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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé Le papier au futur Les valeurs de la transition digitale Les responsabilités du papier Parole d’éditeur « L'éveil au sensible doit se faire dès le plus jeune âge » Françoise Nyssen N°38 mars-mai 2020

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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé

Le papierau futur

Les valeurs de la transition digitale

Les responsabilités du papier

Parole d’éditeur« L'éveil au sensible doit sefaire dès le plus jeune âge »

Françoise Nyssen

N°38 mars-mai 2020

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+ de CO2 capté par le bois cultivé+ d'économie circulaire avec le papier certifié+ de libertés individuelles et de respect de la vie privée

Adhérez à l’association Culture Papier, militant responsable du papier, depuis la forêt jusqu’à son recyclage.www.culturepapier.org

Il est temps de valoriser le papier dans notre société

Que serait une société sans papier ?+ d'addiction à la connexion+ de surveillance généralisée+ de marchandisation des données personnelles

Toute une filière de proximité effacée,de la forêt jusqu’au recyclage.

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Sommaire 03

Culture Papier N°38 - Mars-MAI 2020

Culture Papier, 68 Bd Saint Marcel 75005 ParisDirecteur de la publication : Pierre Barki - [email protected] / Directeur de la rédaction :Olivier Le Guay - [email protected] / Rédactrice en chef : Patricia de Figueiredo [email protected] / Ont collaboré : Yoan Rivière, Olivier de Tilière /Transcription du colloque Roland Zemour, photos David Marmier / Crédit photo decouverture : shutterstock.com / Dessin : Agnès Lanchon / Studio de création : Vitamine-Zwww.vitamine-z.net / Pdf augmenté : www.lessorciersducontenu.fr / Papier : Pour la couv :Novatech demi-mat 200gr en 65x70 et pages intérieures Print speed laser 90g/m2. Papiersdistribués exclusivement pas Antalis - www.antalis.fr / Impression : Fabrègue Imprimeur -www.fabregueimprimeur.fr / Enveloppes : GPV / Routeur : CFI technologies /Hébergement de Culture Papier : UNIIC / ISSN : 2493-3511 / www.culturepapier.org

Au cours des deux dernières décennies, la gamme Print Speed s’estimposée comme la référence dans le monde des papiers non couchésoffset et pré-imprimés. Que ce soit pour des textes, des photos ou desillustrations plus élaborées, Print Speed et Print Speed laser-jet renforcentles contrastes pour sublimer tous vos documents imprimés.

Et parce que les contrastes sont partout, consultez Antalis, tout simplement !

4-16 La valeur du papier

4-5 DATA L'empreinte socio-économique del'écosystème du papier graphique en France

6-10 Les valeurs de la transition digitale Zeynep Kahraman-Clause (The Shift Project), DavidLacombled (La villa numeris), Pierre-Alain Raphan

(Député de l’Essone, IA for the people)

11-15 Les responsabilités du papier Jean-François Lyet (Hachette Livre), Sylvaine Cortada(Prisma Média, SEPM), Brice Kapelusz (CENPAC),David Schisler (CEE Schisler), Christine Prouin (FDJ),Caroline Darmon (Publicis Groupe, AACC)

16-17 Parole publique Stéphanie Kerbarh, députée de Seine-Maritime

18 Trois chemins de progrès de l’écosystème dupapier graphique Print Ethic (Cécile KEBBAL, DEUX-PONTS Manufactured’Histoires), Label Engagé RSE (Sébastien Callard,Gutenberg), Référentiel d’accompagnement du Stop

Pub, (Cécile Aligon-Dardé, MEDIAPOST)

19-22 Spécial livre paris

19-20 Parole d’éditeur Françoise Nyssen (Actes Sud)

21 parole d’auteur Irene Jacob

22 Le livre, outil de communication, de l'image a la conviction

23-31 La valeur sociétale de l’imprimé

23-27 La valeur de la presse papierCyril Petit (JDD), Vincent Peyregne (CEO Wan Ifra),Anne-Violette Revel de Lambert (Lagardère News),Rolf Heinz (Prisma Presse), Soizic Bouju (CentreFrance), Claire Léost (CMI France)

28 La presse d’entreprise compte aussi sur le papier

29-31 Connexion et esprit critique Serge Barbet (CLEMI), Dominique Pace (Biblionef),Jacques Krabal (Député de l’Aisne, A.P.F)

33 Agenda

34-37 Magazine

34 Artiste de Papier Chloe Duloquin

35 Bonnes adresses Comptoir des Fables, au 41,

Brasserie Victor Hugo

36-37 Des livres et des idées

Culture Papier en actions

38 Parole d’adhérentYves Salaun, gérant du Groupe Facility

#LepapieraufuturLe 10e Colloque annuel de Culture Papier qui a eu lieu le 16décembre dernier au Palais du Luxembourg grâce au soutienbienveillant du Vice-président du Sénat, Jean-MarcGabouty, a été un formidable creuset de réflexions et detémoignages sur « Le Papier au futur ». Malgré les grèves quiparalysaient Paris, tous les intervenants invités ont tenu à

venir partager leurs valeurs du papier graphique dans ses usages sociétaux :l’apprentissage, l’attention, la transmission, la proximité et la responsabilité.

S’il est difficile de condenser les nombreuses actions qui engagent lesacteurs, trois convictions profondes engagent Culture Papier pour unenouvelle décennie :

A la fois industrie et culture, le papier est une ressource, unematière et un média : une ressource naturelle et renouvelable, recyclableet compostable, une matière au cœur de notre vie intime, tissant des liens deproximité au cœur des villes et des villages. Comme le dit le vice-présidentGabouty : « il est l’outil de la durabilité y compris sur le plan écologique »

rappelant que le bois de papeterie rend service à la filière bois et il est toutà fait complémentaire du bois énergie et du bois d’œuvre. N’oublions pasaussi qu’à travers le livre et la presse, c’est aussi un média d’attention,d’émotions et de libertés individuelles.

Le papier forme un écosystème d’économie circulaire efficace : du bois… jusqu’à la corbeille. Les deux graphiques de l’étude surL’empreinte économique et sociale de l’écosystème du papier graphique

commandée au cabinet EY le montrent en ouverture du magazine. Pourautant, comme depuis deux décennies, il reste toujours des chemins deprogrès pour valoriser au mieux le papier alors que les usages changent etles responsabilités évoluent. N’oublions pas que la décision revient toujoursau consommateur final.

Autre conviction partagée, il est temps d’associer le meilleur duprint et du digital pour une sobriété responsable. Il faut sortir de larivalité entre les deux supports. Bien sûr, il serait tout aussi stupide depromouvoir le tout numérique que de défendre le tout papier. Dans desapproches et des fonctions différentes ces deux supports doivent trouverleur place et développer leur complémentarité avec un souci commun desobriété et de maitrise dans leur développement en fonction de l’usage.

Pour preuve de cette complémentarité nécessaire de l’imprimé et du digital,Culture Papier l’illustre par les Actes du colloque. Vous trouverez dans cenuméro spécial une synthèse de chaque témoignage alors que leurintégralité est disponible sur le site culturepapier.org.

Bonne Lecture.

Pierre BarkiPrésident de Culture Papier

édito

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Dossier I La valeur du papier

Source : Etude EY-Culture Papier 2019. L'empreinte socio-économique de l'écosystème du papier graphique en France avec les chiffres

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05Dossier I La valeur du papier

L’écosystème du papier graphique en France

INSEE, COPACEL, UNIIC, FEDEREC. Les échanges commerciaux internationaux sont exclus du périmètre de l’étude.

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Comment abordez-vous la probléma-tique de la consommation du numériqueau cours de vos interventions auprès desdifférents publics que vous rencontrez ?

Le numérique, les nouvelles technologies,l’intelligence artificielle deviennent dessujets éminemment politiques, touchanttoutes les thématiques. Cela remet en causenotre mode de consommation, l’économie,l’emploi, la pollution. Lors de nos interven-tions sur ce sujet dans différentes réunionspubliques, dans les collèges et lycées, nousvoyons qu’il existe encore un écart entre laperception, les actions de chacun et la réa-lité des coulisses du numérique. Nousexpliquons très facilement aux utilisateursque la stratégie des grands groupes, desGAFAM, vise à une domestication des reve-nus de chacun, mais aussi à instaurer uneéconomie de l’attention. Nous abordons cedernier sujet, notamment avec les plusjeunes, en leur parlant des réseaux sociaux,des traces qu’ils laissent, et ce qu’en fontéconomiquement ces grands groupes.

C’est une culture dedomination des individussur leurs propres donnéessur Internet qui se joue.

Une étude de Standford a par exempledémontré qu’en analysant 10 de vos likes surFacebook, l’algorithme vous connaît mieuxque vos collègues. 100 de vos likes mieuxque votre famille, 230 de vos likes mieux quevotre conjoint. Cette intrusion interroge surles conséquences de ces collectes de donnéesvia notamment les entreprises de databrockers, qui très souvent sont étrangères. Àl’heure actuelle, il est estimé qu’elles possè-dent une fiche sur 95 % de la populationfrançaise et jusqu’à 5000 types d’informa-tions par personne. Tout cela remet en causedes sujets tels que la politique ou encore laresponsabilité d’acculturation.

Nous devons faire de lapédagogie et del’andragogie sur cessujets, réfléchir à nospropres comportements.

Comment gère-t-on l’économie de l’at-tention, notamment en direction des plusjeunes puisque ces outils connaissentmieux les enfants que leurs propresparents ?

C’est effectivement l’une de nos responsabi-lités collectives. Nous avons la chance depouvoir nous renseigner à chaque instantsur ces sujets, d’être connectés à ce qui sepasse à peu près partout dans le monde,mais ce n’est pas le cas de l’ensemble de lapopulation. Nous sommes dans une sociétéde plus en plus aliénante, où nous disposonsde moins en moins de temps pour nous,notamment pour se poser, se renseigner surla réalité dans ce type d’économie. LesGAFAM assument désormais clairementcette l’économie de l’attention, il estmême fait référence à une « économie dela dopamine » chez certains acteurs.Notre rôle est d’apporter cette information,de prendre le temps d’expliquer autant quepossible ce qui se joue. En substance : « ayezconscience de ce qui se passe, mais c’estvous qui conservez toujours votre libertéd’action en fonction de vos propres choix. »L’hygiène numérique consiste à faire atten-tion aux données générées, de conserver unesprit critique sur les éléments postés.

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Pierre-Alain Raphan, Député de l’Essonne et membre de

la Commission des AffairesCulturelles et de l’Education de

l’Assemblée, et aussi co-fondateurdu Collectif IA For My People.

Dossier la valeur du papier I Les valeurs de la transition digitale

Un collectif pour des comportementsd’hygiène numérique et de responsabilitécollective

IA For My People vise à donneraux citoyennes et aux citoyensdes chances de pouvoir com-prendre, maitriser et utiliser lesoutils relatifs à l’IntelligenceArtificielle. Il est indispensablede travailler sur la complémen-tarité Homme/machine car aufinal, la machine fait ce quesouhaite l’humain.

Les valeurs de la transitiondigitale Les réseaux sociaux vous connaissent mieuxque votre conjoint

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Les GAFAM sont plus puissants que les états,cela pose un problème quand même…

Joël de Rosnay dans son livre « Je cherche àcomprendre » nous dit qu’il sera plus simple demodifier nos comportements sur ces sujets qued’aller combattre la férocité du capitalisme.

Certains projets régaliens sont préemptéspar les GAFAM ; à titre d’exemple, la carto-graphie était auparavant gérée par les états,maintenant ce sont les états qui se serventdu Google Maps. Il y a des pays, dont laFrance fait partie, qui ont nommé desambassadeurs pour les GAFAM. Il y a despersonnes rattachées au Quai d’Orsay pourfaire de la diplomatie vis-à-vis de masto-dontes d’entreprises privées.

N’est-il pas possible de casser leursmonopoles ? Après faut-il encore vouloirle faire et pouvoir le faire.

Les pistes existent, l’Europe s’y penche. Maisces combats restent très longs et très compli-qués. Pour le RGPD, six années se sontécoulées entre le dépôt du premier texte deloi et sa mise en application. Durant ce laps detemps les GAFAM accentuent leur avance surle temps politique. Les temps technologiqueet économique sont toujours décalés. Pour-tant nous devons nous efforcer de créer untemps législatif et comportemental au niveaueuropéen. Cela passe par la définition d’unevision européenne sur ces sujets. La Franceseule, ne serait-ce qu’au niveau financier,

ne pourra rien face aux géants du secteur.Certains disent : « Les américains ont lesGAFAM et nous, en France, on a les CERFA! ». Cela traduit la nécessité d’une approchespécifique au monde du numérique.

Ce sont ces types decomportements individuelsque nous cherchons à interroger

Certains départements mettent en place lelivre scolaire numérisé, alors que des étudesont montré que l’on retient moins bien sur unécran. Comment voyez-vous les choses ?

Il y a eu une sorte d’ivresse collective à rendretoute l’école numérique. Certaines régions oudépartements en ont fait une victoire poli-tique, en communiquant notamment sur lepourcentage d’élèves équipés d’iPad. La ques-tion des effets sur la santé via la lumière bleueest par contre passée sous silence.

Nous sommes devant un paradoxe prônantd’un côté la diminution de la durée d’exposi-tion à des écrans et de l’autre la distributiond’iPads. Pour autant, Il ne faut pas se couperdu numérique, ou le mettre en concurrenceavec le papier. Il me paraît difficile de rem-placer le plaisir de toucher du papier, del’objet en lui-même, du plaisir de le voir danssa bibliothèque pour des raisons qui sontpersonnelles et donc uniques.

Interview réalisée par Olivier Le Guay

Zeynep Kahraman-ClauseDirectrice des Projets, The Shift Project,

Think-tank dédié à la transitionénergétique et climatique.

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Même si le cloud ne se voit pas, il existe et il pollue

Aujourd’hui le changement climatique est ledéfi de notre siècle. Dans ce contexte, les tran-sitions numériques ont été toujoursconsidérées comme l’outil clé pour réglertous nos problèmes, en dématérialisant tousles flux et en facilitant l’accès aux services etproduits. L’idée du « nuage » propre, commecelle que le papier pollue et contribue à fairecouper des arbres ne sont pas plus exactesl’une que l’autre. Regarder une vidéo, envoyerun mail, aller sur Facebook, Tweeter, Insta-gram, etc… consomme de l’énergie doncproduit des émissions de gaz à effet de serre.Ainsi, quand on parle de dématérialisation, onvoit clairement que ce n’est pas toujours vrai.

90% des émissions de gaz à effet de serre duportable proviennent de sa production.

Tous les objets connectés nécessitent uneénergie importante pour leur utilisation.

Le numérique représente 4% des émissionsde pollution (CO2) de notre civilisation. 4%ce qui représentent l’équivalent aujourd’huide l’aviation civile. De plus, la consommationénergétique du numérique augmente de 9%par an dans le monde. La moyenne desautres secteurs se situe à 1,5% pour donnerun ordre de grandeur. Si on continue commecela en 2025 les émissions de gaz à effet deserre du numérique seront équivalentes à 7ou 8%, ce qui équivaudra à celle des voituresau niveau mondial, c’est juste énorme.

Même si comme l’a évalué The Shift Project,la croissance numérique est limitée à 1,5%au lieu de 9% de croissance actuelle, cettebaisse ne sera pas suffisante si nous voulonsrespecter les Accords de Paris et rester sousla barre des 2 degrés. >>

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80% de l’augmentation des flux des données vientdes vidéos en ligne avec une explosion du traficsur les réseaux (plus de 25%par an, et dans les data centers (+35% par an).

24% CAGR 2016-2021

Mettre en place unesobriété numériqueimplique de choisir entreaffecter toutes lescatégories de manièresimilaire, ou choisir dedonner la priorité àcertaines d’entre ellespour les préserverdavantage.

Réduire nos émissions de gaz à effet deserre, notre consommation d'énergie et dematières premières nous est imposé par lacrise climatique et la finitude des ressourcesplanétaires. Dans un monde ainsi contraint,ne pas choisir entre les usages, c’est laisserla contrainte s’appliquer aléatoirement ouuniformément plutôt que de manière choi-sie. Ne pas choisir, c'est potentiellementlaisser la surconsommation de la porno-graphie restreindre mécaniquement ledébit disponible pour la télémédecine,ou laisser l'usage de Netflix contraindrel'accès à Wikipédia.

Pornographie, VoD, Tubes et autres Aucune de ces quatre catégories n’est négligeable dansles usages de la « vidéo en ligne ». Chacune représenteà elle seule 10 à 20 % des flux de données mondiaux.

La sobriéténumérique est la seuleréponse à court etmoyen termepour notreplanète.

www.theshiftproject.org

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TOUTE DéCONNExION ESTIMPOSSIbLE

Beaucoup d’entre vous se sont réveillés cematin avec un premier geste d’éteindre sonréveil sur un petit appareil - le smartphone -que vous allez consulter à peu près 200 foisdans la journée. Ce ne sont plus six ou septécrans mais un seul écran qui vous suittoute la journée. (…) C’est bien la difficultéaujourd’hui pour des éditeurs en particulierque d’être présents à toutes lesintersections numériques d’une journée deleurs utilisateurs. Comment résister à lafragmentation des usages et maintenir lelien avec un utilisateur alors que lesapplications se multiplient sans êtreéconomiquement rentables ?

LES MéTIERS DE LAPRESSE PAPIER ENPREMIèRE LIgNE DE LATRANSITION NUMéRIqUE.

S’il y a bien un secteur qui est légitime surce qu’est une transition numérique, c’estbien celui des métiers du papier, qu’ilssoient des éditeurs de presse ou deséditeurs de livres. De nouveaux acteurs sontnés, mais ils n’ont pas remplacé les anciens.

La réalité du marché, selon les chiffresde l’ACPM (ex OJD qui mesure desaudiences de la presse et des médias,)est que les journaux se lisent désormaismajoritairement en numérique. La transitiona commencé il y a plus de 25 ans pour lapresse. Aujourd’hui les leaders de lapresse dans un pays comme le nôtre,restent les leaders historiques de la pressepapier : Le Monde - 200.000 lecteurs en version dite numérique - ou Le Figaro,ce qui n’a pas empêché l’émergenced’autres acteurs.

La sobriété numérique ne doit pas renvoyer à quelque chose qui serait à bannir.

Le Ministère de l’Éducation Nationale estsans doute trop restrictif auprès de sesélèves, qui leur impose d’éteindre et demettre leur portable dans leur sac à côté deleur paquet de cigarettes. Pourtant lanocivité n’est peut-être pas exactement lamême ! Il faut certainement regarder lesusages du côté des plus jeunes. Aujourd’huineuf enfants sur dix de moins de 13 ans sont

sur au moins un réseau social. Et les parentsles y encouragent puisqu’ils lesaccompagnent pour ouvrir ce premieraccès dans un réseau social. Celacommence par un mensonge de famillepuisqu’il faut que vous déclariez avoir plusde 13 ans sur un réseau social que ce soitFacebook ou Instagram pour y accéder etque la réalité des lois stipule qu’il fautavoir 15 ans pour avoir cette majoriténumérique !

Les élus prennent conscience desenjeux démocratiques du numérique.Ils doivent évangéliser puisque de toutesfaçons cette horizontalité les met au mêmeniveau que leurs électeurs. J’ai travaillépour un élu, Gilles De Robien, le Maired’Amiens qui disait toujours : « on est à uncrachat de ses électeurs. » C’est la réalitédes réseaux sociaux qui fait que vouspouvez être interpellé avec cetteinstantanéité propre à ce média de laglobalisation. Une chose dite dans cettesalle peut être dans la minute à l’autrebout du monde. En cela le papier peutêtre ce jardin-terrasse qui permet deprendre de la hauteur.

Le zapping permanent donne l’impres-sion de ne pas avoir de temps. En réalité,nous avons du temps ! Notre espérance devie a été multipliée par deux en cent ans,on gagne un trimestre de vie par annéevécue encore aujourd’hui. Du temps pourapprendre, se divertir. Encore faut-il enavoir les moyens.

Des initiatives comme de sensibilisation surles enjeux de la transmission sont indispen-sables. D’ailleurs c’est assez symptomatiquede voir que lorsqu’on interroge les Français,plus ils sont jeunes plus ils renvoient versl’Éducation Nationale pour les former, les ai-guiller, les accompagner.

Une fausse information estpropagée six fois plus viteet plus rapidement qu’unevéritable information.

Souvent parce qu’elle nous sidère, nousamuse, mais en la relayant, elle acquiert ducrédit et c’est ainsi que vous vous retrouvezavec des gouttes d’eau qui se transformenten avalanche sur toute la planète au risqued’entretenir une pollution numériqueexponentielle. C’est une des chances del’écrit d’avoir une authenticité, une forceà laquelle on confère une véracité deschoses et des dires. Je parle de véracité etpas de vérité.

Un think-Tank pour unnumérique ouvert eteuropéen

Ce modèle de développementdoit affirmer la primauté de l’hu-main. En plus des idées, la villanuméris c’est aussi des réalisa-tions à travers un espace dédiéà l’innovation et au travail, àSaint-Omer dans les Hauts-de-France ouvert récemment.

Le numérique est à utiliser avec responsabilité

David Lacombled,Président de La villa numeris

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Peut-on encore résister aux regards ?

S’ils sont complémentaires par leur approche, l’enquête de terrain pour le journaliste Oli-vier Tesquet, la réflexion philosophique pour le professeur de droit Bernard E. Harcourt -leurs diagnostics cliniques se rejoignent par leur impuissance désabusée face à la banali-sation de « la surveillance et de la marchandisation de notre vie privée » (Harcourt) dontnous sommes à la fois les contributeurs compulsifs et cibles consentantes.

Faire apparaitre les dispositifs du contrôle social en pleine lumière.

L’angle d’attaque d’Olivier Tesquet est le plus critique sur la collusion opaque entre lespouvoirs publics et le secteur privé. D’autant que ces dispositifs de la surveillance qui necessent de se diversifier sont devenus ‘gazeux’ : soit ils organisent leur invisibilité, soit ilsne se présentent pas comme tels. L’intrusion massive de la reconnaissance faciale est, selonl’auteur exemplaire ; imposée aux citoyens sans concertation ni limite législative. Autreexemple ; connaissez-vous le ‘stalking’ (ou voir en étant vu) qui crée l’addiction des mem-bres des réseaux sociaux ? « C’est un art divinatoire incertain aux conclusions contestables

ce qui les rapprochent dans ce sens de la déduction algorithmique. La différence ? Au lieu

d’entrainer la machine à détecter les signaux faibles, nous habituons notre cerveau à les iden-

tifier dans une boucle de rétroaction fonctionnelle. »

Compte tenu des biais multiples des algorithmes, il faut d’urgence développer une ‘tech-nocritique » pour sanctuariser notre vie privée. Tesquet en appelle – sans trop y croire - àplus de régulation, à mobiliser les imaginaires tout en repolitisant les enjeux de ces dispo-sitifs ubiquitaires.

Une nouvelle ère, l’addiction à la société d’exposition.

Associant érudition philosophique et technique, (Bernard E. Harcourt s’empare de l’intui-tion fondatrice de Foucauld de ‘Surveiller et punir’, forgé en 1975 pour élaborer sa para-doxale Société d’exposition. Avec une approche stimulante : c’est notre désir – inextinguible– de reconnaissance qui aboutit à une servitude volontaire assumée alors même que « tous

nos mouvements, activités et déplacements quotidiens deviennent accessibles à ceux qui dis-

posent des technologies les plus rudimentaires. Avec notre consentement, la propriété et l’usu-

fruit de notre vie privée se démembrent pour être progressivement confisquées. »

Le philosophe appelle à une nécessaire « désobéissance numérique » comme celles deslanceurs d’alerte dénonçant gouvernements, entreprises, algorithmes comme Julian As-sange (Wikileaks), Christopher Wylie (Cambridge Analytica). OLG

La vie privée,une parenthèse dans l’Histoire

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TAPER AU PORTEFEUILLEDES FAbRICANTS DE FAKE NEwS

Lorsque la puissance publique décide d’avoirune loi pour combattre les fakes news,c’est bien, mais si dans le même temps vousles financez via la publicité, il y a uneincohérence très forte ! L’un des combats dela villa numéris a consisté à aller voir lesmarques pour leur dire qu’elles avaient uneresponsabilité. Sur le milliard d’euros investien publicité numérique en France, desmillions vont dans les poches de personnesqui passent leurs journées à raconter à peuprès n’importe quoi. Vu du marché, ce n’estpas beaucoup, vu de la responsabilité qu’elleimplique, c’est énorme.

Aujourd’hui les pouvoirs qu’ils soientéconomiques ou politiques ont la capacitéd’aller taper au portefeuille des fabricants

de fake news. C’est important tant pourprendre conscience des effets pervers de lapublicité non maitrisée d’une part qued’autre part pour éradiquer ces phénomènesqui polluent, mais avec des risques qui vontau-delà puisque cela profite à desorganisations à des fins soit mercantiles soitidéologiques ou géopolitiques aux buts assezpeu diplomatiques, il faut bien le reconnaître.

La relation digitale imposeune réponse immédiate dumonde réel

Aujourd’hui, un libraire qui n’a pas le livresous la main que vient lui demander unclient, c’est un client perdu au profit d’Ama-zon avec un service remarquablement effi-cace. Que ce soit pour la commande ou leSAV, Amazon a établi un standard de

consommation mondiale, et vous voudriezque toutes les sociétés fonctionnent aussibien. Cette satisfaction crée une forme depression et de virtualité appliquée à desdomaines où même le virtuel ne rentrepas. On est tous devenus incapables de fairela file d’attente plus d’une minute chez sonboulanger. Le pauvre type n’a pas été pré-paré à cela, loin s’en faut.

Toute la difficulté dans l’espace numé-rique est de favoriser la sérendipité. Dé-velopper une vision encyclopédique reste cequi coûte cher pour les acteurs numériques.C’est une expérience difficile à créer d’au-tant que les utilisateurs font toujours lechoix de la liberté la plus large. Si le numé-rique c’est la liberté de choix, c’est à vous del’utiliser avec responsabilité.

bernard E. HarcourtLa Société d’exposition Désir et désobéissance àl’ère du numérique

Seuil, 336 p., 23 €.

Olivier TesquetA la trace

Ed. Premier Parallèle

260 p. 20€

www.lavillanumeris.com

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Notre objectif : améliorer et diminuer notreimpact sur l’environnement et particulière-ment au niveau des gaz à effet de serre.

Depuis maintenant plus d’une quinzained’années, Hachette Livre intervient dansquatre domaines du développement durableavec des engagements responsables :

• L’amélioration de notre performanceenvironnementale,

• La réduction de notre empreinte carbone,

• Un usage responsable des ressourcesnaturelles,

• Et, l’élimination de tout impact négatifsur les forêts menacées.

Nous avons un devoir d’information, de sen-sibilisation, de prise de conscience au niveaudes parties prenantes qui vont se trouver enaval de nos activités à destination des pointsde vente, mais aussi bien entendu, à destina-tion des lecteurs. Hachette Livre a souhaitéassocier la grande majorité de nos publica-tions à un effort de communication et desensibilisation, tout simplement en assurantun étiquetage environnemental de nosouvrages. Le papier venant du bois, nousveillons absolument à s’assurer que l’ensem-ble des ouvrages qui sont publiés par legroupe sont bien imprimés sur des papiersfabriqués avec des fibres de bois provenantde forêts gérées durablement ou plus rare-ment recyclés car malheureusement l’offren’est pas assez conséquente dans ce domaine.

Les émissions de gES de Hachette Livre en France représententl’équivalent de 170.000 tonnes de dioxyde de carbone

• 2/3 provient des opérations amont defabrication dont1/3 concerne lesopérations de la foret à la papeterie(exploitation forestière, pâte, papier,transports associés et1/3 concerne lesopérations d’impression et finition

principalement y compris les transportsjusqu’aux centres de distribution

• 1/3 provient des opérations aval dedistribution, la création éditoriale, lecommercial et la vie de bureau

Les responsabilités du papier

Jean-François Lyet Directeur technique d’Hachette Livre

1 Réaliser un bilan carbone triennal en partantdes forêts, en passant par les transports, les opé-rations d’impressions, de façonnage, desopérations d’édition, de distribution, des opéra-tions commerciales. Le cumul de toutes cesémissions donne une cartographie complète denos émissions en France pour agir en consé-quence aussi bien sur l’approvisionnement despapiers, en s’assurant que les papiers sont bienfabriqués avec du bois issu des forêts géréesdurablement qu’au niveau de la distribution enessayant de limiter le recours à l’avion pour livrerdes livres en Outre-mer ou dans d’autres paysplus éloignés.

2 Accentuer la sensibilisation par un étique-tage environnemental qui souligne plusieurspoints : l’engagement de l’éditeur en matièred’environnement, son engagement à réduire sesgaz à effet de serre, son empreinte carbone.

3 Promouvoir un logo qui identifie que lepapier utilisé a bien été fabriqué à partir de boisissu de forêts gérées durablement. Nous avonsdéployé des lignes directrices extrêmementclaires partout dans le monde, que nous commu-niquons à nos différents fournisseurs qu’ilssoient papetiers ou imprimeurs lorsqu’eux-mêmes font l’achat du papier de façon à nousassurer qu’il n’y aura aucune trace de bois issu deforêts tropicales.

4 Suivre les approvisionnements par descontrôles aléatoires, en effectuant des prélève-ments de papier de nos ouvrages que nousenvoyons à un laboratoire aux États-Unis, pourfaire des analyses sur les espèces de bois qui sontprésentes dans les papiers utilisés.

5 Engager les fournisseurs sur nos propresvaleurs environnementales mais aussi sur nospropres valeurs sociales et sociétales. Pour cefaire, ils doivent prendre connaissance de notreChartre Fournisseurs Responsables et s’engager,en la signant à la respecter les différents points.

6 évaluer régulièrement la performancesociétale de nos fournisseurs - papetiers, impri-meurs ou autres - via un organisme tiers, Ecovadisqui va assurer une évaluation en intégrant aussibien le volet social qu’environnemental.

7 Réduire les déchets qui sont associés àla production de nos ouvrages pour êtregarant de la bonne utilisation des ressources ; ennégociant des allocations papier et en nous assu-rant qu’elles sont définies avec les producteursqui vont transformer la matière. Nous optimi-sons les formats afin que nos ouvrages aient desdimensions, des paginations qui soient cohé-rentes avec les formats papier que nous utilisons.

Les 7 engagementsd’Hachette Livre

Hachette Livre

Hachette Livre est un grouped’édition grand public quiregroupe 150 maisons d’éditionssur tous les grands continentsdans tous les domaines, que ce soit dans l’éducation, la transmission de la culture, la transmission de savoir-fairetechniques ou ludiques.

Un livre= entre 500 gr et 1 kg/and’équivalent CO2

Un Français moyen =12 tonnes/and’équivalent CO2

Nous avons un devoir d’information

www.hachette.com

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er Le papier est un bio matériau d’avenir

Le 20ème siècle était celui de la croissancefondée sur une hypothétique abondance,le 21ème siècle sera celui de la sobriétéimposée par la finitude de notre planète etde ses ressources. Dans ce contexte, le pa-pier est résolument un bio matériau d’ave-nir, il coche toutes les cases. Il est issu deressources naturelles renouvelables, recy-clables, biodégradables. Il représente unevraie alternative au plastique dans biendes cas.

L’industrie papetière n’a pas attendu lamode verte pour diminuer sans cesseses impacts sur l’eau, sur l’air, pour amé-liorer son efficacité énergétique et utilisermajoritairement la biomasse et ses propressous-produits. Nous avons bien du mal àcommuniquer sur la forêt européenne quiest gérée durablement, qui grandit chaqueannée, qui joue son rôle dans la conserva-tion de la biodiversité et de la lutte contrele changement climatique. Nous avons biendu mal à faire entendre que le bois énergieet de construction représente plus des troisquarts de l’utilisation du bois et que l’in-dustrie papetière européenne est l’une desindustries les plus vertueuses récompen-sée par des systèmes de notations environ-nementaux tel qu’ECOVADIS.

Nous souhaitons que lelecteur ait le même niveaud’information environne-mentale pour l’imprimé etle numérique et qu’ilpuisse ainsi faire son choixen connaissance de cause.

Au moment où l’on commence à entendreparler de Green IT et d’empreinte écolo-gique du numérique, nous savons que le pa-pier a tous les atouts pour séduire.

LA PRESSE éCRITE EST LEMéDIA DE LA CONFIANCEPourtant, elle ne parvient pas à communi-quer sur ce sujet, certainement parce qu’elleest toujours soupçonnée d’être juge et par-tie. Les pouvoirs publics ne nous facilitentpas toujours la tâche en prônant la dématé-rialisation systématique, en opposant fibresrecyclées et fibres vierges alors qu’elles sontcomplémentaires. Nous sommes mis au défipar le dispositif de l’éco contribution et la loisur l’économie circulaire d’intégrer de plusen plus de fibres recyclées et d’utiliser despapiers provenant d’usines de proximité. Ily a une incitation à utiliser des usines deproximité alors qu’elles n’existent plus etque les débouchés pour le vieux papieren France sont dans l’emballage ou l’hy-giène et non dans le papier graphique !C’est d’ailleurs pour l’emballage qu’il nousest demandé, et c’est tout à fait légitime, dene plus utiliser pour imprimer nos maga-zines d’encres minérales avec des composésaromatiques qui risquent de se retrouveraprès collecte dans des emballages alimen-taires. De ce point de vue, nous avons des so-lutions que nos imprimeurs ont mis enœuvre sans attendre le législateur.

Notre responsabilité principale est d’im-primer la juste quantité sur un papiercertifié issu de forêts européennes géréesdurablement ou recyclé. Chez Prisma, nousnous sommes engagés à ne pas utiliser depapiers en provenance d’Asie pour évitertout risque de participer à la déforestation.Nous optimisons les formats, les gram-mages, même si là encore nous faisons faceà une contradiction, puisque nous sommesaccusés de détruire des forêts par le mêmelecteur qui plébiscite les beaux papiers et lesmooks avec un papier épais. Nous optimi-sons aussi les passes, passe d’impression, debrochage, nous choisissons des imprimeursresponsables et certifiés.

Nous travaillons aussi sur la distribution,sur la maitrise du taux d’invendus, avectoutes les nouvelles technologies à notredisposition pour optimiser le réglage,mieux communiquer avec le réseau et sesaisir de la nouvelle opportunité que re-présente la loi sur la modernisation de ladistribution de la presse pour pouvoirgaspiller le moins possible. Nos invendussont recyclés et entrent dans une filièrecirculaire. Toutes ces actions d’optimisa-tion ont le mérite d’être « écolonomiques »comme dirait Emmanuel Druon, l’économierejoint l’écologie. La presse magazine a éga-lement la responsabilité d’inciter au geste detri et d’informer le lecteur consommateur ceque nous faisons entre autres par l’insertiond’encarts CITEO dans le cadre de la contri-bution en nature.

LES IMPACTS ENvIRONNEMENTAUx DU MéDIA PAPIER SONTCONNUS ET CORRIgéSDEPUIS LA FIN DES ANNéES 2000. Nous réalisons des bilans carbone, des ana-lyses de cycle de vie alors que cela est beau-coup plus flou, concernant l’impact desmédias numériques. Nous ne souhaitons pasopposer numérique et papier mais regarderavec lucidité les deux formes de médias.

Sylvaine CORTADADirectrice de la fabrication et de lavente au numéro de Prisma Media

www.prismamedia.com

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erFrançaise des Jeux : une entreprise qui misesur la solidarité

Nos bilans carbone et ACV (Analyse de Cycle deVie) ont démontré que deux étapes majeures ducycle de vie étaient les plus « impactantes » :

• Celle de la production de papier : lapremière action mise en œuvre a étél’usage du papier issu de forêts géréesdurablement ; avec la labélisation FSCdepuis 2012. Par ailleurs, nous avonsaussi demandé à nos imprimeurs detravailler sur du papier recyclé. Pourl’étape d’impression, nos imprimeursutilisent des encres à base d’eau.

• Et l’étape de fin de vie des tickets enpoints de vente, complexe à gérer. Lesinvendus sont récupérés et recyclés,mais nous travaillons depuis plusieursannées pour sensibiliser joueurs et dé-taillants afin de collecter et recycler lestickets jetés sur la voie publique. C’estpourquoi le pictogramme « Triman » estapposé au dos des tickets de grattage in-diquant le fait qu’il faut jeter dans unepoubelle, trier et recycler les tickets.

Un objectif d’une réduction de 20% deses émissions de GES entre 2017 et2025 sur l’ensemble de son périmètrede responsabilité

En 2019, cet objectif de réduction des émis-sions de GES a été approuvé par l’initiative in-ternationale Science Based Targets (SBT) surla base d’objectifs scientifiques, conformes auxniveaux requis par l’Accord de Paris (limiter lahausse de la température moyenne mondialeen-dessous de 2°C).

Par ailleurs, le groupe FDJ est neutre en car-bone depuis 2019 en compensant les émis-sions qui n’ont pu être évitées et finance deuxprojets certifiés en Inde et au Brésil.

Des actions responsables tous azimuts

• En faveur de la biodiversité pour pré-server le patrimoine naturel de la pla-nète, protéger et restaurer des milieuxforestiers français pour des espècesrares et menacées mis en œuvre par IPForet Services, titulaire d’un certificatde gestion de groupe FSC et de la men-tion « Services Ecosystémiques FSC »,

• Par la promotion de l’utilisation du FSCpour les supports de jeux à toutes lesloteries notamment auprès de loterieseuropéennes et dans le monde. Et lesinciter à préserver la biodiversité.

• Pour une politique zéro plastique, avecla suppression des bouteilles plastique.Les gobelets sont en plastique mais ré-utilisables. L’entreprise qui les fournitles récupère, les lave et les réutilise,

• Pour le numérique responsable, prio-rité pour 2020 avec Green IT et WWF.

Contribuer par son activité au dévelop-pement économique des territoires

Avec le soutien des points de vente de proxi-mité dans les zones rurales et/ou défavori-sées via notamment un accord pluriannuelavec la Confédération des Buralistes et Cul-ture Presse visant à aligner les intérêts del’entreprise (recrutement de clients) avecceux des détaillants (augmentation de la ré-munération et pérennité du réseau) et del’Etat (jeu responsable et développementterritorial). Ainsi 55 100 emplois sont créésou pérennisés par l’activité FDJ dont 21 600auprès du réseau de points de vente.

Si nous faisons le lien avecle choix majoritaire descitoyens pour une société « écologique », le papier a un bel avenir et feralargement partie du futur tout en cohabitant avec le numérique.

Christine Prouin Responsable Performance RSE,démontre la mise en place d’une

politique ambitieuse en termes de RSE etnotamment en matière d’environnement.

La démarche RSE de FDJ engagéedepuis plus de dix ans est répartieselon six enjeux majeurs :

• Le Jeu Responsable (prévention dujeu des mineurs et du jeu excessif)

• L’intégrité (lutte contre la fraude,le blanchiment et la corruption).

• Les Ressources Humaines (gestiondes compétences, diversité, qualitéde vie au travail…)

• La Solidarité (notamment la Fonda-tion d’entreprise)

• L’impact environnemental,

• Et plus particulièrement, l’usage dupapier pour nos supports de jeux.

www.groupefdj.com

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LEADER EUROPéEN DE LAFOURNITURE ET DESéqUIPEMENTS POUR LESENTREPRISES EN EUROPE Nous avons un rapport particulier au papier.Nous sommes aussi éditeur puisqu’avecnotre million de clients, nous éditons plu-sieurs millions de catalogues papier. Lecatalogue papier reste un élément qui portel’offre commerciale, car nous sommes avanttout une société commerciale, mais nousgardons un attachement certain depuis1974 avec le papier puisque c’est un élé-ment qui a été décidé par ma grand-mèrepour promouvoir l’offre de produits.

RAJA gARDE UN ATTACHEMENT CULTUREL AU PAPIERNous l’estimons contrairement au digital.Nous avons tous dans cette salle appris à lireavec des livres. La tendance actuelle pousseles enfants à apprendre et être éduqué surtablettes. À titre personnel, ça me fait un peupeur. Tous nos commerciaux distribuenteux-mêmes les catalogues. Document trans-actionnel, le catalogue est un élément qui varester sur un bureau, dans une bibliothèque,

contrairement aux éléments digitaux qui sontrelativement éphémères.

Nous existons aujourd’hui grâce au papier etnous continuons de nous développer grâceau papier. Évidemment le papier que nousutilisons pour imprimer est issu de forêts res-ponsables. La forêt est le poumon de notreplanète et en lui donnant une valeur écono-mique, nous permettons à certains acteurs devivre de l’entretien de ces forêts. Cela restetoujours important de promouvoir le papier.

DES INvESTISSEMENTSCONSéqUENTSNous avons acheté en 2019 quatre sociétéseuropéennes à un fond d’investissement amé-ricain. Ce n’est pas souvent qu’une sociétéfrançaise achète des actifs économiques à unfond d’investissement américain, des fondsvautour. Quatre sociétés, près de mille salariésen Europe, cinq cent salariés en France, dessalariés en Italie, en Espagne.

Nous allons redonner à ces sociétés unedynamique économique à travers notam-ment la création ou la relance de leur offrecommerciale avec des catalogues que lesAméricains avaient supprimés en axant ledéveloppement économique à travers uni-quement le digital.

Le papier au cœur de la stratégie de Raja

brice KAPELUSZ Directeur du groupe RAJA

Le groupe rajaCréé par sa grand-mère en1954 propose la plus largegamme de produits enemballage. Aujourd’hui,présidé par sa mère, il aréalisé en 2019 un milliardd’euros de chiffres d’affaires.Il porte le papier au cœur desa stratégie commerciale, en

n’hésitant pas à investir.

DES DIRECTIvES EUROPéENNESAprès avoir réglementé la façon de produirependant 30 ans, l’idée plus récente est de rè-glementer la consommation. C’est-à-direchanger le mode de consommation des gens.C’est une idée très européenne, un Améri-cain y verrait une réglementation de sa li-berté. Ainsi il y a eu une directive anti-sacsplastiques, mais ceci a ouvert une boîte depandore, puisqu’en fait maintenant, sous lapression du ministre mais aussi sous la pres-sion de l’opinion publique et la pression desONG, l’idée est de dire « What’s next ? ».

L’idée de base était d’éviter la pollution ma-rine, d’où le vote d’une directive européenneadoptée à l’été 2019, qui s’appelle « SingleUse Plastic » dont le but est d’enlever les pro-duits qui se retrouvent dans la mer à savoirles pailles, les gobelets plastique, les touil-lettes, les bâtonnets ouatés qui sont mainte-nant faits avec du papier. L’Unioneuropéenne a continué sur sa lancée.

SCHISLER a de l’avenir et attend le prochaindéfi de nos ONg ou de nos gouvernants.

NOTRE ENTREPRISE FAbRIqUE DES PRODUITSà USAgE UNIqUE EN PAPIER CARTON. Schisler est aussi à l’initiative de collectespour les recycler, notamment les gobelets avecle lancement d’une association qui s’appelle« Alliance gobelets carton » qui met des Cupbox dans les entreprises pour les collecter.

Nous assistons à une accélération du pro-cessus législatif puisque nous sommestous conscients que le monde ne peut pascontinuer comme cela. De plus, la France atendance à sur-transposer, plus vite, plus fortles directives européennes. Il faut séculariserl’économie, c’est-à-dire arriver à décorréler lacroissance économique de la croissance del’extraction des ressources et pour se faire, cir-culariser, recycler, mettre en place de nou-velles filières de responsabilité étendue desproducteurs, dans le jouet, dans le bâtiment,etc… De traiter les déchets et de faire des dé-chets une ressource moins dépendante desmatières premières et notamment celles quine viennent pas de l’Europe.

Le matériau carton est l’ADN de Schisler

David SCHISLERPrésident de l’entreprise familiale

fondée par son grand-père, produit des emballages papier en direction tant

du petit commerce que de la grande distribution. Il veille à être en pointe

sur les avancées technologiques pourdémontrer toute la modernité du papier

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Maintenant en hiérarchisant les priorités, ilvaut mieux réemployer plutôt que recycler.C’est assez logique quand on y pense au début,et Brune Poirson dans son discours inaugural àl’Assemblée nationale, lors de l’examen de la loi« économie circulaire » l’a souligné : « il fautqu’on passe d’une civilisation du tout jetable autout réutilisable ». Mais en y réfléchissant deplus près, la difficulté réside dans ces deux mots« tout, tout » ! Parce que si tout est jetable évi-demment tout va disparaître. Mais dans ce cas-là, le livre est jetable, le magazine est jetable.

Le tout réutilisable signifieque nous allons sortir del’économie mondiale.

Ce sont les débats entendus lors de la COP 25.La problématique du réemploi est compliquéepour l’industrie puisque l’industrie produit desbiens nouveaux, même s’ils le sont à partir deproduits recyclés, avec de plus en plus de ma-tières recyclées et de plus en plus éco-conçues.Finalement ce seront les autres qui produirontet nous qui réemploierons.

DE LA NéCESSITé DES’APPUYER SUR DES DONNéES SCIENTIFIqUESIl est nécessaire d’avoir de plus en plusd’études scientifiques et notamment des ACV,pour savoir dans quelles circonstances leréemploi est préférable à l’usage unique.

Dans mon secteur d’activité, l’Assemblée na-tionale a adopté l’interdiction de la vaisselle je-table pour limiter la production de déchets etl’obligation d’utiliser de la vaisselle lavable. OrIl y a quatre ans, avec la suppression du plas-tique, les efforts ont été entrepris pour pro-duire des produits en carton et les industrielsont été sommés de recycler. À peine sont-ils entrain de mettre des bennes pour tout recyclerqu’on leur dit : « ne mettez pas de bennes, ne re-cyclez pas, mettez de la vaisselle en dur ! ». Vousimaginez que ce n’est pas si simple que ça dansun secteur qui fait des dizaines de milliardsd’euros de chiffres d’affaire et qui emploientdes centaines de milliers de salariés.

Attention au prototype de la fausse bonneidée. L’impact de production de la matière estdilapidé. On ne mesure ni l’utilisation de l’eauni les avantages comparatifs entre un verre enverre et verre en carton. Le premier doit êtrelavé 350 fois pour être au niveau du second :

Aujourd’hui, dans les ACV, lorsque l’on com-pare l’usage unique versus le réemploi, il fautintégrer ces éléments-là. À titre d’exemple pourque l’une des principales enseignes de restau-ration rapide française mette du lavable à l’in-térieur sur place, sa consommation d’eauéquivaudrait à une ville de 300.000 habitants !

Ces débats actuels nécessitent de plus enplus de science, d’experts et de débats dé-passionnés, d’une approche plus ration-nelle, pour des industriels comme nous.

15Dossier la valeur du papier I Les responsabilités du papier

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Nous entrons dans une aire de dé-consommation et certains vont plus loinen prônant la décroissance. Dans cecontexte, la publicité ne devient-elle pasun ennemi à combattre ?

La publicité est souvent montrée du doigt,pourtant elle dépeint la société comme elleest et même essaye de l’anticiper. 2020devrait être une année importante surcette problématique de surconsommation,plus globalement du modèle de consomma-tion que l’on souhaite promouvoir et mêmeplus largement de l’impact de la publicitésur la société et l’environnement.

Quelle est la place du papier dans ce nou-veau mouvement ?

Le papier fait partie des incontournables. Ilest vrai que le secteur de la communicationa été parmi les derniers à s’interroger sur sesimpacts environnementaux et sociétaux. Maisnous assistons à l’émergence, depuis quelquestemps, de l’éco-communication, qui consiste àfaire des communications de façon plus res-ponsable en ayant le moins d’impact possible.

Notre rôle estd’accompagnerau quotidien nosannonceurs, nosclients dans cettenouvelle révolu-tion RSE qui est, àmes yeux, plusimportante que larévolution digitale,sans pour autant

faire du green-washing ou du social-washing,et de communiquer sur ces pratiques, mais enle faisant de façon responsable.

Quels sont les démarches de l’éco-com-munication ?

Nous analysons les cycles de vie de nos commu-nications, de nos campagnes de communication,quels que soient les supports, que ce soit duprint, de la vidéo, des sites internet, du numé-rique. Au sujet de ce dernier, j’espère qu’uneprise de conscience beaucoup plus forte va avoirlieu et également dans les médias numériques.Que le client se pose des questions sur l’impactdes plateformes de diffusion où il met ses cam-pagnes, sur le fait de bien fermer à la fin de sacommunication le site internet éphémère quiaura été créé au même titre qu’aujourd’hui il sedemande quel est le devenir de ses affiches unefois sa campagne terminée.

Quand les impacts de l’éco-communica-tion sont-ils les plus importants ?

Au niveau de la production, quand nouscréons nos contenus au sens large, que cesoient des vidéos, du print, des shootings.Au sujet de la RSE chez Publicis, nous par-lons d’écoproduction depuis un certainnombre d’années, et je vois que les médiascommencent à s’en emparer. Je remarqueune accélération de la prise de consciencedes grandes entreprises depuis plus d’un an.Nous avons aussi notre part à jouer pour lessensibiliser, quand on parle de communica-tion pour un produit de plus en plusresponsable, il est dommage de ne pas allerjusqu’au bout en travaillant une campagneégalement plus responsable !

Quels sont les critères sociétaux pris encompte pour un tournage ?

Nous réfléchissons aux lieux de tournagequi génèrent des impacts très importants entrouvant la meilleure solution qui combinerespect de l’idée créative / qualité du filmréalisé / impacts environnementaux, sociauxvoire humanitaires/ et contraintes budge-taires. C’est un éco système qui se met enplace doucement mais sûrement.

Pour aller plus loin :

www.communication-responsable.aacc.fr

Caroline DARMON Directrice de RSE Publicis groupe en

France, est également vice-présidentede la Commission RSE à l’AACC

SCHISLERSCHISLER s’est positionnée dansle secteur de cette restaurationdite rapide ou moderne où sedéveloppait la vente à emporteravec des besoins en sacs papier,feuilles papier, gobelets carton.Depuis une dizaine d’années,apparaissent des changementssociétaux mais également deschangements de réglementations

notamment européennes.

Les publicitaires prennent le virage de la RSE

www.ceeschisler.fr

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16 Dossier la valeur du papier I Parole Publique

Quelles sont les mesures clés de la Loipour renforcer l'économie circulaire del’écosystème papier-carton ?

Si beaucoup de mesures ont été adoptéesdans les domaines divers, concernant plusprécisément les dispositifs prévus dans la loipour la filière de recyclage des déchetspapiers-carton, il faut souligner que les pou-voirs publics ont été mobilisés très tôt pourcréer les conditions d’une gouvernance sta-ble du recyclage des déchets papiers-cartons.

Dès 1992, les pouvoirs publics ont créé lapremière Responsabilité Élargie des Pro-ducteurs qui couvre les 5 grands matériauxd’emballages, le plastique, l'acier, l’aluminium,le verre et notamment le papier-carton. Cettefilière est gérée par Éco-emballage devenudepuis Citéo.

L’objet de la Loi Économie circulaire est decréer de nouvelles filières REP et d’instau-rer la consigne pour les emballagesplastiques. Aujourd’hui, la filière papier-carton connait une restructuration de sonactivité. Il faut agir en parallèle à la Loi, eninvitant les acteurs économiques de lafilière à investir dans notre économie circu-laire des papiers cartons. C’est le sens de latribune que j’ai souhaitée porter pourdéfendre le site d’UPM à Chapelle Darblayconcernant, dans ce cas précis, le secteurdes papiers graphiques.

Certains pensent papiervierge et papier recyclécomme deux industries, or ce sont les mêmesindustriels et ceux-ciquittent le pays.

Or les usines papetières qui assurent lerecyclage du papier, Bessé-sur-Bray, Cha-pelle Darblay, ferment ou sont mises enliquidation. N'y a-t-il pas contradictionentre la volonté d'utiliser toujours plusde papier recyclé sans les usines localespour le faire ?

Concernant le recyclage des papiers gra-phiques, nous assistons à une crise

structurelle de cette filière. L’utilisation dupapier dans l’ensemble de ses usages baisse,qu’ils s’agissent des usages transactionnels,administratifs ou d’informations. Seul lepapier utilisé en tant que support publici-taire connait une croissance de sa demande.

La dynamique del’économie circulaire nepeut se réaliser qu’avecdes unités de recyclageproches des lieux deconsommation.

Il ne faut pas envisager cette filière sous unangle mondialisé pour éviter les émissionsde CO2 liées aux transports de la matière. Àce stade, les problématiques rencontrées parArjowiggins (Bessey-Sur- Bray) et par UPM(Chapelle Darblay) sont identiques : les deuxentreprises recherchent un ou plusieursrepreneurs pour leurs sites respectifs.

Concernant Arjowiggins, la société d’expertiseSecafi propose un « business plan » qui orientel’activité sur des marchés de niche et/ou àforte valeur ajoutée. Ce projet est soutenu parla région des Pays de la Loire et l’État.Aujourd’hui, la société recherche des repre-neurs, ce qui est le plus difficile. S’agissantd’UMP, l’entreprise reçoit actuellement desinvestisseurs susceptibles de reprendre le site.

Dans les deux cas, le rôle des élus locaux etnationaux est le même, ils doivent créer uncadre de confiance et apporter une visiond’avenir aux potentiels repreneurs ainsiqu’aux salariés. Par exemple, sur le sited’UPM, nous réfléchissons à la possibilité deconstruire un écopole d’excellence dans lafilière du recyclage des papiers.

Discriminer le papiervierge met aussi à mal le débouché des sous-produits (éclaircies) du bois

Réduire nos déchetsà la source

Stéphanie Kerbarhdeputee de Seine-Maritime, secretaire dela Commission du developpement durableet de l’amenagement du territoire a ete en

premiere ligne avec l’adoption de la Loi surl'Economie circulaire et la lutte contre le

gaspillage dont elle fut la rapporteuse. La promulgation de la Loi est l’occasion de

faire un point sur les nouvelles mesures.

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Ne faut-il pas encourager la valorisationdes sous-produits du bois plutôt que de lebruler en énergie ?

Le papier a cette particularité de pouvoirêtre recyclé en moyenne 5 à 6 fois. Je sou-haite effectivement encourager le recyclagede papier graphique, mais je n‘envisage pasce soutien pour affaiblir la production depapier vierge.

À ce titre, la Loi pour une économie circu-laire reprend l’obligation d’utiliser dupapier graphique recyclé ou issu de forêtsgérées durablement pour les prospectus etmagazines publicitaires.

Ce qui importe surtout, c’est la manière dontla ressource bois est gérée.

Toujours pour améliorer l'économie cir-culaire ne devrait-on pas plutôt instaurerun tri plus fin (plus de poubelles spéciali-sées) comme dans d'autres payseuropéens, en séparant notamment lesplastiques et aluminiums des papierspour ne pas souiller ces derniers ?

Améliorer l’économie circulaire, ce n’est pasforcément ajouter une poubelle de tri sup-plémentaire. Bien que le premier tri réalisépar le citoyen soit primordial, il faut le sim-plifier au maximum et se concentrer aussisur le restant de la chaîne. Il faut notammentêtre attentif à la performance des centres detri des déchets, c’est à dire, leur disponibi-lité, le rendement, le taux de captation parmatériau et la qualité des produits triés.

Concernant le papier carton, plusieursamendements ont été adoptés qui impo-sent le recours à la vaisselle réutilisablepour la consommation en restaurationrapide à partir du 1er janvier 2023. Cer-taines parties prenantes regrettent quecette volte-face se fasse sans étudespréalables notamment sur la consom-mation d'eau que va générer le lavage dela vaisselle ?

Effectivement, l’alinéa 23 de l’article 10 duprojet de loi dispose qu’à partir du 1 janvier2023, « les établissements de restaurationsont tenus de servir les repas et boissonsconsommés dans l’enceinte de l’établisse-ment dans des gobelets, y compris leursmoyens de fermeture et couvercles, desassiettes et des récipients réemployablesainsi qu’avec des couverts réemployables. »

Cette disposition s’inscrit dans une volontéde réduction de nos déchets à la source et esten cohérence avec le projet de loi que jedéfends. En effet, il s’agit d’avoir une consom-mation responsable, ce qui se traduit par unemeilleure prise en charge des déchets pourqu’ils puissent être recyclés, mais aussi, parune diminution de ses déchets.

Je tiens également à préciser que certains

cartons utilisés dans les enseignes de res-tauration rapide ne sont pas toujoursrecyclables, notamment les pailles qui sontjetées avec le reste des déchets non recycla-bles et sont incinérées.

Il ne faut donc pas setromper, l’objectif est infine la réduction de laquantité déchet.

Concernant la date de 2040 que vous évo-quez, il s’agit de la date butoir pouratteindre la fin de la mise sur le marchéd’emballages en plastique à usage unique.Cela ne signifie pas qu’entre aujourd’hui et2040, les acteurs utilisant des plastiques ontles mains libres. L’interdiction se fait pro-gressivement et non brutalement.

Concrètement, la loi prévoit deux objectifs.Le premier concerne la réduction, la réutili-sation et le réemploi de matière plastique ;le second concerne le recyclage. Ces objec-tifs sont fixés par décret pour la période2021-2025 et ensuite pour chaque périodeconsécutive de cinq ans. Enfin, une stratégienationale pour la réduction, la réutilisation,le réemploi et le recyclage des emballagesen plastique à usage unique sera définieavant le 1er janvier 2022.

Pensez-vous que la loi soit aussi rigou-reuse en termes de recyclabilité dessmartphones ? (dont une étude montreque 80% de Co2 viennent de sa fabrica-tion sans oublier des performances derecyclages très faibles)

Je souhaite préciser que recycler un smart-phone et recycler du papier, ce n’est pas lamême chose. Le papier est essentiellementconstitué de fibres végétales contenant de lacellulose ; dans un smartphone, nous retrou-vons plus de 40 matériaux très divers. Lacaptation de ces déchets donne lieu à desprocess très différents, notamment dansl’extraction des différents matériaux.

Néanmoins, la loi n’est pas muette à ce sujet.Elle prévoit des dispositions, d’une part, surle réemploi et d’autre part, le recyclage desappareils électroniques.

Concernant le réemploi, les producteurs,importateurs, distributeurs ou metteurs sur lemarché devront communiquer aux vendeursl’indice de réparabilité de leurs équipements.Cet indice permettra d’informer le consomma-teur de la faisabilité d’éventuelles réparationsdes produits qu’ils achètent, comme les smart-phones. D’autre part, les appareilsélectroniques font l’objet d’une filière REP(Responsabilité Élargie du Producteur) quidoit tenir des objectifs en matière de captation

de métaux présents dans ces appareils.

Le numérique émet 4% des gaz à effet deserre dans le monde (The Shift Project),soit plus que le transport aérien, dans lemême temps, le gouvernement et les pou-voirs publics poussent à la numérisationde la société, estime-t-on là aussi bien lesrisques pour l'environnement ? Ne faut-ilpas commencer à s'engager aussi pourune sobriété numérique (qui semble bienabsente de la loi) ?

Vous soulevez ici la problématique de notresiècle. Les émissions de gaz à effet de serredes industries numériques, et notammentcelles des datas centers, sont la consé-quence de nos activités. Je voudrais rappelerles chiffres du Conseil Économique, Social etEnvironnemental (CESE) à propos de laquantité de données produites par les acti-vités numériques dans le monde. Celui-ciestime que l’Humanité avait produit,jusqu’en 2003, 5 exaoctets de données. Deplus, la multiplication d’objets communi-cants est accompagnée d’un accroissementde la donnée, si bien que leur nombredépasse aujourd’hui celui des êtreshumains. Il faut avoir conscience que lenumérique consomme 10 à 15 % de l’élec-tricité mondiale, soit l’équivalent de 100réacteurs nucléaires.

à cause de l’accroissementdu volume de données,cette consommationd’électricité double tous les 4 ans !

Dans cette perspective, envisager unesobriété numérique ne peut se réaliser qued’un point de vue mondial, et cela pour deuxraisons. D’une part, beaucoup de datas cen-ters étrangers sont alimentés avec uneélectricité produite à partir de la combus-tion du charbon. Il y a une diplomatieécologique à encourager pour le verdisse-ment des datas centers. D’autre part,l’augmentation croissante de la productionde données amène à la construction oul’agrandissement des datas centers, ce quicontribue à augmenter la demande d’éner-gie et donc amène à la construction d’unitésde production d’électricité. Il y a uneréflexion au niveau mondial à entreprendrepour aller vers une sobriété numérique.

Interview réalisée en novembre

2019 par P de F

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Print Ethic, le label RSE de la branche des Industries graphiques.

« Print Ethic est un label très crédible, parfaitement adapté à notre activité et aux

enjeux d’aujourd’hui pour un imprimeur, géré par l’IDEP, élaboré avec l’AFNOR,

basé sur l’ISO 26000. Pour nous c’est un engagement fort, revendique CécileKebbal, Directrice Ressources Humaines, DEUX-PONTS Manufactured’Histoires. C’est aussi une garantie de sérieux dans le contexte actuel oùdes certificats « fleurissent » sans réels engagements pour certaines entre-prises qui les affichent ou se les ‘auto attribuent’. Dans le souci d’avoir des actions concrètes, sur le long terme, nous struc-turons notre démarche sur plusieurs années, accompagnés par l’IDEP. » «En 2019, une vingtaine d’entreprises se sont engagées dans la démarche,et les cinq premières ont été labélisées niveau 1, puisqu’il y a quatre ni-veaux dans le label » précise Valérie BOBIN, directrice des opérations etdu développement de la RSE sectorielle de l’IDEP.

Le label « Engagé RSE » affiche une démarche « éco-socio-conçu »

Le label « Engagé RSE » est en fait le nouveau nom quia été donné après l’évaluation désignée par l’AFNORsous « AFAQ 26.000 ». C’est une démarche très exi-geante au sens où nous sommes sur une évaluationquasiment de l’ISO 26.000, qui couvre l’ensemble desdomaines. Sébastien Calard, Directeur Qualité &Innovation de Gutenberg. Les annonceurs sont plusà l’écoute d’une production que je vais appeler « éco-socio-conçu » prenant en compte l’ensemble des impactssociaux, sociétaux, économiques et environnemen-taux. Cela intègre aussi « une approche du coût global », précisée dans la norme ISO 20.400des acheteurs d’achats responsables, qui est un concept qu’il faut aussi défendre. »

Le référentiel d’accompagnement du Stop Pub, l’engagement du SDD

Le principe du Stop Pub, créé en 2004 par le Ministère de l’Économie permet aux citoyens etaux consommateurs de signifier s’ils souhaitent recevoir ou non de la publicité non adresséedans leur boîte à lettres. Aujourd’hui, seulement 18% des Français l’ont adopté. L’imprimépublicitaire est un support attendu et apprécié par un certain nombre de Français, précise

Cécile Aligon-Dardé, Directrice adjointe Transfor-mation, Développement durable et communicationde MEDIAPOST. Anticipant les attentes de la Loi, etaprès un large audit des parties prenantes (ONG, an-nonceurs, consommateurs), la création d’un référentield’accompagnement du respect du Stop Pub répond àune attente. Son objectif est d’harmoniser et de norma-liser l’ensemble des pratiques des distributeurs et deposer les exigences du métierde distribution d’imprimés pu-blicitaires. Grâce aux audits

d’évaluation d’AFNOR Certification sursites, c’est une démarche d’améliorationcontinue, volontariste, engageante, adap-tée à toutes les entreprises, quelle que

soient leurs tailles, leurs ressources et quelle que soient leur périmè-tre de fonctionnement. Deuxième chantier à venir la création d’unguichet unique d’enregistrement des réclamations.

3 CHEMINS DE PROgRèS

La RSE, c’est de laresponsabilité écologique etenvironnementale, mais aussi dela responsabilité sociale. « La partie sociale est absolumentcruciale dans notre industrie de la distribution des impriméspublicitaires, témoigne Adèle Albano,Présidente du Syndicat de laDistribution Directe (SDD). D’oùl’importance d’avoir des étudesindépendantes comme « L’empreinte socioéconomique del’écosystème du papier graphique »signée par EY. La filière de l’imprimépublicitaire représente 30.000emplois directs qui sont répartis surl’ensemble du territoire. Ce sont desemplois qui ne nécessitent pasd’avoir des diplômes. C’est notreresponsabilité collective d’entreprisemais aussi de la société.Évidemment, nous devons êtreirréprochables d’un point de vueenvironnemental, mais nous devonstenir compte de cette responsabilitésociale directe. D’autant quel’imprimé publicitaire est aussi un

média du pouvoir d’achat del’ensemble de nos concitoyensqui sont sur les territoires et quien ont besoin chaque semainepour équilibrer leur budget.Pas forcément pour dépenserplus, ou faire du gaspillage,mais pour dépenser mieux etvivre mieux. »

L’écosystème du papier graphique

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Vous avez titré votre livre témoignage devotre expérience ministérielle, paru en juinchez Stock « Plaisir et Nécessité », n’est-cepas aussi une belle définition du rapportque chacun entretient avec le papier ?

« Plaisir et nécessité » est une devise que j’aitoujours entendue dans la bouche de monpère. Il ne publiait pas un livre si la nécessitél’emportait sur le plaisir et vice versa, il fauttoujours allier les deux choses et dans tousles actes de la vie. J’ajouterai une doublenotion, celle d’exigence, et dans nos métiersl’exigence est une mission capitale, et lanotion de désir, qui est différente du plaisir.Aujourd’hui, il faudrait revenir, à traversl’éducation notamment, sur cette notion dedésir qui n’affecte pas la même zone du cer-veau que le plaisir. Le plaisir c’est lasatisfaction, le désir c’est en permanence lafaçon de se réinventer, de donner l’envied’aller de l’avant. Donc je dirais plutôt « désir

et nécessité ».

Justement en tant que professionnelle del’édition, quelles sont les évolutions quevous avez pu noter en matière de valorisa-tion de l’objet livre : qualité de papier,grammage, prise en main, … ?

Pour revenir à l’initial, mon père était unhomme issu d’une famille modeste, qui n’apas pu faire d’études, a travaillé puis crééson agence de publicité, pour finalementcréer une maison d’édition Actes Sud. Ilavait comme passion la transmission et celledu livre. Il a choisi de privilégier un formatoblong élégant, agréable à tenir dans lamain, même s’il nous a valu beaucoup de cri-tiques au début. Dans tous les métiersquoiqu’on fasse, toute chose nouvelle paraîtd’abord étrange, bizarre, ensuite dange-reuse et puis normale. La couverture, lepapier Vergé, c’était pour nous une vraienécessité pour le respect du lecteur et laqualité du livre. Nous avons eu un premier

fournisseur historique, les PapeteriesJeand’heur qui malheureusement ont fermé.

Nous nous disions : « Pourquoi faire moche

alors qu’on peut faire beau et pas forcément

plus cher ». La qualité du papier est trèsimportante pour valoriser un toucher dupapier. Le livre est une valeur ressource. Sonpapier appelle les sens, le toucher, la vue,l’odorat. C’est quelque chose d’affectif quicrée un attachement. Je laisse les évolutionstechnologiques aux spécialistes. L’importantde garder l’esprit de l’objet, la qualité dupapier est un élément constitutif essentiel.

En lien direct avec ce que vous dîtes,Hervé Gaymard avait écrit il y a quelquesannées une tribune dans le Journal duParlement où il rapprochait les termes de‘Planète Gutenberg’ face à la ‘météoritenumérique’. Comment se porte selonvous la Planète Gutenberg ?

Elle se porte bien d’une certaine façonmême si la météorite n’en est pas une. EnFrance, pour ce qui est du livre, le numé-rique est un complément du papier. Il n’y apas de révolution du livre numérique. Iln’a jamais atteint des pourcentages éle-vés comme ceux observés auxÉtats-Unis qui avoisinent les 20 % etd’ailleurs en baisse aujourd’hui. Aucontraire, nous assistons à un regaindu livre papier, même au niveau despetites librairies. « On n’a jamais étéautant connecté et aussi peu lié »et je crois que les gens ont enviede nouveau d’être liés. Lenumérique c’est la connexionet pas forcément le lien, le lienon le trouve beaucoup plus àtravers le papier à tous lesniveaux. Lire un livre papierpermet de savoir où on enest dans sa lecture, de pou-voir revenir en

arrière, de physiquement situer le récit,d’échanger le livre...

Mais il y a aussi des choses extraordinairesque l’on peut faire avec le numérique. Ces-sons d’opposer livre et numérique etrestons sur nos valeurs. En permanence, ilfaut avancer dans nos sociétés avec l’idéedes valeurs. Depuis que je suis passée par leministère, je perçois mieux le rôle cardinaldu législateur. Moi-même j’ai impulsé uncertain nombre de choses, c’est loin d’êtrefacile. J’ai un respect infini pour l’engage-ment et le souci que le législateur a pourréguler. Si vous êtes en responsabilité, il fautapporter cet éclairage et incarner lesvaleurs de l’imprimé comme celle que Cul-ture Papier entreprend.

Vous souhaitez, ce à quoi Culture Papierest très attentif, promouvoir l’alliance dumeilleur des deux mondes de l’impriméet du numérique ?

Nous sommes dans un pays qui souffred’être dans la dichotomie permanente, et la

défiance qui plus est. Les choses nesont jamais binaires, sauf en

informatique peut-être ! L’idéen’est pas d’opposer mais d’es-sayer de prendre le meilleurdans les deux. Il faut être enpermanence attentif, etc’est là que le législateurdoit jouer son rôle de régu-

lateur, notamment auniveau européen. Ilfaut comprendrel’importance del’Europe à tra-vers larégulation.Dans le livre ona, depuis long-temps étééveillé à l’idée

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Le papier au futurnous rassemble

Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture,Présidente d’Actes Sud, fondatrice de l’école « Domaine duPossible » a été aussi chimiste, ingénieure urbaniste. Interrogéeau Sénat par Olivier de Tilière, directeur de la publication duJournal du Parlement, elle croit à la nécessité de la fraternité, la curiosité et la transmission pour favoriser le lien social.

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de ce que la régulation permet de faire.Grâce à la loi Lang du Livre à prix unique, lafilière a pu maintenir un réseau de librairesunique au monde et permettre la continuitéet l’émergence d’un nombre d’auteursconséquents. N’oublions pas que, quandcette loi s’est imposée, il y a eu beaucoupd’oppositions. La régulation à l’heure dunumérique n’est pas là pour contraindre,mais pour permettre principalement auxcréateurs de vivre de leurs créations. Évi-demment les GAFA se mobilisent contre. Jel’ai vécu de très près à l’époque où j’étais auministère et je le répète le rôle de l’Europeest essentiel.

Par ailleurs, on ne peut ignorer que le digitalest une source de pollution énorme. Il y a eucet été aux Rencontres d’Arles une exposi-tion photographique qui montrait lesinstallations de ces grands serveurs dansdes zones désertiques et des régions recu-lées, c’est effrayant de voir ce que celareprésente physiquement ! On ne se l’ima-gine pas. Il faut le voir et donc il faut lemontrer. C’est bien que ce soit un artiste, unphotographe qui le fasse. On prend lamesure de ce que le numérique représentepour l’environnement.

Lorsque vous étiez rue de Valois, vous vousêtes battue en disant que : « la culture àl’école relève d’une exigence d’égalitérépublicaine » et en parallèle on voit que,de plus en plus, le livre est remplacé parl’écran. Comment l’analysez-vous et quefaut-il faire pour ne pas risquer au finald’assister à la naissance de ce qu’on aappelé « le crétin digital » ?

Je suis convaincue que beaucoup se passe parl’art à l’école et c’est vrai que je me suis beau-coup battue pour cela. Qu’est-ce qui peut lierles citoyens entre eux ? C’est l’art, c’est la pra-tique artistique et le fait de la partager, d’allerà un spectacle ou d’en faire, de lire un livre,puis de partager. Se rendre dans une librairie,demander un conseil, dans une médiathèquepar exemple, tout cela est essentiel au citoyenqui grandit. Cet éveil au sensible doit se fairedès le plus jeune âge.

Dès la naissance, certains enfants sont pos-tés devant un écran et il se passe quelquechose dans leur cerveau, c’est loin d’êtreneutre. Nombreuses sont les études qui lemontrent. Et ce qui est catastrophique, c’estle « non-lien », l’isolement dans lequel s’en-ferme l’enfant face à l’écran. Cette questionde l’éveil au sensible est fondamental dès lanaissance. À l’école, il faut privilégier lapratique d’un art quel qu’il soit, et ne pass’agir simplement d’éducation artistique,mais bien de s’impliquer soi-même, de pra-tiquer, de faire du théâtre, de la musique, delire, de partager ses lectures… Quand j’étaisen responsabilité, j’ai triplé le budget pourl’éducation artistique à l’école.

Si on grandit avec cette capacité de repren-dre confiance par la pratique d’un art, quelqu’il soit, si on peut partager ce que l’on a ensoi plutôt que de le garder et plonger dansla désespérance, la violence ou dans l’isole-ment face aux écrans, il peut se passerquelque chose qui fait qu’on devient unadulte en responsabilité qui peut partageravec les autres et avancer dans la vie. Pourmoi, c’est essentiel.

Dans un écosystème comme celui du livre,si l’auteur, l’éditeur, la presse, le diffuseur,le libraire, le bibliothécaire ne s’enten-dent pas, on laisse la place auxprédateurs…

Nul ne peut ignorer qu’aujourd’hui les pré-dateurs sont notamment les GAFA quiprétendent agir au nom de trois valeurs :aller au plus vite, au plus près, au moinscher. C’est un modèle de société qui est com-plètement déshumanisé.

« Au plus vite », qu’est-ce que ça veut diredans une société ? Toute la durée de mesresponsabilités rue de Valois, j’ai rappelé enpermanence cette phrase d’Edgar Morin : «A force de sacrifier l’essentiel à l’urgence, onoublie l’urgence de l’essentiel. » Prenons letemps de nous poser, prenons le temps deréfléchir, ça n’apporte que de la richesse !

« Au plus près » qu’est-ce que ça veut dire ?D’aller directement au plus près du consom-mateur, sans tenir compte du tissu local. S’iln’y a plus de lieux de production et commer-cialisation de proximité, c’est parce qu’on lesa détruits ! Et ce n’est pas parce qu’il n’y en aplus qu’il ne faut pas essayer d’en recréer.

Enfin, « au moins cher » ! Ça veut dire qu’onne veut pas payer le travail produit à sa justevaleur et permettre aux gens de vivredécemment de leur travail ?

Cette triple devise dessine une « anti-société ». Pourtant rien n’est intangible.Les réponses existent. Il faut bien à unmoment réamorcer la pompe, dessiner unenouvelle perspective à notre société. On neva pas pouvoir continuer comme on l’a faitjusqu’à présent parce que la planète va êtredévastée et nos enfants n’y vivront plus. Ilest temps de changer de paradigme dèsaujourd’hui.

Pour illustrer ce changement d’idéesreçues, vous avez un exemple très parlantdans la branche qui était la vôtre, la géné-tique et la biologie moléculaire ?

Nous étions, il y a peu, dans une société dudéterminisme absolu. On était ce qu’on étaitavec notre ADN, on transmettait, et c’étaitterminé. Et tout d’un coup on a découvertl’épigénétique. A la faveur d’une situationqu’on vit, d’un choc, d’un contexte, on va pro-duire une molécule qui va faire en sortequ’un gène qui ne s’exprimait pas puisse s’ex-primer et cela pourra être transmissible. Onn’est plus dans le déterminisme à tout crin,les situations que nous vivons nous obligenten permanence à nous remettre en question,à tirer de nouvelles trajectoires ! A penser entermes de boucles de rétroaction positive.

Le papier au futur correspond à quoipour vous ?

C’est la question la plus difficile parce que jene suis pas devin. Le papier au futur c’estcelui qui nous permet de continuer à lire età être dans ce lien, dans cette possibilité dedialogue en permanence. Je ne sais pas cequi sera inventé demain (il y a des innova-tions comme le papier pierre), celam’intéresse du moment que c’est pour l’hu-main, que l’innovation et le progrès soientau service de l’humain.

Travailler sur l’accès à la culture. C’étaitaussi une façon de reposer les problèmes defonds pour que la culture soit effectivementcet élément de vie, de lien absolumentessentiel à notre vie, à notre être ensemble,et d’ailleurs ce n’est pas un hasard si vousvous appelez Culture Papier. C’est vital ettant qu’il y aura du papier et qu’il y aura dela culture, nous allons pouvoir continuer àse réjouir, à satisfaire notre curiosité, à avoirdes émotions, à partager, s’émouvoir et àdévelopper le sensible.

Extraits de propos recueillis par Olivier

de Tilière, Directeur de la publication du

Journal du Parlement

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Une société du toutdématérialisé n’est paspossible humainementparlant, on a besoin de ce lien, de ce contact. Il faut penser en éco-système et ne plus penseren termes de filières, en termes de silos.

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Comment le papier s’intègre-t-il dansvotre vie professionnelle, qu’est-ce qu’ilsignifie pour vous ? Le papier est nécessaire dans notre métier.Lorsque je lis une pièce de théâtre, je travaillesur le manuscrit, j’écris des annotations et jel’emmène partout avec moi. Pour un film, nousrecevons des scénarios miniatures pour queles acteurs puissent les prendre avec eux. J’ynote les intentions du metteur en scène, mesdéplacements, les numéros de téléphone dechacun, des rêves, des lectures associées. Jegarde ensuite ces scénarios et quand je les re-trouve, cela me replonge dans le travail d’alors.Je n’ai jamais vu un comédien apprendre unrôle sur une tablette. Comme la plupart demes amis comédiens, je commence aussi parécrire le texte sur un cahier pour l’apprendre.Godard disait : « Pour qu’un comédien puisse

incarner un texte, il faut d’abord qu’il l’écrive

de sa main, pour repasser par le chemin de la

main de l’auteur qui l’avait écrit. En l’écri-

vant, le texte pouvait repasser par le corps et

de nouveau s’incarner ».

Vous êtes sensible à l’objet-livre ? Livres de chevet, de voyage, de recettes,d’art, d’aventures, romans... Les livres sontune compagnie, ont une atmosphère, uneambiance. En entrant dans une bibliothèque,on se sent entouré, protégé, invité, inspiré.Entrer dans le métro ou dans un café et voirson voisin lire un livre est un sentiment ras-surant, calme, on se penche, on lit le titre, onessaie d’imaginer la personnalité du lecteurpar son livre… Une librairie invite à la flâne-rie, on vient à la rencontre d’un livre in-connu, on regarde la couverture, le sujet, onle feuillette, on flirte, on fait un peu connais-sance, on s’apprivoise… Le livre peut deve-nir l’objet d’une collection : que ce soitenfant, des « Astérix », des « Oui-Oui » etplus tard, le plaisir de rassembler sur unemême étagère l’œuvre complète dequelques auteurs favoris pour qu’un dia-logue se poursuive, par leurs seules pré-sences dans une chambre...

Le livre porte l’empreintedès sa lecture, il est corné,annoté, tatoué de thé, decafé, de chocolat, il a uneodeur. On peut laisser unlivre à la fin des vacances,à l’attention des vacancierssuivants. Il y a aussi les livres qu’on emmène danssa valise et qu’on ramènesans même les avoir lusmais en les ayant promenés.

Quand j’entre dans une chambre d’hôtel, jecommence par y exposer mes livres, commeune présence amie, une touche personnelle.Une étagère de livres, c’est une fenêtre ou-verte sur un monde imaginaire, ce sont desmadeleines porteuses de souvenirs, c’est unehorloge au salon qui dit : « viens, je t’attends,

un jour tu m’ouvriras, tu me liras. » …

Le livre est un merveilleux cadeau à offrir,avec la possibilité d’écrire un mot personnelsur première page. Il y a aussi ces livres reçusen héritage, où on retrouve avec émotion les

annotations du lecteur précédent, comme undialogue renoué et rendu possible par la lec-ture commune du même objet. Au décès demon père, nous avons trié ses livres, certainsouvrages scientifiques ont été donnés auCERN, d’autres à des associations, mais j’enai gardé beaucoup chez moi, en son souvenir.

Pourquoi avoir voulu écrire un roman « Big Bang » plutôt qu’un scénario ? Depuis longtemps j’écris des notes sur descarnets : des portraits de réalisateurs, de mesgrands-parents, des rêves, des pensées, mesenfants… J’avais écrit un carnet sur ma gros-sesse, j’avais un carnet sur les physiciens quej’avais rencontré dans mon enfance, ayantgrandi à côté du CERN… Je voulais parlerdans ce livre du deuil d’un parent et la nais-sance d’un enfant, de l’incroyable aventure denotre origine et celle de notre univers…C’était un livre intérieur, dont j’explorais laforme en l’écrivant. Les physiciens quan-tiques explorent un monde invisible et sou-vent bien inconnu dont le mystère nousressemble. L’infiniment grand rejoint l’infini-ment petit ? C’est une loi incroyable non ?C’est un livre que j’ai écrit pour entreteniravec mon lecteur un moment de conversationintime, comme une longue nuit blanche où onparle de tout. Je l’ai fait en prenant montemps – l’écriture le permet- et j’ai vécu cepassage au livre comme une plongée et uneperformance physique, j’ai eu beaucoupd’adrénaline et d’émotions en l’écrivant.

Une dernière remarque ? Pendant les guerres des livres ont été brûléspour détruire la liberté d’être et de penser. Lelivre est une culture, une identité, une éman-cipation, le témoin de notre histoire. Certainesdictatures ont voulu les détruire, les interdire.Vous êtes là aujourd’hui dans ce colloque pourles défendre et c’est important de le faire.

Extraits de propos recueillis par Patricia

de Figueiredo

Le livre est une culture

Irène Jacob comédienne, Prix d’interprétation à Cannes pour « La double vie de véronique » de Krzysztof Kieslowski, a jouésous la direction de Louis Malle, Michelango Antonioni, Paul Auster,et récemment au théâtre, dans une mise en scène de ThomasOstermeier. Elle vient de sortir son premier roman « big bang ».

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« D’origine végétale, minérale, animale ouhumaine, les encres qui illuminaient lesmanuscrits médiévaux nous rappellent quel’univers tout entier se retrouve dans un livre.L’historien Jean-Pierre Guéno qui a œuvréà la BNF et à Radio France avant de revenir àLa Poste, rappelle que le livre d’entreprise senourrit d’une énergie renouvelable : celle dela mémoire. Il incite à distinguer la publicitéde la propagande et insiste sur le fait qu’unemarque couronne l’excellence des produitsqu’elle griffe, des équipes qui les conçoivent,les fabriquent et les vendent, et ne saurait serésumer à la gloire de son Skipper. Le meil-leur livre pour une entreprise, c’est celui quirend la parole à ses acteurs : ses salariés etses clients. Dans la série de ses « paroles de »Jean-Pierre Guéno s’intéresse aujourd’huiaux entreprises vivantes : l’armée avecParoles de nos soldats, la Poste avec Paroles de

facteurs et bientôt, fin 2020, l’église avecParoles de prêtres. »

« A la BNF, le livre papier garde toute sonactualité, notamment par la publicationdes catalogues de ses expositions. InsisteSandra Lalanne, Chef des fabrications deséditions BNF. Le dernier en date « Tolkien,Voyage en Terre du Milieu » dont l’expositiona fermé le 16 février 2020 a remporté un suc-cès historique à 135 000 visiteurs, qui rejaillisur sa déclinaison imprimée. Nous avionstablé sur 10 000 exemplaires de cet ouvragede 304 pages, mais pris par le succès, plu-sieurs réimpressions ont été effectuées pouratteindre 25 000 exemplaires. L’Album, lui, aatteint 6 000 exemplaires. Nous choisissonsdes papiers différents suivant les expositions.De manière générale, nous tendons vers demoins en moins de pelliculage. En dehors de

ces évènements, laBnF publie desouvrages de valorisa-tions, des revues. Dansune société de plus enplus numérique, ce quiest écrit sur papierinspire plus confiance,c’est le langage ducœur. »

« Le livre est un vecteur de sens », expliquePhilippe Schaner, responsable de WINTER& COMPANY, groupe familial Suisse créé en1892. Positionné dans un métier de niche,différent du façonnage ou de la réalisationintérieure du livre, WINTER & COMPANY seconsacre exclusivement à l’embellissementextérieur du livre avec comme objectif desublimer un projet éditorial, de le transfor-mer en expérience de lecture.

La variété des matières de couverture répondà la variété des projets éditoriaux et concernel’ensemble du spectre de l’édition, du livrepratique aux beaux livres, de la littératuregénérale grand format au format poche, de labande dessinée au catalogue d’exposition, dulivre relié au livre broché.

A titre d’exemple, WINTER & COMPANY afourni le papier Wibalin pour les couverturesdu catalogue de l’exposition TOLKIEN à laBnF. Un autre exemple est l’utilisation d’unpapier, sous forme de jaquette, à l’effet toilémais au toucher de velours, pour le catalogueLaure Prouvost dans le cadre de la Biennaled’Art Contemporain de Venise.

Pour répondre aux attentes des éditeurs et deslecteurs, nous sommes dans une recherche per-manente de naturalité et de sens. Cette réflexiona donné naissance au Wibalin Flexcover©.

Les nombreuses couvertures brochées réali-sées en Wibalin Flexcover©, de par leur grandesouplesse et l’absence de pelliculage renfor-cent le plaisir de lire. Cette carte, utilisée sanspolymères de protection est recyclable et FSCpour le plus grand bien de notre planète.

Aimer le livre, c’est avant tout aimer le tou-cher et le bruit du papier. »

« Il est infructueux d’opposer digital et print

puisque le numérique est au cœur de l’activité

de la chaîne graphique. commente ChristianCarisey, Président d’Archipel-Studio, stu-dio éditorial qui conçoit et réalise desmanuels scolaires, des guides de voyages, deslivres pratiques ou illustrés, bref tout ouvrageà l’exception des romans. Un livre est coûteuxà réaliser, son processus relativement lent parrapport au livre numérique mais celui-ciimprime peu dans l’esprit du lecteur.

Les anniversaires sont souvent l’occasion defaire de la communication institutionnelle pourune entreprise ou une marque comme la Fon-dation Société générale qui a fêté ses 20 ans enéditant un livre sur sa collection d’art contem-porain. Cette édition leur a permis d’infléchirl’image de la banque en se démarquant. Lelivre s’affirme comme une communicationdans le temps et dans l’espace, l’ouvrageaffirme une identité, capitalise sur sa marqueou raconte une histoire. »

Le livre, de l’imageà la conviction

Sacralise à juste titre pour sa portée culturelle, le livre estaussi un objet pérenne, aux qualités de sensualité et depersonnalisation qui en font un média efficace et unique pourla communication des marques. Témoignages.

Compte-rendu par Patricia de Figueiredo de l’atelier Culture Papier à Créativ Book

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Il y a quelques semaines, il s’est passé unévénement aussi triste que rare : la mortd’un journal régional. L’Écho avait été créé en1943 par la Résistance, il a cessé de paraîtrequand le Tribunal de Commerce de Limogesa prononcé sa liquidation. Si l’on en croit cer-tains prévisionnistes de la presse, il n’y auraplus de papier dans dix ans comme supportd’informations quotidienne. Cela fait trèslongtemps que cette prévision court : il y adix ans c’était déjà dans dix ans, aujourd’huic’est encore dans dix ans, et espérons quedans dix ans ce sera encore dix ans.

Aujourd’hui, les enjeux sontautour du numérique, de ladiffusion numérique maisaussi autour du papier.

De toutes façons, la presse papier n’existedéjà plus comme une entité autonome :on parle de titres de presse écrite et nonpas de presse papier.

Le support papier reste un des canaux de dif-fusion, parfois un canal principal notammentpour les quotidiens régionaux. Concernant lapresse magazine, le papier représenteencore une part importante et même majo-ritaire de la diffusion des revues, et peut-êtreune part aussi de leur avenir. C’est encore unécrin qui attire les annonceurs, un des piedséconomiques indispensables de la presse.

La presse papier reste bien présente dansnotre quotidien.

Il serait trop facile de dire qu’elle se lit ennumérique en extrapolant le simple cas desquotidiens nationaux. En 2018, plus de troismilliards d’exemplaires de presse ont été ven-dus en France selon l’ACPM. Un tiers en venteau numéro, un tiers par abonnement, et seu-lement 10% en numérique. Néanmoins leschiffres de diffusion papier sont globalement,à quelques exceptions près, en baisse.

Les raisons sont sociologiques avec un chan-gement d’usages des lecteurs. Elles sont aussiprofessionnelles avec des points de vente quiferment. Selon Culture Presse, nous avionsenviron 22.000 points de vente de presse en2019. Le marché souffre certes moins d’attri-tion que le reste du commerce de proximitémais, il y a dix ans, nous comptabilisions30.000 points de vente de presse papier.10.000 ont disparu en dix ans.

Face à l‘omniprésence des écrans, la pressepapier constitue une alternative vis-à-visde l’accélération du flux des images, lamanipulation parfois des réseaux sociaux,la domination de l’immédiateté.

Si la presse est menacée dans son modèle éco-nomique, elle porte pourtant, des valeursfinancières, des valeurs symboliques, desvaleurs journalistiques, des valeurs démocra-tiques, et des valeurs sociétales qu’il fautabsolument préserver.

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Cyril Petit Directeur adjoint de la rédaction du JDD

Le journal pour une information hiérarchisée

Actes du Colloque Culture Papier « Le papier au futur »

Le Journal du Dimanche estun quotidien atypique et unique.

Il n’est en vente qu’un jour parsemaine. Mais il est désormais unquotidien qui publie tous les soirsune édition numérique, un mini-journal qui anticipe l’actualité :Le Journal de Demain. La preuveque le papier est essentiel maisque le numérique est indispensablepour assurer l’avenir.

Le JDD est au coeur du sujet quenous allons évoquer : quel avenirpour le papier en tant que supportd’information. Je suis un ardentdéfenseur du journal : dans monesprit, le journal regroupe plusieursréalités : il peut être imprimé, enPDF, ou même numérique. Il s’agitd’un format hiérarchisé où tout ne sevaut pas, où les informations sontrangées clairement, où le lecteursait où il en est. Un format fermé, quiéchappe aux pollutions outentations extérieures, notammentdes liens vers d’autres contenus.C’est un support où la parole demon voisin sur Facebook ne vautpas celle du Monde ou des Échos.

www.jdd.fr

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Soizic boujuDirectrice générale déléguée du groupe

Centre France, apporte le regard desterritoires d’une presse quotidienne

régionale qui se réinvente et ouvre deschamps nouveaux entre lecteurs et

supports papier

Un certain nombre de grands groupes depresse régionale mise sur le « Web first » etencore plus sur le « « Mobile first », aveccomme stratégie de mettre d’abord lescontenus sur le numérique, ensuite sur lepapier. Qu’en est-il pour Centre France ?Votre position géographique change-t-ellede beaucoup la donne ?

Notre souci est d’être présent et réactif enfonction des attentes de nos lecteurs. Nousavons mis en place un plan « Lecteursd’abord » qui prend en compte parfois duweb first, mais surtout la nécessité de ne pasdupliquer les supports, dans un sens oudans l’autre. Nous avons des territoires trèsdifférents, avec des capacités de connexiontrès disparates, et des usages différenciés.

Les 8 quotidiens du groupe travaillent à cettetransformation, à la mutation des métiers etdes modèles dans une organisation indus-trielle et éditoriale qui doit prendre en comptecette réalité.

Pourtant vous continuez de croire aupapier ?

Croire au papier est un choix historique dansle groupe. Désormais des résultats structurelsnous posent question dans la manière d’y faireface et de lutter contre cette tendance à labaisse, qui ne date pas de l’arrivée du digital.Nous avons réfléchi à la valeur et à l’usage denos offres, afin de retravailler et de redéfinirun mode de composition et de présence à noslecteurs et à nos publics qui puisse être valo-risé. Nous n’avons jamais considéré que ledigital first était une valeur en soi, ni une prio-rité ou un objectif de production. Notre valeur,c’est la confiance que l’on doit continuer deconstruire avec les territoires où noussommes présents, et elle passe aussi par unrenforcement de la valeur du produit papier.

Un de vos premiers choix n’est-il pas dedévelopper le rapport lecteur-support ?

Nous avons étudié la meilleure manière d’êtreen contact avec notre audience au sens largedu terme : nos clients, nos lecteurs, nos abon-nés, nos lecteurs gratuits dans les cafés – quiest une réalité et un partage auquel nousdevons être attentifs.

Une expérience augmentée c’est-à-dire unrapport physique et sensoriel à un outil queles gens aiment partager dans les villes, lesmétropoles et encore plus les villages. L’usagedu papier et le support que cela représente estun outil de partage, physiquement.

Concrètement comment traduisez-vousce lien ?

Nous avons développé des réunions, desdébats avec nos lecteurs au sens large duterme, du Populaire du Centre, de La Mon-tagne, dans des cafés et des lieux publics surdes problématiques qui sont les leurs, qui peu-vent être la mobilité dans des villes où il estcomplexe de se déplacer, sur la question del’environnement, sur la question des solutionsdurables. Nous mettons en place une respon-sabilité sociale renforcée.

Le journal garde une forme de vérité et d’officia-lisation d’une information. Ce n’est pas inutile de le rappeler à l’heure des réseaux sociaux.

Cela fait partie d’une logique d’éducationmédia ?

Il est nécessaire de faire comprendre à nospublics, notamment à travers une charte d’en-gagement que nous avons publiée avec larédaction autour des municipales, que le titreet le journal sont là pour respecter un certainnombre de droits et devoirs. Cette chartred’engagement comprend huit engagementsmajeurs : entre autres, le fait de refuser depublier des sondages locaux considérant qu’ily a eu une forme de manipulation et en toutcas parfois des erreurs graves sur la manièredont ils peuvent être interprétés et exploités.

La valeur du journal se traduit-elle aussipour vous par une approche différenciéedu papier et du digital ?

Nous ne jouons pas le digital contre le papier ou le papier contre le digital,mais nous cherchons à les différencier.

En mettant de la profondeur, de la pédago-gie sur le papier, en transformant les infosgénérales qui étaient historiquement et cul-turellement une compilation intelligente etparfaitement légitime de la hiérarchisation.Nous faisons le focus chaque jour sur desproblématiques sur lesquelles les gens n’ontpas les facilités de comprendre les enjeux etla complexité, avec des focus d’experts, des‘pour’, des ‘contre’, sur des sujets d’informa-tions générales. La compilation de tout cequ’il faut savoir sur l’actualité se retrouveailleurs en permanence, via son smart-phone, le JT ou l’info continue.

Dans les attentes du papier, nous diversifionséditorialement nos offres en proposant desmagazines dédiés, sur les thèmes de la santé,du sport, du bien-être, de l’économie mais enmettant de la souplesse dans des produitsqui sont hyper-réactifs par rapport à l’actua-lité et qui ont toujours un rapport très ancrédans le lien au territoire qui sont les nôtres.Récemment, nous avons sorti un Hors-Sériesur les 80 ans de Guy Roux, le mythique etlégendaire dirigeant de l’AJA (Club de footd’Auxerre), un spécial Raymond Poulidor, unnuméro spécial Jacques Chirac vu de la Cor-rèze, un numéro sur le légendaire StadeMarcel Michelin de l’ASM à Clermont-Fer-rand. Nous allons chercher les gens surl’émotionnel, l’intergénérationnel, l’«expé-rientiel». Nous avons totalement différenciéles supports. Nous avons la même rédactionet les mêmes journalistes, mais les tuyaux debascule de l’un vers l’autre sont coupés.

Sur certaines micros zones les ventes papieraugmentent, comment l’expliquez-vous ?

Oui, il y a des endroits en effet avec des sujetsau plus près des problématiques de nos lec-teurs. En dehors des grèves actuelles, la liaisonIntercités Paris-Clermont est la pire qu’onpuisse trouver en France en termes de retard,de manque de qualité, de service etc. et LaMontagne a choisi d’être le porte-parole desusagers pour rendre compte de leur ras-le-bolet exiger une amélioration du service et desmoyens à mettre en œuvre: « Maintenant, çasuffit ! » a-t-elle titré. Le quotidien régional estlà pour s’engager. Le résultat a été incroyable; les citoyens étaient avec nous. Et c’est notrerôle d’être avec nos lecteurs. Nous avonsréussi à faire venir Guillaume Pépy, dirigeantde la SNCF, et Jean-Baptiste Djebarri pour sapremière sortie en tant que Secrétaire d’Étataux transports. Ils sont venus, ont proposé uneinterview, mais nous avons préféré un « Faceaux lecteur », et sommes allés jusqu’au bout decet engagement-là, ce ne sont pas les journa-listes qui ont posé les questions, ils ont animéla relation entre des lecteurs usagers et laSNCF. La Montagne a augmenté ses ventes deplus 2% pendant une semaine sur l’ensembledu feuilleton que nous avons mené. Preuve enest que le papier est plus vivant que jamais.Quand il est bon, et utile à son territoire.

Valoriser et développer la relation à nos lecteurs

www.centrefrance.com

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Le papier reste au cœur de notre problé-matique.

Alors que l’imprimé représente encore 85%du secteur, la compréhension des usagesnumériques est aujourd’hui le principalenjeu du secteur. La crise de la presse d’in-formation, et également celle de la pressemagazine, est essentiellement due à la rup-ture d’un modèle économique jusqu’alorsessentiellement soutenu par la publicité.2013, a été une année charnière où, pour lapremière fois, les revenus de la presse d’in-formation dans le monde directement issusdes lecteurs - donc de la vente de journauxessentiellement papier – ont dépassé ceuxgénérés par la publicité.

Cette rupture économique nous a fait très rapi-dement repenser les fondamentaux de notresecteur. Émerge maintenant un intérêt mani-feste de l’ensemble des éditeurs dans le mondepour les usages, la relation aux lecteurs.

La presse d’information dans le monde en chiffresen 2018-2019

• 640 M. d’usagers payants quotidiens dela presse d’information dans le monde

• 123 Mds$ de CA, en recul de 3% /an.

• 44 Mds$ de recettes publicitaires surl’imprimé, en baisse de 7% /an

• 61 Mds$ de diffusion imprimée payante,en baisse de de 3%/an

• 5,1 Mds$ de diffusion numériquepayante, en progression de 11%/an

• 13,9 Mds$ de CA de publiciténumérique, en progression de 5%.

Trois enseignements liés à ces chiffres : ladiffusion reste la priorité absolue de l’en-semble des éditeurs dans le mondeaujourd’hui, l’appétence vis-à-vis de l’infor-mation existe toujours et progresse. Celaéclaire le débat sur la complémentaritéentre imprimé et numérique. Il n’y a pasune crise fondamentale de l’audience,jamais nous n’avons eu autant de lec-teurs. Nous sommes dans une phase detransition accélérée, où la maîtrise desusages de lecture, et leurs implications surl’évolution de l’offre est devenue la prioritéabsolue des éditeurs.

Dans la plupart des pays du monde, lapresse d’information est un secteurencore relativement immature vis-à-visde l’expérience client. Évidemment ilexiste des exceptions. La France a faitd’énormes progrès au cours des dernièresannées et les choses changent très rapide-ment. Les marchés européens sont enprofonde transformation, notamment laScandinavie mais il n’en reste pas moinsqu’il y a un problème de pratiques, detalents et de compétences qui ont toujoursété orientés vers la vente de publicité, audétriment de la compréhension des usageset de l’expérience du client direct, le lecteur.

Mario Garcia, un designer de presse trèsattaché comme nous au papier, travailleavec les plus grandes marques dans lemonde, il considère aujourd’hui que 75%des rédactions avec lesquelles il travaillesont inadaptées à cette problématique.Elles servent le support avant de servirles usages.

La crise de la presse papier pose un pro-blème aussi démocratique, social.

Aux Etats-Unis, les recettes publicitaires dela presse quotidienne qui représentaientjusqu’à 90% des revenus du secteur ontchuté de 70% entre 2007 et 2018 Sur lamême période, le nombre de journalistestravaillant en presse quotidienne a chuté de46%. On parle maintenant de « déserts »d’information dans un nombre croissant demarchés métropolitains. Dans ces zones, ladisparition de la presse locale est un défi audébat public et à la démocratie. Une prise deconscience émerge, depuis deux-trois ans,de la population au sens large, que ce désertdevient un problème sociétal. Ce n’était pasle cas auparavant. On parle beaucoup de ladéfiance vis-à-vis des médias d’information,mais le grand public prend conscience de lavaleur de l’information. Qu’elle soit impri-mée ou numérique, ce qui compte c’estl’accès à l’information. La presse vit mainte-nant sans le filet de sécurité que luiapportait la ressource publicitaire. Elle setransforme à marche forcée vers un modèlede monétisation des contenus numériques.Cela nécessite des investissements considé-rables, et donc un accès au capital, et destransformations au niveau des équipes.

Même si le groupe Schibsted se projettedans un avenir sans papier à l’horizon decinq ans, la plupart des éditeurs estimentqu’il y a de la place pour tous les supports ycompris l’imprimé à condition de trouverune solution aux enjeux industriels liés à sadistribution de masse. C’est un supportdans lequel le public a le plus confiance.

Enfin les agences de publicité des grandsannonceurs commencent à repenser leurapproche vis-à-vis des investissementspublicitaires, prennent du recul par rapportau volume des audiences, recherchent unemeilleure qualité de contact. Notre enjeumajeur consiste à gérer la rupture d’unmodèle, qui je le rappelle n’est intervenuqu’il y près de cinq ans. Je ne connais pasaujourd’hui un secteur qui s’en sorte aussibien que la presse alors qu’en même tempselle doit gérer un schéma industriel, d’im-pression et de distribution très contraignant.

La crainte est que nous ne parvenions pas àgérer la rupture de charges, la nécessité dediffuser à grande échelle pour continuer àêtre exposé et visible sur le marché. Lepapier a une vertu fondamentale par rap-port au numérique c’est l’expositionvis-à-vis du public, donc la valeur marke-ting, donc l’engagement vis-à-vis du lecteur.

vincent Peyregne CEO de wAN-IFRA, l’AssociationMondiale des éditeurs de Presse

d’Information

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La presse passe en accéléré d’une économiedu produit à une économie de l’expérience.

association WAN-IFRACréée en 1948 par le co-fondateur du Parisien,Claude Bellanger, l’associationreprésente le secteur dans les instances internationales.Elle offre une veille sur lespratiques d’économie, de gestion, de formation, de publication des médias etune plateforme de mise enrelation entre des éditeurs etdes entrepreneurs del’information du monde entierque nous représentons.

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Rolf HeinzPrésident de Prisma Media dont le

catalogue recèle des magazines trèsconnus et célèbres qui affichent pour laplupart une longue périodicité, continue

de porter un regard positif sur ledéveloppement des titres papier.

En termes de stratégie papier et numé-rique, vos mensuels et hebdomadairessont-ils gérés de la même façon ?

Par rapport à la valeur de la presse papier, jecrois que nous sommes chez Prisma Mediaaujourd’hui plus légitimes que jamais pour enparler, car dans le même temps nous sommesaussi un groupe digital. Prisma Media existedepuis 40 ans, comme groupe de pressemagazine, a grandi avec la presse papier. Noussommes même devenus leader en vente, etaujourd’hui nous sommes leader en audiencede presse en France selon l’étude ACPM One.Étrangement les 23 millions de lecteurs quifont de nous le leader en termes de pressepapier sont moins nombreux que les 24 mil-lions de Français que nous touchons tous lesmois à travers la vidéo digitale.

Faut-il avoir peur de ces chiffres et de l'in-version de la provenance de l'audience ?

Au contraire, je vais vous parler d’un cerclevertueux. En effet, la qualité de la pressepapier impacte de façon vertueuse le dévelop-

pement de nos marques presse sur d’autresmédias et vice versa, en termes de rayonne-ment de la marque et sur nos développementsaussi de nos magazines papier. J’ai envie deparler du cycle suivant : d’abord « attention etconfiance », puis « performance et valeur », etensuite « responsabilité et engagement ». Lepapier aujourd’hui a une valeur complémen-taire plus précieuse que jamais.

Dans cette ère de lafugacité des écrans, le papier apportel’approfondissement, la décélération, le recul à travers de longs formats ce temps-là est précieux.

Concrètement, comment se traduit cettevaleur dans vos magazines ?

Pour ses 35 ans, Femme Actuelle, titre grandpublic, a proposé des reportages de 35 per-sonnalités femmes qui ont impacté laRépublique. Dans Voici ou dans Gala, nous pri-vilégions des articles qui donnent le sourire,Géo est le magazine des découvertes, ouencore des enquêtes avec Capital, pour vousdonner un peu le spectre de nos titres.

Dans cette ère de la prolifération de l’info quiest très souvent une désinformation, le papierse distingue aussi par une crédibilité majeurecomme gage de confiance. En effet, l’exigencede recherche journalistique et de qualité édi-toriale est plus élevée.

Mais vous gardez une stratégie adaptéepar rapport à chaque support ?

En effet, mais toujours avec une exigence dequalité éditoriale qui est au-delà de celle d’au-tres médias. Le premier critère pour nous reste

le consommateur c’est-à-dire le lecteur-ache-teur. Nous raisonnons en termes de valeur surun an en termes de chiffre d’affaires, qui n’estrien d’autre que ce que les consommateurs ontvoulu investir pour acheter des titres de presse.

Notre deuxième client important est le publi-citaire. Sur ces deux dernières années lesmarques de presse magazine de PrismaMedia ont connu un taux de croissance de 2 à3% par an, en termes de chiffre d’affairespublicitaire. Certes, il n’est pas venu du médiaimprimé qui connait une érosion, mais il faitpartie de ce cercle vertueux qui est le renfor-cement de toutes marques de pressemagazine à travers un impact plus large etplus fort en jouant sur tous les médias et enayant une présence plus forte sur tous les dif-férents supports. Ainsi, aujourd’hui lesmarques de presse magazine de PrismaMedia ont une audience plus grande quejamais dans leur histoire. Voilà le cercle ver-tueux de l’attention et de la confiance.

Vous avez cette année priorisé la RSE etl’engagement, comment cela se traduit-il ?

Chacune de nos marques doit avoir un posi-tionnement fort et unique en termesd’engagement social, sociétal ou environne-mental. C’est à la fois important pour nosvaleurs propres comme objectif en soi et enmême temps important dans le sens de créerdes valeurs sur le long terme puisque leconsommateur le demande aussi. C’est pour-quoi nous avons cette année des positionsRSE sur chacune de nos marques.

Enfin je termine, avec un message d’avenir àsavoir que nous développons un programmeoffensif en termes de lancement sur la pressepapier puisque nous avons une dizaine deprojets de nouveaux magazines, dont trois àcinq seront lancés l’an prochain.

Attention et confiance : les valeurs du papier

La valeur des contenus de la Les différences de valeurs du papierpour ces deux titres

Le pôle Lagardère News regroupe lesmédias qui sont restés dans le groupeLagardère après les différentes cessions,notamment Europe 1, Paris Match et leJournal du Dimanche : trois marques d’in-formation fortes. Côté presse, Paris Matchet le JDD ont à la fois beaucoup de simili-tudes mais aussi des différences en tantque magazine et quotidien du 7ème journotamment. Aujourd’hui dans le paysagede l’information et des médias en général,une des sources importantes de contenu

d’information dans les journaux télévisés,à la radio ou sur les réseaux sociaux, est lapresse écrite, et encore beaucoup dans saversion imprimée. Nos titres regroupentencore un très grand nombre de journa-listes professionnels avec des cartes depresse, et pour Paris Match et le JDD, lamasse salariale journalistique reste leposte de coûts le plus important. C’est uninvestissement que nous assumons et quifait que les informations que nouspublions, nos unes et couvertures, noscontenus sont crédibles.

Anne-violette Revel de Lambert

Directrice générale Adjointe, Presse etdigital, Lagardère News dirige deuxtitres bien différents, Le Journal du

Dimanche et Paris Match.

www.prismamedia.com

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CMI investit beaucoup sur le papier, pourpreuve la sortie d’un nouveau titre Lejournal d’Ines. Dans le même temps vousenvisagiez le passage à l’abonnementnumérique pour le magazine Elle. Quelleest la place et la valeur données au papierchez CMI ?

L’évolution de notre vision du papier est aucœur de ma réflexion auparavant chezLagardère et maintenant chez CMI. Nousavons dû faire face pendant des années àune vision fausse et négative du papiercomme destructeur de l’environnement. Cesont en effet des idées reçues totalementfausses puisque 100% de nos approvision-nements en papier viennent de l’Europe del’Ouest, de forêts qui sont gérées durable-ment et qui progressent : la superficie de laforêt en l’Europe de l’Ouest progresse d’en-viron 1 millions d’hectares chaque année.

La presse a faitcollectivement énormémentd’efforts au niveau de notreempreinte carbone.

Nous avons énormément travaillé aussi sur lessources d’approvisionnement afin de réduire ladistance entre nos centres d’approvisionne-ment papier et nos imprimeries. De même surl’encre, les vernis extrêmement toxiques onttous été supprimés de nos magazines, au 1erjanvier pour le magazine Elle. Nous travaillonssur le recyclage des invendus avec PRESSTALIS.Les papiers recyclés représentent environ 50%de nos papiers – Il n’est pas possible de passerà 100% à cause de problèmes de place et defragilité du papier - mais nous avons énormé-ment progressé sur ce sujet. Et finalement, nousassistons à un retournement ; le papier était vucomme quelque chose de négatif face au digital.Mais aujourd’hui, les utopies du digital s’éva-nouissent : ce qui prétend être un outil deliberté, qui nous permet d’avoir accès à desconnaissances infinies se révèle être un outil depropagation d’informations qui ne sont ni véri-fiées, ni sourcées, et qui souvent sont fausses.

Sur le papier, CMI veut se démarquer dudigital. Cela passe par des investissements.Pour Elle, nous avons choisi d’augmenter laqualité du papier, et aussi d’augmenter lapagination à contre-courant du passé, où ledigital fragilisait nos modèles économiques.Nous avions tendance à réduire nos formats,notre papier, les paginations ; nous étionsdans une sorte de spirale malthusienneaussi notre analyse a été de faire exacte-ment l’inverse, investir dans le papier.

L’accès à l’informationdevient un enjeu d’éducationet de formation des citoyens.

Comment y répondre ?

Nous avons développé des événementsautour de nos marques : « Elle power girl »pour les petites filles, « Elle campus » pourles jeunes filles où nous expliquons, la diffé-rence entre un article écrit par unjournaliste professionnel qui a été formé,qui vérifie ses informations et un article quiprovient de Facebook et qui n’est absolu-ment pas vérifié.

Notre actionnaire est très engagé dans cecombat contre les fakenews et dans sonpays, la République Tchèque, il est en trainde faire voter une loi qui permettra de dis-tinguer un contenu sur internet qui est issud’une source de journalistes professionnelsou bien non crédité, non sourcé. Un petitlogo sera présent sur chaque page, pour dif-férencier un contenu journalistique ou pas.

Enfin reste le sujet du désert d’informations.Aujourd’hui, il y a des zones du monde oùil y a des guerres, des événements qui nesont plus du tout couverts. C’est aussi denotre responsabilité de continuer à envoyerdes grands reporters et des journalistes par-tout où il se passe quelque chose.

Cette nécessité économique de rendrepayant les contenus numériques va-t-elleaider finalement à soutenir le papier ?

Oui nous avons compris que le salut ne pas-serait pas par la publicité digitale parce quela majeure partie est captée par les GAFA,notamment Facebook et Google. Sur lapresse, nous avons toujours eu trois sourcesde revenus : les abonnements, la vente aunuméro, et la publicité. Nos contenus onttoujours été payés à la fois par les annon-ceurs et les lecteurs. Aussi, il fautabsolument que nous arrivions à faire payernos lecteurs pour des contenus en ligne.Cela va nous permettre de développer uninternet de meilleure qualité.

27la valeur sociétale de l’imprimé I La presse imprimée

Lire sur papier devient un enjeu d’éducation

Claire LéostDirectrice générale de CMI France,groupe de presse qui regroupe une

douzaine de titres aussi prestigieux telsque Elle, Télé 7 jours, France-Dimanche,

Public, version Fémina, Marianne…

presse d’information

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Paris Match

Paris Match, sur le print, propose des hors-séries qui permettent d’être présent plusfortement en kiosque avec un rythme de 9 à10 hors-séries par an, dont la durée de venteleur laisse le temps de s’installer chez lesmarchands de journaux.Côté numérique, lancée il y a plus de trois ans,la chaîne Paris Match Discover sur Snapchat aatteint plus de deux millions d’abonnés, avecune audience majoritairement entre 12 et 25ans et dix millions de visiteurs uniques parmois qui voient le contenu avec le label ParisMatch. Ils remarquent cette information,

reconnaissent son sérieux, et peut-être qu’unjour ils se diront que Paris Match est unemarque magazine ! En nous appuyant surnotre savoir-faire en termes de production decontenus, nous avons inversé le paradigmevis-à-vis d’une cible nettement plus jeune, etc’est cela qui est très intéressant.

Discussion avec les plateformes

Depuis fin octobre, Il existe une transpositionen droit Français de la directive sur le droitvoisin, qui oblige les agrégateurs de contenusà rémunérer les producteurs d’information.La presse est en pointe dans les discussions

afin que les plateformes reconnaissent que lescontenus qu’elles proposent sont issus d’édi-teurs de presse avec une valeur certaine. C’estun petit bras de fer, à la fois pour faire appli-quer la loi et pour déterminer les montants àdistribuer. Facebook affirme que les contenusissus de la presse représentent entre 2 et 4%de tous les contenus qui apparaissent sur lesfils d’actualité de leurs utilisateurs, mais passenéanmoins du temps à discuter avec les édi-teurs pour trouver le meilleur moyen de semettre en conformité avec la loi. Si noussommes peu importants en volume, nous leurapportons une valeur ajoutée évidente.

www.cmigroupe.com

www.lagardere.com

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LA FORCE DE L’IMPRIMé ?ÊTRE vU POUR ÊTRE LU« Alors que certains médias réduisent leurs

investissements dans le contenu à cause de la

pression des GAFA, certaines marques conti-

nuent de croire au print » avance JérômeDoncieux, cofondateur de l’agence dePresse Relaxnews, persuadé que lesdites « croyances » relèvent à vrai dire surtout dela parfaite rationalité. « La PQN va selon moi

continuer de se digitaliser, mais quand on est

une marque, on a d’autres enjeux » assure-t-il, prenant notamment l’exemple dumagazine print « Paris Worldwilde », sorte demook ultra-qualitatif édité par Aéroports deParis (ADP) et fruit de la volonté d’Augustinde Romanet, son PDG, d’ « élever le débat ».

Chose il est vrai moins envisageable en seretranchant sur les réseaux sociaux, conte-nus courts et volatiles à l’appui… Car il s’agitici à la fois de se rendre physiquement dis-ponible pour être un compagnon de vol, deconstituer une source de contenus fouillés àfeuilleter sur place et faire la preuve d’unhaut degré d’exigence.

Difficile de totalementdématérialiser sa visibilitéquand on est une marque.

Surtout quand l’objectif est d’être autant luque vu. De là à dire que les contenus digitali-sés n’auraient pas leur mot à dire dans desespaces transverses mêlant communicationde marque, information et analyses théma-tiques, ce serait bien évidemment seméprendre… « Notre priorité, c’est de travail-

ler les bons contenus prémium pour les bons

canaux de diffusion » résume Yvelise Lebon,Directrice Générale de Compos Juliot.

De fait, si les contenus numériques jouentbien sûr un rôle fondamental et grandissantdans la communication de marque, recourirau papier s’avère toujours (et peut-être plusque jamais) pertinent, à condition de le posi-tionner de façon adéquate… « Le papier peut

à la fois servir à de l’habillage de magasins,

comme nous avons pu le faire chez BHV. Mais

il peut aussi être un atout en termes d’ap-

proche prémium, sur des formats plus

classiques. Le Club Med, après avoir arrêté le

print, y est revenu pour cette raison : leurs

carnets de voyages sont des vecteurs d’émo-

tion d’autant plus forts qu’ils dépassent les

écrans » illustre-telle.

CROIRE EN L’IMPRIMé A UNE RATIONALITé éCONOMIqUE« Des pure players digitaux sont finalement

devenus des clients pour nous, parce que de

nouveaux besoins peuvent émerger et parfois,

c’est le print la meilleure solution » abondeCharles Pouget, Directeur de Koryo,agence spécialisée en « print management »

qui propose d’accompagner ses clients dansla gestion externalisée de leurs productionsimprimées. Car encore une fois, « croire en

l’imprimé » ne relève pas tant de préférencessubjectives et romantiques que d’une formede rationalité économique et stratégique :même en ces temps de numérisation de tout,c’est l’imprimé qui peut s’imposer comme lasolution de bon sens, sur des objectifs decommunication précis et pensés pour lui.

LE NUMéRIqUE, RévéLATEURINDIRECT DE L’IMPORTANCE DU PRINT ?Mais la légitimation de l’impriméen tant que vecteur de contenusvariés ne va pas sans une com-plexification des stratégies, chaquemarque/éditeur ayant peu ou proula sienne. Il en résulte une diversitédes approches, qu’il s’agisse dechoix de formats, de ligne édito-riale, de pagination, de périodicitéetc. Tout est sujet à réflexion souvent straté-gique, laissant place à des positionnementsde plus en plus singuliers.

Les « modèles tout faits »tendent à disparaître

« Le contenu que produit une marque est

structurant de ce qu’elle est ou de ce qu’elle

doit être » appuie en ce sens Jérôme Don-cieux, pour qui il ne s’agit plus de penser lesoutils de communication comme de simplesrelais destinés à faire le lien entre le magasinet ses clients potentiels, mais bien commedes leviers d’identité en soi.

Une force structurante que certainesenseignes ont étonnamment sous-esti-mée… « La FNAC a fait une énorme erreur en

assumant mal la valeur de référence de ses

guides techniques et culturels. Résultat : ces

guides ont servi d’autres plateformes d’achat,

faute de se les être suffisamment appropriés

» estime-t-il en effet. Des ajustements essen-tiels, qui nécessitent à la fois de comprendrece qui fait la particularité de chaque cas – etainsi agir de manière adéquate sur les justescauses – sans manquer dans le même tempsd’associer aux choix de communication uneexigence absolue de transparence…

Extrait du CR de Yoan Rivière, rédacteur en chef d’Acteurs Graphiques

La Presse d’entreprisecompte aussi sur le papier.

La presse d’entreprise constitue un remarquable vecteur desvaleurs d’une marque surtout quand elles s’assignent desexigences de conception et réalisations qualitatives maximales.

compte-rendu par yoan rivière de l’atelier culture papier à créativ book

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29Dossier la valeur du papier I Connexion & Esprit critique

Connexion & Esprit critique

Dominique Pace, directrice générale de biblionef se batdepuis des années pour diffuser le savoir à travers des livresneufs, en direction d’enfants défavorisés partout dans le monde

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Pourquoi privilégier des livres neufs ?

Il fallait s’assurer de la collaboration d’édi-teurs. Je suis partie la fleur au fusilconvaincue de la nécessité et de la noblessede la cause que nous voulions défendre etsuis parvenue à embarquer dans notreaventure de grands noms de l’édition pourla jeunesse, qui continuent de nous accom-pagner de manière indéfectible et généreusedepuis toutes ces années en contribuant àalimenter un fond très riche que ce soit entitres et en nombre d’exemplaires. L’éditionfrançaise pour la jeunesse est l’une des plusbelles au monde. Elle est créative, esthé-tique, artistique. Il existe 400 maisonsd’éditions pleines de vitalité ; tous cata-logues confondus, elles ont publié 18 477titres en 2018, avec un chiffre d’affaires glo-bal de 347, 6 millions d’euros en 2018. Ceslivres de qualité doivent absolument pou-voir aller vivre ailleurs entre les mains detous ceux qui les espèrent et en ont tantbesoin. C’est ce défi aussi que Biblionef estparvenu à relever grâce à la complicité denombreux éditeurs.

Que deviennent ces livres une fois surplace ?

Dans plus de cent pays sur tous les conti-nents, nous avons créé des bibliothèquespour la jeunesse, plus de 3000. Des biblio-thèques scolaires, associatives, publiques enlien avec des partenaires de terrain choisispour leurs compétences, leur engagement,

et nous avons fait un travail considérablepour améliorer les conditions d’éducationde ces enfants, depuis la toute petite enfancejusqu’aux portes de l’université, pour tousceux qui peuvent arriver jusque-là. Lesrésultats dépassent souvent de loin ce quel’on pouvait imaginer et témoignent de lapuissance du livre et de la lecture. Le livre entant qu’objet reste fascinant pour les êtreshumains, les êtres sensoriels que noussommes. Le livre est une présence vivante,source d’émerveillement et d’identification,qui crée chez l’enfant une appétence, unappétit d’aller de lecture en lecture. Ainsi lelivre devient- il un compagnon de vie, lecompagnon de la « liberté grande ».

Quels sont vos derniers programmes ?

En Tunisie, depuis 2017 nous développonsnotre ambitieux programme intitulé «Bibliothèques pour tous » qui a pour objectifla création de bibliothèques scolairespubliques (quasiment inexistantes) dansl’ensemble des 26 gouvernorats que comptele pays. (70 000 livres prévus en 4 ans).Alors que tout l’enseignement se fait enfrançais au secondaire. L’abandon scolaireest considérable et touche plus de 100 000élèves chaque année. Nous avons, dans lecadre de conventions, le soutien et l’appuitechnique du ministère de l’éducation, duministère des Affaires culturelles et de laBibliothèque nationale.

Au Maroc, depuis 2017 nous accompagnonsla fondation Zakoura dans un programme decréation de classes préscolaires afin d’éviterl’échec scolaire en primaire où beaucoupd’enfants défavorisés arrivent avec desérieux handicaps. Nous en sommes à 180classes équipées de petites bibliothèquesludiques (14 000 livres).

Certains enfants, à 6 ans lorsqu’ils entrentau CP, sont déjà en échec scolaire, que ce soitau Maroc ou ailleurs dans nos territoiresd’outre-mer ou même en France métropoli-taine dans certaines régions, où les tauxd’illettrisme dépassent de loin les 7% demoyenne nationale. Dans le nord de laFrance, il peut atteindre 14%, à la Réunionil se situe autour de 27%, à Mayotte il est del’ordre de 42 %. C’est effrayant car il conduità la précarisation et à la marginalisationd’une grande partie de la population.

A La Réunion, depuis 5 ans, nous sommesengagés avec la Mairie du Tampon dans ledispositif « Le Tampon une ville qui lit »visant à rapprocher du livre des publics detous âges qui en sont éloignés avec unedotation annuelle de 10 000 livres.

A Mayotte, en partenariat avec la ville deMamoudzou nous venons de créer des fondsdocumentaires à hauteur de 15 000 livrespour 5 Maisons de Jeunes et de la Culturerécemment réhabilitées.

Vous avez pu mesurer concrètement cesprogrès grâce aux livres ?

Tous ces résultats, nous ne les aurionsjamais obtenus si nous n’avions envoyé quedes écrans d’ordinateurs dans des pays où iln’y a pas de connexion internet ou bien desclés USB et des liseuses. Vous les imaginezalignées sur des étagères, sans pouvoir d’at-traction aucun ? Tous ces résultats édifiantsvoire miraculeux, sont obtenus grâce à laprésence physique de beaux livres.

Des livres neufs pour desenfants qui n’en ont pas

À travers le monde et sur le territoirefrançais, que ce soit en métropole oudans les régions d’outre-mer, les enjeuxéducatifs sont cruciaux dans les tempschahutés que nous vivons et le livre joueun rôle majeur dans la construction d’unindividu et de sa pensée. L’idée deBiblionef de leur apporter les livresneufs et attractifs dont ils ont tantbesoin, avait pour objectif de ré-enrichirleur enfance, faire vivre leur imaginaireet leurs rêves, stimuler leur intellect, leurdonner l’envie de s’accrocher à l’école,de ne pas l’abandonner, de leur ouvrirdes perspectives d’avenir et des portesvers un monde qu’ils ne découvriraientpeut-être pas, de les relier entre eux.

Faire un don : www.biblionef.fr

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Serge bARbETDirecteur délégué du CLEMI (Centre pour l’éducation aux

Médias et à l’Information)

Informer doit s’apprendre

A l’heure de l’« infobésité » où les contenusmultidiffusés sur nos écrans entrent enconcurrence les uns avec les autres, il estnécessaire de trier le vrai du faux, les infor-mations fiables des infox et des théories ducomplot. Les programmes du Lycée vien-nent d’être rénovés et sont totalementimprégnés de cette urgence à éduquer lesjeunes générations au monde des médias etde l’information.

Pour deux raisons : la première est liée àl’éducation citoyenne. Nous sommes dans ledomaine des humanités, du Français, de laphilosophie, dans des pratiques pluridisci-plinaires pour renforcer ce sens critique desélèves face à tous types de contenus qui leurparviennent aujourd’hui. La seconde vise unvolet scientifique important ; nous sommesaujourd’hui dans une société codée et il fautapprendre à décoder, à maitriser l’outilnumérique.

La semaine de la presse et des médiasdans l’école : mode d’emploi.

Plus d’un million d’exemplaires de journauxet de magazines acheminés chaque annéedans nos établissements scolaires grâce à unpartenariat entre les éditeurs de presse et leCLEMI. Grâce aussi à un partenariat avec legroupe La Poste depuis plus de 20 ans. Leséditeurs déposent leur offre de titres surune plateforme, les enseignants font leursélection qui leur est ensuite livrée sousforme de colis-presse dans leurs établisse-ments. A partir de ces supports lesenseignants sont libres de mener avec leursélèves les pratiques qu’ils souhaitent,comme installer un kiosque dans leur classeou dans le CDI, réaliser avec les enfants untravail de comparaison du traitement de l’in-formation d’un média à l’autre, comparerdes Unes de presse, etc. Cela reste l’action del’Éducation Nationale la plus importante en

nombre de participants. Le CLEMI réalisechaque année une enquête auprès de plusde 3.000 enseignants sur les 230.000 quiparticipent à la « semaine » : Les trois-quarts déclarent réaliser des projetspédagogiques sur une moyenne supérieureà trois semaines et suivre le thème proposépar le CLEMI, celui de cette année étant «L’information sans frontières ? »

La France pionnière

Le CLEMI est une spécificité française dontla création en 1983 a ouvert des perspec-tives dans d’autres régions du monde. Dansd’autres pays des structures sont ratta-chées à des universités, à des centres derecherche, très peu sont directementancrées dans des systèmes scolaires.Depuis quelques années et encore plusdepuis les attentats de 2015, nous avonsune mobilisation des acteurs de la presse etdes médias d’une ampleur inédite, quitémoignent de leur volonté d’affirmer plusfortement leur responsabilité sociale enmatière d’éducation.

L’information du jeune public.

Les jeunes s’informent très majoritaire-ment via les plateformes numériques et lesréseaux sociaux. Très peu accèdent auxsites d’informations de société qui sont édi-trices de presse avec un travail dejournalistes à la clé.

Cette mise en concurrencedes contenus est unevraie problématique quenous percevons auprèsdes jeunes générations,qui ont le plus grand mal àdifférencier un article depresse d’un article àfinalité commerciale oud’un contenu non vérifié.

Il y a donc urgence à renforcer cette éduca-tion aux médias et à l’information dont nousmesurons les effets bénéfiques et pérennessur les comportements informationnels desjeunes. Une enquête du ministère de laculture réalisée en 2018 montre que65% des jeunes ayant bénéficié de cetenseignement vérifient souvent les infor-mations auxquelles ils accèdent, contre42% pour les autres.

La partie n’est donc pasfinie, elle n’est pas perdue,mais c’est un travail delongue haleine

C’est le rôle de l’Éducation Nationale de lemener pour éviter les disparités, les inégali-tés dans le public. C’est un enjeudémocratique majeur. Si demain nous nesommes pas en capacité de nous mettred’accord dans nos sociétés sur le sens com-mun des choses, nous courrons au-devantde graves problèmes ; et nous le voyonsdans certains processus démocratiques, lesdifficultés sont réelles aujourd’hui.

L’esprit critique doit s’apprendre à l’école

Les trois missions du CLEMI Centre de formation des enseignants,du premier et du second degré àl’éducation aux médias et àl’information, le CLEMI forme plus de25.000 enseignants par an. Il disposed’un réseau de coordonnateursacadémiques placés sous autorité desrecteurs et des rectrices.

Il produit ou coproduit des ressourcespédagogiques pour accompagner lesenseignants dans leurs pratiques declasses : brochures, ressourcesnumériques, jeux éducatifs..

ll organise un certain nombred’actions éducatives dont la plusconnue s’appelle « La semaine de lapresse et des médias dans l’école »qui a fêté sa trentième édition en 2019.Elle mobilise chaque année quelques4 millions d’élèves, 230.000enseignants dans 20.000établissements sur l’ensemble duterritoire métropolitain et ultra marin ettend à s’internationaliser avec lelancement en 2019 d’une semaineeuropéenne, « European medialiteracy week ».

www.clemi.fr

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Voulons-nous d’une société où l’hégémonielinguistique du numérique nous impose unmonde d’uniformité qui fait disparaître ladiversité ? Le papier, l’écrit, tout comme lemultilinguisme véhiculent une autreconception du monde.

Culture papier représente pour l’hommeque je suis un patrimoine personnel et pourle Secrétaire général parlementaire de laFrancophonie, un patrimoine universel.

Tout est dans le titre : d’un côté la Culture, etmoi qui viens du pays de Jean de La Fontaine,Racine, Alexandre Dumas, Paul Claudel, j’aiété bercé par leurs mots et découvert larichesse de la langue française par le livre.Oui, j’ose prétendre, et vous avec moi, que leslivres aiguisent la pensée, stimulent la curio-sité intellectuelle et l’imagination, ils affûtentl’esprit critique. La tablette, dans son accèscodifié, est donc d’un usage plus individualisé.

L’un des dangers d’internet,c’est en effet de lever les filtres, d’annihiler l’esprit critique.

Un tel paradoxe interroge sur le positionne-ment du livre et du digital, comme outils desavoir, de culture et finalement d’épanouis-sement humain.

Il ne s’agit pas de privilégier l’un ou l’autreou de renier la révolution numérique. Ceserait improductif, illusoire et dépassé.

Je suis ravi de pouvoir tordre le cou à desidées reçues et erronées qui perdurentdepuis quelques années. Trop longtempsen effet, on a fait un procès injustifié à l’in-dustrie du papier. En cause l’avènementdes nouvelles technologies du XXème siècleet dans le même temps les notions de Déve-loppement Durable.

Le raccourci qui positionnait le livre commeplus pollueur que le digital a été diffusé lar-gement, sans études véritablement précises.

Ce n’est plus le cas.

La pollution numérique pèse très lourddans le réchauffement climatique

On sait aujourd’hui que ordinateurs,tablettes, téléphones portables ont unimpact environnemental beaucoup plusimportant que le papier, tant dans lesétapes de fabrication que d’utilisation et derecyclage. D’après l’Agence de l’environne-ment et de la maîtrise de l’énergie (ADEME),75 % des déchets d’équipements élec-triques et électroniques ne sont pasrecyclés. Toutes nos pratiques numériques,comme envoyer un mail ou consulter Googlepour une simple recherche, ont un impactsur l’environnement.

L’envoi de mails par une entreprise de 100salariés équivaut, chaque année, à quatorzeallers-retours Paris-New York en avion ! Lenumérique représente aujourd’hui 4% desgaz à effet de serre, soit 1,5 fois plus que letransport aérien. Et les habitants, malgré cesinformations qui commencent à sortir, n’ontpas conscience que le numérique est devenuun vrai problème environnemental.

Contrairement à l’empreinte carbone desavions, il n’y a pas de conscience collectivede l’impact du numérique sur le réchauf-fement climatique. Et n’oublions pas que lafabrication des ordinateurs, smartphones etautres tablettes est beaucoup plus polluanteque l’envoi de mails.

Le numérique fait appel à une ressource cri-tique, non renouvelable et en voied’épuisement. Le gaspillage n’est plus possi-ble. La filière papier l’a bien compris et a dûdéjà s’adapter aux contraintes qui se posaientà elle depuis longtemps. A ce niveau, elle estbien en avance sur l’industrie du numérique.

Le « poids » d’un livre est estimé entre 1 et 7,5 kgéquivalent carbone contre 150 et 250 kg pour une tablette.

Le recyclage du papier est quant à lui,entré dans les mœurs, même si nous pou-vons encore progresser : il passe par lafabrication de livres en fibres de bois, uneressource recyclable, en papier recyclé oulabellisé, à la réutilisation du papier pourd’autres produits cartonnés. Un papier peutêtre recyclé 7 fois, alors que l’obsolescenceprogrammée d’une tablette dépasse rare-ment 18 mois. Dans la circonscription de

l’Aisne dont je suis le député, une entreprisecomme Greenfield, à Château-Thierry, a fait lepari de cette économie circulaire, solidaire etvertueuse. Le papier est collecté, dans lesentreprises, dans les collectivités, chez lesparticuliers, pour être recyclé et donner nais-sance à une nouvelle pâte à papier.

Des études montrent que le papier permetune visualisation tridimensionnelle quientraîne une meilleure représentation men-tale des informations. Celles-ci sont alorsplus faciles à comprendre et à manipuler.

Une étude de La Poste permet aussi de mesu-rer l’impact beaucoup plus efficace de lapublicité papier par rapport à son homologuenumérique. Le message est plus marqué etatteint davantage sa cible. Il crée une émotionpositive que ne permet pas la froideur del’écran. De ce fait, le papier fait son retour enforce dans l’attirail des communicants. Onpréfèrera toujours lire une revue qu’un blog.

Le tout numérique, sous couvert de dévelop-pement durable, est donc à recycler !

Si le digital est un outilformidable, gutenberg est encore à la page !Kindle ou google n’aurontcertainement pas ledernier mot !

L’enjeu de l’imprimé est d’abord culturel et sociétal

Jacques KrabalDéputé de l’Aisne et Président de l’Assemblée parlementaire

de la Francophonie

La future cité internationale dela langue française et des languesdu monde.

Au sein du château François Ier, àVillers-Cotterêts, elle proposera unparcours ludique et innovant. Il estnécessaire de rappeler qu’unelangue, si elle faite pour être parlée,peut être aussi chantée et, bienévidemment, écrite. Et c’est par l’écritque la langue est apprise et enrichie.L’écrit est un des éléments del’expression de la langue, c’estpourquoi, à l’APF, nous sommes trèsattentifs à la place de l’écrit etparticulièrement du livre. Le papiercomme l’édition auront donc touteleur place dans cette citéinternationale, aux côtés des outilsnumériques et du lien avec lemultilinguisme.

Nous souhaitons aussi en faire un pôled’excellence de la lutte contrel’illettrisme. Le numérique et le papierdoivent tenir un rôle complémentairepour accompagner les personnes endifficulté de lecture et d’écriture versune meilleure maîtrise de cesfondamentaux, pour une meilleureappréhension de la langue française.

www.apf.francophonie.org

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33faire confiance au papier I Agenda

À vos agendasPartenaires Culture Papier

3 au 15 mars 2020

La galerie du Génie de la Bastille présente l’exposition collective«Atout papier », une programmation spontanée de performances,rencontres avec les artistes, conférences sur le papier (fabrication,technique, etc.).126 rue de Charonne – 75011 Paris.www.legeniedelabastille.com

23 mars 2020

Mon mailing est ROI Le RDV des acteurs du printPlébiscité par de grands donneurs d’ordre pour son ROIincomparable, l’imprimé n’a pas dit son dernier mot.14h30- Palais du Luxembourg. www.uniic.org

28-29 avril 2020

All for content. New Cap event.Pourquoi et comment créer un contenu de marques pertinent etefficace ? Quels sont les outils pour construire sa stratégie de contenude marques ? All for Content est le seul rendez-vous en France où vouspourrez trouver toutes les solutions et connaître les best-practicespour mettre en oeuvre votre stratégie de contenu de marques. www.allforcontent.fr

28- 29 avril 2020

Salon Pro Durable Palais des Congrès. www.produrable.com

États généraux du dessin de presse – Retour sur l’événement

Pour son deuxième anniversaire le « Cartonning Global forum » a été accueilli à La Mairie du 4e, sous l’égide de la Mairie de Paris. Ce Forum international de travail sur le role actif du dessin de presse dans la societe pour la promotion de la liberte d’expression,de l’egalite et de la paix a accueilli plus de 90 participants, 50 ONG etassociations de 20 nationalités répartis en 7 groupes de workshop.Ils ont travaillé sur des projets présentés par les participants, dontl’incitation des professionnels à publier des dessins de presse oul’éducation à l’image, y compris du dessin de presse, tout au long de la scolarité.

La direction du projet s’est aussi augmentée d’un Comitéinternational présidée par Terry Anderson.www.cartooningglobalforum.org

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34 MAgazine I Artiste de papier

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Chloé Duloquin, Lauréate du grand Prix de la photographie du Patrimoine gastronomique Pour le 10eme anniversaire du Festival Inter-national de la photographie culinaire, créépar Jean-Pierre Stéphan, il fallait un thèmeà la hauteur de ses 10 bougies. Ce fut donc« L’Audace » !

Parmi les 25 photographes participant,Chloé Duloquin a proposé trois clichés sous

forme de conte visuel, où des légumes seretrouvent dans des situations décalées ouabsurdes, à coup sûr inattendues.

Le triptyque a séduit le jury du Grand Prixde la photographie du patrimoine gastrono-mique - réunissant parlementaires, journalisteset personnalités civiles - qui s’est réuni aurestaurant Maison Blanche, co-présidé parCatherine Dumas, sénatrice de Paris et Oli-vier de Tilière, directeur de la publicationdu Journal du Parlement, et où CulturePapier était largement présente.

Un univers personnel drolatique et poé-tique ancré dans le terroir

Chloé Duloquin a commencé par étudier àl’École des Beaux Arts de Paris-Cergy etobtenu le diplôme national supérieur d’ex-pression plastique en 2006 avant de suivre,dix ans plus tard, une formation profession-nelle de photographie à l’École Estienne. Sesphotos, largement inspirées par l’univers de lanourriture, sont exposées de Paris au Maroc,en passant par la Turquie ou Mont-de-Marsan.

En 2015, elle crée avec son conjoint et desvoisins 3 jardins collectifs dans le 10e arron-dissement de Paris et se passionne pour lesbons produits.

En parallèle de ses activités artistiques etdans la continuité, elle fonde en 2017 unstudio photo spécialisé dans le culinaire :le studio La Bouche.

Artiste de papier

http://chloeduloquin.com

1. L’Eveil2. L’Attraction3. L’Abondance

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Bonnestables

brasserie victor HugoTout juste ouverte en janvier sur la my-thique place Victor Hugo par Nicolas Ri-chard, la brasserie a déjà trouvé son publicexigeant de quartier. Un concept classiquedépoussiéré, plus fun, avec pour accroche :« cuisine, cocktails et design ». Un mangedebout-assis au milieu de la salle domine lestables individuelles sur le côté, carrelage etlampes en laiton. Les plats envoyés sontnets, carrés, avec des produits bien choisis :en entrée, on retiendra les œufs dursmayonnaise ou les maquereaux de ligne auvin blanc. Un semainier rythme les recettes: joues de bœuf braisées, fish and chips, pot-

au-feu tradition, des plats de brasserie tradiet fiers de l’être. Enfin, excellentes glacesmaison turbinées pour terminer.Côté boissons, le cocktail est mis à l’honneurnotamment avec une créativité dans les‘mocktails’ (sans alcool) à l’image d’un«Maudit Français» (Jus de poire, siropd’Érable, epices d’hiver et Ginger Ale).

Ouvert de 6h à 2h du matin. Carte 40 € env.

4 Place Victor Hugo 76116 Paris. Tel : 01 42 73 30 43www.brasserievictorhugoparis.com

Le Comptoir des FablesEt de deux pour David Bottreau ! Avecce comptoir, en lieu et place d’une an-cienne boucherie et juste en face deson restaurant gastronomique Les Fa-bles de la Fontaine, l’entreprenant res-taurateur a visé juste. Une décorationsympa et chaleureuse où dominent lebois chêne clair et le marbre gris vertdu Portugal. Avec ses tables à deux op-timisées, ses grandes tablées et unedizaine de places au bar, le conceptmise sur la convivialité et le partage,plutôt tapas que plats conventionnels.

La carte annonce par mots clés les fes-tivités : crus, pêches, végétariens,charcuteries… Le chef, Guillaume De-hecq remplit le défi avec brio ; Risottode Céleri rémoulade/Carottes/citron: étonnant par sa fraîcheur acidulée ;plus classique l’œuf parfait/épi-nards/émulsion de parmesan, Lieuvapeur/verveine/Miso fumé permetde se faire plaisir tout en légèreté. Endessert, la brioche à partager avec soncoulis de fruits ou le savarin est à tes-ter. Si le vin est excellemment bien

choisi par le chef de salle RomainCalvo, le lieu s’est aussi spécialisédans les cocktails. Avec les dernièrescommandes à 1h du matin, cet horaireassez inhabituel pour le quartier mé-rite d’être précisé.

Ouvert tous les jours sans réservation.

Menu midi 19 €. Carte de 20€ à 35€

env. 112 rue Saint-Dominique 75007Paris. Tel : 09 88 31 75 17

C’est un restaurant dont on parle peu… et pourtant on devrait ! Depuis 2014,Alexandre Lallemode s’est installé au 41 rue de Penthièvre à la décoration épu-rée, ses tables espacées. Après 10 ans aux côtés de Christian Constant - il finitdirecteur associé du Violon d’Ingres - le jeune restaurateur chaleureux em-barque avec lui le chef Vincent Basset, également pur produit Constant, qui avaitfait son apprentissage chez Michel Rostang. Résultat : le chef connait ses clas-siques. Il les réinvente même en y ajoutant une touche de légèreté. Quel plaisir de retrouver des Darphin de pommes (fondantes à souhait) saumonfumé « Label rouge » fleurette aux perles d’Avruga assez rarement sur les cartes.L’émietté de chair de tourteaux aux agrumes croustillant de parmesan et de su-crine est frais. Les noix de coquilles Saint-Jacques d’Erquy à la plancha sommitéde chou-fleur en vinaigrette mimosa sont originales, quant au ris de veau, quele chef maintient à sa carte en changeant ses recettes au fil des saisons, la cuis-son est parfaite. En dessert, le millefeuille est un grand moment. Beaux flacons.À noter, Au 41 partage son adresse avec Le Valentino, bistrot joyeux de la mêmeéquipe aux prix modérés.

Fermé samedi et dimanche. Carte 65€ env.

41 rue de Penthièvre 75008 Paris. Tel : 01 43 59 23 99www.au41.fr

Vincent Basset & Alexandre Lallemode

AU 41

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Livres des idéeset

Des

Patricia de FigueiredoVous n’aurez pas mes cendres !

Serge Safran éditeur. 176 p. 16.90€, Roman

Habilement tricoté, l’in-trigue de ce roman à mi-roirs entraine le lecteur àmi-chemin entre le récithistorique – la rencontreentre Chateaubriand etEmile de Girardin – et letravail créatif, d’un drama-

turge contemporain qui tente de construireune pièce de théâtre nourrie de ce conflit decaractères. Car même si la rencontre est « supposée », la légende est passionnante,tant sont les multiples ressors dramatiqueset intimes qui se tissent entre l’écrivain, Pairde France et académicien au sommet de sagloire et l’entrepreneur coriace et inventeurde la presse populaire. A commencer parleur vision exacerbée d’un monde qui muteen 1830, d’une liberté d’expression qui tentede s’imposer, et de ce qui fait la postéritéd’un homme d’honneur. Patricia de Figuei-rédo brosse avec gourmandise ce duel degéants en décapant leurs grandeurs commeleur petitesse. Personne ne peut savoir si lapièce à venir serait un succès. En revanche,le caractère enlevé de la fiction romanesqueen est déjà un. OLG

Christophe Tison Journal de L (1947-1952)

Éditions Goutte d’Or,280p. 19,50 €, roman

Imaginez le journal intimede la mythique Lolita, lafrêle adolescente crééepar Vladimir Nabokov. Deson vrai nom DoloresHaze, elle est abusée parson beau-père qui profite

du décès de sa mère pour l’embarquer dansun road-trip sordide. Elle s’en échappe pourtomber sur un autre prédateur. Malgré tout,Dolores garde l’espoir d’aimer encore. À l’heure de #MeToo et du « Consentement »de Vanessa Springora, Christophe Tison, luiaussi victime d’abus sexuel a su trouver laforme cash d’un journal intime et le ton justepour nous plonger dans la tête et les affresd’une adolescente qui grandit sous emprisede 12 à 17 ans : « C’est fou comme on préfère

toujours la souffrance et l’inconfort du quoti-

dien à l’inconnu et au bonheur possible ». Lerécit montre en creux le difficile combatpour se sortir des griffes perverses de vraisdominateurs. PdeF

Laurent vidal Les Hommes lents. Résister à lamodernité, XVe-XXe siècle

Flammarion, 304 p., 20 €. essai

Quand rien ne sembles’opposer à l’obsessioncontemporaine d’accélé-ration et d’efficacité, l’his-toire des « Hommes lents» apporte une pause salu-taire. Le récit passion-nant, multidisciplinaire etsubtilement illustré de

Laurent Vidal brise les stéréotypes. Il égrèneet décortique le lexique de discrimination so-ciale dont ont été affublés ceux qui refusentl’injonction des « sociétés métronomiques ». La culpabilisation persistante de la fin duMoyen Age à l’ère industrielle - la paresse,péché capital pour les chrétiens, l‘indolence’des peuplades colonisées - est contrecarréepar force ruses ou résistances constituantune véritable philosophie de la lenteur. « Les

‘hommes lents’ sont le sous texte de nos socié-

tés modernes. appelle Vidal à « accepter la

fragilité de leur présence » : « Seule leur indé-

finition peut éviter de les figer dans une caté-

gorie trop étroite, afin de préserver l’intensité

des possibles qui caractérise leurs existence

sociale. » Roboratif. OLG

Antoine Laurain Les Service des Manuscrits

Flammarion. 272p. 18€. Roman

Violaine Lepage est lagrande prêtresse duservice des manuscritsd’une célèbre maisond’édition. Elle vient desortir du coma après unaccident d’avion. Un jour,elle reçoit un vrai manus-crit encore écrit à lamain. Elle y découvre

cette phrase énigmatique qui lance une in-trigue haletante : « Ce livre vivra en dehors de

moi. Et ceux qui doivent mourir vont mourir. »

Une intrigue policière doublée d’une étudede mœurs et une peinture sociale du milieude l’édition sans oublier une bonne dose dechausse-trappes et de fausses pistes tricot-tent habilement ce roman joyeux qui traitepourtant d’un sujet grave en toile de fond. « Tout roman est un traité de magie noire » as-sume Antoine Laurain pour son huitièmeroman. Nous ne le contredirons pas. Sauf queson Manuscrit est à mettre entre toutes les mains.

Hervé Fischer Les Couleurs de l’Occident. De la Préhistoire au XXIe siècle

Gallimard « Bibliothèque illustrée deshistoires », 510 p., 35 €.

Pourquoi les couleursquasi pures, claires et dis-tinctes, « celles du monde

virtuel auquel nous aspirons

comme un paradis sans

douleur où nous jouissons

de pouvoirs magiques »

saturent-elles notre siècle ?Parce qu’elle réponde d’abord selon HervéFisher, aux exigences normatives d’unmonde globalisé: contrôle et sécurité,consommation, euphorisation et séduction. Se distinguant des histoires des couleurs, lesociologue et artiste propose une véritableanalyse sociohistorique de l’idéologie et desmythes - de la couleur en Occident. « A chaque

époque, selon l’évolution de ses structures

sociales, l’Occident a réécrit son système chro-

matique pour mieux renfermer la couleur

dans l’ordre de son institution ou pour en

épouser la puissance dans sa dynamique. »

La couleur est une production idéolo-gique, par conséquent un fait socialPour cristalliser les « encodages chroma-tiques » des structures sociales - amplementdétaillés sur plus de 500 pages et très habi-lement illustrés - Fisher a créé son « indica-

teur ‘sociochromatique’ (qui) permet de

caractériser l’évolution des sociétés selon leur

degré d’intégration ou de destruction sociale. »

Souvent pertinent notamment pour les so-ciétés très codifiées (par exemple, le retourdu noir comme une couleur primaire), il meten évidence l’alternance entre dominantesvives et aplats, couleurs « rompues » etclairs-obscurs. Entre ordre ‘réaliste’ et ré-volte ‘chromatique’, certaines conclusionssont toujours stimulantes, parfois abruptes.Notre siècle étant réduit à celui de l’enfer-mement chromatique...

La victoire de l’estomac sur les yeux Sous l’archéologue des couleurs, Fischers’érige en lanceur d’alerte face aux « ordres

visuels qui nous régulent aujourd’hui. » Avecle « fauvisme digital, électronique et alimen-taire. » nous sommes désormais loin du fau-visme chromatique révolutionnaire, « nous

choisissons les couleurs que nous voulons

sucer ». Rimbaud, Matisse, revenez vite noscouleurs seraient devenues folles !

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Ludovic Roubaudi Nostra Requiem

Serge Safran éditeur. 192p. 17,90€. Roman.

Dans un pays d’Europe del’Est, au début du XXèmesiècle, après un soir detempête, un éleveur en-voie son cadet auprèsd’un intendant militairedans l’espoir de vendrequelques chevaux. Maiscelui-ci ne revient pas.

Son frère ainé part alors à sa recherche… Il sera enrôlé dans une guerre à laquelle ilne parvient pas à comprendre la finalité,emporté malgré lui dans les contradictionsde l’âme humaine.Nous avions beaucoup aimé le précédentroman de Ludovic Roubaudi, Camille et

Merveille, véritable hymne à l’amour. AvecNostra Requiem l’auteur change de registreet nous entraine dans un roman âpre, vio-lent, épique. Jouant des frontières flouesentre réel et fiction. Comme dans les fabu-leuses Mille et une nuits, le personnage cen-tral égrène les histoires que lui racontaitson père pour prolonger sa vie. Transmis-sion, force du récit et de l’imaginaire sontau cœur de cette aventure littéraire qui selit d’une traite. PdeF

Christian CariseyLa Folie Fischer

Alma éditeur. 225 p. 18€. Récit.

Après Christophe Colomb(La confusion du monde),Christian Carisey se dédieà Bobby Fischer (1943 -2008) mythique Cham-pion du monde d’échecsen 1972 à moins de 30ans. Héros adulé par lanation américaine fière

d’imposer l’un des leurs en pleine guerrefroide sur une chasse gardée des Soviétiques,la lune de miel va tourner au pugilat. Le génieprécoce se révèle caractériel ingérable, auxexigences extravagantes, paranoïaque etadepte du complotisme : persuadé que le FBIle suit partout, il se croit bombardé d’ondesmagnétiques. Las il se réjouira des attaquesdu 11 septembre 2001 et demande la natu-ralisation islandaise en 2005…Au-delà des férus d’échecs, ce récit cliniquetrès documenté retrace l’inexorable des-cente aux enfers d’une icône pop. Il passion-nera également tous ceux que l’histoirecontemporaine fascine et que certainshommes deviennent des pions sur un échi-quier stratégique, bien plus grand que celuid’un damier blanc et noir. PdeF

Philippe garnier Mélancolie du pot de yaourt Méditations sur les emballages

ed. Premier Parallèle. 160 p., 15€ essai

« Le carton d’emballage

laisse entrevoir une so-

ciété moins concurren-

tielle et moins frénétique.

» Véritable ovni éditorial,les brèves chroniques dePhilippe Garnier de cetteontologie du déchet ba-lancent entre Ironie

(grinçante) et poétique (du quotidien). Sonton faussement naïf et son érudition espiè-gle ne vous laisseront pas indifférents. Tantvous vous reconnaitrez dans la finesse del’observation et le vécu nostalgique ; dutube de lait à la boîte de sardines. Balloté et fasciné comme tous les consom-mateurs, l’auteur surfe sur le charme sédui-sant et éphémère de l’emballage pour nousplonger la tête la première dans le désastremaritime qu’il provoque. Car sous la conni-vence tissée avec son lecteur, émerge la prisede conscience d’une certaine vacuité decette vie étouffant sous des déchets en faittrop persistants. « Notre extinction volon-taire, si elle nous était proposée, mériteraitd’être emballée de façon ingénieuse et sé-duisante. (…) Sans ce dernier packaging,l’aventure ne serait pas complète. » OLG

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Faire avancer des utopies

Yves Salaun, gérant du groupe Facility qu’il a créé en2001, groupe spécialisé dans le secteur du mobilier et de lafourniture de bureau. Convaincu de la nécessité deréinventer l’espace de travail, il développe une expertisedans le mobilier de bureau ergonomique et l’aménagementintelligent des espaces de travail.

38 culture papier en actions I Parole d’adhérent

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Pourquoi positionnez-vous Facility enpremier lieu sur la santé et le bien-êtreau travail ? Le GROUPE FACILITY a développé son exper-tise sur le bien-être et la santé au poste detravail grâce à ses années d’échanges avec sesclients et ses partenaires. Tous nos collabora-teurs sont sensibilisés sur ces sujets avecpour objectif principal de faire découvrir àses clients ses besoins fondamentaux entermes de santé au travail.

Que vous apporte une formation d’ergo-nome ? La formation d’ergonome nous a apportéune vue complémentaire et précise sur lesréflexions à anticiper avec nos clientsconcernant leurs projets. Il y a une prise deconscience à propos des aménagements desespaces de travail. Ce sont des sujets straté-giques pour la fidélisation et la productivitédes collaborateurs.

Pourquoi le papier doit-il être revalorisédans le travail ? Valoriser l’utilisation, la qualité du papierest un vrai sujet chez nous. La filière pape-tière en Europe est vraiment « le jardinierde nos forêts » ! De plus, les réflexes demémorisation lors de la lecture sont plusperformants en lisant sur un support papier.

Il est vraiment temps dereprendre la main sur lepouvoir de communicationde ce support qui a tropsupporté de « Fake news ».

N’est-ce pas un engagement d’arrière-gardedans notre époque de dématérialisation ?C’est un engagement citoyen voué au dévelop-pement durable. La filière papetière a su se re-mettre en cause afin de préserver au mieuxnos ressources naturelles. La digitalisationsera très vite rattrapée par son expansionénergivore… Maintenant, les deux supportsvont de mieux en mieux, vivre ensemble.

Quels types d’actions appelle la prise deconscience d’une société « low digital » ? Il est temps de que notre filière commu-nique « sur papier » concernant tous lesbienfaits de nos métiers sur la planète et surla communication entre les êtres humains.

Vous être déjà membre de plusieursréseaux (EBEN, ARSEG, PLATO, …) qu’im-plique votre adhésion à Culture Papier, etquelles synergies pensez-vous créer entreles réseaux ? Il est important de donner de son temps aumonde associatif. D’abord, parce que celapermet de se mettre en réflexion avec despersonnes venant d’horizons différents et decréer des liens interprofessionnels, ensuiteparce que c’est un bon moyen de faire avan-cer des idées, voire des utopies. Une citationme fait écho : « les utopies d’aujourd’hui sontnos réalités de demain.» OLG

www.groupefacility.com