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• N°103 • INDUSTRIES - AVRIL 2005 PAGE 11 CAHIER INDUSTRIES Les cahiers Industries sont disponibles en téléchargement sur internet : www.industrie.gouv.fr/accueil.htm Dossier réalisé par Laurence Chesnais, Florence Pijaudier-Cabot et Didier Willot. P. RICARD/MINÉFI TÉLÉVISION L’ÈRE DE LA TNT Utilisée depuis plusieurs années déjà pour la diffusion des images télévisées par l'intermédiaire du câble ou du satellite, la technologie numérique a gagné le 31 mars dernier le champ de la télévision hertzienne traditionnelle. L'évènement signifie qu'à échéance relativement brève – cinq à six ans, selon les experts – la quasi-totalité de nos concitoyens pourront recevoir par la voie terrestre une trentaine de programmes différents à la place des six chaînes nationales actuelles. Lancé à la fin de la dernière décennie, ce chantier important s'est déjà traduit par de nombreux investissements dans des domaines aussi variés que l'aménagement de la chaîne de diffusion des images, la production d'émissions télévisées et la fabrication des indispensables décodeurs. Industries présente ici les principaux enjeux d'un dossier qui intéresse la plupart des foyers français mais aussi un nombre significatif d'industriels.

Télévision: l'ère de la TNT · l'histoire de la télévision française, celle du lancement de la télévision numérique terrestre, désormais connue du grand public sous le sigle

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CAHIER INDUSTRIESLes cahiers Industries sont disponibles en téléchargement sur internet : www.industrie.gouv.fr/accueil.htm

Dossier réalisé par Laurence Chesnais, Florence Pijaudier-Cabot et Didier Willot.

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TÉLÉVISIONL’ÈRE DE LA TNT

Utilisée depuis plusieurs années déjà pour la diffusion des imagestélévisées par l'intermédiaire du câble ou du satellite, la technologie

numérique a gagné le 31 mars dernier le champ de la télévision hertziennetraditionnelle. L'évènement signifie qu'à échéance relativement brève

– cinq à six ans, selon les experts – la quasi-totalité de nos concitoyenspourront recevoir par la voie terrestre une trentaine de programmes différents

à la place des six chaînes nationales actuelles. Lancé à la fin de la dernièredécennie, ce chantier important s'est déjà traduit par de nombreuxinvestissements dans des domaines aussi variés que l'aménagement

de la chaîne de diffusion des images, la production d'émissions téléviséeset la fabrication des indispensables décodeurs. Industries présente

ici les principaux enjeux d'un dossier qui intéresse la plupart des foyersfrançais mais aussi un nombre significatif d'industriels.

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31 mars 2005 : une date essentielle dans

l'histoire de la télévision française, celle

du lancement de la télévision numérique

terrestre, désormais connue du grand

public sous le sigle « TNT ». Une tech-

nologie qui est aujourd'hui accessible à

plus d'un tiers de la population française.

Une chose est sûre : le lancement de la télé-vision numérique terrestre change engrande partie le PAF, paysage audiovisuelfrançais. Cette technologie, qui a pour

principe de base le codage de l'information en unesuite de 0 et de 1, s'est déployée à grande échelledans tous les secteurs, du compact disc au DVD, del'e-mail à la photographie, en passant par le télé-phone portable, avant d'investir les téléviseurs,révolutionnant sur son passage la qualité et la diver-sité des services offerts.

Les enjeux sont immenses et intéressent beaucoupde monde. Les opérateurs TV, car le numériqueabaisse les coûts de diffusion en autorisant le multi-plexage, c'est-à-dire, la diffusion sur un même canal,de plusieurs chaînes au lieu d'une seule. Ce qui per-mettra d'optimiser la gestion d'une ressource rare, les

fréquences hertziennes. Pour les téléspectateurs, la qualité

de l’image s’améliore : le numériqueoffre une qualité irréprochable del'image et du son. Outre la grandevariété des programmes, ils bénéfi-cieront d'une télévision interactiveavec toute une série de nouveauxservices : météo, informations, trafic,services bancaires, achats et réserva-tions, guide des programmes… Seulecontrainte : pour recevoir les chaînesnumériques, les foyers doivent équi-per leurs postes de télévision d'undécodeur et, pour certains, adapterleur antenne râteau. Une perspectiveintéressante enfin pour les industriels

de l'électronique qui voient dans la TNT un argu-ment décisif pour accélérer le renouvellement duparc de téléviseurs au profit des écrans plats, formats16/9e et autres « home-cinéma ».

La télédiffusion par ondes hertziennes est en coursde numérisation partout dans le monde. La télévi-sion numérique terrestre a fait son apparition auxEtats-Unis en 1998, en 2002 au Canada, au Japon en2003, et en Corée depuis 2001. En Europe, leRoyaume-Uni compte déjà plus de deux millionsd'abonnés. L'Italie, l'Allemagne (Berlin), la Finlande,la Suède et la Suisse en bénéficient également.

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Aujourd'hui, en France, la TNT arrive, après despréparatifs qui auront duré plusieurs années. Lesréflexions sur un projet de télévision numérique ter-restre ont débuté dès 1996, avec un premier rapportremis au ministre de la Culture et au ministre délé-gué aux Postes, aux Télécommunications et à l'Es-pace. L'année suivante, des groupes de travail sont misen place, l'un piloté par l'Agence nationale des fré-quences, l'autre par le ministère de l'Industrie sur leprojet de futur téléviseur numérique.

En 1998, la France lance les premières expéri-mentations. D'abord à Metz, puis lors de la 19e édi-tion des Universités d'été de la communication d'Hour-tin (Gironde) puis en Bretagne, avec une plate-formequi permet de valider l'ensemble de la chaîne dusignal numérique en grandeur réelle. Parallèlement àces expérimentations, le gouvernement met en chan-tier son projet de loi sur l'audiovisuel. Un rapport estremis en 1999 au ministre de la Communication pardeux spécialistes du PAF, Jean-Pierre Cottet, et GérardEymery. De son côté, le Conseil supérieur de l'au-diovisuel (CSA) affiche ses positions sur la TNT : celle-ci devra obéir à des principes de concurrence, dediversité et de pluralisme.

Priorité d’accèsaux chaînes publiques

C'est en 2000 que le départ est donné, avec la défi-nition, par la loi du 1er août modifiant la loi du 30 sep-tembre 1986, du cadre juridique de la télévision numé-rique terrestre. Un texte complété par la loi du 9 juillet2004 relative aux communications électroniques etaux services de communication audiovisuelle. Cestextes transposent notamment les directives euro-péennes sur les communications électroniques. Lesdécrets d'application nécessaires au lancement de latélévision numérique terrestre sont pris et, en sep-tembre de la même année, le CSA lance l'auditiondes parties intéressées. Autorité de régulation, le CSAa pour mission de choisir les chaînes privées aprèsappel à candidature, les chaînes publiques disposant,quant à elles, d'une priorité d'accès aux fréquences.Les chaînes analogiques existantes bénéficient éga-lement d'un droit de reprise en numérique.

Encore fallait-il faire de la place aux nouvelleschaînes. Suite aux deux rapports remis par Michel

Le temps de la télévis

Réunion detravail sur la

TNT avecPatrick

Devedjian àBercy le 29

mars dernier.

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on numérique terrestre

Boyon, conseiller d'Etat et ancien président de RadioFrance au Premier ministre en 2002 et en 2003,l'Agence nationale des fréquences, sous l'autorité duCSA, entreprend alors le réaménagement du spectrehertzien afin de permettre le déploiement de la TNTsans perturber la diffusion actuelle de la télévisionanalogique. Michel Boyon se voit par ailleurs confierpar le Premier ministre une mission d'accompagne-ment de la mise en place de la TNT.

L'année 2004 sera une année de préparation. Enjuin, le CSA fixe définitivement les dates du déploie-ment de la TNT. Une question se pose alors : pour-quoi ne pas profiter de la mise en place de la TNTpour introduire en France la télévision haute défini-tion, technologie sur laquelle la France a une lon-gueur d'avance ? La télévision haute définition sup-pose en effet d'utiliser un nouveau format decompression, le MPEG4 (au lieu du MPEG2 couram-ment utilisé pour la TNT), pour lequel la France estun spécialiste reconnu au niveau mondial. Pour ana-lyser cette opportunité, le Premier ministre confie àDaniel Boudet de Montplaisir, administrateur à l'As-semblée nationale et ancien directeur général deRadio France, une mission sur les modalités d'intro-duction du nouveau format de compression MPEG4sur l'ensemble des modes de diffusion possibles (hert-zien, câble, satellite, ADSL) et sur les équipementsde réception mobiles. De son côté, le Conseil géné-ral des technologies de l'information examine la tran-

sition entre la norme de compression MPEG2 etMPEG4 sur les différents vecteurs de la télévisionnumérique. Enfin, une étude est commandée parPatrick Devedjian, ministre délégué à l'Industrie, afinde faire le point sur les perspectives industrielles dela télévision haute définition en France, associantétroitement les industriels réunis au sein du HDForum, forum de la haute définition lancé au mois dejuillet.

Un forum pourla télévision mobile

En fin d'année 2004, le Premier ministre arrête défi-nitivement son choix : les chaînes gratuites serontlancées en mars 2005 sous norme MPEG 2, puis leschaînes payantes de septembre 2005 à février 2006,sous la norme MPEG4. La réécriture des arrêtés tech-niques permettant l'introduction de la nouvelle normefait actuellement l'objet d'une consultation publique.

Une décision qui permettra sans aucun doute unnouveau développement des technologies de l'in-formation et de la communication dans deux direc-tions principales : l'amélioration de la qualité del'image avec la haute définition et la diversification desusages avec la mobilité. Car demain, c'est sur lesécrans de nos téléphones mobiles, dans nos voituresou sur les téléviseurs portables que seront diffusés lesprogrammes. Pour préparer cette nouvelle évolution,le ministre de l'Industrie a d'ailleurs lancé, ennovembre 2004, un Forum de la télévision mobilecopiloté par l'ancienne présidente de la Société fran-çaise de production (SFP) Janine Langlois-Glandieret Dominique Roux, ancien membre de l'Autorité derégulation des télécommunications (ART). Ce forumréunit l'ensemble des intervenants : éditeurs et opé-rateurs de chaîne, opérateurs de transport et de dif-fusion, opérateurs mobiles et industriels.

La révolution numérique est en marche. En 2010,la diffusion analogique devrait disparaître. En effet,la loi sur les communications électroniques en a fixéle terme cinq ans après le début effectif des émis-sions en mode numérique, sous réserve de l'accorddu CSA. Une échéance soigneusement préparée dèsà présent, afin de ne laisser personne dans des zonesnon desservies et de réattribuer au mieux les fré-quences qui seront libérées. ■

Deux sites dédiés à la TNTSite officiel de la TNT, www.tnt-gratuite.fr, fournit uneprésentation pratique de la télévision numérique. Au menu :des informations sur la genèse de la TNT, l'offre deschaînes, les modalités de réception, le calendrier, etc. Unservice d'accueil téléphonique est organisé(08 90 64 2005) pour toute information complémentaire. Plus détaillé, notamment sur la programmation desnouvelles chaînes le site www.tvnt.net fournit également unannuaire des professionnels de la TNT (installateurs,revendeurs, grossistes…) ainsi que des fiches-produit(décodeurs, TV numériques, adaptateurs…) pour faciliter lechoix des consommateurs.

Lancementofficiel des14 chaînesgratuites le31 mars dernier.

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Gilles Brégant, secrétaire général de la

Mission pour l'économie numérique,

rappelle les grandes étapes de la mise en

œuvre de la télévision numérique terres-

tre dans notre pays.

Industries: Comment se sont organisés les pou-voirs publics pour mettre en place la télévisionnumérique terrestre ?

Gilles Brégant : C'est la loi sur la communicationaudiovisuelle d'août 2000 qui a organisé le cadre juri-dique de la TNT, en confiant sa mise en place auConseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Autoritéindépendante de régulation, le CSA a été chargé defixer les principes de la mise en place et d'arrêter lechoix des opérateurs. De même, c'est le CSA, avec l'ac-cord du gouvernement, qui a missionné l'Agencenationale des fréquences pour assurer les opérationsde réaménagement des fréquences. Enfin, les diffé-rentes administrations concernées à Bercy ainsi qu’àla Culture et à la Communication ont été chargéesde rédiger les arrêtés techniques. Dans la phase delancement de la TNT, une cellule de concertation aété créée, dont je fais partie, d'abord sous l'autoritéde Michel Boyon, puis actuellement de Daniel Bou-det de Montplaisir. Celle-ci réunit régulièrementl'ensemble des acteurs concernés par la TNT. Unecoordination indispensable entre les opérateurs, habi-tuellement concurrents, les diffuseurs, nouveaux surle métier depuis la fin du monopole de Télédiffusionde France (TDF), et les industriels.

Industries : Il n'y a donc pas, en France, destructure de pilotage comme le Digital Techni-cal Group qui a conduit la mise en place de laTNT au Royaume-Uni ?

Le calendrier de la TNTen France• 31 mars 2005 : démarrage de la TNT avec les émissions des14 chaînes nationales gratuites sur 17 sites (notamment Pariset la région parisienne, Bordeaux, Brest, Lille, Lyon, Marseille,Niort, Rennes, Rouen, Toulouse et Vannes), soit unecouverture d'environ 35 % de la population,• 1er septembre 2005 : début des programmes des 15 chaînespayantes sur 35 sites couvrant 50 % de la population, • de septembre 2005 à juin 2006 : poursuite du déploiementavec la mise en service de nouveaux sites de diffusion, pouratteindre une couverture de 65 % de la population sur 59sites,• 2006-2007 : 85 % de la population couverte sur 83 sites, • courant 2007 : quasi-totalité du territoire couvert, avec 110sites de diffusion,• 2010 : fin probable des émissions analogiques.

G. B. : Non, nous avons travaillé dans un esprit departenariat afin de créer une dynamique et d'habi-tuer les acteurs à travailler ensemble. En revanche,pour la deuxième étape du déploiement et la mise enplace de la norme de compression MPEG 4, où laFrance fera figure de pionnière, il faudra à l'évidencerégler de nouveaux problèmes techniques. Nousaurons besoin d'une entité stable et paritaire, capabled'alerter les décideurs et de faciliter le consensus.D'autant que l'échéance est proche : les premièreschaînes MPEG4 payantes et en haute définition arri-veront entre septembre 2005 et février 2006.

Industries : Quel est le coût de la mise en placede la TNT ?

G. B. : Comme aucune structure importante n'a étémise en place, c'est en réalité unprojet très économique ! La TNTne coûtera à terme, presque rienau contribuable, hormis bienentendu une centaine d'euros auconsommateur pour acheter sonadaptateur. L'opération de réamé-nagement des fréquences, esti-mée entre 40 et 90 millions d'eu-ros, a été préfinancée par l'Etat :elle sera remboursée sur cinq anspar les opérateurs.

Enfin, le marketing, la publi-cité et la communication de laTNT ont été orchestrés et finan-cés par les principaux groupesaudiovisuels réunis au sein d'une

association, le groupement « Télévision numériquepour tous ».

Industries : Comment préparez-vous la fin dela télédiffusion en mode analogique ?

G. B. : L'échéance est prévue pour 2010 au plustôt, mais les préparatifs commencent dès à présent.Principale difficulté : les plans actuels ne permettentpas à la TNT de couvrir 100 % du territoire et dessolutions devront être imaginées pour ne laisser per-sonne dans l'ombre.

Deuxième question : que faire des fréquences ainsilibérées, ce fameux « dividende numérique » ? C'estl'objet des travaux menés en ce moment par le Conseilgénéral des technologies numériques (CGTI). Cetteannée, le plan d'usage des fréquences sera précisépour les années à venir, sous l'égide de la Confé-rence régionale des radiocommunications. En effet,à cette occasion, les pays d'Europe, d'Afrique et duMoyen Orient négocient et s'engagent sur leurs pro-jets d'usage des fréquences à moyen terme, pour évi-ter les brouillages de fréquences aux frontières.

Quant aux nouveaux contenus et usages qui décou-leront de cette révolution audiovisuelle numérique,comme par exemple la mobilité, il est probable qu'ilsnécessiteront des évolutions législatives au fur et àmesure de leur apparition. ■

De l’analogique au numérique

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Mise en place d'antennes, surélévation

de pylônes, aménagement de locaux…

Pour Télédiffusion de France, l'arrivée de

la TNT se traduit par un important

programme d'investissements.

Evénement sans aucun doute importantdans l'histoire de la télévision en France, lamontée en puissance progressive de latélévision numérique terrestre sur l'en-

semble du territoire constituera sans doute l'un desgrands chantiers technologiques des premièresannées du XXIe siècle. Lourde en temps, en équipe-ments et en hommes, l'ensemble de l'opérationnécessitera en effet des travaux importants sur laquasi-totalité des sites – une bonne centaine de sitesmajeurs et 200 sites secondaires environ – qui onten charge la diffusion hertzienne des images télévi-sées en France. Pour TDF (Télédiffusion de France),la société qui assure la gestion de ce réseau, il s'agit-là d'un défi d'autant plus difficile à relever que, jus-qu'à la suppression du système de diffusion analo-gique utilisé depuis plus d'un demi-siècle mainte-nant, elle est naturellement contraint d'assurer lesdeux services en parallèle.

Un test en vraie grandeuren Bretagne

En réalité, c'est au début de la décennie 1990 queTDF entreprend ses premiers travaux de rechercheconcernant la diffusion numérique de programmesaudiovisuels par voie hertzienne. A l'époque, desmarchés d'études sont passés avec les industriels dusecteur – Philips et Thomson notamment – pour ledéveloppement des techniques de codage et la miseau point des terminaux de décompression du signal.

Deux ans plus tard, les prototypes sont prêts. Res-tait à tester en vraie grandeur la validité des scéna-rios techniques proposés. C'est ainsi que TDF a faitfonctionner pendant trois ans, de septembre 1998 àjuin 2001, une plate-forme expérimentale qui cou-vrait les trois départements des Côtes-d'Armor, del'Ille-et-Vilaine et du Morbihan. Conduite avec l'appuide TF1 et des sociétés de programmes du servicepublic à partir de l'émetteur principal de Rennes-Saint-Pern et des réémetteurs secondaires de Vannes-Moustoir'ac et de Lorient, elle a permis de vérifier laquasi-totalité des paramètres techniques les plus sen-sibles. Expérience concluante notamment pour lesrisques de brouillage entre l'analogique et le numé-rique ainsi que pour les capacités de réception tantdes antennes collectives que des antennes indivi-duelles. Des tests complémentaires sont ensuite réa-lisés dans les deux départements de l'Ariège et desVosges ainsi qu'à Paris. Ils ont essentiellement servi

Le réaménagement desfréquencesEntre le 31 mars 2005, date du lancement de la TNT dans notrepays, et la suppression définitive de toute diffusion analogiqueprévue pour 2010, les deux systèmes devront fonctionnerparallèlement. Afin d'éviter tout risque de brouillage des émissionspendant cette période, le CSA, dont c'est la compétence, a étécontraint de procéder à un réaménagement relativement importantdes fréquences utilisées traditionnellement dans notre pays :500 ont déjà été revues pour assurer le démarrage de la télévisionnumérique hertzienne le mois dernier. Un millier d'autres le serontau cours des mois à venir pour accompagner la progression de lacouverture géographique du territoire. L'ensemble de l'opérationsera entièrement pré-financée par l'Agence nationale desfréquences qui bénéficiera en contrepartie des annuités deremboursement imposées aux sociétés autorisées à exploiterles fréquences numériques ainsi créées.

à fixer le cahier des charges desaménagements techniques indis-pensables à réaliser.

Mise en place d'antennes nou-velles, surélévation de pylônes,aménagement de locaux, instal-lation d'équipements électriquesde haute fiabilité… la nature destravaux varie notablement d'unsite à un autre. Mais il faut comp-ter un délai moyen de l'ordre dequatorze mois pour adapter unémetteur aux exigences de la dif-fusion numérique par voie hert-zienne : neuf mois pour les casles plus simples et pratiquementdeux ans pour les dossiers lesplus lourds, lorsque par exemplele remplacement d'un pylônes'avère nécessaire.

Lancés à la fin de l'année 2002,les travaux, qui ont permis ledémarrage de la télévision numé-rique terrestre le 31 mars dernier,sont aujourd'hui naturellementachevés. Ils ont concerné unevingtaine de sites couvrant envi-ron 40 % de la population fran-çaise. D'ici à la fin de l'année2005, c'est plus d'une trentaine desites supplémentaires qui seront

aménagés pour le lancement de la télévision numé-rique payante. Répartis sur l'ensemble du territoire,ils devraient porter le taux de couverture de la télé-vision numérique terrestre à plus de 60 % de la popu-lation française. En attendant les 85 % prévus par leConseil supérieur de l'audiovisuel dans le courant del'année 2007. Ce qui correspondra à une soixantainede sites supplémentaires à aménager. ■

TDF : la refonte d’un réseau

Pour la diffusionde la TNT,

des travauximportants

seront réaliséssur le réseau

de TDF.

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Dans le paysage audiovisuel français, la

télévision numérique terrestre apparaît

comme un complément indispensable

entre la diffusion actuelle par câble et

par satellite et la future diffusion par le

réseau téléphonique ADSL.

Tout récemment encore, la télévision numé-rique était assez peu répandue dans notrepays. Il fallait en effet s'abonner à un bou-quet du câble ou du satellite ou à un opé-

rateur ADSL (Asymetric Digital Subscriber line) pouraccéder à un large éventail de programmes. Ledéveloppement du satellite et du câble, donc de latélévision numérique, a néanmoins connu de beauxsuccès commerciaux, avec Canalsatellite et TPS,notamment. Le numérique hertzien présente l'avan-tage de pouvoir être reçu immédiatement chez lestéléspectateurs sans aménagement particulier, àl'aide des antennes râteaux déjà installées sur lestoits. Facile d'accès, gratuite (aujourd'hui pour 14chaînes), sans abonnement ni branchement compli-qué – si l’on excepte l’achat d’un adaptateur – laTNT peut-elle concurrencer le câble et le satellite ?

C'est peu probable. Dire que toutes nos antennessont adaptées à la réception numérique n'est pas tota-lement exact. Les expérimentations qui ont eu lieu enBretagne ont montré que 10 % des antennes doiventêtre changées ou aménagées pour recevoir la TNT. Demême, le passage au numérique n'est pas entière-ment gratuit. A défaut d’adaptateur, il faut disposerd’un téléviseur numérique. Enfin, si le satellite offretoujours plus de fréquences à ses adeptes, le nombrede canaux en numérique terrestre est réduit. Cettelimitation des fréquences, ajoutée au coût de main-tenance du réseau de Télédiffusion de France (TDF),fait que la diffusion hertzienne demeure très coû-teuse pour les opérateurs.

Plutôt que de concurrence, il faudrait sans douteparler de complémentarité. Complémentarité dans le

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contenu d'abord. Le satellite, avec sa profusion decanaux, propose des programmes très ciblés et res-tera sans nul doute le royaume des télévisionsthématiques. Le câble est plutôt réservé aux trans-missions à haut débit (Internet, téléphonie, vidéo-transmissions…) et à la télévision dans les zones trèsurbanisées. La TNT a une vocation plus généraliste etproposera un large éventail de chaînes gratuites. Elleest un mode de diffusion à étudier pour les décro-chages régionaux ou le développement des petiteschaînes locales, qui sont aujourd'hui très rares enanalogique faute de fréquences disponibles ou decadre juridique encourageant leur création et leurviabilité.

Complémentarité dans leurs zones de diffusionensuite, puisque les trois modes de diffusion ne serontpas accessibles en tous les points du territoire. Maisil y en aura (presque) toujours un pour capter les

La bonne télévisEn septembreprochain, prèsde la moitié dela populationfrançaisepourra recevoirla télévisionnumériqueterrestre.

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émissions en numérique. Car le satellite ne peut êtrereçu lorsqu'un obstacle important (montagne,immeuble) cache le sud. Le cadre juridique choisipar le législateur ne positionne d'ailleurs pas la TNTen concurrence avec le câble et le satellite, dont lavitalité économique doit être conservée puisque lesacteurs présents dans la TNT sont pratiquement lesmêmes que ceux du câble et du satellite.

La convergencedes technologies

Si une « rupture technologique » devait se produire,elle interviendrait plus probablement dans le domainede l'internet à haut débit, susceptible de devenir àterme un mode de diffusion télévisuelle. L'ADSL per-met d'assurer des débits par chaînes qui restent actuel-lement quatre fois moindres (4 à 8 Mbits/s) que ceuxde la TNT (18 Mbits/s) mais l'usage de codages dif-

L'offre des chaînesUn premier appel à candidatures pour deschaînes en TNT à vocation nationale a été lancéle 24 juillet 2001 par le CSA, clos fin mars 2002.Quatorze chaînes en clair sont donc désormaisdisponibles, à savoir les six chaînes nationales(TF1, France 2, France 3, France 5, Arte France,M6) ainsi que huit nouvelles chaînes :• Direct 8, qui fait le pari du « tout-direct ». Lesprogrammes alterneront entre divertissement,cinéma, tendances de société et culture,• W9, la chaîne musicale du groupe M6 àdestination des 15-34 ans,,• TMC, la chaîne familiale pour tous publics, avecdu divertissement, de l'information, du cinéma ouencore de la fiction,• NT1 : cette nouvelle chaîne généralisteprésentera des programmes enfants et jeunesse,des magazines, des séries, du cinéma et de lafiction,• NRJ12, sur laquelle les programmes musicauxcôtoieront des séries, films, magazines, talk-shows et jeux,• La Chaîne parlementaire, avec deux chaînes separtageant un même canal : Assemblée nationaleet Public sénat. LCP sera la chaîne des débatsparlementaires, des émissions politiques ainsique des reportages,• France 4, la nouvelle chaîne spectacle dugroupe France Télévisions, proposera du cinéma,de la fiction, de la musique, des magazines et dusport.A noter que cette offre est appelée à s'élargirpuisque le CSA a lancé, le 14 décembre dernier,un nouvel appel à candidatures. Par ailleurs, leCSA prévoit à terme la diffusion en numérique detrois chaînes locales ou régionales mais l'appel àcandidatures n'a pas été encore lancé. Enfin, uneconsultation publique a été engagée, le 24 février2005, sur l'utilisation envisageable pour l'un desmultiplexe resté disponible. Le CSA n'a pasencore arrêté de décision.

on à la bonne place

férents pourrait permettre de pallier ce handicap,notamment l'ADSL 2 +, nouvelle norme de transportqui autorise des débits supérieurs, associée à la normede compression MPEG-4. D'autant que sa diffusionpotentielle est large, en particulier dans les agglo-mérations. Cette technologie reste limitée aujourd'huipar son coût d'usage, qui la place nettement en dehorsdu marché audiovisuel. Mais la possibilité d'accéderpar un même abonnement au téléphone, à l'internetet à la télévision, pourrait, à terme, la rendre plusconcurrentielle.

« Je suis convaincu de la complémentarité entretélévision numérique terrestre et télévision par inter-net. L’évolution technique va tout à fait dans ce sens.Des services conjuguant télévision à la demande etémissions en direct, alternant ADSL et TNT, sont désor-mais envisageables. Je ne crois pas à l'existence d'unetechnologie reine. Chaque technologie a ses avan-tages et inconvénients. Il faut laisser le choix auconsommateur », indiquait récemment Patrick Deved-jian, ministre délégué à l'Industrie, partisan convaincude la convergence entre TNT, câble, Internet etsatellite. ■

Avec l’arrivée des chaînespayantes à la rentrée 2005,la télévision numériqueterrestre offrira unetrentaine de programmesdifférents à nosconcitoyens.

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CAHIER INDUSTRIES

Le boom des récepteurs Avec l'arrivée récente sur le marché des

téléviseurs à écrans plats, la vente des

récepteurs connaît actuellement en France

une forte expansion. Elle devrait se pour-

suivre au cours des années à venir grâce

à la TNT et à la réception des images

en haute définition.

Excellente année 2004 pour les producteursd'appareils audiovisuels électroniques engénéral et pour les fabricants de récepteursde télévision en particulier. « Avec la véri-

table percée dans notre pays de la technologie per-mettant la réception des émissions sur écran plat,confirmait début février dernier Philippe Poels, pré-sident-directeur général de Sony France et présidentdu Simavelec (Syndicat des industries de matérielsaudiovisuels électroniques), lors d'une conférencede presse organisée sur le sujet, nous avons en effetvendu l'an dernier plus de 4,5 millions de téléviseurssur le territoire français. Ce qui représente unehausse de l'ordre de 15 % par rapport à l'année2003 ». Une tendance favorable qui devrait se pour-suivre en 2005. Car la plupart des experts sontaujourd'hui d'accord : à l'attrait des écrans LCD ouPlasma (+200 % de ventes en 2004), devrait s'ajou-ter cette année celui des nombreux programmesqu'apportera la télévision numérique terrestre : 14chaînes gratuites dont 4 nouvelles depuis le 31

mars dernier puis 14 chaînes payantes à partir de larentrée prochaine.

Aucun doute possible : pour les industriels, 2005sera bien l'année de la TNT. En effet, si la réception,individuelle ou collective, par voie hertzienne desémissions numérisées est pour l'essentiel compatibleavec les antennes de toit actuellement installées (danscertains cas, quelques travaux mineurs d'ajustementpourront néanmoins être nécessaires), elle supposeobligatoirement l'acquisition d'un adaptateur. Placéau domicile du téléspectateur entre la sortie antenneet le récepteur, il sert à décoder le signal numérisé età recevoir ainsi le canal sélectionné sur l'écran deson téléviseur. A la fin du mois de mars dernier, plu-sieurs jours avant le lancement officiel des premiersprogrammes, la quasi-totalité des distributeurs – Darty,la FNAC, Carrefour, Auchan et les autres – étaientdéjà en rupture de stock. Réapprovisionnés pour lepremier week-end d'avril, deux jours après le démar-rage des émissions, ils ont réalisé également d'ex-cellents chiffres de vente.

La concurrence du câbleet du satellite

Conséquence : les spécialistes du Simavelec estimentaujourd'hui que la télévision numérique terrestredevrait générer l'achat de près d'un million de ter-minaux de ce type d'ici à la fin de l'année. Les raisonsde cet optimisme ? Le prix relativement modique del'appareil : moins de 100 € pour le modèle de base,même s'il existe des boîtiers très sophistiqués, avecpar exemple un disque dur permettant d'enregistrerdes programmes, dont le montant peut atteindre500 € ou 600 €. Mais aussi les décisions techniquesarrêtées à la fin de l'année dernière par Jean-PierreRaffarin. En choisissant la norme de codage MPEG2, utilisée actuellement pour le câble et le satellite,

Téléviseursnumériques intégrés Avec l'arrivée de la télévision numérique terrestreet la perspective de la suppression à termede la diffusion analogique, les constructeurstravaillent à la conception de récepteurs intégrantle dispositif de décodage indispensable. Il devraiten résulter un surcoût du prix de vente au publicd'un montant compris entre 150 et 250 €.Compte tenu du taux actuel de renouvellement duparc des téléviseurs dans notre pays (8% par anen moyenne), il est envisagé d'obliger lesfabricants à numériser progressivement lesappareils qu'ils proposeront à la vente. « Instauréeaux Etats-Unis il y a deux ans, indique MichelBoyon dans son rapport d'octobre 2002, une telleméthode devrait permettre de ne pénaliser enFrance qu'un nombre limité de téléspectateursau moment de l'arrêt de la diffusion analogique ».

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à dynamiser encore le marché des récepteurs de télé-vision au cours des années à venir. Un label HDreadya même été élaboré récemment par les instancesinternationales compétentes. Présenté officiellementen France au début de cette année, il est désormaisapposé sur tous les équipements compatibles avecun système de diffusion fonctionnant en haute défi-nition. En ce qui concerne les téléviseurs, en toutcas, le Simavelec table sur un taux de pénétrationdes appareils labellisés HDready sur le marché fran-çais supérieur à 10% dès cette année. Ce qui devraitreprésenter un chiffre compris entre 500 000 et600 000 récepteurs. ■

La télévision hautdébitNumérisation des contenus, généralisation desréseaux à haut débit et développement del'interactivité : la convergence des technologiespermet d'envisager à terme la diffusion deprogrammes de télévision soit sur l'écran de sonordinateur par l'intermédiaire du réseau internet,soit sur son propre téléviseur par le canal d'uneligne téléphonique ADSL. C'est ainsi que Club-Internet, filiale de la société allemande T-Online, a ouvert en juin 2004 un portail offrant auxinternautes un bouquet de chaînes intituléLivepass comprenant un menu de base et desoptions payantes.Quant à la télévision par ADSL, elle se composeaujourd'hui principalement de trois offres :• Freebox TV présentée par le fournisseur d'accèsFree. Depuis octobre 2004, il propose à sesabonnés (200 000 environ) une bonne centainede chaînes• N9uf BOX, du groupe 9 Télécom, qui diffuse lebouquet Canal Satellite et plusieurs chaînesthématiques• Maligne TV présentée par France Télécom quiregroupe les chaînes thématiques deCanalSatellite et de TPS.

pour le système de compression des programmes etla définition simple pour leur réception, le Premierministre donnait à la télévision numérique terrestregratuite lancée le mois dernier toutes les chancesd'une réussite rapide.

En ira-t-il de même avec la télévision numérique ter-restre payante à partir de la rentrée prochaine ? Outrela concurrence de la diffusion par câble ou par satel-lite déjà solidement installée (elle a été lancée il y apratiquement dix ans maintenant et elle compteaujourd'hui prés de quatre millions d'abonnés), lenouveau dispositif se trouvera confronté à un défitechnique réel : le choix par le gouvernement fran-çais de la norme MPEG4 qui parie à terme sur uneaugmentation relativement rapide du parc des récep-teurs haute définition.

Les industriels ne se disent toutefois pas tropinquiets. Pour eux, en effet, le marché de la télévisionhaute définition est aujourd'hui prêt à se développer.Avec l'arrivée de la norme MPEG 4 et la progressionrapide des écrans plats, expliquent-ils, la technique16/9e va s'imposer très vite maintenant comme réfé-rence de base en matière de qualité d'image dansl'œil des téléspectateurs. D'autant plus que le stockde programmes aujourd'hui susceptibles d'être dif-fusés a été pour l'essentiel produit selon des pro-cédés utilisant depuis longtemps déjà les standards dela haute définition. Autre facteur favorable : le for-midable développement au cours des dernièresannées des équipements périphériques à la télévi-sion fonctionnant sur les bases de la haute défini-tion, tels les DVD ou les caméscopes.

Bref, TNT et haute définition, pour les construc-teurs, il s'agit là de deux mouvements parfaitementcomplémentaires qui devraient contribuer largement

Près d’unmillion dedécodeurs TNTdevraient êtrevendus avantla fin de l’année2005.

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CONTACTS A L’ÉTRANGER

Ministère de l'Economie, des Financeset de l'IndustrieDirection générale des EntreprisesCONTACT : Ludovic Berthelot, chargé de missionaudiovisuel-multimediaTél. : 01 53 44 97 47Internet : www.industrie.gouv.frwww.telecom.gouv.fr

Ministère de l'Economie, des Financeset de l'IndustrieMission pour l'économie numériqueCONTACT : Gilles BrégantTél. : 01 53 44 93 50Internet : www.men.minefi.gouv.fr

Ministère de la Cultureet de la communicationDirection du développement des médias Tél. : 01 42 75 80 00Internet : www.ddm.gouv.fr

Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA)Autorité administrative indépendante, le CSAgarantit en France l'exercice de la liberté decommunication audiovisuelle. Il nomme lesprésidents des chaînes, attribue les fréquenceset délivre les autorisations d’émissions. Tél. : 01 40 58 38 00Internet : www.csa.fr

Agence nationale des fréquences (ANFR)Cet organisme assure la gestion et le contrôle duspectre des fréquences en France. Il coordonneaussi l'action de la représentation française dansles négociations internationales pour ce domaineet gère le fonds de réaménagement du spectre.Tél. : 01 45 18 72 72Internet : www.anfr.fr

Télédiffusion de France (TDF)TDF est le diffuseur historique de la télévisionhertzienne. Mais l'arrivée de la TNT a brisé lemonopole de la diffusion terrestre. D'autresopérateurs contrôlent désormais le multiplex àcôté de l'opérateur historique (Towercast,Antalis…).Tél. : 01 55 95 10 00Internet : www.tdf.fr

GroupementTélévision numérique pour tousCe groupement associe la grande majorité deschaînes gratuites de la TNT. Sa mission estd’informer, communiquer et promouvoir la TNTgratuite auprès des professionnels concernés :antennistes, gestionnaires d'immeubles,distributeurs… CONTACT : Olivier Gerolami, délégué généralTél. : 01 56 22 10 80www.tnt-gratuite.fr

Où en est la TNT chez nos voisinseuropéens ? Avec plus de 90 % de lapopulation couverte par le numérique, lespays de l'Europe du Nord sont les trèsbons élèves de la TNT. • En Suède, la TNT a séduit 360 000abonnés à la fin 2004, grâce à un bouquetde 18 chaînes pour 16 euros par mois.Le succès est d'ailleurs si importantque le pays amorce le retrait définitifde la diffusion analogique. • La Finlande offre un bouquet en grandepartie gratuit de 12 chaînes de télévisionet 4 radios, lesquelles totalisent uneaudience de plus de 96 %. • Les Pays-Bas prévoient un taux decouverture de la TNT de 100 % courant2005. Composé de 21 chaînes detélévision et de 16 stations de radio,le bouquet y est disponible dès8,95 euros par mois. Après un premier échec, le Royaume-Unia presque totalement intégré le numérique(75 % de la population couverte). Deuxopérateurs se disputent le marché :l'opérateur Freeview qui proposegratuitement, depuis octobre 2002,30 chaînes ainsi qu'une vingtaine deradios, et Top-Up TV qui a lancé, en avril2004, un bouquet payant de 10 chaînespour 15 euros par mois. Aujourd'hui, lenombre d'abonnés au numérique adépassé celui des abonnés au câble,pour atteindre un total de 5 millions. • En Espagne, en revanche, la situations'avère quelque peu bloquée.En effet, le prix élevé des servicesproposés a contribué à fermer le marché.De fait, suite au dépôt de bilan de QuieroTV en 2002, l'offre s'avère aujourd'huilimitée à quelques programmes,principalement dans les régions de Madridet d'Andalousie. Une nouvelle tentative delancement de la TNT est toutefois attenduepour l'été 2005.• En Allemagne, la régulation audiovisuelleétant de la responsabilité des Länder, lepays réalise un démarrage de la TNT parrégion. Pour l'instant, la télévisionnumérique terrestre allemande repose surun modèle entièrement gratuit. • Enfin, en Italie, le gouvernement participeau développement de la TNT ensubventionnant l'achat de décodeursnumériques interactifs à hauteur de150 euros par foyer.