Upload
others
View
1
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Traitement anti-tumoral oral chez la personne âgée au cours du cancer colorectal M1
Pr François GOLDWASSER
Service de cancérologie
GH Cochin Port-Royal, APHP 5
Dr. Olivier Mir
CERIA & Cancérologie médicale
Groupe Hospitalier Cochin – Broca – Hôtel Dieu
Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité
Graisse viscérale
et efficacité des anti-angiogéniques
Pourquoi évaluer la composition corporelle chez les patients
atteints de cancer ?
Plusieurs Thérapies orales dans les cancers colorectaux métastatiques
• Capécitabine (XELODA) ; cp 150 et 500 mg
• Monothérapie : Cancer du côlon, cancer colorectal et cancer du sein :1250 mg/m2 deux fois par jour (matin et soir ; soit une dose quotidienne totale de 2500 mg/m2) pendant 14 jours, suivie d'une période sans traitement de 7 jours.
• Une analyse des données de tolérance chez des patients âgés de 60 ans ou plus traités par la capécitabine en monothérapie et une analyse des patients traités par l'association capécitabine/docétaxel ont montré une augmentation de l'incidence des effets indésirables de grade 3 et 4 ainsi que des effets indésirables graves liés au traitement, par rapport aux patients de moins de 60 ans.
LONSURF (trifluridine cp 15 ou 20 mg/ tipiracil), analogue de la pyrimidine
trifluridine analogue nucléosidique de la thymidine, et le tipiracil, un inhibiteur de la thymidine phosphorylase qui freine la dégradation de la trifluridine. 35 mg/m²/dose.
Chez l'adulte, la dose initiale recommandée est 35 mg/m²/dose, à raison de 2 administrations par jour : aux jours 1 à 5 puis aux jours 8 à 12, de chaque cycle de traitement . La dose à prendre lors de chaque administration doit être calculée en fonction de la surface corporelle . Elle ne doit pas dépasser 80 mg/dose.
Régorafénib (STIVARGA cp 40 mg )
La dose recommandée est de 160 mg de régorafénib (4 comprimés de 40 mg) par voie orale une fois par jour pendant 3 semaines, suivi d'une semaine d'arrêt,
Dans les études cliniques, aucune différence pertinente n'a été observée en termes d'exposition, de sécurité ou d'efficacité entre les patients âgés (65 ans et plus) et les patients plus jeunes
métabolisé par le cytochrome CYP3A4 et par l'uridine diphosphateglucuronosyl-transférase UGT1A9.
Au total, d’après le VIDAL…chez le sujet âgé..
• Plus de toxicité ou pas …
• PS 0-1
• Dose • rapportée à la surface corporelle (Xeloda et Lonsurf) • ou fixe (Stivarga)
Même dose pour tous ?
Nutricancer-2 2012 study
2.197 Patients included
Defining the clinical condition of cancer patients : it is time to switch from performance status to nutritional status.Cessot A, Hebuterne X, Coriat R, Durand JP, Mir O, Mateus C, Cacheux W, Lemarie E, Michallet M, de Montreuil CB, Goldwasser F; French Nutrition Oncology Study Group.Support Care Cancer. 2011 Jul;19(7):869-70.
N=190025% of PS 0-1 sont dénutris
Mais le PS est insuffisamment sensible…
Prevalence de la sarcopénie en cancérologie
• 35 articles ; 6894 participants
• sarcopénie pré-therapeutique 38.6% of patients [95% CI 37.4-39.8].
Mais IMC et perte de poids sont des indicateurs pris en défaut
Un même IMC peut correspondre à des situations cliniques très différentes. La perte de masse musculaire est souvent occulte particulièrement chez le sujet obèse
Sarcopénique versus normalAbdominal computed tomography images in horizontal plane. Images taken at 3rd lumbar vertebra. Red color indicates skeletal muscles: rectus abdominus, oblique and lateral abdominal muscles, psoas, paraspinal muscles. Patient at left shows sarcopenia (severe muscle depletion); both patients have identical height, weight, body mass index and body surface area.
Relation entre l’index de muscle squelettique
lombaire L3 cm2/m2, et fatigue
Que se passe t-il quand un patient donné prend une thérapie orale ?
Le cancérologue peut difficilement le savoir seul
8
7
6
5
4
3
2
1400
(n=91)
Dose de sorafenib (mg/j)
>1600
(n=27)
800
(n=190)
1600
(n=38)
1200
(n=35)
Tm
ax
(Heu
res)
8
7
6
5
4
3
2
1400
(n=91)
Dose de sorafenib (mg/j)
>1600
(n=27)
800
(n=190)
1600
(n=38)
1200
(n=35)
Tm
ax
(Heu
res)
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
400
(n=91)
Dose de sorafenib (mg/j)
>1600
(n=27)
800
(n=190)
1600
(n=38)
1200
(n=35)
Bio
dis
po
nib
ilit
é
0,7
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
400
(n=91)
Dose de sorafenib (mg/j)
>1600
(n=27)
800
(n=190)
1600
(n=38)
1200
(n=35)
Bio
dis
po
nib
ilit
éVariabilité inter-individuelle
dans l’absorption des ITKs
1
4
Le CERIA (Centre d’Etude et de Recherche des Inhibiteurs de l’Angiogénèse)
Gestion pluridisciplinaire des patients sous anti-angiogéniques Dosage plasmatique des médicaments
La personne âgée : paradigmatique de la situation complexe et du besoin de vision globale
Le rôle clé du groupe
et des autres expertises
PRECOCEMENT-SYSTEMATIQUEMENT-ENSEMBLE
Early-Systematically-Together « EST »
A
B
C
ACCUEIL˃ PRISE EN CHARGE ˃ EVALUATION ˃ ACCOMPAGNEMENT
En pratique
PsychologueDiététicienne
Assistante Sociale
GériatreCardiologue
DiabétologueAnesthésistePharmacien
du patientvulnérable
Infirmière coordinatrice du parcours ARIANE
Interlocuteur hospitalier unique et disponible
Préconisent ensemble la
meilleure approche pour
élaborer les soins en réduisant
les risques et couvrant les
besoins spécifiques
3 niveaux de complexité de parcours 3 niveaux d’intervention
1. Patient non complexe –soins monodisciplinaires
ARIANE : Dispositif d’annonce; Risques: Psy, Diet, Pharmacien, Soins palliatifs, douleur, AS
2. Patient âgé sans co-morbidité :
ARIANE : évaluation de la vulnérabilité = + Evaluation par gériatre
et coordination du parcours de soins
3. Patient polypathologie
ARIANE : évaluation de la complexité = + Evaluation par cardiologue/diabétologue…
ARIANE : coordination du parcours de soins, accompagnement du patient
Même dose pour tous?Rôle de la composition corporelle
1
9
sarcopénie
Mesure de la masse musculaire et de la masse grasse par TDM
La 3ème vertèbre (L3) lombaire a été choisie comme référentiel. Les différences d’unités dans les tissues de Hounsfield sont
utilisées pour différencier les tissus. Les aires trans-sectionnelles (cm2) des tissus ont été calculées.
‣La composition corporelle a une valeur pronostique importante en cancérologie
‣La perte de masse musculaire est souvent occulte particulièrement chez le sujet obèse
Même dose pour tous?Rôle de la composition corporelle
2
0
Masse maigre+++
un paramètre à considérer pour adapter la posologie des anti-tumoraux, en particulier des ITKs et interpréter la toxicité
I. Déplétion des Réserves d’énergie
II. Limitation des apports alimentaires
III. “Drivers”cataboliques IV. Impact et Evolution
dénutrition, la précachexie et cachexieLancet Oncology 2011,12:489-95
CRP, Albumine,
GPS, calorimétrie
Même dose pour tous?Rôle de la composition corporelle
La sarcopénie influence la toxicité de la chimiothérapie
• Comparaison de la prévalence de la dose limite de toxicité des patients atteints de cancer métastasique du sein et sarcopéniques(55%) versus non-sarcopénique (19,5%)
• Traitement par anthracycline et/ou taxane
0
10
20
40
50
70
60
Pré
vale
nce d
e la d
ose lim
ite d
e
toxic
ité
Patients non-sarcopéniques
Patients sarcopéniques
Composition corporelle
➔ La sarcopénie est un élément déterminant pour la toxicité à la
chimiothérapieAntoun et al. Ann Oncol 2010
Même dose pour tous?Rôle de la composition corporelle
La sarcopénie influence la toxicité des ITKs
Prado et al. Clin Cancer Res 2009
2 DLT sur 12
5 DLT sur 7
1 DLT sur 16
0 DLT sur 2Ind
ice d
e M
asse C
orp
ore
lle (
kg
/m2)
Index de Masse Musculaire (cm2/m2)
Sarcopénie+ -
Su
rpo
ids
Patients atteignant une dose complète Patients atteignant une DLT
➔ Les patients sarcopéniques présentent un risque plus élevé
d’atteindre une DLT
• Distribution de l’IMC, de l’Index de masse musculaire (Aire cross-sectionnelles à la 3ème vertèbre lombaire (cm2)) de l’Indice Limite de Toxicité chez des Hommes traités par Sorafénib pour un carcinome rénal
Même dose pour tous?Rôle de la composition corporelle
La sarcopénie influence la toxicité des ITKs
Exemple du sorafénib (BID 400mg)
Antoun et al. Ann Oncol 2010
Tous les patients
p=0,04
DLT
37%
5,5%
71%
10%
p=0,002
sarcopénique
non sarcopénique
Erlotinib et sujet âgé (1)
Figure 1: Box plot concentration d’erlotinib à J15 en fonction de l’âge
• Exposition
-Dans la population de plus de 75 ans, la
concentration moyenne était1.5 fois plus élevée
que chez les jeunes (2091 ng/mL ± 1174.4 vs
1359 ng/mL ± 1024.3, p = 0.024)
-Dans la population de plus de 80 ans l’exposition
est doublée(2729 ± 1170.2 versus 1358 ng/l ±
973.3 (p = 0.0019 )
Figure 2: Waterfall plot des expositions à J15
- Les patients de plus de 75 ans et plus encore
ceux de plus de 80 anssontàrisque de
surexposition (concentration > 2000 ng/mL)
- Tous les patients (sauf 1) ayant nécessité un
arrêt précoce de l’erlotinib ont une
concentration au dessus de 1500 ng/mL
• ExpositionErlotinib et sujet âgé (2)
Tableau 2: toxicité rapportée à J15
Tolérance et arrêt précoce du traitement
•Significativement plus de toxicité dans la population âgée
•Significativement plus d’arrêt précoce ou diminution de posologie (5 vs 1)
Erlotinib et sujet âgé (3)
Interactions au niveau des CYP
Ginkgo Biloba
inhibition CYP3A4 et CYP2C19
Ginseng
inhibition CYP3A4
Echinacea
induction CYP3A4
Kava Kava
induction CYP3A4
toxicité hépatique ++
Millepertuis
induction nombreux CYP
Metabolisation
Médecines complémentaires en cancérologie
Principaux sites pour informations
OCCAM (Office of Cancer Complementary and Alternative Medicine) http://cam.cancer.gov/cam/
NCCAM (National Center for Complementary and Alternative Medicine): http://nccam.nih.gov/
NCI (National Cancer institute) http://www.cancer.gov/cancertopics/cam
MSKCC (Memorial Sloan Kettering Cancer Center) http://www.mskcc.org/cancer-care/integrative-medicine
Mr X, atteint d’un carcinome rénal métastatique à cellules claires
Instauration d’un traitement
Sutent® (sunitinib) 50 mg/j (schéma posologique 4/2)
IRM
J0 J15 J30
* Ge J Et al. J Mol Med 20112
9
Quelle interaction?
Prise de thé vert à partir J15: 6 tasses par jour
Mécanisme ?
Diminution des concentrations plasmatiques du sunitinib par administration de thé vert ?
Effet anti-oxydant ?
Anti-oxydants à déconseiller chez les patients traités par chimiothérapie antitumorale et thérapies
ciblées**
Arrêt du thé vert
** Lawenda BD et al - J Natl Cancer Inst. 2008
* Ge J Et al. J Mol Med 20113
0
Thomas-Schoemann A, et al.. Crit Rev Oncol/Hematol 2013
Interactions avec les thérapies ciblées : la littérature
31
Des Thérapies ciblées qui peuvent rater leur cible
« La médecine de précision ne se réduit pas à l'analyse de la tumeur (la "cible") mais également à l'analyse du
comportement de la "flèche", le médicament… »
Evolution du poids, de la masse musculaire et de la masse grasse au cours d’un traitement de 6 mois par Sorafenib vs placebo
34
• Sorafenib :⟶ TKI possédant une action anti-angiogénique via les VEGFRs⟶ inhibe la voie de mTOR (PI3K et AKT), inhibant ainsi la prolifération et la survie des cellules tumorales
• MAIS : PI3K, AKT et mTOR sont des éléments clés de l’activation de la synthèse protéique musculaire
Antoun et al. J Clin Oncol 2010
-3,0
-2,5
-2,0
-1,0
-0,5
1,0
0,0
1,5
Po
ids (
kg
)
2,0
2,5
0,5
-1,5
-30
-25
-20
-10
-5
10
0
15
Su
rface c
orp
ore
lle (
cm
2)
20
25
5
-15
P<0,01
P=0,02 P=0,3
Placebo
Sorafenib
Effets secondaires de certains traitements anti-tumoraux sur la synthèse protéique
Variation
pondérale
Variation
Musculaire
Variation du tissu
adipeux
➔ Le traitement par Sorafenib est associé à une perte musculaire
de -2,1kg ±0,6kg sur 6 mois et -4,2kg ±0,7kg sur 1an
➔ Evaluation du changement de la composition corporelle (masse
musculaire/masse adipeuse) au cours du traitement par Sorafenib
Début du traitement À 6 mois À 1 an
muscle=152cm2; t. adipeux=379cm2 muscle=150cm2; t. adipeux=395cm2 muscle=141cm2; t. adipeux=292cm2
Muscle=91m2; t. adipeux=156cm2 Muscle=88cm2; t. adipeux=142cm2 Muscle=82cm2; t. adipeux=72cm2
La dose de l’AMM est-elle adaptée au patient ?
• Risque de surexposition: • BHC• Fonction rénale : Créatinine, Clairance, Cystatine C.• Albuminémie• Interactions médicamenteuses• Composition corporelle: volume de distribution ? Masse maigre (Sarcopénie)
• Risque de d’Excès de toxicité à une niveau d’exposition donné: • Vieillissement• Dénutrition• Inflammation• Sarcopénie• Co-morbidités: diabète, BPCO, cirrhose, LLC….
Au total, prescrire une chimiothérapie orale au sujet âgé impose de passer en revue les risques
• Surexposition: mesure de la masse maigre, rech sarcopénie, interactions
• Intolérance à une exposition donnée: Sarcopénie >dénutrition >PS
• Inadaptation à une toxicité donnée
• dose initiale ?
• > Conditions de suivi initiales rapprochées
• > intérêt du monitoring plasmatique de l’anti-tumoral