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Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

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Page 1: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

Universite Pierre & Marie Curie Master de mathematiques 1Annee 2012-2013 Module MM020

Theorie des Nombres - TD3Loi de reciprocite quadratique

Exercice 1 : Pour quels nombres premiers p la classe de l’entier 7 modulo p est-elle un carre ?

Solution de l’exercice 1. Tout d’abord, il est clair que 7 est un carre modulo 2 et modulo 7.Soit maintenant un nombre premier impair p 6= 7. On ecrit la loi de reciprocite quadratique :(p

7

) (7p

)= (−1)

p−12 .

On en deduit donc que(

7p

)= 1 si et seulement si (

(p7

)= 1 et p ≡ 1 [4]) ou (

(p7

)= −1 et p ≡ 3 [4]).

Ecrivons la liste des carres non nuls modulo 7 : 1, 2, 4 mod 7 sont les carres non nuls modulo 7.Alors la condition precedente s’ecrit ainsi :

(7p

)= 1 si et seulement si (p ≡ 1, 2, 4 [7] et p ≡ 1 [4]) ou

(p ≡ 3, 5, 6 [7] et p ≡ 3 [4]).Or le lemme chinois assure que l’on a un isomorphisme d’anneaux φ : Z/7Z× Z/4Z

∼=−→ Z/28Z, definipar φ(a mod 7, b mod 4) := 8a− 7b mod 28 (puisqu’une relation de Bezout s’ecrit 4.2 + 7.(−1) = 1).Donc les conditions precedentes se traduisent ainsi :

(7p

)= 1 si et seulement si p ≡ 1, 9, 25 [28] ou

p ≡ 3, 19, 27 [28].Finalement, on a montre que pour tout nombre premier p, 7 est un carre modulo p si et seulement si

p ≡ 1, 2, 3, 7, 9, 19, 25, 27 [28] ,

si et seulement sip = 2 ou p = 7 ou p ≡ 1, 3, 9, 19, 25, 27 [28] .

Exercice 2 : Expliciter la fonction p 7→(

3p

).

En deduire que la condition “3 est un carre modulo p” ne depend que de la classe de p modulo 12.

Solution de l’exercice 2. Notons pour simplifier f(p) :=(

3p

). D’abord, il est clair que f(3) = 1 et

f(2) = 1.Soit maintenant un nombre premier p ≥ 5.La loi de reciprocite quadratique assure que f(p) =

(p3

)(−1)

p−12 . Or les carres modulo 3 sont exacte-

ment les classes de 0 et de 1. Par consequent, on a f(p) = 1 si et seulement si (p ≡ 1 [3] et p ≡ 1 [4])ou (p ≡ 2 [3] et p ≡ 3 [4]).Le lemme chinois assure qu’il y a un isomorphisme ϕ : Z/3Z×Z/4Z

∼=−→ Z/12Z donne par ϕ(a mod 3, b mod 4) =4a− 3b mod 12. Donc les conditions precedentes sont equivalentes aux conditions suivantes : f(p) = 1si et seulement si p ≡ 1 [12] ou p ≡ 11 [12].Finalement, on a montre que :(

3p

)= 1 si et seulement si p = 2, 3 ou p ≡ 1, 11 [12]

et (3p

)= −1 si et seulement si p ≡ 5, 7 [12] .

1

Page 2: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

Exercice 3 : Soit n ∈ Z. Montrer que l’entier n2 + n + 1 n’admet aucun diviseur de la forme 6k− 1,avec k ∈ Z \ {0}.[Indication : on pourra montrer que si d est un diviseur de n2 + n + 1, alors −3 est un carre mod. d.]

Solution de l’exercice 3. Soit d un diviseur positif de n2 + n + 1. Alors d est impair et d divise4(n2 + n + 1). Or 4(n2 + n + 1) = (2n + 1)2 + 3, donc (2n + 1)2 ≡ −3 [d], donc −3 est un carremodulo d. Supposons maintenant que d = p est un diviseur premier de n2 + n + 1, avec p 6= 3. Alors(−3p

)= 1, i.e.

(−1p

) (3p

)= 1. Donc

(3p

)= (−1)

p−12 . Or la loi de reciprocite quadratique assure que(

3p

)= (−1)

p−12

(p3

). Donc on obtient

(p3

)= 1, ce qui equivaut a p ≡ 1 [3]. Finalement, les facteurs

premiers de n2 + n + 1 sont soit 3, soit congrus a 1 modulo 3. Donc tout diviseur de n2 + n + 1 estcongru a 1 ou 3 modulo 6. Donc il n’existe aucun diviseur de la forme 6k − 1.

Exercice 4 : Soit p un nombre premier de Fermat, i.e. de la forme p = 22n+ 1, avec n ∈ N.

Montrer que la classe de 3 dans Z/pZ engendre (Z/pZ)∗ des que p 6= 3. Meme question en remplacant3 par 5, puis par 7.

Solution de l’exercice 4. On suppose p 6= 3. Le groupe (Z/pZ)∗ est cyclique d’ordre 22n. Donc 3

engendre ce groupe si et seulement si 3 n’est pas un carre modulo p, si et seulement si(

3p

)= −1 si

et seulement si(p

3

)= −1 si et seulement si p ≡ 2 [3]. Or on a p = 22n

+ 1 et 22n ≡ (−1)2n ≡ 1 [3] car

n ≥ 1, donc p ≡ 2 [3], donc 3 engendre (Z/pZ)∗.On fait le meme raisonnement en remplacant 3 par un nombre premier impair q : supposons p 6= q.Alors q engendre (Z/pZ)∗ si et seulement si q n’est pas un carre modulo p, si et seulement si

(qp

)= −1

si et seulement si(

pq

)= −1. Or pour q = 5, on trouve

(p5

)=

(42n−1

+15

), et 42n−1 ≡ 1 [5] des que

n ≥ 2. Donc pour q = 5 et n ≥ 2, on trouve que(p

5

)=

(25

)= −1, donc 5 engendre (Z/pZ)∗.

De meme, pour q = 7 et n ≥ 3, on trouve(p

7

)=

(37

)ou

(57

)selon la parite de n, donc

(p7

)= −1, d’ou

le resultat.

Exercice 5 : Soit p un nombre premier impair.

a) Montrer que ∑x∈F∗p

(x

p

)= 0 .

b) Soit K un corps et soit ζp ∈ K une racine primitive p-ieme de l’unite. On pose G(ζp) :=∑x∈F∗p

(xp

)ζxp . Montrer que G(ζp)2 =

(−1p

)p.

[Indication : on pourra montrer que G(ζp)2 =(−1p

)G(ζp)G(ζ−1

p ), ou alors que G(ζp)2 =∑

x,y∈F∗p

(yp

x(1+y)p ]

c) En considerant un corps K de caracteristique q 6= p (q premier impair), calculer G(ζp)q de deuxfacons differentes et en deduire la loi de reciprocite quadratique.

d) En considerant le corps K = C, deduire de la question b) que toute extension quadratique deQ est contenue dans une extension cyclotomique (i.e. de la forme Q(ζn), ou ζn est une racineprimitive n-ieme de l’unite).

Solution de l’exercice 5.

a) On note S :=∑

x∈F∗p

(xp

). Puisque p > 2, il existe y ∈ F∗p tel que

(yp

)= −1. Alors le morphisme

x 7→ yx est une bijection de F∗p dans lui-meme, donc

S =∑x∈F∗p

(x

p

)=

∑x∈F∗p

(yx

p

)=

∑x∈F∗p

(y

p

) (x

p

)= −

∑x∈F∗p

(x

p

)= −S .

Donc 2S = 0, donc S = 0.

2

Page 3: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

b) On a

G(ζp)2 =∑x∈F∗p

∑y∈F∗p

(xy

p

)ζx+yp .

Or pour tout x ∈ F∗p, l’application y 7→ xy est une bijection de F∗p dans lui-meme. Donc pourtout x ∈ F∗p, on a ∑

y∈F∗p

(xy

p

)ζx+yp =

∑y′∈F∗p

(x2y′

p

)ζx+xy′p =

∑y′∈F∗p

(y′

p

)ζx(1+y′)p .

Par consequent, on en deduit que

G(ζp)2 =∑

x,y∈F∗p

(y

p

)ζx(1+y)p =

∑y∈F∗p

(y

p

) ∑x∈F∗p

(ζ1+yp

)x =∑x∈F∗p

(−1p

)+

∑y∈F∗p\{−1}

(y

p

) ∑x∈F∗p

(ζ1+yp

)x,

ou la derniere egalite est obtenue en isolant le terme correspondant a y = −1. Or pour touty 6= −1, ζ1+y

p est une racine primitive p-ieme de l’unite, donc∑

x∈F∗p

(ζ1+yp

)x= −1, d’ou

G(ζp)2 = (p− 1)(−1p

)−

∑y∈F∗p\{−1}

(y

p

)= p

(−1p

)−

∑y∈F∗p

(y

p

).

Par la question precedente, la derniere somme est nulle, donc finalement

G(ζp)2 =(−1p

)p .

c) On a

G(ζp)q =

∑x∈F∗p

(x

p

)ζxp

q

=∑x∈F∗p

(x

p

)ζqxp

puisque le corps K est de caracteristique q. Autrement dit, en faisant le changement de variablesy := qx, on a montre que

G(ζp)q =∑x∈F∗p

(x

p

)ζqxp =

∑y∈F∗p

(qy

p

)ζyp =

(q

p

)G(ζp) .

En outre, on a

G(ζp)q = G(ζp)(G(ζp)2

) q−12 ,

donc grace a la question b), on en deduit que

G(ζp)q = G(ζp)(−1p

)p

q−12 .

En comparant les deux ecritures de G(ζp)q, on obtient, puisque G(ζp) 6= 0 (voir question a)) :(q

p

)=

(−1p

) q−12

pq−12 .

Or on sait que dans K, on a pq−12 =

(pq

), donc on en deduit

(q

p

)=

(−1p

) q−12

(p

q

),

d’ou l’on deduit facilement la loi de reciprocite quadratique, puisque(−1p

)= (−1)

p−12 .

3

Page 4: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

d) Cela se fait en plusieurs etapes. Remarquons d’abord que Q(√

2) ⊂ Q(ζ8) = Q(i,√

2) et queQ(√−1) = Q(ζ4).

Soit maintenant un nombre premier impair p. La question b) assure que(−1p

)p est un carre

dans le corps Q(ζp) (c’est le carre de s ∈ Q(ζp)). Par consequent, p est un carre dans le corpsQ(i, ζp) = Q(ζ2p). Donc finalement, pour tout p premier impair, Q(

√p) ⊂ Q(ζ2p).

Soit maintenant une extension quadratique quelconque K/Q. On sait qu’il existe un entier sansfacteur carre d ∈ Z tel que K = Q(

√d). On decompose d en facteurs premiers : il existe ε ∈ {±1},

s ∈ {0, 1} et p1, . . . , pr des nombres premiers impairs distincts, tels que d = ε2sp1 . . . pr. Grace al’etude precedente, on a les inclusions suivantes :

Q(√

d) ⊂ Q(√

ε,√

2,√

p1, . . . ,√

pr) ⊂ Q(ζ8, ζ2p1 , . . . , ζ2pr) .

Finalement, on remarque que Q(ζ8, ζ2p1 , . . . , ζ2pr) = Q(ζn), ou n = 8p1 . . . pr, et on a bien montreque

K = Q(√

d) ⊂ Q(ζn) .

Exercice 6 : Soit p un nombre premier impair.

a) Soit n ∈ N premier a p. Montrer qu’il existe x, y ∈ Z premiers entre eux tels que p|x2 + ny2 si etseulement si

(−np

)= 1.

b) Verifier la formule suivante pour tout w, x, y, z, n ∈ Z :

(x2 + ny2)(z2 + nw2) = (xz ± nyw)2 + n(xw ∓ yz)2 .

c) En deduire que si un entier N s’ecrit N = x2 + ny2, et si un nombre premier q|N s’ecritq = z2 + nw2 (w, x, y, z ∈ Z), alors l’entier N

q s’ecrit aussi Nq = a2 + nb2 (a, b ∈ Z).

d) On suppose que n = 1, 2, 3 et qu’il existe a, b ∈ Z premiers entre eux tels que p|a2 + nb2.

i) Montrer que l’on peut supposer que |a|, |b| < p2 et a2 + nb2 < p2.

ii) En deduire qu’il existe x, y ∈ Z tels que p = x2 + ny2.

e) En deduire les enonces suivants :

i) un nombre premier impair p est somme de deux carres d’entiers si et seulement si p ≡ 1 [4].

ii) un nombre premier impair p s’ecrit sous la forme x2 + 2y2 (x, y ∈ Z) si et seulement sip ≡ 1, 3 [8].

iii) un nombre premier p s’ecrit sous la forme x2 + 3y2 (x, y ∈ Z) si et seulement si p = 3 oup ≡ 1 [3].

Solution de l’exercice 6.

a) Il existe x, y ∈ Z premiers entre eux tels que p|x2 + ny2 si et seulement si il existe x, y ∈ Zpremiers entre eux tels que x2 ≡ −ny2 [p] si et seulement si il existe x, y ∈ Z premiers entre eux

tels que(

xy

)2≡ −n [p] (car p ne divise pas y : dans le cas contraire, p divise aussi x, ce qui

contredit le fait que x et y sont premiers entre eux). Cela equivaut a dire que −n est un carremodulo p, i.e. a

(−np

)= 1.

b) Il suffit de developper.

c) Par la question precedente, on remarque qu’il suffit de trouver a, b ∈ Z tels que

x = za± nwb , y = ∓wa + zb . (1)

En resolvant ce systeme, on voit qu’il suffit de montrer que quitte a changer les signes de x, y, z, w,q divise xz − nyw et xw + yz.

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Page 5: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

Or, on calcule

(xw + yz)(xw − yz) = x2w2 − y2z2 = (N − ny2)w2 − y2(q − nw2) = Nw2 − qy2 ,

donc q divise xw + yz ou xw − yz.Quitte a changer le signe de w, on peut supposer que q divise xw − yz. Il existe donc b ∈ Z telque yz − xw = bq. Montrons qu’alors z divise x + nbw. Puisque z et w sont premiers entre eux,il suffit de montrer que z divise (x + nbw)w = yz − bq + nbw2 = yz − bz2, ce qui est clair. Ilexiste donc a ∈ Z tel que x + nbw = az.On deduit alors des calculs precedents que azw = yz − bz2, donc y = aw + bz. Finalement, on aconstruit a, b ∈ Z tels que x = za−nwb et y = wa + zb, ce qui est bien la formule souhaitee (1).Remarquons au passage que si x, y sont premiers entre eux, alors a et b sont premiers entre eux.

d) i) Posons a′ := a+rp et b′ := b+sp, avec r, s ∈ Z. On constate que l’on a toujours p|a′2 +nb′2.Par consequent, on peut supposer que |a|, |b| < p

2 , mais a et b peuvent alors avoir un facteurcommun. Quitte a diviser alors a et b par PGCD(a, b) (ce PGCD n’est pas divisible par p),on obtient que p|a2 + nb2, |a|, |b| < p

2 et PGCD(a, b) = 1.

Enfin, on a a2 + nb2 <(p

2

)2 + 3(p

2

)2 ≤ p2, ce qui conclut cette question.

ii) On raisonne par l’absurde : supposons la propriete fausse en general. Il existe alors unnombre premier p minimal tel que p divise un entier N qui s’ecrit a2 +nb2, mais p lui-memene s’ecrit pas sous la forme x2 +ny2. Grace a la question precedente, on peut supposer quea2 + nb2 = N , avec N = pk, k ∈ N, |a|, |b| < p

2 et N < p2. Soit l 6= p un facteur premier deN . Necessairement, l < p, et l|a2+nb2, donc par minimalite de p, il existe z, w ∈ Z premiersentre eux tels que l = z2 +nw2. Grace a la question c), il existe c, d ∈ Z premiers entre euxtels que N

l = c2 + nd2. On recommence ainsi pour tous les facteurs premiers de N distinctsde p, et on obtient finalement que le quotient de N par N

p est de la forme souhaitee. Parconsequent, la question c) assure que p s’ecrit sous la forme x2 +ny2, avec x, y ∈ Z premiersentre eux, ce qui est contradictoire.D’ou la conclusion.

e) i) Les questions a) et d) assurent que p est une somme de deux carres si et seulement si(−1p

)= 1 si et seulement si p ≡ 1 [4].

ii) Les questions a) et d) assurent que p est de cette forme si et seulement si(−2p

)= 1 si

et seulement si(

2p

)=

(−1p

)si et seulement si (loi de reciprocite quadratique) (−1)

p−12 =

(−1)p2−1

8 si et seulement si p ≡ 1 [8] ou p ≡ 3 [8]. Finalement, p s’ecrit sous la forme x2+2y2

si et seulement si p ≡ 1, 3 [8].

iii) Les questions a) et d) assurent que p est de cette forme si et seulement si p = 3 ou(−3p

)= 1

si et seulement si p = 3 ou(

3p

)=

(−1p

)si et seulement si (en utilisant l’exercice 2) p = 3

ou p ≡ 1 [12] ou p ≡ 7 [12]. Finalement, p s’ecrit sous la forme x2 + 3y2 si et seulement sip = 3 ou p ≡ 1, 7 [12] si et seulement si p = 3 ou p ≡ 1 [3].

Exercice 7 : Une autre preuve de la loi de reciprocite quadratique.Soient p, q deux nombres premiers impairs distincts. On definit le groupe G par G := (Z/pZ)∗ ×(Z/qZ)∗. On note U le sous-groupe de G forme des deux elements (1, 1) et (−1,−1). Enfin, on definitH comme le quotient H := G/U . On pose alors π :=

∏x∈H x ∈ H.

a) Montrer qu’un systeme de representants de H dans G est donne par les elements (i, j) ∈ G, aveci = 1, 2, . . . , p− 1 et j = 1, 2, . . . , q−1

2 .

b) En deduire queπ =

((p− 1)!

q−12 , (q − 1)!

p−12 (−1)

p−12

q−12

)mod U .

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Page 6: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

c) Montrer qu’un systeme de representants de H dans G est donne par les elements (k, k) ∈ G, ouk decrit les entiers entre 1 et pq−1

2 premiers a pq.

d) En deduire que

π =(

(p− 1)!q−12

(q

p

), (q − 1)!

p−12

(p

q

))mod U .

e) En deduire la loi de reciprocite quadratique :(p

q

) (q

p

)= (−1)

p−12

q−12 .

Solution de l’exercice 7.

a) Il est clair que deux elements distincts du sous-ensemble E1 := {(i, j) ∈ G : i = 1, . . . , p−1 et j =1, . . . , q−1

2 } de G ont une image distincte dans H : il ne peuvent etre opposes l’un de l’autredans G (regarder la seconde composante). Par consequent, le morphisme quotient G → H induitune injection E1 → H. Or E1 et H sont deux ensembles finis de meme cardinal (p−1)(q−1)

2 ,

donc le morphisme quotient induit une bijection E1∼=−→ H. Donc E1 est bien un ensemble de

representants de H dans G.

b) On deduit de la question precedente que

π =∏

(i,j)∈E1

(i, j) mod U .

Par consequent, un calcul simple assure que

π =

(p− 1)!q−12 ,

q−12∏

j=1

j

p−1 mod U .

Or la seconde composante de ce couple s’identifie a

q−12∏

j=1

j

p−1

=

q−12∏

j=1

j2

p−12

=

(−1)q−12

q−12∏

j=1

j(−j)

p−12

≡ (−1)p−12

q−12

q−1∏j=1

j

p−12

[q] ,

et donc on obtient bien

π =((p− 1)!

q−12 , (−1)

p−12

q−12 (q − 1)!

p−12

)mod U .

c) Montrons d’abord que le morphisme quotient G → H restreint a l’ensemble E2 (le sous-ensemblede G defini dans cette question) est injectif : si deux elements distincts (k, k), (l, l) ∈ E2 s’envoientsur la meme image dans H, alors (k, k) = (−l,−l) dans G. Donc on en deduit que pq divisek + l. Or 0 < k + l < pq, donc ceci n’est pas possible. Par consequent, E2 s’injecte dans Hvia le morphisme quotient. En outre, le cardinal de E2 est egal a pq−1

2 − q−12 − p−1

2 puisqu’ily a exactement q−1

2 multiples de p entre 1 et pq−12 (de meme pour les multiples de q). Donc

#E2 = (p−1)(q−1)2 = #H, d’ou le resultat.

d) On deduit de la question precedente que

π =∏

1≤k≤ pq−12

,(k,pq)=1

(k, k) mod U .

6

Page 7: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

Or on a∏1≤k≤ pq−1

2,(k,pq)=1

k =1.2 . . . (p− 1)(p + 1) . . . (2p− 1)(2p + 1) . . . ( q−1

2 p− 1)( q−12 p + 1) . . . pq−1

2

q(2q) . . . p−12 q

,

donc ∏1≤k≤ pq−1

2,(k,pq)=1

k ≡(p− 1)!

q−12 .p−1

2 !

qp−12 .p−1

2 !≡ (p− 1)!

q−12

(q

p

)[p] .

Par symetrie, en echangeant les roles de p et q, on obtient∏1≤k≤ pq−1

2,(k,pq)=1

k ≡ (q − 1)!p−12

(p

q

)[q] .

Donc finalement, on a montre que

π =(

(p− 1)!q−12

(q

p

), (q − 1)!

p−12

(p

q

))mod U .

e) En comparant les resultats obtenus dans les questions b) et d), on obtient que((p− 1)!

q−12 , (−1)

p−12

q−12 (q − 1)!

p−12

)=

((p− 1)!

q−12

(q

p

), (q − 1)!

p−12

(p

q

))mod U ,

ce qui implique que (q

p

)=

(p

q

)(−1)

p−12

q−12 ,

d’ou le resultat.

Exercice 8 : Encore une autre preuve de la loi de reciprocite quadratique.

a) Soit p un nombre premier impair, a ∈ Z tel que p ne divise pas a. Notons r1, . . . , r p−12

les restes

des divisions euclidiennes de a, 2a, . . . , p−12 a par p. Montrer que

(ap

)= (−1)t, ou t est le nombre

de ri strictement superieurs a p−12 .

b) Soit q premier impair distinct de p. Avec les notations de la question precedente pour a = q, onnote u la somme des ri ≤ p−1

2 et v la somme des ri > p−12 .

i) Montrer que u + (pt− v) = p2−18 .

ii) En deduire que t ≡ p2−18 +

∑ p−12

j=1 rj [2].

iii) Montrer que t ≡∑ p−1

2j=1 E( jq

p ) [2] (ou E(.) designe la partie entiere).

iv) En deduire la formule (p

q

) (q

p

)= (−1)

P p−12

j=1 E( jqp

)+P q−1

2k=1 E( kp

q).

v) En deduire la loi de reciprocite quadratique.

Solution de l’exercice 8.

7

Page 8: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

a) On definit une partition de l’ensemble {1, . . . , p−12 } en deux sous-ensembles S et T definis par

S := {i : ri ≤ p−12 } et T := {i : ri > p−1

2 }. Par definition, t = #T . Considerons le produit

Π :=∏ p−1

2i=1 ia ∈ Z. Il est clair que

Π = ap−12

(p− 1

2

)! . (2)

Or par definition des ri, on a Π ≡∏ p−1

2i=1 ri [p]. Pour tout i ∈ T , on pose si := p − ri ; alors

1 ≤ si ≤ p−12 . Par consequent, on dispose de p−1

2 entiers dans l’ensemble {1, . . . , p−12 }, donnes

par les ri pour i ∈ S et les sj pour j ∈ T . Montrons que ces nombres sont deux -a-deux distincts :si i, j ∈ S, on a ri = rj si et seulement si ia ≡ ja [p] si et seulement si p divise i − j (car p nedivise pas a) si et seulement si i = j. De meme, si i, j ∈ T , on a si = sj si et seulement si i = j.Enfin, si i ∈ S et j ∈ T , on a ri = sj si et seulement si ri = p− rj , ce qui implique que p|i + j,ce qui n’est pas possible car 2 ≤ i + j ≤ p− 1.Finalement, {1, . . . , p−1

2 } est la reunion (disjointe) de {ri : i ∈ S} et de {sj : j ∈ T}. Or on a

p−12∏

i=1

ri ≡∏i∈S

ri

∏j∈T

(p− sj) ≡∏i∈S

ri

∏j∈T

(−sj) ≡ (−1)t∏i∈S

ri

∏j∈T

sj [p] .

Or par la remarque precedente,∏

i∈S ri∏

j∈T sj =(

p−12

)!, donc on obtient

Π ≡ (−1)t

(p− 1

2

)! [p] . (3)

En combinant (2) et (3), on obtient ap−12 ≡ (−1)t [p]. Or on sait que

(ap

)≡ a

p−12 [p], donc(

ap

)≡ (−1)t [p], d’ou

(ap

)= (−1)t.

b) i) On a vu que {1, . . . , p−12 } est la reunion disjointe de {ri : i ∈ S} et de {sj : j ∈ T} (et les

ri, comme les sj , sont deux-a-deux distincts). Donc

p−12∑

k=1

k =∑i∈S

ri +∑j∈T

sj =∑i∈S

ri +∑j∈T

(p− rj) =∑i∈S

ri + pt−∑j∈T

rj = u + (pt− v) ,

or la somme de gauche vaut (p−1)(p+1)8 = p2−1

8 , d’ou le resultat.

ii) On regarde l’egalite de la question b) i) modulo 2. On obtient u + pt − v ≡ p2−18 [2], or p

est impair, donc cette egalite devient u + v + t ≡ p2−18 [2], d’ou le resultat.

iii) Par definition, on a pour tout 1 ≤ j ≤ p−12 , jq = pE( jq

p ) + rj , donc en sommant sur tousles j, on obtient

q

p−12∑

j=1

j = p

p−12∑

j=1

E

(jq

p

)+

p−12∑

j=1

rj .

Or le terme de gauche vaut q p2−18 , donc modulo 2 cette egalite devient

qp2 − 1

8≡ p

p−12∑

j=1

E

(jq

p

)+

p−12∑

j=1

rj [2] .

Or p et q sont impairs, donc on peut reecrire cette congruence sous la forme

p2 − 18

p−12∑

j=1

E

(jq

p

)+

p−12∑

j=1

rj [2] .

8

Page 9: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

On conclut alors en combinant cette congruence avec celle de la question b) ii), pour trouver

t ≡

p−12∑

j=1

E

(jq

p

)[2] .

iv) Les questions a) et b) iii) assurent que(

qp

)= (−1)

P p−12

j=1 E“

jqp

”. En echangeant les roles de

p et q, on obtient de meme que(

pq

)= (−1)

P q−12

j=1 E“

jpq

”. Finalement, en faisant le produit

de ces deux egalites, il reste :(p

q

) (q

p

)= (−1)

P p−12

j=1 E“

jqp

”+

P q−12

j=1 E“

jpq

”.

v) Pour obtenir la loi de reciprocite quadratique, il suffit de montrer que∑ p−1

2j=1 E

(jqp

)+∑ q−1

2j=1 E

(jpq

)= (p−1)(q−1)

4 . Pour cela, on remarque que la premiere somme est egale a la

somme∑ p−1

2j=1

∑ jqp

k=1 1. Or cette derniere somme est le cardinal de l’ensemble E1 forme despoints de Z2∩ [1, p−1

2 ]× [1, q−12 ] situes sous la droite d’equation y = q

px. Symmetriquement,la seconde somme est egale au cardinal de l’ensemble E2 forme des points de Z2∩ [1, p−1

2 ]×[1, q−1

2 ] situes au-dessus de la droite d’equation y = qpx.

Or la droite y = qpx ne contient aucun point a coordonnees entieres dans le rectangle

[1, p−12 ] × [1, q−1

2 ], donc E1 et E2 realisent une partition de Z2 ∩ [1, p−12 ] × [1, q−1

2 ]. Donc#E1 + #E2 = p−1

2q−12 , d’ou le resultat.

Exercice 9 : L’objectif est de montrer le resultat suivant. Soit p un nombre premier tel que p ≡ 1 [4].Alors 2 est une puissance quatrieme modulo p si et seulement si p s’ecrit sous la forme p = A2 + 64B2

(A,B ∈ Z).

a) Si m ∈ Z, n ∈ N sont des entiers premiers entre eux avec n impair, et si n = pa11 . . . par

r est la

decomposition de n en facteurs premiers, on definit(

mn

):=

(mp1

)α1

. . .(

mpr

)αr

.

i) En utilisant la loi de reciprocite quadratique usuelle, montrer que(−1

n

)= (−1)

n−12 et(

2n

)= (−1)

n2−18 , et demontrer la formule

(mn

) (nm

)= (−1)

m−12

n−12 si m et n sont impairs et

premiers entre eux.

ii) Montrer que si m est un carre modulo n, alors(

mn

)= 1. Montrer que la reciproque est

fausse.

b) On fixe p ≡ 1 [4]. On sait que p = a2 + b2, avec a, b ∈ Z, a impair. Montrer que

i)(

ap

)= 1.

ii)(

a+bp

)= (−1)

(a+b)2−18 .

[Indication : on pourra calculer (a + b)2 + (a− b)2.]

iii) (a + b)p−12 ≡ (2ab)

p−14 [p].

c) Avec les notations de la question b), soit f ∈ Z tel que b ≡ af [p]. Montrer que f2 ≡ −1 [p] etque 2

p−14 ≡ f

ab2 [p].

d) Conclure.

Solution de l’exercice 9.

9

Page 10: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

a) i) Puisque pour tout m,n ∈ Z impairs, on a( −1

mn

)=

(−1m

) (−1n

), il suffit de montrer que la

fonction f(n) := (−1)n−1

2 est multiplicative, i.e. que f(mn) = f(m)f(n). Pour cela, il suffitde montrer que pour tout m,n ∈ Z impairs, m−1

2 + n−12 ≡ mn−1

2 [2]. Cela revient a montrerque l’entier mn− (m + n) + 1 = (m− 1)(n− 1) est divisible par 4, ce qui est clair puisquem et n sont impairs. D’ou le premier point, a savoir

(−1n

)= (−1)

n−12 .

De meme, pour deduire le deuxieme point de la loi de reciprocite quadratique, il suffit de

montrer que la fonction g(n) := (−1)n2−1

8 est multiplicative sur les entiers n impairs. Celarevient a montrer que pour tout m,n impairs, l’entier (mn)2 − 1− (m2 − 1)− (n2 − 1) estdivisible par 16. Or cet entier est egal a (m2 − 1)(n2 − 1) = (m− 1)(m + 1)(n− 1)(n + 1),qui est bien multiple de 16 comme produit de quatre entiers pairs. D’ou le deuxieme point :(

2n

)= (−1)

n2−18 .

Pour le troisieme point, puisque pour tout (p, q, r, s) impairs deux-a-deux premiers entreeux, on a

(pqr

) (rpq

)=

((pr

) (rp

)) (( qr

) (rq

))et

( prs

) (rsp

)=

((pr

) (rp

)) ((ps

) (sp

)), il

suffit de montrer que la fonction h(m,n) := (−1)m−1

2n−1

2 verifie la meme propriete demultiplicativite, a savoir h(pq, r) = h(p, r)h(q, r) et h(p, rs) = h(p, r)h(p, s). Cela re-vient a montrer que pour p, q, r, s impairs et deux-a-deux premiers entre eux, les entiers(pq−1)(r−1)−(p−1)(r−1)−(q−1)(r−1) et (p−1)(rs−1)−(p−1)(r−1)−(p−1)(s−1) sontdivisibles par 8. Or ces entiers sont exactement (p− 1)(q− 1)(r− 1) et (p− 1)(r− 1)(s− 1),donc ils sont divisibles par 8 comme produit de trois entiers pairs. D’ou le troisieme point :(

mn

) (nm

)= (−1)

m−12

n−12 .

ii) Si m est un carre modulo n, alors m est un carre modulo p pour tout p premier divisant n,donc

(mp

)= 1 pour tout facteur premier de n, donc

(mn

)= 1.

La reciproque est fausse : par exemple,(−1

21

)=

(−13

) (−17

)= (−1)(−1) = 1, mais −1 n’est

pas un carre modulo 21 car ce n’est pas un carre modulo 3.

b) i) Modulo a, on a p ≡ b2 [a], donc( p

a

)= 1 par a) ii). Par a) i), on a

(ap

)=

( pa

)puisque

p ≡ 1 [4]. Donc finalement,(

ap

)= 1.

ii) Comme indique, on calcule (a+b)2+(a−b)2 = 2(a2+b2) = 2p. Donc 2p ≡ (a−b)2 [a+b], doncpar a) ii), on a

(2p

a+b

)= 1. Or par a) i), on a

(2p

a+b

)=

(2

a+b

) (p

a+b

), et

(p

a+b

)=

(a+bp

)(il est clair que p ne divise pas a + b). Donc on a

(a+bp

)=

(2

a+b

). Or par a) i), on a(

2a+b

)= (−1)

(a+b)2−18 , d’ou finalement

(a+bp

)= (−1)

(a+b)2−18 .

iii) Puisque (a + b)2 = a2 + b2 + 2ab = p + 2ab, on a (a + b)2 ≡ 2ab [p]. On eleve a la puissancep−14 , et on trouve bien (a + b)

p−12 ≡ (2ab)

p−14 [p].

c) Puisque p = a2 + b2, on a b2 ≡ −a2 [p]. Or b2 ≡ f2a2 [p], et p ne divise pas a, donc f2 ≡ −1 [p].On remarque d’abord que

(ab)p−14 ≡ (a2f)

p−14 ≡ a

p−12 f

p−14 ≡

(a

p

)f

p−14 ≡ f

p−14 ,

ou la derniere egalite utilise la question b) i).Donc on a

2p−14 f

p−14 ≡ (2ab)

p−14 ≡ (a + b)

p−12 ≡

(a + b

p

)[p]

ou la deuxieme congruence utilise la question b) iii). Donc

2p−14 f

p−14 ≡ (−1)

(a+b)2−18 [p]

10

Page 11: Théorie des Nombres - TD3 Loi de réciprocité quadratique

par la question b) ii). Or f2 ≡ −1 [p], donc (−1)(a+b)2−1

8 ≡ f(a+b)2−1

4 [p]. Or (a+b)2−14 = p−1

4 + ab2 ,

donc f(a+b)2−1

4 ≡ fp−14 f

ab2 [p]. Finalement, on a donc

2p−14 f

p−14 ≡ f

p−14 f

ab2 [p] ,

donc en simplifiant,2

p−14 ≡ f

ab2 [p] .

d) On sait qu’un entier x ∈ Z premier a p est une puissance quatrieme modulo p si et seulement six

p−14 ≡ 1 [p] (puisque le morphisme de groupes F∗p → F∗p defini par t 7→ t4 a un noyau d’ordre

4 forme des racines 4-iemes de l’unite). Donc 2 est une puissance quatrieme modulo p si etseulement si 2

p−14 ≡ 1 [p]. Par la question c), ceci equivaut a f

ab2 ≡ 1 [p]. Or f est d’ordre 4

dans F∗p, donc fab2 ≡ 1 [p] si et seulement si 4 divise ab

2 si et seulement si 8 divise ab. Or a estimpair, donc cette derniere condition equivaut a 8 divise b. Finalement, on a bien l’equivalencesouhaitee, en prenant A = a et b = 8B.

11