et ne leur a pas permis non plus de dtvelopper un langage interne consider& comme nicessaire j I’&laboration de la pensie. En tenant compte d’arguments biologiques et en considtrant un sous-ensemble de la population (sourds nts de parents sourds eux-mimes), I’auteur conclut i I’avantage d’une iducation bilingue (orale et par signes) qui, en tout &at de cause ne se fait pas au d&riment de I’acquisition du langage oral et permet i I’enfant sourd d’acqukrir un langage interne (visuo-gestuel) sur lequel peuvent se d&lopper des capacitt-s cognitives normales. Le livre est complCtC d’une importante bibliographie et d’index par sujets et par auteurs. M. C. GOLIIBLVM Neurobiology of Social Communication in Primates: An Evolutionary Perspective. Edited by H. D. STEKLIS and M. J. RAYLEIGH. Academic Press. New York, 1979. 324 pp., $24.50. DANS l’introductlon du volume les directeurs nous avertissent qu’il s’agit essentiellement d’apporter une st%ie d’arguments permettant de combler I’tcart entre les don&es de la neuropsychologie clmique sur le langage et les gestes $ valeur de communication et les ritsultats des recherches sur les micanismes nerveux de la communication chez les primates non-humains. Une &ude comparative de ces deux domames, men&e selon le point de vue de I’L-volution, doit aboutir a reconnaitre que la diffkrence n’est que d’ordre quantitatif entre I’homme et les autres primates. I1 s’agit done de regrouper les donntes empiriques actuelles sur les corrClats nerveux des vocalisations etjou du langage et des expressions faciales then les primates. Pour rkaliser leur projet, il &tait important que soient expos& les apports les plus r&cents sur les vuL.alisations, leur signification et leurs possibilit&s de conditionnement et de contrBle volontaire, sur les substrats nerveux de leur production et sur les mecanismes de riception de ces slgnaux sonores. Sur I’autre versant devaient &tre pr&sent&es les don&es anatomlques et cliniques concernant les troubles du langage ou du geste chez I’homme. On trouve ainsl trois chapitres consacrt-s aux m&anismes nerveux de I’&mission ou de la rCceptlon des signaux vocaux des singes (U. Jurgens, D. Sutton, J. D. Newman). Parmi les travaux sur l’homme, G. A. Ojeman et C. Mateer itudient B la lumiire des risultats des stimulations peroptratoires, I’organisation corticale et sous corticale de la communication humame. J. Brown prt-sente plus g&ralement la clinique des troubles du langage et les problimes de localisation pour aboutir g un modile c&bra] du langage selon lequel la reprtsentation unilatirale constitue le stade terminal d’un processus de dtveloppement. D. Kimura ivoque les mtcanismes neuromoteurs dans I’tvolution de la communication humaine. Ses recherches sur les dCsorganisattons gestuelles et la spCcificitt_ de l’ht-misphbe gauche pour la fonction praxique lui font soutenir que les d&buts du langage furent avant tout gestuels. 487

The deaf schoolchild: Language and cognitive function: R. Conrad. Harper and Row, London, 1979, 364 pp. £12.50

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.Neuropsyckoloyia, Vol 19, No 3, pp 487 489, 19X1 Prmted m Greal Brmin

Per~amon Press Ltd

BOOK REVIEWS

The Deaf Schoolchild: Language and Cognitive Function. R. CONRAD. Harper and Row, London, 1979, 364 pp. f12.50.

CET OUVRAC;E qui s’adresse aux kducateurs mais aussi aux psychologues, fournit un bilan des efforts consacr&s depuis plusieurs an&es a I’enseignement du langage oral chez les enfants sourds. Les nombreux rksultats rapportks ont t-t6 obtenus au tours de I’&ude d’une large population de sujets sourds dont la st-lection est prisentbe en dktails au chapitre 2 en mcme temps que sont &voq&s les problemes spkcifiquement Ii&s au contrfile des nombreuses variables qui affectent une telle population: mesure de I’atteinte auditive, mesure du niveau intellectuel, prise en compte des Cventuels handicaps associ&s, itiologie du dkficit etc. Le probltme post est celui du rapport entre le langage oral (external speech) et son internalisation (internal speech). Celle ci est dkfinie comme un mode de pens&e qui permet au sujet de “mampuler, habituellement de faGon silencieuse, les mots parlts qui sont requis pour atteindre un but cognitir’. Le developpement de ce langage oral interne est mesure en terme du degr& de codage phonologique au tours d’expkriences mettant en oeuvre la mkmorisation de listes de mots homophones et non homophones.

Apris avoir ktabli cette mesure, qui se rkvele &re Ii&e au degri de prtservation de I’auditlon et au niveau intellectuel, elle est mise en relation, en mCme temps que d’autres paramktres, avec les performances des sujets g une s&rie d’tpreuves mettant en oeuvre la mimoire i court terme (mesure de I’empan mntsique) et le langage externe (lecture, lecture sur les Ikvres, intelligibiliti du discours).

Les deux derniers chapitres sont consacriis a la discussion des rbsultats de ces itudes, et de leur signification sur un plan pratique de I’tducation de l’enfant sourd. Les rt-sultats montrent en effet que langage externe et langage interne sont interdkpendants, et qu’au deli d’un certain degr? d’atteinte sensorielle leur dtveloppement est trt’s limit&. C’est g dire que, dans un grand nombre de cas, une kducation strictement orale n’a pas pu donner aux sujets un langage oral efficace sur le plan de la communication, et ne leur a pas permis non plus de dtvelopper un langage interne consider& comme nicessaire j I’&laboration de la pensie. En tenant compte d’arguments biologiques et en considtrant un sous-ensemble de la population (sourds nts de parents sourds eux-mimes), I’auteur conclut i I’avantage d’une iducation bilingue (orale et par signes) qui, en tout &at de cause ne se fait pas au d&riment de I’acquisition du langage oral et permet i I’enfant sourd d’acqukrir un langage interne (visuo-gestuel) sur lequel peuvent se d&lopper des capacitt-s cognitives normales.

Le livre est complCtC d’une importante bibliographie et d’index par sujets et par auteurs. M. C. GOLIIBLVM

Neurobiology of Social Communication in Primates: An Evolutionary Perspective. Edited by H. D. STEKLIS and M. J. RAYLEIGH. Academic Press. New York, 1979. 324 pp., $24.50.

DANS l’introductlon du volume les directeurs nous avertissent qu’il s’agit essentiellement d’apporter une st%ie d’arguments permettant de combler I’tcart entre les don&es de la neuropsychologie clmique sur le langage et les gestes $ valeur de communication et les ritsultats des recherches sur les micanismes nerveux de la communication chez les primates non-humains. Une &ude comparative de ces deux domames, men&e selon le point de vue de I’L-volution, doit aboutir a reconnaitre que la diffkrence n’est que d’ordre quantitatif entre I’homme et les autres primates. I1 s’agit done de regrouper les donntes empiriques actuelles sur les corrClats nerveux des vocalisations etjou du langage et des expressions faciales then les primates.

Pour rkaliser leur projet, il &tait important que soient expos& les apports les plus r&cents sur les vuL.alisations, leur signification et leurs possibilit&s de conditionnement et de contrBle volontaire, sur les substrats nerveux de leur production et sur les mecanismes de riception de ces slgnaux sonores. Sur I’autre versant devaient &tre pr&sent&es les don&es anatomlques et cliniques concernant les troubles du langage ou du geste chez I’homme.

On trouve ainsl trois chapitres consacrt-s aux m&anismes nerveux de I’&mission ou de la rCceptlon des signaux vocaux des singes (U. Jurgens, D. Sutton, J. D. Newman).

Parmi les travaux sur l’homme, G. A. Ojeman et C. Mateer itudient B la lumiire des risultats des stimulations peroptratoires, I’organisation corticale et sous corticale de la communication humame. J. Brown prt-sente plus g&ralement la clinique des troubles du langage et les problimes de localisation pour aboutir g un modile c&bra] du langage selon lequel la reprtsentation unilatirale constitue le stade terminal d’un processus de dtveloppement.

D. Kimura ivoque les mtcanismes neuromoteurs dans I’tvolution de la communication humaine. Ses recherches sur les dCsorganisattons gestuelles et la spCcificitt_ de l’ht-misphbe gauche pour la fonction praxique lui font soutenir que les d&buts du langage furent avant tout gestuels.

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