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UNIVERSITE PARIS DIDEROT – PARIS 7 FACULTE DE MEDECINE Année 2OO9 THESE POUR LE DOCTORAT EN MEDECINE (Diplôme d’Etat) PAR LEYMARIE Nicolas Né le 21 janvier 1979, à Gourdon Présentée et soutenue publiquement le 12 octobre 2009 LE LAMBEAU PERFORANT DE LATISSIMUS DORSI ET D’ANGLE DE LA SCAPULA (LDP-SA) ET LA RECONSTRUCTION DU MASSIF FACIAL : DESCRIPTION, EVALUATION ET INDICATIONS Président : Professeur Marc REVOL Directeur : Docteur Frédéric KOLB Jury : Docteur François JANOT Professeur Laurent LANTIERI Professeur Jean-Paul MONTEIL D.E.S. de Chirurgie Générale

THESE LEYMARIE - 0623516038

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UNIVERSITE PARIS DIDEROT – PARIS 7

FACULTE DE MEDECINE

Année 2OO9 n°

THESE

POUR LE

DOCTORAT EN MEDECINE

(Diplôme d’Etat)

PAR

LEYMARIE Nicolas

Né le 21 janvier 1979, à Gourdon

Présentée et soutenue publiquement le 12 octobre 2009

LE LAMBEAU PERFORANT DE LATISSIMUS DORSI

ET D’ANGLE DE LA SCAPULA (LDP-SA)

ET LA RECONSTRUCTION DU MASSIF FACIAL :

DESCRIPTION, EVALUATION ET INDICATIONS

Président : Professeur Marc REVOL

Directeur : Docteur Frédéric KOLB

Jury : Docteur François JANOT

Professeur Laurent LANTIERI

Professeur Jean-Paul MONTEIL

D.E.S. de Chirurgie Générale

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1

UNIVERSITE PARIS DIDEROT – PARIS 7

FACULTE DE MEDECINE

Année 2OO9 n°

THESE

POUR LE

DOCTORAT EN MEDECINE

(Diplôme d’Etat)

PAR

LEYMARIE Nicolas

Né le 21 janvier 1979, à Gourdon

Présentée et soutenue publiquement le 12 octobre 2009

LE LAMBEAU PERFORANT DE LATISSIMUS DORSI

ET D’ANGLE DE LA SCAPULA (LDP-SA)

ET LA RECONSTRUCTION DU MASSIF FACIAL :

DESCRIPTION, EVALUATION ET INDICATIONS

Président : Professeur Marc REVOL

Directeur : Docteur Frédéric KOLB

Jury : Docteur François JANOT

Professeur Laurent LANTIERI

Professeur Jean-Paul MONTEIL

D.E.S. de Chirurgie Générale

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2

REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Marc Revol,

Je vous remercie d’avoir accepté de présider la soutenance de cette thèse.

Les mois passés à vos côtés m’ont permis de découvrir vos grandes qualités de

chirurgien et d’enseignant, qui représentent pour moi un exemple à suivre.

Vous trouverez ici l’expression de mon plus profond respect et de ma plus grande

admiration.

A Monsieur le Docteur Frédéric Kolb,

Vous m’avez fait l’honneur de diriger cette thèse qui est avant tout le fruit de

votre travail. C’est un immense privilège que vous m’accordez en me permettant

de poursuivre ma formation de chirurgien à vos côtés. Veuillez trouvez dans ce

travail le témoignage de ma profonde reconnaissance et de ma très grande

admiration.

A Monsieur le Docteur François Janot,

Je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail. Votre rigueur

professionnelle et vos qualités humaines m’ont profondément marqué.

Veuillez trouver dans ce travail l’expression de mon plus grand respect.

A Monsieur le Professeur Laurent Lantieri,

Vous êtes à l’origine des dernières innovations de notre spécialité.

Votre présence au sein de ce jury m’apporte une grande fierté.

Veuillez trouver ici l’expression de mes plus vifs remerciements.

A Monsieur le Professeur Jean-Paul Monteil,

Je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail. Je n’ai pas eu l’honneur de

travailler auprès de vous, mais j’espère vivement profiter un jour de votre

enseignement. Veuillez trouver dans ce travail l’expression de mon plus profond

respect.

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3

A mes maîtres d’internat,

Monsieur le Docteur Dominique Elias,

Monsieur le Professeur Jean-Marie Servant,

Madame le Docteur Françoise Rimareix,

Monsieur le Docteur François Janot,

Monsieur le Docteur Alain Boudinet,

Monsieur le Professeur Jacques-Charles Bertrand,

Monsieur le Professeur Jean-François Regnard,

Monsieur le Docteur Patrick Leyder,

Monsieur le Docteur Sylvain Cartier,

Monsieur le Docteur Jean-Michel Carcopino,

Monsieur le Professeur Bernard Augereau.

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4

Aux équipes des services de Chirurgie Cervico-Faciale et de Chirurgie Générale

de l’Institut Gustave Roussy.

A tous mes anciens chefs de clinique : Corinne, Christelle, Gregory, Adel,

Natalie, Eloïse, Thierry, Perig, André, Stéphanie, Chloé, Agnès, Riccardo,

Christophe, Samy, Nicolas, Damien, Moncef.

A mes collègues et amis internes : Anne, Benjamin A, Benjamin S, Chakib,

David, Delia, Flaviano, Guillaume, Guga, Jonathan, Julien, Laurent, Marc, Omar,

Pierre H, Pierre K, Steffen, Raphaël, Romain, Tan.

Merci à Patricia Mathieu pour sa disponibilité et son efficacité.

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5

A Caroline, mon épouse, pour son amour, ses attentions permanentes

et son infinie patience lors de la rédaction de cette thèse,

A mon petit garçon Antoine, qui m’apporte chaque jour tant de bonheur,

A toute ma famille, qui a su me soutenir et m’encourager durant ces longues

années d’études,

Et à tous mes amis...

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6

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ........................................................................ 12

1 TECHNIQUES DE RECONSTRUCTION DE L’ETAGE MOYEN ...... 15

1.1 Principes de reconstruction de l’étage moyen ...................................... 15

1.1.1 Assurer la survie ............................................................................... 17

1.1.2 Recréer la Plastie et l'Esthétique ......................................................... 20

1.1.3 Restaurer les Fonctions ...................................................................... 30

1.2 Classification des pertes de substance de l’étage moyen .................... 34

1.3 Moyens de reconstruction de l'étage moyen ......................................... 37

1.3.1 Réhabilitation par prothèse ................................................................. 37

1.3.2 Lambeaux locaux et loco-régionaux ..................................................... 38

1.3.3 Greffes osseuses et cartilagineuses ..................................................... 39

1.3.4 Lambeaux libres ................................................................................ 40

1.4 Indications de reconstruction de l’étage moyen ................................... 47

1.4.1 Selon le type de perte de substance .................................................... 47

1.4.5 Cas particulier de la voûte palatine ...................................................... 48

1.4.6 Autres facteurs ................................................................................. 53

1.5 Limites du lambeau scapulo-dorsal classique ....................................... 55

2 LAMBEAUX PERFORANTS ...................................................... 57

2.1 Principes .............................................................................................. 57

2.2 Historique et bases anatomiques ......................................................... 61

2.2.1 Lambeaux cutanés au hasard, à flux axial et musculo-cutanés ............... 61

2.2.2 Lambeaux fascio-cutanés ................................................................... 62

2.2.3 Lambeaux neuro-cutanés ................................................................... 67

2.2.4 Lambeaux perforants ......................................................................... 68

2.3 Nomenclature et classification ............................................................. 69

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7

2.4 Technique chirurgicale ......................................................................... 78

2.4.1 Principes généraux de prélévement des lambeaux perforants ................. 78

2.4.2 Lambeaux « muscle-sparing » ............................................................ 80

2.4.3 Lambeaux perforants fins et « microdissection » .................................. 82

2.4.4 Le « free-style free flap » ................................................................... 86

2.5 Imagerie pré-opératoire ....................................................................... 88

2.5.1 Doppler pulsé ................................................................................... 88

2.5.2 Doppler couleur ................................................................................ 89

2.5.3 Angioscanner .................................................................................... 89

2.6 Lambeaux perforants utilisés en reconstruction cervico-faciale ........... 92

2.6.1 Lambeau perforant de la région antéro-latérale de cuisse ....................... 92

2.6.2 Lambeau perforant de rectus abdominis ............................................... 93

2.6.3 Lambeau perforant sous-mental .......................................................... 94

2.6.4 Lambeau perforant supra-claviculaire .................................................. 95

2.6.5 Lambeau perforant de latissimus dorsi ................................................. 96

3 LAMBEAU CHIMERIQUE PERFORANT SCAPULO-DORSAL ....... 99

3.1 Principes .............................................................................................. 99

3.2 Bases anatomiques ............................................................................ 101

3.2.1 Le pédicule scapulaire inférieur .......................................................... 101

3.2.2 La vascularisation de la palette cutanée .............................................. 101

3.2.3 L’angle de la scapula ........................................................................ 109

3.2.4 Les nerfs sensitifs intercostaux .......................................................... 110

3.3 Technique chirurgicale ....................................................................... 112

3.3.1 Préparation pré-opératoire ................................................................ 112

3.3.2 Installation ...................................................................................... 113

3.3.3 Protocole d’anesthésie ...................................................................... 114

3.3.4 Temps d’exérèse carcinologique ......................................................... 115

3.3.5 Temps de prélèvement du lambeau .................................................... 115

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8

3.3.6 Temps de reconstruction ................................................................... 117

3.3.7 Gestes associés................................................................................ 119

3.3.8 Suites opératoires ............................................................................ 119

3.4 Avantages .......................................................................................... 121

3.5 Inconvénients .................................................................................... 123

3.6 Indications ......................................................................................... 123

4 ETUDE RETROSPECTIVE ..................................................... 124

4.1 Matériel .............................................................................................. 124

4.1.1 Patients .......................................................................................... 124

4.1.2 Prise en charge chirurgicale ............................................................... 126

4.2 Méthode ............................................................................................. 128

4.2.1 Recueil des données ......................................................................... 128

4.2.2 Etude des résultats des reconstructions .............................................. 131

4.3 Résultats ............................................................................................ 136

4.3.1 Exérèse carcinologique...................................................................... 136

4.3.2 Reconstruction du maxillaire .............................................................. 137

4.3.3 Suites opératoires ............................................................................ 139

4.3.4 Suivi carcinologique .......................................................................... 141

4.3.5 Evaluation objective des résultats ...................................................... 142

4.3.6 Evaluation subjective des résultats ..................................................... 145

4.4 Discussion .......................................................................................... 149

5 CONCLUSION...................................................................... 156

6 ANNEXES ............................................................................ 158

7 REFERENCES ...................................................................... 189

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9

INDEX DES TABLEAUX

Tableau 1-1 : Classification des pertes de substance selon Kolb. ............................ 35

Tableau 1-2 : Caractéristiques des principaux lambeaux osseux. ............................ 46

Tableau 3-1 : Etudes anatomiques des perforantes musculo-cutanées du L.D.A.P.... 107

Tableau 4-1 : Caractéristiques démographiques. ................................................. 125

Tableau 4-2: Résultats de l’exérèse carcinologique. ............................................. 136

Tableau 4-3 : Résultats de la reconstruction du maxillaire. ................................... 137

Tableau 4-4 : Suites opératoires et complications. ............................................... 139

Tableau 4-5 : Suivi carcinologique. .................................................................... 141

Tableau 4-6 : Evaluation de la fonction nasale et de la réhabilitation prothétique. ... 142

Tableau 4-7 : Tests fonctionnels. ....................................................................... 143

Tableau 4-8 : Test de qualité de vie « QLQ-C30 ». .............................................. 146

Tableau 4-9 : Test de qualité de vie « QLQ-H&N35 ». .......................................... 147

Tableau 4-10 : Test de qualité de vie « PSS-H&N ». ............................................ 148

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10

INDEX DES SCHEMAS

Schéma 1-1 : Les quatre régions anatomiques de l’étage moyen de la face ................. 36

Schéma 1-2 : Classes de résection palatine selon Kolb. ............................................. 52

Schéma 2-1 : Extension du territoire cutané de la perforante selon Kim. ..................... 59

Schéma 2-2 : Territoires cutanés selon Taylor et al. ................................................ 65

Schéma 2-3 : Compartiments vasculaires selon Nakajima et al. ................................ 65

Schéma 2-4 : Classification des lambeaux fascio-cutanés par Cormack et Lamberty.....66

Schéma 2-5 : Classification des vaisseaux perforants le fascia profond par Nakajima. ... 66

Schéma 2-6 : Classification des lambaux fascio-cutanés par Mathes et Nahai ............... 66

Schéma 2-7 : Classification des nerfs périphériques selon leur vascularisation, appliquée aux transferts libres de nerfs, par Suami et Taylor ................................................... 67

Schéma 2-8 : Schéma des perforantes directes et indirectes selon la classification de Gent en 2001 ...................................................................................................... 70

Schéma 2-9 : Lambeau perforant cutané direct nommé selon son vaisseau d’origine, d’après Kim ........................................................................................................ 76

Schéma 2-10 : Lambeau perforant septo-cutané nommé selon son vaisseau d’origine, d’après Kim ........................................................................................................ 76

Schéma 2-11 : Lambeau perforant musculo-cutané nommé selon le muscle traversé par la perforante musculo-cutanée, d’après Kim ...................................................... 76

Schéma 2-12 : Lambeaux de la région antéro-latérale de cuisse selon Kim .................. 77

Schéma 2-13 : Lambeaux de la région antébrachiale radiale selon Kim ....................... 77

Schéma 2-14 : Technique de « muscle-sparing » selon Hamdi ................................... 81

Schéma 2-15 : Technique de « microdissection » selon Kimura et al. . ........................ 84

Schéma 2-16 Repérage des perforantes par angioscanner d’après Mun et al. ............... 91

Schéma 2-17 : Lambeaux perforants de latissimus dorsi selon Kim............................. 96

Schéma 3-1 : Localisation préopératoire des perforantes par angioscanner : étude rétrospective de 25 lambeaux perforants de latissimus dorsi par Mun et al. .............. 107

Schéma 3-2 : Origines de l’artère angulaire selon Seneviratne et al. ........................ 110

Schéma 3-3 : Trajet et rapports des branches de division postérieure des nerfs sensitifs intercostaux selon Lin ............................................................................. 111

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11

INDEX DES ANNEXES

Annexe 1 : Technique de prélèvement du L.D.P-S.A. ........................................... 158

Annexe 2 : Technique de reconstruction du maxillaire. ......................................... 159

Annexe 3 : Cas clinique numéro 1. .................................................................... 160

Annexe 4 : Cas clinique numéro 2. .................................................................... 161

Annexe 5 : Cas clinique numéro 3. .................................................................... 163

Annexe 6 : Cas clinique numéro 4. .................................................................... 164

Annexe 7 : Cas clinique numéro 5. .................................................................... 165

Annexe 8 : Cas clinique numéro 6. .................................................................... 167

Annexe 9 : Cas clinique numéro 7. .................................................................... 168

Annexe 10 : Cas clinique numéro 8. .................................................................. 169

Annexe 11 : Cas clinique numéro 9. .................................................................. 170

Annexe 12 : Cas clinique numéro 10. ................................................................. 171

Annexe 13 : Cas clinique numéro 11. ................................................................. 172

Annexe 14 : Cas clinique numéro 12. ................................................................. 173

Annexe 15 : Evaluation de la fonction nasale et de la réhabilitation prothétique. ..... 174

Annexe 16 : Questionnaire du test fonctionnel. ................................................... 175

Annexe 17 : Questionnaire de qualité de vie EORTC QLQ-C30. .............................. 181

Annexe 18 : Synthèse du questionnaire EORCT QLQ-C30. .................................... 183

Annexe 19 : Questionnaire de qualité de vie EORCT QLQ-H&N35. .......................... 184

Annexe 20 : Synthèse du questionnaire EORCT QLQ-H&N35. ................................ 186

Annexe 21 : Questionnaire de qualité de vie PSS ................................................. 187

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12

INTRODUCTION

La prise en charge chirurgicale des cancers cervico-faciaux entraîne des défects

complexes avec de lourdes séquelles cosmétiques et fonctionnelles, pour

lesquelles une reconstruction doit être systématiquement proposée. L’avènement

de la microchirurgie a révolutionné les possibilités de reconstruction cervico-

faciale en permettant la réparation de pertes de substance toujours plus

étendues. Au fur et à mesure du développement des techniques, la fiabilité des

lambeaux s’est renforcée et les sites donneurs se sont multipliés, repoussant les

limites d’exérèse carcinologique et assurant ainsi un meilleur contrôle local de la

maladie. Les lambeaux composites et chimériques ont rendu possible les

réparations pluritissulaires. Depuis une dizaine d’années, le développement des

lambeaux cutanés dits « perforants » a constitué une nouvelle avancée majeure,

qui a permis d’améliorer encore les résultats de nos reconstructions. L’utilisation

des lambeaux perforants permet d’adapter au mieux les caractéristiques du

lambeau à celles de la perte de substance tout en minimisant les séquelles

fonctionnelles du site donneur.

La technique standard de reconstruction des hémi-maxillectomies réalisées à

l’Institut Gustave Roussy (I.G.R.) reposait sur le lambeau scapulo-dorsal libre,

associant une palette musculo-cutanée de latissimus dorsi et l’angle de la

scapula. Les résultats obtenus par ce lambeau chimérique étaient globalement

satisfaisants. Mais pour des patients en surpoids ou en cas de perte de substance

de volume limité, la palette musculo-cutanée pouvait présenter un volume

excessif et être difficile à conformer. La résorption musculaire après

radiothérapie rendait les résultats des reconstructions aléatoires. De plus, les

suites opératoires du site donneur étaient parfois marquées par la survenue de

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13

séromes ou de douleurs chroniques. L’expérience acquise à l’I.G.R. dans les

lambeaux perforants nous a donc amené à modifier la technique classique, en

prélevant une palette fascio-cutanée vascularisée par une branche perforante du

pédicule thoraco-dorsal. L’utilisation de cette variante de lambeau scapulo-

dorsal, avec une palette cutanée plus fine et plus malléable que la palette

musculo-cutanée de grand dorsal, optimise la qualité des reconstructions du

maxillaire et du palais osseux en limitant les séquelles du site donneur.

La prise en charge des pertes de substance partielles ou totales du maxillaire

est bien codifiée à l’I.G.R. Dans la première partie de ce mémoire nous

rappellerons les règles fondamentales de la reconstruction de l’étage moyen de

la face : les méthodes classiques de reconstruction seront décrites, ainsi que

leurs indications selon une classification précise et pratique de la classe de

résection palatine. Nous soulignerons les limites des ces techniques de

reconstruction, en particulier pour le lambeau scapulo-dorsal.

Les lambeaux perforants présentent des caractéristiques qui se rapprochent de

celles du « lambeau idéal » en reconstruction cervico-faciale. Leurs surface et

épaisseur peuvent être adaptées à la perte de substance, de plus la palette est

souple et facile à conformer. Un prélèvement nerveux peut y être associé et la

morbidité du site donneur est faible. Si la fiabilité de ces lambeaux est bonne,

elle dépend néanmoins de techniques de prélèvement rigoureuses. Nous

étudierons dans la deuxième partie de ce travail leurs bases anatomiques, les

particularités techniques de prélèvement et surtout la place qu’ils occupent

actuellement en reconstruction cervico-faciale.

Cette variante de lambeau chimérique ostéo-cutané perforant avec l’angle de

la scapula « L.D.P-S.A. » n’a été décrite que pour trois cas cliniques dans la

Page 15: THESE LEYMARIE - 0623516038

14

littérature(1, 2). Nous préciserons donc dans la troisième partie les bases

anatomiques de ce nouveau lambeau, ainsi que la technique opératoire pratiquée

dans notre service.

Depuis 2006, douze patients ont bénéficié de cette nouvelle technique de

reconstruction. Nous avons évalué les résultats de ces reconstructions à la fois

sur des critères objectifs, par des tests fonctionnels, mais aussi sur des critères

subjectifs, par des questionnaires d’évaluation de la qualité de vie des patients.

L’objet de cette étude rétrospective est de démontrer la fiabilité du lambeau

scapulo-dorsal prélevé en perforant ainsi que la supériorité de ses résultats par

rapport au lambeau scapulo-dorsal classique, dans les reconstructions de l’hémi-

maxillaire chez les patients en surpoids et pour des défects de volume limité.

La quatrième partie de ce travail détaille cette étude rétrospective.

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15

1 TECHNIQUES DE RECONSTRUCTION DE L’ETAGE MOYEN

1.1 PRINCIPES DE RECONSTRUCTION DE L ’ETAGE MOYEN

L’étage moyen de la face est une structure pluritissulaire complexe qui occupe

une position centrale dans l’extrémité céphalique et présente des rôles multiples.

Il assure d’abord la survie de l’individu en établissant des barrières anatomiques

imperméables entre l’encéphale et les voies aérodigestives supérieures. Il définit

ensuite par l’intermédiaire des tissus mous et de sa charpente ostéo-

cartilagineuse la projection, la forme, les contours et surtout l’expression du

visage. Chacune de ses unités anatomiques participe à une multitude de

fonctions : respiration, vision, déglutition, mastication, olfaction, élocution,

phonation, expressivité faciale et sensibilité cutanée.

Les déformations secondaires à la disparition du soutien osseux après

maxillectomie ont été développées dans la thèse de Rouveroux(3).

La radiothérapie qui est fréquemment associée dans ce contexte carcinologique,

est un facteur majeur d’aggravation de ces déformations. Les séquelles les plus

fréquentes au niveau de la région orbito-palpébrale sont la dystopie canthale

interne, la lagophtalmie, l’ectropion, l’enophtalmie et la diplopie. Pour la région

jugale, on note une rétraction cutanée et l’affaissement de la pommette. Pour la

pyramide nasale, il existe une déviation de la pointe et une rétraction de l’aile

narinaire. La lèvre supérieure peut être rétractée en bloc avec la joue, ou ptôser

par manque de soutien. L’analyse de ces déformations a permis d’en déterminer

les causes précises, de prévoir leur survenue et d’adapter ainsi les gestes de

reconstruction.

Page 17: THESE LEYMARIE - 0623516038

16

Les difficultés de la chirurgie de l’étage moyen de la face rendent nécessaire

une approche multidisciplinaire. Pour être optimale, la reconstruction sera si

possible primaire et s’attachera à rétablir les tissus et fonctions lésées par le

geste d'exérèse carcinologique. L’identification des principaux objectifs de la

reconstruction(4-6) permet d’établir une stratégie pratique de prise en charge.

Les trois objectifs de la reconstruction de l’étage moyen de la face sont

détaillés dans ce chapitre :

- assurer la survie du patient,

- recréer la plastie et l’esthétique de la face,

- restaurer les fonctions.

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17

1.1.1 ASSURER LA SURVIE

La chirurgie carcinologique de l’étage moyen de la face amène parfois

à interrompre les barrières anatomiques séparant le cerveau ou les axes

vasculaires jugulo-carotidiens des voies aéro-digestives supérieures. L’atteinte

des sphères oro et naso-pharyngée peut perturber la fonction ventilatoire.

La protection et le respect de ces structures vitales conditionnent la survie du

patient. Elles constituent donc le premier objectif des reconstructions de l’étage

moyen de la face.

1.1.1.1 BASE DU CRANE

1.1.1.1.1 PRINCIPES

La base du crâne est une barrière anatomique vitale, séparant le cerveau

des germes des cavités sinuso-nasales et buccales par un plan osseux et la dure-

mère. La restauration de l’intégrité de la base du crâne doit être réalisée en deux

plans, afin de protéger au mieux le cerveau de toute contamination bactérienne.

La reconstruction rétablit l’étanchéité de la dure-mère, qui est doublée par

un lambeau de protection richement vascularisé. Elle évite ainsi les fuites

de liquide céphalo-rachidien et les risques de complications infectieuses.

1.1.1.1.2 METHODES

La réparation étanche de la dure-mère est réalisée par une suture directe,

ou par l’apport d’un greffon aponévrotique. Elle est renforcée par une colle

biologique. Une perte de substance limitée de la dure-mère sera couverte par un

greffon local épicrânien (ou galéo-périosté), d’aponévrose temporale

Page 19: THESE LEYMARIE - 0623516038

18

ou temporo-pariétale. En cas de défect étendu, on utilise un greffon

aponévrotique de fascia lata.

La couverture des défects de la base du crâne limités à un étage repose sur

les lambeaux locorégionaux. Pour l’étage antérieur, on utilise principalement

les lambeaux frontaux (supra-trochléaire ou supra-orbitaire) ou les lambeaux de

la région temporale (lambeau de fascia temporo-pariétal, de fascia temporal ou

de muscle temporal). En cas d’atteintes étendues, le recours à un lambeau libre

est nécessaire. Les lambeaux de rectus abdominis, latissimus dorsi et gracilis

sont les plus fréquemment utilisés.

Pour la reconstruction de la base du crâne, sont classiquement contre-

indiqués : les greffons osseux et les biomatériaux (en raison des risques

importants d’infection et de résorption), les lambeaux locaux en cas d’antécédent

de radiothérapie, les lambeaux épicrâniens en cas d’antécédent de chirurgie ou

de traumatisme local.

La reconstruction de la base du crâne répond donc à quatre principes

fondamentaux :

1. Fermeture étanche de la dure-mère : suture directe ou greffons

aponévrotiques.

2. Reconstruction en deux plans : réparation de la dure-mère puis couverture

par un lambeau de protection locorégional ou libre.

3. Contre-indications des lambeaux locaux en cas de radiothérapie

4. Contre-indications des lambeaux épicrâniens en cas de traumatisme local.

Page 20: THESE LEYMARIE - 0623516038

19

1.1.1.2 AXES VASCULAIRES JUGULO-CAROTIDIENS

Les axes vasculaires jugulo-carotidiens sont fréquemment exposés lors des

gestes d’exérèse tumorale. Le risque d’hémorragie massive par rupture

vasculaire, après un évidement ganglionnaire radical ou une chirurgie de

rattrapage, doit être systématiquement prévenu en protégeant ces vaisseaux par

un lambeau locorégional (le plus souvent par un lambeau de pectoralis major).

L’étanchéité de la cavité orale doit être parfaite afin de prévenir tout risque de

fistule salivaire. Si l’extension tumorale impose l’interruption de l’axe carotidien

interne, on réalisera un test d’occlusion préopératoire. En cas d’intolérance,

le geste chirurgical est généralement contre-indiqué. Si l’indication est

maintenue, le flux vasculaire sylvien est rétabli par un pontage artériel entre les

systèmes carotidien externe et sylvien. Yann et al. décrivent un lambeau

antébrachial radial porte-vaisseaux permettant de combiner les gestes de

revascularisation et de reconstruction de la base du crâne.

1.1.1.3 VOIES AERIENNES

La liberté des voies aériennes supérieures est assurée en postopératoire

immédiat par la trachéotomie. Elle prévient des risques d’inhalation salivaire ou

de sang, ou d’obstruction haute liée à un œdème important, un hématome ou à

un lambeau de volume excessif. Pour les reconstructions de l’étage moyen,

la trachéotomie est habituellement transitoire et retirée au cours de la première

semaine postopératoire. En cas d’atteinte de la fosse nasale, le geste de

reconstruction doit rétablir la perméabilité de la fosse nasale et permettre une

ventilation nasale suffisante. Ces notions sont développées dans le chapitre

1.1.3.2 : Restauration de la respiration (page 31).

Page 21: THESE LEYMARIE - 0623516038

20

1.1.2 RECREER LA PLASTIE ET L 'ESTHETIQUE

Le second objectif de la reconstruction de l’étage moyen de la face est de

redonner au visage un aspect harmonieux en limitant les séquelles liées aux

maxillectomies. Mais la complexité anatomique du maxillaire liée à son caractère

tridimensionnel et pluritissulaire rend sa restauration ad integrum impossible.

Les caractéristiques d’un visage résultent de la combinaison entre deux

composantes : tissus ostéo-cartilagineux de soutien et tissus mous de

revêtement. La charpente ostéo-cartilagineuse donne au visage sa projection, sa

forme, ses contours. Elle assure, par des points de fixation multiples, l’ancrage

des tissus de revêtement et évite leur rétraction ou affaissement. Les tissus

mous permettent la mobilité, l’expressivité et donnent l’apparence du visage.

Pour optimiser le résultat esthétique des reconstructions, ces deux composantes

devront être restaurées indépendamment.

1.1.2.1 RESTAURER LES STRUCTURES DE SOUTIEN

1.1.2.1.1 PRINCIPES

La structure osseuse du bloc maxillo-malaire est complexe, elle associe dans

les trois plans de l’espace des piliers osseux et des cavités aériennes.

Le maxillaire est classiquement décrit en trois parties. La suprastructure

comprend l'ethmoïde, la partie supérieure des fosses nasales et l'orbite.

La mésostructure correspond à la partie inférieure des fosses nasales et au sinus

maxillaire. L'infrastructure est constituée de la voûte palatine.

La compréhension de l’architecture du bloc maxillo-malaire a été simplifiée par

la théorie dite « des piliers et contreforts » de Yamamoto(7). Il définit trois

Page 22: THESE LEYMARIE - 0623516038

21

piliers osseux principaux qui donnent à l’étage moyen de la face sa projection et

sa forme, et trois structures ostéo-cartilagineuses secondaires. La restitution

complète de chacun des trois piliers osseux principaux est capitale pour le

résultat de la chirurgie : elle va rétablir une base tridimensionnelle solide,

servant de support aux différentes unités anatomiques de la face (orbite,

pyramide nasale, région labio-jugale, arcade dentaire). C’est l’importance du

défect et le nombre de piliers atteints qui va principalement déterminer le choix

du type de reconstruction.

Les trois piliers osseux sont respectivement :

- le pilier ptérygo-maxillaire (PM) : horizontal et inférieur, en forme de « fer

à cheval ». Il limite en bas l’étage moyen de la face, définit le palais

osseux, donne leur projection à la lèvre supérieure et à la pyramide

nasale, et supporte l’arcade dentaire supérieure.

- le pilier zygomatico-maxillaire (ZM) : horizontal et supérieur. Il limite en

haut l’étage moyen de la face. Il donne les projections de la région sous-

orbitaire et de la pommette. Il est divisé en trois portions : orbitaire en

interne (ZMo), malaire au centre (ZMm) et zygomatique en externe (ZMz).

- le pilier fronto-maxillaire (FM) : vertical et paramédian. Il donne la hauteur

médio-faciale. Il soutient la pyramide nasale, l’aile du nez et permet

l’ancrage du bloc labio-jugal. L’orifice piriforme est constitué de la fusion

des piliers fronto-maxillaire et zygomatico-maxillaire.

On définit également des structures ostéo-cartilagineuses dites

« secondaires », mais dont la restauration est également indispensable :

Page 23: THESE LEYMARIE - 0623516038

22

- le plancher et les parois de l’orbite : une restitution optimale doit éviter

toute enophtalmie ou dystopie orbitaire, sources de diplopie voire de cécité

monoculaire. La radiothérapie aggrave généralement ces séquelles.

- les os propres du nez, dont le rôle de soutien de la pyramide nasale est

primordial.

- les cartilages alaires, triangulaires et septal qui définissent la projection et

la forme de la pointe nasale.

Les cavités sinusiennes constituent des espaces morts qui doivent être

comblés par un lambeau de volume suffisant. Elles ne présentent pas de rôle

physiologique majeur dans la respiration après maxillectomie. Elles forment des

zones de turbulences aériennes et la stase de sécrétions muqueuses peut être à

l’origine d’épisodes infectieux locaux, notamment en cas de radiothérapie

adjuvante.

Le pilier ptérygo-maxillaire constitue la portion osseuse de la voûte palatine :

dans sa partie médiane, il permet la projection de la pyramide nasale et du bloc

labio-jugal, et dans sa partie latérale il projette la joue. Le rôle de soutien du

pilier ptérygo-maxillaire sur les tissus mous sus-jacents est donc croissant de

dehors en dedans : une interruption du pilier au niveau de la ptérygoïde

n’entraîne qu’un léger méplat jugal et sa restauration n’est pas nécessaire ; au

contraire, une interruption médiane entraîne d’importantes déformations de la

pyramide nasale et du bloc labio-jugal, et sa reconstruction avec un apport

osseux est indispensable. Le point limite d’atteinte du pilier ptérygo-maxillaire,

à partir duquel la reconstruction n’est plus obligatoire, correspond à la canine.

Page 24: THESE LEYMARIE - 0623516038

23

1.1.2.1.2 METHODES

Les deux méthodes de reconstruction de la charpente ostéo-cartilagineuse de

l’étage moyen de la face sont la réhabilitation prothétique et l’apport de tissus

autologues.

La réhabilitation prothétique est la technique la plus ancienne et la plus simple,

particulièrement adaptée pour les petites pertes de substance de la voûte

palatine. Elle associe une base prothétique palatine et un obturateur. La prothèse

palatine recrée la voûte palatine et isole la cavité buccale des cavités sinuso-

nasales. Elle évite les fausses routes, et le contact lingual permet de restaurer la

déglutition et la phonation. L’obturateur est moulé pour combler la cavité de

résection. L’avantage majeur de la restauration prothétique est la possibilité

d’une surveillance clinique directe de la zone d’exérèse. Cependant les patients

présentent parfois une gêne liée à la prothèse, des défauts de rétention

prothétique et des troubles fonctionnels à type de reflux nasal, fausses-routes ou

défaut de succion, liés à une communication oro-nasale.

La reconstruction par tissus autologues repose, selon l’étendue et la

localisation de la perte de substance, sur les lambeaux locorégionaux et les

lambeaux libres composites, parfois associés à des greffons osseux ou

cartilagineux.

Les lambeaux issus de la région temporo-pariétale, en particulier le lambeau

de muscle temporalis, permettent une reconstruction de la suprastructure et un

comblement du maxillaire. En cas de contre-indication à la réalisation d’un

lambeau libre, les reconstructions de l’hémi-maxillaire peuvent être assurées par

un lambeau de temporalis combiné à un greffon osseux et à une prothèse.

Page 25: THESE LEYMARIE - 0623516038

24

L’apport osseux vascularisé par lambeau libre est la méthode de choix des

reconstructions d’exérèses étendues et complexes du maxillaire. Les lambeaux

ou chimériques permettent un apport pluritissulaire et une reconstruction

tridimensionnelle. Deux principaux lambeaux sont à retenir :

- le lambeau chimérique scapulo-dorsal : il est prélevé en lambeau ostéo-

fascio-cutané ou ostéo-musculo-cutané sur le pédicule subscapulaire. La

région scapulo-dorsale est la seule zone donneuse fournissant des tissus

différents, indépendants les uns des autres et vascularisés par le même

pédicule. La fréquence des variations anatomiques est la limite principale

de ce lambeau.

- le lambeau composite de fibula : il est prélevé en lambeau osseux ou

ostéo-fascio-cutané. Il apporte une longueur osseuse maximale et rend

possible la reconstruction d’un voûte palatine complète.

Les greffons osseux (prélèvement costal ou de crête iliaque) et cartilagineux

(aux dépens des 7ème, 8ème et 9ème cartilages costaux) permettent également de

restaurer une ou plusieurs structures de soutien. Ils présentent des taux de

résorption aléatoire et les risques infectieux importants, qui sont majorés par la

radiothérapie. Leur utilisation est donc combinée avec des lambeaux richement

vascularisés, loco-régionaux ou libres.

Le choix entre un apport osseux par greffon ou par lambeau dépend de trois

paramètres principaux, chacun facteur de résorption osseuse ou d’infection :

- contraintes mécaniques : une force de compression importante, liée

notamment à la mastication, favorise la résorption osseuse.

Page 26: THESE LEYMARIE - 0623516038

25

- degré de contamination bactérienne : l’exposition à la flore bactérienne de

la cavité buccale favorise l’infection et donc la perte de l’apport osseux.

- radiothérapie : les séquelles vasculaires d’une radiothérapie pré ou

postopératoire limitent l’ostéo-intégration et favorisent les complications

infectieuses.

Ainsi un défect limité du rebord orbitaire peut être restauré par un greffon

osseux si une radiothérapie n’est pas réalisée : les contraintes mécaniques et le

degré de contamination sont faibles. Pour une défect osseux étendu de la voûte

palatine, le recours à un apport osseux vascularisé s’impose : les forces de

compression liées à la mastication et la contamination par la flore buccale y sont

maximales.

Pour résumer, quatre notions fondamentales des reconstructions de la

charpente ostéo-cartilagineuse de l’étage moyen de la face sont à retenir :

1. Restauration de chacun des trois piliers du bloc maxillo-malaire :

zygomatico-maxillaire, fronto-maxillaire et ptérygo-maxillaire.

2. Comblement des cavités sinusiennes par un lambeau de volume adapté.

3. Choix d’un lambeau fiable, bien vascularisé et capable de résister aux trois

principales contraintes du site de la reconstruction : contamination

bactérienne par les voies aéro-digestives supérieures, pressions de

compression et radiothérapie.

4. Optimisation du résultat de la reconstruction en restaurant les structures

ostéo-cartilagineuses dites « secondaires ».

Page 27: THESE LEYMARIE - 0623516038

26

1.1.2.2 RESTAURER LES TISSUS DE REVETEMENT

1.1.2.2.1 PRINCIPES

Le terme « tissu de revêtement » englobe l’ensemble des tissus mous de la

face supportés et fixés à la charpente ostéo-cartilagineuse sous-jacente : peau,

graisse, muscles et pédicules vasculo-nerveux. L’objectif de la reconstruction est

d’apporter une couverture cutanée tout en conservant une épaisseur de tissus

mous identique. Les principes de base de la chirurgie plastique de la face sont

appliqués.

Les reconstructions labiale et de la pyramide nasale seront réalisées en trois

plans. La réparation tissulaire plan par plan, largement développée par Burget et

Millard dans leurs travaux sur la reconstruction nasale, améliore largement les

résultats de reconstruction.

Les incisions cutanées sont tracées préférentiellement selon les lignes de

moindre tension. Mais c’est surtout le respect des unités et sous-unités

esthétiques de la face décrites par Burget(8) en 1985 qui permet de masquer les

cicatrices en les positionnant dans les zones de transition entre « ombre et

lumière ». En cas d’exérèse cutanée élargie, le défect cutané sera étendu à la

totalité de la sous-unité esthétique par excision complémentaire de peau saine,

afin de placer les cicatrices à la frontière entre deux sous-unités. Le choix du

mode de couverture cutanée ne se fait donc pas selon la taille de la lésion

cutanée mais selon le nombre de sous-unités esthétiques concernées.

La reconstruction est réalisée au mieux à l’aide de tissus locaux : leurs couleur,

élasticité et épaisseur se rapprochent toujours mieux des caractéristiques des

Page 28: THESE LEYMARIE - 0623516038

27

téguments réséqués. Une palette cutanée prélevée en dehors de l’extrémité

céphalique entraîne une dyschromie et une différence de texture qui altèrent le

résultat final de la reconstruction.

En raison des séquelles vasculaires des réseaux dermiques et sous-dermiques

après radiothérapie, l’utilisation de lambeaux locaux est contre-indiquée en

territoire irradié.

En carcinologie faciale les évidements ganglionnaires sont fréquents, il faut

donc tenir compte du risque de sacrifice d’un pédicule vasculaire qui limite les

possibilités de lambeaux locaux.

L’amarrage du lambeau de couverture aux structures ostéo-cartilagineuses

sous-jacentes est capital. Il rétablit les points fixes d’adhérence entre tissus

mous et tissus de soutien et lutte contre les phénomènes de rétraction et de

relâchement cutané. L’altération progressive du résultat de la reconstruction,

majorée par la radiothérapie, est ainsi limitée. Le chapitre suivant soulignera

l’importance de ces points d’amarrage dans la préservation des principales

fonctions de l’étage moyen de la face.

1.1.2.2.2 METHODES

Parmi la multitude des lambeaux locaux décrits en reconstruction faciale, deux

lambeaux principaux sont à remarquer par leur fiabilité et leur polyvalence :

- le lambeau para-médian frontal, clé de voûte de la reconstruction de la

pyramide nasale. Il est également utilisé pour la reconstruction palpébrale.

- le lambeau cervico-jugal de rotation, étendu en région thoracique

en cas de défect cutané étendu. Il permet la reconstruction des régions

Page 29: THESE LEYMARIE - 0623516038

28

palpébrale inférieure et jugale. Sa fiabilité vasculaire permet le

prélèvement d’une surface cutanée importante.

Si les conditions locales ou l’étendue de l’exérèse cutanée contre-indiquent

l’utilisation de tissus locaux, le recours à des lambeaux régionaux ou libres est

nécessaire. Trois principaux lambeaux sont à retenir :

- le lambeau delto-pectoral : fiable et présentant une bonne plasticité mais

au détriment d’un arc de rotation court et d’une morbidité importante du

site donneur.

- le lambeau antébrachial radial : de réalisation simple mais dont l’épaisseur

est souvent insuffisante et avec des séquelles importantes pour l’avant-

bras et la main.

- le lambeau de la région antéro-latérale de cuisse : ses qualités plastiques

sont souvent supérieures à celles du lambeau antébrachial. La palette

cutanée est de bonne qualité, son pannicule adipeux est plus important et

peut être dégraissé à la demande. La morbidité du site donneur est quasi-

nulle.

La restauration des tissus de revêtement de la face repose sur

quatre points clés :

1. Reconstruire en trois plans.

2. Respecter les sous-unités esthétiques de Burget.

3. Privilégier le choix des tissus locaux.

4. Contre-indiquer les lambeaux locaux en zone irradiée.

Page 30: THESE LEYMARIE - 0623516038

29

1.1.2.3 RESTAURER DES BARRIERES ANATOMIQUES ETANCHES

1.1.2.3.1 RECONSTRUCTION DE LA BASE DU CRANE

L’importance vitale de la restauration de la base du crâne en fait le premier

objectif de la reconstruction de l’étage moyen de la face. Le chapitre 1.1.1.1 :

Base du Crâne (page 17) détaille les principes et méthodes de reconstruction de

la base du crâne.

1.1.2.3.2 RECONSTRUCTION DE LA VOUTE PALATINE

La voûte palatine est une structure anatomique essentielle du bloc maxillo-

malaire. Par l’intermédiaire de l’arche externe du palais osseux, qui correspond

au pilier ptérygo-maxillaire, la voûte palatine assure la projection et le support

de la pyramide nasale, de la lèvre supérieure, de la joue et de l’arcade dentaire

supérieure. Elle constitue une barrière anatomique entre cavité orale et cavités

sinuso-nasales et rend possible les fonctions principales de respiration,

mastication-déglutition et phonation-élocution. La restauration d’une barrière

anatomique étanche va permettre de préserver ces fonctions essentielles.

Page 31: THESE LEYMARIE - 0623516038

30

1.1.3 RESTAURER LES FONCTIONS

L’étage moyen de la face est situé au centre de l’extrémité céphalique, à la

confluence des voies aériennes et digestives : il occupe donc un rôle central

danns les fonctions de respiration, mastication-déglutition et phonation-

élocution. Il abrite également les organes de la vision et de l’odorat.

Par l’intermédiaire des tissus mous de couverture, il permet l’expression faciale

et les relations sociales. Les techniques de réhabilitation fonctionnelle étant

nombreuses, elles ne seront pas détaillées dans ce mémoire mais nous en

soulignerons les points importants.

1.1.3.1 RESTAURATION DE LA PHONATION-ELOCUTION ET DE LA

MASTICATION-DEGLUTITION

Ces deux fonctions de « parole » et d’« alimentation » sont principalement

assurées par la voûte palatine. Leur préservation est conditionnée par le

rétablissement d’une barrière étanche entre les cavités sinuso-nasales et

buccale, mais également par la réhabilitation dentaire ultérieure.

Les prothèses palatines, associées ou non à un obturateur, répondent

généralement à ces deux critères et l’apport de tissus autologues n’est donc

pas systématique.

En l’absence de dents sur l’arcade dentaire controlatérale ou en cas de défect

osseux, le bras de levier imposé par la prothèse sur le palais osseux restant

rendrait la prothèse palatine instable. La reconstruction du pilier sera donc

réalisée par un apport osseux suffisant pour permettre une réhabilitation

dentaire ultérieure. La limite d’exérèse source d’instabilité prothétique est

représentée par le point canin. Pour rappel, le point canin correspond également

Page 32: THESE LEYMARIE - 0623516038

31

au point limite à partir duquel le pilier ptérygo-maxillaire doit être restauré par

un apport osseux afin de rétablir son rôle de soutien aux tissus mous sus-

jacents.

1.1.3.2 RESTAURATION DE LA RESPIRATION

Le nez et les cavités nasales participent directement aux premières phases de

la respiration, leur restauration est donc indispensable. Les cavités sinusiennes

ne remplissent qu’un rôle physiologique secondaire dans la respiration, et comme

il l’a été détaillé précédemment, leur comblement par un lambeau est nécessaire

pour éviter toute complication infectieuse.

La réparation du plancher des fosses nasales et de la cloison sinuso-nasale

rétablit un conduit pour la ventilation nasale. La couverture de la face endonasale

sera réalisée par une palette cutanée, car l’utilisation de muscle ou de fascia peut

être à l’origine de synéchies ou de rétractions qui compromettent la perméabilité

nasale.

1.1.3.3 RESTAURATION DE LA VISION

En dehors des cas d’exentération, l’objectif de la reconstruction est de

préserver les organes annexés à la vision : paupières et voies lacrymales.

Les séquelles orbito-palpébrales liées aux maxillectomies sont bien connues.

Elles sont habituellement aggravées par la radiothérapie. Leur prévention est

systématique et repose sur des gestes codifiés, réalisés dans le même temps

chirurgical que la reconstruction primaire du maxillaire.

Lors des maxillectomies totales, les voies lacrymales sont interrompues et

rendues borgnes par le comblement du sinus : le patient présente un épiphora

Page 33: THESE LEYMARIE - 0623516038

32

chronique invalidant. La réalisation d’une dacryo-cysto-rhinostomie avec mise en

place d’une sonde bi-canaliculaire est nécessaire à la reperméation des voies

lacrymales.

La lagophtalmie et l’ectropion palpébral inférieur sont des séquelles fréquentes

des maxillectomies. Elles peuvent évoluer vers une conjonctive chronique,

une kératite ou un abcès cornéen. Les mécanismes à leurs origines sont

multifactoriels et ont été développés par les travaux de Derhy(9) en 2004 :

- interruption du rebord orbitaire inférieur : l’interruption de la portion

orbitaire du pilier zygomatico-maxillaire entraîne une perte de soutien de

la paupière inférieure, qui sera corrigée par le rétablissement de la

continuité du pilier zygomatico-maxillaire.

- désinsertion de l’arcus marginalis : le point d’attache fixe entre le muscle

orbiculaire et le rebord orbitaire doit être refixé sur le néo-rebord orbitaire,

et associé à un point de suspension canthale externe.

- désinsertion des canthi interne et externe : l’interruption du ligament

canthal interne ou externe entraîne le relâchement du bord libre de la

paupière qui est déformée en cupule. La réinsertion de ces ligaments est

donc capitale.

- chrondromalacie tarso-conjonctivale : cette dégénérescence cartilagineuse

secondaire au traumatisme local est imprévisible. Le remplacement de

l’armature palpébrale est réalisé à distance de l’intervention et de la fin de

la radiothérapie par une greffe de conque.

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33

1.1.3.4 RESTAURATION DE L’ODORAT

Les lésions de l’appareil olfactif sont irréversibles et leurs réparations sont

actuellement impossibles. La persistance de filets olfactifs au niveau de la partie

antérieure de la lame criblée controlatérale permet parfois la conservation

d’un odorat résiduel.

1.1.3.5 RESTAURATION DE L’EXPRESSION FACIALE

L’expression faciale est une fonction capitale dans la vie sociale des patients.

Les altérations du tissu cutané liées à la chirurgie sont souvent associées à

l’atteinte des muscles peauciers et parfois au nerf facial. Les techniques de

réanimation du nerf facial ne seront pas développées, mais on insiste sur

l’importance d’un rétablissement optimal de l’enveloppe cutanée.

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34

1.2 CLASSIFICATION DES PERTES DE SUBSTANCE

DE L ’ETAGE MOYEN

La revue de la littérature ne retrouve aucune classification consensuelle

permettant l’analyse détaillée des défects de l’étage moyen de la face. La

classification utilisée à l’Institut Gustave Roussy par F. Kolb(4, 5) s’inspire des

travaux d’Urken sur la reconstruction de la cavité buccale. Elle détaille l’ensemble

des tissus lésés lors de l’exérèse carcinologique.

Contrairement aux classifications de la littérature, cette description lésionnelle

ne se limite pas au maxillaire. Elle prend en compte la totalité des structures

osseuses, cartilagineuses, cutanées, musculaires, muqueuses et nerveuses de

l’étage moyen, ainsi que les fonctions principales. Cette classification n’a pas

pour objectif d’établir un algorithme décisionnel : la complexité anatomique de

cette région et la multiplicité des facteurs à considérer le rendrait inapplicable. La

classification proposée par Kolb (tableau 1-1, page 35) rend possible l’analyse de

la perte de substance en termes pratiques de reconstruction : l’identification des

tissus et fonctions atteints permet de déterminer les objectifs et hiérarchiser les

priorités de la reconstruction, de prévoir les séquelles, et ainsi de proposer une

prise en charge adaptée.

Cette classification est simple, claire et reproductible. Elle suit les trois

principes fondamentaux énoncés dans le premier chapitre : assurer la survie du

patient, recréer la plastie et l’esthétique de la face et restaurer au mieux les

fonctions. Cette classification définit quatre régions : région orbito-palpébrale,

région jugale, région labiale supérieure, pyramide nasale (schéma 1-1), et deux

barrières anatomiques : base du crâne et voûte palatine. Chaque composante

anatomique est résumée par les initiales du terme anglais correspondant.

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35

Tableau 1-1 : Classification des pertes de substance selon Kolb(4, 5).

Soutien Revêtement Fonction

Base du Crâne

ZM o EL s E

ZM m EL i C l

ZM z EL m C m

O lw EL l LD

O lm TC s

O f TC i

FM N d NM v

N b N t NM a

N a N c NM c

N t N a

N s N l

N st

ZMo C m M

ZMm C l VII

ZMz C z VII els

PM C b VII l

V 2

FM L l L 1/4

PM L p L 1/3

L c L 1/2

T

Voûte palatine

SB - SB a SB m SB p

Type I / II / III / IV / V / VI P h - a P s - b

Région Labiale supérieure

Région Jugale

Pyramide Nasale

Région Orbito-Palpébrale

Les tissus de soutien :

− Trois piliers osseux : ptérygo-maxillaire (PM), fronto-maxillaire (FM), et zygomatico-maxillaire (ZM) avec une partie orbitaire (ZM o), malaire (ZM m) et zygomatique (ZM z).

− Structures ostéo-cartilagineuses « secondaires » : paroi latérale de l’orbite (O lw – orbite lateral wall), paroi médiale de l’orbite (O mw – orbite medial wall), plancher de l’orbite (O f – orbite floor) ; os propres du nez (N b – nasal bone), cartilages alaires (N a – alar cartilage), cartilages triangulaires (N t – triangular cartilage), cartilage septal (N s – septal cartilage).

Les tissus de revêtement :

− Région orbito-palpébrale : paupière inférieure (E i – inferior eyelid), paupière supérieure (E s – superior eyelid), canthus interne (E m – medial part of eyelid), canthus externe (E l – lateral part of eyelid).

− Pyramide nasale : dorsum nasal (N d – nasal dorsum), pointe nasale (N t – nasal tip), columelle (N c – columella), aile narinaire (N a – alar), face latérale du nez (N l – nasal lateral), triangle mou (N t – soft triangle).

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36

− Région jugale : partie médiane (C m – medial cheek), partie latérale (C l – lateral cheek), partie zygomatique (C z – zygomatic cheek), partie buccale (C b – buccal cheek).

− Région labiale supérieure : partie latérale (L l – lateral lip), partie médiane (L m – medial lip), commissure labiale (L c – labial commissure).

Les fonctions :

− Région orbito-palpébrale : œil (E – eye), ligament canthal interne (C m – medial canthal ligament), ligament canthal externe (C l – lateral canthal ligament), voies lacrymales (LD – lacrymal duct), plan tarso-conjonctival superieur (TC s – superior tarso-conjonctival), plan tarso-conjonctival inférieur (TC i – inferior tarso-conjonctival).

− Pyramide nasale : muqueuse nasale de la valve antérieure (NM v – nasal valve mucosa), muqueuse du dôme (NM a – nasal apex mucosa), muqueuse du cavum (NM c – nasal cavum mucosa).

− Région jugale : muscles peauciers (M – muscle), nerf facial (VII), branche du nerf facial pour la paupière supérieure (VII els – VII superior eyelid), branche du nerf facial pour la lèvre supérieure (VII l – VII lip), nerf sous-orbitaire (V2)

− Région labiale : lèvre (L – lip), perte de substance inférieure ou égale au ¼ (L ¼), perte de substance inférieure ou égale au tiers (L 1/3), perte de substance inférieure ou égale à la moitié (L ½), Perte de substance totale ou subtotale (T).

Les Barrières anatomiques :

− Base du crâne : étage antérieur (SB a – anterior floor skull base), étage moyen (SB m), étage postérieur (SB P).

− Voûte palatine : six classes de résection palatine (type I à VI), atteinte du palais dur (type a, P h – hard palate), atteinte du voile du palais (type b, P s – soft palate). La classification des classes de résection palatine sont développées dans le chapitre1.4.5.

Schéma 1-1 : Les quatre régions anatomiques de l’étage moyen de la face : régions jugale, nasale, orbito-palpébrale et labiale supérieure.

Page 38: THESE LEYMARIE - 0623516038

37

1.3 MOYENS DE RECONSTRUCTION DE L 'ETAGE MOYEN

Les deux techniques de reconstruction de l’étage moyen de la face sont la

réhabilitation prothétique et l’apport de tissus autologues par lambeaux locaux,

locorégionaux ou libres.

1 .3 .1 REHABILITATION PAR PROTHESE

La réhabilitation par prothèse constitue la méthode la plus ancienne de

reconstruction du maxillaire mais elle reste encore d’actualité. Particulièrement

adaptée aux défects limités de la voûte palatine, cette technique simple de

reconstruction rétablit rapidement les fonctions essentielles de mastication-

déglutition et élocution-phonation. Les résultats fonctionnels et esthétiques sont

bons, et la surveillance carcinologique clinique est facilitée.

En postopératoire, la prise d’empreinte de la cavité de maxillectomie permet de

mouler un obturateur provisoire. Lors des premiers mois de cicatrisation,

celui-ci est adapté aux modifications des reliefs de la cavité d’exérèse.

La mise en place de la prothèse palatine définitive va empêcher toute

communication bucco-nasale, et apporter la denture manquante.

Les trois facteurs de stabilité prothétique sont :

- la force du bras de levier : l’atteinte du pilier ptérygo-maxillaire au-delà de

la canine induit un bras de levier important et des risques d’instabilité

prothétique.

- le caractère rétentif de la prothèse : une profondeur excessive de la cavité

de résection maxillaire, étendue à la supra-structure et aux pilers

zygomatico et fronto-maxillaires, limite l’adhérence de l’obturateur.

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38

- la denture restante : la rétention de la prothèse palatine est assurée par le

biais de crochets et taquets s’appuyant sur les dents controlatérales.

Mais les inconvénients de cette technique sont nombreux.

La prothèse et sa base prothétique doivent être régulièrement adaptées à

l’érosion progressive des structures de soutien. L’hygiène doit être rigoureuse.

Pour les pertes de substance étendues ou en absence de denture controlatérale,

la stabilité et l’étanchéité de la prothèse sont limitées. L’instabilité prothétique

entraîne alors une gêne ou des douleurs, des reflux nasaux et des difficultés

d’élocution : l’apport ;e tissus autologues devient nécessaire. Une reconstruction

satisfaisante par prothèse doit donc répondre à deux objectifs :

− fermeture étanche de la cavité buccale et des fosses nasales,

− rétablissement de la denture manquante.

1 .3 .2 LAMBEAUX LOCAUX ET LOCO-REGIONAUX

Les lambeaux locaux ou loco-régionaux utilisés pour la reconstruction des

pertes de substance limitées de l’étage moyen de la face sont multiples,

et leur description détaillée n’est pas le sujet de ce mémoire. Selon le type et la

localisation du défect, on retiendra principalement :

- pour les défects de la voûte palatine : la boule de Bichat, le lambeau de

muscle buccinateur et le lambeau musculo-muqueux centré sur l’artère

faciale (ou lambeau de « F.A.M.M. »), les lambeaux temporo-pariétaux

(fascia temporo-pariétal, fascia innominé, muscle temporal…) et le

lambeau sous-mental.

- pour les pertes de substance cutanée : le lambeau cervico-jugal de

rotation et le lambeau delto-pectoral.

Page 40: THESE LEYMARIE - 0623516038

39

1.3.3 GREFFES OSSEUSES ET CARTILAGINEUSES

Les greffons osseux ont été longtemps la seule forme d’apport osseux dans les

reconstructions du maxillaire. Ils sont prélevés aux dépens de dernières côtes ou

de la crête iliaque. Ils présentent un taux de résorption aléatoire et un risque

infectieux important, qui sont majorés par la radiothérapie. Ils ne sont donc

utilisés qu’en combinaison avec des lambeaux richement vascularisés, loco-

régionaux ou libres.

Les greffons cartilagineux, habituellement prélevés aux dépens des 7ème, 8ème

et 9ème cartilages costaux, présentent des qualités plastiques supérieures aux

greffons osseux. La conformation du cartilage est aisée et permet aussi bien de

recréer les structures de soutien « secondaires » que les piliers principaux.

Leur résistance aux forces de compression est néanmoins nettement inférieure à

celle de l’os. On restreint leur utilisation à la restauration des défects limités des

piliers zygomatico-maxillaire et fronto-maxillaire, et toujours en association avec

un lambeau richement vascularisé. Comme pour les greffons osseux, le taux de

résorption et le risque infectieux sont déterminés par la qualité de la

vascularisation des tissus environnants.

Page 41: THESE LEYMARIE - 0623516038

40

1.3.4 LAMBEAUX LIBRES

Quatre types de lambeaux libres sont principalement utilisés dans la

reconstruction du massif facial :

- lambeau antébrachial radial,

- lambeau de fibula,

- lambeaux scapulo-dorsaux,

- lambeau de crête iliaque.

Parmi les lambeaux à plusieurs composantes tissulaires, on distingue

les lambeaux « composites » des lambeaux « chimériques » :

- les lambeaux composites sont constitués de tissus interdépendants dans

leur vascularisation et liés entre eux,

- les lambeaux chimériques associent plusieurs composantes tissulaires,

avec chacune un pédicule vasculaire distinct.

Le tableau 1.2 (page 46) résume les caractéristiques de leurs différentes

composantes tissulaires, ainsi que l’accessibilité et la morbidité de leur site

donneur.

1.3.4.1 LAMBEAU ANTEBRACHIAL RADIAL

Le lambeau antébrachial radial, classiquement appelé lambeau « chinois »,

est un des lambeaux libres les plus largement utilisés en reconstruction faciale.

Il est initialement décrit en 1980 comme un lambeau fascio-cutané et son

application en reconstruction faciale a été développée, entre autres,

Page 42: THESE LEYMARIE - 0623516038

41

par Soutar(10). Sa vascularisation repose sur l’artère radiale, branche de

bifurcation externe de l’artère humérale au pli du coude. La palette fascio-

cutanée est vascularisée par une multitude d’artères perforantes septo-cutanées

issues de l’artère radiale tout au long de son trajet à l’avant-bras.

Il est également utilisé en lambeau composite ostéo-fascio-cutané. La baguette

osseuse corticale du radius est prélevée préférentiellement en distal, avec

quelques fibres du carré pronateur afin de limiter les risques de fracture. Plus

rarement, le prélèvement osseux est proximal et associé à une partie du muscle

long fléchisseur du pouce.

Les nombreux avantages de ce lambeau expliquent son rôle majeur dans

la reconstruction des pertes de substance de l’étage moyen de la face.

C’est un lambeau fiable, dont le prélèvement est rapide. Le pédicule vasculaire

est long. La palette fascio-cutanée est fine, malléable et versatile. Elle peut aussi

bien couvrir des défects cutanés, que recréer la cloison sinuso-nasale ou combler

les défects partiels de la voûte palatine.

Les séquelles du site donneur constituent les limites principales de ce lambeau.

La cicatrisation du site donneur est souvent longue, l’aspect de la greffe et

les cicatrices sont inesthétiques. Sur un plan fonctionnel, l’interruption d’un axe

vasculaire majeur entraine parfois un défaut de force musculaire et des

acroparesthésies au froid. Sur une série de 35 prélèvements réalisés

par Swanson(11), les suites opératoires sont marquées par une exposition

tendineuse pour près d’un tiers des cas, et 17 % des patients sont insatisfaits

du résultat esthétique de l’avant-bras.

Cordeiro(12) recommande son utilisation en lambeau composite ostéo-fascio-

cutané pour la reconstruction des maxillectomies subtotales,

Page 43: THESE LEYMARIE - 0623516038

42

dans les cas où le pilier zygomatico-maxillaire et le plancher orbitaire sont

conservés. Le prélèvement osseux radial est bicortical et peut atteindre 10

centimètres. La perte de substance radiale est comblée par un greffon osseux

iliaque. La baguette osseuse radiale est conformée pour recréer le pilier ptérygo-

maxillaire et la voûte palatine. La palette fascio-cutanée enveloppe en

« sandwich » le prélèvement osseux et redéfinit la cloison sinuso-nasale,

le palais et les vestibules.

1.3.4.2 LAMBEAU DE FIBULA

Le lambeau composite ostéo-fascio-cutané de fibula est décrit par Taylor en

1975. Hidalgo(13) a développé son utilisation pour la reconstruction

mandibulaire à partir de 1989. Sa vascularisation repose sur le pédicule fibulaire

qui donne de nombreuses branches de bifurcation. Les branches à destinée

osseuse, artère centro-médullaire et branches périostées, forment un important

réseau vasculaire permettant le prélèvement d’une baguette osseuse bicorticale

de 25 à 29 centimètres. Les branches perforantes septo-cutanées du tiers distal

de jambe et les perforantes musculo-cutanées du soléaire au niveau des deux

tiers proximaux, permettent le prélèvement d’une ou deux palettes fascio-

cutanées. Une palette musculo-cutanée de soléus peut être également associée

au lambeau.

Parmi les principaux avantages du lambeau de fibula, on note l’importance et

la qualité du prélèvement osseux possible. Cette baguette osseuse est

bicorticale, longue et fine. La riche vascularisation périostée rend possible

plusieurs ostéotomies modelantes, et donc une conformation tridimensionnelle

Page 44: THESE LEYMARIE - 0623516038

43

du lambeau. L’os bicortical supporte l’intégration d’implants qui permettront une

réhabilitation dentaire secondaire optimale.

Les limites de ce lambeau sont la faible longueur de son pédicule et

les variations anatomiques de ses branches musculo-cutanées proximales,

qui rendent parfois impossible le prélèvement d’une seconde palette de soléaire

musculo-cutanée ou perforante fascio-cutanée. Les séquelles esthétiques et

fonctionnelles du site donneur sont habituellement négligeables.

Dans le cadre de la reconstruction de l’étage moyen, le lambeau de fibula est

principalement utilisé pour la reconstruction du pilier ptérygo-maxillaire.

Il permet de recréer une voûte palatine complète. L’utilisation de deux palettes

fascio-cutanées peut reconstruire à la fois la cloison sinuso-nasale ou le plancher

des fosses nasales, la voûte palatine et ses vestibules.

1.3.4.3 LAMBEAUX SCAPULO-DORSAUX

Parmi toutes les zones donneuses de lambeaux, la région scapulo-dorsale est

la seule à permettre à partir du même pédicule vasculaire des prélèvements

tissulaires aussi variés et aussi indépendants les uns des autres. Les lambeaux

scapulo-dorsaux peuvent inclure le muscle latissimus dorsi, le fascia du serratus

anterior, le muscle serratus anterior et sa côte vascularisée, l’angle de

la scapula, le bord externe de la scapula, les palettes cutanées perforantes de

latissimus dorsi, les palettes fascio-cutanées scapulaire et para-scapulaire.

Contrairement aux lambeaux composites, chaque composante tissulaire possède

son propre pédicule vasculaire : les lambeaux scapulo-dorsaux sont dits

« chimériques ». La combinaison la plus fréquemment utilisée associe

Page 45: THESE LEYMARIE - 0623516038

44

une palette musculo-cutanée de grand dorsal et un prélèvement osseux de la

scapula (bord externe ou angle).

En 1984, Allen est le premier auteur à décrire un lambeau ostéo-musculo-

cutané de grand dorsal et de bord externe de la scapula. La première grande

série de reconstruction de défects complexes du maxillaire et de la mandibule est

réalisée par Swartz en 1985, avec 26 lambeaux ostéo-musculo-cutanés ou ostéo-

fascio-cutanés. En 1988, Deraemaecker R.(14) décrit le premier transfert libre

composite de l’angle de la scapula basé sur une « branche angulaire », associé

au muscle grand dentelé. Dans la continuité de ses travaux, Coleman et

Sultan(15) réalisent en 1991 un lambeau ostéo-fascio-cutané formé de deux

portions osseuses (l’angle inférieur et le bord latéral de la scapula) et d’une

palette cutanée scapulaire. En 1994, Allen(16) présente une série de douze

lambeaux ostéo-musculo-cutanés associant grand dorsal et bord latéral de la

scapula, utilisés en reconstruction post-traumatique du tibia.

Les bases anatomiques de ces lambeaux sont détaillées dans le troisième

chapitre de ce mémoire (page 101).

Les palettes fascio-cutanées scapulaires ou para-scapulaires présentent de

bonnes qualités plastiques : elles sont généralement glabres, de faible épaisseur

et malléables. Le pédicule vasculaire est long et de bon calibre. La zone

donneuse est auto-fermante. Les séquelles du site donneur sont généralement

limitées à la survenue de séromes ou à des douleurs chroniques.

La limite principale de ces lambeaux réside dans la grande variabilité

anatomique de leur pédicule vasculaire qui nécessite souvent de modifier en

peropératoire la stratégie de reconstruction.

Page 46: THESE LEYMARIE - 0623516038

45

Les lambeaux chimériques scapulo-dorsaux permettent une reconstruction

pluritissulaire et tridimensionnelle, et donc répondent parfaitement aux

impératifs de la reconstruction de l’étage moyen de la face. La composante

osseuse permet de recréer les piliers zygomatico et ptérygo-maxillaire.

Et la composante musculo-cutanée, ou fascio-cutanée scapulaire et

parascapulaire comble le sinus et recrée la cloison sinuso-nasale ou la voûte

palatine. Dans la pratique, le prélèvement de deux palettes tissulaires ostéo-

musculocutanés ou ostéo-fasciocutanés, suffisent généralement à la réparation

des défects de l’étage moyen. L’étude rétrospective réalisée en 2005 par

Choisy-Klifa(17) à l’institut Gustave Roussy, sur 22 reconstructions du maxillaire

par lambeaux scapulo-dorsaux, a démontré qu’au-delà de deux palettes

la fiabilité des lambeaux scapulo-dorsaux était diminuée.

1.3.4.4 LAMBEAU DE CRETE ILIAQUE

Le lambeau ostéo-musculo-cutané de crête iliaque est basé sur le pédicule

circonflexe iliaque profond et sa branche ascendante. Il comprend un fragment

de crête iliaque, une portion de muscle oblique interne et la palette cutanée en

regard. Plusieurs autres techniques de prélèvement de la crête iliaque sont

possibles, mais leur fiabilité vasculaire est médiocre : lambeau inguinal avec

l’artère circonflexe iliaque superficielle, lambeau de fascia lata avec l’artère

circonflexe fémorale latérale, ou lambeau de grand fessier et artère glutéale

supérieure. Les bases vasculaires de ce lambeau ont été définies par les travaux

de Taylor et Sanders en 1979. Ramastry décrit les premiers lambeaux ostéo-

musculaires en 1984.

Page 47: THESE LEYMARIE - 0623516038

46

L’avantage majeur de ce lambeau est la fiabilité et la qualité de l’apport

osseux. La richesse de sa vascularisation osseuse, de type médullaire et

périostée, permet le remodelage osseux. La longueur et l’épaisseur importante

de cet apport osseux, uni ou bi-cortical, assure une bonne stabilité aux implants

dentaires. Les limites principales sont le faible calibre et la longueur réduite de

son pédicule, ainsi que l’épaisseur excessive de la palette cutanée qui la rend peu

malléable. Selon Brown(18), l’indication principale du lambeau de crête iliaque

est la reconstruction de la voûte palatine ; Coleman(19) réserve son utilisation

aux reconstructions du pilier zygomatico-maxillaire et du plancher orbitaire.

Tableau 1-2 : Caractéristiques des principaux lambeaux osseux(6).

Os Peau Pédicule Position Morbidité

Fibula + + - + + + + +

Antebrachial Radial - - + + + + - - -

Scapulo-dorsal - + + - - -

Crête Iliaque + - - - - + -

Composition Tissulaire Site Donneur

Echelle de l'évaluation : (+ +) très bonne, (+) correcte, (-) médiocre, (- -) mauvaise

Page 48: THESE LEYMARIE - 0623516038

47

1.4 INDICATIONS DE RECONSTRUCTION DE L ’ETAGE MOYEN

1.4.1 SELON LE TYPE DE PERTE DE SUBSTANCE

La complexité et la diversité des pertes de substance du massif facial rendent

impossible d’établir un algorithme décisionnel selon le type de défect.

Nous pouvons cependant proposer un raisonnement pratique en quatre points,

afin de déterminer le choix du type de reconstruction après maxillectomie.

La première question est de déterminer si la réalisation d’un lambeau libre est

possible. L’évaluation de l’état général et des antécédents du patient, associée à

un examen écho-doppler des vaisseaux cervicaux suffisent généralement

à y répondre. En cas de contre-indication à un lambeau libre, la reconstruction

devra être assurée par un lambeau local, régional, ou une prothèse.

La description précise de la maxillectomie, selon la classification établie par

Kolb(4, 5), détermine ensuite si le défect osseux est central ou latéral et s’il est

associé à un défect de tissus mous.

Les conséquences prévisibles du défect en termes de survie, de soutien, de

couverture, de barrière anatomique et de fonctions vont alors déterminer

le premier objectif de la reconstruction : y-a-t-il priorité à l’apport de tissus

osseux, de tissus mous ou des deux ?

Le choix du lambeau repose enfin sur l’analyse des contraintes locales :

degré de contamination bactérienne, forces mécaniques imposées à l’os et notion

d’une radiothérapie.

Page 49: THESE LEYMARIE - 0623516038

48

Pour résumer, les indications de reconstruction sont déterminées selon quatre

critères :

1. Contre-indication à un lambeau libre ?

2. Type de défect selon la classification de Kolb :

- défect osseux latéral ou central ?

- défect de tissus mous associé ?

3. Conséquences du défect pour la survie, la plastie et les fonctions de l’étage

moyen de la face :

- priorité à l’apport de tissus osseux ?

- priorité à l’apport de tissus mous ?

4. Choix du lambeau selon les contraintes locales :

- degré de contamination bactérienne ?

- forces mécaniques ?

- notion d’une radiothérapie ?

1 .4 .5 CAS PARTICULIER DE LA VOUTE PALATINE

La voûte palatine est la seule région anatomique de l’étage moyen de la face

dont le choix de reconstruction peut être guidé par un algorithme selon le type

de défect. Les indications de réhabilitation de la voûte palatine ont été définies

par Escande(20), à partir d’une étude rétrospective sur 55 patients suivis à

l’Institut Gustave Roussy.

Les objectifs de reconstruction de la voûte palatine répondent bien sûr aux

principes de reconstruction de l’étage moyen énoncés dans le premier chapitre.

Son rôle de soutien de la pyramide nasale et du bloc labio-jugal, et de support à

l’arcade dentaire supérieure est assuré par le pilier osseux ptérygo-maxillaire,

dont la restitution est capitale si le défect dépasse le point canin. Les forces de

Page 50: THESE LEYMARIE - 0623516038

49

compressions locales liées à la mastication et le degré important de

contamination bactérienne imposent une restauration du soutien osseux par

prothèse palatine ou par apport osseux vascularisé. En cas d’atteinte, les tissus

de couverture du nez et de la lèvre supérieure peuvent être réparés par des

lambeaux locaux. Le rôle de barrière anatomique de la voûte palatine implique

de rétablir une étanchéité complète entre cavité sinuso-nasale et cavité buccale.

Ses principales fonctions de mastication-déglutition, élocution-phonation et

respiration imposent la restitution de la denture manquante, la fermeture des

communications entre le nez et la bouche et, en cas d’atteinte du palais mou,

le rétablissement d’une compétence vélaire. Pour résumer, les quatre objectifs

principaux de la reconstruction de la voûte palatine sont :

- recréer le pilier osseux ptérygo-maxillaire au-delà du point canin,

- combler le sinus et recréer la cloison sinuso-nasale,

- rétablir l’étanchéité entre oro-pharynx et cavités sinuso-nasales,

- restaurer la denture manquante.

Le choix de la méthode de reconstruction dépend du type de tissu atteint.

Pour la restauration du soutien osseux, les forces de compression locales liées

à la mastication et le degré important de contamination bactérienne imposent

une reconstruction par prothèse palatine ou par apport osseux vascularisé.

Si les trois facteurs de stabilité prothétique ne sont pas réunis, le recours à un

lambeau scapulo-dorsal ou à un lambeau de fibula est nécessaire : atteinte du

piler ptérygo-maxillaire au-delà de la canine, atteinte de la supra-structure et

des piliers zygomatico et fronto-maxillaire, et absence de denture controlatérale.

Pour les tissus mous du voile du palais, de la pyramide nasale et de la lèvre

Page 51: THESE LEYMARIE - 0623516038

50

supérieure, les lambeaux locaux de F.A.M.M. et buccinateur suffisent

habituellement à leur reconstruction.

Sa localisation à la jonction entre les cavités sinuso-nasales et oropharynx,

implique que la voûte palatine est une des régions du massif facial la plus

fréquemment atteinte lors de maxillectomies. Sa relative simplicité anatomique

et le caractère standardisé de sa chirurgie carcinologique ont rendu possible la

définition de six classes principales de résection palatine, désignées de I à VI

(schéma 1-2, page 52). L’atteinte isolée du palais osseux correspond à une

classe « a », et la classe « b » à une atteinte concomitante du voile du palais.

La classe I de résection palatine représente les atteintes du pilier ptérygo-

maxillaire située en arrière de la canine. Dans cette zone le rôle de soutien du

pilier osseux est relatif : les séquelles plastiques sont limitées et l’apport osseux

n’est pas nécessaire. Selon l’importance du défect, on réalisera un lambeau local

ou une prothèse.

La classe II de résection correspond aux résections de l’hémi-voûte palatine.

Le rétablissement du soutien du pilier ptérygo-maxillaire est nécessaire.

C’est la hauteur de résection du maxillaire et la qualité de la dentition

controlatérale qui déterminent le choix entre prothèse et lambeau scapulo-

dorsal. La perte de la moitié de la longueur du pilier ptérygo-maxillaire induit

un bras de levier important pour la prothèse. Si l’atteinte est étendue à la supra-

structure, emportant les piliers fronto ou zygomatico-maxillaire, et si le patient

est édenté, la stabilité prothétique sera insuffisante. Le lambeau scapulo-dorsal

associe alors une palette musculo-cutanée de grand dorsal et l’angle de la

scapula. L’angle de la scapula restaure le palais osseux. La palette musculo-

Page 52: THESE LEYMARIE - 0623516038

51

cutanée comble le sinus et recrée la cloison sinuso-nasale. Des greffons de

cartilage costal rétablissent les piliers fronto et zygomatico-maxillaire.

Les résections subtotales du palais osseux, incluant la canine controlatérale,

définissent la classe III. Les deux seules méthodes de reconstruction

envisageables sont le lambeau de fibula et le lambeau scapulo-dorsal.

Elles sont discutées selon l’importance de la perte osseuse et dentaire.

La qualité de l’apport osseux de la fibula permet éventuellement une

réhabilitation dentaire implanto-portée.

Le type IV comprend les résections totales de la voûte palatine. Le lambeau de

fibula permet les meilleurs résultats de reconstruction. Il est associé à des

greffons osseux en cas d’atteinte associée des piliers fronto et zygomatico-

maxillaire.

La classe V correspond aux pertes de substances limitées du pré-maxillaire.

En cas d’atteinte limitée au pilier ptérygo-maxillaire, la réhabilitation prothétique

est satisfaisante. En cas d’extension au pilier fronto-maxillaire ou à la lèvre et à

la pyramide nasale, la reconstruction repose sur le lambeau antébrachial radial

double palette associé à un greffon osseux de crête iliaque. Les deux palettes

fascio-cutanées recréent le plancher et la cloison des fosses nasales et protègent

le greffon osseux de la cavité buccale.

Les pertes de substances centro-palatines sont regroupées dans la classe VI.

Le respect du pilier ptérygo-maxillaire limite les conséquences plastiques.

La fermeture de la communication bucco-nasale est réalisée par une prothèse.

Le lambeau antébrachial radial double palette présente une indication en cas

d’atteinte associée du voile du palais (classe « VI b »).

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52

Schéma 1-2 : Classes de résection palatine selon Kolb(20).

Page 54: THESE LEYMARIE - 0623516038

53

1.4.6 AUTRES FACTEURS

Dans la pratique courante, l’indication du geste de reconstruction est souvent

pondérée par d’autres facteurs essentiels à considérer.

1.4.6.1 FACTEURS LIES AU PATIENT

Les caractéristiques du patient qui influencent le choix du type de

reconstruction sont multiples et communes à tout geste chirugical :

âge physiologique, pathologies associées, morphologie, et bien sûr la motivation

et l’adhésion du patient à son traitement.

1.4.6.2 FACTEURS LIES A LA MALADIE

En cas de pathologie tumorale évoluée et de mauvais pronostic, le choix d’un

lambeau fiable s’impose. Il doit permettre d’obtenir en un seul temps opératoire

un résultat plastique et fonctionnel acceptable, tout en assurant des suites

opératoires simples, compatibles à un retour rapide à la vie courante.

Pour les pathologies tumorales bénignes, l’absence de traitement adjuvant et

le bon pronostic de la maladie rendent possible le choix d’un geste chirurgical

plus complexe qui répondra à des exigences de résultats plus élevées.

1.4.6.3 FACTEURS LIES AUX TRAITEMENTS ASSOCIES.

La radiothérapie externe occupe une place centrale de l’oncologie médicale et

doit être prise en compte dans l’indication du geste de reconstruction car elle en

modifie largement les suites opératoires et le résultat final. Les risques

importants d’infection, de résorption ou de nécrose osseuse, de souffrance

cutanée, de rétraction des tissus mous sont à anticiper. Malgré l’essor récent de

Page 55: THESE LEYMARIE - 0623516038

54

la radiothérapie conformationnelle, il est capital de respecter certains principes

fondamentaux lors du geste chirurgical.

Si une radiothérapie adjuvante est prévue après le geste chirurgical :

- privilégier l’utilisation de lambeaux bien vascularisés, résistants et

volumineux.

- privilégier les lambeaux adipo-fascio-cutanés aux lambeaux musculaires

ou musculo-cutanés. La résorption musculaire après radiothérapie est

importante, et nettement supérieure à celle des lambeaux adipo-fascio-

cutanés.

- anticiper la rétraction tissulaire liée à la radiothérapie :

o « sur-corriger » le volume tissulaire manquant.

o amarrer les tissus de couverture aux structures ostéo-

cartilagineuses sous-jacentes.

En cas de geste de reconstruction en terrain irradié, après radiothérapie néo-

adjuvante ou dans le cadre d’une chirurgie de rattrapage :

- privilégier l’utilisation de lambeaux bien vascularisés, notamment

musculaires, prélevés à distance des champs d’irradiation.

- contre-indiquer les décollements locaux importants.

- contre-indiquer l’utilisation de lambeaux locaux, de greffons osseux ou de

biomatériaux.

Page 56: THESE LEYMARIE - 0623516038

55

1.5 LIMITES DU LAMBEAU SCAPULO-DORSAL CLASSIQUE

La forme classique du lambeau scapulo-dorsal associe une palette musculo-

cutanée et l’angle de la scapula. Ses indications préférentielles sont les classes II

et III de résection palatine : l’angle de la scapula recrée l’arche osseuse palatine,

la palette musculo-cutanée comble le sinus et restaure la cloison sinuso-nasale.

La reconstruction de cette région impose de restaurer un grand nombre de

structures anatomiques dans un espace limité. Chez les patients en surpoids

avec un pannicule adipeux épais, chez les patients musclés, ou en cas de perte

de substance limitée à l’infra ou la supra-structure, le lambeau scapulo-dorsal

présente un volume excessif qui peut limiter la qualité des résultats de la

reconstruction. La stabilité des résultats peut en outre être perturbée

par la résorption partielle de la composante musculaire du lambeau

lors de la radiothérapie.

Le prélèvement conjoint du muscle latissimus dorsi et de l’angle de la scapula

implique une morbidité du site donneur non négligeable. Les suites opératoires

immédiates sont fréquemment marquées par des douleurs et des séromes.

Sur le plan fonctionnel, on constate une limitation de la force musculaire et des

amplitudes de mouvement de l’épaule, des dorsalgies ou une gêne lors des

mouvements extrêmes qui peuvent persister malgré une rééducation intensive.

Sur le plan cosmétique, en dehors de la cicatrice cutanée, la déformation du dos

liée au prélèvement musculaire peut être gênante pour les patientes.

L’utilisation d’une palette fascio-cutanée scapulaire ou para-scapulaire

permettrait d’éviter ces écueils. Mais les contraintes liées à un prélèvement en

décubitus latéral et à deux temps opératoires distincts entre l’exérèse

Page 57: THESE LEYMARIE - 0623516038

56

carcinologique et le prélèvement du lambeau, nous font malgré tout privilégier

le lambeau scapulo-dorsal.

En dehors des limites citées dans le chapitre 1.3.4.3 (page 43), le lambeau

scapulo-dorsal classique présente donc deux inconvénients majeurs spécifiques

à la reconstruction du massif facial :

1. Volume excessif de sa palette musculo-cutanée chez les patients en

surpoids, musclés ou en cas de résection limitée du massif facial.

2. Instabilité de volume de la palette musculo-cutanée liée à la résorption

partielle de sa composante musculaire lors de la radiothérapie.

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57

2 LAMBEAUX PERFORANTS

2.1 PRINCIPES

Le développement des lambeaux perforants a constitué une des dernières

avancées majeures de la microchirurgie. Ils sont constitués d’une palette cutanée

et d’une quantité variable de graisse sous-cutanée. La vascularisation des

lambeaux perforants repose sur un ou plusieurs vaisseaux à destinée cutanée,

dits « perforants ». Leur prélèvement suit la perforante jusqu’à son vaisseau

d’origine tout en préservant les tissus sous-jacents : fascia profond, muscle et

nerfs. Le respect du site donneur ainsi que la versatilité de la palette cutanée ont

permis la diffusion des lambeaux perforants dans tous les domaines de

la chirurgie : reconstruction mammaire, chirurgie de la main, couverture des

pertes de substance des membres ou du thorax, et en particulier en

reconstruction cervico-faciale. Cette technique a permis d’accroitre les

possibilités de lambeaux libres pour une région donnée et d’étendre ainsi notre

arsenal thérapeutique. Le développement des lambeaux perforants a permis de

relancer la recherche sur les bases anatomiques de la vascularisation cutanée.

La dénomination des lambeaux perforants traités dans cet ouvrage suit

la nomenclature établie par Kim(21) en 2005, et est développée dans le chapitre

2.3 (Nomenclature et classification - page 69).

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58

Quatre principaux lambeaux perforants sont utilisés en reconstruction

cervico-faciale :

- le lambeau perforant de vaste latéral de cuisse, ou « lambeau antéro-

latéral de cuisse »,

- le lambeau perforant de latissimus dorsi ou « lambeau perforant thoraco-

dorsal »,

- le lambeau perforant de grand droit de l’abdomen ou « deep inferior

epigastric perforator flap »,

- le lambeau perforant sous-mental ou « submental perforator flap ».

Les nombreux avantages liés à l’utilisation des lambeaux perforants expliquent

leur succès croissant.

Leur vascularisation dépend d’une ou de plusieurs perforantes. Lors de la levée

du lambeau, la redistribution des flux vasculaires entraine une hyperpression de

perfusion de la perforante. Selon la théorie des angiosomes de Taylor et

Palmer(22), cette hyperpression étend le territoire cutané anatomique de

la perforante à un territoire dynamique plus large (schéma 2-1, page 59).

Ce principe explique la possibilité de prélever des palettes cutanées de grande

surface vascularisées par une seule perforante. La palette cutanéo-graisseuse est

de surface et épaisseur variables. Elle peut être prélevée fine avec le minimum

de tissu graisseux sous-cutané et permettre un « resurfaçage cutané ». Prélevée

avec le maximum de tissu adipo-fascial, elle apporte un volume conséquent et

permet des reconstructions tridimensionnelles. L’absence de muscle dans

le volume restauré permet d’éviter les risques classiques de résorption

musculaire, en particulier après radiothérapie. Son pédicule est habituellement

long : il permet de réaliser des lambeaux chimériques ostéo ou musculo-cutanés.

Page 60: THESE LEYMARIE - 0623516038

59

Le prélèvement concomitant d’un nerf cutané permet une réinnervation

sensitive.

Le respect des tissus du site donneur lors de la dissection assure une

diminution de la morbidité. La préservation du muscle sous-jacent et de son

innervation limite les séquelles fonctionnelles et diminue les déformations.

La fermeture directe du site donneur est généralement possible. Sur le plan

général, les suites opératoires simplifiées sont associées à une consommation

moindre d’antalgiques et des durées d’hospitalisation réduites.

Au plan carcinologique, la surveillance oncologique semble facilitée.

Selon Guerra(23), après reconstruction de la base du crâne par lambeau

perforant, la graisse sous-cutanée du lambeau apparait en IRM en hypersignal

T1. Le contraste avec les structures osseuses, la dure-mère et les structures

cérébrales sous-jacentes est fort et peut faciliter le dépistage radiologique des

récidives tumorales, en particulier en séquences « Fat Sat » (ou saturation des

graisses).

Schéma 2-1 : Extension du territoire cutané de la perforante selon Kim(24) ; suivant la théorie des angiosomes, l’augmentation de la pression de perfusion de la perforante permet d’étendre le territoire cutané anatomique à un territoire dynamique.

Page 61: THESE LEYMARIE - 0623516038

60

En contrepartie, les limites des lambeaux perforants sont principalement liées

à leur technique de prélèvement. La dissection des perforantes musculo-cutanées

est difficile : elle repose sur une technique chirurgicale rigoureuse qui implique

des temps opératoires prolongés. Si les vaisseaux perforants sont constants,

ils peuvent présenter des variations de calibre et de position, des vasospasmes

qui compliquent leur dissection. Tout étirement, torsion ou plicature de

la perforante peut compromettre la vitalité du lambeau. Les veines

concomitantes sont fragiles et la palette cutanée doit être maniée avec

précaution.

L’expérience acquise par une pratique régulière des lambeaux perforants

a permis de régler la majorité de ces inconvénients. Les techniques récentes

d’imagerie vasculaire permettent de préciser en préopératoire la topographie des

perforantes dominantes(25-27) du site de prélèvement.

Trois éléments peuvent en particulier contre-indiquer la réalisation

d’un lambeau perforant : une perforante de calibre insuffisant, des cicatrices

cutanées importantes du site donneur et un tabagisme majeur.

Page 62: THESE LEYMARIE - 0623516038

61

2.2 HISTORIQUE ET BASES ANATOMIQUES

2.2.1 LAMBEAUX CUTANES AU HASARD, A FLUX AXIAL ET MUSCULO-CUTANES

Durant la première moitié du vingtième siècle les bases anatomiques de la

vascularisation cutanée étaient limitées. Le panel de lambeaux cutanés était

restreint aux lambeaux cutanés dits « au hasard ». La vascularisation de ces

lambeaux étant assurée par les plexus dermiques et sous-dermiques,

leur viabilité dépendait d’un respect strict du ratio longueur sur largeur.

Ces lambeaux ont été différenciés selon leur mode de prélèvement, incluant

le type de mouvement (avancement, rotation ou translation), le type de

conformation (direct ou en pont) ou leur destination (local ou régional).

Les travaux expérimentaux de Milton en 1970 ont démontré que la vitalité des

lambeaux cutanés repose uniquement sur les caractéristiques du réseau

vasculaire, et non sur leur ratio longueur – largeur. Cette théorie est confirmée

en 1973 par MacGregor et Morgan. Ils identifient des vaisseaux sous-cutanés

à l’origine de la vascularisation de larges palettes cutanées, avec une localisation

et une orientation prédictibles : c’est le premier concept de lambeau cutané

dit « à flux axial ». En 1971, Ger propose l’utilisation de lambeaux « musculo-

cutanés » non seulement comme un apport vascularisé de tissus mous

mais surtout comme lambeaux porte-vaisseau pour la palette cutanée en regard.

A partir de ces concepts de lambeaux cutanés à flux axial et de lambeaux

musculo-cutanés, les études anatomiques se sont multipliées : l’objectif était

d’établir une cartographie complète des lambeaux cutanés disponibles, mais sans

véritablement progresser dans la compréhension de la vascularisation intrinsèque

de la peau.

Page 63: THESE LEYMARIE - 0623516038

62

2.2.2 LAMBEAUX FASCIO-CUTANES

Ponten introduit en 1981 le concept de lambeaux « fascio-cutanés ». Il réalise

de grands lambeaux fascio-cutanés, prélevés avec le fascia profond sous-jacent

mais sans vaisseau axial sous-cutané identifiable. Leur fiabilité vasculaire

dépasse celle des lambeaux prélevés au hasard et ceci sans explication

anatomique évidente. Les travaux sur les fondements de la vascularisation

cutanée sont donc relancés, notamment par la diffusion des études historiques

de Manchot en 1886 et de Michel Salmon en 1936.

Dans la littérature, la confusion entre les termes de lambeaux fascio-cutanés et

de lambeaux septo-cutanés a perduré une dizaine d’années. La première

classification des lambeaux fascio-cutanés est établie en 1984 par Cormack et

Lamberty (schéma 2-4, page 66). Ils distinguent trois groupes de lambeaux

cutanés : cutanés directs, musculo-cutanés et fascio-cutanés. Les lambeaux

fascio-cutanés sont vascularisés à partir du « plexus fascial ». Ce plexus

comprend à la fois les plexus vasculaires sous-fascial, fascial, sus-facial,

dermique et sous-dermique, situés dans les plans fascio-adipeux profond et

superficiel. Chacun de ces plexus est connecté l’un à l’autre par de nombreuses

anastomoses. Un lambeau fascio-cutané correspond donc à tout lambeau dont

la vascularisation est assurée par un ou plusieurs plexus situés entre la peau et

le fascia profond. Un lambeau fascio-cutané peut ainsi être prélevé sans la peau

ou sans le fascia profond. La classification de Cormack & Lamberty comprend

trois sous-groupes selon le type de vascularisation : le type A est vascularisé par

plusieurs vaisseaux non identifiables, le type B est vascularisé par un seul

vaisseau, et le type C est vascularisé par plusieurs branches segmentaires issues

d’un vaisseau situé sous le fascia profond.

Page 64: THESE LEYMARIE - 0623516038

63

Nakajima et al. (28) développent en 1986 une classification plus complète,

basée sur la définition de quatre réseaux vasculaires principaux. Le réseau

le plus superficiel associe les plexus dermiques et sous-dermiques ;

sa vascularisation est dépendante du plexus fascial profond et hypodermique.

Les deux réseaux profonds, plexus musculaire et septal intermusculaire,

vascularisent les plans superficiels par différents vaisseaux qui traversent

le fascia profond (schéma 2-3, page 65). Nakajima identifie six types de

vaisseaux, dont trois dits « perforants » (type A : artère cutanée directe ; type

B : artère septo-cutanée directe ; type C : branche cutanée directe d’un vaisseau

musculaire ; type D : branche perforante cutanée d’un vaisseau musculaire ;

type E : perforante septo-cutanée ; type F : perforante musculo-cutanée ;

(schéma 2-5, page 66). Cette classification en six groupes sera confirmée en

1998 par une étude tridimensionnelle des plexus vasculaires des plans adipo-

fascial superficiel et profond et du trajet des vaisseaux perforants le fascia

profond, réalisée par Nakajima et al(29).

Mathes et Nahai présentent en 1986 une 3ème classification des lambeaux

fascio-cutanés, simplifiée en trois groupes : le type A à pédicule cutané direct,

le type B à pédicule perforant musculo-cutané, et le type C à pédicule septo-

cutané (schéma 2-6, page 66). Les perforantes avec un trajet intramusculaire,

de type D et F selon Nakajima, sont de type B selon Mathes et Nahai.

Les branches septo-cutanées directes, les cutanées directes d’un vaisseau

musculaire, et les perforantes septo-cutanées, de type B, C et E selon Nakajima,

sont de type C selon Mathes et Nahai.

Page 65: THESE LEYMARIE - 0623516038

64

En 1987 Taylor et Palmer(22) présentent le concept d’« angiosome » :

c’est une unité anatomique composite, pluritissulaire, vascularisée par

un vaisseau principal et correspondant à un territoire cutané unique. Le territoire

cutané de l’angiosome est vascularisé par une artère cutanée directe.

Elle traverse indifféremment les septa inter ou intramusculaires et le fascia

profond, mais elle reste principalement destinée à la peau. Les artères cutanées

indirectes qui traversent le muscle n’ont qu’un rôle accessoire dans

la vascularisation cutanée. La limite de chaque territoire cutané correspond

au point d’équilibre entre les pressions de perfusion des artères cutanées

directes. A la frontière entre deux territoires cutanés « anatomiques », un réseau

vasculaire latent associe des artères frontières (« chokes arteries ») et veines

oscillantes (non valvulées). L’augmentation de la pression de perfusion d’un

territoire cutané anatomique peut capturer le territoire anatomique voisin

par recrutement des vaisseaux frontières latents : c’est la notion de territoire

cutané « hémodynamique ». Selon l’importance de la perfusion et la qualité des

réseaux dermiques et sous-dermiques, le territoire cutané hémodynamique peut

être étendu à un territoire cutané « potentiel » (schéma 2-2, page 65).

Ce principe d’artères cutanées directes et indirectes était déjà décrit en 1893 par

Spalteholz. On peut l’appliquer à la classification de Nakajima : les artères

cutanées directes correspondent aux type A, B, C et E ; et les artères cutanées

indirectes aux types D et F.

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65

Schéma 2-2 : Territoires cutanés selon Taylor et al.(22, 30) ; (A) territoire cutané « anatomique » basé sur une artère cutanée directe ; (D) territoire cutané « dynamique » par recrutement des artères frontières (« chokes arteries ») ; (P) territoire cutané « potentiel » par extension au hasard.

Schéma 2-3 : Compartiments vasculaires selon Nakajima et al.(28) ; (D) plexus vascualires dermique et sous-dermique ; (F) plexus du fascia profond et hypo-dermique ; (M) plexus musculaire ; (S) plexus septal inter-musculaire.

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66

Schéma 2-4 : Classification des lambeaux fascio-cutanés par Cormack et Lamberty(31) en 1984; Type A : lambeaux avec des perforantes multiples et non identifiées ; Type B : lambeau avec une perforante unique ; Type C : lambeau avec des perforantes multiples et segmentées, branches d’un unique vaisseau sous-facial nécessaire à la vitalité du lambeau.

Schéma 2-5 : Classification des vaisseaux perforants le fascia profond par Nakajima(28) en 1986 ; (X) fascia profond ; (S) vaisseau source ; (A) artère cutanée directe ; (B) artère septo-cutanée directe ; (C) branche cutanée directe d’un vaisseau musculaire ; (D) branche perforante cutanée d’un vaisseau musculaire ; (E) perforante septo-cutanée ; (F) perforante musculo-cutanée.

Schéma 2-6 : Classification des lambaux fascio-cutanés par Mathes et Nahai(31) en 1986 ; Type A : lambeaux avec un pédicule cutané direct ; Type B : lambeau avec un pédicule septo-cutané ; Type C : lambeau avec un pédicule musculo-cutané.

Page 68: THESE LEYMARIE - 0623516038

67

2.2.3 LAMBEAUX NEURO-CUTANES

Les lambeaux dits « neuro-cutanés » sont des lambeaux axiaux basés sur les

réseaux vasculaires extrinsèques ou intrinsèques des nerfs périphériques. Taylor

a décrit à partir de 1976 les différents types de vascularisation des nerfs

périphériques dans le cadre de leurs transferts micro-anastomosés (schéma 2-7,

page 67). La vascularisation extrinsèque du nerf correspond souvent à une

artère unique, qui traverse le fascia profond à proximité du nerf avant de

s’étendre au plan cutané. Le principal rôle de cette artère est de vasculariser le

nerf et, dans une moindre mesure, de vasculariser un territoire cutané.

Les lambeaux neuro-cutanés peuvent ainsi être considérés comme des lambeaux

à artères cutanées indirectes. Les lambeaux fascio-cutanés « géants » de jambe

décrits par Ponten en 1981, et à l’origine des premières études anatomiques de

la vascularisation cutanée, correspondent probablement à ces lambeaux neuro-

cutanés.

Schéma 2-7 : Classification des nerfs périphériques selon leur vascularisation, appliquée aux transferts libres de nerfs, par Suami et Taylor(32) ; (A) nerf sans division et vascularisation extrinsèque segmentaire par un vaisseau parallèle ; (B) nerf avec plusieurs branches de division et avec une vascularisation extrinsèque segmentaire par un vaisseau parallèle ; (C) nerf sans division et avec une vascularisation intrinsèque épineurale longitudinale ; (D) et (E) nerf avec plusieurs vascularisations segmentaires ou plusieurs divisions.

Page 69: THESE LEYMARIE - 0623516038

68

2.2.4 LAMBEAUX PERFORANTS

En 1975 Taylor et Daniel présentent des dissections de branches musculo-

cutanées de gastrocnémiens jusqu’aux artères surales. En 1986 Wei et al.

proposent plusieurs variantes de lambeaux ostéo-cutanés de fibula avec

notamment une dissection rétrograde intramusculaire des vaisseaux cutanés.

La première description de « lambeau perforant » est faite par Koshima et

Soeda(33) en 1989. Ils réalisent deux reconstructions (de langue et du creux

inguinal) par un nouveau type de lambeau cutané, prélevé en région péri-

ombilicale et vascularisé par une branche perforante musculaire. Le terme de

lambeau perforant est choisi par Koshima pour différencier ce nouveau lambeau

des lambeaux fascio-cutanés, car sa vascularisation ne dépendait pas des plexus

des fascias profonds. Initialement les lambeaux perforants ont donc été définis

comme des lambeaux de peau et de tissus adipeux sous-cutanés, vascularisés

par une perforante musculaire, et prélevés en respectant le muscle sous-jacent.

Les qualités plastiques de ces lambeaux, notamment en reconstruction

mammaire, ont permis leur diffusion rapide. Ils présentent une palette cutanée

versatile avec un pédicule long, avec un volume stable dans le temps (absence

de résorption musculaire) et dont la réinnervation sensitive est souvent possible.

Le respect du muscle sous-jacent et de son innervation assure une préservation

de la fonction musculaire : les séquelles du site donneur sont limitées et les

suites opératoires simplifiées. Au fur et à mesure de la description de nouveaux

lambeaux perforants dans la littérature, le terme de « perforant » est devenu

confus : tout lambeau cutané prélevé à partir d’un pédicule unique était alors

considéré comme un lambeau perforant.

Page 70: THESE LEYMARIE - 0623516038

69

2.3 NOMENCLATURE ET CLASSIFICATION

2.3.1.1 LES VAISSEAUX PERFORANTS

La définition du terme « vaisseau perforant » a été précisée lors de la

conférence de consensus sur les lambeaux perforants à Gent en 2001(34).

Elle reprend celle établie par Hallock(31) : un vaisseau perforant ou une

« perforante » a pour origine un tronc vasculaire axial et traverse le fascia

profond et la graisse, avant de vasculariser le plan graisseux sous-cutané.

On distingue des perforantes directes et indirectes selon les tissus traversés

avant de franchir le fascia profond. Les « perforantes directes » ne traversent

aucune structure avant de franchir le fascia profond. Les « perforantes

indirectes » traversent différents plans tissulaires : muscle, périmysium ou

septum intermusculaire.

Cinq types de perforantes sont répertoriés (schéma 2-8, page 70) selon une

version simplifiée de la classification de Nakajima(28) :

1. Les perforantes directes qui traversent uniquement le fascia profond.

2. Les perforantes indirectes musculaires qui vascularisent principalement les

tissus sous-cutanés, après avoir traversé le muscle puis le fascia profond.

3. Les perforantes indirectes musculaires qui vascularisent principalement le

muscle, mais donnent des branches secondaires aux tissus sous-cutanés.

4. Les perforantes indirectes périmysiales qui cheminent à travers les fibres

musculaires dans le périmysium, avant de traverser le fascia profond.

5. Les perforantes indirectes septales qui traversent le septum

intermusculaire avant de franchir le fascia profond.

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70

Schéma 2-8 : Schéma des perforantes directes et indirectes selon la classification de Gent en 2001(34) ; (1) perforantes directes traversant uniquement le fascia profond ; (2) perforantes indirectes musculaires principalement destinées à la vascularisation cutanée ; (3) perforantes indirectes musculaires principalement destinées au muscle mais présentant des branches secondaires pour les tissus sous-cutanés ; (4) perforantes indirectes périmysiales cheminant dans le périmysium entre les fibres musculaires ; (5) perforantes indirectes septales traversant le septum inter-musculaire.

2.3.1.2 LES LAMBEAUX PERFORANTS

Wei(35) avait restreint l’utilisation du terme « lambeau perforant » aux

lambeaux, basés sur un vaisseau perforant le fascia profond, dont le prélèvement

nécessite un temps de dissection intramusculaire. La conférence de consensus de

2001(34), actualisée en 2002(36), définit également les lambeaux perforants

selon les impératifs techniques liés à leur prélèvement, et permet ainsi de les

distinguer des lambeaux conventionnels :

1. Un lambeau perforant comprend de la peau et / ou de la graisse sous-

cutanée. Le vaisseau qui vascularise le lambeau est une (ou plusieurs)

perforante(s) individualisées. Les perforantes cheminent depuis leur

vaisseau d’origine au travers ou entre les tissus profonds (muscle le plus

souvent).

2. Une perforante musculaire est un vaisseau qui traverse le muscle et le

plan superficiel du fascia profond avant de vasculariser la peau.

Page 72: THESE LEYMARIE - 0623516038

71

3. Une perforante septale est un vaisseau qui traverse uniquement le septum

intermusculaire et vascularise la peau après avoir traversé le plan

superficiel du fascia profond.

4. Un lambeau vascularisé par une perforante musculaire est un lambeau

perforant musculaire.

5. Un lambeau vascularisé par une perforante septale est un lambeau

perforant septal.

Les perforantes indirectes musculaires et périmysiales sont regroupées au sein

des lambeaux perforants musculaires car leurs techniques de dissection sont

proches.

2.3.1.3 CLASSIFICATION DES LAMBEAUX PERFORANTS

Ces quinze dernières années, la multitude de nouveaux lambeaux décrits en

l’absence de nomenclature consensuelle, ont rendu la littérature obscure et

anarchique. Plusieurs classifications se sont succédées, chacune se révélant

rapidement incomplète, incorrecte et finalement dépassée.

L’utilisation par les auteurs de noms différents pour un même lambeau

perforant porte à confusion. Les lambeaux perforants de la région thoracique

latérale sont par exemple désignés à la fois comme « thoraco-dorsal artery

perforator flap », « latissimus dorsi perforator flap », « latissimus dorsi

perforator based fasciocutaneous flap », ou « latissimus dorsi musculo-cutaneous

flap without muscle ». Pour la région abominale, les noms de « deep inferior

epigastric perforator flap » et « paraumbilical / periumbilical perforator flap »

sont utilisés indifféremment. Le nom de « anterolateral thigh perforator flap »

ne précise pas si le prélèvement du lambeau est basé sur des perforantes septo-

cutanées ou musculo-cutanées, alors que la technique opératoire diffère

Page 73: THESE LEYMARIE - 0623516038

72

totalement. La nécessité d’établir une nomenclature internationale s’est donc

imposée. Elle devait permettre de distinguer par des termes simples et précis

les différents lambeaux perforants, selon le type de perforante et donc

la technique de prélèvement (musculo-cutanée, septo-cutanée ou cutanée

directe), et selon leur vaisseau source ou le muscle sous-jacent.

La conférence de consensus de 2001(34) a permis d’établir une première

nomenclature internationale standardisée : elle propose de désigner

les lambeaux perforants selon le vaisseau nourricier (et non par le muscle sous-

jacent). S’il existe plusieurs lambeaux basés sur un même vaisseau, leur nom

précisera leur région anatomique ou leur muscle d’origine. Par exemple l’artère

circonflexe latérale est à l’origine de deux lambeaux : le lambeau perforant de

fascia lata et le lambeau perforant antérolatéral de cuisse. L’application stricte de

ces définitions peut faire considérer tous les lambeaux cutanés comme des

lambeaux perforants, et toutes les artères destinées à la peau comme

des perforantes directes ou indirectes. Les lambeaux neuro-cutané sural,

antébrachial radial, scapulaires et para-scapulaires ou inguinal peuvent donc

théoriquement être définis en lambeaux perforants. Blondeel, Koshima

et Wei(34) recommandent cependant de limiter l’utilisation du terme lambeau

perforant aux lambeaux cutanés vascularisés par des perforantes indirectes

musculaires ou septales. Contrairement à la dissection des lambeaux perforants

indirects, le prélèvement d’un lambeau cutané basé sur des perforantes cutanées

directes fait appel à une chirurgie simple et rapide. Le terme de « lambeau

perforant » doit traduire les contraintes techniques liées à une dissection

intramusculaire ou septale.

Page 74: THESE LEYMARIE - 0623516038

73

En 2003 Geddes et al.(37) recommandent de nommer tous les lambeaux

perforants musculo-cutanés selon les initiales de leur vaisseau d’origine, en

précisant par un suffixe le muscle traversé. Cette nomenclature repose sur

la classification des angiosomes(22) : Geddes fait correspondre la quarantaine de

territoires décrits par Taylor avec les principaux vaisseaux à l’origine de

lambeaux perforants. Le lambeau perforant musculo-cutané antéro-latéral de

cuisse, vascularisé par la branche descendante de l’artère circonflexe latérale

fémorale à travers le muscle vaste latéral, devient ainsi le « LCFAP-vl »

(« Lateral Femoral Artery Perforator flap » - « Vastus Lateralis »). Le lambeau

perforant musculo-cutané de fascia lata, vascularisé par la branche transverse de

l’artère circonflexe latérale fémorale à travers le muscle tenseur du fascia lata,

devient le « LCFAP-tfl (« Lateral Femoral Artery Perforator flap » - « Tensor

Fasciae Latae »). Il ajoute le suffixe « –s » pour les lambeaux perforants septo-

cutanés (« LCFAP-s »).

Kim(21) propose en 2005 une nouvelle nomenclature des lambeaux perforants.

Elle nomme de manière précise chaque lambeau perforant selon le type de

perforante prélevée (« MCp » pour « musculo-cutaneous perforator », « SCp »

pour « septo-cutaneous » et « DCp » pour « direct cutaneous »), et selon le

niveau de ligature du vaisseau d’origine. Elle traduit donc à la fois la difficulté

technique du prélèvement (dissection intra-musculaire ou non),

et les caractéristiques du pédicule (longueur et calibre). Cette description des

lambeaux perforants repose sur quatre termes principaux :

1. Les lambeaux perforants musculo-cutanés sont désignés par le muscle

sous-jacent («Tensor Fasciae Latae Perforator flap »).

Page 75: THESE LEYMARIE - 0623516038

74

2. Les lambeaux septo-cutanés et cutanés directs, de dissection plus simple,

sont nommés selon le vaisseau source de la perforante (« Submental

Perforator flap »).

3. Lorsque le calibre de la perforante au niveau du fascia profond est

suffisant pour réaliser une anastomose, le lambeau est prélevé sans

dissection musculaire et en respectant le vaisseau source : c’est un

« perforator based flap ».

4. Les techniques variées de prélèvement de palette cutanée fine, en

disséquant une épaisseur minimale de graisse sous-cutanée ou par

dégraissage primaire, sont regroupées selon le terme général de « thin

perforator flap ».

Cette nomenclature est particulièrement adaptée aux nombreuses variations

anatomiques du point d’émergence des perforantes (schémas 2-9, 2-10 et 2-11,

page 76). Parmi les lambeaux perforants de la région thoracique latérale, on

différencie le « latissimus dorsi perforator flap » (MCp), le « thoracodorsal

perforator flap » (SCp) et le « latissimus dorsi perforator based flap » (MCp).

Sept types de lambeaux perforants antéro-latéraux de cuisse peuvent être

distingués selon cette nomenclature : « rectus femoris perforator flap » et

« vastus lateralis perforator flap » (MCp) ; « lateral circumflex femoral perforator

flap » et « descending perforator flap » (SCp) ; « rectus femoris perforator based

flap », « vastus lateralis perforator based flap » et « descending perforator based

flap » (schéma 2-12, page 77).

Page 76: THESE LEYMARIE - 0623516038

75

La frontière entre les lambeaux fascio-cutanés conventionnels et les lambeaux

perforants septo-cutanés ou cutanés directs est toujours un sujet de débat entre

les auteurs. La nomenclature de Kim(21) permet de préciser les limites entre

chacun de ces lambeaux cutanés. En exemple, il développe les différents

lambeaux cutanés de la face antérieure de l’avant-bras. Le lambeau fascio-

cutané antébrachial radial est prélevé dans sa forme classique avec la totalité du

fascia profond et du septum. Le prélèvement peut se limiter au septum, et

respecter le fascia profond : c’est un lambeau septo-cutané antébrachial radial.

Il peut également être réalisé en lambeau perforant : « radial perforator flap »

(SCp) ou « flexor carpi radialis perforator flap » (MCp) (schéma 2-13, page 77).

La nomenclature établie par Kim est donc une des plus complètes et précise de

la littérature. Elle implique l’utilisation d’une multitude de termes différents pour

décrire les lambeaux perforants d’une même région anatomique. Mais ce choix

d’exhaustivité rend compte de la richesse de la vascularisation cutanée et de la

pratique clinique. C’est la seule nomenclature permettant de différencier les

lambeaux perforants à la fois par leur type de vaisseau perforant et par le niveau

de prélèvement du pédicule d’origine. Sa diffusion permettra probablement de

l’établir bientôt comme nomenclature de référence dans la chirurgie des

lambeaux perforants.

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76

Schéma 2-9 : Lambeau perforant cutané direct nommé selon son vaisseau d’origine, d’après Kim(21), ; (X) vaisseau d’origine ; (DC-p) perforante cutanée directe.

Schéma 2-10 : Lambeau perforant septo-cutané nommé selon son vaisseau d’origine, d’après Kim(21), ; (Y) vaisseau d’origine ; (SC-p) perforante septo-cutanée.

Schéma 2-11 : Lambeau perforant musculo-cutané nommé selon le muscle traversé par la perforante musculo-cutanée, d’après Kim(21), ; (Y) vaisseau d’origine ; (MC-p) perforante musculo-cutanée ; (B) Muscle traversé par la perforante.

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77

Schéma 2-12 : Lambeaux de la région antéro-latérale de cuisse selon Kim(21) ; (A) lambeau musculo-cutané ; (B) lambeau perforant de vaste latéral ; (C) lambeau perforant de la branche descendante, respectant la branche transverse et l’artère circonflexe fémorale latérale ; (D) lambeau perforant circonflexe fémoral latéral, avec un long pédicule proximal ; (E) lambeau basé sur la perforante du vaste latéral ; (F) lambeau basé sur la perforante descendante.

Schéma 2-13 : Lambeaux de la région antébrachiale radiale selon Kim(21). (A) lambeau fascio-cutané comprenant le fascia profond et le septum ; (B) lambeau septo-cutané respectant le fascia profond ; (C) lambeau perforant septo-cutané radial basé sur une perforante septale, respectant le septum et le fascia profond ; (D) lambeau perforant du flexor carpi radialis basé sur une perforante musculo-cutanée ; (MCp) perforante musculo-cutanée ; (SCp) perforante septo-cutanée ; (RA) artère radiale ; (FCR) flexor carpi radialis.

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78

2.4 TECHNIQUE CHIRURGICALE

2.4.1 PRINCIPES GENERAUX DE PRELEVEMENT DES LAMBEAUX PERFORANTS

Le dessin de la palette cutanée est réalisé selon les repères anatomiques de la

zone de prélèvement, ou selon l’imagerie préopératoire. La largeur de la palette

est déterminée par l’estimation de la taille du défect et par la nécessité de

fermeture directe du site donneur.

L’incision d’une des berges de la palette cutanée atteint le plan du fascia

profond qu’elle respecte. La dissection suit un plan sus-fascial jusqu’à identifier la

ou les perforantes du lambeau. Si une seule perforante peut suffire à la

vascularisation de la palette cutanée, il est recommandé d’inclure deux

perforantes au prélèvement afin d’accroitre sa fiabilité vasculaire, et surtout

d’éviter le risque de torsion du pédicule. Si une seule perforante est prélevable,

le « twist » du pédicule peut être prévenu en fixant la partie proximale du

pédicule au bord de la palette du lambeau(38). La perforante dominante,

généralement de gros calibre et pulsatile, est disséquée au niveau de son point

d’émergence au travers du fascia profond sous loupes grossissantes ou au

microscope. La dissection de la perforante se poursuit classiquement en

« tunneling technique »(39) de distal en proximal, vers le vaisseau source.

Les vaisseaux sont humidifiés tout au long de la dissection. Les mouvements de

traction sur le pédicule favorisent le vasospasme et donc doivent être

scrupuleusement évités. En cas de perforante musculo-cutanée, les fibres

musculaires et les nerfs moteurs sont respectés et réclinés de part et d’autre de

la perforante, en réalisant l’hémostase pas à pas des multiples collatérales

musculaires au nylon 10/0. L’utilisation de clips vasculaires est à proscrire.

En cas de perforante septo-cutanée, la dissection suit le plan du septum. Pour les

Page 80: THESE LEYMARIE - 0623516038

79

lambeaux chimériques, on réalise préférentiellement une dissection de proximal

en distal. Le pédicule est ligaturé à une longueur suffisante pour son anastomose

avec les vaisseaux receveurs. Lors de la mise en place du lambeau sur le site

receveur, l’anastomose est réalisée sans tension du pédicule après contrôle de

l’absence de twist.

Celik, Wei et al.(38) ont réalisé en 2002 une étude rétrospective de 439

lambeaux perforants de la région antérolatérale de cuisse, en évaluant les

mécanismes ayant conduit à la perte de 3,4 % des lambeaux. Les trois

principales causes d’échec sont la méconnaissance du type de vascularisation, un

mauvais positionnement du pédicule dans la zone receveuse, et les erreurs

techniques liées à un manque d’expérience. Ils proposent donc cinq « règles

d’or » aux prélèvements des lambeaux perforants :

1. Cartographie préopératoire des perforantes du lambeau par Doppler.

2. Dissection méticuleuse aux loupes grossissantes ou au microscope.

3. Inclusion d’une collerette de fascia profond au pied de la perforante.

4. Utilisation ponctuelle de lidocaïne (Xylocaïne®) lors de la dissection des

perforantes pour éviter un vasospasme.

5. En cas de reprise : recherche d’une torsion du pédicule ou d’un

saignement d’une des collatérales musculaires.

Kim et al.(24) présentent trois points techniques, appliqués aux prélèvements

de lambeaux perforants de latissimus dorsi, permettant de diminuer les risques

de congestion veineuse en cas de perforantes fines ou non pulsatiles.

Comme beaucoup d’autres auteurs, ils recommandent d’inclure aux moins deux

perforantes dans le lambeau, en particulier si la première perforante est non

Page 81: THESE LEYMARIE - 0623516038

80

pulsatile ou de petit calibre. La réalisation d’une anastomose termino-latérale

entre le pédicule et les vaisseaux receveurs peut diminuer le flux artériel et donc,

le retour veineux. Après libération de la perforante et de son vaisseau source,

il est possible de prélever une portion musculaire de 2 à 3 cm autour du trajet

intra-musculaire supposé de la perforante pour éviter tout traumatisme des

vaisseaux : c’est la technique du « muscle-sparing flap ».

2 .4 .2 LAMBEAUX « MUSCLE-SPARING »

Les lambeaux musculo-cutanés « muscle-sparing », ou « économes en

muscle », correspondent aux prélèvements d’une large palette cutanée associée

à une portion de muscle sous-jacent, tout en conservant l’innervation et la

fonction du musculaire.

Cette technique est décrite(40, 41) comme étant plus simple, plus rapide et

surtout plus fiable que celle des lambeaux perforants. Elle est utilisée par Hamdi

et al.(40) principalement en reconstruction mammaire lorsque les perforantes du

latissimus dorsi sont de petit calibre ou non pulsatiles et que le lambeau

perforant classique n’est pas réalisable. L’inclusion d’un segment musculaire est

réalisée après repérage du point de pénétration de la perforante musculaire à la

face profonde du muscle et de son point d’émergence au travers du fascia

profond. Cette technique épargne le temps de dissection intramusculaire et limite

les risques de lésions traumatiques des perforantes, mais elle entraîne des

lésions musculaires et nerveuses plus importantes.

Trois types de « latissimus dorsi muscle-sparing flaps » (LD-MS) sont décrits

par Hamdi(40) (schéma 2-14, page 81). Le LD-MS de type I préserve totalement

le nerf du latissimus dorsi car il n’inclut qu’une portion réduite de latissimus dorsi

de 4 x 2 cm ; il est indiqué en cas de perforantes petites mais pulsatiles.

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81

Le LD-MS de type II comprend un segment du bord antérieur du muscle de plus

de 5 cm de large ; il est indiqué en cas de perforantes petites et non pulsatiles.

Le LD-MS de type III correspond au prélèvement de la quasi-totalité du muscle

lorsque aucune perforante n’est fiable.

Schéma 2-14 : Technique de « muscle-sparing » selon Hamdi(40) ; de la superficie à la profondeur : palette cutanée, perforantes musculaires, letissimus dorsi, serratus anterior, et plan costal ; (A) lambeau perforant de latissimus dorsi ; (B) LD-MS de type I : portion musculaire de 4 x 2 cm ; (C) LD-MS de type II : segment de plus de 5 cm de large, prélevé au bord antérieur du muscle ; (D) LD-MS de type III :prélèvement sub-total du muscle.

Page 83: THESE LEYMARIE - 0623516038

82

2.4.3 LAMBEAUX PERFORANTS FINS ET « MICRODISSECTION »

Dans certaines indications de resurfaçage, en particulier au niveau de

l’extrémité céphalique ou au niveau des membres, la palette cutanée des

lambeaux perforants peut présenter une épaisseur excessive.

Kimura et al.(42, 43) ont développé une technique de « microdissection » des

perforantes au sein du tissu adipeux permettant de réaliser des lambeaux

perforants fins. D’après ses auteurs, cette technique de microchirurgie permet de

réaliser des lambeaux cutanés « à la carte » adaptés à la fois aux

caractéristiques tridimensionnelles du défect à combler et au type de peau à

remplacer.

Kim et al.(44) présentent des séries de lambeaux perforants de grand dorsal

« superthin » pour la couverture des pertes de substance de la main de surface

modérée ou large. L’épaisseur de ces lambeaux perforants fins varie entre 5 et 7

millimètres, avec des dimensions allant de 5 x 3 à 21 x 11 centimètres.

Selon Kim, le resurfaçage par lambeau a un intérêt fonctionnel pour la

reconstruction de la main, au même titre que le rétablissement d’une mobilité.

Les techniques classiques de couverture de pertes de substance étendues se

limitent aux greffes de peaux et aux lambeaux fascio-cutanés, parfois expansés.

Les résultats esthétiques et fonctionnels des greffes de peau sont souvent

médiocres. Les lambeaux musculo-cutanés ou fascio-cutanés, pédiculés ou libres,

présentent souvent une morbidité importante du site donneur et une épaisseur

parfois excessive. Les lambeaux perforants fins sont une nouvelle option

thérapeutique qui propose une couverture des pertes de substance à la fois

fonctionnelle et esthétique et des séquelles limitées du site donneur. L’indication

de la région de prélèvement dépend de la longueur et du calibre du pédicule

Page 84: THESE LEYMARIE - 0623516038

83

nécessaire à l’anastomose du lambeau et des caractéristiques de la peau à

remplacer : couleur, texture, souplesse et pilosité.

La technique de microdissection est initialement décrite pour le lambeau

perforant de tensor fasciae latae(45), puis appliqué aux lambeaux perforants de

rectus abdominis, de latissimus dorsi, ou de la région antéro-latérale de

cuisse(43).

Le marquage doppler pré-opératoire n’est pas systématique pour Kimura qui

privilégie des repères anatomiques.

Pour le lambeau perforant de tensor fasciae latae, la première incision cutanée

qui permet le repérage de la perforante est réalisée en regard de la partie

proximale de la ligne unissant l’épine iliaque supérieure et le bord externe de la

rotule. Pour le lambeau perforant de la région antérolatérale de cuisse, elle est

paramédiane à cette ligne et à mi-hauteur de cuisse. Pour le lambeau perforant

de latissimus dorsi, l’incision est située sur la ligne axillaire à 10-15 cm de

l’aisselle. Pour le lambeau perforant de rectus abdominis, elle est para-

ombilicale.

La dissection est suivie dans un plan sus-fascial jusqu’à la perforante

(schéma 2-15, page 84). Selon Kim(44), le caractère pulsatile de la perforante

est le premier critère de choix d’un perforante viable. Kimura décrit les vaisseaux

perforants en trois portions, de la profondeur à la superficie : le pied, le tronc et

les branches. La « microdissection » dégage le tronc de la perforante sur un

centimètre de diamètre, puis excise les gros lobules graisseux en profondeur

pour faire apparaître les premières branches de division sous-cutanées.

La dissection s’arrête au niveau du plan adipeux superficiel où les lobules sont

plus petits. Le tronc de la perforante est dégagé du fascia profond et la dissection

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84

intramusculaire (ou intermusculaire en cas de perforante septale) est poursuivie.

Le marquage du point de projection à la peau des branches superficielles de la

perforante correspond au centre de la palette cutanée du lambeau. Le lambeau

est enfin levé dans le plan du fascia superficiel à l’électrocoagulation, jusqu’à la

perforante et ses branches de division sous-cutanées. Selon Kimura(42),

le temps de microdissection prolonge la durée opératoire d’environ une heure.

Schéma 2-15 : Technique de « microdissection » selon Kimura et al.(43) ; (A) (B) (C) (D) étapes de dissection de la perforante musculo-cutanée sous microscope, en haut : dissection des branches distales de la perforante, en bas : vue transversale ; (E) (F) (G) levée du lambeau fin par électrocoagulation.

D’autres techniques de prélèvement de lambeaux fins sont décrites dans la

littérature(46), notamment après la levée complète du lambeau perforant

classique. Les gros lobules graisseux du plan profond sont excisés aux ciseaux,

de la périphérie du lambeau vers la perforante, en préservant une collerette

adipeuse de « pleine épaisseur » un centimètre autour de la perforante.

Contrairement à la technique de Kimura, l’absence de contrôle visuel direct du

trajet des branches de la perforante dans la graisse entraîne un risque vasculaire

important.

Page 86: THESE LEYMARIE - 0623516038

85

La dissection intra-adipeuse des perforantes a permis à Kimura et al.(42, 43)

d’étudier leur distribution tridimensionnelle au sein du tissu graisseux, en

particulier le calibre du tronc et la distance entre le pied et les premières

branches de division. Il existe d’importantes variations du trajet des perforantes

selon leur origine musculo-cutanée ou septo-cutanée, comme l’avait montré

Nakajima(29) en 1998, mais également selon le type de lambeau perforant.

Les perforantes septo-cutanées ont un trajet plus long dans le plan graisseux

profond et les branches de division secondaire sont plus nombreuses que pour

les perforantes musculo-cutanées. Les lambeaux perforants de la région antéro-

latérale de cuisse présentent plus de variations de leur vascularisation que les

lambeaux perforants de grand dorsal. Plusieurs études angiographiques ont

précisé la distribution et le trajet des perforantes dans le tissu sous-cutané.

Kim(44) privilégie l’utilisation du « latissimus dorsi perforator-based flap » :

le trajet intra-musculaire des perforantes musculo-cutanées de grand dorsal est

particulièrement court, et un prélèvement de type « perforator-based » limite les

séquelles du site donneur.

Les détracteurs de la microdissection avancent que cette technique implique

des risques élevés de lésions des perforantes (étirement, torsion et surtout

vasospasme) et un allongement conséquent du temps opératoire. La correction

secondaire de l’épaisseur du lambeau est en outre accessible à un simple

dégraissage.

Page 87: THESE LEYMARIE - 0623516038

86

2.4.4 LE « FREE-STYLE FREE FLAP »

Le concept de « free-style free flap » est développé par Wei(47) et

Mardini(48). Cette technique de prélèvement de lambeau perforant repose

uniquement sur le repérage préopératoire par doppler pulsé d’une ou plusieurs

perforantes cutanées dans une région anatomique donnée. Le choix de la zone

donneuse est fait selon des critères de couleur, texture et souplesse cutanées,

afin d’adapter le lambeau cutané aux caractéristiques de la zone receveuse.

Cette technique est principalement appliquée aux transferts libres prélevés sur la

cuisse(48), mais aussi au prélèvement de lambeaux locaux(49).

En pratique(50), le doppler pulsé réalise la cartographie des perforantes de la

zone donneuse, sur lesquelles est centrée la palette cutanée. Le signal sonore est

d’autant plsu fort et plus pulsatile que le vaisseau est de gros calibre. La palette

cutanée est incisée sur une seule de ses berges jusqu’au plan du fascia profond.

La dissection est réalisée dans un plan sus-fascial afin de préserver le fascia

profond et d’éventuels nerfs sensitifs cutanés. Ce plan de dissection facilite la

visibilité des vaisseaux cutanés, et permet de lever un lambeau perforant plus

fin. Une hémostase méticuleuse, au fur et à mesure de la dissection, facilite le

repérage des vaisseaux les plus fins. Le trajet rétrograde de la dissection suit

la perforante musculo-cutanée ou septo-cutanée vers son vaisseau d’origine,

jusqu’à ce que le calibre et la longueur du pédicule conviennent à l’anastomose.

Les dimensions et le dessin définitif de la palette sont définis dans le dernier

temps opératoire : la palette cutanée est alors levée en ilôt et le pédicule est

sectionné.

Pour Wei(47), la maîtrise du doppler et des techniques de dissection intra-

musculaire permet donc théoriquement le prélèvement de lambeaux cutanés

Page 88: THESE LEYMARIE - 0623516038

87

dans toutes les régions anatomiques du corps, sans tenir compte de leur

vaisseau source. Ce mode de prélèvement permet surtout d’adapter au mieux

la palette cutanée aux caractéristiques de la région à reconstruire et d’accroître

les possibilités régionales de lambeaux libres. En cas de variation anatomique,

cette technique apporte la sécurité de permettre la recherche d’autres

perforantes cutanées. La possibilité d’un prélèvement « free-style » constitue,

selon Wei(47), l’avantage fondamental des lambeaux perforants sur tous les

autres lambeaux libres. Les principales limites du « free-style free flap » sont

liées à la technique parfois peu sensible du doppler pulsé et à l’impossibilité de

prévoir en préopératoire le trajet des perforantes, le calibre et la longueur finale

du pédicule. La dissection de perforantes, parfois de petit calibre ou ayant un

long trajet intramusculaire peut être techniquement difficile. Pour limiter

les risques vasculaires, le territoire cutané de la perforante doit être strictement

respecté et le dégraissage peropératoire est prudent.

Page 89: THESE LEYMARIE - 0623516038

88

2.5 IMAGERIE PRE-OPERATOIRE

L’évaluation préopératoire de la vascularisation des sites de prélèvement des

lambeaux perforants permet à la fois de réduire le temps opératoire et

d’améliorer la sécurité vasculaire du lambeau. En absence d’imagerie

préopératoire, il est nécessaire de disséquer toutes les perforantes de la région

et de choisir la perforante dominante selon son calibre et son caractère pulsatile

mais sans connaître la longueur de son trajet intramusculaire. Ce temps

d’exploration des perforantes, long et délicat, implique des risques lésionnels ou

des spasmes artériels qui peuvent compromettre la vitalité du lambeau.

L’imagerie préopératoire doit idéalement déterminer la ou les perforantes

dominantes selon leur localisation, leur trajet intramusculaire, leur calibre et

l’importance de leur flux vasculaire. Les trois principales techniques d’imagerie

utilisées en pratique sont le doppler pulsé, le doppler couleur et l’angioscanner.

2 .5 .1 DOPPLER PULSE

C’est une technique d’imagerie simple, accessible et peu coûteuse qui est

utilisée en routine dans tous les centres de chirurgie. L’intensité du signal sonore

est corrélée au diamètre des vaisseaux et à l’importance du flux vasculaire.

Les fréquences hautes, situées entre 5 et 8 MHz, identifient les vaisseaux les plus

superficiels. Mais le doppler pulsé n’apporte que des informations limitées et

imprécises : la distinction entre vaisseaux axiaux superficiels et perforantes est

impossible. La spécificité et la valeur prédictive positive du doppler sont donc

faibles.

Page 90: THESE LEYMARIE - 0623516038

89

2.5.2 DOPPLER COULEUR

Le doppler couleur apporte des informations complètes sur la vascularisation

du site donneur. Il peut détailler les caractéristiques des vaisseaux axiaux et des

perforantes avec une vision dynamique de leur flux vasculaire, le trajet des

perforantes et l’épaisseur de la graisse sous-cutanée. Blondeel et al.(25) ont

évalué une sensibilité de 96,2 %, et une valeur prédictive positive de 100 %

pour le repérage des perforantes de la région péri-ombilicale. La durée de

l’examen (45 à 60 minutes) et la nécessité d’avoir un opérateur compétent,

habitué à ce type d’exploration, sont les principaux inconvénients du doppler

couleur.

2 .5 .3 ANGIOSCANNER

Contrairement au doppler pulsé, l’angioscanner n’est pas systématiquement

réalisé en préopératoire. Plusieurs études(26, 27, 51) ont démontré que

l’angioscanner présente des intérêts multiples, tant pour la planification

préopératoire que pour le prélèvement des lambeaux perforants.

La haute résolution spatiale et les possibilités de vision tridimensionnelle

permettent de réaliser une « dissection virtuelle » du réseau vasculaire.

La sensibilité et la valeur prédictive positive du scanner sont nettement

supérieures à celles du doppler pulsé ou couleur : il définit avec précision le point

d’émergence de la perforante dans le fascia profond par rapport aux principaux

repères anatomiques de la région. Pour le lambeau perforant de latissimus dorsi,

les coordonnées spatiales des perforantes sont établies selon l’angle de la

scapula, le bord antérieur du muscle et le sommet de l’aisselle. Pour le lambeau

perforant de rectus abdominis, l’ombilic est le point de repère central.

L’angioscanner détermine la perforante la plus fiable pour le lambeau en

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90

analysant à la fois son calibre, son trajet, sa localisation et ses rapports

anatomiques. La corrélation entre les résultats de l’angioscanner et les

explorations peropératoires est bonne, avec peu de faux-négatifs. Mun et al.(27)

ont démontré à travers une étude rétrospective de 25 lambeaux perforants de

latissimus dorsi, que l’angioscanner préopératoire réduit la durée de prélèvement

du lambeau de 35 minutes (la « durée de prélèvement » étant comprise entre le

dessin et le sevrage du pédicule). Pour des palettes cutanées inférieures à

50 cm², la longueur des cicatrices de prélèvement était significativement moins

grande dans le groupe ayant bénéficié d’un angioscanner préopératoire.

Un grand nombre d’équipes spécialisées dans la reconstruction mammaire par

lambeau perforant de rectus abdominis ont intégré l’angioscanner à leur pratique

quotidienne. L’étude prospective de Masia(26) en 2008, sur 126 lambeaux

perforants de rectus abdominis, a montré une réduction du temps de

prélèvement de 100 minutes et une diminution significative du taux de

complications postopératoires. Le choix préopératoire de la perforante dominante

par le scanner semble donc apporter une plus grande sécurité vasculaire pour le

lambeau. La localisation précise et fiable des perforantes par le scanner évite les

difficultés classiques de la recherche peropératoire des perforantes : exposition

large par de grandes incisions, dissection longue et prudente. L’angioscanner

permet en outre la planification préopératoire des lambeaux chimériques, les

différentes palettes cutanée étant tracées selon le marquage percutané des

perforantes.

Les performances de l’angioscanner sont variables selon le site de

prélèvement. La graisse sous-cutanée de la région péri-ombilicale est peu dense

et souvent épaisse, ce qui facilite la visualisation directe des vaisseaux sous-

cutanés aux temps artériels. Pour la région thoracique latérale ou la cuisse leur

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91

localisation est plus difficile, car les perforantes sont de plus petit calibre et la

graisse plus dense. L’exposition aux radiations ionisantes et le surcoût induit sont

les seuls inconvénients de cette technique.

Schéma 2-16 Repérage des perforantes par angioscanner d’après Mun et al.(27) ; à gauche : les perforantes de plus gros calibre sont individualisées ; au milieu : coordonnées des perforantes avec en abscisses : la distance du bord externe du muscle, et en ordonnées : la hauteur par rapport à la projection horizontale de l’angle de la scapula ; à droite : tracé préopératoire centré sur deux perforantes.

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92

2.6 LAMBEAUX PERFORANTS UTILISES EN RECONSTRUCTION CERVICO-FACIALE

L’objectif ultime de la chirurgie reconstructrice pourrait être de supprimer toute

morbidité du site donneur tout en prélevant des tissus correspondant en couleur,

texture et fonction aux caractéristiques du site receveur. La diversité des sites

donneurs, et la versatilité des lambeaux perforants permettent d’approcher cet

idéal. Le lambeau antébrachial radial présente de nombreuses qualités et a

longtemps été le principal lambeau fascio-cutané utilisé en reconstruction

cervico-faciale. Il est actuellement supplanté par cinq principaux lambeaux

perforants :

- le lambeau perforant de la région antérolatérale de cuisse,

- le lambeau perforant de rectus abdominis,

- le lambeau perforant sous-mental,

- le lambeau perforant supra-claviculaire,

- le lambeau perforant de latissimus dorsi.

2 .6 .1 LAMBEAU PERFORANT DE LA REGION ANTERO-LATERALE DE CUISSE

Le lambeau perforant de la région antérolatérale de cuisse a été décrit par

Song et al. en 1984. Il est prélevé sur les perforantes de la branche descendante

de l’artère circonflexe fémorale latérale. Le pédicule mesure de 6 à 8 centimètres

avec un calibre moyen de 2 millimètres. Les perforantes sont le plus souvent de

type septo-cutané, cheminant entre le vastus lateralis et le rectus femoris.

Elles sont parfois musculo-cutanées, traversant le vastus lateralis ou le rectus

femoris. Le prélèvement de la branche latérale ou antérieure du nerf cutané

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93

fémoral latéral permet de réinnerver la palette cutanée. La morbidité de la zone

donneuse est quasi nulle et le résultat cosmétique correct. La fermeture directe

est possible pour des palettes jusqu’à 8 centimètres de large.

Au-delà, une greffe cutanée ou des lambeaux d’avancement en V-Y sont

nécessaires. Le lambeau perforant de la région antérolatérale de cuisse est

largement utilisé en Asie, contrairement à l’Occident où on lui reproche une

épaisseur excessive (entre 13 et 20 mm) et de fréquentes variations

anatomiques vasculaires.

En chirurgie cervico-faciale, il permet notamment des reconstructions

fonctionnelles après hémiglossectomie ou glossectomie totale de la langue

mobile. Le lambeau perforant de la région antérolatérale de cuisse est aussi

largement utilisé pour la couverture des pertes de substance de la main et des

membres.

La richesse tissulaire de cette région anatomique permet de réaliser plusieurs

lambeaux chimériques qui incluent des portions musculaires de tensor fasciae

latae, de crête iliaque, de vastus latéralis ou de rectus femoris.

2 .6 .2 LAMBEAU PERFORANT DE RECTUS ABDOMINIS

Le lambeau perforant de rectus abdominis, classiquement nommé

« deep inferior epigastric perforator flap » (D.I.E.P), est décrit par Koshima et

Soeda(33) en 1989. Il est basé sur le pédicule épigastrique inferieur profond qui

se divise en branches latérale et médiane. La branche latérale est le plus souvent

prédominante : elle donne plus de perforantes que la branche médiane, et leur

trajet intramusculaire est plus court. Le pédicule du lambeau comporte une

artère et deux veines. Il mesure de 7,5 à 20,5 centimètres, avec un calibre

moyen de 3,5 millimètres.

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94

La première indication de ce lambeau est la reconstruction mammaire, décrite

en 1994 par Allen et Treece, mais il est également utilisé en reconstruction

cervico-faciale et pour la couverture des membres inférieurs. En reconstruction

mammaire, il présente des avantages majeurs par rapport au lambeau musculo-

cutané transverse de rectus abdominis : il diminue la morbidité du site donneur

et il réduit la période de convalescence postopératoire. En carcinologie cervico-

faciale, il permet en particulier les reconstructions de glossectomies totales ou

subtotales.

L’angioscanner préopératoire est réalisé par un nombre croissant d’équipes

pour le repérage des perforantes du lambeau perforant de rectus abdominis :

son utilisation permet de réduire la durée opératoire et le taux de

complications(26). En comparaison, le repérage par doppler est peu spécifique,

il entraine un grand nombre de faux-positifs et n’est donc pas recommandé.

Les antécédents de dermolipectomie ou de lipoaspiration abdominale,

et un tabagisme important sont les principales contre-indications du lambeau

perforant de rectus abdominis.

2 .6 .3 LAMBEAU PERFORANT SOUS-MENTAL

Le lambeau sous-mental a été initialement décrit par Martin et al. en 1993 et

son utilisation en lambeau perforant a été proposée par Uysal et al. en 2003(52).

Le pédicule mesure 7 à 8 cm et repose sur l’artère sous-mentale, branche

constante de l’artère faciale. Ses branches terminales sous-cutanées

s’anastomosent au niveau de la symphyse mandibulaire avec le pédicule

controlatéral. La palette cutanée disponible peut atteindre 7 x 18 centimètres,

elle est pileuse chez l’homme. Prélevé en ilot vasculaire, son arc de rotation

permet la couverture des pertes de substances intra-buccales ou cutanées des

Page 96: THESE LEYMARIE - 0623516038

95

deux tiers inférieurs de la face, sans pouvoir atteindre le front ou le scalp.

Prélevé en lambeau perforant libre, ses indications sont étendues à toutes les

pertes de substance cervico-faciales de taille modérée.

La coloration et la texture de la palette cutanée du lambeau sous-mental

indique son utilisation pour toutes les couvertures cutanées de l’extrémité

céphalique. Le site donneur est auto-fermant avec des cicatrices discrètes,

masquées dans les zones d’ombre, et a une morbidité limitée. Ce lambeau est

irréalisable en cas d’évidement cervical des groupes Ia (sous-mental)

et Ib (sous-mandibulaire) de la classification de l’ « American Head and Neck

Society ».

2 .6 .4 LAMBEAU PERFORANT SUPRA-CLAVICULAIRE

Pallua et al.(53) décrivent en 1997 le lambeau perforant supra-claviculaire

pour le traitement de séquelles de brûlures cervicales. Ce lambeauest centré sur

l’artère supra-claviculaire, branche cutanée directe constante de l’artère cervicale

transverse, qui s’anastomose en distal aux branches de l’artère humérale

circonflexe postérieure. La palette peut donc être étendue de la région supra-

claviculaire à la face externe de l’épaule, en dépassant l’insertion deltoïdienne. La

palette cutanée fine et malléable, peut être prélevée en îlot vasculaire sur le

pédicule cervical transverse afin d’allonger son arc de rotation. Prélevé avec le

plexus cervical transverse, le lambeau perforant supra-claviculaire permet des

réinnervations sensitives.

Ses indications en reconstruction cervico-faciale ont été développées dans le

mémoire de thèse de Burin des Roziers(54). Le lambeau supra-claviculaire

pédiculé est particulièrement indiqué en première intention pour les

reconstructions de pharyngo-laryngectomies partielles. Il permet également la

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96

couverture des pertes de substance cutanées cervicales et mentonnières,

éventuellement après un premier temps d’expansion cutanée.

2 .6 .5 LAMBEAU PERFORANT DE LATISSIMUS DORSI

La première description du lambeau perforant de latissimus dorsi (L.D.A.P)

revient à Angrigiani en 1995(55). Sa vascularisation est basée sur une ou

plusieurs perforantes de l’artère thoraco-dorsale. La terminologie utilisée dans la

littérature pour le décrire est très variable : « latissimus dorsi musculo-cutaneous

flap without muscle »(55), « latissimus dorsi perforator based fasciocutaneous

flap »(56), « latissimus dorsi perforator flap »(57), « latissimus dorsi perforator

based free flap »(58), « the perforating vessels of the thoracodorsal artery

flap »(59), « thoraco-dorsal artery perforator flap »(41), etc. Sur les bases de la

nomenclature établie par Kim(21) en 2005, on retiendra les dénominations de

« latissimus dorsi perforator flap » (ou L.D.P.) lorsqu’il est vascularisé par une

perforante musculaire, et de « thoraco-dorsal perforator flap » (ou T.D.P) s’il est

basé sur une perforante septo-cutanée.

Schéma 2-17 : Lambeaux perforants de latissimus dorsi selon Kim(24)

Plusieurs lambeaux cutanés de la région thoracique latérale ont été décrits

avant cette date(60-62) : les lambeaux cutanés thoraco-dorsal, thoracique

Page 98: THESE LEYMARIE - 0623516038

97

latéral ou axillaire sont issus des pédicules thoraciques latéraux ou de la branche

cutanée directe du pédicule thoraco-dorsal. Mais les variations anatomiques

fréquentes de calibre et de position de ces vaisseaux rendent ces lambeaux

cutanés peu fiables. La vascularisation du lambeau perforant de latissimus dorsi

est assurée de manière constante par les perforantes indirectes musculaires des

branches latérale (descendante) ou médiale (horizontale) du pédicule thoraco-

dorsal. La palette cutanée peut être large et déborder du bord antérieur du

muscle, sans que la ou les perforantes ne soient nécessairement centrées sur la

palette. La fermeture directe du site donneur est réalisable pour des palettes

cutanées de 8 cm de large et 20 cm de long(58), mais on peut prélever de

manière fiable des palettes étendues jusqu’à 15 x 25 cm(55, 57).

Contrairement à la région péri-ombilicale, à la cuisse ou la fesse, la région

thoracique latérale présente une graisse sous-cutanée peu développée et permet

le prélèvement de palettes cutanées fines et malléables, adaptées aux

couvertures des pertes de substance des membres ou de la face. Les indications

du lambeau perforant de latissimus dorsi pédiculé ont été récemment étendues à

la reconstruction mammaire(40, 63). La technique de microdissection

de Kimura(42, 43) et Kim(44, 46, 58) rend possible la réalisation de lambeaux

de moins de 2 centimètres d’épaisseur. Son long pédicule mesure 20 centimètres

en moyenne jusqu’aux vaisseaux axillaires : il assure un arc de rotation

important si le lambeau est prélevé en ilôt, et il permet des anastomoses à

distance du site reconstruit en cas de transfert libre. Sa vascularisation issue du

pédicule subscapulaire rend possible de multiples lambeaux chimériques :

musculo-cutanés, ostéo-musculo-cutanés ou ostéo-cutanés (grand dorsal,

serratus antérieur, bord externe ou angle de la scapula).

Page 99: THESE LEYMARIE - 0623516038

98

Le prélèvement d’une palette cutanée sur les perforantes préserve le latissimus

dorsi et son innervation. Comme tous les lambeaux perforants, les séquelles du

site donneur sont limitées. Hamdi et al.(64) a étudié le retentissement

fonctionnel de 22 reconstructions mammaires partielles par lambeau perforant de

latissimus dorsi, à plus d’un an du geste chirurgical. En comparaison avec

l’épaule controlatérale, il n’existe pas de diminution significative de la force

musculaire (test en adduction contrariée à 45° de rétrospulsion) et l’épaisseur du

muscle est identique. La mobilité de l’épaule est globalement conservée.

Il montre une diminution de mobilité active et passive en antépulsion, et passive

en abduction, mais sans pouvoir l’attribuer au prélèvement du lambeau ou à la

chirurgie mammaire. La conservation du corps musculaire évite la création d’un

espace mort et respecte des plans de glissement physiologiques, ce qui diminue

les risques de séromes. La morbidité du site de prélèvement des lambeaux

musculo-cutanés de latissimus dorsi est souvent sous-évaluée. Selon plusieurs

études, les taux de survenue de séromes après lambeau musculo-cutané sont

évalués entre 60 et 80 %(65, 66). Les patients présentent dans 40 % des cas

une limitation de leurs activités quotidiennes(67), et pour 30 à 50 % d’entre eux

des dorsalgies(68).

Par rapport aux autres lambeaux perforants classiques, le nombre de

perforantes disponibles pour la palette est moins important et les variations

anatomiques sont plus grandes. La faible épaisseur de graisse sous-cutanée rend

difficile la distinction au doppler pulsé entre les perforantes et les vaisseaux

axiaux. La dissection intramusculaire est réputée longue et difficile :

les vaisseaux perforants sont de petit calibre et en rapports étroits avec les nerfs

et les branches du pédicule thoraco-dorsal. De plus, le drainage veineux de la

palette est parfois insuffisant.

Page 100: THESE LEYMARIE - 0623516038

99

3 LAMBEAU CHIMERIQUE PERFORANT SCAPULO-DORSAL

3.1 PRINCIPES

Le lambeau chimérique perforant scapulo-dorsal associe deux composantes

indépendantes et dans l’espace et par leur vascularisation, mais avec un même

pédicule subcapulaire d’origine. La palette cutanée est basée sur les perforantes

musculo-cutanées du latissimus dorsi. L’angle de la scapula est vascularisé par

l’artère angulaire, branche secondaire de l’artère thoraco-dorsale ou du dentelé.

Les lambeaux chimériques issus du pédicule subscapulaire décrits dans la

littérature sont nombreux. La plupart de ces lambeaux sont ostéo-musculo-

cutanés, avec une palette musculo-cutanée de latissimus dorsi et une portion de

la scapula (angle ou bord externe). La vascularisation du bord externe de la

scapula est assurée par les vaisseaux circonflexes, et celle de l’angle de la

scapula par l’artère angulaire. Parmi les lambeaux ostéo-cutanés, l’association

d’une palette scapulaire ou para-scapulaire et du bord externe de la scapula

vascularisée par les vaisseaux circonflexes est la combinaison la plus fréquente.

Le lambeau scapulo-dorsal utilisé à l’I.G.R. dans le cadre des reconstructions

du maxillaire associe habituellement une palette musculo-cutanée de latissimus

dorsi et l’angle de la scapula. Les limites de ce lambeau ont été développées

dans le chapitre 1.5 (page 55). Elles sont principalement liées à la composante

musculaire du lambeau. On retient en particulier un volume excessif de la palette

musculo-cutanée chez les patients en surpoids, musclés ou en cas perte de

substance limitée du maxillaire, une instabilité de volume par résorption

musculaire lors de la radiothérapie et une morbidité du site donneur non

négligeable. La levée d’une palette cutanée scapulaire ou para-scapulaire

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100

associée avec l’angle de la scapula est réalisable, mais elle impose un

prélèvement en décubitus latéral et deux temps opératoires. Cet allongement

significatif du temps opératoire entraîne un risque accru de complications pour

des patients fragiles, associant plusieurs facteurs de co-morbidité, qui ne nous

paraît pas raisonnable.

L’expérience acquise à l’I.G.R. dans les lambeaux perforants nous a permis de

développer un nouveau type de lambeau chimérique perforant ostéo-cutané :

le « lambeau perforant de latissimus dorsi et d’angle de la scapula »

(L.D.P.-S.A.). Douze patients de l’I.G.R. ont bénéficié de cette technique pour

des reconstructions du maxillaire. Le prélèvement de la palette cutanée préserve

le muscle et son innervation, permettant ainsi de limiter les séquelles dorsales et

de simplifier les suites opératoires. Le volume apporté par la palette cutané reste

stable malgré la radiothérapie et suffit au comblement des défects partiels du

maxillaire.

Ce lambeau perforant scapulo-dorsal n’a été décrit que pour trois cas cliniques

dans la littérature. Bidros et al.(1) est le premier auteur à présenter en 2005

deux cas cliniques de reconstruction de la voûte palatine par un « thoraco-dorsal

artery perforator – scapular osteocutaneous flap » (T.D.A.P - S.O.C).

En 2006, Momeni et al.(2) réalise le même lambeau pour couvrir une perte de

substance traumatique de la cheville. Dans toutes les autres publications de

lambeaux perforants scapulo-dorsaux, la composante osseuse correspond au

bord externe de la scapula et est vascularisée par les vaisseaux circonflexes.

Page 102: THESE LEYMARIE - 0623516038

101

3.2 BASES ANATOMIQUES

3 .2 .1 LE PEDICULE SCAPULAIRE INFERIEUR

La vascularisation des lambeaux scapulo-dorsaux repose sur le pédicule sub-

scapulaire. Il bifurque en un pédicule circonflexe scapulaire et un pédicule

thoraco-dorsal. La longueur moyenne du pédicule du lambeau thoraco-dorsal est

de 20 cm (entre 16 et 23 cm)(69)

Le pédicule circonflexe scapulaire chemine au bord externe et proximal de la

scapula qu’il vascularise par un réseau complexe de branches périostées et

médullaires. La branche descendante du pédicule circonflexe scapulaire traverse

le triangle omo-tricipital et se divise en deux branches cutanées : l’artère

scapulaire horizontale et l’artère para-scapulaire verticale.

Le pédicule thoraco-dorsal donne une branche thoracique à destination du

muscle serratus anterior, une branche angulaire destinée au bord inféro-externe

et à l’angle de la scapula, et une branche terminale destinée au latissimus dorsi.

3 .2 .2 LA VASCULARISATION DE LA PALETTE CUTANEE

La vascularisation de la palette cutanée du lambeau perforant scapulo-dorsal

repose sur les perforantes musculo-cutanées ou septo-cutanées du latissimus

dorsi. Dans quelques cas, elle peut être assurée par une branche cutanée

directe, issue du pédicule thorco-dorsal.

3.2.2.1 LES PERFORANTES MUSCULO-CUTANEES

Plusieurs études anatomiques(55, 69-73) ont précisé la topographie des

perforantes musculo-cutanées du L.D.A.P. Le repérage des perforantes par

visualisation directe per-opératoire ou par doppler préopératoire, est guidé par

Page 103: THESE LEYMARIE - 0623516038

102

ces bases anatomiques et va déterminer la position et l’orientation de la palette

cutanée.

Angrigiani(55) décrit le L.D.A.P en 1995 après 40 dissections de cadavres.

D’après ses travaux, la branche latérale du pédicule thoraco-dorsal donne

toujours au moins deux perforantes. La première perforante latérale est

dominante et émerge du muscle grand dorsal 8 cm au-dessous du pli axillaire

postérieur, et 2 cm en arrière du bord antérieur du muscle :

ce point d’émergence constitue un premier repère anatomique. La seconde

perforante émerge 2 à 4 cm à distance de la première.

En 2003, Heitmann(69) réalise une étude anatomique sur vingt cadavres.

Il retrouve dans chaque dissection de grand dorsal au moins deux perforantes

musculo-cutanées de plus de 0,5 mm. Leur origine est préférentiellement

la branche latérale du pédicule. Il définit un second repère anatomique :

le hile neurovasculaire du pédicule thoraco-dorsal, point de bifurcation des

branches latérale et médiale du pédicule à la face profonde du muscle, situé 4

cm sous la pointe de la scapula et 2,5 cm en arrière du bord antérieur du grand

dorsal. Les perforantes dominantes, de plus de 0,5 mm de diamètre, sont

principalement issues du pédicule latéral. Leur point d’émergence est toujours à

moins de 8 cm du hile neurovasculaire.

En 2004, Guerra(73) reprend une série clinique de 20 L.D.A.P. Il confirme le

caractère dominant de la première perforante latérale. Elle mesure de

0,5 à 0,6 mm de diamètre, 4 à 6 cm de long et émerge 2 à 4 cm en distal du hile

neurovasculaire de bifurcation du pédicule thoraco-dorsal. Dans 60 % des cas,

une deuxième perforante latérale émerge 2 à 6 cm après la première.

La troisième perforante n’est retrouvée que dans 50 % des cas. Le trajet des

Page 104: THESE LEYMARIE - 0623516038

103

perforantes entre leur émergence du muscle et leur pénétration dans le fascia

superficialis a une direction variable, mais mesure de 4 à 6 cm.

Comme Heitmann, il constate que toutes les perforantes émergent à 8 cm ou

moins de la bifurcation. La distance moyenne entre l’artère et la bifurcation est

de 12 cm, soit une longueur moyenne du pédicule de 20 cm. Guerra décrit un

troisième repère anatomique, constant dans sa série, qui correspond à une ligne

blanche de clivage entre la portion centrale et la portion latérale du grand dorsal.

Cette ligne est un plan de clivage par lequel émergent les perforantes de la

branche latérale du pédicule thoraco-dorsal, le muscle faisant saillie de part et

d’autre. A l’extrémité proximale du muscle, cette ligne est située 2 cm en arrière

du bord antérieur, et descend le long de l’axe du muscle. D’après Guerra,

l’identification du nerf du grand dorsal, qui accompagne le pédicule latéral, peut

faciliter le repérage de cette ligne de clivage en distal.

En 2005, Thomas(70) réalise une étude anatomique sur 15 cadavres.

Il a évalué la taille du territoire vasculaire de l’artère thoraco-dorsale et donc les

dimensions potentielles du L.D.A.P. Le territoire cutané directement vascularisé

par les perforantes de l’artère thoraco-dorsale (« zone primaire ») mesure

18 x 13 cm soit de 234 cm². Le territoire cutané en périphérie (« zone

secondaire ») vascularisé par les perforantes adjacentes à la zone primaire

mesure 345 cm². Selon le concept d’« angiosome » définit par Taylor, deux

territoires vasculaires cutanés adjacents peuvent être prélevés de manière fiable

dans un même lambeau fascio-cutané(74). La réunion de zones primaires et

secondaires définit une « zone potentielle » de 579 cm², qui correspond aux

dimensions théoriques du L.D.A.P. Dans la littérature(55, 57),

la taille maximale de palette du L.D.A.P est de 25 x 15 cm. L’angle mesuré entre

la ligne axillaire médiane et l’axe de la zone potentielle est de 20 degrés.

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104

La première perforante émerge à hauteur de l’angle de la scapula, à 3 cm en

dedans du bord latéral du grand dorsal. La seconde est repérée 2,5 à 4 cm en

distal de la première.

Mun(71) a publié en 2008 une série clinique de 23 L.D.A.P. décrivant la

topographie précise des perforantes issues des branches latérales et médiales

(schéma 3-1, page 101). Il note chaque perforante pulsatile de calibre supérieur

ou égal à 0,5 mm, situées de 5 à 20 cm du pli axillaire postérieur, entre les

bords latéral et médial du grand dorsal. Les perforantes septo-cutanées

antérieures et intercostales sont exclues. Il retrouve en moyenne des perforantes

à 48,5 % latérales (L), 30,3 % médiales (M) et 21 % centrales (C). Pour chaque

lambeau 4,3 perforantes sont isolées en moyenne dont 2,1 perforantes latérales.

Contrairement aux latérales, les perforantes médiales sont inconstantes : elles

sont absentes dans 17,4 % des cas. Les deux principales distributions de

perforantes sont : « 2L / 2M / 2C »le plus souvent, et « 2L / 2M » ensuite.

La perforante latérale proximale (L1) est située en moyenne à 10,1 cm du pli

axillaire postérieur et à 1,6 cm du bord latéral du grand dorsal. La perforante

médiale proximale (M1) est située en moyenne à 11,5 cm du pli axillaire

postérieur et à 1,5 cm du bord médial. Le trajet intramusculaire est de 5,3 cm en

moyenne (de 3,5 à 11 cm), sans différence significative entre les perforantes

latérales et médiales. Il n’existe pas de différence significative de la topographie

des perforantes avec l’âge, bien que le calibre des perforantes soit diminué dans

le groupe de patients de moins de 14 ans.

Page 106: THESE LEYMARIE - 0623516038

105

La revue de la littérature nous montre bien combien les variations anatomiques

rendent difficile le repérage des perforantes musculo-cutanées du L.D.A.P

(tableau 3-1, page 101). Les trois repères anatomiques « historiques » du

L.D.A.P. décrits par Angrigiani(55) (point d’émergence de la perforante latérale

proximale), Heitmann(69) (point de bifurcation des branches latérale et médiale)

et Guerra(73) (ligne latérale de clivage) peuvent aider au repérage des

perforantes latérales. Mais ces repères ne sont pas constants : parmi la dizaine

de L.D.A.P. réalisés par Lin(72), la première perforante latérale n’est retrouvée

autour du premier repère d’Angrigiani que pour 50% des patients et

la bifurcation du pédicule n’est située autour du deuxième point de Heitmann que

dans 20 % des cas.

En pratique, les perforantes latérales sont localisées en per-opératoire à partir

du pli axillaire postérieur et du bord antérieur du latissimus dorsi.

Les perforantes médiales sont localisées à partir du pli axillaire postérieur et de

l’angle de la scapula. L’installation du patient est capitale, car la position de

l’angle de la scapula et les bords du muscle latissimus dorsi varient

considérablement avec la position de l’épaule et du bras. La première perforante

médiale est inconstante (82,6 % des dissections selon Mun(71)), mais

plus fréquente que les perforantes septo-cutanées (55 à 60 %). Le prélèvement

du L.D.A.P doit donc privilégier les premières perforantes latérale et médiale.

La portion médiale du latissimus dorsi est plus épaisse que son bord latéral,

mais le trajet intramusculaire de la perforante médiale est similaire à celui de la

perforante latérale et sa dissection ne présente pas de différence en terme de

difficultés techniques, de temps opératoire, ou pour préserver les branches

nerveuses(71).

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106

A noter que ces études cliniques ou sur cadavres ont toujours été réalisées sur

des patients en décubitus latéral, bras libre ou à 90° d’abduction.

Cette installation est décrite par tous les auteurs comme nécessaire au

prélèvement du L.D.A.P. Dans notre pratique, le prélèvement du L.D.A.P. est

toujours effectué en décubitus dorsal.

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107

Tableau 3-1 : Etudes anatomiques des perforantes musculo-cutanées du L.D.A.P.*

Nombre D(mm) L1 (%) L2 (%) L3 (%) C (%) M1 (%) M2 (%)

Angrigiani (n=40) 2,5 0,5 100 100 8 - - -

Heitmann (n=20) 3,2 > 0,5 100 65 10 -

Guerra (n=20) - 0,5 85 60 50

Thomas (n=30) 5,5 0,9

Mun (n=23) 4,3 - 100 78,3 26,1 69,6 82,6 47,8

-

-

44

* pourcentage de latissimus dorsi présentant un des types de perforante musculo-cutanée ; (Nombre) nombre moyen de perforantes ; (D) diamètre moyen en millimètres ; (L1) 1ère perforante latérale ; (L2) 2ème perforante latérale ; (L3) 3ème perforante latérale ; (C) perforante de la zone centrale ; (M1) 1ère perforante médiale ; (M2) 2ème perforante médiale.

Schéma 3-1 : Localisation préopératoire des perforantes par angioscanner : étude rétrospective de 25 lambeaux perforants de latissimus dorsi par Mun et al.(27), 56 perforantes repérées sur les 25 angioscanners ; points blancs : perforantes latérales ; points noirs : perforantes médiales ; 92,8 % des perforantes médiales sont situées dans un cercle de 2 cm autour de la pointe de la scapula ; 87,5 % des perforantes latérales sont situées dans un cercle de 5 cm, centré à 2 cm du bord externe du muscle.

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108

3.2.2.2 LES PERFORANTES SEPTO-CUTANEES

Les perforantes septo-cutanées sont situées entre le bord latéral du muscle

grand dorsal et le muscle grand dentelé. Thomas(70) les retrouve dans 60 %

des dissections et leur ratio avec les perforantes musculo-cutanées est de

deux pour trois.

La levée d’un lambeau perforant vascularisé par ces branches septo-cutanées,

« thoraco-dorsal artery perforator flap », permet d’éviter le temps de dissection

intramusculaire et limite donc les risques de lésions nerveuses.

Mais ces perforantes présentent d’importantes variations anatomiques,

leur pédicule est court et leur calibre souvent inférieur aux perforantes musculo-

cutanées. De plus l’interposition des perforantes intercostales, et les adhérences

entre le grand dentelé et le bord antérieur du grand dorsal rendent difficile leur

dissection. Le dessin d’une palette proximale et antérieure incluant

les perforantes septo-cutanées peut déformer le sein. L’utilisation de ces

perforantes septo-cutanées comme pédicule principal du lambeau n’est donc pas

recommandée. Incluses dans la palette d’une perforante latérale, elles peuvent

augmenter la viabilité du lambeau perforant. Si la réalisation d’une deuxième

palette fascio-cutanée est nécessaire, les branches perforantes médiales sont

à privilégier.

3.2.2.3 LES BRANCHES CUTANEES DIRECTES

La région axillaire présente de manière inconstante une ou plusieurs branches

cutanées directes, issues du pédicule scapulaire inférieur ou du pédicule thoraco-

dorsal en amont de sa bifurcation au hile neurovasculaire. Par définition,

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109

cette branche cutanée directe ne traverse pas le latissismus dorsi et est située

au-dessus du septum entre latissimus dorsi et grand dentelé. Elle chemine

le long du bord latéral proximal et vascularise la peau et le tissu sous-cutané

thoracique latéral. En 1976, Baudet(75) a décrit un lambeau axillaire basé sur

cette branche cutanée.

Dans une série de 100 dissections, Rowsell(76) retrouve une branche cutanée

directe dans 81 % des cas. Elle a pour origine le pédicule thoraco-dorsal (58 %),

le pédicule scapulaire inférieur (34 %), ou l’artère axillaire (8 %). Elle est

présente dans 75 % des 30 dissections de Baudet(75), et dans 55 % des 20

dissections d’Heitmann(69).

3.2.3 L ’ANGLE DE LA SCAPULA

La vascularisation de l’angle de la scapula est assurée par une branche

constante du système subscapulaire : l’ « artère angulaire ».

Seneviratne et al.(77) a réalisé une étude anatomique à partir de

81 dissections et retrouve quatre origines à l’artère angulaire (schéma 3.2,

page 110). Elle est issue dans 51 % des cas du pédicule du latissimus dorsi. Elle

a parfois pour origine le pédicule du serratus anterior (25 %), ou la bifurcation

entre le pédicule du latissimus dorsi et le serratus anterior (21 %). Dans 4 % des

cas, l’artère angulaire est une branche du pédicule thoraco-dorsal.

L’artère angulaire chemine entre les muscles teres major et latissimus dorsi,

puis elle donne plusieurs collatérales au serratus anterior et au subscapularis.

L’artère angulaire assure la vascularisation de l’angle de la scapula, du tiers

inférieur de son bord externe, et des 6 centimètres distaux de son bord interne.

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110

Schéma 3-2 : Origines de l’artère angulaire selon Seneviratne et al.(77) ; artère angulaire en rouge et territoire de vascularisation de la scapula en jaune ; (CX) pédicule circonflexe scapulaire ; (SA) pédicule du serratus anterior ; (LD) pédicule du latissimus dorsi.

3.2.4 LES NERFS SENSITIFS INTERCOSTAUX

Les branches latérales des nerfs intercostaux traversent le serratus anterior et

se divisent en deux branches cutanées sensitives antérieure et postérieure.

La branche de division postérieure contourne le bord antérieur du latissimus

dorsi et chemine à sa face superficielle, d’où se détachent les terminaisons

sensitives.

L’inclusion d’un nerf sensitif et la réinnervation de la zone reconstruite est

particulièrement indiquée dans les reconstructions de la cavité buccale, dans les

reconstructions mammaires, et dans celles des extrémités. Lin et al.(78) ont

réalisé en 2009 l’étude anatomique du trajet de ces nerfs intercostaux par

doppler couleur, au cours de 14 lambeaux perforants de latissimus dorsi

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111

resensibilisés. Ils distinguent trois types de branches postérieures sensitives.

Le type A représente 37,5 % des cas : il donne trois ou quatre branches de

divisions terminales à moins de 7 centimètres du bord antérieur du latissimus

dorsi, à proximité des perforantes musculo-cutanées. Le type B est retrouvé

dans la moitié des cas : le nerf se termine au-delà de la région des perforantes,

mais donne deux à trois collatérales sensitives. Dans 12,5 % des cas, le doppler

retrouve une branche postérieure traversant la région cutanée des perforantes

sans donner aucun nerf collatéral significatif. Lin recommande donc l’utilisation

systématique du doppler couleur pour le repérage des perforantes et du trajet

des branches sensitives postérieures.

Schéma 3-3 : Trajet et rapports des branches de division postérieure des nerfs sensitifs intercostaux selon Lin(78) ; (L) latissimus dorsi ; (S) serratus anterior ; (Lc) nerfs intercostal latéral ; (Pd) branche de division postérieure ; (Ad) branche de division antérieure ; (Cn) branches cutanées sensitives ; (T) branche antérieure du pédicule thoraco-dorsal ; (P) perforantes musculo-cutanées ; (D) fascia profond ; (Sc) tissu sous-cutané ; (In) nerf intercostal ; (Ei, Ii, Ic) muscles intercostaux ; (Pl) plèvre.

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112

3.3 TECHNIQUE CHIRURGICALE

La technique chirurgicale classique des lambeaux scapulo-dorsaux a été

modifiée afin de répondre aux impératifs de prélèvement des lambeaux

perforants, précédemment décrits dans le chapitre 2.4.1 (page 78).

3 .3 .1 PREPARATION PRE-OPERATOIRE

Des empreintes des arcades dentaires supérieure et inférieure sont

systématiquement moulées en préopératoire : elles permettent la réalisation

d’un patron et d’un conformateur palatin. Le patron permet de réaliser des

ostéotomies précises de l’angle de la scapula. Le conformateur palatin guide

la cicatrisation endo-buccale. Il assure ainsi un rôle essentiel dans

la conservation et le modelage d’un vestibule supérieur profond, seul garant

d’une réhabilitation dentaire de qualité.

Un conformateur narinaire est également réalisé en préopératoire,

principalement afin d’éviter les synéchies entre la muqueuse de la fosse nasale et

la palette fascio-cutanée. Il limite également les phénomènes de rétraction

cicatricielle des tissus mous qui peuvent altérer le résultat esthétique des

reconstructions, notamment en cas de radiothérapie adjuvante.

Le bilan vasculaire préopératoire se limite à un examen écho-doppler couleur

des vaisseaux cervicaux. Il précise la qualité des vaisseaux receveurs

du lambeau, en évaluant l’existence d’athérosclérose ou d’une sténose

carotidienne significative. Nous ne réalisons pas de façon systématique un bilan

vasculaire du site donneur.

Page 114: THESE LEYMARIE - 0623516038

113

3.3.2 INSTALLATION

L’anesthésie nécessite une intubation orotrachéale. La voie d’abord artérielle

est posée du côté controlatéral au prélèvement du lambeau. Le patient est

installé en décubitus dorsal, avec une table à bras. Un premier billot longitudinal

est positionné sous les apophyses épineuses, et un second transversal sous

les épaules. On place dans le même champ opératoire la tête du patient, le

thorax, et le membre supérieur homolatéral au lambeau à 90° d’abduction, bras

libre. Le membre supérieur controlatéral est laissé le long du corps. Le patient

est sondé et réchauffé par une couverture chauffante.

L’exérèse carcinologique et le prélèvement du lambeau perforant scapulo-

dorsal sont réalisés dans le même temps opératoire en deux équipes

chirurgicales.

Le lambeau est toujours prélevé du côté controlatéral à la lésion cancéreuse.

La répartition spatiale des deux équipes d’exérèse carcinologique et de

reconstruction est ainsi facilitée. En cas d’échec du lambeau libre controlatéral,

l’utilisation d’un lambeau de grand dorsal pédiculé homolatéral est possible.

Enfin la concavité de l’omoplate controlatérale est plus adaptée à la

reconstruction de la voûte palatine.

Le dessin de la palette cutanée est préétabli : on trace une palette

longitudinale de 6 à 7 cm de long sur 4 à 6 cm de large, située 1 cm en avant du

bord antérieur du muscle grand dorsal palpé. On peut ainsi prélever un nombre

maximal de perforantes musculo-cutanées issues de la branche de division

antérieure du pédicule du muscle grand dorsal. La pointe distale de la palette

présente à son bord postérieur une courte portion à concavité postérieure qui

sera suturée à la valve narinaire.

Page 115: THESE LEYMARIE - 0623516038

114

3.3.3 PROTOCOLE D’ANESTHESIE

3.3.3.1 ANTICOAGULATION

L’anticoagulation est débutée en période per-opératoire, dix minutes avant le

clampage, par de l’énoxaparine (LOVENOX®) à la dose de 30 UI/kg en

intraveineux (ou daltéparine sodique - FRAGMINE® 35 UI/kg).

Lors des 24 premières heures post-opératoires, cette héparine de bas poids

moléculaire est poursuivie par voie sous-cutanée, à la dose de 30 UI/kg deux fois

par jour ; la première injection étant réalisée 12 heures après l’injection per-

opératoire. A partir du deuxième jour, et jusqu’au quinzième jour postopératoire,

l’énoxaparine est poursuivie à la dose de 60 UI/kg une fois par jour. En cas de

contre-indication aux héparines de bas poids moléculaire (troubles de

l’hémostase, thrombopénie ou insuffisance rénale), l’héparine non fractionnée

sera utilisée par voie intraveineuse.

3.3.3.2 ANTIBIOTHERAPIE

En reconstruction cervico-faciale, l’antibioprophylaxie repose sur l’association

d’amoxicilline et d’acide clavulanique (AUGMENTIN®). Elle est habituellement

arrêtée au deuxième jour postopératoire. En cas d’allergie, clindamycine

(DALACINE®) et gentamicine (GENTALLINE®) sont associées.

3.3.3.3 REMPLISSAGE

Le remplissage vasculaire est adapté à la chirurgie, en fixant pour objectifs une

variation de la pression artérielle moyenne inférieure à 30 % de la pression de

base, et une hémoglobinémie supérieure à 10 g/dl.

Page 116: THESE LEYMARIE - 0623516038

115

3.3.4 TEMPS D’EXERESE CARCINOLOGIQUE

Le premier temps chirurgical est celui de la trachéotomie.

L’exérèse carcinologique est ensuite réalisée par une voie d’abord labiale et

para-latéro-nasale dite de « Weber-Ferguson », parfois étendue en sous-ciliaire.

L’incision labiale suit la crête philtrale, permettant de respecter les sous-unités

esthétiques de la face. L’analyse extemporanée des berges muqueuses de la

pièce opératoire est systématique. L’évidement cervical radical modifié est

réalisé en cas de carcinome épidermoïde.

3 .3 .5 TEMPS DE PRELEVEMENT DU LAMBEAU

La technique de prélèvement décrite classiquement dans la littérature

recommande une position en décubitus latéral. Dans notre pratique, le repérage

des vaisseaux perforants et la levée du lambeau a toujours pu être réalisée en

décubitus dorsal en positionnant un billot sous les apophyses épineuses.

Le décubitus dorsal permet de raccourcir considérablement la durée opératoire :

les temps d’exérèse carcinologique et de prélèvement de lambeau étant réalisés

simultanément en deux équipes.

3.3.5.1 PALETTE FASCIO-CUTANEE

L’incision débute au bord antérieur de la palette cutanée et se prolonge en

ligne brisée au creux axillaire. On réalise une dissection première du creux

axillaire permettant le repérage du pédicule scapulaire inférieur qui est libéré de

proximal en distal. Les branches cutanées directes du pédicule (type A selon

Nakajima), le pédicule du muscle grand dentelé, et le pédicule destiné à l’angle

de la scapula peuvent ainsi être progressivement repérés et préservés lors de la

dissection.

Page 117: THESE LEYMARIE - 0623516038

116

Le plan de dissection de la palette fascio-cutanée passe sous le fascia profond.

Les branches perforantes musculo-cutanées du grand dorsal (type D selon

Nakajima) sont repérées à la face superficielle du muscle puis à sa face

profonde. Les perforantes pulsatiles, de plus de 0,5 mm de diamètre sont

conservées. Les perforantes sont ensuite libérées de distal en proximal, vers leur

pédicule, selon une technique de dissection intramusculaire dite de « tunneling ».

Le nerf du muscle grand dorsal est toujours conservé. Dans un cas parmi les

douze prélèvements de L.D.P–S.A, le nerf cheminait entre deux perforantes et

il a fallu sacrifier une des perforantes du lambeau pour préserver le nerf.

Les bords postérieurs et inférieurs de la palette sont ensuite incisés et la palette

fascio-cutanée est mobilisée.

Après avoir levé la palette et avant la section du pédicule, on amincit parfois le

lambeau par un dégraissage « à la demande ». La graisse sous le fascia

superficialis est retirée aux ciseaux, de la périphérie vers la ou les perforantes,

en conservant une collerette de fascia profond d’un centimètre de rayon autour

du pédicule et 5 mm de tissu graisseux sous-cutané. La vascularisation de la

palette est contrôlée tout au long du dégraissage.

3.3.5.2 ANGLE DE LA SCAPULA

Le pédicule de l’angle de la scapula(77), issu le plus souvent du pédicule du

grand dentelé et parfois du pédicule thoraco-dorsal, est soigneusement isolé.

L’angle de l’omoplate est libéré des insertions musculaires du grand dentelé et

du grand dorsal en distal, du grand rond en latéral, et du subscapulaire en avant,

tout en conservant une « atmosphère » musculaire autour de l’os. Il est ensuite

prélevé à la scie oscillante par des ostéotomies proximales et médianes suivant

le patron établi en préopératoire. Il est important de préserver un centimètre de

Page 118: THESE LEYMARIE - 0623516038

117

débord musculaire par rapport aux plans de coupe osseuse proximal et médial.

Le muscle sera suturé aux berges muqueuses palatines solidement et sans

tension. Lors de nos premiers cas de reconstruction de la voûte palatine par

angle de la scapula, cet artifice n’était pas réalisé et des désunions

postopératoires sont survenues, à l’origine de communications bucco-nasales.

L’angle de la scapula est préparé sur le site de prélèvement du lambeau.

On vérifie sa taille par rapport au patron et à la pièce de résection. Deux plaques

d’ostéosynthèse de quatre trous non décalées sont fixées au bord médian du

fragment osseux et chantournées selon la courbure de la voute palatine.

3 .3 .6 TEMPS DE RECONSTRUCTION

La palette fascio-cutanée est positionnée de sorte que sa face cutanée recrée

d’arrière en avant, de la base du crâne jusqu’à la valve narinaire externe :

la paroi latérale du cavum, la cloison sinuso-nasale et la face latérale de la

muqueuse du vestibule. Le pannicule fascio-adipeux comble la perte de

substance médio-faciale de la cavité sinusale. La palette fascio-cutanée est

suturée avant de réaliser les microanastomoses vasculaires afin de limiter les

tractions éventuelles sur ses branches perforantes.

L’angle de la scapula recrée le palais osseux et son bord externe forme le pilier

ptérygo-maxillaire (PM) : le bord interne de l’ostéotomie est fixé sur la ligne

médiane au maxillaire controlatéral par les deux plaques d’ostéosynthèse.

La face concave de l’angle de la scapula recrée la voûte palatine. Le pédicule

angulaire qui longe le bord externe de l’angle est donc exposé en endo-buccal

au contact de la salive et des dents de l’hémi-arcade inférieure.

Page 119: THESE LEYMARIE - 0623516038

118

Lors du positionnement des palettes, on vérifie l’absence de « twist » du

pédicule ou de ses branches.

La profondeur du vestibule est systématiquement conservée, car elle

conditionne la réhabilitation prothétique ultérieure. Deux cas de figures se

présentent. La configuration la plus satisfaisante est celle où l’extension tumorale

a permis de préserver la muqueuse alvéolaire du vestibule. Dans ce cas, le fond

du cul de sac vestibulaire est suspendu par des points sous-muqueux s’appuyant

au versant supérieur du rebord antérieur et externe de l’angle de la scapula.

Le passage des points s’applique à respecter le pédicule angulaire de l’omoplate.

Dans les cas moins favorables, mais plus fréquents, où la tumeur a envahi le

vestibule ou lorsqu’une biopsie par voie de Rouge-Denker a été réalisée,

la muqueuse du cul de sac vestibulaire doit être emportée avec l’exérèse.

Dans ces cas, le bord libre de muqueuse vestibulaire versant labial est suturé au

muscle cruenté du bord libre de la scapula au même niveau que précédemment

pour conserver la profondeur vestibulaire et le bord libre de l’ange de la scapula

est laissé en cicatrisation dirigée. Le conformateur vestibulaire préétabli pour

guider la cicatrisation postopératoire est essentiel et doit être régulièrement

réadapté jusqu’à ré-épithélialisation complète.

Le passage du pédicule du lambeau en région cervicale se fait à travers

le muscle ptérygoïdien médial. Le ventre postérieur du digastrique et le stylo-

hyoïdien doivent être sectionnés.

La microchirurgie est réalisée à l’aide de loupes binoculaires. L’artère et

la veine du lambeau sont anastomosées en termino-terminal aux vaisseaux

cervicaux au Nylon 9.0.

Page 120: THESE LEYMARIE - 0623516038

119

Le conformateur palatin est appliqué sur le néo-palais et le vestibule :

il protège ainsi le pédicule angulaire de la salive et des dents de l’hémi-arcade

inférieure, et va définir la profondeur du cul de sac vestibulaire en guidant la

cicatrisation dirigée endo-buccale. Un conformateur narinaire est mis en place en

fin d’intervention, il est conservé pendant toute la durée de la radiothérapie.

3 .3 .7 GESTES ASSOCIES

Dans les cas d’exérèse carcinologique large, emportant les piliers zygomatico-

maxillaire (ZM) et/ou fronto-maxillaire (FM), on réalise un prélèvement de

greffon cartilagineux aux dépens des 7ème, 8ème et 9ème cartilages costaux.

Les fragments cartilagineux sont fixés par des points transosseux aux fils

résorbables. Ils sont isolés des fosses nasales par la palette fascio-cutanée.

Le plancher orbitaire est reconstitué par un filet résorbable de Polyglactin 910

(VICRYL). Le bord inférieur du muscle orbiculaire de la paupière inférieure (arcus

marginalis) est amarré à ce néo-rebord orbitaire inférieur. On réalise également

un point de suspension canthale externe. Les risques de lagophtalmie ou

d’ectropion sont ainsi limités.

3 .3 .8 SUITES OPERATOIRES

Des soins locaux sont réalisés quotidiennement. Au niveau nasal :

le conformateur est mobilisé pour permettre des irrigations au sérum

physiologique et le contrôle de la bonne vitalité de la palette fascio-cutanée.

Au niveau palatin, la cicatrisation dirigée du muscle entourant l’angle de

la scapula est guidée par le conformateur palatin. En cas d’hyper-

bourgeonnement, on interpose, entre le conformateur et le muscle, une feuille de

tulle gras couverte de dermocorticoïdes locaux.

Page 121: THESE LEYMARIE - 0623516038

120

La reprise des apports hydriques par voie orale est débutée au 10ème jour

postopératoire. L’alimentation orale est reprise dans la 2ème semaine

postopératoire, elle est d’abord liquide puis mixée.

L’ablation de la canule de trachéotomie est réalisée si possible au 5ème jour

postopératoire.

Une dizaine de séances de kinésithérapie permet une rééducation complète de

l’épaule et du membre supérieur homolatéral au lambeau. La rééducation de

l’ouverture buccale, de manière précoce et prolongée (6 mois minimum) est

essentielle car la limitation de l’ouverture buccale secondaire à la cicatrisation

des muscles masticateurs est systématique.

Page 122: THESE LEYMARIE - 0623516038

121

3.4 AVANTAGES

Le lambeau perforant scapulo-dorsal présente de nombreux avantages qui sont

résumés dans ce chapitre.

La palette cutanée est souple, malléable et versatile. Elle peut mesurer jusqu’à

8 x 20 centimètres et être prélevée avec toute l’épaisseur de la graisse sous-

cutanée. La palette peut également être réduite à 3 x 4 centimètres et affinée

par un dégraissage per-opératoire. La région thoracique est généralement

glabre, et son élasticité permet une fermeture directe de la zone donneuse.

La cicatrice dorsale est peu visible : elle est en partie masquée par le bras ou les

sous-vêtements. Le prélèvement concomitant de la branche de division

postérieure d’un nerf intercostal sensitif rend possible la resensibilisation de

la palette cutanée.

L’angle de la scapula, vascularisé par le pédicule angulaire, est un apport

osseux de qualité. L’ostéo-intégration est bonne et résiste à la radiothérapie.

Le pédicule subscapulaire mesure jusqu’à 23 centimètres et permet ainsi des

anastomoses vasculaires à distance du site reconstruit ou de la zone irradiée.

Le prélèvement de la palette cutanée, réalisé selon la technique des lambeaux

perforants, préserve le latissimus dorsi et son innervation.

Les séquelles fonctionnelles du site donneur sont limitées : la force musculaire

est conservée et la mobilité de l’épaule est préservée. La conservation du corps

musculaire évite la création d’un espace mort et permet le respect des plans de

glissement physiologiques : les risques de séromes sont réduits.

Le prélèvement du lambeau est réalisé en décubitus dorsal, du côté

controlatéral à la lésion, et donc dans le même temps opératoire que l’exérèse de

Page 123: THESE LEYMARIE - 0623516038

122

la tumeur. Cette réduction de la durée de l’intervention est capitale pour

les patients de carcinologie cervico-faciale qui présentent souvent plusieurs

comorbidités. L’allongement des temps opératoires entraîne un risque accru de

complications pour ces patients fragiles : pertes sanguines accrues,

refroidissement, infection, décompensation cardiaque ou respiratoire, etc.

Dans le cadre des reconstructions du maxillaire, la palette cutanée peut être

adaptée pour combler des pertes de substance de tailles variables.

L’absence de composante musculaire évite les risques de résorption musculaire

lors de la radiothérapie, et assure une stabilité du volume reconstruit.

L’angle de la scapula permet habituellement une réhabilitation dentaire

secondaire par implants.

Page 124: THESE LEYMARIE - 0623516038

123

3.5 INCONVENIENTS

Les limites du lambeau perforant scapulo-dorsal sont principalement liées au

prélèvement de la palette cutanée sur les perforantes musculo-cutanées.

Les variations anatomiques des perforantes du latissimus dorsi sont fréquentes.

Leur repérage doit être guidé par des repères anatomiques précis et ou par un

examen doppler préopératoire. La dissection intramusculaire des perforantes est

réputée longue et difficile(41), en raison de ses nombreuses collatérales

musculaires et de ses rapports étroits avec les branches nerveuses motrices.

La qualité de l’apport ossseux est correcte et autorise la pose d’implants, mais

elle reste bien inférieure à celle des lambeaux de fibula.

3 .6 INDICATIONS

Les principales indications du lambeau perforant de latissimus dorsi et d’angle

de la scapula dans les reconstructions de l’étage moyen de la face sont :

- les maxillectomies partielles limitées à la suprastructure,

- les résections de la voûte palatine de classe II et III selon la classification

de Kolb,

- les maxillectomies totales chez les patients en surpoids (IMC ≥ 25),

obèses (IMC ≥ 30) ou musclés, pour lesquels une palette musculo-cutanée

apporterait un volume excessif.

Page 125: THESE LEYMARIE - 0623516038

124

4 ETUDE RETROSPECTIVE

4.1 MATERIEL

4.1.1 PATIENTS

Entre 2006 et 2009, 12 patients ont bénéficié à l’I.G.R d’une reconstruction par

lambeau chimérique perforant thoraco-dorsal et d’angle de la scapula.

Pour 5 patients, l’indication de reconstruction a été posée après résection du

maxillaire limitée à l’infrastructure, et pour 7 patients après maxillectomie totale.

4.1.1.1 CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES

Parmi les 12 patients traités, on note 7 femmes (58 %) et 5 hommes (42 %).

L’âge moyen de prise en charge était de 54 ans pour les hommes et 31 pour les

femmes, avec une médiane à 44 et des extrêmes situés entre 16 et 70 ans.

L’indice de masse corporelle (IMC) moyen de ces patients était de 24,

des extrêmes entre 16 et 35. On peut donc considérer que 42 % des patients

présentaient un surpoids (IMC ≥ 25) et 17 % étaient obèses (IMC ≥ 30).

La fin du traitement a été définie par l’achèvement du protocole thérapeutique

décidé lors de la réunion de concertation pluri-disciplinaire. Chez les patients

traités par chirurgie seule, ceci correspond à la date de l’intervention. Dans le cas

d’un traitement adjuvant post-chirurgical, la date de la fin de ces séances

marque la fin du traitement. Le recul moyen était de 17 mois, avec une médiane

à 18 mois et des extrêmes entre 1 et 32 mois.

Parmi les comorbidités associées, on note pour 3 patients un tabagisme actif

au moment de la chirurgie, et un cas d’alcoolisme. Cinq patients avaient été

Page 126: THESE LEYMARIE - 0623516038

125

traités par chimiothérapie néo-adjuvante, et un par radiothérapie néo-adjuvante.

Aucun patient ne présentait de facteur de risque cardio-vasculaire majeur.

Tableau 4-1 : Caractéristiques démographiques.

RT CT

1 F 31 27 Oui - - -

2 H 44 35 - - - -

3 F 17 21 - - - Oui

4 F 30 19 Oui - - -

5 F 19 25 Oui - - -

6 F 48 16 - - - -

7 H 70 26 - - - Oui

8 F 16 23 - - - Oui

9 F 55 19 - - - -

10 H 54 27 - - - Oui

11 H 39 19 - - Oui Oui

12 H 65 31 - Oui - -

Cas Sexe

Traitements

néo-adjuvantsAlcoolTabac IMCAge

4.1.1.2 CARACTERISTIQUES CARCINOLOGIQUES

Six types histologiques de tumeur du maxillaire ont été traités :

- carcinome épidermoïde : 4 cas, classés T4a N0 M0 (selon la nomenclature

T.N.M. de l’union internationale contre le cancer).

- carcinome adénoïde kystique : 3 cas, classés T4a N0 M0.

Page 127: THESE LEYMARIE - 0623516038

126

- ostéosarcome : 2 cas (dont un cas d’ostéosarcome radio-induit, trente ans

après le traitement d’un sarcome embryonnaire de la fosse ptérygo-

maxillaire).

- fibrosarcome de bas grade : 1 cas.

- carcinome sarcomatoïde : 1 cas.

- fibrome ostéo-cémentifiant : 1 cas.

Tous les patients étaient indemnes de localisation métastatique à distance lors

de la chirurgie.

Une chimiothérapie néo-adjuvante a été réalisée pour tous les patients atteints

d’ostéosarcome, et pour tous les carcinomes épidermoïdes sauf un.

Le seul patient ayant été traité par radiothérapie en préopératoire était atteint

d’un ostéosarcome radio-induit.

4 .1 .2 PRISE EN CHARGE CHIRURGICALE

Pour tous les patients de la série, les temps d’exérèse carcinologiques et de

reconstruction ont été réalisés par deux opérateurs distincts mais toujours dans

le même temps opératoire. Le patron palatin ainsi que les conformateurs

narinaire et palatin ont été moulés lors de la consultation préopératoire.

Tous les patients ont bénéficié d’un examen echo-doppler cervical afin de

contrôler la bonne qualité des vaisseaux receveurs.

4.1.2.1 EXERESE CARCINOLOGIQUE

L’hémimaxillectomie est réalisée par différentes voies d’abord : voie classique

labiale et para-latéro-nasale parfois étendue en sous-ciliaire, voie de « maxillar

swing ». L’analyse extemporanée des berges muqueuses de la pièce opératoire

Page 128: THESE LEYMARIE - 0623516038

127

est systématique. L’évidement cervical homolatéral, de type radical modifié,

est réalisé en cas de carcinome épidermoïde.

4.1.2.2 RECONSTRUCTION DU MAXILLAIRE

Les reconstructions du maxillaire par lambeau de L.D.P–S.A ont été réalisées

à l’I.G.R par le même opérateur, selon la technique opératoire précédemment

décrite.

Page 129: THESE LEYMARIE - 0623516038

128

4.2 METHODE

4.2.1 RECUEIL DES DONNEES

Tous les patients ayant bénéficié d’une reconstruction du maxillaire par de

L.D.P-S.A ont été inclus dans cette étude rétrospective.

Les données relatives au geste chirurgical, aux suites opératoires, au suivi

carcinologique ont été recueillies pour tous les patients. Pour 5 patients

parmi 12, une évaluation des résultats de la reconstruction a été réalisée :

elle a associé une étude fonctionnelle et cosmétique, ainsi qu’une étude de la

qualité de vie.

4.2.1.1 PRISE EN CHARGE CHIRURGICALE

4.2.1.1.1 EXERESE CARCINOLOGIQUE

Le type de d’exérèse du maxillaire a été précisé (maxillectomie totale ou

maxillectomie limitée à l’infrastructure), ainsi que les éventuels curages

cervicaux.

La perte de substance a été détaillée selon les deux classifications établies par

Kolb(4, 5), et précisées dans le premier chapitre de ce mémoire :

- classification des pertes de substance de l’étage moyen,

- classification des types de résection palatine.

Page 130: THESE LEYMARIE - 0623516038

129

4.2.1.1.2 RECONSTRUCTION

4.2.1.1.2.1 PRELEVEMENT DU L.D.P-S.A

Les caractéristiques des 12 lambeaux de L.D.P-S.A ont été détaillées :

- palette cutanée : taille et type de vascularisation (nombre et origine des

perforantes musculo-cutanées ou des branches cutanées directes),

- palette musculo-cutanée : taille et mode de prélèvement (classique

ou préservant le latissimus dorsi en « muscle sparing flap »),

- angle de la scapula : origine du pédicule angulaire,

- préservation du nerf du latissimus dorsi ou non.

- durée opératoire.

4.2.1.1.2.2 GESTES ASSOCIES

Dans les cas d’exérèse large, entraînant la perte de soutien des piliers

zygomatico-maxillaire (étendue ou non au plancher orbitaire) ou ptérygo-

maxillaire, le recours à des greffons cartilagineux costaux ou à un filet de

Polyglactin 910 (VICRYL®) a été précisé.

Page 131: THESE LEYMARIE - 0623516038

130

4.2.1.1.3 SUITES POSTOPERATOIRES

4.2.1.1.3.1 SUITES POSTOPERATOIRES IMMEDIATES

Les complications postopératoires immédiates, survenues lors de

l’hospitalisation, ont été notées :

− complications locales majeures du site de reconstruction, nécessitant une

reprise chirurgicale : nécrose complète de la palette cutanée et/ou de la

portion osseuse, désunion, hémorragie, infection ou fistule salivaire.

− complications locales mineures du site de reconstruction, traitées par des

soins locaux : souffrance partielle de la palette fascio-cutanée, hématome,

infection.

− complications du site donneur : sérome, hématome, infection.

− complications générales : pneumopathie, infarctus, embolie pulmonaire.

La durée d’hospitalisation, la date d’ablation de la trachéotomie et de la reprise

de l’alimentation orale ont été indiquées.

4.2.1.1.3.2 SUITES POSTOPERATOIRES A DISTANCE

Les suites chirurgicales à distance, survenues après le retour à domicile, ont

été précisées :

- complications du site de reconstruction ou du site donneur (fistule

salivaire, cellulite faciale, etc.).

- reprise chirurgicale ou non (motifs de la reprise, type de geste, nombre

d’interventions).

Page 132: THESE LEYMARIE - 0623516038

131

4.2.1.2 SUIVI CARCINOLOGIQUE

Le suivi carcinologique a été relevé pour chaque patient :

- statut du patient : vivant ou décédé, en état de rémission complète ou

récidive locorégionale et/ou à distance, causes du décès.

- traitements adjuvants réalisés : radiothérapie et/ou chimiothérapie.

- recul par rapport à la fin du traitement.

4 .2 .2 ETUDE DES RESULTATS DES RECONSTRUCTIONS

L’évaluation des résultats de la reconstruction a été réalisée par des tests

fonctionnels et une étude de la qualité de vie pour 5 patients parmi 12.

Elle a été répétée à différents délais de la fin du traitement, de manière à

préciser l’évolution de la qualité des reconstructions dans le temps :

- avant l’intervention chirurgicale (test fonctionnel de référence), à 6 mois et

12 mois pour 1 patient.

- 6 mois après la fin du traitement, pour 1 patient.

- 12 mois après la fin du traitement, pour 1 patient.

- 24 mois après la fin du traitement, pour 2 patients.

Parmi les 7 patients non évalués : 1 patient était en cours de radiothérapie, 2

patients étaient en récidive locale ou à distance, 1 patient était décédé, et 3

patients n'ont pas accepté de participer à cette étude.

Page 133: THESE LEYMARIE - 0623516038

132

4.2.2.1 ETUDE OBJECTIVE : TESTS FONCTIONNELS

4.2.2.1.1 FONCTION NASALE ET REHABILITATION PROTHETIQUE

Les séquelles liées à la résection de la voûte palatine ont été évaluées par des

questions spécifiques, portant sur la fonction nasale et sur la qualité d’une

réhabilitation dentaire prothétique, quand elle a pu être réalisée.

- Pour la fonction nasale : importance des croûtes nasales et de la

rhinorrhée, qualité de la ventilation nasale, gêne occasionnée par

les odeurs désagréables des fosses nasales, et existence ou non

d’un reflux nasal.

- En cas de prothèse palatine : gêne ou douleurs liées à la prothèse,

nombre de lavages quotidiens.

Ce questionnaire est détaillé en annexe 15 (page 174).

4.2.2.1.2 TESTS FONCTIONNELS

L’évaluation objective des résultats des reconstructions par L.D.P-S.A a reposé

sur une série de tests fonctionnels spécifiques du massif facial et développés à

l’I.G.R.

Quatre principales fonctions ont été évaluées : la respiration, l’alimentation,

la vision et l’élocution. Chaque organe impliqué dans une ou plusieurs de ces

fonctions, a été testé indépendamment. L’évaluation du résultat esthétique

global a également été réalisée.

Page 134: THESE LEYMARIE - 0623516038

133

Ce test fonctionnel comporte ainsi 9 modules :

- Mandibule = 32 points

- Réhabilitation dentaire et mastication = 34 points

- Labio-jugal = 26 points

- Lingual = 13 points

- Elocution = 26 points

- Déglutition = 19 points

- Oculo-palpébral = 29 points

- Respiration et olfaction = 16 points

- Module esthétique = 35 points

Les questions respectives de chaque module sont disponibles en annexe 16

(page 175).

Le score global a été pondéré sur 100. Le score est d’autant plus élevé que

le résultat fonctionnel de la reconstruction est bon. Un score de 100 correspond à

un patient sans déficit fonctionnel ; et le plus mauvais score, noté à 0,

traduit des séquelles fonctionnelles majeures.

Cette cotation est en cours de validation par une étude réalisée à l’I.G.R,

dans le cadre d’un programme de soutien aux techniques innovantes et

couteuses (S.T.I.C.). Chaque série de tests a été réalisée par le même

examinateur et a été filmée.

Page 135: THESE LEYMARIE - 0623516038

134

4.2.2.2 ETUDE SUBJECTIVE : TESTS DE QUALITE DE VIE

L’évaluation de la qualité de vie des patients en carcinologie prend une place

croissante dans notre pratique quotidienne. Elle repose sur des questionnaires

remplis par le patient, et permet une analyse subjective de la vie du patient à

différents stades de sa maladie. Depuis près de dix ans, de nombreux

questionnaires ont été développés. La grande diffusion et la validation

internationale du questionnaire de l’E.O.R.T.C et du P.S.S nous ont amené à

privilégier ces deux tests.

4.2.2.2.1 E.O.R.T.C

Le questionnaire de l’« European Organization for Research and Treatment of

Cancer », combine deux modules distincts : le QLQ-C30 et le QLQ-H&N35.

Ces questionnaires sont détaillés en annexes 17 et 19 (page 181 et 184).

4.2.2.2.1.1 QLQ-C30

Le QLQ-C30 est un questionnaire générique évaluant la qualité de vie globale

des patients atteints de cancer, quelle que soit sa localisation.

Il présente 5 dimensions fonctionnelles : fonctionnement physique, limitation

au travail ou dans les loisirs, vie familiale ou en société, fonctionnement

psychologique et fonctions cognitives ; et 8 échelles de symptômes : fatigue,

nausées & vomissements, douleur, dyspnée, insomnie, anorexie, constipation,

diarrhées ; et un item isolé portant sur les difficultés financières. Le QLQ-C30

comporte ainsi 15 scores, chacun étant calculé comme la somme algébrique des

items qui s’y rapportent et étendu de 0 à 100. Pour le score global de qualité de

vie et les cinq scores fonctionnels, un résultat élévé correspond à une bonne

qualité de vie ou à une vie en bonne santé. Pour les scores de symptômes, un

résultat élevé correspond à un grand nombre de symptômes.

Page 136: THESE LEYMARIE - 0623516038

135

4.2.2.2.1.2 QLQ-H&N35

Le QLQ-H&N35 est un questionnaire spécifique des cancers localisés au niveau

cervico-facial, quel que soit le stade de la maladie ou de la prise en charge.

Il doit être rempli avec le QLQ-C30.

Comme son nom l’indique, il comporte 35 questions regroupées en sept

dimensions : douleur, déglutition, goût et odorat, élocution, alimentation,

relation sociale, et sexualité ; et 11 items individuels.

Comme pour le questionnaire QLQ-C30, ces scores de symptômes sont compris

entre 0 et 100 et des scores élevés indiquent des problèmes importants.

4.2.2.2.2 PSS-HN

L’échelle « Performance Status Head and Neck » est également un

questionnaire spécifique utilisé carcinologie cervico-faciale.

Il présente trois dimensions : alimentation en public, intelligibilité de l’élocution

et restrictions alimentaires. Chaque dimension présente un score de 0 à 100, les

scores les plus faibles témoignant d’une gêne importante. Ce questionnaire est

détaillé en annexe 21 (page 187).

Page 137: THESE LEYMARIE - 0623516038

136

4.3 RESULTATS

4.3.1 EXERESE CARCINOLOGIQUE

Tableau 4-2: Résultats de l’exérèse carcinologique.

Base du

crâneSoutien Couverture Fonctions

Voûte

paltine

1 - PM - NM a, NM c I b

2 - PM, FM - NM a, V2 II a

3 - PM, FM - NM a II a

4 - PM, FM - NM a II a

5 - PM, FM - NM a II a

6 -PM, FM, ZMo

O f, Omw- NM a, V2 I a

7 -PM, FM, ZMz, ZMm, ZMo

Of, Omw- V2, CM, LD II b

8 SB a, SB mPM, FM, ZM z, ZMm, ZMo

Of, Olw, Omw- Nma II a

9 -PM, FM Of, Omw

- NM a, V2 II a

10 -PM, FM, ZMo

Of, Olw- Nma, NM c, M, V2, VIII II a

11 SB mFM, PM, ZMo

O f, O lwCz, Cm

Eli, Els, EllNM a, TC s, TC i, CL II a

12 SB m PM, FM, ZMz, ZMm - NM a, NM c, V2, V3 I b

Classification de Kolb

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Cas

Parmi les douze patients, sept ont été traités par maxillectomie totale et cinq

par maxillectomie partielle limitée à l’infrastructure. Selon la classification de

Kolb détaillée dans le chapitre 1.2 (page 35), les maxillectomies totales

correspondent à l’atteinte des trois piliers principaux de l’étage moyen de la

face : ptérygo-maxillaire (PM), fronto-maxillaire (FM) et zygomatico-maxillaire

(ZM). Les maxillectomies limitées à la suprastructure entrainent la perte du pilier

ptérygo-maxillaire, parfois étendue au pilier fronto-maxillaire.

Page 138: THESE LEYMARIE - 0623516038

137

Les résections de la voûte palatine, décrites dans le chapitre 1.4.5 (page 48),

ont été de deux types : type I en cas d’exérèse en arrière de la canine, et type II

en cas de résection de l’hémi-voûte palatine. Trois patients ont présenté une

atteinte concomitante du voile du palais.

4 .3 .2 RECONSTRUCTION DU MAXILLAIRE

Tableau 4-3 : Résultats de la reconstruction du maxillaire.

Respect du nerf

Angle de la scapula

Taille MCp Origine MCp DC Origine DC Taille OrigineOrigine de l'angulaire

1 7 x 4 1 Ant 1 TD - - Oui TD

2 6 x 4 3 Ant - - - - Oui Trifurcation

3 6 x 5 1 Ant 1 TD - - Oui TD

4 7 x 5 MS II Ant - - - -Branche

PostérieureTD

5 4 x 3 2 Ant - - - - Oui TD

6 6 x 5 MS II Ant - - - -Branche

PostérieureTD

7 6 x 5 MS II Ant - - - -Branche

PostérieureLD

8 5 x 2 - - 1 TD 7 x 5 AntBranche

PostérieureTD

9 7 x 6 - - 3 TD - - Oui LD

10 5 x 5 1 Ant 2 ME + TD - - Oui LD

11 7 x 6 1 Post - - 7 x 6 Ant Oui TD

12 6 x 4 2 Ant - - - - Oui TD

Palette CutanéePalette

Musculo-Cutanée

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Cas

1(MCp) perforante musculo-cutanée ; (DC) branche cutanée directe ; (MS II) technique de « muscle sparing » de type II ; (TD) pédicule thoraco-dorsal ; (LD) pédicule du latissimus dorsi ; (ME) pédicule mammaire externe.

Page 139: THESE LEYMARIE - 0623516038

138

Neuf reconstructions du maxillaire ont été réalisées par un lambeau chimérique

perforant de latissimus dorsi et d’angle de la scapula (L.D.P-S.A).

La palette cutanée mesure en moyenne 6 par 4 centimètres. Dans tous les

prélèvements, des perforantes musculaires ont été isolées. Dans onze cas, les

perforantes avaient pour origine la branche antérieure du pédicule thoraco-

dorsal. Dans trois cas elles ont assuré seules la vascularisation de la palette

cutanée, dans 6 cas elles ont été associées à une ou plusieurs branches cutanées

directes. Le nombre moyen de perforantes prélevées est de 1,6. La branche

cutanée directe a été utilisée dans cinq cas : elle a été incluse dans la palette

cutanée avec la perforante musculaire dans trois cas, et dans deux cas elle a

assuré seule la vascularisation de la palette.

Les cas numéros 8 et 11, correspondant à des maxillectomies totales,

ont associé une palette cutanée prélevée sur une perforante musculo-cutanée de

la branche postérieure du pédicule du latissimus dorsi, et une deuxième palette

musculo-cutanée prélevée sur la branche antérieure du pédicule.

Dans trois cas, le lambeau a été prélevé en préservant le latissimus dorsi selon

la technique dite de « muscle sparing » de type II (inclusion d’une portion

de 5 centimètres de muscle et sacrifice de la branche antérieure du nerf).

En dehors des deux cas où deuxième palette musculo-cutanée a été prélevée,

le nerf du latissimus dorsi a toujours été préservé.

Le pédicule angulaire de la scapula a pour origine le pédicule thoraco-dorsal

(8 cas), le pédicule du latissimus dorsi (3 cas) ou une trifurcation avec les

pédicules du serratus anterior et le latissimus dorsi (1 cas).

Page 140: THESE LEYMARIE - 0623516038

139

Parmi les gestes associées au lambeau scapulo-dorsal, un prélèvement de

greffon de cartilage costal a été réalisé dans cinq cas : il a permis de reconstruire

les piliers fronto ou zygomatico-maxillaire (cas 2 et 8) et de recréer le plancher

orbitaire (cas 7, 10 et 11). Dans les cas 6, 8 et 9, un filet résorbable de

Polyglactin 910 (VICRYL®) a reconstitué le plancher orbitaire.

La durée opératoire moyenne, comprenant le temps de maxillectomie et de

reconstruction, a été de 544 minutes.

4 .3 .3 SUITES OPERATOIRES

Tableau 4-4 : Suites opératoires et complications.

Hospi (jours)

Déca (jours)

SNG (jours)

Reconstruction Site donneur Générales Reconstruction Si te donneur Générales

1 19 7 14 - - - - - -

2 15 8 10 - Sérome Rhabdomyolyse - - -

3 15 5 13 - - - - - -

4 10 3 9 - - - Cellulite faciale -

5 18 6 15 - - - - - -

6 9 3 8 - - - Abcès canthal interne - -

7 24 15 22 - Sérome - - - -

8 26 5 16 - - -Cellulite faciale

Abcès canthal interne- -

9 13 3 14 - - - Abcès palatin - -

10 15 6 ? - Sérome - - Abcès

11 18 7 15 - - - Abcès jugal - -

12 24 7 20 - - ORN mandibule - -

Complications à distance

Cas

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Hospitalisation Complications Immédiates

2(Hospi) durée d’hospitalisation ; (Déca) delai avant la décanulation ; (SNG) délai avant l’ablation de la sonde naso-gastrique ; (ORN) ostéoradionécrose.

Page 141: THESE LEYMARIE - 0623516038

140

La durée moyenne d’hospitalisation était de 17 jours. L’ablation de la canule de

trachéotomie a été possible en moyenne au 6ème jour postopératoire, et la

reprise de l’alimentation orale à l’ablation de la sonde naso-gastrique au 14ème

jour postopératoire.

Aucune nécrose complète ou partielle du lambeau n’a été constatée.

Il n’a été relevé aucune complication immédiate du maxillaire reconstruit. Les

suites opératoires immédiates ont été marquées par la survenue de séromes

dans trois cas, dont un cas a nécessité, après plusieurs ponctions évacuatrices,

une reprise chirurgicale pour surinfection à plus d’un mois postopératoire.

Le cas 2 a présenté une rhabdomyolyse compliquée d’insuffisance rénale

transitoire.

Cinq complications infectieuses sont survenues à distance de l’intervention. Les

patients 4, 6 et 8 avaient été traités par radiothérapie adjuvante. Pour le cas

numéro 8, cette cellulite s’est compliquée d’un abcès canthal interne et a été

drainée chirurgicalement. Les abcès isolés des cas 6, 9 et 11 ont été drainés sous

anesthésie locale.

Le patient 12 a présenté une ostéoradionécrose de la branche horizontale de

la mandibule dix mois après la fin des traitements adjuvants qui a été traitée

chirurgicalement.

Page 142: THESE LEYMARIE - 0623516038

141

4.3.4 SUIVI CARCINOLOGIQUE

Tableau 4-5 : Suivi carcinologique.

Locale à distance

1 X - NC

2 - - X - - - 12

3 X X - X - - 11

4 X - - - X - 18

5 X - X - - - 32

6 X - X - - - 1

7 X X X - - - 4

8 X - X - - - 10

9 - - X - - - 18

10 X - X - - - 23

11 - X - X - X 26

12 X - X - - - 24

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Cas

Traitements adjuvants

RT CT

Recul (Mois)

Patient en cours de radiothérapie

Décès

Statut carcinologique

RémissionRécidive

3(RT) radiothérapie ; (CT) chimiothérapie.

Onze patients ont bénéficié de traitements adjuvants : huit patients ont été

traités par radiothérapie exclusive, trois par chimiothérapie et un par radio-

chimiothérapie. Le recul moyen est de 16 mois : huit patients sont en rémission

complète, deux patients sont en rechute locale ou métastatique, un patient est

décédé de son cancer et un patient est en cours de traitement adjuvant.

Page 143: THESE LEYMARIE - 0623516038

142

4.3.5 EVALUATION OBJECTIVE DES RESULTATS

L’évaluation objective des résultats des reconstructions a été réalisée pour

5 patients parmi 12. Le recul moyen de cette évaluation est de 15,6 mois.

4.3.5.1 FONCTION NASALE ET REHABILITATION PROTHETIQUE

Tableau 4-6 : Evaluation de la fonction nasale et de la réhabilitation prothétique.

CROUTES COULE RESPIR. ODEURS GENE REFLUX PROTHESE GENE DOUL EURS OUBLI NOMBRE DE

LAVAGES

1

2 X X X - - - Oui X - - 2 12

3

4

5

6

7 X - X - X - Oui X X - 2 6

8

9 X - - X - - Oui X - - 3 12

10 X X X - X X Oui X X - 3 24

11

12 X - - - - X Non 24

Max

illec

tom

ie to

tale

Fonction Nasale ProthèseDélai (mois)

Infr

astr

uctu

re

Cas

L’évaluation de la fonction nasale a retrouvé pour tous les patients des dépôts

croûteux des fosses nasales, entraînant une gêne pour deux patients.

Deux patients présentaient une rhinorrhée. Trois patients ont signalé une gêne

de la respiration nasale. Un patient s’est dit gêné par les odeurs malodorantes de

son nez. Deux patients avaient un reflux nasal lors de l’alimentation.

Page 144: THESE LEYMARIE - 0623516038

143

Quatre patients avaient bénéficié d’une réhabilitation dentaire par prothèse.

Tous ces patients ont signalé une gêne liée à la prothèse et aucun ne l’oubliait

dans la journée. Le nombre moyen de lavages de la prothèse était de 3 par jour.

Le patient 2 est le seul à avoir une prothèse implanto-portée.

4.3.5.2 TESTS FONCTIONNELS

Tableau 4-7 : Tests fonctionnels.

Man

dibu

le

Den

ts M

astic

atio

n

Labi

o-ju

gal

Ling

ual

Elo

cutio

n

Dég

lutit

ion

Est

hétiq

ue

Ocu

lo-p

alpé

bral

Res

pira

tion

O

lfact

ion

/ 32 / 34 / 26 / 13 / 26 / 19 / 35 / 29 / 16 / 230 / 100

1 - - - - - - - - - - -

2 24 16 22 13 24 19 33 23 11 185 80

3 - - - - - - - - - - -

4 - - - - - - - - - - -

5 - - - - - - - - - - -

6 - - - - - - - - - - -

7 21 18 26 13 24 18 26 22 8 176 77

8 - - - - - - - - - - -

9 32 21 26 13 24 19 29 11 14 189 82

10 25 18 20 12 24 18 28 16 13 174 76

11 - - - - - - - - - - -

12 24 13 10 13 22 16 27 25 8 158 69

25,2 17,2 20,8 12,8 23,6 18,0 28,6 19,4 10,8 176,4 76,7

TOTAL

Max

illec

tom

ie to

tale

Infr

astr

uctu

re

Cas

Moyenne

Page 145: THESE LEYMARIE - 0623516038

144

Les principales séquelles sont détaillées par module :

- Module « mandibule » : les patients 7 et 10 présentaient une limitation de

l’ouverture buccale à moins de trois centimètres.

- Module « dents – mastication » : les patients avaient perdu deux à trois

blocs dentaires (molaire, prémolaire et incisivo-canin), et mastiquaient sur

le bloc molaire controlatéral.

- Module « labio-jugal » : le patient 12 avait une limitation de sa rétention

buccale évaluée par le « water holding test » à 10 centilitres.

- Module « lingual » : les scores étaient presque tous normaux.

- Module « élocution » : tous les patients présentaient une voix un peu à

modérément nasonnée.

- Module « déglutition » : les patients 7 et 10 présentaient des exclusions

alimentaires (steak), et le patient 12 avait une alimentation moulinée.

- Module « esthétique » : les résultats ont été jugés globalement corrects

avec un score moyen à 28,6.

- Module « oculo-palpébral » : la lagophtalmie était légère (cupulisation de

la paupière inférieure) pour les patients 7 et 12, et franche pour le

patient 10 ; l’épiphora était modéré pour le patient 12, et chronique pour

le patient 2 ; il existait une énophtalmie pour les patients 7 et 10.

- Module « respiration – olfaction » : les patients 2 et 7 présentaient une

obstruction nasale complète ; le patient 10 notait une diminution de son

odorat et le patient 12 une anosmie complète.

Page 146: THESE LEYMARIE - 0623516038

145

4.3.6 EVALUATION SUBJECTIVE DES RESULTATS

4.3.6.1 E.O.R.T.C

4.3.6.1.1 QLQ-C30

Les principes du test de qualité de vie QLQ-C30 ont été développés dans le

chapitre 4.2.2.2 (page 134). Le QLQ-C30 évalue la qualité de vie globale du

patient, cinq fonctions principales, huit symptômes et les difficultés financières

éventuelles, par des scores entre 0 et 100. Une fonction ou un score global élevé

correspond à une bonne qualité de vie et à un patient en bonne santé.

Inversement, un score élevé de symptômes traduit un retentissement important

de la maladie sur la vie du patient.

Les résultats de l’évaluation des patients par le test QLQ-C30 sont précisés

dans le tableau 4-8 (page 146). Les deux fonctions les plus atteintes étaient

l’humeur et les fonctions cognitives. Les principaux symptômes étaient

l’insomnie, l’asthénie et la dyspnée.

4.3.6.1.2 QLQ-H&N35

Les scores du test QLQ-H&N35 sont détaillés dans le tableau 4-9 (page 147).

Ce test évalue dix-huit symptômes spécifiques de la carcinologie cervico-faciale

par des scores entre 0 et 100. Un score élevé traduit un symptôme important

avec un impact majeur sur le patient.

Les deux principaux symptômes étaient la limitation de l’ouverture buccale et

la xérostomie. Par ordre décroissant, on notait ensuite les difficultés liées aux

repas en société, la salive épaisse et les douleurs.

Page 147: THESE LEYMARIE - 0623516038

146

Tableau 4-8 : Test de qualité de vie « QLQ-C30 ».

Phy

siqu

e

Tra

vail

& L

oisi

rs

Hum

eur

Fon

ctio

ns C

ogni

tives

Vie

soc

iale

& F

amill

e

Ast

héni

e

Nau

sées

Vom

isse

men

ts

Dou

leur

Dys

pnée

Inso

mni

e

Ano

rexi

e

Con

stip

atio

n

Dia

rrhé

e

Diff

icul

tés

Fin

anci

ères

1 - - - - - - - - - - - - - - - -

2 83 100 100 75 67 83 0 0 0 0 67 0 0 0 33 12

3 - - - - - - - - - - - - - - - -

4 - - - - - - - - - - - - - - - -

5 - - - - - - - - - - - - - - - -

6 - - - - - - - - - - - - - - - -

7 58 80 100 67 83 83 33 0 17 0 67 67 33 0 33 6

8 - - - - - - - - - - - - - - - -

9 67 93 100 25 50 100 44 0 17 33 67 0 0 0 0 12

10 50 80 50 50 50 67 56 0 33 33 100 0 0 0 0 24

11 - - - - - - - - - - - - - - - -

12 67 73 67 83 67 83 11 0 17 67 33 33 0 0 0 24

65,0 85,2 83,4 60,0 63,4 83,2 28,8 0,0 16,8 26,6 66,8 20,0 6,6 0,0 13,2 15,6

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Moyenne

Symptômes

Délai (Mois)

Fonctions

Score Global

Cas

Page 148: THESE LEYMARIE - 0623516038

147

Tableau 4-9 : Test de qualité de vie « QLQ-H&N35 ».

Dou

leur

Dég

lutit

ion

Tro

uble

s S

ensi

tifs

Tro

uble

s de

la P

arol

e

Rep

as e

n S

ocié

Rel

atio

ns S

ocia

le

Tro

uble

s S

exue

ls

Den

ts

Ouv

ertu

re B

ucca

le

Xér

osto

mie

Sal

ive

Epa

isse

Tou

x

Res

sent

i Mal

adie

Ant

algi

ques

Sup

plém

ents

N

utrit

ionn

els

Son

de G

astr

ique

Per

te P

oids

Pris

e P

oids

DELAI (Mois)

1 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

2 17 0 0 0 0 7 0 0 33 0 0 0 0 0 0 0 0 0 12

3 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

4 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

5 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

6 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

7 25 8 33 22 8 0 33 0 0 67 33 0 0 0 0 0 0 0 6

8 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

9 0 0 0 0 8 47 33 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 12

10 33 0 67 33 25 33 50 67 100 100 67 0 0 100 0 0 0 0 24

11 - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

12 42 42 100 22 100 20 0 33 67 33 33 33 0 0 100 0 0 0 24

23,4 10,0 40,0 15,4 28,2 21,4 23,2 20,0 40,0 40,0 26,6 6,6 0,0 20,0 20,0 0,0 0,0 0,0 15,6

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Moyenne

Cas

Page 149: THESE LEYMARIE - 0623516038

148

4.3.6.2 PSS-H&N

Le test de qualité de vie PSS-H&N est spécifique des patients de carcinologie

cervico-faciale. Il évalue trois dimensions fonctionnelles (manger en public,

intelligibilité de la parole et restrictions alimentaires) dont les scores sont

d’autant plus élevés que le patient est en bonne santé.

Tableau 4-10 : Test de qualité de vie « PSS-H&N ».

Manger en public

Intelligibilité de la parole

Restrictions alimentaires

Score Global

1 - - - -

2 100 100 100 100

3 - - - -

4 - - - -

5 - - - -

6 - - - -

7 100 75 70 82

8 - - - -

9 100 100 100 100

10 75 50 100 75

11 - - - -

12 75 50 100 75

90,0 75,0 94,0 86,3

Infr

astr

uctu

reM

axill

ecto

mie

tota

le

Moyenne

Cas

Page 150: THESE LEYMARIE - 0623516038

149

4.4 DISCUSSION

Les exérèses de l’hémi-voûte palatine (de classe II selon Kolb) sont les

principales indications du lambeau de L.D.P-S.A dans cette étude. Ces classes II

de résection palatine peuvent être limitées au pilier osseux ptérygo-maxillaire

(5 cas de maxillectomies partielles de l’infrastructure dans notre étude),

ou étendues aux deux autres piliers fronto et zygomatico-maxillaire (7 cas de

maxillectomies totales).

Les douze prélèvements de lambeau ont permis de vérifier la présence

constante des perforantes cutanées du latissimus dorsi et du pédicule angulaire

de la scapula. Comme décrit dans les études anatomiques de la littérature,

les perforantes cutanées ont présenté d’importantes variations de calibre et de

localisation. Mais la simplicité des suites opératoires, en particulier l’absence de

nécrose de la palette cutanée, confirme la bonne fiabilité des perforantes.

En cas de doute sur la qualité des perforantes, la richesse du réseau vasculaire

scapulo-dorsal permet de prélever des variantes au L.D.A.P-S.A.

Dans le cas 4, le calibre insuffisant ou l’absence de pulsatilité des perforantes a

nécessité de recourir à la technique de « muscle sparing » de type II, qui

emporte une portion du bord antérieur du latissimus dorsi. Pour les cas 6 et 7,

le prélèvement en « muscle sparing » de type II a permis d’augmenter le volume

du lambeau pour l’adapter à la perte de substance. Quand leur localisation

s’y prêtait, les branches cutanées directes ont été incluses dans la palette

cutanée pour améliorer sa vascularisation. Contrairement à la littérature,

le pédicule angulaire de la scapula semble avoir plus fréquemment pour origine

le pédicule thoraco-dorsal (deux tiers des cas dans notre série, contre 4 % selon

Senerivatne(77)). La difficulté technique de prélèvement du L.D.P-S.A est

reflétée par l’importance de la durée opératoire moyenne (544 minutes), mais de

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150

nombreux gestes de reconstruction ont été associés au lambeau et sont donc à

prendre en compte dans les temps opératoires élevés (greffons de cartilage

costal, réfection du plancher orbitaire, dacryorhinocystostomie, etc.).

L’absence de complications immédiates du site reconstruit montre la fiabilité du

L.D.P-S.A. Les suites immédiates du site donneur ont été relativement simples.

Parmi les trois cas de séromes, deux se sont résorbés après deux ponctions

évacuatrices. Le troisième cas s’est infecté à plus d’un mois postopératoire après

des ponctions itératives. Ces séromes sont probablement liés au prélèvement de

l’angle de la scapula, car le latissimus dorsi a été chaque fois préservé au

maximum. L’obésité du cas 2 (I.M.C à 35) a sans doute favorisé la survenue

d’une rhabdomyolyse car la durée d’intervention pour ce cas était comparable à

la durée d’intervention chez les autres patients (505 minutes).

Les complications infectieuses survenues à distance de l’intervention ont été

particulièrement fréquentes : 5 cas sur 12. On notera deux cas de cellulites de

l’hémiface, dont une collectée, survenues en cours ou après la radiothérapie,

et trois abcès isolés (canthal interne, palatin et jugal) drainés sous anesthésie

locale. L’action de la radiothérapie sur la région sinuso-nasale, source de foyers

infectieux latents, explique sans doute la fréquence élevée de ces infections.

L’épisode isolé de radionécrose mandibulaire ne semble pas significatif mais

il souligne l’importance de l’éradication complète des foyers infectieux dentaires

et de l’application à vie de gouttières fluorées lorsqu’une radiothérapie est

nécessaire.

La réalisation du geste de reconstruction dans le même temps opératoire que

l’exérèse carcinologique permet théoriquement un meilleur contrôle local de la

maladie car elle autorise des résections en zone saine plus larges. Le nombre

réduit de patients dans cette étude et le recul moyen faible (16 mois) ne nous

Page 152: THESE LEYMARIE - 0623516038

151

permettent pas d’interpréter leur évolution carcinologique. On note cependant

l’association fréquente d’une radiothérapie adjuvante (75 % des patients) qui

implique à la fois des risques infectieux majeurs, et des séquelles fonctionnelles

et esthétiques pour la reconstruction.

La restitution de la cloison sinuso-nasale joue un rôle important dans la qualité

des résultats de la reconstruction : elle permet de rétablir une ventilation nasale

et évite toute communication avec la cavité de résection du sinus ou la cavité

buccale. La stase des sécrétions dans la fosse nasale, combinée à une ventilation

à flux turbulents et à une sécheresse postradique des muqueuses entraîne chez

tous les patients évalués une accumulation de croûtes particulièrement

gênantes : la respiration nasale est limitée, les patients se plaignent d’odeurs

désagréables et sont obligés de réaliser des lavages pluriquotidiens.

Une réhabilitation dentaire prothétique a été réalisée pour tous les patients.

Dans le cas clinique numéro 2, l’intégration d’implants dans l’angle de la scapula

a été possible. Parmi les patients évalués, un seul ne supportait pas sa prothèse

en raison des douleurs et d’instabilité. Nous soulignons donc l’importance de

l’anticipation de la réhabilitation prothétique ultérieure lors du geste de

reconstruction primaire : l’apport osseux doit être de bonne qualité et la

profondeur des vestibules doit être conservée.

On retient deux avantages majeurs de cette nouvelle technique de

prélèvement de lambeau scapulo-dorsal perforant : l’absence de composante

musculaire et une fiabilité vasculaire paradoxalement accrue. Le prélèvement

d’une palette cutanée « pure », sans muscle, diminue l’épaisseur et le volume

du lambeau, et facilite donc son utilisation pour la reconstruction de petites

pertes de substance ou chez les patients pléthoriques. Le positionnement de

la palette cutanée de petite taille est simplifié et l’amarrage du lambeau est

réalisé sans tension. Le recours à une radiothérapie adjuvante est souvent

Page 153: THESE LEYMARIE - 0623516038

152

nécessaire dans ce contexte carcinologique, elle implique des risques de

résorption musculaire aléatoires et imprésivibles. L’expérience nous montre que

les lambeaux cutanés ou fascio-cutanés résistent mieux aux effets de la

radiothérapie que les lambeaux musculaires. L’absence de composante musclaire

dans le L.D.P-S.A guarantit donc, malgré la radiothérapie, une plus grande

stabilité du volume apporté par le lambeau et des résultats de la reconstruction.

L’absence de nécrose partielle ou complète de L.D.P-S.A dans cette série de

douze patients confirme la bonne fiabilité vasculaire de ce lambeau. Malgré les

difficultés techniques liées au prélèvement d’un lambeau perforant, la fiabilité du

L.D.P-S.A nous semble paradoxalement accrue par rapport au lambeau scapulo-

dorsal classique. Si la réduction du volume de la palette cutanée facilite

le temps de reconstruction du maxillaire, elle limite en outre les risques de

compression du pédicule lors de la mise en place du lambeau ou en cas d’œdème

postopératoire.

L’évaluation des traitements carcinologiques repose classiquement sur l’étude

des taux de récidive et de survie. L’évaluation objective des résultats des

reconstructions, en particulier de la région cervico-faciale, est assurée par des

tests fonctionnels. Une multitude de tests ont été proposés dans la littérature. Ils

sont le plus souvent ciblés sur une fonction ou un site particulier de

reconstruction, et il n’existe aucun test consensuel évaluant de manière complète

les résultats des reconstructions faciales. Le test fonctionnel développé à l’I.G.R

permet une évaluation exhaustive des résultats selon neuf dimensions et un

score fonctionnel global. Il permet une appréciation des fonctions essentielles de

respiration, alimentation, vision et élocution quel que soit le geste d’exérèse ou

le type de reconstruction. Depuis une dizaine d’années, l’évaluation des

traitements s’est étendue à l’étude de la qualité de vie des patients.

Ce paramètre subjectif est un bon moyen d’estimer le retentissement de la

Page 154: THESE LEYMARIE - 0623516038

153

maladie sur le quotidien du patient et il permet une évaluation directe du

ressenti du patient.

Les résultats des tests fonctionnels doivent être interprétés à la fois selon le

type de maxillectomie, les traitements adjuvants, les éventuelles corrections

secondaires de la reconstruction, et le délai par rapport à la fin du traitement.

Notre évaluation fonctionnelle montre une concordance cohérente entre

l’importance du geste carcinologique réalisé et les séquelles fonctionnelles

observées. Les maxillectomies limitées à la infrastructure présentent les plus

mauvais scores dans les modules « dents – mastication » et « respiration –

olfaction ». En cas de maxillectomie totale, les moins bons scores sont

logiquement étendus au troisième module : « oculo-palpébral ». Le module

« lingual » présente dans tous les cas des scores évidemment élevés.

Mais paradoxalement, les scores du module « élocution » sont proches de la

normale (moyenne à 23,6 sur 26) alors que tous les patients présentent une voix

nasonnée. Ce test fonctionnel est en cours de validation : les points de pénalité

attribués à certains symptômes sont probablement à rééquilibrer. L’atteinte du

module « mandibule » des cas 8, 10 et 12 est principalement liée à une

limitation de l’ouverture buccale à moins de trois centimètres. Cette séquelle est

secondaire à la radiothérapie qui a été réalisée chez ces trois patients,

et n’a a priori pas de lien avec le geste carcinologique. Parmi les cinq patients

évalués, le cas 12 présente les moins bons résultats fonctionnels (score total de

69 sur 100, contre une moyenne à 76,7) car il a subi le geste carcinologique le

plus large (maxillectomie totale étendue à la fosse ptérygo-maxillaire, avec

atteinte du voile du palais). Il faut noter que le patient 7 a été évalué à

seulement 6 mois de la fin de la radiothérapie et n’avait bénéficié d’aucune

correction secondaire de la reconstruction. Au contraire, les patients 9, 10 et 12

ont été évalués à distance de la fin du traitement et avaient tous été réopérés

Page 155: THESE LEYMARIE - 0623516038

154

avant notre étude pour améliorer les résultats de la reconstruction primaire.

Un comblement par injection de graisse ou « lipofilling » a été réalisé pour le

patient 9 en région malaire. La lagophtalmie et l’épiphora du patient 10 ont été

corrigées à deux reprises par des greffons cartilagineux, un ré-amarrage des

ligaments canthal interne et externe et une dacryorhinocystostomie.

Deux séances de lipofilling du bourrelet de Passavant ont permis de diminuer les

reflux nasaux et la voix nasonnée du patient 12.

Parmi les cinq patients évalués sur leur qualité de vie, un seul appartenait

au groupe des maxillectomies limitées à l’infrastructure. On remarque que ce

patient (cas 2) a présenté, pour le test QLQ-C30, de meilleurs résultats (score

global et des scores fonctionnels plus élevés, et moins de symptômes) que les

quatre autres patients reconstruits après maxillectomie totale.

D’après les résultats du test QLQ-H&N35, la limitation de l’ouverture buccale et

la xérostomie sont les deux symptômes les plus fréquents de cette série

de patients. Ces symptômes sont des séquelles directes de la radiothérapie :

tous les patients atteints de xérostomie ont été traités par radiothérapie, et trois

patients sur quatre pour la limitation de l’ouverture buccale. On note une

discordance entre les résultats du test QLQ-H&N35 et du test PSS-H&N :

l’intelligibilité de la parole est la fonction la plus fréquemment atteinte pour le

test PSS-H&N (trois patients sur cinq, avec un score moyen de 75 %), alors que

les troubles de l’élocution apparaissent comme un des symptômes les moins

fréquents pour le test QLQ-H&N35.

En reconstruction cervico-faciale, plusieurs études ont montré l’existence d’un

lien direct entre la méthode de reconstruction et la qualité des résultats

fonctionnels(79-81), mais également entre le type de reconstruction et les scores

de qualité de vie(82, 83). En revanche, la corrélation entre les résultats

Page 156: THESE LEYMARIE - 0623516038

155

fonctionnels et la qualité de vie des patients est plus difficile à apprécier(84).

L’évaluation subjective de la qualité de vie des patients est influencée par une

multitude de facteurs (stade tumoral, séquelles de la chirurgie, de la

radiothérapie ou de la chimiothérapie, comorbidités, troubles de l’humeur, niveau

socio-économique ou niveau d’éducation, âge, etc.) qui rendent difficile

l’appréciation de la part de chacun de ces paramètres dans les résultats des tests

de qualité de vie.

Notre évaluation des résultats du L.D.P-S.A a été réalisée à des délais

différents par rapport à la fin du traitement et pour deux types de maxillectomie.

Il manque pour tous les patients testés, sauf un, une évaluation de référence

préopératoire. Une analyse complète des résultats nécessiterait donc la répétition

des tests à des intervalles réguliers afin d’apprécier l’évolution des séquelles

dans le temps. De plus, l’effectif réduit des patients évalués par des tests

fonctionnels et de qualité de vie ne nous permet pas de mettre en évidence de

différence significative entre le type de maxillectomie et les résultats

fonctionnels, ou entre le type d’exérèse et les résultats de qualité de vie.

L’objectif étant d’apprécier l’impact de l’amélioration de nos techniques de

reconstruction sur les résultats fonctionnels et de qualité de vie, le recul à venir

nous permettra de tester la totalité des patients reconstruits par L.D.P-S.A et de

comparer leurs résultats à ceux du lambeau scapulo-dorsal classique.

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156

5 CONCLUSION

Le lambeau chimérique perforant de latissimus dorsi et d’angle de la scapula

a été développé pour pallier les limites du lambeau scapulo-dorsal classique dans

les reconstructions des maxillectomies.

Ce nouveau lambeau répond parfaitement aux impératifs de reconstruction de

l’étage moyen de la face. La palette cutanée prélevée sur les perforantes

musculaires du latissimus dorsi est malléable et versatile : elle recrée la cloison

sinuso-nasale et comble la cavité sinusienne. L’absence de composante

musculaire assure un volume stable au lambeau, car elle évite les risques

aléatoires de résorption musculaire lors de la radiothérapie. L’angle de la scapula

reconstruit le pilier ptérygo-maxillaire et le palais osseux. Une morbidité

minimale du site donneur est assurée par le prélèvement d’une palette cutanée

selon la technique des lambeaux perforants qui préserve le latissimus dorsi et

son innervation, et évite la création d’espaces morts. Douze patients ont

bénéficié de cette nouvelle technique de reconstruction depuis 2006.

Les deux indications préférentielles du L.D.P-S.A sont les reconstructions des

résections de la voûte palatine de classe II dont l'exérèse osseuse se limite au

seul pilier ptérygo-maxillaire, et les reconstructions des maxillectomies totales

étendues aux trois piliers ptérygo, zygomatico et fronto-maxillaires,

chez les patients obèses ou musclés.

L’étude rétrospective réalisée dans le cadre de ce mémoire a confirmé la

fiabilité du L.D.P-S.A : aucun échec de lambeau n’a été constaté et les suites

opératoires immédiates ont été simples. L’évaluation objective des résultats de la

reconstruction montrent que les fonctions de mastication – dentition,

respiration – olfaction, et élocution sont relativement conservées.

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157

En cas de maxillectomie totale, les séquelles fonctionnelles oculo-palpébrales

nécessitent souvent des corrections secondaires. Les tests standardisés de

qualité de vie soulignent l’impact des traitements adjuvants, en particulier de la

radiothérapie, dans le quotidien des patients.

Les difficultés techniques du prélèvement du L.D.P-S.A sont principalement

liées aux variations anatomiques fréquentes des perforantes musculo-cutanées

du latissimus dorsi, et au temps délicat de leur dissection intramusculaire.

La fiabilité vasculaire de la palette cutanée peut être éventuellement améliorée

par l’inclusion de branches cutanées directes issues du pédicule thoraco-dorsal,

ou d’une portion minime de latissimus dorsi en « muscle-sparing flap ».

Le repérage préopératoire des perforantes par angioscanner n’est pas réalisé

de manière systématique à l’I.G.R, mais il permettrait théoriquement de faciliter

le prélèvement de la palette cutanée et de réduire la durée opératoire.

Le L.D.P-S.A est une nouvelle variante de lambeau chimérique scapulo-dorsal

qui n’a été décrite que pour trois cas cliniques dans la littérature(1, 2).

L’évaluation des résultats de douze reconstructions du maxillaire par L.D.P-S.A

a permis de définir ses indications précises selon le type de défect et la

morphologie du patient. Si l’utilité du L.D.P-S.A nous semble maintenant établie

en reconstruction cervico-faciale, son champ d’application pourrait être étendu

aux reconstructions pluritissulaires des membres.

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158

6 ANNEXES

Annexe 1 : Technique de prélèvement du L.D.P-S.A.

(a) dessin préopératoire ; (b) dissection de la palette cutanée basée sur deux perforantes musculo-cutanées de la branche descendante du pédicule du latissimus dorsi (flèche) et sur une branche cutanée directe (étoile); (c) dégraissage immédiat de la palette cutanée ; (e) prélèvement de l’angle de la scapula ; (f) lambeau de L.D.P-S.A.

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159

Annexe 2 : Technique de reconstruction du maxillaire.

(a) cavité de maxillectomie totale ; (b) pièce opératoire ; (c) fixation de l’angle de la scapula qui restaure le palais osseux; (d) positionnement de la palette cutanée qui comble le sinus et recrée la cloison sinuso-nasale ; (e) aspect postopératoire immédiat ; (f) mise en place des conformateurs narinaire et palatin.

(Gauche) prothèse palatine et conformateur narinaire ; (Droite) greffon de cartilage costal.

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160

Annexe 3 : Cas clinique numéro 1.

− Femme de 31 ans, IMC à 27, tabagisme.

− Carcinome adénoïde kystique de la voûte palatine classé T4a N0 M0.

− Exérèse de l’infrastructure (PM), classe de résection palatine I b.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit.

− En cours de radiothérapie adjuvante, recul 1 mois.

- IRM ET TDM préopératoires -

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161

Annexe 4 : Cas clinique numéro 2.

− Homme de 44 ans, IMC à 35, sans facteur de risque vasculaire.

− Carcinome épidermoïde du plancher du sinus maxillaire, classé T4a N0 M0.

− Exérèse de l’infrastructure gauche (PM – FM), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit, avec greffon costal.

− Absence de traitements adjuvants, en rémission complète, recul de 12 mois.

− Réhabilitation prothétique par implants.

− Tests fonctionnels : 80 / 100.

− Score global du QLQ-C30 : 83 / 100.

− Score global du PSS-H&N : 100 / 100.

- IRM préopératoire –

(Gauche) Corpulence du patient ; (Droite) réhabilitation implanto-portée.

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162

Cas clinique 2 : (a) clichés préopératoires ; (b) résultats à 2 mois postopératoire ; (c) résultats à 12 mois postopératoire.

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163

Annexe 5 : Cas clinique numéro 3.

− Femme de 17 ans, IMC à 21, chimiothérapie néo-adjuvante.

− Carcinome épidermoïde classé T4a N0 M0.

− Exérèse de l’infrastructure gauche (PM – FM), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit, avec un greffon costal.

− Radio-chimiothérapie adjuvante, en récidive locale, recul 11 mois.

(a) clichés préopératoires ;

(b) résultats à 3 mois post-opératoire (en cours de radiothérapie).

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164

Annexe 6 : Cas clinique numéro 4.

− Femme de 30 ans, IMC à 19, tabagisme actif.

− Carcinome sarcomatoïde classé T2 N0 M0.

− Exérèse de l’infrastructure droite (PM – FM), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A gauche, prélevé en « muscle-sparing » de type II avec un greffon costal.

− Radiothérapie adjuvante, en récidive à distance (métastases pulmonaires), recul de 18 mois.

− Réhabilitation prothétique.

(Haut) imagerie préopératoire ; (Bas) résultats à 11 mois postopératoire.

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165

Annexe 7 : Cas clinique numéro 5.

− Femme de 19 ans, IMC à 25, tabagisme actif.

− Carcinome adénoïde kystique de la voûte palatine, classé T4a N0 M0.

− Exérèse de l’infrastructure gauche (PM – FM), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit, avec un greffon costal.

− Radiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul de 32 mois.

− Réhabilitation prothétique.

- IRM préopératoire -

- Résultats de la réhabilitation prothétique à 8 mois postopératoire -

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166

Cas clinique 5 : (a) clichés préopératoires ; (b) résultats à six mois postopératoire ; (c) résultats à deux ans postopératoire.

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167

Annexe 8 : Cas clinique numéro 6.

− Femme de 48 ans, IMC à 19.

− Carcinome adénoïde kystique de la voûte palatine, classé T4a N0 M0.

− Maxillectomie totale gauche (PM – FM – ZMo – of - Omw), classe de résection palatine I a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit prélevé en « muscle-sparing » de type II.

− Radiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul d’un mois.

− Réhabilitation prothétique.

- IRM préopératoire -

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168

Annexe 9 : Cas clinique numéro 7.

− Homme de 70 ans, IMC à 26, chimiothérapie néo-adjuvante.

− Carcinome épidermoïde, classé T4a N0 M0.

− Maxillectomie totale gauche (PM – FM – ZMo – ZMm – ZMz – Olw – Omw - Of), classe de résection palatine II b.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit, prélevé en « muscle-sparing » de type II avec un greffon costal.

− Radio-chimiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul de 4 mois.

− Réhabilitation prothétique.

− Tests fonctionnels : 77 / 100.

− Score global du QLQ-C30 : 58 / 100.

− Score global du PSS-H&N : 82 / 100.

(Haut) IRM préopératoire ; (Bas) résultats à 6 mois postopératoire.

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169

Annexe 10 : Cas clinique numéro 8.

− Femme de 16 ans, IMC à 23, chimiothérapie néo-adjuvante.

− Ostéosarcome du maxillaire.

− Maxillectomie totale gauche (PM – FM – ZMo – ZMm – ZMz – Olw – Omw - Of), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit associé à une palette musculo-cutanée de latissimus dorsi et à un greffon costal.

− Radiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul de 10 mois.

− Réhabilitation prothétique.

(Haut) TDM préopératoire ; (Bas) résultats à 11 mois postopératoire.

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170

Annexe 11 : Cas clinique numéro 9.

− Femme de 55 ans, IMC à 19.

− Fibrome ostéo-cémentifiant du maxillaire.

− Maxillectomie totale droite (PM – FM – ZMo – Omw - Of), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A gauche.

− Absence de traitements adjuvants, en rémission complète, recul de 18 mois.

− Réhabilitation prothétique.

− Tests fonctionnels : 82 / 100.

− Score global du QLQ-C30 : 67 / 100.

− Score global du PSS-H&N : 100 / 100.

(a) résultats à 10 mois postopératoire ; (b) résultats à 6 mois d’un lipofilling

malaire et à 17 mois de la reconstruction primaire.

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171

Annexe 12 : Cas clinique numéro 10.

− Homme de 54 ans, IMC à 27.

− Adénoarcinome classé T4aN0M0.

− Maxillectomie totale gauche (PM – FM – ZMo – Olw - Of), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit, avec un greffon costal.

− Radiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul de 23 mois.

− Réhabilitation prothétique.

− Tests fonctionnels : 76 / 100.

− Score global du QLQ-C30 : 50 / 100.

− Score global du PSS-H&N : 75 / 100.

(a) Clichés préopératoires ; (b) résultats à 16 mois postopératoire.

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172

Annexe 13 : Cas clinique numéro 11.

− Homme de 39 ans, IMC à 19, radio-chimiothérapie préopératoire.

− Récidive d’ostéosarcome radio-induit, 4 ans après une maxillectomie totale droite pour ostéosarcome radio-induit, et 30 ans après un sarcome embryonnaire.

− Séquelles maxillectomie totale droite (PM – FM – ZMo – Olw - Of), classe de résection palatine II a.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A gauche associé à une palette musculo-cutanée de latissimus dorsi et à un greffon costal.

− Chimiothérapie adjuvante, décès à 26 mois de recul après une récidive locale.

− Réhabilitation prothétique.

- IRM préopératoire -

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173

Annexe 14 : Cas clinique numéro 12.

− Homme de 65 ans, IMC à 31.

− Carcinome adénoïde kystique classé T4a N0 M0.

− Maxillectomie totale gauche (PM – FM – ZMz – ZMo), classe de résection palatine I b.

− Reconstruction par un lambeau L.D.P-S.A droit.

− Radiothérapie adjuvante, en rémission complète, recul de 24 mois.

− Réhabilitation prothétique.

− Tests fonctionnels : 69 / 100.

− Score global du QLQ-C30 : 67 / 100.

− Score global du PSS-H&N : 75 / 100.

(Haut) TDM préopératoire ; (Bas) résultats à 24 mois postopératoire.

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174

Annexe 15 : Evaluation de la fonction nasale et de la réhabilitation

prothétique.

Fonction nasale

1. Avez-vous des croûtes dans les nez ? Oui Non

2. Est-ce que votre nez coule ? Oui Non

3. Avez-vous du mal à respirer par le nez ? Oui Non

4. Êtes-vous gêné par les odeurs malodorantes provenant de votre nez ? Oui Non

5. Êtes-vous gêné par les croûtes de votre nez ? Oui Non

6. Avez-vous un reflux nasal lors de l’alimentation ? Oui Non

Prothèse

7. Êtes-vous porteur d’une prothèse palatine ? Oui Non

8. Si oui, votre prothèse vous gène t-elle ? Oui Non

9. Vous fait-elle mal ? Oui Non

10. L’oubliez-vous dans la journée ? Oui Non

11. Combien de fois la nettoyez-vous par jour ? Oui Non

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175

Annexe 16 : Questionnaire du test fonctionnel.

1 - Module Mandibule = 32 points

Positionnement mandibulaire antéro-

postérieur

Normal O/N 5

Rétrognatie O/N 2

Prognatie O/N 3

Articulé dentaire

Espace inter-incisif médian aligné

O/N 10

Décalage < 1 incisive O/N 7

Décalage = 1 incisive O/N 5

Décalage < 2 incisives O/N 3

Décalage = 2 incisives O/N 1

Décalage > 2 incisives O/N 0

Ouverture buccale maximum (espace

inter-dentaire ou si pas de dent : espace mesuré – 1,5 cm)

≥ 4 cm et plus

En cm

9

[3,5 et 4[cm 8

[3 et 3,5[cm 7

[2,5 et 3[cm 6

[2 et 2,5[cm 5

[1,5 et 2[cm 4

[1 et 1,5[cm 3

[0,5 et 1[cm 2

[0 et 0,5[cm 1

= 0 cm 0

Mouvement mandibulaire

Propulsion mandibulaire O/N 2

Rétropulsion mandibulaire O/N 2

Diduction droite O/N 2

Diduction gauche O/N 2

2 - Module réhabilitation dentaire et mastication = 34 points

Composition de la dentition et 2 points par bloc (noté par bloc dentaire = incisivo-canin, prémolaire, molaire). Au total 12 blocs

Présence de tous les blocs

Nombre de bloc présent

12

Un bloc en moins - 2

Page 177: THESE LEYMARIE - 0623516038

176

Qualité de la réhabilitation = test de mastication (peanut grinding test)

Broyage des cacahuètes par bloc molaire droite

O/N 5

Broyage des cacahuètes par bloc molaire gauche

O/N 5

Broyage des cacahuètes par bloc incisivo-canin

O/N 2

Qualité de la reconstruction de la crête alvéolaire (avec ou sans réhabilitation, possibilité purement technique de réhabilitation dentaire)

Possible O/N 10

Possible après chirurgie de correction

O/N 5

Impossible O/N 0

3 - Module labio-jugal = 26 points

Former le O O/N 2

Former le I forcé (sourire) O/N 2

Faire un baiser O/N 2

Retrousser les lèvres en dedans O/N 2

Succion d’un doigt O/N 2

Siffler O/N 2

Gonfler les joues O/N 2

Passer l’air d’une joue à l’autre O/N 2

Water holding test = 50 cc maximum

50 cc Quantité en cc

10

Tranche de 10 cc - 2

4 - Module lingual = 13 points

Tirer la langue (patient de profil = nombre de cm au-delà du plan des lèvres)

≥ 2 cm Quantifié en cm de langue visible

6

[1,5 et 2[ cm 5

[1 et 1,5[ cm 4

[0,5 et 1[ cm 3

[0 et 0,5[ cm 2

Mobilisation antérieure sans vrai mouvement

1

Absence de mobilisation 0

Claquer la langue O/N 1

Toucher la face interne de la joue droite O/N 2

Toucher la face interne de la joue gauche O/N 2

Toucher le voile membraneux O/N 2

Page 178: THESE LEYMARIE - 0623516038

177

5 - Module élocution = 26 points

Fluidité au test de lecture (texte avec

tous les phonèmes):

Pas de mots butés O/N 3

1 à 3 mots butés O/N 2

> 3 mots butés O/N 0

Compréhension au test de lecture (la bise et le

soleil):

Texte compris normalement

O/N 5

Sens du texte compris O/N 4

Mots compris sans le sens O/N 2

Texte incompréhensible O/N 0

Répétitions syllabiques : Si correctement

prononcées =1, sinon =0

pa apa ap O/N 1

ta ata at O/N 1

ka aka ak O/N 1

ma ama am O/N 1

na ana an O/N 1

la ala al O/N 1

ra ara ar O/N 1

Tenues de voyelles pendant 3 secondes

a O/N 1

o O/N 1

é O/N 1

on O/N 1

ou O/N 1

i O/N 1

u O/N 1

Répétition de « Non, bonne Maman n’est

jamais montée à Miami »

Normale O/N 2

Compréhensible O/N 1

Incompréhensible O/N 0

Répétition de « le beau bébé babille

bruyamment »

Normale O/N 2

Compréhensible O/N 1

Incompréhensible O/N 0

6 - Module déglutition = 19 points

Temps de déglutition du yaourt :

<60 sec

En secondes

3

60 à 70 sec 2

70 à 80 sec 1

> 80 sec 0

Page 179: THESE LEYMARIE - 0623516038

178

Test de clearance de la cavité buccale :

Pas de résidu de yaourt O/N 2

Taches éparses O/N 1

Muqueuse buccale enduite O/N 0

Reflux nasal testé avec le yaourt :

Aucun O/N 4

Notion O/N 2

Objectivé au mouchage O/N 0

Fausses routes

Absentes Nombre /

24h

2

1 épisode 1

> 1 épisode 0

Alimentation :

Solide O/N 6

Quelques exclusions (Steak)

O/N 5

Mouliné (mastication) O/N 4

Mixé (pas de mastication) O/N 3

Liquide O/N 2

Gastrostomie: O/N 0/1

Avaler le WHT sans fausse route O/N 2

7 - Module oculo-palpébral = 29 points

Positionnement du globe oculaire

Hauteur des pupilles identique

O/N 5

Présence d’une enophtalmie

O/N - 3

Présence d’une exophtalmie O/N - 3

Oculo-motricité = absence d’une diplopie

Axiale O/N 5

En haut O/N 3

En bas O/N 3

A droite O/N 3

A gauche O/N 3

Fente palpébrale

Symétrie de la fente palpébrale

O/N 5

Dystopie canthale interne O/N - 2

Dystopie canthale externe O/N - 2

Présence d’un épicanthus O/N - 2

Page 180: THESE LEYMARIE - 0623516038

179

Voies lacrymales

Œil sec O/N 8

Epiphora modéré (changement de T°)

O/N 6

Epiphora chronique mais lecture possible

O/N 4

Epiphora chronique empêchant lecture

O/N 2

Epiphora obligeant la fermeture œil

O/N 0

Paupière inférieure

Forme normale O/N 6

Légère lagophtalmie (cupulisation)

O/N 4

Franche lagophtalmie O/N 2

Ectropion + conjonctivite O/N 0

8 - Module respiration-olfaction = 16 points

Odorat

Normal O/N 2

Diminué O/N 1

Absent O/N 0

Compétence nasale objectivée

passage de l’air dans la narine gauche

O/N 1

passage de l’air dans la narine droite

O/N 1

Présence de croûtes

2 lavages par jour max Nombre

de lavage / 24 h

4

4 lavages par jour max 2

Plus de 4 lavages 0

« Voix nasonnée »

non O/N 4

Un peu O/N 2

Beaucoup O/N 1

Incompréhensible O/N 0

Compétence vélo pharyngée : Répétition

de « Papa est parti pour Paris »

Normale O/N 2

Compréhensible O/N 1

Incompréhensible O/N 0

Répétition de « Que le kakou kaki caquette

coquettement »

Normale O/N 2

Compréhensible O/N 1

Incompréhensible O/N 0

Page 181: THESE LEYMARIE - 0623516038

180

9 - Module esthétique = 35 points

Score global du visage 0 à 5 points

Module cou 0 à 5 points

Module menton 0 à 5 points

Module lèvres 0 à 5 points

Module nez 0 à 5 points

Module joues 0 à 5 points

Module oculo-palpébral 0 à 5 points

Score de 0 à 5

5 = aspect parfait sans marque ni asymétrie

4 = aspect presque parfait (présence d’une petite asymétrie ou cicatrice visible)

3 = présence d’une asymétrie franche ou de trace de chirurgie mais sans déformation franche

2 = déformation franche et disgracieuse

1 = séquelles importantes de la chirurgie choquant le regard et difficile à vivre pour le patient

0 = absence complète de la région et de reconstruction Chaque région est notée puis un score global du visage est donné

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181

Annexe 17 : Questionnaire de qualité de vie EORTC QLQ-C30.

Nous nous intéressons à vous et à votre santé. Répondez vous-même à toutes les questions en entourant le chiffre qui correspond le mieux à

votre situation. Il n'y a pas de "bonne" ou de "mauvaise" réponse. Ces

informations sont strictement confidentielles.

1 = Pas du tout

2 = Un peu

3 = Assez

4 = Beucoup

Au cours de la semaine passée :

1. Avez-vous des difficultés à faire certains efforts physiques pénibles comme porter un sac à provision chargé ou une valise ?

1 2 3 4

2. Avez-vous des difficultés à faire une longue promenade ? 1 2 3 4

3. Avez-vous des difficultés à faire un petit tour dehors ? 1 2 3 4

4. Etes-vous obligé(e) de rester au lit ou dans un fauteuil pendant la journée ?

1 2 3 4

5. Avez-vous besoin d'aide pour manger, vous habiller, faire votre toilette ou aller aux toilettes ?

1 2 3 4

6. Avez-vous été gêné(e) pour faire votre travail ou vos activités de tous les jours ?

1 2 3 4

7. Avez-vous été gêné(e) dans vos activités de loisirs ? 1 2 3 4

8. Avez-vous eu le souffle court ? 1 2 3 4

9. Avez-vous eu mal ? 1 2 3 4

10. Avez-vous eu besoin de repos ? 1 2 3 4

11. Avez-vous eu des difficultés pour dormir ? 1 2 3 4

12. Vous êtes-vous senti(e) faible ? 1 2 3 4

13. Avez-vous manqué d'appétit ? 1 2 3 4

14. Avez-vous eu des nausées (mal au coeur) ? 1 2 3 4

15. Avez-vous vomi ? 1 2 3 4

16. Avez-vous été constipé(e) ? 1 2 3 4

17. Avez-vous eu de la diarrhée ? 1 2 3 4

Page 183: THESE LEYMARIE - 0623516038

182

18. Etiez-vous fatigué(e) ? 1 2 3 4

19. Des douleurs ont-elles perturbé vos activités quotidiennes ?

1 2 3 4

20. Avez-vous eu des difficultés à vous concentrer sur certaines choses par exemple pour lire le journal ou regarder la télévision ?

1 2 3 4

21. Vous êtes-vous senti(e) tendu(e) ? 1 2 3 4

22. Vous êtes-vous fait du souci ? 1 2 3 4

23. Vous êtes-vous senti(e) irritable ? 1 2 3 4

24. Vous êtes-vous senti(e) déprimé(e) ? 1 2 3 4

25. Avez-vous eu des difficultés pour vous souvenir de certaines choses ?

1 2 3 4

26. Votre état physique ou votre traitement médical vous ont-ils gêné(e) dans votre vie familiale ?

1 2 3 4

27. Votre état physique ou votre traitement médical vous ont-ils gêné(e) dans vos activités sociales (par exemple, sortir avec des amis, aller au cinéma...) ?

1 2 3 4

28. Votre état physique ou votre traitement médical

vous ont-ils causé des problèmes financiers ?

1 2 3 4

Pour les questions suivantes, veuillez répondre en entourant le chiffre

entre 1 et 7 qui s'applique le mieux à votre situation :

29. Comment évalueriez-vous votre état de santé au cours de la semaine passée ?

1 2 3 4 5 6 7

Très mauvais Excellent

30. Comment évalueriez-vous l'ensemble de votre qualité de vie au cours de la semaine passée ?

1 2 3 4 5 6 7

Très mauvais Excellent

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183

Annexe 18 : Synthèse du questionnaire EORCT QLQ-C30.

Dimensions Questions

Score Global 29, 30

Fonctions

Physique 1, 2, 3, 4, 5

Travail et Loisirs 6, 7

Humeur 21, 22, 23, 24, 25

Fonctions Cognitives 20, 25

Vie Familiale et Sociale 26, 27

Symptômes

Asthénie 10, 12, 18

Nausées & Vomissments 14, 15

Douleurs 9, 19

Dyspnée 8

Insomnie 11

Anorexie 13

Constipation 16

Diarrhée 17

Difficultés financières 28

Page 185: THESE LEYMARIE - 0623516038

184

Annexe 19 : Questionnaire de qualité de vie EORCT QLQ-H&N35.

Au cours de la semaine passée :

1 = Pas du tout 2 = Un peu

3 = Assez 4 = Beucoup

1. Avez-vous eu mal dans la bouche ? 1 2 3 4

2. Avez-vous eu mal à la mâchoire ? 1 2 3 4

3. Avez-vous eu des douleurs dans la bouche ? 1 2 3 4

4. Avez-vous eu mal à la gorge ? 1 2 3 4

5. Avez-vous eu des problèmes en avalant des liquides? 1 2 3 4

6. Avez-vous eu des problèmes à avaler des aliments écrasés ? 1 2 3 4

7. Avez-vous eu des problèmes en avalant des aliments solides ? 1 2 3 4

8. Vous êtes-vous étouffé(e) en avalant ? 1 2 3 4

9. Avez-vous eu des problèmes de dents ? 1 2 3 4

10. Avez-vous eu des problèmes à ouvrir largement la bouche ? 1 2 3 4

11. Avez-vous eu la bouche sèche ? 1 2 3 4

12. Avez-vous eu une salive collante ? 1 2 3 4

13. Avez-vous eu des problèmes d'odorat ? 1 2 3 4

14. Avez-vous eu des problèmes de goût ? 1 2 3 4

15. Avez-vous toussé ? 1 2 3 4

16. Avez-vous été enroué(e) ? 1 2 3 4

17. Vous êtes-vous senti(e) mal ? 1 2 3 4

18. Votre apparence vous a-t-elle préoccupé(e) ? 1 2 3 4

19. Avez-vous eu des difficultés à manger ? 1 2 3 4

20. Avez-vous eu des difficultés à manger devant votre famille? 1 2 3 4

Page 186: THESE LEYMARIE - 0623516038

185

21. Avez-vous eu des difficultés à manger devant d'autres personnes ?

1 2 3 4

22. Avez-vous eu des difficultés à prendre plaisir aux repas ? 1 2 3 4

23. Avez-vous eu des difficultés à parler à d'autres personnes ? 1 2 3 4

24. Avez-vous eu des difficultés à parler au téléphone ? 1 2 3 4

25. Avez-vous eu des difficultés à avoir un contact social avec votre famille ?

1 2 3 4

26. Avez-vous eu des difficultés à avoir un contact social avec vos amis ?

1 2 3 4

27. Avez-vous eu des difficultés à sortir en public ? 1 2 3 4

28. Avez-vous eu des difficultés à avoir un contact physique avec votre famille ou vos amis ?

1 2 3 4

29. Avez-vous éprouvé moins d'intérêt aux relations sexuelles ? 1 2 3 4

30. Avez-vous éprouvé moins de plaisir sexuel ? 1 2 3 4

Au cours de la semaine passée : Non Oui

31. Avez-vous pris des anti-douleurs ? 1 2

32. Avez-vous pris des suppléments nutritionnels (à l'exclusion de vitamines) ?

1 2

33. Avez-vous utilisé une sonde d'alimentation ? 1 2

34. Avez-vous perdu du poids ? 1 2

35. Avez-vous pris du poids ? 1 2

Page 187: THESE LEYMARIE - 0623516038

186

Annexe 20 : Synthèse du questionnaire EORCT QLQ-H&N35.

Symptômes Questions

Douleurs 31, 32, 33, 34

Troubles de déglutition 35, 36, 37, 38

Troubles sensitifs 43, 44

Troubles de la parole 46, 53, 54

Troubles lors de repas en société 49, 50, 51, 52

Troubles sexuels 59, 60

Problèmes dentaires 39

Limitation de l’ouverture buccale 40

Xérostomie 41

Salive épaisse 42

Toux 45

Ressenti de la maladie 47

Utilisation d’antalgiques 61

Suppléments nutritionnels 28

Sonde gastrique 63

Prise de poids 64

Perte de poids 65

Page 188: THESE LEYMARIE - 0623516038

187

Annexe 21 : Questionnaire de qualité de vie PSS

Dans chaque catégorie, veuillez entourer le chiffre correspondant à votre

situation.

Manger en public

Je n’ai aucune restriction en ce qui concerne le lieu des repas, les aliments ou les compagnons de table. Je peux sortir au restaurant quand je veux

100

Je n’ai aucune restriction en ce qui concerne le lieu des repas, mais je modifie mon régime alimentaire lorsque je mange en public (je peux manger où je veux, mais je ne mange pas ce que je veux en public ; je choisis des aliments moins difficiles à manger)

75

Je ne mange qu’avec certaines personnes et dans certains lieux choisis. 50

Je ne mange que chez moi et seulement avec certaines personnes. 25

Je ne mange que chez moi et tout(e) seul(e). 0

Intelligibilité de la parole

On me comprend toujours quand je parle. 100

On me comprend la plupart du temps. 75

On me comprend en général, mais seulement quand l’autre personne est en face de moi.

50

On a du mal à me comprendre. 25

On ne me comprend jamais, je ne communique que par écrit ou par un autre moyen.

0

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188

Restrictions alimentaires

Je mange ce que je veux sans restriction. 100

Je mange ce que je veux, sauf les radis et les pommes de terre crus qui sont trop difficiles à manger.

90

Je mange ce que je veux, sauf la viande qui est trop difficile à manger. 80

Je mange ce que je veux, sauf les sandwichs et la baguette qui sont trop difficiles à manger.

70

Je ne peux manger ni le fromage sec, ni les biscuits. 60

Je ne mange que les aliments hachés ou mixés qui sont faciles à mâcher (pâtes, steak haché, poisson, légumes cuits, etc.…)

50

Je ne mange que des aliments qui n’ont pas besoin d’être mastiqués (purée, compotes, crèmes, etc.….)

40

Je ne mange que les aliments passés au mixeur. 30

Je ne consomme que des aliments liquides chauds ou froids. 20

Je ne consomme que des aliments liquides froids. 10

Je ne peux pas m’alimenter par la bouche ; j’utilise ma sonde exclusivement.

0

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189

7 REFERENCES

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LE LAMBEAU PERFORANT DE LATISSIMUS DORSI ET D’ANGLE DE LA

SCAPULA (LDP-SA) ET LA RECONSTRUCTION DU MASSIF FACIAL :

DESCRIPTION, EVALUATION ET INDICATIONS.

R E S UM E :

Les reconstructions des maxillectomies partielles nécessitant un apport osseux

vascularisé reposent classiquement sur un lambeau chimérique scapulo-dorsal associant

une palette musculo-cutanée de latissimus dorsi et l’angle de la scapula. Les résultats

obtenus permettent généralement une restauration satisfaisante de la plastique et

l’esthétique de la face, et le rétablissement des principales fonctions du massif facial.

En cas de résection limitée à l’infrastructure, et chez les patients corpulents, la palette

musculo-cutanée présente un volume excessif par rapport à la perte de substance.

L’expérience acquise dans la chirurgie des lambeaux perforants nous a permis de

développer un nouveau type de lambeau scapulo-dorsal : le lambeau chimérique

perforant de latissimus dorsi et d’angle de la scapula ou « L.D.P–S.A ».

La palette cutanée recrée la cloison sinuso-nasale et comble le sinus maxillaire.

L’angle de la scapula reconstruit le palais osseux.

Depuis 2006, douze patients ont bénéficié d’une reconstruction par ce nouveau

lambeau après maxillectomie totale ou partielle. Nous avons évalué par une étude

rétrospective la fiabilité du L.D.P-S.A, ainsi que les résultats des reconstructions par des

tests standardisés fonctionnels et de qualité de vie.

Aucun échec de L.D.P-S.A n’a été constaté et les suites opératoires immédiates ont été

simples. L’évaluation objective des résultats a montré une conservation des fonctions

de respiration, mastication et élocution. Les séquelles oculo-palpébrales après

maxillectomie totale ont souvent nécessité des corrections secondaires. Les tests de

qualité de vie soulignent l’impact des effets secondaires de la radiothérapie dans le

quotidien des patients.

La fiabilité vasculaire du L.D.P-S.A est vérifiée. La qualité des résultats obtenus

confirment son indication dans les maxillectomies totales chez les patients corpulents ou

après résection limitée à l’hémi-voûte palatine. Si l’utilité du L.D.P-S.A nous semble

maintenant établie en reconstruction cervico-faciale, son champ d’application pourrait

être étendu aux reconstructions pluritissulaires des membres.

MO T S C L E S :

Lambeau perforant – Latissimus dorsi – Scapula – Maxillaire – Voûte Palatine

Reconstruction – Scapulo-dorsal – Thoraco-dorsal.