THIBAUD, l'Ordinaire Du Regard

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    Lordinaire du regard

    Jean Paul THIBAUD

    Nicolas TIXIER1

    Ce nest pas une activit ordinaire de dire : tiens, cesoir, je vais observer ce coin du plafond .

    Harvey SACKS, Lecture 1. Doing being ordinary ,Lectureson conversation, Vol. II, d. by Gail Jefferson, Blackwell

    Publishers, Oxford, 1992.

    1. Lpreuve visuelle de lordinaire urbain

    Dcrire la banalit de lespace urbain, les lieux communs de la vie de tous les jours etles routines de la perception ordinaire nest pas une exprience qui va de soi. Quy a-t-il donc dire de ce qui se donne comme insignifiant et anodin ? Quel intrt peut-on trouver

    observer les faits et gestes dune rue qui na en apparence rien de surprenant, dexceptionnelou dexemplaire ? Comment rendre compte de ce qui est tellement familier quon ne le voitou ne le remarque pas ? Cest de telles questions que nous convie Georges Perec dans sesdiverses tentatives de descriptions urbaines. Cette entreprise est dautant plus risque, peuttre mme prilleuse, quelle dstabilise nos habitudes perceptives et questionne lvidence denotre familiarit au monde. Sous couvert dun simple exercice de style, ne sagit-il pasdinterroger larrire-plan visuel de nos modes dhabiter ? Lhypothse est bien hardie, sansdoute mme dmesurment ambitieuse. Pourtant, lacharnement de Perec raliser cesinventaires infra-ordinaires, la prcision et la systmaticit des contraintes quil se donne,le temps et lnergie dpenss cette tche, laissent pressentir lenjeu dun tel projet. Cestsans doute ce prix que se dmle petit petit le rapport entre les lieux du quotidien et le

    regard que nous portons sur eux.Plus que limage, cest donc la question du regard que nous posons travers les

    descriptions perecquiennes de lespace public urbain. Par ses pratiques exprimentales de laville et ses multiples rflexions sur sa dimension infra-ordinaire, Perec met lpreuvelvidence du regard habitant.

    Des crits perecquiens, on peut retenir deux ouvrages qui compilent les rflexions surles pratiques de lespace, sur les pratiques lespace. Il sagit, de faon majeure, d Espces

    1 Jean-Paul Thibaud est sociologue, urbaniste, chercheur CNRS ; Nicolas Tixier est architecte D.P.L.G. Cetravail est effectu dans le cadre du laboratoire Cresson (Centre de recherche sur lespace sonore et

    lenvironnement urbain - UMR CNRS 1563 cole dArchitecture de Grenoble) dont la thmatique est celle desambiances architecturales et urbaines.

    Remerciements : Pierre Getzler, lassociation Georges Perec et Ccile de Bary, Claudette Oriol-Boyer.

    Jean-Paul THIBAUD, Nicolas TIXIER :Lordinaire du regard page 1

    Jean-Paul Thibaud est chercheur CNRS au Laboratoire Cresson UMR 1563 Ambiancesarchitecturales et urbaines, Ecole Nationale Suprieure dArchitecture de Grenoble /www.cresson.archi.fr

    Nicolas Tixier est architecte, matre assistant Ecole Nationale Suprieure

    dArchitecture de Grenoble et chercheur au Laboratoire Cresson UMR 1563 Ambiancesarchitecturales et urbaines, Ecole Nationale Suprieure dArchitecture de Grenoble /www.cresson.archi.fr

    http://www.cresson.archi.fr/http://www.cresson.archi.fr/http://www.cresson.archi.fr/http://www.cresson.archi.fr/
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    despaces qui balaye toutes les chelles de lhabiter en proposant quasiment chacune deces chelles des exercices dcriture. Il y a aussi le recueil de textes paru sous le titre Linfra-ordinaire qui aprs une introduction incitant un repositionnement du regard surce qui nous entoure, propose une srie dobservations et dapplications (extra-)ordinaires.

    Ces rflexions sur lespace sont leur tour exprimentes par Georges Perec. Elles sontmises en pratique, en travaux pratiques mme. L encore on peut en retenir deux en rapport notre travail. Le premier est sous forme crite, il sagit dune Tentative dpuisement dunlieu parisien ; le second est sous forme sonore, une Tentative de description de chosesvues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978 2. On trouve bien dautres textes o sont mises enuvre des tentatives de description despaces urbains par Georges Perec. Cette rflexion surlespace, ce lien entre lcriture le regard et le lieu, est un thme majeur et fortement rcurrentdans toutes les productions perecquiennes.

    Cest cette pratique de lespace urbain, cette construction du regard mis en uvremthodiquement par Georges Perec dans le cadre de ses descriptions, que nous allons

    interroger partir dun texte Alles et venues rue de lAssomption 3

    . Ce texte est issu duprojet de Tentative de description de quelques lieux parisiens . Il est paru dans la revuelArc en 1979 (un numro consacr intgralement Georges Perec).

    Ce texte sera tudi quasi uniquement au travers de cet axe du regard. Ne seront pascherches les nombreuses connexions lunivers perecquien, pourtant l encore trs prsentesdans ce court texte. En effet, Georges Perec a, par intermittence, habit rue de lAssomption,chez son oncle et sa tante de 1945 1948.

    2 Premire diffusion : Atelier de Cration Radiophonique, N 381, 25 fvrier 1979. Cette mission a t reprisedans un ensemble coordonn par Bernard Nol de 4 compacts disques accompagns de deux livrets : INA,1997 d. Andr Dimanche / INA, Marseille, 1997. Le tout est prcd dun entretien de Georges Perec autourde son grand projet de description de quelques lieux parisiens : Lieux, un projet (1036) confi Grard

    Mac.3 Georges Perec, Alles et venues rue de lAssomption , in Larc, Librairie Duponchelle, Paris, n 76, 1979,pp. 28-34.

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    Jadis, comme tout le monde je suppose, []

    jai crit ainsi mon adresse :

    Georges Perec

    18, rue de lAssomption

    Escalier A

    3e tage

    Porte droite

    Paris 16e

    Seine

    France

    Europe

    Monde

    Univers

    Georges Perec,Espces despaces, d. Galile, Paris, 1974, p. 113

    2. Le cadre de lexprience

    Parler de lordinaire na rien dordinaire. Toute tentative de description dun fait, dunesituation, dun objet considr comme ordinaire ncessite de se poser la question du comment on sy prend ? . Georges Perec, dans Espces despaces , nous proposediffrentes mthodes, souvent trs prcisment et directement applicables, en rponse cettequestion. Le nous est important, car bien plus que de seulement se donner des contraintesde relevs pour saisir lordinaire, il donne chacun de ses lecteurs la possibilit, la recettepourrait-on dire, pour quil le fasse lui-mme, pour que lui-mme puisse crire la suite dutexte ou tout au moins quil simagine instantanment en train de le faire. Par exemple :

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    Travaux pratiques

    Observer la rue, de temps en temps, peut-tre avec un souci un peusystmatique.

    Sappliquer. Prendre son temps.

    Noter le lieu : la terrasse dun caf prs du carrefour

    Bac Saint-Germain

    lheure : sept heures du soir

    la date : 15 mai 1973

    le temps : beau fixe

    Noter ce que lon voit.

    []

    Il faut y aller plus doucement, presque btement. Se forcer crirece qui na pas dintrt, ce qui est le plus vident, le plus commun,le plus terne.

    Georges Perec,Espces despaces, d. Galile, Paris, 1974, p. 70

    Georges Perec disait vouloir glacer le temps, figer lhistoire en quelque sorte eninstantanes 4. Pour ce grand projet de description de plusieurs espaces urbains, il stait fixdiffrentes contraintes :

    des contraintes temporelles et spatiales :- choisir 12 lieux parisiens (souvent des lieux clefs pour Perec, lis des lments

    fortement biographiques) ;

    - pour une priode de 12 ans ;

    - avec un systme de permutation pour aller dans chaque lieu une fois par, jamaisdans le mme mois.

    des contraintes dordre pragmatique :

    - faire chaque fois une description crite et cela in situ ;

    - tablir une description remmore, cest--dire dcrire dans le mme mois lessouvenirs rattachs ce lieu ;

    - enfermer les textes dans des enveloppes cachetes la cire.

    Il appelait ces enveloppes des espces de bombes du temps qui ne devaient treouvertes quen 1981. Il y aurait ce moment-l 488 enveloppes, 488 descriptions(12 lieux x 12 ans x 2 textes). Il parlait de la jubilation les ouvrir quand le moment viendrait.

    4 Toutes les citations de Georges Perec entre guillemets et sans autre indication sont une retranscription crite delentretien autour de son grand projet de description de quelques lieux parisiens : Lieux, un projet confi Grard Mac (cf. infra). Les informations concernant ce projet sont elles aussi issues en gnral de cet entretien.

    Jean-Paul THIBAUD, Nicolas TIXIER :Lordinaire du regard page 4

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    ce travail, il associait trois objectifs comme autant de mmoires saisir, troistemporalits potentiellement prsentes dans cet ensemble fragment et ordonn dedescriptions urbaines :

    - le temps capt dun lieu qui se transforme ;

    - lvolution de ses propres souvenirs sur ce lieu ;

    - lvolution de son criture mme.

    cet exercice quil dmarra avec beaucoup de rigueur, sensuivit une certainesouplesse dans les contraintes. Il y eut des descriptions trs courtes, dautres reportes,certaines furent remplaces par une vido ou par un ensemble de photographies Petit petit, pour des raisons quil explique dans son entretien avec Grard Mac, le projet futabandonn.

    Perec disait sa hantise de ne pas noter assez, ou trop, ou mal :

    Je ne note pas ce qui est vraiment intressant, je ne sais pas regarder. Je ne sais pasregarder, et surtout je ne sais pas re-regarder. Et ensuite je me suis aperu dune autre chosequi tait plus grave, cest que je me souvenais, bien que jaie enferm les descriptionsprcdentes dans des enveloppes scelles, je me souvenais de ce que javais not. Ctait trsnervant parce que je notais des diffrences [] et dans les souvenirs, ctait pire parce que jeme mettais incorporer les visites que javais faites comme des souvenirs.

    Une des caractristiques majeures de ce travail tient au fait que la description estralise in situ. Laction, lacte mme de description trouve une rpercussion, une incarnationdans le texte rsultant. Ainsi on peut aisment dgager deux modes de descriptions mis enplace par Georges Perec :

    - La description en situation arrte : Perec est assis et effectue son relev lamme place (il est, par exemple, assis dans un caf pour la description du carrefourMabillon et de la place Saint-Sulpice). Ce type de description est parfaitementadapt des espaces de type place ou carrefour. Ce sont des espaces qui se prtent des observations panoramiques. En gnral, Perec commence par lesdescriptions les plus neutres (formes bties, noms que lon peut lire). Aprs cerapide puisement, trs vite il dcrit le public, la circulation puis, le temps passant, ilnote de plus en plus des rcurrences (bus qui repassent, personnes possdant desparapluies) tout en dcrivant parfois de mini-histoires.

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    Place Saint-Sulpice, caf de la Mairie 18 octobre 1974

    Tentative dpuisement dun lieu parisien

    Crdit photographique et droits rservs : Pierre Getzler

    - La description en situation de dambulation : Perec est debout et effectue sonrelev en cheminant (cest le cas pour les descriptions de la rue Vilin, de la rue delAssomption). Ce type de description est parfaitement adapt des espaces de typerue. Ce sont des espaces qui se prtent des observations flneuses (au sens desfigures du flneur et du collectionneur proposes par Walter Benjamin). Ce type de

    description est en gnrale de nature squentielle. Perec met en jeu simultanmenttrois actions : Marcher / regarder / (d)crire

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    Rue Vilin, juin 1970

    Crdit photographique et droits rservs : Pierre Getzler

    Cest ce dernier type de description qui est analys ici. Le corpus sera donc celui de larue de lAssomption5. Le texte paru dans la revueLarc contient sept descriptions :

    1. Vendredi 4 juillet 1969 vers 16h00

    2. Mardi 3 novembre 1970 11h30

    3. Vendredi 31 dcembre 1971 vers 13h00

    4. Lundi 15 mai 1972 vers 12h30

    5. Mardi 17 avril 1973 vers 12h00

    6. Lundi 28 octobre 1974 vers 15h00

    7. Mardi 11 mars 1975 vers 11h30

    Toutes les descriptions ont lieu en semaine et dans la journe. Exemple de la premiretranscription :

    5 Ce travail se base uniquement sur les descriptions effectues par Georges Perec. La rue de lAssomption nenous est pas connue. Cest la rue de lAssomption travers le regard et les crits de Perec que nous interrogeons,quelle que soit la valeur relle de ses descriptions.

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    ALLEES ET VENUES RUE DE L'ASSOMPTIONGEORGES PEREC1.- 4 juillet 1969, vers 4 heures de l'aprs-midi

    []Au n 56, un htel.Pratiquement tous les commerants de la ruesont concentrs entre la rue Davioud et l'avenue Mozart.

    En descendant la rue (not en marchant)

    N 54: Boucherie Thbault, que des commis lavent grande eau. Il y a encore dans le corridor une bote aux lettresau nom de Rigoud (un camarade de l'cole communale qui habitait l)N 52: Petit immeuble (htel particulier) avec une cour gravillonsN 50: Un magasin sans enseigne, la devanture opaque. Il me semble que c'est un cabinet d'assurances ou une

    agence immobilire (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat: il ne faisait pas caf).N 48: Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud.De l'autre ct de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs une pancarte grossirement crite annonce que LESPOISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont 4,50 F le kg : c'est cher.Du cte impair, se succdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation gnrale (minusculeboutique), un tapissier le 31 est un groupe d'immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul Laurens, avenueThodore-Rousseau).N 46: Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinoisN 44: AlimentationN 42: Haute-Coiffure

    Magasin de robes (?) devanture moderniste, l'intrieur duquel une dame se fait manucurer (par uneemploye du magasin voisin ?)

    N 40: Librairie du Lyce MolireLe Lyce Molire. Il n'a apparemment pas chang. A-t-il t raval ?Du ct des numros impairs, longue suite d'immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de laporte, en bretelles, puis il retourne dans son arrire-boutique qu'claire une lampe abat-jour de mtal conique.Au 23 bis, au 1er tage, on emmnage: immense appartement faisant le coin de la rue de l'Assomption et de la rue duGnral-Dubail. Les meubles, amens par un grand camion jaune ont l'air laid.Du ct des numros pairs, la plaque de Marietta Martin, jadis appose sur la faade de la petite maison l'aspect provincialo elle fut arrte (le 8 fvrier 1942), est maintenant fixe sur la faade d'un immeuble peine achev.N 32: Villa en renfoncement. Jardinet graviers Sur la grille une plaque : Dr Clin Nez-Gorge-Oreilles (je m'en

    souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d'Analyses MdicalesN 26: une porte de bois cloute, avec un heurtoir en forme de main. Je m'en souviens trs bien. On a ajout depuis

    un concierge lectronique (une sonnette surmonte d'un micro)Portes de garages

    N 22: Construction de 21 appartements. L'immeuble est presque achev.Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :Au Ranelagh : Buster KeatonA la Porte de Saint-Cloud : L'Homme sauvage.Auteuil-bon-cinema : L'vasion la plus longueRoyal-Passy: La Bataille de San SebastianStyx : Two faces of Dr. JekyllFestival d'Avignontoile: Trois chefs d'uvre de Mlis et les Chasses du Comte ZaroffFestival Estival de Paris (programme peu exaltant)Affichettes Viniprixetc. (j'en ai marre de noter)

    N 18 1: au 5 tage, des stores orange ;au 6 tage, des jardins suspendus (c'est 1'appartement qu'occupa jadis Martine Carol)

    Rien de chang aux N 14 et 16, o vit toujours Bernard Jaulin.Du ct des numros impairs, le couvent n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son clatAprs le N 14, il y a une bote aux lettres, dont je n'avais pas le souvenir ; puis une suite d'immeubles que rien ne distingue.Au 4, entreprise Fontix, Peintures Dcoration.N 5: un appartement de quatre pices est louer au 1er tageN 3: G. Francis, Caf (ex-charbons ?) ; la devanture a t rcemment peinte en ocreN 1: Laiterie parisienne

    Lingerie GainesAu coin de la rue La Fontaine : ComestiblesN 2: Bar-Brasserie-Restaurant. J'aurais bien voulu y boire un caf mais l'tablissement est ferm du 29 juin au 31

    juillet.

    1 L'immeuble du n 18 est celui o vivaient mon oncle et ma tante et o je vcus moi-mme, compltement ou partiellement (tant,pendant l'anne scolaire, interne au collge Geoffroy Saint-Hilaire Etampes, de 1946 1956).

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    3. Le plan, la suite et la srie

    LENTILLESVERTMERAUDE

    Au march je lisLentilles vert meraude

    je reviens sur mes paset je lisLentilles vertes Eure-et-loir

    une troisime fois quaurais-je luje ne sais pas

    Raymond QUENEAU, Courir les rues, Gallimard, Paris, 1965.

    Comment donc lire ces descriptions de la Rue de lAssomption ? quel type de lecturenous invite Perec quand il crit de tels textes ? Bien sr, libre chacun de rpondre cesquestions et de prendre plaisir parcourir avec lui ce lieu parisien. En ce qui nous concerne,

    nous nous attacherons suivre son regard pas pas, au fil des lignes et des commentaires.Plutt que de nous intresser ce qui est vu, la rue elle-mme, nous tenterons de dchiffrerles modes dorientation visuelle6 auxquels elle se prte. Cest donc le regard port par Perecsur cette rue qui sera le fil conducteur de notre propos. cet gard, nous faisons lhypothseque ses faons de voir sincarnent dans ses manires de dire et de dcrire le lieu.

    Avant de procder une telle lecture, quelques remarques prliminaires simposent. Silobjectif principal de Perec consistait dcrire cette rue de faon littrale, de la manire laplus neutre possible, sans recherche deffets de style et en se limitant de pures donnes

    factuelles, nous nous apercevons trs vite quune telle exigence nest pas sans poser deproblmes. Le il y a , frquemment utilis par Perec pour consigner ce quil voit (23occurrences dans lensemble des textes) nest pas aussi vident quil ny parat au premierabord7. Plusieurs indices rvlent en effet limpossibilit dune observation distancie,purement factuelle et strictement dsengage. Tout dabord, le il y a devient denombreuses reprises un il y avait ou un il ny a plus . Ces variations indiquentimmdiatement le travail de la mmoire en uvre dans le regard. Lil nest donc passeulement le rceptacle passif de ce qui est donn voir. En permettant de saisir aussi ce quinest plus, il opre constamment une ractualisation de ce qui est connu et mmoris. Ensuite,quelques annotations succinctes signalent limpossibilit dun compte-rendu exhaustif. Aucours des textes, nous lisons des expressions telles que etc. ou jen ai marre de dcrire .

    Seconde impossibilit : puiser ce quil y a dire. Un ncessaire travail de slection est ralisdans toute description. Enfin, le corps mme de lobservateur constitue une conditionincontournable de ce qui est apprhend. Des tournures telles que je vois , il me

    6 Concernant les orientations visuelles, on peut se rfrer Nicolas Tixier, Parcours de lecture dun espacepublic urbain, in Les crits dans la ville, sous la direction de Vincent Lucci, LHarmattan, Grenoble, 1998,pp. 267-302 ainsi que Coulter, J. et Parsons, E.D. The Praxiology of Perception: Visual Orientations andPractical Action. in Inquiry. An Interdisciplinary Journal of Philosophy. Vol. 33, n3, 1990, pp. 251-272 etThibaud, Jean-Paul, Perception et mouvement des ambiances souterraines. in Les Annales de la RechercheUrbaine. n71, 1996, pp. 144-152.

    Pour une rhtorique des figures de cheminement, il y a louvrage majeur de Jean-Franois Augoyard,Pas pas, essai sur les cheminements quotidiens en milieu urbain, d. Le Seuil, Paris, 1979.

    7 De ce point de vue, la dmarche de Perec met lpreuve le prjug du monde objectif largement dbattupar la phnomnologie. Comme nous le verrons par la suite, le propos perecquien valide lide selon laquellenous sommes du monde plutt que dans le monde.

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    semble , on ne voit pas trs bien ou encore lusage de la forme interrogative tmoignentde lincorporation dun point de vue. Ainsi, Perec nous en dit plus que ce quil avait prvu audpart. Sans lavoir vraiment recherch, il spcifie dans le cur mme du texte les conditionsdu regard quil porte sur la Rue de lAssomption.

    Compte tenu de ce qui vient dtre dit, comment dchiffrer le cheminement du regard dePerec ? Trois lectures, bien sr non exhaustives, nous semblent pouvoir tre tentes. Chacunedelles propose une mode de visualisation des descriptions perecquiennes.

    La premire est celle du plan de description . Elle permet de distinguer diffrentescouches ou strates qui se superposent et sentremlent dans un mme texte (nous prendronspour exemple la description du 4 juillet 1969). Pour mettre en vidence ces divers plans, nousprocderons une opration de soustraction. Il sagira de gommer chaque fois les lmentsqui ne relvent pas du plan considr afin dexhiber par dfaut ceux qui le composent. Cettelecture nous donnera accs la configuration scripturaire du regard de Perec.

    LEPLANDEDESCRIPTION

    Le plan 1 celui de latrame Le plan 2 celui de lexposition

    donne lire numros et noms de btiments donne lire objets, vnements et scnes notables

    la trame procure lexposition procure

    . la texture du rcit sur la base de laquelle . le dveloppement du texte sur la base de

    sinscrivent les descriptions catgorisations et de qualifications

    en mme temps que en mme temps que

    . le fond du site partir duquel merge les . lemprise visuelle du site laquelle est soumisvnements le tout venant

    elle retrace aussi bien elle retrace aussi bien. le parcours du regard de Perec dans la rue . lattraction du regard de Perec dans la rue

    [du numro 56 au numro 1] [linattendu, le mouvement, le support crit]

    que celui que celle

    . du regard du lecteur sur la page . du regard du lecteur sur la page[de haut en bas et de gauche droite] [majuscule, passage la ligne, densit du texte]

    ce plan a valeurdorientation ce plan a valeurdimprgnation

    Le plan 3 celui du commentaire Le plan 4 celui du retrait

    donne lire la mmoire du pass donne lire des remarques mta-descriptives

    le commentaire procure le retrait procure

    . linterprtation du compte rendu sur . la mise en perspective des descriptions surla base de ce qui est connu du pass la base dune posture de surplomb

    en mme temps que en mme temps que

    . les traces laisses par le site sous . lexplicitation des conditions mme de

    forme dindices visuels lexprience in situ

    il retrace aussi bien il retrace aussi bien

    . le travail du regard de Perec dans la rue . le dtachement du regard de Perec dans la rue

    [souvenir, oubli, incertitude] [attention flottante, introspection]que celui que celui

    . du regard du lecteur sur la page . du regard du lecteur sur la page

    [projection, documentation, dcouverte] [note de bas de page, italique, apart]

    ce plan a valeurdimagination ce plan a valeurdabstraction

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    LA TRAME1.- 4 juillet 1969, vers 4 heures de l'aprs-midi

    []Au n 56, un htel.Pratiquement tous les commerants de larue sont concentrs entre la rue Davioud et l'avenue Mozart.

    En descendant la rue (not en marchant)N 54: Boucherie Thbault, que des commis lavent grande eau. Il y a encore dans le corridor une bote aux lettres

    au nom de Rigoud (un camarade de l'cole communale qui habitait l)N 52: Petit immeuble (htel particulier) avec une cour gravillonsN 50: Un magasin sans enseigne, la devanture opaque. Il me semble que c'est un cabinet d'assurances ou une

    agence immobilire (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat: il ne faisait pas caf).N 48: Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud.De l'autre ct de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs une pancarte grossirement crite annonce que LESPOISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont 4,50 F le kg : c'est cher.Du cte impair, se succdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation gnrale (minusculeboutique), un tapissier le 31 est un groupe d'immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul Laurens, avenueThodore-Rousseau).N 46: Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinoisN 44: Alimentation

    N 42: Haute-CoiffureMagasin de robes (?) devanture moderniste, l'intrieur duquel une dame se fait manucurer (par uneemploye du magasin voisin ?)

    N 40: Librairie du Lyce MolireLe Lyce Molire. Il n'a apparemment pas chang. A-t-il t raval ?Du ct des numros impairs, longue suite d'immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de laporte, en bretelles, puis il retourne dans son arrire-boutique qu'claire une lampe abat-jour de mtal conique.Au 23 bis, au 1er tage, on emmnage: immense appartement faisant le coin de la rue de l'Assomption et de la rue duGnral-Dubail. Les meubles, amens par un grand camion jaune ont l'air laid.Du ct des numros pairs, la plaque de Marietta Martin, jadis appose sur la faade de la petite maison l'aspect provincialo elle fut arrte (le 8 fvrier 1942), est maintenant fixe sur la faade d'un immeuble peine achev.N 32: Villa en renfoncement. Jardinet graviers Sur la grille une plaque : Dr Clin Nez-Gorge-Oreilles (je m'en

    souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d'Analyses MdicalesN 26: une porte de bois cloute, avec un heurtoir en forme de main. Je m'en souviens trs bien. On a ajout depuis

    un concierge lectronique (une sonnette surmonte d'un micro)Portes de garages

    N 22: Construction de 21 appartements. L'immeuble est presque achev.Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :Au Ranelagh : Buster KeatonA la Porte de Saint-Cloud : L'Homme sauvage.Auteuil-bon-cinema : L'vasion la plus longueRoyal-Passy: La Bataille de San SebastianStyx : Two faces of Dr. JekyllFestival d'Avignontoile: Trois chefs d'uvre de Mlis et les Chasses du Comte ZaroffFestival Estival de Paris (programme peu exaltant)Affichettes Viniprixetc. (j'en ai marre de noter)

    N 18 1: au 5 tage, des stores orange ;

    au 6 tage, des jardins suspendus (c'est 1'appartement qu'occupa jadis Martine Carol)Rien de chang aux N 14 et 16, o vit toujours Bernard Jaulin.Du ct des numros impairs, le couvent n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son clat

    Aprs le N 14, il y a une bote aux lettres, dont je n'avais pas le souvenir ; puis une suite d'immeubles que rien ne distingue.Au 4, entreprise Fontix, Peintures Dcoration.N 5: un appartement de quatre pices est louer au 1er tageN 3: G. Francis, Caf (ex-charbons ?) ; la devanture a t rcemment peinte en ocreN 1: Laiterie parisienne

    Lingerie GainesAu coin de la rue La Fontaine : ComestiblesN 2: Bar-Brasserie-Restaurant. J'aurais bien voulu y boire un caf mais l'tablissement est ferm du 29 juin au 31

    juillet.

    Jean-Paul THIBAUD, Nicolas TIXIER :Lordinaire du regard page 12

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    LEXPOSITION

    1.- 4 juillet 1969, vers 4 heures de l'aprs-midi

    []Au n 56, un htel.Pratiquement tous les commerants de la ruesont concentrs entre la rue Davioud et l'avenue Mozart.

    En descendant la rue (not en marchant)

    N 54: Boucherie Thbault, que des commis lavent grande eau. Il y a encore dans le corridor une bote aux lettresau nom de Rigoud (un camarade de l'cole communale qui habitait l)N 52: Petit immeuble (htel particulier) avec une cour gravillonsN 50: Un magasin sans enseigne, la devanture opaque. Il me semble que c'est un cabinet d'assurances ou une

    agence immobilire (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat: il ne faisait pas caf).N 48: Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud.De l'autre ct de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs une pancarte grossirement crite annonce que LESPOISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont 4,50 F le kg : c'est cher.Du cte impair, se succdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation gnrale (minusculeboutique), un tapissier le 31 est un groupe d'immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul Laurens, avenueThodore-Rousseau).N 46: Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinoisN 44: AlimentationN 42: Haute-Coiffure

    Magasin de robes (?) devanture moderniste, l'intrieur duquel une dame se fait manucurer (par uneemploye du magasin voisin ?)

    N 40: Librairie du Lyce MolireLe Lyce Molire. Il n'a apparemment pas chang. A-t-il t raval ?Du ct des numros impairs, longue suite d'immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de laporte, en bretelles, puis il retourne dans son arrire-boutique qu'claire une lampe abat-jour de mtal conique.Au 23 bis, au 1er tage, on emmnage: immense appartement faisant le coin de la rue de l'Assomption et de la rue duGnral-Dubail. Les meubles, amens par un grand camion jaune ont l'air laid.Du ct des numros pairs, la plaque de Marietta Martin, jadis appose sur la faade de la petite maison l'aspect provincialo elle fut arrte (le 8 fvrier 1942), est maintenant fixe sur la faade d'un immeuble peine achev.N 32: Villa en renfoncement. Jardinet graviers Sur la grille une plaque : Dr Clin Nez-Gorge-Oreilles (je m'en

    souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d'Analyses MdicalesN 26: une porte de bois cloute, avec un heurtoir en forme de main. Je m'en souviens trs bien. On a ajout depuis

    un concierge lectronique (une sonnette surmonte d'un micro)Portes de garages

    N 22: Construction de 21 appartements. L'immeuble est presque achev.Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :Au Ranelagh : Buster KeatonA la Porte de Saint-Cloud : L'Homme sauvage.Auteuil-bon-cinema : L'vasion la plus longueRoyal-Passy: La Bataille de San SebastianStyx : Two faces of Dr. JekyllFestival d'Avignontoile: Trois chefs d'uvre de Mlis et les Chasses du Comte ZaroffFestival Estival de Paris (programme peu exaltant)Affichettes Viniprixetc. (j'en ai marre de noter)

    N 18 1: au 5 tage, des stores orange ;au 6 tage, des jardins suspendus (c'est 1'appartement qu'occupa jadis Martine Carol)

    Rien de chang aux N 14 et 16, o vit toujours Bernard Jaulin.Du ct des numros impairs, le couvent n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son clatAprs le N 14, il y a une bote aux lettres, dont je n'avais pas le souvenir ; puis une suite d'immeubles que rien ne distingue.Au 4, entreprise Fontix, Peintures Dcoration.N 5: un appartement de quatre pices est louer au 1er tageN 3: G. Francis, Caf (ex-charbons ?) ; la devanture a t rcemment peinte en ocreN 1: Laiterie parisienne

    Lingerie GainesAu coin de la rue La Fontaine : ComestiblesN 2: Bar-Brasserie-Restaurant. J'aurais bien voulu y boire un caf mais l'tablissement est ferm du 29 juin au 31

    juillet.

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    LE COMMENTAIRE

    1.- 4 juillet 1969, vers 4 heures de l'aprs-midi

    []Au n 56, un htel.Pratiquement tous les commerants de la rue sont concentrs entre la rue Davioud et l'avenue Mozart.

    En descendant la rue (not en marchant)

    N 54: Boucherie Thbault, que des commis lavent grande eau. Il y a encore dans le corridor une bote aux lettres

    au nom de Rigoud (un camarade de l'cole communale qui habitait l)N 52: Petit immeuble (htel particulier) avec une cour gravillonsN 50: Un magasin sans enseigne, la devanture opaque. Il me semble que c'est un cabinet d'assurances ou une

    agence immobilire (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat: il ne faisait pas caf).N 48: Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud.De l'autre ct de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs une pancarte grossirement crite annonce que LESPOISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont 4,50 F le kg : c'est cher.Du cte impair, se succdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation gnrale (minusculeboutique), un tapissier le 31 est un groupe d'immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul Laurens, avenueThodore-Rousseau).N 46: Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinoisN 44: AlimentationN 42: Haute-Coiffure

    Magasin de robes (?) devanture moderniste, l'intrieur duquel une dame se fait manucurer (par uneemploye du magasin voisin ?)

    N 40: Librairie du Lyce MolireLe Lyce Molire. Il n'a apparemment pas chang. A-t-il t raval ?Du ct des numros impairs, longue suite d'immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de laporte, en bretelles, puis il retourne dans son arrire-boutique qu'claire une lampe abat-jour de mtal conique.Au 23 bis, au 1er tage, on emmnage: immense appartement faisant le coin de la rue de l'Assomption et de la rue duGnral-Dubail. Les meubles, amens par un grand camion jaune ont l'air laid.Du ct des numros pairs, la plaque de Marietta Martin,jadis appose sur la faade de la petite maison l'aspect provincialo elle fut arrte (le 8 fvrier 1942), est maintenant fixe sur la faade d'un immeuble peine achev.N 32: Villa en renfoncement. Jardinet graviers Sur la grille une plaque : Dr Clin Nez-Gorge-Oreilles (je m'en

    souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d'Analyses MdicalesN 26: une porte de bois cloute, avec un heurtoir en forme de main. Je m'en souviens trs bien. On a ajout depuis

    un concierge lectronique (une sonnette surmonte d'un micro)Portes de garages

    N 22: Construction de 21 appartements. L'immeuble est presque achev.

    Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :Au Ranelagh : Buster KeatonA la Porte de Saint-Cloud : L'Homme sauvage.Auteuil-bon-cinema : L'vasion la plus longueRoyal-Passy: La Bataille de San SebastianStyx : Two faces of Dr. JekyllFestival d'Avignontoile: Trois chefs d'uvre de Mlis et les Chasses du Comte ZaroffFestival Estival de Paris (programme peu exaltant)Affichettes Viniprixetc. (j'en ai marre de noter)

    N 18 1: au 5 tage, des stores orange ;au 6 tage, des jardins suspendus (c'est l'appartement qu'occupa jadis Martine Carol)Rien de chang aux N 14 et 16, o vit toujours Bernard Jaulin.

    Du ct des numros impairs, le couvent n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son clatAprs le N 14, il y a une bote aux lettres, dont je n'avais pas le souvenir ; puis une suite d'immeubles que rien ne distingue.Au 4, entreprise Fontix, Peintures Dcoration.N 5: un appartement de quatre pices est louer au 1er tageN 3: G. Francis, Caf (ex-charbons ?) ; la devanture a t rcemment peinte en ocreN 1: Laiterie parisienne

    Lingerie GainesAu coin de la rue La Fontaine : ComestiblesN 2: Bar-Brasserie-Restaurant. J'aurais bien voulu y boire un caf mais l'tablissement est ferm du 29 juin au 31

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    LE RETRAIT1.- 4 juillet 1969, vers 4 heures de l'aprs-midi

    []Au n 56, un htel.Pratiquement tous les commerants de la rue sont concentrs entre la rue Davioud et l'avenue Mozart.

    En descendant la rue (not en marchant)

    N 54: Boucherie Thbault, que des commis lavent grande eau. Il y a encore dans le corridor une bote aux lettresau nom de Rigoud (un camarade de l'cole communale qui habitait l)

    N 52: Petit immeuble (htel particulier) avec une cour gravillonsN 50: Un magasin sans enseigne, la devanture opaque. Il me semble que c'est un cabinet d'assurances ou une

    agence immobilire (avant, il y avait un marchand de bois et charbons (pas un bougnat: il ne faisait pas caf).N 48: Une pharmacie, qui fait le coin de la rue Davioud.De l'autre ct de la rue Davioud, un poissonnier-volailler-primeurs une pancarte grossirement crite annonce que LESPOISSONS SONT AU FRIGIDAIRE. Les cerises sont 4,50 F le kg : c'est cher.Du cte impair, se succdent : un teinturier, une boucherie chevaline, une droguerie, une alimentation gnrale (minusculeboutique), un tapissier le 31 est un groupe d'immeubles qui oblique vers la place Rodin (square Jean-Paul Laurens, avenueThodore-Rousseau).N 46: Antiquaire : en devanture, des petits chevaux bleus chinoisN 44: AlimentationN 42: Haute-Coiffure

    Magasin de robes (?) devanture moderniste, l'intrieur duquel une dame se fait manucurer (par uneemploye du magasin voisin ?)

    N 40: Librairie du Lyce Molire

    Le Lyce Molire. Il n'a apparemment pas chang. A-t-il t raval ?Du ct des numros impairs, longue suite d'immeubles. Au 17, un teinturier, puis un tailleur : il se tient sur le pas de laporte, en bretelles, puis il retourne dans son arrire-boutique qu'claire une lampe abat-jour de mtal conique.Au 23 bis, au 1er tage, on emmnage: immense appartement faisant le coin de la rue de l'Assomption et de la rue duGnral-Dubail. Les meubles, amens par un grand camion jaune ont l'air laid.Du ct des numros pairs, la plaque de Marietta Martin, jadis appose sur la faade de la petite maison l'aspect provincialo elle fut arrte (le 8 fvrier 1942), est maintenant fixe sur la faade d'un immeuble peine achev.N 32: Villa en renfoncement. Jardinet graviers Sur la grille une plaque : Dr Clin Nez-Gorge-Oreilles (je m'en

    souviens) et Dr F. Clin Laboratoire d'Analyses MdicalesN 26: une porte de bois cloute, avec un heurtoir en forme de main. Je m'en souviens trs bien. On a ajout depuis

    un concierge lectronique (une sonnette surmonte d'un micro)Portes de garages

    N 22: Construction de 21 appartements. L'immeuble est presque achev.Affiches et affichettes sur la palissade du chantier :

    Au Ranelagh : Buster KeatonA la Porte de Saint-Cloud : L'Homme sauvage.Auteuil-bon-cinema : L'vasion la plus longueRoyal-Passy: La Bataille de San SebastianStyx : Two faces of Dr. JekyllFestival d'Avignontoile: Trois chefs d'uvre de Mlis et les Chasses du Comte ZaroffFestival Estival de Paris (programme peu exaltant)Affichettes Viniprixetc. (j'en ai marre de noter)

    N 18 1: au 5 tage, des stores orange ;au 6 tage, des jardins suspendus (c'est 1'appartement qu'occupa jadis Martine Carol)Rien de chang aux N 14 et 16, o vit toujours Bernard Jaulin.Du ct des numros impairs, le couvent n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son clat

    Aprs le N 14, il y a une bote aux lettres, dont je n'avais pas le souvenir ; puis une suite d'immeubles que rien ne distingue.Au 4, entreprise Fontix, Peintures Dcoration.N 5: un appartement de quatre pices est louer au 1er tageN 3: G. Francis, Caf (ex-charbons ?) ; la devanture a t rcemment peinte en ocreN 1: Laiterie parisienne

    Lingerie GainesAu coin de la rue La Fontaine : ComestiblesN 2: Bar-Brasserie-Restaurant. J'aurais bien voulu y boire un caf mais l'tablissement est ferm du 29 juin au 31

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    1 L'immeuble du n 18 est celui o vivaient mon oncle et ma tante et o je vcus moi-mme, compltement ou partiellement(tant, pendant l'anne scolaire, interne au collge Geoffroy Saint-Hilaire Etampes, de 1946 1956).

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    La seconde est celle de la suite de numros . Elle permet de retracer les orientationsdu regard de Perec dans la rue en se focalisant sur les occurrences dadresses des btimentsmentionns. Lensemble des sept textes dont nous disposons sera utilis. Pour mettre envidence les phnomnes denchanement du regard, nous procderons une opration dereconstitution. Il sagira de retracer graphiquement la structure bipolaire de la rue (ct pair /ct impair) afin de dgager quelques figures de cheminement visuel. Cette lecture nousdonnera accs la configuration spatiale du regard de Perec.

    Lenchanement : il sagit de la figure de base, le passage du btiment (identifi par un numro) celuiqui le suit immdiatement. Ce type de balayage respecte la logique dalignement de la rue et dun cheminementcontinu.

    Le balayage : il sagit denchaner alternativement les descriptions dun ct lautre de la rue, zigzagpouvant tre visuel autant que moteur, comme la plupart des orientations visuelles.

    Le regroupement : loppos du balayage, il sagit dun point de vue dun ensemble composant la rue,par exemple, une synthse panoramique.

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    Le gommage : il sagit littralement de loubli, visible dans le tableau par un saut dans les numros,dlments composants la rue.

    La reprise : il sagit dun retour effectu sur un lment dj dnot pour complter aprs coup sadescription.

    Lanamnse : il sagit dune description qui fait appel la mmoire. Mmoire rcente, avec unedescription par exemple dun btiment au numro 5 alors que lon est lautre bout de la rue, en train de dcrireles btiments numrots dans les 50. Mais aussi mmoire plus ancienne, par la remmoration dun btimentdisparu au moment de la description.

    La troisime est celle de la srie de visites . Elle permet de faire apparatre lesvariations et transformations des commentaires que suscite un mme btiment au cours dutemps. Seuls quelques btiments seront pris en exemple : ceux situs au 18, 20 [bis, ter], 22,24 [bis] et 26 de la Rue de lAssomption. Pour mettre en vidence ces carts descriptifs, nousprocderons une opration de compilation. Il sagira de mettre en vis--vis les diverses

    descriptions dun mme lieu ralises des moments diffrents. Cette lecture nous donneraaccs la configuration temporelle du regard de Perec.

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    De la mme manire que Perec sabstient de fournir un guide de lecture de sesdescriptions in situ en laissant au lecteur le soin dy trouver ce que bon lui semble, nous avonslimit au maximum lexgse de ces trois recompositions de second degr. Leur prsentationgraphique et agencement interne, leur dispositio, parle, nous lesprons, suffisamment deux-mmes pour ne pas surajouter une couche interprtative qui na sans doute pas lieu dtre.

    4. Appropriations, parents et ressaisissement final

    Appropriations, car ils nous semblent important de ne pas se cantonner dans lanalyse, maisau contraire de revenir lacte, la pratique de lespace. En regard lenseignement delarchitecture et de lurbanisme, les approches perecquiennes de lespace et de lhabitpermettent un retour sur les pratiques et les reprsentations que nous en avons. Elles montrentde faons sensible et pragmatique comment lespace offre des prises des pratiques et un

    imaginaire urbain, et comment, en retour, ceux-ci configurent le site.

    Parents, car de nombreuses personnes dveloppent des approches similaires. Diffrentesobservations sensibles de lespace sarticulent autour du temps qui passe. Elles empruntent ousappuient sur des dmarches et des outils venant plutt des disciplines artistiques, de lacration. travers le quotidien, lordinaire captur par diffrents types de relevs, mergent lammoire du lieu autant que celle, insparable, de lobservateur.

    On se limitera lnonciation de quelques unes de ces approches.

    - Chez Paul Auster, on retrouve, avec le personnage du buraliste qui photographie depuisde nombreuses annes chaque matin le mme carrefour, toujours la mme heure et dansla mme position, cette capture du quotidien. Un film (Smoke) a fait suite une nouvellelittraire8. Il donne la fois voir des photographies les unes aprs les autres avec lesvolumineux albums dans lesquels elles sont chronologiquement ranges, et la fois lalecture qui en ait faite avec tout ce que lon peut appeler la nostalgie dtre qui senmane.

    - Des gographes9 ont mis en place des observations pour tudier lvolution des paysages.Pour cela, ils ont fait appel des photographes professionnels, renforant ainsi ladimension esthtique et sensible propre cet outil. Un travail de reconductionphotographique est alors effectu. En rptant quelques annes plus tard la mme action

    que leurs prdcesseurs (recherche du point prcis de la prise de vue, utilisation du mmeangle et si possible dun matriel quivalent, le tout partir dune fiche mise au pointinitialement), chacun, par ce transfert la fois pratique (puisque in situ) etphotographique, gnre la srie autant quil la commente.

    8 Auster (Paul), Conte de Nol dAuggie Wren, d. Actes Sud, 1991 (premire publication : New York Times le25 dcembre 1990).

    Les performances rcentes de Sophie Calle tissent aussi des liens trs intressants entre Paul Austeret Georges Perec. Une srie de petits livres retracent ces actions : Sophie Calle, Double jeux, d. actes Sud,Paris, 1998.

    9 Revue Squences / Paysages, n1, la revue de lobservatoire, d. Hazan, 1997, ainsi quune srie darticles : LeMonde du 30/07/97 : Le paysage est mis sous observation photographique et Libration du 11/08/97 : AvantAprs (1). Les paysages au fil du temps. Menglon enlve le haut. (Six articles courant aot 1997).

    Jean-Paul THIBAUD, Nicolas TIXIER :Lordinaire du regard page 18

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    Pour citer ce document :THIBAUD, Jean-Paul ; TIXIER Nicolas. L'ordinaire du regard. In : Le Cabinet d'Amateur. Actes du Colloque Perecet limage. Toulouse : Presses Universitaires du Mirail, dcembre 1998, n 7-8, pp. 51-67.

    - Des travaux utilisant ce principe dapproche systmatique ont aussi t dvelopps envido. On peut citer tout un ensemble de vidogrammes sur les parcs et jardins 10 quiillustrent les possibilits de la vido autant dans la prise de vue que dans le montage.Prenons lexemple intitul Esplanade de la Cathdrale Assises vgtales de KarineSudan. Un banc public faisant face un lac est film durant vingt-quatre heures. A partirde cette matire, quivalent en fait un unique plan fixe, une srie de coupes temporellessont effectues. Le montage de ces fragments reprsente un condens vivant de cetespace : multiples usages qui sont fait de ce banc, changement dambiance qui enrsultent, luminosit du lieu

    Ressaisissement, car chaque fois nous retrouvons :

    - des contraintes de relevs explicites ;

    - des releves sinscrivant dans une temporalit calcule ;

    - et linluctable implication de lobservateur.

    10 Amphoux (Pascal), Parcs et promenade pour habiter. Douze monographies lausannoises, IREC / EPFL,Lausanne, Tome 2 : cassette vido, Recherche IREC n121, 1994.