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Année 2019 Thèse Pour le DOCTORAT EN MÉDECINE Diplôme d’État par Paul BACHELIER Né le 19/06/1992 à Poitiers (86) Évaluation des inconforts rapportés par les patients hospitalisés en Unité de Surveillance Continue (USC) et en réanimation, étude pilote au sein du Centre Hospitalier de Chartres Présentée et soutenue publiquement le 23 octobre 2019 devant un jury composé de : Président du Jury : Professeur Saïd LARIBI, Médecine d’Urgence, Faculté de Médecine -Tours Membres du Jury : Professeur Olivier MIMOZ, Médecine d’urgences, Faculté de Médecine – Poitiers Professeur Francis REMERAND, Anesthésie et Réanimation, Faculté de Médecine – Tours Professeur René ROBERT, Réanimation médicale, Faculté de Médecine - Poitiers Directeur de thèse : Docteur Pierre KALFON, Réanimation, PH, CH-Chartres

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Année 2019 N°

Thèse

Pour le

DOCTORAT EN MÉDECINE

Diplôme d’État

par

Paul BACHELIER Né le 19/06/1992 à Poitiers (86)

Évaluation des inconforts rapportés par les patients hospitalisés en Unité de

Surveillance Continue (USC) et en réanimation, étude pilote au sein du Centre Hospitalier

de Chartres

Présentée et soutenue publiquement le 23 octobre 2019 devant un jury composé de :

Président du Jury : Professeur Saïd LARIBI, Médecine d’Urgence, Faculté de Médecine -Tours

Membres du Jury : Professeur Olivier MIMOZ, Médecine d’urgences, Faculté de Médecine – Poitiers

Professeur Francis REMERAND, Anesthésie et Réanimation, Faculté de Médecine – Tours

Professeur René ROBERT, Réanimation médicale, Faculté de Médecine - Poitiers

Directeur de thèse : Docteur Pierre KALFON, Réanimation, PH, CH-Chartres

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SERMENT D’HIPPOCRATE En présence des Maîtres de cette Faculté,

de mes chers condisciples

et selon la tradition d’Hippocrate,

je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur

et de la probité dans l’exercice de la Médecine.

Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent, et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.

Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux

ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira

les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas

à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.

Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,

je rendrai à leurs enfants

l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.

Que les hommes m’accordent leur estime

si je suis fidèle à mes promesses.

Que je sois couvert d’opprobre

et méprisé de mes confrères

si j’y manque.

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Remerciements :

A Monsieur le Professeur Saïd LARIBI, merci de me faire l’honneur de présider

ce jury et de juger mon travail. Merci de m’avoir accordé votre confiance en m’intégrant au

DESC d’urgence et dans votre service.

A Monsieur le Professeur Olivier MIMOZ, merci de me faire l’honneur d’avoir

accepté de juger ce travail. Merci pour vos enseignements au cours de mon externat.

A Monsieur le Professeur Francis REMERAND, merci de me faire l’honneur de

juger ce travail. Soyez assuré de mon profond respect.

A Monsieur le Professeur René ROBERT, merci de me faire l’honneur de faire

partie de ce jury et ainsi de partager votre expertise dans le domaine des unités de

surveillance continue.

Au Docteur Pierre KALFON, merci d’avoir accepté d’être mon directeur de thèse

et de m’avoir proposé ce sujet qui m’était inconnu mais qui s’est révélé passionnant. Merci

pour vos conseils, vos relectures et surtout votre disponibilité. J’espère que notre

collaboration se poursuivra.

A l’ensemble des personnes qui m’ont permis de réaliser ce travail,

Merci à toute l’équipe de réanimation de l’hôpital de Chartres pour leur participation

et tout particulièrement à Juliette, pour ses relectures et ses conseils. A Bénédicte et à

l’équipe de recherche clinique pour le travail effectué sur la base de données. Merci aux

docteurs Baumstark et Boucekine pour leur aide avec l’analyse statistique.

A toutes les personnes rencontrées au cours de l’internat,

Merci à Christophe. Toi qui m’as chaleureusement accueilli aux urgences et qui m’as

encouragé à choisir la médecine d’urgence. Tu étais là le premier jour de mon internat, je

suis fier que tu sois présent aujourd’hui.

Merci au service des urgences de Chartres pour votre accueil et vos conseils. Je suis

impatient de faire officiellement partie de l’équipe.

Merci aux services de gériatrie, pédiatrie et cardiologie du centre hospitalier de

Chartres pour tout ce que vous m’avez apporté. Merci aux docteurs Aubert, De Bonneval

et De Rancourt qui m’ont ouvert les portes de leur cabinet pendant 6 mois.

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A ma famille,

A mes parents, merci pour tout ce que vous avez pu faire pour moi, pour cette enfance

formidable. Merci pour votre amour et votre soutien à toute épreuve. Maman, tu es tout ce

que l’humanité a de bon. Merci pour tes conseils et tes visites (souvent accompagnées de

petits plats). J’admire ton humanisme et ton empathie qui font de toi la personne vers qui

je me tourne quand j’ai besoin. Papa, merci de m’avoir transmis ta curiosité et ton goût pour

les sciences. Ta perspicacité et ta force de caractère sont des exemples pour moi. J’aimerai

être la moitié de l’homme que tu es.

A mes deux sœurs, je vous aime. J’aurais toujours pour vous une oreille et une épaule

pour vous écouter et vous soutenir.

A mes grands-parents et à toute la famille, merci pour votre soutien et vos

encouragements. Merci papi Albert pour tes relectures, tata Gladys pour l’aide en anglais.

A Laurédith qui a fait le chemin jusqu’ici. Aux autres cousins et cousines que

j’embrasse.

A ma belle-famille, merci d’être venue si nombreux me soutenir aujourd’hui, parfois

de loin, j’en suis très touché.

A Mathilde,

Merci pour ton soutien et ton amour depuis presque 2 ans. Je sais que ces derniers

mois n’ont pas été les plus faciles. Merci d’avoir fait tout ton possible pour me faciliter la

vie tout en supportant mon humeur. Merci pour tes nombreuses relectures. Je t’aime.

A mes amis, « Les amis, cette famille que l’on choisit »

Hawa, Benjamin, Mathias, Ronan, merci pour ces 24 ans d’amitiés, depuis la

maternelle à maintenant. Vous êtes là depuis le début, je suis heureux que certains aient pu

venir. Je sais que les autres m’accompagnent en pensée.

Julien, merci pour ton soutien. Tes messages d’encouragements et tes blagues m’ont

permis de garder le moral. « C’est très important pour la… la santé du… du cigare… »

Sarah, Pablo, merci pour ces 2 années de collocation. Merci d’avoir été là dans les

moments de doute, de peine mais surtout dans ceux de joie.

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Tillia, Amélie, Augustin, Bienvenu, Sébastien, vous avez transformé ces 3 ans

d’internat en une fabuleuse période. Merci pour ces bons moments passés et à venir.

A tous les autres, Sam, Cyril, Léo, Cac 40, Guillaume, Miguel, Laura, Raph’, Tantan,

François, Caru…

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Index :

AS : Aide-soignant

dB : Décibels

CH : Centre Hospitalier

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CNP : Conseils Nationaux Professionnels

DSM IV : Diagnostic and Statistical Manual IV

EN : Échelle Numérique

ETP : Équivalent Temps Plein

IASP : International Association for the Study of Pain

IDE : Infirmier Diplômé d’État

IGSII : Indice de Gravité Simplifié II

IPREA : Inconforts des Patients de REAnimation

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

SFAR : Société Française d’Anesthésie et de Réanimation

SRLF : Société de Réanimation de Langue Française

USC : Unité de Surveillance Continue

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RÉSUMÉ ......................................................................................................... 13

ABSTRACT ..................................................................................................... 14

1. INTRODUCTION .................................................................................. 15

2. CONTEXTE DE LA REANIMATION .................................................. 16

2.1. TERMINOLOGIE ................................................................................. 16

2.2. HISTORIQUE ...................................................................................... 16

2.3. DÉMOGRAPHIE ET STRUCTURES ...................................................... 20

3. LES INCONFORTS EN REANIMATION .......................................... 23

3.1. POURQUOI RÉDUIRE LES INCONFORTS ? ......................................... 23

3.2. LES DIFFÉRENTS INCONFORTS EN RÉANIMATION .......................... 24

3.3. CONSÉQUENCES DES INCONFORTS .................................................. 27

3.4. MÉTHODES DE RECUEIL ET D’ÉVALUATION DES INCONFORTS ....... 29

4. PROGRAMME DE RÉDUCTION DES INCONFORTS ..................... 31

4.1. INTERVENTIONS CIBLÉES ................................................................. 31

4.2. PROGRAMME DE RÉDUCTION À COMPOSANTES MULTIPLES ............ 32

5. LES UNITÉS DE SURVEILLANCE CONTINUE (USC) .................. 34

5.1. LE CONCEPT D’UNITÉ DE SURVEILLANCE CONTINUE ..................... 34

5.2. CADRE LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE ......................................... 35

5.3. TYPOLOGIE DE PATIENTS ................................................................. 37

5.4. ORGANISATION DES USC ................................................................. 38

6. ETUDE PILOTE : « COMPARAISON DES INCONFORTS

RAPPORTÉS PAR LES PATIENTS EN USC INDIVIDUALISÉE ET EN

RÉANIMATION » ................................................................................................. 40

6.1. MÉTHODOLOGIE .............................................................................. 40

6.1.1. Objectif ......................................................................................... 40

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6.1.2. Type d’étude ................................................................................. 40

6.1.3. Population étudiée ....................................................................... 40

6.1.4. Mesure des inconforts perçus par les patients .............................. 41

6.1. RÉSULTATS ........................................................................................ 41

6.1.1. Population générale ...................................................................... 41

6.1.2. Inconforts ..................................................................................... 44

6.1.3. Analyse de sous-groupes .............................................................. 47

6.2. DISCUSSION ....................................................................................... 51

7. CONCLUSION ....................................................................................... 53

8. BIBLIOGRAPHIE .................................................................................. 54

9. ANNEXE ................................................................................................ 66

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RÉSUMÉ

La réanimation est née au milieu du XXe siècle grâce aux travaux des Professeurs

Henrik LASSEN et Bjorg IBSEN sur la ventilation mécanique. Il s’agit initialement d’une

médecine de sauvetage dont le seul objectif est la survie du patient. Avec le développement

précoce des techniques de suppléance d’organe, la réanimation obtient des résultats

spectaculaires mais est confrontée à de nouvelles problématiques.

Le concept de qualité de vie incite les praticiens à s’interroger sur leurs pratiques, sur

les conséquences imputables aux actes thérapeutiques et à mettre en évidence les sources

d’inconforts et de stress présentes pendant et après l’hospitalisation. Leurs conséquences

sont multiples et conduisent les soignants à mesurer les sources d’inconforts dans le but de

les limiter.

Les Unités de Surveillance Continue constituent une structure de soins intermédiaire

offrant une surveillance attentive à des patients ne justifiant pas d’une hospitalisation en

réanimation. Il existe trois modèles d’USC : intégrée, individualisée et isolée.

Nous avons mené une étude pilote observationnelle, prospective et monocentrique

au sein des unités de réanimation et d’USC du CH de Chartres de mai 2018 à juin 2019.

Nous avons inclus 345 patients. Le critère de jugement principal était le score d’inconfort

global mesuré par le questionnaire IPREA (Inconforts perçus par les Patients de

REAnimation).

Les patients hospitalisés dans cette USC individualisée ont rapporté un score global

d’inconfort inférieur à celui des patients hospitalisés en réanimation

En conclusion, notre étude constitue une première étape pour déterminer le modèle

optimal d’USC en termes d’inconforts.

MOTS CLES : Inconforts - Résultats rapportés par le patient - Réanimation - Unités

de Surveillance Continue

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ABSTRACT

Intensive care was born in the middle of the XX century thanks to the research works

of the professors Henri LASSEN et Bjorg IBSEN on the mechanical ventilation. Initially

it was a rescue medicine with sole objective of saving the patient life. With the early

development of life support equipment, intensive care achieve spectaculars results but faces

new challenges.

The concept of quality of life encourage the practitioners to question themselves

regarding their practice, the consequences imputable to the therapeutic act and to

investigate on patient’s perception of stress during and after the hospitalization. Stressors

haves many consequences that lead careers to measure them in purpose to reduce them.

The Intermediate Care Areas constitute a structure of alternative care aiming to offer

attentive monitoring of the patients that do not justify an hospitalization in ICU. There are

three ICA types: Integrated, individual and isolated.

We had conducted a pilot prospective observational and single institution study

within ICU and ICA of the HC of Chartres for one year, from Mai 2018 until June 2019.

We included 345 patients. The main criteria of judgement was the global score of

discomfort measure by a questionnaire IPREA (Inconforts Perçus par les Patients de

REAnimation) administer to the patients after their stay in ICU or ICA.

We observed a lower global discomfort score with the hospitalized patients in the

ICA individual, compare to those hospitalized in ICU. That difference persists after

adjustment by linear regression multivariate on the criteria define a priory.

To conclude, our study is a first attempt in determining the optimal ICA model in

terms of discomforts.

KEYWORDS: Critical care – Discomfort – Patient-reported outcome – ICU –

Intermediate Care

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1. INTRODUCTION

La réanimation est une discipline récente, qui a pour rôle la prise en charge de patients

présentant ou susceptibles de présenter une ou plusieurs défaillances viscérales aigües

mettant en jeu le pronostic vital (1). Il est aujourd’hui largement reconnu que les patients

sont exposés à de multiples inconforts au cours de leur séjour. Ces facteurs de stress sont

d’origine multifactorielle, liés à la pathologie aigüe menant le patient en réanimation, aux

mesures thérapeutiques mises en œuvre (dont les procédures parfois douloureuses) ou bien

au monitorage des paramètres vitaux. Ces inconforts et leurs conséquences sont désormais

bien identifiés par les experts et il apparait nécessaire que les soignants mettent en place des

mesures pour les limiter.

Les Unités de Surveillance Continue (USC) constituent une structure de soins

intermédiaire visant à offrir une surveillance attentive à des patients ne justifiant pas d’une

hospitalisation en réanimation. Il existe trois modèles : l’USC « intégrée » où les lits sont

indifférenciés dans l’unité de réanimation, l’USC « individualisée » où celle-ci partage les

moyens humains et matériels avec la réanimation et l’USC « isolée » sans réanimation

présente dans l’établissement. L’USC « individualisée » permettrait une meilleure maitrise

des inconforts en offrant un espace plus calme, moins bruyant et garantissant plus

d’intimité.

A notre connaissance, aucune étude n’a évalué les inconforts que subissent les patients

au cours d’une hospitalisation en USC. L’objectif de ce travail est d’évaluer de manière

quantitative les inconforts ressentis par les patients lors de leur séjour en USC et de le

comparer aux inconforts perçus lors d’un séjour en réanimation.

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2. CONTEXTE DE LA REANIMATION

2.1. Terminologie

Le terme « réanimation médicale » est né en France au début du XXe siècle, période

où la définition de la mort apparente et les possibilités de retour à la vie devenaient sujets

de nombreux ouvrages de recherche. On parlait alors de reviviscence, de ranimation et de

réanimation. A partir de 1931, Léon Binet assimile la réanimation aux techniques de

ressuscitation respiratoire et cardio-circulatoire (2).

Le terme « réanimation » est donc, initialement, utilisé pour décrire les techniques de

lutte contre la mort (ressuscitation respiratoire, réanimation du cœur arrêté, transfusion et

perfusion). Au cours de la seconde guerre mondiale, le terme « réanimation » est synonyme

de traitement du choc traumatique et du choc des brûlés.

En 1954, le centre de réanimation neuro-respiratoire de l’hôpital Claude Bernard est

créé. La même année, dans son ouvrage « Techniques de réanimation médicale » (3), le

Professeur Jean Hamburger définit la réanimation médicale comme :

« un mode de pensée de la médecine moderne, une façon d’aborder le

traitement de toutes les maladies comportant un risque vital aigu » (3).

La « réanimation médicale » devient alors une discipline hospitalière. Elle fut

reconnue en milieu universitaire en 1969.

2.2. Historique

On peut dater la naissance de la réanimation moderne le 1er septembre 1954, jour de

la création du service de réanimation neuro-respiratoire de l’hôpital Claude Bernard dans le

pavillon Lassen (anciennement Pasteur) (2,4,5). Il existait, bien évidemment, depuis

longtemps déjà, une volonté de rétablir les fonctions vitales altérées.

Concernant le cœur, le massage manuel d’un cœur de chien est décrit par un chirurgien

Allemand, Schiff, en 1874. Ce dernier rétablit une circulation spontanée chez des chiens

tués par chloroforme, après ventilation par trachéotomie et en massant directement le cœur

à thorax ouvert (2,6). Le premier cas clinique de réanimation cardiaque chez l’homme est

décrit en 1898 par Tuffier et Hallion concernant un patient victime d’une embolie

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pulmonaire. Les battements cardiaques reprirent spontanément après massage du cœur par

voie trans-diaphragmatique (2,6).

Sur le plan respiratoire, le bouche à bouche était déjà recommandé par Réaumur en

1740 et par Buchanan en 1759 (7–10). Des trachéotomies furent pratiquées, dès 1825, par

le docteur Bretonneau et des intubations laryngées par le docteur Bouchut en 1858 (2,7).

En 1952, une épidémie de poliomyélite survenait au Danemark (11). Malgré les

avancées technologiques représentées par l’oxygénothérapie au masque de Binet et la

ventilation artificielle par les poumons d’acier, de nombreux patients atteints de paralysie

des muscles respiratoires décédèrent (4,7,9,10,12).

Grâce à l’autopsie des corps, Henrik Lassen, chef du service des maladies infectieuses

de l’hôpital Blegdam à Copenhague, et Bjorn Ibsen, anesthésiste formé aux États-Unis,

observèrent un taux élevé de dioxyde de carbone dans le sang des patients. Ils émirent

l’hypothèse que cet excès de dioxyde de carbone était dû à une insuffisance respiratoire

provoquant une hypercapnie et une hypoxémie. Ils préconisèrent donc une prise en charge

par trachéotomie (ou intubation dans de rares cas) et ventilation en pression positive

intermittente au ballon qu’il fallait actionner continuellement. Les résultats positifs ne se

font pas attendre et l’hôpital de Blegdam aménage un département de trois étages constitués

de 35 lits chacun pour accueillir une centaine de patients atteints de paralysie respiratoire

(11,12). Bien que des respirateurs par voie externe existaient depuis le début du XXe siècle

(Pulmotor de H. Dräger en 1907 ; Engström 150 en 1952), ils étaient peu nombreux (5). La

ventilation des patients dépendants et leur surveillance ne furent possibles que par la

mobilisation de centaines d’étudiants en médecine et d’élèves infirmières qui se relayaient

auprès des malades (11).

L’initiative du Professeur Henrik Lassen eut rapidement une portée internationale et

tout particulièrement en France, où le Professeur Pierre Mollaret, en collaboration avec le

Professeur Maurice Goulon, ouvre la première unité de réanimation au monde le 1er

septembre 1954. Ce Professeur de la Chaire de Clinique des Maladies Infectieuses à

l’Hôpital Claude-Bernard transforma le pavillon Pasteur en la première unité moderne de

réanimation au monde.

Son initiative reposait sur trois objectifs :

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- la création d’un centre dédié exclusivement au traitement des formes

respiratoires de la poliomyélite ;

- l’acquisition de respirateurs mécaniques de type « Engström 150 » et d’une

logistique de laboratoire ;

- la constitution d’une équipe médicale travaillant en temps continu (7,13,14).

Le bâtiment fut renommé « pavillon Lassen » et des travaux furent entrepris pour

accueillir un plateau technique important et inédit (salle de radiologie, laboratoire d’analyse,

circuit d’alimentation en gaz médicaux, système électrique comprenant deux groupes

électrogènes, etc…). Lors de l’ouverture, le service pouvait accueillir douze patients dans

des chambres individuelles équipées d’un respirateur et 25 patients en observation ou soins

de suite (4,13,14). Le service s’agrandit jusqu’à comporter 74 lits et une trentaine de

respirateurs fonctionnant en permanence. L’encadrement était initialement constitué de

quatre assistants et un interne. Après la création du service et l’acquisition de respirateurs à

pression positive intermittente performants, il fallut aussi étoffer une équipe médicale

travaillant en temps continu (4,14). Cette équipe médicale comportait également des

externes volontaires qui se relayaient toutes les six heures sous la direction générale des

quatre assistants (Docteurs Goulon, Damoiseau, Rapin et Lissac) et du docteur Pocidalo,

biologiste. Chaque jour, un membre de l’équipe des quatre assistants restait sur place

jusqu’au lendemain. Ces gardes de 24 heures étaient une véritable nouveauté à l’hôpital.

Si la réanimation doit son organisation au Professeur Mollaret, elle doit son nom au

Professeur Hamburger, néphrologue à l’hôpital Necker (13). Ce dernier fit de la réanimation

médicale une discipline qui met en œuvre des moyens permettant de rétablir l’équilibre

humoral. Grâce aux progrès techniques, la composition hydro-électrolytique et acido-

basique du sang devint plus facilement mesurable (4). La correction de ces désordres devint

alors la règle et le Professeur Hamburger vit la réanimation médicale comme « une discipline

médicale nouvelle comportant l’ensemble des gestes thérapeutiques destinés à conserver un

équilibre humoral aussi proche que possible de la normale au cours des états morbides aigus

qu’elle qu’en soit la nature ».

La correction des désordres acido-basiques imputables aux défaillances respiratoires

devint possible grâce à la ventilation mécanique. Parallèlement, le rein artificiel développé

par Richet et Hamburger à partir de novembre 1954 changeait radicalement le pronostic de

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l’insuffisance rénale. De même, la découverte de nombreux antibiotiques et leur production

industrielle rendaient le « syndrome malin des maladies infectieuses » exceptionnel, au point

que ce terme disparut du langage médical (4).

Ainsi, la réanimation prenait en charge les patients avec défaillance d’organe grave,

corrigeait les désordres biologiques et suppléait les organes afin de passer le « cap aigu » en

attendant une récupération. La prise en charge des patients qui présentaient, ou risquaient

de présenter, un risque vital se faisait par « une approche physiopathologique bioclinique,

[…] et sur des moyens thérapeutiques issus des techniques les plus modernes » (4).

Cette nouvelle méthode de prise en charge transforma radicalement le pronostic de

certaines pathologies : poliomyélite, tétanos, méningoencéphalite, syndrome de Guillain-

Barré ou le choc infectieux « post-abortum » pour ne citer que quelques exemples les plus

marquants de cette époque. L’un des succès le plus fameux fut aussi le coma barbiturique

profond qui représentait la modalité de suicide la plus fréquente à cette période. Sa mortalité

passa de 90 à 1% grâce à la ventilation mécanique à laquelle était associée la « diurèse forcée

avec alcalinisation urinaire » (4).

Cependant, la réanimation connut quelques revers. Si le développement des

antibiothérapies permit de sauver de nombreux patients, il entraîna également l’émergence

de bactéries résistantes aux antibiotiques. Les techniques invasives comme la ventilation

mécanique ou la pose de cathéter au long cours entraînèrent des infections nosocomiales.

Les pionniers de la réanimation furent également confrontés à deux états jusque-là

inconnus. La suppléance d’organe et la survie qui en découlait posèrent de nouvelles

problématiques que sont le coma dépassé (mort cérébrale) et l’état végétatif prolongé. En

1959, Pierre Mollaret et Maurice Goulon décrivirent le coma dépassé comme « l’abolition

totale des fonctions de la vie de relation […] une abolition également totale des fonctions

de la vie végétative » (15). Bien que la circulation sanguine fût intacte, le cerveau ne

présentait pas de signe objectif de fonctionnement. La définition même de la mort fut

remise en question. Ces situations furent à l’origine du développement de l’éthique médicale

et de la question de l’obstination déraisonnable.

Les services de réanimation étaient, à leur début, des lieux fermés où étaient pratiqués

des soins techniques lourds. La suppléance d’organe, l’état de mort cérébrale et l’obstination

déraisonnable ont ainsi entraîné des débats éthiques et les droits des patients en furent

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renforcés. Progressivement, la prise en charge des patients et des accompagnants a « évolué

vers plus de sophistication et de complexité » (16). Le confort du patient et ses droits à

l’information (loi n° 2002-303 du 4 mars 2002) deviennent fondamentaux dans la prise en

charge. Comme le dit le Professeur Jean Reignier (2013) :

« Au-delà de la technique et des soins physiques, de nombreux travaux de recherche

ont mis en évidence la nécessité de prendre en compte les dimensions éthiques et

psychologiques dans l’accompagnement des patients et de leurs proches » (16).

2.3. Démographie et structures

Un service de réanimation a pour mission la prise en charge des patients « dont le

pronostic vital est engagé en raison de défaillances viscérales aigües potentiellement

réversibles » (17). Leur prise en charge nécessite une surveillance rapprochée, des moyens

humains et techniques importants (ventilation mécanique, épuration extra-rénale,

circulation extra-corporelle). Les services et leurs équipes doivent aussi répondre à une

problématique éthique et à l’accompagnement psychologique des patients et des proches

(16).

En France, l’organisation des unités de réanimation est soumise à une réglementation

forte. Leur fonctionnement est défini par le décret n°2002-466 du 5 avril 2002 et l’activité

de réanimation est soumise à autorisation (18)(19). Une unité de réanimation doit

comporter un minimum de huit lits (sauf dérogation liée à une situation géographique

particulière). Elle doit assurer une prise en charge des patients 24 heures sur 24, tous les

jours de l’année. Elle doit comporter une Unité de Surveillance Continue (USC) (20). Ces

règlements définissent une organisation et structuration minimalistes qui ont été renforcés

en 2012 par des recommandations d’experts sous l’égide de Fourrier et al. (2012) au nom

de la Fédération de la réanimation (17). Ce référentiel n’est pas légalement opposable mais

il « définit les structures et l’organisation fonctionnelle, matérielle et humaine d’une unité

de réanimation autorisée selon les critères des schémas régionaux d’organisation des soins

(SROS) » (17). Dans le premier chapitre « Principes fondamentaux », il est rappelé qu’en

plus d’une prise en charge « immédiate, permanente et durable », les unités de réanimation

doivent disposer d’une architecture et d’une organisation qui permettent :

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« une prise en charge globale et personnalisée des patients avec une

sécurisation maximale des soins et en même temps une réduction maximale

des facteurs d’agression physique et psychologique, pour le patient et ses

proches, comme pour le personnel soignant. » (17)

Les recommandations concernant les droits des patients et le principe de

« bientraitance » sont mentionnées au 6ème chapitre de « Structures et organisation des

unités de réanimation : 300 recommandations ». Il est recommandé, par exemple, que des

« actions d’évaluation de la qualité du respect du droit des patients et de l’accueil des

proches » soient organisées. Les malades et leurs proches doivent être informés et le

personnel doit être disponible pour délivrer l’information. Le personnel médical,

paramédical et les secrétaires doivent être formés à délivrer l’information oralement aux

familles. Il est également recommandé que les principes de « bientraitance » fassent l’objet

d’une politique systématique au sein des unités de réanimation (17). Les principes de

bientraitance issus de la 6e conférence de consensus commune « Mieux vivre la

réanimation » (21) ont conclu aux recommandations suivantes :

- il faut dépister et traiter systématiquement la douleur ;

- il faut probablement dépister agitation et delirium et les traiter ;

- il faut réduire le niveau de bruit et il est logique de moduler l’intensité des alarmes ;

- il faut favoriser l’alternance de lumière entre le jour et la nuit ;

- il faut organiser les soins pour diminuer les sources d’inconfort ;

- les causes d’un éventuel manque de sommeil, objectif ou ressenti par le patient,

doivent être recherchées et analysées ;

- la contention physique doit être réévaluée quotidiennement et faire l’objet d’une

prescription tracée ;

- il faut dépister la soif et la traiter ;

- il est recommandé de mettre en place un programme favorisant le soutien

comportemental des proches pour diminuer le niveau de stress et réduire le risque

de stress post traumatique (ESPT) (17).

L’application de ces recommandations requiert une équipe pluri-professionnelle dont

tous les membres partagent cet objectif de bientraitance. L’effectif d’un service de

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réanimation est légalement défini par le décret n° 2002-466 du 5 avril 2002 et comprend,

au minimum, un « médecin appartenant à une équipe de professionnels qualifiés en

réanimation médicale ou en anesthésie réanimation » (18,21). L’équipe paramédicale d’une

unité de réanimation doit comporter au minimum deux infirmiers diplômés d’état (IDE)

pour cinq patients et un aide-soignant (AS) pour quatre patients. Elle doit, en outre, être en

mesure de faire intervenir un masseur-kinésithérapeute, un psychologue ou un psychiatre

en cas de besoin (18).

Une enquête réalisée en 2011 par la Fédération de réanimation a permis de dresser un

« état des lieux structurel et démographique de la réanimation médicale et polyvalente

française » (22). Dans cette enquête, 376 services de réanimation ont été recensés sur le

territoire français dont 290 ont été inclus (après exclusion des services de réanimation

chirurgicale exclusifs). Le taux de réponse était de 74,1%, soit 215 services ayant répondu à

l’enquête.

En 2011, la France comptait 3 614 lits de réanimation médicale et polyvalente dont

53% situés dans un Centre Hospitalier (CH), 34% dans un Centre Hospitalier Universitaire

(CHU) et 14% en établissement privé. Concernant l’activité de ces services en 2011, selon

cette enquête de la Fédération de la réanimation :

« 104 723 patients totalisant 781 868 journées ont été admis […] dans

les services ayant répondu à l’enquête, soit après extrapolation aux 290

services recensés, un nombre total de 141 254 admissions et 1 054 612

journées par an en réanimation polyvalente en France. » (22)

Les services étaient composés en moyenne de 5,4 équivalents-temps-plein (ETP) de

médecins séniors, 29 IDE, 17 AS, 0,9 ETP pour les kinésithérapeutes, 0,2 ETP de temps

moyen de psychologue, 0,3 ETP de temps moyen d’assistante sociale et 1,5 ETP affecté

aux secrétaires.

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3. LES INCONFORTS EN REANIMATION

3.1. Pourquoi réduire les inconforts ?

Selon la définition de l’OMS, la santé est « un état de complet bien-être physique,

mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité »

(23). Cette définition élargit le sens de la santé, qui était jusqu’alors « la vie dans le silence

des organes » selon Leriche (1936) (24). Le bien-être est un concept multidimensionnel. Il

comprend à la fois des dimensions connues et mesurables comme le confort et l’absence

de douleur et des dimensions non mesurables relevant du vécu psychologique du patient

(25).

Le concept de qualité de vie émerge dans les années 1970 comme un critère

d’évaluation en santé (26,27). Dans certaines situations comme les maladies chroniques, les

cancers ou la douleur chronique, le critère de survie ou de morbidité usuellement utilisé

pour évaluer une thérapeutique se révèle insuffisant ou non pertinent et des critères de

qualité de vie doivent être utilisés.

L’histoire de la réanimation et sa mission en ont longtemps fait une « médecine de

combat » (28) où tout était fait pour préserver la vie du patient. Cette préservation de la vie

passe par des techniques de suppléances lourdes et souvent invasives ainsi qu’une

surveillance permanente. La réanimation est une agression, depuis l’admission qui est

anxiogène pour le patient et ses proches soumis à « l’angoisse de la disparition possible d’un

être cher, [et] confrontés à un milieu hospitalier et technique choquant dans lequel

l’humanité peut paraître absente ou négligée » (1), jusqu’à la sortie qui peut être vécue

comme un abandon et provoquer une anxiété liée à la diminution de la surveillance en

passant par l’ensemble des traitements mis en œuvre dont les procédures sont souvent

douloureuses (intubation, aspiration trachéale, pose et retrait de drains thoraciques ou de

cathéters, etc…)(29,30).

Ces inconforts et leurs répercussions sur la qualité de vie des patients sont le sujet

d’une littérature abondante. Dès 1978, il était rappelé que la réanimation ne doit pas être

seulement un lieu de survie mais un lieu de vie (31). Il est intéressant de noter que l’auteure

de ce message était une infirmière de réanimation.

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La 6e conférence de consensus commune de la SFAR et de la SRLF consacrée au

« Mieux vivre en réanimation » (1) qui a eu lieu le 19 novembre 2009 s’inscrit exactement

dans cette assertion. Cinq questions furent abordées et traitées par les experts (1) :

- quelles sont les barrières au « mieux vivre » en réanimation ?

- comment améliorer l’environnement en réanimation ?

- quels sont les soins qui permettent de « mieux vivre » la réanimation ?

- quelles stratégies de communication en réanimation ?

- comment personnaliser un processus décisionnel ?

3.2. Les différents inconforts en réanimation

Les agressions auxquelles sont exposés les patients de réanimation, ou stressors selon

les Anglo-saxons, sont nombreuses et affectent les patients de différentes manières. Les

inconforts et leurs conséquences sont étudiés depuis 1970 notamment dans les revues

infirmières. Ces nombreuses sources d’inconfort peuvent être classées de différentes

manières. Par exemple, Yava et al. (2018) et Pang and Suen (2008) distinguent quatre types

d’inconforts : physiques, psychologiques, liés aux procédures thérapeutiques ou liés à

l’environnement (32–34). Lusk et Lash (2005) ont choisi d’organiser les inconforts en trois

catégories : psychologiques, liés aux traitements ou liés à l’environnement (34). Nelson et

al. ont séparé les conditions spécifiques génératrices d’inconforts des symptômes lors d’une

étude concernant des patients cancéreux admis en réanimation (35).

Selon les données de la littérature, les inconforts les plus fréquemment perçus en

réanimation sont :

• La douleur :

La douleur est un symptôme fréquent dans les services de réanimation (30,35–37). La

prévalence de la douleur est importante puisque rapportée chez plus de 30% des patients

au repos (38) et plus de 50% des patients au cours de procédures courantes en soins

intensifs (37–40). Les procédures les plus douloureuses ont été identifiées par des études

internationales avec de larges effectifs (37,41). Il s’agit des plaies chirurgicales, des

traumatismes, des douleurs néoplasiques, des retraits de drains thoraciques, de la mise en

place de cathéters, de la ventilation mécanique, de la mobilisation au lit (« turning in bed »),

ou encore des aspirations trachéales (42,43). Les conséquences négatives de la douleur sont

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significatives et persistent à long terme. De manière générale, il a été prouvé que la douleur

majore le risque de présenter des douleurs chroniques, entraîne une diminution de la qualité

de vie, majore le risque d’état de stress post-traumatique et constitue une des premières

causes de trouble du sommeil (40). En 2008, Granja et coll. montraient que 17% ( n = 313)

des patients se souvenaient avoir ressenti une douleur intense au cours de leur

hospitalisation, six mois après leur séjour en réanimation et 18% étaient à haut risque de

développer un stress post traumatique (ESPT) (44). Le stress induit par la douleur peut

entraîner une libération de catécholamines, une diminution de la perfusion tissulaire par

vasoconstriction, un hyper-métabolisme, une hyperglycémie et une inhibition de l’immunité

cellulaire (45,46). On observe également une prolongation du temps de ventilation

mécanique et une prolongation du temps d’hospitalisation (40). C’est pourquoi il est

recommandé d’évaluer quotidiennement la douleur chez tous les patients hospitalisés en

réanimation afin de la traiter (40).

• La soif :

La soif, le besoin d’eau, est un système complexe de régulation des apports hydriques.

Certains médicaments, comme les diurétiques ou les antalgiques, déséquilibrent la balance

hydrique et majorent la sensation de soif (47,48). La soif est mal évaluée en routine par les

soignants en réanimation (32,49,50). Il s’agit pourtant d’un symptôme rapporté par plus de

70% des patients de réanimation dans plusieurs études (35,51–55).

• Le manque de mobilité lié aux perfusions :

Ne pas pouvoir bouger ses mains à cause des perfusions, être attaché, est un inconfort

perçu par les patients dont les soignants ont pris conscience et qui est rapporté par les

patients depuis 1981 (32,33,50,53,56,57).

• Le sommeil :

Le sommeil en réanimation est l’objet d’une littérature scientifique très riche. Il a été

prouvé dès 1985, puis confirmé par de nombreuses autres études, que le sommeil des

patients hospitalisés en réanimation est de mauvaise qualité (58–60). Les patients de

réanimation ont un sommeil fragmenté et sont éveillés près de 30 à 40% du temps durant

la période normale de sommeil (61). De plus, l’analyse de polysomnographies réalisées chez

des patients de réanimation montre à quel point l’architecture normale du sommeil se

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trouve altérée avec une inversion du rythme circadien, une prédominance des phases 1 et

2, une réduction voire une absence des phases 3 et 4 et du sommeil paradoxal (58,60,62–

64). Les causes de ce sommeil de mauvaise qualité sont multiples : certaines causes sont

environnementales (excès de lumière, activités de soins, literie et bruit), d’autres sont liées

aux patients et à leurs pathologies, aux traitements médicamenteux et à la ventilation

mécanique (59–61,65–68). Ce sommeil de mauvaise qualité peut avoir des conséquences

délétères sur la morbi-mortalité. Il est aujourd’hui admis que le manque de sommeil :

- majore le risque relatif de maladie cardio-vasculaire ;

- réduit la réponse respiratoire à l’hypercapnie ;

- entraîne une réduction de l’immunité cellulaire ;

- induit une résistance à l’insuline et une majoration du catabolisme protidique ;

- majore le risque de présenter un delirium (63,69–72).

• La température ambiante :

La température dans la chambre d’hospitalisation est un inconfort cité dans

différentes études, qui dépend principalement des conditions climatiques extérieures et des

équipements dont disposent les services hospitaliers (climatisation, chauffage)

(36,53,56,57,73)

• Le bruit :

Les nuisances sonores font partie des stressors les plus décrits dans la littérature. Les

premières études en salle de réveil ou en unité de réanimation datent des années 1970

(74,75). Il s’agit d’une des premières sources d’inconforts rapportées par les patients

(35,36,50). Bien que l’OMS recommande que les niveaux sonores moyens dans les hôpitaux

soient inférieurs à 35 dB le jour et 30 dB la nuit (76), les niveaux enregistrés dans les

chambres des patients sont en moyenne de 70 dB le jour et 60 dB la nuit, avec des pics

supérieurs à 100 dB (77–80). Les sources sonores sont nombreuses. Il s’agit des alarmes,

des machines de suppléances (respirateurs, générateurs d’hémodialyse, etc…), des

téléphones mais aussi des soignants qui peuvent représenter 33% des bruits enregistrés,

avec des pics sonores lors des visites (80,81). Au-delà du volume, le type de nuisances

sonores influence la réponse du patient à ce stress. Les alarmes, les voix des soignants et le

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bruit continu des respirateurs semblent être les sons les plus désagréables pour les patients

(60). Le bruit dans les unités de réanimation perturbe le sommeil des patients et entraîne

des sentiments de colère, d’anxiété et d’angoisse (83). Les pics sonores peuvent également

entraîner des épisodes de tachycardie chez les patients comme chez les soignants (77).

• La lumière :

L’exposition à la lumière modifie le rythme circadien et même un faible niveau

lumineux entre 100 et 500 lux affecte la sécrétion naturelle de mélatonine (83). On sait

également que l’absence d’alternance jour/nuit a un effet délétère sur le sommeil (64). Les

chambres de réanimation sont exposées à des intensités lumineuses très variables, de 5 lux

à plus de 1400 lux (64,84). En plus d’influer sur les conditions de travail des soignants, un

quart des patients se plaignent de la qualité de l’éclairage en réanimation (1,35,85).

Cependant, l’effet de la lumière sur le sommeil n’est pas parfaitement démontré (60).

D’autres inconforts sont imputables à l’organisation des soins, à la disponibilité du

personnel et à l’architecture. Le respect de l’intimité, le sentiment d’être isolé, la dépendance

et l’incapacité de communiquer sont décrits comme stressants (1,35,52).

La restriction de l’accès aux proches est un inconfort rapporté par les patients dans plusieurs

études (35,86). Il est désormais démontré que la restriction des visites est une source

d’anxiété, de delirium et d’état de stress post-traumatique (ESPT) (1,52).

3.3. Conséquences des inconforts

L’exposition des patients de réanimation aux multiples inconforts précédemment

cités peut favoriser la survenue d’un syndrome confusionnel dénommé delirium.

Le delirium est défini, selon le DSM V, par une « atteinte neurocognitive secondaire à un

problème physiologique » (87).

La plupart des études descriptives rapportent une prévalence entre 15 et 50% de

delirium en réanimation. Les principales circonstances pouvant favoriser le delirium

sont (71,88) :

• une sédation par fortes doses de benzodiazépines ;

• un antécédent de trouble visuel ou auditif ;

• l’âge supérieur à 65 ans ;

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• des antécédents psychiatriques ;

• un éthylisme ou une toxicomanie ;

Le delirium est un facteur de mauvais pronostic en réanimation. En effet, il entraîne

une augmentation de la mortalité, de la durée de séjour et des coûts (71,87,89). A plus long

terme, le delirium est un facteur de risque de l’état de stress post traumatique.

Parmi les mesures préventives proposées, figurent un moindre recours aux

benzodiazépines, un protocole de sédation avec réveil quotidien et des mesures non

pharmacologiques comme la lutte contre l’insomnie, la mobilisation et la réhydratation

précoce (88).

Selon Bauerheim et al. (2013) et la définition de l’Americain Psychiatric Association :

« L’état de stress post-traumatique (ESPT) est un trouble anxieux secondaire à un

événement traumatique exceptionnellement menaçant ou catastrophique engendrant un

ressenti de peur, d’horreur ou d’impuissance » (90).

La confrontation à la mort que constitue l’admission en réanimation, à laquelle

s’ajoute le stress induit par l’environnement (nuisances sonores et lumineuses, altération du

cycle veille sommeil, incapacité à communiquer, douleurs…) sont des situations

traumatisantes pour le patient qui peut en garder des séquelles. Une récente revue de la

littérature a montré que la prévalence des ESPT varie de 0 à 65 % selon les populations

étudiées et la méthode d’évaluation utilisée (92). Les principaux facteurs de risques reconnus

sont : l’administration de fortes doses de benzodiazépines, le delirium, un haut niveau

d’anxiété ou de dépression dans les jours suivants la sortie de réanimation, le manque de

sommeil et la présence d’hallucinations (90,92–94). Bauerheim et al. (2013) observent un

impact négatif de l’ESPT sur la qualité de vie après un séjour en réanimation (90).

En conclusion, il existe un lien entre le delirium, l’ESPT et les inconforts en

réanimation. Nous émettons l’hypothèse qu’en diminuant les inconforts et facteurs de stress

lors d’un séjour en réanimation, l’incidence des ESPT et du delirium diminuera.

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3.4. Méthodes de recueil et d’évaluation des inconforts

Il existe deux approches pour évaluer les inconforts liés à une hospitalisation : une

approche subjective et une approche objective.

L’approche objective consiste à mesurer une grandeur physique (intensité sonore en

décibels ou flux lumineux reçu par le patient en lux) pour quantifier la source de nuisance

potentielle. Cette mesure pourra être associée à la « mesure de variations de paramètres

physiologiques caractérisant les conséquences de ces sources de nuisances sur les patients

de réanimation (indicateurs obtenus à partir d’enregistrements EEG ou ECG par

exemple) » (95). Bien que cette approche puisse sembler plus précise, elle nécessite des

moyens techniques qui peuvent être difficiles à mettre en œuvre en continu (EEG,

polysomnographie, etc…). De plus, elle ne prend pas en compte le vécu du malade et son

expérience par rapport à la nuisance.

L’approche subjective consiste à évaluer la perception et le ressenti du patient au

moyen de questionnaires qui lui sont soumis. Cette méthode est théoriquement plus simple,

puisqu’elle ne nécessite pas de matériel spécifique, mais requiert des questionnaires validés

pour la population étudiée. Ainsi, plusieurs outils ont été développés dont le premier et le

plus utilisé fut l’ICUESS (Intensive Care Unit Environnemental Stressor Scale) en 1981 (56). Ce

questionnaire fut modifié au fil du temps, des items furent ajoutés au cours d’études

successives après validation auprès d’experts en soins infirmiers en réanimation (32,34). En

1998, Cornock incorporât 8 nouveaux items au questionnaire ICUESS, sur les

recommandations de Cochrane et Ganong (1989), et le renomma « ICU-ESQ » (34). Ce

dernier questionnaire ne comporte pas moins de 50 items, ce qui le rend difficilement

utilisable en pratique courante.

En 2011, en France, le questionnaire Inconforts des Patients de REAnimation

(IPREA) a été développé et validé selon les critères internationaux. Ce questionnaire a été

développé à partir d’un effectif de 868 patients, recrutés dans quatorze centres différents.

La génération des items d’inconforts résultait de l’analyse de la littérature portant sur les

sources d’inconforts perçues par les patients de réanimation et sur l’expérience d’un groupe

de travail composé de médecins et d’infirmier(e)s exerçant en réanimation (73). Ce

questionnaire IPREA comportait initialement les 16 items d’inconforts suivants : isolement,

limitation des visites des proches, froid, chaleur, excès de lumière, bruit, douleurs,

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restriction de l’autonomie par des câbles et lignes de perfusions, non-respect de l’intimité,

angoisse, inconfort lié à une literie inhabituelle, manque de sommeil, soif, faim, absence de

téléphone et insuffisance d’information (96). L’absence de structure multidimensionnelle

identifiée dans le questionnaire IPREA autorise le calcul d’un score global d’inconfort, situé

sur une échelle de 0 à 100 (de l’absence totale d’inconfort à l’inconfort global maximal

perçu).

En 2019, une nouvelle version du questionnaire IPREA a été élaborée, comportant

deux items supplémentaires : difficultés à respirer et dépression. Encore une fois, une étude

de validation a démontré l’absence de caractère multidimensionnel du questionnaire (97).

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4. PROGRAMME DE RÉDUCTION DES INCONFORTS

4.1. Interventions ciblées

Les inconforts les plus décrits et étudiés en réanimation sont la douleur, la soif et les

troubles du sommeil. Après les avoir recensés et évalué leurs conséquences, les soignants

ont naturellement cherché à maîtriser et réduire ces inconforts. Des programmes de

réductions ciblés visant un ou deux inconforts ont donc démontré une efficacité dans la

correction et la réduction d’inconforts. Il est ainsi démontré que la douleur doit être évaluée

afin d’être corrigée.

La douleur est « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à

une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes » (98). Cette

définition implique que la douleur est une expérience multidimensionnelle, subjective, qui

doit être rapportée par le sujet qui la perçoit. Le meilleur moyen pour l’évaluer est donc le

sentiment du patient lui-même. Néanmoins, selon l’International Association for the Study

on Pain (IASP) « The inability to self-report does not negate the possibility that an individual is

experiencing pain and is in need of appropriate pain-relieving treatment » (99). Même en cas

d’incapacité à exprimer une expérience douloureuse, il est indispensable pour les soignants

de chercher des signes de douleur afin de proposer un traitement antalgique.

Il est recommandé que la douleur soit évaluée quotidiennement dans les unités de

réanimation (1,40,100). L’évaluation subjective de la douleur est considérée comme le gold-

standard. L’Échelle Numérique (EN), couramment utilisée en réanimation, est l’échelle

d’auto-évaluation la plus discriminante et facile à utiliser en pratique courante (39). Lorsque

l’auto-évaluation est impossible à obtenir, des outils d’hétéro-évaluation de la douleur

doivent être utilisés. La Behavioural Pain Scale (BPS) et le Critical-Care Pain Observation Tool

(CPOT) ont été identifiés comme les deux outils présentant les propriétés psychométriques

les plus robustes pour évaluer la douleur dans les unités de réanimation (101).

Lorsque la douleur est évaluée quotidiennement avec des échelles validées, on observe

une diminution significative de la durée de ventilation mécanique (102). On observe

également moins d’infections nosocomiales, moins de delirium et une meilleure utilisation

des antalgiques et des sédatifs (100).

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D’autres études ont porté sur la soif. Puntillo et al. (2014) ont ainsi montré qu’il était

possible de soulager la soif par des moyens simples et peu coûteux. La recherche de la

sensation de soif par interrogatoire associée à des mesures de réduction de la soif comme

de l’eau en pulvérisation ou des sprays mentholés, réduisent significativement la sensation

de soif et la détresse liées à la soif (103).

Nous avons exposé précédemment à quel point le bruit est un inconfort fréquent et

délétère en réanimation. Les équipes soignantes ont donc cherché des moyens de diminuer

les sources d’inconfort auditif et le stress induit par celles-ci. En plus de limiter le volume

des alarmes, certains auteurs ont proposé des sessions de musicothérapie afin de diminuer

l’anxiété des patients. Chlan (1998) a montré qu’un session quotidienne de musique pouvait

diminuer la fréquence respiratoire et la fréquence cardiaque du patient bénéficiant de

ventilation mécanique (104).

Les études concernant le sommeil et le port de bouchons d’oreilles associé à des

masques anti-lumière rapportent des données contradictoires. Hu et al. (2015) montrent

que ces mesures améliorent la qualité du sommeil ressentie par le patient mais sans influence

sur les niveaux de mélatonine et de cortisol (105). Le Guen et al. (2014) ont montré que la

présence de bouchons d’oreilles et de masque en post-opératoire augmentait le temps de

sommeil tout en réduisant l’auto-administration d’opiacés (106). En revanche, Demoule et

al. (2017) ne montrent pas d’effet positif de ces deux mesures sur la qualité du sommeil

évaluée à partir d’enregistrements polysomnographiques (107).

4.2. Programme de réduction à composantes multiples

A notre connaissance, le seul programme de réduction des inconforts à composantes

multiples est représenté par les différentes campagnes IPREA1 et IPREA3.

Comme cité précédemment, la campagne IPREA1 a permis la validation

psychométrique du questionnaire IPREA selon les recommandations internationales.

L’étude IPREA3 a été conduite d’octobre 2014 à 2015. L’objectif de l’étude était d’évaluer

un programme de réduction des inconforts basé sur une démarche qualité dont

l’instauration provient de l’équipe soignante.

Le programme IPREA3 est basé sur la démarche d’amélioration continue de la qualité

et comporte les étapes suivantes selon le principe de la roue de Deming : planification

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(Plan), réalisation (Do), vérification (Check) et action (Act). Ainsi, les équipes appliquent les

recommandations élaborées par un comité d’experts puis administrent le questionnaire

IPREA aux patients le jour de la sortie. Un feedback destiné à l’équipe de réanimation a lieu

tous les mois sous la forme de réunions durant lesquelles sont présentés les scores moyens

d’inconfort pour chaque item avec comparaison aux résultats produits dans les autres

services participant au même programme. L’équipe de réanimation élabore ensuite des

mesures de réduction des inconforts propres à leur service, en déterminant des « actions

pour lever des barrières éventuelles qui empêcheraient la diffusion adéquate des mesures

de réduction d’inconforts préalablement décidées lors des réunions mensuelles

précédentes » (96). Cette étude multicentrique contrôlée randomisée en cluster a montré une

réduction significative du score global d’inconfort perçus par les survivants de réanimation

(57).

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5. LES UNITÉS DE SURVEILLANCE CONTINUE (USC)

5.1. Le concept d’unité de surveillance continue

Le concept d’« Unité de Surveillance Continue » est apparu au États-Unis, au cours

des années 1980, comme une structure intermédiaire entre les services de réanimation et les

services de soins standards. L’objectif était de créer des structures capables d’accueillir des

patients ne relevant pas de la réanimation (absence de défaillance aigüe d’organe) mais

nécessitant une surveillance ou des soins trop lourds pour un service d’hospitalisation

conventionnel (108,109). Ce besoin de structures intermédiaires fait suite à la remise en

cause de l’utilisation excessive des ressources des unités de réanimation par plusieurs études.

En 1987, Henning RJ et al. montrent que 22% des journées d’hospitalisation se rapportent

à des malades « à faible risque » (calculé selon l’Acute Physiology Score ; ASP < 10) qui ne

bénéficient pas d’interventions actives justifiant le séjour en réanimation (110). De même,

en 1995, Zimmerman JE et al. recensent, sur un effectif de 14 440 admissions en

réanimation, 35% de patients ne nécessitant qu’une surveillance attentive sans technique de

suppléance (111). Des résultats similaires sont observés en France en 2002 dans une étude

multicentrique portant sur 20 unités de réanimation issues de centres hospitaliers

universitaires et non universitaires. Pinsard et al. observent que 43% des admissions et 30%

des 9300 journées totalisées sont représentées par des patients ne justifiant d’aucune

thérapeutique de réanimation (108,112).

A partir de ces constatations et dans un objectif d’efficience, il semblait logique de

proposer la création d’USC afin de prendre en charge ces patients ne relevant pas de la

réanimation et que les unités de soins intensifs spécialisés (cardiologique,

gastroentérologique, pneumologique ou neurologique) n’avaient pas non plus vocation à

accueillir puisque hors du champ de leur activité spécialisée. Comme le dit Voultoury, le

but de ces structures est ainsi « d’améliorer la qualité de l’orientation des patients dès leur

admission et d’augmenter l’accessibilité aux lits de réanimation permettant de limiter le coût

des séjours des patients de faible gravité tout en garantissant une prise en charge de bonne

qualité » (109).

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Il est suggéré que les USC offrent une qualité de soins supérieure à celle des services

conventionnels tout en offrant un espace plus calme, moins bruyant et garantissant plus

d’intimité, sans que cela soit clairement démontré (113,114).

Plusieurs études évaluant les USC montrent une amélioration de l’accès en

réanimation aux patients « lourds » et une diminution des admissions de patients à faible

risque (115). Cette même étude met en évidence une baisse de la mortalité et une diminution

de 38,8% des arrêts cardiaques dans les unités de soins standards. Une autre étude, conduite

par Byrick RJ et al., montre que la fermeture d’une « intensive care unit » (équivalent nord-

américaine des USC) entraîne une augmentation du nombre d’admissions en réanimation

depuis les unités d’hospitalisation classique aux dépens des admissions provenant du service

des urgences. Cette fermeture d’unité entraîne également une prolongation des séjours de

réanimation pour les patients considérés les plus « sévères » (109,116).

5.2. Cadre législatif et réglementaire

Les règles d’implantation et les conditions techniques de fonctionnement minimales

auxquelles doivent se conformer les établissements de santé pour l’exercice de la

réanimation et de la surveillance continue sont décrites par les décrets n°2002-465 et n°2002

du 5 avril 2002 (18,20). Ce décret précise, par l’article D.712-125, que la surveillance

continue doit permettre la prise en charge de malades nécessitant, « en raison de la gravité

de leur état, ou du traitement qui leur est appliqué, une observation clinique ou biologique

répétée et méthodique ». Ce décret autorise la présence d’une Unité de Surveillance

Continue dans un établissement ne disposant ni d’unité de soins intensifs, ni d’unité de

réanimation s’il a conclu une « convention précisant les conditions de transfert des patients

avec des établissements disposant d’une unité de réanimation ou de soins intensifs ».

La circulaire DHOS/SDO n°2003-413 du 27 août 2003 relative aux établissements

de santé publics et privés pratiquant la réanimation, les soins intensifs et la surveillance

continue apporte des précisions et un éclairage sur les caractéristiques des patients

nécessitant des soins en USC. Ce point sera développé par la suite. Elle précise, en outre,

que « le regroupement des lits de surveillance continue dans une unité individualisée est

toujours préférable à l’existence de lits non regroupés dédiés à cette activité » et ce, dans un

but de mutualisation des moyens (19). Il est également indiqué qu’une USC soit composée

au minimum de quatre lits ; que le nombre de lits d’USC soit au moins égal à la moitié de

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la capacité en lits de la réanimation si présente dans le même établissement (afin de facilité

les conditions de transfert des patients d’une unité à l’autre) et que ces deux types d’unités

soient situées à proximité l’une de l’autre (19).

La réglementation apporte ainsi le cadre légal définissant le principe de « Surveillance

Continue », son champ d’activité, les obligations minimales de structure et d’organisation,

et les caractéristiques des patients à admettre. Cependant, des imprécisions persistent sur le

fonctionnement de ces unités.

Des recommandations, élaborées par les conseils nationaux professionnels (CNP)

de médecine intensive réanimation, anesthésie-réanimation et médecine d’urgence ont été

publiées en 2018 afin d’optimiser le fonctionnement de ces unités, en adéquation avec les

nouvelles organisations du système de santé (108). Cinq champs de réflexion ont ainsi été

définis :

• typologie de patients ;

• structure des USC ;

• organisation et management paramédical ;

• organisation et management médical ;

• USC et GHT.

Ces recommandations viennent en sus des recommandations concernant la

structuration et l’organisation des USC élaborées par la Fédération de la Réanimation en

2014 (117).

Concernant la structure des USC, chaque lit doit être équipé avec le matériel

permettant un monitorage continu (scope cardiaque, tensiomètre, oxymètre de pouls). Les

chambres doivent comporter des sanitaires avec un point d’eau, des arrivées d’oxygène,

d’air et de vide mural. Les USC doivent disposer du matériel permettant d’initier la prise en

charge des patients présentant une défaillance vitale (108,117). La Fédération de la

réanimation rappelle que :

« Autant que faire se peut, l’hospitalisation dans une USC ne doit pas constituer pour

les patients une situation d’agression physique ou psychologique. L’organisation de l’USC

doit permettre la réduction maximale de ces nuisances, en particulier pour les patients

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sortant de réanimation, dont le projet de soin vise à une mise en autonomie progressive. »

(117)

Pour ce faire, il est recommandé que les dispositifs de monitorage et de perfusion

soient équipés « d’alarmes débrayables et dont le niveau sonore [soit] modulable » et

inférieur à 70 dB. L’intimité du patient doit être respectée par l’installation de stores et/ou

rideaux occultant intégrés dans les vitrages. De plus, il est souhaitable que les chambres

reçoivent la lumière naturelle (117).

Concernant le management paramédical, l’effectif minimal préconisé par les sociétés

savantes est d’un(e) infirmier(e) pour quatre patients et d’un(e) aide-soignant(e) pour quatre

à six malades. L’effectif en personnel paramédical doit être en nombre suffisant pour

assurer une permanence 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et doit être formé à la prise en

charge de patients à risque de défaillance vitale (108).

Concernant le management médical, la présence 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 d’un

médecin compétant en soins critiques est exigée (108). Il n’existe pas de recommandations

concernant un ratio praticiens/patients car il dépendrait de l’activité de chaque unité et de

son rattachement ou non à une unité de réanimation (108).

5.3. Typologie de patients

Selon le décret n° 2002-466 du 5 avril 2002, les USC ont pour mission la prise en

charge « des malades qui nécessitent, en raison de la gravité de leur état, ou du traitement

qui leur est appliqué, une observation clinique et biologique répétée et méthodique » (18).

La circulaire DHOS/SDO n°2003/413 du 27 août 2003 précise que les USC doivent

prendre en charge les patients « dont l’état et le traitement font craindre la survenue d’une

ou plusieurs défaillances vitales nécessitant d’être monitorées ou dont l’état, au sortir d’une

ou plusieurs défaillances vitales, est trop sévère ou instable pour permettre un retour dans

une unité d'hospitalisation classique. » (19).

Les patients admis en USC sont ceux dont le statut médical est trop sévère et/ou

présentant une charge de soins trop élevée pour une hospitalisation dans une unité

conventionnelle, sans justifier une admission en réanimation. Les patients nécessitant une

suppléance d’organe en rapport avec une défaillance viscérale aigüe (ventilation mécanique,

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épuration extra-rénale, traitement d’une insuffisance circulatoire) ne sauraient être pris en

charge plus de quelques heures (117).

Les modalités d’admission sont très variables et dépendent de la typologie de

l’établissement de santé (108,118,119). Les patients peuvent provenir du service d’accueil

des urgences, des blocs opératoires et salles de réveil, des services de soins standards ou de

l’unité de réanimation. Cette filière post-réanimation concerne des patients ayant nécessité

une prise en charge en réanimation et dont l’évolution favorable permet un transfert vers

une autre unité à condition qu’une surveillance rapprochée et un monitorage spécifique

soient possibles. L’USC remplit cette mission de service de niveau intermédiaire. La durée

de séjour en réanimation est raccourcie et, par conséquent, le transfert de réanimation vers

l’USC libère un lit pour un autre patient qui nécessiterait une suppléance d’organe.

5.4. Organisation des USC

Nous pouvons distinguer trois modèles d’organisation d’USC :

L’USC « isolée » : Il s’agit d’une unité indépendante qui trouve son intérêt dans les

établissements de santé sans unité de réanimation mais possédant une activité chirurgicale

à risque pré et post opératoire et d’accueil des urgences. Ainsi, les patients ne justifiant

d’aucune thérapeutique de suppléance d’organe mais nécessitant une surveillance attentive

peuvent bénéficier de moyens adaptés. L’avantage de ce modèle est un coût de

fonctionnement moins important qu’une unité de réanimation. Cependant, il est nécessaire

d’établir une convention avec un autre établissement possédant une réanimation pour le

transfert des patients les plus « graves » dont les fonctions vitales se dégradent (109).

L’USC « parallèle » ou « individualisée » : L’USC est adjacente à une unité de

réanimation. Les moyens humains médicaux, paramédicaux et matériels sont mutualisés

entre les unités. L’USC est sous la responsabilité administrative de l’équipe de réanimation

de l’établissement. La proximité physique de l’unité de réanimation permet une bonne

flexibilité dans la gestion de l’évolution des patients. Les avantages de ce modèle sont :

• une répartition médicale et paramédicale prédéterminée avec des projets de

soins clairement identifiés (réanimation centrée sur la prise en charge de patients

« lourds », USC centrée sur les patients « à risque » mais non défaillants et sur la

réhabilitation post-réanimation) ;

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• une meilleure répartition de la charge en soins ;

• amélioration du confort des patients et des proches (108,109).

Le principal inconvénient réside dans l’augmentation du nombre de transferts des

patients d’un secteur à l’autre en fonction de leur état de santé.

L’USC « intégrée » : Les lits d’USC sont situés au sein même de la réanimation et ne

sont pas identifiés « a priori ». La réanimation prend en charge les patients avec pathologies

« lourdes » et ceux ne justifiant que d’une surveillance attentive dans le même secteur

géographique. Cette solution permet une prise en charge optimale quelle que soit l’évolution

des patients mais requiert des coûts d’investissement matériel plus élevés. De plus, le calcul

de l’effectif paramédical se trouve plus compliqué (108,109).

A notre connaissance, aucune étude n’a évalué les inconforts perçus par les patients

hospitalisés en USC. Pour évaluer les arguments pour promouvoir l’organisation des USC

sur le modèle d’unité parallèle, nous proposons une étude originale comparant les

inconforts perçus par les patients hospitalisés en USC comparativement aux patients

hospitalisés en réanimation, dans un CH général.

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6. ETUDE PILOTE : « Comparaison des inconforts rapportés par

les patients en USC individualisée et en réanimation »

6.1. Méthodologie

6.1.1. Objectif

L’objectif principal de cette étude est d’évaluer les inconforts perçus par les patients

hospitalisés dans une USC individualisée et de les comparer aux inconforts perçus par les

patients hospitalisés en réanimation.

6.1.2. Type d’étude

Il s’agit d’une étude observationnelle, prospective et monocentrique. L’étude a eu lieu

du 01/05/2018 au 30/06/2019 au sein du service de réanimation et de l’USC du CH de

Chartres.

6.1.3. Population étudiée

La population cible de l’étude concernait tous les patients admis en USC ou en

réanimation au CH de Chartres pendant la période de l’étude. Le service de réanimation

comprend douze lits et l’USC située à proximité en comporte six.

Nous avons inclus tous les patients âgés de 18 ans ou plus, ayant survécu à un séjour

supérieur à trois jours calendaires dans une des deux unités et qui acceptaient de participer

à l’étude. Les patients étaient interrogés le jour de la sortie de l’unité par l’IDE ou par l’AS

responsable du patient le jour de la sortie ou bien par un attaché de recherche clinique dans

les 24 heures suivant la sortie.

Si un patient a séjourné plusieurs fois dans la même unité (réanimation ou USC), nous

avons sélectionné le séjour le plus long. Si un patient a séjourné dans les deux unités, nous

avons sélectionné l’unité dans laquelle le séjour le plus long s’est déroulé. Ces règles évitent

l’inclusion de patients identiques dans l’étude et permettent de réaliser une analyse par

patient et non par séjour.

Les critères de non-inclusion étaient les suivants : patients mineurs, patients avec des

troubles cognitifs ou sous mesure de protection juridique, patients ne parlant pas français

et patients refusant de participer à l’étude.

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Nous avons également constitué un autre échantillon plus restreint constitué de

patients avec multiples séjours, comportant au moins un séjour en réanimation et au moins

un séjour en USC. Si le parcours du patient a conduit le patient à plusieurs reprises dans la

même unité, réanimation ou USC, seul le séjour le plus long a été considéré. Ce sous-groupe

de patients permet de réaliser une analyse des inconforts en utilisant le patient comme son

propre témoin. Si, selon le parcours du patient, celui-ci a été hospitalisé à plusieurs reprises

dans la même unité, seul le séjour le plus long a été considéré.

6.1.4. Mesure des inconforts perçus par les patients

Nous avons utilisé le questionnaire IPREA (version à 18 items) (annexe 1) afin

d’évaluer les inconforts des patients. Nous avons demandé aux patients de coter chacun

des 18 items du questionnaire IPREA sur une échelle numérique simple de 0 à 10 (0 absence

d’inconfort, 10 inconfort maximal). Les patients étaient interrogés à l’aide d’un outil

numérique qui restitue un score global d’inconfort sur une échelle de 0 à 100.

L’administration du questionnaire par cet outil électronique permet de faire apparaitre les

18 items dans un ordre aléatoire afin de diminuer l’effet de halo (influence des réponses aux

questions initiales sur les réponses suivantes) (96).

Nous avons utilisé le score global d’inconfort comme critère de jugement principal.

Nous avons utilisé les 18 items du questionnaire comme critères de jugement secondaires.

Après l’interrogatoire, il était demandé à l’infirmière de juger l’état psychologique du

patient selon les six propositions suivantes : épuisé, confus, triste, neutre, vindicatif ou

positif.

Les scores d’inconfort sont présentés selon leur moyenne et leur écart-type. La

différence entre les inconforts en USC et en réanimation est présentée selon leur moyenne

avec l’intervalle de confiance à 95% (IC 95%).

6.1. Résultats

6.1.1. Population générale

Au total, 345 patients ont été inclus dans l’étude, 178 (51,6%) dans le groupe

réanimation et 167 (48,4%) dans le groupe USC. Leurs caractéristiques principales sont

résumées dans le tableau 1. Les principales suppléances (respiratoire, cardiovasculaire et

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rénale) dont les patients ont bénéficié au cours de leur séjour sont présentées dans le tableau

2.

Tableau 2 : Principales suppléances

Réanimation

n = 178

USC

n = 167 p

Ventilation mécanique 114 (64 %) 0 (0 %) < 10-3

Ventilation non

invasive 45 (25,3 %) 15 (9,0 %) < 10-3

Oxygénothérapie

nasale à haut débit 36 (20,2 %) 16 (9,6 %) 0,006

Catécholamines 69 (38,8 %) 3 (1,8 %) < 10-3

Épuration extra-rénale 38 (21,3 %) 1 (0,6 %) < 10-3

USC : Unité de surveillance continue ; p : Khi-deux de Pearson

Tableau 1 : Caractéristiques cliniques

Réanimation

n = 178

USC

n = 167 p

Genre (H/F) 104/74 108/59 0,234

Age (années) 62 ± 16 61 ± 18 0,573

Durée de séjour (jours) 9 ± 8 7 ± 6,5 < 10-3

IGSII 40 ± 18 23 ± 11 < 10-3

USC : Unité de Surveillance Continue ; IGSII : Indice de gravité simplifié II

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Le groupe de patients interrogé en réanimation était composé de 74 (41,6%) femmes

vs. 59 (35,3%) en USC. Après analyse selon le test approprié, il n’existait pas de différence

statistiquement significative.

Nous avons observé des durées moyennes de séjour de 9 ± 8 jours en réanimation vs.

7 ± 6,5 en USC soit une différence de 2 jours (IC 95% : 1 à 4 ; p : < 10-3). L’IGSII moyen

en réanimation était de 40 ± 18 contre 23 ± 11 en USC soit une différence de 17 (IC95% :

14 à 20 ; p = < 10-3).

Les patients hospitalisés en réanimation bénéficiaient davantage de ventilation

mécanique, d’épuration extra rénale, de ventilation non invasive, d’oxygénothérapie et de

catécholamines que les patients hospitalisés en USC, comme attendu selon les critères de

sélection de l’unité d’admission (tableau 2).

L’état psychologique des patients le jour de la sortie est résumé dans le tableau 3.

Tableau 3 : État psychologique des patients le jour de leur sortie

État psychologique à la sortie

Réanimation n = 178 (%)

USC n = 167 (%)

Épuisé 18 (10%) 10 (6%)

Confus 5 (3%) 3 (2%)

Triste 11 (6%) 5 (3%)

Neutre 72 (40%) 49 (29%)

Vindicatif 5 (8%) 3 (2%)

Positif 67 (38%) 97 (58%)

USC : Unité de Surveillance Continue

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6.1.2. Inconforts

Le score global d’inconfort des patients hospitalisés en réanimation était de 23,3 ±

15,3 alors que celui des patients hospitalisés en USC était de 18,3 ± 11,4, soit une différence

de 5 points (IC 95% : 2,18 à 7,88 ; p = 0,005).

Le score moyen pour chaque inconfort et la différence moyenne USC - réanimation

sont exposés dans la figure 1 et dans le tableau 4.

Les patients hospitalisés en USC rapportaient des scores d’inconfort moins élevés

pour les items suivants : soif, froid, dyspnée, téléphone, isolement et dépression. Au

contraire, la literie et la chaleur sont les deux inconforts qui sont, en moyenne, plus

importants en USC qu’en réanimation. Nous n’avons pas observé de différence

statistiquement significative entre les scores moyens des autres items d’inconfort contenus

dans le questionnaire IPREA : bruit, lumière, sommeil, faim, douleur, tuyaux, intimité,

angoisse, restrictions de visites et manque d’information.

Après ajustement par régression linéaire multivariée sur des critères définis a priori

(âge, sexe, IGSSII et durée de séjour) le score global d’inconfort en USC reste inférieur à

celui de réanimation (p = 0,03).

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Figure 1 : Évaluation des inconforts en réanimation et en USC

* : p < 0,05 et ** : p < 0,01 USC : Unité de Surveillance Continue

Différence : score dans le groupe USC moins score dans le groupe réanimation

-2,00 -1,00 0,00 1,00 2,00 3,00 4,00

Chaleur

Lit

Tuyaux

Lumière

Visite

Douleurs

Intimité

Faim

Information

Bruit

Sommeil

Angoisse

Isolement

Soif

Dépression

Téléphone

Dyspnée

Froid

Scores moyens des inconfortsDifférence Scores moyens d'inconfort en USC Scores moyens d'inconfort en réanimation

**

**

**

**

*

*

**

*

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Tableau 4 : Score moyen par inconfort

Réanimation n = 178

USC n = 167

D (IC 95%) p

Bruit 2,57 ± 3,13 2,04 ± 2,68 -0,53 (0,08 à -1,15) ,265

Lumière 1,63 ± 2,74 1,33 ± 2,57 -0,3 (0,26 à -0,86) ,318

Lit* 1,97 ± 3,02 2,63 ± 3,17 0,66 (1,32 à 0,01) ,014

Sommeil 3,9 ± 3,64 3,36 ± 3,18 -0,54 (0,18 à -1,27) ,259

Soif* 3,46 ± 3,60 2,56 ± 3,55 -0,9 (-0,14 à -1,66) ,014

Faim 1,7 ± 2,84 1,2 ± 2,32 -0,5 (0,04 à -1,05) ,190

Froid** 2,33 ± 3,2 0,75 ± 1,87 -1,58 (-1,03 à -2,13) < 10-3

Chaleur** 0,98 ± 2,18 2,07 ± 3,18 1,09 (1,67 à 0,51) ,001

Douleurs 3,9 ± 3,46 3,53 ± 3,26 -0,37 (0,34 à -1,09) ,350

Tuyaux 3,53 ± 3,39 3,52 ± 3,04 -0,01 (0,67 à -0,69) ,763

Intimité 1,1 ± 2,36 0,68 ± 1,77 -0,42 (0,02 à -0,86) ,132

Angoisse 3 ± 3,44 2,35 ± 3,14 -0,65 (0,05 à -1,34) ,077

Isolement* 1,74 ± 2,85 1,04 ± 2,27 -0,71 (-0,16 à -1,25) ,016

Visite 0,69 ± 1,81 0,33 ± 1,12 -0,36 (-0,04 à -0,67) ,071

Téléphone** 1,54 ± 2,92 0,43 ± 1,56 -1,12 (-0,63 à -1,61) < 10-3

Information 2,11 ± 2,85 1,59 ± 2,57 -0,51 (0,06 à -1,09) ,095

Dyspnée** 3,42 ± 3,51 2,1 ± 2,81 -1,32 (-0,65 à -1,99) ,001

Dépression** 2,43 ± 3,24 1,44 ± 2,65 -0,99 (-0,36 à -1,62) ,002

Score global** 23,32 ± 15,35 18,29 ± 11,4 -5,03 (-2,18 à -7,88) ,005

Données exprimées en score moyen des inconforts et écart-type USC : Unité de Surveillance Continue

D : Différence moyenne (score dans le groupe USC moins score dans le groupe réanimation) * : p < 0,05 et ** : p < 0,01

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6.1.3. Analyse de sous-groupes

L’analyse d’un sous-groupe de patients après exclusion des huit patients jugés confus

le jour de l’administration du questionnaire montre également un score global d’inconfort

inférieur en USC. Les caractéristiques démographiques sont exposées dans le tableau 5.

Tableau 5 : Caractéristiques cliniques

Réanimation

n = 173

USC

n = 164 p

Genre (H/F) 102/71 106/58 0,284

Age (années) 62 ± 16 61 ± 18 0,619

Durée de séjour

(jours) 9 ± 8 7 ± 6,5 < 10-3

IGSII 40 ± 18 23 ± 11 < 10-3

USC : Unité de Surveillance Continue ; IGSII : Indice de gravité simplifié II

Après exclusion des huit patients jugés confus par l’IDE ou l’AS, le jour de leur sortie,

nous avons observé des résultats identiques à ceux obtenus dans la population générale. Le

détail des scores moyens de tous les inconforts est exposé dans le tableau 6.

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Tableau 6 : Score moyen par inconfort

Réanimation n = 173

USC n = 164

D (IC 95%) p

Bruit 2,52 (3,14) 2,03 (2,67) -0,49 (0,13 à -1,11) 0,37

Lumière 1,55 (2,66) 1,31 (2,55) -0,24 (0,32 à -0,8) 0,41

Lit* 1,9 (2,97) 2,63 (3,19) 0,73 (1,39 à 0,07) 0,01

Sommeil 3,82 (3,61) 3,36 (3,2) -0,46 (0,28 à -1,19) 0,39

Soif* 3,43 (3,61) 2,53 (3,53) -0,9 (-0,13 à -1,66) 0,02

Faim 1,66 (2,84) 1,23 (2,34) -0,43 (0,12 à -0,99) 0,34

Froid** 2,31 (3,18) 0,7 (1,81) -1,61 (-1,05 à -2,16) < 10-3

Chaleur** 0,96 (2,18) 2,01 (3,13) 1,05 (1,63 à 0,47) 0,001

Douleurs 3,94 (3,47) 3,51 (3,29) -0,43 (0,3 à -1,15) 0,29

Tuyaux 3,56 (3,4) 3,55 (3,04) -0,01 (0,69 à -0,7) 0,75

Intimité 1,1 (2,38) 0,67 (1,77) -0,43 (0,02 à -0,88) 0,11

Angoisse 2,97 (3,43) 2,29 (3,08) -0,68 (0,03 à -1,37) 0,07

Isolement* 1,7 (2,8) 0,99 (2,18) -0,71 (-0,17 à -1,24) 0,02

Visite 0,62 (1,7) 0,31 (1,09) -0,31 (-0,01 à -0,62) 0,08

Téléphone** 1,5 (2,87) 0,43 (1,57) -1,07 (-0,57 à -1,56) < 10-3

Information 2,08 (2,83) 1,55 (2,56) -0,53 (0,06 à -1,1) 0,09

Dyspnée** 3,43 (3,53) 2,07 (2,76) -1,36 (-0,69 à -2,04) 0,001

Dépression** 2,39 (3,23) 1,34 (2,49) -1,05 (-0,43 à -1,67) 0,002

Score global** 23,01 (15,04) 18,07 (11,19) -4,94 (-2,11 à -7,77) < 10-3

Données exprimées en score moyen des inconforts et écart-type USC : Unité de Surveillance Continue

D : Différence moyenne (score dans le groupe USC moins score dans le groupe réanimation)

n : après exclusion des patients jugés confus * : p < 0,05 et ** : p < 0,01

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L’échantillon constitué de patients ayant bénéficiés à la fois d’une hospitalisation en

réanimation et en USC durant le même séjour était composé de 46 patients dont 32 hommes

(69,6%) pour 14 femmes (30,4%). L’âge moyen était de 67 ± 14,5 ans (médiane : 69 ans).

En moyenne, les patients rapportaient un score global de 25,8 ± 13,5 après leur séjour

en réanimation vs. 18,9 ± 11,4 points après le séjour en USC. Le détail des scores moyens

exprimés pour chaque inconfort selon le lieu d’hospitalisation est résumé dans le tableau 7.

Nous avons observé une différence statistiquement significative du score moyen des

neuf inconforts suivants entre la réanimation et l’USC : chaleur, bruit, froid, tuyaux,

intimité, isolement, visite, information et dyspnée. Il n’y avait pas de différence significative

pour les scores suivants : lumière, lit, sommeil, soif, faim, douleur, angoisse, téléphone et

dépression. Le seul inconfort qui a obtenu un score moyen plus élevé en USC qu’en

réanimation est la sensation de chaleur.

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Tableau 7 : Score moyen par inconfort

Réanimation n = 46

USC n = 46 D (IC 95%) p

Bruit* 2,72 (3,22) 1,54 (2,29) -1,17 (-0,21 à -2,14) ,019

Lumière 1,3 (2,41) 0,87 (1,68) -0,43 (0,22 à -1,09) ,188

Lit 2,7 (3,15) 2,57 (3,15) -0,13 (0,85 à -1,11) ,790

Sommeil 4,48 (3,42) 3,72 (3,19) -0,76 (0,29 à -1,81) ,151

Soif 3,15 (3,65) 2,57 (3,19) -0,59 (0,49 à -1,67) ,280

Faim 1,43 (2,73) 1,07 (2,32) -0,37 (0,45 à -1,19) ,369

Froid* 1,89 (3,16) 0,8 (2,22) -1,09 (-0,03 à -2,15) ,045

Chaleur* 1,33 (2,44) 2,85 (3,57) 1,52 (2,76 à 0,28) ,017

Douleur 4,41 (3,3) 3,78 (3,39) -0,63 (0,45 à -1,71) ,247

Tuyaux** 4,76 (3,42) 2,85 (2,96) -1,91 (-0,95 à -2,87) < 10-3

Intimité* 1,41 (2,67) 0,33 (1,14) -1,09 (-0,37 à -1,8) ,004

Angoisse 4,02 (3,4) 3,24 (3,29) -0,78 (0,22 à -1,79) ,125

Isolement* 1,76 (2,63) 0,89 (1,77) -0,87 (-0,04 à -1,7) ,041

Visite* 1,04 (2,29) 0,15 (0,79) -0,89 (-0,26 à -1,52) ,007

Téléphone 0,83 (2,21) 0,63 (1,64) -0,2 (0,52 à -0,91) ,586

Information* 2,59 (3,05) 1,74 (2,33) -0,85 (-0,04 à -1,66) ,040

Dyspnée* 4,11 (3,87) 2,54 (3,03) -1,57 (-0,29 à -2,84) ,017

Dépression 2,54 (3,2) 1,93 (2,96) -0,61 (0,43 à -1,65) ,244

Score Global* 25,87 (13,55) 18,86 (11,46) -6,91 (-3,28 à 11,46) < 10-3 Données exprimées en score moyen des inconforts et écart-type

USC : Unité de Surveillance Continue D : Différence moyenne (score dans le groupe USC moins score dans le groupe réanimation)

n : patients ayant bénéficiés d’un séjour en réanimation et en USC durant le même séjour * : p < 0,05 et ** : p < 0,01

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6.2. Discussion

Cette étude pilote, prospective et monocentrique montre que les patients hospitalisés en

USC rapportent un niveau d’inconfort moyen inférieur comparativement aux patients

hospitalisés en réanimation. Cette différence persiste après ajustement sur l’âge, le sexe, la

durée de séjour, l’IGSSII et également après exclusion des huit patients jugés confus le jour de

la sortie. Ces résultats sont renforcés par l’analyse d’un sous-groupe de patients ayant bénéficié

d’une hospitalisation en USC et en réanimation. Ces patients rapportent un score global

d’inconfort inférieur après leur séjour en USC qu’en réanimation. Ces résultats sont en accord

avec les recommandations de la Fédération de la réanimation qui visent, entre autres, à « la

réduction des facteurs d’agression physique et psychologique, pour le patient et ses proches,

comme pour le personnel soignant » (117).

La chaleur est l’un des deux inconforts qui obtient un score moyen supérieur après le

séjour en USC. Ce résultat est probablement lié à des contraintes architecturales et

matérielles particulières de l’USC du CH de Chartres qui n’est pas équipée de climatisation.

L’intégration d’une climatisation dans l’unité aurait certainement permis de limiter cet

inconfort. Concernant l’inconfort lié à la literie, l’USC étudiée utilise les lits qui équipaient

précédemment l’unité de réanimation. Nous pouvons supposer que l’amélioration de la

qualité des matelas bénéficierait aux patients.

Notre étude comporte plusieurs limitations. Premièrement, bien que l’IDE demande

aux patients d’évaluer le ressenti négatif de chaque inconfort durant toute l’hospitalisation,

leurs souvenirs du début du séjour peuvent être altérés et ils peuvent avoir indiqué une

réponse relative à la fin de celui-ci. Deuxièmement, le fait que notre critère de jugement

principal soit subjectif et obtenu à l’aide de l’IDE en charge du patient peut induire un biais.

Enfin, nous avons choisi d’utiliser le questionnaire IPREA pour évaluer les inconforts. Les

limites de ce questionnaire sont rapportées dans l’article de développement et de validation

(73,97) :

- effet plancher important avec, par conséquent, des scores bas et un faible pouvoir

discriminant ;

- interrogatoire uniquement le jour de la sortie ;

De plus, ce questionnaire a été validé pour évaluer les inconforts perçus par les

patients de réanimation, alors que notre étude explore également les inconforts relatifs à

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l’USC. Notre choix a été motivé par la facilité d’administration de ce questionnaire validé

selon les recommandations internationales et en émettant l’hypothèse que les patients

hospitalisés en USC pouvaient potentiellement subir les mêmes inconforts que ceux subis

en réanimation. Notre démarche se justifie cependant par le fait qu’il n’existe, à notre

connaissance, aucun outil validé pour évaluer les inconforts dans une USC.

Nous n’avons pas trouvé, dans la littérature, d’autres études visant à mesurer les

inconforts perçus par les patients en USC. Notre étude soulève la question du choix entre

« USC intégrée » et « USC individualisée ». Nous observons des scores d’inconfort moyens

inférieurs lors d’un séjour dans une « USC individualisée » comparativement à un séjour en

réanimation. Il s’agit d’une justification supplémentaire pour un transfert précoce des

patients en USC, dès qu’ils ne nécessitent pas ou plus de suppléance d’organe. Nous ne

savons pas si les résultats auraient été similaires dans le cas d’une USC intégrée. Une autre

étude évaluant les inconforts lors d’un séjour dans une « USC intégrée » permettrait

d’apporter plus de justifications aux choix architecturaux des futures USC.

Dans le projet d’agrandissement du service de réanimation du CH de Chartres, nous

avons intégré ces données et nous souhaitons maintenir une individualisation de l’USC par

rapport à la réanimation. Nous souhaitons également qu’une climatisation soit mise en place

afin de limiter l’inconfort provoqué par les fortes chaleurs saisonnières.

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7. CONCLUSION

Les patients hospitalisés en réanimation sont soumis à de nombreuses agressions au

cours de leur séjour, qui peuvent être aussi présentes en USC, mais selon des degrés

variables selon le modèle d’USC appliqué. Ces facteurs de stress sont désormais bien

identifiés par les soignants et il semble naturel de les limiter autant que possible. Les USC

offrent une structure de soins intermédiaires entre la réanimation et les unités de soins

standards. Certaines sont intégrées aux services de réanimation dont elles dépendent, tandis

que les autres sont géographiquement individualisées.

Dans notre étude, les patients hospitalisés dans une USC individualisée rapportaient

un score d’inconfort global inférieur à celui des patients hospitalisés en réanimation.

Cette étude pilote pourrait inspirer d’autres études multicentriques évaluant

différentes structures d’USC afin de rechercher une différence entre les USC intégrées et

les USC individualisées en termes d’inconforts perçus par les patients. Celles-ci pourraient

constituer un argument pour privilégier un modèle par rapport à l’autre.

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9. ANNEXE

Annexe 1 – Questionnaire IPREA3

Indiquer pour chaque source d’inconfort la valeur entière de 0 à 10 (échelle numérique

simple)

1 Avez-vous souffert du bruit (alarmes, radios, sonneries de téléphone,

conversations) de jour comme de nuit ?

2 Avez-vous souffert de la lumière (éclairage trop important dans la

chambre ou dans le couloir surtout la nuit ?

3

Avez-vous souffert du lit (matelas trop dur ou trop mou, matelas a ̀ eau,

tête de lit trop ou pas assez relevée, lit trop bas ou trop haut, barrières,

mauvais oreillers, etc.) ?

4 Avez-vous souffert du manque de sommeil par rapport à d’habitude ?

5 Avez-vous souffert de la soif ?

6 Avez-vous souffert de la faim ?

7 Avez-vous souffert du froid ?

8 Avez-vous souffert de la chaleur ?

9

Avez-vous eu des douleurs, même si elles étaient présentes avant

l’hospitalisation, y compris les douleurs liées aux piqûres ou lors des changes

ou de la toilette matinale ?

10

Avez-vous souffert d’être entouré(e) de tuyaux (pour les perfusions, les

connexions des électrodes fixées sur le thorax, l’oxygène dans le nez ou sur

le masque, la pince pour surveiller l’oxygénation, etc.) ?

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11

Avez-vous été gêné(e) par le fait que votre intimité ne soit pas

suffisamment respectée (par exemple pendant la toilette matinale, les

changes, l’examen par les médecins, ou les visites médicales) ?

12

Avez-vous souffert d’angoisse (peur parfois panique par exemple qu’un

appareil important fonctionne mal, provoquée parfois par le déclenchement

d’alarmes sonores) ou vous êtes-vous senti(e) très anxieux(se) durant votre

hospitalisation ?

13

Avez-vous souffert d’isolement (être seul[e] dans votre chambre, parfois

sans voir d’infirmiers ou de médecins à proximité, et sans entendre de bruit)

?

14

Avez-vous été gêné(e) par la limitation des visites des membres de votre

famille ou de vos amis selon les horaires de visite en vigueur dans le service

?

15 Avez-vous été gêné(e) de ne pas avoir de téléphone dans la chambre ?

16

Avez-vous été gêné(e) de n’être pas assez informé(e) de votre état ou de

ce qu’on allait vous faire, de l’évolution de votre maladie, de votre date de

sortie de réanimation, des suites, que ce soit par les infirmières ou les

médecins ?

17

Avez-vous souffert de difficultés à respirer, d’avoir l’impression de

manquer d’air ou de rechercher votre souffle ?

18 Avez-vous souffert de dépression durant votre séjour en réanimation ?

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BACHELIER Paul 70 pages – 7 tableaux – 1 figure – 1 annexe Résumé : La réanimation est née au milieu du XXe siècle grâce aux travaux des Professeurs

Henrik LASSEN et Bjorg IBSEN sur la ventilation mécanique. Il s’agit initialement d’une médecine de sauvetage dont le seul objectif est la survie du patient. Avec le développement précoce des techniques de suppléance d’organe, la réanimation obtient des résultats spectaculaires mais est confrontée à de nouvelles problématiques.

Le concept de qualité de vie incite les praticiens à s’interroger sur leurs pratiques, sur les conséquences imputables aux actes thérapeutiques et à mettre en évidence les sources d’inconforts et de stress présentes pendant et après l’hospitalisation. Leurs conséquences sont multiples et conduisent les soignants à mesurer les sources d’inconforts dans le but de les limiter.

Les Unités de Surveillance Continue constituent une structure de soins intermédiaire offrant une surveillance attentive à des patients ne justifiant pas d’une hospitalisation en réanimation. Il existe trois modèles d’USC : intégrée, individualisée et isolée.

Nous avons mené une étude pilote observationnelle, prospective et monocentrique au sein des unités de réanimation et d’USC du CH de Chartres de mai 2018 à juin 2019. Nous avons inclus 345 patients. Le critère de jugement principal était le score d’inconfort global mesuré par le questionnaire IPREA (Inconforts perçus par les Patients de REAnimation).

Les patients hospitalisés dans cette USC individualisée ont rapporté un score global d’inconfort inférieur à celui des patients hospitalisés en réanimation

En conclusion, notre étude constitue une première étape pour déterminer le modèle optimal d’USC en termes d’inconforts.

MOTS CLES : Inconforts - Résultats rapportés par le patient - Réanimation - Unités de Surveillance Continue