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BISHOP Céline                                                                                         MASTER 1 LESPINASSE Roman Travail d'analyse Mozart : Sonate en Ré Majeur n°8, KV 311 , 1er mouvement « Établissez le plan tonal et le plan thématique de ce mouvement et soulignez par un bref commentaires les spécificités de la forme sonate utilisée. Faites une réduction mélodique et harmonique de l'exposition et observez par un bref commentaire la répartition des progressions mélodiques et l'alternance d'énergies concentrées et détendues. »

Travail d'analyse Mozart : Sonate en Ré Majeur n 8, KV 311

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Page 1: Travail d'analyse Mozart : Sonate en Ré Majeur n 8, KV 311

BISHOP Céline                                                                                         MASTER 1LESPINASSE Roman

Travail d'analyse

Mozart : Sonate en Ré Majeur n°8, KV 311, 1er mouvement

« Établissez le plan tonal et le plan thématique de ce mouvement et soulignez par un bref  commentaires les spécificités de la forme sonate utilisée.

Faites   une   réduction   mélodique   et   harmonique   de   l'exposition   et   observez   par   un   bref  commentaire  la  répartition des progressions mélodiques et   l'alternance d'énergies concentrées et  détendues. »

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I] Présentation de la forme.

1) Éléments thématiques de l'exposition.

Thème A.

Le thème A se subdivise en deux phrases porteuses d'idées et d'éléments différents.

Nous distinguerons A1  qui est énoncé dès le début, et ce jusqu'à  la mesure 7, puis A2  qui s'étend de la mesure 7 à la mesure 10.

Pont.

Le pont est également divisé en deux éléments, P1 de la mesure 11 à la mesure 12, et P2 de la mesure 13 à la mesure 16.

Thème B.

Le thème B comporte trois éléments, B1 de la mesure 16 à la mesure 24, B2  de la mesure 24 à 28, puis B3 de la mesure 28 à 36.

Formule conclusive et codetta.

Le mouvement conjoint descendant en sixte de la codetta est une cellule nouvelle que nous appellerons codetta, et qui sera longuement réutilisée dans le développement.

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2) Schématisation de l'ensemble du mouvement et plan tonal. 

Exposition

Thème Élément thématique Mesures Tonalité

Thème A  A1 1­7 Ré Majeur

A2 7­10 Ré Majeur

Pont P1 11­12 ­­­­­­­>

P2 13­16 ­­­­­­­> V de Ré Majeur

Thème B B1 78­86 La Majeur

B2 24­28 La Majeur

B3 28­35 La Majeur

Coda Codetta 36­39 La Majeur

Développement

Élément thématique Mesures Tonalité

codetta 40­44 mi mineur

codetta 45­48 Ré Majeur

codetta 48­55 si mineur

B3 58­66 Sol Majeur

P1 66­67 Sol Majeur

P1 68 Ré majeur

P1 69­72 mi mineur

P1 74 Ré Majeur

P2 75­78 Ré Majeur

Réexposition

Thème Élément thématique Mesures Tonalité

B B1 78­86 Ré Majeur + emprunt ré mineur

B2 86­91 Ré Majeur

B3 91­99 Ré Majeur

A A1 99­104 Ré Majeur

Coda P1 107­109 Ré majeur

codetta 111­112 Ré Majeur

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3) Commentaire

À la lecture de ce tableau, il appert que la forme sonate, en tant que mise en opposition de deux pôles tonaux voisins, est respectée. En l'occurrence, Mozart fait entendre une plage tonale de Ré Majeur dans A, puis de La Majeur, ton de la quinte supérieure en B. De plus, la coupe classique Exposition­Développement­Réexposition   est   bien   présente,   et   la   Réexposition   reste   dans   le   ton principal. Les tonalités utilisées lors du développement sont celles des tons voisins (mi mineur, si mineur, Sol Majeur). Enfin, comme dans la majorité des sonates classiques, le premier thème revêt un caractère rythmique, tandis que le second est plus chantant.

Cependant, nous attirons l'attention du lecteur sur ces quelques points :

le thème B est en opposition avec le thème A, de par sa longueur et de son plurimorphisme, ce qui   entraîne   une   dissymétrie   au   sein   de   la   structure   de   l'exposition.   De   plus   il   diffère rythmiquement du thème A, de par le fait qu'il parte en levée.

le thème B1 est de facture très galante, avec ses appogiatures et sa courbe globale, mais Mozart casse cette impression dans sa dernière mesure (mesure 23), par un nouveau rythme et un saut de 7ème.

le pont est court et non modulant : Mozart joue sur le double rôle de l'accord de La Majeur qui est soit V de Ré Majeur, soit I de La Majeur.

le développement s'appuie sur le motif de la codetta en grande partie, alors que celui­ci n'a été entendu que pendant une mesure juste avant.

dans la réexposition, mesure 83, le thème B1 fait un emprunt à ré mineur, ce qui amène un jeu de couleur intéressant au sein d'une partie stable et immobile harmoniquement parlant. Cet emprunt aboutit sur un accord tendu de quarte et sixte avec sol# appogiature du la à la voix supérieure.

la réexposition inverse l'ordre de l'exposition, en faisant entendre d'abord B puis A. Le pont en est absent, même si Mozart le transforme en élément conclusif dès la mesure 104.

Il est intéressant de constater à quel point un motif peut en engendrer un autre, formant un tout cohérent en partant d'idées différentes. Citons par exemple :

l'élément de la codetta mesure 38 qui devient le moteur du développement dès la mesure 40. le motif do#­ré­#do­la­ré en double­croches mesure 13, qui engendre la­si­la­sol#­mi­la en 

croches mesure 25. comme cité plus haut, le pont est transformé afin d'amener la codetta à la fin de la réxposition.

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A1

A2

Pont

B1

B2

B3

Coda

Alternance des progressions mélodiques et des jeux de cellules au sein de l'exposition

Ce tableau met en lumière l'équilibre existant entre progressions mélodiques et jeux de cellules dans l'exposition de cette sonate.

Nous remarquons :

l'alternance parfaitement égale entre chaque partie. le pont, qui se trouve être en quelque sorte le résumé de A, en se servant d'une progression 

mélodique puis d'une cellule. l'importance des progressions mélodiques 5­4­3­2­1 présentes trois fois au sein de l'exposition.

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L'alternance d'énergies concentrées et détendues se fait généralement à l'échelle de phrases mélodiques, mais parfois à l'intérieur même d'une phrase nous avons un élan qui correspond à une tension et une retombée qui correspond à une détente. C'est le cas du premier thème A1.

Nous allons définir quels sont les moyens mis en oeuvre pour obtenir cette alternance.

Le rythme harmonique est un facteur décisif. Quand celui­ci est lent, puis s'accélère, on a alors une sensation de tension très présente. Le pont illustre parfaitement cela. Dans P1 (mesures 11 et 12), le rythme harmonique est   lent,  on a une harmonie par mesure. On note une progression vers  la dominante  (I,   II,  V/V). Dans P2,   le   rythme harmonique s'accélère,  se précipite,  la   fréquence est multipliée par quatre, pour faire alterner I et V à chaque temps. Enfin dans la formule conclusive (mesures 15 et 16), la tension continue de grandir, grâce aux accords plaqués main gauche puis les deux mains ensembles, pour arriver finalement sur l'accord de dominante mesure 16.

D'un point de vue formel, le choix­même des constructions thématiques détermine la nature de l'énergie. Prenons par exemple A2.. A2 commence à la mesure 7 et se termine à la mesure 10. Le thème présente une construction de type question réponse (I, V, V, I). Il ne présente aucune aspérité, aucune surprise. Il est donc porteur de détente.

Les degrés mélodiques ont aussi une grande influence sur l'énergie. De manière générale, une progression mélodique de 1 vers 5 est source de tension, tandis que l'inverse est souvent associé à une détente. Dans le premier thème A1, on a cette montée vers 5 (mesure2), à laquelle vient répondre la redescente vers 3 à la mesure 3 ou 1 dans le conséquent (mesure 7).

L'énergie est également portée par le rythme. Dans le pont, l'utilisation des double­croches augmente   la   tension.   Cette   tension   est   d'ailleurs  préfigurée   quelques   mesures   auparavant   avec l'utilisation de ces mêmes double­croches (mesure 8 et 10) à la main gauche.

Enfin, nous attribuons à  ces énergies une valeur spatiale et  intervallique. Nous prendrons comme exemple le thème B2 que nous avons schématisé. 

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Dans ce cas, il faut noter que la tension ne vient pas de la cellule mélodique en elle­même, puisque celle­ci est immobile, mais de son déploiement spatial et de la main gauche qui reste en double­croche et dans un tout petit ambitus.

Conclusion

Au vu de ces plages d'énergie, nous nous apercevons de la parfaite symétrie qui s'en dégage. L'exposition nous propose une belle forme en arche dont voici le schéma.

Le point de symétrie se situe au centre de B1. Or, il se trouve que ce thème est également le plus long et le plus chantant de l'oeuvre. 

Pour  conclure nous proposons de mettre   en  regard   la  première  et   la  dernière mesure  de l'exposition, qui éclairent cette forme en arche de manière surprenante. Pour ce faire, nous avons transposé la dernière mesure dans le ton principal.

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Nous observons tout d'abord que le forte s'est mué en piano. Les tierces resserrées à la basse se sont   transformées en sixtes, plus aérées, et à   la voix haute. La réduction mélodique montre une résolution finale de la montée initiale (5­4­3­2­1).