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TRAITE D’ABUJA ET FOISONNEMENT DES INSTITUTIONSD’INTEGRATION REGIONALES EN AFRIQUE : PROBLEMES DECOORDINATION, DE COMPATIBILITE DES PROJETS ET DE LA
GESTION DES APPARTENANCES MULTIPLES.Les Cas de L’Afrique Centrale, de L’Afrique Orientale et Australe.
Ernest FOLEFACK Enseignant à l’Université de Dschang - Cameroun
« Convaincus de la nécessité d’accélérer le processus de mise en de mise en
œuvre du traité instituant la Communauté Economique Africaine afin de
promouvoir le développement socio-économique de l’Afrique et de faire face de
manière plus efficace aux défis de la mondialisation » ;
Parmi les objectifs de l’UA (article 3)
« ..c : Accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent…
…i : Coordonner et harmoniser les politiques entre les Communautés
économiques régionales existantes et futures en vue de la réalisation graduelle
des objectifs de l’Union …»
Les textes allant dans le sens de la quête de l’Unité africaine font lésion
dans la littérature. Pourtant ces efforts de l’Afrique ne semblent pas porter les
fruits espérés en occurrence donner une place plus viable au continent notamment
dans une quête théorique et permanente de pour l’unité. Les racines théoriques de
cette quête remonte parfois avant les indépendances mais la création de
l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963 marque le début des actions qui se
veulent concrètes. Sous l’égide de l’OUA l’Afrique a toujours essayé de répondre à
tous les défis dont le continent fait face. Balkanisée par le fait coloniale l’unité est
un véritable leitmotiv bien que les résultats à court terme ne soient pas si évidents.
Il faut également intégrer la dimension développement économique et progrès
social dans un monde lui est généralement hostile du fait de sa position
généralement faible dans les relations internationales. C’est pris dans ces
chantiers d’affirmation de la souveraineté nationale, du progrès économique et
social que chaque Etat africain joue sa partition dans la recherche de l’Unité
continentale qui prend aujourd’hui la forme de l’intégration continentale à travers
les institutions d’intégration régionales. C’est ainsi qu’à la lecture du Traité d’Abuja
instituant la Communauté Economique Africaine (CEA)1 on est frappé par
l’optimisme qui se dégage par rapport au calendrier de la fusion des institutions
régionales et sous régionales en une seule pour parachever le processus de mise
œuvre de la CEA ainsi initiée. On est également frappé par l’absence de la
mention de ce processus d’absorption dans les traités instituant la multitude
d’institutions régionales et sous régionales. Cette omission est d’autant plus
surprenante que la quasi-totalité de ces institutions ont été reformées en
profondeur après l’adoption du traité d’Abuja. L’effet n’est pas atténué par un
Protocole au Traité d’Abuja2 visant à assurer une coordination du processus de
d’absorption des institutions régionales et dont certaines son signataires. Le projet
de mise en œuvre de la CEA est a également perdu sa clarté avec la
transformation de l’OUA en Union Africaine et ce malgré la précaution prise qui
veut que l’Acte constitutif de l’UA a laissé le Traité d’Abuja intacte sous réserve de
son article 33(2) qui précise qu’aucune de ses dispositions ne contredit l’Acte de
l’Union Africaine. Toutes les analyses sont à situer dans un contexte de
mondialisation et de la problématisation de la capacité de l’Afrique de s’en dégager
et mettre en œuvre ses propres projets.
Le thème central de concurrence des institutions nous permet de relever les
aspects positifs ou négatifs. En parlant du foisonnement des instituions, nous nous
orientons vers une analyse critique des aspects négatifs de ladite concurrence.
Partant de la vision originale de l’OUA de limiter à cinq les institutions régionales et
constatant le nombre d’institutions qui revendiques les mêmes objectifs et le même
programme on est en droit de se poser les questions.
En effet, dès 1976 la Conseil des Ministres de l’OUA prenait une résolution3
limitant à cinq les régions d’Afrique qui doivent à terme constituer chacune une
institution régionale d’intégration (Nord, Ouest, Est, Sud et Centre)4. Une décennie
après la Résolution 4 des cinq régions à la suite de l’Acte final et le plan d’Action
de Lagos ont permis de mettre en place des institutions couvrant quatre des cinq
1 Le traité d’Abuja est adopté en 1991 et entrée en vigueur en 1994. 2 Protocole au traité d’Abuja adopté à Addis-Abeba en 1998.3 Résolution CM/Rés 464 (XXVI) de 1976.4 Au moment de l’adoption de cette résolution seule une des ces cinq institutions répondant au critère étaiteffectivement mis en place : la CEDEAO créée en 1975.
régions5. En 1986 intervenait une autre résolution du Conseil des Ministres de
l’OUA6 qui posait déjà la question de la Coordination et de l’harmonisation des
activités et programmes de ces regroupements d’intégration économiques. Dans le
même esprit l’Assemblée des Chefs d’Etat a adopté une Résolution7 en 1987 qui
en son paragraphe 7 demandait au Secrétaire Général de l’OUA, au Secrétaire
Exécutif de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique ainsi
qu’aux responsables des quatre instituions couvrant les régions indiquées
(CEDEAO8, CEEAC9, ZEP10 et SADCC11) de prendre les initiatives nécessaires
pour assurer une coordination, une harmonisation et une rationalisation des
activités, des projets et programmes de toutes les organisations africaines
d’intergouvernementales de coopération et d’intégration. Au moment où cette
résolution est adoptée plusieurs autres institutions n’entrant pas dans les critères
de l’OUA existaient certaines ayant pour base une solidarité de la même antériorité
coloniale ou de domination régionale. Il s’agit en Afrique de l’Ouest (de la CEAO
l’ancêtre de l’UEMOA12, de l’organisation de la rivière Mano) et pour l’Afrique
Centrale (UDEAC13 devenu CEMAC et CEPGL14). Dans la mise en œuvre de l’Acte
Final et du Plan d’Action de Lagos le Traité dit d’Abuja a été adopté en 1991 créant
la Communauté Economique Africaine (CEA) ayant pour ambitions d’absorber à
terme toutes les institutions régionales existantes. Son article 6 (2)a évoque le
renforcement des institutions d’intégration existantes et la création d’autres là où
elles n’existent pas. Cette disposition est ambiguë dans la mesure où elle évoque5 CEEAC (Centre) ; ZEP (Est) ; SADCC (Sud) et CEDEAO (ouest). 6 Résolution CM/Res, 1043 (XLIV) de 19867 Résolution AHG/Res 161 (XXIII) de 19878 CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique Ouest 9 CEEAC : Communauté Economiques des Etats de l’Afrique Centrale.10 Zone d’Echanges Prioritaire (Afrique de l’Est) 11 SADCC : Southern Africa Development Coordination Conference. 12 UEMAO Union Economique et Monétaire de l’Afrique de l’Ouest.13 UDEAC : Union Douanière des Etats de l’Afrique Centrale, transformée en 1994 en CEMAC :Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale. 14 CEPGL : Communauté Economique des Pays des Grands Lacs
la création d’autres instituions alors même que toutes les régions reconnues par
l’OUA sont déjà dotés d’institutions d’intégration. En Afrique l’Afrique du Nord qui
n’en avait pas en 1987 s’est dotée de l’une en 1988 en occurrence l’Union du
Maghreb Arabe (UMA). Au-delà des cinq régions indiquées plus haut le paysage
africain compte une pléthore d’institutions d’intégration économique. Il s’agit d’un
véritable problème tant les activités et les programmes sont semblables, les
chevauchement font lésion et les appartenances multiples défient la rationalité.
Cette situation quasi-chaotique préoccupe l’Union Africaine qui a engagé dès 2005
les efforts en vue de ce qu’elle désigne par la « Rationalisation des Communautés
Economiques Régionales »15 (CER. Pour la Commission de l’Union Africaine la
Rationalisation des CER dont il est question signifie : « traiter les contraintes
considérables qui entravent la capacité des CER à générer et canaliser un effort
collectif et soutenu en vue de l’intégration de l’Afrique ». Parmi ses contraintes : la
prolifération des CER ayant le même mandat et programme, le chevauchement
des institutions et les appartenances multiples. A l’issue de la réunion des
Ministres de Ouagadougou de 2006 l’Union Africaine a été conseillé de ne retenir
(forme de reconnaissance officielle) que huit CER (CEDEAO CEN-SAD16, CEEAC ;
COMESA17 ; CAE18 ; IGAD19 ; SADC20 et UMA) parmi la pléthore. Ce choix peut
faire l’objet des commentaires diverses dans la mesure où on semble départir de la
logique des cinq CER. Il traduit à notre sens un certain embarras et sa rationalité
dans le chois des certains institutions n’est pas sans influence de l’activisme des
Etats qui les animent. On touche par là un problème qu’on ne peut plus éviter si
15 Voir Réunions d’experts d’Accra et Lusaka (2005) et l’agenda de la première réunion des MinistresAfricains chargés de l’Intégration ainsi que les responsables des CER. 16 CEN-SAD : Communauté Economique des Etats Sahélo Sahariens 17 COMESA : Common Market for Eastern and Southern Africa.18 CAE : Communauté de l’Afrique de l’Est19 IGAD : Intergovernmental Authority for Development 20 SADC: Southern Africa Development Community.
l’Afrique veut effectivement s’engager sur le chemin du développement par
l’intégration des économies. Partant de la problématique de la rationalisation des
CER en concurrence nous voulons aborder les contraintes des chevauchement
des institutions, de la gestion des appartenances multiples et les fragilités à la fois
des Etats engagés lesquelles affectent les institutions ils font partie. Cette Etude
peut être étendue sur l’ensemble des régions, mais nous croyons que trois régions
nous permettront d’illustrer nos analyses à suffisance. Il s’agit de l’Afrique centrale,
orientale et australe. Ces trois régions connaissent toutes les questions soulevées
par le problématique de la rationalisation des CER. Les trois régions compte ou ont
les Etats appartenant à neuf institutions (CAE ; CEMAC ; CEEAC, CEN-SAD ;
COMESA ; IGAD ; IOC21 ; SACU22 et SADC). Une analyse des institutions de cette
régions nous permet d’aborder trois questions qui intègrent la problématique de la
rationalisation : la question des chevauchements et des appartenances multiples
(I) et le problème de la fragilité des économies des Etats et partant des institutions
réduisant leur autonomie de choix et capacité de négociation par rapports aux
partenaires extra africains (II).
21 IOC ou COI : Commission de l’Océan Indien 22 SACU : Southern Africa Custom Union
I- LES QUESTIONS DE CHEVAUCHEMENT DESINSTITUTIONS ET DES APPARTENANCES
MULTIPLES.
Parmi les questions préoccupantes dans la problématique de la
rationalisation des communautés économiques régionales africaine on peut
mettre en exergue les chevauchements et la question connexe des
appartenances multiples. Ces questions font l’objet d’une analyse profonde
dans une enquête conjointe sous l’égide de la Commission de l’Union Africaine
et de Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique23. En même
temps elles sont au centre des préoccupations du Comité des Ministres
Africaines chargés de l’Intégration (COMAI). La CNUCED se préoccupe
également de la question de l’intégration sous l’angle du développement du
commerce intra africain24. A tous les niveaux la problématique de la
rationalisation des institutions d’intégration en Afrique est remise en cause pour
déplorer les effets pervers qui entravent la marche vers les objectifs fixés. En
nous focalisons sur les trois régions dans cette étude il est aisé de donner à
voir concrètement par le tableau général (ci-dessous) les deux questions
soulevées : le chevauchement des institutions et les appartenances multiples
décidées par les Etats. D’entrée de jeu il nous semble indispensable de donner
l’ensemble des trois régions sur un tableau comportant d’une part les neuf
institutions d’intégrations qui y ont leurs sièges ou recrutent les Etats
appartenant à l’une des trois régions. Parmi ces institutions une seule la CEN-
SAD est la seule qui recrute les Etats membres dans les régions concernées
sans y trouve son siège. Du fait de cette dernière qui recrute dans toutes les
régions à l’exclusion de l’Afrique australe on dénombre 52 Etats membres y
compris deux Etats qui ne font pas partie de l’Union Africaine (le royaume du
Maroc et la France par le truchement de la Réunion située dans l’océan
indienne.
23 Assessing Regional Integration in Africa II : Rationalising Regional Economic Communities, Addis-Ababa2006. 24 Rapport CNUCED-UNCTAD UN TD/B/56/4 du 3 Juillet 2009 (aperçu 9 pages).
TABLEAU N° 1 : LES 9 INSTITUTIONS COUVRANT LES TROIS REGIONS ET ET ATSMEMBRES
Etats CEN-SAD
COMESA SADC IGAD CAE COI SACU CEEAC CEMAC Totalappart
Bénin M xxxxxxxBurkina Faso M xxxxxxxCentrafrique M M M 3Comores M M M 3Côte d’Ivoire M xxxxxxxDjibouti M M M 3Egypte M M 2Erythrée M M M 3Gambie M xxxxxxxGuinée M xxxxxxxGuinée Biss M xxxxxxxGhana M xxxxxxxLibéria M xxxxxxxLibye M M xxxxxxxKenya M M M M 4Mali M xxxxxxxMauritanie M xxxxxxxMaroc M xxxxxxxNiger M xxxxxxxNigeria M xxxxxxxSao Tomé M M 2Sénégal M xxxxxxxSierra Léone M xxxxxxxSomalie M M 2Soudan M M M 3Tchad M M M 3Togo M xxxxxxxTunisie M xxxxxxxBurundi M M 2Congo (RD) M M M 3Ethiopie M M 2Madagascar M M 2Malawi M M 2Maurice M M M 3Ouganda M M M 3Rwanda M 1Seychelles M M M 3Swaziland M M M 3Zambie M M 2Zimbabwe M M 2Angola M M 2Botswana M M 2Lesotho M M 2Mozambique M 1Namibie M M 2Tanzanie M M 2RSA* M M 2Réunion (Fr) M xxxxxxxCameroun M M 2Gabon M M 2Guinée Equat M M 2Congo (Brazz) M M 2Total 28 19 14 07 03 05 05 10 06
RSA* République Sud Africaine
La rationalisation est inscrite au cœur des objectifs de CEA prévus à l’article
4 du Traité d’Abuja.
I-A) LA QUESTION DES CHEVAUCHEMENTS DES INSTITUTIO NS ENAFRIQUE CENTRALE, DE L’EST ET AUSTRALE
Dans l’esprit de la Résolution CM/Rés 464 (XXVI) du Conseil des Ministres de
1’OUA de 1976 relative à la répartition de 1’Afrique en cinq régions, à savoir :
Afrique du Nord, Afrique de I’Ouest, aucun chevauchement ne de devrait perturber
le processus d’intégration. Mais cette résolution est restée lettre morte dans les
faits car certaines institutions débordent les aires géographiques prévues par le
Résolutions. Le Traité d’Abuja a d’une certaine manière conforté cette tendance en
suscitant voire en en encourageant les nouvelles institutions dans un mouvement
qui pose aujourd’hui des sérieux problèmes de chevauchement entre les
institutions qui parfois n’ont pas les même défis.
Tableau N° 2 des chevauchements entre institutions couvrant les régionsAfrique centrale, de l’Est et Australe.
Instituions CEN-SAD
COMESA
SADC IGAD CAE COI SACU CEEAC
CEMAC
CEN-SAD 28COMESA 07 19SADC XX 07 14IGAD 05 06 XXX 07CAE 01 02 01 02 03COI 01 04 02 XX XX 05SACU XX 01 05 XX XX XX 05CEEAC 03 02 02 XX XX XX XXX 10CEMAC 02 XXX XXX XX XX XX XXX 06 06TotalChevauchementsentre institutionimpliquant…
6/9 6/9 6/9 4/9 4/9 3/9 2/9 3/9 2/9
Le tableau ci-dessus nous montre les chevauchements qui sont autant
d’engagements multiples ayant au mieux les programmes et objectifs
semblables au pire les divergences. Dans un cas ou l’autre les analyses nous
permettent de remettre en cause l’efficacité.
i) Les programmes et objectifs semblables posent la question del’utilisation efficiente des ressources
Hors mis la SACU qui est la plus vieille union douanière de l’Afrique et
même du monde (créée en 1910) et ayant un mode fonctionnement spécifiques
toutes les autres institutions affichent bien des programmes et objectifs
semblables. Dans la région Est seule l’IGAD semble tenir compte de son
chevauchement dans le COMESA en rappelant dans le préambule à son
Traité25:
« Rappelant par ailleurs, l'esprit, les principes et les objectifs du Traité instituant leMarché commun des pays de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique Australe(COMESA) .. »
Mais aussi à l’article 7(i) relatif aux objectifs de l’IGAD :
« i) Promouvoir et réaliser les objectifs du Marché commun des Etats deL’Afrique de l'Est et de l'Afrique Australe (COMESA) et ceux de la CommunautéEconomique Africaine ; »
Cette précision intervient alors que la Somalie membre de l’IGAD n’est pas
membre de la COMESA. Dans cette perspective l’IGAD ne s’encombre pas des
institutions qui sont déjà prévues dans le Traité instituant la COMESA. Cette
situation tranche avec celle du Traité instituant la Communauté d’Afrique de
l’Est26 ne fait aucune allusion à la COMESA ou la SADC les deux institutions
qui chevauchent avec elle. Elle mentionne cependant la CEA issue du Traité
d’Abuja. En Afrique centrale les chevauchements identifiables sont ceux de la
CEN-SAD ; la SADC et la COMESA auquel il faut ajouter la CEMAC qui se
trouve entièrement au sien de la CEEAC. Ces deux institutions font
parfaitement double emploi et semblent s’ignorer dans leurs textes
fondamentaux.
A titre de l’illustration sur les dédoublements des institutions, nous avons
les Cours de Justice qui étendent leur compétence territoriale sur l’Afrique de
trois Etats de l’Afrique de l’Est :
Tableau N° 3 Les Juridictions internationales couvr ant 3 Etats de l’EST
CJ CAE CJ COMESA Tribunal SADC CJ CEA (T Abuja)Kenya oui oui non ouiOUganda oui oui non ouiTanzanie oui non oui oui
25 Traité de Nairobi 1996 instituant l’IGAD remplace le Traité de 1986 instituant l’institution originelleIGADD in IGAD/SUM-96/AGRE-Doc Nairobi, le 21 mars 199626 Traité instituant la CAE de 1999 tel que révisé en 2006 et 2007.
Ce constat est également valable en Afrique Centrale où quatre des cinq
institutions qui y recrutent les membres ont prévu ou ont déjà des Cours de
Justice : il s’agit de la CEMAC, de la CEEAC de la COMESA et de la SADC.
Chacune des communautés économiques aligne un nombre considérables
d’institutions qui illustrent cette la thèse de l’absence de coordination et appelle à
la nécessité de la rationalisation. A titre d’illustration les institutions de la
COMESA :
La Banque du Commerce et du Développement de la COMESA (Nairobi Kenya)
La Chambre de Compensation de la COMESA (Harare, Zimbabwe)
L’Association des Banques Commerciales de la COMESA (Harare, Zimbabwe )
L’Institut du Cuir de la COMESA (Ethiopie)
La Compagnie de Réassurance de la COMESA (Nairobi, Kenya)
La Cour de Justice de la COMESA (Lusaka Zambie)
Pour les trios régions on dénombre ainsi les structures, organes et institutions
permanentes ou ad hoc qui consomment les ressources fragiles des neuf
institutions. Etendre à l’ensemble du continent et la quinzaine d’institutions peut
constituer un gaspillage des ressources pourtant très rares. En Afrique centrale
en 45ans (UDEAC devenu CEMAC) et en 26 ans de la CEEAC la question
élémentaire de la libre circulation reste en suspension.
ii) Les objectifs et programmes divergents posent l a question descomportements des Etats pris dans le filet des chev auchements
Il existe également dans ces situations de chevauchements les objectifs parfois
divergentes qui mettent les Etats membres dans une situation de confusion.
Mais il ne s’agit pas de s’attarder sur les programmes ou objectifs divergents
mais sur ce qui expliquent le comportement des Etats volontairement prennent
les engagements dans ce sens. Ce comportement dénote un phénomène qui
sera examiné un peu plus loin sous la forme du questionnement de la prise en
compte effective par les institutions nationales des engagements pris au sien
des institutions d’intégration régionale.
I- B LA QUESTION DES APPARTENANCES MULTIPLES.
Très liée à la question des chevauchements dont elle est la conséquence
inéluctable, elle pose quelques sous questions portant sur cette facilité qui
caractérise les adhésions, et de peu d’imprégnation par les autorités nationales
ainsi que leurs administrations ne semblent pas tenir compte des
conséquences réelles de leurs engagements multiples sur le plan
internationale.
i) Une adhésion trop facile aux institutions régiona les
Une des caractéristiques qui se dégagent à la fois des traités et des pratiques
des institutions régionales d’intégration en Afrique c’est la liberté et la facilité
d’adhérer. C’est dire que l’acte d’adhésion n’est pas souvent le fruit d’une réflexion
profonde de la part des candidats. Les dispositions des traités fondateurs relatives
aux conditions d’adhésion sont pratiquement identiques : il s’agit de faire accepter
de façon unanime les membres de la plus haute instance qu’est le sommet des
chefs d’Etat et de gouvernements. C’est dire que seule les considérations
politiques sont prises en compte alors que bien souvent les intérêts économiques
doivent être déterminants. En plus l’Etat candidats doit suivre une procédure de
préparation et même de qualification qui prend en compte divers aspects de sa vie
comme nation. Il s’agit des conditions structurantes visant à aider les pays
candidats d’éviter certains chocs, de les mettre à niveau acceptable sur certains
aspects de leurs économies et organisations sociales. Cette préparation et mise à
l’épreuve des candidats vise en même temps protéger les acquis de l’institution
d’accueil.
La CEN-SAD semble illustrer une véritable complaisance en matière
d’adhésion. Elle partie en 1998 d’une rencontre de concertation des Etats ayant en
commun les défis de la vie du sahel. Elle est désormais pilotée par le Leader
Libyenne qui y « recrute » les amis politiques de circonstances. Un des objectifs de
la CEN-SAD étant de faire dissoudre les autres communautés Economiques
Régionales27.
Face à cette liberté d’adhésion et même de création de nouvelles
institutions on peut esquisser une explication basé sur le mythe désincarné de
27 Au sommet de la CEN-SAD de Juin 2008 le dirigeant a appelé à la dissolution des autres CER citant enparticulier la CEDEAO et le SADC. Voir (www.cen-sad.org)
l’unité qui veux que chacun prêche l’unité même quand par ailleurs les
comportements restent plus proches des conceptions suprématistes de la
souveraineté. Aussi la décision l’adhérer à une institution relève du reflex alors
qu’elle doit être un acte réfléchi en fonction d’un projet de société et des intérêts
essentiels des Etats. En réalité aucun Etat ne veut être « politiquement incorrect »
face à tout ce qui évoque en public l’unité africaine. Il est donc indispensable retirer
la question de la constitutions des CER du champs purement politique pour y
injecter une dimension technique et par là de rationalisation. Parti d’un projet de
cinq institutions régionales, et ayant sous la main une quinzaine à ce jours l’Union
africaine a pris l’option de déplacer le problème sur le terrain de l’expertise afin de
préparer les décisions qui seront en dernière analyse politique. Dès 2005 en
réunissant les experts pour se pencher sur la rationalisation des CER28 Les
travaux de ces experts ont été exploités par les Ministres africains en charge de
l’intégration qui trouvent sur leur table deux considérations pratiques qui sont en
fait deux définitions extrêmes du processus de rationalisation. Selon ces experts :
«deux définitions extrêmes du processus de rationalisation sont-elles proposées : lesformes rigide et souple de la rationalisation servant de point extrêmes d’un continuum aulong duquel différents modèles de configuration de la rationalisation pourraient êtreperçus….« La forme rigide de la rationalisation implique l’absorption et les fusions des CER etCES/R existantes et des institutions régionales similaires afin qu’elles soientsynchronisées par rapport aux 5 communautés régionales proposées dans le cadre duTraité d’Abuja…« La forme souple suppose que chacune des organisations de coopération et/oud’intégration maintient l’intégralité de son mandant et de ses objectifs actuels. « La rationalisation devrait par conséquent être entreprise à travers la normalisation etl’harmonisation des stratégies, des programmes, des projets sectoriels et des instrumentsde coopération des institutions en activité dans chaque région »
ii) L’absence de l’évaluation des implications des enga gements.
Une des questions qu’on est en droit de poser face à l’attitude des Etats africains
face aux institutions qu’ils ont pourtant participé à la création et celle de la sincérité
des engagements pris. Les institutions de l’Afrique centrale sont les plus à
examiner sous cette grille.
Depuis ses débuts en 1983 la CEEAC reste en définitive une coquille vide
sur le plan de mise en oeuvre de l’intégration. Pourtant les déclarations ne
28 Réunions d’experts sur la Rationalisation des CER 2005 , Accra Ghana pour l’Afrique Centrale, Nord etOuest et Lusaka pour l’Afrique australe et de l’Est. (voir Exposé de la CEA-ONU, aperçu général del’argumentaire sur la rationalisation.) www.african-union.org
manquent pas lors des sommets de ces institutions ou à l’occasion des adhésions.
A titre d’illustration les déclarations du Kenya, de Sao Tomé ou de la Mauritanie au
moment d’adhérer au CEN-SAD en 2008.
"C’est avec honneur que nous acceptons d’entrer dans cette communauté", aaffirmé le président de Sao Tomé et Principe, Fradique de Menezes, tandis que levice-président du Kenya Kalonzo Musyoka pense "avec beaucoup d’espoir" que"cette adhésion va avoir des retombées positives" pour son pays. Un représentantde la Mauritanie a déclaré que cette "nouvelle donne est une opportunité pour sonpays de développer ses relations avec les autres »
iii) Un faible prise en compte des institutions dan s les stratégies nationalesde développement
Le processus d’intégration peut-il se faire sans une participation active es
populations. Cette population est souvent intéressée les mouvements migratoires
des populations à la recherche des marchés ou du travail. L’argument ici est qu’il
est difficile pour les pays ayant une autonomie de décision limitée à cause de
diverses conditionnalités des bailleurs des fonds notamment les plans
d’ajustement sociaux de s’engager de façon sérieuse sur les projets à très long
terme sur le plan régional. La notion de citoyenneté africaine qui a circulé ne
semble pas avoir un impact. Les encouragements de l’UA dans ce sens ont donné
lieu à la Charte africaine de la participation populaire, adoptée en 1990, qui
témoigne de la détermination renouvelée de l’OUA à tout mettre en œuvre pour
placer le citoyen africain au centre des processus de développement et de prise
des décisions.
II- Les fragilités par rapport partenaires extraafricaines des Etats et des Institutions.
Dans une interview à une chaîne de télévision à grande diffusion, un ministre
d’Etat de l’Afrique centrale disait ceci :
«la nature à horreur du vide, l’Etat X ne voulant plus étendre ses activités dans
notre pays l’Etat Y a rempli le vide »
Drôle de façon de vendre son pays. Cet anecdote permet de soutenir
l’argumentaire selon lequel la multiplication des institutions c’est justement
parce qu’on ne croient pas en leurs capacité ou même à celle des Etats. Alors
faire partie de deux ou trois ne semble pas poser des problèmes car cela
semble être sans conséquence pratique sur les engagements par rapport aux
partenaires étrangers. C’est dire qu’en s’engageant par sur le plan extra
africains les Etats se soucient peu des objectifs des institutions dont ils sont
membres.
Inconsciemment et tout naturellement, le Ministre cité plus haut vient de
nous dire que son pays n’est que le champ des autres. Il n’a pas un seul
instance pensé à un quelconque projet national ou régionale et pourtant l’Etat
en question en plus de son propre programme doit gérer une double
appartenances à deux instituions d’intégration régionale. C’est très souvent
dans cet état d’esprit que certains plénipotentiaires africains se présentent à la
table des négociations dans leurs relations au reste du monde. Les accords
conclus dans une telle relations ne peuvent tenir compte tant des véritables
intérêts nationaux encore moins d’une intégration africaine. Il y a donc un
risque de perdre de vu certaines données déterminantes dans le processus
d’intégration en Afrique vouloir le comparer à tout prix à l’intégration
européenne. Il y a d’abord le contexte et les facteurs historiques qui ne sont
pas les mêmes. On doit poser la question de savoir si l’intégration entre pays
industrialisés peut avoir les mêmes processus que celle des pays non
industrialisés ou dits en voie de développement. Il y en plus la différence des
rapport aux reste du monde. Tandis que l’Europe par d’une situation de
l’antériorité du modèle économique dominante et même de relation de
domination ou alors de rapport plus favorable à une bonne partie du monde
dont l’Afrique. En se présentant dans ses relations avec le reste du monde en
situation d’extrême faiblesse, l’Afrique ne peut pas planifier de façon
imperturbable son devenir. Sa balkanisation en plusieurs Etats fait autant de
voies divergentes mais extrêmement faibles dans les rapports avec les
partenaires économiques. En réalité parler comme il est souvent le cas des
relations avec l’Afrique donne une fausse impression de l’unité du propos du
coté africain. Il s’agit d’une relation avec une « poussières » d’Etats souverains
qui parlent chacun en son nom dans une relation de partenariat apparent mais
dans une relation de réelle domination où l’Etat africain se présente très
souvent dans la situation de demande pour satisfaire les besoins trop souvent
urgents qui ne permettent pas de projeter l’objet d’une telle relation dans
stratégie à long terme encore moins le situer dans une stratégie coordonnée
régionale ou sous régionale. Nous illustrons ses rapports perturbateurs du
processus de l’intégration en Afrique à la faiblesse de ses avantages comparés
par rapport aux relations au reste du monde.
I- A) LA FAIBLESSE DES RELATIONS ECONOMIQUES ENTRE LES
ETATS MEMBRES
A la question quelle intérêt un Etat africain en général a-t-il a renforcer les liens
de coopération voire de l’intégration avec les autres Etats africains voisins ou
non, il y a deux types de réponses : pour une réponse qui se projette dans
l’avenir, et qui se veut essentiellement optimiste c’est la voie incontournable
parce que c’est l’avenir par contre la réalité des comportements qu’on observe
fait exactement l’inverse en essayant autant que possible à éviter les efforts
qu’il faut pour faire œuvre de constructeur d’avenir, les Etats sont depuis cinq
décennies pris au piège des comportements pour parer au plus urgent qui les
oblige sur le chemin de la consommation des produits industriels qui inondent
les marchés et de se réduire au rôle de pourvoyeur des matières premières
brutes qui n’ont pas souvent leur marché en Afrique.
i) La persistance de l’économie de la cueillette bo nne les relations
commerciales extra africaines.
En nous limitant essentiellement au cas de l’Afrique centrale, on peut dire qu’on
en est dans une situation de l’économie de la cueillette car l’essentiel des
économies des pays de la région dépendent de l’exploitation des ressources
naturelles, pour la plupart non renouvelables : il s’agit des hydrocarbures et les
ressources minières. Au stade actuel des ces économies les partenaires
intéressés sont les pays industrialisés d’où le peu d’intérêt pour le
développement d’autres secteurs sur le plan national encore moins se donner
les soucis pour l’intégration régionale. Ils est donc logique que l’Afrique centrale
soit la région où les efforts d’intégrations sont les moins visibles ou alors ont
très peu de prises sur la vie des Etats concernés. La nature des économies est
déterminante pour le comportement envers les projets d’intégration régionale.
L’intégration régionale ici ne semble pas être une priorité dès lors que la vision
n’est pas à long terme et n’envisage pas encore la transformation de
l’économie de cueillette en économie de production industrielle.
ii) Impossibilité du commerce entre les économies c lones
La Déclaration de l’OUA sur la situation politique et socio-économique en
Afrique et les changements fondamentaux qui se produisent dans le monde,
adoptée en 1990, qui souligne la détermination de l’Afrique à prendre l’initiative,
à façonner son propre destin et à relever les défis de la paix, de la démocratie
et de la sécurité. Ce sont autant les éléments qui peuvent faciliter l’émergence
des communautés économiques régionales mais l’élément central restera le
développement du commerce entre les Etats membres d’une région. Sur ce
point le constat qui est le plus souvent dressé c’est la portion négligeable de ce
commerce intra africain. Dans un rapport récent la CNUCED revient une fois de
plus sur ce commerce Il s’agit du : «Rapport 2009 sur Le développement
économique en Afrique est consacré à l’intégration régionale en Afrique et aux
possibilités qu’elle offre de remédier aux faiblesses structurelles séculaires des
économies africaines et d’améliorer les résultats économiques nationaux et
régionaux »29. Le rapport analyse entre autres les caractéristiques et les
structures essentielles de l’intégration intra africaine dans trois domaines :
commerce (biens et services), de l’investissement et des migrations. Les
propositions qui sont mis en avant dans le rapport pour améliorer la situation
sont autant des points de failles de cette relation.
29 « Développement Economique en Afrique : renforcer l’intégration économique régionale pour ledéveloppement économique de l’Afrique » CNUCED-UNCTAD, UN TD/B/56/4 du 3 juillet 2009 (un aperçude 9 pages).
Pour ce rapport le commerce intra africain reste très faible par rapport
volume du commerce intra régional partout ailleurs. Il ne représente que «8,7 %
des exportations totales et 9,6 % des importations totales de la région ». Même
si le rapport qui tente de donner espoir que ces statistiques peuvent s’améliorer
nous sommes obligés de donner une explication qui n’est pas unique mais qui
participe du marasme de ces relations. Très souvent nous sommes en
présence dans une sous région ou régions à des « économies clones » c'est-à-
dire celles qui produisent les mêmes choses. L’Afrique centrale en général et
les pays membres de la CEMAC dépendent pour leurs exportations des
mêmes produits : les hydrocarbures, les produits miniers, le bois et quelques
produits tropicaux comme le café et le Cacao. (Cameroun, Congo Gabon,
Guinée Equatoriale, la RCA et le Tchad),
Il y a également l’épineux problème de la libre circulation des biens et des
services, mais cela exige le préalable d’un cadre législatif approprié sur les
questions de migrations internationales de main d’œuvre. Une fois de plus
l’Afrique centrale monstre le mauvais exemple dans sa gestion de la libre
circulation. Promis depuis 1964 au sien de l’UDEAC devenue CEMAC elle n’est
toujours pas mise en place entre les Etats membres. Ainsi, il est plus aisé pour
les camerounais de se rendre au Nigeria (qui est lié à l’Afrique de l’Ouest) que
de se rendre au dans les autres Etats membres (Gabon, Guinée Equatoriale
Tchad etc).
iii) l’enclavement persistante de l’Afrique par rap port à l’Afrique.
Le rapport du CNUCED cité plus haut estime en outre que le principal
obstacle au commerce intra africain « tient à des coûts de transport
extrêmement élevés en raison de la médiocrité des infrastructures ». Ce
constat est partagé par plusieurs études. Une étude comparative montre que
les coûts de transports dans l’espace CEN-SAd peuvent atteindre 77% de la
valeur des exportations contre 40% pour les pays asiatique et 33% pour les
pays d’Amérique latine et les Caraïbes30
30 Voir Site www.cen-sad.org
I- B) PLUS DAVANTAGES A COURT TERME DANS LES RELATION SINEGALES AVEC LE RESTE DU MONDE.
Le talon d’Achille de l’Afrique dans ses relations avec le reste du monde c’est
l’inégalité des situations. Dans cette inégalité l’Afrique n’arrive toujours à tirer une
force parce qu’elle se présente dans une situation de quasi-urgence à la recherche
des solutions à très courts termes pour remédier aux situations d’urgence. Nous
argons que dans une telle situation la recherche des avantages parfois dérisoires
mais urgents déstabilise en permanence les relations qu’entretiennent les Etats
africains avec le reste du monde. Ces éternelles situations urgences installent une
panique qui fait que l’Afrique parle rarement d’une même voix. Dans ce qu’on
appelle généralement les forums de négociation entre l’Afrique avec x ou y régions
sont en fait fort ambiguë du coté Afrique car les Etats n’ont point les mêmes
stratégies. Pris individuellement dans une telle relation aucun Etat ne fait le poids
dans une confrontation des intérêts. Très souvent l’Afrique a affiché une unité de
façade pour afficher par proclamation des convergences d’intérêts lors des
grandes messes mais qu’on ne attend les résultats en vain. Il en est ainsi quand
sortant de l’emprise de la guerre froide elle adopte « Le Programme d’action du
Caire, adopté en 1995, qui est un programme visant à relancer le développement
politique, économique et social de l’Afrique » ou encore « La Position africaine
commune sur la crise de la dette extérieure de l’Afrique, adoptée en 1997, qui est
une stratégie visant à faire face à la crise de la dette extérieure du continent » etc
On a constaté ces dernières années une floraisons de sommets qui prétendent
mettre face à face les Etats africains (comme acteur unique) et les autres
organisations régionales ou tout simplement certaines puissances économiques :
Union Européenne, Etats-Unis, Japon, Chine, Inde, Brésil etc. Dans ces relations
l’Afrique est censée être représentée par les organisations régionales
conformément à leurs textes fondamentaux. En réalité nous avons à faire seules
les partenaires de l’Afrique peuvent avoir une stratégie viable, l’unité de propos de
l’Afrique n’étant trop souvent que de façade couvrant une multitude des demandes
des avantages à très courts termes. Nous pouvons illustrer cette thèse par les
relations qui se nouent entre l’Afrique et l’UE, Chine et Inde en insistant sur
l’Afrique de l’Est, Centrale et Australe.
i) La nature de la relation Afrique – Union Européenne
Les relations entre l’Afrique et l’Europe ne peuvent être analyser sans
intégrer (au moins en toile de fond) trois paramètres qui structurent les
comportement des acteurs : le passé colonial qui entretient les sous-entendus
et les sentiments dissimulés par les uns et les autres parce que politiquement
et même diplomatiquement incorrecte de les exposer au grand jour ; la réalité
économique (généralement défavorablement à l’Afrique) qui se décline en une
inégalité des positions autour de la table de négociation, et les différences des
attentes des uns et des autres .
Dans les trois régions prises en compte dans cette étude, les institutions
ayant les relations avec le passé coloniales des Etats sont présentent : la
CEMAC (ancienne AEF sauf la Guinée Equato), la CAE (vestige de la
colonisation anglaise) et SACU (datant de la gestion anglaise et de l’Union sud
Africaine). Il ‘agit des institutions dont la conception trouvent les racines ailleurs
et peut-être faut-il y voir une des raisons des échecs. Il est claire au moins sur
la forme que l’UE depuis l’époque de la CEE a toujours plaidé pour la cause de
l’intégration régionale en Afrique et a toujours tenté de créer les cadres qui
permettent de mettre face à face les entités régionales africaines et l’UE. Le
cadre le plus large a été pendants des décennies les accords ACP-CEE
(depuis 1964 les accords dits Yaoundé I & II, les accords de Lomé et pour
clôturer l’accord de Cotonou du 23 Juin 2000 qui a mis un accent particulier sur
l’aide apportée par l’UE au processus d’intégration en Afrique. Il faut également
ajouter au crédit de l’EU le financement de certains investissements en
infrastructures structurantes en vue de favoriser l’intégration régionale en
Afrique. Il en est ainsi en Afrique centrale des routes (Cameroun - RCA,
Cameroun – Tchad et Cameroun – Gabon et Guinée Equatoriale). Une fois de
plus on peut s’interroger sur la nature de la contribution de l’Afrique.
Le débat actuel sur les APE31 que propose l’UE aux organisations
régionales africaines. Sont-ils de natures à rationaliser les comportements des
partenaires africaines par rapport à leurs organisations régionales ou les
encourager sur le chemin de la prolifération ?. On remarquera que les APE
sont proposées à dix organisations régionales africaines à savoir l’UEMOA,
CEDEAO, CEMAC, CEEAC, COMESA, SADC, EAC, IOC, SACU etc. Il est
évident que la souci de rationalisation qui nous anime dans cette étude n’est
31 APE : Accord de Partenariat Economique
pas un critère pour l’UE qui risque de se retrouver avec plusieurs accords sur la
tête des Etats aux appartenance multiples comme la plupart des Etats de la
région couverte par cette étude.
Ces accords ne vont pas sans poser des problèmes aux Etats membres de
CERs C’est ainsi que l’accord APE avec l’Afrique centrale divise les Etats
membres de la CEMAC qui y sont allé en rang dispersé. Certaines critiques de
ces accords mettent en avant pour le déplorer la capacité de l’UE d’imposer
ses vues notamment quand les Etats y vont an rang dispersé. Pour
l’eurodéputé Kader ARIF l’UE n’a pas à imposer un rythme aux pays africains
dans le cadre des APË. Il parle d’expérience car rapporteur sur l’accord
intérimaire entre l’UE et le Cameroun et en charge de l’Afrique centrale dans le
cadre desdits accords32. Pour ce Député les APE ne doivent pas focaliser
uniquement sur le commerce qui est loin être symétrique mais corriger les
déséquilibres par le maintien de l’aide public au développement. Il s’agit d’une
opinion qui trouve un écho favorable dans les Etats africains qui à notre sens
sont trop sensibles aux gains immédiats. Il faudra qu’un jour on pose la
question du développement à partir de la posture du demandeur d’aide.
Dans les relations Afrique EU on assiste généralement à la floraisons des
discours qui flattent les uns et les autres. Il en est ainsi de la nouvelle relation
dite stratégique entre l’UE et les institutions africaines. Le document s’étend sur
le consensus relatif aux valeurs communes, les stratégies pour réduire les
écarts en terme du développement et soutenir le développement durable du
continent.
Les principes fondamentaux sur lesquels reposerait cette relation stratégique sont :
l’unité de l’Afrique ; l’interdépendance entre l’Afrique et l’Europe, le respect pour
les droits de l’homme, les principes démocratiques et l’Etat de droit ainsi que le
droit au développement. Les deux partenaires entendent renforcer la cohérence et
l’affectivité des accords, politiques et instruments existants
Ce document est un aveu des points faibles des relations entre l’Afrique et
l’Europe et entendent les rectifier notamment en instaurant: le dialogue politique,
cogestion et coresponsabilité dans la coopération bilatérale et sur les affaires du
monde, le partage des charges…égalité et justice, respect du droit et accords
internationaux etc.
32 Quotidien Mutations 08-09-2009
Les objectifs visées : le partenariat politique Afrique – UE, renforcer et promouvoir
la paix, la sécurité visant les objectifs millénaires de développement à l’horizon
2015
a) Abandonner les relations traditionnelles existantes et forger un véritable
partenariat caractérisé par l’égalité et la recherche des objectifs commun.
b) Construire sur les expériences et leçons positives appris des relations passées
et apprendre là où les mécanismes et instruments ont été appliqués dans les
politiques particulières mais aussi apprendre des erreurs du passé. .
c) Promouvoir la perception plus juste qu’ont les uns et les autres à la places de
celle du passé dominée par les stéréotypes hérités du passé et qui ignorent les
évolutions positives dans les deux continents.
d) Encourager la compréhension mutuelle entre les peuples et les cultures des
deux continents Les quatre objectifs qui meublent le cadre devant accueillir ce
partenariat stratégique sont : la paix et la sécurité; la bonne gouvernance et les
droits de l’homme; le commerce et l’intégration régionale et les problèmes de
développement essentiels
Sur l’aspect commerce et l’intégration, les objectifs du traité d’Abuja et ceux des
CERs seront pris en compte dans la conclusion des APE
ii) La nature de la relation Afrique – Chine
Depuis quelques années la présence chinoise en Afrique est au centre des
débats. Elle est souvent analysée sous l’angle de la concurrence avec l’EU. En
réalité les analystes ne manquent pas l’occasion de considérer à demi-mot
l’Afrique comme étant au centre d’une autre ruée vers l’occupation par les
puissances extérieures. L’Afrique entre dans cette relation une fois de plus
dans un rapport défavorable. La Chine quant à elle, est à la recherche des
marchés pour les matières premières (les mines et hydrocarbures) et pour ses
produits manufacturés. Cette présence est significative dans les trois régions
considérées dans cette étude. Une des caractéristique de cette relation Afrique
– Chine c’est l’absence de référence aux projets africains d’intégration. C’est
une relation beaucoup moins composite que l’Europe a avec celle que l’Afrique.
La question de l’avenir est de savoir l’impact de cette nouvelle relation sur
l’avenir de l’Afrique.
iii) La nature de la relation Afrique - IndeLe sommet Afrique - inde de 2008 a apporté une certaine modification dans le
comportement des Etats africains qui ont pris part aux côté des 8 CER agrées par
l’UA. Mais la presse n’a cessé de parler de deux partenaires (comme si l’Afrique
parlait véritablement d’une seule voie) en réalité c’est un véritable abus de langage
qui a les conséquences graves en termes d’illusions. Comment peut-on parler des
« deux partenaires » quand d’un côté on a l’Inde une démocratie capable d’une
politique cohérente et de l’autre une poussière d’Etats qui parlent chacun de ses
problèmes particuliers en ignorant les problèmes et projets dans les cartons des
nombreuses institutions régionales entremêlées dont ils font partie ? A la suite de
ce sommet la différence des visions étaient visible dans les média : tandis que le
presse africaine faisant écho des préoccupations de leurs Etats essayaient de
comptabiliser les avantages en terme d’aide immédiate, le presse européenne
s’interrogeait sur la stratégie de l’Inde de prendre les positions fortes sur les
marchés et les matières premières africaine et ce dans le but de contrer les
intérêts de la Chine. En fait l’Afrique aux yeux d’une partie de n’est que champs de
confrontations des intérêts antagonistes des puissances extérieures à l’Afrique. La
presse africaine misait la satisfaction des besoins immédiats en importations en
provenance de l’Inde notamment les produits manufacturés, l’alimentation et les
produits sanitaires.
Quant à l’innovation en matière de représentation la décision de
l’Assemblée des Chefs d’Etat et de Gouvernements de Banjul 20006 selon laquelle
désormais tous les sommets qui réunissent l’Afrique et un partenaire extérieur les
personnes suivantes doivent faire partie de la délation :
- Le Président en exercice de l’Union Africain
- Le précédent Président de l’Union Africaine
- Le Président en exercice de l’UMA
- Le Président en exercice de la CEN-SAD
- Le Président en exercice de la CEDEAO
- Le Président en exercice de la CEEAC
- Le Président en exercice de la SADC
- Le Président en exercice de la CAE
- Le Président en exercice de la COMESA
- Le Président en exercice de l’IGAD
- Les initiateurs du NEPAD : les Présidents de l’Algérie, du Nigeria et
de la République Sud Africaine ;
- Le Président de la Commission africaine et une délégation de la
Commission.
On peut cependant poser la question de savoir quelle est le degré de concertation
a pu avoir lieu entre ces représentants des CERs d’une part entres ces CERs et
les Etats d’autre part.
Conclusion Le Traité instituant la Communauté économique africaine (CEA), adopté en
1991 et plus communément connu comme le Traité d’Abuja, qui vise à mettre
en place la CEA en six étapes devant aboutir à un Marché commun africain
dont les piliers sont les communautés économiques régionales (CER) est
entrée en vigueur depuis 1994. Quant ce traité entrait en vigueur, le CEAN
organisait une conférence portant sur « régionalisation, mondialisation et
fragmentation en Afrique sub-saharienne »33 En prônant la création des CERs
dans un premier temps pour les préparer à se fusionner en une seule (CEA)
sur une période ne dépassant pas 35 ans, on n’a sans doute sous estimé la
capacité des Etats Africains à porter sur la plan théorique leur rêves sur l’unité
africaine mais en même temps s’accrocher à l’expression la plus conservatrice
de la souveraineté nationale. En se penchant sur trois des cinq régions au sens
de l’UA dans sa Résolution CM/Res 464 (XXVI) de 1976, on retrouve en
définitive neuf institutions régionales. Ces institutions se caractérisent par les
chevauchements des unes avec les autres, autant que les Etats ne semblent
pas se gênent outre mesure en adhérant à plusieurs institutions ayant les
objectifs identiques ou contradictoires. La gestion de ce véritable foisonnement
des CERs donne le spectacle d’une concurrence et pose aujourd’hui un
problème crucial de rationalisation dont l’UA doit résoudre. Nous pouvons dire
que la fragilité des économies veut que la voie du salut passe aussi par les
regroupement sous le forme des CERs mais la même fragilité les empêche
33 Les communications ont fait l’objet d’une publication éditée par Daniel C BACH (Paris Karthala, 1998).
d’appliquer les programmes contraignantes qui vont avec l’intégration tout en
les exposant sans possibilité d’autonomie fac aux puissances économiques qui
entrent en relations avec eux.