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World Library and Information Congress - 73rd IFLA General Conference and Council. Durban (Sudáfrica), 19-23.ago.2007. Ver "Bibliotecario" (http://biblio-tecario.blogspot.com.es/).
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Date : 07/08/2007
Tradition orale dans le sud de lAmrique Latine : les efforts
de la bibliothque pour sauver des sons et des histoires du
silence
Edgardo Civallero
Universit National de Cordoba
Argentine
Meeting: 108-1 Genealogy and Local History with Audiovisual and
Multimedia (1) Simultaneous Interpretation: Yes
WORLD LIBRARY AND INFORMATION CONGRESS: 73RD IFLA GENERAL CONFERENCE AND COUNCIL
19-23 August 2007, Durban, South Africa http://www.ifla.org/iv/ifla73/index.htm
Rsum Les cultures indignes dAmrique Latine composent la structure ethnique et culturelle sur laquelle repose une grande partie du continent. Leurs caractristiques uniques rsument une centaine de coutumes, de traditions, et de patrimoines culturels diffrents de lnorme
diversit culturelle des Amriques. Tout au long de lhistoire des diffrentes nations
indpendantes de la rgion, ils ont t discrimins, oublis et exclus de tous les domaines de dveloppement. Bien quils aient russi quelques progrs au travers des luttes et des
protestations soutenues, ils ont souffert de pertes svres, parmi lesquelles se dtachent par son importance, celle de leurs langues originaires. Du fait quil sagisse de socits dominante tribales cest--dire quils nont pas connu, historiquement, lusage de systmes dcriture- la perte de leur langue signifie la destruction de leurs moyens de transmission orale, et au final, la disparition de leurs savoirs, leurs histoires, leurs codes et leurs littratures. Les bibliothques peuvent jouer un rle important dans le recueil partiel de telles langues et connaissances. Pourtant, les propositions bibliothconomiques spcifiquement destines aux communauts aborignes en Amrique Latine sont peu nombreuses, mme sil existe des
services qui ont obtenus des rsultats intressants. Parmi ces derniers, on peut citer le travail de lauteur dans le NE de lArgentine (2001-2006), qui inclut le dveloppement de collections sonores dans des petites bibliothques cres dans des coles de populations indignes. De tels
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fonds sonores ont rcupr la tradition orale et communautaire, et lont relie aux activits scolaires. Les documents enregistrs et quelques unes de leurs transcriptions crites ont permis de rcuprer un fragment du patrimoine culturel de la communaut et de lutiliser
dans diffrents services. Parmi les contenus rcolts, peut-tre que les plus importants ont t ceux en relation avec lhistoire des communauts et avec les histoires personnelles de chacun de ses membres, leurs gnalogies et la relation avec les vnements dordre national ou
rgional. Lhistoire a t relie la gographie rgionale et avec la langue. Une grande partie des documents a t numris pour pouvoir les utiliser dans les activits futures, l ou lon trouvera disponible les moyens lectroniques ncessaires, et ou se serait
dvelopp lalphabtisation informationnelle. Le prsent article propose un court rsum des expriences et ides dauteur, et une exposition dtaille de lusage de lhistoire et de la tradition orale, ainsi que les collections
sonores dans les bibliothques indignes, de mme quun panorama de ce genre de travail
dans dautres endroits en Amrique Latine.
Mots cls
Histoire locale Bibliothques indignes Peuples indignes Tradition orale Langues en
voie de disparition Fonds sonores Livres vivants Education interculturelle bilingue
Diversit culturelle.
Ceux qui ont toujours t l
Il existe un ensemble de termes en usage pour dcrire les peuples indignes Tous ceux la,
dune forme ou dune autre, indiquent quil sagit de groupes humains qui ont peupl depuis
toujours un territoire dtermin. Cela signifie aborigne (du latin depuis le dbut ) ou
indigne (du latin natif ). Les dfinitions employes au niveau international (p.e. celle
de Martinez Cobo (1983) ou celle de la Convention de la OIT (2003), reflte cette relation
intime avec la terre, ce sentiment dappartenance, cette auto-reconnaissance dune identit
qui perdure travers des histoires et des sicles.
Il sagit de ceux qui ont toujours taient l, occupant les terres et les eaux qui virent natre et
mourir leurs anctres
Les peuples indignes ne sont pas une partie romantique dun pass rvolu, ni une curiosit de
muse dun prsent globalis. Ce sont des socits qui entretiennent une forte vitalit, qui
conservent leurs particularits traditionnelles en les adoptants aux temps nouveaux. Ils
reprsentent une population approximativement entre 300 et 370 millions de personnes,
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selon les dernires estimations internationales (Banque mondiale), en sorganisant en des
centaines de groupes et en pratiquant un peu plus de 400 langues et dialectes diffrents.
Dans lespace latino-amricain, de telles socits se montent 300 ou 400 groupes, incluant
plus de 30 millions dindividus (Stavenhangen, 1996, entre autres). Dans des pays comme la
Bolivie ou le Guatemala, ils constituent des majorits dmographiques, composant plus de la
moiti du total dmographique. Dans dautres, comme le Prou, lEquateur, ou le Mexique, ils
se prsentent comme une partie ingalement importante de la population nationale.
Leurs destins ont t radicalement violents au travers de larrive des envahisseurs
europens, lesquels ont tabli des rgimes coloniaux, se sont rpartis leurs terres et leurs
ressources, et les ont condamn une existence de semi-esclave laquelle ils avaient peu de
chance de schapper. Beaucoup de peuples originaires ont rsist loccupation, se cachant
dans des zones inaccessibles ou en prenant les armes pour dfendre leur faon de vivre. Les
rcits de leurs luttes et de leurs destins sont connus de tous, et ils composent une des parties
les plus importantes (et obscures) de lhistoire amricaine. Lamentablement, mme aprs la
naissance des tats indpendants en Amrique Latine, les peuples indignes ont continu
tre relgu aux dernires couches sociales, peine pourvus de droits et chargs de devoirs,
avec leur identit fragmente et silencieuse et leurs souvenirs quasiment effacs.
Des socits natives ont exist, et elles ont continu se souvenir et nont jamais perdu
lespoir de pouvoir rcuprer, un jour, leur droit vivre comme ils lont toujours fait.
Actuellement, et aprs cinq sicle doppression, de discrimination, dexclusion et de racisme,
quelques unes dentre elles ont russi occuper lespace qui leur convient, et mme si elles
nont pas obtenu ni leur indpendance ni leur autonomie, et si elles ont perdu beaucoup de
leurs caractristiques culturelles carts aprs un long processus de mtissage et
dacculturation- ils peuvent se reconnatre indignes , et ils commencent rcuprer,
revitaliser, et diffuser le patrimoine culturel qui a russi survivre. Nombreux ont t ceux
qui ont disparu en chemin, ceux qui nont jamais pu se relever aprs leur chute, ceux qui ont
t mis de cot, censurs ou annihils. Les faits qui ont conduits de tels gnocides,
ethnocides et mmoricides chappent notre porte, et lon ne peut que le regretter et
sen souvenir avec douleur et honte. Pourtant, lheure actuelle nous pouvons regarder
autour de nous, sur les terres latino-amricaines, comment fleurissent encore des centaines de
langues et de cultures originaires qui sont des fidles composantes de notre diversit comme
espce. Ces dernires, celles qui sont encore notre porte, sont celles que nous devons
respecter, apprendre, aider, et partager.
Mme si, les russites obtenues par les organisations indignes ont t nombreuses, aprs des
dcennies de luttes, leur situation socio-conomique, politique et culturelle, nest pas des
meilleures. Malgr les conventions internationales et des nombreuses lois nationales et
rgionales qui protgent et garantissent leurs droits, les peuples aborignes continuent tre
les grands oublis, les dpossds, les dfavoriss dans le partage (ingal) du bien-tre et des
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ressources. Ils continuent tre sous la pression de systmes ducatifs qui ne reconnaissent ni
ne respectent leurs caractristiques uniques, de schmas gouvernementaux qui ne satisfont
pas leurs demandes et besoins, de mouvements religieux qui cherchent seulement
rassembler des ouailles, dorganisations qui cherchent se transformer en sauveur sans se
proccuper du comment , dentreprises qui les emploient comme main duvre bon
march et quasiment comme des esclaves Ils continuent tre les dcharns par les socits
blanches , les stigmatiss comme diffrents Les autres
En fait, ils ont acquis beaucoup de victoire. Mais leurs checs et leurs manques doivent nous
proccuper car ils indiquent que le paradigme mondial continue tre injuste et dsquilibr,
et quil continue sans prendre en compte les lments diffrents et particuliers, quil continue
gnrer des pauvres, et condamner des vies sans avenir
Les peuples indignes sont ceux qui ont toujours t l Mme si, quelque fois, nous ne le
savons pas, ou nous ne voulons pas les voir notre cot.
Des sons qui se sont tus
Parmi les grandes pertes subies par les peuples aborignes en Amrique Latine, on compte
leurs langues originaires. Dj au 18e sicle, leur usage a t interdit par la monarchie
espagnole sur les territoires quils occupaient, et des actes similaires se sont retrouvs sur les
domaines portugais. Aprs les rvolutions indpendantistes du 19e sicle, on a fait peut de cas
de ces langues dans les tats qui essayaient de copier le modle europen de nation, effaant
leurs particularits et essayant de parvenir une image compacte et lisse, sans diffrences
internes.
Par sa large diffusion, des langues comme le Quechua, lAymara et le Guarani (utilises
comme langues gnrales pendant la priode coloniale) ont russi survivre limpact
provoqu par le contact avec la culture europenne. Pourtant, dautres nont pas eu la mme
chance. Les gens qui parlaient cette langue ont commenc diminuer, de mme que les
espaces ou la transmission orale pouvait se pratiquer. Sagissant des peuples tribaux parmi
lesquels les connaissances et les mmoires se transmettaient oralement- la perte de leurs
langues a signifi en plus, la disparition de leur histoire, de leurs valeurs, de leurs coutumes,
de leur patrimoine culturel, et en fin de compte, de leur identit comme peuple.
A lheure actuelle, le processus ne sest pas interrompu et ne sest pas invers. Mme si les
socits natives ont pris une plus grande conscience de limportance de lemploi de leurs
langues propres et de la valeur quils possdent eux-mmes, ils ne sont pas toujours parvenus
ce que les coles incluent des programmes interculturels et bilingues (droit observ dans
toutes les constitutions nationales de latino-amricain) ou bien ce que des services de
diffusion de masse, dinformation stratgique ou de connaissance prcieuse soient traduits.
Beaucoup dentre elles les plus minoritaires- continuent se situer dans un limbe obscur, et
elles finiront par steindre lorsque la dernire personne qui parle la langue va steindre, et
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que personne ne fera plus rien pour sauver ses mots, ses grammaires, ses vocabulaires et ses
sons de la disparition.
En accord avec les tudes estimatives ralises par les diffrentes organisations en rapport
avec la linguistique et la diversit culturelle (en incluant lUNESCO), tout au long du 21e
sicle, 80% des langues encore vivantes ont disparu. Les majeures parties dentre elles
appartiennent des peuples aborignes, en incluant ceux qui habitent lAmrique Latine.
Une langue codifie avec des sons les ides et cosmovisions dune culture. Elle le fait dune
faon unique et inimitable. Au travers de celles-ci se perptuent les lgendes qui expliquent
lorigine de chaque lment de la nature, des histoires personnelles, des mites de la cration,
les recettes de cuisine, les remdes De mme, au travers de celles-ci, on compte les
mthodes de culture et de travail, les formes de construction doutils et dinstruments, les
chants et les danses, les contes et les jeux, les rgles de savoir vivre, les lois communautaires,
les conseils et le souvenir des hros et des bandits populaires. Lorsquelles ne reposent pas sur
des systmes dcriture, les langues sexpriment uniquement au travers de leur tradition orale.
Labsence dcriture prsente seulement, lheure actuelle, dans un certain pourcentage de
langues, et pas toujours utiles ou pertinentes pour les natifs qui parlent les langues
minoritaires- donne la langue parle une plus grande valeur, tant donn quelle devient
lunique moyen dducation et dendoculturation que possde un peuple. Si la langue
disparat, la culture disparat galement. Sans culture il ny a pas didentit. Sans identit,
aucun individu ne peut savoir dou il vient, pourquoi il vit ou vers quoi sont censs le guider
ses pas.
La tradition orale combine avec dautres formes dexpression culturelle, comme la musique,
la danse, la peinture ou le chant- est encore plus forte entre les peuples originaires
dAmrique Latine. Leur survie se voit menace par les processus de pression et
dacculturation dj voqus. Si elle disparat, les fondements des diverses cultures
steindront, et un norme fragment du patrimoine culturel intangible de lhumanit partira
en fume.
La maison des mots
Il nexiste pas de mots en langues indignes pour dsigner la bibliothque. En ralit, il existe
peu de bibliothques destines aux peuples indignes, au moins sur le territoire latino-
amricain. De telles institutions sont des lments tranges dun point de vue aborigne, de
mme que les livres. Mais les temps changent, les peuples voluent et les institutions
sadaptent. Actuellement, les possibilits que peuvent dispenser une unit dinformation une
communaut native sont vastes et prcieuses, pourvu que loffre de la bibliothque sadapte
la ralit, aux ncessits et aux caractristiques de la population destinataire.
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La bibliothque est une institution gestionnaire de mmoires. Elle rcupre, elle organise et
diffuse de la connaissance construite patiemment tout au long des sicles, un patrimoine
culturel qui appartient tous, et qui, en accord avec les droits humains les plus basiques,
devrait tre accessible tous librement. Elle possde des outils et des instruments de travail
qui permettent demmagasiner et de grer le savoir sous toutes ces formes, ainsi quune
structure qui lui permet de sadapter souplement aux conditions les plus diverses, incluant ou
mettant de cot les composants et les lments, et en dispensant les rponses que leurs usagers
ncessitent.
Avec larrive des nouvelles technologies de linformation, les possibilits de la bibliothque
slargissent, en incluant les moyens et les supports quelle ne possdait pas
traditionnellement. Mais, mme sans leur prsence, elle reste une institution puissante, qui
pourrait au travers dun schma pertinent et dune mthodologie cohrente, se transformer en
une entit utile pour ces socits qui voient leur identit culturelle mise en danger. Au travers
des services dune bibliothque on peut rcuprer la tradition orale et lorganiser de telle
faon quelle soit profitable dans beaucoup dautres contextes (scolaire, acadmique,
artistique, de travail, institutionnel). Elle peut, de mme, dvoiler telle connaissance
sonore/audiovisuelle travers les rseaux numriques, ou tre retranscrit et crit pour crer
des livres, ou se transformer en matriel multimdia, ou simplement tre reproduit et
partager lintrieur de la propre communaut dorigine.
De telles potentialits nont pas t exploites dans le champ latino-amricain. La majorit des
propositions bibliothconomiques qui sont parvenues aux communauts aborignes ont
essay dimplanter, au sein de ces mmes communauts, des modles populaires et des
publiques europaniss qui ont peut aider au dveloppement et au progrs culturel du groupe.
Dans la plupart des cas, elles se sont modifies, de plus, en complices inconscients des
mcanismes sculaires dacculturation, comme lducation officielle ou la religion. En fin de
compte, les initiatives bibliothconomiques inities en accord avec les requtes et ralits des
peuples indignes manquent.
Lauteur a dvelopp, entre 2001 et 2006, le projet Bibliothques indignes dans les
communauts Qom, Pitlaxa, Moqoit et Wichi del NE argentin. Il sagit de groupes indignes qui ont subi un grave impacte socioculturel de la part du propre tat Argentin, qui sest
proccup peu souvent de leur bien-tre. Lauteur a commenc sont travail avec une
approche des populations aborignes, et une valuation qualitative de leurs ncessits
dinformation, de leurs problmatiques, de leur contexte, de leurs ressources et de leur ralit.
En sappropriant une perspective de dveloppement de base et une mthodologie dinvestigation action, et en utilisant des outils dvaluation anthropologiques, il a trac un
profil dusager dans lequel se reconnaissait la propre voie de leurs destinataires, leurs espoirs,
leurs dsirs et les solutions queux mme croyaient pertinentes pour leurs problmes en lien
avec la culture, la langue et lducation.
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A partir dune telle information, lauteur a dessin un modle de bibliothque sur mesure .
Du fait du manque de textes en langues indignes, et du peu dutilit des livres destins aux
lecteurs aborignes, la bibliothque sest transforme en une collection sonore, dans laquelle
on a recueilli sur des simples cassettes magntiques de 60 minutes- la tradition orale des
diffrentes communauts avec lesquelles on a travaill. La bibliothque sest limite donc
une tagre, une bourse ou une caisse place dans lcole communautaire, dans laquelle ont
prsent et on partageait les rcits et les savoirs du groupe.
La constitution dune telle collection a ncessit un travail de plusieurs heures
denregistrement, auquel ont particip des anciens et des adultes, conservateurs des traditions
du village. Les contenus recueillis comprenaient de lhistoire, de la littrature, des lgendes,
des chants, des rcits, des recettes, des conseils et des traditions varies, et taient raconts en
langue maternelle, en castillan ou dans un mlange des deux, tant donn la particulire htrognit linguistique des communauts indignes argentines.
Avec cette collection, lcole sest transforme, dans quelques unes des populations parmi
lesquelles lauteur a travaill, en maison des mots , le lieu dans lequel on gardait la petite
bibliothque des sons, produit et proprit de toute la communaut. Avec cette collection une
multitude dactivits scolaires se sont greffes (pratique de lecture et criture en langue
maternelle et castillan, heure du conte), et des services comme Qadede Ida ?at (plan de lecture et narration familial bilingue, vid. Bibliographie gnrale de lauteur ) se sont cres, ainsi que une aide la diffusion dinformation sanitaire stratgique (combinant le savoir bio
mdical traditionnel avec lapport moderne des mdecins et des infirmires qui visitaient la
communaut). Des espaces doralit se sont crs avec lassistance de livres vivants
(narrateurs et conteurs locaux), des sons quasiment oublis ont t rcuprs, des contes et
lgendes ont t transcrits (crant des livres la main illustrs par les propres lecteurs), et se
sont rpandus tout le groupe dans un projet qui cherch seulement rcuprer une partie
de leurs racines pour quils reverdissent et fleurissent.
Des histoires anciennes, des matriaux modernes
Un pourcentage important des matriaux rcuprs travers des enregistrements
correspondent des rcits historiques, dans lesquels on racontait lorigine semi mythique du
peuple indigne, ou le surgissement historique de la propre localit, les vnements de
lhistoire nationale dans laquelle celui qui parle la langue ou ses proches directes avaient t
impliqus (en incluant les massacres et les violations aux droits de lhomme placs sous
silence par lhistoire officiel) ou les dtails de la propre gnalogie. Dans la trame de ces rcits
il restait inclus des toponymes qui dessinaient une ancienne gographie dj perdue, ainsi que
des anthroponymes qui ntaient plus utiliss. Il se dessinait, de mme, des branches
gnalogiques qui permettaient aprs avoir t tudies en profondeur- de lier des groupes
tribaux apparents et de suivre leurs migrations travers le vaste espace de la rgion de
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Chaco, leurs conflits avec les autres groupes ethniques voisins, leurs alliances et leurs
tablissements.
La connaissance cre travers loralit a t minutieusement recueillie dans le cadre
acadmique argentin. La premire moiti du 20e sicle a contempl le travail des
anthropologues qui savaient peine mettre en relation ce quils avaient apprhend de leurs
rapporteurs indignes avec leur ralit. Dans la seconde moiti, le travail des sociologues, des
linguistes et des enseignants a permis une approche plus profonde, mais trs diversifie et
confuse. La production de tels professionnels est disperse, et elle na pas t produite pour
lusage de toute la socit argentine (et encore moins pour lusage des socits indignes),
mais plutt pour la consultation des autres acadmiciens. Malgr cela, des enseignants, des
crivains et des artistes ont rcolt, depuis une autre perspective et avec dautres mthodes,
les mmes savoirs, sans grand succs. A lheure actuelle, peu de sources (mise part les
originales) sont rellement fiables lheure ou lon souhaite apprendre quelque chose sur le
monde indigne national. Par l, des propositions comme celles implantes par lauteur
Chaco, dcrites des niveaux plus larges et profonds et tablies depuis des cadres
interdisciplinaires et acadmiques en contant toujours sur la participation totale et continue
des groupes destinataires- pourraient conduire une rcupration, un usage et une diffusion
efficace de la connaissance indigne, en tant pertinent et profitable aussi bien pour la
population non indigne que pour les groupes natifs.
Au sein du projet Bibliothques indignes on a numris quelques uns des documents
utiliss dans les maisons des mots , en cherchant des formats en adquation avec les
nouvelles ralits auxquelles sont confrontes les communauts aborignes participantes. La
fracture numrique se fait sentir, pesante et dure, dans la majeure partie des rgions rurales
dAmrique Latine, leur prsence tant trs importante au sein des socits natives. Pourtant,
il est indniable qu nimporte quel moment dun futur proche, de telles socits prendront
un contact complet avec les nouvelles technologies de linformation et de la communication,
et quelles pourraient les utiliser pour le propre bnfice, la fois dans un dveloppement
dun contact et dans un dialogue interculturel fructueux et durable. Mme si les nouvelles
technologies ne sont pas la panace pour nimporte lequel des maux qui assaillent les peuples
originaires, elles peuvent crer des espaces de rencontre et dchange, et gnrer des moyens
pour la revalorisation et la rcupration de la propre culture originale. Diverses propositions
latino-amricaines (non relies, malheureusement, avec les bibliothques) de portails de
langue et de culture indigne grs par les propres aborignes dmontrent clairement que
souvre de nouvelles possibilits, avec des rsultats prliminaires excellents. Les bibliothques
ne devraient pas tre trangres ces aborignes, et devraient simpliquer de faon pleine et
engage- dans les recherches des groupes natifs.
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Des portes qui se ferment, des portes qui souvrent
On a rassembl de nombreux travaux de rcupration de tradition orale, dhistoire, de
gnalogie et de lgendes au sein des populations indignes en Amrique Latine. Beaucoup de
langues ont dj commenc tre crites, et quelques maisons dditions commencent
raliser de timides tentatives de publication de textes en langues maternelles, destines aux
lecteurs natifs. Malheureusement, les rsultats de tels travaux sont confus, et la grande
majorit ne se sont pas raliss partir des propres communauts, ni avec leur accord, ni avec
leur participation. Pas avec eux, et ni pour eux. Le savoir aborigne est dilu au milieu dune
atmosphre de mconnaissance et dexotisme, lequel est notoire pour tous ceux qui tentent
dapprendre nimporte quelle langue indigne, ou acqurir quelques connaissances relles sur la situation, les traditions et les coutumes des peuples aborignes rels (et non littraires).
La bonne nouvelle cest quil existe quelques projets ponctuels en lien avec les peuples qui ont
obtenus dexcellents rsultats. La mauvaise nouvelle est que la bibliothque a eu peu ou
presque rien- voir avec de telles propositions. Il existe peu de formation professionnelle en
relation avec cette thmatique, lintrieur des carrires bibliothconomiques latino-
amricaines. Il existe peu despaces pour sa recherche, son dbat et son dveloppement. Il
existe peu de cours de formation pour les bibliothcaires pour qui llment indigne est
fortement prsent dans la ralit quotidienne. Il ny a pas de manuels pour organiser une
bibliothque destine ces usagers natifs. La gestion de loralit ou le travail avec les langues
diffrentes de lespagnol ou du portugais ne sont pas inclus parmi les comptences que doit
acqurir un bibliothcaire. Le recueil de la tradition orale nest dfinitivement pas une tche
des bibliothcaires en Amrique Latine, ainsi que la gestion des ressources historiques,
linguistiques ou ducatifs.
Le travail dans les zones indignes est complexe, tant donn quils habitent des territoires
gnralement loigns des principaux centres urbains, ou bien ils habitent des secteurs
urbains difficiles cause de la pauvret, linscurit, la violence, marginaliss. De plus, les
usagers indignes continuent porter des tiquettes sculaires qui les discriminent et les
excluent. Les barrires ethniques et linguistiques psent autant que les barrires sociales au
moment de leur offrir un service dinformation, de formation ou tout simplement de loisirs.
Jusqu ce que de tels points problmatiques ne changent, les bibliothques avec des services
pour les communauts indignes continueront dtre un rve en Amrique Latine, un rve
similaire celui de vivre dans une socit multiculturelle, diversifie et pacifique. Des
dcennies de diffrences et des sicles doppression ont construit des barrires qui rendent
difficile et compliquent le dialogue ouvert et lapproche fraternel entre les individus
indignes et non indignes. Heureusement, quelques bibliothcaires rveurs dutopies
continuent mettre en place des petites propositions qui tentent de rompre le silence et de
concrtiser un modle de bibliothque aborigne motivant et durable. Un modle pouvant
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apporter un petit grain de sable dans le processus de sauvetage que beaucoup de cultures
aborignes ont initi en cherchant sauver leur culture du silence et de loubli.
Cette communication na t rien dautre quune tentative de concrtiser quelques ides et
espoirs, pour dmontrer que, mme sil ne semble pas, une autre ralit est possible si on croit
en elle et si on ne cesse dessayer.
Bibliographie cite
1. International Labour Organization. 2003. A guide to ILO Convention No. 169. [En lnea]
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15. Qadede Id?at: tradiciones que corren a travs de la familia. http://eprints.rclis.org/archive/00007582/
16. Qadede Id?at : une ancienne tradition parcourant la famille. http://eprints.rclis.org/archive/00007582/
17. Bibliotecas y medicina indgena: experiencias en Argentina.
http://eprints.rclis.org/archive/00007599/
18. Libraries and aboriginal medicine: experiences in Argentina. http://eprints.rclis.org/archive/00007599/
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http://eprints.rclis.org/archive/00007602/
20. Guardianes de la fragilidad: bibliotecas pblicas, patrimonio intangible y diversidad
cultural. http://eprints.rclis.org/archive/00008060/.
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21. Voces en el silencio. http://eprints.rclis.org/archive/00008105/.
22. Mi mano, tu mano, su mano... nuestras manos? : reflections for socially responsible
librarians. http://eprints.rclis.org/archive/00008881/.
23. Bibliotecas indgenas: un modelo terico aplicable en comunidades aborgenes argentinas.
http://eprints.rclis.org/archive/00009252/
Traduction : Catherine Leclerc
Bibliothcaire adjointe
Service Recherche du muse national de la Marine
17, place du Trocadro
75116 Paris
Tl. 01 53 65 81 36