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Le Musée du Sarawak: dans un pavs lointain I J par Tom Harrison I. Du fin fond de Bornéo, il avait sejourné et avait appris ? I aimer le pays et sa population, l'auteur vint, en 1946, au Sarawak pour se faire démobiliser. I1 lui apparut alors que le musée méritait d'être remis en état; il modifia ses projets et, depuis, n'a plus quitté le pays. 234 centre actif Avant d'assister au stage d'études organisé par l'Unesco à T+ en septembre 1960, j'avais l'impression que les grandes institutions de ce genre ne s'intéressaient vraiment pas aux petits pays tels que le Sarawak, qui est situé dans la partie occi- dentale de l'île de Bornéo. C'est un territoire plus étendu que l'Angleterre, sans une seule ligne de chemins de fer, mais qui présente une merveilleuse diversité d'animaux, de végétaux et de cultures humaines. Jusqu'à une époque très récente, c'était un pays isolé, à l'écart des grands axes du commerce moderne, et sans beaucoup d'attrait pour les grands brasseurs d'affaires de notre époque. Le Sarawak ne couvre que le cinquième de la superficie de Bornéo, mais c'est là que se trouve le seul musée de cette grande île luxuriante, traversée par l'équateur. Notre musée a été fondé en 1888 (fig. 39 - 42) par sir Charles Brooke, deuxième "rajah blanc" du Sarawak, sous l'influence de son ami, Alfred Russell Wallace, l'un des auteurs de la théorie de l'évolution, qui séjourna deux an au Sarawak et rédigea son premier grand exposé théorique sur la sélection naturelle près de Kuching, la capitale. Destiné, à l'origine, à abriter une collection particulière dans un bâtiment c o n p par un domestique fransais du rajah, sur le modèle d'une mairie de sa Normandie natale, le musée s'agrandit lentement et conquit progressivement l'estime de la population de Bornéo. Les Brooke comprirent, bien avant leurs contemporains, le ròle capital que jouent les fiertés et les traditions locales et se rendirent compte qu'il ne fallait pas les ;./ - - détruire ou les remplacer par la civilisation occidentale, mais seulement les canaliser et les réorienter. L'évolution nouvelle de l'Asie, tumultueuse et parfois chaotique, tend vers l'affirmation de la personnalité nationale et des traditions ethniques et vers la création de nouveaux États, tout en étant caractérisée par une forte expansion démographique - - - et par le développement de l'instruction. Aussi les musées so+tzils appelés à..jouer un ròle de plus en plus important. Les pays qui viennent d'accéder à l'indépendance __ -. I sf&fforcent généralement de faire revivre leur passé précolonial et les collectivités qui commencent à s'instruire veulent apprendre à connaître le monde dans son ensemble. Des musées locaux, de caractère assez général, mais étroitement associés aux préoccupations de la population, permettent d'atteindre ce double objectif. Malheureusement, les connaissances et l'expérience nécessaires font défaut. Le Sarawak est le seul pays de l'Asie du Sud-Est il existe un musée général qui fasse partie intégrante de la vie d'un grand pays tropical au paysage très varié. Plus de cent mille personnes visitent tous les ans le bâtiment principal du musée. Nous avons aussi Gganisé, à l'intention de la collectivité, diverses activités que ne lui offre aucun autre service ou institution relevant du gouvernement - dans cette ìle il n'existe pas encore une seule' université. D'autre part, nous sommes en relations avec les cinq continents, et nous procédons à des échanges avec près de mille institu- tions étrangères. Après ces considérations générales, voyons quelle est la situation locale. Malgré son ancienneté et la solidité de son organisation, le Musée du Sarawak connut un déclin considérable au cours de la dépression économique des années 1930 et suivantes, dont les effets se firent gravement sentir à Bornéo. En 1941, les Japonais occupèrent l'íle et, en 194>, le musée se trouvait dans un état lamentable. Depuis 19461, quoique le musée garde les caractères essentiels de l'œuvre ale de son fondateur, nous nous sommes efforcés d'en élargir le champ d'action 'en modifier l'orientation. En effet, en 1946, le Sarawak cessait d'être le fief d'une 7 amille, les Brooke, pour devenir un territoire de la Couronne et entrer dans le Commonwealth. Le Sarawak fait maintenant partie de l'État de Malaisie. A ce qu'il nous paraît, dans un pays qui, vu de l'étranger, reste Ü n petit pays", un musée doit, en gros, se proposer les objectifs suivants : _- -. O o

The Sarawak museum: a living centre in a far country

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Page 1: The Sarawak museum: a living centre in a far country

Le Musée du Sarawak: dans un pavs lointain

I J

par Tom Harrison

I. Du fin fond de Bornéo, où il avait sejourné et avait appris ?I aimer le pays et sa population, l'auteur vint, en 1946, au Sarawak pour se faire démobiliser. I1 lui apparut alors que le musée méritait d'être remis en état; il modifia ses projets et, depuis, n'a plus quitté le pays.

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centre actif

Avant d'assister au stage d'études organisé par l'Unesco à T+ en septembre 1960, j'avais l'impression que les grandes institutions de ce genre ne s'intéressaient vraiment pas aux petits pays tels que le Sarawak, qui est situé dans la partie occi- dentale de l'île de Bornéo. C'est un territoire plus étendu que l'Angleterre, sans une seule ligne de chemins de fer, mais qui présente une merveilleuse diversité d'animaux, de végétaux et de cultures humaines. Jusqu'à une époque très récente, c'était un pays isolé, à l'écart des grands axes du commerce moderne, et sans beaucoup d'attrait pour les grands brasseurs d'affaires de notre époque.

Le Sarawak ne couvre que le cinquième de la superficie de Bornéo, mais c'est là que se trouve le seul musée de cette grande île luxuriante, traversée par l'équateur. Notre musée a été fondé en 1888 (fig. 39 - 42) par sir Charles Brooke, deuxième "rajah blanc" du Sarawak, sous l'influence de son ami, Alfred Russell Wallace, l'un des auteurs de la théorie de l'évolution, qui séjourna deux an au Sarawak et rédigea son premier grand exposé théorique sur la sélection naturelle près de Kuching, la capitale.

Destiné, à l'origine, à abriter une collection particulière dans un bâtiment c o n p par un domestique fransais du rajah, sur le modèle d'une mairie de sa Normandie natale, le musée s'agrandit lentement et conquit progressivement l'estime de la population de Bornéo. Les Brooke comprirent, bien avant leurs contemporains, le ròle capital que jouent les fiertés et les traditions locales et se rendirent compte qu'il ne fallait pas les

;./

- - détruire ou les remplacer par la civilisation occidentale, mais seulement les canaliser et les réorienter.

L'évolution nouvelle de l'Asie, tumultueuse et parfois chaotique, tend vers l'affirmation de la personnalité nationale et des traditions ethniques et vers la création de nouveaux États, tout en étant caractérisée par une forte expansion démographique - - - et par le développement de l'instruction. Aussi les musées so+tzils appelés à..jouer un ròle de plus en plus important. Les pays qui viennent d'accéder à l'indépendance __ - . I sf&fforcent généralement de faire revivre leur passé précolonial et les collectivités qui commencent à s'instruire veulent apprendre à connaître le monde dans son ensemble. Des musées locaux, de caractère assez général, mais étroitement associés aux préoccupations de la population, permettent d'atteindre ce double objectif. Malheureusement, les connaissances et l'expérience nécessaires font défaut. Le Sarawak est le seul pays de l'Asie du Sud-Est où il existe un musée général qui fasse partie intégrante de la vie d'un grand pays tropical au paysage très varié. Plus de cent mille personnes visitent tous les ans le bâtiment principal du musée. Nous avons aussi Gganisé, à l'intention de la collectivité, diverses activités que ne lui offre aucun autre service ou institution relevant du gouvernement - dans cette ìle où il n'existe pas encore une seule' université. D'autre part, nous sommes en relations avec les cinq continents, et nous procédons à des échanges avec près de mille institu- tions étrangères.

Après ces considérations générales, voyons quelle est la situation locale. Malgré son ancienneté et la solidité de son organisation, le Musée du Sarawak connut un déclin considérable au cours de la dépression économique des années 1930 et suivantes, dont les effets se firent gravement sentir à Bornéo. En 1941, les Japonais occupèrent l'íle et, en 194>, le musée se trouvait dans un état lamentable.

Depuis 19461, quoique le musée garde les caractères essentiels de l'œuvre ale de son fondateur, nous nous sommes efforcés d'en élargir le champ d'action

'en modifier l'orientation. En effet, en 1946, le Sarawak cessait d'être le fief d'une 7 amille, les Brooke, pour devenir un territoire de la Couronne et entrer dans le Commonwealth. Le Sarawak fait maintenant partie de l'État de Malaisie.

A ce qu'il nous paraît, dans un pays qui, vu de l'étranger, reste Ü n petit pays", un musée doit, en gros, se proposer les objectifs suivants :

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I. Conserver un caractère vraiment général et ne jamais se spécialiser à l’excès (qu’il s’agisse des expositions ou de tout ce qui a trait au public); s’efforcer de s’intéresser à tout, touEecueillir : plantes, reptiles, papillons, porcelaines primitives, objets d’art c o n t e m p o r a i n s m d e pierre (c’est là un programme ambitieux, mais nous nous limitons strictement aux objets trouvés à Bornéo ; faire davantage dépas- serait nos possibilités).

2. Présenter des objets choisis avec soin et disposés de telle sorte que même les analphabètes (qui représentent encore une forte proportion de la population) puissent prendre plaisir à visiter le musée et à contempler les aspects connus et inconnus de Bornéo.

3. Donner une impression de détente, dans une atmosphère fraîche et aérée,

_5_

( c de sorte que l e e u x s , même s’ils viennent des régions isolées de l’intérieur, LI- ‘. -

s’y sentent à l’aise et puissent y passer toute la journée s’ils le désirent. 4. Modifier continuellement la p$sentation des collections et organiser des

expositions sur des thèmes déterminés, en particulier sur des questions d’actualité ; neTamais se ia i sza l le r à l’immobilisme ou à la routine. Dans un petit pays, le musée doit être ‘‘v&ant” - faute de quoi le public aurait l’impression de n’avoir plus rien à y apprendre et s’en désintéresserait. (Nous présentons toujours quelques animaux vivants - pour le moment, des poissons comestibles, des tortues et de jeunes crocodiles.)

5 . Expliquer les collections et l’activité du muste à un public aussi large que

exposés de vulgarisation, etc., à la fois pour la

Ce cinquième point revêt de plus en plus d’importance. On peut &re, en prenant le contre-pied de la loi de Parkinson, qu’un musée doit faire d’autant plus parler de lui qu’il est plus petit. Mais, bien entendu, sa réputation doit s’appuyer sur des réalisations concrètes - par conséquent, un musée doit être d’autant plus actif qu’il est plus petit.

J’ai mentionné la diversité de la population et la richesse de la vie sauvage à Bornéo. Cette diversité et cette richesse font ndtre à la fois des difficultés et des possibilités que les musées connaissent presque partout, mais qui, dans un petit musée général, en pays tropical, obligent à veiller particulièrement à l’équilibre. Chacun des groupes ethniques de Bornéo a une civilisation matérielle et une culture

.\, et ils y viennent en foule, souvent de régions très éloignées - c’est généralement O pour une double raison, du point de vue de l’intérêt humain. Ils veulent voir ce

que font et comment vivent les autres groupes, qu’ils n’ont jamais l’occasion de rencontrer dans ce pays au terrain accidentk, montagneux, coupé par des cours d’eau et divisé par des marécages. Ils veulent comparer les pièges à poisson, les nattes, les bijoux, les objets rituels, les instruments agricoles, les monnaies d’échange (perles de tous genres), les tatouages, les coiffures, les canots. En même temps, ils veulent

7

1 l u -, possible; organiser des conférences, des cauqries dans les écoles et à l a M ! - ‘‘ c - faire paraître des articles, pu ’

LI ’ b population locale et pour T l etranger.

/’ \ ,$- 4 très riches (fig. 42, 43). Lorsque les membres de ces groupes viennent au musée -

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s’assurer de la place faite à leur fierté; ils veulent voir par

groupe et aux objets dont ils tirent leur on les représente. Rassembler tous

n’est pas une petite affaire. ces Cléments en un seul Cet aspect “intér$t humain” de notre tiche absorbe, me semble-t-il, la majeure

partie de l’activité consacrée aux expositions. Le reste a trait à la vie sauvage. Dans ce domaine, il est moins difficile de répondre à l’intérêt du public; par contre, le matériel est plus difficile à préparer et à p&sgcte_r vraiment bien. Là encore, il faut savoir que la plupart des indigènes ne connaissent presque rien de la faune et de la flore très riches de l’île. Même s’il a déjà vu souvent des orangs-outans, des

\y ecureuils volants, des tarsiers, des calaos, des najas royaux, des crapauds géants,

fi le Dayak aime les contempler de près, immobiles dans des vitrines. En fait, j’ai souvent l’impression que les spécimens bien présentés des animaux familiers de l’île émeuvent plus nos visiteurs dayak que les Occidentaux qui viennent les voir de l’étranger.

Afin de répondre équitablement à tous ces besoins - et de présenter les objets de manière à les faire comprendre immédiatement à tous nos visiteurs - nous avons divisé les salles d‘exposition en deux grandes sections. Au rez-de-chaussée, tout

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(;les scolopendres ou ce magnifique papillon appelé “Rajah Brooke’s Birdwing”,

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39. SARAWAK MusEuhr, Kuching. Le vieil édifice du musée après son achèvement en I 8 8 8. Carte de Noël de l’époque. 39. The old museum building after its comple- tion in 1888. This is a Christmas card of the period.

JO. SARAWAK MusEuhT, Kuching. Une nouvelle aile €ut ajoutée au muste vers 1911. 40. A new wing was added to the museum by about 1911.

4r. SA4~.nw.4~ MUSEUM, Kuching. Le bitiment primitif du musée, modifié en 1959, est aujour- d’hui consacré exclusivement aux expositions. Ce musée est situé dans de beaus jardins, au centre méme de Kuching. JI. The original Sarawak Museum building, of 1888, much modified in 1959, and now devoted exclusively to display and public exhibitions. This museum is in pleasant gardens right in the middle of Kuching.

23r

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42. SARAWAK &fusEuhi, Kuching. Un monta- gnard punan construit, pour le musée, une maison funéraire de dimensions réelles, carac- ttristique de sa tribu. 42. A Punan from up country making a full- size burial house of bis tribe for the museum.

43. SARAWAK MusEuhi, Kuching. La maison funéraire punan a été placCe sous surveillance dans une salle cligíhke. Elle a ensuite été installée dans la galerie ouverte qui surplombe l’entrée du musée. L’élément allongt, à droite de la photo, forme la Crète du toit. 43. The Punan’s burial house is put in air- conditioning for a checking period. It has since been mounted on the porch over the museum entrance. The long picce on the right rests on top of the hut.

2. Par B. E. Smythies, conservateur honoraire pour les oiseaux (l‘un des dix-neuf conservateurs honoraires du musée). Publié par Oliver and Boyd, Edinburgh, 1960.

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ce qui a trait à la géologie et à la vie sauvage. Au premier étage, les activités humaines sous toutes leurs formes (fig. 44 a et b, $), $o), y compris l’histoire récente, les armes et souvenirs de guerre (intéressants pour d’anciens chasseurs de têtes), des objets ayant appartenu à Brooke, des peintures murales dues à des habitants du pays (païens kenyah et lcayan, Chinois) (hg. 47-49), etc. Tout cela donne peut-être l’impression - justifiée, en un sens - d’un vaste bric-à-brac, mais, grâce à une sélection et à un aménagement soignés, il y a de l’espace, de la lumière et de la place pour les ex-ocs.

Nous n’avons pas tenté, bien entendu, de e r , par exemple, les 5 50 espèces d’oiseaux indigènes de Bornéo, Nous avons dix grandes vitrines, aménagées de manière à représenter les habitats naturels de ces oiseaux. Un panneau - en perspex, fixé à chaque vitrine, présente un code explicatif numéroté, qui renvoie à une p a g ë d‘une brochure consacrée à la salle des z x et intitulée Birdx it2 the nzzixem77.

Cette brochure, qui ne coûte que quelques cents, contient les notices relatives aux dix vitrines, précédées d‘une introduction et illustrées d quatre photó@?@5es, d‘un dessin et de quelques autres éléments documentaire ans un coin de la salle,

birds of Borneoz. Ce livre contient des repsbentations en couleurs de tous les oiseaux de l’ìle. La série complète de ces illustrations, avec renvoi aux vitrines, est présentée à proximité, sur un pagivolte. (Nous avons, dans le bâtiment, trois autres “sections de lecture” qui se rattachent aux expositions voisines.)

La même méthode est employée, avec des variantes, pour chaque groupe d’ani- maux. L’une des raisons pour lesquelles la revue MusEubr me dépasse un peu est qu’elle nous propose continuellement des exemples d‘expositions remarquablement présentée? mais qui me paraissent terriblement clairsemées, dans de grandes salles aménagées avec goût, mais qui sembleraient presque vides. En appliquant ce procédé, nous ne pourrions montrer au Musée du Sarawak qu’une demi-douzaine d’objets - ce qui risquerait fort de provoquer immédiatement une émeute. Notre public multiracial, qui est admis ratuitement et se presse au musée aux heures de pointe, est extrêmement disciplin’ mais il veut “en avoir pour son argent” : il veut avoir beaucoup d’objets à regarder (et à discuter). Je m’associe sans réserve aux paroles prononcées par sir Hugh Casson à la conférence de l’Association des musées, en 1961 : “Ce qui rend un musée aussi mortellement ennuyeux, c’est d’abord une trop grande timidité dans la présentation, qui le prive de l’attrait visuel que l’on trouve, par exemple, dans une foire ou une exposition commerciale; c’est, ensuite, le fait que les objets ont été présélectionnés, et presque prédigérés, ce qui supprime l’effort, mais aussi le plaisir qu’il y a à faire des découvertes par soi-même.”

Des découvertes, on peut en faire beaucoup au Musée du Sarawak, et aussi y éprouver quelques petites surprises (qui, je l’espère, incitent à la réflexion). Les visiteurs américains remarquent un dessin, extrait du New Yorker, représentant une femme des cavernes qui demande ironiquement à son mari, en montrant les dernières peintures pariétales de celui-ci: “Alors sa, d‘après toi, c’est de l’art?’’ Ce dessin se trouve juste à côté de la reprodu&n grandeur réelle d’une peinture préhistorique dans la reconstitution de la grotte de Niah (fig. J I ) . Les jeunes Dayaks, qui ne connais- sent le r m e r o s , espke maintenant disparue au Sarawak, que par ouï-dire, ne peuvent pas en voir maintenant, car aucun de nos prédécesseurs n’a eu le bon sens d’en conserver un spécimen! Mais nous possédons une belle corne de rhinocéros, à côté de laquelle nous avons placé un charmant petit rhinocéros en porcelaine!

Certaines surprises proviennent de nos propres expériences : elles tiennent à la différence qu’il y a entre les intentions et les résultats. Mais nous avons le grand avantage de pouvoir faire appel à des artisans \- locaux cc_----- très intelligents, . qui ont le goût du travail bien fait. Toutes les opérations he taxidermie - comme d’ailleurs tous les travaux du musée - sont l’œuvre de la population locale (fig. JO, ~ 3 , ~ 4 ) . L’effectif permanent du ersonnel du musée se compose d‘un Européen (moi-même), de Malais et de m u s u l m h z l’effectif de base), de Dayaks des régions côtières (4, dont l’archéologue, actuellement à l’université de Sydney), de Icelabits et de Icayans de l’intérieur (3), et de Chinois (4, collaborateurs indispensables pour les travaux de bureau).

Je n’ai encore rien dit des-s-dx-notre petit musée en matière d’éducation, de conservation et de recherche. Elles me paraissent avoir à peu près la même

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sur une table, se trouve un exemplaire, recouvert d’u P e reliure spéciale, de The

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44 a, b. SARAWAK MUSEUM, Kuching. Partie d'un montage illustrant les coutumes funtraires des Kelabits : h l'arrière-plan, l'enterrement dans un cercueil, devant une grotte ; au premier plan : les ossements desséchés sont disposés dans des urnes Ming. 44 a, b. Part of a display showing burial customs of the Kelabit in the far uplands. First burial in CO& against rock grotto at back, secondary disposal of dried bones in Ming jars in fore- ground.

a

importance, dans l'ensemble de notre action, que tout ce qui concerne l'expositio_n et la présentation des objets dont nous avons déjà parlé. Toutes les activités relatives à la $Gñ€ä&ñ des collections sont centralisées dans le vieux bâtiment, non dépourvu de charme, qui a été réaménagé et qui est maintenant animé d'une vie nouvelle. L'administration, les pu=ns, les travaux de référence et de recherche ont leur siège dans un autre bâtiment, terminé en I 9 5 7, situé à côté du premier et de dimensions analogues (fig. J Z ) . I1 abrite, notamment, nos précieuses collections zoologiques d'étude (fig. ~ 6 ) (les poissons, reptiles et autres spécimens conservés dans l'alcoofse trouvent dans et les salves de l'fitat de Nouvelle-Zélande), une

biblioJhèque de référence a fait ses études en

conservons, sous forme de films fixes et de films de 16 mm, des documents sur les b / eh

cultures et les espèces zoologiques en voie de disparition), des enre istrements s m f i g . J J ) (un ICayan dirige une très modeste expérience d'enregistrements sur bande), une documentation folklorique (confiée à un chercheur dayalr qui a également r e p sa formation en Nouvelle-Zélande), et nos riches collections archéo- logiques, qui proviennent surtout des grottes de Niah, maintenant célèbres, où nous procédons régulièrement à des/fouills depuis 19543 (fig. J I , ~ 7 - ~ 9 ) .

de la recherche, qui comprend à la fois l'étude des collections existantes et les travaux

des musées peut aussi rendre des services aux administrations et, de cette fagon, justifier doublement son existence. C'est ainsi qu'au Sarawak le conservateur - ou son adjoint - est également, en fait, conservateur des monuments anciens, conservateur des Archives nationales, rédacteur en chef du Sarawak i l f z ~ r e z ~ m jozmal, ~, I ~

chef du Service ethnologique du gouvernement (cette qualité fait partie de son \I titre officiel), contrôleur de l'industrie des nids d'oiseaux comestibles (denrée alimen- taire la plus coûteuse du monde), vice-président du Conseil des beaux-arts, secrétaire général du conseil qui dirige l'exploitation des tortues (la vente atteint jusqu'à z millions d'œufs de tortue par an), etc. Dans ces conditions, le personnel doit être énergique, voire combatif, et avoir une grande activité, aussi bien en plein a& qu'à l'intérieur (fig. 60).

Outre cette accumulation de fonctions, il faut compter avec les changements qui

les progrès immenses de l'instruction élémentaire ont stimulé la curiosité des jeunes.

-&--

Dans toute cette partie du monde, il n'est pas possible de négliger le problème ~ __

sur le terrain, particulièrement dans des domaines tels que l'archéologie. Le personnel TQJ I 1 , b L C l C k . ; / r d I/2\LWJ - ?*@ ' --

( ' I - - k- ( 1

3. Avec l'aide de la fondation Calouste Gulbenkian (de Lisbonne), du groupe Shell et du d'histoire naturelle de Chicago.

se produisent dans la situation du pays. C'est ainsi qu'au cours des dernières années 1 -c1

Nos -- activités éducatives - ont plus que doublé depuis cinq ans. Nous nous heurtons, 237

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4 j . SARAWAK MUSEUM, Kuching. Exposition évoquant les échanges entre les Chinois et les Dayaks il y a mille ans. 41. Exhibit showing what the early Chinese brought to and traded from the Dayaks one thousand years ago.

-

46. SARAWAK MuSEmf, Kuching. Un ICenyah de Beraa-an travaillant à une sculpture sur bois (l'œuvre est exposée actuellement dans le mus&). 46. A Berawan Kenyah preparing a aood- carving now on display in, the museum. ,

dans ce domaine, à une difficulté particulière : la grande diversité des langues parlées au Sarawak. L'anglais est toujours la langue officielle de toutes les écoles secon- daires, mais le chinois est largement utilisé dans l'enseignement. Aussi existe-t-il deu@ditions du guide - de nos salles du premier étage, Sarawak it^ the & I " w l'une en anglais et l ' au t r zn chinois. Lorsqu'il y a lieu, les étiquettes sont rédigées aussi en malais ou dans un dialecte dayak.

La principale publication du musée est le Sarawak d ~ ~ ~ s e f f ~ z - j o ~ f r n f f ~ . Depuis qu'il a recommencé à paraître, en 1949, nous avons publié chaque année environ 300 pages de comptes rendus de recherches, ce qui nous a valu de recruter des abonnés et des coéchangists dans presque toutes les régions du monde. Nous sommes d'ailleurs tout disposés à établir de nouvelles relations d'échange. En outre, des études spéciales sur le Sarawak font l'objet de comptes rendus dans des périodiques

Bien du temps s'est écoulé depuis le stage d'études de Tokyo, et je me demande toujours dans quelle mesure les grandes organisations culturelles comprennent combien il est difficile de combler les lacunes qui existent encore en Asie, et à quel point les méthodes employées doivent être simples. I1 importe, en particulier, de reconnaître que, dans les nouveaux États, les premières prises en ce qui concerne les musées doivent avoir un caractère rigoureusem que, économique et discret - tout en étant assez exaltantes et significatives e cadre local. Dans la situation actuelle de nombreux pays de l'Extrême-Orient, il faut que les techniques employées au début dans les musées paraissent simples et peu coûteuses, faute de quoi les hommes d'État protesteront, non sans raison, que c'est là trop d'embarras

c

étrangers spécialisés&. ---------- - _ -

et de dépenses, et qu'il vaut mieux consacrer les crédits et les efforts à la construction d'hôpitaux et de routes.

Si j'ai pu apporter une contribution quelconque au stage d'études de Tokyo, c'est en soulignant ce point de vue des "petits pays", qui ne va pas toujours sans un certain sentiment de frustration. J'ai insisté, en particulier, à plusieurs reprises, sur la nécessité &-plans et de conseils faciles à suivre, se situant à un niveau volon- tairement modeste eFtèniìcTm-&-besoins qui sont trop souvent négligés ou

). perdus de Vue dans les grands projets. Nous devons absolument (et, à certains égards, c'est une excellente faGon de commencer) construire lentement, solidement,

\ modestement, sur des bases réalistes, mais en conservant, à l'intérieur du service,

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7., i pí-m w.2 un esprit d'enthousiasme et de dynamisme pratique. I);-) 1' '4 L , [ Tradtkf de Z'angZair]

4. Par exemple, recemment, dans Orietital art, A r t i b w Asiae, Dìscooeiy, Man, Nature, Die Umscbazi, Leiden's Bgdragefi, etc.

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The Sarawak museum: a living centre in a far country

Before1 attended the Unesco seminar at Tokyo in September 1960, I always felt that such great organizations really had nothing to do with the small corners of the world like Sarawak, in West Borneo. This is a land larger than England, without a railway, but with a wonderfully rich mixture of human cultures, animals and plants. Until quite recently it has lain in a quiet backwater, o f f the great trade routes of modern commerce, and without much to attract the profit-seekers of modern times.

Sarawak comprises a fifth of all Borneo. But it has the only museum on this great, teeming island, across which runs the equator. Our museum was started in 1888, (fig. 39-41), through the personal foresight of the second White Rajah of Sarawak, Sir Charles Brooke. He did this largely under the influence of the great co-founder of evolutionary theory, his friend Alfred Russell Wallace, who spent two years in

by Tom Harrison

4.7. SARAWAK hhEUhf, Kuching. Kayans de l’inttrieur de Bornéo se préparant t i travailler à l’une des nombreuses peintures murales du musCe. A l’arrikre-plan : salle des ciramiques (objets chinois d‘exportation, de l’époque T’ang à l’&poque Ming, trouvts à Sarawak). 47. Kayans from the far interior of Borneo preparing to paint one of the museum’s varied murals. Ceramics gallery in the background (T’ang to Ming export wares all found in Sarawak).

48. SARAWAK h h S E U M , Kuching. E(ayans trd- vaillant à la peinture murale “L’arbre de la vie” (cet tltment essentiel de leur religion ne se retrouve nulle part ailleurs conservt en entier). 48. Kayans at work on the mural “The Tree of Life” central to their religion and now nowhere else preserved in full.

49. SARAWAK MUSEUM, Kuching. Partie d’une des salles d’ethnologie du premier ttage. En haut, au premier plan, peinture murale dayak. 49. Part of upstairs ethnological galleries ; with Dayak mural.

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JO. SARAWAK bfuSEuM, Kuching. Les taxi- dermistes préparent un poisson-scie de 5 00 kg. JO. The taxidermists prepare a 1,000-lb. sawfish for display.

JI. SARAWAK MUSEUM, Kuching. La grotte de Niah, une des expositions les plus apprécikes du musée. L'obscurité y est presque complète, des effets lumineux et sonores sont ménagés à rintérieur. La mlijeure partie hes objets pré- sentés sont originaux et sont disposés exacte- ment comme ils l'étaient dans les grottes où ils ont étC trouvks. JI. Niah cave grotto, one of the museum's most popular exhibits: it is almost dark, and has internal light and sound effects. Most of the materials on display are original and arranged exactly as found in the caves.

j 2 . SARAWAK MUSEUM, Kuching. Le nouveau bhiment du musée, terminé en 1957. abrite les réserves, les archives, les collections d'étude et l rmoyens de recherche. I1 est situé juste en contrebas de l'an-ent. JZ. The Museum's new building, completed in 1957, which houses reference collections, archives, study and research facilities. It is immediately downhill from the old building,

I. From the far interior of Borneo where he had lived and come to love the people, the author came to Sarawak to be demobilized. It appeared to him that the museum was clearly a fine place to revive. He changed his life plans-and has been in Sarawak ever since.

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Sarawak and wrote his first great theoretical paper on natural selection from near Kuching the capital.

Started as a private hobby and designed by the Rajah's French valet on the lines, of a town hall from his native Normandy, the place grew slowly in scope but steadily in the esteem of Borneo people. Far in advance of their time, the Brookes saw the essential role of local pride and group tradition. They saw how these must not be replaced or destroyed from the West; only redirected and recanalixed.

Nowadays, the new Asian trend, whirling and sometimes chaotic, is towards the affirmation of national identity and racial tradition and the formation of new States, coupled with a great increase both in population and literacy. This operates as a major influence in elevating the role of the museum. Newly independent countries generally seek to revive their pre-European past. Newly literate communities want to know more about the world in general. Both these needs can be met by local museums of a fairly general character and closely associated with the interests of the community. But there is a sad and widespread lack of know-how and experience to meet these needs. In Sarawak, almost alone in south-east Asia, we have an all- round museum, as an integral part of the life of a large and varied tropical country. Over IOO,OOO people visit our main building annually. We also serve the community along many diverse lines not covered by other government departments and institutions-in this island still without a single university. And we have international contacts with all five continents, an exchange list with nearly one thousand foreign institutions.

So much for the general look. Now the local facts. Although the Sarawak Museum had already been long and firmly established, it suffered a considerable decline in the economic slump of the thirties, which hit Borneo badly. Then in 1941 the Japanese occupation overwhelmed the island. By 1945 the museum was in a sad plight. Since 1946~1 although the museum as it stands is the true flower of early Brooke imagination, much of our effort has been towards widening its scope and

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modifying its impact. For in I 946 Sarawak ceased to be the private fief of one family, the Brookes, and entered the British Commonwealth under the Crown. Sarawak is now part of the State of Malaysia.

As it looks from here, the job of a museum ih what remains (to outsiders) “a small country”, amounts roughly to this :

I. To be truly an all-round museum, and never to over-specialize (on the public and display side) ; to try and be interested in everything, collect everything-plants and snakes and butterflies as well as early porcelains, contemporary arts, stone adzes. (This is a tall order ; but the burden is eased by limiting our scope to things living or dead, found strictly inside Borneo. That is the most we can cope with.)

2. To present well-selected displays of exhibits, so arranged that even illiterate people (still a large part of our population) can enjoy the museum, and see both what they know and what they don’t know of Borneo.

3. To keep the atmosphere of the museum informal, airy and cool, so that even visitors from the far interior can feel relaxed-and stay in the place all day if they like.

4. To keep changing exhibits around and having special displays, particularly topical ones ; never to let the museum get static or stale. In a small country, we must be a ‘:living” museum-otherwise people will feel they know it all and lose interest. (We always include a few live exhibits-at the moment food-fish, turtles and baby crocodiles.)

5 . To explain the collections and museum work as widely as possible; to give lectures, school and radio talks, write articles, publish popular accounts, and so on-both at the local mass level and also for outside consumption.

This fifth aspect is growingly important. It is a sort of “Parkinson’s Law in reverse” that the smaller the museum the louder the noise. But, of course, the noise must be based on real results-so that the smaller the museum, the more it must do, too !

I mentioned earlier the mixed peoples and rich wild life of Borneo. Such a situation gives rise to both difficulties and opportunities which are familiar to museums almost everywhere, but it calls for special balance in a small general tropical museum. Each Borneo racial group has a rich material and ideological culture (fig. p , 43). Visitors from any of these groups usually come into the museum -and they come in hordes, often from afar-for a double reason, from the point of view of human interest. They want to see the things made and done by other groups normally never to be met or seen in their own part of this difficult, mountainous river-cut and swamp-divided land. They wish to discover both what is different and what is similar in their fish traps, mats, beadwork, ritual objects, agricultural tools, value beads, tattoo designs, hair-dresses, canoes. At the same time, too, they want to be assured of the status of their o i m group and its prides ; to see of themselves

JJ. SARAWAK hfusEuhr, Kuching. Taxidermiste préparant un diorama relatif h l’ìle des Tortues. 13. Taxidermist preparing back set of a Turtle Island exhibit.

-.

~ 4 . SARAWAK MUSEUM, Kuching. Le diorama de l’ìle des Tortues, une fois achevé. ~ 4 . The Turtle Island exhibit completed.

J J . SARAWAK MUSEUM, Kuching. En coopéra- tion avec Radio-Sarawak, le musée constitue une collection permanente d’enreb‘ Tistrement sonores. Temonggong Oyau L a w z J G a s chef des tribus septentrionales, chante une chanson à boire chez le conservateur (au second plan, stores à l’ancienne). J J . In co-operation with Radio Sarawak, the museum is building up a permanent sound record for the future. Here Temonggong Oyau Lawai Jau, paramount chief of the northern tribes, sings a drinking song in the Curator’s house (old-fashioned sun-blinds in background).

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j 6 , SARAWAK MusEuhi, Kuching. Le conser- vateur atalo uant les re tiles et les batraciens au cours d une expediti faite en collaboration avec le b f u p k e 4 m - hicago. j 6 . Curator cataloguing reptiles and frogs on.. a field trip in associatjon with the Chicagc Natural History Museum.

. .

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for themselves. To condense all this into one moderately sized building is another tall order.

That is the human-interest aspect of our job, which I rate at rather over half of the whole display side. The other aspect of display concerns wild life. Interest here is less diecult to satisfy, though the material is more difficult to prepare and display really well. Here again, too, we have to realize that of all the island’s very rich fauna and flora most is ungnown to most native peoples. Even the Dayak who does know at. first hand, orang-outang, flying squirrel, tarsier, hornbill, king cobra, giant toad, centipede or that superb butterfly the Rajah Brooke’s Birdwing, loves to be able to gaze at it close up, immobilized in its showcase. Indeed, I often feel that our Dayak public are more excited by the familiar, well-displayed animals of their own island than Westerners who come from abroad to look at the same things.

In an attempt to meet these needs equitably-and to have a pattern all our public can at once understand-we have the whole display broadly arranged in two parts. Downstairs : wild life in all forms (including geology). Upstairs : human activities in all forms (fig. 44 a and O, 4 j , 46), including also recent history, war souvenirs (these mean a lot to sometime head-hunters), Brooke relics, murals painted by local people (Kenyah and Kayan pagans, Chinese) (fig. 47-49). It may sound a bit of a hotchpotch. In a way it is. But by selection and arrangement, there is space, light and room for information.

We don’t of course attempt to show, for instance, all Borneo’s 5 50 species of indigenous birds. We have ten big showcases arranged as the birds’ natural habitat groups. On a Perspex board hinged to each case there is an explanatory numbering code linked to the printed page of a separate booklet on the bird gallery Birds in th ~ V I i i s e ~ z which can be bought for a few cents, which contains pages for all ten cases, plus an introduction, four photographs, a drawing and some other material.

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In one corner of this gallery is a reading desk with a specially bound copy of The Birds cf Borneo.2 This has every bird illustrated in colour. A complete set of these colour illustrations, cross-referenced to the showcases, stands close by on a revolving screen. (We have three other “reading sections” in the building, linked to adjacent displays.)

The same approach is used, with variations, for each animal group. One of the reasons why I find this quarterly MUSEUM rather over my head is its constant emphasis on beautifully done but to me terribly sparse exhibits in long, lovely, but by our standards empty galleries. On this system, we could only show half a dozen things in the Sarawak Museum-which might well start a riot straight off. Paying nothing, crowding the place at peak times, our multi-racial, extremely well-behaved public

2. BY B. E. Sm~thies, our Honorary Curator of Birds, one of the museum’s nineteen honorary curators (published by Oliver and Edinburgh, I 9b).

17. SARAWAK Musmhr, Kuching. L’archtologie tient une gra?de place dans le programme de travaux extérieurs du muste. Ici: fouilles à la grotte peinte de Niah.

j7. Archaeology is an important part of the museum’s outside work. Excavation site at the Painted Cave, Niah. - 243

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j 8 . SARAWAK hfusEuhi, Kuching. Artiste co- piant les peintures de la grotte de Niah, à 500 km de Kuching. Toutes les peintures qui couvrent les murs de cette grotte, sur plus de 60 metres de long, sont maintenant reproduites. j 8 . ïMuseum artist making exact coEes of Niah cave wall paintings, 300 miles from Kuching. The whole wall of this cave, over zoo ft., has now been reproduced.

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want their money’s worth of plenty to look at (and argue-about). I warmly subscribe to the words of Sir Hugh Casson when, speaking at the 1961 Conference of the Museum Association, he said: “What makes a museum so deadly dull is first the fact that it lacks the quality of showing off which makes for the excitement of an exhibition or trade fair, and, secondly, the fact that the objects have been pre- selected, almost pre-digested for you, and you are spared the trouble, but also the excitement, of making your own discoveries.”

There are discoveries enough to be made, and a few little (thought-provoking, I hope) surprises, as well. Visitors from the United States notice a New Yorker drawing of a cave woman pointing derisively at her husband’s latest wall paintings: “I suppose you call that art.” It rests alongside an exact large-scale copy of pre-historic wall paintings in our reconstructed Niah cave grotto (fig. JI). The younger Dayaks, who have only heard tell of the now extinct (in Sarawak) rhinoceros cannot now see one, as no previous curator had the common sense to preserve a specimen ! But we have got a fine rhino horn, and beside it we have put a beautiful little miniature rhino in porcelain, as a sub-elephantine touch!

Some of the surprises actually come from our own experiments-the differences between intention and result. But one has always one wonderful advantage : richly intelligent local handskill and craft-sense. All the taxidermy, indeed everything in the museum, is done by our own local effort (fig. JO, j3, ~ 4 ) . The regular staff with attached whole-time personnel include European (one : myself), Malays, and Mohammedans (fourteen, the steady core), Sea Dayaks (four, including the Archaeo- logical Assistant, now at Sydney University), Kelabits and Kayans from the far interior (three), Chinese (four, key-men in office work). . So far I have said nothing of the educational, conservation and research sides of our small museum’s wider activity. I count these about equal (in our over-all effort) to the whole of the display aspects, already discussed. Display in all forms is centred in the one old but gracious, and now lively as well as lovely, reconstructed building. Administration, publications, reference and research are centred in a separate, newly designed and recently completed (I 9 5 7) building, alongside the other and of similar size (fig. j2). This houses, for instance, our valuable study collections of zoological material (fig. ~ 6 ) (fish, reptile and other “spirit material” being kept in a fire-proof annex), the Borneo reference library and State Archives

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(with a local born archivist, New Zealand trained), darkroom and film unit (we keep still and 16 mm. film records of cultural and zoological themes likely to vanish), sound records (fig. J J ) (a Kayan is in charge of a very modest tape-recording project), folklore material (under a Dayak research assistant also trained in New Zealand), and our rich archaeological collections-principally from the now famous Niah caves, which we have been regularly excavating since 19j4 (fig. J I , ~ 7 - / 9 ) . ~

The problem of helping to promote and conduct research, both indoors on existing collections and outdoors, particularly in subjects like archaeology, is bound nowadays to require attention anywhere in this part of the world. Museum people can also make themselves helpful to the administrations as a whole, and thus further justify their existence. For instance, in Sarawak the Curator or his deputy is also, de fucto, Keeper of Ancient Monuments, Keeper of the State Archives, Editor of the Saran~uk M14se14m Jowtzal, Government Ethnologist (part of his official title), Controller of the Edible Bird‘s Nest Industry (the most expensive food on earth), Vice-chairman of the Arts Council, Executive Officer of the Turtles Board (selling up to two million turtles’ eggs a year) and so on. Over and above such duties, in such a context, the staff must be energetic, even somewhat aggressive, and generally active both outdoors and in (fig. Lo).

In addition to this accretion of duties, time itself operates. Thus in recent years a tremendous growth in literacy in Sarawak has stepped up youth interests. The educational side of our role has more than doubled in the last five years. Here language is a difficulty; Sarawak has so many. English is still the oficial language used in all secondary schools. But Chinese language education is strong. We have, for instance, two editions of our upstairs gallery guide Suruin~k iff the .¿l/liseeZlm, English and Chinese. Where relevant, also, labels are in Malay or the suitable Dayak dialect.

The J’arawuA Mzisewz Joiimul is a main outlet for written work and publication. We have produced about three hundred pages of research material per annum since it was revived in 1949. This has built up a nearly world-wide subscription and exchange list. Further exchanges are welcomed. In addition, special Sarawak studies are reported in the normal way elsewhere.&

Now, so long after the Tokyo seminar, I still feel unsure to what extent the great centres of culture understand how difficult it is to fill the Åsian gaps of today, and how simple the approach has to be. In particular, how necessary it is to recognize that in the new, emergent countries, the first museum measures must be strictly

3. With major support from the Calouste Gulbenkian Foundation of Lisbon, the Shell Group of Companies and the Chicago Natural History Museum.

4. For instance, lately in Orienfal Art, Arfihs Asìae, Discoveg, Mata, N a fwe, Die Unzdair, Leiden’s Bijdagen, and so on.

/ y . SARAWAK MusEuhi, Kuching. Poteries de l’âge de la pierre. Une des nombreuses vitrines qui prksentent des détails de la reconstitution grandeur nature de la grotte de -Niah [w 19. Stone Age pottery showcase. One of several supporting in detail the life-size recon- struction of the Niah cave grotto. [see fig. JI].

fig. J I ] .

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practical, economical, not over-ostentatious, yet sufficiently exciting and meaningful in the local context. At the same time, as things in fact are today in much of the Far East, initial techniques of museum operation must appear “easy” and inexpensive. Otherwise the emergent politicians will naturally enough say : “too much fuss, too much cash; best keep the money and effort for hospital and roads”. If I con- tributed anything at the Tokyo seminar it was to underline this occasionally rather frustrated “little country” approach. Particularly I urged (on a series of occasions) the need for lower-level, widely understood plans and aids, on a scale too often neglected or submerged in the great designs. We must, for better and for worse (and in some respects this is a very good way to begin), build up a realistic basis slowly, strongly, mildly-but, always with impatience and practical pep within the unit.

60. SARAWAK MUSEUM, Kuching. L‘une des nombreuses Fiches secondaires du musée - consiste à protéger et à surveiller l’industrie des nids d‘oiseaux comestibles que l’on trouve dans de nombreuses grottes du Sarawak. A la lueur des chandelles, les petits nids de martinets sont détachés du plafond de la grotte avec un grattoir. Ces nids constituent l’aliment le plus coûteux du monde. 60. One of the museum’s many minor roles is to protect and control the edible birds’ nest industry in Sarawak‘s many caves. Here the scraper of a nest collector, candle-lit, gathers the tiny swiftlet nests off the cave ceiling. This is the most costly food in the world.