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UNIVERSITÉ de CAEN
-------
FACULTÉ de MÉDECINE
Année 2013 N°
THÈSE POUR L’OBTENTION
DU GRADE DE DOCTEUR EN MEDECINE
Présentée et soutenue publiquement le :
par
Melle
Lauriane FOUREL
Née le 20 avril 1985 à La Ferté-Macé (Orne)
TITRE DE LA THÈSE :
TRAITEMENT DES DOULEURS NEUROPATHIQUES PAR NEUROMODULATION :
LA STIMULATION MEDULLAIRE IMPLANTEE PAR VOIE PERCUTANEE
A PROPOS DE 8 CAS DE LOMBO-RADICULALGIES CHRONIQUES POST-OPERATOIRES
Président : Monsieur le Professeur Pierre DENISE
Membres : Madame le Professeur Evelyne EMERY
Monsieur le Professeur Jean-François HERON
Monsieur le Docteur Yannick PERIER « Directeur de thèse »
Faculté de Médecine
Année Universitaire 2013-2014
Doyen
Professeur J.L. GERARD
Assesseurs
Professeur D. AGOSTINI
Professeur P. DENISE
Professeur C. MARCELLI
Responsable Administrative
Madame V. LEFILLIATRE
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
M. AGOSTINI Denis Biophysique et Médecine nucléaire
M. ALLOUCHE Stéphane Biochimie et Biologie Moléculaire
M. ALVES Arnaud Chirurgie digestive
M. BABIN Emmanuel Oto-Rhino-Laryngologie
M. BALEYTE Jean-Marc Pédopsychiatrie
M. BENATEAU Hervé Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
M. BENSADOUN Henri Urologie
M. BERGOT Emmanuel Pneumologie
M. BIENVENU Boris Médecine interne
M. BOUVARD Gérard Biophysique et Médecine nucléaire
Mme BRAZO Perrine Psychiatrie d’adultes
M. BROUARD Jacques Pédiatrie
M. BUSTANY Pierre Pharmacologie
M. CATTOIR Vincent Bactériologie - Virologie
Mme CHAPON Françoise Histologie, Embryologie
Mme CLIN-GODARD Bénédicte Médecine et santé au travail
M. COMPERE Jean-François Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie
M. COQUEREL Antoine Pharmacologie
M. COURTHEOUX Patrick Radiologie et imagerie médicale
M. DAO Manh Thông Hépatologie-Gastro-Entérologie
M. DEFER Gilles Neurologie
M. DELAMILLIEURE Pascal Psychiatrie d’adultes
M. DENISE Pierre Physiologie
M. DERLON Jean-Michel (en surnombre) Neurochirurgie
Mme DOLLFUS Sonia Psychiatrie d'adultes
M. DREYFUS Michel Gynécologie-Obstétrique
M. DU CHEYRON Damien Réanimation médicale
Mme EMERY Evelyne Neurochirurgie
M. ESMAIL-BEYGUI Farzin Cardiologie
M. FELLAHI Jean-Luc Anesthésiologie et Réanimation
Mme GALATEAU-SALLE Françoise Anatomie Pathologique
M. GERARD Jean-Louis Anesthésiologie et Réanimation
M. GROLLIER Gilles Cardiologie
M. GUILLAMO Jean-Sébastien Neurologie
M. GUILLOIS Bernard Pédiatrie
M. HABRAND Jean-Louis Cancérologie option Radiothérapie
M. HAMON Martial Cardiologie
Mme HAMON Michèle Radiologie et Imagerie médicale
M. HANOUZ Jean-Luc Anesthésiologie et Réanimation
M. HAUMONT Thierry Chirurgie infantile
M. HERLICOVIEZ Michel Gynécologie et Obstétrique
M. HERON Jean-François (en surnombre) Cancérologie
M. HULET Christophe Chirurgie orthopédique et traumatologique
M. HURAULT de LIGNY Bruno Néphrologie
M. ICARD Philippe Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire
Mme JOLY-LOBBEDEZ Florence Cancérologie
Mme KOTTLER Marie-Laure Biochimie et Biologie Moléculaire
M. LAUNOY Guy Epidémiologie, Economie de la santé et prévention
M. LE COUTOUR Xavier Epidémiologie, Economie de la santé et prévention
Mme LE MAUFF Brigitte Immunologie
M. LEROY François Rééducation fonctionnelle
M. LOBBEDEZ Thierry Néphrologie
M. MANRIQUE Alain Biophysique et Médecine nucléaire
M. MARCELLI Christian Rhumatologie
M. MAUREL Jean Chirurgie Générale
M. MILLIEZ Paul Cardiologie
M. MOREAU Sylvain Anatomie/Oto-Rhino-Laryngologie
M. MOURIAUX Frédéric Ophtalmologie
M. NORMAND Hervé Physiologie
M. PARIENTI Jean-Jacques Biostatistiques, info. médicale et tech. de communication
M. PELAGE Jean-Pierre Radiologie et Imagerie médicale
Mme PIQUET Marie-Astrid Nutrition
M. RAVASSE Philippe Chirurgie Infantile
M. REZNIK Yves Endocrinologie
M. ROUPIE Eric Thérapeutique
M. TOUZE Emmanuel Neurologie
M. TROUSSARD Xavier Hématologie
Mme VABRET Astrid Bactériologie - Virologie
M. VERDON Renaud Maladies infectieuses
Mme VERNEUIL Laurence Dermatologie
M. VIADER Fausto Neurologie
Mme ZALCMAN Emmanuèle Anatomie et cytologie pathologique
M. ZALCMAN Gérard Pneumologie
PROFESSEUR DES UNIVERSITES DE MEDECINE GENERALE
M. LUET Jacques
PROFESSEUR ASSOCIE DE MEDECINE GENERALE
Mme AULANIER-VINCENT Sylvie Médecine Générale
PRCE Anglais
Mme LELEU Solveig
Faculté de Médecine
Année Universitaire 2013-2014
Doyen
Professeur J.L. GERARD
Assesseurs
Professeur D. AGOSTINI
Professeur P. DENISE
Professeur C. MARCELLI
Responsable Administrative
Madame V. LEFILLIATRE
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
Mme BENHAIM Annie Biologie Cellulaire
M. BERGER Ludovic Chirurgie vasculaire
M. BESNARD Stéphane Physiologie
Mme BONHOMME Julie Parasitologie et mycologie
M. COULBAULT Laurent Biochimie et Biologie moléculaire
M. CREVEUIL Christian Informatique Médicale
Mme DEBRUYNE Danièle Pharmacologie fondamentale
Mme DERLON-BOREL Annie Hématologie
Mme DINA Julia Bactériologie-Virologie
M. ETARD Olivier Physiologie
Mme GUITTET-BAUD Lydia Epidémiologie, économie de la santé et prévention
M. GRUCHY Nicolas Génétique
M. HITIER Martin Anatomie – ORL Chirurgie Cervico-faciale
M. LANDEMORE Gérard Histologie, embryologie, cytogénétique
Mme LELONG-BOULOUARD Véronique Pharmacologie fondamentale
Mme LEPORRIER Nathalie Génétique
Mme LEVALLET Guénaëlle Cytologie et Histologie
M. MITTRE Hervé Biologie cellulaire
M. REPESSE Yohann Hématologie
M. SESBOUE Bruno Physiologie
Mme SZERMAN-POISSON Ethel Biologie du Développement et de la Reproduction
M. TERZI Nicolas Réanimation
M. TILLOU Xavier Urologie
M. TOUTIRAIS Olivier Immunologie
M. VERGNAUD Michel Bactériologie, Virologie
MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES DE MEDECINE GENERALE
M. KOWALSKI Vincent Médecine générale
M. ROBERT Jean-Charles Médecine générale
REMERCIEMENTS
A Monsieur le Professeur Pierre DENISE
Pour vos enseignements et pour m’avoir fait l’honneur de présider mon jury de thèse
Veuillez recevoir l’expression de mon profond respect
A Madame le Professeur Evelyne EMERY
Pour vos enseignements et pour avoir accepté de juger ce travail en participant à mon jury de thèse
Veuillez trouver ici l’expression de ma respectueuse considération
A Monsieur le Professeur Jean-François HERON
Pour vos enseignements et pour avoir accepté de juger ce travail en participant à mon jury de thèse
Veuillez trouver ici l’expression de ma respectueuse reconnaissance
A Monsieur le Docteur Yannick PERIER
Qui a assuré la direction de ce travail
Pour ton aide précieuse, tes conseils et ta disponibilité
Accepte mes remerciements les plus chaleureux
Au Dr Claire DELORME, pour m’avoir conseillée et encouragée dans la réalisation de mes projets de
formation complémentaire en Médecine de la Douleur
Au Dr Emmanuelle TOUCHARD, à l’équipe médicale et para-médicale du Centre d’Évaluation
et de Traitement de la Douleur du CHU de Caen
ainsi que
Au Dr Pierre DELASSUS, à l’équipe médicale et para-médicale de l’Unité Mobile Douleur et
Soins Palliatifs du CHU de Caen
et
Au Dr Marie-Christine GRACH, à l’équipe médicale et para-médicale du service de Soins
Palliatifs-Douleur du Centre de Lutte contre le Cancer François Baclesse
pour m’avoir tous confortée dans la réalisation de mes projets relatifs au DESC de Médecine de la
Douleur et Médecine Palliative
Aux équipes médicales et para-médicales des services : de pédiatrie, gynécologie et médecine 2
d’Avranches, des urgences du CHU de Caen, ainsi qu’aux Docteurs Véronique LAGOUTTE,
Ludovic BOULENT, Marc DELAUNE et Patrick CHABOISSON : pour m’avoir permis d’acquérir
de nombreuses connaissances théoriques et pratiques en Médecine Générale
A mes Parents, pour votre Amour, votre bienveillance, pour m’avoir permis d’effectuer de longues
études dans les meilleures conditions, pour avoir toujours su me soutenir et m’encourager
A la mémoire de mes Grands-Parents, qui m’ont tant aimée, appris, et continuellement soutenue
A toute ma Famille, pour leur affection et leurs encouragements
A tous mes Amis, pour votre présence, nos échanges et tout ce que vous m’apportez !
Adrien, Amélie, Anne-Claire, Anne-Laure, Baptiste, Caroline, Claire, Clémentine, Eléonore, Emilie, Hélène, Karine,
Lucie, Marianne, Marie, Mélanie, Nathalie, Olivier, Pauline, Sébastien, Ségolène, Sophie, Suzy, Véronique, Vincent
et…Noah !
A mes camarades de DESC Médecine de la Douleur et Médecine Palliative : je vous souhaite de
longues années d’épanouissement dans ces disciplines !
Emilie, Johanna, Virith
« La douleur qui persiste au delà de sa fonction de système d'alarme d'une lésion tissulaire est certes
un défi pour la victime, la société et la médecine, mais ne doit plus être considérée comme une fatalité »
Y. LAZORTHES
LISTE DES ABRÉVIATIONS
5-HT 5-HydroxyTryptamine
ACTH AdrenoCorticoTropic Hormone
AMM Autorisation de Mise sur le Marché
ASIC Acid-Sensing Ionic Channel
ATCD Antécédent
ATP Adénosine TriPhosphate
ATU Autorisation Temporaire d’Utilisation
AVC Accident Vasculaire Cérébral
BDNF Brain Derived Neurotrophic Factor
CCK CholeCystoKinine
CCVD Canaux Calciques Voltage-Dépendants
CETD Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur
CGRP Calcitonin Gene Related Peptide
CIDN Contrôles Inhibiteurs Diffus induits par la Nociception
ECG ÉlectroCardioGramme
EFIC European Federation of IASP Chapters
EFNS European Federation of Neurological Societies
EMG ÉlectroMyoGramme
EN Échelle Numérique
EVA Échelle Visuelle Analogique
FBSS Failed Back Surgery Syndrome
FLS Fibrose Lombo-Sacrée
GABA Acide Gamma Amino Butyrique
GAL Galanine
GRP Gastrin Releasing Peptide
HAS Haute Autorité de Santé
IASP International Association for the Study of Pain
IL InterLeukine
IRM Imagerie par Résonance Magnétique
ISRNA Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine et de la NorAdrénaline
IV Intra Veineux
LANSS Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs
LCR Liquide Céphalo Rachidien
LSS LomboSciatique Séquellaire
NGF Nerve Growth Factor
NMDA N-Méthyl-D-Aspartate
NPQ Neuropathic Pain Questionnaire
NPS Neuropathic Pain Scale
NPSI Neuropathic Pain Symptom Inventory
NPY Neuropeptide Y
NRM Noyau du Raphé Magnus
NSTC NeuroStimulation électrique TransCutanée
PAF Platelet Activating Factor
PES Potentiels Evoqués Somesthésiques
PGE2 ProstaGlandine E2
PGI2 ProstaGlandine I2
PO Per Os
PQAS Pain Quality Assessment Scale
PROCESS PROspective randomized Controlled trial of the Effectiveness of Spinal cord
Stimulation
QDSA Questionnaire Douleur Saint-Antoine
RBRV Région Bulbaire RostroVentrale
rTMS Stimulation Magnétique Transcrânienne répétitive
SDRC Syndrome Douloureux Régional Complexe
SFETD Société Française d’Étude et Traitement de la Douleur
SGPA Substance Grise PériAqueducale
SII Syndrome de l’Intestin Irritable
SNS canal sodique SensoryNeurone Specific
sP substance P
STOPNEP Study of the Prevalence of Neuropathic Pain
TCC Thérapie Cognitivo Comportementale
tDCS transcranial Direct Current Stimulation
TENS Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation
TNF Tumor Necrosis Factor
TRPV1 Transient Receptor Potential Vanilloid 1
TTXr TetrodoToXine resistant
TTXs TetrodoToXine sensitive
VIH Virus de l’Immunodéficience Humaine
VIP Vasoactive Intestinal Peptide
VRL Vanilloid Receptor-Like
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 - Etiologies d'origine périphérique des douleurs neuropathiques ........................... 37
Tableau 2 - Etiologies d'origine centrale des douleurs neuropathiques .................................. 39
Tableau 3 - Les définitions de l’IASP des termes propres à la douleur neuropathique .......... 41
Tableau 4 - Les principaux outils de dépistage des douleurs neuropathiques ........................ 44
Tableau 5 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi
et autres bénéfices des traitements pharmacologiques par antidépresseurs tricycliques
recommandés dans la douleur neuropathique .......................................................................... 47
Tableau 6 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi
et autres bénéfices des traitements pharmacologiques par ISRNA recommandés dans la
douleur neuropathique .............................................................................................................. 48
Tableau 7 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi
et autres bénéfices des traitements pharmacologiques par antiépileptiques recommandés dans
la douleur neuropathique .......................................................................................................... 49
Tableau 8 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi
et autres bénéfices des traitements pharmacologiques par Tramadol recommandés dans la
douleur neuropathique .............................................................................................................. 51
Tableau 9 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi
et autres bénéfices des traitements pharmacologiques par opioïdes forts recommandés dans la
douleur neuropathique .............................................................................................................. 51
Tableau 10 - Synthèse des traitements médicamenteux de niveau de preuve A ou B
commercialisés en France pour le traitement des douleurs neuropathiques et disposant d’une
AMM en analgésie (à l’exception des traitements de la névralgie du trijumeau) .................... 53
Tableau 11 - Niveaux médullaires de ponction péridurale et de placement de l’électrode .. 126
Tableau 12 - Caractéristiques épidémiologiques de la cohorte de patients........................... 128
Tableau 13 - Les facteurs de risques professionnels, la satisfaction au travail, l’aménagement
et le changement de poste de travail ....................................................................................... 129
Tableau 14 - Étiologie de la lombo-radiculalgie ................................................................... 130
Tableau 15 - Description de la douleur et présence ou non de déficits ................................. 131
Tableau 16 - Termes évoqués par chaque patient pour décrire sa douleur ........................... 132
Tableau 17 - Récapitulatif des examens complémentaires du bilan pré-implantation pour
chaque patient ......................................................................................................................... 136
Tableau 18 - Niveaux médullaires de ponction péridurale et de placement de l’électrode ;
trajets radiculaires de ressenti de la stimulation ..................................................................... 137
Tableau 19 - Durée en jours entre la phase test de pré-implantation et l’implantation ........ 138
Tableau 20 - Évolution de la situation professionnelle à 12 mois de l’implantation ............ 156
Tableau 21 - Fréquence d’utilisation de la stimulation médullaire par patient ..................... 158
Tableau 22 - Données sur l'utilisation de la neurostimulation transcutanée ......................... 168
Tableau 23 - État des lieux de l'utilisation de la neurostimulation transcutanée après
l'implantation .......................................................................................................................... 169
Tableau 24 - Comparaison des résultats des électrodes chirurgicales et percutanées ........... 179
Tableau 25 - Comparaison des revues de la littérature sur les complications de la stimulation
médullaire ............................................................................................................................... 194
Tableau 26 - Taux de complications de la stimulation médullaire rapportés dans 22 séries
rétrospectives correspondant à 830 patients (d’après JA. Turner et al.) ................................ 195
LISTE DES FIGURES
Figure 1 - Les fibres nerveuses sensitives ................................................................................. 6
Figure 2 - Récepteurs, nociception et inflammation ................................................................. 9
Figure 3 - Coupe transversale de la moelle épinière ............................................................... 11
Figure 4 - Coupe transversale de la moelle épinière ............................................................... 12
Figure 5 - la « Théorie du Portillon » (« Gate Control Therapy ») telle que poposée par
P. Wall et R. Melzack en 1965 ................................................................................................. 17
Figure 6 - Boucle de rétroaction négative spinobulbospinale sous-tendant un système
analgésique endogène mis en jeu par des stimulations nociceptives ....................................... 19
Figure 7 - Interprétation hypothétique de l’activité globale des neurones spinaux et
trigéminaux liés à la nociception .............................................................................................. 21
Figure 8 - Classification schématique des douleurs, en douleurs physiologiques,
inflammatoires, neuropathiques et « dysfonctionnelles » ........................................................ 24
Figure 9 - Les principaux mécanismes des douleurs neuropathiques périphériques et centraux
.................................................................................................................................................. 26
Figure 10 - Lésions nerveuses périphériques .......................................................................... 27
Figure 11 - Activités aberrantes dites « ectopiques » .............................................................. 28
Figure 12 - Modifications métaboliques et switch (transformations) phénotypiques ............. 30
Figure 13 - Augmentation de la libération synaptique de glutamate et de substance P
entraînant une hyperexcitabilité durable et pathologique des neurones nociceptifs centraux
associée à des modifications directes de leurs propriétés électrophysiologiques .................... 31
Figure 14 - Mécanismes cellulaires de la sensibilisation centrale ........................................... 32
Figure 15 - Les lésions périphériques induisent une réduction de la concentration en acide
gamma-aminobutyrique (GABA) dans la corne postérieure, ce qui aboutit à des phénomènes
de désinhibition segmentaire .................................................................................................... 33
Figure 16 - Altérations des contrôles modulateurs descendants ............................................. 34
Figure 17 - Activation de la microglie et production de médiateurs agissant au niveau
neuronal .................................................................................................................................... 35
Figure 18 - Les principaux mécanismes périphériques et centraux et les principales cibles
pharmacologiques ..................................................................................................................... 36
Figure 19 - Drezotomie microchirurgicale .............................................................................. 63
Figure 20 - Le « Gate Control » : les fibres Aδ et C sont modulées par des inter-neurones
inhibiteurs véhiculant les sensibilités tactile et proprioceptive ................................................ 69
Figure 21 - Principe de la stimulation médullaire ................................................................... 69
Figure 22 - Coupe de moelle épinière ..................................................................................... 71
Figure 23 - Hypothèse physiopathologiques du SDRC ........................................................... 75
Figure 24 - Circuit électrique .................................................................................................. 89
Figure 25 - Circuit électrique .................................................................................................. 90
Figure 26 - Manchon de fixation ............................................................................................. 97
Figure 27 - Antécédents chirurgicaux : nombre d’interventions chirurgicales réalisées au
préalable ................................................................................................................................. 130
Figure 28 - Caractéristique de la lombo-radiculalgie ............................................................ 131
Figure 29 - Termes évoquées par l’ensemble des 8 patients relatifs à la douleur neuropathique
................................................................................................................................................ 132
Figure 30 - Âge à l'apparition des symptômes, délai avant l'implantation et âge à
l’implantation (en années) ...................................................................................................... 133
Figure 31 - Délais avant implantation ................................................................................... 134
Figure 32 - Évolution de l’échelle numérique en fonction du temps .................................... 144
Figure 33 - Évolution de l'Échelle Numérique au cours du temps pour chaque patient ....... 146
Figure 34 - Nombre de patients dans chaque intervalle de satisfaction et pourcentage de
satisfaction pour chaque patient pendant la période test ........................................................ 147
Figure 35 - Nombre de patients dans chaque intervalle de satisfaction et pourcentage de
satisfaction pour chaque patient à 2 mois de l’implantation .................................................. 148
Figure 36 - Représentation de l’évolution du nombre et des posologies des différents
traitements prescrits aux patients ........................................................................................... 152
Figure 37 - Situation professionnelle à 12 mois de l’implantation ....................................... 157
Figure 38 - Fréquence d’utilisation de la stimulation médullaire......................................... 158
Figure 39 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de l'âge ............................... 163
Figure 40 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre le début de la
période d'inactivité et l'implantation ...................................................................................... 163
Figure 41 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre l'apparition des
douleurs neuropathiques et l'implantation .............................................................................. 164
Figure 42 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre l'évolution de la
pathologie lombaire et l'implantation ..................................................................................... 164
Figure 43 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du nombre de facteurs de
risques professionnels ............................................................................................................ 165
Figure 44 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la satisfaction au travail 165
Figure 45 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la situation financière ... 166
Figure 46 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la présence ou non d'un
déficit moteur ......................................................................................................................... 166
Figure 47 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la présence ou non d'un
déficit sensitif ......................................................................................................................... 167
Figure 48 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du nombre d'interventions
chirurgicales préalables .......................................................................................................... 167
Figure 49 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de l'efficacité de la
neurostimulation transcutanée ................................................................................................ 169
LISTE DES PHOTOGRAPHIES
Photographie 1 - Electrode percutanée ................................................................................... 89
Photographie 2 - Installation du patient en décubitus ventral ................................................ 92
Photographie 3 - Le matériel nécessaire pour l’intervention .................................................. 93
Photographie 4 - Insertion de l'aiguille de Tuohy .................................................................. 93
Photographie 5 - Test de perte de résistance dans l’espace épidural ...................................... 93
Photographie 6 - Le contrôle fluoroscopique du guide dans l’espace épidural ...................... 94
Photographie 7 - Insertion de l’électrode percutanée dans l’aiguille puis dans l’espace
épidural ..................................................................................................................................... 94
Photographie 8 - Contrôle de la position de l'électrode .......................................................... 95
Photographie 9 - Test de stimulation per-opératoire .............................................................. 96
Photographie 10 - Serrage des vis avec le tournevis dynamométrique .................................. 97
Photographie 11 - Internalisation de l'électrode ..................................................................... 98
Photographie 12 - Le tunnellisateur ..................................................................................... 100
Photographie 13 - Le temps opératoire de tunnellisation ..................................................... 100
Photographie 14 - Insertion de l’extrémité proximale de l’électrode dans le connecteur de
l’extension définitive .............................................................................................................. 101
Photographie 15 - Serrage des vis avec le tournevis dynamométrique ................................ 101
Photographie 16 - Systèmes avec extension ......................................................................... 102
Photographie 17 - Le stimulateur ......................................................................................... 102
Photographie 18 - Serrage des 4 vis de connexion ............................................................... 103
Photographie 19 - Boucles sous le stimulateur et son insertion ........................................... 103
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 – Questionnaire de recueil des données ................................................................ 215
Annexe 2 – Évolution de la consommation médicamenteuse et
non médicamenteuse pour chaque patient .......................................................... 223
SOMMAIRE
INTRODUCTION ......................................................................................................... 1
I. GÉNÉRALITÉS SUR LA DOULEUR ........................................................................... 4
A. Définitions ....................................................................................................................... 4
1. Mécanismes physio-pathologiques de la douleur ........................................................ 4
2. Le système périphérique .............................................................................................. 5
a. Les nocicepteurs ....................................................................................................... 5
b. Les fibres nociceptives ............................................................................................. 6
c. Les médiateurs périphériques................................................................................... 7
3. L’étage médullaire ..................................................................................................... 10
a. Le relais spinal de la corne postérieure .................................................................. 10
b. La transmission de l’influx nerveux....................................................................... 12
c. Les neurones nociceptifs spécifiques ..................................................................... 13
d. Les neurones nociceptifs non spécifiques .............................................................. 13
4. L’étage supra-médullaire ........................................................................................... 14
a. Le site principal ...................................................................................................... 14
b. Les sites de projection bulbaires et mésencéphaliques .......................................... 15
c. L’hypothalamus ..................................................................................................... 15
d. Le complexe amygdalien ....................................................................................... 15
B. La modulation des messages nociceptifs ...................................................................... 16
1. À la périphérie ........................................................................................................... 16
2. À l’étage médullaire : les contrôles segmentaires spinaux ........................................ 16
3. À l’étage supra-médullaire ........................................................................................ 18
a. Les contrôles inhibiteurs descendants .................................................................... 18
b. Les contrôles facilitateurs descendants .................................................................. 19
c. Les contrôles inhibiteurs diffus induits par la nociception (CIDN) ....................... 20
II. LES DOULEURS NEUROPATHIQUES ..................................................................... 23
A. Définition ...................................................................................................................... 23
B. Épidémiologie ............................................................................................................... 25
C. Mécanismes physiopathologiques ................................................................................. 26
1. Les mécanismes périphériques .................................................................................. 27
2. Les mécanismes centraux .......................................................................................... 30
3. Le rôle du système sympathique ............................................................................... 35
D. Étiologies ....................................................................................................................... 37
1. D’origine périphérique .............................................................................................. 37
2. D’origine centrale ...................................................................................................... 39
E. Diagnostic ...................................................................................................................... 39
F. Outils de Dépistage et d’Évaluation .............................................................................. 42
III. LA PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE DES DOULEURS
NEUROPATHIQUES ............................................................................................................ 46
A. Les traitements pharmacologiques ................................................................................ 46
1. Antidépresseurs tricycliques et Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture
de la Sérotonine et de la NorAdrénaline (ISRNA) .................................................... 46
2. Antiépileptiques ......................................................................................................... 49
3. Le Tramadol et les Opioïdes forts ............................................................................. 50
4. Les topiques locaux : emplâtre de Lidocaïne et patch de haute concentration
de Capsaïcine ............................................................................................................. 52
5. Les autres traitements pharmacologiques .................................................................. 54
B. Les traitements non pharmacologiques ......................................................................... 57
1. Neurostimulation électrique transcutanée ................................................................. 57
2. Stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) ....................................... 58
3. Rééducation et techniques de biofeedback ................................................................ 59
4. Autres techniques ...................................................................................................... 60
C. Les traitements interventionnels .................................................................................... 61
1. Chirurgie fonctionnelle ou neurostimulation ............................................................. 61
a. Stimulation médullaire chronique .......................................................................... 61
b. Stimulation du cortex moteur ................................................................................. 61
c. Stimulation cérébrale profonde .............................................................................. 62
d. Stimulation nerveuse périphérique ........................................................................ 62
2. Chirurgie lésionnelle : la drezotomie microchirurgicale ........................................... 63
3. Phamacologie intra-thécale et épidurale .................................................................... 64
D. Une prise en charge globale (information, éducation) .................................................. 64
IV. LA STIMULATION MÉDULLAIRE ....................................................................... 65
A. Principe .......................................................................................................................... 65
B. Mécanismes d’action de la stimulation médullaire ....................................................... 68
C. Indications et contre-indications ................................................................................... 72
1. Indications ................................................................................................................. 72
2. Contre-indications ..................................................................................................... 77
D. Modalités de prescription et d’utilisation ...................................................................... 77
PRÉSENTATION DE L’ÉTUDE ...................................................................... 79
I. DESCRIPTION ET OBJECTIFS ................................................................................. 80
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES .................................................................................... 82
A. Critères de sélection et procédure d’inclusion au Centre Hospitalier
d’Avranches-Granville .................................................................................................. 82
1. Critères de sélection ................................................................................................... 82
2. Procédure d’inclusion ................................................................................................ 82
a. Information du patient ............................................................................................ 82
b. Dossier patient ....................................................................................................... 82
c. Bilan pré-implantation ........................................................................................... 83
d. Vérification de l’absence de contre-indication ...................................................... 83
e. Validation en concertation pluridisciplinaire ........................................................ 84
f. Consultation conjointe anesthésiste/médecin douleur, bilan pré-opératoire .......... 84
B. L’information au patient et son consentement .............................................................. 85
1. Instructions post-implantation destinées aux patients ............................................... 85
2. Consentement ............................................................................................................ 87
C. Matériel, coût et technique ............................................................................................ 88
D. Protocole au Centre Hospitalier d’Avranches - Granville........................................... 104
E. Principe de surveillance .............................................................................................. 112
F. Conduite à tenir en cas d’infection .............................................................................. 113
G. Population de l’étude ................................................................................................... 114
1. Critères de sélection des patients ............................................................................. 114
2. Recherche des dossiers ............................................................................................ 114
3. Recueil des données ................................................................................................. 114
4. Description des données .......................................................................................... 115
5. Présentation des patients .......................................................................................... 117
a. Caractéristiques épidémiologiques et données relatives aux
différentes pathologies…………………………………………………………..117
b. Phases test de pré-implantation et d’implantation ............................................... 126
RÉSULTATS DE L’ÉTUDE .............................................................................. 127
I. CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOLOGIQUES DE LA POPULATION ........... 128
A. Population .................................................................................................................... 128
B. Pathologie .................................................................................................................... 130
1. Antécédents ............................................................................................................. 130
2. Étiologie ................................................................................................................... 130
3. Caractéristiques des douleurs .................................................................................. 131
4. Âge et délai avant l’implantation ............................................................................. 133
II. BILAN PRÉ-IMPLANTATION .................................................................................. 135
III. PHASE TEST DE PRÉ-IMPLANTATION ET IMPLANTATION .................... 137
IV. DONNÉES DE SUIVI ............................................................................................... 139
A. Évaluation de l’efficacité de la technique par analyse de l’évolution
de l’échelle numérique ................................................................................................ 139
1. À 6 mois ................................................................................................................... 139
2. À 12 mois ................................................................................................................. 141
3. De 0 à 12 mois ......................................................................................................... 144
B. Satisfaction des patients .............................................................................................. 147
1. Pendant la période test ............................................................................................. 147
2. À 12 mois de l’implantation .................................................................................... 148
C. Évolution de la consommation médicamenteuse ........................................................ 149
D. Évolution de la situation professionnelle .................................................................... 156
E. Fréquence d’utilisation de la stimulation .................................................................... 158
V. COMPLICATIONS ...................................................................................................... 159
VI. RECHERCHE DE L’EXISTENCE DE FACTEURS PRÉDICTIFS À
L’EFFICACITE DE LA STIMULATION MÉDULLAIRE ............................................ 162
A. Analyse des résultats en fonction de différents critères .............................................. 162
B. Cas particulier de la recherche d’une relation d’efficacité entre
neurostimulation transcutanée et implantable ............................................................. 168
DISCUSSION ............................................................................................................... 170
I. LIMITES ET BIAIS DE L’ÉTUDE ............................................................................ 171
II. ANALYSE DE LA COHORTE ................................................................................... 173
A. Population .................................................................................................................... 173
B. Pathologie .................................................................................................................... 174
C. Indications ................................................................................................................... 174
D. Ancienneté de la douleur ............................................................................................. 175
III. BILAN PRÉ-IMPLANTATOIRE ........................................................................... 177
IV. PHASE TEST DE PRÉ-IMPLANTATION ET IMPLANTATION .................... 178
A. Le test pré-implantatoire ............................................................................................. 178
B. L’implantation : par voie percutanée (dans notre étude) ou par voie chirurgicale ..... 179
V. DONNÉES DE SUIVI ................................................................................................... 182
A. Évaluation de l’efficacité de la technique par analyse de l’évolution
de l’échelle numérique ................................................................................................ 182
B. Satisfaction des patients .............................................................................................. 187
C. Évolution de la consommation médicamenteuse ........................................................ 189
D. Évolution de la situation professionnelle .................................................................... 190
E. Fréquence d’utilisation de la stimulation .................................................................... 191
VI. COMPLICATIONS .................................................................................................. 192
VII. RECHERCHE DE L’EXISTENCE DE FACTEURS PRÉDICTIFS À
L’EFFICACITÉ DE LA STIMULATION MÉDULLAIRE ............................................ 198
CONCLUSION ............................................................................................................ 200
BIBLIOGRAPHIE .................................................................................................... 203
ANNEXES ...................................................................................................................... 214
1
INTRODUCTION
2
La stimulation médullaire est une technique de neuromodulation utilisée pour le traitement de
certaines douleurs chroniques.
La neuromodulation constitue un traitement symptomatique et non curatif de certaines
douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements conventionnels.
Initiée en 1967 par CN. Shealy à la suite des données fondamentales fournies par la théorie du
« Gate Control » de P. Wall et R. Melzack en 1964, la stimulation médullaire occupe
désormais une place importante dans le traitement des douleurs neuropathiques.
Cette reconnaissance médicale et technique a été facilitée à la suite d’un rapport de la Société
de Neurochirurgie de Langue Française, rédigé en 1978 par R. Sedan et Y. Lazorthes,
précisant les indications préférentielles à partir de données cliniques et physiopathologiques.
Ensuite, en 1993, RB. North a clairement établi les recommandations de bonnes pratiques
relatives à l’usage de la stimulation médullaire à partir d’une expérience personnelle portant
sur vingt années. Par la suite, le développement de la stimulation médullaire a été croissant,
en parallèle avec les progrès techniques (générateurs, électrodes).
Des guides et recommandations ont été publiés dès 1998 en Europe : la stimulation médullaire
doit être une alternative aux traitements conventionnels, notamment en cas d’échec ou de
contre-indication de ceux-ci. Elle doit être proposée après évaluation par une équipe
pluridisciplinaire spécialisée dans la prise en charge des syndromes douloureux chroniques.
Les indications retenues sont certaines douleurs neuropathiques chroniques sans atteinte des
cordons postérieurs de la moelle (entre autres les lombo-radiculalgies chroniques post-
opératoires, les syndromes douloureux régionaux complexes de type I ou II, les algo-
hallucinoses) ainsi que les douleurs ischémiques périphériques type artérite de stade III ou IV
de la classification de Leriche et Fontaine.
En 2007, l’European Federation of Neurological Societies (EFNS) a classé les
recommandations en grade B pour l’efficacité de la stimulation médullaire dans la
lombosciatique séquellaire et le syndrome douloureux régional complexe, et, en grade D pour
les autres pathologies.
Pour l’implantation de l’électrode de stimulation, deux voies sont possibles : la voie
percutanée et la voie chirurgicale.
3
Bien que les publications sur la stimulation médullaire soient nombreuses, peu de travaux ont
étudié spécifiquement l’implantation par voie percutanée.
Cette technique doit être réalisée par des équipes formées aux bonnes pratiques
d’implantation, permettant ainsi de minimiser la survenue de complications.
Au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville, la stimulation médullaire a été introduite par
l’équipe de lutte contre la douleur en 2009, après formation en région parisienne. A l’heure
actuelle, elle s’intègre dans la prise en charge réalisée au sein du Centre d’Évaluation et de
Traitement de la Douleur. La voie percutanée a été privilégiée en raison de l’accessibilité de
cette technique.
Dans ce travail, nous nous intéresserons :
- à l’efficacité de la stimulation médullaire implantée par voie percutanée dans le
traitement de patients atteints de douleurs neuropathiques chroniques et présentant un
tableau de lombo-radiculalgie chronique post-opératoire,
- aux difficultés rencontrées en per- et post-opératoire : incidents et complications.
Tout d’abord, nous aborderons la physiopathologie de la douleur de façon générale, et plus
particulièrement de la douleur neuropathique, avec ses thérapeutiques particulières. La
technique de stimulation médullaire implantée par voie percutanée sera ensuite détaillée. Puis
nous présenterons l’étude de cohorte observationnelle rétrospective de 8 patients, et ses
résultats. Enfin, nous analyserons les résultats, ainsi que des données de la littérature, en
prenant en compte les deux abords, chirurgical et percutané, et en ciblant tout particulièrement
ce dernier.
4
I. GÉNÉRALITÉS SUR LA DOULEUR
A. Définitions
1. Mécanismes physio-pathologiques de la douleur
Les notions de nociception et de douleur ne sont pas superposables : la nociception
correspond à l’intensité de la stimulation périphérique alors que la douleur se réfère au vécu
subjectif, à la réponse centrale.
La douleur est définie par l'International Association for the Study of Pain (IASP) comme
« une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire réelle
ou potentielle, ou décrite en des termes faisant évoquer une telle lésion».
Cette définition intègre une dimension sensorielle (nociception), affective et émotionnelle.
La transmission douloureuse est un phénomène complexe impliquant des mécanismes
électrophysiologiques et neurochimiques, où trois étapes vont se succéder :
Existence d’un stimulus douloureux d’origine thermique, mécanique, ischémique ou
chimique, avec élaboration de l'influx au niveau du nocicepteur et sa transmission
dans la fibre nerveuse périphérique
Relais et modulation au niveau de la corne dorsale de la moelle épinière (transmission
de l’influx, blocage ou amplification, convergence des différents influx)
Intégration au niveau cérébral et transformation en message conscient : sensation
douloureuse avec une composante sensori-discriminative (intensité, localisation, durée
du stimulus nociceptif), une composante émotionnelle et une composante affective
désagréables (1).
5
2. Le système périphérique
a. Les nocicepteurs
Les terminaisons nerveuses à l’origine des sensations de douleur sont les nocicepteurs.
Ce sont des terminaisons libres de fibres nerveuses sensitives (extrémités distales de l’axone),
amyéliniques (fibres C) ou faiblement myélinisées (fibres Aδ) de neurones sensoriels
primaires. Ils sont donc distincts des récepteurs de la sensibilité générale (récepteurs
somesthésiques) (2).
L’activation de ces structures se fait par des stimulations thermiques, chimiques, électriques
ou mécaniques. Les stimuli partent des tissus cutanés, musculaires striés, musculaires lisses
(viscères et vaisseaux), articulaires et osseux (3).
On distingue trois types de nocicepteurs :
Les nocicepteurs mécaniques
Les nocicepteurs mécano-thermiques
Les nocicepteurs polymodaux
La répartition des nocicepteurs est homogène au niveau de la peau, ce qui permet une bonne
localisation de la douleur, malgré le chevauchement de leur champ de perception.
Par contre, la répartition dans les autres tissus est moins bien organisée, ce qui explique les
difficultés de localisations de douleurs d’origines plus profondes.
Les viscères sont en général sensibles à la traction, à la distension et au spasme et insensibles
à la pression, à la coupure et à la brûlure.
6
b. Les fibres nociceptives
Le message nociceptif prend naissance avec la modification de la perméabilité des
membranes, ce qui engendre un potentiel d’action qui va se propager le long de la fibre
nerveuse jusqu'à la moelle (4).
Figure 1 - Les fibres nerveuses sensitives (4)
Les nocicepteurs mécaniques sont activés par la pression mécanique intense sur la peau, à
type de pincement, piqûre. Les parties réceptrices sont les terminaisons libres d’axones
myélinisés : les fibres Aδ, de gros diamètre (1 à 5 μm de diamètre), qui ont une vitesse de
conduction de 4 à 30 m/s.
Les nocicepteurs mécano-thermiques sont activés par des températures extrêmes. Les
parties réceptrices sont également les terminaisons libres des fibres Aδ.
Les nocicepteurs polymodaux répondent à des stimuli mécaniques intenses, thermiques
ainsi qu’à des stimuli chimiques de type algogènes (substances libérées par les cellules lésées,
de type K+, H+, histamine, bradykinine, prostaglandine E, leucotriène, substance P,
glutamate). Les parties réceptrices sont les terminaisons libres d’axones amyéliniques très
fines de type fibres C (0,3 à 1,5 μm de diamètre), qui ont une vitesse de conduction de 0,3 à 2
m/s.
7
Les fibres Aδ sont responsables de la douleur localisée et précise, alors que les fibres C sont
responsables de la douleur diffuse tardive (en lien avec la présence de myéline autour des
fibres Aδ et l’absence de myéline autour des fibres C, d’où des vitesses de conduction
différentes).
Les fibres Aα et Aβ, entourées de myéline et à conduction rapide, transmettent la sensation
tactile, proprioceptive. Elles répondent à des stimulations modérées (tact, touché), mais ne
répondent pas aux simulations nociceptives (1).
Toutes ces fibres sensitives sont contenues dans les nerfs périphériques et rejoignent la corne
postérieure de la moelle par l’intermédiaire des racines rachidiennes postérieures.
c. Les médiateurs périphériques
Les stimulations thermiques et mécaniques activent directement les nocicepteurs.
Les lésions traumatiques, inflammatoires ou ischémiques vont provoquer la libération de
substances chimiques, avec production d’un grand nombre de médiateurs qui, directement ou
indirectement, contribuent à la sensibilisation des fibres afférentes périphériques.
Les neurotransmetteurs et neuromodulateurs périphériques sont nombreux, d’où le terme de
« soupe inflammatoire ». Ils sont libérés à partir des tissus lésés, des cellules sanguines
(plaquettes, polynucléaires, mastocytes), des macrophages, et à partir des terminaisons des
fibres afférentes (substance P, peptide lié au gène de la calcitonine ou CGRP Calcitonin Gene
Related Peptide).
Ces substances pourront soit activer directement les nocicepteurs et sont dites algogènes, soit
sensibiliser les nocicepteurs à d’autres stimuli (3).
8
Les substances algogènes sont générées à partir de trois sources :
Elles proviennent des cellules endommagées par le stimulus. C’est le cas pour : les ions K+
et H+, l’histamine (substance prurigineuse puis douloureuse à forte concentration, qui est
issue de la dégranulation des mastocytes), la sérotonine (5-HT : 5-HydroxyTryptamine),
l’ATP (Adénosine TriPhosphate).
Elles sont synthétisées sur place par des enzymes provenant des substrats dus aux lésions,
ou encore, arrivent dans cette zone à la suite de l'épanchement de plasma ou de migration des
lymphocytes. C’est le cas pour : la bradykinine (outre son action directe pro-nociceptive, elle
induit une cascade d'effets avec : libération d’autres médiateurs, augmentation de la
perméabilité vasculaire, vasodilatation et chimiotactisme leucocytaire), les prostaglandines,
(qui ne sont pas algogènes, mais qui sensibilisent les nocicepteurs à l’action d’autres
substances, avec un abaissement du seuil d’activation), les leucotriènes.
Elles sont sécrétées par l'activité du nocicepteur lui-même (fibres C, Aδ). C’est le cas pour
la substance P : elle entraîne la libération d’histamine, donc l’augmentation de la réponse
inflammatoire et le déclenchement d’une vasodilatation et d’un œdème. C’est aussi le cas
pour le glutamate.
Il existe d’autres neuropeptides en cause dans ces phénomènes, comme le CGRP et la
neurokine A et probablement d’autres dont les actions ne sont pas encore élucidées comme la
somatostatine, le peptide intestinal vaso-actif du cordon postérieur (VIP). L’adénosine est
aussi un neuromédiateur important. Elle active directement les terminaisons libres non
myélinisées. Elle a aussi une action indirecte en modulant la libération des médiateurs par les
mastocytes (histamine, cytokines) (3,5).
9
Figure 2 - Récepteurs, nociception et inflammation (4)
TNF : Tumor Necrosis Factor - IL : InterLeukine - PAF : Platelet Activating Factor - VRL : Vanilloid
Receptor-Like - ASIC : Acid-Sensing Ionic Channel – PGE2 : ProstaGlandine E2 – PGI2 :
ProstaGlandine I2 - TTXr : TeTrodotoXine resistant - TTXs : TeTrodotoXine sensitive - SNS : canal
sodique SensoryNeurone Specific.
La figure 2 représente les facteurs susceptibles d’activer ( ) et/ou de sensibiliser ( )
les nocicepteurs à la suite d’une lésion tissulaire.
H+ et ATP sont directement liés à la lésion tissulaire et activent les nocicepteurs, déjà excités
directement par le stimulus causal lui-même.
Bradykinine, histamine, sérotonine, prostaglandines, leucotriènes, cytokines pro-
inflammatoires, facteur de croissance (NGF : Nerve Growth Factor) sont liés aux processus
inflammatoires : ils sensibilisent les nocicepteurs aux stimuli physiques et à l’action des autres
substances.
La substance P (sP), la neurokinine A, ainsi que le CGRP sont libérés par les nocicepteurs
eux-mêmes.
10
3. L’étage médullaire
a. Le relais spinal de la corne postérieure
Les messages nerveux codant pour une stimulation nociceptive rejoignent la moelle épinière
par l’intermédiaire des racines postérieures des nerfs rachidiens. Les terminaisons axonales
centrales des fibres se situent dans la substance grise, au niveau de la corne postérieure de la
moelle épinière, où elles vont établir des synapses avec des neurones relais de la nociception.
Une coupe transversale de moelle épinière permet de caractériser la substance blanche
(ensemble de faisceaux d’axones principalement myélinisés, ascendants ou descendants) et la
substance grise (corps cellulaires des neurones et des cellules gliales) subdivisée en corne
postérieure sensorielle et corne antérieure motrice. Elle est divisée classiquement en dix
couches : six dans la corne postérieure et trois dans la corne antérieure, la couche X
constituant la zone centrale péri-épendymaire (6).
11
Figure 3 - Coupe transversale de la moelle épinière
Les fibres nociceptives Aδ et C entourent la couche superficielle de la corne postérieure dans
laquelle elles pénètrent perpendiculairement pour se terminer dans les couches superficielles
(I et II), mais se prolongent également dans les couches profondes (V, VI, VII et X) (6).
12
Figure 4 - Coupe transversale de la moelle épinière
Les fibres non nociceptives, myélinisées de gros diamètre (fibres Aα et Aβ), contournent
tangentiellement la couche superficielle de la corne postérieure, se divisent en deux branches
dont l’une ascendante constitue la voie lemniscale de la somesthésie, et l’autre segmentaire se
termine dans les couches intermédiaires de la corne postérieure (couches III et IV) (6).
b. La transmission de l’influx nerveux
La transmission de l’influx nerveux se fait grâce à des neuromédiateurs.
La substance P, peptide sécrété par les fibres amyéliniques, est le plus connu des peptides,
mais il en existe d’autres tels que le CGRP, le CCK (cholecystokinine), la neurokine A, le
VIP, la galanine, de l’angiotensine II, l’ocytocine, l’argininévasopressine, le GRP (peptide
libérant de la gastrine), l’ACTH (AdrenoCorticoTropic Hormone), la dynorphine, les
13
enképhalines. Parmi les acides aminés présents, on retrouve le L-glutamate, mais beaucoup
d’autres ont été identifiés et classés en deux groupes en fonction de leurs récepteurs : les
NMDA (N-Méthyl-D-Aspartate) et les non-NMDA. Il existe donc une multitude de
neuromédiateurs (3).
c. Les neurones nociceptifs spécifiques
Les fibres de petits calibres font relais soit directement avec le deuxième neurone en
particulier dans la couche V, soit avec des inter-neurones dans les couches I et II.
Les fibres d’origine viscérale se distribuent sur les couches I, V, VII et X.
Les fibres d’origine musculaire, se distribuent sur les couches I, V et VI.
Les neurones nociceptifs spécifiques ne répondent qu’à des stimulations périphériques de
haute intensité, de multiples origines : ils reçoivent principalement des afférences des fibres
Aδ et C et leur champ récepteur périphérique est de petite taille.
La couche V est la convergence de nombreuses informations qui proviennent à la fois des
zones cutanées et viscérales, ce qui est à l’origine des douleurs projetées (5,6).
d. Les neurones nociceptifs non spécifiques
Également dénommés neurones à convergences multiples ou neurones polymodaux, ils sont
principalement situés dans les couches profondes (couche V) mais aussi en plus faible
quantité dans les couches superficielles (couches I et II). Ils répondent à des stimulations
périphériques aussi bien de faible que de haute intensité, et leur fréquence de réponse
augmente proportionnellement avec l’intensité du stimulus, constituant un codage de cette
intensité, dans une relation croissante (linéaire ou exponentielle) entre intensité et fréquence
de décharge.
14
Ces neurones à convergences multiples reçoivent des afférences de territoires aussi bien
cutanés que viscéraux, musculaires ou articulaires, ce qui permet, par l’intermédiaire de ces
convergences, d’expliquer le phénomène de douleur projetée (une lésion viscérale, cardiaque
par exemple, est rapportée comme ressentie douloureusement dans un territoire cutané, le bras
gauche).
Les axones des neurones nociceptifs de la corne postérieure de la moelle croisent la ligne
médiane pour se diriger et monter dans le quadrant antéro-latéral opposé sous forme de
faisceaux ascendants (faisceau extra-lemniscal). Il faut signaler la possibilité de section de ce
quadrant (cordotomie antéro-latérale), qui est employé pour le traitement des douleurs
d’origine néoplasique rebelles à tout traitement.
Les faisceaux vont se projeter sur quatre sites supra-médullaires.
4. L’étage supra-médullaire
a. Le site principal
Il est constitué par les noyaux du thalamus ventro-postéro-latéral, noyaux spécifiques de la
sensibilité tactile et de la nociception. Ils reçoivent rapidement les informations nociceptives
véhiculées par le faisceau spinothalamique. Les neurones du thalamus ventro-postéro-latéral
projettent leurs axones sur les aires somesthésiques du cortex pariétal : les caractéristiques du
message douloureux y sont décodées, permettant la genèse de la perception de la sensation
douloureuse (qualité, localisation, intensité, durée). Du fait de leurs propriétés
électrophysiologiques, les neurones thalamiques semblent très vraisemblablement engagés
dans la composante sensorielle discriminative de la douleur (6,7).
15
b. Les sites de projection bulbaires et
mésencéphaliques
Les sites de projections bulbaires constituent des structures relais pour l’information
nociceptive, véhiculée par le faisceau spino-réticulo-thalamique qui se termine dans le
thalamus médian. On a également caractérisé des faisceaux ascendants projetant directement
au niveau du thalamus médian. Les neurones du thalamus médian projettent leurs axones vers
les aires corticales frontales, le cortex insulaire et le cortex cingulaire antérieur.
Ces sites relais interviennent dans la mise en jeu d’une réaction d’alerte et des centres cardio-
respiratoires ainsi que dans l’élaboration des réactions motrices ou émotionnelles et dans les
mécanismes d’éveil associés aux réactions comportementales consécutives à une stimulation
douloureuse : c’est la composante affective et émotionnelle de la douleur.
c. L’hypothalamus
Il reçoit des terminaisons axonales soit directes du faisceau spino-hypothalamique, soit
indirectes du faisceau spino-para-brachio-hypothalamique. Il intervient dans le contrôle des
réactions végétatives de la douleur, mais aussi dans la libération d’hormones intervenant dans
le contrôle du stress.
d. Le complexe amygdalien
Le complexe amygdalien, structure du système limbique, reçoit les informations issues des
neurones nociceptifs spécifiques localisés dans la couche I de la corne postérieure, véhiculées
par le faisceau spino-ponto-amygdalien. Cet ensemble intervient dans le contrôle des
réactions affectives et émotionnelles de la douleur, ainsi que dans la mémorisation et les
expériences cognitives de la douleur.
De ce fait, de par toutes ces projections diffuses au niveau cérébral, on constate qu’il n’y a
pas un unique centre de la douleur, et que de nombreuses aires sont impliquées dans les
différentes composantes de la douleur.
16
D’autre part, du fait de l’existence d’une composante sensorielle discriminative, affective,
émotionnelle et cognitive, la douleur n’est pas une simple sensation objective, mais un
phénomène subjectif, une expérience psychologique, s’articulant autour de ces différentes
composantes fondamentales.
B. La modulation des messages nociceptifs
1. À la périphérie
Les agonistes naturels des récepteurs opioïdes μ sont les enképhalines, la ß-endorphine et les
dynorphines. Ce sont des molécules endogènes neuromédiatrices de l’analgésie. Ces opioïdes
naturels sont sécrétés à différents étages du système nerveux. L’activité des enképhalines se
présente sous une double forme (6). D’une part, elles inhibent spécifiquement la transmission
des signaux douloureux au niveau de la moelle épinière, d’autre part elles accroissent
l’activité des systèmes inhibiteurs descendants (8).
2. À l’étage médullaire : les contrôles segmentaires
spinaux
La mise en jeu de ces contrôles a été modélisée par P. Wall et R. Melzack dans leur « Théorie
du Portillon » (« Gate Control Therapy ») (9). Ce modèle repose sur un équilibre entre deux
types d’activités exercées sur les neurones nociceptifs non spécifiques spinaux (notés T,
« Trigger cells » dans le modèle), à l’origine des faisceaux ascendants spinothalamiques et
spinoréticulaires.
17
Ces deux types d’activités sont :
- Une activité activatrice d’origine segmentaire périphérique (véhiculée par les fibres
nociceptives Aδ et C)
- Une activité inhibitrice d’origine segmentaire périphérique (véhiculée par les fibres
non nociceptives Aα et β) et supraspinales.
La douleur n’est ressentie que quand le neurone T est activé, soit par un excès d’activité des
fibres nociceptives, soit par un déficit des contrôles inhibiteurs.
L’activation des fibres non nociceptives Aα et Aβ inhibe les réponses des neurones T à des
stimulations nociceptives (par des mécanismes d’inhibition exercés grâce à l’activation
d’interneurones inhibiteurs localisées dans la couche II, substance gélatineuse). Ceci a donc
pour conséquence la fermeture du portillon et le blocage de la transmission de l’information
nociceptive vers les structures supraspinales.
À l’inverse, l’activation des fibres nociceptives Aδ et C, en inhibant l’activité des
interneurones inhibiteurs, ouvre le portillon et favorise la transmission de l’information
nociceptive vers les structures supraspinales.
Mais ce modèle est bien loin de rendre compte de toutes les données expérimentales, et P.
Wall a lui-même modifié le modèle initial en mettant en jeu non plus une mais deux familles
d’interneurones.
Figure 5 - la « Théorie du Portillon » (« Gate Control Therapy ») telle que poposée par
P. Wall et R. Melzack en 1965 (6)
18
3. À l’étage supra-médullaire
a. Les contrôles inhibiteurs descendants
Les contrôles inhibiteurs descendants issus du tronc cérébral s’exercent principalement à
partir de deux structures à l’origine de voies descendantes dans la moelle épinière :
- la substance grise périaqueducale (SGPA), mésencéphalique
- la région bulbaire rostroventrale (RBRV), associant le noyau du raphé magnus (NRM)
et les noyaux paragigantocellulaire et gigantocellulaire
La stimulation des neurones de ces structures est à l’origine d’effets analgésiques résultant de
la mise en jeu de voies descendantes sérotoninergiques exerçant un contrôle inhibiteur sur les
neurones nociceptifs non spécifiques médullaires et donc bloquant la transmission des
messages nociceptifs.
De nombreuses données expérimentales ont permis de proposer également la mise en jeu de
systèmes inhibiteurs descendants noradrénergiques issus du locus coeruleus et du locus
subcoeruleus.
19
Figure 6 - Boucle de rétroaction négative spinobulbospinale sous-tendant un système
analgésique endogène mis en jeu par des stimulations nociceptives (6)
b. Les contrôles facilitateurs descendants
Issus du tronc cérébral, les contrôles facilitateurs descendants exacerbent les conséquences
d’une stimulation nociceptive au niveau spinal. Cette notion résulte de la mise en évidence du
fait qu’une stimulation de la RBRV à des intensités de stimulation élevées déclenche des
effets analgésiques mais que des stimulations de la même région à des intensités quatre à dix
fois plus faibles ont au contraire des effets facilitateurs proalgiques.
20
c. Les contrôles inhibiteurs diffus induits par la
nociception (CIDN)
Les CIDN sont le mécanisme de l’analgésie diffuse induite par une stimulation nociceptive
intense. Lorsqu’une douleur survient dans une partie de l’organisme, les CIDN qu’elle
déclenche vont moduler la transmission des messages nociceptifs provenant d’autres parties
de l’organisme.
Ce mécanisme est à l’origine du phénomène de masquage d’une douleur par une autre
douleur. Lorsque deux stimulations nociceptives sont appliquées sur deux régions distinctes et
distantes du corps, le stimulus le plus faible est inhibé.
On note que les stimuli non nociceptifs sont totalement inefficaces et que l’importance de
l’inhibition est proportionnelle à l’intensité du stimulus douloureux appliqué et à sa durée.
Dans le modèle proposé par D. Le Bars et al. en 1979 (10,11), les CIDN faciliteraient la
détection des messages nociceptifs en réduisant l’activité des neurones convergents non
concernés par cette douleur. Le plus grand contraste ainsi créé entre le champ du neurone
activé et la mise sous silence des neurones non concernés permettrait de mieux identifier la
localisation précise de cette douleur. Cette mise sous silence généralisée repose sur le fait que
les afférences nociceptives, en plus de transmettre le signal douloureux vers les centres
supérieurs, laissent également au passage des connexions dans le mésencéphale et le tronc
cérébral (dans la substance grise périaqueducale et dans le noyau raphé magnus). Ceux-ci
vont ensuite envoyer des efférences vers le bas en direction des différents niveaux de la
moelle épinière et, avec l’aide des interneurones inhibiteurs, produire ainsi une inhibition
diffuse.
21
Figure 7 - Interprétation hypothétique de l’activité globale des neurones spinaux et
trigéminaux liés à la nociception (6)
A : l’ensemble de cette activité pourrait ne pas être négligeable chez les sujets en action,
donnant lieu à une « activité somesthésique de base » transmise vers les centres nerveux
supérieurs.
B : un stimulus nociceptif active les neurones nociceptifs spécifiques et non spécifiques.
C : ceux-ci vont envoyer un message excitateur au cerveau.
D : ce message déclenche secondairement les CIDN.
E : il en résulte une réduction importante de l’activité des neurones convergents non
directement concernés par le stimulus initial.
22
Plus l’intensité de stimulation est forte, plus les inhibitions déclenchées pendant la stimulation
sont puissantes et plus les post-effets qui les prolongent sont de longue durée, pouvant
atteindre plusieurs minutes.
Les neurones nociceptifs non spécifiques, répondant aussi aux stimulations non nociceptives,
sont activés en permanence de façon aléatoire par l’ensemble des stimuli somatiques non
nociceptifs apportés par l’environnement. Cette activité transmise en permanence aux centres
nerveux supérieurs pourrait constituer « une activité somesthésique de base » dont il serait
difficile d’extraire un signal signifiant. Les CIDN pourraient alors jouer le rôle d’un filtre qui
faciliterait l’extraction d’un message nociceptif du bruit de fond en inhibant cette « activité
somesthésique de base » de l’ensemble des neurones nociceptifs non spécifiques. Dans cette
hypothèse, les processus liés à la douleur résulteraient plutôt d’un effet de contraste entre cette
activité et le silence relatif de l’ensemble de tous les autres neurones nociceptifs non
spécifiques excités par le stimulus initial.
23
II. LES DOULEURS NEUROPATHIQUES
A. Définition
En 1994, l’IASP propose de définir la douleur neuropathique comme une « douleur initiée ou
causée par une lésion primitive ou une dysfonction du système nerveux ».
Cependant, cette définition fait rapidement l’objet de nombreuses critiques, principalement
liées à la présence du terme « dysfonction », considéré comme trop vague par la plupart des
experts (12).
Plus récemment, la définition suivante a donc été proposée : « douleur directement
provoquée par une lésion ou une maladie affectant le système somatosensoriel » (13).
On distingue couramment différents types de douleurs : les douleurs physiologiques
nociceptives, les douleurs inflammatoires, les douleurs neuropathiques et une dernière
catégorie de douleurs : ni inflammatoires, ni associées à une lésion nerveuse, que l’on peut
qualifier de « dysfonctionnelles ».
Les douleurs inflammatoires, neuropathiques et dysfonctionnelles sont celles que l’on
retrouve le plus souvent en douleur chronique.
24
Figure 8 - Classification schématique des douleurs, en douleurs physiologiques,
inflammatoires, neuropathiques et « dysfonctionnelles » (14)
(SII : syndrome de l’intestin irritable ; SDRC : syndrome douloureux régional complexe).
Les douleurs neuropathiques sont consécutives à des lésions du système nerveux qui
intéressent les systèmes nociceptifs eux-mêmes et témoignent donc d’une véritable pathologie
de la nociception. La douleur survient dans la zone « désafférentée », qui correspond au
territoire d’innervation de la lésion et est associée à un déficit parfois important de la
sensibilité aux stimulations tactiles ou thermiques. Ainsi, un des « paradoxes » des lésions
nerveuses est qu’elles peuvent se manifester par la combinaison de symptômes positifs
(douleurs, paresthésies/dysesthésies) et d’un déficit sensitif qui peut être partiel ou complet,
avec ou sans phénomènes d’allodynie ou d’hyperalgésie (14).
25
B. Épidémiologie
La principale étude épidémiologique («Study of the Prevalence of Neuropathic Pain»
[STOPNEP]) a été publiée en France en 2008 (15). Cette enquête a porté sur un échantillon
très large et représentatif de la population française de plus de 30 000 individus, et a permis
d’estimer la prévalence de la douleur chronique dans notre pays à 31,7 %. Sur la base des
réponses au questionnaire DN4, la prévalence des douleurs chroniques ayant des
caractéristiques neuropathiques a été estimée à 6,9 % de la population française (5,1 % pour
les douleurs neuropathiques modérées à sévères), ce qui représente 25,6 % des patients
douloureux chroniques.
L’«Enquête patients soins et intervenants de la douleur neuropathique» (Epsidone) (16),
publiée en 2009, a visé à fournir des informations complémentaires de celles de STOPNEP.
Les objectifs de cette enquête étaient de préciser le parcours de soin et les modalités de prise
en charge des patients souffrant de douleurs neuropathiques chroniques.
26
C. Mécanismes physiopathologiques
Figure 9 - Les principaux mécanismes des douleurs neuropathiques périphériques et centraux
(17)
La lésion nerveuse entraîne d’abord des modifications périphériques. Des décharges
aberrantes, dites ectopiques, prennent naissance au niveau des nocicepteurs (fibres C), mais
surtout au niveau des fibres myélinisées de gros diamètre (fibres Aβ) qui véhiculent les
messages tactiles. Les lésions nerveuses entraînent également des modifications métaboliques
importantes (changements phénotypiques), avec l’augmentation ou la réduction de la synthèse
de divers neuropeptides. Ces modifications peuvent même induire de véritables
« transformations phénotypiques » des fibres de gros diamètre, qui vont synthétiser des
peptides pronociceptifs normalement synthétisés seulement par les fibres fines. Ces
modifications périphériques induisent secondairement de nombreuses modifications centrales
(sensibilisation centrale, désinhibition segmentaire, activation de la microglie, altération des
systèmes de contrôle descendant), contribuant au développement d’une hyperexcitabilité
durable (sensibilisation centrale) des neurones nociceptifs de la moelle.
27
1. Les mécanismes périphériques
Lésions nerveuses et génèse d’activités anormales : décharges
ectopiques
Plusieurs types de mécanismes périphériques susceptibles de rendre compte de la genèse des
douleurs neuropathiques ont été mis en évidence chez l’animal, notamment dans les lésions
nerveuses périphériques, et représentent autant de cibles potentielles pour le développement
de nouveaux traitements.
Figure 10 - Lésions nerveuses périphériques (17)
Selon la plupart des travaux expérimentaux consacrés aux douleurs neuropathiques, il est
généralement admis que les douleurs associées à une lésion nerveuse périphérique font
initialement intervenir des mécanismes périphériques responsables d’une hyperexcitabilité des
fibres sensorielles, notamment des nocicepteurs, et que ceux-ci entraînent secondairement des
remaniements centraux à l’origine d’une hyperexcitabilité des systèmes nociceptifs.
Les modifications centrales qui contribuent à amplifier la douleur pourraient également
intervenir dans la pérennisation et la transformation d’une douleur aiguë en douleur
chronique.
28
En conditions physiologiques, les nocicepteurs sont « silencieux » et n’émettent des potentiels
d’action qu’en cas de stimulus nociceptifs. Par contre, il a été établi qu’une lésion nerveuse
peut avoir pour conséquence l’apparition d’activités électriques anormales au sein des fibres
lésées. De telles activités aberrantes sont dites ectopiques. Elles peuvent apparaître
spontanément ou être déclenchées par les stimulations mécaniques (pression) ou thermiques.
Elles témoignent d’une hyperexcitabilité des fibres périphériques résultant d’une
surexpression et/ou de dysfonctions des canaux ioniques réglant l’excitabilité membranaire.
Figure 11 - Activités aberrantes dites « ectopiques » (17)
29
Lésions nerveuses et modifications métaboliques :
transformations phénotypiques
Les lésions nerveuses induisent aussi de profondes modifications métaboliques au
niveau des corps cellulaires des neurones afférents primaires localisés dans les ganglions
rachidiens. Ainsi, une lésion nerveuse périphérique complète ou partielle entraîne des
modifications (réduction ou augmentation) de la synthèse de nombreux neuropeptides (sP,
CGRP, Neuropeptide Y NPY, VIP, Galanine GAL, somatostatine, cholécystokinine, mais
également des facteurs de croissance, en particulier le Brain Derived Neurotrophic Factor
BDNF). L’expression de plusieurs centaines de gènes est modifiée après une lésion nerveuse :
la plupart de ces gènes sont impliqués dans le processus de dégénérescence et régénération
nerveuse.
De plus, les lésions nerveuses induisent une surexpression de la sous-unité alpha-2-delta des
canaux calciques voltage-dépendants (CCVD), qui représente le principal site de fixation de la
gabapentine et de la prégabaline. Les CCVD jouent un rôle important dans la libération
synaptique des neuromédiateurs. Ainsi, la gabapentine et la prégabaline entraînent une
réduction de la libération de neurotransmetteurs pronociceptifs au niveau médullaire.
Enfin, de véritables « switch » (transformations) phénotypiques ont été
observées : après une lésion nerveuse, des fibres de gros calibre (Aβ), qui véhiculent
normalement des messages non nociceptifs, peuvent se comporter comme des nocicepteurs et
synthétiser les neuromédiateurs pronociceptifs (normalement synthétisés par les fibres fines
Aδ ou C).
30
Figure 12 - Modifications métaboliques et switch (transformations) phénotypiques (17)
Autres mécanismes périphériques
L’allodynie pourrait résulter d’interactions pathologiques entre fibres nerveuses par
l’intermédiaire d’ « éphapses », c’est-à-dire de nouvelles connexions liées à l’apposition
directe de segments de fibres sans gaine de myéline, à l’origine de « courts-circuits » entre
fibres de gros et de petit calibre.
Un autre type de couplage « électrique » a été mise en évidence chez l’animal : après une
lésion nerveuse, l’activité répétitive d’un groupe de fibres est capable d’entraîner l’activation
de fibres contiguës.
2. Les mécanismes centraux
Les études réalisées chez l’animal ont montré l’importance des modifications fonctionnelles,
neurochimiques et histologiques de la corne postérieure de la moelle liées aux lésions.
31
La sensibilisation centrale
Il existe des mécanismes susceptibles de rendre compte d’une hyperexcitabilité des
neurones nociceptifs. Un de ces mécanismes est la sensibilisation centrale,
correspondant à une hyperexcitabilité durable et pathologique des neurones nociceptifs
centraux associée à des modifications directes de leurs propriétés électrophysiologiques.
Le glutamate jouerait un rôle essentiel dans l’initiation des mécanismes cellulaires et
moléculaires susceptibles de conduire à une sensibilisation des neurones de la corne
postérieure de la moelle. L’activation des récepteurs NMDA intervient lors d’une activation
suffisamment prolongée des fibres C. Dans ces conditions, l’augmentation de la libération
synaptique de glutamate et de substance P (ainsi que le CGRP et le BDNF)
dépolarise suffisamment les neurones pour activer les récepteurs NMDA. L’activation de ces
récepteurs va déclencher une cascade d’évènements intracellulaires susceptibles d’entraîner
des modifications de longue durée des propriétés fonctionnelles des neurones.
Figure 13 - Augmentation de la libération synaptique de glutamate et de substance P
entraînant une hyperexcitabilité durable et pathologique des neurones nociceptifs centraux
associée à des modifications directes de leurs propriétés électrophysiologiques (17)
32
La transmission des messages nociceptifs est soumise dès l’étage médullaire à des
mécanismes de modulation. Un dysfonctionnement de ces mécanismes (les contrôles
segmentaires et propriospinaux dans la moelle épinière et les contrôles descendants des
structures cérébrales) peut également rendre compte d’une hyperactivité des systèmes
nociceptifs.
Figure 14 - Mécanismes cellulaires de la sensibilisation centrale (18)
33
Altération des systèmes de modulation
Un certain nombre d’arguments expérimentaux suggèrent l’intervention de phénomènes
de désinhibition segmentaire.
En effet, les lésions périphériques induisent une réduction de la concentration en Acide
Gamma Amino Butyrique (GABA) dans la corne postérieure (19). Or le GABA est un des
principaux neuromédiateurs inhibiteurs et joue un rôle important dans le processus
d’inhibition segmentaire. La destruction ou le dysfonctionnement d’interneurones inhibiteurs
locaux pourrait résulter des effets cytotoxiques liés à la stimulation excessive des récepteurs
NMDA. Cependant, de nouvelles études dans ce domaine ont donné des résultats
contradictoires.
Figure 15 - Les lésions périphériques induisent une réduction de la concentration en acide
gamma-aminobutyrique (GABA) dans la corne postérieure, ce qui aboutit à des phénomènes
de désinhibition segmentaire (17)
Récemment, une nouvelle hypothèse met en jeu une perte d’efficacité voire une inversion de
fonction de ces neuromédiateurs.
34
Des altérations des contrôles modulateurs descendants s’exerçant sur
les neurones nociceptifs médullaires jouent également un rôle important dans la
physiopathologie des douleurs neuropathiques.
Figure 16 - Altérations des contrôles modulateurs descendants (17)
Neuroplasticité
Les lésions nerveuses périphériques entraînent des modifications morphologiques complexes
au niveau de la corne postérieure de la moelle. Il a été suggéré qu’après section d’un nerf
périphérique, certaines afférences de gros calibre (qui habituellement véhiculent les
informations tactiles non nociceptives et se terminent dans les couches profondes de la corne
postérieure de la moelle III-IV) émettent des ramifications vers les couches superficielles II.
Ceci expliquerait le phénomène d’allodynie : les neurones nociceptifs de la couche II,
normalement activés par des stimulations intenses, pourraient l’être également par des
stimulations de faibles intensités dans des conditions pathologiques. Ces hypothèses sont tout
de même controversées car les résultats de l’équipe de CJ. Woolf (20) n’ont jamais été
reproduits par d’autres.
35
Rôle des cellules gliales
Les lésions périphériques entraînent une importante activation de la microglie et
des astrocytes, du côté ipsilatéral à la lésion. Une fois activées, les cellules gliales connaissent
une série de transformations morphologiques et d’importantes modifications de l’expression
génique conduisant à la production et à la libération d’un certain nombre de médiateurs, parmi
lesquels des cytokines pro-inflammatoires susceptibles d’agir sur les neurones.
Figure 17 - Activation de la microglie et production de médiateurs agissant au niveau
neuronal (17)
3. Le rôle du système sympathique
Des troubles sudoraux, vasomoteurs et trophiques sont parfois associés aux douleurs
neuropathiques. Différents termes ont été proposés pour désigner ce type de syndrome, le plus
souvent rencontré à la suite de lésions nerveuses traumatiques : causalgie, algodystrophie,
«reflex sympathetic dystrophy », « sympathetically maintained pain », « syndrome
douloureux régional complexe ».
Dans les conditions physiologiques, les terminaisons nerveuses périphériques ne sont pas
sensibles aux catécholamines. Cependant, après une section ou une lésion nerveuse partielle,
36
des récepteurs catécholaminergiques sont anormalement exprimés au niveau des ganglions
rachidiens ou des bourgeons de régénération et il devient alors possible d’activer ces
terminaisons par la stimulation des fibres sympathiques ou l’administration de noradrénaline.
Les ganglions rachidiens sont également le siège de remaniements histologiques susceptibles
de conduire à des interactions anormales entre afférences somatiques et système sympathique.
Les conséquences physiopathologiques de ces modifications structurelles ne sont pas encore
clairement établies et la description de nouvelles entités cliniques très proches sur le plan
sémiologique a fait émettre d’importantes réserves sur l’intervention du système sympathique
dans les douleurs neuropathiques.
Figure 18 - Les principaux mécanismes périphériques et centraux et les principales cibles
pharmacologiques (21)
Cette figure illustre les principaux mécanismes périphériques et centraux que nous avons
détaillés dans les paragraphes ci-dessus, avec les principales cibles pharmacologiques
permettant le développement d’analgésiques en matière de douleur neuropathique.
37
D. Étiologies
1. D’origine périphérique
Lésion focale
(mononeuropathie,
plexopathie,
radiculopathie)
Douleur post-zostérienne
Névralgie essentielle du trijumeau / du glossopharyngien
Lésion nerveuse post-
traumatique/post-chirurgicale *
Névrome, lésion partielle ou complète d’un tronc nerveux,
compression, ischémie
Douleur post-amputation (névrome, douleur fantôme)
Avulsion / Etirement plexique
Syndrome douloureux régional complexe (type II)
Radiculopathie
Sciatique
Cruralgie
Névralgie cervicobrachiale
Autre
Entrapment
Syndrome du canal carpien, du tunnel tarsien
Névrome de Morton
Syndrome de Parsonage-Turner
Diabète
Cruralgie
Névralgie intercostale
Atteinte des nerfs crâniens
Cancer Plexite tumorale ou radique
Méningite carcinomateuse
Vascularite Lupus
Périartérite noueuse
Polyneuropathie
Polyradiculonévrite
Métabolique ou Nutritionnelle
Diabète
Alcool
Hypothyroïdie
Carence en vitamine B1 (pellagre, béribéri)
Carence en vitamine B12
Infectieuse ou post-infectieuse
VIH
Guillain-Barré
Borréliose
Médicamenteuse
Antirétroviraux
Chimiothérapie anticancéreuse : Cisplatine, Vincristine,
Oxaliplatine, Bortézomid
Autres Disulfiram, Isoniazide, Ethambutol, Nitrofurantoïne,
Méthylthiouracil, Métronidazole…
Cancer Syndrome paranéoplasique
Myélome
Toxique
Arsenic
Thallium
Organophosphorés
Acrylamide
Ethylène oxyde
Neuropathie héréditaire
Fabry
Amylose
Charcot-Marie-Tooth type 5, type 2B
Vascularite
Gougerot-Sjögren
Lupus
Sarcoïdose
Autres Erythromélalgie
Neuropathie sensitive idiopathique à petites fibres
Neuropathie au froid
Tableau 1 - Etiologies d'origine périphérique des douleurs neuropathiques (17)
38
* Contextes habituels de douleurs neuropathiques post-chirurgicales (d’après P. Marchettini
(22)) :
- thoracotomie (lésion du nerf thoracique, parfois associée à un étirement du plexus brachial)
- mastectomie (lésion du nerf intercostobrachial)
- arthroscopie ou prothèse du genou (lésion du nerf infrapatellaire)
- prothèse de hanche (lésion du nerf crural, rarement du nerf sciatique)
- traitement chirurgical de syndrome canalaire (lésion du nerf médian ou de ses branches,
notamment palmaires et interdigitales pour le canal carpien)
- chirurgie abdominale (lésion du nerf crural ou ilio-hypogastrique)
- cure de hernie inguinale (lésion du nerf ilio-inguinal ou génitofémoral)
- stripping de varices (lésion du nerf saphène)
- avulsion de la dent de sagesse (lésion du nerf alvéolaire ou lingual)
- chirurgie sinusienne (lésion du nerf infra-orbitaire)
- biopsie lymphatique (lésion des rameaux cutanés cervicaux et de nerf grand auriculaire).
39
2. D’origine centrale
Lésions du système
nerveux central
Accident vasculaire cérébral (notamment tronc cérébral et thalamus) et médullaire incluant
infarctus, hémorragie et malformation vasculaire
Sclérose en plaques
Traumatisme crânien ou médullaire incluant les douleurs postcordotomie
Syringomyélie, Syringobulbie
Crises épileptiques douloureuses
Maladie de Parkinson
Abcès médullaire ou cérébral
Tumeur cérébrale
ou
Tumeur médullaire
Gliome
Cavernome
Angiome
Hémangioblastome
Neurinome
Schwannome
Myélite
Inflammatoire
Infectieuse
Postvaccinale
Lupique
Carence en vitamine B12
Tableau 2 - Etiologies d'origine centrale des douleurs neuropathiques (17)
E. Diagnostic
Selon les recommandations de la Société Française d’Etude et Traitement de la Douleur
(SFETD), on peut distinguer les principaux éléments cliniques qui orientent vers le diagnostic
d’une douleur neuropathique (23):
Le contexte de survenue :
Il peut y avoir existence d’une lésion ou d’une maladie connue ou suspectée du système
nerveux.
De plus, un contexte particulier (postopératoire, traumatique) pouvant s’accompagner d’une
lésion nerveuse oriente aussi vers le diagnostic de douleur neuropathique.
40
Il peut exister un décours temporel plausible entre la lésion et l’apparition de la douleur. Ce
temps peut être marqué par un intervalle libre de plusieurs semaines ou mois (généralement
pas plus d’un an) entre la lésion et l’apparition des douleurs.
Description des douleurs :
On retrouve les caractéristiques particulières des douleurs spontanées continues (brûlure, froid
douloureux) ou paroxystiques (décharges électriques).
De plus, il existe une association à des douleurs provoquées (par le frottement, la pression, le
froid ou le chaud) ; l’allodynie au frottement et au froid étant plus caractéristique de ces
douleurs.
Sensations positives non douloureuses associées :
Le patient décrit un engourdissement, des fourmillements, des picotements, des
démangeaisons.
Signes neurologiques négatifs dans la zone douloureuse :
On retrouve un déficit thermo-algique (piqûre, chaud, froid), d’autres déficits sensitifs (tact,
proprioception), des déficits moteurs ainsi que des anomalies de réflexes (en fonction de
l’étiologie).
Signes neurologiques positifs dans la zone douloureuse :
On retrouve une allodynie au frottement, à la pression, au froid, au chaud.
41
Aire douloureuse :
La douleur siège habituellement dans un territoire déficitaire systématisé compatible avec une
lésion neurologique périphérique ou centrale.
L’IASP a mis à jour en 2011 les définitions des termes propres à la douleur
neuropathique (24) :
Douleur neuropathique Douleur secondaire à une lésion ou une maladie affectant le
système somato-sensoriel
Allodynie Douleur provoquée par un stimulus qui normalement ne produit
pas de douleur
Analgésie Absence de douleur en réponse à une stimulation normalement
douloureuse
Anesthésie douloureuse Douleur dans une aire ou une région anesthésiée
Dysesthésie Sensation anormale et désagréable qui peut être spontanée ou
provoquée
Hyperalgésie Réponse exagérée à une stimulation qui normalement est
douloureuse
Hyperesthésie Sensibilité exagérée à une stimulation, à l’exception des
systèmes sensoriels spécifiques
Hyperpathie Réponse retardée, souvent explosive, à un stimulus plus souvent
répétitif et dont le seuil est augmenté
Hypoalgésie Diminution de la douleur évoquée par un stimulus normalement
douloureux
Hypoesthésie Diminution de la sensibilité à une stimulation, exception faite
des systèmes sensoriels spécifiques
Paresthésies Sensations anormales qui peuvent être spontanées ou
provoquées
Tableau 3 - Les définitions de l’IASP des termes propres à la douleur neuropathique
42
F. Outils de Dépistage et d’Évaluation
Avant même d’utiliser les outils disponibles pour analyser la douleur neuropathique, le
médecin évalue le patient selon le modèle multidimensionnel bio-psycho-social décrit par F.
Boureau et al (25). Il convient d’analyser la composante sensorielle et discriminative de la
douleur, sa composante affective et émotionnelle, cognitive et comportementale.
L’interrogatoire du patient est fondamental.
Pour cibler plus précisément l’éventuelle composante neuropathique de la douleur, des outils
de dépistage et d’évaluation existent.
Outils de Dépistage
DN4 (Questionnaire diagnostique douleur neuropathique en quatre
questions)
L’outil diagnostique DN4 a été initialement développé et validé sur une population de 160
patients présentant une douleur neuropathique ou une douleur non neuropathique (26).
Il comporte sept items d’interrogatoire et trois items d’examen clinique.
L’étude de validation a permis d’établir qu’un score d’au moins 4/10 permettait d’orienter
vers le diagnostic de douleur neuropathique avec une excellente spécificité (89,9 %) et
sensibilité (82,9 %), mais la partie « interrogatoire » de cet outil a également une bonne valeur
diagnostique (27).
Il présente l’avantage d’une grande simplicité d’utilisation permettant son emploi rapide en
pratique clinique quotidienne. C’est le questionnaire de référence en France.
43
LANSS (Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs)
La LANSS est le premier outil à avoir été développé pour le dépistage des douleurs
neuropathiques (28). Sa validation a porté sur une population de 60 patients présentant des
douleurs neuropathiques (dont de nombreux patients présentant un syndrome douloureux
régional complexe) ou non neuropathiques.
L’outil contient cinq items fondés sur des descripteurs et deux items d’examen clinique. Sa
sensibilité est de 85 % et sa spécificité de 80 %. La LANSS a aussi fait l’objet d’une
validation comme outil d’auto-évaluation, la S-LANSS.
NPQ (Neuropathic Pain Questionnaire)
Le NPQ comporte douze items incluant dix items liés à la sensation et deux items liés aux
affects (29). Il a été développé sur une large population de patients (n = 383), mais dont le
diagnostic n’est pas précisé dans l’étude de validation. Sa sensibilité (66 %) et sa spécificité
(75 %) sont un peu moins bonnes que celles des autres outils. Il existe une version courte en
trois items.
Pain Detect
Le questionnaire PainDetect a été développé et validé en allemand chez une population de
392 patients présentant des douleurs neuropathiques ou nociceptives, ainsi que chez une
population de patients présentant des douleurs lombaires (30). Il inclut un questionnaire
d’auto-évaluation présentant neuf items dont sept sont quantifiés sur une échelle catégorielle
et deux correspondent aux caractéristiques spatiales et temporelles de la douleur. Un item est
coté négativement. Il ne comporte pas d’examen clinique. Sa sensibilité est de 80 % et sa
spécificité de 85 %.
ID Pain
Le questionnaire ID Pain comporte cinq descriptifs et un item lié à la topographie de la
douleur (au niveau articulaire) visant à identifier la douleur nociceptive (31). Il a été
développé dans une large cohorte de patients (n = 585) incluant, cependant, des douleurs «
mixtes » et des fibromyalgies. L’objectif de cet outil est le dépistage de la présence d’une
douleur neuropathique, mais il ne comporte pas de valeur seuil, et sa sensibilité et sa
spécificité n’ont pas été calculées.
44
Tableau 4 - Les principaux outils de dépistage des douleurs neuropathiques (32)
(34)
45
Outils d’Évaluation
Les questionnaires spécifiques d’évaluation des douleurs neuropathiques ont été développés
dans le but d’évaluer de façon distincte les symptômes douloureux neuropathiques.
Deux d’entre eux ont été spécifiquement validés dans les douleurs neuropathiques : le
Neuropathic Pain Symptom Inventory (NPSI) et le Neuropathic Pain Scale (NPS).
Le NPSI est un auto-questionnaire comportant dix descripteurs,
regroupés en cinq dimensions cliniquement distinctes :
- brûlure, douleur profonde (étau, compression)
- douleur paroxystique (décharges électriques, coups de couteau)
- paresthésies/dysesthésies (fourmillements, picotements)
- douleurs provoquées (au frottement, à la pression, au contact du froid)
dont l’intensité est évaluée sur une échelle numérique en onze points (29). S’y ajoutent deux
items temporaux évaluant la durée de la douleur spontanée et la fréquence des paroxysmes
douloureux. Il est possible de calculer un score global sur 100 (somme de tous les
descripteurs), un score par dimension sur 10 ou un score par item (sur 10). Le NPSI a été
traduit dans plus de 50 langues. Il peut être utilisé pour évaluer et suivre en consultation
l’évolution des différents symptômes douloureux neuropathiques dans la mesure où sa
longueur et sa structure (auto-questionnaire) rendent son utilisation relativement aisée en
pratique.
Le NPS, proposé en 1997 (32), comporte dix descripteurs
également quantifiés sur des échelles numériques en onze points et une évaluation temporelle
de la douleur.
Le NPS a été utilisé dans plusieurs études cliniques contrôlées, le plus souvent comme critère
secondaire, dont certaines ont rapporté des effets différentiels des traitements sur des items
spécifiques. Il a été traduit dans plusieurs langues. Plus récemment, une version dérivée visant
à évaluer les douleurs neuropathiques et les douleurs non neuropathiques, la PQAS (Pain
Quality Assessment Scale) (33), a été proposée et inclut des items complémentaires du NPS.
46
III. LA PRISE EN CHARGE THÉRAPEUTIQUE
DES DOULEURS NEUROPATHIQUES
Les douleurs neuropathiques font partie de ces douleurs pour lesquelles les thérapeutiques
antalgiques classiques sont inefficaces. Cependant, les travaux scientifiques de recherche ont
permis une évolution des connaissances et des progrès considérables dans la compréhension
des mécanismes périphériques et centraux, et par conséquent la découverte de nouvelles cibles
pour le développement d’agents pharmacologiques.
A. Les traitements pharmacologiques
1. Antidépresseurs tricycliques et Inhibiteurs
Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine et de
la NorAdrénaline (ISRNA)
L’intérêt des antidépresseurs dans le traitement des douleurs neuropathiques est apparu dès
1960 après les travaux de F. Paoli et al. qui ont observé, après administration d’imipramine
chez des patients déprimés souffrant de sclérose en plaques, outre une amélioration de leur
état dépressif, une réduction de leurs douleurs.
Ces traitements possèdent une activité antalgique indépendante de leur action
thymoanaleptique. Cet effet résulte en partie d’un blocage de la recapture des monoamines
(sérotonine et/ou noradrénaline), permettant de renforcer les contrôles inhibiteurs descendants
(17,21)
Ils ont aussi des propriétés stabilisantes de membrane par une action sur les canaux sodiques
et un effet sur la transmission cholinergique.
De plus, il a été récemment proposé que les tricycliques pourraient avoir des effets directs sur
les récepteurs β-2-adrénergiques (23,34).
47
Antidépresseurs tricycliques
L’efficacité des antidépresseurs tricycliques est largement établie dans les douleurs
neuropathiques périphériques, notamment dans la neuropathie douloureuse du diabète et la
douleur post-zostérienne. La plupart possèdent une Autorisation de Mise sur le Marché
(AMM) dans les douleurs neuropathiques: Amitriptyline, Clomipramine, Imipramine.
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Doses
moyennes et
maximales
Principaux effets
indésirables
Précaution
d’emploi
Autres bénéfices
Clomipramine
10-25 mg le soir
10 à 20
mg/semaine
25 à 75 mg/J
jusqu’à 150
mg/J parfois
utile
Dysurie,
bouche sèche,
Hypotension
orthostatique,
céphalées,
Troubles de
l’accommodation,
constipation,
sueurs,
prise de poids,
somnolence,
vertiges,
troubles cognitifs,
troubles cardio-
vasculaires
(rythme,
conduction)
Glaucome à
angle fermé
(contre-
indication)
Obstacle urétro-
prostatique
Infarctus du
myocarde récent
Abaissement du
seuil
épileptogène
Amélioration de la
dépression à dose
≥ 75 mg/J
Prévention des
attaques de panique
Amitriptyline
5 à 15 gouttes le
soir
5 à 10
gouttes/3 jours
25 à 75 mg/J
jusqu’à 150
mg/J parfois
utile
Amélioration de la
dépression à dose
≥ 75 mg/J
Amélioration de
l’insomnie
Imipramine
10-25 mg le soir
10 à 25
mg/semaine
25 à 75 mg/J
300 mg/J au
maximum
Amélioration de la
dépression à dose
≥ 75 mg/J
Tableau 5 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi et
autres bénéfices des traitements pharmacologiques par antidépresseurs tricycliques
recommandés dans la douleur neuropathique
La Maprotiline n’a pas d’AMM en analgésie chez l’adulte, elle se situe au grade B de
recommandation (présomption d’efficacité) et est recommandée en seconde intention.
48
Antidépresseurs inhibiteurs de recapture de la sérotonine et
de la noradrénaline
Avec de nombreux essais contrôlés multicentriques positifs, l’efficacité des antidépresseurs
inhibiteurs sélectifs de la sérotonine et de la noradrénaline (Venlafaxine, Duloxétine) est
établie dans le traitement des neuropathies périphériques liées au diabète (notamment en ce
qui concerne la Duloxétine). Seule la Duloxétine bénéficie d’une autorisation de mise sur le
marché dans le traitement de la douleur des neuropathies périphériques diabétiques chez
l’adulte.
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Doses
moyennes et
maximales
Principaux effets
indésirables
Précaution
d’emploi
Autres
bénéfices
Duloxétine
30 mg durant
7 jours
puis
60 mg/jour
60 à 120
mg/J
Nausées,
vomissements,
constipation,
anorexie,
bouche sèche,
impression
vertigineuse,
somnolence,
insomnie,
sueurs, fatigue
Insuffisance
hépatique
HTA non
contrôlée
Amélioration
de la
dépression et
de l’anxiété
généralisée
Tableau 6 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi et
autres bénéfices des traitements pharmacologiques par ISRNA recommandés dans la douleur
neuropathique
La Venlafaxine n’a pas l’AMM dans le traitement de la douleur neuropathique. Elle peut
cependant être utilisée en débutant de 37,5 à 75 mg par jour, peut être augmentée jusqu'à 75 à
150 mg/jour, maximum 225 mg/jour et a les mêmes effets indésirables que la Duloxétine.
49
2. Antiépileptiques
Ils représentent l’autre grande classe pharmacologique utilisée dans le traitement des douleurs
neuropathiques. Ils agissent en réduisant les phénomènes de sensibilisation centrale par leur
action sur une sous-unité (alpha-2-delta) des canaux calciques. Ces traitements pourraient
aussi avoir des effets sur les contrôles modulateurs de la douleur (17,23).
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Doses
moyennes et
maximales
Principaux effets
indésirables
Précaution
d’emploi
Autres bénéfices
Gabapentine
300 mg le soir
(100 mg sujet
âgé)
Pallier de
100 mg (sujet
âgé) à 300 mg
1200 à
3600 mg/J,
en 3 prises
Somnolence,
asthénie,
impression
vertigineuse,
nausées, anorexie,
sécheresse de la
bouche,
céphalées,
œdèmes
périphériques,
prise de poids
Adapté selon la
clairance de la
créatinine
Réduire les
doses chez la
personne âgée
Amélioration des
troubles du
sommeil
Prégabaline
25 à 50 mg/J
25 mg tous
les 3 jours
jusqu’à 150
mg/J
300 à 600
mg/J, en 2 ou
3 prises
Amélioration des
troubles du
sommeil et de
l’anxiété
généralisée
Tableau 7 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi et
autres bénéfices des traitements pharmacologiques par antiépileptiques recommandés dans la
douleur neuropathique
Dans la névralgie du trijumeau, le traitement ayant l’AMM est la Carbamazépine. La
posologie initiale est de 100 mg, à augmenter de ½ comprimé tous les 3 jours, avec une
posologie habituelle de 400 à 600 mg par jour (maximum 1200 mg par jour). Les principaux
effets secondaires sont une somnolence, des troubles de l’équilibre, une toxicité
hématologique.
L’Oxcarbazépine est efficace sur la névralgie faciale et dans une moindre mesure dans la
douleur neuropathique du diabète.
50
La Lamotrigine a une efficacité dans les neuropathies douloureuses du diabète et les douleurs
de l’AVC. Ce médicament a cependant des risques rares mais graves d’allergie (syndrome de
Lyell, épidermolyse). Il n’a pas l’indication dans la douleur neuropathique.
Le Clonazépam n’a jamais montré son efficacité dans le traitement de ce type de douleurs. Il
est en général prescrit pour ses propriétés hypnotiques et anxiolytiques, et bénéficie
maintenant d’une nouvelle réglementation de prescription resctrictive afin de limiter son
utilisation hors AMM (34,35).
3. Le Tramadol et les Opioïdes forts
Le Tramadol
Le Tramadol est une molécule aux propriétés agonistes opiacés mu et inhibitrices de la
recapture des monoamines, dont l’efficacité a été démontrée essentiellement sur les douleurs
des polyneuropathies.
Les formes retard ou l’association Tramadol/Paracétamol, également efficace dans les
douleurs neuropathiques, sont les mieux tolérées.
Le Tramadol est considéré comme un traitement de recours en cas d’échec aux
antidépresseurs ou antiépileptiques dans les douleurs neuropathiques. Compte tenu de ses
effets bénéfiques sur les douleurs nociceptives, il pourrait également présenter un avantage
dans les douleurs dites “mixtes” associant des mécanismes neuropathiques et inflammatoires,
comme les lombosciatiques chroniques et les douleurs neuropathiques du cancer (21).
51
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Doses
moyennes et
maximales
Principaux
effets
indésirables
Précaution d’emploi Autres
bénéfices
Tramadol
50 mg,
1-2 fois/J
Paliers de
50-100 mg
200 - 400
mg/J en
2 à 4 prises
300 mg/J
après 75 ans
Vertiges,
nausées,
vomissements,
constipation,
somnolence,
céphalées,
sécheresse de la
bouche, dysurie,
clairance de la
créatinine < 30
mL/min
Précaution d’emploi
en cas d’association
avec Inhibiteur de la
Recapture de la
Sérotonine, Inhibiteur
de la Recapture de la
Sérotonine et de la
Noradrénaline et
Antidépresseur
tricyclique (risque de
syndrome
sérotoninergique)
Abaissement du seuil
épileptogène
Rapidité de
l’effet
Efficacité sur
la douleur
nociceptive /
inflammatoire
Tableau 8 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi et
autres bénéfices des traitements pharmacologiques par Tramadol recommandés dans la
douleur neuropathique
Les Opioïdes forts
Il est établi que la douleur neuropathique peut être améliorée par les opioïdes forts (36).
L’efficacité de la Morphine et de l’Oxycodone a été confirmée dans la polyneuropathie
douloureuse du diabète, les douleurs post-zostériennes et à doses très élevées dans les
douleurs fantômes. Ces traitements sont aussi efficaces que les Tricycliques et la Gabapentine
(37).
Dose initiale et
paliers
d’augmentation
Doses
moyennes et
maximales
Principaux
effets
indésirables
Précaution d’emploi Autres
bénéfices
Opioïdes
forts
10 – 30 mg,
2 fois/J
(morphine
retard)
Titration avec
morphine rapide
toutes les 4
heures
de la dose
toutes les 48
à 72 heures,
de 30-50%
Titration
individuelle
Nausées,
vomissements,
anorexie,
constipation,
flou visuel,
sécheresse de la
bouche,
somnolence,
fatigue, dysurie,
prurit, troubles
cognitifs
Précaution d’emploi
propres aux
morphiniques
Pas en première
intention
Abaissement du seuil
épileptogène
Rapidité de
l’effet
Efficacité sur
la douleur
nociceptive /
inflammatoire
Tableau 9 - Initiation, doses d’entretien, principaux effets indésirables, précaution d’emploi et
autres bénéfices des traitements pharmacologiques par opioïdes forts recommandés dans la
douleur neuropathique
52
4. Les topiques locaux : emplâtre de Lidocaïne et
patch de haute concentration de Capsaïcine
Emplâtre de Lidocaïne
L’efficacité des emplâtres de Lidocaïne (AMM européenne pour la douleur post-zostérienne)
a été confirmée dans la douleur post-zostérienne et à moindre degré dans des lésions
nerveuses périphériques associées à une allodynie (21).
Ce traitement est intéressant notamment pour les personnes âgées, du fait de son innocuité
d’utilisation (hormis un risque d’allergie local) et de l’absence de nécessité de titration.
L’emplâtre de Lidocaïne est désormais disponible en pharmacie de ville ; jusqu’à 3 emplâtres
par 24 heures peuvent être appliqués sur la zone douloureuse, pour une durée de 12 heures.
Un emplâtre contient 700 mg de Licodaïne à 5% (surface de 14 x 10 cm).
Patch de haute concentration de Capsaïcine (8%)
La Capsaïcine se lie aux fibres sensitives nociceptives Aδ et C via les récepteurs vanilloïdes
(TRPV1 ou Transient Receptor Potential Vanilloid 1) et les stimule. Cette activation des
récepteurs induit une dépolarisation, l’initiation d’un potentiel d’action et la transmission des
influx nociceptifs vers la moelle épinière. Après quelques jours d’application, les neurones
nociceptifs contenant ces récepteurs sont désensibilisés, réduisant ainsi la transmission du
message douloureux.
Les patchs de haute concentration de Capsaïcine peuvent être appliqués pendant une durée de
30 minutes pour les pieds et 60 minutes sur le reste du corps (hors visage). Ils peuvent couvrir
jusqu’à 1120 cm2 de surface cutanée, soit un maximum de 4 patchs. Ils peuvent être
renouvelés tous les 90 jours selon l’évolution de la douleur. L’AMM est détenue pour le
traitement des douleurs neuropathiques périphériques non diabétiques.
La pose est réalisée en hospitalisation de jour dans une structure spécialisée douleur
chronique.
53
Tableau 10 - Synthèse des traitements médicamenteux de niveau de preuve A ou B
commercialisés en France pour le traitement des douleurs neuropathiques et disposant d’une
AMM en analgésie (à l’exception des traitements de la névralgie du trijumeau) (21)
54
5. Les autres traitements pharmacologiques
Les antagonistes des récepteurs NMDA
Les récepteurs NMDA ont un rôle essentiel dans le développement des phénomènes de
sensibilisation centrale après lésion nerveuse. De ce fait, les antagonistes des récepteurs
NMDA ont été proposés dans le traitement des douleurs neuropathiques.
Le principal est la Kétamine : elle possède des propriétés antagonistes des récepteurs NMDA
en se liant de façon non compétitive au site phencyclidine (PCP) du récepteur NMDA. De ce
fait, elle bloque de façon non compétitive le canal ionique des récepteurs-canaux de type
NMDA préalablement ouvert par un agoniste.
Une étude en double aveugle (38) a rapporté une efficacité significative de la Kétamine par
voie intraveineuse sur la douleur spontanée, l’allodynie mécanique et les phénomènes de
sommation temporelle induits par des lésions nerveuses périphériques et centrales.
Il n’y a actuellement pas de consensus ni de recommandations nationales vis-à-vis de
l’utilisation de la Kétamine.
La Clonidine
La Clonidine, agoniste alpha2, est à l’origine un médicament antihypertenseur central. Elle a
également montré une action analgésique dans les douleurs neuropathiques. Par voie orale,
elle comporte de nombreux effets indésirables (vertiges, hypotension, somnolence) : de ce
fait, seules les administrations transdermique et épidurale sont proposées.
G. Schechtmann et al. ont publié trois études (39–41) montrant l’efficacité de l’administration
intra-thécale de la Clonidine en tant que traitement adjuvant de la stimulation médullaire dans
l’hyperalgésie et l’allodynie.
55
La dernière de ces trois études, publiée dans la revue Neurosurgery (41), randomisée en
double aveugle contre placebo, a été menée avec 10 patients souffrant de douleurs
neuropathiques insuffisamment soulagés par la neurostimulation médullaire. De la Clonidine,
du Baclofène, et une solution saline (témoin) ont été administrés par voie intrathécale par
injections en bolus en association avec la neurostimulation médullaire. 7 des 10 patients ont
rapporté une réduction significative de la douleur lorsque la stimulation médullaire a été
combinée avec la Clonidine (ou le Baclofène).
Ceci tend à prouver la synergie de la pharmacothérapie et de l’électrothérapie.
Les molécules GABAergiques
Le Baclofène agit comme agoniste des récepteurs GABA-B. Il est utilisé dans le traitement de
la spasticité musculaire et a aussi démontré une efficacité dans la névralgie du trijumeau en
cas d’échec des traitements classiques (Carbamazépine) (42).
La L-dopa
Elle serait efficace sur les douleurs de neuropathies diabétiques, par inhibition des influx
nociceptifs au niveau médullaire ou en agissant sur les systèmes de contrôle dopaminergique
de la douleur (43).
56
Toxine botulique de type A
La toxine botulique de type A est une neurotoxine puissante utilisée pour le traitement de la
dystonie et de la spasticité focale. Elle présenterait des effets analgésiques indépendants de
son action sur le tonus musculaire, par une action vraisemblablement sur l’inflammation
neurogène. Trois études (chez des patients présentant une mononeuropathie douloureuse avec
allodynie, chez des patients atteints de polyneuropathie douloureuse du diabète, chez des
patients ayant une douleur post-zostérienne), ont rapporté l’efficacité à long terme d’une série
unique d’injections sous-cutanées de toxine botulique dans la zone douloureuse (17). Ce
traitement a une très bonne tolérance et sa durée d’action analgésique est d’environ trois mois.
Tapentadol
Il n’est pas encore disponible en France. Il a des propriétés opiacées et inhibitrices de la
recapture des monoamines. Une étude récente a mis en évidence son efficacité dans les
douleurs neuropathiques du diabète (44).
Cannabinoïdes
Depuis la découverte des récepteurs cannabinoïdes et de leurs ligands endogènes, l’intérêt
thérapeutique potentiel des cannabinoïdes a fait l’objet de multiples investigations.
Une étude a fait état de l’efficacité par voie orale du Tétrahydrocannabinol (Dronabinol) dans
les douleurs associées à la sclérose en plaques (45).
Les cannabinoïdes par voie transmuqueuse ont aussi fait l’objet d’études positives dans le
traitement de la douleur neuropathique (17).
A ce jour en France, seules des ATU permettent à quelques patients par année de pouvoir
disposer du Dronabinol, qui est le moins dosé. Le risque de dépendance avec une utilisation
au long cours chez des patients douloureux chroniques est source actuelle de débat.
57
B. Les traitements non pharmacologiques
1. Neurostimulation électrique transcutanée
La neurostimulation électrique transcutanée (NSTC), appelée aussi TENS (Transcutaneous
Electrical Nerve Stimulation), exploite un courant électrique de faible tension transmis aux
nerfs par des électrodes placées sur la peau. L’intensité, la fréquence et la modulation des
impulsions peuvent varier.
Plusieurs paramètres de stimulation existent, variables en fonction de la fréquence des
impulsions (de 1 à 100 Hz), de l’intensité du courant électrique (de 0 à 50 mA), de la largeur
de l’impulsion (50 à 500 μs) et du type de courant (17,46). Les modes de stimulation les plus
courants sont :
le mode « haute fréquence » ou TENS conventionnelle (C-TENS), également appelé «
à effet Gate Control », associe une stimulation continue en haute fréquence (80 à 100 Hz), des
durées d’impulsions de 50 à 200 μs et des basses intensités.
Ce mode permet de réaliser un masquage par des paresthésies non douloureuses dans le
territoire concerné (fourmillements, sensation de vibration), sans rémanence de l’effet
antalgique après la stimulation. Il s'agit du mode de stimulation le plus fréquent.
Ainsi, la TENS dite « conventionnelle » agirait plutôt selon le principe de la théorie du Gate
Control, selon laquelle la stimulation des fibres afférentes de gros calibre (fibres A) peut
inhiber l’activité des fibres de fin calibre au niveau de la corne dorsale de la moelle.
le mode de stimulation dit « acupuncture like » (AL-TENS) ou « endorphinique »,
associe des basses fréquences (1 à 4 Hz), des durées d’impulsions comprises entre 100 et
400 μs et de plus hautes intensités.
Ce mode provoque de faibles secousses musculaires, qui évoquent des sensations de
battement. Il procure une analgésie retardée, qui augmente durant la stimulation et persiste
après l’arrêt de celle-ci.
De fait, la TENS de type « acupuncturale » agirait plutôt sur la libération d’opioïdes
endogènes et/ou sur la mise en jeu des contrôles inhibiteurs descendants. Des effets
périphériques (effets vasodilatateurs, action sur le système sympathique) ont aussi été mis en
avant ainsi que des effets sur les contrôles inhibiteurs diffus.
58
2. Stimulation magnétique transcrânienne
répétitive (rTMS)
La rTMS est une technique qui permet de stimuler le cortex cérébral de façon non invasive, de
façon à générer des potentiels évoqués moteurs. Un courant électrique très bref est généré à
travers une bobine posée sur le crâne en regard d’une région corticale spécifique. Ce champ
magnétique génère ensuite un second courant au niveau cortical, qui dépolarise les neurones
corticaux situés sous la bobine. Elle a initialement été proposée en 1985.
La rTMS active des régions cérébrales impliquées dans l’intégration de l’expérience
douloureuse en renforçant les contrôles inhibiteurs intracorticaux de la douleur et influence
les régions impliquées dans la libération d’opioïdes endogènes.
De plus, un effet sur les systèmes limbiques paraît possible : plusieurs études ont montré que
les retentissements de la rTMS sont plus importants sur la composante affective que sur la
composante sensorielle de la douleur (17).
L’efficacité de la rTMS a été évaluée dans différentes études, en double aveugle, par
stimulation magnétique transcrânienne répétitive versus stimulation « sham » dans des
douleurs neuropathiques de type : douleur centrale post-AVC, névralgie du trijumeau, douleur
des paraplégies, fibromyalgie, douleurs lombaires, douleurs de la sclérose en plaques. Il en
ressort un bénéfice de la rTMS lors de son application répétée. Le maintien au long cours de
l’efficacité de la rTMS a été peu étudié dans les douleurs neuropathiques, mais chez des
patients fibromyalgiques, l’effet analgésique peut se maintenir pendant au moins 6 mois (47).
Depuis une dizaine d’années, la rTMS du cortex moteur, a trouvé sa place dans le traitement
des douleurs neuropathiques pharmacorésistantes.
Les patients soulagés par quelques séances peuvent par la suite bénéficier d’une stimulation
chronique invasive au moyen d'électrodes implantées, par le biais d’une intervention
neurochirurgicale.
59
3. Rééducation et techniques de biofeedback
La rééducation a une place importante dans la prise en charge de nombreuses douleurs
neuropathiques, notamment la rééducation motrice et somatosensorielle, la rééducation
cognitive et le feedback visuel.
La rééducation motrice aide à corriger le handicap fonctionnel résultant de la non-utilisation
d’un segment de membre, d’attitudes vicieuses ou de contractures musculaires.
La rééducation somatosensorielle est proposée pour réduire les phénomènes d’allodynie et
d’hypoesthésie tactile.
La rééducation cognitive est effectuée dans les douleurs de membres fantômes, en vue d’une
amélioration de leur discrimination sensorielle.
Le feedback visuel, et notamment la thérapie dite du miroir (mirror therapy ou virtual mirror
therapy) est fréquemment utilisée pour le traitement de douleurs neuropathiques dont les
mécanismes impliquent des remaniements de la plasticité corticale (douleurs fantômes,
douleurs d’avulsion plexique, douleurs de SDRC, douleurs centrales des blessés médullaires)
En effet, le cerveau met au premier plan les feedbacks visuels par rapport aux feedbacks
somatosensoriels et proprioceptifs émanant de la position d’un membre. Ce fait a été illustré
par l’amélioration de l’activité du cortex sensorimoteur en IRM fonctionnelle (48). Les
mécanismes responsables de cette efficacité pourraient être l’activation de neurones
« miroirs » dans l’hémisphère controlatéral au membre amputé, ou l’effet inhibiteur de
l’entrée visuel sur les systèmes nociceptifs.
60
4. Autres techniques
Les psychothérapies
Compte tenu de la fréquence des troubles dépressifs, anxieux et des difficultés d’adaptation à
la douleur, les psychothérapies sont d’une grande importance dans le traitement de la douleur
neuropathique.
Les psychothérapies les plus validées en matière de douleur chronique sont les thérapies
cognitivo-comportementales (TCC), seules ou associées à un programme plus large de
réentraînement à l’effort (17).
L’hypnose
L’hypnose peut avoir un effet sur la modulation douloureuse, sur la focalisation excessive sur
la douleur et sur les troubles émotionnels associés à la douleur.
L’acupuncture et l’électro-acupuncture
Elles sont à rapprocher des techniques de neurostimulation.
Les massages et la relaxation
Ils ont surtout été étudiés dans les troubles musculo-squelettiques, notamment dans les
lombalgies et les douleurs myofasciales.
61
C. Les traitements interventionnels
1. Chirurgie fonctionnelle ou neurostimulation
a. Stimulation médullaire chronique
Cette technique étant l’objet de la thèse, elle sera détaillée dans la partie « IV. La stimulation
médullaire ».
b. Stimulation du cortex moteur
Décrite en 1991 par T. Tsubokawa et al., cette technique trouve son indication chez des
patients présentant des douleurs neuropathiques d’origine centrale (par accident vasculaire
cérébral ou lésion médullaire) ou des douleurs neuropathiques secondaires à une atteinte du
nerf trijumeau (49).
La technique consiste d’abord en un repérage somatotopique par IRM fonctionnelle, puis en
un test par stimulation magnétique transcrânienne.
Après craniotomie, une électrode est implantée (il peut y en avoir plusieurs) dans l’espace
extradural en regard de la région corticale motrice correspondant au territoire douloureux.
Ceci est réalisé sous contrôle d’un système de neuronavigation et d’un monitorage
électrophysiologique per-opératoire. Cette électrode est connectée par un câble tunnellisé à un
stimulateur implanté sous la peau, généralement dans la région supraclaviculaire.
Plusieurs études rétrospectives ont prouvé l’efficacité de cette technique chez des patients
présentant des douleurs centrales ou faciales par atteinte trigéminale, des douleurs secondaires
à une lésion médullaire, à un membre fantôme ou après avulsion plexique.
Dans une revue de la littérature portant sur 244 publications, D. Fontaine et al. (50) rapportent
un taux de succès moyen de 55%. Plus précisément, le taux de succès était de 54 % chez les
patients souffrant de douleurs d’origine nerveuse centrale et de 68 % chez les patients
souffrant de douleurs neuropathiques trigéminales.
62
c. Stimulation cérébrale profonde
Les cibles de la stimulation cérébrale profonde incluent le noyau postérieur (sensitif) du
thalamus, la substance grise périventriculaire/péri-aqueducale, la capsule interne
controlatéralement à la douleur si la douleur est unilatérale, et bilatéralement dans le cas de
douleurs bilatérales.
La stimulation thalamique réduirait la douleur par une action sur des systèmes de contrôle
descendants thalamo-corticofuges ainsi que par une action sur le système nerveux autonome
avec mise en jeu d’une analgésie opioïde.
Elle est désormais peu pratiquée pour le traitement des douleurs neuropathiques réfractaires ;
son niveau de preuve est considéré comme faible, avec essentiellement des études de niveau
IV notamment dans les douleurs neuropathiques périphériques et les douleurs faciales
(efficacité au long cours de 46 % des cas en moyenne) (17).
d. Stimulation nerveuse périphérique
Elle peut être utilisée en cas de douleur réfractaire secondaire à une mononeuropathie. La
technique consiste à stimuler un nerf périphérique au moyen d’une électrode insérée au
contact de ce nerf, par l’intermédiaire de tissu fasciculaire à partir d’un muscle adjacent. Une
période test est réalisée ; l’implantation est faite si un soulagement d’au moins 50 % est
ressenti. Les nerfs les plus fréquemment stimulés sont : les nerfs médian, cubital, radial,
sciatique, crural, sural, saphène, ilio-inguinal, sacré, occipital, trijumeau et supra-orbitaire.
63
2. Chirurgie lésionnelle : la drezotomie
microchirurgicale
Elle a été introduite en France par M. Sindou et al. dès le début des années 1970, puis par B.
Nashold et P. Ostdahl aux États-Unis.
Elle consiste en une section sélective de la zone d’entrée des racines dorsales dans la moelle
contribuant à la voie spinothalamique.
Figure 19 - Drezotomie microchirurgicale
La lésion chirurgicale est réalisée sur la partie ventrolatérale de la jonction
radiculomédullaire postérieure, épargnant au mieux la voie lemniscale et les structures
médullaires réputées inhibitrices du message douloureux « Théorie du Portillon » ou « Gate
Control » de P. Wall et R. Melzack).
L’étendue de la drezotomie dépend du siège métamérique de la douleur et de l’étiologie, le
plus souvent étendue jusqu’aux métamères sus- et sous-jacents à ceux du territoire
douloureux.
En vue d’une aide au repérage des niveaux médullaires, cette intervention est pratiquée sous
contrôle des potentiels évoqués somesthésiques de la corne dorsale en per-opératoire.
64
Elle est indiquée pour les douleurs après avulsion plexique, en particulier du plexus brachial
(accident de moto), plus rarement pour des douleurs segmentaires après lésion de la moelle
épinière et/ou de la queue-de-cheval, des douleurs post-zostériennes ou des douleurs de
certains cancers à topographie bien limitée (type Pancoast-Tobias) chez des patients dont
l’état général reste conservé.
3. Phamacologie intra-thécale et épidurale
Elle utilise une pompe à perfusion continue, et est le plus souvent utilisée dans le traitement
des douleurs chroniques d’origine cancéreuse.
Plusieurs études ont tout de même été réalisées dans la prise en charge des douleurs
neuropathiques : l’analgésie obtenue parait supérieure sur la composante nociceptive (plutôt
que sur la composante neuropathique), mais il existe peu de données sur l’efficacité au long
cours des produits, leur sécurité d’emploi et les risques de tolérance.
Sa place dans le traitement des douleurs chroniques non cancéreuses n’est pas établie de façon
consensuelle.
D. Une prise en charge globale (information,
éducation)
Pour une bonne articulation de tous les traitements exposés ci-dessus, il paraît essentiel que le
patient soit responsabilisé et placé au centre de sa prise en charge.
Le rôle du soignant est avant tout de lui fournir l’information nécessaire à la compréhension
de sa douleur, et de l’accompagner dans une approche bio-psycho-sociale et cognitivo-
comportementale.
65
IV. LA STIMULATION MÉDULLAIRE
A. Principe
Proposée pour la première fois par CN. Shealy en 1967, la stimulation médullaire ou
stimulation cordonale postérieure consiste en la mise en place d’une électrode au niveau de
l’espace épidural, en regard des cordons postérieurs de la moelle, à l’étage correspondant au
territoire douloureux. Celle-ci est ensuite reliée à un générateur d’impulsions placé sous la
peau au niveau du flanc, de la fesse ou de la région sous-claviculaire. Elle active
sélectivement les fibres myélinisées Aα et β de gros diamètre et de conduction rapide, de
manière à renforcer leur action inhibitrice segmentaire et supra-segmentaire au niveau de la
jonction radiculo-médullaire postérieure. La stimulation provoque des paresthésies
permanentes que le patient doit ressentir comme agréables, recouvrant la zone douloureuse
(49).
Au début des années 70, l’implantation était effectuée dans l’espace sous-arachnoïdien de
manière à placer les électrodes directement au contact de la moelle épinière pour diminuer le
seuil de stimulation, mais les risques iatrogènes (arachnoïdite, fuite de Liquide Céphalo
Rachidien LCR…) ont conduit à abandonner ce site d’implantation au profit de l’espace
épidural.
Une « stimulation d’essai percutanée », en vue de précéder une implantation chirurgicale, a
été proposée pour la première fois en 1972 par Y. Hosobuchi (51).
La stimulation médullaire est une technique utilisée depuis plus de 40 ans pour traiter des
douleurs chroniques, et dont le principe repose en grande partie sur la théorie de la « porte
d’entrée » décrite par P. Wall et R. Melzack (9).
66
Cette technique consiste à délivrer, par l’intermédiaire d’un système implanté, une stimulation
électrique continue au niveau des cordons dorsaux de la moelle épinière.
Elle vise à renforcer les contrôles physiologiques inhibiteurs de la douleur, en agissant au
niveau de la transmission du message nociceptif dans la corne dorsale de la moelle, et
probablement également au niveau des centres supra-spinaux.
C’est une technique non destructrice de neuromodulation, réversible et adaptable.
Le corollaire à la stimulation des cordons dorsaux, véhiculant la sensibilité épicritique et
proprioceptive, est l’induction de paresthésies dans les métamères situés au-dessous du niveau
stimulé (52).
L’European Federation of IASP Chapters (EFIC) a émis des recommandations (1998) qui font
état de référence : les techniques de neuromodulations sont une alternative aux traitements
conventionnels de la douleur neuropathique chronique quand ceux-ci sont inefficaces ou
contre-indiqués.
L’European Federation of Neurological Societies (EFNS) donne un avis de grade B pour la
preuve de l’efficacité de la stimulation médullaire dans les LSS (LomboSciatiques
Séquellaires) et les SDRC de type I et de grade D pour les autres pathologies (plexus brachial,
douleur nerveuse périphérique, amputation) par absence de preuve (peu d’études, petits
groupes, études de cas) (53).
L’avis de la commission française d’évaluation des produits et prestations en date du 30
janvier 2002 fait état d’une amélioration du service rendu majeure (de type I).
Le remboursement en France est actif depuis 2002.
67
L’implantation du matériel se fait en trois étapes (49) :
1) l’implantation de l’électrode, selon deux voies d’abord :
- percutanée, sous anesthésie locale, dont les avantages sont d’une part son caractère
peu invasif, d’autre part la possibilité de réaliser des tests de stimulation en période
per-opératoire et de s’assurer du bon positionnement de l’électrode. Mais la mobilité
de cette électrode peut, dans certains cas, amener à proposer la voie chirurgicale dans
un deuxième temps
- chirurgicale avec laminotomie (laminectomie à minima) sous anesthésie générale.
Cette technique permet le positionnement d’une électrode plus large assurant une
couverture plus importante et une mobilité moindre
Dans son étude coopérative et rétrospective sur 20 ans de suivi, Y. Lazorthes (54) note
qu’avant 1976, les premières implantations ont été systématiquement réalisées à l’aide d’une
laminectomie sous anesthésie générale. Durant la période intermédiaire (1977 – 1983), 180
implantations sur un total de 241 ont été réalisées par voie percutanée. Cette prédominance
reste confirmée mais atténuée lors de la période 1984 – 1990 (211 implantations sur un total
de 370). Le choix de la voie d’implantation dépend des caractéristiques des douleurs des
patients et des pratiques de chaque équipe.
2) la période test, suivant l’implantation de l’électrode, vise à s’assurer de l’efficacité de la
stimulation sur la douleur. Ce test est au mieux réalisé sur plusieurs jours, au domicile du
patient afin de respecter ses conditions habituelles de vie.
3) si le test est positif, avec un patient soulagé à plus de 50 % suite à une évaluation
rigoureuse, l’implantation définitive du générateur d’impulsions est alors réalisée. Dans le cas
contraire, il est discuté de la décision définitive à prendre de façon collégiale entre l’équipe
médicale et le patient.
68
B. Mécanismes d’action de la stimulation
médullaire
L'intérêt pour la neurostimulation doit beaucoup aux progrès neurophysiologiques et
neurochimiques dans la compréhension des phénomènes de contrôle physiologique de la
douleur.
Les techniques de neuromodulation permettent une approche non destructive et réversible
dans le traitement de la douleur chronique sévère.
La théorie du contrôle du seuil douloureux ou "Gate Control" proposée en 1965 par P. Wall et
R. Melzack (9) est basée sur un double mécanisme de contrôle de la douleur : métamérique et
central. La sensation douloureuse conduite par les petites fibres C amyéliniques à conduction
lente est modulée au niveau des cornes postérieures médullaires (substance gélatineuse) par
des afférences provenant de grosses fibres A myélinisées à conduction rapide de la voie
lemniscale groupées dans les cordons postérieurs de la moelle.
La stimulation de ces grosses fibres au niveau périphérique (neurostimulation transcutanée)
ou au niveau médullaire (neurostimulation médullaire épidurale) augmente la potentialité
inhibitrice des interneurones de la substance gélatineuse et "ferme la porte" au message
douloureux à la fois au niveau métamérique d'entrée et à tous les étages synaptiques sus-
jacents par un mécanisme de contre-réaction centrale supprimant la perception douloureuse.
Lorsque le "barrage" protecteur est submergé par les stimuli nociceptifs, la "porte s'ouvre" et
la sensation de douleur est perçue. Cette théorie continue à être discutée en raison de son
insuffisance.
69
Figure 20 - Le « Gate Control » : les fibres Aδ et C sont modulées par des inter-neurones
inhibiteurs véhiculant les sensibilités tactile et proprioceptive (55)
Figure 21 - Principe de la stimulation médullaire (55)
70
Dés 1967, pour traiter les douleurs chroniques rebelles à toutes les autres thérapeutiques, N.
CN. Shealy et JT. Mortimer (56) ont proposé de stimuler les cordons postérieurs de la moelle
par des ondes biphasiques, symétriques et modulables de manière sélective. Ils ont aussi
démontré l’existence d’une action inhibitrice des fibres sensitives afférentes myélinisées de
gros diamètre au niveau du premier relais synaptique médullaire.
L'objectif de ces découvertes est de provoquer des paresthésies électriques confortables
recouvrant parfaitement le territoire douloureux.
Depuis la théorie du "Gate Control", il est postulé par P. Wall et R. Melzack en 1965 (9), R.
Sedan et Y. Lazorthes en 1978 (57), et SE. Abram en 1993 (58) que la stimulation médullaire
agit (54) :
- au niveau segmentaire de la jonction radiculo-médullaire postérieure par un
mécanisme d'inhibition de la conduction des fibres nociceptives activé par le
recrutement des fibres sensitives myélinisées de gros diamètre et/ou l'inhibition directe
des neurones de second ordre du faisceau spino-thalamique,
- au niveau supra-spinal par l'activation de boucles spino-bulbo-spinales impliquant
les systèmes inhibiteurs descendants.
Les voies spinales descendantes sérotoninergiques, qui ont une action inhibitrice confirmée
sur la transmission nociceptive, sont donc activées par la stimulation médullaire. Ces
mécanismes neurochimiques demandent à être vérifiés par d'autres études expérimentales et
cliniques (54).
D’autres mécanismes sont également décrits, tels que l’excitation d’interneurones de la
substance gélatineuse de Rolando (59), ainsi que la libération d’opioïdes endogènes, de
sérotonine, ou encore de GABA (60,61), puissante substance neuro-inhibitrice au sein de la
corne postérieure de la moelle, capable d’atténuer l’allodynie habituellement observée dans
des conditions expérimentales notamment chez le rat.
Par ailleurs, un effet sympatholytique est observé, à l’origine de son action vasomotrice, avec
augmentation du débit sanguin périphérique.
71
Si les mécanismes d’action de la stimulation médullaire demeurent encore discutés tant sur le
plan électrophysiologique que biochimique, son effet antalgique a été clairement démontré,
que ce soit par une réduction de l’amplitude du réflexe nociceptif au cours de modèles
expérimentaux de douleurs neuropathiques ou par la mise en évidence d’une dépression de la
composante nociceptive du réflexe spinal de flexion, obtenue par stimulation électrique du
nerf sural (61).
Figure 22- Coupe de moelle épinière
Les effets attendus sont :
Atténuation des douleurs à type de crampes et brûlures
Diminution de la sensation d’engourdissement
Impression de réchauffement du membre
Facilitation de la marche (proprioception)
Retentissement thymique favorable
72
C. Indications et contre-indications
1. Indications
Selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) (62), la stimulation
médullaire est indiquée :
Dans les douleurs chroniques neuropathiques irréductibles, bilatérales ou étendues, après
échec des autres moyens thérapeutiques, secondaires à :
des radiculalgies chroniques (sciatalgies, cruralgies, cervico-brachialgies),
indication la plus fréquente : fibrose épidurale ou fibrose lombo-sacrée (FLS) post-
opératoire ou fibrose épidurale ou arachno-épidurite (failed back surgery
syndrome : FBSS)
une lésion nerveuse périphérique, post-traumatique ou post-chirurgicale
une amputation (algo-hallucinose)
un syndrome régional douloureux complexe (de type I : algodystrophie, de type II :
causalgie périphérique).
Dans les douleurs ischémiques périphériques, bilatérales ou étendues, type artérite de
stade III ou IV de la classification de Leriche et Fontaine. Les ulcères, s’ils existent,
doivent être inférieurs à 3 cm de diamètre et superficiels.
73
Deux indications sont détaillées ci-dessous car ce sont celles retenues au Centre Hospitalier
d’Avranches-Granville, lieu de réalisation de l’étude faisant l’objet de ce travail. Ce sont
des douleurs neuropathiques chroniques durant depuis plus de 6 mois, pharmaco-
résistantes, sévères et invalidantes : FBSS et SDRC.
Fibrose épidurale ou fibrose lombo-sacrée (FLS) post-opératoire ou fibrose
épidurale ou arachno-épidurite (failed back surgery syndrome : FBSS) :
En 1983, C. De la porte et J. Siegfried (63) proposent la dénomination de « fibrose lombo-
sacrée », qui reflète l’aspect pathologique du tissu proliférant retrouvé au décours des
interventions itératives pour hernie discale lombaire.
1 à 1,5 % des interventions pour hernie discale pourraient se solder par une FLS
symptomatique (64). Cette réaction épidurale est un phénomène cicatriciel normal, plus ou
moins important, dès lors qu’une intervention chirurgicale aborde l’espace épidural. Elle est
relativement fréquente sous sa forme asymptomatique. Il n’est pas établi de corrélation entre
la constatation d’une fibrose et la symptomatologie douloureuse. En effet, la formation de
fibrose est fréquente mais sa présence est insuffisante pour expliquer une sciatalgie résiduelle
de désafférentation sensitive (65). Par contre, il est possible que l’organisation d’une fibrose
autour d’une racine puisse en partie intervenir dans la constitution et l’entretien d’une
composante neuropathique de la douleur (66).
C’est la formation d’adhérences bloquant les espaces sous arachnoïdiens qui caractérise la
fibrose, avec sur le plan microscopique une inflammation de la membrane arachnoïdienne,
accolement des racines et prolifération de fibroblastes avec dépôt de collagène. Plusieurs
théories tentent d’expliquer cette fibrose : elle pourrait venir d’une réaction immunologique
dirigée contre les antigènes de la membrane arachnoïdienne, ce qui entraînerait une
inflammation méningée, ou encore d’une absence de résorption des phagocytes et des
enzymes fibrinolytiques mis en jeu par l’acte chirurgical, à l’origine d’une bande fibreuse et
d’adhérences (64,66).
74
On note la réapparition de symptômes (douleurs radiculaires, perturbations des sensibilités
tactiles, thermiques, douloureuses et profondes, déficit moteur radiculaire, paroxysmes
douloureux, dysesthésies, crampes, impression de brûlures) après un intervalle libre, souvent
de 2-3 mois après l’intervention.
La FBSS représente l’indication principale de la stimulation médullaire en France.
Syndrome douloureux régional complexe SDRC :
La classification et les critères diagnostiques des SDRC ont été établis par l’IASP en 1994 :
on distingue ainsi le SDRC de type I (algodystrophie), qui survient après un évènement
traumatique nociceptif, et le SDRC de type II (causalgie), qui fait suite à une lésion nerveuse
avérée (67).
Le SDRC de type I se développe après un évènement causal habituellement peu important
(fracture, entorse, luxation, microtraumatismes répétés, lésions tissulaires ou immobilisation).
Ce qui différencie les syndromes de type I et de type II est le fait que le traumatisme
responsable intéresse essentiellement l’appareil locomoteur (le plus souvent traumatisme d’un
membre ou d’une articulation) et qu’il n’existe pas d’atteinte du système nerveux
périphérique ou central.
L’examen clinique neurologique ne retrouve pas de trouble de la sensibilité dans le territoire
douloureux, il ne s’agit pas d’une douleur par atteinte des nerfs sensitifs.
Le SDRC de type II se développe après une lésion nerveuse. Ce qui différencie les syndromes
de type II à ceux de type I est le fait que le traumatisme responsable intéresse obligatoirement
un nerf périphérique, une de ses branches ou un tronc. L’examen clinique retrouve des
troubles de la sensibilité dans le territoire douloureux (68).
Le mécanisme par lequel une blessure provoque un SDRC peut s’expliquer par le fait que
l’activation du système nerveux sympathique après une blessure fait partie d’une réponse à
une situation d’urgence de type combat-fuite. Les fibres nerveuses sympathiques provoquent
une vasoconstriction cutanée, entraînant un afflux sanguin dans les muscles et permettant à
l’individu de s’échapper du danger. Habituellement, le système nerveux sympathique cesse
son activité rapidement : de quelques minutes à quelques heures suivant la blessure.
75
Pour des raisons inconnues, chez les individus qui développent un SDRC, le système nerveux
sympathique semble assurer une fonction anormale.
Théoriquement, l’activité sympathique au niveau de la blessure faciliterait une réponse
inflammatoire entraînant une vasoconstriction, la majoration d’un œdème et une hyperalgie.
Cette dernière provoquerait une seconde réponse du système sympathique et établirait un
cercle vicieux de douleur.
De plus, le syndrome serait caractérisé par des symptômes issus d’une réaction inflammatoire
neurogène, ainsi que par des changements neuropathiques chroniques ; la douleur est associée
à des changements générés par le système nerveux autonome. Ces derniers peuvent majorer la
sensibilité des neurones spinaux (67,68).
Figure 23 - Hypothèse physiopathologiques du SDRC (68)
76
Le SDRC se présente en trois stades :
Stade I : aigu, chaud ou vasoalgique (s’étend sur 6 mois environ) : apparition de douleur
spontanée et provoquée, sévère, limitée au site de la blessure. On note aussi une augmentation
de la sensibilité de la peau au toucher et aux pressions légères (hyperesthésie), un œdème
localisé, des crampes musculaires, une rigidité et une mobilité limitée. La peau est
habituellement chaude, rouge, humide et luisante. Il se produit aussi une augmentation de la
sudation (hyperhydrose).
Stade II : stade d’instabilité ou dystrophique ou froid (s’étend sur 3 à 6 mois) : la douleur
spontanée devient moins intense mais plus sévère à la mobilisation, plus diffuse et non
permanente. La peau passe à une apparence bleutée (cyanique) et peut devenir froide ;
l’œdème tend à se propager et peut changer du type mou au type dur. Les poils peuvent
devenir épais puis peu nombreux, la vitesse de croissance des ongles peut augmenter puis
diminuer et ces derniers peuvent devenir cassants, craquelés et présenter d’importants sillons.
Une perte osseuse en plaque (ostéoporotique) survient tôt mais peut devenir sévère et diffuse,
l’amyotrophie débute.
Stade III : stade de guérison ou atrophique (s’étend sur 6 à 24 mois) : l’atrophie tissulaire
devient éventuellement irréversible associée à une rétraction capsulaire ou tendineuse. Un
faible pourcentage de patients peut développer un SDRC affectant le corps en entier.
77
2. Contre-indications
Il existe des contre-indications à cette technique, qui exposent à des échecs s’il n’en est pas
tenu compte. Il s’agit des (54) :
Patients toxicomanes
Patients ayant des pathologies psychiatriques lourdes
Patients ayant une coagulopathie
Patients ayant un sepsis
Patients immunodéprimés
Patients porteurs d’un pace-maker monopolaire
Patients porteurs d’un défibrillateur
Patients recherchant des bénéfices secondaires : en pratique, les conflits socio-
professionnels sont la source inéluctable d’échec thérapeutique.
D. Modalités de prescription et d’utilisation
Toujours selon les recommandations de la HAS (62), l’implantation d’une stimulation
médullaire requiert une prise en charge médicale pluridisciplinaire :
Dans le cadre d’une consultation douleur pour la validation de l’indication, l’évaluation
des résultats de la stimulation-test et le suivi post-implantation.
L’implantation du système doit être réalisée par une personne autre que celle qui a mené
la consultation douleur, formée à ce type de geste.
Elle requiert, de plus, un suivi à long terme dans le cadre de la consultation douleur,
permettant l’adaptation des paramètres de stimulation, des traitements médicamenteux et
l’atteinte des objectifs de diminution de la douleur.
78
La validation de l’indication implique :
Une évaluation des différents facteurs psycho-somatiques pouvant influer sur l’état du
patient et pouvant justifier son exclusion
L’adhésion du patient aux objectifs du traitement
Le contrôle des conditions organiques permettant la mise en place du dispositif,
notamment l’intégrité satisfaisante des cordons postérieurs de la moelle (PES Potentiels
Evoqués Somesthésiques satisfaisants), ainsi que la réalisation d’un EMG
(Électromyogramme) et d’une IRM (Imagerie par Résonnance Magnétique) dorso-
lombaire.
La réalisation d’un test de stimulation épidurale (préalable à l’implantation définitive),
d’une durée minimale de 7 jours, avec retour au domicile et prise en charge médicale en
ambulatoire des patients.
Bien que les publications sur la stimulation médullaire soient nombreuses, peu de travaux ont
étudié spécifiquement l’implantation par voie percutanée.
Ceci a motivé le choix de réaliser notre étude, qui porte sur la technique percutanée pratiquée
au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville.
79
PRÉSENTATION DE
L’ÉTUDE
80
I. DESCRIPTION ET OBJECTIFS
La stimulation médullaire a commencé au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville après
formation au Centre Hospitalier Sainte-Anne à Paris (Drs M.C. Djian et P.Page) en février
2009, en collaboration étroite avec un laboratoire de matériel médical implantable.
Nous avons travaillé avec trois médecins du Centre Hospitalier d’Avranches-Granville.
Le médecin du Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur (CETD) à Avranches et le
médecin du CETD à Granville posent tous deux l’indication de l’implantation, en présentant
chaque cas en concertation pluri-disciplinaire (CPD) avant de poser l’indication finale.
Un médecin anesthésiste du Centre Hospitalier d’Avranches réalise l’implantation.
Toutes les implantations sont effectuées sur le site d’Avranches (dans la mesure où il n’existe
pas de blocs opératoires sur le site de Granville).
Nous avons réalisé une étude de cohorte observationnelle rétrospective.
L’objectif de ce travail a été d’évaluer l’efficacité et les complications de la stimulation
médullaire implantable par voie percutanée sur une cohorte de patients atteints de douleurs
neuropathiques chroniques et présentant un tableau de lombo-radiculalgie chronique post-
opératoire, secondaire à une ou plusieurs interventions du rachis.
Par la suite, nos résultats ont été comparés aux données de la littérature, en ciblant plus
particulièrement l’abord percutané relatif à l’implantation de la stimulation médullaire.
81
Critère d’évaluation principal de l’étude :
Évolution de l’échelle numérique à 6 et 12 mois
Critères d’évaluations secondaires de l’étude :
Satisfaction pendant la période test et à 12 mois de l’implantation
Évolution du traitement médicamenteux et non médicamenteux
Évolution de la situation professionnelle
Fréquence d’utilisation de la neurostimulation
Complications
Recherche de l’existence de facteurs prédictifs à l’efficacité de la
stimulation médullaire : âge, délai entre le début de la période d’inactivité et
l’implantation, délai entre l’apparition des douleurs neuropathiques et l’implantation,
délai entre le début de la pathologie lombaire et l’implantation, nombre de facteurs de
risques professionnels, satisfaction au travail, situation financière, présence ou non
d’un déficit moteur, présence ou non d’un déficit sensitif, nombre d’interventions
chirurgicales préalables.
82
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES
A. Critères de sélection et procédure d’inclusion au
Centre Hospitalier d’Avranches-Granville
1. Critères de sélection
Les indications retenues au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville sont les douleurs
neuropathiques chroniques durant depuis plus de 6 mois, pharmaco-résistantes, sévères et
invalidante : FBSS et SDRC.
2. Procédure d’inclusion
a. Information du patient
Le patient est informé en moyenne lors de 3 à 4 consultations, avec explications détaillées de
la technique, de ses limites, de ses risques et des répercussions sur la vie quotidienne
(notamment les interférences) avec remise de brochures.
b. Dossier patient
Schéma corporel des zones douloureuses pré-opératoire, EN/EVA, DN4 et QDSA, indice de
kinésiophobie : questionnaire Oswestry, SF-36, questionnaire HAD.
Les questionnaires Oswestry, SF-36 et HAD n’ont pas été demandés aux premiers patients
implantés.
83
c. Bilan pré-implantation
Examens complémentaires
Le bilan pré-implantation comporte la réalisation d’une IRM dorso-lombaire, d’un EMG ainsi
que des PES.
L’IRM permet de faire le point sur la pathologie lombaire, d’avoir une imagerie récente
précise sur les lésions et de ne pas méconnaître une autre pathologie lombaire relevant d’une
autre prise en charge thérapeutique et de visualiser le cône médullaire.
L’EMG confirme l’atteinte radiculaire et la persistance des signes neurogènes mono-
radiculaires sub-aigus et évolutifs.
Les PES sont nécessaires au bon fonctionnement de la technique, en vue de vérifier l’intégrité
des voies lemniscales.
Bilan Psycho-Social
Tous les patients ont bénéficié d’une évaluation psychologique / psychiatrique et d’une
validation en concertation pluri-disciplinaire.
En effet, l’évaluation de l’état psychique du patient est une étape essentielle avant de décider
d’une implantation : son statut psychique et son aptitude à être implanté sont examinés. Ce
suivi peut se prolonger au-delà de l’implantation, en vue d’une prise en charge globale
pluridisciplinaire.
L’évaluation psychiatrique a été favorable pour les 8 patients.
d. Vérification de l’absence de contre-indication
84
e. Validation en concertation pluridisciplinaire
La concertation pluri-disciplinaire avec le neurologue, le rhumatologue, l’anesthésiste, le
psychologue et le psychiatre est aussi une étape obligatoire avant l’implantation.
Les 8 patients ont bénéficié d’un avis favorable à l’implantation lors de la concertation pluri-
disciplinaire.
Le médecin traitant est informé de la décision par courrier.
f. Consultation conjointe anesthésiste/médecin
douleur, bilan pré-opératoire
Biologie, ECG, prélèvement nasal 5 jours avant le bloc et signature du consentement éclairé.
85
B. L’information au patient et son consentement
Un livret explicatif est remis au patient, au besoin un document médical, ainsi qu’un listing
des interférences.
1. Instructions post-implantation destinées aux
patients
POUR LIMITER LA DOULEUR POST-OPÉRATOIRE
Vous pourrez sentir une douleur au site d'incision jusqu'à ce que la plaie soit guérie. Cette douleur
post-opératoire est toutefois différente de celle traitée par la stimulation médullaire.
Diminuez progressivement votre traitement antérieur suivant la prescription de votre
médecin.
Utilisez le système de stimulation médullaire pour contrôler votre douleur chronique selon
les instructions de votre médecin.
Suivez les instructions de votre médecin pour le contrôle de la douleur au site d'incision.
Outre la douleur au site d'incision, vous pourrez sentir une certaine gêne autour du boîtier de
stimulation en raison de la formation de tissus cicatriciels dans cette région. Suivez les instructions
de votre médecin pour remédier à cette gêne temporaire.
POUR FAVORISER LA CICATRISATION DES PLAIES CHIRURGICALES
Des pansements couvriront vos plaies chirurgicales. Il s’agit :
- après la pose de l’électrode, du site d'insertion de la sonde.
- après pose du boîtier de stimulation définitif, du site d'incision de la poche qui contient ce boîtier.
Eviter de prendre des douches jusqu'à ce que les sutures de l'implantation définitive aient été
retirées. Faites plutôt votre toilette à l'éponge ou au gant mais évitez de mouiller l'incision.
Suivez les instructions de votre médecin pour les soins de vos plaies chirurgicales et le
changement de vos pansements ; le médecin pourra préférer confier ces soins à une
infirmière.
Appelez votre médecin si vous constatez l'un des symptômes suivants d'infection : fièvre,
frissons, augmentation de la douleur à l'incision, écoulement de pus ou rougeur.
86
POUR MINIMISER LE RISQUE DE DÉPLACEMENT DE L’ÉLECTRODE
Des déplacements même minimes de l’électrode (ou sonde) pouvant entraîner des modifications
ou une perte de l ‘effet de la stimulation, il est primordial de respecter les précautions ci-dessous.
Immédiatement
après l'intervention
Gardez le lit 10 à 12 heures après l'intervention ou selon les instructions du
médecin. L'alitement réduit les risques de déplacement de l’électrode. Vous
devrez utiliser un bassin de lit au cours de cette période.
Installez-vous confortablement. Soulevez la tête de lit de 20 degrés environ
pour la première nuit suivant l'intervention afin de stabiliser la colonne
vertébrale.
Le lendemain de
l'intervention
Marchez, pendant de brèves périodes, en tenant le dos le plus droit possible
afin d'éviter le déplacement de l’électrode.
Pendant 6 à 8
semaines suivant
l'intervention
A NE PAS FAIRE
Lever les bras au dessus de la tête (l’écartement du bras ou la flexion de
l'épaule ne doit pas excéder 90 °).
Se courber, se contorsionner, s'étirer ni soulever un objet de plus de 2,5 kg.
Dormir sur le ventre ; vous devez plutôt dormir sur le dos ou sur le côté.
Monter de trop grandes volées de marches (si vous vous sentez fatigué,
faites une halte).
Vous asseoir trop longtemps (si vous vous sentez fatigué, changez de
position).
Conduire avant plusieurs semaines (ou selon les instructions du médecin)
afin de réduire le risque de mouvements brusques ou changements rapides
de position qui augmentent le risque de déplacement de la sonde.
Utiliser de véhicules à moteur, des outils électriques ou tout autre appareil
dangereux lorsque le stimulateur est sur « Marche ». Mettez le stimulateur
sur « Arrêt » pour limiter les dangers liés à des changements brusques de
sensation.
A FAIRE
Vous devez dormir sur un matelas ferme.
Vous pouvez prendre des douches et des bains.
Suivez les recommandations du médecin en matière d'activité sexuelle.
Demandez l'autorisation du médecin avant de vous faire manipuler le dos
par un chiropracteur ou un autre médecin (la manipulation risque de
déplacer la sonde).
Bougez le corps sans torsion, en déplaçant simultanément les épaules et les
hanches par un mouvement de "roulis". A l'hôpital, demandez à l'infirmière
de montrer ce mouvement.
Renforcez votre résistance physique en marchant chaque jour un petit peu
ou en participant à un programme de kinésithérapie selon les instructions du
médecin.
87
2. Consentement
88
C. Matériel, coût et technique
La stimulation médullaire a commencé au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville en
février 2009, après une formation au Centre Hospitalier Sainte-Anne à Paris (Drs M.C. Djian
et P.Page), en collaboration étroite avec un laboratoire de matériel médical implantable.
Le matériel comprend :
Une électrode unipolaire comportant 8 plots délivrant les impulsions
électriques à la moelle
Une extension véhiculant la stimulation du neurostimulateur vers la sonde
Un neurostimulateur générant les impulsions électriques (générateur interne)
Un programmateur externe permettant de modifier les paramètres de
stimulation
Les avantages de l’électrode utilisée au Centre Hospitalier d’Avranches-Granville :
Couverture : elle couvre plus de 2 segments vertébraux, permettant une
couverture optimale des zones douloureuses
Adaptabilité : le nombre de plots peut permettre de compenser
éventuellement un déplacement minime de l'électrode en effectuant de
nouveaux réglages.
Le coût de l’électrode implantée à Avranches est de 650 euros.
Le coût du générateur non rechargeable est de 10 430 euros.
Le coût du générateur rechargeable est de 20 849 euros.
Les figures et photographies contenues dans le paragraphe suivant ont été aimablement
fournies par le laboratoire Medtronic France, délivrant le matériel médical de
neurostimulation.
89
Les systèmes de neurostimulation médullaire implantables sont composés :
d’un neurostimulateur (a)
d’une extension (b)
d’une électrode (c)
Photographie 1 - Electrode percutanée
Ce système est réglé par le médecin à l’aide d’un programmateur externe qui permet de
communiquer avec le neurostimulateur implantable. Le patient peut aussi contrôler le
fonctionnement du système avec un aimant ou une télécommande, dans les limites
d’utilisation fixées par le médecin.
Un micro-processeur (alimenté par la pile) contrôle un circuit de sortie (lui aussi alimenté par
la pile) qui délivre des impulsions électriques.
Figure 24 - Circuit électrique
a
b
c
Pile
µ-processeur
Circuit de
sortie
90
ILS Aimant
Extension(s)
Structures
nerveuses
Electrode(s)
Pile
µ-processeur
Circuit de
sortie
Neurostimulateur
Circuit de
télémétrie
Programmateur
patient
Programmateur
Une extension puis une électrode conduisent les impulsions aux structures nerveuses. Un
aimant agit sur un interrupteur à lame souple qui permet d’éteindre/allumer le stimulateur. Un
système télémétrique émetteur-récepteur permet la programmation. Une télécommande
patient permet d’allumer/éteindre le stimulateur et de régler l’amplitude de stimulation dans
les limites fixées par le médecin.
Figure 25 - Circuit électrique
Le matériel implantable utilisé pour la stimulation médullaire est destiné à être laissé en place
plusieurs années. D’autre part, ce matériel subira continuellement des contraintes mécaniques
engendrées par différentes structures du corps humain : os, ligaments, muscles…
L’objectif d’un test per-opératoire est de s’assurer que les paresthésies induites par la
stimulation médullaire recouvrent la majorité du territoire douloureux et ainsi préciser le
positionnement de l’électrode (latéralité et niveau vertébral). Le patient est éveillé pendant
cette procédure et son retour d’informations conditionne la réussite du test per-opératoire.
Il est donc très important de bien expliquer au préalable au patient comment se déroulera le
test et quelle attitude il doit adopter.
91
Les kits d’électrodes percutanées contiennent les accessoires suivants :
électrode percutanée
aiguille de Tuohy
guide, stylets
accessoires de tunnellisation
extension percutanée temporaire
fixateurs, capuchon de protection, tournevis
câble test
2 électrodes 8 plots et extensions Le stimulateur Câble test
Unité de programmation Télécommande patient Système de recharge
du stimulateur
92
PHASE D’IMPLANTATION TEST :
Installation du patient :
Photographie 2- Installation du patient en décubitus ventral
Le patient est placé en position ventrale avec un oreiller sous le ventre de manière à écarter
les espaces intervertébraux.
L’expérience acquise sur la technique de stimulation médullaire depuis de nombreuses années
permet d’anticiper la position théorique de l’électrode et donc le niveau d’entrée de l’aiguille
de Tuohy en fonction du territoire douloureux.
Territoire douloureux Niveau d’entrée Position de l’électrode
Pieds L2-L3 T11-L1
Jambe
Jambe + zone lombaire T12-L1
T9-T11
T8-T10
Zone thoracique T4-T6 T1-T2
Membres supérieurs T1-T3 C3-C5
93
Anesthésie locale :
L’anesthésiste infiltre un anesthésique local au site d’insertion de l’aiguille.
Insertion de l’aiguille :
Photographie 3 - Le matériel nécessaire pour l’intervention
Sous contrôle fluoroscopique, il insère l’aiguille de Tuohy (approche paramédiane), biseau
orienté en position céphalique. L’aiguille est insérée avec l’angle le plus faible possible de
manière à éviter tout endommagement de l’électrode lors de sa mobilisation future dans
l’aiguille. L’angle d’insertion de l’aiguille ne doit pas dépasser 45°.
Photographie 4 - Insertion de l'aiguille de Tuohy Photographie 5 - Test de perte de
résistance dans l'espace épidural
94
Il faut vérifier l’entrée dans l’espace épidural par le test de perte de résistance (mandrin
liquide ou gazeux). L’injection de liquide physiologique ou radio-opaque peut permettre de
confirmer la position de l’aiguille et de visualiser toute obstruction ou adhésion dans l’espace
épidural.
Photographie 6 - Le contrôle fluoroscopique du guide dans l’espace épidural
Introduction du guide (facultatif) :
Il est possible d’insérer sous contrôle fluoroscopique le guide dans l’espace épidural. Cet
accessoire peut être utilisé pour créer un passage à l’électrode.
Introduction de l’électrode :
Sous contrôle fluoroscopique, l’électrode percutanée est insérée dans l’aiguille puis dans
l’espace épidural. La fluoroscopie sert à vérifier la position de l’électrode par rapport à la
ligne médiane, et également à identifier le niveau vertébral auquel elle se trouve.
Photographie 7 - Insertion de l’électrode percutanée dans l’aiguille puis dans l’espace épidural
95
L’objectif est de placer l’extrémité active de l’électrode dans l’espace épidural postérieur, en
regard des cordons postérieurs de la moelle épinière, et d’une manière homolatérale par
rapport à la topographie de la douleur. Si la douleur est bilatérale, l’électrode est mise en
place sur la ligne médiane.
De Face De Profil
Photographie 8 - Contrôle de la position de l'électrode
Test de stimulation per-opératoire :
Une fois l’électrode positionnée au niveau théorique, l’extrémité proximale de l’électrode est
connectée au câble test stérile contenu dans le kit.
96
Photographie 9 - Test de stimulation per-opératoire
A ce stade du test, il est très important que le patient soit parfaitement éveillé. Il faut lui
demander :
- de signaler toute sensation à laquelle il n’est pas assujetti d’habitude
- de décrire cette sensation (fourmillement ?)
- dans quelle partie du corps se situe cette sensation
- si cette sensation recouvre les zones du corps où le patient a mal
- si cette sensation est désagréable (si oui, baisser l’amplitude)
- et éventuellement si cette sensation diminue sa douleur
Il est important de tester d’autres combinaisons de plots si la stimulation n’induit pas les
paresthésies recherchées.
Si le test est positif : des clichés radiologiques de face et de profil sont réalisés pour vérifier la
position de l’électrode.
97
Fixation de l’électrode :
Il est impératif de fixer l’électrode pour prévenir les risques de migration. Il est recommandé
d’utiliser le manchon de fixation, en le fixant le plus près possible de la ligne médiane. Le
manchon de fixation est ensuite suturé (fil non résorbable) au fascia pour le maintenir en
place.
Figure 26- Manchon de fixation
Internalisation de l’électrode :
Une fois l’électrode fixée, elle est internalisée et connectée à une extension percutanée
temporaire tunnellisée. Les vis sont serrées à l’aide du tournevis dynamométrique.
Photographie 10 - Serrage des vis avec le tournevis dynamométrique
98
Photographie 11 - Internalisation de l'électrode
Il convient d’effectuer des boucles d’au moins 2 cm avec l’excès de câble de l’extension
temporaire externalisée et panser le tout en laissant le connecteur blanc accessible.
Le site de l’incision médiane est fermé et pansé, et un point de suture au niveau de la sortie de
l’extension.
L'extension est ensuite reliée à un générateur externe.
Certaines précautions doivent être connues de manière à minimiser le risque de problème
technique post-opératoire :
• Le patient est placé en position neutre (pour minimiser les tensions sur le
rachis lombaire)
• L’aiguille de Tuohy est insérée de façon paramédiane oblique
• Il convient de minimiser l’injection d’air/de liquide dans l’espace épidural
• La fluoroscopie doit être utilisée
• L’électrode doit être gardée le plus proche possible de la ligne médiane
• Il faut éviter de courber ou de plier ou de forcer le passage de l’électrode
• Il faut avancer l’électrode d’au moins 2 espaces intervertébraux dans l’espace
épidural
• L’électrode doit être fixée à l’aide d’un manchon de fixation
• Une boucle de décharge de traction doit être réalisée entre le manchon et le
connecteur
• Il faut utiliser le tournevis dynamométrique
• Il faut replacer le capuchon de protection sur le connecteur et faire deux
sutures pour assurer son étanchéité
• Un cliché radiologique (face et profil) de la position finale de l’électrode doit
être réalisé pour servir de référence
99
PHASE D’IMPLANTATION :
Installation du patient :
La procédure s’effectue sous anesthésie générale.
Le patient est en position latérale.
La partie externalisée de l’extension temporaire est coupée à 1 cm de la peau.
Reprise de l’extension :
Le site du connecteur de l’extension est identifié en palpant ou en utilisant un appareil de
fluoroscopie. L’incision originelle est ouverte : exposition du connecteur.
Site d’implantation du stimulateur :
Le site d’implantation doit être choisi en accord avec les préférences du patient et en tenant
compte du fait que le patient doit pouvoir accéder facilement au stimulateur avec sa
télécommande. Il peut être implanté en région inguinale ou fessière. Son implantation et donc
la tunnellisation de l’extension est faite de façon controlatérale par rapport à la phase de test,
pour limiter le risque d’infection.
Il est réalisé une incision de la taille du stimulateur (environ 4 cm), puis il est créé une poche
sous-cutanée par une technique de dissection habituelle. La distance entre la peau et la
position finale du stimulateur ne doit pas excéder 1 cm.
100
Mise en place de l’extension définitive :
A l’aide du tunnellisateur contenu dans le kit de l’extension :
Photographie 12 - Le tunnellisateur
Il faut courber le tunnellisateur de manière à ce qu’il épouse les formes anatomiques du
patient, et tunnelliser depuis le site d’implantation de l’électrode vers la poche du stimulateur.
Photographie 13 - Le temps opératoire de tunnellisation
101
L’extrémité proximale de l’électrode est insérée dans le connecteur de l’extension définitive
en prenant soin à ce que les contacts de l’électrode soient bien en face des vis de serrage du
connecteur.
Photographie 14 - Insertion de l’extrémité proximale de l’électrode dans le connecteur de
l’extension définitive
Les vis sont serrées avec le tournevis dynamométrique fourni.
Photographie 15 - Serrage des vis avec le tournevis dynamométrique
102
Mise en place du stimulateur
Photographie 16 - Systèmes avec extension
L’extrémité proximale de l’extension est insérée dans le bloc connecteur du stimulateur de
manière à ce qu’il n’y ait virtuellement aucun espace entre l’extrémité de l’extension et le
bloc connecteur du stimulateur.
Photographie 17 - Le stimulateur
Manchon de fixation
Electrode
Boucle de 2 cm près
du connecteur
SYSTEME AVEC EXTENSION
Extension
Boucle de 2 cm
minimum derrière le stimulateur
103
A travers les septum en silicone, l’opérateur serre les 4 vis de connexion.
Photographie 18 - Serrage des 4 vis de connexion
Avec l’excés du câble de l’extension, il effectue des boucles sous le stimulateur (face non
gravée).
Photographie 19 - Boucles sous le stimulateur et son insertion
Le stimulateur est inséré (face gravée côté peau) dans la poche prévue à cet effet.
Le site du stimulateur est refermé et les trois sites sont pansés.
104
D. Protocole au Centre Hospitalier d’Avranches -
Granville
105
106
107
108
109
110
111
112
E. Principe de surveillance
Il est préconisé au patient de surveiller quotidiennement sa température, à la suite des deux
temps opératoires.
Il doit contacter le service en urgence si apparition : de fièvre, de frissons, de sueurs.
L’infirmière à domicile réalisant les soins post-opératoires doit aussi contacter le service au
moindre doute, devant notamment un aspect local inflammatoire des sites d’implantation.
113
F. Conduite à tenir en cas d’infection
114
G. Population de l’étude
1. Critères de sélection des patients
Toutes les inclusions correspondent aux dossiers des patients implantés entre le début de la
technique en février 2009 et décembre 2012.
2. Recherche des dossiers
Les dossiers ont été recueillis en interrogeant les médecins du CETD d’Avranches et de
Granville, qui ont respectivement inclus 5 et 3 patients, soit 8 patients au total.
Ces 8 dossiers ont par la suite été analysés au Centre Hospitalier d’Avranches.
3. Recueil des données
Les données sont présentées de façon anonyme.
Les éléments ont pu être extraits depuis les courriers médicaux, les doubles des ordonnances,
le dossier médical lors des hospitalisations, le dossier d’anesthésie, le compte-rendu
opératoire et le dossier infirmier.
Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire réalisé spécifiquement pour cette
étude, et reprenant différentes données détaillées dans le paragraphe suivant (questionnaire
joint en Annexe 1 de la page 215 à la page 222).
Elles ont été transcrites dans un logiciel de tableur (EXCEL©
) sous forme numérique.
L’analyse des données a été effectuée en utilisant, d’une part, les fonctions de tableaux croisés
dynamiques du logiciel EXCEL©
et, d’autre part, le site Biostat TGV pour les calculs
statistiques (http://marne.u707.jussieu.fr/biostatgv/).
115
4. Description des données
1) Caractéristiques de la population avant implantation :
Sexe
Situation familiale
Situation professionnelle
Délai entre le début de la période d’inactivité et l’implantation
Facteurs de risques professionnels
Satisfaction au travail
Aménagement du poste de travail
Changement du poste de travail
Situation financière
Pathologie lombaire :
Antécédents de pathologies lombaires
Âge au début de la pathologie lombaire initiale
Âge au moment de l’implantation
Prise en charge thérapeutique de ces pathologies
Délai entre l’évolution de la pathologie lombaire initiale et l’implantation
Délai entre l’apparition des douleurs neuropathiques post-opératoires et l’implantation
Etiologie de la douleur actuelle
Évaluation (à l’aide de l’échelle numérique) de l’intensité de la douleur avant
l’implantation
Caractéristiques et termes relatifs à la douleur neuropathique
116
2) Prise en charge du patient :
Évaluation par un psychologue ou un psychiatre
Validation en consultation pluri-disciplinaire
Nombre et types d’interventions chirurgicales préalables
Traitements antalgiques avant l’implantation
Traitements autres avant l’implantation (infiltration, kinésithérapie, neurostimulation
trans-cutanée)
Examens complémentaires pré-implantation (IRM, EMG, PES)
3) Les phases de pré-implantation et d’implantation :
La phase test de pré-implantation : date d’implantation, modèle d’électrode, niveau de
la ponction péridurale, niveau de placement de l’électrode, niveau médullaire de
ressenti de la stimulation, durée de la phase test, efficacité de la phase test, incidents
opératoires lors de la phase test.
La phase d’implantation définitive : date d’implantation, modèle d’électrode, niveau
médullaire de ressenti de stimulation, incidents opératoires lors de la phase
d’implantation définitive.
4) Le suivi :
Évaluation de l’évolution de l’échelle numérique dans le temps à 2 jours, 7 jours, 14
jours, 1 mois, 3 mois, 6 mois et 12 mois
Pourcentage de satisfaction de la stimulation à 12 mois
Pourcentage de couverture du territoire stimulé
Évolution de la prise médicamenteuse à 1 mois, 3 mois, 6 mois et 12 mois
Évolution des autres techniques médicamenteuses : infiltration, kinésithérapie,
neurostimulation trans-cutanée
Complications lors de la phase test, précoces et tardives
Notion de changement de matériel
Reprise du travail ou non du patient
117
Les tests réalisés sont non paramétriques du fait d’un faible échantillon de 8 patients (n < 30).
Les facteurs d’études qualitatifs appariés ont été testés avec le test des rangs signés de
Wilcoxon.
Les facteurs d’études qualitatifs indépendants ont été testés avec le test exact de Fisher.
5. Présentation des patients
a. Caractéristiques épidémiologiques et données
relatives aux différentes pathologies
Les 8 patients inclus, tous des hommes, sont présentés ci-après à l’aide d’une fiche
récapitulative, qui précise leur situation personnelle, professionnelle initiale et au moment de
l’implantation, financière, leurs ATCD de pathologies lombaires et les étiologies ayant
conduit à l’implantation.
118
Cas n°1 M. C :
Situation personnelle :
Patient âgé de 31 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 35 ans au moment
de l’implantation, marié.
Situation professionnelle initiale :
M. C est agent d’entretien technique municipal.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis le 22.10.06., déclaré en maladie professionnelle et en longue
maladie depuis 2009 et en invalidité depuis 2011.
Situation financière :
Il décrit des difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
Il présente une lombo-radiculalgie L5 à bascule depuis 2006.
En juillet 2007, suite à l’échec du traitement médicamenteux, il bénéficie d’une
neurochirurgie d’une volumineuse hernie L4-L5 postérolatérale gauche.
En août 2007, il est nécessaire de ré-intervenir pour méningocèle et fragment discal persistant.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique L5 gauche sur hernie discale opérée compliquée d’une
fibrose post-opératoire.
119
Cas n°2 M. De :
Situation personnelle :
Patient âgé de 45 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 48 ans au moment
de l’implantation, divorcé, il vit avec une nouvelle compagne.
Situation professionnelle initiale :
M. De est chauffeur grumier.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis le 04.11.10, déclaré en maladie professionnelle depuis 2008 et
en invalidité depuis 2011.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
Ses douleurs débutent en 2008, avec nécessité d’une intervention neurochirurgicale d’une
hernie discale volumineuse L4-L5 foraminale droite.
Les radiculalgies reprennent en septembre 2009, avec découverte à l’IRM d’une fibrose post-
opératoire en L4-L5.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique L5 gauche compliquée d’une fibrose post-opératoire.
120
Cas n°3 M. Du :
Situation personnelle :
Patient âgé de 43 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 50 ans au moment
de l’implantation, marié.
Situation professionnelle initiale :
M. Du est chauffeur routier.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis le 04.11.10, déclaré en maladie professionnelle depuis 2008 et
en invalidité depuis 2011.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
En décembre 2004, il présente une sciatique paralysante gauche : intervention sur une hernie
discale en L5-S1 gauche, suivie d’une arthrodèse L5-S1 en décembre 2005.
Depuis 2009, il se plaint d’une lombalgie permanente associée à une sciatalgie S1 droite et
gauche et cruralgie gauche associée à une dysurie uro-scanner normal hormis un micro-
calcul caliciel supérieur gauche.
Une IRM du rachis dorso-lombaire réalisée en mars 2010 décèle une fibrose péridurale mais
pas de nouvelle hernie.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique L5 bilatérale à bascule compliquée d’une fibrose post-
opératoire.
121
Cas n°4 M. G :
Situation personnelle :
Patient âgé de 44 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 48 ans au moment
de l’implantation, vit en union libre.
Situation professionnelle initiale :
M. G est monteur en panneaux frigorifiques.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis le 01.10.10.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
Il est opéré en 2007 d’une hernie discale L5-S1 G avec trajet radiculaire S1.
En octobre 2010 : récidive, avec sciatique hyperalgique. A l’IRM : compression radiculaire
S1 gauche : il est alors réalisé une reprise chirurgicale en urgence le 24.10.10 : il note une
amélioration transitoire de la clinique.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique S1 gauche compliquée d’une fibrose post-opératoire.
122
Cas n°5 M. H :
Situation personnelle :
Patient âgé de 62 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 66 ans au moment
de l’implantation, célibataire.
Situation professionnelle initiale :
M. H est ecclésiastique.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en activité.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
En mai 2006 : il est posé une indication opératoire en neurochirurgie du fait d’un débord
discal volumineux avec hernie discale sous ligamentaire L5-S1.
En mars 2007 : suite à une nouvelle sciatique L5 G déficitaire : il bénéficie d’une nouvelle
intervention neurochirurgicale : aucune hernie exclue ou sous pression, il est noté une fibrose
importante, les racines L5 et S1 sont dégagées afin de rechercher des zones de compression,
non retrouvées.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique L5 gauche compliquée d’une fibrose post-opératoire.
123
Cas n°6 M. La :
Situation personnelle :
Patient âgé de 44 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 46 ans au moment
de l’implantation, divorcé.
Situation professionnelle initiale :
M. La est chef d’équipe caténaire à la SNCF.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis décembre 2007, déclaré en maladie professionnelle depuis
2008 et en invalidité depuis 2010.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
En janvier 2008 : il bénéficie d’une neurochirurgie en urgence suite à une volumineuse
hernie discale L4-L5 déficitaire.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique L5-S1 droite compliquée d’une fibrose post-opératoire.
124
Cas n°7 M. Le :
Situation personnelle :
Patient âgé de 41 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 58 ans au moment
de l’implantation, divorcé.
Situation professionnelle initiale :
M. Le est chauffeur routier.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis 1994, déclaré en maladie professionnelle depuis 2000 et en
invalidité depuis 2000.
Situation financière :
Il n’exprime pas de difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
En 1994 : rhizolyse puis ligamentoplastie lombaire L5-S1.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Sciatalgie chronique à bascule sans trajet radiculaire défini précisément (plutôt S1).
125
Cas n°8 M. M :
Situation personnelle :
Patient âgé de 18 ans au début de sa pathologie lombaire initiale et âgé de 38 ans au moment
de l’implantation, marié.
Situation professionnelle initiale :
M. M est un ancien conducteur de travaux et ancien économiste. Il est actuellement magicien
occasionnel à son compte.
Situation professionnelle au moment de l’implantation :
Il est en arrêt de travail depuis 2003, déclaré en maladie professionnelle depuis 2003, en
longue maladie depuis 2004 et en invalidité depuis 2006.
Situation financière :
Il exprime des difficultés financières.
ATCD de pathologies lombaires :
A 13 ans : découverte sur un scanner du rachis d'une hernie discale, non symptomatique.
En 1990 : chirurgie suite à un tableau clinique de sciatique S1 gauche, typique, avec un conflit
discal confirmé en L5-S1.
Nouvelle chirurgie 6 mois plus tard (au même niveau, amélioration clinique, reprise du
travail).
En 2000, il subit un accident de travail, avec apparition d’une nouvelle rachialgie ayant
conduit à un alitement pendant 5 mois. Une nucléolyse est réalisée au niveau L5-S1 pendant
cette période, efficace au niveau lombaire et sur la radiculalgie S1 gauche (reprise du travail).
En 2003 : il subit un accident sur la voie publique : nouvelle rachialgie intense avec
radiculalgie S1 bilatérale. Neurochirurgie en 2004, avec mise en place d'une prothèse discale
en L5-S1.
Il a ensuite été évoqué la possibilité de mise en place d'une nouvelle prothèse discale en L4-
L5 mais il existe des difficultés techniques d’ordre vasculaire sur l'abord chirurgical.
Etiologies ayant conduit à l’implantation :
Lombo-radiculalgie chronique S1 bilatérale compliquée d’une fibrose post-opératoire.
126
b. Phases test de pré-implantation et
d’implantation
Les 8 patients ont été implantés avec le même modèle d’électrode percutanée.
7 patients ont bénéficié du même modèle de stimulateur, non rechargeable.
1 patient a bénéficié d’un stimulateur rechargeable.
Niveau médullaire de
ponction péridurale
Niveau médullaire de
placement de l’électrode
M. C L1 – L2 D11 – D12
M. De L3 – L4 D10 – D11
M. Du L3 – L4 D10 – D11
M. G L2 – L3 D10 – D11
M. H L3 – L4 D11 – D12
M. La L3 – L4 D10 – D11
M. Le L2 – L3 D10 – D11
M. M L1 – L2 D11 – D12
Tableau 11- Niveaux médullaires de ponction péridurale et de placement de l’électrode
127
RÉSULTATS DE
L’ÉTUDE
128
I. CARACTÉRISTIQUES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
DE LA POPULATION
A. Population
Tableau 12 - Caractéristiques épidémiologiques de la cohorte de patients
n %
Sexe
Femme 0 0
Homme 8 100
Âge moyen au début de la pathologie lombaire initiale 41 ans -
Âge moyen au moment de l’implantation 49 ans -
Situation familiale
Célibataire 1 12,5
En union libre 1 12,5
Pacsé, Marié 3 37,5
Séparé, Divorcé 3 37,5
Veuf 0 0
Situation professionnelle
Actif 2 25
Inactif 6 75
Arrêt de travail lié à pathologie ayant justifié
l'implantation
6 75
Au titre d’accident de travail – Maladie professionnelle 5 62,5
Au titre de longue maladie 3 37,5
Sans profession 0 0
Personne au foyer 0 0
Chômage 0 0
Invalidité 5 62,5
Facteurs de risques professionnels de pathologie lombaire
Oui 7 87,5
Manutention lourde 7 87,5
Vibrations corps entier 4 50
Postures pénibles 4 50
Non 1 12,5
Satisfaction au travail
Bonne 3 37,5
Mauvaise 5 62,5
Aménagement du poste de travail
Oui 0 0
Non 8 100
Changement du poste de travail
Oui 0 0
Non 8 100
Situation financière
Pas de difficulté 6 75
Difficulté 2 25
129
La population incluse est composée uniquement d’hommes ; la plupart sont mariés ou
divorcés.
Leur âge moyen au début de la pathologie lombaire initiale est de 41 ans ; leur âge moyen au
moment de l’implantation est de 49 ans.
Au niveau professionnel, 6 des 8 patients sont en arrêt de travail, toujours en lien avec la
pathologie ayant justifié l’implantation. 5 des 6 arrêts de travail sont déclarés au titre
d’accident de travail et/ou de maladie professionnelle. 5 patients sont en invalidité.
7 patients exercent une profession comportant des facteurs de risques de pathologies
lombaires.
Les données relatives à la profession :
Facteur(s) de risque(s)
Satisfaction
au travail
Aménagement
du poste de
travail
Changement
de poste de
travail
Manutention
lourde
Vibrations
corps
entier
Postures
pénibles
M. C Mauvaise
Non pour
aucun des
patients
Non pour
aucun des
patients
M. De Mauvaise
M. Du Bonne
M. G Bonne
M. H Bonne
M. La Mauvaise
M. Le Mauvaise
M. M Mauvaise
Tableau 13 - Les facteurs de risques professionnels, la satisfaction au travail, l’aménagement
et le changement de poste de travail
Ce tableau permet de remarquer que le facteur de risque « manutention lourde » apparaît chez
7 des 8 patients.
Les facteurs de risque vibrations corps entier et postures pénibles sont présents
respectivement pour la moitié de la population.
La satisfaction au travail est bonne pour 5 des 8 patients, et mauvaise pour 3 patients.
Aucun des 8 patients n’a bénéficié d’aménagement ou de changement de poste de travail.
130
B. Pathologie
1. Antécédents
Figure 27- Antécédents chirurgicaux : nombre d’interventions chirurgicales réalisées au
préalable
La plupart des patients ont bénéficié de deux interventions chirurgicales : le plus souvent la
deuxième est réalisée du fait d’une recrudescence des douleurs.
2. Étiologie
Étiologie de la lombo-radiculalgie n
Hernie discale ayant nécessité une chirurgie 7
Lombalgie chronique ayant nécessité une rhizolyse 1
Tableau 14- Étiologie de la lombo-radiculalgie
En grande majorité pour notre population, une hernie discale ayant nécessité une chirurgie est
à l’origine de la lombo-radiculalgie initiale. Ce résultat est compréhensible du fait qu’une des
indications à la stimulation médullaire est la fibrose épidurale ou fibrose lombo-sacrée post-
opératoire.
2
5
0
1
1
2
3
4
Nombre de patients
Nombre
d'interventions
chirurgicales
préalables
ATCD d'interventions chirurgicales
131
3. Caractéristiques des douleurs
Douleur selon
un trajet
radiculaire
Déficit moteur Déficit sensitif
M. C
M. De
M. Du
M. G
M. H
M. La
M. Le
M. M
Tableau 15 - Description de la douleur et présence ou non de déficits
Figure 28- Caractéristique de la lombo-radiculalgie
7 des 8 patients décrivent une douleur selon un trajet radiculaire. Le seul qui n’en décrit pas
présente des douleurs à bascule, sans trajet radiculaire défini de façon précise.
De plus, 7 des 8 patients présentent un déficit sensitif ; un déficit moteur n’est retrouvé que
chez 2 patients.
7
2
7
Douleur selon un trajet radiculaire
Déficit moteur
Déficit sensitif
Nombre de patients
Caractéristiques de la lombo-radiculalgie
132
Figure 29 - Termes évoquées par l’ensemble des 8 patients relatifs à la douleur neuropathique
Fo
urm
ille
men
ts
Hyp
oes
thés
ie a
u t
act
En
go
urd
isse
men
ts
Pic
ote
men
ts
Brû
lure
s
Déc
ha
rges
éle
ctri
qu
es
Dém
an
gea
iso
ns
Hyp
oes
thés
ie à
la
piq
ûre
All
od
yn
ies
Eta
u
Sen
sati
on
de
fro
id
dou
lou
reu
x
M. C
M. De
M. Du
M. G
M. H
M. La
M. Le
M. M
Tableau 16- Termes évoqués par chaque patient pour décrire sa douleur
0
1
2
3
4
5
6
7
8 Fourmillements
Hypoesthésie au tact
Engourdissements
Picotements
Brûlures
Décharges
électriques Démangeaisons
Hypoesthésie à la
piqûre
Allodynies
Etau
Sensation de froid
douloureux
Termes évoqués par l'ensemble des 8 patients
relatifs à la douleur neuropathique
133
Lors de l’interrogatoire, les termes caractérisant la douleur les plus évoqués par les patients
sont : « fourmillements », « engourdissements », « hypoesthésies au tact », « picotements »,
brûlures », « décharges électriques ». On retrouve donc une partie des termes figurant dans le
questionnaire DN4.
4. Âge et délai avant l’implantation
Figure 30 - Âge à l'apparition des symptômes, délai avant l'implantation et âge à
l’implantation (en années)
Le délai moyen entre le moment de l’apparition des symptômes et l’implantation est de 8 ans
avec une médiane à 4 ans.
La moyenne de l’âge au début de la pathologie lombaire initiale est de 41 ans ; la médiane
de l’âge au début de la pathologie lombaire initiale est de 43,5 ans.
La moyenne de l’âge à l’implantation est de 49 ans ; la médiane de l’âge à
l’implantation est de 48 ans.
18
41
44
62
44
43
45
31
20
17
2
4
4
7
3
4
M. M
M. Le
M. La
M. H
M. G
M. Du
M. De
M. C 35
48
50
48
66
46
58
38
Âge au début de la pathologie lombaire initiale
Délai avant implantation
Âge à l'implantation
Années
134
Figure 31 - Délais avant implantation
Tous les patients ont été implantés dans un délai supérieur à 24 mois après leur pathologie
lombaire initiale. Le délai minimal est pour M. La : 2 années ; le délai maximal est pour M.
M : 20 années.
De même ; le délai entre l’apparition des douleurs neuropathiques et l’implantation est
supérieur à 24 mois pour 7 des 8 patients. Seul M. G a un délai court de moins de 12 mois.
Enfin, le délai entre la période d’inactivité et l’implantation ne concerne que 6 des 8 patients
car les 2 autres n’étaient pas en arrêt de travail avant l’implantation. Ce délai est supérieur à
24 mois pour 4 des 6 patients. Ce délai est un peu moins long pour 2 des 6 patients.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
< 3 mois 3 - 12 mois
12 - 24 mois > 24 mois
< 3 mois 3 - 12 mois 12 - 24 mois > 24 mois
Délai entre le début de la
période d'inactivité et
l'implantation 0 1 1 4
Délai entre l’apparition des
douleurs neuropathiques post-
opératoires et l’implantation 0 1 0 7
Délai entre l'évolution de la
pathologie lombaire et
l'implantation 0 0 0 8
Délais avant implantation
135
II. BILAN PRÉ-IMPLANTATION
Tous les patients ont bénéficié d’un bilan pré-implantation complet et pluri-disciplinaire.
Dans le tableau ci-dessous, nous synthétisons tous les résultats des examens complémentaires
de ce bilan pour chaque patient.
EMG PES IRM
M. C
Avril 09 : mise en évidence
de signes de souffrance
neurogène périphérique
chronique dans le territoire
de L5 G
Mai 09 : examen
compatible avec les
antécédents du patient.
Pas de contre-indication
à une implantation
Septembre 2008 : compression
radiculaire L5 G avec aspect de
fibrose post-opératoire en
L4-L5
M. De
Janvier 12 : signes d’atteinte
neurogène périphérique en
territoire L5 G marquée par
des anomalies à la détection.
En stimulation motrice : un
SPE normal à gauche alors
qu’il a une latence
augmentée à D, sans
explication clinique
Janvier 12 : ceux des
membres inférieurs sont
normaux, ne montrant
pas l’atteinte lemniscale,
compatibles avec une
implantation
Janvier 12 : discopathie L4-L5
avec débord discal
essentiellement en foraminal G,
restant toutefois à distance des
émergences radiculaires. Pas
d’anomalie du cordon médullaire
M. Du
Juillet 10 : signes d’atteinte
neurogène périphérique dans
le territoire L5 bilatéral,
atteinte modérée sans signe
de dénervation
Juillet 10 : retard de
réponse bilatérale avec
une meilleure réponse à
G qu’à D. Compatible
avec une implantation
Février 10 : on retrouve
l’arthrodèse L5-S1, avec des
remaniements dégénératifs du
disque L5-S1 et discret
rétrolisthésis L5-S1 de grade I.
Remaniements cicatriciels, pas
d’autre anomalie. Absence de
signe de compression radiculaire
M. G
Juillet 11 : atteinte
neurogène périphérique
motrice dans le territoire
radiculaire S1 G
Juillet 11 : les potentiels
évoqués somesthésiques
et les potentiels de
dermatomes des
membres inférieurs sont
normaux
Février 11 : signes très
évocateurs d’une hypertrophie de
tissu cicatriciel dans la zone
opérée (L5-S1), sans argument
en faveur d’une récidive de
hernie discale
M. H
Décembre 09 : à l’examen du
pédieux G : quelques
potentiels de fibrillation ; à
l’effort : tracé pauvre,
simplifié, microvolté. Il
persiste, à 2 ans de la lésion,
des signes de dénervation
(fibrillation) mais à l’effort
aucun signe de réinervation
Décembre 09 : réponse
retardée à G par rapport à
D mais les potentiels sont
facilement extractibles et
de bonne amplitude,
compatibles avec une
implantation
Mars 10 : discopathies pluri-
étagées depuis L1-L2 jusqu’à
L5-S1. Les dimensions du canal
rachidien restent limites en
regard de L2-L3 avec protrusion
discale postéro-médiane.
Phénomènes réactionnels des
plateaux vertébraux sus et sous
jacents pluri étagés en L2-L3
jusqu’à L4-L5
136
EMG PES IRM
M. La
Janvier 10 : nette asymétrie
de réponse avec une réponse
extrêmement diminuée à D
mais qui reste dans la
normale (>1 μvolt),
confirmation de l’atteinte L5
notamment en regard du SPE
Janvier 10 : le potentiel
reste facilement
extractible et bien
structuré donc
compatible avec une
implantation.
Février 09 : discopathies
dégénératives évoluées L4-L5 et
L5-S1, aggravation de l’aspect
inflammatoire des plateaux
vertébraux en L4-L5
secondairement à la chirurgie,
sans aucun argument pour une
discite, absence de récidive
herniaire mais aspect de fibrose
intra-canalaire
M. Le
Janvier 10 : polyneuropathie
axonale sensitive et atteinte
radiculaire L5 D non
évolutive
Août 10 : les PES restent
facilement extractibles
mais avec une latence
augmentée à droite
comme à gauche et une
asymétrie d’amplitude
avec un potentiel à D
apparaissant diminué par
rapport au G mais restant
d’amplitude normale.
Compatible avec une
implantation
Juin 11 : IRM rachis lombaire
avec angio-IRM médullaire : pas
d’anomalie vasculaire
individualisée. Raideur
rachidienne avec diminution de
la lordose physiologique. Pas de
hernie discale ou de conflit
disco-radiculaire évident. Très
probable tassement du plateau
supérieur de L1 avec un œdème
osseux en regard du corps
vertébral de L1
M. M
Mai 10 : diminution
d’amplitude de l’onde H,
pouvant rentrer dans le cadre
de séquelles d’atteinte
radiculaire S1. Le reste de
l’examen est normal
Juin 10 : altération des
PES G témoignant d’une
atteinte lemniscale. Cette
atteinte reste toutefois
compatible avec une
implantation
Avril 09 : quelques anomalies en
particulier discale, sachant que le
disque L5-S1 n'est pas visualisé
sur cette IRM de façon
satisfaisante, tout du moins la
prothèse
Tableau 17- Récapitulatif des examens complémentaires du bilan pré-implantation pour
chaque patient
137
III. PHASE TEST DE PRÉ-IMPLANTATION ET
IMPLANTATION
Niveau
médullaire
de
ponction
péridurale
Niveau
médullaire
de
placement
de
l’électrode
Trajet radiculaire de ressenti de la
stimulation lors de la phase test
Trajet radiculaire de
ressenti de la
stimulation après
l’implantation
définitive
M. C L1 – L2 D11 – D12 Trajet radiculaire L5 G avec débord
contro-latéral non gênant
Trajet radiculaire
L5 G avec débord
contro-latéral non
gênant
M. De L3 – L4 D10 – D11
A J+1 de l’implantation : se plaint d’un
changement de côté de la stimulation :
stimulation radiculaire L5 G est passée
à D
Trajet radiculaire
L5 G
M. Du L3 – L4 D10 – D11
Alors qu’en per-opératoire : Trajet
radiculaire L5 D et G ; A 4 heure de
l’implantation : seulement trajet
radiculaire L5 G
Trajet radiculaire
L5 D et G
M. G L2 – L3 D10 – D11 Trajet radiculaire S1 G Trajet radiculaire
S1 G
M. H L3 – L4 D11 – D12 Trajet radiculaire L5 G Trajet radiculaire
L5 G
M. La L3 – L4 D10 – D11 Trajet radiculaire L5-S1 D Trajet radiculaire
L5-S1 D
M. Le L2 – L3 D10 – D11 Trajet radiculaire L5-S1 D et G Trajet radiculaire
L5-S1 D et G
M. M L1 – L2 D11 – D12 Trajet radiculaire S1 D et G Trajet radiculaire
S1 D et G
Tableau 18 - Niveaux médullaires de ponction péridurale et de placement de l’électrode ;
trajets radiculaires de ressenti de la stimulation
Le niveau de ponction péridurale le plus sélectionné est L3-L4.
L’électrode est le plus souvent placée en D10-D11.
138
Le niveau médullaire de ressenti de la stimulation est quasiment toujours le même lors de la
phase test puis lors de la phase d’implantation définitive.
Deux patients ont cependant des variations entre les deux phases :
- M. De se plaint à 24h de la phase test d’un changement de côté de la stimulation : ceci
sera résolu par un repositionnement de l’électrode au moment du deuxième temps
opératoire.
- M. Du ressentait la stimulation de façon bilatérale en per-opératoire : il ne la ressent
plus que selon un trajet L5 G 4h après la phase test. De ce fait, une deuxième électrode
est implantée à droite jusqu’aux niveaux D10-D11 lors du deuxième temps opératoire,
ce qui rétablit la bilatéralité de la stimulation.
M.C 18 jours
M.De 8 jours
M.Du 17 jours
M.G 9 jours
M.H 11 jours
M.La 13 jours
M.Le 14 jours
M.M 14 jours
Tableau 19 - Durée en jours entre la phase test de pré-implantation et l’implantation
La durée moyenne entre la phase test de pré-implantation et l’implantation est de 13 jours.
La médiane est de 14 jours.
Pourcentage du territoire couvert par la stimulation :
Tous les patients ressentent une couverture de stimulation à 100 % de leur territoire
douloureux, sauf M. De qui décrit une couverture à 75 %.
139
IV. DONNÉES DE SUIVI
A. Évaluation de l’efficacité de la technique par
analyse de l’évolution de l’échelle numérique
1. À 6 mois
Échelle numérique
avant
l’implantation
Échelle
numérique
à 6 mois
Pourcentage de
réduction de l’échelle
numérique
M. C 5 2 - 60 %
M. De 8 4 - 50 %
M. Du 8 3 - 62,5 %
M. G 8 5 - 37,5 %
M. H 5 0 - 100 %
M. La 7 2 - 71,5 %
M. Le 4 2 - 50 %
M. M 7 0 - 100 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur > 50 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur ≤ 50 %
Pourcentage de
patients ayant
obtenu une
réduction de
douleur > 50 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur ≤ 50 %
5 3 62,5 % 37,5 %
0 1 2 3 4 5 6
≤ 50 %
> 50 %
Nombre de patients
Diminution de 50 % de la douleur
à 6 mois
140
À l’aide du test des rangs signés de Wilcoxon pour échantillons appariés, on
obtient p = 0,014, soit p < 0,05, résultat significatif.
Il y a donc une réduction significative de la douleur entre avant et 6 mois
après l’implantation.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Évolution de l'Échelle Numérique à 6 mois
Pré-implantation
À 6 mois
141
2. À 12 mois
Échelle numérique
avant
l’implantation
Échelle
numérique
à 12 mois
Pourcentage de
réduction de l’échelle
numérique
M. C 5 2 - 60 %
M. De 8 2 - 75 %
M. Du 8 3 - 62,5 %
M. G 8 4 - 50 %
M. H 5 2 - 60 %
M. La 7 0 - 100 %
M. Le 4 2 - 50 %
M. M 7 4 - 43 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur > 50 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur ≤ 50 %
Pourcentage de
patients ayant
obtenu une
réduction de
douleur > 50 %
Nombre de patients
ayant obtenu une
réduction de
douleur ≤ 50 %
5 3 62,5 % 37,5 %
0 1 2 3 4 5 6
≤ 50 %
> 50 %
Nombre de patients
Diminution de 50 % de la douleur
à 12 mois
142
À l’aide du test des rangs signés de Wilcoxon pour échantillons appariés, on
obtient p = 0,014, soit p < 0,05, résultat significatif.
Il y a donc une réduction significative de la douleur entre avant et 12 mois
après l’implantation.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Évolution de l'Échelle Numérique à 12 mois
Pré-implantation
À 12 mois
143
2 patients ont exactement 50 % de réduction de leur douleur (en se basant sur
l’évolution de l’échelle numérique).
Si le critère d’évaluation est modifié et devient :
« réduction de douleur ≥ 50 %» (à la place de réduction de douleur >50 %),
les résultats changent, et alors 7 patients obtiennent une réduction de douleur ≥ 50 %, et
seulement 1 obtient une réduction de douleur < 50 %, que cela soit à 6 mois ou à 12 mois
de l’implantation.
Nombre de patients
ayant obtenu une
baisse de ≥ 50 % de
la douleur
Nombre de patients
ayant obtenu une
baisse de < 50 % de
la douleur
Pourcentage de
patients ayant
obtenu une baisse
de ≥ 50 % de la
douleur
Nombre de patients
ayant obtenu une
baisse de < 50 % de
la douleur
7 1 12,5 % 87,5 %
144
3. De 0 à 12 mois
Figure 32 - Évolution de l’échelle numérique en fonction du temps
Sur cette figure, chaque patient est représenté par une couleur.
On note un point d’inflexion de la courbe dès le 2ème
jour, avec une zone de stabilisation entre
le 14ème
jour et le 1er
mois. A 3 mois, la courbe est marquée par une petite pente ascendante,
mais qui se stabilise en le 6ème
et le 12ème
mois.
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
J 0 J 2 J 7 J 14 M 1 M 3 M 6 M 12
Éch
elle
Nu
mér
iqu
e d
e D
ou
leu
r
Temps
Évolution de l'Échelle Numérique en fonction du
temps
M. C
M. De
M. Du
M. G
M. H
M. La
M. Le
M. M
Moyenne
145
J0 J2 J7 J14 M1 M3 M6 M12
Échelle Numérique
Évolution dans le temps
M. C
M. M
M. H
M. De
M. G
M. Du
M. La
M. Le
146
Figure 33 - Évolution de l'Échelle Numérique au cours du temps pour chaque patient
0
1
2
3
4
5
6
7
8
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Ech
elle
Nu
mér
iqu
e
Évolution de l'Échelle Numérique au cours du temps pour
chaque patient
J0 J2 J7 J14 M1 M3 M6 M12
147
B. Satisfaction des patients
1. Pendant la période test
Figure 34 - Nombre de patients dans chaque intervalle de satisfaction et pourcentage de
satisfaction pour chaque patient pendant la période test
Le pourcentage de satisfaction a été recueilli auprès des patients lors des consultations de
suivi après les phases de test et d’implantation.
Pendant la période test, 6 des 8 patients ont un taux de satisfaction compris en 75 et 100 %.
Un patient décrit un taux de satisfaction à 50 %, un autre à 30 %.
0
20
40
60
80
100
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Po
urc
en
tag
e
(%)
6
1
1
0
Nom
bre
de
pati
ents
Nombre de patients dans chaque
intervalle de satisfaction pendant
la période test
Entre 24 et 0 %
Entre 49 et 25 %
Entre 74 et 50 %
Entre 100 et 75 %
Intervalles
de
satisfaction
(en %)
148
2. À 12 mois de l’implantation
Figure 35 - Nombre de patients dans chaque intervalle de satisfaction et pourcentage de
satisfaction pour chaque patient à 2 mois de l’implantation
À 12 mois de l’implantation, 6 des 8 patients ont un taux de satisfaction compris entre 75 et
100 %.
Un patient décrit un taux de satisfaction à 70 %, un autre à 40 %.
0
20
40
60
80
100
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Po
urc
en
tag
e (
%)
6
1
1
0
Nom
bre
de
pati
ents
Nombre de patients dans chaque
intervalle de satisfaction
à12 mois de l'implantation
Entre 24 et 0 %
Entre 49 et 25 %
Entre 74 et 50 %
Entre 100 et 75 %
Intervalles
de
satisfaction
(en %)
149
C. Évolution de la consommation médicamenteuse
Afin de décrire synthétiquement l’évolution du nombre de molécules et de la posologie de
chaque molécule au fil du temps, nous avons décidé de présenter les résultats sous forme de
tableaux, avec différentes couleurs.
Ces tableaux se trouvent en ANNEXE 2, de la page 223 à la page 231.
A l’aide des figures suivantes, nous avons synthétisé les données des 8 patients, ce qui permet
de les voir apparaître sur un même graphique.
Ces différents graphiques suivants représentent l’évolution du nombre et des posologies des
différents traitements prescrits aux patients (Paracétamol, Célécoxib, Tramadol, Chlorydrate
d’oxycodone, Sulfate de Morphine, Amitriptyline, Gabapentine, Prégabaline, Clorazépate
dipotassique, Alprazolam).
En ordonnée est représenté le nombre ou la posologie des molécules (en milligrammes).
En abscisse : chaque patient est situé sur l’axe, avec pour chacun la situation à M0, M1, M3,
M6 et M12 (M = mois).
Les cercles sont blancs si la molécule n’est pas ou plus présente sur l’ordonnance du patient ;
ils sont colorés si le patient prend le médicament (chaque couleur se réfère à une molécule
différente), et la localisation sur le graphique est faite en fonction de la posologie prescrite.
150
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution dans le temps pour chaque patient
Antalgiques non opioïdes (Paracétamol et Célécoxib)
Paracétamol
Célécoxib
0
50
100
150
200
250
300
350
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution dans le temps pour chaque patient
Antalgiques opioïdes faibles (Tramadol)
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Antalgiques opioïdes forts (Chlorhydrate d'oxycodone et Sulfate de morphine)
Chlorydrate d'oxycodone
Sulfate de morphine
0
20
40
60
80
100
120
140
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Antidépresseurs (Amitriptyline)
0
1
2
3
4
5
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Nombre de molécules
Evolution dans le temps pour chaque patient
Nombre de molécules
151
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution dans le temps pour chaque patient
Antiépileptiques (Gabapentine et Prégabaline)
Gabapentine
Prégabaline
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution dans le temps pour chaque patient
Antalgiques opioïdes forts (Clorhydrate d'oxycodone et Sulfate de morphine)
Chlorydrate d'oxycodone
Sulfate de morphine
0
20
40
60
80
100
120
140
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M0
M
1
M3
M
6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution dans le temps pour chaque patient
Antidépresseurs (Amitriptyline)
152
Figure 36- Représentation de l’évolution du nombre et des posologies des différents
traitements prescrits aux patients
0
5
10
15
20
25
30
35
40
45
50 M
0
M1
M3
M6
M12
M0
M1
M3
M6
M1
2
M0
M1
M3
M6
M1
2
M0
M1
M3
M6
M12
M0
M1
M3
M6
M1
2
M0
M1
M3
M6
M1
2
M0
M1
M3
M6
M12
M0
M1
M3
M6
M1
2
M. C M. De M. Du M. G M. H M. La M. Le M. M
Posologie en mg
Evolution au cours du temps pour chaque patient
Anxiolytiques Clorazépate dipotassique
Alprazolam
153
Nombre de molécules :
Au cours du premier mois : M. De, M. Du, M. G, M. H, M. La et M Le ont tous eu une
diminution du nombre de molécules prescrites.
M. H et M. La ont d’ailleurs totalement arrêté leur traitement antalgique per os dès le premier
mois, ce qui s’est poursuivi jusqu’à 12 mois. Le traitement de M. Du a été stoppé pendant 6
mois, mais à 12 mois, il a été ré-introduit (de façon moindre) devant une recrudescence de ses
douleurs. M. De, M. G et M. M ont vu leur traitement diminuer le premier mois, mais avec
une ré-ascension respectivement lors du 12ème
, du 6ème
mois et du 3ème
mois.
M.C n’a eu aucune modification du nombre de molécules.
M. Le n’a pas eu de diminution du nombre de molécules lors des premiers mois, mais lors du
6ème
mois.
Antalgiques non opioïdes :
Paracétamol et Célécoxib sont les deux molécules prescrites. M. La n’a plus pris de Célécoxib
dès le premier mois. M. Du et M. G ont totalement arrêté la prise de Paracétamol, mais avec
cependant une reprise à 12 mois pour M. Du et à 3 mois pour M. G. M. Le n’a pas pu
diminuer sa consommation de Paracétamol.
Antalgiques opioïdes faibles :
M. Du n’a plus eu de prescription de Tramadol dès le premier mois. M. C et M. G ont réduit
leur consommation de Tramadol avec une posologie minimale à 3 mois, mais ils ont tous
deux dû augmenter leur consommation entre 6 et 12 mois, avec pour M. C une posologie tout
de même moindre qu’initialement. M. G a par contre dépassé son dosage initial.
154
Antalgiques opioïdes forts :
La molécule Chlorhydrate d’oxycodone est prescrite à M. De et M. M : la prescription de M.
De a été arrêtée du 3ème
mois au 6ème
mois mais à 12 mois, ce traitement opioïde a été
réintroduit (à demi-dose). Pour M. M : les doses sont plus fluctuantes : elles ont été diminuées
au début, mais entre le 1er
et le 3ème
mois, on remarque une augmentation de la posologie.
La molécule Sulfate de morphine est prescrite à M. Le : la posologie reste stable les premiers
mois, puis augmente par la suite.
Antidépresseurs :
M. C, M. H et M. M ont une prescription d’Amitriptyline. Celle de M. H a totalement été
arrêtée ; M.C a pu diminuer au 6ème
mois, mais par la suite a repris le traitement à la même
posologie ; M. M a pu fortement diminuer ses prises, passant de 125 mg à 50 mg.
Antiépileptiques :
Gabapentine et Prégabaline sont les deux molécules prescrites.
M.C, M. De, M. G, M. La, M. Le et M. M ont une prescription de Gabapentine. Les variations
de posologie sont différentes chez chaque individu : celle de M. C diminue les 6 premiers
mois, pour augmenter et dépasser la dose initiale par la suite ; celle de M. G diminue de façon
importante le premier mois, puis augmente par la suite pour aussi dépasser la dose initiale ;
celle de M. M diminue au début, puis retourne à sa posologie initiale à 12 mois. M. De n’a
aucune variation de posologie. M. La et M. Le ont pu arrêter leur traitement respectivement à
1 et 6 mois.
M. Du a un traitement par Prégabaline : il a pu arrêter complètement le traitement entre le 1er
et le 6ème
mois, mais a dû le reprendre (à demi-dose) à 12 mois.
155
Anxiolytiques :
Ils ne font pas partie des traitements antalgiques mais leur diminution traduit tout de même un
mieux-être des patients : M C a totalement arrêté son traitement par Clorazépate dipotassique,
M. M a diminué de 22 % ce même traitement et M. La a quant à lui légèrement diminué sa
posologie d’Alprazolam (de 0,75 à 0,5 mg par jour).
156
D. Évolution de la situation professionnelle
Situation
professionnelle
initiale
Situation professionnelle
au moment de l’implantation
Situation professionnelle
à 12 mois de
l’implantation
M. C Agent d’entretien
technique municipal
Arrêt de travail depuis le
22.10.06.
Maladie professionnelle et longue
maladie depuis 2009.
Invalidité depuis 2011.
Même situation
M. De Chauffeur grumier
Arrêt de travail depuis le
04.11.10.
Maladie professionnelle depuis
2008.
Invalidité depuis 2011.
Même situation
M. Du Chauffeur routier
En activité.
Arrêts de travail ponctuels.
Maladie professionnelle depuis
2005.
Reprise du travail
4 mois après
l’implantation
M. G
Monteur en
panneaux
frigorifiques
Arrêt de travail depuis le
01.10.10. Même situation
M. H Ecclésiastique En activité Reprise de son activité
1 mois après
l’implantation
M. La Chef d’équipe
caténaire à la SNCF
Arrêt de travail depuis décembre
2007.
Maladie professionnelle depuis
2008.
Invalidité depuis 2010.
Même situation
M. Le Chauffeur routier
Arrêt de travail depuis 1994.
Maladie professionnelle depuis
2000.
Invalidité depuis 2000.
Même situation
M. M
Ancien conducteur
de travaux et ancien
économiste.
Magicien
occasionnel à son
compte.
Arrêt de travail depuis 2003.
Maladie professionnelle depuis
2003.
Longue maladie depuis 2004.
Invalidité depuis 2006.
Reprise de ses prestations
de magicien 9 mois après
l’implantation
Tableau 20- Évolution de la situation professionnelle à 12 mois de l’implantation
5 patients n’ont pas eu de changement de situation professionnelle 12 mois après
l’implantation : M. C, M. De, M. G, M. La, M. Le.
157
A l’inverse, 3 patients ont pu évoluer sur le plan professionnel :
- M. Du a pu reprendre son travail de chauffeur routier 4 mois après l’implantation.
- M. H a repris son activité de prêtre 1 mois après l’intervention
- M. M a, quant à lui, recommencé à organiser des spectacles de magie 9 mois après la
chirurgie.
Figure 37 - Situation professionnelle à 12 mois de l’implantation
Reprise du
travail
n = 3
(37 %)
Pas de
reprise du
travail
n = 5
(63 %)
Situation professionelle à 12 mois de
l'implantation
158
E. Fréquence d’utilisation de la stimulation
Figure 38 - Fréquence d’utilisation de la stimulation médullaire
Utilisation intermittente Utilisation 24h / 24h
M. C Non Oui
M. De Oui Non
M. Du Oui Non
M. G Oui Non
M. H Oui Non
M. La Non Oui
M. Le Oui Non
M. M Non Oui
Tableau 21- Fréquence d’utilisation de la stimulation médullaire par patient
3 patients (37 %) utilisent l’appareil 24h sur 24h. 5 patients (63 %) ne l’utilisent que de façon
intermittente.
Utilisation
intermittente
n = 5
(63 %)
Utilisation
continue
24h/24h
n = 3
(37 %)
Utilisation de la stimulation médullaire
159
V. COMPLICATIONS
Pour M. C :
À 5 mois de l’implantation (février 11) : dysfonctionnement du 5ème
plot l’appareil :
changement du plot après modification des réglages.
À 8 mois de l’implantation (mai 11) : suite à une section d’une partie de l’électrode
lors de l’intervention du 08.02.11 : remplacement de l’électrode (ponction péridurale
en L3-L4, électrode montée en D11-D12).
À 16 mois de l’implantation (janvier 12) : plusieurs plots non fonctionnels : après
contrôle avec le programmateur externe du médecin : dysfonction totale de l’électrode.
À 18 mois de l’implantation (mars 12) : reprise au bloc opératoire, test de l’électrode
lors de son retrait : elle s’avère bien défectueuse. Nouvelle électrode montée en D10.
Déclaration de matério-vigilance faite auprès du laboratoire.
Complication : Électrode non fonctionnelle
Pour M. De :
À 7 mois de l’implantation (septembre 12) : n'utilise plus du tout l'appareil car
l’électrode est beaucoup trop positionnelle et déclenche une douleur de type décharge
électrique : discussion de l’implantation d’une électrode chirurgicale 5-6-5.
Patient explanté à 12 mois de l’implantation en février 2013.
Complication : Électrode positionnelle
160
Pour M. Du :
Alors qu’en per-opératoire le patient ressentait la stimulation sur le trajet radiculaire
L5 D et G, à 4 heures de l’intervention : il ressent seulement un trajet radiculaire L5 G.
Lors du deuxième temps opératoire : implantation d’une 2ème
électrode (d’abord sous
anesthésie locale) à droite jusqu’au niveau D10-D11 ce qui permet au patient de
ressentir la stimulation de façon bilatérale (trajet radiculaire L5 D et G).
Complication : Électrode positionnelle, avec difficulté d’obtention du
territoire bilatéral
Pour M. G :
À 11 jours de la 1ère
implantation : fièvre à 38°C, écoulement séro-hématique
discrètement purulent des deux cicatrices d’interventions (lombaire et abdominale),
CRP à 48, pas de neutrophilie. Prélèvements locaux effectués : staphylocoques aureus
sensibles à la méticilline. Prescription de Cloxacilline IV puis PO.
À 35 jours de la 1ère
implantation : aspect érythémateux en regard du fil d’extension
sur le flanc gauche avec nouvelle collection muco-purulente en regard de la cicatrice
abdominale : retrait du matériel.
À 6 mois de la 1ère
implantation : 2ème
implantation devant le bénéfice apporté par la
stimulation médullaire.
À 18 jours de la 2ème
implantation : douleur insupportable de la cuisse gauche
manifestement crurale liée à un mauvais positionnement de l’électrode, confirmé sur
la radiographie de profil.
À 25 jours de la 2ème
implantation : 3ème
intervention.
161
À 12 jours de la 3ème
implantation : curieusement, couverture paresthésique des
territoires T11-T12 et L1 au lieu de S1, alors que le test semblait correct.
Radiographie : matériel en place. On envisage une électrode chirurgicale.
À 66 jours de la 3ème
implantation : 4ème
implantation d’électrode par voie chirurgicale
en D12.
Complications : Infection de matériel et Électrode positionnelle
Pour M. H
Pour M. La
Pour M. Le
Pour M. M
À noter que M. La, du fait d’une utilisation intensive du matériel, a bénéficié à terme d’un
changement de matériel : un stimulateur rechargeable lui a été implanté. Ceci n’est en aucun
cas une complication mais une adaptation de la technique à l’utilisation qu’en fait le patient
(le changement de la pile étant normal lorsqu’elle est usagée).
Aucune complication
162
VI. RECHERCHE DE L’EXISTENCE DE
FACTEURS PRÉDICTIFS À L’EFFICACITE
DE LA STIMULATION MÉDULLAIRE
A. Analyse des résultats en fonction de différents
critères
En prenant comme critère d’évaluation l’efficacité de la stimulation médullaire :
SUCCÈS ÉCHEC
Patients ayant
obtenu une baisse
de > 50 % de la
douleur
Patients ayant
obtenu une baisse
de ≤ 50 % de la
douleur
nous proposons d’analyser les résultats en fonction :
de l’âge
du délai entre le début de la période d’inactivité et l’implantation
du délai entre l’apparition des douleurs neuropathiques et l’implantation
du délai entre le début de la pathologie lombaire et l’implantation
du nombre de facteurs de risques professionnels
de la satisfaction au travail
de la situation financière
de la présence ou non d’un déficit moteur
de la présence ou non d’un déficit sensitif
du nombre d’interventions chirurgicales préalables
L’hypothèse est de rechercher si l’efficacité de la stimulation médullaire dépend de certains
critères ou pas.
163
Figure 39- Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de l'âge
Test de Fisher : p = 1 ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre l’efficacité de la
stimulation médullaire et l’âge au moment de l’implantation.
Figure 40 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre le début de la
période d'inactivité et l'implantation
Test de Fisher : p = 0,4 non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et le délai entre le début de la période d’inactivité et
l’implantation.
3 2
2
1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Age < 50 Age ≥ 50
Nombre de
patients
Age au moment de l'implantation
Efficacité de la stimulation médullaire en
fonction de l'âge
Succès Echec
0
3 2
1
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Délai < 24 mois Délai ≥ 24 mois
Nombre de
patients
Délai entre le début de la période d'inactivité et l'implantation
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du
délai entre le début de la période d'inactivité et
l'implantation
Succès Echec
164
Figure 41 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre l'apparition des
douleurs neuropathiques et l'implantation
Test de Fisher : p = 0,38 non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et le délai entre l’apparition des douleurs
neuropathiques et l’implantation.
Figure 42 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du délai entre l'évolution de la
pathologie lombaire et l'implantation
Test de Fisher : p = 1 ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre l’efficacité de la
stimulation médullaire et le délai entre le début de la pathologie lombaire et l’implantation.
0
5
1
2
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Délai < 24 mois Délai ≥ 24 mois
Nombre de
patients
Délai entre l'apparition des douleurs neuropathiques et
l'implantation
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du
délai entre l'apparition des douleurs neuropathiques et
l'implantation
Succès Echec
0
5
0
3
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Délai < 24 mois Délai ≥ 24 mois
Nombre de
patients
Délai entre l'évolution de la pathologie lombaire et l'implantation
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du
délai entre l'évolution de la pathologie lombaire et
l'implantation
Succès Echec
165
Figure 43 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du nombre de facteurs de
risques professionnels
Test de Fisher : p = 0,46 non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et les nombres de facteurs de risques professionnels.
Figure 44 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la satisfaction au travail
Test de Fisher : p = 1 ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre l’efficacité de la
stimulation médullaire et la satisfaction au travail.
4
1
1
2
0
1
2
3
4
5
6
7
8
0 à 2 3
Nombre de
patients
Nombre de facteurs de risques professionnels
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du
nombre de facteurs de risques professionnels
Succès Echec
2 3
1
2
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Bonne Mauvaise
Nombre de
patients
Satisfaction au travail
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de
la satisfaction au travail
Succès Echec
166
Figure 45 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la situation financière
Test de Fisher : p = 0,46 non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et la situation financière.
Figure 46 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la présence ou non d'un
déficit moteur
Test de Fisher : p = 0,46, non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et la présence ou non d’un déficit moteur.
3 2
3
0
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Pas de difficulté Difficulté
Nombre de
patients
Situation financière
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de
la situation financière
Succès Echec
5
0
2
1 0
1
2
3
4
5
6
7
8
Déficit sensitif Pas de déficit sensitif
Nombre de
patients
Présence ou non d'un déficit moteur
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de
la présence ou non d'un déficit moteur
Succès Echec
167
Figure 47 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de la présence ou non d'un
déficit sensitif
Test de Fisher : p = 0,38, non significatif ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre
l’efficacité de la stimulation médullaire et la présence ou non d’un déficit sensitif.
Figure 48 - Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du nombre d'interventions
chirurgicales préalables
Test de Fisher : p = 1 ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre l’efficacité de la
stimulation médullaire et le nombre d’interventions chirurgicales préalables.
5
0
2
1 0
1
2
3
4
5
6
7
8
Déficit sensitif Pas de déficit sensitif
Nombre de
patients
Présence ou non d'un déficit sensitif
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de
la présence ou non d'un déficit sensitif
Succès Echec
4
1
3
0
0
1
2
3
4
5
6
7
8
1 à 2 3 à 4
Nombre de
patients
Nombre d'interventions chirurgicales préalables
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction du
nombre d'interventions chirurgicales préalables
Succès Echec
168
B. Cas particulier de la recherche d’une relation
d’efficacité entre neurostimulation transcutanée
et implantable
Il est intéressant de voir s’il existe une relation entre l’efficacité de la neurostimulation
transcutanée et la neurostimulation implantable en percutanée. Pour cela, nous avons recueilli
des informations à ce sujet, d’autant plus que toute notre population a bénéficié, avant
l’implantation, d’un essai de soulagement des douleurs par la neurostimulation transcutanée.
Prescription de TENS avant
l’implantation Efficacité Temps d’utilisation
M. C Oui EN passe de 5 à 2
Soulagement de 60 % 12h / 24h
M. De Oui EN passe de 8 à 5
Soulagement de 37,5 % 12h / 24h
M. Du Oui EN passe de 8 à 6
Soulagement de 25 % A rendu l’appareil
M. G Oui EN passe de 8 à 2
Soulagement de 75 % 4h / 24h
M. H Oui EN passe de 5 à 1
Soulagement de 80 % 24h / 24h
M. La Oui EN reste stable à 7
Soulagement de 0 % A rendu l’appareil
M. Le Oui EN passe de 8 à 5
Soulagement de 37,5 % 4h / 24h
M. M Oui EN passe de 7 à 4
Soulagement de 43 % 6h / 24h
Tableau 22 - Données sur l'utilisation de la neurostimulation transcutanée
169
Figure 49- Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de l'efficacité de la
neurostimulation transcutanée
Test de Fisher : p = 1 ; on ne peut pas conclure à une dépendance entre l’efficacité de la
stimulation médullaire et l’efficacité de la TENS.
Prescription de TENS après
l’implantation Efficacité Temps d’utilisation
M. C Non - -
M. De Non - -
M. Du Non - -
M. G Non - -
M. H Non - -
M. La Non - -
M. Le Non - -
M. M Oui
Sur la douleur en barre lombaire
EN passe de 6 à 3
Soulagement de 50 %
6h / 24h
Tableau 23 - État des lieux de l'utilisation de la neurostimulation transcutanée après
l'implantation
M. M utilise à nouveau la TENS même après l’implantation en vue de soulager ses douleurs
lombaires en barre.
3 2
2
1
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Efficacité TENS < 50 % Efficacité TENS ≥ 50%
Nombre de
patients
Efficacité de la TENS
Efficacité de la stimulation médullaire en fonction de
l'efficacité de la TENS
Succès Echec
170
DISCUSSION
171
I. LIMITES ET BIAIS DE L’ÉTUDE
L’étude présentée dans cet ouvrage comporte de nombreuses limites. C’est une étude de
cohorte observationnelle, rétrospective, non contrôlée.
L’échantillon étudié est faible, de petite taille, avec un nombre de cas inférieur à 30 (n < 30).
La qualité méthodologique intrinsèque de cette étude est faible. Le niveau de preuve de notre
étude est insuffisant : nombre de nos résultats ne sont par conséquent pas exploitables
statistiquement pour aboutir à des conclusions significatives sur l’efficacité de cette
technique.
Au sujet de l’évaluation de l’efficacité de la technique par analyse de l’évolution de l’échelle
numérique, les données recueillies sont subjectives car basées sur l’évaluation numérique
propre à chaque patient, qui est une donnée subjective.
De plus, la satisfaction de chaque patient pendant la période test et à 12 mois de
l’implantation est aussi une donnée subjective exprimée par chacun des patients lors des
différentes consultations de suivi.
De nombreuses études de la littérature présentent une évaluation de l’évolution de la qualité
de vie et de l’incapacité fonctionnelle. Nous n’avons pas pu réaliser ce type d’analyse car
notre étude est rétrospective et basée sur un recueil de données présentes dans les dossiers
médicaux des patients. Au moment de la prise en charge initiale et du suivi des 8 patients, il
n’a pas été réalisé ni de questionnaire généraliste SF-36 (mesure de la qualité de vie), ni de
questionnaire HAD (échelle d’évaluation de l’anxiété et de la dépression), ni de calcul de
l’index d’Oswestry (mesure de l’incapacité fonctionnelle). Il n’était donc pas possible de
présenter une évolution de ces trois critères (données manquantes). La réalisation d’une étude
prospective permettrait de pallier ces données manquantes.
L’étude PROCESS menée par K. Kumar et al. (PROspective randomized Controlled trial of
the Effectiveness of Spinal cord Stimulation) comporte une évaluation de la qualité de vie liée
à la santé (QVS), évaluée par les questionnaires SF-36 et EuroQol (EQ-5D) (69). Elle a pu
démontrer que la stimulation médullaire procure une baisse significative de la douleur et
améliore la qualité de vie liée à la santé (QVS) et la capacité fonctionnelle, comparée à la
seule prise en charge médicale conventionnelle (PCMC) chez les patients souffrant d’un
syndrome du rachis post-chirurgical.
172
Il ne nous manque pas de données pour l’évaluation de la consommation médicamenteuse, les
patients étant très régulièrement suivis à la suite de leur implantation. Le traitement
médicamenteux a toujours été retrouvé, soit dans les courriers de suivi et/ou dans les doubles
des ordonnances conservées dans le dossier médical.
Il n’y a pas de données manquantes relatives à la profession des patients avant et après
implantation. Par contre, les facteurs de risque ont été recueillis en fonction des dires des
patients lors des consultations. De même, leur satisfaction au travail a été évaluée surtout lors
de la consultation initiale au CETD. L’aménagement et le changement de poste était évalué
lors des consultations de suivi.
Nous n’avons pas de données manquantes ni pour les calculs des différents délais, ni pour les
complications, les patients ayant été hospitalisés du fait de ces aléas.
173
II. ANALYSE DE LA COHORTE
A. Population
Notre cohorte est composée de 8 patients, uniquement des hommes, âgés en moyenne au
début de la pathologie lombaire initiale de 41 ans (médiane à 43,5 ans) et âgés en moyenne de
49 ans au moment de l’implantation (médiane à 48 ans).
Cette population est, pour moitié, mariée ou vivant en union libre et, pour l’autre moitié,
célibataire, séparée ou divorcée.
La catégorie socio-professionnelle la plus représentée est celle d’ouvrier : 6 des 8 patients
(agent d’entretien municipal, chauffeurs, monteur en panneaux frigorifiques, agent SNCF).
Un patient est prêtre, et un autre, magicien à son compte. Cette sur-représentation des métiers
manuels peut s’expliquer par la présence de très nombreux facteurs de risques professionnels
de douleurs dorso-lombaires liés à ces métiers, incluant manutention lourde, vibrations corps
entier et postures pénibles.
Le taux d’accidents du travail responsables de la pathologie douloureuse est élevé. Ce taux
atteint 75 %. Ce n’est pas surprenant, compte tenu des professions manuelles et à risques
exercées par les patients.
La satisfaction au travail est bonne pour 5 des 8 patients, et mauvaise pour 3 patients. Cette
notion a été recueillie lors de l’interrogatoire au cours des différentes consultations de suivi :
cette donnée est donc très subjective.
Aucun des 8 patients n’a eu d’aménagement ni de changement de poste de travail : ceci peut
s’expliquer par le fait que peu de patients ont repris, ne serait-ce que ponctuellement, leur
travail après l’implantation, et certains ne reprendront jamais du fait de leur statut d’invalidité.
Ces différents constats soulignent à quel point un syndrome douloureux chronique peut avoir
des conséquences sociales, professionnelles et familiales pour le patient.
174
B. Pathologie
La totalité de la population étudiée est suivie au CETD pour des lombo-radiculalgies
chroniques post-opératoires. Il est à noter que la plupart (6 sur 8) des patients ont bénéficié
auparavant d’un minimum de deux interventions chirurgicales suite à, pour la plupart des cas,
une hernie discale.
Le nombre d’interventions chirurgicales subies avant la stimulation médullaire est important
puisqu’il existe une relation inverse entre le nombre de chirurgies lombaires subies et les
chances de succès du traitement (70).
Dans son étude datant de 2005, RB. North et al. (71) démontrent la supériorité au long cours
(2 ans) de la stimulation médullaire par rapport à une ré-intervention en cas de sciatalgie, avec
une amélioration de plus de 50 % pour 47 % du groupe stimulé contre 11 % du groupe
réopéré.
C. Indications
Lors de notre étude, la même indication à l’implantation est retrouvée chez tous les cas : la
fibrose lombo-sacrée post-opératoire ou fibrose épidurale ou encore intitulée en termes
anglophones « failed back surgery syndrome » : FBSS.
C’est l’indication retrouvée majoritairement en France dans le cadre de la neurostimulation.
Y. Lazorthes et al. (54) indiquent qu’un consensus existe sur le fait que la stimulation
médullaire n’est efficace que sur des douleurs d’origine neurogène ; les radiculopathies
chroniques par « fibrose épidurale » ou « arachno-épidurite » restent l’indication
préférentielle.
S. Blond, dans son commentaire faisant suite à la publication de Y. Lazorthes et al. (54),
précise que même si des paresthésies peuvent être induites au niveau lombaire, aucun effet
antalgique n’a été obtenu à l’égard des lombalgies. Le développement de nouvelles électrodes
175
(plus larges, avec plus de plots) permet d’envisager une stimulation corporellement plus
étendue. Ceci est maintenant possible avec l’électrode tripolaire 5-6-5 : P. Rigoard et son
équipe (CHU de Poitiers) ont publié un article dans la revue Neurosurgery en 2012 (72), qui
indique des résultats très prometteurs. En effet, 9 des 11 patients implantés avec une électrode
chirurgicale tripolaire ont témoigné d’un territoire de stimulation couvrant à la fois la
lombalgie et le membre inférieur douloureux. 6 mois après l’implantation, l’intensité
douloureuse moyenne était de 0,5/10 au niveau du membre inférieur et de 1,5/10 au niveau
lombaire, contre respectivement 7,6/10 et 7,8/10 avant l’implantation. Tous les patients
implantés par cette électrode ont déclaré à 6 mois être satisfaits de leur traitement et être prêts
à recourir de nouveau à la même intervention pour obtenir le même résultat.
Le recours à un nouveau type d’électrode comportant plusieurs colonnes de stimulation (et
pour cette raison, appelée « électrode multi-colonnes »), semble être à même de soulager
significativement les douleurs lombaires.
D’après P. Rigoard, il est plus difficile d’obtenir des paresthésies en région lombaire que dans
le membre inférieur en raison des caractéristiques anatomiques et physiologiques de la
colonne vertébrale. Le soulagement des douleurs lombaires s’en trouve limité chez certains
patients. Chez ces derniers, la configuration de l’électrode multi-colonne permet d’obtenir une
pénétration plus profonde du courant électrique dans la moelle épinière, et ainsi, de modifier
la répartition des paresthésies, ce qui améliore la réduction des lombalgies par rapport aux
techniques de stimulation médullaire classiques.
D. Ancienneté de la douleur
Le délai moyen entre le moment de l’apparition des symptômes et l’implantation est de 8 ans
avec une médiane à 4 ans.
Dans notre étude, la moyenne du délai est beaucoup plus longue que la médiane du fait de
deux résultats de délais (17 et 20 ans) qui font augmenter la moyenne.
Il paraît essentiel de diminuer au maximum le délai de prise en charge.
176
En effet, l’amélioration des douleurs après implantation est rarement associée à une
amélioration de la qualité de vie et encore plus rarement suivie d’une reprise de l’activité
professionnelle. D. Fontaine dans sa publication en 2011 (52) avance une explication à ces
constatations : le délai est souvent très long entre le début du problème douloureux et
l’indication de la stimulation médullaire. Ce long délai permet à la douleur chronique
d’envahir le quotidien, et d’endommager l’environnement professionnel, social et familial du
patient, rendant très difficile sa réinsertion.
Dans leur étude, JP. Van Buyten et al. (73) ont démontré un intérêt à réduire le délai de prise
en charge entre le moment de la première intervention chirurgicale et le moment de
l’implantation. Ils ont noté que lorsque ce délai est compris entre 0 et 3 ans, 93 % des patients
sont soulagés à long terme, alors que ce pourcentage chute à 56 % quand le délai est entre 6 et
9 ans, et à 9 % quand ce délai est supérieur à 12 ans.
Le délai de prise en charge du patient ne devrait idéalement pas dépasser les 3 ans après la
première chirurgie.
177
III. BILAN PRÉ-IMPLANTATOIRE
Tous les cas ont bénéficié d’un EMG, de PES et d’une IRM dorso-lombaire.
Les données relatives à l’EMG montrent toujours des signes d’atteintes neurogènes
périphériques, qui suivent un trajet radiculaire précis.
Les PES ont tous été compatibles avec une stimulation médullaire.
Les résultats des IRM montrent, pour quasiment tous les patients, des images de fibrose.
Tous les articles de la littérature sont unanimes quant à la nécessité de réaliser un bilan pré-
implantatoire complet.
178
IV. PHASE TEST DE PRÉ-IMPLANTATION ET
IMPLANTATION
A. Le test pré-implantatoire
Le test pré-implantatoire est une étape importante de la prise en charge du patient car il
permet de reproduire les sensations qu’il ressentira avec le stimulateur implanté. Après la
mise en place de l’électrode, le patient rentre à domicile afin de tester la technique dans son
environnement habituel quotidien. S’il tolère bien la technique et si l’intensité douloureuse est
suffisamment réduite, l’implantation du générateur est proposée.
En 1989, dans leur traité sur « La chirurgie de la douleur », J. Gybels et W. Sweet estiment, à
partir d’un total de 1219 patients, que lorsque les patients ont été rigoureusement sélectionnés
(notamment par un test percutané de stimulation médullaire), le pourcentage de succès à long
terme est de 65 %, alors qu’il n’est que de 36 % dans le cas contraire (54).
La plupart des patients de notre étude sont implantés en L3-L4.
Deux patients ont eu des variations de ressenti entre les deux phases de pré-implantation et
d’implantation. Le problème a été résolu lors de la phase d’implantation : pour un cas,
l’électrode a été repositionnée et pour l’autre cas, une seconde électrode a été implantée en
vue de couvrir entièrement le territoire douloureux.
Parmi les facteurs pronostics permettant de prévoir un effet analgésique durable, le fait que les
paresthésies électriques induites par la stimulation médullaire recouvrent bien la topographie
douloureuse apparaît déterminant (54).
179
B. L’implantation : par voie percutanée (dans notre
étude) ou par voie chirurgicale
L’originalité de notre étude réside dans le fait que l’implantation de l’électrode se fait par voie
percutanée.
L’implantation percutanée est peu invasive. Elle est réalisée sous anesthésie locale, ce qui
permet la réalisation d’un test per-opératoire pour optimiser le placement de l’électrode, en se
guidant sur la topographie des paresthésies induites par la stimulation.
Les électrodes dites «chirurgicales» ont une forme plate, consomment moins de courant, d’où
une plus grande longévité. Elles permettent une meilleure couverture de la zone douloureuse
par les paresthésies et semblent plus efficaces à moyen terme. Cependant, elles sont
généralement implantées par une laminectomie dorsale sur un étage ou plus rarement par un
abord inter-épineux, d’où un caractère plus invasif, et sous anesthésie générale, ce qui
empêche la réalisation du test per-opératoire (52).
Tableau 24 - Comparaison des résultats des électrodes chirurgicales et percutanées (52)
L’implantation d’une électrode par voie chirurgicale nécessite une anesthésie générale plus
longue et est plus dommageable pour la musculature du dos du patient. L’électrode est
positionnée de façon plus empirique mais les caractéristiques intrinsèques de l’électrode
chirurgicale permettent d’obtenir une meilleure stabilité du matériel et donc une diminution
significative des déplacements secondaires. Pour certains auteurs, l’électrode chirurgicale
procurerait une stimulation de meilleure qualité en rapport avec une surface des contacts de
stimulation plus importante (74).
180
En pratique, l’indication d’une implantation percutanée ou chirurgicale est portée en
fonction :
- de l’habitude et de l’expérience de l’implanteur
- des conditions anatomiques qui peuvent rendre difficile la cathétérisation épidurale
(antécédents de laminectomie, présence d’arthrodèse…)
- des souhaits du patient
Y. Lazorthes et al. (54) précisent que la laminectomie à minima ou « laminotomie » reste
préférable après un déplacement secondaire d’électrode percutanée ou en première intention
au niveau cervical du fait de sa plus grande mobilité. Dans son étude, sur 692 cas, 430
implantations (soit 62 %) ont été réalisées par technique percutanée. Y. Lazorthes privilégie la
voie percutanée dans son étude, en avançant comme arguments le caractère plus invasif de la
technique chirurgicale et l’absence de contrôle neuro-physiologique per-opératoire de la
position des électrodes.
R. Bougeard publie en 2012 (75) une étude dans laquelle 141 patients ont été inclus et ont
bénéficié d’une phase test de stimulation médullaire. 75 % ont été implantés définitivement.
95 % ont été implantés par voie percutanée, 5 % par voie chirurgicale. En effet, la mise en
place d’une électrode chirurgicale a été réservée aux patients ayant eu un déplacement
secondaire d’électrode percutanée. Dans le cadre de notre travail, cette étude est intéressante
car traitant essentiellement d’implantation par voie percutanée. Nous détaillerons ses résultats
dans les paragraphes ci-dessous.
Ces deux techniques ont leurs avantages et leurs inconvénients. L’implantation d’une
électrode percutanée est moins invasive, positionnée de façon optimale mais aussi moins
stable et plus à risque de déplacement secondaire.
En 2000, AT. Villavicencio et al. publient une étude intitulée « Laminectomy versus
percutaneous electrode placement for spinal cord stimulation » (76). 41 patients sont
initialement implantés à l’aide d’électrodes temporaires. Une implantation définitive est
décidée lorsque la phase d’essai montre une réduction de la douleur de plus de 50 %. De ce
fait, 27 des 41 patients (soit 66 %) sont implantés définitivement, soit par voie percutanée,
soit pas voie chirurgicale. Chez les patients implantés par voie chirurgicale, on note une
181
diminution de l’EVA de 4,6 points alors que les patients implantés par voie percutanée ont
une diminution de l’EVA de 3,1 points. Il ressort de cette étude que l’implantation par voie
chirurgicale permet un meilleur soulagement que par voie percutanée.
CHOIX DE LA TECHNIQUE
Voie Percutanée Voie Chirurgicale
Stimulation unilatérale (stimulation bilatérale
possible si électrode bien médiane)
Chirurgie minimale invasive
Facilement réversible
Test per-opératoire sous anesthésie locale
donc ressenti direct du patient
Maniabilité de l’électrode
Efficace sur la radiculalgie pure
Stimulation plus étendue, bilatérale
Electrode stable
Moins de stimulation latéralisée
Moins de migration d’électrode
Moins de caractère positionnel de l’électrode
Efficace sur la radiculalgie et sur la
lombalgie
2 techniques complémentaires
Il est à noter que certaines équipes réalisent la phase test par voie percutanée, puis implantent
définitivement le matériel par voie chirurgicale.
182
V. DONNÉES DE SUIVI
A. Évaluation de l’efficacité de la technique par
analyse de l’évolution de l’échelle numérique
Pour évaluer l’efficacité de la neurostimulation médullaire, nous avons recueilli la valeur de
l’échelle numérique avant implantation, puis à 2 jours, à 7 jours, à 14 jours, à 1 mois, à 3
mois, à 6 moi et à 12 mois.
La valeur à 2 jours était demandée à chaque patient lors de l’hospitalisation pour la phase de
pré-implantation.
La valeur à 7 jours était recueillie lors de la consultation de décision d’implantation définitive.
La valeur à 14 jours était demandée au patient lors de sa seconde hospitalisation pour
l’implantation définitive.
Les valeurs à 1, 3, 6 et 12 mois étaient relevées lors des consultations de suivis.
Nous avons analysé les résultats à deux temps : 6 mois et 12 mois.
Lors de ces deux périodes, on remarque une baisse significative de la douleur entre avant
l’implantation et à 6 ou à 12 mois. Pour mettre en évidence ce résultat, nous avons utilisé le
test des rangs signés de Wilcoxon pour échantillons appariés, qui est validé pour un
échantillon de petite taille (n < 30).
Il est difficile de comparer nos résultats avec d’autres études dans la mesure où l’immense
majorité des travaux publiés ne font pas la distinction entre neurostimulation médullaire
implantée par voie percutanée et par voie chirurgicale.
Dans la littérature, le critère d’évaluation « pourcentage de diminution de l’échelle
numérique » est très fréquemment utilisé.
L’Agence Européenne pour l’Évaluation des Médicaments (EMEA-2006) fixe le seuil
d’évaluation de l’efficacité des médicaments à 30 %.
183
Dans notre étude, 7 des 8 patients ont une réduction de leur douleur supérieure ou égale
à 50 % à 6 et 12 mois.
Certains auteurs associent la limite d’efficacité de la technique à une diminution de
l’échelle numérique supérieure ou égale à 50 %
C’est le cas pour l’étude PROCESS menée par K. Kumar et al., publiée en 2007 (69), qui est
une étude prospective, multicentrique, évaluant la stimulation médullaire par rapport à la prise
en charge par traitement médical conventionnel (TMC). L’analyse de l’efficacité sur 6 mois
se fait en intention de traiter avec cross over autorisé à partir du 6ème
mois et un suivi au long
cours (24 mois). Le critère d’évaluation principal est la diminution ≥ 50 % de l’EVA de la
douleur radiculaire à 6 mois. Ceci est rempli par 48 % des patients du groupe stimulation
médullaire versus 9 % dans le groupe TMC. A 24 mois, K. Kumar note une diminution de
l’EVA de plus de 50 % chez 37 % des patients stimulés contre 2 % des patients du groupe
TMC. 40 % des patients stimulés sont soulagés à plus de 50 % à 12 mois et à 24 mois que la
douleur radiculaire.
De même : L. Abeloos et al., dans leur étude parue en 2011 dans la revue Neurochirurgie
(77), évaluent que 75 % des patients implantés entre 1995 et 2005 ont eu une diminution de
leur douleur supérieure ou égale à 50 %.
Dans notre étude, 5 des 8 patients ont une réduction de leur douleur strictement
supérieure à 50 % de leur douleur à 6 et 12 mois.
Certains auteurs associent la limite d’efficacité de la technique à une diminution de
l’échelle numérique strictement supérieure à 50 %
C’est le cas dans l’étude menée par RB. North et al. en 1993 et publiée dans la revue
Neurosurgery (78) : à 7 ans de suivi, 52% des 171 patients qui ont reçu une implantation ont
signalé avoir plus de 50% de soulagement de leur douleur.
KJ. Burchiel et al. publient une étude en 1996 (79), dans laquelle 219 patients ont été inclus.
Une des données recueillies était la réduction de leur douleur de plus de 50 % à 12 mois :
55 % de la population faisait partie de ce critère d’évaluation.
184
Y. Lazorthes, qui est à l’origine d’une importante étude rétrospective en France (54), propose
encore un autre critère d’évaluation : l’efficacité est évaluée sur 3 paramètres gradués de 1 à
5. Il s’agit de :
- l’analgésie : appréciée par une auto-évaluation du patient à l’aide d’une échelle
visuelle analogique (de 1 = 0 % d’analgésie à 5 = 100 % d’analgésie)
- l’activité fonctionnelle : graduée de 1 = patient hospitalisé, grabataire et/ou totalement
dépendant, à 5 = activité normale, possibilité physique de reprise du travail
- la demande complémentaire de médicaments analgésiques : graduée de 1 =
consommation d’opiacés à 5 = pas de consommation d’analgésiques.
Ces deux derniers critères objectivent l’auto-évaluation subjective de l’analgésie.
L’addition des scores de ces 3 critères permet de classer les résultats en 5 niveaux (échec = 3 ;
insuffisant = 4 à 6 ; moyen = 7 à 9 ; bon = 10 à 12 ; excellent = 13 à 15).
Dans son étude, il compare deux séries de patients (série I : 279 cas implantés à Toulouse et
série II : 413 cas implantés à Zürich). Si l’on fait la synthèse des bons et excellents résultats,
les deux séries sont comparables puisque l’efficacité antalgique à long terme est estimée à
52 % dans la série I et à 54 % dans la série II.
En 1991, B. Meyerson et al. (80) publient une étude rétrospective avec un suivi de 16 ans,
incluant 84 cas de douleurs rebelles neuropathiques. Ils estiment le taux de succès à 72 %
parmi les 56 patients qui continuent à utiliser la stimulation médullaire à long terme.
En additionnant leur expérience, V. Keravel, M. Sindou et S. Blond rapportent en 1991 la plus
importante série française, qui concerne alors 295 patients suivis de 6 à 72 mois (81). À long
terme (suivi ≥ 12 mois), le résultat global est de 46 % de succès.
Dans notre étude, en observant les courbes détaillées pour chaque patient, il est à noter un
point d’inflexion de la courbe dès le 2ème
jour : cela peut s’expliquer par le fait que le bénéfice
ressenti par le patient est immédiat, dès le ressenti des paresthésies.
On remarque ensuite une zone de stabilisation de l’échelle numérique entre le 14ème
jour et le
1er
mois.
185
Entre le 1er
et le 3ème
mois, on remarque une recrudescence des douleurs pour 3 patients, mais
par la suite on note une stabilisation entre le 6ème
et le 12ème
mois. 3 patients stabilisent leur
courbe à cette période, quant aux 2 autres, ils évaluent leur douleur de façon décroissante.
Notre étude ne s’est étendue que sur une période de 12 mois. Dans leur étude, Y. Lazorthes et
al. (54) notent une stabilisation des résultats après un recul de 2 ans. Il est observé une
diminution de l’efficacité par rapport à la période initiale de stimulation médullaire. Dans les
deux séries comparées, l’évolution entre l’efficacité à court terme (1 mois) et à long terme
(suivi minimum de 2 ans) est identique puisqu’elle passe de 86 à 52 % pour la série I et de 85
à 54 % pour la série II.
Même si un épuisement de l’effet est souvent décrit (sous le terme de tolérance ou de
plasticité, mais aussi en partie par la perte d’un effet placebo initial), les bénéfices de la
stimulation médullaire peuvent être importants pour un patient douloureux chronique.
L’effet placebo est inévitable pour un traitement chirurgical dont l’effet thérapeutique est
directement perceptible par le patient, du fait des paresthésies induites.
Pour J-P. Van Buyten et al. (73), une amélioration significative de 41 % à 57 % (p < 0,01) du
soulagement de la douleur a été notée.
L’étude de R. Bougeard (75) (95 % d’implantation en percutanée) décrit le pourcentage de
soulagement à court (1 mois) et moyen terme (12 mois). Les résultats de cette étude sont
transcrits ci-dessous sous la forme d’un tableau :
Pourcentage de
soulagement
Court terme (1 mois) n = 87 Long terme (12 mois) n = 82
> 80 % 50,6 % 41,5 %
Entre 50 % et 80 % 35,6 % 40,2 %
< 50 % 12,6 % 13,4 %
Échec 1,2 % 4,9 %
186
Dans la littérature, deux études randomisées et contrôlées, de bonne qualité, ont montré une
efficacité au long cours (2 ans) de cette technique dans les lombosciatiques séquellaires :
l’étude de K. Kumar et al. en 2007, 2008 (étude PROCESS) (69) (82), dont nous
avons déjà parlé dans ce paragraphe
celle de RB. North et al. en 2005 (71), qui démontre la supériorité au long cours (2
ans) de la stimulation médullaire par rapport à une ré-intervention en cas de sciatalgie,
avec une amélioration de plus de 50 % pour 47 % du groupe stimulé contre 11 % du
groupe réopéré.
Dans une autre étude, K. Kumar et al. ont publié sur 22 ans (83) : sur un groupe de 328
patients bénéficiant de la stimulation médullaire, 74,1 % rapportent un soulagement supérieur
à 50 % à l’issue d’un suivi moyen de 8 ans.
Toujours en vue de comparer les deux voies possibles d’implantation, cette publication de L.
Abeloos et al. (77) est intéressante. Elle inclut 42 patients porteurs d’un neurostimulateur
définitif. 32 patients ont été contactés avec un suivi moyen de 8,3 ans. 75 % des patients se
disent soulagés à plus ou égal à 50 %. L’efficacité des électrodes percutanées est de 50 %
pour les quadripolaires et de 83 % pour les octopolaires. Les électrodes chirurgicales
entraînent une évaluation positive dans 70 % des cas qu’elles soient quadri- ou octopolaires
(2x4).
Parmi les patients rapportant une évaluation positive de leur implantation par une électrode
percutanée quadripolaire, 33 % expriment une couverture complète du territoire
douloureux.
Parmi les patients rapportant une évaluation positive de leur implantation par une électrode
percutanée octopolaire, 60 % expriment une couverture complète du territoire douloureux.
Parmi les patients rapportant une évaluation positive de leur implantation par une électrode
chirurgicale quadripolaire, 40 % expriment une couverture complète du territoire
douloureux.
Parmi les patients rapportant une évaluation positive de leur implantation par une électrode
chirurgicale octopolaire, 33 % expriment une couverture complète du territoire
douloureux.
187
Ces résultats semblent démontrer, dans cette étude, un taux de succès supérieur par
implantation d’électrodes percutanées octopolaires comparativement aux électrodes
chirurgicales testées. Néanmoins, ces résultats sont obtenus sur des échantillons limités de
patients.
Pour toujours cibler nos recherches sur la voie percutanée, nous avons analysé l’étude de C.
Baude et al. (84), qui a inclus 86 patients. 80 % des tests percutanés ont été positifs. 95 % des
patients ont été implantés par voie percutanée et 5 % par voie chirurgicale. L’efficacité
antalgique moyenne a été de 76 % à 1 mois et s’est maintenue à long terme (jusqu’à 29 mois).
Le taux de complication global a été de 36 % avec 10,4 % de complications majeures
(infection et hématome péridural).
RB. North et al., dans leur étude comparative (entre électrode percutanée et électrode
chirurgicale) en 2005 (85), relèvent un taux de succès significatif au terme de 1,9 années (au
moins 50 % de soulagement) pour les patients implantés par voie percutanée (5 sur 12) ainsi
que par voie chirurgicale (10 sur 12). Après 2,9 années, le résultat n’est plus significatif
(soulagement pour 5 des 12 patients implantés par voir chirurgicale et 3 des 12 patients
implantés par voie percutanée).
B. Satisfaction des patients
Dans notre étude, la satisfaction des patients a été évaluée en leur posant la question telle
quelle, en consultation, après la phase test de pré-implantation et après la phase
d’implantation.
Lors de la phase test, 2 patients disent être satisfaits à 100 %, 3 à 75 %, 1 à 70 %, 1 à 50 % et
1 à 30 %. Nous avons donc 6 patients satisfaits dans l’intervalle 75 % à 100 %.
Lors de la phase d’implantation, 2 patients restent satisfaits à 100 %, 1 l’est à 85 %, 3 à 75 %,
1 à 70 % et 1 à 40 %. 6 patients demeurent donc satisfaits dans l’intervalle 75 % à 100 %.
Ce taux de satisfaction est élevé pour notre étude.
188
Dans l’étude PROCESS de K. Kumar et al. (69), 93 % des 42 patients continuant la
stimulation médullaire ont déclaré que « d’après leur expérience à ce jour, ils seraient prêts à
recommencer le traitement ».
RS. Taylor et al. (86) retrouvent 70 % de satisfaction.
Il existe dans la littérature d’autres façons d’évaluer la satisfaction des patients vis-à-vis de la
technique par stimulation médullaire, notamment les critères de PD. Hieu. Dans son étude
(87), qui inclut 77 cas de lombo-radiculalgies chroniques le plus souvent post-opératoires, il
est demandé aux patients leur pourcentage de soulagement et de satisfaction de la technique.
Il considère comme :
- bons les résultats supérieurs à 70 %
- moyens ceux entre 40 et 70 %
- médiocres ceux entre 10 et 40 %
- échecs ceux inférieurs à 10 % ou en cas d’ablation de matériel.
Appliqués à notre étude, ces résultats donnent :
Notre étude
(12 mois de recul)
Étude de PD. Hieu
(42 mois de recul)
Bons résultats 62,5 % 63,6 %
Moyens 12,5 % 22 %
Médiocres 12,5 % 6,5 %
Inférieurs à 10 % ou ablation 12,5 % 7,9 %
189
C. Évolution de la consommation médicamenteuse
Dans notre étude, ce critère est objectif. Nous avons recueilli, dans le dossier médical ainsi
que dans les doubles des ordonnances remises aux patients et conservées dans le dossier
médical, les prescriptions de traitements avant implantation, à 1 mois, à 3 mois, à 6 mois et à
12 mois.
Nous avons relevé les traitements antalgiques : non opioïdes (Paracétamol, Célécoxib),
opioïdes faibles (Tramadol), opioïdes forts (Clorhydrate d’oxycodone et Sulfate de
morphine), antidépresseurs (Amitriptyline), antiépileptiques (Gabapentine, Prégabaline), ainsi
que les traitements anxiolytiques (Clorazépate dipotassique, Alprazolam).
Aucun patient ne prend de traitement myorelaxant.
De nombreuses études de la littérature relèvent l’évolution du nombre de molécules. Ce
critère est intéressant mais ne reflète parfois pas à lui seul l’évolution réelle de la prise
médicamenteuse. En effet, un patient peut voir ses posologies considérablement diminuer,
mais avoir toujours le même nombre de molécules prescrites sur son ordonnance. Il semble
donc pertinent d’analyser, en plus de la variation du nombre de molécules, la variation des
posologies de chaque molécule prescrite.
Dans notre étude, tous les patients ont vu leur posologie diminuer, du moins au début de leur
prise en charge post-implantation. Par contre, au fil du temps, certains se maintiennent à cette
diminution de posologie, tandis que d’autres reviennent à leur dosage initial.
Si on cible les posologies des traitements, 3 patients dépassent même leur dosage initial :
M. C, M. G et M. M.
M. C présente une complication à type d’électrode non fonctionnelle, qui a pour conséquence
des ré-interventions ; il consomme, de ce fait, plus d’antalgiques lors des périodes pendant
lesquelles la stimulation médullaire est retirée.
M. G présente une complication infectieuse puis une complication d’électrode positionnelle :
de même, il doit rester sans stimulation médullaire pendant certaines périodes (explantation) :
les conséquences des interruptions de la technique se répercutent sur l’augmentation de sa
consommation médicamenteuse.
190
M. M décrit une recrudescence de ses douleurs lombaires, qui s’expriment au premier plan
depuis que ses douleurs radiculaires sont atténuées par la stimulation médullaire. Il utilise
donc la TENS en lombaire, et a tendance à augmenter sa consommation médicamenteuse en
raison de la lombalgie.
Trois études rétrospectives analysent les résultats sur des séries de 254 à 692 patients avec un
recul de 4 à 22 ans (54,73,83). Dans tous les cas, une diminution de la consommation de
médicaments (antalgiques, anti-dépresseurs…) a été rapportée après l’implantation du
stimulateur médullaire.
Dans l’étude de JP. Van Buyten et al. (73), la consommation de médicaments pour le
traitement de la douleur a été réduite de plus de 50 %.
RS Taylor et al. (86) ont 53 % de leur population qui ne prend plus d’antalgiques.
Il est aussi intéressant de voir le versant médico-économique dans l’étude de S. Blond et al. en
2004 (88), avec une réduction du coût de 64 % à deux ans (médicaments, consultations).
RB. North et al., dans leur étude comparative (entre électrode percutanée et électrode
chirurgicale) en 2005 (85), relèvent que 9 patients implantés par voie chirurgicale et 4 patients
implantés par voie percutanée ont réduit voire totalement arrêté leur traitement
médicamenteux (résultat significatif p < 0,05).
D. Évolution de la situation professionnelle
À 12 mois de l’implantation, 5 patients n’ont pas eu de changement au niveau professionnel,
et restent en arrêt de travail/invalidité. Il est intéressant de souligner qu’un patient reprend son
travail de chauffeur routier 4 mois après l’implantation, que le patient ecclésiastique reprend
une activité seulement 1 mois après l’implantation et qu’un troisième poursuit ses activités de
prestidigitateur 9 mois après l’implantation.
191
JA. Turner et al., en 1995, publient une méta-analyse (89) de 39 séries, qui rapporte un taux
de succès d’environ 60 % après un an d’utilisation ; ce taux diminue avec le temps pour n’être
plus que de 35 % à dix ans. Cependant, seuls 13 % des patients reprennent une activité
professionnelle.
Dans l’étude de RS. Taylor et al. (86), 40 % de la population reprend le travail.
Dans sa publication en 1997, B. Fassio (90) décrit que les sujets candidats à l'implantation
ont tous à leur actif un lourd passé chirurgical, avec des prises médicamenteuses importantes à
l'origine d'un arrêt prolongé de leur activité de travail rémunéré. Il constate que 80% de ces
cas, soit 44 patients, étaient en invalidité dans le cadre de la Sécurité Sociale et ont conservé
ce statut après implantation. Seulement 20% ont repris une activité professionnelle.
Par contre, dans une étude réalisée chez 43 patients âgés de 50,7 ans en moyenne, S. Blond et
al. (91) ont objectivé une amélioration très importante de l’activité socio-professionnelle : 13
patients étaient initialement en arrêt de travail. Ils ont pu observer les évolutions
suivantes suite à l’implantation : reprises de travail sous forme de stages, contrats à durée
déterminée, ainsi que des postes aménagés. Seul 1 patient sur 13 est resté en arrêt de travail.
E. Fréquence d’utilisation de la stimulation
3 patients utilisent l’appareil 24h sur 24h, donc même la nuit. Ils l’arrêtent lors de la conduite
automobile ou lors de situations pouvant être dangereuses (bricolage…).
5 patients l’utilisent de façon intermittente, dont un patient qui ne l’utilise quasiment plus au
terme de 7 mois du fait d’une complication.
192
VI. COMPLICATIONS
Au cours de cette étude, nous avons rencontré trois sortes de complications :
- électrode positionnelle (pour trois cas)
- dysfonction d’électrode (pour un cas)
- infection de matériel (pour un cas)
3 des 8 patients ont eu une complication à type d’électrode trop positionnelle. Pour un des cas,
ce problème a entraîné au bout de 7 mois une quasi-inutilisation de l’appareil, le patient
ressentant des décharges électriques à la place des paresthésies. Il a été explanté en février
2013 pour envisager par la suite une électrode chirurgicale.
L’autre cas a subi un problème d’électrode positionnelle mais lors de la phase test. De ce fait,
ceci a été résolu lors de l’implantation définitive par l’ajout d’une seconde électrode pour
couvrir de façon bilatérale le territoire douloureux.
Pour le dernier cas, une nouvelle électrode a été implantée lors d’un changement de matériel
du fait d’une complication infectieuse ; cette dernière a été trop positionnelle.
En vue de réduire au maximum les complications d’électrodes trop positionnelles, l’équipe
d’Avranches a, par la suite, insisté sur la réalisation de radiographies per-opératoires sous
scopie non seulement de face mais aussi de profil, car ce dernier détecte la position
éventuellement antérieure de l’électrode.
Un patient a rencontré une dysfonction d’électrode, sur plusieurs plots. Une nouvelle
électrode a donc été implantée. Ceci a été déclaré auprès de la matério-vigilance.
Enfin, une complication infectieuse a été observée chez un patient. À 11 jours de la première
implantation définitive, il a présenté une fièvre à 38°C avec un écoulement séro-hématique
discrètement purulent des deux cicatrices d’interventions (lombaire et abdominale). Il
présentait de plus des signes biologiques inflammatoires. Les prélèvements locaux
effectués ont retrouvé des Staphylocoques Aureus sensibles à la Méticilline. Le protocole a
193
donc été appliqué, avec antibiothérapie par Cloxacilline intraveineuse puis per os. Mais,
malgré ce traitement, une nouvelle collection muco-purulente s’est créée en regard de la
cicatrice abdominale, donc il a été décidé de retirer tout le matériel implanté. Nous avons posé
une hypothèse quant à cette complication infectieuse : lors de la tunnellisation au cours du
second temps opératoire, un hématome de paroi s’est constitué : il pourrait être un élément
favorisant de cette infection. Par la suite, ce patient a présenté une autre complication à type
d’électrode trop positionnelle : il a donc été à nouveau implanté à l’aide d’une électrode
chirurgicale.
Dans la littérature, les auteurs (89,92–94) mettent en évidence un taux global de
complications de l’ordre de 33 % et proposent classiquement de les classer en 3 catégories :
- les complications biologiques : infection, hématome, fuite de liquide cérébro-spinal
- les complications liées au matériel : migration ou fracture d’électrode, fracture du
câble d’extension, déconnexions, dysfonction du neurostimulateur implanté…
- les effets indésirables liés à l’implantation ou la stimulation : douleurs au site
d’implantation du stimulateur, perte d’efficacité, stimulation intermittente ou
sensations désagréables avec paresthésies inconfortables.
Ces complications sont le plus souvent mineures et réversibles et doivent plus être considérées
comme des ajustements au cours de l’histoire du patient (95).
Seules les infections et l’hématome épidural (exceptionnel) doivent être considérés comme
des complications sévères. L’infection (à Staphylococcus Épidermidis ou Aureus dans 48 %
des cas (96)) nécessite l’ablation du matériel et une antibiothérapie.
Dans le cas de la pose d’une électrode par voie percutanée, ces infections sont la plupart du
temps liées à une contamination endogène par la flore cutanée du patient lors de la phase test,
et beaucoup plus rarement liées à l’activité de soins (exogènes).
Notre étude étant ciblée sur la voie percutanée, nous avons recherché dans la littérature des
publications ne tenant compte que de cette voie, mais les articles sont rares, car la plupart du
194
temps, il est abordé à la fois l’implantation par voie percutanée et par voie chirurgicale (les
deux voies étaient utilisées en fonction des profils des patients dans la même étude).
L’étude de R. Bougeard (75) comporte 95 % d’implantations par voie percutanée, donc est
intéressante dans notre cas. Il décrit un taux global de complications de 30,5 %, avec 10,5 %
de migration d’électrode, 9,5 % de fracture d’électrode ou d’extension, 5,7 % d’infection.
Dans une autre publication, R. Bougeard (95) publie un tableau comparatif des revues de la
littérature sur les complications de la stimulation médullaire :
Tableau 25 - Comparaison des revues de la littérature sur les complications de la stimulation
médullaire
Le taux de complications global varie de 32 % à 36,1 %.
Les complications infectieuses sont retrouvées dans 3,4 % à 8 % des cas.
Nous n’avons pas noté dans la littérature de différence majeure sur le plan infectieux entre les
implantations par voie percutanée et celles par voie chirurgicale.
Y. Lazorthes et al. (54) décrivent que, pour les échecs d’ordre technique, une stimulation
médullaire induisant des paresthésies électriques recouvrant une zone trop limitée du territoire
195
de la douleur représente la cause essentielle d’inefficacité. Un seul déficit neurologique à type
de paraparésie transitoire est rapporté en 20 ans pour une série de 692 patients et de 1282
patients ayant subi un test percutané de stimulation médullaire.
Dans la méta-analyse de 22 séries rétrospectives (830 patients) publiée par JA. Turner en
2004 (93), les complications ont une fréquence variable selon les équipes et les techniques :
34,3 % (moyenne) des patients implantés avaient au moins une complication dont 23,1 % une
révision chirurgicale. Le pourcentage moyen d’infection superficielle est de 4,5 % ; le
pourcentage moyen d’infection profonde est de 0,1 %. Les complications les plus fréquentes
sont liées à un dysfonctionnement du matériel implanté (migration, déconnexion, fracture),
nécessitant une ré-intervention chirurgicale. Aucune complication grave entraînant des
séquelles neurologiques ou une majoration des douleurs n’est rapportée dans ces 22 séries de
cas.
Tableau 26 - Taux de complications de la stimulation médullaire rapportés dans 22 séries
rétrospectives correspondant à 830 patients (d’après JA. Turner et al. (93)) (52)
K. Kumar et al. (82) décrivent des complications sur 24 mois pour 45 % des patients, dont 31
% ont une révision chirurgicale. Il est à noter que les complications ne diminuent pas la
satisfaction des patients : parmi les personnes ayant subi une révision chirurgicale, 89 % ont
indiqué que « d’après leur expérience à ce jour, elles recommenceraient le traitement ». Dans
sa revue de la littérature des complications en 2007 (97), K. Kumar émet des
recommandations :
- les complications apparaissent dans les trois premières années
- elles sont bénignes et réversibles
- elles ne modifient pas l’adhésion au traitement
- elles concernent majoritairement des problèmes de techniques chirurgicales.
196
La revue de 20 ans de littérature publiée par T. Cameron et al. en 2004 (94) retrouve un taux
global de complications à 36,1 % avec :
Complications d’ordre matériel : 27,2 %
Migration d’électrode : 13,2 %
Fracture d’électrode/d’extension : 9,1 %
Défaillance de la batterie : 1,6 %
Dysfonctionnement du matériel : 2,9 %
Déconnexion : 0,4 %
Effets indésirables de la stimulation : 4,9 %
Stimulation indésirable : 2,4 %
Douleur au site d’implantation : 0,9 %
Autres : 1,6 %
Complications biologiques : 4 %
Infection : 3,4 %
Désunion de cicatrice ou érosion cutanée : 0,2 %
Fuite/accumulation de LCR : 0,3 %
Hématome extra-dural : 0,03 %
197
RB. North et al., dans leur étude comparative (entre électrode percutanée et électrode
chirurgicale) en 2005 (85), relèvent un taux de complications mécaniques et de migration plus
élevé avec les électrodes cylindriques percutanées qu’avec les électrodes plates chirurgicales.
Une publication de M. Delaplace en 2010 (98) fait état de deux cas originaux d’éruption
cutanée en regard d’une neurostimulation cordonale postérieure : un cas documenté de
réaction à corps étranger sur les silicones des électrodes ou du connecteur d’un
neurostimulateur et un cas d’eczéma de contact aux silicones du dispositif.
K. Kumar et al. ont publié sur 22 ans (83) : sur un groupe de 328 patients bénéficiant de la
stimulation médullaire, 21,5 % ont eu un déplacement d’électrode, 5,9 % des fractures
d’ électrodes et 3,4 % des infections.
198
VII. RECHERCHE DE L’EXISTENCE DE
FACTEURS PRÉDICTIFS À L’EFFICACITÉ
DE LA STIMULATION MÉDULLAIRE
Nous avons cherché l’existence de facteurs prédictifs à l’efficacité de la neurostimulation.
Notre échantillon étant petit, nous n’avons pas pu statistiquement isoler des paramètres
pouvant influer sur l’efficacité de la thérapie ni montrer l’existence de lien entre un critère
défini au préalable et l’efficacité de la neurostimulation.
L’âge, le délai entre le début de la période d’inactivité et l’implantation, le délai entre
l’apparition des douleurs neuropathiques et l’implantation, le délai entre le début de la
pathologie lombaire et l’implantation, le nombre de facteurs de risques professionnels, la
satisfaction au travail, la situation financière, la présence ou non d’un déficit moteur, la
présence ou non d’un déficit sensitif, le nombre d’interventions chirurgicales préalables : dans
notre étude, aucune de ces données n’influe sur l’efficacité de la simulation médullaire.
Tous les patients recrutés ont bénéficié de TENS avant d’être implantés.
L’hypothèse d’une relation d’efficacité entre la TENS et la stimulation médullaire semble
envisageable. Pourtant, nous ne notons pas de corrélation entre les patients pour lesquels la
TENS était efficace et les patients pour lesquels la stimulation médullaire est efficace, et
inversement.
Un patient utilise à nouveau la TENS même après son implantation car il décrit une
recrudescence de ses douleurs lombaires, qui s’expriment maintenant au premier plan, depuis
que ses douleurs radiculaires sont bien soulagées par la stimulation médullaire.
199
S. Blond, dans son commentaire faisant suite à la publication de Y. Lazorthes et al. (54),
rappelle que la TENS, même en cas de douleurs bien limitées sur le plan métamérique, n’a
aucune valeur prédictive quant à l’effet de la stimulation médullaire.
De même, D. Fontaine dans son article en 2011 (52) décrit que l’efficacité de la TENS est
jugée peu prédictive de celle de la stimulation médullaire et donc peu fiable en tant que test de
sélection des patients.
200
CONCLUSION
201
La stimulation médullaire a acquis une place déterminante dans la chirurgie moderne de la
douleur, d’autant plus qu’elle permet de contrôler des douleurs rebelles pour lesquelles il
existe peu d’alternatives thérapeutiques.
C’est une technique bénéfique, sous couvert d’une sélection rigoureuse des indications à
l’implantation.
Notre étude confirme l’intérêt de la stimulation médullaire dans le traitement des lombo-
radiculalgies chroniques post-opératoires, et met en évidence des complications, qui ont aussi
été observées dans la littérature. Nous n’avons pas retrouvé l’existence de facteurs prédictifs à
l’efficacité de la stimulation médullaire.
L’arrivée récente d’un nouveau dispositif de fixation permettra de limiter le nombre de
migrations parfois observées lors de la pose d’électrode percutanée.
La stimulation médullaire doit être réalisée par des équipes formées aux bonnes pratiques
d’implantation, permettant ainsi de minimiser le taux d’évènements indésirables.
L’avenir des techniques de neuromodulation est prometteur : il est sous-tendu par les progrès
de la biotechnologie médicale, laissant espérer la mise en place d’électrodes plus fines, mieux
adaptées au site de stimulation et à leur environnement fonctionnel.
De plus, l’amélioration des techniques de neuromodulation est directement liée à une
connaissance de plus en plus précise du fonctionnement du système nerveux central sans
omettre, par ailleurs, les progrès de l’imagerie médicale incluant notamment les différents
aspects de l’imagerie fonctionnelle ainsi que le développement de l’électrophysiologie per-
opératoire, l’ensemble permettant d’affiner les cibles stéréotaxiques.
202
Les deux voies d’implantation ont toutes deux leur place, chacune avec leurs propres
caractéristiques :
- la voie percutanée, dans les indications de douleurs neuropathiques périphériques
notamment radiculaires, dont les électrodes sont de plus en plus faciles à mettre en
place, avec pour objectif de réduire le taux de complications lié à cette technique,
- la voie chirurgicale, avec le développement d’électrodes de plus en plus sophistiquées,
larges, avec de plus en plus de plots de stimulation, afin de traiter des patients dont la
pathologie douloureuse est complexe. En effet, elle pourrait avoir une efficacité sur un
territoire plus étendu et sur la composante lombaire neuropathique, en plus de son
action sur la radiculalgie.
Depuis la fin de l’étude, 4 autres patients ont été implantés par voie percutanée avec de bons
résultats et l’absence de complication. L’expérience a montré qu’il est indispensable de
réaliser des clichés radiographiques de face, mais aussi de profil, et cela dès le premier temps
opératoire. En effet, le cliché de profil permet de s’assurer de la bonne position de
l’électrode : si par exemple cette dernière vient au contact d’une racine, le cliché de face ne
sera pas suffisant. Déceler cette malposition d’électrode sur le cliché de profil en per-
opératoire évite ainsi que le patient ressente une gêne à postériori de l’intervention.
La stimulation médullaire doit s’inscrire dans une démarche de prise en charge globale, et non
comme une alternative unique alors que toutes les autres thérapeutiques ont échoué.
Le bénéfice obtenu doit ainsi permettre d’aboutir à la réalisation des objectifs définis
initialement avec le patient.
Un suivi pluridisciplinaire régulier après l’implantation est donc le gage d’une amélioration
durable.
203
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214
ANNEXES
215
ANNEXE 1
QUESTIONNAIRE DE RECUEIL DES DONNÉES
I. CARACTÉRISTIQUES DU PATIENT
Sexe : M F
Situation familiale :
Célibataire En union libre Pacsé, Marié Séparé, Divorcé Veuf
Situation professionnelle :
Actif : (Profession ……………………………..……………...…………………....………)
Inactif : (Profession : ……………………………………………………………………..…)
Arrêt de travail : Lié à la pathologie ayant justifié l’implantation. Depuis :
Au titre d’accident de travail – maladie professionnelle. Depuis :
Au titre de longue maladie. Depuis :
Sans profession
Personne au foyer
Chômage
Invalidité. Depuis :
Liée à la pathologie ayant justifié l’implantation
Délai entre le début de la période d’inactivité et l’implantation (en mois) :
<3mois 3-12 mois 12-24 mois > 24 mois
Facteurs de risque (manutention lourde, vibrations corps entier, postures pénibles…) :
Lesquels : …………………….……….…………………………………..
Satisfaction au travail : Bonne Mauvaise
Aménagement du poste de travail : Oui Non
Changement du poste de travail : Oui Non
Situation financière : Pas de difficulté Difficile
216
II. DONNÉES SUR LA PATHOLOGIE
Antécédents de pathologies lombaires : ……………..……………………………..............
Délai entre l’évolution de la pathologie lombaire initiale et l’implantation :
<3mois 3-12 mois 12-24 mois > 24 mois
Âge du patient au début de la pathologie lombaire initiale : ……. ans
Étiologie de la douleur actuelle : ……………………………………..…………….……….
Délai entre l’apparition des douleurs neuropathiques post-opératoires et l’implantation
(en mois) :
<3mois 3-12 mois 12-24 mois > 24 mois
Âge au moment de l’implantation : ….… ans
Évaluation de l’intensité de la douleur (Échelle Numérique) avant l’implantation: … / 10
Dans le cadre de la pathologie de lombo-sciatique chronique post-opératoire :
Douleur selon un trajet radiculaire : Oui Non
Déficit moteur : Oui Non
Déficit sensitif : Oui Non
Termes évoquant la présence d’une douleur neuropathique :
Brûlures Sensation de froid douloureux Décharges électriques Fourmillements
Picotements Engourdissements Démangeaisons Hypoesthésie au tact
Hypoesthésie à la piqûre Allodynies Etau
217
III. DONNÉES SUR LA PRISE EN CHARGE
Évaluation psychologique / psychiatrique : Oui Non
Validation en consultation pluri-disciplinaire : Oui Non
Prise en charge thérapeutique :
Nombre d’interventions chirurgicales préalables :……........................................
Types d’interventions chirurgicales préalables : …………………......................
Traitements antalgiques avant l’implantation :
Nombre de molécules : ………….……………………................
Antalgiques non opioïdes : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………….……….........................
Antalgiques opioïdes faibles : Oui Non
Lesquels + Dosage :
……….…………….........................
Antalgiques opioïdes forts : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………..………............................
Traitements adjuvants :
Anti-dépresseurs : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………...………...........................
Anti-épileptiques : Oui Non
Lesquels + Dosage :
………………..…............................
Myorelaxants : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………..………............................
Anxiolytiques : Oui Non
Lesquels + Dosage :
………………...…...........................
Infiltration : Oui Non
Kinésithérapie : Oui Non
Neurostimulation trans-cutanée : Oui Non
Si Oui, efficacité ? :
Très Bonne Bonne Moyenne Faible
218
Examens complémentaires pré-implantation :
IRM : ………………………………………..….……………………………….........................
EMG : …………………………………………………………………………...........................
PES : ………………………………..…….……………………………………..........................
Indication à une implantation par neuro-stimulation : ……………………………….…….
219
IV. DONNÉES SUR LA PHASE TEST DE PRÉ-
IMPLANTATION
Date de pré-implantation : …………………………………………………………..………..
Modèle d’électrode : …………………………………………………………………………..
Niveau de la ponction péridurale : ………….………………………………………………..
Niveau de placement de l’électrode : ………..………………………………………………..
Niveau médullaire de ressenti de stimulation : ………………………..……………….……
Durée de la phase test : ………………………………………………………………………..
Efficacité : ………………………………….…………………………………………………..
Complications : ………………………………………………….……………………………..
V. DONNÉES SUR LA PHASE D’IMPLANTATION
DÉFINITIVE
Date d’implantation : ……………...…………………………………………………………..
Modèle d’électrode : ………………….………………………………………………………..
Incidents opératoires : ……………….………………………………………………………..
Niveau médullaire de ressenti de stimulation : ………….………….…….…………………
220
VI. DONNÉES DE SUIVI
Page de questionnaire remplie à 7 reprises pour les périodes :
2 jours, 7 jours, 14 jours, 1 mois, 3 mois, 6 mois, 12 mois
Efficacité du traitement : Intensité de la douleur (Échelle Numérique) à :
2 jours :
7 jours :
14 jours :
1 mois :
3 mois :
6 mois :
12 mois :
Pourcentage de satisfaction de la stimulation : ……. %
Couverture du territoire : ……… %
221
Traitement après l’implantation :
Nombre de molécules : ……………….…………………………
Antalgiques non opioïdes : Oui Non
Lesquels + Dosage :
……………………….…………….
Antalgiques opioïdes faibles : Oui Non
Lesquels + Dosage :
……………………….…………….
Antalgiques opioïdes forts : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………………….……………….
AINS : Oui Non
Lesquels + Dosage :
………………….….………………
Anti-dépresseurs : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………………..…………………
Anti-épileptiques : Oui Non
Lesquels + Dosage :
………………..……………………
Anxiolytiques : Oui Non
Lesquels + Dosage :
……………...……...………………
Myorelaxants : Oui Non
Lesquels + Dosage :
…………......………………………
Autre(s) : Oui Non
Lesquels + Dosage :
……………………..………………
Infiltration : Oui Non
Kinésithérapie : Oui Non
Neurostimulation trans-cutanée : Oui Non
Si Oui, efficacité ? :
Très Bonne Bonne Moyenne Faible
222
Complications :
Précoces …………………………………...…………………….
Tardives : ……………………...………….……………….…….
Changement de matériel : Oui Non
Reprise du travail : Oui Non
Si oui, au bout de combien de temps après l’implantation : ….....
223
ANNEXE 2
Évolution de la consommation médicamenteuse et non
médicamenteuse pour chaque patient
Un code couleur a été utilisé dans ces tableaux afin de clarifier les données ; il se définit
ainsi :
La couleur blanche représente la situation initiale du patient, et la non présence du traitement
par la suite.
La couleur jaune représente une situation de stagnation, de non évolution soit du nombre de
molécules, soit de la posologie.
La couleur verte représente une diminution du nombre de molécules ou une diminution de la
posologie du traitement, donc une évolution favorable.
La couleur rouge représente une augmentation du nombre de molécules ou une augmentation
de la posologie du traitement, donc une évolution défavorable.
224
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. C :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
3
3
0 %
3
0 %
3
0 %
3
0 %
Antalgiques
non opioïdes Non Non Non Non Non
Antalgiques
opioïdes faibles
Tramadol
250 mg
Tramadol
200 mg
- 20 %
Tramadol
50 mg
- 80 %
Tramadol
50 mg
- 80 %
Tramadol
200 mg
- 20 %
Antalgiques
opioïdes forts Non Non Non Non Non
Antidépresseurs
Amitriptyline
50 mg
Amitriptyline
50 mg
0 %
Amitriptyline
50 mg
0 %
Amitriptyline
25 mg
- 50 %
Amitriptyline
50 mg
0 %
Antiépileptiques
Gabapentine
900 mg
Gabapentine
900 mg
0 %
Gabapentine
600 mg
- 33 %
Gabapentine
300 mg
- 67 %
Gabapentine
1800 mg
+ 100 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques
Clorazépate
dipotassique
30 mg
Clorazépate
dipotassique
30 mg
0 %
Clorazépate
dipotassique
20 mg
- 33 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. C :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Non Non Non
TENS Oui, EN
passe de 5 à 2
Soulagement
de 60 %
Utilisation
12h/24h
Non Non Non Non
225
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. De :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
3
2
- 33 %
1
- 67 %
1
- 67 %
3
0 %
Antalgiques
non opioïdes Non Non Non Non Non
Antalgiques
opioïdes faibles Non Non Non Non Non
Antalgiques
opioïdes forts
Chlorydrate
d’oxycodone
LP + LI
70 mg
Chlorydrate
d’oxycodone
LI
30 mg
- 57 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Sulfate de
morphine
70 mg
(équivalant à
35 mg de
Chlorydrate
d’oxycodone)
- 50 %
Antidépresseurs Non Non Non Non Non
Antiépileptiques
Gabapentine
240 mg
Gabapentine
240 mg
0 %
Gabapentine
240 mg
0 %
Gabapentine
240 mg
0 %
Gabapentine
240 mg
0 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques Non Non Non Non Non
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. De :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Non Non Non
TENS Oui
EN passe de
8 à 5
Soulagemen
t de 37,5 %
Utilisation
12h/24h
Non Non Non Non
226
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. Du :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
3
0
- 100 %
0
- 100 %
0
- 100 %
2
- 33 %
Antalgiques
non opioïdes
Paracétamol
3 g
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Paracétamol
3 g
0 %
Antalgiques opioïdes
faibles
Tramadol
200 mg
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Antalgiques opioïdes
forts Non Non Non Non Non
Antidépresseurs Non Non Non Non Non
Antiépileptiques
Prégabaline
200 mg
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Prégabaline
100 mg
- 50 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques Non Non Non Non Non
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. Du :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Non Non Non
TENS Oui
EN passe de
8 à 6
Soulagement
de 25 %
A rendu
l’appareil
Non Non Non Non
227
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. G :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
3
2
- 33 %
3
0 %
3
0 %
3
0 %
Antalgiques
non opioïdes
Paracétamol
3 g
Non
- 100 %
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Antalgiques opioïdes
faibles
Tramadol
200 mg
Tramadol
200 mg
0 %
Tramadol
150 mg
- 25 %
Tramadol
300 mg
+ 50 %
Tramadol
300 mg
+ 50 %
Antalgiques opioïdes
forts Non Non Non Non Non
Antidépresseurs Non Non Non Non Non
Antiépileptiques
Gabapentine
2400 mg
Gabapentine
1500 mg
- 37,5 %
Gabapentine
2700 mg
+ 12,5 %
Gabapentine
2700 mg
+ 12,5 %
Gabapentine
2700 mg
+ 12,5 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques Non Non Non Non Non
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. G :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Non Non Non
TENS Oui
EN passe de
8 à 2
Soulagement
de 75 %
Utilisation
4h/24h
Non Non Non Non
228
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. H :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
1
0
- 100 %
0
- 100 %
0
- 100 %
0
- 100 %
Antalgiques
non opioïdes Non Non Non Non Non
Antalgiques opioïdes
faibles Non Non Non Non Non
Antalgiques opioïdes
forts Non Non Non Non Non
Antidépresseurs
Amitriptyline
25 mg
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Antiépileptiques Non Non Non Non Non
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques Non Non Non Non Non
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. H :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Non Non Non Non Non
TENS Oui
EN passe de
5 à 1
Soulagement
de 80 %
Utilisation
24h/24h
Non Non Non Non
229
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. La :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
2
0
- 100 %
0
- 100 %
0
- 100 %
0
- 100 %
Antalgiques
non opioïdes
Celecoxib
200 mg
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Antalgiques opioïdes
faibles Non Non Non Non Non
Antalgiques opioïdes
forts Non Non Non Non Non
Antidépresseurs Non Non Non Non Non
Antiépileptiques Gabapentine
300 mg
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques
Alprazolam
0,75 mg
Alprazolam
0,50 mg
- 33 %
Alprazolam
0,50 mg
- 33 %
Alprazolam
0,50 mg
- 33 %
Alprazolam
0,50 mg
- 33 %
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. La :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Oui Oui Oui
TENS Oui
EN reste
stable à 7
Soulagement
de 0 %
A rendu
l’appareil
Non Non Non Non
230
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. Le :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
4
4
0 %
4
0 %
3
- 25 %
3
- 25 %
Antalgiques
non opioïdes
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Paracétamol
3 g
0 %
Antalgiques opioïdes
faibles Non Non Non Non Non
Antalgiques opioïdes
forts
Sulfate de
morphine
LP + LI
75 mg
0 %
Sulfate de
morphine
LP + LI
75 mg
0 %
Sulfate de
morphine
LP + LI
75 mg
0 %
Sulfate de
morphine
LP + LI
75 mg
0 %
Sulfate de
morphine
LP + LI
100 mg
+33 %
Antidépresseurs Non Non Non Non Non
Antiépileptiques
Gabapentine
900 mg
Gabapentine
900 mg
0 %
Gabapentine
900 mg
0 %
Non
- 100 %
Non
- 100 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques Non Non Non Non Non
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. Le :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Non Non Non
TENS Oui
EN passe de
8 à 5
Soulagement
de 37,5 %
Utilisation
4h/24h
Non Non Non Non
231
Évolution de la consommation médicamenteuse de M. M :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Nombre de
molécules
5
4
- 20 %
5
0 %
5
0 %
5
0 %
Antalgiques
non opioïdes
Non
Non
Paracétamol
3g
+ 100 %
Paracétamol
3g
+ 100 %
Paracétamol
3g
+ 100 %
Antalgiques
opioïdes faibles Non Non Non Non Non
Antalgiques
opioïdes forts
Chlorhydrate
d’oxycodone
LP + LI
120 mg
Chlorhydrate
d’oxycodone
LP + LI
90 mg
- 25 %
Chlorhydrate
d’oxycodone
LP + LI
160 mg
+ 33 %
Chlorhydrate
d’oxycodone
LP + LI
140 mg
+ 17 %
Chlorhydrate
d’oxycodone
LP + LI
160 mg
+ 33 %
Antidépresseurs
Amitriptyline
50 mg
et
Clomipramine
75 mg
(soit au total
125 mg)
Amitriptyline
50 mg
- 60 %
Amitriptyline
75 mg
- 40 %
Amitriptyline
50 mg
- 60 %
Amitriptyline
50 mg
- 60 %
Antiépileptiques
Prégabaline
400 mg
Prégabaline
300 mg
- 25 %
Prégabaline
150 mg
- 62,5 %
Prégabaline
150 mg
- 62,5 %
Prégabaline
400 mg
0 %
Myorelaxants Non Non Non Non Non
Anxiolytiques
Clonazepam
45 gouttes
Clonazepam
35 gouttes
- 22 %
Clonazepam
35 gouttes
- 22 %
Clonazepam
35 gouttes
- 22 %
Clonazepam
35 gouttes
- 22 %
Évolution de la consommation non médicamenteuse de M. M :
Avant A 1 mois A 3 mois A 6 mois A 12 mois
Infiltration Oui Non Non Non Non
Kinésithérapie Oui Non Oui Oui Oui
TENS Oui EN passe de
7 à 4
Soulagement de
43 %
Utilisation 6h/24h
Non Non Oui
Efficacité :
Bonne, sur
la barre
lombaire
Oui
Efficacité :
Bonne, sur
la lombalgie
232
« Par délibération de son Conseil en date du 10 Novembre 1972, l’Université n’entend
donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les thèses ou mémoires.
Ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs ».
233
VU, le Président de Thèse
VU, le Doyen de la Faculté
VU et permis d’imprimer
en référence à la délibération
du Conseil d’Université
en date du 14 Décembre 1973
Pour la Présidente
de l’Université de CAEN et P.O
Le Doyen
234
TITRE DE LA THÈSE :
Traitement des douleurs neuropathiques par neuromodulation :
la stimulation médullaire implantée par voie percutanée
à propos de 8 cas de lombo-radiculalgies chroniques post-opératoires
RÉSUMÉ :
Introduction : Initiée en 1967 à la suite des données fournies par la théorie du « Gate
Control », la stimulation médullaire est un traitement par neuromodulation des douleurs
chroniques neuropathiques rebelles, implantable par voie chirurgicale ou percutanée.
Proposée après évaluation par une équipe pluridisciplinaire, elle est une alternative aux
traitements conventionnels. La lombo-radiculalgie chronique post-opératoire représente en
France la principale indication à l’implantation.
Objectifs : L’objectif est d’évaluer l’efficacité et les complications de la stimulation
médullaire implantable par voie percutanée sur une cohorte de patients atteints de douleurs
neuropathiques, présentant un tableau de lombo-radiculalgie chronique post-opératoire.
Matériels et méthodes : Il s’agit d’une étude observationnelle rétrospective sur une cohorte
de patients avec un suivi de 12 mois.
Résultats : 8 patients sont inclus. À 12 mois de l’implantation, 5 patients (62,5 %) bénéficient
significativement d’un soulagement supérieur à 50 % de la douleur et 6 patients (75 %) ont un
taux de satisfaction compris entre 75 et 100 %. Les principales complications observées sont
une électrode dysfonctionnelle, trois électrodes positionnelles, et une infection de matériel.
Les résultats apparaissent en accord avec bon nombre de ceux de la littérature relatifs à la
voie percutanée.
Conclusion : La stimulation médullaire par voie percutanée est une technique bénéfique qui
nécessite une sélection rigoureuse des indications à l’implantation. Elle doit s’inscrire dans
une démarche de prise en charge globale et ainsi permettre d’aboutir à la réalisation des
objectifs définis initialement avec le patient.
MOTS CLÉS :
Douleur chronique - - Thérapeutique
Douleur de désafférentation - - Thérapeutique
Lombosciatique
Neurostimulation