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Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulants oraux ? [TD$FIRSTNAME]Hervé[TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Décousus[TD$SURNAME.E] 1,2,3 1. Université de Saint-Étienne Jean-Monnet, groupe de recherche sur la thrombose (EA 3065), 42023 Saint-Étienne, France 2. Inserm, CIE3, 42055 Saint-Étienne, France 3. CHU de Saint-Étienne, hôpital Nord, service de médecine et thérapeutique, 42055 Saint-Étienne cedex, France Correspondance : Hervé Décousus, CHU de Saint-Étienne, hôpital Nord, service de médecine et thérapeutique, 42055 Saint-Étienne cedex, France. [email protected] Disponible sur internet le : Antithrombotic medication: Which modifications with the new oral anticoagu- lants? Après de très nombreuses années d’utilisation de l’héparine (et ses dérivés) et des AVK, la pharmacopée antithrombotique est amenée à se modifier avec l’arrivée des nouveaux anti- coagulants oraux (NAO). L’atout principal de ces médicaments est leur utilisation par voie orale avec une dose prédéfinie ne nécessitant pas d’adaptation sur un test d’hémostase et un effet très rapide sur la coagulation. Ces nouveaux anticoagulants oraux vont modifier nos habitudes de prescription, que ce soit dans la prévention et le traitement de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) ou dans la prévention des embolies artérielles chez les patients en fibrillation atriale, avant peut-être une utilisation dans d’autres situations comme le traitement du syndrome coronarien aigu ou de la thrombose veineuse superficielle. L’objectif de ce dossier thématique « anticoagulation » est de vous proposer une mise au point sur les principales situations où vous pourriez être amenés à utiliser l’une de ces nouvelles molécules. Ces médicaments disposent de propriétés pharmacologiques spécifiques, ce qui justifie un chapitre dédié afin de mieux comprendre leurs modalités d’utilisation [1]. Ces NAO ont été testés dans la prévention de la MTEV, que ce soit en médecine ou en chirurgie. Si les résultats sont positifs en chirurgie [2], les NAO n’ont pour l’instant pas de place dans la prévention de la MTEV en médecine [3]. Les résultats des essais de phase III dans le traitement de la MTEV [4] comme dans la FA [5] laissent présager d’une large prescription dans ces indications. Ces initiations de prescription sont actuellement principalement hospitalières ou par des médecins spécialistes, raison pour laquelle un article spécifique est consacré aux attentes et problématiques spécifiques des médecins généra- listes [6]. Enfin, une des principales craintes liées au développement de ces molécules est le Presse Med. 2013; //: /// ß 2013 Publié par Elsevier Masson SAS. en ligne sur / on line on www.em-consulte.com/revue/lpm www.sciencedirect.com Dossier anticoagulation 1 Éditorial tome // >n8/ > / http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.08.002 LPM-2262 Pour citer cet article : Décousus H, Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulants oraux ? Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.08.002.

Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulants oraux ?

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Page 1: Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulants oraux ?

Presse Med. 2013; //: ///� 2013 Publié par Elsevier Masson SAS.

en ligne sur / on line onwww.em-consulte.com/revue/lpmwww.sciencedirect.com Dossier anticoagulation

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Pour citer cet article : Décousus H, Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulantsoraux ? Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.08.002.

Disponible sur internet le :

Édit

or

tome // > n8/ > /http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.08.002

Thérapeutique antithrombotique :quelles modifications avec les nouveauxanticoagulants oraux ?

[TD$FIRSTNAME]Hervé [TD$FIRSTNAME.E] [TD$SURNAME]Décousus [TD$SURNAME.E]1,2,3

1. Université de Saint-Étienne Jean-Monnet, groupe de recherche sur la thrombose(EA 3065), 42023 Saint-Étienne, France

2. Inserm, CIE3, 42055 Saint-Étienne, France3. CHU de Saint-Étienne, hôpital Nord, service de médecine et thérapeutique, 42055

Saint-Étienne cedex, France

Correspondance :Hervé Décousus, CHU de Saint-Étienne, hôpital Nord, service de médecine etthérapeutique, 42055 Saint-Étienne cedex, [email protected]

Antithrombotic medication: Which modifications with th

e new oral anticoagu-lants?

Après de très nombreuses années d’utilisation de l’héparine (et ses dérivés) et des AVK, lapharmacopée antithrombotique est amenée à se modifier avec l’arrivée des nouveaux anti-coagulants oraux (NAO). L’atout principal de ces médicaments est leur utilisation par voie oraleavec une dose prédéfinie ne nécessitant pas d’adaptation sur un test d’hémostase et un effet trèsrapide sur la coagulation. Ces nouveaux anticoagulants oraux vont modifier nos habitudes deprescription, que ce soit dans la prévention et le traitement de la maladie thromboemboliqueveineuse (MTEV) ou dans la prévention des embolies artérielles chez les patients en fibrillationatriale, avant peut-être une utilisation dans d’autres situations comme le traitement du syndromecoronarien aigu ou de la thrombose veineuse superficielle.L’objectif de ce dossier thématique « anticoagulation » est de vous proposer une mise au point surles principales situations où vous pourriez être amenés à utiliser l’une de ces nouvelles molécules.Ces médicaments disposent de propriétés pharmacologiques spécifiques, ce qui justifie un chapitredédié afin de mieux comprendre leurs modalités d’utilisation [1]. Ces NAO ont été testés dans laprévention de la MTEV, que ce soit en médecine ou en chirurgie. Si les résultats sont positifs enchirurgie [2], les NAO n’ont pour l’instant pas de place dans la prévention de la MTEV en médecine[3]. Les résultats des essais de phase III dans le traitement de la MTEV [4] comme dans la FA [5]laissent présager d’une large prescription dans ces indications. Ces initiations de prescription sontactuellement principalement hospitalières ou par des médecins spécialistes, raison pour laquelle unarticle spécifique est consacré aux attentes et problématiques spécifiques des médecins généra-listes [6]. Enfin, une des principales craintes liées au développement de ces molécules est le

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Pour citer cet article : Décousus H, Thérapeutique antithrombotique : quelles modifications avec les nouveaux anticoagulantsoraux ? Presse Med (2013), http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.08.002.

H Décousus

mésusage. C’est pour cette raison que plusieurs chapitres sontdédiés à des situations dans lesquelles ces médicaments n’ontpas encore d’indication : la MTEV dans un contexte de cancer [7],la prévention de la MTEV en soins palliatifs [8], pendant lagrossesse et le post-partum [9] ainsi qu’en pédiatrie [10].À l’heure d’une médecine elle aussi « mondialisée », il fautnoter que la France a joué un rôle important dans l’évaluationde ces molécules. Par exemple, un quart des patients inclusdans l’essai EINSTEIN-EP [11], évaluant le rivaroxaban dans letraitement de l’embolie pulmonaire, ont été inclus par descentres français. Ce point est crucial, car il démontre qu’au prixd’une volonté farouche de travail en réseau, la France peutavoir une « équipe de France » de niveau mondial aussi enrecherche clinique. Cette réussite repose sur une collaborationancienne en recherche clinique dans le domaine de la throm-bose. La collaboration entre les membres fondateurs a débutédans les années 1990, s’illustrant par la réalisation de plusieursessais cliniques comme l’utilisation du filtre cave dans letraitement des TVP [12], de la tinzaparine dans le traitementde l’embolie pulmonaire [13], puis de la compression pneu-matique intermittente dans la prévention de la MVTE en casd’hémorragie intracérébrale [14]. Cette collaboration amicale

s’est développée, enrichie de nouveaux membres, puis struc-turée dans le cadre d’un réseau de recherche clinique, le Grouped’investigation et de recherche clinique sur la thrombose ouGIRC-Thrombose (http://www.girc-thrombose.com/fr/). LeGIRC-Thrombose a pu coordonner près de 40 essais cliniquesinstitutionnels [15,16], et participer à 25 essais cliniques indus-triels internationaux [11,17,18], ainsi qu’au plus grand registresur la MTEV, le registre RIETE (www.riete.org) [19,20]. À l’heureactuelle, plus de 40 centres hospitaliers (universitaires ougénéraux) et plusieurs dizaines de médecins libéraux (princi-palement médecins vasculaires) participent à ce réseau.L’arrivée des NAO ouvre de nouvelles possibilités de soins pournos patients, et pose aussi de nouvelles questions de rechercheclinique. La France, avec le GIRC-Thrombose, dispose d’un outilunique pour avancer sur ces questions, par exemple pours’assurer de l’extrapolation des résultats des essais cliniquesdans « la vie réelle » mais aussi pour limiter leur mésusage.

Déclaration d’intérêts : au cours des cinq dernières années, Hervé Decoususa perçu des honoraires ou financements pour participation à des groupesd’experts (Bayer, Daiichi-Sankyo, GSK) ; a participé comme investigateurd’études cliniques promues par des laboratoires (Bayer, Daiichi-Sankyo, GSK,Portola).

Références

[1] Delavenne X. Améliorations pharmacologiques apportées par les

nouveaux anticoagulants oraux. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.008.

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[3] Bertoletti L, Lega JC, Accassat S, Merah A, Mismetti P, Décousus H.Thromboprophylaxie en médecine : quelles modifications avec lesnouveaux anticoagulants oraux ? Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.002.

[4] Bertoletti L, Lega JC, Moulin N, Buchmuller A, Mismetti P, Decousus H.Nouveaux anticoagulants oraux dans le traitement curatif de la maladiethromboembolique veineuse. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.001.

[5] Lega JC. Nouveaux anticoagulants oraux dans la fibrillation atriale nonvalvulaire. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.004.

[6] Frappé P, Liébart S. Nouveaux anticoagulants oraux en soins primaires :point de vue du médecin généraliste. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.009.

[7] Meyer G. Traitement antithrombotique et cancer. Presse Med 2013.http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.007.

[8] Tardy B, Halayer E, Reynaud Q, Merah A, Lafond P. Prophylaxiemédicamenteuse de la maladie veineuse thromboembolique en soinspalliatifs. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.006.

[9] Chauleur C, Raia T, Gris JC. Thromboprophylaxie pendant la grossesse etle post-partum. Presse Med 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.003.

[10] Chabrier S, Kossorotof M, Stéphane Darteyre S. Place des anti-thrombotiques dans l’accident vasculaire cérébral de l’enfant. PresseMed 2013. http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2013.06.005.

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[13] Simonneau G, Sors H, Charbonnier B, Page Y, Laaban JP, Azarian R et al.A comparison of low-molecular-weight heparin with unfractionatedheparin for acute pulmonary embolism. The THESEE Study Group.Tinzaparine ou Heparine Standard: Evaluations dans l’Embolie Pulmo-naire. New Engl J Med 1997;337:663-9.

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[20] Laporte S, Mismetti P, Décousus H, Uresandi F, Otero R, Lobo JL et al.Clinical predictors for fatal pulmonary embolism in 15,520 patients withvenous thromboembolism: findings from the Registro Informatizado dela Enfermedad TromboEmbolica venosa (RIETE) Registry. Circulation2008;117:1711-6.

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