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9 771662 619008 97 Hiver 2011 n°97 – CHF 10.- WINTER TIME Icône, star et maman, Monica Bellucci Surprises et voyages, des évasions magiques Maison Cartier, le joaillier des rois Rencontres surprenantes et passionnantes

Trajectoire N°97, Winter time

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Des rencontres, des opinions, de l'élégance TRAJECTOIRE est devenu, ces dernières années, le magazine ayant le plus d’abonnés payants en Suisse romande… Ce qui nous pousse à l’excellence. A la fois élitiste, qualitatif et indépendant, il s’adresse principalement aux leaders d’opinion.

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9 771662 619008

97

Hiver 2011n°97 – CHF 10.-

WINTER TIMEIcône, star et maman, Monica BellucciSurprises et voyages, des évasions magiquesMaison Cartier, le joaillier des roisRencontres surprenantes et passionnantes

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TRAJECTOIRE 7 Hiver 2011Basel Bern Davos Genève Interlaken Lausanne Locarno Lugano Luzern St. Gallen St. Moritz Zermatt ZürichBerlin Düsseldorf Frankfurt Hamburg München Nürnberg | Wien | bucherer.com

HORLOGERIE BIJOUTERIE JOAILLERIE

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1888 BY BUCHERER Le couronnement des créations de l’atelier Bucherer: un solitaire taille brillant d’une qualité rare, d’un carat au moins, magnifi quement mis en valeur par une monture en platine

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TRAJECTOIRE 7 Hiver 2011

IMPRESSUM

EditeurAndré ChevalleyPromoco Développement SAChemin de la Marbrerie 1CH – 1227 CarougeT. +41 22 827 71 00www.trajectoire.ch

Directrice de la rédactionSiphra Moine-Woerlen

Publicité & relations publiquesOlivier [email protected]

Responsable de la coordination & secrétariat de rédaction Nathalie Raneda

Responsable artistique & graphic designer Carine Bovey

RédacteursMathilde BinetruyPaul-Henry BizonJaques DeschenauxJulia DubreuilFabrice Eschmann | BIPHPatrick Galan Saskia GalitchAnaïs Georges du ClosChantal-Anne JacotRoger JauninAnne-Lucie MeyerElsa PoffetDidier PlancheSimone RiesenFrancesca SaccoChristopher TracyTanja Ursuelo

Relecture et correctionsChristiane LalieuCharlène GuibertCaroline Penzes

WebmasterRémi Pillon

[email protected]

ImpressionGessler Impression Sàrl

Tirage vendu20’537 exemplairesCertification REMP 2011dont abonnés payants : 18’482Tirage imprimé23’000 exemplaires

DiffusionL’abonnement au magazineTrajectoire est proposé aux clientsMercedes-Benz, Volvo, Rolls-Royce,Bentley, Bugatti et Maybachdu Groupe André Chevalley SA.Trajectoire est vendu dans leskiosques Naville, envoyé parabonnement aux médecins, avocats,notaires, agences immobilièresde Suisse romande ainsi qu’auxmembres des clubs de golf et depolo, dans les établissements lesplus prestigieux et les hôtels 5étoiles à Genève, Crans-Montana,Divonne, Lausanne, Montreux,Gstaad, Verbier et Villars.

©TrajectoireLa reproduction, même partielle,du matériel publié est interdite.Les pages « People » n’engagentpas la rédaction. La rédactiondécline toute responsabilité encas de perte ou de détériorationdes textes ou photos adresséspour appréciation.

AbonnementsPour 4 numéros : CHF 35.– (1an)Pour 8 numéros : CHF 65.– (2ans)[email protected]. +41 22 827 71 00

CouvertureMonica BellucciPhoto © Sylvie Lancrenon

Si on avait le pouvoir de changer les choses, de les rendre plus belles, plus douces, pour nous, comme pour les autres ?S’il y a un moment de l’année où cela paraît possible, c’est bien en cette période hivernale et festive.Crise, faillite, austérité… l’heure n’est pas à l’optimisme, même si notre économie résiste vaillamment aux bousculades de notre Occident malmené, et que certains groupes de luxe augmentent leur part de marché en remportant des succès significatifs.Trajectoire prend donc le contre-pied du marasme ambiant et vous offre un numéro tout en douceur. Car la magie est avant tout une étonnante fabrique à rêves.Comment s’organise-t-elle ? Comment se construit-elle ?Nous vous dévoilons ici certains secrets de fabrication à travers quelques histoires.Magie et sensualité d’abord, avec l’interview exclusive de notre madone préférée, Monica Bellucci, rencontrée dans son fief à Rome. Magie et envie, en arpentant les capitales du luxe de Londres à New York.Magie et évasion, avec des reportages inédits dans les stations de ski, les palaces parisiens ou les plages paradisiaques du Viet-Nam…Magie encore, grâce aux rencontres de jeunes talents comme la chanteuse Imany, le comique Gaspard Proust, le designer René-Jacques Mayer ou la freerideuse Anne-Flore Marxer, dont les trajectoires semblent désormais s’envoler. Ces femmes et ces hommes qui nous livrent leurs anecdotes, nous permettent de voir la vie sous un autre angle, de s’évader quelques instants et de porter un regard neuf sur les autres.Des instants magiques que je souhaite à tous, en vous remerciant pour votre fidélité.

UN PEU DE MAGIE !

Siphra M.

ÉDITO

Page 4: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE n°97

SOMMAIREHiver 2011

12 RUE DU RHôNE Dernières nouvelles.

16 REPéRAGES Quelques adresses sélectionnées pour vous.

18 LES NEwS DES CAPITALES DU LUxE Cap sur Milan, New York, Zürich, Londres et Paris.

94 DESIGN Le réveil de la manufacture de Sèvres.

130PALACES PARISIENS Visite guidée des hôtels les plus somptueux de la ville des lumières.

1Repérer...

32 L’NVITéE Icône et maman, Monica Bellucci se confie à Trajectoire.

36 BERNARD FORNAS L’amiral de la Maison Cartier, nous guide à travers sa passion.

68 ERIC-EMMANUEL SCHMITT L’écrivain nous présente son dernier ouvrage.

70 IMANY La chanteuse de soul music nous envoûte avec « Shape of a broken heart ».

72 GASPARD PROUST Interview décalée du jeune humoriste suisse.

118ANNE-FLORE MARxER Freerideuse de l’extrême, la jeune et belle snowboardeuse nous emmène dans des sentiers hors-piste.

120DIDIER CUCHE Icône mondiale, le skieur de compétition revient sur sa carrière et ses projets.

2Rencontrer...

Page 5: Trajectoire N°97, Winter time
Page 6: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE n°97

SOMMAIREHiver 2011

30 LIVRES Nos 6 coups de cœur littéraires.

50 HORLOGERIE Les montres envahissent notre planète luxe.

56 MODE Louis Vuitton met à l’honneur une collection très « Art Déco », pour des divas toutes habillées de tweed, soie et plumes.

76 SHOPPING COUPS DE CœUR Des idées cadeaux pour un Noël placé sous le signe de l’émerveillement.

106AUTOMOBILE Mercedes présente son nouveau modèle sportif le 4x4 Classe M, pour un hiver en toute sécurité.

3(s’)Offrir...

4Découvrir...48 CINéMA Action, suspens ou romantisme, découvrez les trois meilleurs longs métrages de cette fin d’année.

98 SAGA MERCEDES 125 ans d’histoire – dernière partie .

110PSYCHOLOGIE Addiction au shopping : j’achète donc je suis !

126PARFUMEURS Créateurs de mode et nez interprètes, zoom sur les compositeurs d’odeurs phares de notre génération.

128CHALETS Luxe, design et cocooning sont réunis dans les plus beaux chalets de l’hiver.

144DESTINATION Nha Trang, une carte postale du Vietnam.

Page 7: Trajectoire N°97, Winter time

Si vous partagez ces convictions, nous devrions nous parler:

1 La fi nance est un art appliqué et pas seulement une technique quantitative

2 La performance est produite par l’économie réelle et ses entreprises

3 Une bonne allocation d’actifs résulte de choix critiques et éliminatoires

4 Les meilleures valeurs de placement se découvrent grâce à l’architecture ouverte

5 La diversifi cation à haute dose accroît le rendement et réduit le risque

6 La simplicité structurelle d’un portefeuille accroît sa robustesse

7 L’investisseur se doit d’affi rmer ses objectifs, son horizon temporel et sa vision du risque

8 C’est la philosophie d’investissement qui détermine la performance d’un portefeuille, pas la taille de la banque ou le talent individuel de ses gérants

Les conseillers de la Banque Cantonale de Genève se tiennent à votre disposition pour ouvrir le débat, partager leurs convictions et leurs expériences en gestion de fortune avec vous.

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Page 8: Trajectoire N°97, Winter time

N°43N°57N°45

TRAJECTOIRE 12 Hiver 2011

EN VUE

RUE DU RHÔNE

Hermès, l’histoire d’un savoir-faireAu terme d’importants travaux d’agran-dissement, Hermès ouvre à nouveau sa boutique genevoise. Tout l’univers de la marque y est présenté, fruit d’une expertise confirmée dans la conception de produits haut de gamme. L’assise internationale de la Maison française s’est en effet construite dès 1837 à Paris. Tout d’abord spécialisée dans la confection d’articles d’équitation, l’entreprise étend ensuite sa production à la maroquinerie et à la mode, auxquelles elle adapte avec génie le savoir-faire du sellier-harnacheur. Elle fait alors son entrée dans le secteur du luxe, et crée une gamme de vêtements et de parfums. Avec la naissance de l’emblématique carré de soie en 1929, puis du sac Kelly en 1950, la griffe devient une référence dans les plus hautes sphères. Depuis cinq générations, Hermès est le symbole pérenne de l’élégance et du bon goût. —

HERMèS Rue du Rhône 43 – 1204 Genève

T. +41 22 819 07 19

www.hermes.com

Moncler réchauffe GenèveMoncler poursuit sa stratégie d’implanta-tion dans les plus grandes métropoles inter-nationales, avec l’ouverture d’une nouvelle boutique à Genève. Connue pour ses my-thiques et élégantes doudounes ajustées, la griffe grenobloise a pris ses quartiers rue du Rhône, au cœur des commerces de luxe. Le décor porte la « french touch » du couple star d’architectes d’intérieur Gilles & Boissier, à qui Remo Ruffini, Président de la marque de vêtements, a déjà confié l’aménagement de ses appartements privés : les murs en bois sculptés de motifs floraux évoquent l’univers de la haute montagne et les chalets des stations de sport d’hiver, contrastant avec les sols en marbre couleur de miel au look sport chic. Le tout crée un style à la fois chaleureux, moderne et urbain. La Maison franchit ainsi une étape phare dans l’expansion de son réseau de distribution. —

BOUTIQUE MONCLER Rue du Rhône 57 – 1204 Genève

T. +41 22 310 69 33

http://moncler.com

Audemars Piguet chez BuchererLa maison Bucherer est fière de la relation tissée avec Audemars Piguet depuis de nombreuses années. Déjà distribuée dans divers points de vente Bucherer, la marque horlogère du Brassus manquait encore au sein de la boutique genevoise ! A partir du 1er décembre 2011, Audemars Piguet prend donc ses quartiers et propose ses modèles de haute précision. Parmi de nombreux modèles, vous pourrez découvrir la Jules Audemars Extra-Plate, une montre au de-sign élégant, coup de cœur de la rédaction. De plus, la maison Bucherer soutient le Groupe Sida Genève et lance dès le 1er décembre des rubans en or rose, sous forme de pin’s, de pendentif ou sur un cordon en soie, disponibles en exclusivité dans la bou-tique genevoise. Le 50% des ventes sera généreusement reversé à l’association. Vous aurez alors deux bonnes raisons de passer chez Bucherer avant les fêtes ! —

BUCHERERRue du Rhône 45 – 1204 Genève

T +41 22 319 62 66

www.bucherer.com

Page 9: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 12 Hiver 2011

MOSER PERPETUAL 1, ref. 341.101-009. Palladium. Mouvement à remontage manuel cal. HMC341.101. L’échappement Double

Hairspring. Min. 7 jours de réserve de marche. Calibre perpétuel avec changement de date instantané. Fond saphir.

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Page 10: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 18 Hiver 2011

Zilli : l’artisanat de luxe Installé dans 32 pays avec plus de 40 enseignes, Zilli inaugure sa première boutique à Milan. Le choix de l’acajou et du cuir pour orner les 150 m² du magasin s’inscrit dans la tradition de cette entre-prise familiale et indépendante, qui a bâti son succès sur la noblesse des matières sélectionnées (peaux, cachemire et soie) et le savoir-faire exclusif de ses artisans. Fondée en 1970, elle propose une gamme complète d’habillement masculin de grand luxe, essentiellement réalisée à la main dans ses ateliers lyonnais et depuis peu italiens, et prisée par une clientèle richis-sime d’hommes d’affaires internationaux. La politique de mécénat d’institutions et événements culturels menée par le direc-teur Alain Schimel depuis 2005 valorise – si besoin était – l’image de la marque, qui s’impose numéro un mondial de la Haute Couture masculine. —

zILLIVia Gesu, 5

20121 Milan

www.zilli.fr

Panerai sous le DômeLe quartier phare de la mode milanais ac-cueille la quatrième boutique italienne de la maison Officine Panerai. D’une surface de 70 mètres carrés, elle se distingue des 25 autres magasins existants par un décor lumineux et contemporain, qui se veut un témoignage des liens étroits tissés avec la Marine royale dès la Première Guerre. Ondulation des formes, éclat et transpa-rence du verre mêlé au marbre blanc et à l’acier évoquent le monde marin. Autre dédicace portant la griffe Panerai, une horloge murale géante dotée d’un cadran luminescent, procédé obtenu grâce au Superluminova plaqué dans la structure en superposition, qui assure une lisibi-lité sans faille dans l’obscurité. Tous les modèles de la gamme sont déclinés dans cette nouvelle vitrine. En plein essor, le réseau de distribution de la marque devrait prochainement doubler. —

OFFICINE PANERAIVia Montenapoleone, 1

20121 Milan

T. +39 02 76 28 13 20

www.panerai.com

Invitation au voyageA l’occasion de la Fashion Week, la maison Louis Vuitton est revenue sur le devant de la scène de la maroquinerie de luxe, en célébrant la réouverture de sa monumen-tale boutique de la Via Montenapoleone. Comptant cinq étages, c’est désormais le deuxième plus grand magasin euro-péen après son homologue parisien des Champs-Elysées. Joaillerie, horlogerie et prêt-à-porter y trouvent naturellement leur place. Mais les travaux de restauration engagés ont surtout favorisé l’émergence d’un nouveau concept : la première « Travel room » d’Europe qui, avec un large choix d’équipements de voyage, offre à sa clien-tèle le service personnalisé Made to Order, très tendance. Parallèlement, l’exposition « Louis Vuitton : The Art of Fashion » à La Triennale, initiée par Katie Grand, rendait hommage à la créativité du directeur artis-tique Marc Jacobs. —

LOUIS vUITTON Via Montenapoleone, 2

20121 Milan

T. +39 02 77 71 711

www.louisvuitton.com

Milano VIA MONTENAPOLEONEPar Mathilde BINETRUY

Page 11: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 18 Hiver 2011

hermes.com

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Page 12: Trajectoire N°97, Winter time

RENCONTRE

HORLOGERIEPar Simone RIESENPhotos Pierre-Antoine GRISONI

Page 13: Trajectoire N°97, Winter time

Joaillierdes roisBernard Fornas n’a qu’un mot d’ordre : l’excellence. Une évidence poUr la première marqUe de lUxe aU monde. Un trait

de caractère dominant poUr le président de cartier, dont l’agenda

et le carnet d’adresses ferait pâlir n’importe qUel ministre. c’est

donc entre deUx avions et en qUelqUes dizaines de minUtes qUe

trajectoire est parvenU à rencontrer à genève celUi qUi a sU

profondément développer cartier Horlogerie.

TRAJECTOIRE 37 Hiver 2011

Page 14: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 38 Hiver 2011

il en devient président directeur général

après un bref passage à la tête de Baume

& Mercier.

Ayant parfaitement intégré la grammaire

esthétique de la Maison si chère à Louis

Cartier et Jeanne Toussaint – véritable

marque de fabrique reconnaissable au

premier coup d’œil – Bernard Fornas n’a

pas tardé à concentrer ses efforts dans le

domaine des garde-temps. Cartier Horlo-

gerie, c’est aujourd’hui près de 1’700 colla-

borateurs actifs en Suisse sur sept sites. A

elle seule, la manufacture de La Chaux-de-

Fonds – dont l’inauguration a coïncidé avec

son accession au siège de PDG – emploie

plus de 1’000 personnes.

Depuis près de quatre ans, la collection

de haute horlogerie Cartier a ainsi connu

un important développement avec l’avè-

nement d’une dizaine de mouvements,

sans compter les calibres destinés à des

montres féminines rares. Un véritable par-

cours initiatique vers l’excellence, avec un

amiral pour guide.

Bernard Fornas, étiez-vous prédestiné à devenir PDG de Cartier ?Prédestiné je ne sais pas… En revanche,

j’ai toujours eu un certain penchant pour

les belles choses que j’apprécie depuis

tout petit. Si au début de la vie, les premiers

jobs sont parfois dictés par le hasard, il faut

ensuite savoir saisir les opportunités. L’en-

vie et la détermination m’ont permis d’évo-

luer dans un secteur qui me correspond.

Cartier est une Maison qui véhicule des

valeurs dont je me sens proche, où l’excel-

lence prime.

Cartier est devenu un acteur important de la haute horlogerie ?Nous avions le savoir-faire pour les com-

plications mais jusqu’il y a trois ou quatre

ans, nous avions très peu de mouvements

disponibles, donc peu de visibilité. Souvent

les montres étaient vendues avant d’être

terminées.

Maintenant nous produisons assez de

montres, nous sommes devenus un des

grands acteurs de la montre à grande com-

plication.

Pour le prochain Salon de la Haute Hor-logerie de Genève que nous réservez-vous ?En 2012, il y aura une profusion de nou-

veautés, ce sera une édition exceptionnelle.

Je reste toujours séduit, bluffé par ce que

mes équipes me proposent. Pour cela, il

faut savoir s’entourer des meilleurs.

Des montres femmes ?Nous sertissons toujours ces modèles, les

femmes aiment la sophistication.

Votre clientèle ?Toujours plus jeune grâce à l’addiction des

jeunes riches des pays émergents.

Les marchés prometteurs pour l’horlo-gerie ?L’Asie et la Chine en particulier avec un

grand réservoir d’une population dotée

d’un fort pouvoir d’achat. Dans ces pays,

on apprécie les belles choses depuis des

millénaires. Ce phénomène va perdurer, car

ce sont des clients appréciant les belles

mécaniques. Nous implanter dans ces ré-

gions était donc essentiel. De façon géné-

rale, nous comptons aujourd’hui plus de

300 boutiques à travers le globe.

Associer la marque à de grandes cé-lébrités, est-ce que cela reste un axe important de la communication de Car-tier ?Nous ne suivons pas, comme certaines

autres marques, cette folie qui consiste à

L e Vaisseau Amiral du

groupe Richemont : c’est

ainsi que l’on surnomme

Cartier. Symbole mon-

dialement reconnu du luxe à la française, la

maison fondée en 1847 pèse, avec quelque

3,6 milliards de francs de chiffre d’affaires

annuel, plus de la moitié des revenus du

groupe – qui compte pourtant 17 autres

marques de luxe. « Joaillier des Rois » dès

ses débuts, Cartier a progressivement

étendu son expertise dans d’autres do-

maines, comme la maroquinerie, les acces-

soires, les parfums, le prêt-à-porter haut de

gamme ou, bien sûr, l’horlogerie.

Un amiral, Bernard Fornas ? De tempé-

rament, sans doute. Mais le président de

Cartier cultive une simplicité raffinée, faite

de sourires chaleureux et de valeurs fon-

damentales. Le plus beau moment de sa

vie ? « La naissance de mes enfants. » Elevé

au Maroc dans une famille active dans la

presse, la viticulture et la banque, c’est à

Lyon qu’il obtient son diplôme de l’Ecole

supérieure de Commerce en 1970, avant un

MBA à la Kellog School of Management de

Chicago.

Ses armes, il les fait d’abord au sein de

Procter & Gamble, puis à l’International

Gold Corporation, avant de rejoindre en

1984 le groupe Guerlain, plus ancien par-

fumeur français. Comme directeur du mar-

keting international et du développement,

on lui doit notamment la conception et le

lancement du mythique parfum Samsara.

Une véritable montée en puissance dans le

monde luxe, comme un parcours initiatique

au bout duquel, son goût pour « les belles

choses » en guise de karma, son entrée

chez Cartier en 1994 ressemble presque

à un rite de passage. D’abord directeur du

marketing international pendant six ans,

RENCONTRE HORLOGERIE

Page 15: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 38 Hiver 2011 TRAJECTOIRE 39 Hiver 2011

collaboration avec le client et ses deside-

ratas particuliers. Cette réalisation sera la

sienne et celle de personne d’autre.

Nous élaborons également du parfum

sur-mesure. Pour ces commandes, nous

parlons beaucoup avec la personne: les

odeurs de son enfance, sa personnalité,

ses aspirations. Nous lui présentons en-

suite cinq fragrances. Une fois choisie, la

formule sera gardée précieusement dans

un coffre pour son usage exclusif.

Et à titre personnel ?Le temps, même si c’est un peu «bateau»

de répondre cela. J’arrive tout de même à

prendre le temps de vivre, d’aller à la ren-

contre des gens, un enrichissement, sur-

tout dans mon métier. Et comme je visite de

nombreux pays, ces rencontres sont sans

fin, cela vaut de l’or pour moi. Je découvre

des passionnés, donc je m’amuse en tra-

vaillant.

Si vous aviez dû faire un autre métier ?Architecte mais mon père a refusé ce choix !

Je me rattrape maintenant largement en

construisant et en rénovant des maisons,

j’abats des murs, je construis et je recons-

truis sans jamais m’arrêter ! —

Vous êtes souvent copié dans vos dix métiers différents ?Effectivement, nous sommes souvent co-

piés, mais nous veillons au grain, nous ne

pouvons l’accepter. Pour Cartier, je connais

l’art du luxe dans le monde entier, pas

question pour nous d’avoir une montre qui

puisse faire penser à une autre, copier ce

serait de la faiblesse et nous voulons mar-

quer notre différence, affermir notre iden-

tité.

Les réussites dont vous êtes le plus fier ?Plus que jamais nous sommes le « joaillier

des rois » ! Je suis également fier de la per-

cée dans la haute joaillerie et d’avoir appor-

té, en horlogerie, la Ballon bleu arrivée au

bon moment où les acheteurs cherchaient

des choses plus vraies.

Comment savoir ce que veulent les clients ?L’horlogerie suit les tendances socio-cultu-

relles, comme dans les voitures, il est né-

cessaire de ne jamais perdre cela de vue.

Votre notion du luxe ?L’art d’être unique avec une pièce sur-me-

sure dans la haute joaillerie, la réaliser en

se battre pour placer ses bijoux partout.

Certaines célébrités, comme Monica Bel-

lucci, nous choisissent par amour. Monica

correspond tout à fait à l’image de Cartier.

Elle incarne une féminité et une sensualité

folle, elle est adorée autant par les hommes

que par les femmes. Elle a un côté séduc-

teur tout en étant une excellente mère.

A quoi carburez-vous ?(Rires…) Je me suis injecté des tonnes de

Cartier dans les veines!

Cartier en quelques mots ?A mes yeux, elle représente la plus belle

marque au monde ! La Maison dispose de

160 ans de savoir-faire d’une richesse iné-

galable.

Quelle ligne suivez-vous ?Je veux donner une image cohérente de

tous les produits Cartier. Chaque des-

sin, chaque esquisse passe par moi dans

toutes les gammes. Je veille à préserver

notre légitimité, nous sommes sur une au-

toroute bien gardée de chaque côté afin

de ne pas affaiblir la marque. Maintenir les

codes et les identités de la maison s’avère

primordial.

Page 16: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 40 Hiver 2011

SORTIES

DISQUESPar Saskia GALITCH

AU « PArADISE » AvEc colDPlAyVous aviez aimé « Viva la vida ! » ? Vous allez a-do-rer « Mylo Xyloto », cinquième album du quartette formé par Guy Berryman, Jon Buckland, Chris Martin et Will Champion. Car, fidèle à ses crédos rythmiques, mélodiques et harmo-niques, Coldplay reste… Coldplay. Pas de révolution ni d’immense surprise, donc, mais d’excellents moments. Au gré des quatorze nouvelles chansons com-posées par les Britanniques – qui, comme pour « Viva la vida ! » se sont offerts la collaboration du grand Brian Eno – on découvre de véritables petites perles. Ainsi « Paradise » et « Every Teardrop is a Waterfall », ou encore « Princess of China » – le déjà fameux duo Chris Martin-Rihanna –, le très, très réussi « Major Minus » ou le tout doux « UFO ». Efficaces et entêtantes, les mélodies concoc-tées par Coldplay s’enchaînent, font s’alterner les ambiances tendres, intimistes, symphoniques et pop-rock mâtiné d’électro. —

Coldplay«Mylo Xyloto», EMI Music / Virgin

lAng lAng, UnE toUchE DE génIE En PlUSLe jeune pianiste chinois Lang Lang n’a jamais caché l’amour et l’admiration qu’il porte au compositeur hongrois Franz Liszt. Et c’est pourquoi, en cette année de bicentenaire « lisztien », on attendait avec impatience la voix du virtuose. Une attente bien récompensée, car ce « Liszt, my piano héro » se révèle être une pure merveille, tant dans les pièces orchestrales que dans les parties solo. Doté d’un talent fou, le musicien s’empare ainsi d’airs pourtant mille fois joués et leur donne une nouvelle di-mension. Avec lyrisme et poésie, il magnifie ainsi le romantisme de « Liebestraum », de « Consolation N° 3 » ou de « Ô pourquoi donc ». De même, plein de panache, il offre une cavalcade somptueuse sur « Grand galop chromatique », met le clavier en transe sur la « Rhapsodie hongroise N° 6 » ou fait résonner « La Campanella » avec une fougue joyeuse. Bref, une galette à déguster sans modération… —

lang lang et le philarmonique de Vienne, sous la direction de Valery gergiev« Liszt, my piano hero » Sony Classical. Egalement disponible en coffret Deluxe et en DVD :

« Lang Lang – Liszt now »

20 AnS APrèS, toUjoUrS AU nIrvAnASeptembre 1991. Un groupe de Seattle baptisé Nirvana bouleverse l’univers du rock avec l’album « Nevermind » qui, selon les désirs de son leader, Kurt Cobain, mélange savamment « un gros son à la Black Sabbath avec des mélodies de type Beatles », sons distordus et idées noires en prime. Vingt ans et 30 millions d’exem-plaires vendus plus tard, l’onde de choc n’est toujours pas calmée. Comme en témoignent, notamment, les innombrables critiques saluant avec enthousiasme la réédition « Deluxe » de ce disque culte, remasterisé et évidemment accompagné de bonus et d’inédits. Parmi lesquels des démos pré-« Nevermind » ou la version de l’album tel qu’il avait été mixé à l’origine. Par ailleurs, le coffret recèle un joyau bouleversant : un concert filmé à Los Angeles en octobre 1991, soit un mois après la sortie de « Nevermind ». Et quelques semaines avant que le succès ne submerge Cobain… —

nirVana«Nevermind» réédition anniversaire «Deluxe» – Universal

Page 17: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 40 Hiver 2011

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Page 18: Trajectoire N°97, Winter time

Chasse

TRAJECTOIRE 51 Hiver 2011

HORLOGERIE

SÉLECTIONPar Simone RIESEN

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COLLECTIONNEURS... çA TOURNE, çA TOURNE, ImPOSSIBLE DE

S’ARRêTER !!!!!!!! BwAAAAAH !!!!! ELLES SONT Là !!!!!!!!!!!!

Page 19: Trajectoire N°97, Winter time

auxtrésors !

TRAJECTOIRE 51 Hiver 2011

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normalement associés à la Speedmaster. Ceci grâce au positionnement des

aiguilles des compteurs 12 heures et 60 minutes sur le compteur situé à 3

heures. Disponible en acier, en or orange ou en platine.

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Panerai Radiomir Oro RosaLe Calibre P.999, entièrement manufacturé par Panerai, dans un boîtier de

42 mm pour les heures, les minutes et la petite seconde, décliné en or rose à

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Page 20: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 56 Hiver 2011

MODE

LOUIS VUITTONPar Tanja URSOLEOPhotos © Louis VUITTON

LOuIs VuITTOn, ART DéCO La coLLection Louis Vuitton muLtipLie Les références cuLtureLLes et rend

hommage à une femme Libre, qui part conquérir Le monde en pantaLon

d’homme. cette art déco diVa, toute habiLLée de tweed, soie et pLumes,

céLèbre son goût pour Le Luxe, La séduction et Le pouVoir.

L a collection Prefall 2011 de Louis Vuitton nous

invite à revivre le glamour, la modernité et l’es-

prit des années 20 et 30 avec un discours mode

contemporain, élégant et précieux. La fonction-

nalité, une qualité prônée par les années Art Déco, est présente

dans le vestiaire de ces femmes qui comptent ne renoncer en rien

à leur nouvelle liberté mais veulent avant tout conquérir le monde

luxueusement.

Un hommage à celles qui vivent la modernité en pantalon

d’hommes, au volant d’automobiles de course, un peu garçonnes

en smoking, ou luxueuses en robe pailletées et plissées.

Les références culturelles se distinguent largement dans cette

garde robe avant-gardiste. Les motifs cubistes sont comme sor-

tis d’un Picasso sur une robe wrap-dress en jersey. L’esprit des

œuvres textiles de l’artiste Louise Bougeois sur un manteau en

tweed à rayures reprennent les gammes de couleurs d’œuvres de

l’artiste. L’élégance enfin, d’une robe manteau boutonnée de résine

en natté fuchsia et vieux rose bordé bleu canard ou la robe che-

misier en twill de soie rappellent l’esthétique du film « Le Confor-

miste » de Bertolucci, tourné en 1970. Le coordonné, normalement

proscrit en langage de mode, est très poussé dans cette collection

et devient délicieusement « old school » par sa sophistication et

son absence de maniérisme.

Le style du directeur artistique Marc Jacobs n’est jamais nostal-

gique, au contraire, il y a toujours un côté inattendu, un peu rock,

dans ces collections qu’il dessine pour Louis Vuitton. Oui, toujours

luxueuse, avec un « twist », soit dans la coupe, soit dans les ac-

cessoires ou encore dans la manière dont un look est assorti ou

porté… Pour que ça ne soit jamais ou trop ennuyeux ou trop sage !

Avant l’arrivée de Marc Jacobs en 1997 chez Louis Vuitton pour

développer le Prêt-à-porter, la vénérable maison était surtout

connue pour son fameux monogramme. C’est sans compter sur

son créateur – un des plus promettant de sa génération – qui a

marqué toute une génération avec cette image de « grunge » qui lui

colle à la peau.

Marc Jacobs est né en 1963 dans un milieu aisé de l’Upper

West Side à New York. Il fut élevé par sa grand-mère pater-

nelle qui l’a initié à la couture et au tricot. Très jeune il s’inscrit

à la High School of Art and Design et suit la Parsons Scho-

ol of Design. En 1986 il dessine la première collection Marc

Jacobs et en 1988 il occupe la direction artistique de Perry El-

lis. Après avoir reçu le « Women’s Designer of the Year Award » en

1992, il prépare le défilé pour la marque Perry Ellis avec notam-

ment une collection « grunge »… qui lui fait perdre son poste.

Aujourd’hui, le style Marc Jacobs se décline en deux versions : l’ul-

tra-luxe et la sophistication de la femme Louis Vuitton qui s’inspire

de la rue avec un mélange d’imprimés, de couleurs. Notons le côté

vintage cher au créateur pour sa propre marque « Marc by Marc

Jacobs ». La rumeur dit qu’il va bientôt exercer son talent chez une

autre maison de mode, chargée d’histoire et qui se remet de son

ancien directeur artistique, devenu ange déchu de la mode... à

suivre. —

Page 21: Trajectoire N°97, Winter time
Page 22: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 70 Hiver 2011

RENCONTRE

SOUL MUSICPar Manon PROVOSTPhoto Barron CLAIBORNE

Pourquoi avoir choisi Imany, un nom qui signifie « la foi » en Swahili ? Mes parents m’ont appelée Nadia, mais lorsque j’ai débuté ma

carrière de mannequin, il y a douze ans, ce prénom était très ré-

pandu et trop commun. On m’a conseillé d’en changer pour me dé-

marquer. J’ai choisi Imany en découvrant le personnage de Imany

Easy, une princesse soumise dans le film « Un Prince à New York ».

Ce n’est que bien plus tard que j’ai appris la signification du pré-

nom. Une jolie coïncidence, non ?

Comment avez-vous croisé le chemin de Malick N’Diaye, pro-ducteur notamment de la chanteuse Ayo ? Comme je ne connaissais personne, je me suis dit qu’il fallait pro-

voquer le destin. Ma démo en poche, j’ai arpenté tous les endroits

où je pouvais chanter. Et c’est lors d’un de mes concerts que j’ai

rencontré Malick N’Diaye. Au départ, il était hésitant. Puis, les mois

ont passé et le public s’est fait de plus en plus présent. Il a vu ma

détermination et je crois que c’est ce qui l’a finalement convaincu

de me produire.

Quel rôle a-t-il joué dans le lancement de votre carrière et l’élaboration de votre premier album, The Shape of a « Broken Heart », sorti en mai dernier ?Malick m’a appris à aller à la rencontre du public et à dompter la

scène. Grâce à lui, j’ai pu faire les premières parties d’artistes ta-

lentueux comme Wasis Diop à la Cigale, Hocus Pocus au Zénith,

et suivre Ben L’Oncle Soul sur une trentaine de dates ! Même s’il

n’aime pas que je le dise, Malick a été un véritable pilier dans le

développement de mon album et son rôle dépasse celui de simple

producteur. En plus de produire le disque, il a co-réalisé le clip de

« You Will Never Know » et a écrit « Slow Down ». C’est un artiste à

part entière ! Il a affiné mon répertoire, il a choisi les musiciens et

je savais qu’il était le seul à même de savoir ce que je voulais vrai-

ment. Je ne voyais personne d’autre pour réaliser l’album.

Album dont vous êtes l’auteure principale. D’ailleurs, com-ment est née la chanson « You Will Never Know » ?J’étais au Sénégal, à Dakar plus précisément, dans une sorte de

pèlerinage d’écriture et les paroles sont sorties comme ça, instinc-

tivement (elle fredonne le refrain de la chanson). Parfois, les mots

s’échappent comme s’ils venaient de l’inconscient. C’est ce qui

s’est passé pour cette chanson.

Pourquoi chanter en anglais ?J’ai commencé à écrire et à chanter avec des anglophones. Et

puis, je trouve que c’est une langue mélodique qui se prête au

chant. Elle permet aussi de dire de très belles choses de façon

très simple, ce qui n’est pas le cas de la langue française, plus

exigeante et moins musicale. Les mots sonnent avec moins d’évi-

dence en français.

Si vous deviez qualifier votre album.Reposant, généreux, sincère et brut à certain moment. C’est un

album travaillé mais fait sans prétention. Je veux embarquer le pu-

blic dans mon univers et pas seulement le faire danser. C’est en ce

sens que le choix de l’ordre des chansons a été capital. Si « Slow

ImANyLa voix des âmes brûlantescafé de la place de la nation à paris : imany irradie à en faire pâlir les

statUes de daloU. mais sa beaUté manifeste ne saUrait faire de l’ombre à sa

voix si envoûtante. après 7 années new-yorkaises, paris la rappelle, et lUi

lance Un défi nommé « shape of a broken heart », Un 1er albUm soUl.

Page 23: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 70 Hiver 2011

Down » est au centre de l’album, ce n’est

pas un hasard, il y a une réelle construc-

tion.

Un rituel avant de monter sur scène ?Je me récite toujours la première phrase

de la première chanson que je vais chan-

ter. Parler me permet de me calmer. Je

pose mes mots, mes pensées, puis je me

lance ! —

Page 24: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 72 Hiver 2011

RENCONTRE

HUMOURPar Francesca SACCOPhoto Alain LEROY

Etes-vous sur scène quelqu’un de très différent de la per-sonne que vous êtes dans la vie de tous les jours ?Disons que celui que vous voyez sur scène est une version survi-

taminée de moi-même. Un peu comme une voiture à laquelle on

aurait rajouté des cylindres et un turbo… Mais je ne me suis pas

créé un personnage. Si c’était le cas, ça ne sonnerait pas vrai. Je

suis humoriste, pas comédien !

Pourtant, vous avez joué dans un film qui sortira sur les écrans début 2012, « L’amour dure trois ans »…Oui. C’est mon premier film. J’en ai tourné un autre avant, mais on

ne me voit pas à l’écran plus de trois minutes en tout. Là, j’ai dé-

croché un rôle important. J’aime bien l’histoire, celle d’un homme

en quête de réponses sur l’amour. C’est une adaptation du livre de

François Beigbeder qui porte le même titre.

Dans les médias français, on vous a comparé à Pierre Desproges, à cause de votre humour pince-sans-rire. Quel effet cela vous fait-il ?Je ne sais pas trop quoi vous dire… c’est quelque chose qui re-

vient régulièrement quand on parle de moi…

Vous avez affirmé éprouver au fond de vous un sentiment de révolte. Mais vous apparaissez toujours très calme, très posé. Ah oui, mais il y a plusieurs façons d’être révolté ! Cela va de la

résistance passive à une rébellion sans concession qui flirte avec

le désespoir. Moi, je suis du genre révolté passif. Par exemple, j’ai

tendance à voir le verre à moitié vide… La passivité est un trait de

caractère avec lequel j’ai dû apprendre à composer. Pendant long-

temps, j’ai été très contrarié parce que mon père était en perma-

nence dans l’action, il me disait tout le temps « il faut te bouger »,

alors que je suis de nature plutôt contemplative, timide

Pour quelqu’un de passif, vous vous débrouillez plutôt bien ! Laurent Ruquier vous a pris sous son aile et les médias vous encensent… Peut-être que je suis un faux passif, alors…

Quel souvenir gardez-vous de la période où vous étiez ges-tionnaire de fortune en Suisse ?Mon travail ne m’intéressait pas. C’était un choix par pure passi-

vité, comme mes études HEC à Lausanne.

Et comment s’est opéré la transition vers une activité que vous aviez vraiment envie d’exercer ?Je ne vous cacherai pas que c’est une question que je me pose de

temps en temps… Je n’ai pas de souvenirs précis. Il me semble

qu’il n’y a pas eu de transition immédiate mais une période de

« grand n’importe quoi »… J’écrivais beaucoup, je lisais et je faisais

beaucoup de sport. Maintenant, la montagne me manque beau-

coup. Vivre à Paris quand on aime la montagne, c’est un peu

comme habiter La Mecque pour un chrétien fondamentaliste !

Vous êtes de nationalité suisse, mais vous êtes né en Slovénie et vous avez vécu une partie de votre vie en Algérie… Quel rapport entretenez-vous avec la Suisse ?

GASPARD PROuST« Je suis un révolté passif »considéré comme le noUveaU desproges, l’hUmoriste se décrit comme

Un homme passif. mais derrière cette passivité revendiqUée, se cache Une

détermination insoUpsonnée. rencontre d’Un ancien cadre bancaire sUisse

devenU Une star boUrrée de talent actUellement en pleine toUrnée.

Page 25: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 73 Hiver 2011

La Suisse est l’un des pays où je suis resté

le plus longtemps et je me suis toujours

senti chez moi. Mais mes séjours se font

de plus en plus rares, car je n’y ai plus

d’attache familiale. Cela dit, je reste très

redevable envers la Suisse. C’est là que j’ai

effectué mes premières scènes ouvertes,

que j’ai mis de côté l’argent dont j’avais be-

soin pour me lancer. Si je n’avais pas fait

tout le chemin que j’ai fait en Suisse, je ne

serais pas là où j’en suis aujourd’hui.

Lorsque vous êtes parti à Paris, vous aviez déjà quelques contacts ou vous ne connaissiez personne ?Absolument personne ! Juste pour vous

dire, quand j’ai monté mon premier spec-

tacle, j’ai hésité à inviter Laurent Ruquier,

que je ne connaissais pas, parce que je

me disais « si tu dois le rencontrer, ça va

se faire naturellement, pas besoin de for-

cer les choses ». Et finalement la rencontre

s’est faite de façon naturelle une année plus

tard… Comme quoi la passivité a du bon. —

Page 26: Trajectoire N°97, Winter time

BaROUdeR...John Lobb chausse

les hommes de goût, volontaires et séduisants

en leur proposant des créations élégantes. Louis

Vuitton émerveille leurs déplacements d’affaires en leur proposant les mallettes siglées.

SHOPPING NOËL

Page 27: Trajectoire N°97, Winter time

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Page 28: Trajectoire N°97, Winter time

Vases Sèrie, Toguo Barthélemy.

TRAJECTOIRE 94 Hiver 2011 TRAJECTOIRE 95 Hiver 2011

DESIGN

PORCELAINEPar Paul-Henry BIZONPhotos Gérard JONCA

Fleuron de l’art de la porcelaine Française, la ManuFacture de sèvres

aurait pu succoMber au coMa léthargique qui la guettait depuis plusieurs

années. c’était sans coMpter sur la vision de david caMéo, directeur depuis

2003, qui a su réveiller cette belle endorMie et la replacer au cœur

des débats esthétiques conteMporains.

Retour en

Page 29: Trajectoire N°97, Winter time

Homme de Bessines, Fabrice Hyber

TRAJECTOIRE 94 Hiver 2011 TRAJECTOIRE 95 Hiver 2011

à Versailles. Aux origines, la porcelaine

française est une céramique tendre. Il faut

attendre 1770 et la découverte de la pré-

sence de kaolin dans la composition pour

que soient produites les premières pièces

de porcelaine dure. Durant la première

moitié du XIXe siècle, sous l’impulsion

d’Alexandre Brongniart, la manufacture

se développe considérablement et as-

soit sa renommée internationale. En 1847,

les ateliers sont déplacés en bordure du

parc de Saint-Cloud, dans un ensemble

aujourd’hui classé monument historique

comprenant un site de production et un

musée dédié à l’art de la céramique. Un

lieu rassemblant des pièces remarquables

du monde entier, ouvert aux visiteurs ex-

térieurs et ayant aussi une vocation péda-

était entendue. On se disait que cela était

bien dommage mais que la vie est ainsi,

que les temps changent et avec eux les

modes, les usages et les goûts, etc. Et

puis, un beau jour, on reçoit une invitation

à se rendre au vernissage d’une exposition

dans la galerie de la manufacture, on se de-

mande bien ce que l’on va y trouver. Pour

tout dire, on s’y rend à reculons. Quelle

surprise de découvrir, dans le show-room

du Palais-Royal, un crâne en porcelaine

hérissé d’assiettes soutenu par un amas

de troncs émaillés, des corps de biches

en aluminium riveté dont les cous dégor-

gent de rivières de perles multicolores…

U n professeur des Arts

Décoratifs vous dirait

sans doute que Sèvres,

c’est un bleu inimitable

et une certaine idée du goût français hé-

rité du XVIIIe siècle. Il aurait raison. Le pro-

blème, c’est que l’imaginaire collectif aurait

plutôt tendance à l’associer, au mieux, au

fouillis poli d’un décor floral au fond d’une

assiette, au pire, au rose désuet d’un vase

indien sur la cheminée de l’appartement

de tante Yvonne. Bref, autant le dire sans

détour, Sèvres et ses délicates porcelaines

étaient, depuis bien des années, tombées

au rang de vieilleries ringardes. La cause

l’œuvre de Myriam Michita, jeune artiste

franco-japonaise, contraste franchement

avec l’idée qu’on se faisait de la production

de Sèvres. Et dans le public, aucune trace

de tante Yvonne… enfin, la manufacture a

raccroché le cours de l’histoire et retrouve

peu à peu la place qu’elle n’aurait jamais

dû perdre, celle qu’avait imaginé pour elle

Madame de Pompadour.

UN PAtRImOINE hORs dU COmmUNEn 1740, forte du soutien de Louis XV,

c’est elle qui crée la première manufac-

ture de porcelaine à Vincennes, souhai-

tant concurrencer celles de Chantilly et

de Meissen. Dès 1757, pour des raisons

de facilité commerciale, elle la fait établir

à Sèvres, sur la route qui mène de Paris

Retour en

grâce

Page 30: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 126 Hiver 2011 TRAJECTOIRE 127 Hiver 2011

PARFUMS

CRÉATEURSPar Elsa POFFET

Il y a des parfums qu’on ne quItte jamaIs, d’autres quI

traversent brIèvement le creux de notre cou sans

laIsser de trace. les fragrances foIsonnent, avec l’espoIr

secret de séduIre toutes les narInes. entre les talents

étourdIssants des nez Interprètes et l’InspIratIon exaltante

des créateurs composIteurs, Il y a de quoI avoIr la tête

quI tourne.

Artistes de

Page 31: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 126 Hiver 2011 TRAJECTOIRE 127 Hiver 2011

nez professionnel concocte un petit jus malin qui passera avec suc-

cès les tests de consommateur, la composition d’un parfum sin-

gulier, doté d’une histoire et d’une identité propres, est une autre

paire de manches. Elle nécessite de la passion, de la patience, une

liberté quasi illimitée et des matières premières de qualité. L’art du

parfum est un art en soi, fort des talents des nez qui interprètent

leurs respirations et leurs émotions olfactives. Toutefois, comme

toutes disciplines artistiques, la parfumerie s’enrichit d’expériences

et de rencontres, avec d’autres domaines et d’autres créateurs, leur

imagination et sensibilité particulières. Petits portraits de compo-

siteurs d’odeurs, de leurs univers et leurs inspirations, et des liens

privilégiés qui se déploient entre la mode et la parfumerie. —

L a parfumerie est un domaine prolifique. Chaque

année, ce sont des dizaines de nouvelles fra-

grances qui déboulent sur le marché et titillent

l’odorat, versions parfois à peine modifiées

d’un jus précédent. Toutes les marques l’ont bien compris, le par-

fum est un bon filon, porteur et prometteur. Elles s’efforcent donc

d’élargir perpétuellement leur collection d’effluves, et font tout leur

possible pour les transformer en « classique », suffisamment plai-

sant pour traverser le temps et les époques. Rares sont pourtant

les fragrances qui ont laissé une trace au fil des ans et qui s’étalent

encore sur les rayons, telles qu’elles étaient à l’origine. Si tout un

chacun peut faire appel à une entreprise de parfumerie afin qu’un

 JACQUESPOLGE

JEAN-CLAUDEELLENA

ELIESAAB

RICCARDO TISCI

NICOLASGHESQUIèRE

SERGELUTENS

Artistes de

senteurs

Page 32: Trajectoire N°97, Winter time

TRAJECTOIRE 146 Hiver 2011

DESTINATION

VIETNAMPar Patrick GALANPhotos Elisabeth GUÉRIN

Carte postale vietnamienneCélèbre pour ses immenses plages de sable blanC,

son eau turquoise transparente et ses superbes

réCifs Coralliens propiCes à la plongée, la Cité

balnéaire de nha trang, la plus fréquentée du pays,

est niChée dans l’une des plus belles baies du monde.

Nha Trang

Page 33: Trajectoire N°97, Winter time

Nha Trang