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Travail, emploi et ressources humaines au Viêt-nam Quinze ans de Renouveau Nolwen Henaff > Jean-Yves Marlin 1 RD - KARTHAlA Travail, emploi et ressources humaines au Viêt-nam Quinze ans de Renouveau Nolwen Henaff > Jean-Yves Martin 1 RD - KARTHAtA

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Travail, emploiet ressources humainesau Viêt-nam

Quinze ans de Renouveau

Nolwen Henaff> Jean-Yves Marlin

1RD - KARTHAlA

Travail, emploiet ressources humainesau Viêt-nam

Quinze ans de Renouveau

Nolwen Henaff> Jean-Yves Martin

1RD - KARTHAtA

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TRAVAIL, EMPLOI ET RESSOURCES HUMAINESAUVIET-NAM

TRAVAIL, EMPLOI ET RESSOURCES HUMAINESAUVIET-NAM

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Couverture: Ouvrières des travaux publics (Hanoi)(Cliché Nolwen Henaff)

© [RD Éditions et KARTHALA, 2003ISBN (IRD) : 2-7099-1512-X

ISBN (KARTHALA) : 2-84586-360-8

Couverture: Ouvrières des travaux publics (Hanoi)(Cliché Nolwen Henaff)

© [RD Éditions et KARTHALA, 2003ISBN (IRD) : 2-7099-1512-X

ISBN (KARTHALA) : 2-84586-360-8

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SOUS LA DIRECTION DE

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Travail, emploi etressources humaines

au Viêt-nam

Quinze ans de Renouveau

IRD Éditions213, rue La Fayette

75010 Paris

KARTHALA22-24, boulevard Arago

75013 Paris

SOUS LA DIRECTION DE

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Travail, emploi etressources humaines

au Viêt-nam

Quinze ans de Renouveau

IRD Éditions213, rue La Fayette

75010 Paris

KARTHALA22-24, boulevard Arago

75013 Paris

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Avant-propos

Au tournant des années 1990, un certain nombred'auteurs vietnamiens et internationaux' ont fait le point surles implications économiques et sociales du doi moi, tellesqu'on pouvait les appréhender au cours des premièresannées de son lancement. Le séminaire qui est à l'origine decet ouvrage s'est tenu à Hanoi du 18 au 20 juillet 2000. Ilavait pour objet de faire le point sur quinze années depolitique de rénovation. Co-organisé par le Ministère duTravail, des Invalides et des Affaires sociales (Viêt-nam),l'Institut de Recherche pour le Développement (France),l'Institut Universitaire d'Études du Développement (Suisse)et la Banque Mondiale, il a réuni une soixantaine depersonnes, représentants du Ministère du Travail, Invalideset Affaires Sociales (Molisa) et de ses départementsprovinciaux (Delisa), du Ministère du Plan et des

1 DEAN K. fORBES, TERENCE H. HULL, DAVID G. MARR &BRIAN BROGAN (eds), Doi Moi. Vietnam 's Renovation Policy andPerformance, ANU, Canberra, 1991,263 p. ; RONNAS P. & SJOBERGO. (eds), Socio-Economic Development in Vietnam. The Agenda for the1990s, SIDA, Stockholm, 268 p.; MYA THAN & JOSEPH L.H. TAN(eds), Vietnam 's Dilemmas and Options. The Challenge of EconomieTransition in the 1990s. ISEAS, Singapore, 1993,306 p.

Avant-propos

Au tournant des années 1990, un certain nombred'auteurs vietnamiens et internationaux' ont fait le point surles implications économiques et sociales du doi moi, tellesqu'on pouvait les appréhender au cours des premièresannées de son lancement. Le séminaire qui est à l'origine decet ouvrage s'est tenu à Hanoi du 18 au 20 juillet 2000. Ilavait pour objet de faire le point sur quinze années depolitique de rénovation. Co-organisé par le Ministère duTravail, des Invalides et des Affaires sociales (Viêt-nam),l'Institut de Recherche pour le Développement (France),l'Institut Universitaire d'Études du Développement (Suisse)et la Banque Mondiale, il a réuni une soixantaine depersonnes, représentants du Ministère du Travail, Invalideset Affaires Sociales (Molisa) et de ses départementsprovinciaux (Delisa), du Ministère du Plan et des

1 DEAN K. fORBES, TERENCE H. HULL, DAVID G. MARR &BRIAN BROGAN (eds), Doi Moi. Vietnam 's Renovation Policy andPerformance, ANU, Canberra, 1991,263 p. ; RONNAS P. & SJOBERGO. (eds), Socio-Economic Development in Vietnam. The Agenda for the1990s, SIDA, Stockholm, 268 p.; MYA THAN & JOSEPH L.H. TAN(eds), Vietnam 's Dilemmas and Options. The Challenge of EconomieTransition in the 1990s. ISEAS, Singapore, 1993,306 p.

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6 AVANT-PROPOS

Investissements (MPI), du Ministère de l'Éducation et de laFormation (MüET), des membres de la communauté scien­tifique nationale (Centre National des Sciences Humaines etSociales, Université de Hanoi) et internationale, desreprésentants des entreprises, d'organisations publiquesétrangères et des organisations internationales. Sous la pré­sidence du Dr. Nguyên Luong Trao, premier vice-ministredu Travail, les participants ont débattu des changements etmécanismes à l'œuvre depuis le milieu des années 1980dans les domaines du travail, de l'emploi et des ressourceshumaines. Les discussions ont été menées à partir de laprésentation des résultats des recherches conduites sur cesthèmes depuis 1995 par l'IRD, le MüLISA, l'IUED et laBanque Mondiale, et de contributions écrites. Les différentschapitres de cet ouvrage, rédigés après le séminaire,présentent l'état de la réflexion sur les sujets abordés et ledernier chapitre fait la synthèse des débats qu'ils ontsuscités. Un document du Dr. Nguyên Huu Dung sur lapolitique de protection sociale les complète.

La traduction des textes vietnamiens a été faite par M.Nguyên Van Dai.

6 AVANT-PROPOS

Investissements (MPI), du Ministère de l'Éducation et de laFormation (MüET), des membres de la communauté scien­tifique nationale (Centre National des Sciences Humaines etSociales, Université de Hanoi) et internationale, desreprésentants des entreprises, d'organisations publiquesétrangères et des organisations internationales. Sous la pré­sidence du Dr. Nguyên Luong Trao, premier vice-ministredu Travail, les participants ont débattu des changements etmécanismes à l'œuvre depuis le milieu des années 1980dans les domaines du travail, de l'emploi et des ressourceshumaines. Les discussions ont été menées à partir de laprésentation des résultats des recherches conduites sur cesthèmes depuis 1995 par l'IRD, le MüLISA, l'IUED et laBanque Mondiale, et de contributions écrites. Les différentschapitres de cet ouvrage, rédigés après le séminaire,présentent l'état de la réflexion sur les sujets abordés et ledernier chapitre fait la synthèse des débats qu'ils ontsuscités. Un document du Dr. Nguyên Huu Dung sur lapolitique de protection sociale les complète.

La traduction des textes vietnamiens a été faite par M.Nguyên Van Dai.

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Les auteurs

Pascal Bergeret est agronome au GRET (France). Il a étéresponsable du Programme Fleuve Rouge à Hanoi de 1995 à1999.

Alexandre Dormeier-Freire est doctorant de l'IUED(Genève). Il travaille sur le développement technologique enIndonésie.

Cbristopbe Gironde est économiste, chargé d'études àl'Institut des Sciences Sociales Appliquées (FAFO,Norvège). Il a soutenu une thèse sur les transfonnations del'économie familiale au Viêt-nam.

Geoffrey B. Hainsworth est professeur d'économie etDirecteur du Centre de recherches de l'Asie du sud-est,Université de Colombie britannique, Vancouver (Canada).

Fiona Howell est économiste, consultante pour les projetsde sécurité sociale, Australie. Elle a été conseiller techniqueprincipal du projet BIT/Molisa sur le développement et lafonnation dans le domaine de la protection sociale en 1998et 1999 au Viêt-nam.

Les auteurs

Pascal Bergeret est agronome au GRET (France). Il a étéresponsable du Programme Fleuve Rouge à Hanoi de 1995 à1999.

Alexandre Dormeier-Freire est doctorant de l'IUED(Genève). Il travaille sur le développement technologique enIndonésie.

Cbristopbe Gironde est économiste, chargé d'études àl'Institut des Sciences Sociales Appliquées (FAFO,Norvège). Il a soutenu une thèse sur les transfonnations del'économie familiale au Viêt-nam.

Geoffrey B. Hainsworth est professeur d'économie etDirecteur du Centre de recherches de l'Asie du sud-est,Université de Colombie britannique, Vancouver (Canada).

Fiona Howell est économiste, consultante pour les projetsde sécurité sociale, Australie. Elle a été conseiller techniqueprincipal du projet BIT/Molisa sur le développement et lafonnation dans le domaine de la protection sociale en 1998et 1999 au Viêt-nam.

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8 LES AUTEURS

Lê Ngu Hinh est chercheur à l'Institut National deRecherche sur le Travail et les Affaires Sociales, Ministèredu Travail, Hanoi (Viêt-nam).

Nguyên Huu Dung est directeur de l'Institut National deRecherche sur le Travail et les Affaires Sociales, Ministèredu Travail, Hanoi (Viêt-nam).

Trân Khanh Duc est professeur de l'enseignement techni­que, chercheur à l'Institut National pour le Développementde l'Éducation, Hanoi (Viêt-nam).

Trân Tiên Cuong est économiste, directeur-adjoint del'Institut Central de la Direction de l'Économie à Hanoi(Viêt-nam). Il a été conseiller pour l'élaboration de la loi surla réforme des entreprises publiques.

Vo Dai Luoc est économiste, directeur de l'Institutd'Économie Mondiale au Centre National des SciencesSociales et Humaines à Hanoi (Viêt-nam).

Nolwen Henaff est économiste, chargée de recherche àl'IRD (France). Elle a conduit de 1995 à 1999 à Hanoi unprogramme de recherche sur l'emploi et le travail encoopération avec le MüLISA.

Jean-Yves Martin est sociologue, directeur de recherche àl'IRD (France). Il a conduit de 1995 à 1999 à Hanoi unprogramme de recherche sur l'éducation et les ressourceshumaines en coopération avec le MüLISA.

Nguyên Van Dai est démographe, chercheur à l'InstitutNational de Recherche sur le Travail et les AffairesSociales, Ministère du Travail, Hanoi (Viêt-nam).

8 LES AUTEURS

Lê Ngu Hinh est chercheur à l'Institut National deRecherche sur le Travail et les Affaires Sociales, Ministèredu Travail, Hanoi (Viêt-nam).

Nguyên Huu Dung est directeur de l'Institut National deRecherche sur le Travail et les Affaires Sociales, Ministèredu Travail, Hanoi (Viêt-nam).

Trân Khanh Duc est professeur de l'enseignement techni­que, chercheur à l'Institut National pour le Développementde l'Éducation, Hanoi (Viêt-nam).

Trân Tiên Cuong est économiste, directeur-adjoint del'Institut Central de la Direction de l'Économie à Hanoi(Viêt-nam). Il a été conseiller pour l'élaboration de la loi surla réforme des entreprises publiques.

Vo Dai Luoc est économiste, directeur de l'Institutd'Économie Mondiale au Centre National des SciencesSociales et Humaines à Hanoi (Viêt-nam).

Nolwen Henaff est économiste, chargée de recherche àl'IRD (France). Elle a conduit de 1995 à 1999 à Hanoi unprogramme de recherche sur l'emploi et le travail encoopération avec le MüLISA.

Jean-Yves Martin est sociologue, directeur de recherche àl'IRD (France). Il a conduit de 1995 à 1999 à Hanoi unprogramme de recherche sur l'éducation et les ressourceshumaines en coopération avec le MüLISA.

Nguyên Van Dai est démographe, chercheur à l'InstitutNational de Recherche sur le Travail et les AffairesSociales, Ministère du Travail, Hanoi (Viêt-nam).

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Introduction

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Au Viêt-nam, les rapports entre l'État et la société sonttraversés par des mouvements contradictoires. Alors que levolontarisme, caractéristique majeure de la politique vietna­mienne, s'est forgé au cours de la lutte pour la libérationface aux dominations étrangères, il a souvent dû composeravec les impératifs du moment, devant lesquels il a puparfois sembler s'effacer. L'équilibre entre le volontarisme,qui cherche à maximiser le bien-être collectif et le laisser­faire, qui, en accroissant la marge individuelle au sein ducollectif, tend à améliorer l'efficacité économique, estdifficile à trouver. L'évolution du mode d'action de l'Étatpeut s'interpréter comme la recherche d'un point d'équilibrequi se déplace sans cesse. Tout excès appelle un mouvementde correction en sens inverse. Ainsi, les mouvementsanarchiques que peut favoriser un certain laisser-faireouvrent la voie à des tentations autoritaires. Alors que lesmouvements de correction peuvent amener des réactionsdirigistes, c'est un très grand pragmatisme qui préside àl'ensemble des mouvements observés.

Introduction

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Au Viêt-nam, les rapports entre l'État et la société sonttraversés par des mouvements contradictoires. Alors que levolontarisme, caractéristique majeure de la politique vietna­mienne, s'est forgé au cours de la lutte pour la libérationface aux dominations étrangères, il a souvent dû composeravec les impératifs du moment, devant lesquels il a puparfois sembler s'effacer. L'équilibre entre le volontarisme,qui cherche à maximiser le bien-être collectif et le laisser­faire, qui, en accroissant la marge individuelle au sein ducollectif, tend à améliorer l'efficacité économique, estdifficile à trouver. L'évolution du mode d'action de l'Étatpeut s'interpréter comme la recherche d'un point d'équilibrequi se déplace sans cesse. Tout excès appelle un mouvementde correction en sens inverse. Ainsi, les mouvementsanarchiques que peut favoriser un certain laisser-faireouvrent la voie à des tentations autoritaires. Alors que lesmouvements de correction peuvent amener des réactionsdirigistes, c'est un très grand pragmatisme qui préside àl'ensemble des mouvements observés.

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10 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Un équilibre doit être trouvé en permanence entre lesdifférents échelons d'intervention de l'État. L'autorité del'État doit pouvoir s'exercer jusqu'à la base de la société, etjusque dans les zones les plus montagneuses et les plusreculées. Ses échelons s'articulent verticalement sur unebase hiérarchique, et horizontalement, dans l'espacegéographique. L'État doit veiller au bien-être collectif, alorsque la perception même du collectif varie d'un échelon àl'autre, et peut entraîner une concurrence au plangéographique entre des échelons de même niveau. End'autres termes, au Viêt-nam, l'équilibre du pouvoir oscilleen permanence entre le niveau central et le niveau local,entre la prééminence du pouvoir central et l'autonomievillageoise [Nguyên Tung, Nguyên Duong Binh, 1999 : 85­108], et entre le collectif et l'individu [Boudarel, 1983 : 31­106].

L'histoire du Viêt-nam moderne peut amsI sedécomposer en périodes marquées par des équilibresdifférents. Le volontarisme révolutionnaire débouche trèsnaturellement, dès l'indépendance, sur une démarchedirigiste visant à mettre en pratique les principes fondateursdu pays dans le cadre d'un mode de production socialiste[Beresford, 1988], pour «un peuple éduqué, une nationforte, un pays prospère».

Tout au long de cette histoire cependant, la recherched'une plus grande efficacité économique, dont on pressenttrès tôt qu'elle repose sur un accroissement de la libertéindividuelle, entraîne des tentatives de réforme, au départtrès localisées, qui seront finalement généralisées. Le localest tout à la fois un terrain d'expérimentation, dont ladimension réduite facilite l'évaluation, et souvent la sourcemême des initiatives d'expérimentation [Dang Phông, LêVan Cuong, 1997]. Si le Centre perd parfois l'initiative del'innovation, il ne se départit jamais de sa capacité

10 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Un équilibre doit être trouvé en permanence entre lesdifférents échelons d'intervention de l'État. L'autorité del'État doit pouvoir s'exercer jusqu'à la base de la société, etjusque dans les zones les plus montagneuses et les plusreculées. Ses échelons s'articulent verticalement sur unebase hiérarchique, et horizontalement, dans l'espacegéographique. L'État doit veiller au bien-être collectif, alorsque la perception même du collectif varie d'un échelon àl'autre, et peut entraîner une concurrence au plangéographique entre des échelons de même niveau. End'autres termes, au Viêt-nam, l'équilibre du pouvoir oscilleen permanence entre le niveau central et le niveau local,entre la prééminence du pouvoir central et l'autonomievillageoise [Nguyên Tung, Nguyên Duong Binh, 1999 : 85­108], et entre le collectif et l'individu [Boudarel, 1983 : 31­106].

L'histoire du Viêt-nam moderne peut amsI sedécomposer en périodes marquées par des équilibresdifférents. Le volontarisme révolutionnaire débouche trèsnaturellement, dès l'indépendance, sur une démarchedirigiste visant à mettre en pratique les principes fondateursdu pays dans le cadre d'un mode de production socialiste[Beresford, 1988], pour «un peuple éduqué, une nationforte, un pays prospère».

Tout au long de cette histoire cependant, la recherched'une plus grande efficacité économique, dont on pressenttrès tôt qu'elle repose sur un accroissement de la libertéindividuelle, entraîne des tentatives de réforme, au départtrès localisées, qui seront finalement généralisées. Le localest tout à la fois un terrain d'expérimentation, dont ladimension réduite facilite l'évaluation, et souvent la sourcemême des initiatives d'expérimentation [Dang Phông, LêVan Cuong, 1997]. Si le Centre perd parfois l'initiative del'innovation, il ne se départit jamais de sa capacité

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INTRODUCTION Il

d'observateur et juge, et réagira toujours de manière trèspragmatique. C'est ainsi que le Renouveau (doi moi), loinde constituer une rupture avec le passé, s'inscrit dans lalogique de l'évolution du système, et donc dans unprocessus.

Pendant des siècles, le Viêt-nam a été tour à tour uni etdivisé [Lê Thânh Khôi, 1992; Brocheux, Hémery, 1995].Dans cette histoire tourmentée, les périodes d'indépendanceet de paix sont brèves. De 1945 à 1975, le Viêt-nam est unenation en guerre. La guerre imprime sa logique, impose unmode d'organisation spécifique de la société et del'économie, et réclame en permanence son tribut, enressources matérielles et humaines. S'impose ainsi unerationalité stratégique qui s'articule autour de deux axes,l'un géographique, l'autre sectoriel. L'organisation du Nordpour sa défense conduit au morcellement du territoire, ladispersion maximale constituant la meilleure défense. Parceque la survie repose sur l'autosuffisance dans tous lesdomaines, la situation entraîne le développement del'autonomie et de l'initiative locales. Pénurie, rationnementet isolement imposent de trouver des solutions locales, etautorisent de fait le franchissement de certaines barrières.Parallèlement, l'organisation de la nation pour sondéveloppement conduit à la mise en place d'une division dutravail entre la masse et l'élite, entre l'armée et la sociétécivile, entre le niveau central et le niveau local. Il s'agit à lafois de combler le retard et de préparer l'avenir. Combler leretard, c'est mettre en place les fondements d'une économieindépendante à travers l'électrification et le développementdes infrastructures et de l'industrie lourde, mais c'est aussil'alphabétisation et la généralisation de l'enseignement debase comme fondement de la nouvelle société, à travers« une politique d'éducation de guerre et de construction dusocialisme» [Lê Thac Can, 1993]. Préparer l'avenir, c'est

INTRODUCTION Il

d'observateur et juge, et réagira toujours de manière trèspragmatique. C'est ainsi que le Renouveau (doi moi), loinde constituer une rupture avec le passé, s'inscrit dans lalogique de l'évolution du système, et donc dans unprocessus.

Pendant des siècles, le Viêt-nam a été tour à tour uni etdivisé [Lê Thânh Khôi, 1992; Brocheux, Hémery, 1995].Dans cette histoire tourmentée, les périodes d'indépendanceet de paix sont brèves. De 1945 à 1975, le Viêt-nam est unenation en guerre. La guerre imprime sa logique, impose unmode d'organisation spécifique de la société et del'économie, et réclame en permanence son tribut, enressources matérielles et humaines. S'impose ainsi unerationalité stratégique qui s'articule autour de deux axes,l'un géographique, l'autre sectoriel. L'organisation du Nordpour sa défense conduit au morcellement du territoire, ladispersion maximale constituant la meilleure défense. Parceque la survie repose sur l'autosuffisance dans tous lesdomaines, la situation entraîne le développement del'autonomie et de l'initiative locales. Pénurie, rationnementet isolement imposent de trouver des solutions locales, etautorisent de fait le franchissement de certaines barrières.Parallèlement, l'organisation de la nation pour sondéveloppement conduit à la mise en place d'une division dutravail entre la masse et l'élite, entre l'armée et la sociétécivile, entre le niveau central et le niveau local. Il s'agit à lafois de combler le retard et de préparer l'avenir. Combler leretard, c'est mettre en place les fondements d'une économieindépendante à travers l'électrification et le développementdes infrastructures et de l'industrie lourde, mais c'est aussil'alphabétisation et la généralisation de l'enseignement debase comme fondement de la nouvelle société, à travers« une politique d'éducation de guerre et de construction dusocialisme» [Lê Thac Can, 1993]. Préparer l'avenir, c'est

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12 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

fonner des élites capables de gérer le pays et de l'amenersur la voie de la modernisation. À l'urgence de la situations'oppose la logique du fonctionnement de la planificationcentralisée, qui se déroule imperturbablement. Les objectifsà moyen et long tenne de la planification l'emportent sur lesnécessités de la vie quotidienne, l'investissement sur laconsommation. De même, les étudiants sont mis en réserve,et ne seront pas engagés dans les combats, sauf à franchir lepas individuellement. Un réservoir de cadres est ainsialimenté en pennanence, tout au long de la période.

À partir de 1975, la guerre se déplace à l'extérieur desfrontières nationales (Cambodge, puis sur la périphérie sep­tentrionale (Chine) [SarDesai, 1997 : 336-40]. La logique deguerre se maintient alors que la réunification nationaledevient un objectif prioritaire. Il s'agit d'hannoniser deuxsystèmes aux logiques opposées, en étendant au Sudl'organisation politique, sociale et économique mise enœuvre au Nord depuis 1945. En prenant le pouvoir en 1954la République démocratique du Viêt-nam (RDVN) avaitpour objectif de construire une société socialiste et a mis enœuvre à cet effet une politique d'appropriation collectivedes moyens de production et d'égalitarisme social. Àl'inverse, au départ des français en 1954, la République duViêt-nam (RVN), au Sud, est restée dans une logique capita­liste, les bourgeoisies urbaine et rurale et les grandspropriétaires fonciers restant en place. Les grandesorientations de la politique éducative du Nord sont cellesd'une transmission généralisée des savoirs à traversl'alphabétisation et l'enseignement de base. Au Sud, l'accèsà l'éducation est demeuré restreint, dans la ligne del'héritage colonial. En matière de travail et de protectionsociale, l'État garantit au Nord l'accès généralisé au travail,aux moyens de production, et à la protection sociale, avecune échelle de rémunération aplatie. Au Sud, la

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fonner des élites capables de gérer le pays et de l'amenersur la voie de la modernisation. À l'urgence de la situations'oppose la logique du fonctionnement de la planificationcentralisée, qui se déroule imperturbablement. Les objectifsà moyen et long tenne de la planification l'emportent sur lesnécessités de la vie quotidienne, l'investissement sur laconsommation. De même, les étudiants sont mis en réserve,et ne seront pas engagés dans les combats, sauf à franchir lepas individuellement. Un réservoir de cadres est ainsialimenté en pennanence, tout au long de la période.

À partir de 1975, la guerre se déplace à l'extérieur desfrontières nationales (Cambodge, puis sur la périphérie sep­tentrionale (Chine) [SarDesai, 1997 : 336-40]. La logique deguerre se maintient alors que la réunification nationaledevient un objectif prioritaire. Il s'agit d'hannoniser deuxsystèmes aux logiques opposées, en étendant au Sudl'organisation politique, sociale et économique mise enœuvre au Nord depuis 1945. En prenant le pouvoir en 1954la République démocratique du Viêt-nam (RDVN) avaitpour objectif de construire une société socialiste et a mis enœuvre à cet effet une politique d'appropriation collectivedes moyens de production et d'égalitarisme social. Àl'inverse, au départ des français en 1954, la République duViêt-nam (RVN), au Sud, est restée dans une logique capita­liste, les bourgeoisies urbaine et rurale et les grandspropriétaires fonciers restant en place. Les grandesorientations de la politique éducative du Nord sont cellesd'une transmission généralisée des savoirs à traversl'alphabétisation et l'enseignement de base. Au Sud, l'accèsà l'éducation est demeuré restreint, dans la ligne del'héritage colonial. En matière de travail et de protectionsociale, l'État garantit au Nord l'accès généralisé au travail,aux moyens de production, et à la protection sociale, avecune échelle de rémunération aplatie. Au Sud, la

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INTRODUCTION 13

décolonisation n'a pas entraîné de reconfiguration du modede production. Le Sud reste donc en arrière en matière deprotection des travailleurs et il n'y a d'autre régulation quecelle du marché.

En 1975, les situations économiques du Nord et du Sudsont également très contrastées, bien que les deux régionsaient été également ravagées par la guerre. Le Nord estexsangue, épuisé en particulier par l'effort d'investissementpour Je développement et par l'effort de guerre et tout estrationné dans une économie quasiment démonétarisée. LeSud, sous perfusion américaine, et doté d'une natureexubérante, peut donner à l'inverse l'illusion de l'abondance[Beresford, 1991]. Ses richesses mettront cependant dutemps à se matérialiser. Les conflits liés aux tentatives decollectivisation dans le Sud entravent la croissance de laproduction agricole [Lâm Thanh Liêm, 1984]. Par ailleurs,la victoire de l'armée du Nord provoque une fuite massive etsoudaine des capitaux et de l'élite intellectuelle du Sud, quidéstabilise l'économie et la société dans cette partie du pays.Le phénomène sera aggravé à la fin de la décennie par ledépart des vietnamiens d'origine chinoise et la tentatived'appropriation de leurs capitaux, qui va en outre entraînerla désorganisation des circuits de commercialisation. Lesressources humaines, matérielles et financières disponiblesne sont pas à la mesure des besoins induits par lareconstruction et la réunification du pays. Pourtant, le planquinquennal de reconstruction 1976-1980 manifeste unvolontarisme d'une intensité équivalente à celle qui aprévalu pendant toute la période de guerre. L'effortd'investissement consenti pour permettre au Sud d'effectuerun rattrapage par rapport aux acquis du Nord en matièred'éducation, de santé, de développement des infrastructureset de l'industrie achève de vider les caisses. L'interventionau Cambodge enfonce encore un peu plus le Viêt-nam dans

INTRODUCTION 13

décolonisation n'a pas entraîné de reconfiguration du modede production. Le Sud reste donc en arrière en matière deprotection des travailleurs et il n'y a d'autre régulation quecelle du marché.

En 1975, les situations économiques du Nord et du Sudsont également très contrastées, bien que les deux régionsaient été également ravagées par la guerre. Le Nord estexsangue, épuisé en particulier par l'effort d'investissementpour Je développement et par l'effort de guerre et tout estrationné dans une économie quasiment démonétarisée. LeSud, sous perfusion américaine, et doté d'une natureexubérante, peut donner à l'inverse l'illusion de l'abondance[Beresford, 1991]. Ses richesses mettront cependant dutemps à se matérialiser. Les conflits liés aux tentatives decollectivisation dans le Sud entravent la croissance de laproduction agricole [Lâm Thanh Liêm, 1984]. Par ailleurs,la victoire de l'armée du Nord provoque une fuite massive etsoudaine des capitaux et de l'élite intellectuelle du Sud, quidéstabilise l'économie et la société dans cette partie du pays.Le phénomène sera aggravé à la fin de la décennie par ledépart des vietnamiens d'origine chinoise et la tentatived'appropriation de leurs capitaux, qui va en outre entraînerla désorganisation des circuits de commercialisation. Lesressources humaines, matérielles et financières disponiblesne sont pas à la mesure des besoins induits par lareconstruction et la réunification du pays. Pourtant, le planquinquennal de reconstruction 1976-1980 manifeste unvolontarisme d'une intensité équivalente à celle qui aprévalu pendant toute la période de guerre. L'effortd'investissement consenti pour permettre au Sud d'effectuerun rattrapage par rapport aux acquis du Nord en matièred'éducation, de santé, de développement des infrastructureset de l'industrie achève de vider les caisses. L'interventionau Cambodge enfonce encore un peu plus le Viêt-nam dans

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14 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

la crise par son coût, d'une part, et par le tarissement del'aide internationale qui s'ensuit, d'autre part. La criseéconomique est d'une gravité sans précédent. La croissances'arrête et une grave pénurie alimentaire s'installe.

La guerre est finie mais des comportements de survie semettent en place au niveau local ou individuel qui ouvrentdes brèches dans l'organisation collective de la productionet de la distribution, en particulier dans l'agriculture [DaoThê Tuan et Bergeret, 1995; Lâm Thanh Liêm, 1985],domaine dans lequel les résultats en matière de croissanceont été particulièrement spectaculaires. Progressivement, onglisse d'un système dans lequel production et distributionsont collectives à un système double dans lequell'appropriation individuelle du surplus autorise sacommercialisation sur des marchés libres. Le passage d'unsystème à un autre peut apparaître d'autant plus acceptableque les grands objectifs de la révolution et de l'édificationdu socialisme semblent globalement atteints au niveaunational, en particulier en matière d'éducation, de santé, deprotection sociale, de planification familiale... Le peuple estéduqué, le pays est réunifié. Reste à rendre la nationprospère.

Au milieu des années 1980, le Viêt-nam peut en effets'enorgueillir des résultats obtenus par la mise en œuvre despolitiques portant sur des domaines considérés commeprioritaires depuis l'indépendance, en particulier l'éducation[MOET, 1990; Hainsworth, 1993] et la santé [Beresford,1988]. Si le gouvernement est conscient que l'effort doit sepoursuivre dans ces domaines, les priorités se déplacent. Àl'issue de dix ans de paix dans un pays réunifié, lapersistance du marasme économique et de la pauvreté, et lesproblèmes liés à l'industrialisation rendent nécessaire unemodification des orientations économiques, un infléchisse­ment du discours et un assouplissement de l'encadrement

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la crise par son coût, d'une part, et par le tarissement del'aide internationale qui s'ensuit, d'autre part. La criseéconomique est d'une gravité sans précédent. La croissances'arrête et une grave pénurie alimentaire s'installe.

La guerre est finie mais des comportements de survie semettent en place au niveau local ou individuel qui ouvrentdes brèches dans l'organisation collective de la productionet de la distribution, en particulier dans l'agriculture [DaoThê Tuan et Bergeret, 1995; Lâm Thanh Liêm, 1985],domaine dans lequel les résultats en matière de croissanceont été particulièrement spectaculaires. Progressivement, onglisse d'un système dans lequel production et distributionsont collectives à un système double dans lequell'appropriation individuelle du surplus autorise sacommercialisation sur des marchés libres. Le passage d'unsystème à un autre peut apparaître d'autant plus acceptableque les grands objectifs de la révolution et de l'édificationdu socialisme semblent globalement atteints au niveaunational, en particulier en matière d'éducation, de santé, deprotection sociale, de planification familiale... Le peuple estéduqué, le pays est réunifié. Reste à rendre la nationprospère.

Au milieu des années 1980, le Viêt-nam peut en effets'enorgueillir des résultats obtenus par la mise en œuvre despolitiques portant sur des domaines considérés commeprioritaires depuis l'indépendance, en particulier l'éducation[MOET, 1990; Hainsworth, 1993] et la santé [Beresford,1988]. Si le gouvernement est conscient que l'effort doit sepoursuivre dans ces domaines, les priorités se déplacent. Àl'issue de dix ans de paix dans un pays réunifié, lapersistance du marasme économique et de la pauvreté, et lesproblèmes liés à l'industrialisation rendent nécessaire unemodification des orientations économiques, un infléchisse­ment du discours et un assouplissement de l'encadrement

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INTRODUCTION 15

social. C'est pour répondre à cette nécessité qu'est lancée lapolitique de Renouveau.

Le VIe Congrès du PCV en 1986 légitime les initiativesqui sont à l'origine de cette évolution, et les globalise pourles transfonner en stratégie de développement. Laplanification impérative devient indicative à l'issue du VIeplan, qui se tennine en 1990. C'est désonnais dans un cadrerenouvelé que s'organise la restructuration du systèmeproductif. Production et commercialisation s'individualisent,ce qui se traduit par une généralisation des rapportsmarchands dans un système où seul un nombre restreint deprix sont administrés, et d'où disparaissent progressivementles subventions. Le secteur privé, qui avait dans un premiertemps été autorisé à participer à l'activité économique, estappelé à jouer un rôle aux côtés du secteur d'État et dusecteur collectif dans le développement national. Cesnouvelles orientations pennettent progressivement au Viêt­nam de sortir de l'isolement international dans lequel il setrouvait depuis la fin des années 1970 et d'ouvrir et dediversifier ses échanges internationaux.

Quinze ans après, on peut tenter de faire un bilan destransfonnations économiques et sociales engendrées par cemouvement lancé en 1986, dans les domaines de l'éduca­tion, de la fonnation, du travail et de l'emploi. Cesdomaines sont étroitement liés et particulièrementrévélateurs des changements à l'œuvre dans l'économie et lasociété. En effet, l'éducation et le travail sont au cœur de lasymbolique socialiste dans ses valeurs comme dans sescertitudes et dans sa reproduction. Ils sont les élémentsfondamentaux du développement des forces productives. Ausein du collectif et de ses idéaux, la voie de la réalisationindividuelle est toute tracée. L'application dans l'étude estrécompensée par le travail. Le travail est à son tour synony­me de réussite sociale et donne accès à un éventail de

INTRODUCTION 15

social. C'est pour répondre à cette nécessité qu'est lancée lapolitique de Renouveau.

Le VIe Congrès du PCV en 1986 légitime les initiativesqui sont à l'origine de cette évolution, et les globalise pourles transfonner en stratégie de développement. Laplanification impérative devient indicative à l'issue du VIeplan, qui se tennine en 1990. C'est désonnais dans un cadrerenouvelé que s'organise la restructuration du systèmeproductif. Production et commercialisation s'individualisent,ce qui se traduit par une généralisation des rapportsmarchands dans un système où seul un nombre restreint deprix sont administrés, et d'où disparaissent progressivementles subventions. Le secteur privé, qui avait dans un premiertemps été autorisé à participer à l'activité économique, estappelé à jouer un rôle aux côtés du secteur d'État et dusecteur collectif dans le développement national. Cesnouvelles orientations pennettent progressivement au Viêt­nam de sortir de l'isolement international dans lequel il setrouvait depuis la fin des années 1970 et d'ouvrir et dediversifier ses échanges internationaux.

Quinze ans après, on peut tenter de faire un bilan destransfonnations économiques et sociales engendrées par cemouvement lancé en 1986, dans les domaines de l'éduca­tion, de la fonnation, du travail et de l'emploi. Cesdomaines sont étroitement liés et particulièrementrévélateurs des changements à l'œuvre dans l'économie et lasociété. En effet, l'éducation et le travail sont au cœur de lasymbolique socialiste dans ses valeurs comme dans sescertitudes et dans sa reproduction. Ils sont les élémentsfondamentaux du développement des forces productives. Ausein du collectif et de ses idéaux, la voie de la réalisationindividuelle est toute tracée. L'application dans l'étude estrécompensée par le travail. Le travail est à son tour synony­me de réussite sociale et donne accès à un éventail de

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16 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

positions et d'avantages. Dans un pays qui continue à seréclamer du socialisme, l'éducation et le travail gardent uneplace centrale, mais le système d'émulation se transfonne.Le doi moi, issu de la crise économique, se veut un projet deconciliation des valeurs du socialisme et des forces dumarché. L'autonomisation des choix individuels imposéepar le marché, et supposée assurer l'efficience économique,ne garantit plus les équilibres sociaux et les valeurscollectives. La notion même de « socialisme de marché»porte en elle cette contradiction. Le rôle de l'État en estmodifié.

Le réajustement du système redistributif, la reconnais­sance du caractère pluri-sectoriel de l'économie et de lasociété, et la nécessité dans laquelle s'est trouvé l'Étatd'élargir le champ de ses ressources budgétaires ont uneforte incidence sur la définition et la conduite de la politiqued' éducation-fonnation. Par ailleurs, en supprimant le pleinemploi, le Renouveau expose l'économie vietnamienne à lahantise du chômage et impose d'innover dans tous lesdomaines qui touchent au travail. La réfonne amène uneredéfinition des politiques sectorielles et un réajustement deleurs objectifs, et pennet l'émergence de nouvellescomposantes de l'économie et de la société dont l'activitédoit s'articuler avec ces politiques, et peut, dans une certainemesure, les infléchir (Chapitre 1).

Alors que le démantèlement du COMECON prive leViêt-nam de ses partenaires économiques et de sesprincipaux appuis, il lui pennet, paradoxalement, de leverles obstacles à la mise en œuvre de la politique deRenouveau. L'entrée dans l'ASEAN, la fin de l'embargo, laréorientation du commerce extérieur et l'intensification deséchanges sur le marché intérieur, en pennettant unecroissance soutenue, entraînent la fin du rationnement et uneélévation du niveau de vie. La nouvelle stratégie de

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positions et d'avantages. Dans un pays qui continue à seréclamer du socialisme, l'éducation et le travail gardent uneplace centrale, mais le système d'émulation se transfonne.Le doi moi, issu de la crise économique, se veut un projet deconciliation des valeurs du socialisme et des forces dumarché. L'autonomisation des choix individuels imposéepar le marché, et supposée assurer l'efficience économique,ne garantit plus les équilibres sociaux et les valeurscollectives. La notion même de « socialisme de marché»porte en elle cette contradiction. Le rôle de l'État en estmodifié.

Le réajustement du système redistributif, la reconnais­sance du caractère pluri-sectoriel de l'économie et de lasociété, et la nécessité dans laquelle s'est trouvé l'Étatd'élargir le champ de ses ressources budgétaires ont uneforte incidence sur la définition et la conduite de la politiqued' éducation-fonnation. Par ailleurs, en supprimant le pleinemploi, le Renouveau expose l'économie vietnamienne à lahantise du chômage et impose d'innover dans tous lesdomaines qui touchent au travail. La réfonne amène uneredéfinition des politiques sectorielles et un réajustement deleurs objectifs, et pennet l'émergence de nouvellescomposantes de l'économie et de la société dont l'activitédoit s'articuler avec ces politiques, et peut, dans une certainemesure, les infléchir (Chapitre 1).

Alors que le démantèlement du COMECON prive leViêt-nam de ses partenaires économiques et de sesprincipaux appuis, il lui pennet, paradoxalement, de leverles obstacles à la mise en œuvre de la politique deRenouveau. L'entrée dans l'ASEAN, la fin de l'embargo, laréorientation du commerce extérieur et l'intensification deséchanges sur le marché intérieur, en pennettant unecroissance soutenue, entraînent la fin du rationnement et uneélévation du niveau de vie. La nouvelle stratégie de

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INTRODUCTION 17

développement fait appel à l'initiative individuelle, quel'État a pris le parti de libérer sans en abandonner lecontrôle, et entraîne de profondes transfonnations dansl'économie et la société (Chapitre 2).

De nouvelles logiques se mettent en place et s'ajustent enpennanence. Elles se manifestent non seulement dans le rap­port à la propriété, mais aussi à l'enrichissement, au travail,à l'éducation, à la santé et à la protection sociale. Lecollectif perd son hégémonie et doit composer avecl'individu et la famille. Se configure ainsi une dialectiquenouvelle. Chacun se sent incité à trouver par lui-même lesréponses à ses besoins propres. Dans le domaine del'éducation comme dans celui du travail, les stratégiesindividuelles et familiales sont marquées par l'incertitude etla recherche de l'efficacité (Chapitre 3). Face aux individuset aux ménages, l'État et les institutions, enserrés dans leschangements qu'ils ont engendrés doivent ajuster leursstratégies tandis que de leur côté, les entreprises, libéréesmais soumises à la concurrence, cherchent à minimiser lerisque inhérent à leur activité (Chapitre 4). Ces stratégiescontribuent à la reconfiguration de l'environnement écono­mique et social. Selon les acteurs et les milieux concernés,ce mouvement produit des effets qui se conjuguent ous'opposent, conduit à des avancées mais aussi à des désé­quilibres, lève de vieilles barrières et génère de nouvellespossibilités, mais aussi de nouvelles contraintes ...

Les avancées dans le domaine de l'éducation depuis ledoi moi sont notables. Elles s'accompagnent toutefois d'unmouvement de différenciation entre le rural et l'urbain et àl'intérieur de ces milieux, entre les plus pauvres et les plusaisés. Ce mouvement constitue une entrave au pleindéveloppement des ressources humaines au plan national.Outre les problèmes que cela pose en matière d'équitésociale, la sous-utilisation du potentiel pourrait empêcher le

INTRODUCTION 17

développement fait appel à l'initiative individuelle, quel'État a pris le parti de libérer sans en abandonner lecontrôle, et entraîne de profondes transfonnations dansl'économie et la société (Chapitre 2).

De nouvelles logiques se mettent en place et s'ajustent enpennanence. Elles se manifestent non seulement dans le rap­port à la propriété, mais aussi à l'enrichissement, au travail,à l'éducation, à la santé et à la protection sociale. Lecollectif perd son hégémonie et doit composer avecl'individu et la famille. Se configure ainsi une dialectiquenouvelle. Chacun se sent incité à trouver par lui-même lesréponses à ses besoins propres. Dans le domaine del'éducation comme dans celui du travail, les stratégiesindividuelles et familiales sont marquées par l'incertitude etla recherche de l'efficacité (Chapitre 3). Face aux individuset aux ménages, l'État et les institutions, enserrés dans leschangements qu'ils ont engendrés doivent ajuster leursstratégies tandis que de leur côté, les entreprises, libéréesmais soumises à la concurrence, cherchent à minimiser lerisque inhérent à leur activité (Chapitre 4). Ces stratégiescontribuent à la reconfiguration de l'environnement écono­mique et social. Selon les acteurs et les milieux concernés,ce mouvement produit des effets qui se conjuguent ous'opposent, conduit à des avancées mais aussi à des désé­quilibres, lève de vieilles barrières et génère de nouvellespossibilités, mais aussi de nouvelles contraintes ...

Les avancées dans le domaine de l'éducation depuis ledoi moi sont notables. Elles s'accompagnent toutefois d'unmouvement de différenciation entre le rural et l'urbain et àl'intérieur de ces milieux, entre les plus pauvres et les plusaisés. Ce mouvement constitue une entrave au pleindéveloppement des ressources humaines au plan national.Outre les problèmes que cela pose en matière d'équitésociale, la sous-utilisation du potentiel pourrait empêcher le

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18 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Viêt-nam de générer des avantages comparatifs propres luipennettant de faire véritablement face à la concurrence, enparticulier régionale, et de prendre le virage de la nouvelleéconomie du savoir (Chapitre 5). En outre, l'abandon de laplanification centrale a rompu l'articulation entre l'éduca­tion et l'emploi, les évolutions propres du systèmed'éducation-fonnation d'une part, et de l'emploi d'autrepart, tendant à accentuer la déconnexion (Chapitre 6).

Parallèlement, le développement du marché du travail,qui découle de la fin du plein emploi, impose de nouvellescontraintes à la politique industrielle, en matière de créationd'emploi et de choix technologiques (Chapitre 7). Cedéveloppement dans le cadre d'une économie dont lecaractère pluri-sectoriel est maintenant reconnu impose uneredéfinition du rôle de chacun de ces secteurs, et enparticulier du secteur d'État, en tant qu'employeurs soumisà des impératifs de compétitivité (Chapitre 8).

La contrepartie de la libération de l'initiative indivi­duelle, c'est la fin du « subventionnisme »1, c'est-à-dire lafin du système redistributif et la reconfiguration des sourcesde financement. Une place de plus en plus grande est faite àla participation des individus au financement de leur accèsaux dimensions basiques du « bien-être », qui contribueprogressivement à amenuiser le domaine de l'État et àébranler les acquis. Non seulement les différents secteurssociaux ont perdu de leur efficacité, alors que la durabilitédes progrès économiques appelait leur modernisation, maison note une hétérogénéité grandissante dans l'accès mêmeaux services publics. (Chapitre 9).

Enfin, le secteur rural, en particulier dans sa composanteagricole, est à la fois le secteur le plus peuplé et celui qui

1 Expression utilisée par les vietnamiens francophones pour traduire« thêi bac cÊp » [période de subvention] terme qualifiant la périodede planification centralisée.

18 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Viêt-nam de générer des avantages comparatifs propres luipennettant de faire véritablement face à la concurrence, enparticulier régionale, et de prendre le virage de la nouvelleéconomie du savoir (Chapitre 5). En outre, l'abandon de laplanification centrale a rompu l'articulation entre l'éduca­tion et l'emploi, les évolutions propres du systèmed'éducation-fonnation d'une part, et de l'emploi d'autrepart, tendant à accentuer la déconnexion (Chapitre 6).

Parallèlement, le développement du marché du travail,qui découle de la fin du plein emploi, impose de nouvellescontraintes à la politique industrielle, en matière de créationd'emploi et de choix technologiques (Chapitre 7). Cedéveloppement dans le cadre d'une économie dont lecaractère pluri-sectoriel est maintenant reconnu impose uneredéfinition du rôle de chacun de ces secteurs, et enparticulier du secteur d'État, en tant qu'employeurs soumisà des impératifs de compétitivité (Chapitre 8).

La contrepartie de la libération de l'initiative indivi­duelle, c'est la fin du « subventionnisme »1, c'est-à-dire lafin du système redistributif et la reconfiguration des sourcesde financement. Une place de plus en plus grande est faite àla participation des individus au financement de leur accèsaux dimensions basiques du « bien-être », qui contribueprogressivement à amenuiser le domaine de l'État et àébranler les acquis. Non seulement les différents secteurssociaux ont perdu de leur efficacité, alors que la durabilitédes progrès économiques appelait leur modernisation, maison note une hétérogénéité grandissante dans l'accès mêmeaux services publics. (Chapitre 9).

Enfin, le secteur rural, en particulier dans sa composanteagricole, est à la fois le secteur le plus peuplé et celui qui

1 Expression utilisée par les vietnamiens francophones pour traduire« thêi bac cÊp » [période de subvention] terme qualifiant la périodede planification centralisée.

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INTRODUCTION 19

assure la plus grande partie du revenu national. Pourtant, ilreste paradoxalement en marge en matière d'éducation, deprotection sociale et de législation du travail. En dépit d'untrès grand dynamisme, il connaît une évolution structurellelente, et un processus de différenciation basé sur lesinégalités face à la prise de risque, qui se traduit en retourpar des capacités contrastées d'innovation (Chapitre 10).

Les mouvements contradictoires qui traversent le Viêt­nam, en particulier depuis le lancement du doi moi, ont étésuscités par un débat antérieur à la réfonne, et qui sepoursuit aujourd'hui. S'il porte toujours sur les moyens àmettre en œuvre pour atteindre l'efficience économique envue d'améliorer le bien-être collectif, il s'est déplacé de lareconnaissance d'une économie pluri-sectorielle vers le rôleque doivent jouer les différents secteurs, en particulierl'État, dans l'économie et la société.

Le séminaire co-organisé en juillet 2000 à Hanoi parl'IRD, le MüLISA, l'IUED et la Banque Mondiale sur lethème «Travail, emploi et Ressources Humaines au Viêt­nam - 15 ans de Renouveau» a pennis de mettre enévidence les différents éléments du débat actuel, appliquésaux domaines particuliers du travail et de l'éducation, telsqu'ils peuvent être fonnulés par des membres de lacommunauté scientifique vietnamienne, par des décideurspolitiques, et par des acteurs de la mise en œuvre despolitiques sur le terrain (Chapitre Il).

Les différents chapitres de cet ouvrage, rédigés par desauteurs d'horizons divers, à la fois par l'origine géographi­que et le rattachement institutionnel, font le bilan desévolutions qu'a connues le Viêt-nam dans les domaines del'éducation et du travail au cours des quinze dernièresannées. Ces dimensions apparaissent indissociables et fon­damentales dans l'évolution contemporaine du Viêt-nam.

INTRODUCTION 19

assure la plus grande partie du revenu national. Pourtant, ilreste paradoxalement en marge en matière d'éducation, deprotection sociale et de législation du travail. En dépit d'untrès grand dynamisme, il connaît une évolution structurellelente, et un processus de différenciation basé sur lesinégalités face à la prise de risque, qui se traduit en retourpar des capacités contrastées d'innovation (Chapitre 10).

Les mouvements contradictoires qui traversent le Viêt­nam, en particulier depuis le lancement du doi moi, ont étésuscités par un débat antérieur à la réfonne, et qui sepoursuit aujourd'hui. S'il porte toujours sur les moyens àmettre en œuvre pour atteindre l'efficience économique envue d'améliorer le bien-être collectif, il s'est déplacé de lareconnaissance d'une économie pluri-sectorielle vers le rôleque doivent jouer les différents secteurs, en particulierl'État, dans l'économie et la société.

Le séminaire co-organisé en juillet 2000 à Hanoi parl'IRD, le MüLISA, l'IUED et la Banque Mondiale sur lethème «Travail, emploi et Ressources Humaines au Viêt­nam - 15 ans de Renouveau» a pennis de mettre enévidence les différents éléments du débat actuel, appliquésaux domaines particuliers du travail et de l'éducation, telsqu'ils peuvent être fonnulés par des membres de lacommunauté scientifique vietnamienne, par des décideurspolitiques, et par des acteurs de la mise en œuvre despolitiques sur le terrain (Chapitre Il).

Les différents chapitres de cet ouvrage, rédigés par desauteurs d'horizons divers, à la fois par l'origine géographi­que et le rattachement institutionnel, font le bilan desévolutions qu'a connues le Viêt-nam dans les domaines del'éducation et du travail au cours des quinze dernièresannées. Ces dimensions apparaissent indissociables et fon­damentales dans l'évolution contemporaine du Viêt-nam.

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20 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

C'est l'ensemble du processus de Renouveau que lesanalyses présentées permettent de saisir.

Bibliographie

BERESfORD M. [1988], Vietnam - Politics, economics andsociety, London and New York, Pinter Publishers, 242 p.

BERESfORD M. [1991], "The impact of economic reforms onthe South", in Forbes D., Hull T. H., Marr D. 1. andBrogan B. (ed.), Doi Moi - Vietnam's policy and perfor­mance, Political and Social Change Monograph n014,Canberra, Australian National University, 263 p.

BOUDAREL G. [1983], "L'idéocratie importée au Vietnamavec le maoïsme", in Boudarel G. et al., La bureaucratieau Vietnam, Vietnam-Asie-Débats-l, Paris, L'Harmat­tan: 31-106

BROCHEUX P., HEMERY D. [1995], Indochine, la colonisa­tion ambiguë (1858-1954), Paris, La Découverte, 427 p.

DANG PHONG, LE VAN CUONG [1997], "La transition éco­nomique vietnamienne: ses origines, son devenir",Colloque CNRS-CNSNT, Hanoi, 23-09-1997 (multigra­phie), 12 p. Publié sous le titre: Dé;lng Phong và Lê VânCuàng [1998] "Chuyên dôi kinh té' èJ Viçt Nam : ngu6ng6c và 1<) trlnh", ThOi Dq,i : 76-87

DAO THÊ TUÂN, BERGERET P. (ed) [1995], New peasants ofthe Red River Delta, Special issue of Vietnamese Studies,n0115-1.

HAINSWORTH G. B. [1993], "Human Resource Developmentin Vietnam" in Than M. and Tan 1. (oos.), Vietnam 'sDilemmas and Options: The Challenge of Economie

20 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

C'est l'ensemble du processus de Renouveau que lesanalyses présentées permettent de saisir.

Bibliographie

BERESfORD M. [1988], Vietnam - Politics, economics andsociety, London and New York, Pinter Publishers, 242 p.

BERESfORD M. [1991], "The impact of economic reforms onthe South", in Forbes D., Hull T. H., Marr D. 1. andBrogan B. (ed.), Doi Moi - Vietnam's policy and perfor­mance, Political and Social Change Monograph n014,Canberra, Australian National University, 263 p.

BOUDAREL G. [1983], "L'idéocratie importée au Vietnamavec le maoïsme", in Boudarel G. et al., La bureaucratieau Vietnam, Vietnam-Asie-Débats-l, Paris, L'Harmat­tan: 31-106

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DAO THÊ TUÂN, BERGERET P. (ed) [1995], New peasants ofthe Red River Delta, Special issue of Vietnamese Studies,n0115-1.

HAINSWORTH G. B. [1993], "Human Resource Developmentin Vietnam" in Than M. and Tan 1. (oos.), Vietnam 'sDilemmas and Options: The Challenge of Economie

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INTRODUCTION 21

Transition in the 1990s, Singapore, Institute of SoutheastAsian Studies, 306 p.

LAM THANH LIEM [1984], "Collectivisation des terres etcrise de l'économie rurale dans le delta du Mékong(1976-1980)", Annales de Géographie, XCIII, n° 519 :547-575.

LAM THANH LIEM [1985], "Nouvelles réformes et crisepersistante de l'économie rurale dans le delta du Mékong(1981-1985)", Annales de Géographie, XCIV, n° 524 :385-410.

LÊ THAC CAN [1993], "Education and human resources inVietnam" in Population and Human resources inVietnam.

LE THANH KHOI [1992], Histoire du Viêt Nam des origines à1858, Paris, Sudestasie, 452 p.

MOET [1990], 45 years of educational development inVietnam, Hanoi, Education Publishing House, 60 p.

NGUYEN TUNG, NGUYEN DUONG BINH [1999], "Organisa­tion politique et sociale", in Nguyên Tung (éd.), MôngPhu, Un village du delta du fleuve Rouge (Viêt-nam),Paris, L'Harmattan: 85-108.

SARDESAI D. R. [1997], Southeast Asia - Past and present,Chiang Mai, Silkworm Books, 4th edition, 422 p.

INTRODUCTION 21

Transition in the 1990s, Singapore, Institute of SoutheastAsian Studies, 306 p.

LAM THANH LIEM [1984], "Collectivisation des terres etcrise de l'économie rurale dans le delta du Mékong(1976-1980)", Annales de Géographie, XCIII, n° 519 :547-575.

LAM THANH LIEM [1985], "Nouvelles réformes et crisepersistante de l'économie rurale dans le delta du Mékong(1981-1985)", Annales de Géographie, XCIV, n° 524 :385-410.

LÊ THAC CAN [1993], "Education and human resources inVietnam" in Population and Human resources inVietnam.

LE THANH KHOI [1992], Histoire du Viêt Nam des origines à1858, Paris, Sudestasie, 452 p.

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NGUYEN TUNG, NGUYEN DUONG BINH [1999], "Organisa­tion politique et sociale", in Nguyên Tung (éd.), MôngPhu, Un village du delta du fleuve Rouge (Viêt-nam),Paris, L'Harmattan: 85-108.

SARDESAI D. R. [1997], Southeast Asia - Past and present,Chiang Mai, Silkworm Books, 4th edition, 422 p.

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Politiques d'éducation et de formation etpolitiques d'emploi

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

La politique du doi moi VIsaIt à sortir de la criseéconomique et à relancer la croissance. Au moment où cettepolitique est lancée, les résultats obtenus par rapport auxgrands objectifs fondateurs du pays, qui imposaientd'intervenir sur tous les fronts, suffisent pour que l'État sesente autorisé à resserrer et à reformuler ses priorités et àcirconscrire son champ d'action. L'État se départit alors deson monopole, permettant à d'autres acteurs d'occuper lesterrains laissés vacants. Les règles du jeu se redéfinissentprogressivement par un processus empirique, l'État assurantdésormais un rôle d'arbitre entre les différentescomposantes de l'économie: le secteur public, le secteurcollectif et le secteur privé. Le caractère pluri-sectoriel del'économie est désormais reconnu.

Cette évolution s'accompagne d'une restructuration desmodalités de financement de l'activité. Les principes

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Politiques d'éducation et de formation etpolitiques d'emploi

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

La politique du doi moi VIsaIt à sortir de la criseéconomique et à relancer la croissance. Au moment où cettepolitique est lancée, les résultats obtenus par rapport auxgrands objectifs fondateurs du pays, qui imposaientd'intervenir sur tous les fronts, suffisent pour que l'État sesente autorisé à resserrer et à reformuler ses priorités et àcirconscrire son champ d'action. L'État se départit alors deson monopole, permettant à d'autres acteurs d'occuper lesterrains laissés vacants. Les règles du jeu se redéfinissentprogressivement par un processus empirique, l'État assurantdésormais un rôle d'arbitre entre les différentescomposantes de l'économie: le secteur public, le secteurcollectif et le secteur privé. Le caractère pluri-sectoriel del'économie est désormais reconnu.

Cette évolution s'accompagne d'une restructuration desmodalités de financement de l'activité. Les principes

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24 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

redistributifs perdent du terrain au profit d'une rechercheconstante de l'efficacité économique et budgétaire, selonlaquelle toute dépense est financée par des ressourcesgénérées par ceux qui l'effectuent, qu'il s'agisse de secteurs,d'institutions, ou d'individus. C'est la fin dusubventionnisme. En procédant ainsi, l'État a levé desbarrières, mais aussi des protections. Chacun est incité àtrouver des solutions à ses propres problèmes, et a donc lapossibilité de mobiliser son potentiel à des finsindividuelles. Mais en contrepartie, chacun se trouve exposéaux risques que comporte cette nouvelle liberté. Au cours dela période précédente, l'égalitarisme régnant voilait certesde réelles inégalités, mais ces inégalités étaient contenuesdans le cadre d'un système redistributif, d'un éventail étroitdes salaires, du rationnement, et d'une hiérarchie nonhéréditaire. Cette hiérarchie était ouverte aux nouveauxvenus en fonction de leurs mérites vis-à-vis des troiscomposantes de la société: le parti, l'armée, le peuple. Ledo; moi remet en cause l'encadrement du jeu social, etchange les règles du jeu économique. Ces changementstraversent les politiques d'éducation-formation et lespolitiques d'emploi.

Politiques d'éducation et de formation

Les changements opérés par le doi moi ont eu une forteincidence dans le domaine de l'éducation et de la formation.L'importance de ces changements, qu'ils touchent au rôle del'éducation dans l'économie et la société, à la formulation etau mode de conduite de la politique éducative, ou àl'ouverture faite à l'expression d'une demande diversifiée,peut se mesurer en référence à ce qui caractérisait ce champdans les années qui ont précédé. On doit examiner aussi

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redistributifs perdent du terrain au profit d'une rechercheconstante de l'efficacité économique et budgétaire, selonlaquelle toute dépense est financée par des ressourcesgénérées par ceux qui l'effectuent, qu'il s'agisse de secteurs,d'institutions, ou d'individus. C'est la fin dusubventionnisme. En procédant ainsi, l'État a levé desbarrières, mais aussi des protections. Chacun est incité àtrouver des solutions à ses propres problèmes, et a donc lapossibilité de mobiliser son potentiel à des finsindividuelles. Mais en contrepartie, chacun se trouve exposéaux risques que comporte cette nouvelle liberté. Au cours dela période précédente, l'égalitarisme régnant voilait certesde réelles inégalités, mais ces inégalités étaient contenuesdans le cadre d'un système redistributif, d'un éventail étroitdes salaires, du rationnement, et d'une hiérarchie nonhéréditaire. Cette hiérarchie était ouverte aux nouveauxvenus en fonction de leurs mérites vis-à-vis des troiscomposantes de la société: le parti, l'armée, le peuple. Ledo; moi remet en cause l'encadrement du jeu social, etchange les règles du jeu économique. Ces changementstraversent les politiques d'éducation-formation et lespolitiques d'emploi.

Politiques d'éducation et de formation

Les changements opérés par le doi moi ont eu une forteincidence dans le domaine de l'éducation et de la formation.L'importance de ces changements, qu'ils touchent au rôle del'éducation dans l'économie et la société, à la formulation etau mode de conduite de la politique éducative, ou àl'ouverture faite à l'expression d'une demande diversifiée,peut se mesurer en référence à ce qui caractérisait ce champdans les années qui ont précédé. On doit examiner aussi

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 25

l'évolution propre du système en regard des acqUIsantérieurs et des objectifs qui lui étaient assignés.

La dernière réforme éducative précédant le lancement dudoi moi est celle de 1981. Troisième dans la série inauguréeen 1950, en pleine période de résistance anti-coloniale, ellea été conçue dans le double contexte de la réunificationrécente du pays et du mode encore en vigueur de laplanification centralisée. Marquée par le même volontarismehistorique, cette réforme était encore plus ambitieuse que lesdeux premières. Il s'agissait non seulement d'unifier lesdeux systèmes éducatifs qui ont existé au Nord et au Sudentre 1954 et 1975, mais encore d'œuvrer à la généralisationprogressive de la scolarisation de l'ensemble de lapopulation, enfants comme adultes. Pour les premiers étaitprogrammée la mise en place d'un continuum éducatif del'âge de 6 mois à 17 ans. Pour les seconds devait êtreorganisée l'éducation complémentaire et continue desouvriers, paysans et travailleurs de l'ensemble du pays, ycompris les ressortissants des minorités ethniques.S'adossant aux succès militaires et renouant avec lespriorités fondatrices, cette réforme était révélatrice d'unepériode qui était vécue à la fois comme apothéose et commerenaissance. Deux types de difficultés devaient cependantêtre levés. Il fallait tout d'abord réussir techniquement lerecalage d'un système scolaire à 10 ans (celui du Nord) surun système à 12 ans (celui du Sud et aussi de l'époquecoloniale). On a mal évalué jusqu'à présent l'effort enconstructions scolaires et en moyens pédagogiques que celareprésentait d'allonger d'une année pour le primaire et d'uneannée aussi pour le premier niveau du secondaire de base lascolarité de millions d'élèves dans le Nord déjà trèsscolarisé. La seconde difficulté, de nature sociologique etaussi politique, consistait à faire monter le Sud, où l'écolen'était vraiment instituée que dans les agglomérations

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l'évolution propre du système en regard des acqUIsantérieurs et des objectifs qui lui étaient assignés.

La dernière réforme éducative précédant le lancement dudoi moi est celle de 1981. Troisième dans la série inauguréeen 1950, en pleine période de résistance anti-coloniale, ellea été conçue dans le double contexte de la réunificationrécente du pays et du mode encore en vigueur de laplanification centralisée. Marquée par le même volontarismehistorique, cette réforme était encore plus ambitieuse que lesdeux premières. Il s'agissait non seulement d'unifier lesdeux systèmes éducatifs qui ont existé au Nord et au Sudentre 1954 et 1975, mais encore d'œuvrer à la généralisationprogressive de la scolarisation de l'ensemble de lapopulation, enfants comme adultes. Pour les premiers étaitprogrammée la mise en place d'un continuum éducatif del'âge de 6 mois à 17 ans. Pour les seconds devait êtreorganisée l'éducation complémentaire et continue desouvriers, paysans et travailleurs de l'ensemble du pays, ycompris les ressortissants des minorités ethniques.S'adossant aux succès militaires et renouant avec lespriorités fondatrices, cette réforme était révélatrice d'unepériode qui était vécue à la fois comme apothéose et commerenaissance. Deux types de difficultés devaient cependantêtre levés. Il fallait tout d'abord réussir techniquement lerecalage d'un système scolaire à 10 ans (celui du Nord) surun système à 12 ans (celui du Sud et aussi de l'époquecoloniale). On a mal évalué jusqu'à présent l'effort enconstructions scolaires et en moyens pédagogiques que celareprésentait d'allonger d'une année pour le primaire et d'uneannée aussi pour le premier niveau du secondaire de base lascolarité de millions d'élèves dans le Nord déjà trèsscolarisé. La seconde difficulté, de nature sociologique etaussi politique, consistait à faire monter le Sud, où l'écolen'était vraiment instituée que dans les agglomérations

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26 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

urbaines, au niveau de la scolarisation et de l'alphabétisationdu Nord. Là aussi l'effort - entrepris dès 1975 - a étéconsidérable, mais, dans un cas comme dans l'autre, pourconstruire (OU reconstruire) les classes, les remplir et lesfaire fonctionner il a fallu économiser sur tous les registresau point que la qualité de l'offre scolaire, à tous les niveaux,s'est progressivement dépréciée au cours de la décennie1980. Dans la pénurie ambiante les signes annonciateursd'une crise scolaire, c'est-à-dire une augmentation desabandons en cours de scolarité, une baisse manifeste dustatut social et économique des enseignants et des difficultésde recrutement des nouvelles cohortes d'élèves, apparaissentavant le lancement du doi moi.

Les principales orientations qui constituent le doi moi ontété définies entre 1986 et 1989. Les changements opérésauront des répercussions fondamentales - quoique progressi­ves et différées - sur la politique éducative et sur le statutmême de l'école dans la société vietnamienne. Ils relèventde trois ordres. Le premier concerne les changementsstructurels. En promouvant l'avènement d'une économiepluri-sectorielle, c'est-à-dire en « légalisant» l'existenced'un secteur privé aux côtés du secteur d'État et du secteurcollectif, les pouvoirs publics ouvrent la voie à destransformations qui concerneront non seulement lesentreprises et les activités de production et d'échange, maisaussi les domaines de la santé et de l'éducation. Parallèle­ment, en mettant fin au « subventionnisme » et en appelant àla diversification des sources de financement dans tous lesdomaines de l'activité, les pouvoirs publics préparent lepassage d'une planification centralisée à une planificationqui ne serait plus qu'indicative. De ce fait ils sonnent le glasde la liaison automatique formation-emploi et ils mettent finau monopole de l'offre publique en matière de santé etd'éducation. L'accès à ces dernières n'est plus gratuit, d'une

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urbaines, au niveau de la scolarisation et de l'alphabétisationdu Nord. Là aussi l'effort - entrepris dès 1975 - a étéconsidérable, mais, dans un cas comme dans l'autre, pourconstruire (OU reconstruire) les classes, les remplir et lesfaire fonctionner il a fallu économiser sur tous les registresau point que la qualité de l'offre scolaire, à tous les niveaux,s'est progressivement dépréciée au cours de la décennie1980. Dans la pénurie ambiante les signes annonciateursd'une crise scolaire, c'est-à-dire une augmentation desabandons en cours de scolarité, une baisse manifeste dustatut social et économique des enseignants et des difficultésde recrutement des nouvelles cohortes d'élèves, apparaissentavant le lancement du doi moi.

Les principales orientations qui constituent le doi moi ontété définies entre 1986 et 1989. Les changements opérésauront des répercussions fondamentales - quoique progressi­ves et différées - sur la politique éducative et sur le statutmême de l'école dans la société vietnamienne. Ils relèventde trois ordres. Le premier concerne les changementsstructurels. En promouvant l'avènement d'une économiepluri-sectorielle, c'est-à-dire en « légalisant» l'existenced'un secteur privé aux côtés du secteur d'État et du secteurcollectif, les pouvoirs publics ouvrent la voie à destransformations qui concerneront non seulement lesentreprises et les activités de production et d'échange, maisaussi les domaines de la santé et de l'éducation. Parallèle­ment, en mettant fin au « subventionnisme » et en appelant àla diversification des sources de financement dans tous lesdomaines de l'activité, les pouvoirs publics préparent lepassage d'une planification centralisée à une planificationqui ne serait plus qu'indicative. De ce fait ils sonnent le glasde la liaison automatique formation-emploi et ils mettent finau monopole de l'offre publique en matière de santé etd'éducation. L'accès à ces dernières n'est plus gratuit, d'une

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part, et d'autre part elles peuvent relever des servIcesmarchands.

Le deuxième ordre concerne les changements dans lediscours officiel. Alors que les attendus de la réformeéducative de 1981 appelaient encore à envisager l'éducationcomme « une partie importante de la révolution idéologiqueet culturelle, un facteur important de renforcement dudéveloppement de l'économie, de la culture, de la science etde la technologie» [Pham Minh Hac, 1998 : p.18], le VIeCongrès du PCV (1986), puis le VIle (1991) marquent unepériode d'ajustement de la réforme de 1981 et resituent laplace de l'éducation dans l'économie et la société. N'envisa­ger l'éducation que comme une partie de la révolutionidéologique et culturelle est considéré comme une visiondépassée. De plus, l'investissement dans l'éducation ne doitpas être perçu comme une sorte de financement de bien-être,mais comme un investissement pour le développement,partie intégrante de la stratégie socio-économique, au mêmetitre par exemple que l'investissement dans les télécommu­nications.

Le troisième ordre concerne les changements dans lemode de conduite de la politique éducative. Le volontarismecède la place au pragmatisme. À partir de 1991, l'Étatcontinue à assurer la conduite générale du système éducatif,la fourniture du cadre pédagogique et la définition desprogrammes, mais les plans éducatifs ne fixent plus que desobjectifs généraux dont la réalisation est largement déléguéeaux provinces, districts et communes. Ces objectifs géné­raux eux-mêmes, en particulier en matière d'alphabétisationdes adultes, sont révisés pour entrer dans un cadre plusréaliste. Par ailleurs toutes les composantes de la société,organisations, associations de masse, familles, individussont appelés à prendre des initiatives et à apporter leurconcours au développement de l'éducation. Cette dernière

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part, et d'autre part elles peuvent relever des servIcesmarchands.

Le deuxième ordre concerne les changements dans lediscours officiel. Alors que les attendus de la réformeéducative de 1981 appelaient encore à envisager l'éducationcomme « une partie importante de la révolution idéologiqueet culturelle, un facteur important de renforcement dudéveloppement de l'économie, de la culture, de la science etde la technologie» [Pham Minh Hac, 1998 : p.18], le VIeCongrès du PCV (1986), puis le VIle (1991) marquent unepériode d'ajustement de la réforme de 1981 et resituent laplace de l'éducation dans l'économie et la société. N'envisa­ger l'éducation que comme une partie de la révolutionidéologique et culturelle est considéré comme une visiondépassée. De plus, l'investissement dans l'éducation ne doitpas être perçu comme une sorte de financement de bien-être,mais comme un investissement pour le développement,partie intégrante de la stratégie socio-économique, au mêmetitre par exemple que l'investissement dans les télécommu­nications.

Le troisième ordre concerne les changements dans lemode de conduite de la politique éducative. Le volontarismecède la place au pragmatisme. À partir de 1991, l'Étatcontinue à assurer la conduite générale du système éducatif,la fourniture du cadre pédagogique et la définition desprogrammes, mais les plans éducatifs ne fixent plus que desobjectifs généraux dont la réalisation est largement déléguéeaux provinces, districts et communes. Ces objectifs géné­raux eux-mêmes, en particulier en matière d'alphabétisationdes adultes, sont révisés pour entrer dans un cadre plusréaliste. Par ailleurs toutes les composantes de la société,organisations, associations de masse, familles, individussont appelés à prendre des initiatives et à apporter leurconcours au développement de l'éducation. Cette dernière

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28 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

orientation, issue de la Conférence sur l'Éducation de VungTau en 1987 [Pham Minh Hac, 1998 : 31], prend le nom de«Politique de socialisation de l'éducation».

Dans un contexte où la dynamique scolaire avait déjàcommencé à s'essouffler du fait de l'appauvrissement de sesmoyens matériels et humains, l'annonce de ces mesures en1986 et leur accélération en 1989 va créer un choc. La criseéducative en gestation va exploser et le système scolaire vasubir un ébranlement sévère. Pour la première fois depuisl'indépendance naît dans tout le pays et à tous les niveauxde l'édifice éducatif un courant de déscolarisation. De 1954à 1975, dans le Nord, l'école s'était spectaculairementdéveloppée et épanouie. Dans l'ensemble du pays, après1975, elle avait repris son élan et, au début des années 1980,résistait encore à la crise, malgré son affaiblissement. Celatenait à son articulation étroite avec la structure de la nationvietnamienne et à sa cohérence avec les orientations socia­listes et donc redistributives et égalitaires de l'État, lesmodalités d'encadrement et de protection sociale en vigueuret sa place dans les mécanismes de la planificationcentralisée. L'année 1989 sera le tournant. La décollectivi­sation entraîne, en particulier en milieu rural, la disparitiond'une grande partie des coopératives et donc de toutes lesfonctions - non immédiatement compensées - sociales etéducatives qu'elles assuraient, dont l'enseignement pré­scolaire. La fin des subventions d'État aux entreprises dusecteur public amène non seulement le licenciement decentaines de milliers de salariés en surnombre mais aussi,comme pour les coopératives, la disparition de leursactivités « non productives », celles qui étaient exercées auprofit des familles des employés: logement, santé,éducation. De plus, à l'accès désormais payant aux serviceséducatifs et sanitaires s'ajoute la déconnexion des planséducatifs et des plans économiques. Enfin, si chaque

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orientation, issue de la Conférence sur l'Éducation de VungTau en 1987 [Pham Minh Hac, 1998 : 31], prend le nom de«Politique de socialisation de l'éducation».

Dans un contexte où la dynamique scolaire avait déjàcommencé à s'essouffler du fait de l'appauvrissement de sesmoyens matériels et humains, l'annonce de ces mesures en1986 et leur accélération en 1989 va créer un choc. La criseéducative en gestation va exploser et le système scolaire vasubir un ébranlement sévère. Pour la première fois depuisl'indépendance naît dans tout le pays et à tous les niveauxde l'édifice éducatif un courant de déscolarisation. De 1954à 1975, dans le Nord, l'école s'était spectaculairementdéveloppée et épanouie. Dans l'ensemble du pays, après1975, elle avait repris son élan et, au début des années 1980,résistait encore à la crise, malgré son affaiblissement. Celatenait à son articulation étroite avec la structure de la nationvietnamienne et à sa cohérence avec les orientations socia­listes et donc redistributives et égalitaires de l'État, lesmodalités d'encadrement et de protection sociale en vigueuret sa place dans les mécanismes de la planificationcentralisée. L'année 1989 sera le tournant. La décollectivi­sation entraîne, en particulier en milieu rural, la disparitiond'une grande partie des coopératives et donc de toutes lesfonctions - non immédiatement compensées - sociales etéducatives qu'elles assuraient, dont l'enseignement pré­scolaire. La fin des subventions d'État aux entreprises dusecteur public amène non seulement le licenciement decentaines de milliers de salariés en surnombre mais aussi,comme pour les coopératives, la disparition de leursactivités « non productives », celles qui étaient exercées auprofit des familles des employés: logement, santé,éducation. De plus, à l'accès désormais payant aux serviceséducatifs et sanitaires s'ajoute la déconnexion des planséducatifs et des plans économiques. Enfin, si chaque

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 29

individu est appelé à prendre des initiatives et est autorisé àtirer personnellement le fruit de ses efforts, il doit aussitrouver lui-même la solution à ses propres problèmes.

Ces nouvelles orientations, aussi bien dans le domaineidéologique que dans les modes d'intervention de l'État,perturbent les repères sociaux. Elles entraînent en effet unedésorientation dans les rapports auparavant très structurésqui reliaient l'individu à l'État, à la société, au travail et àl'éducation. Les médiations économiques, sociales et éduca­tives du pouvoir central qui fonctionnaient jusque-là ne sontplus opérantes. L'école perd ses articulations et sacohérence et cette perte de sens, aggravée par l' encou­ragement à trouver des solutions individuelles alors queprévalaient les idéaux collectifs, a brutalement affecté lademande scolaire dans un contexte où l'offre était déjàfragilisée. Cette crise de l'enseignement, véritable reflet dela crise de société que traverse le pays, se traduit par uneforte vague d'abandons scolaires précoces et de refusd'inscription. La courbe des taux de scolarisation actuels etpassés de la population par tranches d'âge du recensementde 1999 en porte la marque (tableau 1).

Tableau 1Taux de scolarisation actuels et passés par groupes d'âge

Âges 50 et + 40-49 30-39 20-29 15-19 10-14 5-9

Taux 77,5 94,5 95,5 94,6 95,6 96,6 76,2

Source: GSO, Recensement de 1999

La tranche des 20-29 ans, donc celle de ceux qui avaiententre 10 et 19 ans en 1989, est la plus touchée. Elle régressed'un point par rapport à la tranche précédente (30-39 ans), etla suivante (15-19 ans) ne fait que regagner ce point.Cependant cette reprise de la scolarisation est confirmée parla tranche des 10-14 ans, la plus scolarisée de toutes. Une

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individu est appelé à prendre des initiatives et est autorisé àtirer personnellement le fruit de ses efforts, il doit aussitrouver lui-même la solution à ses propres problèmes.

Ces nouvelles orientations, aussi bien dans le domaineidéologique que dans les modes d'intervention de l'État,perturbent les repères sociaux. Elles entraînent en effet unedésorientation dans les rapports auparavant très structurésqui reliaient l'individu à l'État, à la société, au travail et àl'éducation. Les médiations économiques, sociales et éduca­tives du pouvoir central qui fonctionnaient jusque-là ne sontplus opérantes. L'école perd ses articulations et sacohérence et cette perte de sens, aggravée par l' encou­ragement à trouver des solutions individuelles alors queprévalaient les idéaux collectifs, a brutalement affecté lademande scolaire dans un contexte où l'offre était déjàfragilisée. Cette crise de l'enseignement, véritable reflet dela crise de société que traverse le pays, se traduit par uneforte vague d'abandons scolaires précoces et de refusd'inscription. La courbe des taux de scolarisation actuels etpassés de la population par tranches d'âge du recensementde 1999 en porte la marque (tableau 1).

Tableau 1Taux de scolarisation actuels et passés par groupes d'âge

Âges 50 et + 40-49 30-39 20-29 15-19 10-14 5-9

Taux 77,5 94,5 95,5 94,6 95,6 96,6 76,2

Source: GSO, Recensement de 1999

La tranche des 20-29 ans, donc celle de ceux qui avaiententre 10 et 19 ans en 1989, est la plus touchée. Elle régressed'un point par rapport à la tranche précédente (30-39 ans), etla suivante (15-19 ans) ne fait que regagner ce point.Cependant cette reprise de la scolarisation est confirmée parla tranche des 10-14 ans, la plus scolarisée de toutes. Une

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30 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

analyse plus précise pennet de noter que les différentsniveaux scolaires n'ont pas été atteints de la même manièrepar la crise et n'ont pas évolué de même par la suite.

Graphique 1Évolution des effectifs par niveaux d'enseignement

(Base 100 en 1984)

~Université

.. --6-Secondairesupérieur

~ Secondaire debase

~Primaire

150140130120

110 1c:~.~~~~1100.9080706050 +--+---+-+--.......-+-1---+-.......--1....-..........

84-85 B5-86 86-87 B7-8B BB-89 89-90 9G-91 91-92 92-93 93·P4 94-95 95-96

Sources: MOET et World Bank, 1996

Le graphique 1, qui prend comme point de départ l'annéescolaire 1984-1985 (base 100) montre comment les quatreniveaux d'enseignement ont évolué avant, pendant et aprèsle tournant du doi moi. Le socle du système, l'enseignementprimaire, voit sa progression stagner en 1988-1989 etenregistre même une légère régression en 1989-1990. Ilreprend ensuite une progression régulière pour atteindre125 % en 1995-1996. Le niveau du secondaire de basecommence à stagner dès 1986-1987 et chute ensuitefortement jusqu'en 1991-1992 (85 %), mais la repriseensuite est remarquable (140 % en 1995-1996). Lesecondaire supérieur chemine quant à lui de manière parfai­tement sinusoïdale. Il progresse fortement de 1984-1985 à1987-1988 (107 %), régresse de la même manière jusqu'en1991-1992 (66 %), l'amenuisement cumulé des cohortes desdeux niveaux inférieurs se répercutant également sur lui, etrepart de plus belle (129 % en 1995-1996). Quant àl'enseignement supérieur, sa courbe montre une évolution

30 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

analyse plus précise pennet de noter que les différentsniveaux scolaires n'ont pas été atteints de la même manièrepar la crise et n'ont pas évolué de même par la suite.

Graphique 1Évolution des effectifs par niveaux d'enseignement

(Base 100 en 1984)

~Université

.. --6-Secondairesupérieur

~ Secondaire debase

~Primaire

150140130120

110 1c:~.~~~~1100.9080706050 +--+---+-+--.......-+-1---+-.......--1....-..........

84-85 B5-86 86-87 B7-8B BB-89 89-90 9G-91 91-92 92-93 93·P4 94-95 95-96

Sources: MOET et World Bank, 1996

Le graphique 1, qui prend comme point de départ l'annéescolaire 1984-1985 (base 100) montre comment les quatreniveaux d'enseignement ont évolué avant, pendant et aprèsle tournant du doi moi. Le socle du système, l'enseignementprimaire, voit sa progression stagner en 1988-1989 etenregistre même une légère régression en 1989-1990. Ilreprend ensuite une progression régulière pour atteindre125 % en 1995-1996. Le niveau du secondaire de basecommence à stagner dès 1986-1987 et chute ensuitefortement jusqu'en 1991-1992 (85 %), mais la repriseensuite est remarquable (140 % en 1995-1996). Lesecondaire supérieur chemine quant à lui de manière parfai­tement sinusoïdale. Il progresse fortement de 1984-1985 à1987-1988 (107 %), régresse de la même manière jusqu'en1991-1992 (66 %), l'amenuisement cumulé des cohortes desdeux niveaux inférieurs se répercutant également sur lui, etrepart de plus belle (129 % en 1995-1996). Quant àl'enseignement supérieur, sa courbe montre une évolution

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-0- Technique

-<>- Université

POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 31

paradoxale. Il régresse en 1985-1986 (98 %), au moment oùtous les autres niveaux progressent, il ne fait que stagnerlégèrement en 1988-1989 et amorce à partir de 1989-1990une progression extraordinaire (334 % en 1995-1996).

Graphique 2Évolution des effectifs de l'enseignement professionnel

(Base 100 en 1984)

350 ,..-----------------:1.300

250

200

150

100 ~~rr:_~'9_ift===:a:::O_~J ...50

0+-_.....- ......._ .........-......._._.........-......._._---484-85 85·86 86-87 87-88 88·89 89-90 ~91 91·92 92·93 93·94 94-95 95-96

Sources: MOET et World Bank. 1996

Par ailleurs, le niveau du pré-scolaire et la formationprofessionnelle scolaire manifestent une sensibilité diffé­rente aux changements et à la crise. L'enseignement pré­scolaire subit de plein fouet le démantèlement des coopéra­tives. Les crèches n'ont plus en 95-96 que 38 % de leurseffectifs initiaux, et les jardins d'enfants, en décrueconstante entre 1989 et 1992, ne regagnent que difficilementleur niveau de 1988. Pour ce qui est de l'enseignementprofessionnel, il est intéressant de mettre en regard (gra­phique 2) l'évolution des cycles de l'enseignement secon­daire professionnel (formation d'ouvriers qualifiés) ettechnique (techniciens de niveau intermédiaire) et celle del'enseignement supérieur (techniciens supérieurs, ingé­nieurs, cadres). La sensibilité de ces différents cycles deformation à la crise et aux transformations économiques qui

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paradoxale. Il régresse en 1985-1986 (98 %), au moment oùtous les autres niveaux progressent, il ne fait que stagnerlégèrement en 1988-1989 et amorce à partir de 1989-1990une progression extraordinaire (334 % en 1995-1996).

Graphique 2Évolution des effectifs de l'enseignement professionnel

(Base 100 en 1984)

350 ,..-----------------:1.300

250

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100 ~~rr:_~'9_ift===:a:::O_~J ...50

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Sources: MOET et World Bank. 1996

Par ailleurs, le niveau du pré-scolaire et la formationprofessionnelle scolaire manifestent une sensibilité diffé­rente aux changements et à la crise. L'enseignement pré­scolaire subit de plein fouet le démantèlement des coopéra­tives. Les crèches n'ont plus en 95-96 que 38 % de leurseffectifs initiaux, et les jardins d'enfants, en décrueconstante entre 1989 et 1992, ne regagnent que difficilementleur niveau de 1988. Pour ce qui est de l'enseignementprofessionnel, il est intéressant de mettre en regard (gra­phique 2) l'évolution des cycles de l'enseignement secon­daire professionnel (formation d'ouvriers qualifiés) ettechnique (techniciens de niveau intermédiaire) et celle del'enseignement supérieur (techniciens supérieurs, ingé­nieurs, cadres). La sensibilité de ces différents cycles deformation à la crise et aux transformations économiques qui

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32 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

ont suivi est manifestement fonction de leur longueur etdonc des niveaux de qualification dispensés. Ainsil'enseignement professionnel est ébranlé dès 85-86 etcontinue à se dégrader de manière quasiment régulière par lasuite. L'enseignement technique résiste mieux mais sonévolution ne fait que tout juste reconquérir les positionsperdues. L'enseignement supérieur, lui, on l'a déjà souligné,s'envole.

Ces évolutions différentes, voire divergentes, descomposantes du système scolaire manifestent des tendancesqui dessinent une configuration éducative nouvelle. Latendance la plus importante est la reprise de la dynamiquescolaire avec un enseignement primaire réconforté et aussiet surtout un allongement des scolarités post-primaires etmême post-secondaires. La politique scolaire issue du doimoi, une fois passée la phase de déstabilisation, amanifestement réussi à réconcilier l'offre et la demandedans le contexte général du rétablissement économique dupays. Tirant les leçons d'un bilan très critique de l'état dusystème éducatif [MOET, UNDP, UNESCO, 1992], lespouvoirs publics ont mis en œuvre à partir de 1992 troispriorités: renforcer la liaison éducation, fonnation etdéveloppement socio-économique; élargir la base desressources de l'éducation et de la fonnation; améliorer etétendre l'enseignement de base. L'amélioration générale del'économie donne de l'élan à la diversification et àl'élargissement des ressources financières de l'école. Lesbudgets éducatifs en augmentation pennettent d'améliorer laqualité du service éducatif et donc de réduire les abandons etles redoublements dans le primaire et le secondaire. Lapolitique de socialisation de l'éducation, qui visait à trouverdes relais aux coopératives disparues et aux entreprisespubliques «désubventionnées» dans l'appui à l'éducation,réussit à mobiliser les provinces, les districts, les communes,

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ont suivi est manifestement fonction de leur longueur etdonc des niveaux de qualification dispensés. Ainsil'enseignement professionnel est ébranlé dès 85-86 etcontinue à se dégrader de manière quasiment régulière par lasuite. L'enseignement technique résiste mieux mais sonévolution ne fait que tout juste reconquérir les positionsperdues. L'enseignement supérieur, lui, on l'a déjà souligné,s'envole.

Ces évolutions différentes, voire divergentes, descomposantes du système scolaire manifestent des tendancesqui dessinent une configuration éducative nouvelle. Latendance la plus importante est la reprise de la dynamiquescolaire avec un enseignement primaire réconforté et aussiet surtout un allongement des scolarités post-primaires etmême post-secondaires. La politique scolaire issue du doimoi, une fois passée la phase de déstabilisation, amanifestement réussi à réconcilier l'offre et la demandedans le contexte général du rétablissement économique dupays. Tirant les leçons d'un bilan très critique de l'état dusystème éducatif [MOET, UNDP, UNESCO, 1992], lespouvoirs publics ont mis en œuvre à partir de 1992 troispriorités: renforcer la liaison éducation, fonnation etdéveloppement socio-économique; élargir la base desressources de l'éducation et de la fonnation; améliorer etétendre l'enseignement de base. L'amélioration générale del'économie donne de l'élan à la diversification et àl'élargissement des ressources financières de l'école. Lesbudgets éducatifs en augmentation pennettent d'améliorer laqualité du service éducatif et donc de réduire les abandons etles redoublements dans le primaire et le secondaire. Lapolitique de socialisation de l'éducation, qui visait à trouverdes relais aux coopératives disparues et aux entreprisespubliques «désubventionnées» dans l'appui à l'éducation,réussit à mobiliser les provinces, les districts, les communes,

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 33

les associations de masse et le «Peuple ». De plus lademande «payante» peut s'exprimer, au point de pouvoirgénérer son offre propre à travers les créations de plus enplus nombreuses d'écoles privées. Enfin les incertitudesnées des licenciements massifs et de la fin de la liaisonautomatique formation - emploi, et alors que chacun doittrouver ses solutions, se transforment pour beaucoup(individus et familles) en paris sur l'avenir à travers uninvestissement scolaire massif. Cet investissement s'orientevers les trajectoires scolaires les plus susceptibles d'apporterle meilleur diplôme pour le meilleur emploi, c'est-à-dire lestrajectoires les plus élevées.

La formation secondaire professionnelle, quant à elle,n'épouse pas la tendance de l'enseignement général. Chacunde ses niveaux (professionnel et technique) étant dans lamajorité des cas une fin de parcours, elle n'est plus qu'unrecours par défaut pour les protagonistes de l'ascensionscolaire. Les pouvoirs publics éprouvent de grandesdifficultés à la moderniser et la réformer, et donc à la rendreefficace et attractive dans le nouveau contexte économique.Elle est en effet marquée dans ses contenus par lesanciennes priorités économiques, dans ses structures par sesanciennes articulations avec la planification centralisée etdans ses moyens par son faible niveau technologique. Peuadaptable dans son cadre scolaire, elle est aussiconcurrencée par une offre publique et privée plus réactiveet plus proche des besoins [Henaff, Martin, 1999]. Lapolitique de formation est donc questionnée face auxrésultats enregistrés par le recensement de 1999 en ce quiconcerne le niveau de qualification professionnelle certifiéede la population de 13 ans et plus (tableau 2).

Les inflexions apportées aux politiques d'éducation et deformation dans le cadre de le Renouveau ont ainsi contribué,après une phase de perturbation, au rétablissement des

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les associations de masse et le «Peuple ». De plus lademande «payante» peut s'exprimer, au point de pouvoirgénérer son offre propre à travers les créations de plus enplus nombreuses d'écoles privées. Enfin les incertitudesnées des licenciements massifs et de la fin de la liaisonautomatique formation - emploi, et alors que chacun doittrouver ses solutions, se transforment pour beaucoup(individus et familles) en paris sur l'avenir à travers uninvestissement scolaire massif. Cet investissement s'orientevers les trajectoires scolaires les plus susceptibles d'apporterle meilleur diplôme pour le meilleur emploi, c'est-à-dire lestrajectoires les plus élevées.

La formation secondaire professionnelle, quant à elle,n'épouse pas la tendance de l'enseignement général. Chacunde ses niveaux (professionnel et technique) étant dans lamajorité des cas une fin de parcours, elle n'est plus qu'unrecours par défaut pour les protagonistes de l'ascensionscolaire. Les pouvoirs publics éprouvent de grandesdifficultés à la moderniser et la réformer, et donc à la rendreefficace et attractive dans le nouveau contexte économique.Elle est en effet marquée dans ses contenus par lesanciennes priorités économiques, dans ses structures par sesanciennes articulations avec la planification centralisée etdans ses moyens par son faible niveau technologique. Peuadaptable dans son cadre scolaire, elle est aussiconcurrencée par une offre publique et privée plus réactiveet plus proche des besoins [Henaff, Martin, 1999]. Lapolitique de formation est donc questionnée face auxrésultats enregistrés par le recensement de 1999 en ce quiconcerne le niveau de qualification professionnelle certifiéede la population de 13 ans et plus (tableau 2).

Les inflexions apportées aux politiques d'éducation et deformation dans le cadre de le Renouveau ont ainsi contribué,après une phase de perturbation, au rétablissement des

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34 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

assises du système scolaire. Son évolution tend toutefois àmodifier son profil, à travers une ouverture plus grande desniveaux supérieurs de l'enseignement général et du niveauuniversitaire, mais aussi à laisser la formation profession­nelle secondaire en déréliction.

Tableau 2Niveaux de qualification de la population active

Niveau Non-qualifiéOuvrier

TechnicienUniversité'

qualifié École supérieure

% 92,5 2,3 2,8 2,5

Source: GSO

Politiques d'emploi

Reconnu depuis l'origine comme un droit fondamental,le travail a vu son statut se modifier dans le sillage deschangements fondamentaux qui ont marqué l'histoire duViêt-nam indépendant. La restructuration du systèmeproductif et la mise en place d'une économie marchande ontimposé à l'État vietnamien une redéfinition de ses modalitésd'intervention dans le domaine de l'emploi qui n'a eud'équivalent, en termes d'ampleur, que lors du passage à laplanification centralisée.

L'histoire du Viêt-nam a été marquée par quatre étapeshistoriques, qui ont vu évoluer le statut du travail. Lapremière Constitution de la République Démocratique duViêt-nam, qui date de 1946, jette les bases d'un Viêt-namindépendant et démocratique, soucieux de protéger sescitoyens, dont les devoirs se résument à la défense de laPatrie, au respect de la Constitution, à l'obéissance à la loi,et au service militaire. Les droits des travailleurs sontgarantis par la loi. La seconde étape est celle de la

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assises du système scolaire. Son évolution tend toutefois àmodifier son profil, à travers une ouverture plus grande desniveaux supérieurs de l'enseignement général et du niveauuniversitaire, mais aussi à laisser la formation profession­nelle secondaire en déréliction.

Tableau 2Niveaux de qualification de la population active

Niveau Non-qualifiéOuvrier

TechnicienUniversité'

qualifié École supérieure

% 92,5 2,3 2,8 2,5

Source: GSO

Politiques d'emploi

Reconnu depuis l'origine comme un droit fondamental,le travail a vu son statut se modifier dans le sillage deschangements fondamentaux qui ont marqué l'histoire duViêt-nam indépendant. La restructuration du systèmeproductif et la mise en place d'une économie marchande ontimposé à l'État vietnamien une redéfinition de ses modalitésd'intervention dans le domaine de l'emploi qui n'a eud'équivalent, en termes d'ampleur, que lors du passage à laplanification centralisée.

L'histoire du Viêt-nam a été marquée par quatre étapeshistoriques, qui ont vu évoluer le statut du travail. Lapremière Constitution de la République Démocratique duViêt-nam, qui date de 1946, jette les bases d'un Viêt-namindépendant et démocratique, soucieux de protéger sescitoyens, dont les devoirs se résument à la défense de laPatrie, au respect de la Constitution, à l'obéissance à la loi,et au service militaire. Les droits des travailleurs sontgarantis par la loi. La seconde étape est celle de la

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 35

consolidation du Nord, de sa conduite vers le socialisme etde la poursuite de la lutte pour la réunification pacifique dela Patrie et l'achèvement de la révolution nationaledémocratique dans tout le pays [Constitution de 1959:Préambule]. Alors que le Parti Communiste Indochinois estdevenu en 1950 le Parti des Travailleurs du Viêt-nam dansun souci de réconciliation nationale en vue de lamobilisation pour la réunification, la Constitution de 1959précise pour la première fois· que le travail est un droit, undevoir et un honneur. L'État s'engage à assurer le pleinemploi à travers la politique de planification centralisée. Lepassage au socialisme à l'échelle nationale constitue latroisième étape [Constitution de 1980: Préambule]. LaConstitution de 1980 marque la généralisation du systèmed'économie planifiée à l'ensemble du pays et explicite lerôle de l'État, «qui se référant au plan de développementéconomique et culturel, crée de nouveaux emplois, procèdeaux affectations en tenant compte des capacités et desaspirations de l'individu et des besoins de la société, élève leniveau professionnel des travailleurs manuels etintellectuels, développe leur force de travail, améliore sanscesse leurs conditions de travail. » [Constitution de 1980,article 58].

L'étape du Renouveau est sanctionnée par la Constitutionde 1992 [Constitution de 1992: Préambule]. L'État nemobilise plus. Il gère, répartit, décentralise, harmonise...[Constitution de 1992 : article 26]. Avec le lancement du doimoi, le système basé sur la planification centralisée estdémantelé. Ce démantèlement a trois conséquencesmajeures en matière d'emploi. La première conséquence,c'est la disparition du plein emploi. Dans le cadre dusystème de planification centralisée, l'État ne menait pas depolitiques d'emploi à proprement parler mais bien unepolitique de ressources humaines visant à former et à

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36 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

affecter l'ensemble de la main-d'œuvre aux différentsobjectifs de production. Le plein-emploi, dans ce système,était une donnée. Avec le Renouveau, le plein-emploiredevient un objectif. La seconde conséquence, qui découledirectement de la fin du plein emploi, c'est l'émergenced'employeurs non-étatiques. L'État n'étant plus en mesured'assurer un emploi à l'ensemble de la main-d'œuvre, il luifaut accepter que cette main-d'œuvre s'organise pourtrouver elle-même les emplois dont dépend sa survie. Dansun premier temps, l'auto-emploi se développe de manièreimportante, en particulier dans l'agriculture où lacontractualisation de la production pennet aux agriculteursde se réorganiser en exploitations familiales, mais aussi horsde l'agriculture. Les changements d'emplois entraînés parles décisions III et 1761 se traduisent en effet dans lamajorité des cas par le démarrage d'activités à comptepropre, le plus souvent dans le commerce et les services. Lareconnaissance du caractère pluri-sectorie1 de l'économiepennet cependant à un secteur privé d'émerger et de sedévelopper, tandis que l'ouverture du Viêt-nam surl'extérieur va autoriser des investissements étrangers directsdans des entreprises aux capitaux entièrement ou partielle­ment étrangers. En conséquence, les sources potentielles decréation d'emploi se développent et se diversifient. Latroisième conséquence est intrinsèquement liée aux deuxautres: l'emploi à vie est supprimé, et avec lui l'ensembledes avantages qui l'accompagnaient, comme la quasi­gratuité du logement, de la scolarisation et de la fonnation,

1 La Décision nO 176/HDBT du 9 Oct. 1989 a défmi les politiques etméthodes spécifiques à mettre en oeuvre pour réorganiser la main­d'œuvre dans les unités économiques de l'État au cours des deux années1989 et 1990. La décision nO 111/HDBT du 12 avr. 1991 avait pourobjectif d'entraîner une réduction de 20 % des effectifs de l'adminis­tration publique [World Bank, 1993].

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 37

des soins de santé ... pour l'employé et sa famille. En effet,si les employés de la fonction publique et du secteur d'Étatbénéficient toujours, en théorie du moins, d'un emploi à vie,les avantages qui s'étendaient au ménage ont aujourd'huidisparu. Les décisions 111 et 176 montrent cependant qu'unemploi à vie peut trouver son terme avant que l'employé aitatteint l'âge de la retraite. En outre, les projets d'action­narisation des entreprises du secteur d'État prévoient unnombre important de départs, sans que cette fois lesemployés puissent espérer bénéficier d'une prime de départcomme cela avait été le cas dans les années 1989-1994.

C'est en réponse à ces conséquences que l'Étatvietnamien a développé ses modalités d'intervention enmatière d'emploi. Selon les termes de la constitution,«l'État et la société élaborent un plan pour créer chaquejour davantage d'emplois aux travailleurs» et «l'Étatpromulgue les politiques et le régime de protection dutravail» [Constitution de 1992: articles 55 et 56]. Si larelation complexe qui relie la croissance, l'augmentation dela productivité et l'emploi se semble pas avoir fait l'objet dedébats lors du passage du système d'économie planifiée à unsystème de marché encadré par l'État, c'est probablementparce que l'urgence était la sortie de la grave crise quetraversait alors le Viêt-nam. Cependant, au delà de la sortiede crise, l'augmentation du niveau de vie de la populationreste un objectif auquel la croissance de l'emploi estsubordonnée. La croissance a en effet permis à l'économievietnamienne d'absorber, au cours des dix dernières années,l'ensemble des travailleurs qui ont changé d'emploi, lestravailleurs émigrés qui sont rentrés de l'étranger, lesréfugiés qui sont revenus de Hong Kong et dont les derniersviennent seulement d'arriver au Viêt-nam, et les jeunesentrant dans la vie active, soit plusieurs millions d'actifs.Une partie importante de l'action de l'État en matière

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38 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

d'emploi échappe donc au ministère du travail, et relève duministère du plan et de ministères techniques commel'agriculture, l'industrie ou le commerce.

L'action directe sur l'emploi relève principalement duministère du Travail, avec l'aide de ses départementsprovinciaux, eux-mêmes relayés, au niveau des communeset des districts par des bureaux du travail, qui dépendent descomités populaires mais travaillent en étroite relation avecles départements provinciaux. Le dispositif est complété parles organisations de masse (organisations de femmes, dejeunes, de vétérans ... ), qui relayent l'action de l'État sur leterrain. Jouant le rôle d'organisations non-gouvernementales- qu'elles sont par définition plus que par nature -, leursrelations avec les organismes d'État relèvent, au mieux, dela coordination, même si leur action est considérée par l'Étatconune un appui que lui apporte la société civile.

L'action de l'État comporte à la fois une dimensionincitative, qui cherche à favoriser la création d'emploi pardes employeurs non-étatiques, et une dimension répressivedont l'objet est de faire respecter les réglementations et leslois en vigueur, en particulier le Code du Travail, mais aussiles réglementations concernant le travail des migrants.

L'incitation à la création d'emploi passe par le« Programme National de Promotion de l'Emploi », dont leprincipe repose sur l'aide au financement de projets pour lacréation d'emploi. En 1997, le financement de 2 467 projetsa permis de créer 52 195 emplois [MOLISA, 1997]. LeProgramme gère aussi l'assistance financière aux entreprisesdirigées par des invalides de guerre ou civils, lesinvestissements dans les Centres de Promotion de l'Emploi,et des programmes ponctuels d'assistance à la créationd'emploi comme en 1997 le Programme germano­vietnamien pour la réinsertion des travailleurs revenantd'Allemagne. Les Centres de Promotion de l'Emploi et le

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 39

Progranune germano-vietnamien centrent leur action sur laformation. Les Centres de Promotion de l'Emploi ne jouenten effet pour l'instant qu'un rôle très marginald'intermédiation entre employeurs et employés. Lescomportements de recherche d'emploi et de recrutementrestent en effet prudents et conservateurs, comme nousaurons l'occasion de le détailler dans le chapitre suivant. Ilsjouent en revanche un rôle croissant en matière deformation, et plus particulièrement de formation dereconversion. Il convient de souligner ici qu'à côté desCentres de Promotion de l'Emploi mis en place et gérés parle Ministère du Travail existent des Centres du même typegérés par des organisations de masse ou des comitéspopulaires, car le réseau ministériel est loin de couvrirl'ensemble du territoire.

L'action en matière d'emploi du ministère du travails'étend également aux envois de travailleurs vietnamiens àl'étranger, et à la gestion des réfugiés qui rentrent au Viêt­nam [MOLISA, 1997]. Ainsi, en 1997, le Viêt-nam aofficiellement envoyé plus de 17 000 travailleurs àl'étranger, en Asie principalement (86 %, dont 51 % auLaos), et dans une moindre mesure en Afrique et au Moyen­Orient (11 %). À l'étranger, ces travailleurs ont principale­ment occupé des emplois dans la construction (49 %), lapêche (16 %), et des emplois non-qualifiés (13 %). Lesréfugiés ont représenté quant à eux un flux de 111 000personnes entre 1989 et 1997, et seulement 5 992 en 1997.Au regard des 1,4 million d'emplois nets créés en 1997, lenombre d'emplois concernés par les politiques d'emploiapparaît très faible. Rappelons que dans ce domaine, l'Étattravaille désormais à la marge. Les évaluations du taux dechômage au Viêt-nam varient de manière très importanted'une source à l'autre. Contrairement à ce qui se passe dansles pays occidentaux, où les estimations officielles donnent

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40 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

toujours les taux de chômage les moins élevés, lesestimations officielles du chômage au Viêt-nam donnent demanière récurrente les chiffres les plus élevés. Plutôt quedans les différences tenant à des modalités de collecte del'information variables, l'explication réside à la fois dansdes différences de définition, et dans la volonté de l'État dene pas sous-estimer ce phénomène, apparu officiellement auViêt-nam avec le do; moi. L'action de l'État dans cedomaine relève des Centres de Promotion de l'Emploi d'unepart, et de la protection sociale d'autre part. Il est en effetquestion de mettre en place un système d'assurancechômage.

Mais l'aide directe à la création d'emploi n'est pas le seuldomaine d'intervention de l'État. La multiplication du.nombre et la diversification des types d'employeurs ontrapidement fait apparaître la nécessité d'une intervention del'État dans le domaine de la protection des travailleurs. LeCode du Travail a été voté par le Parlement et est entré envigueur en 1994. Son évolution, ses modalités d'application,et le contrôle de son application incombent à l'État, qui entant qu'employeur, lui est également soumis. C'estl'inspection du travail qui a la charge de la vérification del'application du Code du Travail. Cette application est pourle moment encore extrêmement aléatoire en dehors dusecteur d'État, et parfois même en son sein. Pourtant, l'Étatn'hésite pas à donner l'exemple. Alors que la France sedébat dans les affres du passage aux 35 heureshebdomadaires, au Viêt-nam, la fonction publique et lesecteur d'État sont passés en Octobre 1999 de 48 à 40heures hebdomadaires. En avance sur la plupart des pays endéveloppement en matière de protection des travailleurs, leViêt-nam échappe pour l'heure aux débats sur la flexibilitéde la main-d'œuvre. On peut pourtant se demander si les

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 41

comportements des employeurs ne devraient pas inciterl'État vietnamien à lancer le débat.

Le débat sur les migrations spontanées2 est en revanchelancé depuis longtemps. Et bien que se déroulant plutôt surle terrain social, il déborde inévitablement sur celui dutravail, dans la mesure où amélioration du niveau de vie etrecherche d'emploi sont des motivations essentielles de lamigration. Au système d'enregistrement résidentiel sesuperpose donc un système de permis de travail, qui viseessentiellement les migrants qui arrivent en ville pourrechercher un emploi salarié, sans bénéficier de l'appui d'unréseau local, familial ou autre. Une enquête menée à Hanoien 1996 montre cependant que sur 1 080 migrants, seuls 9 %s'étaient fait enregistrer par les autorités locales, la plupartde ceux qui n'avaient pas de permis de travail estimant ladémarche inutile [Diêp, Henaff, Thâm, 1997]. Cette main­d'œuvre fait de plus régulièrement l'objet de tentativesd'organisation comme les « chî lao @éng » (marchés dutravail), aujourd'hui re-qualifiés en « n..,i chê viOc »(lieux d'attente du travail), qui visent à contrôler lestravailleurs plutôt qu'à protéger leurs droits.

Les politiques d'emploi sont donc jusqu'à présent trèslimitées au Viêt-nam dans leur dimension incitative, et sesont avérées d'une efficacité limitée, dans leur dimensionrépressive. Par nature plutôt politiques de ressources humai­nes que politiques d'emploi dans le système de planificationcentralisée, elles ont aujourd'hui théoriquement pourobjectif de favoriser la rencontre sur le marché du travail del'offre et de la demande. Ce qui signifie qu'elles doiventdiffuser de l'information. Or pour cela, il faut que l'État aitconnaissance de l'information à diffuser. Ce qui pose le

2 Sont appelées migrations spontanées ou libres les mouvementsd'individus ou de groupes qui ne sont pas organisés par l'État. [Voir enparticulier Hardy, 1998].

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42 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

problème de la collecte de l'information en matièred'emploi et de formation. Les différents ministères, l'OfficeGénéral des Statistiques, et les comités populaires collectenttous de l'information sans coordination en fonction de leursbesoins respectifs. Cette information est souvent hétérogèneet parfois contradictoire, souvent parcellaire, rarementsuivie, ce qui empêche de mesurer les changements, etencore plus rarement échangée. La nature des besoins eninfonnation s'est radicalement modifiée avec le passage dela planification centralisée à une économie de marché, maisles structures ne sont pas encore adaptées à ceschangements.

Conclusion

Depuis le lancement de la politique de Renouveau,l'action de l'État en matière d'éducation a ainsi été marquéepar des changements spectaculaires qui transformentl'image et le rôle de l'éducation dans l'économie et lasociété vietnamiennes. Après une phase de confusion, ladynamique scolaire a repris son cours mais selon des voiesinattendues. L'État s'est départi de son monopole en lançantsa politique de socialisation de l'éducation et a ouvert lechamp scolaire à de nouveaux acteurs qui apportent leurcontribution au développement scolaire. L'enseignementgénéral s'en est trouvé conforté, mais ces progrès ne doiventpas cacher la régression de l'enseignement professionnel.

En matière d'emploi, l'action de l'État est marquée parun net recul par rapport à la période précédente, danslaquelle l'État, par l'intermédiaire des entreprises et descoopératives assurait à ses employés tout ce dont ilspouvaient avoir besoin, eux et leurs familles, au quotidien etcela, à vie. Non seulement l'économie vietnamienne doitfaire face au chômage et gérer les fléaux sociaux qui

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POLITIQUES D'ÉDUCATION ET D'EMPLOI 43

peuvent découler de l'oisiveté forcée, mais même le statutde salarié nécessite la protection particulière accordée par leCode du Travail. En effet, sous l'impulsion du Renouveau,c'est une véritable restructuration économique qui s'opèredepuis plus de 15 ans, avec des conséquences importantessur le travail et l'emploi, alors que parallèlement unerecomposition sociale est à l'œuvre.

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2

Restructuration économique etrecomposition sociale

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

En tennes de stratégie, le Renouveau n'est qu'unenouvelle façon d'exprimer l'objectif de modernisation, àtravers notamment la maîtrise des technologies et de leurévolution, qui a obsédé le Viêt-nam dès son indépendance.La phase actuelle de transition vers une économie de marchésous la gestion de l'État succède quant à elle à la phase detransition vers le socialisme. La transition impose un retourvers une économie pluri-sectorielle dans laquelle la popula­tion n'a plus la maîtrise des outils de production qu'à traversles individus et groupes sociaux qui la composent, et dont laconvergence des intérêts cesse d'être une donnée pourdevenir un objectif intennédiaire dans la recherche du bien­être collectif. La restructuration découle de la reconnais­sance d'une économie pluri-sectorielle qui n'avait jamaiscessé d'exister, dans la mesure où la transition précédentes'est interrompue sans avoir abouti. Ce constat, valide pour

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46 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

le Nord du pays, l'est encore davantage pour le Sud, danslequel la transition avait commencé tardivement et s'estachevée précocement. Dans la phase actuelle de transitionvers le marché, l'émulation ne provient plus de la confonni­té aux nonnes collectives, comme dans la phase précédentede transition vers le socialisme, mais de la différenciation,qui se manifeste dans toutes les sphères de l'activitééconomique et sociale. Ce mouvement, que l'action redistri­butive de l'État ne parvient plus à compenser, entraîne unaccroissement des inégalités dans tous les domaines.

Restructuration économique

Sur le plan économique, la réunification imposait lacoordination de deux économies aux structures et auxlogiques opposées. Le Nord avait basé sa stratégie dedéveloppement sur l'industrie, en particulier l'industrielourde. Cette orientation s'est trouvée renforcée par unesituation de guerre quasi-pennanente, offrant un débouchénaturel à la production lourde locale. La priorité accordée àla production industrielle s'est traduite par un accroissementimportant de la part de l'industrie dans l'emploi total. Àl'inverse, le Sud, qui avait mis l'accent sur les services,avait négligé la production industrielle, orientée essentielle­ment vers les biens de consommation et de confort, au pointde voir sa part dans la production totale divisée par troisentre 1955 et 1975 [De Vienne, 1994 : 94-98]. La période dereconstruction ouverte par la victoire du Nord avait pourobjectif de restructurer l'économie du Sud Viêt-nam sur lemodèle du Nord. La crise à laquelle le pays doit faire faceva le conduire à changer de stratégie: puisque les objectifséconomiques ne peuvent être atteints grâce à la planificationcentralisée, ils devront l'être grâce au marché. Les initiativesprivées se développent, tolérées, parfois encouragées

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 47

discrètement [De Vienne, 1994]. L'annonce du Renouveaupermet d'officialiser le processus en cours et autorise ledéveloppement des marchés. La reconnaissance du caractèrepluri-sectoriel de l'économie a des conséquences impor­tantes sur l'emploi.

Les années 1981 à 1985 sont favorables à l'emploi, quiaugmente de 6 % par an en moyenne pendant la période).Cette croissance est portée par l'agriculture, qui attiredavantage les actifs qui se reconvertissent que les jeunes quientrent en activité (graphiques 1 et 2). Le retour àl'agriculture concerne 80 % des personnes qui changentd'activité en milieu rural pendant cette période [Henaff etMartin, 1999]. Cette croissance de l'emploi peut s'expliquerlargement par les effets de la démobilisation: les retours del'armée représentent jusqu'à 24 % des causes dechangement d'emploi sur la période.

En termes de structure, la part de l'agriculture dansl'emploi total s'accroît. Elle va passer de 67 % à 73 % aucours des dix années qui séparent la réunification duRenouveau. La tendance amorcée au cours des annéesprécédentes s'inverse et les objectifs d'industrialisation et demodernisation semblent s'éloigner. En effet, si la productionagricole augmente rapidement, c'est par le biais du retour àl'exploitation familiale de type traditionnel et non pas parcelui de la modernisation. Le morcellement des terres quiaccompagne la contractualisation interdit tout progrès de lamécanisation, et entraîne même dans certains cas un recul dela mécanisation dans l'agriculture.

Pendant la période 1986-1990, la part relative del'agriculture dans les nouveaux emplois augmente pouratteindre 60 % des entrées dans la vie active, tandis qu'un

1 Calcul effectué à partir des annuaires statistiques de l'Office Généraldes Statistiques.

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48 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Graphique 1Secteur d'activité à l'issue du dernier changement d'emploi,

en fonction de la période de changement d'emploi

%

100

80

60 -Ito-i;o01, \

40

20

0+'-................,....-..........,...._...........................1..1

1981-85 1986-90 1991-95 1996-97Période de changement d'emploi

IlCommerce etservices

C/ndustrie

CAgriculture

Graphique 2Répartition du premier emploi par secteur d'activité,

en fonction de la période de recrutement

%

1981-85 1986-90 1991-95 1996-97

El Commerce etservices

C/ndustrie

rJAgriculture

nombre croissant d'actifs de l'agriculture se reconvertissentdans le commerce et les services. En effet, l'autorisationdonnée aux agriculteurs de commercialiser leurs surplus setraduit par une redéfinition de la division du travail dontl'organisation ne relève désormais plus de la coopérativemais du ménage. La commercialisation directe implique unereconversion de certains, en général des femmes, despersonnes âgées ou des actifs dont la santé est insuffisante

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 49

pour les travaux agricoles. Cette organisation, pennise par.l'augmentation de la productivité du travail dans l'agricul­ture, a pour avantage d'augmenter le revenu du ménage à unmoment où, tout en pennettant un accroissement rapide dela production, la dissolution des coopératives entraîne ladisparition de tous les avantages associés à l'action redist­ributive de l'État, relayée par les unités de production. Lesbesoins qui apparaissent pennettent le développement desinstallations à compte propre dans le petit commerce et lesservices de proximité. Alors que le secteur du commerce etdes services attire encore peu les jeunes qui entrent enactivité, il absorbe près de la moitié des actifs qui changentd'emploi. Les demandes de ce secteur en fonnationpréalable et en capital sont faibles, en particulier par rapportà celles de l'industrie.

En 1986-90, le commerce absorbe 37 % de la main­d'œuvre entrant en activité dans le secteur tertiaire, et unpourcentage équivalent de la main-d'œuvre qui travailledans ce secteur à l'issue du dernier changement d'emploi.Cependant, le commerce, en particulier le petit commerce,qui représente jusqu'à 95 % de l'emploi total dans lecommerce en 1991-95 et 89 % en 1996-97, attire de moinsen moins les nouveaux actifs, et à partir de 1996, lestravailleurs qui changent d'emploi. Dans le même temps, lesservices attirent une main-d'œuvre croissante. C'est enparticulier le cas des services personnels (coiffure, photo­copie, ménage, réparation... ) qui représentent en 1996-97plus de 40 % des nouveaux emplois dans le secteur desservices et plus de 20 % de ceux qui ont changé d'emploi.Dans l'industrie, les branches bois et bambou, qui avaientattiré plus de la moitié des actifs qui ont changé d'emploi en1986-90 perdent rapidement leur caractère attractif pour neplus attirer en 1997 que 3 % des actifs qui ont changéd'emploi en 1996-97. L'industrie alimentaire absorbe en

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50 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

revanche une part croissante de la main-d'œuvre qui changed'emploi. La construction, qui connaît un fort développe­ment au cours des années 1990 fournit pendant cette périodedes emplois à 30 % de ceux qui changent d'emploi. Letextile et la construction sont les deux secteurs qui recrutentle plus sur la période 1986-1997. Ils représentent à eux deuxplus de la moitié de l'emploi dans l'industrie.

Graphique 3Structure sectorielle de l'emploi en 1997, en fonction de la date de

démarrage de l'activité (%)

%

100

80

60

40

20

1986-90 1991-95 1996-97

iiiCommerce elservices

Clnduslrie

CAgricullure

1986-97

Date de démarrage de J'activité

Globalement, on assiste donc à une diversification de lastructure sectorielle de l'emploi depuis 1986, comme leconfirme le graphique 3, en faveur du commerce et des ser­vices, et dans une moindre mesure de l'industrie, en raisonde l'évolution convergente des structures des emplois deceux qui entrent en activité et de ceux qui changentd'emploi. L'importance de la main-d'œuvre employée dansl'agriculture et la faible mobilité de la main-d'œuvre dans cesecteur maintiennent cependant la part de l'agriculture dansl'emploi total à un niveau légèrement supérieur à 60 %.

Les tendances qui s'expriment en matière d'évolution dela structure de l'emploi semblent indiquer que la main-

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[J AgricuIture mIndustrie

RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 51

d'œuvre se dirige vers les secteurs dans lesquels la rémunéa­tion est la plus élevée (graphique 4). Tandis que les ménagesdont les revenus proviennent uniquement de l'agricultureconstituent près des deux-tiers des ménages dont le niveaude vie est le plus bas, les ménages qui ont des revenus del'industrie et du commerce constituent environ 80 % desménages dont le niveau de vie est le plus élevé. La diversifi­cation des activités permet aux ménages agricolesd'améliorer leurs revenus, mais parmi les quelques 60 % deménages qui ont des revenus agricoles, 60 % n'ont aucuneautre source de revenu.

Graphique 4Revenus moyens du travail, par région et par secteur

800000 T"""----------------.....,I700000600000

~ 500000.5 400000Cl 300000

200000\00000

o +-L-"'-'-'-'~-

Nord Centre Sud

La libération des prix, et des salaires hors du secteurd'État, a donc eu pour effet d'accroître doublement lesinégalités: les revenus augmentent, inégalement selon lessecteurs et les régions, mais les besoins, qui se traduisentmaintenant sur le plan monétaire, augmentent également.Parallèlement aux inégalités de revenu et de niveau de vie,qui tendent à s'accroître, apparaissent des inégalités liées autype d'emploi occupé. L'évolution de la structure de l'em­ploi par secteur institutionnel en fonction de la périoded'entrée dans la vie active montre que proportionnellement,les entreprises familiales créent de moins en moins d'emploipour leurs propres membres. La proportion de travailleurs

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52 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

indépendants dans la main-d'œuvre qui entre en activité aégalement tendance à se réduire, bien que moins rapide­ment. En revanche, le secteur d'État et le secteur privéemploient une part croissante des jeunes qui entrent enactivité.

Dans un premier temps, le Renouveau a entraîné undéplacement de la main-d'œuvre du secteur d'État et descoopératives vers le secteur familial et individuel, enparticulier dans l'agriculture où la totalité de la main­d'œuvre qui était employée dans les coopératives travailledans le cadre de l'exploitation familiale à partir de l'exten­sion de la contractualisation et la disparition des coopéra­tives (graphiques 5 et 6).

Graphique 5Secteur d'emploi en fonction de la période d'entrée dans la vie

active

100 T""T--~-"'----";--"----T'""I

o+-'------'-........~== ..........o;..;;;=

80

% 60

40

20

1986-90 1991-95

...-++- Propre entreprise!

exploitation familiale

Indépendants

Secteur privé

Secteur coopératifSecteur d'EtatService public

1996-97

Période d'entrée dans la vie active

Au milieu des années 1980, l'offre de travail s'accroîtfortement du fait du retour de travailleurs expatriés, enprovenance en particulier des pays d'Europe de l'Est, et dela restructuration du secteur d'État. Ce secteur entreprend àpartir de 1988 de se séparer d'une partie de ses effectifsdans l'année, les administrations (décision 111), et dans lesentreprises d'État par des dispositifs de départ en retraite

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 53

anticipée et de licenciement (décision 176). La plus grandepartie des membres des coopératives, des militaires démobi­lisés, des fonctionnaires, des employés d'entreprises d'Étaten pré-retraite, et des anciens travailleurs expatriés, soitplusieurs centaines de milliers de personnes doivent retrou­ver un emploi. 81 % de la main-d'œuvre qui changed'emploi entre 1986 et 1995 travaille, à l'issue de ce chan­gement d'emploi, dans l'entreprise ou l'exploitation fami­liale, ou exerce une activité indépendante. Les indemnitésversées par l'État à ceux de ses salariés qui décident departir volontairement, et les primes et fonnations dispenséesà nombre de travailleurs de retour d'Europe de l'Est dans lecadre de programmes de réinsertion sur financement bilaté­ral ou de l'Union Européenne pennettent à un nombreimportant de travailleurs de disposer d'un petit capital quileur pennet de démarrer une activité à compte propre. Lacontrepartie, c'est que les sommes versées par les entre­prises d'État aux salariés qui s'en vont correspondent auxdroits à la pension de retraite. Tous ceux qui quittent lesecteur d'État se trouvent donc sans assurance pour leursvieux jours. C'est également le cas des membres decoopératives, lorsque celles-ci sont démantelées.

Graphique 6Structure de l'emploi par secteur institutionnel, 1997

Propreentreprise!

exploitationfamiliale

65%

Indépendants Secteur collectif13% 1%

Secteur d'Etat8%

Secteur privé (======::::::~......8%

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54 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

La restructuration du système implique également laperte des avantages liés au système de gestion sociale quiavait été mis en place dans le cadre de la planificationcentralisée, et était géré par les employeurs, c'est à dire lafonction publique, les entreprises d'État, et les coopératives.Ce système couvrait l'ensemble des besoins des travailleurs,et de leurs familles, en particulier le logement, la santé, et lascolarisation. La fin du « subventionnisme» signifie enparticulier que désormais, les loyers doivent être payés àleur valeur réelle, que la scolarisation devient payante àpartir du secondaire de base, que les soins médicaux nepeuvent plus être pris en charge dans leur totalité... Lasituation est en fait plus complexe, parce que ledémantèlement du système de planification centraliséeprofite à ceux des salariés du secteur d'État et de la fonctionpublique qui ont l'usage de leur logement, qui équivaut enpratique à un droit de propriété. Ces logements peuvent êtrecédés, et le sont, aux prix du marché. Un certain nombre desalariés reçoivent également des parcelles, qu'ils revendentou sur lesquelles ils se font construire des maisons. Unmarché de l'immobilier commence à apparaître, alors que sedéveloppent les autres marchés de biens et services. D'unepart la fin du « subventionnisme» a pour effet unaccroissement généralisé des prix, qui se traduira au débutdes années 1990 par une période de très forte inflation, etd'autre part, l'accroissement de la disponibilité de biens etde services après des décennies de guerre et de rationnementaccroissent les besoins, alors que les revenus restent faibles.

Dans le même temps, le secteur d'État recrute. Etprogressivement, avec la mise en place d'un cadre légal, unsecteur privé national et étranger peut apparaître et sedévelopper. Il recrute une quantité croissante de travailleurs,même si son poids dans l'emploi total reste faible: 8 %seulement en 1997. La diminution du poids relatif de

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 55

l'emploi dans les entreprises et exploitations familiales estliée à la réduction du poids relatif de l'agriculture dans lesentrées dans la vie active. Le marché du travail se structure,et le salariat représente une part croissante de la main­d'œuvre qui entre sur le marché du travail. La tendance estla même en ce qui concerne les changements d'emploi.Pourtant, les situations sont très hétérogènes, au sein commehors du salariat.

L'entrée en vigueur en 1994 du Code du travail a définiles droits et obligations réciproques des employeurs etemployés. Mais de larges sections de la main-d'œuvreéchappent partiellement ou totalement à ces règles. En effet,le Code du travail ne s'applique pas aux non-salariés quireprésentent 79 % de la main-d'œuvre totale, dont 74 %d'agriculteurs, et 23 % d'artisans et de petits commerçants.Pour ces derniers, la durée du travail dépend des saisons oudes clients. L'activité est donc le plus souvent irrégulière surJ'année, avec des durées hebdomadaires de travail trèsélevées pendant les périodes de forte activité. Pourtant, lesconditions de travail ne sont perçues comme une difficultéque par moins de 2 % des non-salariés. Le tiers de la main­d'œuvre employée dans le secteur agricole est insatisfaitedes conditions d'hygiène et de sécurité, contre seulement16 % dans l'industrie, et 12 % dans le commerce et lesservices. Nombreux sont en effet les agriculteurs quiestiment que les engrais et pesticides qu'ils doivent utiliserpour améliorer la production nuisent à leur santé.

Parmi les salariés, on peut distinguer ceux qui ont uncontrat de travail écrit et ceux qui ont un contrat de travailverbal. Parmi ces derniers, les travailleurs sur gages sontdans une situation généralement précaire. Près de 80 %d'entre eux rencontrent des difficultés dans leur emploi,liées essentiellement à la stabilité de l'emploi, mais aussiaux conditions de travail. À l'inverse, près de 80 % des

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56 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

salariés qui ont un contrat écrit déclarent ne rencontreraucune difficulté particulière dans leur emploi. Les travail­leurs qui bénéficient des meilleures conditions de travailsont relativement plus nombreux dans le nord, dans l'indus­trie et les services, et dans le secteur public et le secteurprivé enregistré. Outre le fait que le Code du travail nes'applique qu'aux seuls salariés, il rencontre un certainnombre de limites dans son application, liées au caractèreplus ou moins officiel des engagements contractuels entreemployeurs et employés.

Or en matière de contrat de travail, les situations sontaujourd'hui très diversifiées. Près de 76 % des entreprisesn'ont signé de contrat de travail à durée indéterminéequ'avec moins de 25 % de la main-d'œuvre qu'elles em­ploient, tandis que 2 % des entreprises emploient entre 75 et100 % de leur main-d'œuvre sur contrat verbal (tableau 1).

Tableau 1Répartition des entreprises en fonction du pourcentage de la main­d'œuvre employée dans chaque catégorie de contrat de travail (%)

<25% 2S-SO% 50-75 % 75-100 % Total

Type de contrat:Contrat à durée indéterminée 75,8 4,4 2,8 17,0 100,0Contrat à durée déterminée 30,9 6,6 8,5 54,0 100,0Contrat saisonnier 91,2 1,7 2,1 5,1 100,0Contrat à la tâche 98,5 0,0 0,0 1,5 100,0Contrat verbal 96,9 0,9 0,1 2,1 100,0

Contrat écrit en fonction de la durée:Contrat de 3 ans 87,0 4,6 1,1 7,3 100,0Contrat de 2 a 3 ans 87,4 2,3 0,3 10,0 100,0Contrat de 1 a 2 ans 52,9 5,4 3,4 38,3 100,0Contrat de moins d'un an 61,4 0,9 5.1 32.6 100,0

La restructuration économique du Viêt-nam n'est pasterminée, et en ce sens, la transition se poursuit. Cetterestructuration a permis d'atteindre une forte croissance dela production et du niveau de vie, mais elle a entraîné un

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 57

accroissement des inégalités, qui ne sauraient se résumeraux seules inégalités de revenu.

Recomposition sociale

Les nouvelles règles établies depuis 1986 ne concernentpas que l'économie, même si depuis lors les changementsles plus spectaculaires ont à voir avec la production, lacirculation et la consommation des biens. En fait c'est toutela société qui est en mouvement et l'on assiste actuellementà une évolution radicale des modalités d'encadrement socialet des relations entre l'État et les citoyens. Un processusd'individualisation est à l'œuvre dans le rapport nonseulement à la propriété, à la richesse et au travail, maisaussi à la résidence, au groupe social et à l'éducation. D'unenation de militants ascétiques où le jeu social était encadrépar l'État sous l'égide de grands idéaux collectifs, on voitémerger une société où la recherche du bien-être individuelet familial devient la référence dominante. La libération dujeu économique a permis l'accès à une plus grande aisance,mais elle a généré aussi des inégalités de situation et deniveau de vie. La libération du jeu social modifie le mode dereproduction de la société en levant les barrières à l'accèsindividuel au capital économique, social et culturel. Elleentraîne une recomposition sociale en ouvrant la voie à desmodalités nouvelles de l'ascension et de la différenciationsociales. Les inégalités de situation et de niveau de vie sedoublent d'inégalités sociales. Elles se révèlent particulière­ment dans le domaine de l'accès à l'éducation et à laformation.

Au début des années 1980, la politique éducative, et satraduction sur le terrain, étaient marquées par l'égalitarisme.Les objectifs étaient l'accès à l'éducation pour tous. Laréduction de l'analphabétisme et la scolarisation généralisée

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étaient des causes nationales. Face à des acquis déjàremarquables, le combat pour l'éducation, l'effort militantse portaient sur les frontières du système, là où sa diffusionn'était pas complète, c'est-à-dire principalement dans leszones montagneuses, lointaines, reculées. Par ailleurs lastructure du système était le résultat d'un compromis entrescolarisation de l'ensemble de la population et formation del'élite dirigeante. Cette structure éducative possédait ainsi, àl'image de la structure sociale, une base très large et serétrécissait très fortement dans les niveaux supérieurs. En1979-1980, pour 1 000 élèves dans le primaire il y avaitainsi 400 dans le secondaire de base, 87 dans le secondairesupérieur et 19 à l'université. De plus il n'y avait pas dedroits scolaires, les contributions annexes des famillesétaient minimes et des systèmes de bourses permettaient auxmeilleurs élèves de poursuivre leurs études sans entraveséconomiques. Les positions sociales étaient ensuite acquisesen fonction des diplômes obtenus et du mérite militant desfamilles et des individus. Certes ce système scolaire,méritocratique, laissait de la place au jeu d'héritagesculturels et politiques inégalitaires. Il fonctionnait aussiselon des orientations urbaines, avec le primat de l'ensei­gnement général et des idéaux de réussite sociale dans lesfonctions bureaucratiques, et les étages supérieurs de lapyramide restaient les instruments privilégiés de lareproduction de l'élite urbaine. Cependant la diffusion géné­ralisée de l'enseignement primaire et l'ouverture élargie àl'enseignement secondaire de base faisaient de ces niveauxles piliers de l'égalitarisme socialiste.

Aujourd'hui les conditions du maintien de cette structureégalitaire ne sont plus réunies. Les nouvelles modalités de laconduite de la politique éducative, le nouveau mode degestion de la carte scolaire et l'autonomisation accrue desprovinces, les nouvelles procédures et la diversification des

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sources de financement de l'école et la fin du monopole del'offre publique au profit d'acteurs privés ont permis aprèsle choc de 1989 la reprise de la dynamique scolaire. Celle-ciprend toutefois des formes beaucoup plus inégalitaires, alorsque la dynamique antérieure n'avait pas parachevé sonparcours démocratique. Ainsi, en dépit d'avancéesconsidérables, l'alphabétisation de tous les adultes n'étaitpas encore réalisée, non plus que l'accueil de tous lesenfants de 6 à 10 ans à l'école, ce qui contribuait à entretenirune population d'analphabètes. L'éducation étant mainte­nant considérée comme un investissement, le militantisme àfonds perdus des campagnes d'alphabétisation des adultes etde scolarisation des enfants dans les zones résistantes faitplace à un plus grand réalisme. Les objectifs des program­mes d'alphabétisation sont globalement revus à la baisse etde plus ajustés aux difficultés estimées. Au lieu deconcerner comme auparavant toutes les personnes d'âgeactif (plus de 15 ans), ces programmes ne visent plusmaintenant que les 15-25 ans dans les zones les plusdélicates (provinces montagneuses, zones enclavées, deltadu Mékong et populations de pêcheurs), et les 15-35 ansdans le reste du pays. Les plans éducatifs étant maintenantindicatifs et de plus largement délégués aux provinces, lacarte scolaire ne pouvant plus répondre d'une commandecentrale pour tous les niveaux, la réalisation des objectifs del'éducation dans l'enseignement primaire et secondairegénéral est assujettie à la volonté et aux moyens budgétairesdes provinces. Tout ceci pèse sur les inégalités régionalesd'alphabétisation et de scolarisation.

Par ailleurs les nouvelles procédures de financementaltèrent le fonctionnement démocratique de l'école. L'égali­tarisme du primaire est menacé, et les inégalités d'accès auxcycles supérieurs se renforcent. Cela tient aux chargesnouvelles qui pèsent maintenant sur les parents d'élèves et

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la fluidité des parcours scolaires peut subir de sérieusesentraves économiques. Scolariser ses enfants, c'est faire un .véritable investissement au sens physique du terme, c'est-à­dire dépenser de l'argent. Officiellement, et à la différencedes autres niveaux, l'école primaire reste gratuite.Cependant les budgets publics ne peuvent assurer en moyen­ne que 50 % des frais de fonctionnement (avec desvariations de 25 à 65 % selon les provinces) et le reste estdonc exigé des parents. Scolariser un enfant dans l'ensei­gnement primaire coûtait en moyenne par an en 1996, etsans compter les repas, 261 000 dôngs dans les zonesurbaines et 105 000 dôngs dans les zones rurales [GSO,1996]. Pour les familles pauvres2

, le montant de ces sommespeut amener à écourter les scolarités primaires, voire à nepas les autoriser.

C'est a fortiori le cas pour les niveaux de l'enseignementsecondaire où, en plus des droits scolaires officiels, qui vontde 20 000 à 60 000 dôngs, les sommes exigées doublent ouquadruplent. Pour le secondaire de base, et selon la mêmesource, les coûts non-officiels sont de 488000 dôngs dansles zones urbaines et de 203 000 dôngs dans les zonesrurales. Pour le secondaire supérieur, ils sont respectivement788000 dôngs et 503000 dôngs. L'enseignement supérieurest dans la même logique. Les droits officiels sont encoreplus élevés (420000 dôngs en moyenne en 1994 et 1995)[World Bank, 1996], et ils ne représentent que moins de lamoitié des coûts non-officiels. Un système de bourses, deréduction de droits et de prêts existe toutefois pour lesétudiants, mais d'une part il n'est pas explicitement basé surle niveau de ressources des familles, et d'autre part lesmodes d'attribution et les montants attribués sont variables,voire discrétionnaires, selon les établissements.

2 Le salaire mensuel minimum passera à 210 000 dôngs en 2001

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Au-delà du primaire, la poursuite de la scolarité dans lesniveaux supérieurs dépend donc de moins en moins desseuls résultats scolaires, parce qu'elle repose de plus en plussur les moyens financiers des parents au fur et à mesure quel'on s'élève dans les niveaux. Ce mécanisme de sélectivitéfinancière qui s'ajoute à celui de l'héritage culturel fait quec'est véritablement dans cet accès aux niveaux supérieursque s'expriment et se renforcent les inégalités sociales. Cesniveaux post-primaire sont les plus socialement discrimi­nants mais ils sont aussi ceux qui ont évolué le plus vite cesdernières années non seulement dans leurs effectifs maisaussi dans leur structure. Pour les effectifs, le graphique 1p. 30 en illustre les évolutions récentes. Cela se traduit pardes inflexions dans la forme de la pyramide scolaire. Entre1979-1980 et 1995-1996, pour 1 000 élèves dans leprimaire, le secondaire de base est passé de 400 élèves à421, le secondaire supérieur de 87 à 100 et l'enseignementsupérieur de 19 à 40.

La structure a quant à elle connu deux grands change­ments. Le premier, éminemment symbolique, a conduit en1990 à la création dans toutes les provinces d'une filièrespéciale du secondaire supérieur qui regroupe les «élèvesdoués ». Le second changement, de plus grande incidence,est issu de la fin du monopole de l'offre publiqued'éducation qui, en libérant la demande «payante », aouvert la voie à des acteurs privés. Ces derniers ontprogressivement développé une offre (les écoles « fondéespar le peuple» et les écoles privées) qui investit deuxcréneaux, à la base et au sommet du système, l'ensei­gnement pré-primaire d'un côté et le secondaire supérieur etl'université de l'autre. La progression récente de ces deuxderniers est d'ailleurs attribuable pour plus du quart à cetteoffre privée. La sélectivité financière et bien sûr sociale del'accès à ces niveaux suit donc une trajectoire ascendante.

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La diversification des filières du secondaire supérieur neserait en fait qu'une expression structurelle d'un mouvementde différenciation sociale qui traverse l'ensemble dusystème scolaire.

Ce mouvement de différenciation est avant tout uneaccentuation des inégalités de situation socio-économique etdes clivages géographiques. Il commence dès l'enseigne-.ment pré-scolaire. Ce niveau n'a pas vocation à inculquer àproprement parler des connaissances mais à dispenser, entermes de sociabilité et d'imprégnation culturelle, une bonnepréparation au mode de vie scolaire. Or depuis 1993 lareconstruction de ce niveau, gravement affecté par la fin descoopératives, est due pour une bonne part (40 %) à desinitiatives privées et s'est effectuée principalement en milieuurbain. Ensuite, au niveau de l'enseignement primaire, unebonne manière de tempérer les inégalités de culture scolairedes enfants est de renforcer la qualité de l'enseignementdispensé - qui joue un rôle important dans la régularité desparcours scolaires- et particulièrement en rehaussant leniveau de qualification des enseignants. C'est dans cedomaine que les efforts gouvernementaux ont porté et c'estune des causes de la reprise du primaire. Ainsi entre 1991 et1995, la moyenne nationale de maîtres qualifiés du primaireest passée de 57 à 66 % [GSO, 1997]. L'ensemble du pays abénéficié de cet effort, et toutes les zones ont vu leur taux deréalisation3 progresser d'une vingtaine de points, mais lesécarts initiaux entre elles sont restés quasiment identiques(tableau 2).

On peut noter que les zones économiques qui possèdentles taux les plus bas en 1991 comme en 1995, Les Hautsplateaux du Centre et le delta du Mékong, sont aussi cellesoù les taux d'analphabétisme restent supérieurs à la

3 Pourcentage des enfants de la classe 1 recrutés il y a cinq ans et quiont fini le primaire.

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moyenne nationale et où la culture scolaire est la moinsvivante. Ces déficits éducatifs bien localisés s'enracinentdans un long passé. La progression générale de la maîtrisedes parcours signifie néanmoins que la reprise de ladynamique scolaire a bien reconsolidé le socle de l'ensei­gnement primaire, mais que les inégalités scolairesrégionales n'ont pas été réduites.

Tableau 2Évolution sur cinq ans des taux de réalisation dans l'enseignement

primaire par zones économiques

1990-91 1991-92 1992-93 1993-94 1994-95

Hautes Terres du Nord 37,4 38,3 46,6 54,9 57,8Delta du Fleuve Rouge 66,1 68,6 72,0 79,6 91,2Centre-Nord 43,5 45,5 49,6 59,5 66,9Centre Côtier 46,6 44,9 50,8 61,8 71,9Hauts plateaux du Centr~ 31,2 33,3 37,0 48,3 50,0Sud-Est 46,3 46,7 50,8 64,2 63,5Delta du Mékong 23,0 23,2 28,1 39,3 48,6

Un autre aspect important des inégalités est celui quitouche au clivage urbain-rural. Ce terme de clivage souligneen effet l'existence d'un véritable décalage de scolarisationentre les zones urbaines et les zones rurales. Ceci vaut pourles adultes, pour lesquels les différences de niveau scolaireatteint correspondent en moyenne à un cycle entier de retardpour les zones rurales [Henaff, Martin, 1999]. Ceci vautaussi pour le mode actuel de scolarisation des enfants. Toutd'abord la proportion des enfants qui n'iront jamais à l'écoleest plus importante dans les zones rurales (de 4 à 5 % contrede 0,7 à 2 % dans les zones urbaines).

Ensuite le recrutement à l'école y est plus tardif, avec71 % des enfants de 5-9 ans dans le primaire contre 80 %dans les zones urbaines. Enfin les passages dans les cyclessupérieurs y sont beaucoup moins nombreux. En effet, si lesjeunes gens d'origine rurale de la tranche d'âge des 15-19

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ans sont pour 18 % dans le secondaire de base, 24 % dans lesecondaire supérieur, 2 % à l'université et près de 50 % quiont déjà mis fin à leur parcours scolaire, pour les jeunesgens d'origine urbaine les proportions pour les mêmesniveaux sont respectivement de 7 %, 47 %, Il % et 33 %.

Ces inégalités éducatives selon la région et selon larésidence urbaine-rurale ne font qu'exprimer des inégalitéssociales. Il est certain que l'offre scolaire différentielle enqualité comme en quantité est un facteur important de cesinégalités éducatives. Les enseignants sont dans l'ensembleplus qualifiés dans les zones urbaines, même si le niveaugénéral est en progression, et les établissements d'enseigne­ment secondaire supérieur et les universités restent unmonopole des villes.

De plus les formations dispensées sont très articuléesavec le mode de vie urbain. Cependant le simple fait descolariser ou non son enfant, ensuite celui de maintenir cetenfant à l'école et a fortiori celui de prolonger sa scolaritéen l'appuyant pour le franchissement des échelonssupérieurs est largement dépendant de la condition socio­économique de la famille. Ce l'est surtout depuis quel'entrée, le maintien et la progression à l'école sont de plusen plus assujettis au discriminant financier. Le niveau de viedes parents conditionne quasi mécaniquement le niveau descolarité que peuvent suivre les enfants. Tiré d'une enquêtenationale réalisée en 1997, le graphique 7 en est l'illus­tration [Henaff, Martin, 1999t En fonction de la région, dela résidence et du niveau de vie, les parcours scolairesconditionnent aussi l'accès à la formation professionnelle,car des scolarités insuffisantes ou tardives constituent unhandicap pour l'accès à celle-ci. Dans ses formes scolaires,cette formation professionnelle n'est vraiment ouverte

4 Le niveau de vie des familles (revenu plus équipement de l'habitation)a été distribué en 5 strates ascendantes, de 20 à 100.

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qu'aux sortants de l'enseignement secondaire de base etsecondaire supérieur. Ces fonnes scolaires, on l'a vu, sontentrées en crise depuis la restructuration économique du pays.Cette crise n'a pas empêché une forte montée de l'offre et dela demande (particulièrement chez les jeunes ruraux) defonnations extra-scolaires, conséquence alternative de cettemême restructuration. Or Les fonnations extra-scolairesinstitutionnelles sont préférentiellement ouvertes auxpersonnes qui ont un niveau égal ou supérieur au secondairede base. Autrement dit, un niveau scolaire inférieur ausecondaire de base n'ouvre l'accès, quand c'est le cas, qu'auxfonnations non-institutionnelles, c'est-à-dire à l'auto­fonnation, aux fonnations sur le tas ou au métier familial.

Graphique 7Niveau d'études des enfants selon le niveau de vie des parents en 1997

100.,.••SO60 r---~I--..-

40

20

o+----~--=I======lPrimaire Secondaire de Secondaire Université

base supérieur

Niveau d'étude des enfants

.100

csoC60

C40

C20

Le Renouveau a ainsi profité au plus grand nombre entennes de scolarisation de base. Dans le même mouvementelle a pennis aux couches sociales urbaines de se revitaliseret de s'investir massivement dans les niveaux élevés dusystème scolaire. En même temps, sur les marges, celles del'analphabétisme et de la non-scolarisation, l'effort égalita­riste marque le pas.

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Conclusion

La politique de rénovation a engendré des changementsredoutables dans l'économie et la société vietnamiennes.Elle a désencadré et libéré l'économie et a permis de ce faitla sortie du marasme économique et la reprise de lacroissance. Cependant les fruits de cette efficacité économi­que ne sont pas également partagés. La diversification desactivités permet bien d'accroître les revenus, y compris enmilieu rural. Il s'en faut cependant que tous les agriculteursen aient bénéficié. Cette diversification a été plusrémunératrice dans les secteurs de l'industrie et des services.Les revenus augmentent globalement mais les inégalités derevenu et de niveau de vie tendent à s'accroître aussi, ainsique celles liées au type d'emploi occupé. Toutes lescomposantes de l'ancien système de protection sociale n'ontpas encore été parfaitement relayées.

Par ailleurs le désencadrement du jeu social, associé auRenouveau économique, libère les aspirations individuellesà se faire valoir et à tirer avantage de la nouvelle donne. Unenouvelle bourgeoisie- d'argent émerge et investit le champscolaire, et le nouveau mode de «laisser faire» dansl'éducation commence à contredire les principes del'égalitarisme socialiste. C'est dans un nouvel espace écono­mique et social que peuvent se déployer les stratégies desindividus, des familles, des entreprises et des institutions.

Bibliographie

DE VIENNE M.S. [1994], L'économie du Viêt-nam (1955­1995) - Bilan et Prospective, Paris, CHEAM, NotesAfricaines, Asiatiques et Caraibes, 223 p.

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RESTRUCTURATION ECONOMIQUE ET SOCIALE 67

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1994], Vietnam LivingStandards Survey, 1992/93, Hanoi, Statistical PublishingHouse.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1997], Social indicators inVietnam 1990-1995, Hanoi, Statistical Publishing House.

HENAFF N., MARTIN l-Y. [1999], Observatoire de l'emploiet des ressources humaines, Viêt-nam, Rapport del'enquête auprès des ménages, deuxième passage,novembre-décembre 1997, Hanoi, Éditions du Travail etdes Affaires sociales, 105 p.

WORLD BANK [1996], Vietnam - Education financing sectorstudy, Human Resources Operations Division CountryDepartment J, East Asia and Pacifie Region, October,143 p.+ annexes.

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Les stratégies individuelleset familiales

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Les politiques menées par le gouvernement, la restructu­ration économique et la recomposition sociale ont contribuéà la transformation en profondeur de l'environnementéconomique et social. Les différents individus et groupessociaux qui composent la société vietnamienne ont dûadapter leurs comportements pour s'ajuster à cet environne­ment en changement constant, modifiant en retourl'environnement dans lequel ils évoluent. Toutes lescomposantes de la société n'évoluent pas de la mêmemanière, mais des traits communs se dessinent. En effet, lesstratégies mises en œuvre sont marquées par l'incertitudequi apparaît avec la transition vers une économie marchandeet caractérise désormais cet environnement, et la recherchede l'efficacité. Elles tendent à reconfigurer les rapports autravail, à l'emploi et à l'éducation-formation. Pour lesménages, et les individus qui les composent, les stratégies

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Les stratégies individuelleset familiales

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Les politiques menées par le gouvernement, la restructu­ration économique et la recomposition sociale ont contribuéà la transformation en profondeur de l'environnementéconomique et social. Les différents individus et groupessociaux qui composent la société vietnamienne ont dûadapter leurs comportements pour s'ajuster à cet environne­ment en changement constant, modifiant en retourl'environnement dans lequel ils évoluent. Toutes lescomposantes de la société n'évoluent pas de la mêmemanière, mais des traits communs se dessinent. En effet, lesstratégies mises en œuvre sont marquées par l'incertitudequi apparaît avec la transition vers une économie marchandeet caractérise désormais cet environnement, et la recherchede l'efficacité. Elles tendent à reconfigurer les rapports autravail, à l'emploi et à l'éducation-formation. Pour lesménages, et les individus qui les composent, les stratégies

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éducatives visent de plus en plus à réserver l'avenir et àintégrer le rapport qualité/prix dans les choix. Les stratégieséconomiques visent quant à elles à rechercher des sourcesde revenu pour faire face, à la fois à l'augmentation descoûts pour conserver un niveau de vie stable, et lorsqu'ils lepeuvent à l'augmentation des dépenses engendrée par ladiversification et la multiplication des biens et servicesdisponibles dans l'économie. Selon les milieux, lescatégories sociales, les emplois occupés, toutes ces straté­gies prennent des formes diverses qui reflètent lesincertitudes de la transition actuelle et soulignent les faibles­ses, mais aussi les atouts du système qui se met en place.

Les comportements de scolarisation

Dans un pays qui a une si longue tradition scolaire et oùla scolarisation possède une telle profondeur, les comporte­ments familiaux et individuels d'adhésion face à l'écoleétaient, pour la majorité de la population, quelque chose denaturel et aussi de conforme. Tout le monde devait êtrealphabétisé, tous les enfants devaient aller à l'école dans desétablissements gérés par les pouvoirs publics, franchir leséchelons selon les résultats et ensuite occuper un emploihérité de la famille ou attribué par l'État. L'éducation étaitun bien public, un intérêt collectif et un devoir national, etchacun devait y participer.

La politique de rénovation a bouleversé cette vision etmodifié ces comportements. La scolarisation est toujoursobligatoire, mais maintenant il faut la payer et sesdébouchés sont indéterminés. Face à elle, chacun est conviéà une prise de risques sans être complètement assuré duretour. L'éducation devient, pour les individus et lesfamilles, un objet d'investissement, un bien privé, un intérêtindividuel et une obligation personnelle si l'on veut se

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éducatives visent de plus en plus à réserver l'avenir et àintégrer le rapport qualité/prix dans les choix. Les stratégieséconomiques visent quant à elles à rechercher des sourcesde revenu pour faire face, à la fois à l'augmentation descoûts pour conserver un niveau de vie stable, et lorsqu'ils lepeuvent à l'augmentation des dépenses engendrée par ladiversification et la multiplication des biens et servicesdisponibles dans l'économie. Selon les milieux, lescatégories sociales, les emplois occupés, toutes ces straté­gies prennent des formes diverses qui reflètent lesincertitudes de la transition actuelle et soulignent les faibles­ses, mais aussi les atouts du système qui se met en place.

Les comportements de scolarisation

Dans un pays qui a une si longue tradition scolaire et oùla scolarisation possède une telle profondeur, les comporte­ments familiaux et individuels d'adhésion face à l'écoleétaient, pour la majorité de la population, quelque chose denaturel et aussi de conforme. Tout le monde devait êtrealphabétisé, tous les enfants devaient aller à l'école dans desétablissements gérés par les pouvoirs publics, franchir leséchelons selon les résultats et ensuite occuper un emploihérité de la famille ou attribué par l'État. L'éducation étaitun bien public, un intérêt collectif et un devoir national, etchacun devait y participer.

La politique de rénovation a bouleversé cette vision etmodifié ces comportements. La scolarisation est toujoursobligatoire, mais maintenant il faut la payer et sesdébouchés sont indéterminés. Face à elle, chacun est conviéà une prise de risques sans être complètement assuré duretour. L'éducation devient, pour les individus et lesfamilles, un objet d'investissement, un bien privé, un intérêtindividuel et une obligation personnelle si l'on veut se

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SIRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 71

prémunir face à un futur incertain. On doit y investirfinancièrement pour mener à bien les parcours, mais enfaisant des paris. On fait donc des choix scolaires où entrentde plus en plus le calcul économique et l'anticipation. Ceretournement du sens de l'éducation amène à descomportements qui varient selon les individus et les groupessociaux. On peut ainsi identifier trois grands types decomportement: l'évitement, la discipline et la surenchère.

Au Viêt-Nam le ciment national fait qu'en dépit desenvironnements variés, des changements qui la traversent etde sa stratification, la société reste très intégrée. Il existenéanmoins sur ses franges des groupes dont l'intégration neva pas de soi. Qu'ils soient des minorités culturelleslocalisées ou des groupes économiquement marginauxrépartis sur l'ensemble du pays, ils se distinguent par descomportements scolaires d'évitement. Ces stratégies d'évite­ment ne sont pas nouvelles. Elles se sont néanmoinsexacerbées au tournant du doi moi. En effet, le choc de 1989et le courant de déscolarisation ont surtout affecté les zoneset les groupes sociaux où et pour lesquels la scolarisationétait tirée à bout de bras et donc fragile. Les groupes de lapremière catégorie sont appelés «minorités ethniques» ou« ethnies montagnardes» par les autorités. Ces groupes sontnombreux mais dans l'ensemble de petite taille, enracinésgéographiquement et dans des zones parfois enclavées, trèsstructurés sur plan culturel et linguistique, et leur mode deproduction associe l'agriculture de subsistance, la chasse etla cueillette, avec une division du travail dans laquelle lesenfants ont des tâches spécifiques. Chacun de ces groupesconstitue une véritable entité culturelle dont les membresveillent à la préservation. Tout ceci peut expliquer ladifficulté de pénétration du sentiment national et celle de lascolarisation, d'autant que celle-ci est faite dans une langue(le Kinh) qui leur est étrangère. Malgré les efforts déployés

SIRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 71

prémunir face à un futur incertain. On doit y investirfinancièrement pour mener à bien les parcours, mais enfaisant des paris. On fait donc des choix scolaires où entrentde plus en plus le calcul économique et l'anticipation. Ceretournement du sens de l'éducation amène à descomportements qui varient selon les individus et les groupessociaux. On peut ainsi identifier trois grands types decomportement: l'évitement, la discipline et la surenchère.

Au Viêt-Nam le ciment national fait qu'en dépit desenvironnements variés, des changements qui la traversent etde sa stratification, la société reste très intégrée. Il existenéanmoins sur ses franges des groupes dont l'intégration neva pas de soi. Qu'ils soient des minorités culturelleslocalisées ou des groupes économiquement marginauxrépartis sur l'ensemble du pays, ils se distinguent par descomportements scolaires d'évitement. Ces stratégies d'évite­ment ne sont pas nouvelles. Elles se sont néanmoinsexacerbées au tournant du doi moi. En effet, le choc de 1989et le courant de déscolarisation ont surtout affecté les zoneset les groupes sociaux où et pour lesquels la scolarisationétait tirée à bout de bras et donc fragile. Les groupes de lapremière catégorie sont appelés «minorités ethniques» ou« ethnies montagnardes» par les autorités. Ces groupes sontnombreux mais dans l'ensemble de petite taille, enracinésgéographiquement et dans des zones parfois enclavées, trèsstructurés sur plan culturel et linguistique, et leur mode deproduction associe l'agriculture de subsistance, la chasse etla cueillette, avec une division du travail dans laquelle lesenfants ont des tâches spécifiques. Chacun de ces groupesconstitue une véritable entité culturelle dont les membresveillent à la préservation. Tout ceci peut expliquer ladifficulté de pénétration du sentiment national et celle de lascolarisation, d'autant que celle-ci est faite dans une langue(le Kinh) qui leur est étrangère. Malgré les efforts déployés

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par les autorités pour intégrer ces groupes minoritaires aucourant collectif, y compris en exonération de frais et encréation de pensionnats, la scolarisation reste faible etl'analphabétisme important. Le souci de préservation dumode de production et des orientations culturelles entretientles comportements d'évitement de ces groupes, comporte­ments qui peuvent prendre à l'occasion des formesspectaculaires 1•

Les autres groupes qui restent en marge de lascolarisation, mais par défaut plus que par choix délibéré, àla différence des minorités culturelles, sont les couchessociales très pauvres des villes et surtout des campagnes.Dénués d'instruments de production - comme les paysanssans terre du delta du Mékong - et nantis de leur seul forcede travail pour assurer un revenu, les membres de cesgroupes ont comme priorité la survie au quotidien et non pasla scolarisation de leurs enfants. Une enquête réalisée en1993 [World Bank, 1994 ; World Bank, 1995] a souligné lesraisons de la non-scolarisation primaire des enfants dans leszones rurales pour les familles du groupe des plus pauvres:école trop chère (38,5 %), école trop éloignée (19 %), lesparents ne s'en préoccupent pas (14 %). Une enquête de fin1997 [Henaff, Martin, 1999] relève aussi que c'est unemajorité de ruraux (96 %) et de la tranche de niveau de vie

1 « Selon une information du Service de l'Éducation et de la Formationde la province de Gia Lai (Centre Viêt-nam), récemment des milliersd'élèves ont abandonné les cours dans cette province. Les districts lesplus touchés par ce phénomène sont ceux de Chu Pong (1 193 élèves ontdélaissé les salles de cours), Chu Se (plus de 1 000 élèves), Krong Cho(340 élèves) ... Les raisons qui poussent les élèves à abandonner lescours sont diverses: en saison de l'intermoisson (période de soudure),de nombreux élèves souffrant de la faim doivent aller dans la forêt pourla cueillette et doivent accomplir les travaux de brûlis, manque dematériel scolaire, ou même arrêt des cours parce que les élèves doiventpenser à se marier. ... », extrait du Quotidien Lao Dong du 10/05/2000.

72 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

par les autorités pour intégrer ces groupes minoritaires aucourant collectif, y compris en exonération de frais et encréation de pensionnats, la scolarisation reste faible etl'analphabétisme important. Le souci de préservation dumode de production et des orientations culturelles entretientles comportements d'évitement de ces groupes, comporte­ments qui peuvent prendre à l'occasion des formesspectaculaires 1•

Les autres groupes qui restent en marge de lascolarisation, mais par défaut plus que par choix délibéré, àla différence des minorités culturelles, sont les couchessociales très pauvres des villes et surtout des campagnes.Dénués d'instruments de production - comme les paysanssans terre du delta du Mékong - et nantis de leur seul forcede travail pour assurer un revenu, les membres de cesgroupes ont comme priorité la survie au quotidien et non pasla scolarisation de leurs enfants. Une enquête réalisée en1993 [World Bank, 1994 ; World Bank, 1995] a souligné lesraisons de la non-scolarisation primaire des enfants dans leszones rurales pour les familles du groupe des plus pauvres:école trop chère (38,5 %), école trop éloignée (19 %), lesparents ne s'en préoccupent pas (14 %). Une enquête de fin1997 [Henaff, Martin, 1999] relève aussi que c'est unemajorité de ruraux (96 %) et de la tranche de niveau de vie

1 « Selon une information du Service de l'Éducation et de la Formationde la province de Gia Lai (Centre Viêt-nam), récemment des milliersd'élèves ont abandonné les cours dans cette province. Les districts lesplus touchés par ce phénomène sont ceux de Chu Pong (1 193 élèves ontdélaissé les salles de cours), Chu Se (plus de 1 000 élèves), Krong Cho(340 élèves) ... Les raisons qui poussent les élèves à abandonner lescours sont diverses: en saison de l'intermoisson (période de soudure),de nombreux élèves souffrant de la faim doivent aller dans la forêt pourla cueillette et doivent accomplir les travaux de brûlis, manque dematériel scolaire, ou même arrêt des cours parce que les élèves doiventpenser à se marier. ... », extrait du Quotidien Lao Dong du 10/05/2000.

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 73

la plus basse (67 %) qui constituent la population des non­scolarisés de 15-19 ans.

Si l'évitement scolaire se manifeste surtout dans desgroupes minoritaires, la discipline caractérise une majoritéde comportements ruraux et surtout urbains. Pour lesfamilles cette discipline scolaire s'exprime avant toute chosepar l'inscription de chaque enfant (fille ou garçon sansdiscrimination) de 6 ans - âge légal - à l'école primaire,inscription précédée quand cela est possible par un passagedans l'enseignement pré-scolaire. Elle s'exprime égalementpar l'attention prêtée au travail scolaire des enfants, par laprévention des redoublements et le refus des abandons. Au­delà du primaire, la poursuite de la scolarité doit se faire siles résultats des enfants le permettent, la politique éducativeprônant d'ailleurs la généralisation du secondaire de basedepuis le début des années 1980. Ce comportement dediscipline scolaire va de pair avec des comportements démo­graphiques conformes à la politique nationale de réductionde la natalite. Bien que légèrement affectée par le choc de1989 et principalement dans le secondaire général etprofessionnel, la discipline des comportements n'a pas dansl'ensemble été érodée par la monétarisation des rapports àl'éducation, sauf dans les milieux agricoles qui n'ont pas puprofiter de la diversification des activités et qui éprouventdes difficultés à financer les scolarités prolongées. Enrevanche, c'est plutôt pour mieux faire face à un avenirmoins protégé que des comportements d'allongement desscolarités se sont de plus en plus fait jour en milieu urbain etaussi en milieu rural dans les catégories sociales les moinsdémunies. Les milieux où ces comportements de typediscipliné sont les plus opérants sont ceux qui étaient aucœur des réalisations de la période socia:Iiste, et enparticulier ceux du delta du fleuve Rouge. L'intériorisation

2 Cette politique prescrit un maximum de deux enfants par ménage.

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 73

la plus basse (67 %) qui constituent la population des non­scolarisés de 15-19 ans.

Si l'évitement scolaire se manifeste surtout dans desgroupes minoritaires, la discipline caractérise une majoritéde comportements ruraux et surtout urbains. Pour lesfamilles cette discipline scolaire s'exprime avant toute chosepar l'inscription de chaque enfant (fille ou garçon sansdiscrimination) de 6 ans - âge légal - à l'école primaire,inscription précédée quand cela est possible par un passagedans l'enseignement pré-scolaire. Elle s'exprime égalementpar l'attention prêtée au travail scolaire des enfants, par laprévention des redoublements et le refus des abandons. Au­delà du primaire, la poursuite de la scolarité doit se faire siles résultats des enfants le permettent, la politique éducativeprônant d'ailleurs la généralisation du secondaire de basedepuis le début des années 1980. Ce comportement dediscipline scolaire va de pair avec des comportements démo­graphiques conformes à la politique nationale de réductionde la natalite. Bien que légèrement affectée par le choc de1989 et principalement dans le secondaire général etprofessionnel, la discipline des comportements n'a pas dansl'ensemble été érodée par la monétarisation des rapports àl'éducation, sauf dans les milieux agricoles qui n'ont pas puprofiter de la diversification des activités et qui éprouventdes difficultés à financer les scolarités prolongées. Enrevanche, c'est plutôt pour mieux faire face à un avenirmoins protégé que des comportements d'allongement desscolarités se sont de plus en plus fait jour en milieu urbain etaussi en milieu rural dans les catégories sociales les moinsdémunies. Les milieux où ces comportements de typediscipliné sont les plus opérants sont ceux qui étaient aucœur des réalisations de la période socia:Iiste, et enparticulier ceux du delta du fleuve Rouge. L'intériorisation

2 Cette politique prescrit un maximum de deux enfants par ménage.

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74 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

des idéaux collectifs et des valeurs de l'éducation y étaitmaximale et les comportements scolaires en portent lamarque. Le cas de familles de migrants ruraux arrivant àHanoi de provinces limitrophes est parfaitement illustratifde ces attitudes. Ne pouvant scolariser leurs enfants dans lesécoles de la ville puisqu'elles n'y avaient pas de certificat derésidence, elles ont cherché à créer leurs propres écoles[Diep, Henaff & Thâm, 1996]. Un autre exemple est celuide Thai Binh, province maritime du delta, à 93 % rurale(dont 96 % de riziculteurs), avec une densité de populationd'environ 1100 h.lkm2

• En 1995, le taux net de scolarisationy était de 30 % dans les crèches, 65 % dans les jardinsd'enfants, 96 % dans le primaire et 88 % dansl'enseignement secondaire de baseJ

• L'enseignementsecondaire supérieur y a progressé de 123 % entre 1990-91et 1995-96 [General Statistical Office, 1997]. Ce type decomportement scolaire montre combien il est marqué parl'anticipation - on pense à l'avenir des enfants dès le plusjeune âge - et la discipline tout au long du parcours scolaire.Ceci relève de ce que l'on a pu appeler la « rationalitééconomique de la prise de conscience du temps»[Markiewicz-Lagneau, 1969]. Le souci apporté à la scolari­sation des enfants, c'est-à-dire la vigilance quotidienne etles priorités financières qui y sont appliquées, est le prix àpayer pour leur garantir le meilleur avenir, et d'autant mieuxque le niveau atteint sera le plus élevé, et donc la scolaritéprolongée.

Ces familles disciplinées, mais aussi anticipatrices, ontbien intégré les logiques de fonctionnement de l'école etconnaissent les conditions de la réussite scolaire. Ce niveau

3 La même année, dans le district rural de Kien Xuong (province deThai binh) il était, toujours en taux nets, de 99,6 % dans le primaire et97,4 % dans le secondaire de base. [Source: Bureau des statistiques dudistrict de Kien Xuong]

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des idéaux collectifs et des valeurs de l'éducation y étaitmaximale et les comportements scolaires en portent lamarque. Le cas de familles de migrants ruraux arrivant àHanoi de provinces limitrophes est parfaitement illustratifde ces attitudes. Ne pouvant scolariser leurs enfants dans lesécoles de la ville puisqu'elles n'y avaient pas de certificat derésidence, elles ont cherché à créer leurs propres écoles[Diep, Henaff & Thâm, 1996]. Un autre exemple est celuide Thai Binh, province maritime du delta, à 93 % rurale(dont 96 % de riziculteurs), avec une densité de populationd'environ 1100 h.lkm2

• En 1995, le taux net de scolarisationy était de 30 % dans les crèches, 65 % dans les jardinsd'enfants, 96 % dans le primaire et 88 % dansl'enseignement secondaire de baseJ

• L'enseignementsecondaire supérieur y a progressé de 123 % entre 1990-91et 1995-96 [General Statistical Office, 1997]. Ce type decomportement scolaire montre combien il est marqué parl'anticipation - on pense à l'avenir des enfants dès le plusjeune âge - et la discipline tout au long du parcours scolaire.Ceci relève de ce que l'on a pu appeler la « rationalitééconomique de la prise de conscience du temps»[Markiewicz-Lagneau, 1969]. Le souci apporté à la scolari­sation des enfants, c'est-à-dire la vigilance quotidienne etles priorités financières qui y sont appliquées, est le prix àpayer pour leur garantir le meilleur avenir, et d'autant mieuxque le niveau atteint sera le plus élevé, et donc la scolaritéprolongée.

Ces familles disciplinées, mais aussi anticipatrices, ontbien intégré les logiques de fonctionnement de l'école etconnaissent les conditions de la réussite scolaire. Ce niveau

3 La même année, dans le district rural de Kien Xuong (province deThai binh) il était, toujours en taux nets, de 99,6 % dans le primaire et97,4 % dans le secondaire de base. [Source: Bureau des statistiques dudistrict de Kien Xuong]

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 75

d'intégration et cette connaissance donnent la mesure deleur degré de proximité à la culture scolaire. Celle-ci estbien sûr dépendante des lieux, des catégories sociales et de1'histoire de la scolarisation. En effet, cette culture scolaireplus ou moins profonde détermine la nature des stratégies etle niveau de discipline qui est maintenu. C'est ce niveau dediscipline qui régit le parcours scolaire de chaque enfant.Dans le primaire le parcours normal est de cinq ans, et letableau 2 (p. 63) nous a montré comment ces parcours sesituaient et avaient évolué selon les grandes zonesécologiques du pays.

La zone du delta du fleuve Rouge, qui inclut donc aussila ville de Hanoi, se situe au sommet du palmarès de ladiscipline scolaire. Elle détient le meilleur taux deréalisation dans le primaire (91,2 %), le taux le moins élevéde redoublement (1,5 %), le taux le moins élevé d'abandons(2,2 %) et de plus la deuxième progression la plus rapide dela maîtrise des parcours en 5 ans (+ 25,1 %), alors qu'elle setrouvait déjà en tête au départ. À l'opposé, et pas seulementsur le plan géographique, se trouve le delta du Mékong quicertes a le plus progressé en 5 ans (+ 25,6 %), mais se situedans la plus mauvaise position pour la maîtrise des parcours(48,6 %), les redoublements (7,3 %) et les abandons (12,8 %en moyenne par an en 1994-1995) [General StatisticalOffice, 1997]. Indépendamment des zones géographiques,les comportements urbains sont plus disciplinés dansl'ensemble qu'en milieu rural. Pour l'âge d'entrée enprimaire, on peut noter ainsi que l'âge légal (6 ans), qui estaussi très prédictif quant à la réussite de bons parcours nonseulement dans le primaire mais aussi dans les niveauxsupérieurs [Henaff & Martin, 1999], est nettement moinsrespecté dans les campagnes - où l'on observe un décalageet une dispersion excessive de l'âge de recrutement (près de20 % après l'âge de 7 ans) - que dans les villes (1 % après

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 75

d'intégration et cette connaissance donnent la mesure deleur degré de proximité à la culture scolaire. Celle-ci estbien sûr dépendante des lieux, des catégories sociales et de1'histoire de la scolarisation. En effet, cette culture scolaireplus ou moins profonde détermine la nature des stratégies etle niveau de discipline qui est maintenu. C'est ce niveau dediscipline qui régit le parcours scolaire de chaque enfant.Dans le primaire le parcours normal est de cinq ans, et letableau 2 (p. 63) nous a montré comment ces parcours sesituaient et avaient évolué selon les grandes zonesécologiques du pays.

La zone du delta du fleuve Rouge, qui inclut donc aussila ville de Hanoi, se situe au sommet du palmarès de ladiscipline scolaire. Elle détient le meilleur taux deréalisation dans le primaire (91,2 %), le taux le moins élevéde redoublement (1,5 %), le taux le moins élevé d'abandons(2,2 %) et de plus la deuxième progression la plus rapide dela maîtrise des parcours en 5 ans (+ 25,1 %), alors qu'elle setrouvait déjà en tête au départ. À l'opposé, et pas seulementsur le plan géographique, se trouve le delta du Mékong quicertes a le plus progressé en 5 ans (+ 25,6 %), mais se situedans la plus mauvaise position pour la maîtrise des parcours(48,6 %), les redoublements (7,3 %) et les abandons (12,8 %en moyenne par an en 1994-1995) [General StatisticalOffice, 1997]. Indépendamment des zones géographiques,les comportements urbains sont plus disciplinés dansl'ensemble qu'en milieu rural. Pour l'âge d'entrée enprimaire, on peut noter ainsi que l'âge légal (6 ans), qui estaussi très prédictif quant à la réussite de bons parcours nonseulement dans le primaire mais aussi dans les niveauxsupérieurs [Henaff & Martin, 1999], est nettement moinsrespecté dans les campagnes - où l'on observe un décalageet une dispersion excessive de l'âge de recrutement (près de20 % après l'âge de 7 ans) - que dans les villes (1 % après

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76 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

l'âge de 7 ans). C'est aussi dans les villes que l'on observedes comportements de surenchère.

Les comportements de surenchère peuvent se caractériserpar des attitudes qui consistent à ne pas se satisfaire, pourles individus, de ce que votre propre histoire scolaire a faitde vous, et pour les familles, de ce que le service éducatifpublic national fournit, selon les règles qui sont les siennes,au commun de la population. Ces comportements, qui netouchent encore qu'une partie restreinte de la société et quiexistaient en germe avant le Renouveau, tendent à sedévelopper rapidement, et en particulier dans les famillesurbaines aisées. Pour les individus, les stratégies vont durattrapage scolaire à l'accumulation de diplômes oucertificats. Le versant rattrapage scolaire est cette éducationcontinuée qui existe depuis longtemps au Viêt-nam. Elleentrait dans la politique de lutte contre l'analphabétisme et,sous forme de cours du soir pour adultes, permettait à cesderniers de suivre une scolarité parallèlement à leur activitéprofessionnelle. Depuis le Renouveau on note un fort déve­loppement de la clientèle de ce genre de cours - dont l'offrepublique et privée s'est bien entendu développée -, clientèlesoucieuse d'élargir ses connaissances et d'obtenir surtoutdes diplômes supérieurs à ceux qu'elle avait obtenus aucours de son enfance scolaire. Ainsi les universités comptentparmi leurs étudiants un nombre important d'adultestravaillant. L'autre versant, l'accumulation de diplômes etde certificats de tous ordres, très répandue dans les villes, estle fait de personnes qui ont suivi une scolarité normale, ycompris jusqu'à l'université, mais qui veulent obtenir descertifications dans des domaines complémentaires à celui deleur formation initiale et en particulier dans ceux jugésincontournables depuis le Renouveau, l'informatique et leslangues étrangères.

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l'âge de 7 ans). C'est aussi dans les villes que l'on observedes comportements de surenchère.

Les comportements de surenchère peuvent se caractériserpar des attitudes qui consistent à ne pas se satisfaire, pourles individus, de ce que votre propre histoire scolaire a faitde vous, et pour les familles, de ce que le service éducatifpublic national fournit, selon les règles qui sont les siennes,au commun de la population. Ces comportements, qui netouchent encore qu'une partie restreinte de la société et quiexistaient en germe avant le Renouveau, tendent à sedévelopper rapidement, et en particulier dans les famillesurbaines aisées. Pour les individus, les stratégies vont durattrapage scolaire à l'accumulation de diplômes oucertificats. Le versant rattrapage scolaire est cette éducationcontinuée qui existe depuis longtemps au Viêt-nam. Elleentrait dans la politique de lutte contre l'analphabétisme et,sous forme de cours du soir pour adultes, permettait à cesderniers de suivre une scolarité parallèlement à leur activitéprofessionnelle. Depuis le Renouveau on note un fort déve­loppement de la clientèle de ce genre de cours - dont l'offrepublique et privée s'est bien entendu développée -, clientèlesoucieuse d'élargir ses connaissances et d'obtenir surtoutdes diplômes supérieurs à ceux qu'elle avait obtenus aucours de son enfance scolaire. Ainsi les universités comptentparmi leurs étudiants un nombre important d'adultestravaillant. L'autre versant, l'accumulation de diplômes etde certificats de tous ordres, très répandue dans les villes, estle fait de personnes qui ont suivi une scolarité normale, ycompris jusqu'à l'université, mais qui veulent obtenir descertifications dans des domaines complémentaires à celui deleur formation initiale et en particulier dans ceux jugésincontournables depuis le Renouveau, l'informatique et leslangues étrangères.

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 77

La surenchère pour les familles consiste à chercher àréunir toutes les conditions jugées indispensables à laréussite scolaire et à l'ascension sociale de leurs enfants, lesmodalités d'accès, les normes et la qualité du serviceéducatif public étant jugées inadéquates ou insuffisantes.Ces stratégies montantes sont à mettre en relation avec leniveau d'aspiration extrêmement élevé des familles urbainesquant au niveau scolaire attendu de leurs enfants[MolisaJOrstom, 1999]. Ces familles investissent de la sortedans l'enseignement pré-scolaire privé, le service public enla matière ayant été gravement touché par ladécollectivisation. En 1994, les écoles maternelles privéesaccueillaient 20 % des enfants en maternelle, et 40 % en1996. Ensuite, on s'efforce de faire entrer ses enfants le plusvite possible à l'école primaire qui reste dans le domainepublic, et l'on obtient des dérogations quant à l'âge légal.Des enfants de 5 ans sont ainsi admis dans des écolesprimaires urbaines. Pour que le parcours primaire se fasse lemieux possible, on paye des leçons particulières à la maison.Pour le secondaire de base, on recherche la meilleure écolepublique, le privé ne progressant que lentement dans ceniveau. Pour le secondaire supérieur, le dernier niveau avantl'université, une demande très forte s'exerce en directiondes établissements privés dont la clientèle a crû de 10 à25 % de l'ensemble entre 1994 et 1996 [General StatisticalOffice, 1997], mais qui est proportionnellement beaucoupplus forte dans les grandes villes, au point de franchir leseuil de la moitié à Ho-Chi-Minh-Ville. Le niveauuniversitaire n'est pas en reste dans ces démarches desfamilles aisées, et l'offre suit la demande avec près de 25 %des étudiants accueillis dans des universités ou écolessupérieures privées. Certaines familles cependant ne sesatisfont pas du niveau de l'enseignement supérieur au Viêt­Nam, et envoient leurs enfants étudier à l'étranger. Cela

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 77

La surenchère pour les familles consiste à chercher àréunir toutes les conditions jugées indispensables à laréussite scolaire et à l'ascension sociale de leurs enfants, lesmodalités d'accès, les normes et la qualité du serviceéducatif public étant jugées inadéquates ou insuffisantes.Ces stratégies montantes sont à mettre en relation avec leniveau d'aspiration extrêmement élevé des familles urbainesquant au niveau scolaire attendu de leurs enfants[MolisaJOrstom, 1999]. Ces familles investissent de la sortedans l'enseignement pré-scolaire privé, le service public enla matière ayant été gravement touché par ladécollectivisation. En 1994, les écoles maternelles privéesaccueillaient 20 % des enfants en maternelle, et 40 % en1996. Ensuite, on s'efforce de faire entrer ses enfants le plusvite possible à l'école primaire qui reste dans le domainepublic, et l'on obtient des dérogations quant à l'âge légal.Des enfants de 5 ans sont ainsi admis dans des écolesprimaires urbaines. Pour que le parcours primaire se fasse lemieux possible, on paye des leçons particulières à la maison.Pour le secondaire de base, on recherche la meilleure écolepublique, le privé ne progressant que lentement dans ceniveau. Pour le secondaire supérieur, le dernier niveau avantl'université, une demande très forte s'exerce en directiondes établissements privés dont la clientèle a crû de 10 à25 % de l'ensemble entre 1994 et 1996 [General StatisticalOffice, 1997], mais qui est proportionnellement beaucoupplus forte dans les grandes villes, au point de franchir leseuil de la moitié à Ho-Chi-Minh-Ville. Le niveauuniversitaire n'est pas en reste dans ces démarches desfamilles aisées, et l'offre suit la demande avec près de 25 %des étudiants accueillis dans des universités ou écolessupérieures privées. Certaines familles cependant ne sesatisfont pas du niveau de l'enseignement supérieur au Viêt­Nam, et envoient leurs enfants étudier à l'étranger. Cela

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78 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

concernait 3458 étudiants en 19954• Ainsi dans ce

comportement de surenchère, on veut plus, mieux, plus haut,plus longtemps, s'il le faut ailleurs, et sans compter. C'estun comportement de distinction sociale. Elle est l'expressionde familles qui ont pu tirer bénéfice de la restructurationéconomique et dont la demande éducative est en mesure,maintenant que son espace est libéré, de créer son offrepropre. L'école est un bien privé, elle doit donc relever dechoix privés.

Les stratégies de formation

L'analyse des stratégies de formation professionnelle nepeut relever des mêmes catégories que celles de l'éducation,même si, d'une manière ou d'une autre, la formation se situetoujours dans le prolongement d'un itinéraire scolaireparticulier. En effet, la formation professionnelle au Viêt­nam est beaucoup moins développée que la scolarisation etne concerne donc qu'une partie restreinte de la population.De plus son mode de développement fait qu'elle concernebeaucoup plus le champ extra-scolaire que le champscolaire. Enfin elle est directement liée aux modalitésd'insertion dans la production, et de ce fait les stratégies deformation sont directement articulées aux stratégiesd'emploi. Nous avons déjà évoqué les répercussions de lacrise puis celles de la restructuration économique surl'évolution du système d'éducation-formation (Chapitre 1).Les licenciements massifs du secteur public, la démobilisa­tion de jeunes recrues et la fin de la planification centraliséeont bouleversé le paysage de la formation.

Selon leur niveau, les formations de type scolaire ontévolué de manière divergente du fait que les stratégies des

4 Source MOET [cité par Pham Minh Hac, 1998]

78 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

concernait 3458 étudiants en 19954• Ainsi dans ce

comportement de surenchère, on veut plus, mieux, plus haut,plus longtemps, s'il le faut ailleurs, et sans compter. C'estun comportement de distinction sociale. Elle est l'expressionde familles qui ont pu tirer bénéfice de la restructurationéconomique et dont la demande éducative est en mesure,maintenant que son espace est libéré, de créer son offrepropre. L'école est un bien privé, elle doit donc relever dechoix privés.

Les stratégies de formation

L'analyse des stratégies de formation professionnelle nepeut relever des mêmes catégories que celles de l'éducation,même si, d'une manière ou d'une autre, la formation se situetoujours dans le prolongement d'un itinéraire scolaireparticulier. En effet, la formation professionnelle au Viêt­nam est beaucoup moins développée que la scolarisation etne concerne donc qu'une partie restreinte de la population.De plus son mode de développement fait qu'elle concernebeaucoup plus le champ extra-scolaire que le champscolaire. Enfin elle est directement liée aux modalitésd'insertion dans la production, et de ce fait les stratégies deformation sont directement articulées aux stratégiesd'emploi. Nous avons déjà évoqué les répercussions de lacrise puis celles de la restructuration économique surl'évolution du système d'éducation-formation (Chapitre 1).Les licenciements massifs du secteur public, la démobilisa­tion de jeunes recrues et la fin de la planification centraliséeont bouleversé le paysage de la formation.

Selon leur niveau, les formations de type scolaire ontévolué de manière divergente du fait que les stratégies des

4 Source MOET [cité par Pham Minh Hac, 1998]

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STRATÉGIES INDNIDUELLES ET FAMILIALES 79

familles, marquées par la recherche de la meilleure assu­rance pour l'avenir de leurs enfants, dOIUlent de plus en plusle privilège aux formations de niveau élevé. Ainsi unepression extrêmement forte s'exerce sur l'enseignementsupérieur, que ce soit les universités ou les écoles techniquessupérieures, dont le diplôme permet d'accéder auxcatégories supérieures de l'emploi. Selon cette mêmelogique, les familles préfèrent la filière de l'enseignementsecondaire général - qui mène plus sûrement à l'enseigne­ment supérieur - à celle de l'enseignement secondairetechnique, dans un contexte où il n'y a plus d'emploigaranti. Les formations professioIUlelles de niveau secon­daire se sont donc mises à végéter en termes de recrutement.Elles ne restent un recours que pour les familles de niveaude vie intermédiaire ou bas.

Graphique 1La demande de formations extra-scolaires

160 T"""----------------'7'Il""--,14012010080604020O+-.......- ......._....--i--i----+--.....--i--...,...--r-_+_~

76-77 78-79 10-81 82·83 84-85 86-87 88-89 90-91 92·93 94-95 96-97

Les formations de type extra-scolaire, qu'elles soientinstitutioIUlelles ou non institutioIUlelles, enregistrent quantà elles une forte montée de la demande, d'individus plus quede familles, qui veulent trouver des opportunités d'adapta­tion au nouveau contexte économique. Si au demeurant ellesne touchent qu'environ 10 % de l'ensemble de la population

STRATÉGIES INDNIDUELLES ET FAMILIALES 79

familles, marquées par la recherche de la meilleure assu­rance pour l'avenir de leurs enfants, dOIUlent de plus en plusle privilège aux formations de niveau élevé. Ainsi unepression extrêmement forte s'exerce sur l'enseignementsupérieur, que ce soit les universités ou les écoles techniquessupérieures, dont le diplôme permet d'accéder auxcatégories supérieures de l'emploi. Selon cette mêmelogique, les familles préfèrent la filière de l'enseignementsecondaire général - qui mène plus sûrement à l'enseigne­ment supérieur - à celle de l'enseignement secondairetechnique, dans un contexte où il n'y a plus d'emploigaranti. Les formations professioIUlelles de niveau secon­daire se sont donc mises à végéter en termes de recrutement.Elles ne restent un recours que pour les familles de niveaude vie intermédiaire ou bas.

Graphique 1La demande de formations extra-scolaires

160 T"""----------------'7'Il""--,14012010080604020O+-.......- ......._....--i--i----+--.....--i--...,...--r-_+_~

76-77 78-79 10-81 82·83 84-85 86-87 88-89 90-91 92·93 94-95 96-97

Les formations de type extra-scolaire, qu'elles soientinstitutioIUlelles ou non institutioIUlelles, enregistrent quantà elles une forte montée de la demande, d'individus plus quede familles, qui veulent trouver des opportunités d'adapta­tion au nouveau contexte économique. Si au demeurant ellesne touchent qu'environ 10 % de l'ensemble de la population

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80 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

employée, on note [Henaff, Martin, 1999] une très forteaccélération de ces démarches depuis les années 1994-1995(graphique 1). Il s'agit aussi d'une population de plus enplus jeune avec 29 % de moins de 20 ans en 94-95 et 47 %en 1996-97.

Il s'agit en outre d'une majorité de résidents en zonerurale (70 %) et dans la partie sud du pays (81 %). Enfin, ettoujours depuis 1994-1995, ces démarches se portentmajoritairement vers les formations extra-scolaires institu­tionnelles, que ce soit en milieu urbain (63 %) ou en milieurural (65,5 %). Ce qui serait donc valorisé dans cesstratégies individuelles c'est une formation structurée,certes, mais aussi une formation aboutissant à un diplôme ouun certificat. Il reste que l'accès à ces formations institution­nelles ne dépend pas de la seule bonne volonté, mais aussid'un niveau scolaire correspondant au moins au secondairede base complet. Dans tous les cas de figure, formationsinstitutionnelles ou non institutionnelles, il s'agit destratégies visant à l'amélioration et/ou à la diversification del'activité.

Stratégies d'emploi et de revenus

Recherche d'emploi

Les différentes catégories d'agents économiques opèrentaujourd'hui sur un marché du travail sur lequel les modalitésd'ajustement sont encore loin d'être fixées. Deux consta­tations s'imposent au vu des tendances observées: alors queles comportements en matière de recherche d'emploi, ens'ajustant au plus près à la restructuration en courstémoignent souvent d'une grande souplesse, impliquantparfois de « sauter les barrières », les méthodes de recherche

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employée, on note [Henaff, Martin, 1999] une très forteaccélération de ces démarches depuis les années 1994-1995(graphique 1). Il s'agit aussi d'une population de plus enplus jeune avec 29 % de moins de 20 ans en 94-95 et 47 %en 1996-97.

Il s'agit en outre d'une majorité de résidents en zonerurale (70 %) et dans la partie sud du pays (81 %). Enfin, ettoujours depuis 1994-1995, ces démarches se portentmajoritairement vers les formations extra-scolaires institu­tionnelles, que ce soit en milieu urbain (63 %) ou en milieurural (65,5 %). Ce qui serait donc valorisé dans cesstratégies individuelles c'est une formation structurée,certes, mais aussi une formation aboutissant à un diplôme ouun certificat. Il reste que l'accès à ces formations institution­nelles ne dépend pas de la seule bonne volonté, mais aussid'un niveau scolaire correspondant au moins au secondairede base complet. Dans tous les cas de figure, formationsinstitutionnelles ou non institutionnelles, il s'agit destratégies visant à l'amélioration et/ou à la diversification del'activité.

Stratégies d'emploi et de revenus

Recherche d'emploi

Les différentes catégories d'agents économiques opèrentaujourd'hui sur un marché du travail sur lequel les modalitésd'ajustement sont encore loin d'être fixées. Deux consta­tations s'imposent au vu des tendances observées: alors queles comportements en matière de recherche d'emploi, ens'ajustant au plus près à la restructuration en courstémoignent souvent d'une grande souplesse, impliquantparfois de « sauter les barrières », les méthodes de recherche

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 81

d'emploi sont, elles, marquées par un très grand conserva­tisme.

Les tendances d'évolution de la structure de l'emploi parsecteur institutionnel montrent qu'une majorité d'individuscommencent leur vie active dans l'exploitation familiale ouen tant que travailleurs indépendants, même si près de 40 %de ceux qui sont entrés en activité à la fin des années 1990ont trouvé un emploi salarié (graphique 5. p. 52). Onobserve la même tendance en ce qui concerne les change­ments d'emploi. Cela signifie que le salariat tend à sedévelopper au Viêt-nam, et que le nombre d'individussusceptibles de trouver, et donc de rechercher, un emploisalarié augmente. Les tendances récentes montrent que c'estsouvent par défaut que la main-d'œuvre se dirige vers ledémarrage d'une activité familiale ou d'une activité àcompte propre. Parmi ceux qui cherchaient un emploi en1997, employés, chômeurs, ou demandeurs d'emploi sansexpérience professionnelle, 61 % souhaitaient trouver unemploi salarié, dont 48 % dans le secteur d'État, 18 % dansle secteur privé, et 14 % dans la fonction publique. 27 %n'exprimaient aucune préférence, ce qui permet de penserqu'ils n'étaient pas a priori disposés à démarrer une activitéà compte propre, tandis que 12 % souhaitaient exercer uneactivité à compte propre. Naturellement, ceux qui envisa­gent de travailler dans l'entreprise familiale ne figurent pascomme demandeurs d'emploi. Mais comme nous l'avonssouligné, leur importance numérique relative tend à seréduire au fil des années.

Les interdits fournissent une excellente illustration del'adaptabilité de la main-d'œuvre à un changement brutal del'environnement réglementaire. Ainsi, l'interdiction despétards à partir de 1996 a forcé l'ensemble d'unecorporation à se reconvertir. Moins d'un an après, lareconversion était terminée. Dans le même ordre d'idées, la

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 81

d'emploi sont, elles, marquées par un très grand conserva­tisme.

Les tendances d'évolution de la structure de l'emploi parsecteur institutionnel montrent qu'une majorité d'individuscommencent leur vie active dans l'exploitation familiale ouen tant que travailleurs indépendants, même si près de 40 %de ceux qui sont entrés en activité à la fin des années 1990ont trouvé un emploi salarié (graphique 5. p. 52). Onobserve la même tendance en ce qui concerne les change­ments d'emploi. Cela signifie que le salariat tend à sedévelopper au Viêt-nam, et que le nombre d'individussusceptibles de trouver, et donc de rechercher, un emploisalarié augmente. Les tendances récentes montrent que c'estsouvent par défaut que la main-d'œuvre se dirige vers ledémarrage d'une activité familiale ou d'une activité àcompte propre. Parmi ceux qui cherchaient un emploi en1997, employés, chômeurs, ou demandeurs d'emploi sansexpérience professionnelle, 61 % souhaitaient trouver unemploi salarié, dont 48 % dans le secteur d'État, 18 % dansle secteur privé, et 14 % dans la fonction publique. 27 %n'exprimaient aucune préférence, ce qui permet de penserqu'ils n'étaient pas a priori disposés à démarrer une activitéà compte propre, tandis que 12 % souhaitaient exercer uneactivité à compte propre. Naturellement, ceux qui envisa­gent de travailler dans l'entreprise familiale ne figurent pascomme demandeurs d'emploi. Mais comme nous l'avonssouligné, leur importance numérique relative tend à seréduire au fil des années.

Les interdits fournissent une excellente illustration del'adaptabilité de la main-d'œuvre à un changement brutal del'environnement réglementaire. Ainsi, l'interdiction despétards à partir de 1996 a forcé l'ensemble d'unecorporation à se reconvertir. Moins d'un an après, lareconversion était terminée. Dans le même ordre d'idées, la

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82 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

remise en ordre des trottoirs dans les villes tend à limiter leszones d'exercice du petit commerce de rue et des servicespersonnels, en particulier de réparation. Les interdits dans cedomaine contribuent sans aucun doute à renforcer unetendance à l'accroissement du capital nécessaire au démar­rage et au fonctionnement d'activités propres, ce qui limitede manière croissante l'accès à ce secteur dans lequel laconcurrence s'est fortement accrue après le développementspectaculaire du commerce et des services dans les années1990. Par ailleurs, l'emploi salarié se développe, offrant auxdemandeurs d'emploi d'autres possibilités d'insertion sur lemarché du travail. En conséquence, la création d'activités àcompte propre s'est ralentie.

Graphique 2Répartition de la population employée en 1997 en fonction des

changements d'emploi

100%-,.__••

80%

60%

40%

20%

ii .

Jamai.lj changé d'emploii;

96-9791-9586-9081-8576-80

0% +---+----i----i----;----I<=75

Date de démarrage de l'emploi actuel

La restructuration du système économique entraîneégalement une augmentation de la mobilité de la main­d'œuvre (graphique 2), même si elle reste globalementfaible. En 1997, seuls 28 % de la population employée avaitchangé d'emploi au moins une fois au cours de sa vieprofessionnelle. Plusieurs facteurs contribuent à cet accrois­sement de la mobilité. La relation entre l'employeur etl'employé dans le système de planification centralisée

82 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

remise en ordre des trottoirs dans les villes tend à limiter leszones d'exercice du petit commerce de rue et des servicespersonnels, en particulier de réparation. Les interdits dans cedomaine contribuent sans aucun doute à renforcer unetendance à l'accroissement du capital nécessaire au démar­rage et au fonctionnement d'activités propres, ce qui limitede manière croissante l'accès à ce secteur dans lequel laconcurrence s'est fortement accrue après le développementspectaculaire du commerce et des services dans les années1990. Par ailleurs, l'emploi salarié se développe, offrant auxdemandeurs d'emploi d'autres possibilités d'insertion sur lemarché du travail. En conséquence, la création d'activités àcompte propre s'est ralentie.

Graphique 2Répartition de la population employée en 1997 en fonction des

changements d'emploi

100%-,.__••

80%

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40%

20%

ii .

Jamai.lj changé d'emploii;

96-9791-9586-9081-8576-80

0% +---+----i----i----;----I<=75

Date de démarrage de l'emploi actuel

La restructuration du système économique entraîneégalement une augmentation de la mobilité de la main­d'œuvre (graphique 2), même si elle reste globalementfaible. En 1997, seuls 28 % de la population employée avaitchangé d'emploi au moins une fois au cours de sa vieprofessionnelle. Plusieurs facteurs contribuent à cet accrois­sement de la mobilité. La relation entre l'employeur etl'employé dans le système de planification centralisée

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 83

apparaît comme une systématisation du système paternalistede l'entreprise familiale, dans le système capitaliste du XIXe

siècle, en Europe et ailleurs. Dans le système vietnamien quise met en place au Nord à partir de l'indépendance, et quitente de s'instaurer au Sud à partir de 1975, l'employeur,entreprise ou coopérative, véritable relais de l'État dans sonaction de redistribution, prend en charge l'ensemble desbesoins de l'employé et de sa famille, de la nourriture à lascolarisation des enfants, en passant par le logement et lesvacances. Avec le démantèlement de ce système, les liensqui lient l'employé à l'employeur se distendent, et il devientnon seulement possible, mais même concevable, et parfoissouhaitable, de changer d'emploi. La nécessité, pour lapopulation active, de rechercher un emploi par ses propresmoyens a comme contrepartie la liberté de changerd'emploi.

Le processus en œuvre dans les migrations spontanées estsimilaire. L'enregistrement résidentiel, assorti des tickets derationnement, assurait une grande stabilité géographique dela population dans le système de planification centralisée.Seule une mobilité sanctionnée par le système pouvaitdonner lieu à l'attribution d'un nouvel enregistrement. Avecle lancement de la politique de rénovation, la logique s'estinversée, et ce n'est plus le travail qui donne accès àl'enregistrement mais l'enregistrement qui donne accès autravail, dans le secteur d'État tout au moins. Parallèlement,les tickets de rationnement ont été supprimés et les prix ontété libérés, et le rôle des revenus dans la satisfaction desbesoins des ménages s'est accru. Alors que l'enregistrementrésidentiel reste important pour l'accès à certains servicespublics, comme l'état civil, il tend à perdre son importancedans l'accès à l'éducation et à la santé, puisque des substi­tuts privés peuvent être trouvés au système public, moyen­nant paiement. L'évolution du système, en augmentant les

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 83

apparaît comme une systématisation du système paternalistede l'entreprise familiale, dans le système capitaliste du XIXe

siècle, en Europe et ailleurs. Dans le système vietnamien quise met en place au Nord à partir de l'indépendance, et quitente de s'instaurer au Sud à partir de 1975, l'employeur,entreprise ou coopérative, véritable relais de l'État dans sonaction de redistribution, prend en charge l'ensemble desbesoins de l'employé et de sa famille, de la nourriture à lascolarisation des enfants, en passant par le logement et lesvacances. Avec le démantèlement de ce système, les liensqui lient l'employé à l'employeur se distendent, et il devientnon seulement possible, mais même concevable, et parfoissouhaitable, de changer d'emploi. La nécessité, pour lapopulation active, de rechercher un emploi par ses propresmoyens a comme contrepartie la liberté de changerd'emploi.

Le processus en œuvre dans les migrations spontanées estsimilaire. L'enregistrement résidentiel, assorti des tickets derationnement, assurait une grande stabilité géographique dela population dans le système de planification centralisée.Seule une mobilité sanctionnée par le système pouvaitdonner lieu à l'attribution d'un nouvel enregistrement. Avecle lancement de la politique de rénovation, la logique s'estinversée, et ce n'est plus le travail qui donne accès àl'enregistrement mais l'enregistrement qui donne accès autravail, dans le secteur d'État tout au moins. Parallèlement,les tickets de rationnement ont été supprimés et les prix ontété libérés, et le rôle des revenus dans la satisfaction desbesoins des ménages s'est accru. Alors que l'enregistrementrésidentiel reste important pour l'accès à certains servicespublics, comme l'état civil, il tend à perdre son importancedans l'accès à l'éducation et à la santé, puisque des substi­tuts privés peuvent être trouvés au système public, moyen­nant paiement. L'évolution du système, en augmentant les

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84 NOLWENHENAFF, JEAN-YVES MARTIN

besoins financiers des ménages, les a incités à chercher desrevenus en dehors de leur lieu de résidence, lorsque c'étaitnécessaire. Emplois et revenus sont l'un des principauxmoteurs des migrations. Stimulés par les différentiels derevenus entre les campagnes et les villes, les migrants ontégalement vu leur nombre s'accroître au cours de ces quinzepremières années de transition.

Graphique 3Évolution des méthodes de recherche d'emploi

100 ....__----..__r-1I__.----.__....,

90

807060504030

20

10O+-'--~___.'_~""""""''__r_'"'""''""'""''"''_r_'''--'-'-'......,

El Intennédiaire

IJAutre organisme public

mCandidature spontanée

• Annonces

Cl Famille, amis1986-90 1991-95 1996-97

Actifs employes . périodc dedemarTagc de rCJ11'loi actucl

1997Demandeurs

d'CJ11'loi

Au fur et à mesure que le nouveau système se met enplace, les besoins de la main-d'œuvre se font plus précis, etses motifs d'insatisfaction également. Faiblesse des revenuset instabilité de l'emploi sont les principales causes d'insa­tisfaction et donc de mobilité, professionnelle et géogra­phique. Elles ne conduisent pas nécessairement à larecherche d'un autre emploi parce que, par réalisme ou parfatalisme, nombreux sont ceux qui pensent ne pas pouvoiren trouver un. Cependant, près de 60 % des actifs de plus de15 ans qui cherchent un emploi en ont déjà un. Lapopulation de demandeurs d'emploi est donc une populationhétérogène: jeunes arrivant sur le marché du travail, actifs

84 NOLWENHENAFF, JEAN-YVES MARTIN

besoins financiers des ménages, les a incités à chercher desrevenus en dehors de leur lieu de résidence, lorsque c'étaitnécessaire. Emplois et revenus sont l'un des principauxmoteurs des migrations. Stimulés par les différentiels derevenus entre les campagnes et les villes, les migrants ontégalement vu leur nombre s'accroître au cours de ces quinzepremières années de transition.

Graphique 3Évolution des méthodes de recherche d'emploi

100 ....__----..__r-1I__.----.__....,

90

807060504030

20

10O+-'--~___.'_~""""""''__r_'"'""''""'""''"''_r_'''--'-'-'......,

El Intennédiaire

IJAutre organisme public

mCandidature spontanée

• Annonces

Cl Famille, amis1986-90 1991-95 1996-97

Actifs employes . périodc dedemarTagc de rCJ11'loi actucl

1997Demandeurs

d'CJ11'loi

Au fur et à mesure que le nouveau système se met enplace, les besoins de la main-d'œuvre se font plus précis, etses motifs d'insatisfaction également. Faiblesse des revenuset instabilité de l'emploi sont les principales causes d'insa­tisfaction et donc de mobilité, professionnelle et géogra­phique. Elles ne conduisent pas nécessairement à larecherche d'un autre emploi parce que, par réalisme ou parfatalisme, nombreux sont ceux qui pensent ne pas pouvoiren trouver un. Cependant, près de 60 % des actifs de plus de15 ans qui cherchent un emploi en ont déjà un. Lapopulation de demandeurs d'emploi est donc une populationhétérogène: jeunes arrivant sur le marché du travail, actifs

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 85

employés insatisfaits de leur emploi, migrants, ces derniersétant d'ailleurs loin de constituer une catégorie homogène.

S'il existe à ce stade une forte similitude de comporte­ment entre les jeunes qui entrent dans la vie active et ceuxde leurs aînés qui changent d'emploi, les comportements desmigrants sont en revanche fortement différenciés en matièrede recherche d'emploi. La famille et les amis restent levecteur privilégié de la recherche d'emploi pour toutes lescatégories de demandeurs d'emploi. Son importance tend às'accroître, comme le montre le graphique 3, ce qui peuts'expliquer par son succès. Il a permis à près de la moitiédes personnes qui cherchaient un emploi d'en trouver unpendant la période 1991-1995.

Cela explique sans doute qu'environ 70 % desdemandeurs d'emploi en 1997 tendent à privilégier ce modede recherche d'emploi. Une enquête menée à Hanoi montreque la tendance est la même chez les migrants. 67 % deceux qui ont trouvé un emploi en 1996 ont effectué leurrecherche par l'intermédiaire de membres de leur famille oud'amis. Chez les migrants comme dans le reste del'économie, la tendance au démarrage d'activités à comptepropre qui avait marqué la première moitié des années 1990s'infléchit sensiblement à partir de la seconde moitié de ladécennie, pour faire une plus large place à la recherched'emplois salariés. Les marchés du travail journalier, quiavaient attiré jusqu'à 6 % des migrants à Hanoi en 1991-95n'en attirent plus que 2,5 % en 1996. Dans le même temps,le rôle des agents privés de recrutement reste important, enparticulier dans des secteurs comme la construction: 58 %des migrants qui ont été recrutés par un agent derecrutement ont trouvé un emploi dans la construction.

Le recours aux proches dans la recherche d'emploipermet de réduire l'incertitude, mais restreint les possi­bilités. Il se double d'une extension géographique extrême-

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 85

employés insatisfaits de leur emploi, migrants, ces derniersétant d'ailleurs loin de constituer une catégorie homogène.

S'il existe à ce stade une forte similitude de comporte­ment entre les jeunes qui entrent dans la vie active et ceuxde leurs aînés qui changent d'emploi, les comportements desmigrants sont en revanche fortement différenciés en matièrede recherche d'emploi. La famille et les amis restent levecteur privilégié de la recherche d'emploi pour toutes lescatégories de demandeurs d'emploi. Son importance tend às'accroître, comme le montre le graphique 3, ce qui peuts'expliquer par son succès. Il a permis à près de la moitiédes personnes qui cherchaient un emploi d'en trouver unpendant la période 1991-1995.

Cela explique sans doute qu'environ 70 % desdemandeurs d'emploi en 1997 tendent à privilégier ce modede recherche d'emploi. Une enquête menée à Hanoi montreque la tendance est la même chez les migrants. 67 % deceux qui ont trouvé un emploi en 1996 ont effectué leurrecherche par l'intermédiaire de membres de leur famille oud'amis. Chez les migrants comme dans le reste del'économie, la tendance au démarrage d'activités à comptepropre qui avait marqué la première moitié des années 1990s'infléchit sensiblement à partir de la seconde moitié de ladécennie, pour faire une plus large place à la recherched'emplois salariés. Les marchés du travail journalier, quiavaient attiré jusqu'à 6 % des migrants à Hanoi en 1991-95n'en attirent plus que 2,5 % en 1996. Dans le même temps,le rôle des agents privés de recrutement reste important, enparticulier dans des secteurs comme la construction: 58 %des migrants qui ont été recrutés par un agent derecrutement ont trouvé un emploi dans la construction.

Le recours aux proches dans la recherche d'emploipermet de réduire l'incertitude, mais restreint les possi­bilités. Il se double d'une extension géographique extrême-

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86 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

ment faible de la zone de recherche d'emploi (graphique 4).Ainsi, en 1997, 70 % des actifs cherchaient un emploi parl'intermédiaire de leur famille et de leurs amis, 22 % dansleur commune, 20 % dans leur district, et 25 % dans leurprovince de résidence. Si l'on ajoute à ce constat que près de40 % souhaitent trouver un emploi dans le secteur public, lapopulation active vietnamienne renvoie une image frileuseet repliée sur elle-même, qui apparaît contradictoire avecl'image qui se dégage de la très importante capacitéd'adaptation dont a fait preuve cette même main d'œuvre aucours des quinze dernières années.

Graphique 4Évolution des méthodes de recherche d'emploi:

Migrants à Hanoi

%

CAutres

C Marchés du travail journaliers

• Intennédiaire

• Emploi à compte propre

C Famille, amis au lieu d'origine

El Famille, amis à Hanoi

1986-90 1991-95 1996Periode de démilrrage de l'emploi exercé au moment de

l'enquête

La contradiction n'est peut-être cependant qu'appa­rente. Dotée d'une grande capacité d'adaptation, et le caséchéant d'anticipation par rapport aux évolutions du sys­tème économique, la main-d'œuvre vietnamienne estsoucieuse d'accéder à une certaine stabilité en matièred'emploi et de revenus, et de pallier le manque d'informa-

86 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

ment faible de la zone de recherche d'emploi (graphique 4).Ainsi, en 1997, 70 % des actifs cherchaient un emploi parl'intermédiaire de leur famille et de leurs amis, 22 % dansleur commune, 20 % dans leur district, et 25 % dans leurprovince de résidence. Si l'on ajoute à ce constat que près de40 % souhaitent trouver un emploi dans le secteur public, lapopulation active vietnamienne renvoie une image frileuseet repliée sur elle-même, qui apparaît contradictoire avecl'image qui se dégage de la très importante capacitéd'adaptation dont a fait preuve cette même main d'œuvre aucours des quinze dernières années.

Graphique 4Évolution des méthodes de recherche d'emploi:

Migrants à Hanoi

%

CAutres

C Marchés du travail journaliers

• Intennédiaire

• Emploi à compte propre

C Famille, amis au lieu d'origine

El Famille, amis à Hanoi

1986-90 1991-95 1996Periode de démilrrage de l'emploi exercé au moment de

l'enquête

La contradiction n'est peut-être cependant qu'appa­rente. Dotée d'une grande capacité d'adaptation, et le caséchéant d'anticipation par rapport aux évolutions du sys­tème économique, la main-d'œuvre vietnamienne estsoucieuse d'accéder à une certaine stabilité en matièred'emploi et de revenus, et de pallier le manque d'informa-

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 87

tion sur le marché du travail. L'amélioration progressive desréseaux de diffusion de l'information concernant les offresd'emploi tend à diversifier les méthodes de recherched'emploi. Ainsi les annonces (des offres ou des demandesd'emploi) et les Centres de promotion de l'emploi jouent unrôle encore marginal, mais croissant dans la recherched'emploi. Il est plus inquiétant de voir les candidaturesspontanées reculer au profit de recherches menées parl'intermédiaire des proches. Mais cette modalité de recher­che d'emploi est cohérente avec les pratiques de recrutementdes entreprises.

Diversification des sources de revenus

Le revenu est au centre des préoccupations concernantl'emploi au Viêt-nam, loin devant les conditions de travailou l'adéquation entre le travail et les qualifications ou lescompétences. Alors que l'insuffisance des revenus est laprincipale source d'insatisfaction, et la principale cause desmigrations spontanées internes, la génération de revenus estune activité dans laquelle les vietnamiens ont développé untrès grand savoir-faire, qui témoigne de leur capacitéd'entreprise autant que de leur relative aversion pour lerisque. Les stratégies de génération de revenus - en dehorsde l'emploi principal - peuvent être regroupées en troiscatégories: les stratégies de diversification de l'activité ausein des ménages, les stratégies de diversification del'activité des individus, et les stratégies d'augmentation desrevenus dans le cadre de l'activité principale. Ce sontdifférents types d'individus et de ménages qui sont suscep­tibles de mettre en œuvre ces trois types de stratégies, enfonction de leurs besoins propres, et surtout en fonction dutype d'emploi exercé à titre principal.

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 87

tion sur le marché du travail. L'amélioration progressive desréseaux de diffusion de l'information concernant les offresd'emploi tend à diversifier les méthodes de recherched'emploi. Ainsi les annonces (des offres ou des demandesd'emploi) et les Centres de promotion de l'emploi jouent unrôle encore marginal, mais croissant dans la recherched'emploi. Il est plus inquiétant de voir les candidaturesspontanées reculer au profit de recherches menées parl'intermédiaire des proches. Mais cette modalité de recher­che d'emploi est cohérente avec les pratiques de recrutementdes entreprises.

Diversification des sources de revenus

Le revenu est au centre des préoccupations concernantl'emploi au Viêt-nam, loin devant les conditions de travailou l'adéquation entre le travail et les qualifications ou lescompétences. Alors que l'insuffisance des revenus est laprincipale source d'insatisfaction, et la principale cause desmigrations spontanées internes, la génération de revenus estune activité dans laquelle les vietnamiens ont développé untrès grand savoir-faire, qui témoigne de leur capacitéd'entreprise autant que de leur relative aversion pour lerisque. Les stratégies de génération de revenus - en dehorsde l'emploi principal - peuvent être regroupées en troiscatégories: les stratégies de diversification de l'activité ausein des ménages, les stratégies de diversification del'activité des individus, et les stratégies d'augmentation desrevenus dans le cadre de l'activité principale. Ce sontdifférents types d'individus et de ménages qui sont suscep­tibles de mettre en œuvre ces trois types de stratégies, enfonction de leurs besoins propres, et surtout en fonction dutype d'emploi exercé à titre principal.

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88 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Diversification de l'activité au sein des ménages

Alors que la diversification des activités apparaît commeun moyen d'accroître le revenu du ménage, elle est peupratiquée. Dans 79 % des ménages l'ensemble des actifsexercent une activité de même nature: 49 % sont exclusive­ment constitués d'agriculteurs, 17 % de salariés et 13 % decommerçants/artisans. Ce sont les ménages qui comportentdes actifs agricoles qui enregistrent la plus faiblediversification: 80 % des ménages qui comportent des actifsagricoles ne comportent aucun actif travaillant dans un autresecteur d'activité. La spécialisation est plus poussée dans lenord que dans le sud. Dans le nord, le pourcentage deménages qui ne comprennent que des actifs agricoles est de84 %, alors qu'il n'est que de 63 % au sud. Proportionnelle­ment, les ménages constitués uniquement de salariés nereprésentent que la moitié des ménages dont au moins undes membres est salarié, et les ménages constitués unique­ment d'artisans/commerçants que 48 % des ménages quicomptent au moins un artisan/commerçant en leur sein. Lesménages dont plus de la moitié des actifs sont salariéscomptent des actifs agricoles dans 6 % des cas, tandis que7 % des ménages dont la majorité des actifs sontartisans/commerçants comptent en leur sein des salariés. Lesménages de salariés, lorsqu'ils diversifient leur activité,tendent à exercer une activité agricole.

L'activité des deux membres du couple confirme la faiblediversification de l'activité au sein des ménages (tableau 1),en particulier dans l'agriculture et le commerce. On noteégalement que 45 % des femmes d'artisans travaillent dansle commerce, ce qui s'inscrit dans une logique de divisiondu travail au sein du ménage. En ce qui concerne lessalariés, la situation est différente en milieu urbain et enmilieu rural. En milieu urbain, 62 % des épouses de salariéssont également salariées, et 26 % travaillent à compte propre

88 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Diversification de l'activité au sein des ménages

Alors que la diversification des activités apparaît commeun moyen d'accroître le revenu du ménage, elle est peupratiquée. Dans 79 % des ménages l'ensemble des actifsexercent une activité de même nature: 49 % sont exclusive­ment constitués d'agriculteurs, 17 % de salariés et 13 % decommerçants/artisans. Ce sont les ménages qui comportentdes actifs agricoles qui enregistrent la plus faiblediversification: 80 % des ménages qui comportent des actifsagricoles ne comportent aucun actif travaillant dans un autresecteur d'activité. La spécialisation est plus poussée dans lenord que dans le sud. Dans le nord, le pourcentage deménages qui ne comprennent que des actifs agricoles est de84 %, alors qu'il n'est que de 63 % au sud. Proportionnelle­ment, les ménages constitués uniquement de salariés nereprésentent que la moitié des ménages dont au moins undes membres est salarié, et les ménages constitués unique­ment d'artisans/commerçants que 48 % des ménages quicomptent au moins un artisan/commerçant en leur sein. Lesménages dont plus de la moitié des actifs sont salariéscomptent des actifs agricoles dans 6 % des cas, tandis que7 % des ménages dont la majorité des actifs sontartisans/commerçants comptent en leur sein des salariés. Lesménages de salariés, lorsqu'ils diversifient leur activité,tendent à exercer une activité agricole.

L'activité des deux membres du couple confirme la faiblediversification de l'activité au sein des ménages (tableau 1),en particulier dans l'agriculture et le commerce. On noteégalement que 45 % des femmes d'artisans travaillent dansle commerce, ce qui s'inscrit dans une logique de divisiondu travail au sein du ménage. En ce qui concerne lessalariés, la situation est différente en milieu urbain et enmilieu rural. En milieu urbain, 62 % des épouses de salariéssont également salariées, et 26 % travaillent à compte propre

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 89

dans le commerce. En milieu rural, le pourcentage desalariées parmi les épouses de salariés n'est que de 47 %.40 % des femmes de salariés travaillent dans l'agriculture,principalement la culture du riz, et 10 % dans le commerce.C'est donc dans les ménages dont l'homme est salarié que ladiversification des activités au sein du couple est la plusforte.

Tableau 1Activité des ménages en 1997

Activité de plus Activité des autres membres du ménagede la moitié desmembres du Agriculture

Travail Artisanat! Pluri-Total

ména2e salarié Commerce activité

Agriculture 49,2 1,3 1,6 - 52,1Travail salarié 5,7 16,8 1,4 - 23,9ArtisanaVcommerce 2,8 7,3 12,9 - 23,0Pluri-activité - - - 0,9 0,9Total 57,8 25,4 15,9 0,9 \00,0

Tableau 2Activité des couples en 1997

Époux

Épouse Répartition Salarié Agriculteur Commerçant Artisan

Répartition 100,0 24,2 64,7 5,9 5,2

Salariée 16,7 52,7 3,9 Il,6 15,0Agricultrice 66,7 25,8 92,2 4,1 10,2Commerçante \2,8 16,3 2,4 84,2 44,9Artisan 3,7 5,2 1,4 0,0 29,9Total - 100,0 100,0 100,0 100,0

Dans les ménages dont la majorité des actifs travaillentdans l'agriculture, la diversification correspond à un phéno­mène de générations. Dans 80 % des cas, ce sont les enfantset dans 10 % des cas par les frères ou sœurs non mariés duchef de ménage qui exercent une activité non-agricole.

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 89

dans le commerce. En milieu rural, le pourcentage desalariées parmi les épouses de salariés n'est que de 47 %.40 % des femmes de salariés travaillent dans l'agriculture,principalement la culture du riz, et 10 % dans le commerce.C'est donc dans les ménages dont l'homme est salarié que ladiversification des activités au sein du couple est la plusforte.

Tableau 1Activité des ménages en 1997

Activité de plus Activité des autres membres du ménagede la moitié desmembres du Agriculture

Travail Artisanat! Pluri-Total

ména2e salarié Commerce activité

Agriculture 49,2 1,3 1,6 - 52,1Travail salarié 5,7 16,8 1,4 - 23,9ArtisanaVcommerce 2,8 7,3 12,9 - 23,0Pluri-activité - - - 0,9 0,9Total 57,8 25,4 15,9 0,9 \00,0

Tableau 2Activité des couples en 1997

Époux

Épouse Répartition Salarié Agriculteur Commerçant Artisan

Répartition 100,0 24,2 64,7 5,9 5,2

Salariée 16,7 52,7 3,9 Il,6 15,0Agricultrice 66,7 25,8 92,2 4,1 10,2Commerçante \2,8 16,3 2,4 84,2 44,9Artisan 3,7 5,2 1,4 0,0 29,9Total - 100,0 100,0 100,0 100,0

Dans les ménages dont la majorité des actifs travaillentdans l'agriculture, la diversification correspond à un phéno­mène de générations. Dans 80 % des cas, ce sont les enfantset dans 10 % des cas par les frères ou sœurs non mariés duchef de ménage qui exercent une activité non-agricole.

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90 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Ainsi, 90 % des actifs non agricoles des ménages dontl'activité principale est l'agriculture ont moins de 30 ans.Près des trois quarts exercent une activité à compte propre.Les principales activités exercées sont la production debriques, la confection, la réparation de vélos et de motos, laconstruction et le petit commerce. 13 % sont sans spécialisa­tion. Il s'agit d'un emploi à temps plein pour 95 % d'entreeux, et les autres ont moins de 20 ans. Il s'agit donc nonseulement d'une diversification de l'activité, dont l'un desobjectifs est de générer des revenus complémentaires pour leménage par rapport aux revenus agricoles, mais il s'agitencore d'un mouvement générationnel de retrait de l'agri­culture. Ainsi, alors que 95 % des parents travaillent dansl'agriculture, seuls 51 % des enfants travaillent égalementdans l'agriculture. 40 % ont des métiers dans l'industrie, et9 % dans l'administration, le commerce ou les services.Dans les ménages dans lesquelles au moins l'un des deuxparents travaille dans l'agriculture, 82 % des enfantsmembres du ménage sont également employés dans l'agri­culture. La diversification concerne donc moins de 20 % deces ménages. 10 % des enfants résidant avec le ménage ontun emploi dans l'industrie, et 8 % dans le commerce ou lesservIces.

Diversification de l'activité des individus

Une autre possibilité de diversification des sources derevenu consiste, pour un individu donné, à mener simultané­ment ou en alternance une ou plusieurs activités profession­nelles distinctes de son activité principale. Cela n'estnaturellement possible que si la durée du travail imposée parl'emploi principal le permet.

L'enquête menée auprès des ménages montre que 14 %des actifs employés exercent, de manière régulière ou occa-

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Ainsi, 90 % des actifs non agricoles des ménages dontl'activité principale est l'agriculture ont moins de 30 ans.Près des trois quarts exercent une activité à compte propre.Les principales activités exercées sont la production debriques, la confection, la réparation de vélos et de motos, laconstruction et le petit commerce. 13 % sont sans spécialisa­tion. Il s'agit d'un emploi à temps plein pour 95 % d'entreeux, et les autres ont moins de 20 ans. Il s'agit donc nonseulement d'une diversification de l'activité, dont l'un desobjectifs est de générer des revenus complémentaires pour leménage par rapport aux revenus agricoles, mais il s'agitencore d'un mouvement générationnel de retrait de l'agri­culture. Ainsi, alors que 95 % des parents travaillent dansl'agriculture, seuls 51 % des enfants travaillent égalementdans l'agriculture. 40 % ont des métiers dans l'industrie, et9 % dans l'administration, le commerce ou les services.Dans les ménages dans lesquelles au moins l'un des deuxparents travaille dans l'agriculture, 82 % des enfantsmembres du ménage sont également employés dans l'agri­culture. La diversification concerne donc moins de 20 % deces ménages. 10 % des enfants résidant avec le ménage ontun emploi dans l'industrie, et 8 % dans le commerce ou lesservIces.

Diversification de l'activité des individus

Une autre possibilité de diversification des sources derevenu consiste, pour un individu donné, à mener simultané­ment ou en alternance une ou plusieurs activités profession­nelles distinctes de son activité principale. Cela n'estnaturellement possible que si la durée du travail imposée parl'emploi principal le permet.

L'enquête menée auprès des ménages montre que 14 %des actifs employés exercent, de manière régulière ou occa-

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 91

sionnelle une autre activité professionnelle. La moitié deseffectifs concernés résident dans le nord du pays, et 95 % enmilieu rural. En outre, la plus grande partie de ceux quiexercent une activité complémentaire ont un métier agricole.Les comportements de recherche d'activité complémentairesont donc cohérents avec les différentiels de revenu [Henaff,Martin, 1999]: c'est en effet en milieu rural, et particu­lièrement dans l'agriculture que les niveaux de vie sont lesplus faibles. L'exercice d'une activité professionnellecomplémentaire peut correspondre à trois types de compor­tements: la recherche d'un autre employeur ou d'autresclients dans l'exercice du métier principal; la diversificationde l'activité dans le même secteur d'activité; ou le change­ment de métier dans le cadre de l'activité complémentaire.

L'essentiel de la diversification se fait vers l'agriculture:l'aquaculture, la pêche, les fruits et légumes, et surtoutl'élevage fournissent des possibilités naturelles de diversifi­cation. L'exercice d'une ou plusieurs activités complémen­taires dans des activités relevant du même domaine quel'activité principale concerne 32 % de ceux qui ont uneactivité professionnelle complémentaire.

La diversification des revenus dans l'agriculture passeégalement par l'emploi temporaire ou journalier dans desexploitations autres que l'exploitation familiale. 14 % desactifs employés qui ont une activité à titre complémentairecontinuent à exercer le même métier. Il peut s'agird'agriculteurs, comme nous venons de le souligner, maisaussi d'enseignants, de médecins, d'ouvriers, qui peuventtirer parti de leurs compétences pour exercer à comptepropre l'activité qu'ils exercent par ailleurs à titre principalen tant qu'employés. Dans certains cas, la position occupéedans le cadre de l'activité principale favorise l'exercice d'unsecond métier, par la constitution, par exemple, d'uneclientèle ou d'un réseau de fournisseurs. Ces comportements

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sionnelle une autre activité professionnelle. La moitié deseffectifs concernés résident dans le nord du pays, et 95 % enmilieu rural. En outre, la plus grande partie de ceux quiexercent une activité complémentaire ont un métier agricole.Les comportements de recherche d'activité complémentairesont donc cohérents avec les différentiels de revenu [Henaff,Martin, 1999]: c'est en effet en milieu rural, et particu­lièrement dans l'agriculture que les niveaux de vie sont lesplus faibles. L'exercice d'une activité professionnellecomplémentaire peut correspondre à trois types de compor­tements: la recherche d'un autre employeur ou d'autresclients dans l'exercice du métier principal; la diversificationde l'activité dans le même secteur d'activité; ou le change­ment de métier dans le cadre de l'activité complémentaire.

L'essentiel de la diversification se fait vers l'agriculture:l'aquaculture, la pêche, les fruits et légumes, et surtoutl'élevage fournissent des possibilités naturelles de diversifi­cation. L'exercice d'une ou plusieurs activités complémen­taires dans des activités relevant du même domaine quel'activité principale concerne 32 % de ceux qui ont uneactivité professionnelle complémentaire.

La diversification des revenus dans l'agriculture passeégalement par l'emploi temporaire ou journalier dans desexploitations autres que l'exploitation familiale. 14 % desactifs employés qui ont une activité à titre complémentairecontinuent à exercer le même métier. Il peut s'agird'agriculteurs, comme nous venons de le souligner, maisaussi d'enseignants, de médecins, d'ouvriers, qui peuventtirer parti de leurs compétences pour exercer à comptepropre l'activité qu'ils exercent par ailleurs à titre principalen tant qu'employés. Dans certains cas, la position occupéedans le cadre de l'activité principale favorise l'exercice d'unsecond métier, par la constitution, par exemple, d'uneclientèle ou d'un réseau de fournisseurs. Ces comportements

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sont cependant peu développés. Les trois quarts de ceux quiexercent une activité complémentaire dans leur propremétier travaillent à titre principal dans la production decultures alimentaires.

Le troisième type de diversification de l'activité, qui estaussi le plus répandu, puisqu'il concerne 54 % de ceux quiexercent une activité complémentaire, implique un change­ment de métier. Ce type de diversification est pratiquéessentiellement par les enseignants et ceux qui exercent unmétier administratif en milieu urbain, et par les agriculteursen milieu rural. En milieu urbain, la confection et lecommerce jouent un rôle important dans la génération derevenus complémentaires, tandis qu'en milieu rural, lecommerce et la maçonnerie arrivent loin devant les autrestypes de métiers, en particulier les gardiens, les conducteursde cyclos et moto-taxis, les porteurs, les collecteursd'ordures, et les travailleurs sans spécialisation. La distin­ction entre milieu urbain et milieu rural ne concerne que lelieu de résidence habituel des actifs employés, sans préjugerdu lieu d'exercice de l'activité complémentaire. Cesactivités constituent en effet une part importante desactivités exercées en ville par les migrants temporaires ousaisonniers qui viennent des campagnes, comme l'a montrépour Hanoi une enquête menée en 1996 [Diêp, Henaff,Thâm, 1997].

D'une manière générale, certaines activités apparaissentessentiellement comme des activités complémentaires. C'estle cas de la production de boissons alcoolisées, dont lesmatières premières sont des sous-produits de l'activitéagricole et de l'élevage, plus souvent exercée à titrecomplémentaire que comme activité principale. La produc­tion de fruits et légumes, la pêche, l'aquaculture, laforesterie, l'élevage, sont largement associés dans le cadrede l'activité agricole. Cependant, cette combinaison n'est

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sont cependant peu développés. Les trois quarts de ceux quiexercent une activité complémentaire dans leur propremétier travaillent à titre principal dans la production decultures alimentaires.

Le troisième type de diversification de l'activité, qui estaussi le plus répandu, puisqu'il concerne 54 % de ceux quiexercent une activité complémentaire, implique un change­ment de métier. Ce type de diversification est pratiquéessentiellement par les enseignants et ceux qui exercent unmétier administratif en milieu urbain, et par les agriculteursen milieu rural. En milieu urbain, la confection et lecommerce jouent un rôle important dans la génération derevenus complémentaires, tandis qu'en milieu rural, lecommerce et la maçonnerie arrivent loin devant les autrestypes de métiers, en particulier les gardiens, les conducteursde cyclos et moto-taxis, les porteurs, les collecteursd'ordures, et les travailleurs sans spécialisation. La distin­ction entre milieu urbain et milieu rural ne concerne que lelieu de résidence habituel des actifs employés, sans préjugerdu lieu d'exercice de l'activité complémentaire. Cesactivités constituent en effet une part importante desactivités exercées en ville par les migrants temporaires ousaisonniers qui viennent des campagnes, comme l'a montrépour Hanoi une enquête menée en 1996 [Diêp, Henaff,Thâm, 1997].

D'une manière générale, certaines activités apparaissentessentiellement comme des activités complémentaires. C'estle cas de la production de boissons alcoolisées, dont lesmatières premières sont des sous-produits de l'activitéagricole et de l'élevage, plus souvent exercée à titrecomplémentaire que comme activité principale. La produc­tion de fruits et légumes, la pêche, l'aquaculture, laforesterie, l'élevage, sont largement associés dans le cadrede l'activité agricole. Cependant, cette combinaison n'est

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 93

pas accessible à l'ensemble des agriculteurs, qui se trouventalors contraints de louer leur force de travail, ou de changerde métier s'ils souhaitent générer des revenus supplé­mentaires. Il en va de même pour la main d'œuvre non­agricole, qui exerce à compte propre, quand elle le peut, sonmétier principal, et doit dans les autres cas changer demétier. Les actifs qui changent de métier deviennent alorspour un temps maçons, commerçants, conducteurs de cycloou de moto-taxi, ramasseurs d'ordures. Ainsi, près de lamoitié des emplois de maçons, et plus de 60 % des emploisde porteurs sont des emplois complémentaires. La propor­tion est beaucoup plus faible pour le petit commerce, enraison de l'importance de ce secteur dans l'emploi au Viêt­nam aujourd'hui, mais il apparaît également comme unsecteur privilégié pour la génération de revenus complémen­taires.

Il apparaît donc qu'une partie importante de l'emploiinfonnel au Viêt-nam est constituée d'emplois complémen­taires s'inscrivant soit dans une logique de diversification dessources de revenu au sein des ménages, soit dans une logiquede diversification des sources de revenu individuelles.

Augmentation des revenus dans le cadre de l'activitéprincipale

L'augmentation des revenus dans le cadre de l'activitéprincipale correspond à des comportements distincts desstratégies évoquées ci-dessus. Il ne s'agit pas non plus desheures supplémentaires, qui relèvent de l'activité normaledes employés dans le cadre des politiques de gestion de lamain-d'œuvre mises en place par les employeurs. Il s'agit dela possibilité de générer des revenus par la facturationinterne ou externe de certaines prestations qui ne sont pasincluses dans le traitement de base, généralement par accord

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 93

pas accessible à l'ensemble des agriculteurs, qui se trouventalors contraints de louer leur force de travail, ou de changerde métier s'ils souhaitent générer des revenus supplé­mentaires. Il en va de même pour la main d'œuvre non­agricole, qui exerce à compte propre, quand elle le peut, sonmétier principal, et doit dans les autres cas changer demétier. Les actifs qui changent de métier deviennent alorspour un temps maçons, commerçants, conducteurs de cycloou de moto-taxi, ramasseurs d'ordures. Ainsi, près de lamoitié des emplois de maçons, et plus de 60 % des emploisde porteurs sont des emplois complémentaires. La propor­tion est beaucoup plus faible pour le petit commerce, enraison de l'importance de ce secteur dans l'emploi au Viêt­nam aujourd'hui, mais il apparaît également comme unsecteur privilégié pour la génération de revenus complémen­taires.

Il apparaît donc qu'une partie importante de l'emploiinfonnel au Viêt-nam est constituée d'emplois complémen­taires s'inscrivant soit dans une logique de diversification dessources de revenu au sein des ménages, soit dans une logiquede diversification des sources de revenu individuelles.

Augmentation des revenus dans le cadre de l'activitéprincipale

L'augmentation des revenus dans le cadre de l'activitéprincipale correspond à des comportements distincts desstratégies évoquées ci-dessus. Il ne s'agit pas non plus desheures supplémentaires, qui relèvent de l'activité normaledes employés dans le cadre des politiques de gestion de lamain-d'œuvre mises en place par les employeurs. Il s'agit dela possibilité de générer des revenus par la facturationinterne ou externe de certaines prestations qui ne sont pasincluses dans le traitement de base, généralement par accord

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94 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

tacite avec l'employeur. Cette possibilité d'augmentationdes revenus n'est accessible qu'aux employés, et demeureun phénomène essentiellement urbain.

Par facturation interne, il faut entendre tout ce qui relèvede primes sans relation avec l'effort de travail, qu'il s'agissede per diem, dont l'attribution tend à se généraliser mêmedans les cas ou il n'y a pas de déplacement, de primes departicipation à des réunions, ou à des paiements divers deprestations correspondant aux tâches habituelles despersonnes concernées, fournies à des personnes relevant dela même institution, mais différentes de celles auxquellesces prestations sont habituellement fournies. La facturationinterne relève du fonctionnement des entreprises etinstitutions. Elle amène à s'interroger sur la nature et lefonctionnement des systèmes de rémunération.

La facturation externe renvoie au même type dequestions. Souvent confondue avec la corruption, elle s'endistingue par la nature absolument légale des activitésexercées et contribue à l'amélioration de l'efficacité dusystème par des voies indirectes. Il s'agit de pratiquer unetarification différenciée, inversement proportionnelle à lavitesse d'exécution des prestations demandées. Le phéno­mène est particulièrement apparent en ce qui concerne ladélivrance de documents officiels, par exemple desdiplômes. Il y aurait corruption si étaient délivrés de fauxdiplômes. Il y a facturation externe si la délivrance accéléréedu diplôme entraîne un accroissement des frais de dossier.La manière dont fonctionne ce système est d'ailleursdémocratique, d'une certaine manière, puisqu'il sembledonner lieu à une redistribution interne, selon des critèrespropres à chaque organisme [Henaff, 2001].

Il apparaît qu'il y a une différence importante entre lessalaires de base, en particulier dans la fonction publique, etles besoins engendrés par l'augmentation générale du niveau

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tacite avec l'employeur. Cette possibilité d'augmentationdes revenus n'est accessible qu'aux employés, et demeureun phénomène essentiellement urbain.

Par facturation interne, il faut entendre tout ce qui relèvede primes sans relation avec l'effort de travail, qu'il s'agissede per diem, dont l'attribution tend à se généraliser mêmedans les cas ou il n'y a pas de déplacement, de primes departicipation à des réunions, ou à des paiements divers deprestations correspondant aux tâches habituelles despersonnes concernées, fournies à des personnes relevant dela même institution, mais différentes de celles auxquellesces prestations sont habituellement fournies. La facturationinterne relève du fonctionnement des entreprises etinstitutions. Elle amène à s'interroger sur la nature et lefonctionnement des systèmes de rémunération.

La facturation externe renvoie au même type dequestions. Souvent confondue avec la corruption, elle s'endistingue par la nature absolument légale des activitésexercées et contribue à l'amélioration de l'efficacité dusystème par des voies indirectes. Il s'agit de pratiquer unetarification différenciée, inversement proportionnelle à lavitesse d'exécution des prestations demandées. Le phéno­mène est particulièrement apparent en ce qui concerne ladélivrance de documents officiels, par exemple desdiplômes. Il y aurait corruption si étaient délivrés de fauxdiplômes. Il y a facturation externe si la délivrance accéléréedu diplôme entraîne un accroissement des frais de dossier.La manière dont fonctionne ce système est d'ailleursdémocratique, d'une certaine manière, puisqu'il sembledonner lieu à une redistribution interne, selon des critèrespropres à chaque organisme [Henaff, 2001].

Il apparaît qu'il y a une différence importante entre lessalaires de base, en particulier dans la fonction publique, etles besoins engendrés par l'augmentation générale du niveau

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 95

de vie et le démantèlement du système des subventions. Ilsemble d'autre part y avoir un consensus concernant les sur­effectifs dans le secteur public. Le rapprochement de cesdeux situations explique naturellement les comportementsévoqués ici. Il semble que de manière implicite, le salaire debase ait essentiellement une fonction de reconnaissanceentre l'employeur et l'employé, l'essentiel du travail étantrémunéré ensuite, sur la base du travail réellement effectué.Il apparaît cependant nécessaire d'engager une réflexion defond sur l'efficacité d'un tel système, au regard, enparticulier, des coûts qu'il implique. La réflexion concernantles sur-effectifs dans le secteur public ne peut pas fairel'économie d'une réflexion parallèle sur les systèmes derémunération.

Conclusion

L'analyse des stratégies des individus et des famillesrévèle ainsi le poids des forces de changement qui ont étélibérées par le Renouveau. La fin d'un système généraliséd'assistance économique et de commandement social ouvreun champ nouveau à l'initiative individuelle et collective.Un espace est ouvert qui n'est plus balisé. Chacun doitouvrir sa voie, trouver ses repères, faire ses choix de viepour soi-même et ses enfants, en même temps que s'élargitl'éventail de ces choix. Des interdits ou des contraintespeuvent se révéler être des incitations ou des ouvertures. Lescomportements sont structurés par l'incertitude mais aussil'anticipation, et la vision du monde en est modifiée.

Dans le domaine de l'éducation l'on assiste à une montéespectaculaire de la demande de formations longues quirenforce les conduites de discipline et de surenchère, nette­ment connectées aux stratégies professionnelles. Dans ledomaine du travail les stratégies individuelles et familiales

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 95

de vie et le démantèlement du système des subventions. Ilsemble d'autre part y avoir un consensus concernant les sur­effectifs dans le secteur public. Le rapprochement de cesdeux situations explique naturellement les comportementsévoqués ici. Il semble que de manière implicite, le salaire debase ait essentiellement une fonction de reconnaissanceentre l'employeur et l'employé, l'essentiel du travail étantrémunéré ensuite, sur la base du travail réellement effectué.Il apparaît cependant nécessaire d'engager une réflexion defond sur l'efficacité d'un tel système, au regard, enparticulier, des coûts qu'il implique. La réflexion concernantles sur-effectifs dans le secteur public ne peut pas fairel'économie d'une réflexion parallèle sur les systèmes derémunération.

Conclusion

L'analyse des stratégies des individus et des famillesrévèle ainsi le poids des forces de changement qui ont étélibérées par le Renouveau. La fin d'un système généraliséd'assistance économique et de commandement social ouvreun champ nouveau à l'initiative individuelle et collective.Un espace est ouvert qui n'est plus balisé. Chacun doitouvrir sa voie, trouver ses repères, faire ses choix de viepour soi-même et ses enfants, en même temps que s'élargitl'éventail de ces choix. Des interdits ou des contraintespeuvent se révéler être des incitations ou des ouvertures. Lescomportements sont structurés par l'incertitude mais aussil'anticipation, et la vision du monde en est modifiée.

Dans le domaine de l'éducation l'on assiste à une montéespectaculaire de la demande de formations longues quirenforce les conduites de discipline et de surenchère, nette­ment connectées aux stratégies professionnelles. Dans ledomaine du travail les stratégies individuelles et familiales

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96 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

se traduisent par une montée du salariat, une augmentationde la mobilité professionnelle et spatiale et un mouvementgénératiOlU1el de retrait de l'agriculture. Cette effervescencede comportements qui s'inscrivent dans la conjonctureinduit une transformation en profondeur de l'ensemble del'économie et de la société.

Bibliographie

DOAN MAU DIEP, HENAFF N., TRlNH KHAC THAM [1997],Report on spontaneous migration survey in Hanoi,CPHRS, Hanoi, May. UNDP project VIE/95/004, 141 p.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1994], Vietnam LivingStandards Survey, 1992193. Hanoi: Statistical PublishingHouse.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1997], Social indicators inVietnam 1990-1995, Hanoi, Statistical Publishing House.

HENAFF N., MARTIN J.-Y. [1999], Observatoire de l'emploiet des ressources humaines, Viêt-nam, Rapport del'enquête auprès des ménages, deuxième passage,novembre-décembre 1997, Hanoi, Éditions du Travail etdes Affaires sociales, 105 p.

HENAFF N. [2001], « Les fonctionnaires vietnamiens dans latransition », Autrepart, 20, 145-160.

MARKIEWICZ-LAGNEAU [1969], Éducation, égalité et socia­lisme, Paris, Anthropos, 172 p.

MOLISA/ORSTOM [1999], Observatoire du travail, de l'em­ploi et des ressources humaines. Rapport du premierpassage d'enquête, nov.-déc.l996, Hanoi, Éditions duTravail, 113 p. (en vietnamien)

96 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

se traduisent par une montée du salariat, une augmentationde la mobilité professionnelle et spatiale et un mouvementgénératiOlU1el de retrait de l'agriculture. Cette effervescencede comportements qui s'inscrivent dans la conjonctureinduit une transformation en profondeur de l'ensemble del'économie et de la société.

Bibliographie

DOAN MAU DIEP, HENAFF N., TRlNH KHAC THAM [1997],Report on spontaneous migration survey in Hanoi,CPHRS, Hanoi, May. UNDP project VIE/95/004, 141 p.

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STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 97

WORLD BANK [1995], Vietnam - Poverty Assessment andStrategy, The World Bank, Country Operations Division,Country Department l, East Asia and Pacifie Region,January, 217 p.

STRATÉGIES INDIVIDUELLES ET FAMILIALES 97

WORLD BANK [1995], Vietnam - Poverty Assessment andStrategy, The World Bank, Country Operations Division,Country Department l, East Asia and Pacifie Region,January, 217 p.

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4

Stratégies des institutionset des entreprises

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Dans la contrainte où ils se trouvent de rechercher dessolutions et d'innover, les individus et les familles montrentune très grande capacité d'adaptation et de création. Enregard, l'État et les institutions publiques, à l'origine deschangements mais dont la place et le rôle se sont transfor­més, doivent s'adapter à la nouvelle donne qu'ils ontcontribué à créer. La configuration éducative nouvelle n'estplus issue d'un plan central, mais d'une large déconcen­tration régionale et de l'espace ouvert à une demandesociale forte et diversifiée. L'offre publique doit seconformer à cette nouvelle demande éducative et se posi­tionner par rapport à l'offre des institutions privées. Qu'ellessoient de soutien, d'accompagnement ou d'inflexion, lesstratégies développées par les pouvoirs publics sontessentiellement adaptatives. Pour les entreprises l'objectif

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Stratégies des institutionset des entreprises

Nolwen Henaff, Jean-Yves Martin

Dans la contrainte où ils se trouvent de rechercher dessolutions et d'innover, les individus et les familles montrentune très grande capacité d'adaptation et de création. Enregard, l'État et les institutions publiques, à l'origine deschangements mais dont la place et le rôle se sont transfor­més, doivent s'adapter à la nouvelle donne qu'ils ontcontribué à créer. La configuration éducative nouvelle n'estplus issue d'un plan central, mais d'une large déconcen­tration régionale et de l'espace ouvert à une demandesociale forte et diversifiée. L'offre publique doit seconformer à cette nouvelle demande éducative et se posi­tionner par rapport à l'offre des institutions privées. Qu'ellessoient de soutien, d'accompagnement ou d'inflexion, lesstratégies développées par les pouvoirs publics sontessentiellement adaptatives. Pour les entreprises l'objectif

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100 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

est la recherche de l'efficacité économique qui les conduit àdes stratégies de réduction des coûts, y compris deformation. Elles varient selon les types d'entreprises ­familiales, privées, collectives, publiques - et leur analysepermet de mettre l'accent sur les tendanc~s d'une évolution,en matière d'emploi, qui n'est plus encadrée par l'État qu'àdistance, à travers les politiques d'emploi et de droit dutravail.

L'offre scolaire

Dans le cadre de la politique de rénovation, l'État, acteurdirect et organisateur de l'éducation, a, dans l'objectifgénéral d'améliorer et de diversifier l'offre éducative auservice de la population, développé des stratégies à plusieursniveaux. L'ampleur de la crise éducative, ses formesd'expression et les niveaux touchés ont fait prendreconscience des points sur lesquels l'effort devait porter. Lafaible qualité, la pauvreté des moyens et la rigidité excessivefurent les éléments forts du diagnostic. Les mesures prises, àeffet immédiat ou différé, touchent l'ensemble du dispositifet aménagent les bases d'une reconfiguration totale dusystème scolaire, et donc de l'offre éducative.

Quatre lignes principales de changement furent suivies:l'amélioration et la diversification des sources de finance­ment, l'amélioration de l'organisation et du fonctionnement,l'amélioration de la qualité de l'enseignement et enfin larénovation des contenus. Ce sont les mesures financières quiont été les plus importantes et qui ont eu les effets les plusrapides. Le budget public central d'éducation augmenterégulièrement. De 1990 à 1997, il passe ainsi de 8,9 % à10,3 % du budget total. Ensuite, du fait de la décentralisa­tion provinciale de la gestion des ni~eaux primaire etsecondaire, les provinces, districts et cqmmunes apportent

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est la recherche de l'efficacité économique qui les conduit àdes stratégies de réduction des coûts, y compris deformation. Elles varient selon les types d'entreprises ­familiales, privées, collectives, publiques - et leur analysepermet de mettre l'accent sur les tendanc~s d'une évolution,en matière d'emploi, qui n'est plus encadrée par l'État qu'àdistance, à travers les politiques d'emploi et de droit dutravail.

L'offre scolaire

Dans le cadre de la politique de rénovation, l'État, acteurdirect et organisateur de l'éducation, a, dans l'objectifgénéral d'améliorer et de diversifier l'offre éducative auservice de la population, développé des stratégies à plusieursniveaux. L'ampleur de la crise éducative, ses formesd'expression et les niveaux touchés ont fait prendreconscience des points sur lesquels l'effort devait porter. Lafaible qualité, la pauvreté des moyens et la rigidité excessivefurent les éléments forts du diagnostic. Les mesures prises, àeffet immédiat ou différé, touchent l'ensemble du dispositifet aménagent les bases d'une reconfiguration totale dusystème scolaire, et donc de l'offre éducative.

Quatre lignes principales de changement furent suivies:l'amélioration et la diversification des sources de finance­ment, l'amélioration de l'organisation et du fonctionnement,l'amélioration de la qualité de l'enseignement et enfin larénovation des contenus. Ce sont les mesures financières quiont été les plus importantes et qui ont eu les effets les plusrapides. Le budget public central d'éducation augmenterégulièrement. De 1990 à 1997, il passe ainsi de 8,9 % à10,3 % du budget total. Ensuite, du fait de la décentralisa­tion provinciale de la gestion des ni~eaux primaire etsecondaire, les provinces, districts et cqmmunes apportent

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 101

leur contribution complémentaire, sans parler des droits etdes frais divers assumés par la population. Les moyensfinanciers du système éducatif font donc une avancéeconsidérable [VEFSS, 1996 : 41] depuis le Renouveau, et laqualité de l'enseignement public, c'est-à-dire les conditionsmatérielles et la qualification des enseignants, au salairedesquels va la plus grande partie du budget central, s'en esttrouvée améliorée. Les signes là-dessus ne trompent pas, etl'amélioration du rendement interne du système est régulièreà tous les niveaux scolaires en termes de réduction desredoublements et des abandons, et donc de meilleure gestiondes cohortes. De ce point de vue, la crise de 1989 estmanifestement dépassée. Cependant cette offre côtoie seslimites dans au moins deux domaines. Le premier est celuide la scolarisation des « minorités ethniques» qui neprogresse que très lentement en dépit des 220 internats enfonctionnement. Le second est celui du salaire des ensei­gnants. L'offre salariale qui est faite est très basse au pointd'entraîner de grandes difficultés de recrutement (le manqued'enseignants est estimé à 120000) et de nombreusesdémissions tous les ans.

Dans le même temps que l'État continue à améliorer sonoffre, il permet à d'autres acteurs d'entrer en scène et doncde diversifier le paysage éducatif par une offre élargie.Avant le doi moi n'existait qu'un type d'écoles, les écolespubliques, qui rassemblaient la totalité de la populationscolaire. Il y en a maintenant quatre: les écoles publiques,qui sont créées, dirigées et financées par l'État (central ouprovincial) ; les écoles semi-publiques, créées et dirigées parl'État mais disposant de l'autonomie financière; les écoles« fondées par le peuple », créées par des formesd'associations à personnalité juridique qui les dirigent, lesgèrent et disposent de l'autonomie financière; les écolesprivées enfin, créées et dirigées par des personnes privées et

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leur contribution complémentaire, sans parler des droits etdes frais divers assumés par la population. Les moyensfinanciers du système éducatif font donc une avancéeconsidérable [VEFSS, 1996 : 41] depuis le Renouveau, et laqualité de l'enseignement public, c'est-à-dire les conditionsmatérielles et la qualification des enseignants, au salairedesquels va la plus grande partie du budget central, s'en esttrouvée améliorée. Les signes là-dessus ne trompent pas, etl'amélioration du rendement interne du système est régulièreà tous les niveaux scolaires en termes de réduction desredoublements et des abandons, et donc de meilleure gestiondes cohortes. De ce point de vue, la crise de 1989 estmanifestement dépassée. Cependant cette offre côtoie seslimites dans au moins deux domaines. Le premier est celuide la scolarisation des « minorités ethniques» qui neprogresse que très lentement en dépit des 220 internats enfonctionnement. Le second est celui du salaire des ensei­gnants. L'offre salariale qui est faite est très basse au pointd'entraîner de grandes difficultés de recrutement (le manqued'enseignants est estimé à 120000) et de nombreusesdémissions tous les ans.

Dans le même temps que l'État continue à améliorer sonoffre, il permet à d'autres acteurs d'entrer en scène et doncde diversifier le paysage éducatif par une offre élargie.Avant le doi moi n'existait qu'un type d'écoles, les écolespubliques, qui rassemblaient la totalité de la populationscolaire. Il y en a maintenant quatre: les écoles publiques,qui sont créées, dirigées et financées par l'État (central ouprovincial) ; les écoles semi-publiques, créées et dirigées parl'État mais disposant de l'autonomie financière; les écoles« fondées par le peuple », créées par des formesd'associations à personnalité juridique qui les dirigent, lesgèrent et disposent de l'autonomie financière; les écolesprivées enfin, créées et dirigées par des personnes privées et

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qui disposent de l'autonomie financière. Les écoles« fondées par le peuple» peuvent être autorisées à ouvrirdes écoles à tous les niveaux du système d'enseignement.Pour les écoles privées tous les nivq:aux peuvent êtreautorisés sauf le primaire et le secondaire de base. Hormis lalimitation de niveau concernant les écoles privées, dans laréalité la distinction reste subtile entre les deux dernierstypes. Quoiqu'il en soit, en réponse à une demandemontante, ces deux types d'écoles, « fondées par le peuple »et privées, connaissent un développemept croissant à tousles niveaux, hormis l'enseignement prim~re qui en 1996 necomprenait que 1 % de ces écoles. A m~e de résoudre lesproblèmes des dépenses nécessaires pour: créer et faire vivreune école puisqu'elles s'articulent à une demande financiè­rement armée, ce type d'écoles, pour les meilleures d'entreelles, est en position d'offrir des prestations éducatives quipeuvent aisément concurrencer l'offre publique. Ellespeuvent déjà assurer à leurs enseignants- en partie recrutésdans l'enseignement public au titre du « second travail»autorisé - des niveaux de rémunération susceptibles d'attirerdes professionnels de qualité. Elles peuvent aussi assurer unenvironnement matériel et des équipements pédagogiquesplus attractifs. Elles s'installent enfin dans des quartierschoisis des grandes villes ou dans les zones qui connaissentdes implantations industrielles. Cette concurrence s'exerceau seuil du système scolaire, avec l'enseignement maternel,et dans ses deux niveaux les plus élevés, le secondairesupérieur et l'université. Le montant des frais scolaires àpayer dans ces établissements ne semble pas décourager lademande puisqu'elle ne cesse de croître. Ce montant estpourtant beaucoup plus élevé que dans les établissementspublics. Dans l'enseignement maternel, les seuls droitsd'accès, en dehors des coûts privés, se montaient à 15 000VND par mois en 1996. Ils sont de 10 ci 20 fois supérieurs

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qui disposent de l'autonomie financière. Les écoles« fondées par le peuple» peuvent être autorisées à ouvrirdes écoles à tous les niveaux du système d'enseignement.Pour les écoles privées tous les nivq:aux peuvent êtreautorisés sauf le primaire et le secondaire de base. Hormis lalimitation de niveau concernant les écoles privées, dans laréalité la distinction reste subtile entre les deux dernierstypes. Quoiqu'il en soit, en réponse à une demandemontante, ces deux types d'écoles, « fondées par le peuple »et privées, connaissent un développemept croissant à tousles niveaux, hormis l'enseignement prim~re qui en 1996 necomprenait que 1 % de ces écoles. A m~e de résoudre lesproblèmes des dépenses nécessaires pour: créer et faire vivreune école puisqu'elles s'articulent à une demande financiè­rement armée, ce type d'écoles, pour les meilleures d'entreelles, est en position d'offrir des prestations éducatives quipeuvent aisément concurrencer l'offre publique. Ellespeuvent déjà assurer à leurs enseignants- en partie recrutésdans l'enseignement public au titre du « second travail»autorisé - des niveaux de rémunération susceptibles d'attirerdes professionnels de qualité. Elles peuvent aussi assurer unenvironnement matériel et des équipements pédagogiquesplus attractifs. Elles s'installent enfin dans des quartierschoisis des grandes villes ou dans les zones qui connaissentdes implantations industrielles. Cette concurrence s'exerceau seuil du système scolaire, avec l'enseignement maternel,et dans ses deux niveaux les plus élevés, le secondairesupérieur et l'université. Le montant des frais scolaires àpayer dans ces établissements ne semble pas décourager lademande puisqu'elle ne cesse de croître. Ce montant estpourtant beaucoup plus élevé que dans les établissementspublics. Dans l'enseignement maternel, les seuls droitsd'accès, en dehors des coûts privés, se montaient à 15 000VND par mois en 1996. Ils sont de 10 ci 20 fois supérieurs

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 103

dans le secondaire supérieur et l'université [World Bank,1996: 36]. L'offre non-publique pour l'enseignementsecondaire de base était présente dans 29 provinces (dont 7dans la moitié nord du pays) sur 53 en 1995-96 et accueillaitcette même année scolaire 201 912 élèves contre 131 919l'année précédente. Cette offre est mieux répartie dans lepays pour l'enseignement secondaire supérieur. Elle étaitprésente dans 42 provinces (dont 18 au nord) sur 53 et leseffectifs accueillis sont passés de 76 344 élèves (1994-95) à259 858 (1995-96).

L'offre de formation

De même que pour l'éducation, le paysage de l'offre deformation publique et privée, institutionnelle comme non­institutionnelle a beaucoup évolué. Cependant les change­ments, en dehors de l'université et des écoles techniquessupérieures, proviennent beaucoup plus de l'environnementextra-scolaire. Si l'enseignement supérieur public com­mence sa mutation, il n'en va pas tout à fait de même auniveau des formations professionnelles de l'enseignementsecondaire. En revanche, comme on l'a vu, de nombreusesinitiatives, publiques comme privées, se font jour pourrépondre à une demande montante provoquée par la restruc­turation économique.

L'acteur principal de l'offre publique en matière deformation professionnelle est le ministère chargé del'éducation et de la formation. Il assure directement desformations de type scolaire aux trois niveaux du post­primaire (initiation à des métiers), du post-secondaire debase (formation d'ouvriers qualifiés) et post-secondairesupérieur (formation de techniciens). Il contrôle aussil'activité de formation des ministères techniques spécialisés(construction, transports, santé, etc.. ). Les deux premiers

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dans le secondaire supérieur et l'université [World Bank,1996: 36]. L'offre non-publique pour l'enseignementsecondaire de base était présente dans 29 provinces (dont 7dans la moitié nord du pays) sur 53 en 1995-96 et accueillaitcette même année scolaire 201 912 élèves contre 131 919l'année précédente. Cette offre est mieux répartie dans lepays pour l'enseignement secondaire supérieur. Elle étaitprésente dans 42 provinces (dont 18 au nord) sur 53 et leseffectifs accueillis sont passés de 76 344 élèves (1994-95) à259 858 (1995-96).

L'offre de formation

De même que pour l'éducation, le paysage de l'offre deformation publique et privée, institutionnelle comme non­institutionnelle a beaucoup évolué. Cependant les change­ments, en dehors de l'université et des écoles techniquessupérieures, proviennent beaucoup plus de l'environnementextra-scolaire. Si l'enseignement supérieur public com­mence sa mutation, il n'en va pas tout à fait de même auniveau des formations professionnelles de l'enseignementsecondaire. En revanche, comme on l'a vu, de nombreusesinitiatives, publiques comme privées, se font jour pourrépondre à une demande montante provoquée par la restruc­turation économique.

L'acteur principal de l'offre publique en matière deformation professionnelle est le ministère chargé del'éducation et de la formation. Il assure directement desformations de type scolaire aux trois niveaux du post­primaire (initiation à des métiers), du post-secondaire debase (formation d'ouvriers qualifiés) et post-secondairesupérieur (formation de techniciens). Il contrôle aussil'activité de formation des ministères techniques spécialisés(construction, transports, santé, etc.. ). Les deux premiers

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104 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

niveaux existent en théorie dans chaque province et sontcensés dispenser une palette très large de fonnationsadaptées au contexte particulier de la province concernée.Ce système, à la fois unifié dans l'organisation et modulédans les contenus, a été conçu pour répondre à la fois auxbesoins locaux et à ceux de la planification centrale. Larestructuration économique intervenant, il s'est avéré que cequi avait le plus d'incidence sur les objectifs et lefonctionnement de ces établissements étaient les niveauxdifférents d'autorité dont ils relevaient (I1-ational, provincial,district). Le mode de combinaison de ces niveaux d'autoritédétennine la capacité de l'établissem~nt à prendre desdécisions, à s'adapter à l'environnement socio-économiqueet à changer le cas échéant ses objectifs. La crise de cesétablissements est née de la difficulté à s'adapter aunouveau contexte, entravés qu'ils étaient à la fois par larigidité de la structure de commandement et de certificationdes fonnations transmises (diplômes nationaux), et par leurarticulation étroite avec les réseaux locaux d'entreprisespubliques (débouché principal des diplômés), elles-mêmessouvent gagnées par le marasme. La rémanence d'une offrerigide et maintenant frappée d'obsolescence entrave leurrenouveau.

Toutefois l'offre publique et para-publique de fonnationsextra-scolaires, plus souple, plus déoentralisée, plus àl'écoute de la montée des besoins et plus adaptable, offrantdes fonnations de courte et longue durée, connaît quant àelle un démarrage prometteur. Alors que l'armée, qui avaitjoué un rôle très important de forrrtation, démobilise,d'autres administrations d'État continuent ou se mettent àoccuper le terrain de la fonnation. Les centres de fonnationdes ministères techniques et des OI;ganisations d'État(Postes, Douanes, Chemins de fer etc..) ~ontinuent à fonnerpour leurs besoins propres. D'autres institutions occupent un

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niveaux existent en théorie dans chaque province et sontcensés dispenser une palette très large de fonnationsadaptées au contexte particulier de la province concernée.Ce système, à la fois unifié dans l'organisation et modulédans les contenus, a été conçu pour répondre à la fois auxbesoins locaux et à ceux de la planification centrale. Larestructuration économique intervenant, il s'est avéré que cequi avait le plus d'incidence sur les objectifs et lefonctionnement de ces établissements étaient les niveauxdifférents d'autorité dont ils relevaient (I1-ational, provincial,district). Le mode de combinaison de ces niveaux d'autoritédétennine la capacité de l'établissem~nt à prendre desdécisions, à s'adapter à l'environnement socio-économiqueet à changer le cas échéant ses objectifs. La crise de cesétablissements est née de la difficulté à s'adapter aunouveau contexte, entravés qu'ils étaient à la fois par larigidité de la structure de commandement et de certificationdes fonnations transmises (diplômes nationaux), et par leurarticulation étroite avec les réseaux locaux d'entreprisespubliques (débouché principal des diplômés), elles-mêmessouvent gagnées par le marasme. La rémanence d'une offrerigide et maintenant frappée d'obsolescence entrave leurrenouveau.

Toutefois l'offre publique et para-publique de fonnationsextra-scolaires, plus souple, plus déoentralisée, plus àl'écoute de la montée des besoins et plus adaptable, offrantdes fonnations de courte et longue durée, connaît quant àelle un démarrage prometteur. Alors que l'armée, qui avaitjoué un rôle très important de forrrtation, démobilise,d'autres administrations d'État continuent ou se mettent àoccuper le terrain de la fonnation. Les centres de fonnationdes ministères techniques et des OI;ganisations d'État(Postes, Douanes, Chemins de fer etc..) ~ontinuent à fonnerpour leurs besoins propres. D'autres institutions occupent un

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 105

espace de plus en plus important. Il s'agit tout d'abord desadministrations territoriales (provinces, districts, villes) quise mettent à développer une politique d'offre dynamique deformations adaptées aux besoins des jeunes sortants dusystème d'enseignement général. Il s'agit aussi des Centresde Promotion de l'Emploi. Créés par le ministère du travaildans le cadre du Programme National pour l'emploi, cescentres, souples et modulables, installés sur tout le territoire,offrant une palette très large de formations de durées variéesque ce soit pour trouver un emploi, pour se recycler ou pourpartir travailler à l'étranger, connaissent un succès grandis­sant auprès des 15-29 ans [Henaff, Martin, 1999].

Le paysage de la formation professionnelle changeégalement sous la forte poussée de centres privés de forma­tion. Ceux-ci ont accueilli en 1997 plus de la moitié de lapopulation des formés de la tranche d'âge des 20-24 ans.Pour fonctionner ces centres doivent être légalisés à traversune société enregistrée (<< centre créé par le peuple ») ou àtravers une personne privée (<< centre privé »), et obtenir lalicence de la délégation provinciale du ministère del'éducation et de la formation professionnelle. Cettereconnaissance officielle est indispensable pour avoir droit àun tampon et à un compte en banque au nom du centre quipeut alors exercer son activité. Ces centres fonctionnentcomme de véritables entreprises de formation. Devantassurer en totalité le financement de leur activité, leur survieest assujettie à l'existence d'une clientèle à laquelle ilsdoivent s'adapter. Ils doivent néanmoins rendre régulière­ment des comptes à l'administration de l'éducation et àl'administration fiscale. Ces centres sont extrêmementévolutifs quant au contenu des formations qu'ils offrent etquant aux coopérations qu'ils organisent avec lesinstitutions publiques de formation - comme les universités ­pour des disciplines particulières (langues étrangères,

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 105

espace de plus en plus important. Il s'agit tout d'abord desadministrations territoriales (provinces, districts, villes) quise mettent à développer une politique d'offre dynamique deformations adaptées aux besoins des jeunes sortants dusystème d'enseignement général. Il s'agit aussi des Centresde Promotion de l'Emploi. Créés par le ministère du travaildans le cadre du Programme National pour l'emploi, cescentres, souples et modulables, installés sur tout le territoire,offrant une palette très large de formations de durées variéesque ce soit pour trouver un emploi, pour se recycler ou pourpartir travailler à l'étranger, connaissent un succès grandis­sant auprès des 15-29 ans [Henaff, Martin, 1999].

Le paysage de la formation professionnelle changeégalement sous la forte poussée de centres privés de forma­tion. Ceux-ci ont accueilli en 1997 plus de la moitié de lapopulation des formés de la tranche d'âge des 20-24 ans.Pour fonctionner ces centres doivent être légalisés à traversune société enregistrée (<< centre créé par le peuple ») ou àtravers une personne privée (<< centre privé »), et obtenir lalicence de la délégation provinciale du ministère del'éducation et de la formation professionnelle. Cettereconnaissance officielle est indispensable pour avoir droit àun tampon et à un compte en banque au nom du centre quipeut alors exercer son activité. Ces centres fonctionnentcomme de véritables entreprises de formation. Devantassurer en totalité le financement de leur activité, leur survieest assujettie à l'existence d'une clientèle à laquelle ilsdoivent s'adapter. Ils doivent néanmoins rendre régulière­ment des comptes à l'administration de l'éducation et àl'administration fiscale. Ces centres sont extrêmementévolutifs quant au contenu des formations qu'ils offrent etquant aux coopérations qu'ils organisent avec lesinstitutions publiques de formation - comme les universités ­pour des disciplines particulières (langues étrangères,

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économie, etc.). Tout cela leur pennet dei faire aussi bien durecyclage de cadres, du perfectionnement de jeunestravailleurs ou de la préparation à l'exercice d'un métierpour les personnes sans emploi.· Certains centrescommencent aussi à se transformer en écoles profession­nelles et techniques privées, venant ainsi élargir l'offrescolaire de fonnation initiale.

En revanche les entreprises moyennes ou grandesn'apparaissent pas comme des acteurs systématiques de lafonnation professionnelle en cours d'emploi. Il est vraiqu'au moment du recrutement il existe des périodesd'adaptation à l'emploi, au cours desquelles certainesmodalités de fonnation sont dispensées. Cependant il s'agitle plus souvent de simple formation sur le tas oud'adaptation à la tâche, quand cela exist~, et beaucoup plusrarement de fonnation complémentail1e organisée. Uneenquête auprès d'un échantillon national d'entreprises! amontré que seulement 26 % d'entre elle~ avaient assuré desfonnations en 1998 et 1999, les autresi déclarant qu'ellesn'en avaient pas besoin (85 %) ou pas <Ile moyens pour enfaire (14 %). Par ailleurs 86 % des entn!:prises ne prennentpas d'apprentis, et 76 % ne prennent pas ,de stagiaires. Cettesituation pourrait s'expliquer de différentes manières. Laplus importante semble être le niveau des technologiesmises en œuvre dans la production. Ce niveau peut appelerde bons parcours scolaires mais pas des fonnationsprofessionnelles sophistiquées. Les entreprises publiques parexemple semblent se satisfaire de ce que peut fournir lesystème national d'éducation-fonnationet, tout comme lesentreprises privées et/ou étrangères, visent avant tout à vivre

1 Enquête réalisée en octobre 1999 par l'IRD, l'IUED et le MOLISA etfinancée par la Banque mondiale. Elle a été m()née sur un échantillonreprésentatif de 300 entreprises d'au moins 10 IiJersonnes à l'exclusiondes entreprises familiales, dans 9 provinces du Viiêt-nam.

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économie, etc.). Tout cela leur pennet dei faire aussi bien durecyclage de cadres, du perfectionnement de jeunestravailleurs ou de la préparation à l'exercice d'un métierpour les personnes sans emploi.· Certains centrescommencent aussi à se transformer en écoles profession­nelles et techniques privées, venant ainsi élargir l'offrescolaire de fonnation initiale.

En revanche les entreprises moyennes ou grandesn'apparaissent pas comme des acteurs systématiques de lafonnation professionnelle en cours d'emploi. Il est vraiqu'au moment du recrutement il existe des périodesd'adaptation à l'emploi, au cours desquelles certainesmodalités de fonnation sont dispensées. Cependant il s'agitle plus souvent de simple formation sur le tas oud'adaptation à la tâche, quand cela exist~, et beaucoup plusrarement de fonnation complémentail1e organisée. Uneenquête auprès d'un échantillon national d'entreprises! amontré que seulement 26 % d'entre elle~ avaient assuré desfonnations en 1998 et 1999, les autresi déclarant qu'ellesn'en avaient pas besoin (85 %) ou pas <Ile moyens pour enfaire (14 %). Par ailleurs 86 % des entn!:prises ne prennentpas d'apprentis, et 76 % ne prennent pas ,de stagiaires. Cettesituation pourrait s'expliquer de différentes manières. Laplus importante semble être le niveau des technologiesmises en œuvre dans la production. Ce niveau peut appelerde bons parcours scolaires mais pas des fonnationsprofessionnelles sophistiquées. Les entreprises publiques parexemple semblent se satisfaire de ce que peut fournir lesystème national d'éducation-fonnationet, tout comme lesentreprises privées et/ou étrangères, visent avant tout à vivre

1 Enquête réalisée en octobre 1999 par l'IRD, l'IUED et le MOLISA etfinancée par la Banque mondiale. Elle a été m()née sur un échantillonreprésentatif de 300 entreprises d'au moins 10 IiJersonnes à l'exclusiondes entreprises familiales, dans 9 provinces du Viiêt-nam.

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 107

sur le créneau du travail à bas salaire et à faible valeurajoutée. Le type de produits exportés en témoigne.

L'offre d'emploi

Les données disponibles ne permettent pas de mesurerl'importance de la création et de la fermeture d'entreprisesdans une perspective longitudinale. En revanche, ellespermettent de se faire une idée à la fois de l'extrêmevariabilité du nombre d'entreprises, et des problèmes quecela pose en termes de suivi. Lors de l'enquête IRD-IUED­MüLISA, les remplacements (après tirage de l'échantillonsur des listes établies sur la base d'informations fournies parles bureaux provinciaux du travail, le Ministère des financeset le Ministère du plan) ont montré que l'arrêt total outemporaire d'activité représente 32 % des causes deremplacement, et le démarrage ou redémarrage trop récent,ou non encore effectif d'activité Il %. Par ailleurs, 37 %des remplacements sont dus à des effectifs insuffisants, lesentreprises concernées employant moins de 5 personnes. Lesremplacements pour cause d'arrêt ou de démarraged'activité, et de faibles effectifs touchent essentiellement lesentreprises privées et les sociétés à responsabilité limitée,tandis que les coopératives sont principalement touchées parles fermetures. La comparaison des enquêtes menées en1991 et 1997 par le SIDA et le MüLISA montrentégalement que le taux de mortalité des entreprises a étéimportant pendant la période [Ronnas, Ramamurthy, 2000].

Le graphique 1 présente les variations d'effectifs dans lesentreprises dont le capital est enregistré entre 1989 et 19992

Il ne reflète pas l'évolution de l'emploi, parce que celle-cidépend également du nombre d'entreprises, et présente un

2 Enquête IRD-IUED-MOLISA.

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 107

sur le créneau du travail à bas salaire et à faible valeurajoutée. Le type de produits exportés en témoigne.

L'offre d'emploi

Les données disponibles ne permettent pas de mesurerl'importance de la création et de la fermeture d'entreprisesdans une perspective longitudinale. En revanche, ellespermettent de se faire une idée à la fois de l'extrêmevariabilité du nombre d'entreprises, et des problèmes quecela pose en termes de suivi. Lors de l'enquête IRD-IUED­MüLISA, les remplacements (après tirage de l'échantillonsur des listes établies sur la base d'informations fournies parles bureaux provinciaux du travail, le Ministère des financeset le Ministère du plan) ont montré que l'arrêt total outemporaire d'activité représente 32 % des causes deremplacement, et le démarrage ou redémarrage trop récent,ou non encore effectif d'activité Il %. Par ailleurs, 37 %des remplacements sont dus à des effectifs insuffisants, lesentreprises concernées employant moins de 5 personnes. Lesremplacements pour cause d'arrêt ou de démarraged'activité, et de faibles effectifs touchent essentiellement lesentreprises privées et les sociétés à responsabilité limitée,tandis que les coopératives sont principalement touchées parles fermetures. La comparaison des enquêtes menées en1991 et 1997 par le SIDA et le MüLISA montrentégalement que le taux de mortalité des entreprises a étéimportant pendant la période [Ronnas, Ramamurthy, 2000].

Le graphique 1 présente les variations d'effectifs dans lesentreprises dont le capital est enregistré entre 1989 et 19992

Il ne reflète pas l'évolution de l'emploi, parce que celle-cidépend également du nombre d'entreprises, et présente un

2 Enquête IRD-IUED-MOLISA.

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108 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

biais en ce sens qu'il ne reflète que l'évolution desentreprises qui étaient en activité fin 19%), à l'exclusion decelles dont l'activité a cessé. Il pennet cependant de montrerqu'après une période de croissance dps effectifs d'uneproportion croissante de ces entreprises ~ntre 1990 et 1995,la tendance est à la stabilisation, la p~ des entreprisesvoyant leurs effectifs se réduire dimin~ant régulièrementdepuis 1990, tandis que la part des entreprises qui recrutentdiminue depuis 1995. De ce point de Vlile, il n'y a pas dedifférences marquées entre les entreprises les plus récenteset les autres entreprises. Cependant, si les effectifs semblentse stabiliser dans les entreprises, les comportements derecrutement et de gestion de la main-d'œuvre varient selonles types d'entreprises.

Graphique 1Variations d'effectifs (en %) des entreprises entre 1989 et 1999

6OT"'""--------~~-----.....,

50

40

%30

20

10

0~_j.- .......- ......_-_i_-......_.....,.-_+_-r____11989 1990 1991 1992 1993 1994 199~ 1996 1991 1998 1999

--<>- R~duction d'effectifs -0-Augmentation d'effectifs

--<>- Pas de changement

L'enquête ménages menée par le MQLI8A et l'IRD en1997 montre que la contribution des entrFprises familiales àl'emploi total reste majeure. Ce secterr, avec 66 % de

108 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

biais en ce sens qu'il ne reflète que l'évolution desentreprises qui étaient en activité fin 19%), à l'exclusion decelles dont l'activité a cessé. Il pennet cependant de montrerqu'après une période de croissance dps effectifs d'uneproportion croissante de ces entreprises ~ntre 1990 et 1995,la tendance est à la stabilisation, la p~ des entreprisesvoyant leurs effectifs se réduire dimin~ant régulièrementdepuis 1990, tandis que la part des entreprises qui recrutentdiminue depuis 1995. De ce point de Vlile, il n'y a pas dedifférences marquées entre les entreprises les plus récenteset les autres entreprises. Cependant, si les effectifs semblentse stabiliser dans les entreprises, les comportements derecrutement et de gestion de la main-d'œuvre varient selonles types d'entreprises.

Graphique 1Variations d'effectifs (en %) des entreprises entre 1989 et 1999

6OT"'""--------~~-----.....,

50

40

%30

20

10

0~_j.- .......- ......_-_i_-......_.....,.-_+_-r____11989 1990 1991 1992 1993 1994 199~ 1996 1991 1998 1999

--<>- R~duction d'effectifs -0-Augmentation d'effectifs

--<>- Pas de changement

L'enquête ménages menée par le MQLI8A et l'IRD en1997 montre que la contribution des entrFprises familiales àl'emploi total reste majeure. Ce secterr, avec 66 % de

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 109

l'emploi total, est le premier employeur au Viêt-nam. Celas'explique principalement par le fait que l'essentiel desentreprises familiales sont des exploitations agricoles, quirestent, au Viêt-nam comme ailleurs, l'une des fonnes lesplus traditionnelles et les plus répandues d'exploitation.Dans leur grande majorité, les entreprises familialesn'emploient cependant aucune main-d'œuvre extérieure auménage. C'est moins vrai en ce qui concerne l'industrie, etsurtout le commerce et les services, puisque respectivement21 % et 24 % des entreprises de ces deux secteurs ont desemployés extérieurs au ménage. Mais seules 8,2 % desentreprises familiales ont une activité de commerce ouservice, et 2,8 % une activité industrielle. Il apparaît doncclairement que d'une part les entreprises familialescontribuent très marginalement à la création de l'emploidans l'industrie, le commerce et les services, et que d'autrepart l'emploi créé dans ces entreprises correspondessentiellement à de l'auto-emploi.

Le cas des coopératives est inverse en tennes decontribution à l'emploi total. Le secteur collectif représenteen effet moins de 1 % de l'emploi total en 1997. Après unmouvement massif de fenneture des coopératives lié à la findes subventions, la situation des coopératives semble s'êtrestabilisée et en même temps complexifiée du fait del'actionnarisation et de comportements engendrés par lescaractéristiques propres à ce type de structures. Un certainnombre de coopératives ont en effet survécu en s'adaptant àl'évolution des marchés [Ronnas, Ramamurthy, 2000]. Lemouvement d'actionnarisation n'est pas tenniné, mais selonl'Union des Coopératives du Viêt-nam, il y avait en 1999 unpeu plus de 4300 coopératives, 90 % d'entre elles étantactionnarisées. L'enquête menée auprès des entreprises en1999 montre que si les 2/3 des coopératives ont été crééesavant 1986, le tiers restant a été créé après, y compris ces

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 109

l'emploi total, est le premier employeur au Viêt-nam. Celas'explique principalement par le fait que l'essentiel desentreprises familiales sont des exploitations agricoles, quirestent, au Viêt-nam comme ailleurs, l'une des fonnes lesplus traditionnelles et les plus répandues d'exploitation.Dans leur grande majorité, les entreprises familialesn'emploient cependant aucune main-d'œuvre extérieure auménage. C'est moins vrai en ce qui concerne l'industrie, etsurtout le commerce et les services, puisque respectivement21 % et 24 % des entreprises de ces deux secteurs ont desemployés extérieurs au ménage. Mais seules 8,2 % desentreprises familiales ont une activité de commerce ouservice, et 2,8 % une activité industrielle. Il apparaît doncclairement que d'une part les entreprises familialescontribuent très marginalement à la création de l'emploidans l'industrie, le commerce et les services, et que d'autrepart l'emploi créé dans ces entreprises correspondessentiellement à de l'auto-emploi.

Le cas des coopératives est inverse en tennes decontribution à l'emploi total. Le secteur collectif représenteen effet moins de 1 % de l'emploi total en 1997. Après unmouvement massif de fenneture des coopératives lié à la findes subventions, la situation des coopératives semble s'êtrestabilisée et en même temps complexifiée du fait del'actionnarisation et de comportements engendrés par lescaractéristiques propres à ce type de structures. Un certainnombre de coopératives ont en effet survécu en s'adaptant àl'évolution des marchés [Ronnas, Ramamurthy, 2000]. Lemouvement d'actionnarisation n'est pas tenniné, mais selonl'Union des Coopératives du Viêt-nam, il y avait en 1999 unpeu plus de 4300 coopératives, 90 % d'entre elles étantactionnarisées. L'enquête menée auprès des entreprises en1999 montre que si les 2/3 des coopératives ont été crééesavant 1986, le tiers restant a été créé après, y compris ces

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110 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

dernières années. Catégorie hautemen~ hétérogène, lescoopératives sont de taille variable tant par les effectifs quepar le capital. Les effectifs dans l'échantillon vont de 10 à3 700 personnes. Elles ont égaleme* des modes deconstitution et des pratiques variabl~s en termes derecrutement de main-d'œuvre.

Les listes d'entreprises maintenues p~ le ministère desfinances et ses départements provinciaux Ifont apparaître quede nombreuses coopératives, en particulier dans le domainedes transports, sont des regroupements de travailleursindividuels utilisant leurs véhicules propres et payant leursimpôts individuellement. De création ancienne ou récente,ces coopératives disposent d'un numéro de téléphone, d'uneadresse et d'un président, c'est à dire d'un bureau communde représentation, ce qui permet d'afficlœr une plus grandesurface commerciale tout en maintenant les coûts destructure au plus bas et en autorisant une grande souplessedans l'organisation du travail. Le véhicule constitue l'apportde chaque membre de la coopérative.

La loi autorise aujourd'hui les coopératives à recruter dela main-d'œuvre qui n'est pas membre de la coopérative.43 % des coopératives emploient en conséquence plus de lamoitié de leur main-d'œuvre sur contrats à durée déter­minée. Dans environ 20 % des cas, c'est plus des troisquarts de la main-d'œuvre qui sont constitués de travailleurssur contrats courts. Parmi les entreprises qui emploient de lamain-d'œuvre sur contrat à durée déterminée, 21 %recrutent plus de 75 % de ce type de main-d'œuvre sur descontrats de 1 à 2 ans, et plus de 29 % sur des contrats àmoins d'un an. Par ailleurs, 12,5 % ont recours à de la main­d'œuvre temporaire de manière régulière, et 23 % demanière occasionnelle. Ces chiffres montrent qu'il y a unetrès grande variété de coopératives,· des coopérativestraditionnelles à des modes d'organis4tion qui semblent

110 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

dernières années. Catégorie hautemen~ hétérogène, lescoopératives sont de taille variable tant par les effectifs quepar le capital. Les effectifs dans l'échantillon vont de 10 à3 700 personnes. Elles ont égaleme* des modes deconstitution et des pratiques variabl~s en termes derecrutement de main-d'œuvre.

Les listes d'entreprises maintenues p~ le ministère desfinances et ses départements provinciaux Ifont apparaître quede nombreuses coopératives, en particulier dans le domainedes transports, sont des regroupements de travailleursindividuels utilisant leurs véhicules propres et payant leursimpôts individuellement. De création ancienne ou récente,ces coopératives disposent d'un numéro de téléphone, d'uneadresse et d'un président, c'est à dire d'un bureau communde représentation, ce qui permet d'afficlœr une plus grandesurface commerciale tout en maintenant les coûts destructure au plus bas et en autorisant une grande souplessedans l'organisation du travail. Le véhicule constitue l'apportde chaque membre de la coopérative.

La loi autorise aujourd'hui les coopératives à recruter dela main-d'œuvre qui n'est pas membre de la coopérative.43 % des coopératives emploient en conséquence plus de lamoitié de leur main-d'œuvre sur contrats à durée déter­minée. Dans environ 20 % des cas, c'est plus des troisquarts de la main-d'œuvre qui sont constitués de travailleurssur contrats courts. Parmi les entreprises qui emploient de lamain-d'œuvre sur contrat à durée déterminée, 21 %recrutent plus de 75 % de ce type de main-d'œuvre sur descontrats de 1 à 2 ans, et plus de 29 % sur des contrats àmoins d'un an. Par ailleurs, 12,5 % ont recours à de la main­d'œuvre temporaire de manière régulière, et 23 % demanière occasionnelle. Ces chiffres montrent qu'il y a unetrès grande variété de coopératives,· des coopérativestraditionnelles à des modes d'organis4tion qui semblent

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES III

n'avoir plus qu'un lointain rapport avec le mode de gestioncoopératif. Sous l'appellation de coopérative, on trouveaussi bien des coopératives que des unités qui s'apparententdavantage à des regroupements professionnels ou à desentreprises privées. Il semble néamnoins qu'il existe unécart important entre les membres de coopératives et lamain-d'œuvre salariée qu'elles emploient. C'est un écart enmatière de sécurité de l'emploi d'une part, et sans doute unécart en matière de rémunération, bien que l'enquête nepermette pas de trancher sur ce point.

Le secteur privé non-familial et non-coopératif regroupeles petites entreprises privées, les sociétés à responsabilitélimitée, et les sociétés. Ce groupe d'entreprises, apparuespour l'essentiel depuis le Renouveau, a fait preuve depuisd'un dynamisme en termes de production qui ne s'est pasjusqu'à présent traduit par une contribution importante àl'emploi, même mesurée en termes d'emploi non-agricole.

Le tableau 1 met en évidence les différences de taille,mesurée par les effectifs, entre les différents secteursinstitutionnels. Les entreprises du secteur privé sont en effeten moyenne plus petites que celles du secteur d'État. C'estaussi dans ce secteur que le contrat à durée indéterminé estle moins répandu (tableau 2). On note cependant que plus deIl % des entreprises du secteur privé non-familial emploientplus des trois quarts de leur main-d'œuvre sur contrat àdurée indéterminée. Cette proportion atteint 16 % dans lecas des sociétés à responsabilité limitée. À l'inverse, c'estdans les entreprises du secteur privé non-familial et dans lesecteur coopératif que le recours aux contrats courts est leplus fréquent (tableau 3).

Le recours au recrutement temporaire reste exceptionnel,69 % des entreprises déclarant ne jamais y avoir recours. Ilest cependant plus fréquent dans les entreprises d'État quedans les autres types d'entreprises. Un peu moins de 16 %

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES III

n'avoir plus qu'un lointain rapport avec le mode de gestioncoopératif. Sous l'appellation de coopérative, on trouveaussi bien des coopératives que des unités qui s'apparententdavantage à des regroupements professionnels ou à desentreprises privées. Il semble néamnoins qu'il existe unécart important entre les membres de coopératives et lamain-d'œuvre salariée qu'elles emploient. C'est un écart enmatière de sécurité de l'emploi d'une part, et sans doute unécart en matière de rémunération, bien que l'enquête nepermette pas de trancher sur ce point.

Le secteur privé non-familial et non-coopératif regroupeles petites entreprises privées, les sociétés à responsabilitélimitée, et les sociétés. Ce groupe d'entreprises, apparuespour l'essentiel depuis le Renouveau, a fait preuve depuisd'un dynamisme en termes de production qui ne s'est pasjusqu'à présent traduit par une contribution importante àl'emploi, même mesurée en termes d'emploi non-agricole.

Le tableau 1 met en évidence les différences de taille,mesurée par les effectifs, entre les différents secteursinstitutionnels. Les entreprises du secteur privé sont en effeten moyenne plus petites que celles du secteur d'État. C'estaussi dans ce secteur que le contrat à durée indéterminé estle moins répandu (tableau 2). On note cependant que plus deIl % des entreprises du secteur privé non-familial emploientplus des trois quarts de leur main-d'œuvre sur contrat àdurée indéterminée. Cette proportion atteint 16 % dans lecas des sociétés à responsabilité limitée. À l'inverse, c'estdans les entreprises du secteur privé non-familial et dans lesecteur coopératif que le recours aux contrats courts est leplus fréquent (tableau 3).

Le recours au recrutement temporaire reste exceptionnel,69 % des entreprises déclarant ne jamais y avoir recours. Ilest cependant plus fréquent dans les entreprises d'État quedans les autres types d'entreprises. Un peu moins de 16 %

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112 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

des entreprises d'État déclarent avoir recours de maruererégulière à de la main d'œuvre temporaire, contre 12,5 %dans le secteur coopératif et seulement 4 % dans le secteurprivé.

Tableau 1Répartition des entreprises par secteur et! taille d'emploi

EffectifsSecteur Secteur Secteur privéd'État coopératif: non-familial

<=25 9,7 32,2 51,125-100 33,9 54,6 33,8>100 56,4 13,2 15,1Total 100,0 100,0 100,0

Tableau 2Répartition des entreprises par secteur en foqction de la part des

effectifs employés sur contrat à durée indéterminée

Pourcentage de l'effectifs employé sur contratSecteur à durée Indéterminée

>75 % 50-75 % 25-75 % <=25 % Total

Secteur d'État 41,3 9,9 16,7 32,1 100,0Secteur coopératif 21,1 6,2 7,3 65,4 100,0Secteur privé non-familial 11,5 0,9 1,5 86,1 100,0

Tableau 3Répartition par secteur des entreprises qui e~ploientde la main

d'œuvre sur contrat à durée déterminée en fonction de la part deseffectifs employés sur contrat à moins d'un an

Pourcentage de l'effectif employé sur contrat àSecteur moins d~un an

>75 % 50-75 % 25-75 % <=25% Total

Secteur d'État 18,5 12,8 0,0 68,7 100,0Secteur coopératif 44,4 10,0 3; 1 42,4 100,0Secteur privé non-familial 34,2 3,2 018 61,7 100,0

112 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

des entreprises d'État déclarent avoir recours de maruererégulière à de la main d'œuvre temporaire, contre 12,5 %dans le secteur coopératif et seulement 4 % dans le secteurprivé.

Tableau 1Répartition des entreprises par secteur et! taille d'emploi

EffectifsSecteur Secteur Secteur privéd'État coopératif: non-familial

<=25 9,7 32,2 51,125-100 33,9 54,6 33,8>100 56,4 13,2 15,1Total 100,0 100,0 100,0

Tableau 2Répartition des entreprises par secteur en foqction de la part des

effectifs employés sur contrat à durée indéterminée

Pourcentage de l'effectifs employé sur contratSecteur à durée Indéterminée

>75 % 50-75 % 25-75 % <=25 % Total

Secteur d'État 41,3 9,9 16,7 32,1 100,0Secteur coopératif 21,1 6,2 7,3 65,4 100,0Secteur privé non-familial 11,5 0,9 1,5 86,1 100,0

Tableau 3Répartition par secteur des entreprises qui e~ploientde la main

d'œuvre sur contrat à durée déterminée en fonction de la part deseffectifs employés sur contrat à moins d'un an

Pourcentage de l'effectif employé sur contrat àSecteur moins d~un an

>75 % 50-75 % 25-75 % <=25% Total

Secteur d'État 18,5 12,8 0,0 68,7 100,0Secteur coopératif 44,4 10,0 3; 1 42,4 100,0Secteur privé non-familial 34,2 3,2 018 61,7 100,0

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 113

Si le contrat à durée indétenninée reste la règle dans lesecteur d'État, le recours à une main-d'œuvre temporaire ourecrutée sur contrats courts apparaît comme une pratiquecourante. On peut se demander si, à l'instar d'autres pays, ycompris les pays industrialisés, la flexibilité dans le secteurd'État ne conduit pas à la création d'une catégorie de main­d'œuvre vulnérable parce qu'ils ne bénéficient ni de lastabilité d'emploi, ni des avantages sociaux qui sont attachésaux contrats à durée indétenninée, y compris en tennes depension de retraite. On peut également se demander si larestructuration en cours du secteur d'État, qui prévoit deslicenciements importants, ne peut pas conduire rapidement àune généralisation du phénomène. La question des relationsde travail et de la protection sociale ne se poserait alors plusen tennes de secteur public/secteur privé, comme c'était lecas par le passé, mais bien en tennes de salariés protégés etsalariés vulnérables.

D'autant que l'évolution du secteur privé montre quel'emploi dans ce secteur semble se stabiliser, et que, àl'exception d'un nombre, non négligeable il est vrai,d'entreprises dont la main-d'œuvre est essentiellement unemain-d'œuvre précaire, le recours aux contrats à duréeindétenninée est également fréquent dans ce secteur. Ensupposant que le contrat à durée indétenninée a pourvocation de retenir dans l'entreprise la main-d'œuvre la plusqualifiée, il existe une dérive possible du système vers unmarché du travail ayant toutes les caractéristiques d'unmarché dual.

Conclusion

En matière d'éducation comme de fonnation, l'État, dansle système de planification centralisée, avait la maîtrise del'offre comme de la demande. La rénovation a eu deux

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 113

Si le contrat à durée indétenninée reste la règle dans lesecteur d'État, le recours à une main-d'œuvre temporaire ourecrutée sur contrats courts apparaît comme une pratiquecourante. On peut se demander si, à l'instar d'autres pays, ycompris les pays industrialisés, la flexibilité dans le secteurd'État ne conduit pas à la création d'une catégorie de main­d'œuvre vulnérable parce qu'ils ne bénéficient ni de lastabilité d'emploi, ni des avantages sociaux qui sont attachésaux contrats à durée indétenninée, y compris en tennes depension de retraite. On peut également se demander si larestructuration en cours du secteur d'État, qui prévoit deslicenciements importants, ne peut pas conduire rapidement àune généralisation du phénomène. La question des relationsde travail et de la protection sociale ne se poserait alors plusen tennes de secteur public/secteur privé, comme c'était lecas par le passé, mais bien en tennes de salariés protégés etsalariés vulnérables.

D'autant que l'évolution du secteur privé montre quel'emploi dans ce secteur semble se stabiliser, et que, àl'exception d'un nombre, non négligeable il est vrai,d'entreprises dont la main-d'œuvre est essentiellement unemain-d'œuvre précaire, le recours aux contrats à duréeindétenninée est également fréquent dans ce secteur. Ensupposant que le contrat à durée indétenninée a pourvocation de retenir dans l'entreprise la main-d'œuvre la plusqualifiée, il existe une dérive possible du système vers unmarché du travail ayant toutes les caractéristiques d'unmarché dual.

Conclusion

En matière d'éducation comme de fonnation, l'État, dansle système de planification centralisée, avait la maîtrise del'offre comme de la demande. La rénovation a eu deux

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114 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

effets sur l'offre publique. La libération de la demanded'une part, et d'autre part l'apparition de nouveaux acteursde l'offre, avec lesquels l'État doit compO$er, et sur lesquelsil cherche le cas échéant à s'appuyer. C'est particulièrementvrai dans le domaine de l'éducation et de la formation, danslequel l'État a non seulement permis à une demandenouvelle d'émerger, mais a accepté que cette demandegénère une offre qui lui répond et qui éhrrgit le champ del'offre éducative du pays. Parfois conçurrentes, parfoiscomplémentaires, offre publique et offre privée connaissentun processus d'ajustement. L'État, qui s'e$t réservé certainssecteurs de l'offre éducative, en particuli~r l'enseignementprimaire, se trouve contraint d'élever la qualité de sesprestations pour garder la maîtrise du système éducatif. Enmatière d'emploi, l'État a reporté sur l'ensemble de lapopulation l'obligation qu'il s'était donnée d'assurer le pleinemploi. Il a ainsi entamé un ajustement structurel qui doitlui permettre de se confronter à la concurrence du secteurnon-étatique national et étranger. La conséquence en est quel'État, qui reste légalement le garant dt} l'application dudroit du travail, se démarque de moins en moins du secteurprivé dans ses comportements en tant qu'employeur. Il luireste encore à redéfinir ses priorités en maltière d'éducation,de formation, et d'emploi, pour affronter les défis d'unemondialisation à laquelle l'ouverture l'expose de manièrecroissante.

Bibliographie

HENAFF N., MARTIN J.Y. [1999], Observatoire de l'emploiet des ressources humaines, Viêt-ntilm, Rapport del'enquête auprès des ménages, de~ième passage,novembre-décembre J997, Hanoi, Éditipns du Travail etdes Affaires sociales, 105 p.

114 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

effets sur l'offre publique. La libération de la demanded'une part, et d'autre part l'apparition de nouveaux acteursde l'offre, avec lesquels l'État doit compO$er, et sur lesquelsil cherche le cas échéant à s'appuyer. C'est particulièrementvrai dans le domaine de l'éducation et de la formation, danslequel l'État a non seulement permis à une demandenouvelle d'émerger, mais a accepté que cette demandegénère une offre qui lui répond et qui éhrrgit le champ del'offre éducative du pays. Parfois conçurrentes, parfoiscomplémentaires, offre publique et offre privée connaissentun processus d'ajustement. L'État, qui s'e$t réservé certainssecteurs de l'offre éducative, en particuli~r l'enseignementprimaire, se trouve contraint d'élever la qualité de sesprestations pour garder la maîtrise du système éducatif. Enmatière d'emploi, l'État a reporté sur l'ensemble de lapopulation l'obligation qu'il s'était donnée d'assurer le pleinemploi. Il a ainsi entamé un ajustement structurel qui doitlui permettre de se confronter à la concurrence du secteurnon-étatique national et étranger. La conséquence en est quel'État, qui reste légalement le garant dt} l'application dudroit du travail, se démarque de moins en moins du secteurprivé dans ses comportements en tant qu'employeur. Il luireste encore à redéfinir ses priorités en maltière d'éducation,de formation, et d'emploi, pour affronter les défis d'unemondialisation à laquelle l'ouverture l'expose de manièrecroissante.

Bibliographie

HENAFF N., MARTIN J.Y. [1999], Observatoire de l'emploiet des ressources humaines, Viêt-ntilm, Rapport del'enquête auprès des ménages, de~ième passage,novembre-décembre J997, Hanoi, Éditipns du Travail etdes Affaires sociales, 105 p.

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STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 115

MOLISA/ORSTOM [1999], Observatoire du travail, del'emploi et des ressources humaines. Rapport du premierpassage d'enquête, nov.-déc.1996, Hanoi, Éditions duTravail, 113 p. (en vietnamien)

RONNAS P., RAMAMURTY B. [2000], Entrepreneurship inVietnam. Transformation and Dynamics, NIAS, Dec.,368 p., 205 tables

WORLD BANK [1996], Vietnam - Educationjinancing sectorstudy, Human Resources Operations Division CountryDepartment l, East Asia and Pacifie Region, October,143 p.+ annexes.

STRATÉGIES DES INSTITUTIONS ET DES ENTREPRISES 115

MOLISA/ORSTOM [1999], Observatoire du travail, del'emploi et des ressources humaines. Rapport du premierpassage d'enquête, nov.-déc.1996, Hanoi, Éditions duTravail, 113 p. (en vietnamien)

RONNAS P., RAMAMURTY B. [2000], Entrepreneurship inVietnam. Transformation and Dynamics, NIAS, Dec.,368 p., 205 tables

WORLD BANK [1996], Vietnam - Educationfinancing sectorstudy, Human Resources Operations Division CountryDepartment l, East Asia and Pacific Region, October,143 p.+ annexes.

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5

Le développement des ressourceshumaines au Viêt-nam: répondre aux

défis de la mondialisation et de la nouvelleéconomie du savoir

Geoffrey B. Hainsworth

Le Viêt-nam a fait de grandes avancées depuis quinze ansdans l'ouverture des choix en matière de développementhumain et dans la promotion d'un environnement favorableà l'entreprise publique et privée. Le pays et la majorité deses citoyens en ont tiré des bénéfices importants en ce quiconcerne l'amélioration du produit national et du revenu partête, la réduction du nombre de familles vivant sous le seuilde pauvreté, et la transformation spectaculaire du mode devie des citadins et des aspirations et des perspectives de vieélevées qui se dessinent pour la jeunesse la plus scolarisée.Cependant, la transition vers une économie de marchémulti-sectorielle à orientation socialiste a eu des impacts di­vers sur la société vietnamienne à travers la création depossibilités pour beaucoup, et des difficultés qui demeurentpour d'autres groupes et régions qui en comparaison, ont le

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Le développement des ressourceshumaines au Viêt-nam: répondre aux

défis de la mondialisation et de la nouvelleéconomie du savoir

Geoffrey B. Hainsworth

Le Viêt-nam a fait de grandes avancées depuis quinze ansdans l'ouverture des choix en matière de développementhumain et dans la promotion d'un environnement favorableà l'entreprise publique et privée. Le pays et la majorité deses citoyens en ont tiré des bénéfices importants en ce quiconcerne l'amélioration du produit national et du revenu partête, la réduction du nombre de familles vivant sous le seuilde pauvreté, et la transformation spectaculaire du mode devie des citadins et des aspirations et des perspectives de vieélevées qui se dessinent pour la jeunesse la plus scolarisée.Cependant, la transition vers une économie de marchémulti-sectorielle à orientation socialiste a eu des impacts di­vers sur la société vietnamienne à travers la création depossibilités pour beaucoup, et des difficultés qui demeurentpour d'autres groupes et régions qui en comparaison, ont le

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118 GEOFFREY B. HAINSWORTH

sentiment d'avoir été laissés pour compte. Le secteur ruralen particulier, qui a contribué de manière importante àl'augmentation de la production d'ensenible (ainsi que desrevenus d'exportation et des recettes publiques), n'a ainsiconnu que des changements modestes dans le mode de vie,le revenu par tête et dans l'accroissement des possibilitésqui s'offrent à la jeune génération. Il représente cependantprès de 80 % de la population vietnamienne, 70 % de lamain-d'œuvre employée, et 90 % des familles vivant sous leseuil de pauvreté. Comment élargir les choix professionnelset les perspectives de vie de cette grande majorité de ci­toyens qui représentent aussi la ressource la plus importanteet la moins développée de la nation? Cette question devraità l'évidence bénéficier de l'attention prioritaire des politi­ques et des agences d'aide concernés p0l!lr entretenir l'élanéconomique que connaît le Viêt-nam depuis le doi moi.

L'extension de l'éducation et la formationprofessionnelle depuis le do; moi

L'éducation au sens large est considé~ée dans la plupartdes pays comme l'outil principal d'élargilssement des choixprofessionnels, d'amélioration de la productivité indi­viduelle et nationale, de la richesse et du revenu. Elle offreaussi la possibilité aux enfants nés dans la pauvretéd'échapper à cette condition et d'exprimer pleinement leurpotentiel. La culture vietnamienne a toujours eu un grandrespect pour le savoir, et cela a été renforcé depuis 1954 parl'orientation socialiste du gouvernement. Même avant le doimoi, et en dépit de son faible revenu par tête et des lourdescharges de la guerre et de la reconstruction sur les maigresressources de l'État, le Viêt-nam a atteipt d'exceptionnelsniveaux d'alphabétisation, d'espérance. de vie, d'égalitéentre les sexes, et des résultats élevt3s en référence à

118 GEOFFREY B. HAINSWORTH

sentiment d'avoir été laissés pour compte. Le secteur ruralen particulier, qui a contribué de manière importante àl'augmentation de la production d'ensenible (ainsi que desrevenus d'exportation et des recettes publiques), n'a ainsiconnu que des changements modestes dans le mode de vie,le revenu par tête et dans l'accroissement des possibilitésqui s'offrent à la jeune génération. Il représente cependantprès de 80 % de la population vietnamienne, 70 % de lamain-d'œuvre employée, et 90 % des familles vivant sous leseuil de pauvreté. Comment élargir les choix professionnelset les perspectives de vie de cette grande majorité de ci­toyens qui représentent aussi la ressource la plus importanteet la moins développée de la nation? Cette question devraità l'évidence bénéficier de l'attention prioritaire des politi­ques et des agences d'aide concernés p0l!lr entretenir l'élanéconomique que connaît le Viêt-nam depuis le doi moi.

L'extension de l'éducation et la formationprofessionnelle depuis le do; moi

L'éducation au sens large est considé~ée dans la plupartdes pays comme l'outil principal d'élargilssement des choixprofessionnels, d'amélioration de la productivité indi­viduelle et nationale, de la richesse et du revenu. Elle offreaussi la possibilité aux enfants nés dans la pauvretéd'échapper à cette condition et d'exprimer pleinement leurpotentiel. La culture vietnamienne a toujours eu un grandrespect pour le savoir, et cela a été renforcé depuis 1954 parl'orientation socialiste du gouvernement. Même avant le doimoi, et en dépit de son faible revenu par tête et des lourdescharges de la guerre et de la reconstruction sur les maigresressources de l'État, le Viêt-nam a atteipt d'exceptionnelsniveaux d'alphabétisation, d'espérance. de vie, d'égalitéentre les sexes, et des résultats élevt3s en référence à

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RESSOURCES HUMAINES 119

plusieurs autres indicateurs du développement humain[Hainsworth, 1993]. En 1999, le Viêt-nam était classé llOesur 174 pays selon l'indice de développement humain duPNUD (en comparaison avec sa place de 133e pour le PIBpar tête), soit une amélioration par rapport à sa place relati­vement élevée de 116e sur 173 pays au même indice en 1992(et une place de 150e pour le PIB par tête).

Le niveau de scolarisation dans l'enseignement primaireest particulièrement élevé, à 91 % pour l'ensemble et même82 % pour les enfants appartenant au groupe des 20 % desménages les plus pauvres (tableau 1), bien que les taux deredoublement et d'abandons soient beaucoup plus élevéspour les familles les plus pauvres, particulièrement dans leszones rurales et reculées. Les inégalités dans les taux descolarisation s'élargissent de manière significative aux ni­veaux secondaire et post-secondaire, les enfants des famillesdu quintile le plus pauvre n'étant scolarisés qu'à 4,5 % dansle secondaire supérieur et à moins de 0,5 % dans le post­secondaire.

Tableau 1Taux de scolarisation par quintiles de dépenses des ménages, 1998 (%)

Taux net de scolarisationÉcole Secondaire Secondaire Post-

primaire de base supérieur Secondaire

Quintile 1(le plus pauvre) 81,9 33,6 4,5 0,4Quintile II 93,2 53,0 13,3 0,6Quintile III 94,6 65,5 20,7 2,9Quintile IV 96,0 71,7 26,5 8,3Quintile V (le plus riche) 96,4 91,0 64,1 28,9Viêt-nam 91,2 61,7 28,6 9,3

Sources: General Statistical Office [2000a]; World Bank [1999].

Apparemment, le mouvement vers l'économie de marchéa également conduit à des taux plus élevés d'abandons dansl'enseignement secondaire, particulièrement pour les filles,

RESSOURCES HUMAINES 119

plusieurs autres indicateurs du développement humain[Hainsworth, 1993]. En 1999, le Viêt-nam était classé llOesur 174 pays selon l'indice de développement humain duPNUD (en comparaison avec sa place de 133e pour le PIBpar tête), soit une amélioration par rapport à sa place relati­vement élevée de 116e sur 173 pays au même indice en 1992(et une place de 150e pour le PIB par tête).

Le niveau de scolarisation dans l'enseignement primaireest particulièrement élevé, à 91 % pour l'ensemble et même82 % pour les enfants appartenant au groupe des 20 % desménages les plus pauvres (tableau 1), bien que les taux deredoublement et d'abandons soient beaucoup plus élevéspour les familles les plus pauvres, particulièrement dans leszones rurales et reculées. Les inégalités dans les taux descolarisation s'élargissent de manière significative aux ni­veaux secondaire et post-secondaire, les enfants des famillesdu quintile le plus pauvre n'étant scolarisés qu'à 4,5 % dansle secondaire supérieur et à moins de 0,5 % dans le post­secondaire.

Tableau 1Taux de scolarisation par quintiles de dépenses des ménages, 1998 (%)

Taux net de scolarisationÉcole Secondaire Secondaire Post-

primaire de base supérieur Secondaire

Quintile 1(le plus pauvre) 81,9 33,6 4,5 0,4Quintile II 93,2 53,0 13,3 0,6Quintile III 94,6 65,5 20,7 2,9Quintile IV 96,0 71,7 26,5 8,3Quintile V (le plus riche) 96,4 91,0 64,1 28,9Viêt-nam 91,2 61,7 28,6 9,3

Sources: General Statistical Office [2000a]; World Bank [1999].

Apparemment, le mouvement vers l'économie de marchéa également conduit à des taux plus élevés d'abandons dansl'enseignement secondaire, particulièrement pour les filles,

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120 GEOFFREY B. HAINSWORTH

ce qui tend à aggraver les inégalités entr~ les sexes dans lascolarisation au niveau secondaire sl)périeur et post­secondaire et dans les taux d'obtention 'de diplômes. Lesdonnées de l'enquête VLSS 1998 [Gene~al Statistical Offi­ce, 2000a] montrent que le nombre moyen d'années d'écoleet les taux d'alphabétisation sont significativement plus baschez les femmes. Ceci, en même temps qu'un accès limité àune éducation appropriée et à des possibi~ités de formation,semble être l'un des facteurs qui peut expliquer pourquoiune proportion plus élevée de femmes que d'hommes restent« auto-employées» dans l'agriculture à bas revenu etd'autres activités économiques de ménage, et sont moinsreprésentées dans l'industrie et les autres emplois salariés(tableau 2).

Tableau 2Indicateurs d'éducation et d'emploi par sexe, 1998 (%)

Femmes Hommes Total

Nombre moyen d'années d'école (6+) 5,6 6,8 6,2Taux d'alphabétisation adultes (15+) 78,8 89,6 83,5

Part dans l'emploi total 51,7 48,3 100,0- Auto-emploi agricole 54,4 45,6 100,0- Auto-emploi non-agricole 55,2 44,8 100,0• Emploi salarié 39,8 60,2 100,0- Emploi salarié agricole 39,6 60,4 100,0- Emploi salarié industrie 37,1 62,9 100,0- Emploi salarié services 42,6 57,4 100,0

Sources: General Slalislica\ Otlïce [2000a]; World Bank [1999].

En ce qui concerne le taux de scolarisation selon legroupe ethnique, les enquêtes VLSS montrent que des amé­liorations considérables ont été enregistrées entre 1992/93 et1997/98 pour les Kinh comme pour les groupes ethniquesminoritaires, mais que les inégalités de s~olarisation restentimportantes dans les niveaux second~ire et supérieur(tableau 3). Les données sur les inégalité$ entre les groupes

120 GEOFFREY B. HAINSWORTH

ce qui tend à aggraver les inégalités entr~ les sexes dans lascolarisation au niveau secondaire sl)périeur et post­secondaire et dans les taux d'obtention 'de diplômes. Lesdonnées de l'enquête VLSS 1998 [Gene~al Statistical Offi­ce, 2000a] montrent que le nombre moyen d'années d'écoleet les taux d'alphabétisation sont significativement plus baschez les femmes. Ceci, en même temps qu'un accès limité àune éducation appropriée et à des possibi~ités de formation,semble être l'un des facteurs qui peut expliquer pourquoiune proportion plus élevée de femmes que d'hommes restent« auto-employées» dans l'agriculture à bas revenu etd'autres activités économiques de ménage, et sont moinsreprésentées dans l'industrie et les autres emplois salariés(tableau 2).

Tableau 2Indicateurs d'éducation et d'emploi par sexe, 1998 (%)

Femmes Hommes Total

Nombre moyen d'années d'école (6+) 5,6 6,8 6,2Taux d'alphabétisation adultes (15+) 78,8 89,6 83,5

Part dans l'emploi total 51,7 48,3 100,0- Auto-emploi agricole 54,4 45,6 100,0- Auto-emploi non-agricole 55,2 44,8 100,0• Emploi salarié 39,8 60,2 100,0- Emploi salarié agricole 39,6 60,4 100,0- Emploi salarié industrie 37,1 62,9 100,0- Emploi salarié services 42,6 57,4 100,0

Sources: General Slalislica\ Otlïce [2000a]; World Bank [1999].

En ce qui concerne le taux de scolarisation selon legroupe ethnique, les enquêtes VLSS montrent que des amé­liorations considérables ont été enregistrées entre 1992/93 et1997/98 pour les Kinh comme pour les groupes ethniquesminoritaires, mais que les inégalités de s~olarisation restentimportantes dans les niveaux second~ire et supérieur(tableau 3). Les données sur les inégalité$ entre les groupes

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RESSOURCES HUMAINES 121

minoritaires ne sont pas disponibles, mais des études locali­sées suggèrent que certains groupes soient plus désavanta­gés que d'autres pour l'accès à l'éducation et les possibilitésde fonnation, et aussi dans les attitudes dominantes desparents concernant la valeur attachée à la scolarisation deleurs enfants. La plupart des ethnies minoritaires résidentdans des zones rurales relativement reculées, très peu deleurs membres trouvent un emploi dans l'industrie ou enzone urbaine, et beaucoup de parents ne voient pas l'intérêtde l'éducation au-delà de l'alphabétisation de base si leursenfants (particulièrement les filles) sont destinés à les suivredans l'agriculture de subsistance. Des efforts intensifs sontmaintenant faits dans le cadre de la campagne nationaleHEPR l

, avec des engagements financiers significatifs desagences d'aide, pour améliorer les équipements scolaires etdivers aménagements sociaux dans ces régions ruralesreculées, avec une concentration particulière sur les 1 000communes les plus pauvres où les minorités ethniquesconstituent souvent la majorité des résidents.

Tableau 3Amélioration des taux nets de scolarisation par niveaux et

appartenance ethnique, 1993 to 1998 (%)

1993 1998

Majorité Ethnies Majorité EthniesKinh minoritaires Kinh minoritaires

Primaire 90,6 63,8 93,3 82,2Secondaire de base 33,6 6,6 66,2 36,5Secondaire supérieur 7,9 2,1 31,9 8,1Post-Secondaire 3,2 0,8 10,5 1,4

Sources: General Statistical Office [1994 et 2000a]; World Bank [1999].

1 Programme national d'éradication de la faim et de réduction de lapauvreté

RESSOURCES HUMAINES 121

minoritaires ne sont pas disponibles, mais des études locali­sées suggèrent que certains groupes soient plus désavanta­gés que d'autres pour l'accès à l'éducation et les possibilitésde fonnation, et aussi dans les attitudes dominantes desparents concernant la valeur attachée à la scolarisation deleurs enfants. La plupart des ethnies minoritaires résidentdans des zones rurales relativement reculées, très peu deleurs membres trouvent un emploi dans l'industrie ou enzone urbaine, et beaucoup de parents ne voient pas l'intérêtde l'éducation au-delà de l'alphabétisation de base si leursenfants (particulièrement les filles) sont destinés à les suivredans l'agriculture de subsistance. Des efforts intensifs sontmaintenant faits dans le cadre de la campagne nationaleHEPR l

, avec des engagements financiers significatifs desagences d'aide, pour améliorer les équipements scolaires etdivers aménagements sociaux dans ces régions ruralesreculées, avec une concentration particulière sur les 1 000communes les plus pauvres où les minorités ethniquesconstituent souvent la majorité des résidents.

Tableau 3Amélioration des taux nets de scolarisation par niveaux et

appartenance ethnique, 1993 to 1998 (%)

1993 1998

Majorité Ethnies Majorité EthniesKinh minoritaires Kinh minoritaires

Primaire 90,6 63,8 93,3 82,2Secondaire de base 33,6 6,6 66,2 36,5Secondaire supérieur 7,9 2,1 31,9 8,1Post-Secondaire 3,2 0,8 10,5 1,4

Sources: General Statistical Office [1994 et 2000a]; World Bank [1999].

1 Programme national d'éradication de la faim et de réduction de lapauvreté

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122 GEOFFREY B. HAINSWORTH

Dans la plupart des pays l'éducation est vue idéalementcomme « la grande égalisatrice », promouvant l'égalité deschances pour les talents individuels, l'ambition et la persé­vérance, indépendamment du statut soqio-économique dedépart. Dans aucun pays la compétition ;au mérite ne jouesur une base véritablement égalitaire, ma~s le parti pris dansl'éducation publique est supposé favoriset les moins avanta­gés pour compenser les inégalités divers~s comme celles derevenus familiaux. Dans ce domaine, l'édiucation de base auViêt-nam était gratuite avant le doi moi, ~t quand les droitsscolaires furent introduits en septembre 1989, commeélément du mouvement vers une plus grande responsabilisa­tion individuelle, des dispositions furent prises pour desexonérations partielles ou totales en faveur des famillesofficiellement signalées par les autorités locales pour leurinsolvabilité ou des incapacités diverses. Toutes les famillespauvres n'ont pas demandé une telle reconnaissance, mais lemode d'allocation a visiblement laissé de côté environ 80 %des familles du quintile le plus pauvre, bénéficié aux quin­tiles plus élevés de manière presque équivalente, ou plusgénéreusement en matière d'exonérations partielles, et aidéles enfants des villes presque deux fois plus que ceux deszones rurales, même si 90 % des familles pauvres résidentdans ces dernières (tableau 4).

Les droits scolaires, bien que relativement modestes encomparaison avec d'autres pays, peuvent suffire à empêcherles enfants des familles à bas revenus de continuer l'école,en particulier au niveau secondaire où les différents types deprélèvements peuvent se monter à plusieurs millions deVND, et auxquels peuvent s'ajouter les coûts de transport etde logement pour les enfants des zones éloignées. Il existeaussi encore une pénurie chronique d'enseignants entrantdans le métier à tous les niveaux,. et la qualité del'enseignement dans les régions les pl~s reculées tombe

122 GEOFFREY B. HAINSWORTH

Dans la plupart des pays l'éducation est vue idéalementcomme « la grande égalisatrice », promouvant l'égalité deschances pour les talents individuels, l'ambition et la persé­vérance, indépendamment du statut soqio-économique dedépart. Dans aucun pays la compétition ;au mérite ne jouesur une base véritablement égalitaire, ma~s le parti pris dansl'éducation publique est supposé favoriset les moins avanta­gés pour compenser les inégalités divers~s comme celles derevenus familiaux. Dans ce domaine, l'édiucation de base auViêt-nam était gratuite avant le doi moi, ~t quand les droitsscolaires furent introduits en septembre 1989, commeélément du mouvement vers une plus grande responsabilisa­tion individuelle, des dispositions furent prises pour desexonérations partielles ou totales en faveur des famillesofficiellement signalées par les autorités locales pour leurinsolvabilité ou des incapacités diverses. Toutes les famillespauvres n'ont pas demandé une telle reconnaissance, mais lemode d'allocation a visiblement laissé de côté environ 80 %des familles du quintile le plus pauvre, bénéficié aux quin­tiles plus élevés de manière presque équivalente, ou plusgénéreusement en matière d'exonérations partielles, et aidéles enfants des villes presque deux fois plus que ceux deszones rurales, même si 90 % des familles pauvres résidentdans ces dernières (tableau 4).

Les droits scolaires, bien que relativement modestes encomparaison avec d'autres pays, peuvent suffire à empêcherles enfants des familles à bas revenus de continuer l'école,en particulier au niveau secondaire où les différents types deprélèvements peuvent se monter à plusieurs millions deVND, et auxquels peuvent s'ajouter les coûts de transport etde logement pour les enfants des zones éloignées. Il existeaussi encore une pénurie chronique d'enseignants entrantdans le métier à tous les niveaux,. et la qualité del'enseignement dans les régions les pl~s reculées tombe

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RESSOURCES HUMAINES 123

souvent sous le niveau de base car les enseignants ne sou­haitent généralement pas y travailler. Quelques écolesprimaires ne disposent que des classes 1 et 2, et quelquesécoles secondaires que des classes 6 et 7. Les salaires ontrécemment été augmentés, mais ils restent encore au­dessous de ce que beaucoup peuvent gagner dans d'autresmétiers, et les enseignants consacrent souvent beaucoup deleur énergie à donner des cours particuliers dans les famillesà même et acceptant de payer des droits supplémentaires.Les localités urbaines offrent un bien meilleur accès à dessources nouvelles ou supplémentaires de revenu, aussi bienqu'à un mode de vie, un mariage et des perspectives socialesplus intéressants. [Hainsworth, Trang, 1997; UNDP, 1998].

Tableau 4Exonération des droits du Primaire et du Secondaire de base

(enfants de 6-14 ans), 1998 (%).

Exonération Exonérationpartielle totale Autre

Quintile 1 (le plus pauvre) 8,9 11,6 20,5Quintile 2 10,7 6,5 17,2Quintile 3 13,4 3,6 17,0Quintile 4 9,9 3,6 13,6Quintile 5 (le plus riche) 8,6 0,9 9,5Total 10,4 5,8 16,2

Rural 6,8 2,3 9,1Urbain Il,0 6,4 17,5

Sources: General Slalistical Oflice [2000a]; World Bank [1999]. Estimations de revenus

par quintiles basés sur les niveaux de dépenses totales des ménages.

Les cours d'orientation professionnelle pour les élèves del'école secondaire (classes 6 à 9) donnent la théorie de base,et des connaissances techniques et pratiques dans les métiersconsidérés comme génériques « pour toute la société» dansl'agriculture, l'industrie, l'artisanat et les services. Lafonnation professionnelle des élèves sélectionnés est alors

RESSOURCES HUMAINES 123

souvent sous le niveau de base car les enseignants ne sou­haitent généralement pas y travailler. Quelques écolesprimaires ne disposent que des classes 1 et 2, et quelquesécoles secondaires que des classes 6 et 7. Les salaires ontrécemment été augmentés, mais ils restent encore au­dessous de ce que beaucoup peuvent gagner dans d'autresmétiers, et les enseignants consacrent souvent beaucoup deleur énergie à donner des cours particuliers dans les famillesà même et acceptant de payer des droits supplémentaires.Les localités urbaines offrent un bien meilleur accès à dessources nouvelles ou supplémentaires de revenu, aussi bienqu'à un mode de vie, un mariage et des perspectives socialesplus intéressants. [Hainsworth, Trang, 1997; UNDP, 1998].

Tableau 4Exonération des droits du Primaire et du Secondaire de base

(enfants de 6-14 ans), 1998 (%).

Exonération Exonérationpartielle totale Autre

Quintile 1 (le plus pauvre) 8,9 11,6 20,5Quintile 2 10,7 6,5 17,2Quintile 3 13,4 3,6 17,0Quintile 4 9,9 3,6 13,6Quintile 5 (le plus riche) 8,6 0,9 9,5Total 10,4 5,8 16,2

Rural 6,8 2,3 9,1Urbain Il,0 6,4 17,5

Sources: General Slalistical Oflice [2000a]; World Bank [1999]. Estimations de revenus

par quintiles basés sur les niveaux de dépenses totales des ménages.

Les cours d'orientation professionnelle pour les élèves del'école secondaire (classes 6 à 9) donnent la théorie de base,et des connaissances techniques et pratiques dans les métiersconsidérés comme génériques « pour toute la société» dansl'agriculture, l'industrie, l'artisanat et les services. Lafonnation professionnelle des élèves sélectionnés est alors

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124 GEOFFREY B. HAINSWORTH

dispensée dans les centres techniques généraux du ministèrede l'Éducation qui existent dans les dis~ricts de la plupartdes provinces, ou dans les écoles secondaires supérieuresspécialisées, les écoles pour ouvriers qu~lifiés de l'agricul­ture, l'industrie et la construction (généralement desformations longues), les centres de formation professionnel­le post-secondaire (le plus souvent des formations courtes),ou dans les entreprises accueillant des :apprentis [Martin,Oudin, 1996]. Depuis le doi moi, une cert~ine diversificationest intervenue dans les sujets et les i contenus de cesprogrammes de formation, l'initiative. locale ayant étéencouragée à répondre aux demand~s régionales denouvelles spécialités professionnelles, tuais une critiquegénérale porte sur le fait que les besoin~ de formation desentreprises locales ne sont pas pris en dompte de manièreadéquate. Un déficit d'enseignants eXlpérimentés et unmanque d'équipements et de matériels de formation moder­nes, en même temps que le montant des droits fixés pourbeaucoup de programmes publics de formation, peuventexpliquer les faibles taux de participation qui limitent leurréussite dans la canalisation des diplômés des écolessecondaires vers des métiers à haute productivité. En outre,le rythme lent de la transformation structurelle etprofessionnelle au Viêt-nam, et particulièrement la faiblecroissance d'un secteur manufacturier diversifié dans laplupart des régions, a limité la demande pour des compé­tences industrielles spécialisées et ainsi les possibilités d'yrépondre à travers une orientation professionnelle plusinnovante et une offre de cours plus avancés de formation.

Outre les programmes de formation publics, il y a aussidepuis le doi moi une prolifération de cours de formationprivés, ateliers et programmes d'apprentissage, particulière­ment dans les grands centres urbains. ~a plupart sont depetites affaires qui vendent des cours de ~angues étrangères,

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dispensée dans les centres techniques généraux du ministèrede l'Éducation qui existent dans les dis~ricts de la plupartdes provinces, ou dans les écoles secondaires supérieuresspécialisées, les écoles pour ouvriers qu~lifiés de l'agricul­ture, l'industrie et la construction (généralement desformations longues), les centres de formation professionnel­le post-secondaire (le plus souvent des formations courtes),ou dans les entreprises accueillant des :apprentis [Martin,Oudin, 1996]. Depuis le doi moi, une cert~ine diversificationest intervenue dans les sujets et les i contenus de cesprogrammes de formation, l'initiative. locale ayant étéencouragée à répondre aux demand~s régionales denouvelles spécialités professionnelles, tuais une critiquegénérale porte sur le fait que les besoin~ de formation desentreprises locales ne sont pas pris en dompte de manièreadéquate. Un déficit d'enseignants eXlpérimentés et unmanque d'équipements et de matériels de formation moder­nes, en même temps que le montant des droits fixés pourbeaucoup de programmes publics de formation, peuventexpliquer les faibles taux de participation qui limitent leurréussite dans la canalisation des diplômés des écolessecondaires vers des métiers à haute productivité. En outre,le rythme lent de la transformation structurelle etprofessionnelle au Viêt-nam, et particulièrement la faiblecroissance d'un secteur manufacturier diversifié dans laplupart des régions, a limité la demande pour des compé­tences industrielles spécialisées et ainsi les possibilités d'yrépondre à travers une orientation professionnelle plusinnovante et une offre de cours plus avancés de formation.

Outre les programmes de formation publics, il y a aussidepuis le doi moi une prolifération de cours de formationprivés, ateliers et programmes d'apprentissage, particulière­ment dans les grands centres urbains. ~a plupart sont depetites affaires qui vendent des cours de ~angues étrangères,

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des fonnations infonnatiques de base, ou orientées versl'amélioration de la recherche d'emploi dans la coiffure,l'hôtellerie et des métiers de ce type dans le secteur deservices. Le manque de reconnaissance officielle limitel'efficacité de telles auto-améliorations des compétences,qui peuvent aussi être relativement dispendieuses et tirerbénéfice des migrants non-qualifiés des zones rurales quitentent d'accéder à un emploi urbain. Néanmoins, enl'absence de possibilités plus larges de fonnation profes­sionnelle, beaucoup de ces petites boutiques fournissent descompétences pratiques et des conseils dans la recherched'emploi pour l'entrée sur le marché du travail. Plusieursagences d'aide ont également fait un effort particulier pourl'ouverture de cours de fonnation professionnelle post­secondaire et d'ateliers dans le but de renforcer descatégories particulières de compétences, particulièrementdans l'apprentissage des langues étrangères, l'administrationpublique, la gestion financière, les soins de santé, laconservation de l'environnement, etc., ou pour chercher àpromouvoir l'égalité entre les sexes et les régions dansl'accès à un enseignement amélioré et à des choixprofessionnels plus ouverts.

Globalement, toutefois, ce n'est qu'une petite fraction dela main-d'œuvre vietnamienne qui a bénéficié d'unefonnation professionnelle. Une enquête MOLISA/IRD de1997 [Henaff, Martin, 1999] a montré que 82 % de la main­d'œuvre (85 % pour les femmes et 79 % pour les hommes)n'a reçu aucune « fonnation professionnelle» (à distinguerde l'expertise acquise en travaillant, comme dans le secteurde l' économie familiale). Dans les 18 % disposant d'unefonnation professionnelle, 8 % se rapportent à unefonnation scolaire et 10 % à une fonnation non-scolaire. Lesecteur public employait 60 % des travailleurs fonnésprofessionnellement et 78 % des diplômés de l'université. Il

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des fonnations infonnatiques de base, ou orientées versl'amélioration de la recherche d'emploi dans la coiffure,l'hôtellerie et des métiers de ce type dans le secteur deservices. Le manque de reconnaissance officielle limitel'efficacité de telles auto-améliorations des compétences,qui peuvent aussi être relativement dispendieuses et tirerbénéfice des migrants non-qualifiés des zones rurales quitentent d'accéder à un emploi urbain. Néanmoins, enl'absence de possibilités plus larges de fonnation profes­sionnelle, beaucoup de ces petites boutiques fournissent descompétences pratiques et des conseils dans la recherched'emploi pour l'entrée sur le marché du travail. Plusieursagences d'aide ont également fait un effort particulier pourl'ouverture de cours de fonnation professionnelle post­secondaire et d'ateliers dans le but de renforcer descatégories particulières de compétences, particulièrementdans l'apprentissage des langues étrangères, l'administrationpublique, la gestion financière, les soins de santé, laconservation de l'environnement, etc., ou pour chercher àpromouvoir l'égalité entre les sexes et les régions dansl'accès à un enseignement amélioré et à des choixprofessionnels plus ouverts.

Globalement, toutefois, ce n'est qu'une petite fraction dela main-d'œuvre vietnamienne qui a bénéficié d'unefonnation professionnelle. Une enquête MOLISA/IRD de1997 [Henaff, Martin, 1999] a montré que 82 % de la main­d'œuvre (85 % pour les femmes et 79 % pour les hommes)n'a reçu aucune « fonnation professionnelle» (à distinguerde l'expertise acquise en travaillant, comme dans le secteurde l' économie familiale). Dans les 18 % disposant d'unefonnation professionnelle, 8 % se rapportent à unefonnation scolaire et 10 % à une fonnation non-scolaire. Lesecteur public employait 60 % des travailleurs fonnésprofessionnellement et 78 % des diplômés de l'université. Il

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n'est ainsi pas surprenant que l'université et d'autres cursuspost-secondaires (de même que certains cours de l'écolesecondaire) soient fortement orientés dans le sens de l' adé­quation aux critères de recrutement de ceux qui cherchentdes emplois dans le secteur public. Des investigations sur laformation non-institutionnelle soulignent que l'apprentis­sage dans les PME concerne 25 % des travailleurs concer­nés, la formation sur le tas 40 %, la formation dans l'activitéfamiliale 16 % et l'auto-formation 19 %. Les spécialités dusecteur industriel représentent 82 % de ces formations non­institutionnelles, avec en premier lieu la manufacture desproduits textiles (21 %, représentant 60 % de l'apprentissagedans les PME), suivie par la manufacture de produits en bois(8 %), le traitement du métal (7,5 %), la maçonnerie (6 %),les produits métalliques (5 %). L'agriculture représentemoins de 2 % de ces formations non-inst*utionnelles, ce quireflète une sous-déclaration ou une sous-évaluation desspécialités de l'économie familiale, ttansmises dans lafamille même ou acquises personnellement.

L'amélioration de l'utilisation de la main­d'œuvre et l'ouverture des choix professionnels

En dépit de la croissance rapide du PIB, des exportations,des investissements directs étrangers, de l'épargne et del'investissement intérieurs depuis le doi moi, et du déclinstatistique de la part de l'agriculture dans le PIB relative­ment à l'industrie et aux services, les changementsstructurels dans l'utilisation de la main-d'œuvre apparais­sent comme remarquablement faibles en matière d'emploi.L'agriculture regroupe encore 70 % de la main-d'œuvre, lesecteur des services autour de 19 %, et l'industrie et laconstruction sont en dessous des 13 % (le secteur de lamanufacture en absorbant environ 9 %). Au niveau du

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n'est ainsi pas surprenant que l'université et d'autres cursuspost-secondaires (de même que certains cours de l'écolesecondaire) soient fortement orientés dans le sens de l' adé­quation aux critères de recrutement de ceux qui cherchentdes emplois dans le secteur public. Des investigations sur laformation non-institutionnelle soulignent que l'apprentis­sage dans les PME concerne 25 % des travailleurs concer­nés, la formation sur le tas 40 %, la formation dans l'activitéfamiliale 16 % et l'auto-formation 19 %. Les spécialités dusecteur industriel représentent 82 % de ces formations non­institutionnelles, avec en premier lieu la manufacture desproduits textiles (21 %, représentant 60 % de l'apprentissagedans les PME), suivie par la manufacture de produits en bois(8 %), le traitement du métal (7,5 %), la maçonnerie (6 %),les produits métalliques (5 %). L'agriculture représentemoins de 2 % de ces formations non-inst*utionnelles, ce quireflète une sous-déclaration ou une sous-évaluation desspécialités de l'économie familiale, ttansmises dans lafamille même ou acquises personnellement.

L'amélioration de l'utilisation de la main­d'œuvre et l'ouverture des choix professionnels

En dépit de la croissance rapide du PIB, des exportations,des investissements directs étrangers, de l'épargne et del'investissement intérieurs depuis le doi moi, et du déclinstatistique de la part de l'agriculture dans le PIB relative­ment à l'industrie et aux services, les changementsstructurels dans l'utilisation de la main-d'œuvre apparais­sent comme remarquablement faibles en matière d'emploi.L'agriculture regroupe encore 70 % de la main-d'œuvre, lesecteur des services autour de 19 %, et l'industrie et laconstruction sont en dessous des 13 % (le secteur de lamanufacture en absorbant environ 9 %). Au niveau du

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travailleur individuel, la mobilité professionnelle est extrê­mement basse, avec 72 % de la main-d'œuvre n'ayantjamais changé d'emploi, et 84,5 % des travailleursactuellement employés n'ayant jamais changé de métier[Henaff, Martin, 1999]. Le commerce et les services captentla plus grande partie de la mobilité connue de la main­d'œuvre. Ils représentent la principale destination de ceuxqui quittent les autres secteurs (y compris même quelquespersonnes hautement qualifiées qui se tournent vers desemplois ne nécessitant pas de qualifications formelles).C'est seulement 6 % de la population d'âge actif quicherchent un emploi, dont 63 % sont des hommes, et dont25 % cherchent depuis plus d'un an, contre 9 % pour lesfemmes (qui, ayant trouvé un travail, sont moins désireusesque les hommes d'en chercher un autre). Parmi lespersonnes interrogées, 47 % des citadins et 34 % desdemandeurs d'emploi déclarent préférer un emploi dans lesecteur public, et moins de 5 % désirent travailler pour uneco-entreprise ou pour une compagnie étrangère. Parmi lesnouveaux entrants et ceux qui ont changé d'emploi en 1996­1997, 44 % ont trouvé du travail à travers les contactsfamiliaux ou les amis, 29 % à travers des candidaturesspontanées, 9 % à travers des annonces, seulement 0,6 % àtravers les Centres de Promotion de l'Emploi, et 16 % àtravers d'autres organismes publics.

Le Viêt-nam a une longue tradition de marchés du travailsegmentés dans lesquels la plupart des individus restentgénéralement pour la vie dans la même trajectoire de travailet le même lieu géographique, et une telle inertie profession­nelle ne paraît pas avoir fondamentalement changé depuis ledoi moi, en dépit de l'accent mis sur l'ouverture des choixde développement humain, l'initiative individuelle et l'auto­nomie. Ceci peut être attribué, au moins en partie, àl'extension inadéquate de l'éducation et de la formation

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travailleur individuel, la mobilité professionnelle est extrê­mement basse, avec 72 % de la main-d'œuvre n'ayantjamais changé d'emploi, et 84,5 % des travailleursactuellement employés n'ayant jamais changé de métier[Henaff, Martin, 1999]. Le commerce et les services captentla plus grande partie de la mobilité connue de la main­d'œuvre. Ils représentent la principale destination de ceuxqui quittent les autres secteurs (y compris même quelquespersonnes hautement qualifiées qui se tournent vers desemplois ne nécessitant pas de qualifications formelles).C'est seulement 6 % de la population d'âge actif quicherchent un emploi, dont 63 % sont des hommes, et dont25 % cherchent depuis plus d'un an, contre 9 % pour lesfemmes (qui, ayant trouvé un travail, sont moins désireusesque les hommes d'en chercher un autre). Parmi lespersonnes interrogées, 47 % des citadins et 34 % desdemandeurs d'emploi déclarent préférer un emploi dans lesecteur public, et moins de 5 % désirent travailler pour uneco-entreprise ou pour une compagnie étrangère. Parmi lesnouveaux entrants et ceux qui ont changé d'emploi en 1996­1997, 44 % ont trouvé du travail à travers les contactsfamiliaux ou les amis, 29 % à travers des candidaturesspontanées, 9 % à travers des annonces, seulement 0,6 % àtravers les Centres de Promotion de l'Emploi, et 16 % àtravers d'autres organismes publics.

Le Viêt-nam a une longue tradition de marchés du travailsegmentés dans lesquels la plupart des individus restentgénéralement pour la vie dans la même trajectoire de travailet le même lieu géographique, et une telle inertie profession­nelle ne paraît pas avoir fondamentalement changé depuis ledoi moi, en dépit de l'accent mis sur l'ouverture des choixde développement humain, l'initiative individuelle et l'auto­nomie. Ceci peut être attribué, au moins en partie, àl'extension inadéquate de l'éducation et de la formation

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professionnelle secondaire, à des progranjlmes conservateurset à une vision étroite de l'orientation professionnelle, alorsque la réglementation gouvernementale cherche à contrôleret à limiter les changements de résidence (particulièrementpour les migrants spontanés qui cherchent du travail dans leszones urbaines au-delà de la capacité des entreprisespubliques et privées à les y employer de manière produc­tive). Ainsi, l'incapacité du secteur manufacturier à offrirdes ouvertures suffisantes a entravé la recherche individuel­le d'emploi, diminué les espoirs et les attentes, et limité lacapacité des institutions vietnamiennes d'éducation/forma­tion de dispenser à leurs étudiants et stagiaires descompétences nouvelles et de les orienter vers des métiersplus productifs et adaptés. Les employeurs répugnentsouvent à investir dans la formation de leurs employés à descompétences qui sont aisément transféI1ables à des firmesconcurrentes (ou qui mettent les employés à même d'obtenirailleurs des salaires plus élevés avant qu~ l'employeur d'ori­gine n'ait vraiment récupéré le bénéfice de l'investissementdans l'amélioration des compétences). Lees centres technolo­giques montés par les groupes industriels et les associationsprofessionnelles sont un moyen de rép$1ir les coûts et derecueillir collectivement les retombées de la formation destravailleurs et de l'amélioration périodique des qualifica­tions professionnelles, et le côté bien public de cesconnaissances technologiques largement transférables peutconstituer un argument pour le financement public de tellesactivités.

La domination exceptionnelle du secteur des services,particulièrement en termes de part dans le PŒ (qui se monteà 42 % en moyenne depuis 1995, comparés aux 25 % del'agriculture et aux 33 % de l'industrie et la construction),reflète partiellement le rôle plus importa(nt du secteur d'Étatdans un système socialiste, mais représe~te aussi un secteur

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professionnelle secondaire, à des progranjlmes conservateurset à une vision étroite de l'orientation professionnelle, alorsque la réglementation gouvernementale cherche à contrôleret à limiter les changements de résidence (particulièrementpour les migrants spontanés qui cherchent du travail dans leszones urbaines au-delà de la capacité des entreprisespubliques et privées à les y employer de manière produc­tive). Ainsi, l'incapacité du secteur manufacturier à offrirdes ouvertures suffisantes a entravé la recherche individuel­le d'emploi, diminué les espoirs et les attentes, et limité lacapacité des institutions vietnamiennes d'éducation/forma­tion de dispenser à leurs étudiants et stagiaires descompétences nouvelles et de les orienter vers des métiersplus productifs et adaptés. Les employeurs répugnentsouvent à investir dans la formation de leurs employés à descompétences qui sont aisément transféI1ables à des firmesconcurrentes (ou qui mettent les employés à même d'obtenirailleurs des salaires plus élevés avant qu~ l'employeur d'ori­gine n'ait vraiment récupéré le bénéfice de l'investissementdans l'amélioration des compétences). Lees centres technolo­giques montés par les groupes industriels et les associationsprofessionnelles sont un moyen de rép$1ir les coûts et derecueillir collectivement les retombées de la formation destravailleurs et de l'amélioration périodique des qualifica­tions professionnelles, et le côté bien public de cesconnaissances technologiques largement transférables peutconstituer un argument pour le financement public de tellesactivités.

La domination exceptionnelle du secteur des services,particulièrement en termes de part dans le PŒ (qui se monteà 42 % en moyenne depuis 1995, comparés aux 25 % del'agriculture et aux 33 % de l'industrie et la construction),reflète partiellement le rôle plus importa(nt du secteur d'Étatdans un système socialiste, mais représe~te aussi un secteur

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d'auto-emploi infonnel étendu qui est pour une partimportante du chômage déguisé, ou un passage obligé pourceux qui ont quitté l'agriculture à bas revenus, quipréféreraient être employés dans la construction, la manu­facture, le petit commerce enregistré, ou le secteur desservices publics ou commerciaux, mais dont l'accès leur estfenné par manque de compétences professionnelles, decapital, d'accès au crédit et autres ressources, ou l'impos­sibilité d'obtenir les autorisations nécessaires, les attesta­tions ou les licences d'activité. Les activités du secteur desservices sont extrêmement hétérogènes, certaines étant trèstraditionnelles (petits commerçants, conducteurs de cyclo,porteurs, employés de restaurant ou de maison) et certainestrès modernes (cadres commerciaux, banquiers, avocats,agents des télécommunications et secrétaires fonnées à labureautique). Pour chaque secteur, le rapport de la part dansle PIB à la part dans l'emploi semble indiquer uneproductivité nationale plus élevée pour le secteur desservices que pour l'agriculture ou pour l'industrie.Cependant il est pratiquement impossible de mesurer laproductivité réelle de la plupart des activités du secteur desservices, c'est-à-dire de séparer la véritable valeur ajoutéede la rente économique qui a été appropriée (i.e. tirée del'agriculture ou d'autres activités basées sur les ressources àtravers des prix de monopole ou autres « tennes inégaux del'échange »). Des fournisseurs de services sont évidemmentessentiels pour maintenir une efficacité « high tech », unflux d'infonnation et une gestion moderne, pendant qued'autres ressemblent à des « petits boulots» (i.e. intenné­diaires auto-désignés, porteurs de messages, vendeurs decartes postales, etc.), et certains sont des poids-morts impro­ductifs (comme il peut en exister dans les bureaucratiessurpeuplées). Il est donc difficile d'interpréter ce qu'un taux

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d'auto-emploi infonnel étendu qui est pour une partimportante du chômage déguisé, ou un passage obligé pourceux qui ont quitté l'agriculture à bas revenus, quipréféreraient être employés dans la construction, la manu­facture, le petit commerce enregistré, ou le secteur desservices publics ou commerciaux, mais dont l'accès leur estfenné par manque de compétences professionnelles, decapital, d'accès au crédit et autres ressources, ou l'impos­sibilité d'obtenir les autorisations nécessaires, les attesta­tions ou les licences d'activité. Les activités du secteur desservices sont extrêmement hétérogènes, certaines étant trèstraditionnelles (petits commerçants, conducteurs de cyclo,porteurs, employés de restaurant ou de maison) et certainestrès modernes (cadres commerciaux, banquiers, avocats,agents des télécommunications et secrétaires fonnées à labureautique). Pour chaque secteur, le rapport de la part dansle PIB à la part dans l'emploi semble indiquer uneproductivité nationale plus élevée pour le secteur desservices que pour l'agriculture ou pour l'industrie.Cependant il est pratiquement impossible de mesurer laproductivité réelle de la plupart des activités du secteur desservices, c'est-à-dire de séparer la véritable valeur ajoutéede la rente économique qui a été appropriée (i.e. tirée del'agriculture ou d'autres activités basées sur les ressources àtravers des prix de monopole ou autres « tennes inégaux del'échange »). Des fournisseurs de services sont évidemmentessentiels pour maintenir une efficacité « high tech », unflux d'infonnation et une gestion moderne, pendant qued'autres ressemblent à des « petits boulots» (i.e. intenné­diaires auto-désignés, porteurs de messages, vendeurs decartes postales, etc.), et certains sont des poids-morts impro­ductifs (comme il peut en exister dans les bureaucratiessurpeuplées). Il est donc difficile d'interpréter ce qu'un taux

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élevé de croissance et d'emploi du sectel1f des services veutdire au Viêt-nam.

De nouvelles approches de l'éducation, de la formationprofessionnelle et d'autres investissements de capital socialgagnent maintenant l'Asie et d'autres pays qui s'industriali­sent, conséquence d'une meilleure appréCiation de l'impor­tance critique du développement humain et de l'acquisitiondes compétences dans l'explication de la rapide augmenta­tion de la productivité et des revenus réels dans les« économies-miracle» de l'Asie de l'Est. La Thaïlande enest un cas illustratif, et l'Indonésie, la Corée, la Malaisie etles Philippines s'attaquent également à des programmessimilaires de réforme éducative fondamentale, dont l'orien­tation est de remplacer l'apprentissage par cœur et lesprogrammes à contenu factuel en mettant l'accent sur lapromotion de la créativité individuelle, la curiosité, l'inter­rogation et le choix personnel des spécialités académiquesqui permettent aux étudiants d'acquérir des compétences etune compréhension approfondie dans un large éventail dedisciplines. Ceci peut créer et encourager une mobilitééducative positive et une trajectoire professionnellevolontaire. L'enseignement général et l'enseignementprofessionnel chercheraient à cultiver une aptitude à laréflexion personnelle, une orientation vers l'identificationdes problèmes et leur résolution originale, une familiaritéavec les tendances dans les domaines proches qui pourraientsuggérer des solutions non-orthodoxes, et une aptitude àéchanger les idées et à travailler effectivement en groupe ouen tant que producteurs à leur compte et professionnelsindépendants.

La nouvelle réforme des programmes de l'enseignementprimaire au Viêt-nam, avec l'accent mis sur les connais­sances technologiques et la résolution die problèmes est unpas important dans cette direction, mais ~ette philosophie et

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élevé de croissance et d'emploi du sectel1f des services veutdire au Viêt-nam.

De nouvelles approches de l'éducation, de la formationprofessionnelle et d'autres investissements de capital socialgagnent maintenant l'Asie et d'autres pays qui s'industriali­sent, conséquence d'une meilleure appréCiation de l'impor­tance critique du développement humain et de l'acquisitiondes compétences dans l'explication de la rapide augmenta­tion de la productivité et des revenus réels dans les« économies-miracle» de l'Asie de l'Est. La Thaïlande enest un cas illustratif, et l'Indonésie, la Corée, la Malaisie etles Philippines s'attaquent également à des programmessimilaires de réforme éducative fondamentale, dont l'orien­tation est de remplacer l'apprentissage par cœur et lesprogrammes à contenu factuel en mettant l'accent sur lapromotion de la créativité individuelle, la curiosité, l'inter­rogation et le choix personnel des spécialités académiquesqui permettent aux étudiants d'acquérir des compétences etune compréhension approfondie dans un large éventail dedisciplines. Ceci peut créer et encourager une mobilitééducative positive et une trajectoire professionnellevolontaire. L'enseignement général et l'enseignementprofessionnel chercheraient à cultiver une aptitude à laréflexion personnelle, une orientation vers l'identificationdes problèmes et leur résolution originale, une familiaritéavec les tendances dans les domaines proches qui pourraientsuggérer des solutions non-orthodoxes, et une aptitude àéchanger les idées et à travailler effectivement en groupe ouen tant que producteurs à leur compte et professionnelsindépendants.

La nouvelle réforme des programmes de l'enseignementprimaire au Viêt-nam, avec l'accent mis sur les connais­sances technologiques et la résolution die problèmes est unpas important dans cette direction, mais ~ette philosophie et

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cette pédagogie nouvelles ont besoin d'être amplifiées etétendues aux niveaux secondaire et supérieur. L'appren­tissage par cœur domine encore même au niveau universi­taire, et les programmes de l'enseignement secondairesupérieur ont été largement critiqués comme de pesantescompilations factuelles (bien qu'ils aient été récemmentallégés en volume d'environ 20 %), alors que le contenu desétudes universitaires paraît relativement léger et nonconcurrentiel en comparaison avec ceux de l'Asie de l'Est etdu Sud-Est. Cela nécessitera évidemment d'immensesressources pour mettre en œuvre ces programmes et denouvelles réformes éducatives, et un temps certain poursurmonter l'inertie des méthodes d'enseignement et de laculture traditionnelle, mais l'urgence en est bien identifiéepar les responsables de la politique éducative. D'autrespriorités concernent la disponibilité croissante de salles declasse et le nombre d'enseignants, particulièrement pour lesclasses 5 à 9, l'amélioration des supports pédagogiques et del'équipement (y compris ordinateurs), l'élévation desqualifications des enseignants et de leur suivi, l'augmenta­tion des salaires et autres incitations, et la reconfigurationdes domaines de spécialisation pour s'adapter aux besoinsdes élèves et aux défis qu'ils sont susceptibles de devoirrelever dans un monde en changement rapide. Dans leszones rurales en particulier, une offre de formationsprofessionnelles plus pratiques et de compétences de survieéconomique devraient aider les parents et les enfants àapprécier les avantages du maintien en milieu scolaire. Maispour échapper à une pauvreté persistante et à des choixrestreints, ils devront aussi trouver des moyens plus inno­vants pour augmenter les revenus familiaux, utiliser lesressources disponibles, diversifier les activités du ménage,trouver des emplois dans les nouvelles industries rurales, etces voies du développement humain requerront toutes des

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cette pédagogie nouvelles ont besoin d'être amplifiées etétendues aux niveaux secondaire et supérieur. L'appren­tissage par cœur domine encore même au niveau universi­taire, et les programmes de l'enseignement secondairesupérieur ont été largement critiqués comme de pesantescompilations factuelles (bien qu'ils aient été récemmentallégés en volume d'environ 20 %), alors que le contenu desétudes universitaires paraît relativement léger et nonconcurrentiel en comparaison avec ceux de l'Asie de l'Est etdu Sud-Est. Cela nécessitera évidemment d'immensesressources pour mettre en œuvre ces programmes et denouvelles réformes éducatives, et un temps certain poursurmonter l'inertie des méthodes d'enseignement et de laculture traditionnelle, mais l'urgence en est bien identifiéepar les responsables de la politique éducative. D'autrespriorités concernent la disponibilité croissante de salles declasse et le nombre d'enseignants, particulièrement pour lesclasses 5 à 9, l'amélioration des supports pédagogiques et del'équipement (y compris ordinateurs), l'élévation desqualifications des enseignants et de leur suivi, l'augmenta­tion des salaires et autres incitations, et la reconfigurationdes domaines de spécialisation pour s'adapter aux besoinsdes élèves et aux défis qu'ils sont susceptibles de devoirrelever dans un monde en changement rapide. Dans leszones rurales en particulier, une offre de formationsprofessionnelles plus pratiques et de compétences de survieéconomique devraient aider les parents et les enfants àapprécier les avantages du maintien en milieu scolaire. Maispour échapper à une pauvreté persistante et à des choixrestreints, ils devront aussi trouver des moyens plus inno­vants pour augmenter les revenus familiaux, utiliser lesressources disponibles, diversifier les activités du ménage,trouver des emplois dans les nouvelles industries rurales, etces voies du développement humain requerront toutes des

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compétences non-traditionnelles et de rouvelles perspec­tives. Beaucoup émigreront vers les zon~s urbaines ou plusloin, et auront besoin de savoir comment] survivre et avancersocialement, économiquement et profes~ionnellement dansces différents environnements pleins de défis. Quelques-unsse révèleront avoir un talent éminent ~t être capables des'exprimer aux plus hauts niveaux de la Nussite humaine, etpour optimiser ces chances de succès, la tneilleure éducationpossible et les choix de développeme* humain les plusouverts devraient être accessibles à tous.

Le potentiel humain dépend de talents humains innés, dela manière dont ils émergent et sont façonnés par unenvironnement culturel, social et éducatif, de la façon dontils sont provoqués et stimulés, et de l'étendue du champdont ils disposent pour leur réalisation dans des environne­ments spécifiques où les individus vivent et cherchent leursmoyens d'existence. Les talents humains peuvent être trèsvariés, et ni le métier ni l'orientation de la vie de quiconquene peuvent être prédétenninés. L'éventail des applicationspotentielles est beaucoup plus large que. pour les ressourcesnaturelles, les machines et équipements, ou les jeux deconnaissances spécialisées. C'est l'ingéniosité humaine,l'inventivité, l'imagination et l'adaptabilité qui sont lesattributs clés pour trouver des voies nouvelles et créativespennettant d'accéder aux ressources et à l'infonnation pouraméliorer la production, le revenu et la qualité de la vie. LeViêt-nam a obtenu des résultats exceptionnels d'accom­plissement humain et de créativité. Ceci apparaît parexemple dans la qualité et la beauté de ses produits culturelset de l'artisanat traditionnel, y compris ceux qui sontfabriqués pour un usage banal (tels les paniers pourtransporter le riz, les pièges à poissons, les mécanismesd'irrigation, le tissage, la céramique, la gravure, etc.). Ungénie artistique large et soutenu tIiansparaît dans les

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compétences non-traditionnelles et de rouvelles perspec­tives. Beaucoup émigreront vers les zon~s urbaines ou plusloin, et auront besoin de savoir comment] survivre et avancersocialement, économiquement et profes~ionnellement dansces différents environnements pleins de défis. Quelques-unsse révèleront avoir un talent éminent ~t être capables des'exprimer aux plus hauts niveaux de la Nussite humaine, etpour optimiser ces chances de succès, la tneilleure éducationpossible et les choix de développeme* humain les plusouverts devraient être accessibles à tous.

Le potentiel humain dépend de talents humains innés, dela manière dont ils émergent et sont façonnés par unenvironnement culturel, social et éducatif, de la façon dontils sont provoqués et stimulés, et de l'étendue du champdont ils disposent pour leur réalisation dans des environne­ments spécifiques où les individus vivent et cherchent leursmoyens d'existence. Les talents humains peuvent être trèsvariés, et ni le métier ni l'orientation de la vie de quiconquene peuvent être prédétenninés. L'éventail des applicationspotentielles est beaucoup plus large que. pour les ressourcesnaturelles, les machines et équipements, ou les jeux deconnaissances spécialisées. C'est l'ingéniosité humaine,l'inventivité, l'imagination et l'adaptabilité qui sont lesattributs clés pour trouver des voies nouvelles et créativespennettant d'accéder aux ressources et à l'infonnation pouraméliorer la production, le revenu et la qualité de la vie. LeViêt-nam a obtenu des résultats exceptionnels d'accom­plissement humain et de créativité. Ceci apparaît parexemple dans la qualité et la beauté de ses produits culturelset de l'artisanat traditionnel, y compris ceux qui sontfabriqués pour un usage banal (tels les paniers pourtransporter le riz, les pièges à poissons, les mécanismesd'irrigation, le tissage, la céramique, la gravure, etc.). Ungénie artistique large et soutenu tIiansparaît dans les

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peintures et les sculptures très originales commercialisées etacclamées intemationalement, et dans l'éventail des travauxartisanaux qui sont produits. L'application de la variétécréative à l'ouverture des choix professionnels est clairedans la vitesse avec laquelle les compétences industriellessont acquises, telles que la réparation des motos (et lafabrication de pièces détachées avec des matériaux usagés),l'entretien d'appareils électriques, les compétences eninformatique et dans d'autres équipements nouvellementimportés. Il ne peut y avoir de doute que, avec le développe­ment d'environnements plus favorables, la capacité detrouver et de créer de nouveaux avantages comparatifs àtravers l'affranchissement des choix de développementhumain est très élevée au Viêt-nam.

Outre les talents propres, l'éducation de base et laformation professionnelle, la productivité des travailleursdépend de nombreux autres facteurs incluant la technologie(les machines, équipements, matériaux, information etd'autres intrants complémentaires qui aident le travailleur),la motivation et les incitations (la conscience d'unerémunération correcte, la sécurité de l'emploi, et le respectmutuel dans les relations de travail), l'environnement dulieu de travail (agencement, équipe de travail, équipementde sécurité, etc.), l'efficacité de la direction (délivrance desinstructions, supervision, circulation facile des matériaux etdu capital actif, bonne définition du produit, marketingefficace, etc.), les politiques publiques, la réglementation etles aménagements institutionnels, qui peuvent entraver ouaméliorer l'ensemble de ces éléments, en créant unenvironnement favorable ou défavorable. De nombreusesétudes de «productivité totale» et d'analyse factorielle, auniveau de l'entreprise et de la gestion des ressourcesnationales ont trouvé une grande variation dans les gains deproductivité dans des « combinaisons» apparemment

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peintures et les sculptures très originales commercialisées etacclamées intemationalement, et dans l'éventail des travauxartisanaux qui sont produits. L'application de la variétécréative à l'ouverture des choix professionnels est clairedans la vitesse avec laquelle les compétences industriellessont acquises, telles que la réparation des motos (et lafabrication de pièces détachées avec des matériaux usagés),l'entretien d'appareils électriques, les compétences eninformatique et dans d'autres équipements nouvellementimportés. Il ne peut y avoir de doute que, avec le développe­ment d'environnements plus favorables, la capacité detrouver et de créer de nouveaux avantages comparatifs àtravers l'affranchissement des choix de développementhumain est très élevée au Viêt-nam.

Outre les talents propres, l'éducation de base et laformation professionnelle, la productivité des travailleursdépend de nombreux autres facteurs incluant la technologie(les machines, équipements, matériaux, information etd'autres intrants complémentaires qui aident le travailleur),la motivation et les incitations (la conscience d'unerémunération correcte, la sécurité de l'emploi, et le respectmutuel dans les relations de travail), l'environnement dulieu de travail (agencement, équipe de travail, équipementde sécurité, etc.), l'efficacité de la direction (délivrance desinstructions, supervision, circulation facile des matériaux etdu capital actif, bonne définition du produit, marketingefficace, etc.), les politiques publiques, la réglementation etles aménagements institutionnels, qui peuvent entraver ouaméliorer l'ensemble de ces éléments, en créant unenvironnement favorable ou défavorable. De nombreusesétudes de «productivité totale» et d'analyse factorielle, auniveau de l'entreprise et de la gestion des ressourcesnationales ont trouvé une grande variation dans les gains deproductivité dans des « combinaisons» apparemment

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similaires de travail, de capital et de matières premières ­révélant ce qui a été appelé «le résidu inexpliqué» queLeibenstein (1978) a appelé «efficacité-X» (où X est le« facteur inconnu »), et que beaucoup d'~utres ont cherché àdiagnostiquer comme « l'ingrédient magique» des«économies-miracle » de l'Asie de l'Est et du Sud-Estpendant les années 1980 [World Ba.nk, 1993]. Quelquesnations (et entreprises) réussissent tout simplement à obtenirde meilleurs rendements que d'autres <ile leurs ressourcesnaturelles, humaines et créées par 1'homme, ou de lamanière dont elles les ont dynamiquemt;1nt regroupées. Quel'on appelle cela morale du travail, éthique du développe­ment, cohésion, solidarité, capital sooial désincarné, ouautrement, cela peut faire une énorme différence en termesde rendement de l'effort humain, dans l'élargissement et lerenforcement des avantages comparatifs d'une nation, et enrenforçant la compétitivité d'une entreprise.

Structure industrielle, choix de technologie etentrepreneuriat

Au cours de la première décennie du doi moi, 1987-1997,le taux de croissance annuel du PIB est passé d'environ 3 %pour 1986-90, à 6 % pour 1991-94, et à plus de 7 % pour1995-97, accroissant le PIB réel par tête de plus de 60 % surla décennie. La croissance annuelle des exportations a été enmoyenne de 25 %, les investissements directs étrangers ontcrû de virtuellement zéro à 8 % du PNB, l'épargne nationaleest passée de 3 % à 17 % du PIB, et l'investissement total de12 % à 28 % du PIB. Depuis 1996, cependant, il y a eu unralentissement manifeste, ou une perte d'élan économique.La croissance du PIB en termes réels a décliné de 9,3 % en1996 à environ 4,8 % en 1999, la croissance desexportations s'est ralentie de 33 % à ~6 %, les débourse-

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similaires de travail, de capital et de matières premières ­révélant ce qui a été appelé «le résidu inexpliqué» queLeibenstein (1978) a appelé «efficacité-X» (où X est le« facteur inconnu »), et que beaucoup d'~utres ont cherché àdiagnostiquer comme « l'ingrédient magique» des«économies-miracle » de l'Asie de l'Est et du Sud-Estpendant les années 1980 [World Ba.nk, 1993]. Quelquesnations (et entreprises) réussissent tout simplement à obtenirde meilleurs rendements que d'autres <ile leurs ressourcesnaturelles, humaines et créées par 1'homme, ou de lamanière dont elles les ont dynamiquemt;1nt regroupées. Quel'on appelle cela morale du travail, éthique du développe­ment, cohésion, solidarité, capital sooial désincarné, ouautrement, cela peut faire une énorme différence en termesde rendement de l'effort humain, dans l'élargissement et lerenforcement des avantages comparatifs d'une nation, et enrenforçant la compétitivité d'une entreprise.

Structure industrielle, choix de technologie etentrepreneuriat

Au cours de la première décennie du doi moi, 1987-1997,le taux de croissance annuel du PIB est passé d'environ 3 %pour 1986-90, à 6 % pour 1991-94, et à plus de 7 % pour1995-97, accroissant le PIB réel par tête de plus de 60 % surla décennie. La croissance annuelle des exportations a été enmoyenne de 25 %, les investissements directs étrangers ontcrû de virtuellement zéro à 8 % du PNB, l'épargne nationaleest passée de 3 % à 17 % du PIB, et l'investissement total de12 % à 28 % du PIB. Depuis 1996, cependant, il y a eu unralentissement manifeste, ou une perte d'élan économique.La croissance du PIB en termes réels a décliné de 9,3 % en1996 à environ 4,8 % en 1999, la croissance desexportations s'est ralentie de 33 % à ~6 %, les débourse-

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ments des financements directs étrangers en pourcentage duPIB sont tombés de 10,8 % à 5,8 %, et le chômage urbainenregistré a augmenté de 5,8 % à 7,4 %. La crise économi­que asiatique a conduit à un net déclin dans les prix desmarchandises et intensifié notablement la concurrencerégionale et mondiale, pendant qu'une demande intérieureléthargique, un accroissement de la thésaurisation, unepénurie de crédit, une chute du prix de l'or, et une série dedévaluations monétaires s'ajoutaient à l'incertitude grandis­sante, aux stocks excessifs, au déclin des investissements,aux faillites et licenciements, à une montée des empruntsnon-remboursés, à de faibles taux d'occupation dans leshôtels et les nouveaux immeubles de bureau, et à une vagued'effets déflationnistes et multiplicateurs négatifs à traversl'économie. Au Viêt-nam, le ralentissement de la croissancen'a pas été aussi abrupt que dans plusieurs pays voisins,mais les effets négatifs d'entraînement semblent être pluslongs à surmonter. Ils sont largement interprétés comme lessymptômes d'une profonde inertie structurelle et d'uneréponse entrepreneuriale inadéquate aux défis de lamondialisation. Une certaine perte de confiance dans lemodèle du « tigre asiatique» de l'industrialisation rapide aégalement provoqué une révision de la stratégie économiqueque le Viêt-nam doit chercher à suivre, particulièrementpour faire face aux enjeux d'une concurrence régionaleintensifiée, la nécessité de satisfaire à la condition imposéepar l'AFTA de réduire les tarifs intra-régionaux à 5 % en2006, l'agressivité de la Chine en matière d'exportationsliée à son entrée dans l'ÜMC, et pour répondre aux défis etaux opportunités que présente la nouvelle économiemondiale du savoir.

Les résultats du secteur industriel en particulier suscitentl'inquiétude en ce qui concerne le regain économique duViêt-nam et les perspectives de développement à plus long

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ments des financements directs étrangers en pourcentage duPIB sont tombés de 10,8 % à 5,8 %, et le chômage urbainenregistré a augmenté de 5,8 % à 7,4 %. La crise économi­que asiatique a conduit à un net déclin dans les prix desmarchandises et intensifié notablement la concurrencerégionale et mondiale, pendant qu'une demande intérieureléthargique, un accroissement de la thésaurisation, unepénurie de crédit, une chute du prix de l'or, et une série dedévaluations monétaires s'ajoutaient à l'incertitude grandis­sante, aux stocks excessifs, au déclin des investissements,aux faillites et licenciements, à une montée des empruntsnon-remboursés, à de faibles taux d'occupation dans leshôtels et les nouveaux immeubles de bureau, et à une vagued'effets déflationnistes et multiplicateurs négatifs à traversl'économie. Au Viêt-nam, le ralentissement de la croissancen'a pas été aussi abrupt que dans plusieurs pays voisins,mais les effets négatifs d'entraînement semblent être pluslongs à surmonter. Ils sont largement interprétés comme lessymptômes d'une profonde inertie structurelle et d'uneréponse entrepreneuriale inadéquate aux défis de lamondialisation. Une certaine perte de confiance dans lemodèle du « tigre asiatique» de l'industrialisation rapide aégalement provoqué une révision de la stratégie économiqueque le Viêt-nam doit chercher à suivre, particulièrementpour faire face aux enjeux d'une concurrence régionaleintensifiée, la nécessité de satisfaire à la condition imposéepar l'AFTA de réduire les tarifs intra-régionaux à 5 % en2006, l'agressivité de la Chine en matière d'exportationsliée à son entrée dans l'ÜMC, et pour répondre aux défis etaux opportunités que présente la nouvelle économiemondiale du savoir.

Les résultats du secteur industriel en particulier suscitentl'inquiétude en ce qui concerne le regain économique duViêt-nam et les perspectives de développement à plus long

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tenne. La croissance du produit industriel a été en moyennede 13 % entre 1992 et 1998, faisant monter sa part dans lePIB de 17 % à 33 %, pendant que l'emploi industrielcroissait de moins de 4 % l'an, maintenant de manièrepratiquement statique sa part dans l'emploi total en dessousde 13 %. Les parts relatives dans la II>roduction et dansl'emploi par type d'entreprise apparaissent aussi totalementdéséquilibrées. En 1998, le secteur d'État représentait 46 %du produit industriel et 24 % des emplois dans l'industrie,tandis que la part du secteur des investissements étrangersétait de 32 % du produit et 12 % des 'emplois, et que lesecteur national non-étatique représentait l 22 % du produit et64 % des emplois. Le secteur le plu~ dynamique étaitconstitué par les millions d' entreprise$ familiales et lesmilliers de PME qui ont généré plus ~e 75 % du produitindustriel non-étatique et une proportion plus grande encorede l'emploi industriel du secteur privé.

La stratégie industrielle du Viêt-nam durant les années1990 s'est largement appuyée sur les investissementsétrangers et une croissance tirée par les exportations à partirde trois foyers régionaux de croissance ou complexesd'établissements industriels centrés sur Hanoi-Haiphong­Quang Ninh, Quang Nam-Da Nang-Quang Ngai, et Ho-Chi­Minh-Ville-Dong Nai-Vung Tau, diffusant vers les autrescentres urbains et à travers eux vers le reste du pays. Lesfinnes à financement étranger sont évidemment d'impor­tantes sources de capital, de technologie moderne, decompétences managériales, de marketing et de liensd'infonnation avec l'économie mondiale, et peuvent aussifaciliter les flux bilatéraux de l'aide publique audéveloppement et améliorer l'accès aux banques étrangèreset aux marchés obligataires. Toutefois, l'investissementétranger au Viêt-nam est très concentré et, en tant que« moteur de croissance» de l'ensemblei du pays, ne paraît

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tenne. La croissance du produit industriel a été en moyennede 13 % entre 1992 et 1998, faisant monter sa part dans lePIB de 17 % à 33 %, pendant que l'emploi industrielcroissait de moins de 4 % l'an, maintenant de manièrepratiquement statique sa part dans l'emploi total en dessousde 13 %. Les parts relatives dans la II>roduction et dansl'emploi par type d'entreprise apparaissent aussi totalementdéséquilibrées. En 1998, le secteur d'État représentait 46 %du produit industriel et 24 % des emplois dans l'industrie,tandis que la part du secteur des investissements étrangersétait de 32 % du produit et 12 % des 'emplois, et que lesecteur national non-étatique représentait l 22 % du produit et64 % des emplois. Le secteur le plu~ dynamique étaitconstitué par les millions d' entreprise$ familiales et lesmilliers de PME qui ont généré plus ~e 75 % du produitindustriel non-étatique et une proportion plus grande encorede l'emploi industriel du secteur privé.

La stratégie industrielle du Viêt-nam durant les années1990 s'est largement appuyée sur les investissementsétrangers et une croissance tirée par les exportations à partirde trois foyers régionaux de croissance ou complexesd'établissements industriels centrés sur Hanoi-Haiphong­Quang Ninh, Quang Nam-Da Nang-Quang Ngai, et Ho-Chi­Minh-Ville-Dong Nai-Vung Tau, diffusant vers les autrescentres urbains et à travers eux vers le reste du pays. Lesfinnes à financement étranger sont évidemment d'impor­tantes sources de capital, de technologie moderne, decompétences managériales, de marketing et de liensd'infonnation avec l'économie mondiale, et peuvent aussifaciliter les flux bilatéraux de l'aide publique audéveloppement et améliorer l'accès aux banques étrangèreset aux marchés obligataires. Toutefois, l'investissementétranger au Viêt-nam est très concentré et, en tant que« moteur de croissance» de l'ensemblei du pays, ne paraît

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pas avoir de forts effets de liaison avec le reste del'économie (et particulièrement avec le secteur rural où lamajorité des gens vivent et travaillent). En 1999 parexemple, 93 % des déboursements de l'investissement étran­ger se sont concentrés sur seulement sept secteursprincipaux: l'industrie lourde (21 %), les transports et télé­communications (15 %), l'hôtellerie et le tourisme (14 %),la construction (13 %), l'agriculture et la foresterie (11 %),les appartements et bureaux (10 %), l'industrie alimentaire(9 %), et l'industrie légère n'attirant que 5,3 % de l'investis­sement. Les flux d'investissement proviennent principale­ment de quatre pays (Singapour, Taiwan, Japon et HongKong) qui comptent pour 54 % du capital engagé, 48 % ducapital déboursé, et 61 % du capital engagé l'était vers troisvilles, HCMV, Hanoi et Dong Nai [Webster, 1999]. Lesétudes industrielles ont souvent attesté que le transferttechnologique, l'amélioration des qualifications et la sous­traitance réalisés par les firmes à capital étranger étaientgénéralement minimes et que, alors que beaucoup d'entreelles sont tournées vers l'exportation, elles peuvent êtreaussi de grandes importatrices et peuvent requérir dessubventions publiques en infrastructures, crédits préféren­tiels, suppression de taxes et autres aides [Warr, 1989].Alors que l'investissement étranger est à l'évidence unélément essentiel de participation à l'économie mondiale,trouver les moyens d'améliorer la «qualité» de sacontribution à une production intérieure durable, à l'emploiet à la croissance du revenu est une priorité majeure de lapolitique publique.

La reprise et le renforcement économiques du Viêt-namont clairement besoin de la force d'un second « moteur decroissance» alimenté par l' entrepreneuriat, l'épargne etl'investissement locaux, et impliquant des secteursmanufacturier et agro-industriel diversifiés, la découverte et

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pas avoir de forts effets de liaison avec le reste del'économie (et particulièrement avec le secteur rural où lamajorité des gens vivent et travaillent). En 1999 parexemple, 93 % des déboursements de l'investissement étran­ger se sont concentrés sur seulement sept secteursprincipaux: l'industrie lourde (21 %), les transports et télé­communications (15 %), l'hôtellerie et le tourisme (14 %),la construction (13 %), l'agriculture et la foresterie (11 %),les appartements et bureaux (10 %), l'industrie alimentaire(9 %), et l'industrie légère n'attirant que 5,3 % de l'investis­sement. Les flux d'investissement proviennent principale­ment de quatre pays (Singapour, Taiwan, Japon et HongKong) qui comptent pour 54 % du capital engagé, 48 % ducapital déboursé, et 61 % du capital engagé l'était vers troisvilles, HCMV, Hanoi et Dong Nai [Webster, 1999]. Lesétudes industrielles ont souvent attesté que le transferttechnologique, l'amélioration des qualifications et la sous­traitance réalisés par les firmes à capital étranger étaientgénéralement minimes et que, alors que beaucoup d'entreelles sont tournées vers l'exportation, elles peuvent êtreaussi de grandes importatrices et peuvent requérir dessubventions publiques en infrastructures, crédits préféren­tiels, suppression de taxes et autres aides [Warr, 1989].Alors que l'investissement étranger est à l'évidence unélément essentiel de participation à l'économie mondiale,trouver les moyens d'améliorer la «qualité» de sacontribution à une production intérieure durable, à l'emploiet à la croissance du revenu est une priorité majeure de lapolitique publique.

La reprise et le renforcement économiques du Viêt-namont clairement besoin de la force d'un second « moteur decroissance» alimenté par l' entrepreneuriat, l'épargne etl'investissement locaux, et impliquant des secteursmanufacturier et agro-industriel diversifiés, la découverte et

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la promotion de nouveaux avantages comparatifs basés surla diversification agricole, la gestion de ressources plusdurables et à plus haute valeur ajoutée, et une réalisationplus complète du potentiel sous-utilisé des ressourceshumaines du pays. Cette réorientation stratégique n'impli­que pas nécessairement de recourir à. une idéologie de«l'introversion» (autarcique ou xénophobe), mais plutôt dechercher à lancer une économie intérieure plus vigoureusequi peut mieux compléter et renforcer la composanteexportatrice relevant de l'investissement étranger, dans lebut de créer une stratégie à double-moteur plus équilibrée,interactive et à soutien mutuel. La plupart des localités onten particulier le besoin urgent de bri~er l'inertie et lesobstacles qui entravent couramment les initiatives desentreprises familiales rurales et les PME,i lesquelles peuventservir comme une multiplicité de « moteUrs de démarrage»autonomes tirant l'industrialisation lodale, l'améliorationtechnologique progressive, la création d'~mploi, la mobilitéprofessionnelle et l'élévation des compét~nces.

Plusieurs programmes gouvernementaux et des initiativesprovinciales et locales ont été lancés pour promouvoirl'industrialisation locale et pour ouvrir l~s choix profession­nels. Des prêts subventionnés et de l'assistance techniqueont été fournis à quelques PME, les encourageant à créer denouveaux emplois, et des cours de fonnation ont étéorganisés par le biais des écoles supérieures, des organisa­tions de masse et d'autres institutions pour améliorer lescompétences industrielles, entrepreneuriales et managéria­les. Les plans d'incitation industrielle se sont principalementconcentrés sur les capitales provinciales et les autres grandesvilles, et, alors que quelques-uns de ces efforts ont eu unimpact notable particulièrement dans les localités adjacentesdes zones industrielles prioritaires, les résultats d'ensembleont été décevants jusqu'à présent. ~es projets publics

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la promotion de nouveaux avantages comparatifs basés surla diversification agricole, la gestion de ressources plusdurables et à plus haute valeur ajoutée, et une réalisationplus complète du potentiel sous-utilisé des ressourceshumaines du pays. Cette réorientation stratégique n'impli­que pas nécessairement de recourir à. une idéologie de«l'introversion» (autarcique ou xénophobe), mais plutôt dechercher à lancer une économie intérieure plus vigoureusequi peut mieux compléter et renforcer la composanteexportatrice relevant de l'investissement étranger, dans lebut de créer une stratégie à double-moteur plus équilibrée,interactive et à soutien mutuel. La plupart des localités onten particulier le besoin urgent de bri~er l'inertie et lesobstacles qui entravent couramment les initiatives desentreprises familiales rurales et les PME,i lesquelles peuventservir comme une multiplicité de « moteUrs de démarrage»autonomes tirant l'industrialisation lodale, l'améliorationtechnologique progressive, la création d'~mploi, la mobilitéprofessionnelle et l'élévation des compét~nces.

Plusieurs programmes gouvernementaux et des initiativesprovinciales et locales ont été lancés pour promouvoirl'industrialisation locale et pour ouvrir l~s choix profession­nels. Des prêts subventionnés et de l'assistance techniqueont été fournis à quelques PME, les encourageant à créer denouveaux emplois, et des cours de fonnation ont étéorganisés par le biais des écoles supérieures, des organisa­tions de masse et d'autres institutions pour améliorer lescompétences industrielles, entrepreneuriales et managéria­les. Les plans d'incitation industrielle se sont principalementconcentrés sur les capitales provinciales et les autres grandesvilles, et, alors que quelques-uns de ces efforts ont eu unimpact notable particulièrement dans les localités adjacentesdes zones industrielles prioritaires, les résultats d'ensembleont été décevants jusqu'à présent. ~es projets publics

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d'infrastructure ont créé des charges sociales plus que desactivités directement productives. Ils ont des effets multipli­cateurs de dépenses, peuvent créer beaucoup d'emplois (aumoins dans les démarrages ou se déplaçant d'un lieu àl'autre) et peuvent avoir des effets de formation et dedémonstration pour les entreprises locales de construction etles travailleurs qui passeront à d'autres projets deconstruction, mais leur impact sur la productivité nationaledépend du nombre d'activités durables supplémentairesdirectement productives qu'ils facilitent, et qui ne seraientpas apparues autrement.

L'industrie rurale reste désavantagée par une infrastruc­ture inadéquate, des coûts élevés d'accès à des marchés pluslarges, des problèmes d'obtention des produits semi-finis,une maintenance inadaptée, et le manque de services dans lagamme des télécommunications informatiques et des autresservices commerciaux qui sont facilement disponibles etcommuns dans les plus grands centres urbains. Les coûts del'électricité rurale sont généralement le double de ceux deszones urbaines, les pannes sont plus fréquentes et moinsprévisibles, et les aménagements d'adduction d'eau et deramassage convenable des ordures n'existent pas ou sontd'une installation dispendieuse. Les PME du secteur privé etles entreprises familiales rurales sont particulièrementhandicapées par le manque de capital, d'équipementmoderne, de travailleurs formés et expérimentés, alors queles entreprises d'État bénéficient encore souvent d'untraitement préférentiel pour l'obtention de prêts bancaires,de technologie, d'amélioration des machines, d'investisse­ments étrangers et de l'aide internationale, aussi bien qued'une considération spéciale des organismes gouvernemen­taux et des autorités locales. De nombreuses entreprisesfamiliales rurales emploient surtout des membres de lafamille, mais beaucoup d'entre elles pourraient accéder

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d'infrastructure ont créé des charges sociales plus que desactivités directement productives. Ils ont des effets multipli­cateurs de dépenses, peuvent créer beaucoup d'emplois (aumoins dans les démarrages ou se déplaçant d'un lieu àl'autre) et peuvent avoir des effets de formation et dedémonstration pour les entreprises locales de construction etles travailleurs qui passeront à d'autres projets deconstruction, mais leur impact sur la productivité nationaledépend du nombre d'activités durables supplémentairesdirectement productives qu'ils facilitent, et qui ne seraientpas apparues autrement.

L'industrie rurale reste désavantagée par une infrastruc­ture inadéquate, des coûts élevés d'accès à des marchés pluslarges, des problèmes d'obtention des produits semi-finis,une maintenance inadaptée, et le manque de services dans lagamme des télécommunications informatiques et des autresservices commerciaux qui sont facilement disponibles etcommuns dans les plus grands centres urbains. Les coûts del'électricité rurale sont généralement le double de ceux deszones urbaines, les pannes sont plus fréquentes et moinsprévisibles, et les aménagements d'adduction d'eau et deramassage convenable des ordures n'existent pas ou sontd'une installation dispendieuse. Les PME du secteur privé etles entreprises familiales rurales sont particulièrementhandicapées par le manque de capital, d'équipementmoderne, de travailleurs formés et expérimentés, alors queles entreprises d'État bénéficient encore souvent d'untraitement préférentiel pour l'obtention de prêts bancaires,de technologie, d'amélioration des machines, d'investisse­ments étrangers et de l'aide internationale, aussi bien qued'une considération spéciale des organismes gouvernemen­taux et des autorités locales. De nombreuses entreprisesfamiliales rurales emploient surtout des membres de lafamille, mais beaucoup d'entre elles pourraient accéder

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aisément au statut de PME enregistrée si les barrièresactuelles à leur expansion étaient riéduites et si unenvironnement local favorable était créé. Les PME sontrelativement intensives en travail, souvent construites surdes compétences artisanales, offrent des formations sur letas, et utilisent des technologies intermédiaires à bas coûts etadaptables. Étant des industries faciles d'accès, elles tendentà être globalement surpeuplées, mais elles débutent souventen assurant des services aux marchés locaux, en utilisant desmatériaux locaux et en étant plus en harmonie avec lesbesoins de consommation locaux, les ressources locales etles autres opportunités (comme la production de piècesdétachées ou le traitement des sous-produits des réseauxinter-industries). Elles peuvent procéder à des améliorationstechnologiques par étapes qui fournissent des échellesd'opportunités permettant de quitter l'échelon du travail àfaible coût vers des salaires plus élevés et des activités plusprofitables, mettant à profit des compétences spécifiques etune formation entrepreneuriale de terrain. L'initiative desPME peut être entravée par des impôts et des prélèvementsarbitraires, et par des obstacles réglementaires dans ladélivrance de licences d'activité, permis de chantier, quotasd'exportation, etc. Ces entreprises manquent habituellementd'informations de base sur les perspectives du marché,l'accès aux marchés d'exportation est souvent bloqué par lesfranchises d'exclusivité des entreprises d'État, et les PMEfinissent souvent par vendre aux entreprises d'État quiabsorbent des parts de profit élevées et peuvent restreindrel'information concernant les nouvelles technologies, lesmodèles de produits et les stratégies de distribution de leursconcurrents.

Cependant, beaucoup de grandes entreprises au Viêt­nam, particulièrement les entreprises d'État et les entreprisesà capitaux joints, ont pris la voie relativement facile de la

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aisément au statut de PME enregistrée si les barrièresactuelles à leur expansion étaient riéduites et si unenvironnement local favorable était créé. Les PME sontrelativement intensives en travail, souvent construites surdes compétences artisanales, offrent des formations sur letas, et utilisent des technologies intermédiaires à bas coûts etadaptables. Étant des industries faciles d'accès, elles tendentà être globalement surpeuplées, mais elles débutent souventen assurant des services aux marchés locaux, en utilisant desmatériaux locaux et en étant plus en harmonie avec lesbesoins de consommation locaux, les ressources locales etles autres opportunités (comme la production de piècesdétachées ou le traitement des sous-produits des réseauxinter-industries). Elles peuvent procéder à des améliorationstechnologiques par étapes qui fournissent des échellesd'opportunités permettant de quitter l'échelon du travail àfaible coût vers des salaires plus élevés et des activités plusprofitables, mettant à profit des compétences spécifiques etune formation entrepreneuriale de terrain. L'initiative desPME peut être entravée par des impôts et des prélèvementsarbitraires, et par des obstacles réglementaires dans ladélivrance de licences d'activité, permis de chantier, quotasd'exportation, etc. Ces entreprises manquent habituellementd'informations de base sur les perspectives du marché,l'accès aux marchés d'exportation est souvent bloqué par lesfranchises d'exclusivité des entreprises d'État, et les PMEfinissent souvent par vendre aux entreprises d'État quiabsorbent des parts de profit élevées et peuvent restreindrel'information concernant les nouvelles technologies, lesmodèles de produits et les stratégies de distribution de leursconcurrents.

Cependant, beaucoup de grandes entreprises au Viêt­nam, particulièrement les entreprises d'État et les entreprisesà capitaux joints, ont pris la voie relativement facile de la

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substitution aux importations, plutôt que de créer desavantages comparatifs reposant sur la base des ressourcesuniques du Viêt-nam ou son potentiel de travailleursqualifiés [Webster, Taussig, 1999]. Ces entreprises peuventêtre très intensives en capital et lourdement subventionnées(i.e. requérant un investissement massif en infrastructurepublique, souvent soutenu par l'assistance technique del'aide internationale et l'emprunt étranger), et beaucoup sontmaintenant encombrées de dettes, de coûts de productionélevés et de capacités inutilisées ou gaspillées. Elles ontgénéralement des franchises d'exclusivité, sont souvent enretard sur leurs concurrents étrangers en matière deformation professionnelle et d'adaptation des technologies,et peuvent handicaper d'autres producteurs avec des prix demonopole, une production de basse qualité, et un manque deréactivité aux besoins des consommateurs. Ces réflexions nes'appliquent pas à toutes les entreprises d'État, mais il existesuffisamment d'exemples de griefs et d'aveux officiels pourdéduire que l'inefficacité est relativement endémique.Quelques industries intensives en capital, telles la recherchepétrolière et le raffinage, la production d'électricité, d'autresservices publics, la chimie et la pharmacie de base, peuventêtre considérés comme des investissements stratégiquesselon un raisonnement de sécurité nationale ou d'industriesfondamentales, mais des critères d'investissement basés surdes impératifs plus politiques qu'économiques peuventconduire à des erreurs coûteuses. Les industries lourdes,comme l'acier et le ciment par exemple, impliquent degrands risques et d'énormes investissements en capital, etsont confrontées à une concurrence agressive desproducteurs industriels établis et des grands pays quis'industrialisent comme la Chine et l'Inde, qui peuventréaliser des économies d'échelle au-delà de ce que des paysplus petits peuvent raisonnablement espérer obtenir.

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substitution aux importations, plutôt que de créer desavantages comparatifs reposant sur la base des ressourcesuniques du Viêt-nam ou son potentiel de travailleursqualifiés [Webster, Taussig, 1999]. Ces entreprises peuventêtre très intensives en capital et lourdement subventionnées(i.e. requérant un investissement massif en infrastructurepublique, souvent soutenu par l'assistance technique del'aide internationale et l'emprunt étranger), et beaucoup sontmaintenant encombrées de dettes, de coûts de productionélevés et de capacités inutilisées ou gaspillées. Elles ontgénéralement des franchises d'exclusivité, sont souvent enretard sur leurs concurrents étrangers en matière deformation professionnelle et d'adaptation des technologies,et peuvent handicaper d'autres producteurs avec des prix demonopole, une production de basse qualité, et un manque deréactivité aux besoins des consommateurs. Ces réflexions nes'appliquent pas à toutes les entreprises d'État, mais il existesuffisamment d'exemples de griefs et d'aveux officiels pourdéduire que l'inefficacité est relativement endémique.Quelques industries intensives en capital, telles la recherchepétrolière et le raffinage, la production d'électricité, d'autresservices publics, la chimie et la pharmacie de base, peuventêtre considérés comme des investissements stratégiquesselon un raisonnement de sécurité nationale ou d'industriesfondamentales, mais des critères d'investissement basés surdes impératifs plus politiques qu'économiques peuventconduire à des erreurs coûteuses. Les industries lourdes,comme l'acier et le ciment par exemple, impliquent degrands risques et d'énormes investissements en capital, etsont confrontées à une concurrence agressive desproducteurs industriels établis et des grands pays quis'industrialisent comme la Chine et l'Inde, qui peuventréaliser des économies d'échelle au-delà de ce que des paysplus petits peuvent raisonnablement espérer obtenir.

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Trouver et préserver un avantage comparatif unique etdurable (OU une niche concurrentielle dans les marchésmondiaux) doit reposer sur la « qualité d'utilisation de laressource» et non sur la « quantité et le prix des produits ».Il existe trois voies principales pour y parvenir, par exempledans le domaine des exportations de produits manufacturés.Cet avantage peut tenir à une ressource naturelle, unecompétence humaine, des talents d'entrepreneur, ou unetechnologie d'exception. Chacun de ces éléments peutdonner un avantage permanent en termes de faibles coûts,ou de qualité spécifique du produit, qui sont difficiles àcopier ou dépasser par les concurrents potentiels. Au coursdu temps, et en combinaison, ces sources d'avantage tendentà se compléter et à se renforcer les unes les autres. Ainsi,pour une économie à base agricole comme le Viêt-nam, laproductivité peut dépendre tout d'abord de la qualité du sol(ou d'une autre ressource naturelle), qui offre une possibilitéet suscite une réponse de l'homme (i.e. ce qu'une famillepaysanne fait de cette possibilité). Les êtres humainsdéploient leurs efforts, utilisent leurs compétences, leuringéniosité et leur technologie pour exploiter la ressource, etle résultat sera un rendement ou une qualité de produitordinaire ou extraordinaire. Le passage à la productionmanufacturée peut étendre le processus, en accroissant lechamp des compétences, le capital, et la technologie pourajouter de la valeur au produit final, qui réussit ou rate alorsl'épreuve du marché, en fonction de ce que d'autres paysont à offrir. Le secteur des services est également impliquéen facilitant le transport, l'emmagasinage, la distribution,l'accès à l'information et les activités associées (et enextrayant la rente économique sous la forme de marques, detaxes, etc.). Le Viêt-nam a un potentiel d'avantagescomparatifs dans les trois facteurs, mais .celui qui repose sur

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Trouver et préserver un avantage comparatif unique etdurable (OU une niche concurrentielle dans les marchésmondiaux) doit reposer sur la « qualité d'utilisation de laressource» et non sur la « quantité et le prix des produits ».Il existe trois voies principales pour y parvenir, par exempledans le domaine des exportations de produits manufacturés.Cet avantage peut tenir à une ressource naturelle, unecompétence humaine, des talents d'entrepreneur, ou unetechnologie d'exception. Chacun de ces éléments peutdonner un avantage permanent en termes de faibles coûts,ou de qualité spécifique du produit, qui sont difficiles àcopier ou dépasser par les concurrents potentiels. Au coursdu temps, et en combinaison, ces sources d'avantage tendentà se compléter et à se renforcer les unes les autres. Ainsi,pour une économie à base agricole comme le Viêt-nam, laproductivité peut dépendre tout d'abord de la qualité du sol(ou d'une autre ressource naturelle), qui offre une possibilitéet suscite une réponse de l'homme (i.e. ce qu'une famillepaysanne fait de cette possibilité). Les êtres humainsdéploient leurs efforts, utilisent leurs compétences, leuringéniosité et leur technologie pour exploiter la ressource, etle résultat sera un rendement ou une qualité de produitordinaire ou extraordinaire. Le passage à la productionmanufacturée peut étendre le processus, en accroissant lechamp des compétences, le capital, et la technologie pourajouter de la valeur au produit final, qui réussit ou rate alorsl'épreuve du marché, en fonction de ce que d'autres paysont à offrir. Le secteur des services est également impliquéen facilitant le transport, l'emmagasinage, la distribution,l'accès à l'information et les activités associées (et enextrayant la rente économique sous la forme de marques, detaxes, etc.). Le Viêt-nam a un potentiel d'avantagescomparatifs dans les trois facteurs, mais .celui qui repose sur

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les ressources humaines est le plus prometteur, et estpotentiellement illimité...

En dehors des pays qui ont la chance de bénéficier deréserves massives de pétrole ou d'autres minéraux précieux,tous les exemples montrent que l'avantage comparatif a étéconstruit plutôt que dicté par des réserves initiales deressources naturelles (le caoutchouc venait ainsi du Brésil etnon de l'Asie du Sud-Est, le café de l'Afrique et non duBrésil, et le coton ne poussait pas en Angleterre bien que lamanufacture du coton rot le secteur d'avant-garde dans sapremière révolution industrielle, etc.). Il est connu que laréussite dans ce domaine est difficile à anticiper ou àplanifier. Établir un avantage comparatif (ou globalementconcurrentiel) n'a été facile pour aucun pays et a toujoursrequis un long processus d'essais et erreurs pour franchir lesnombreux obstacles de l'industrie naissante et les défis despays rivaux, et dans beaucoup de cas le résultat a impliquéune part significative de chance. L'histoire est remplied'investissements malheureux et de recherche subven­tionnée dans le but de créer des avantages comparatifsnationaux reposant sur une industrie ou une technologieparticulières. Ainsi, plutôt que de construire des espoirs (etune stratégie de développement national) sur une structureindustrielle préconçue, il est préférable de chercher à créerun environnement national favorable conduisant àl'innovation, l'apprentissage par l'action, la résolution deproblèmes, une recherche ouverte de la connaissance, etrécompensant l'efficacité, l'application, la persévérance,l'amélioration personnelle, l'acceptation du risque, et lacréation d'emploi. En particulier, la clé de la survie dans uneéconomie mondiale de la connaissance de plus en plusconcurrentielle et en changement rapide semble proba­blement dépendre de l'inventivité, d'un entrepreneuriatastucieux, de l'adaptabilité, et de l'amélioration continue

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les ressources humaines est le plus prometteur, et estpotentiellement illimité...

En dehors des pays qui ont la chance de bénéficier deréserves massives de pétrole ou d'autres minéraux précieux,tous les exemples montrent que l'avantage comparatif a étéconstruit plutôt que dicté par des réserves initiales deressources naturelles (le caoutchouc venait ainsi du Brésil etnon de l'Asie du Sud-Est, le café de l'Afrique et non duBrésil, et le coton ne poussait pas en Angleterre bien que lamanufacture du coton rot le secteur d'avant-garde dans sapremière révolution industrielle, etc.). Il est connu que laréussite dans ce domaine est difficile à anticiper ou àplanifier. Établir un avantage comparatif (ou globalementconcurrentiel) n'a été facile pour aucun pays et a toujoursrequis un long processus d'essais et erreurs pour franchir lesnombreux obstacles de l'industrie naissante et les défis despays rivaux, et dans beaucoup de cas le résultat a impliquéune part significative de chance. L'histoire est remplied'investissements malheureux et de recherche subven­tionnée dans le but de créer des avantages comparatifsnationaux reposant sur une industrie ou une technologieparticulières. Ainsi, plutôt que de construire des espoirs (etune stratégie de développement national) sur une structureindustrielle préconçue, il est préférable de chercher à créerun environnement national favorable conduisant àl'innovation, l'apprentissage par l'action, la résolution deproblèmes, une recherche ouverte de la connaissance, etrécompensant l'efficacité, l'application, la persévérance,l'amélioration personnelle, l'acceptation du risque, et lacréation d'emploi. En particulier, la clé de la survie dans uneéconomie mondiale de la connaissance de plus en plusconcurrentielle et en changement rapide semble proba­blement dépendre de l'inventivité, d'un entrepreneuriatastucieux, de l'adaptabilité, et de l'amélioration continue

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des compétences humaines et des capacités d'organisation.Ceci vaut pour tous les secteurs de l'économie. Et dans unâge d'incertitude, diversifier les options et circonscrire lerisque en encourageant une large palette d'efforts humains,a plus de sens que de mettre tous les œufs de l'investisse­ment dans seulement quelques paniers. La meilleurestratégie pour le Viêt-nam serait de chercher à faciliter lapleine participation de ses 80 millions de cerveaux dans larecherche de solutions viables, plutôt que de s'appuyer surune stratégie limitant la prise de décisions clé à seulementquelques milliers.

Une question particulière qui se pose aux entrepreneurset aux politiques dans les pays qui s'industrialisent, questionqui est aussi un objet de débat chez les économistes, estrelative au type de technologie qui convient le mieux à lasituation économique d'une entreprise ou d'un pays, et à ladirection du changement technologique que les politiquesdevraient encourager pour faciliter les développementsindustriel et humain futurs. On peut ainsi avancer quel'avantage comparatif actuel du Viêt-nam dans le secteurmanufacturier repose évidemment sur les bas salaires, et surdes produits et des procédés à haute intensité de travail[Riedel, Tran, 1997], mais ceci est également vrai pour unecentaine et plus d'autres pays à bas revenus, dont beaucouppeuvent casser l'avantage compétitif du Viêt-nam avec dessalaires encore plus bas. Une orientation initiale versl'intensité de travail peut se justifier au vu des hauts niveauxde chômage actuels, car elle crée plus d'emploi que le mêmemontant investi dans des procédés plus intensifs en capital.Cependant, l'accent doit finalement être mis sur la montéedes qualifications professionnelles pour éviter de limiter leschoix de développement humain aux bas salaires, à la faibleproductivité et à l'impasse professionnelle. Être à mêmed'élever les salaires, et ainsi les revenus familiaux, implique

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des compétences humaines et des capacités d'organisation.Ceci vaut pour tous les secteurs de l'économie. Et dans unâge d'incertitude, diversifier les options et circonscrire lerisque en encourageant une large palette d'efforts humains,a plus de sens que de mettre tous les œufs de l'investisse­ment dans seulement quelques paniers. La meilleurestratégie pour le Viêt-nam serait de chercher à faciliter lapleine participation de ses 80 millions de cerveaux dans larecherche de solutions viables, plutôt que de s'appuyer surune stratégie limitant la prise de décisions clé à seulementquelques milliers.

Une question particulière qui se pose aux entrepreneurset aux politiques dans les pays qui s'industrialisent, questionqui est aussi un objet de débat chez les économistes, estrelative au type de technologie qui convient le mieux à lasituation économique d'une entreprise ou d'un pays, et à ladirection du changement technologique que les politiquesdevraient encourager pour faciliter les développementsindustriel et humain futurs. On peut ainsi avancer quel'avantage comparatif actuel du Viêt-nam dans le secteurmanufacturier repose évidemment sur les bas salaires, et surdes produits et des procédés à haute intensité de travail[Riedel, Tran, 1997], mais ceci est également vrai pour unecentaine et plus d'autres pays à bas revenus, dont beaucouppeuvent casser l'avantage compétitif du Viêt-nam avec dessalaires encore plus bas. Une orientation initiale versl'intensité de travail peut se justifier au vu des hauts niveauxde chômage actuels, car elle crée plus d'emploi que le mêmemontant investi dans des procédés plus intensifs en capital.Cependant, l'accent doit finalement être mis sur la montéedes qualifications professionnelles pour éviter de limiter leschoix de développement humain aux bas salaires, à la faibleproductivité et à l'impasse professionnelle. Être à mêmed'élever les salaires, et ainsi les revenus familiaux, implique

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une transition progressive vers un travail plus productif àtravers l'amélioration des qualifications, des technologies oude la qualité des produits, ce qui en retour justifie dessalaires plus élevés. Il y a une différence fondamentale entre« bas salaires» et « bas coût du travail» car ce dernier peutvouloir dire que les salaires augmentent mais que le produitpar travailleur augmente plus vite, et de telle sorte qu'enréalité, les coûts salariaux par unité de produit peuventbaisser. Une stratégie de développement humain centrée surla population peut ainsi reposer initialement sur uneindustrie à haute intensité de travail pour créer les emploisdont il y a un besoin urgent, mais elle devrait égalements'appliquer à assurer une transition effective vers un travailplus productif. Les projections industrielles doivent comptersur et encourager les entreprises à passer systématiquementà des produits et des procédés à plus forte valeur ajoutéesans tuer la compétitivité. Et cela implique que lesindustriels privés et les planificateurs publics s'efforcent desoutenir et de promouvoir une telle transition.

Il semble également que les pays dont le processusd'industrialisation est le plus récent, ne soient plus enmesure de suivre simplement l'exemple des premiers« Tigres asiatiques» dans l'assemblage manuel de pucesd'ordinateur, équipements de contrôle et de télécommuni­cation, qui, de la même manière que beaucoup d'activités àhaute intensité de travail, ont été substantiellementautomatisées ou robotisées, et qui peuvent maintenantrequérir des niveaux élevés d'investissement dans destechnologies en obsolescence rapide. Pour s'adapter à lamondialisation accélérée, il semble clair que desinvestissements majeurs devront être faits pour identifier etconstruire les avantages comparatifs du Viêt-nam dans uneéconomie du savoir renforcée. Le Viêt-nam a une longuetradition de recherche de base, beaucoup d'institutions de

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une transition progressive vers un travail plus productif àtravers l'amélioration des qualifications, des technologies oude la qualité des produits, ce qui en retour justifie dessalaires plus élevés. Il y a une différence fondamentale entre« bas salaires» et « bas coût du travail» car ce dernier peutvouloir dire que les salaires augmentent mais que le produitpar travailleur augmente plus vite, et de telle sorte qu'enréalité, les coûts salariaux par unité de produit peuventbaisser. Une stratégie de développement humain centrée surla population peut ainsi reposer initialement sur uneindustrie à haute intensité de travail pour créer les emploisdont il y a un besoin urgent, mais elle devrait égalements'appliquer à assurer une transition effective vers un travailplus productif. Les projections industrielles doivent comptersur et encourager les entreprises à passer systématiquementà des produits et des procédés à plus forte valeur ajoutéesans tuer la compétitivité. Et cela implique que lesindustriels privés et les planificateurs publics s'efforcent desoutenir et de promouvoir une telle transition.

Il semble également que les pays dont le processusd'industrialisation est le plus récent, ne soient plus enmesure de suivre simplement l'exemple des premiers« Tigres asiatiques» dans l'assemblage manuel de pucesd'ordinateur, équipements de contrôle et de télécommuni­cation, qui, de la même manière que beaucoup d'activités àhaute intensité de travail, ont été substantiellementautomatisées ou robotisées, et qui peuvent maintenantrequérir des niveaux élevés d'investissement dans destechnologies en obsolescence rapide. Pour s'adapter à lamondialisation accélérée, il semble clair que desinvestissements majeurs devront être faits pour identifier etconstruire les avantages comparatifs du Viêt-nam dans uneéconomie du savoir renforcée. Le Viêt-nam a une longuetradition de recherche de base, beaucoup d'institutions de

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recherche et des milliers de scientifiques et d'ingénieurs.Leur nombre s'est accru dans la période précédant le doimoi avec l'assistance technique et la formation en UnionSoviétique et dans les pays de l'Europe de l'Est. Ils se sontgénéralement orientés davantage vers la recherche « pure»que vers la recherche «appliquée» ou la résolution deproblèmes. Les coupures budgétaires et la nécessité decompter davantage sur soi-même ont conduit ces institutionset ces individus à être plus entreprenants et à s'engager dansdes contrats de recherche avec des eI)treprises ou desagences d'aide, mais ceci reste à un niveau relativementmodeste, et très peu d'entreprises d'État ou d'autres grandesentreprises paraissent avoir développé: des recherchespropres de manière significative [Bezanson & al., 1999].

Alors que chacun subit à des degrés variés le « choc dufutur» en cherchant à comprendre et à s'adapter auxchangements phénoménaux qui interviennent dans latechnologie mondiale de l'information et du management,l'accès à la connaissance est soudain devenu beaucoupmoins cher, et les nouvelles idées sont maintenant plusaccessibles et adaptables aux pays à bas revenus, avec desapplications potentielles à un registre extraordinaire detâches de la vie quotidienne et de la petite industrie, mêmedans les endroits isolés. Imaginer une stratégied'information appropriée et de développement humain auViêt-nam est ainsi devenu une tâche plus complexe etpréoccupante, mais aussi plus passionnante et potentiel­lement bénéfique. Les coûts de démarrage de certainesindustries de haute technologie appliquée (comme lescomposants électroniques et le développement de logicielsinformatiques) ont aussi fortement décliné au cours desannées récentes, mais elles sont maintenant globalementsurchargées et hautement concurrentiell~s (beaucoup depays installant leurs propres « Silicon Vailleys » ou «Cités

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recherche et des milliers de scientifiques et d'ingénieurs.Leur nombre s'est accru dans la période précédant le doimoi avec l'assistance technique et la formation en UnionSoviétique et dans les pays de l'Europe de l'Est. Ils se sontgénéralement orientés davantage vers la recherche « pure»que vers la recherche «appliquée» ou la résolution deproblèmes. Les coupures budgétaires et la nécessité decompter davantage sur soi-même ont conduit ces institutionset ces individus à être plus entreprenants et à s'engager dansdes contrats de recherche avec des eI)treprises ou desagences d'aide, mais ceci reste à un niveau relativementmodeste, et très peu d'entreprises d'État ou d'autres grandesentreprises paraissent avoir développé: des recherchespropres de manière significative [Bezanson & al., 1999].

Alors que chacun subit à des degrés variés le « choc dufutur» en cherchant à comprendre et à s'adapter auxchangements phénoménaux qui interviennent dans latechnologie mondiale de l'information et du management,l'accès à la connaissance est soudain devenu beaucoupmoins cher, et les nouvelles idées sont maintenant plusaccessibles et adaptables aux pays à bas revenus, avec desapplications potentielles à un registre extraordinaire detâches de la vie quotidienne et de la petite industrie, mêmedans les endroits isolés. Imaginer une stratégied'information appropriée et de développement humain auViêt-nam est ainsi devenu une tâche plus complexe etpréoccupante, mais aussi plus passionnante et potentiel­lement bénéfique. Les coûts de démarrage de certainesindustries de haute technologie appliquée (comme lescomposants électroniques et le développement de logicielsinformatiques) ont aussi fortement décliné au cours desannées récentes, mais elles sont maintenant globalementsurchargées et hautement concurrentiell~s (beaucoup depays installant leurs propres « Silicon Vailleys » ou «Cités

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Technologiques »). Il est cependant possible d'argumenterde manière convaincante la nécessité d'investir des ressour­ces suffisantes pour rester au fait des nouvellestechnologies, pour répondre à l'immense besoin du Viêt­nam en matière d'accès à l'informatique et à sesapplications, et pour chercher à identifier et à construire uneniche d'avantage comparatif dans la nouvelle économiemondiale du savoir. Le ministère de la Recherche et de laTechnologie (MOSTE) a récemment proposé une stratégie à20 ans d'information technologique pour l'année 2020 quiinclut la promotion d'une industrie locale de logiciels,l'extension du réseau national de câbles optiques et lenombre de passerelles de connexion Internet, et la réductionsignificative des coûts de télécommunication. Cette stratégiese concentre aussi sur la protection de la propriétéintellectuelle et du copyright, et sur des mesures vigoureusescontre la piraterie et les ventes de contrebande. Pour aiderles exportateurs de logiciels à entrer dans la concurrenceinternationale, les propositions incluent des taux d'impo­sition préférentiels pour l'import-export, la valeur ajoutée etles sociétés. La stratégie de développement des ressourceshumaines vise un objectif initial de 200000 informaticiensprogrammeurs qualifiés en 2020, et il est proposé de créerun fonds d'investissement pour promouvoir la technologieavancée dans les industries du logiciel et des ordinateurs,d'étendre les facultés de technologie de l'information dansles universités et les collèges, et d'attribuer davantage defonds pour la recherche, les bourses, les études à l'étrangeret la coopération avec les centres d'excellence étrangersdans le domaine de la technologie de l'information. Lastratégie prévoit aussi de faciliter la collaboration entre lesentreprises vietnamiennes au Viêt-nam et à l'étranger, et onespère que les exportations de logiciels pourraient rapporterUSD 800 millions en 2005.

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Technologiques »). Il est cependant possible d'argumenterde manière convaincante la nécessité d'investir des ressour­ces suffisantes pour rester au fait des nouvellestechnologies, pour répondre à l'immense besoin du Viêt­nam en matière d'accès à l'informatique et à sesapplications, et pour chercher à identifier et à construire uneniche d'avantage comparatif dans la nouvelle économiemondiale du savoir. Le ministère de la Recherche et de laTechnologie (MOSTE) a récemment proposé une stratégie à20 ans d'information technologique pour l'année 2020 quiinclut la promotion d'une industrie locale de logiciels,l'extension du réseau national de câbles optiques et lenombre de passerelles de connexion Internet, et la réductionsignificative des coûts de télécommunication. Cette stratégiese concentre aussi sur la protection de la propriétéintellectuelle et du copyright, et sur des mesures vigoureusescontre la piraterie et les ventes de contrebande. Pour aiderles exportateurs de logiciels à entrer dans la concurrenceinternationale, les propositions incluent des taux d'impo­sition préférentiels pour l'import-export, la valeur ajoutée etles sociétés. La stratégie de développement des ressourceshumaines vise un objectif initial de 200000 informaticiensprogrammeurs qualifiés en 2020, et il est proposé de créerun fonds d'investissement pour promouvoir la technologieavancée dans les industries du logiciel et des ordinateurs,d'étendre les facultés de technologie de l'information dansles universités et les collèges, et d'attribuer davantage defonds pour la recherche, les bourses, les études à l'étrangeret la coopération avec les centres d'excellence étrangersdans le domaine de la technologie de l'information. Lastratégie prévoit aussi de faciliter la collaboration entre lesentreprises vietnamiennes au Viêt-nam et à l'étranger, et onespère que les exportations de logiciels pourraient rapporterUSD 800 millions en 2005.

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Les industries de haute technologie sont très attractives,en tant que symboles évidents de modernisation et en cequ'elles offrent un espace aux individus talentueux etinventifs, qui pourraient autrement être tentés d'aller exercerleurs talents à l'étranger. Cependant, assurer un avantagecomparatif unique de haute technologie est une aspirationdifficile à réaliser pour un pays nouveau sur la voie del'industrialisation comme le Viêt-nam. Il peut par exemplereposer sur l'invention d'un scientifique local (tel unprocédé biogénétique qui permet à son inventeur de breveteret de monopoliser les droits de production ou d'en délivrerla licence à des firmes pharmaceutiques internationales). Ilpeut aussi venir d'un jeune informaticien ou ingénieur quiréussit à créer de nouveaux logiciels, applications outechnologies. Cependant le développement industriel basésur la recherche peut être extrêmement dispendieux etrisqué, et des idées lumineuses peuvent être aisémentpiratées ou détournées vers un autre pays à moins que desmoyens plus efficaces de renforcement des droits depropriété intellectuelle ne soient trouvés. Une découverteunique de ce type peut également être largement fortuite, etn'est donc généralement pas pré-planifiée ou garantie parl'attribution de gros budgets à la recherche. Il sembleraitdonc préférable de laisser les centres d'excellencetechnologique émerger d'un processus de sélection naturelledu développement industriel à travers des avantagescompétitifs démontrés et une capacité de résolution desproblèmes endossée par ceux qui utilisent effectivementleurs services. Cette approche offre aussi un champd'apprentissage par l'action à la fois pour les industrielslocaux et les travailleurs, et induit des risques moins élevésd'investissement pour les organisations qui soutiennent cesprojets. Enfin, travailler avec efficience dans une économiedu savoir demandera des efforts soutenus de promotion de

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Les industries de haute technologie sont très attractives,en tant que symboles évidents de modernisation et en cequ'elles offrent un espace aux individus talentueux etinventifs, qui pourraient autrement être tentés d'aller exercerleurs talents à l'étranger. Cependant, assurer un avantagecomparatif unique de haute technologie est une aspirationdifficile à réaliser pour un pays nouveau sur la voie del'industrialisation comme le Viêt-nam. Il peut par exemplereposer sur l'invention d'un scientifique local (tel unprocédé biogénétique qui permet à son inventeur de breveteret de monopoliser les droits de production ou d'en délivrerla licence à des firmes pharmaceutiques internationales). Ilpeut aussi venir d'un jeune informaticien ou ingénieur quiréussit à créer de nouveaux logiciels, applications outechnologies. Cependant le développement industriel basésur la recherche peut être extrêmement dispendieux etrisqué, et des idées lumineuses peuvent être aisémentpiratées ou détournées vers un autre pays à moins que desmoyens plus efficaces de renforcement des droits depropriété intellectuelle ne soient trouvés. Une découverteunique de ce type peut également être largement fortuite, etn'est donc généralement pas pré-planifiée ou garantie parl'attribution de gros budgets à la recherche. Il sembleraitdonc préférable de laisser les centres d'excellencetechnologique émerger d'un processus de sélection naturelledu développement industriel à travers des avantagescompétitifs démontrés et une capacité de résolution desproblèmes endossée par ceux qui utilisent effectivementleurs services. Cette approche offre aussi un champd'apprentissage par l'action à la fois pour les industrielslocaux et les travailleurs, et induit des risques moins élevésd'investissement pour les organisations qui soutiennent cesprojets. Enfin, travailler avec efficience dans une économiedu savoir demandera des efforts soutenus de promotion de

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RESSOURCES HUMAINES 149

l'information et de découragement de la rétention d'infor­mation, non seulement au sein des agences gouvernemen­tales, mais dans la société en général. L'information est le« bien public ultime» [Hainsworth, 1997; UN, 1998] - sonutilisation par un individu n'induit pas la réduction de savaleur pour les autres, et plus largement il est partagé, plusgrande est la chance que des décisions conformes etcompatibles soient prises par tous ceux qui ont des intérêtscommuns dans la réussite d'objectifs socialement lesmeilleurs. Autant que possible, elle devrait être disponiblegratuitement, et les organismes publics devraient êtrefortement encouragés à subventionner sa distribution pouren maximiser les retombées positives. La révolution del'information technologique offre en particulier uneoccasion sans précédent de fournir l'éducation, la formationet d'autres informations utiles à tous ceux qui ont un accèsInternet, et faciliter cela donne au Viêt-nam un puissantmoyen de franchir beaucoup des obstacles qui entraventhabituellement le développement des ressources humaines.

Bibliographie

BALES S. [1999], Vietnam 's Labor Situation and Trends:Analysis Based on the 1992-93 and 1997-98 VietnamLiving Standards Survey (Background Report to theVietnam Development Report 2000, Hanoi, World Bank.

BEZANSON K., ANNERSTEDT J., CHUNG K., HOPPER D.,OLDHAM G., SAGASTI F. [1999], Vietnam at the Cross­roads: The Role of Science and Technology. Ottawa,International Development Research Centre.

RESSOURCES HUMAINES 149

l'information et de découragement de la rétention d'infor­mation, non seulement au sein des agences gouvernemen­tales, mais dans la société en général. L'information est le« bien public ultime» [Hainsworth, 1997; UN, 1998] - sonutilisation par un individu n'induit pas la réduction de savaleur pour les autres, et plus largement il est partagé, plusgrande est la chance que des décisions conformes etcompatibles soient prises par tous ceux qui ont des intérêtscommuns dans la réussite d'objectifs socialement lesmeilleurs. Autant que possible, elle devrait être disponiblegratuitement, et les organismes publics devraient êtrefortement encouragés à subventionner sa distribution pouren maximiser les retombées positives. La révolution del'information technologique offre en particulier uneoccasion sans précédent de fournir l'éducation, la formationet d'autres informations utiles à tous ceux qui ont un accèsInternet, et faciliter cela donne au Viêt-nam un puissantmoyen de franchir beaucoup des obstacles qui entraventhabituellement le développement des ressources humaines.

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150 GEOFFREY B. HAINSWORTH

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1994], Vietnam Living Stan­dards Survey, 1992/93, Hanoi, Statistical PublishingHouse.

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HAINSWORTH G. B. [1992], "An Appreciation ofCinderella:Or Rethinking the Role of Agriculture in Indonesia'sDevelopment," in A. Pongsapich et al (eds.), RegionalDevelopment and Change in Southeast Asia in the 1990s.Bangkok, Chulalongkorn University.

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RESSOURCES HUMAINES 151

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MARTIN 1.-Y., OUDIN X. [1996], A Qualitative Survey ofSkills Development in Rural Areas of Vietnam. Hanoi,CPHRS-ORSTOM.

MINISTRY OF LABOUR, INVALIDS AND SOCIAL AfFAIRS

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PHAM XUÂN NAM, BE VIÊT DANG, HAINSWORTH G. B.[1997] "Rural Development in Vietnam: The Search forSustainable Livelihoods," Vietnam 's Socio-EconomicDevelopment, 10, 1997; revised version in PeterBoothroyd and Pham Xuan Nam (eds.), SocioeconomicRenovation in Vietnam, Ottawa, International Develop­ment Research Centre, and Singapore, Institute ofSoutheast Asian Studies.

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RIEDEL JAMES, CHUONG S. TRÂN [1997], The EmergingPrivate Sector and the Industrialization of Vietnam.HCMC, World Bank (IFC) and Mekong ProjectDevelopment Facility (MPDF).

UNITED NATIONS [1998], Expanding Choices for the RuralPoor: Human Development in Viet Nam, Hanoi.

WARR P. [1989], "Export Processing Zones: The Economiesof Enclave Manufacturing," Research Quarterly (WorldBank), 4(1), January : 65-87.

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152 GEOFFREY B. HAINSWORTH

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6

Enseignement supérieur et professionnelet nlarché du travail

Trân Khanh Duc

L'étude de l'adaptabilité de l'enseignement supérieur etprofessionnel au marché du travail est une questioncomplexe dont les facettes sont multiples. L'enseignementsupérieur et l'enseignement professionnel sont en effet eux­mêmes des sous-systèmes du système d'éducation­formation, qui comprend de nombreux autres composantestelles que les politiques, la structure du système scolaire, lesobjectifs et les programmes de formation, etc. De la mêmemanière, le marché du travail au Viêt-nam se décompose enplusieurs niveaux : marché du travail national et régional,marché du travail au niveau local (urbain et rural), etsecteurs techniques et économiques. Les niveaux dequalification de la main-d'œuvre définiront aussi différentsmarchés du travail tels les marchés des travailleursintellectuels, des travailleurs qualifiés et des travailleursnon-qualifiés, etc.

6

Enseignement supérieur et professionnelet nlarché du travail

Trân Khanh Duc

L'étude de l'adaptabilité de l'enseignement supérieur etprofessionnel au marché du travail est une questioncomplexe dont les facettes sont multiples. L'enseignementsupérieur et l'enseignement professionnel sont en effet eux­mêmes des sous-systèmes du système d'éducation­formation, qui comprend de nombreux autres composantestelles que les politiques, la structure du système scolaire, lesobjectifs et les programmes de formation, etc. De la mêmemanière, le marché du travail au Viêt-nam se décompose enplusieurs niveaux : marché du travail national et régional,marché du travail au niveau local (urbain et rural), etsecteurs techniques et économiques. Les niveaux dequalification de la main-d'œuvre définiront aussi différentsmarchés du travail tels les marchés des travailleursintellectuels, des travailleurs qualifiés et des travailleursnon-qualifiés, etc.

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154 TRÂN KHANH DUC

En outre le marché du travail au Viêt-nam est de créationrécente et son processus de développement a été marqué parles changements de la période de transition. L'action dumarché devient évidente à travers différentes manifestationstelles que la concurrence entre les différents candidats aurecrutement dans les compagnies, les entreprises, et lesinstitutions publiques, ou la dépendance entre les niveaux devie et la rémunération de la main-d'œuvre dans lesdifférents secteurs économiques et les différents lieux.D'autre part, les interventions politiques et législatives del'État sont encore insuffisantes pour prévenir lesperturbations sur le marché du travail et en altèrent aucontraire la transparence. Plus particulièrement, aucunsystème d'information sur le marché du travail, complet etordonné, mis à jour sur des bases annuelles et correctementprojeté n'a été encore établi, non plus que le montaged'études, d'évaluations des caractéristiques spécifiques etdes développements du marché du travail, propres à servir àla planification de l'ensemble du système de formation et àchacune des institutions de formation, aussi bien que pourrépondre plus efficacement à la demande de main-d'œuvresur le marché du travail.

Le système d'éducation-formation vietnamien

État actuel du système éducatif

Après plus de dix ans de rénovation du système d'éduca­tion-formation (1986-2000), les progrès et les changementssont visibles sous tous les aspects concernant la structure, leréseau, le type d'établissements, l'infrastructure et l'exten­sion du système à tous les niveaux éducatifs et pour tous lessecteurs de formation. Avec 22,5 millions d'élèves, repré-

154 TRÂN KHANH DUC

En outre le marché du travail au Viêt-nam est de créationrécente et son processus de développement a été marqué parles changements de la période de transition. L'action dumarché devient évidente à travers différentes manifestationstelles que la concurrence entre les différents candidats aurecrutement dans les compagnies, les entreprises, et lesinstitutions publiques, ou la dépendance entre les niveaux devie et la rémunération de la main-d'œuvre dans lesdifférents secteurs économiques et les différents lieux.D'autre part, les interventions politiques et législatives del'État sont encore insuffisantes pour prévenir lesperturbations sur le marché du travail et en altèrent aucontraire la transparence. Plus particulièrement, aucunsystème d'information sur le marché du travail, complet etordonné, mis à jour sur des bases annuelles et correctementprojeté n'a été encore établi, non plus que le montaged'études, d'évaluations des caractéristiques spécifiques etdes développements du marché du travail, propres à servir àla planification de l'ensemble du système de formation et àchacune des institutions de formation, aussi bien que pourrépondre plus efficacement à la demande de main-d'œuvresur le marché du travail.

Le système d'éducation-formation vietnamien

État actuel du système éducatif

Après plus de dix ans de rénovation du système d'éduca­tion-formation (1986-2000), les progrès et les changementssont visibles sous tous les aspects concernant la structure, leréseau, le type d'établissements, l'infrastructure et l'exten­sion du système à tous les niveaux éducatifs et pour tous lessecteurs de formation. Avec 22,5 millions d'élèves, repré-

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 155

sentant plus du quart de la population (76,3 millionsd'habitants en 1999), le Viêt-nam est un pays qui possèdeun taux de scolarisation plutôt élevé en comparaison aveccelui d'autres pays de l'ASEAN. Actuellement, le Viêt-nama pratiquement atteint les objectifs d'alphabétisation et degénéralisation de l'enseignement primaire avec 94 %d'alphabétisés et un taux net de scolarisation de 90 % dansle primaire. Pour le Viêt-nam, l'entrée dans le nouveaumillénaire est aussi le début de la période de généralisationdu secondaire de base qui devrait être atteinte en 2005 dansles zones urbaines et en 2010 dans l'ensemble du pays. Lesenseignements supérieur et technique et professionnel, encours de renforcement et de développement, se présententcomme les principales ressources de main-d'œuvre de l'éco­nomie et du marché du travail dans les différentes branchesd'activité et les secteurs socio-économiques.

Le système éducatif vietnamien se compose de différentstypes d'établissements aux niveaux du pré-scolaire, de l' en­seignement primaire, de l'enseignement secondaire généralet professionnel et de l'enseignement supérieur. Au côté desétablissements publics, des établissements non-publics ontfait leur apparition à tous les niveaux, en particulier dans lesecondaire supérieur et au niveau universitaire. Le réseaudes établissements universitaires et des établissements deformation professionnelle sont en cours de développementmais ils sont encore inégalement répartis sur l'ensemble duterritoire, la plupart d'entre eux se trouvant à Hanoi et dansles autres grandes villes. Certaines régions telles que leNord-Ouest ne possèdent ni université ni école supérieure etun certain nombre de centres urbains n'ont aucune écoleprofessionnelle.

Au cours de l'année académique 1998-1999, on comptaitau Viêt-nam 238 établissements de formation secondairetechnique (dont 4 hors du secteur public), 213 établisse-

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 155

sentant plus du quart de la population (76,3 millionsd'habitants en 1999), le Viêt-nam est un pays qui possèdeun taux de scolarisation plutôt élevé en comparaison aveccelui d'autres pays de l'ASEAN. Actuellement, le Viêt-nama pratiquement atteint les objectifs d'alphabétisation et degénéralisation de l'enseignement primaire avec 94 %d'alphabétisés et un taux net de scolarisation de 90 % dansle primaire. Pour le Viêt-nam, l'entrée dans le nouveaumillénaire est aussi le début de la période de généralisationdu secondaire de base qui devrait être atteinte en 2005 dansles zones urbaines et en 2010 dans l'ensemble du pays. Lesenseignements supérieur et technique et professionnel, encours de renforcement et de développement, se présententcomme les principales ressources de main-d'œuvre de l'éco­nomie et du marché du travail dans les différentes branchesd'activité et les secteurs socio-économiques.

Le système éducatif vietnamien se compose de différentstypes d'établissements aux niveaux du pré-scolaire, de l' en­seignement primaire, de l'enseignement secondaire généralet professionnel et de l'enseignement supérieur. Au côté desétablissements publics, des établissements non-publics ontfait leur apparition à tous les niveaux, en particulier dans lesecondaire supérieur et au niveau universitaire. Le réseaudes établissements universitaires et des établissements deformation professionnelle sont en cours de développementmais ils sont encore inégalement répartis sur l'ensemble duterritoire, la plupart d'entre eux se trouvant à Hanoi et dansles autres grandes villes. Certaines régions telles que leNord-Ouest ne possèdent ni université ni école supérieure etun certain nombre de centres urbains n'ont aucune écoleprofessionnelle.

Au cours de l'année académique 1998-1999, on comptaitau Viêt-nam 238 établissements de formation secondairetechnique (dont 4 hors du secteur public), 213 établisse-

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156 TRÂN KHANH DUC

ments d'enseignement de formation secondaire profession­nelle, 92 universités (dont 17 hors du secteur public), 98écoles supérieures (dont 1 seulement hors du secteurpublic), et environ 500 établissements de formationpermanente.

Dans les années qui viennent il est prévu d'investir dansl'amélioration des centres de formation professionnelle prio­ritaires et de créer 22 universités et 46 écoles supérieures sup­plémentaires qui seront principalement implantées dans leszones socio-économiques et les localités qui n'en possèdentpas, pour répondre aux besoins en main-d'œuvre (tableau 1).

Tableau 1Projet de développement des types d'établissements de formation de

l'enseignement supérieur

Établissements 1998 2010 Évolution

Universités 74 96 +22Instituts 16 16 -Conservatoires 2 2 -Écoles supérieures 98 144 + 46Total 190 258 + 68

Source: Projet du réseau d'universités/écoles supérieures. Janvier 2000

Développement de la formation

L'enseignement supérieur et professionnel s'est dévelop­pé ces dernières années, et le mouvement se poursuivra dansles années qui viennent afin de répondre aux besoins crois­sants de main-d'œuvre des différents secteurs socio-écono­miques. Toutefois, cette tendance concerne principalementl'enseignement supérieur. L'extension du secondaire spécia­lisé et de la formation professionnelle de base n'est en effetpas encore à la mesure des besoins prévisibles en main­d'œuvre (graphique 1 et tableau 2).

156 TRÂN KHANH DUC

ments d'enseignement de formation secondaire profession­nelle, 92 universités (dont 17 hors du secteur public), 98écoles supérieures (dont 1 seulement hors du secteurpublic), et environ 500 établissements de formationpermanente.

Dans les années qui viennent il est prévu d'investir dansl'amélioration des centres de formation professionnelle prio­ritaires et de créer 22 universités et 46 écoles supérieures sup­plémentaires qui seront principalement implantées dans leszones socio-économiques et les localités qui n'en possèdentpas, pour répondre aux besoins en main-d'œuvre (tableau 1).

Tableau 1Projet de développement des types d'établissements de formation de

l'enseignement supérieur

Établissements 1998 2010 Évolution

Universités 74 96 +22Instituts 16 16 -Conservatoires 2 2 -Écoles supérieures 98 144 + 46Total 190 258 + 68

Source: Projet du réseau d'universités/écoles supérieures. Janvier 2000

Développement de la formation

L'enseignement supérieur et professionnel s'est dévelop­pé ces dernières années, et le mouvement se poursuivra dansles années qui viennent afin de répondre aux besoins crois­sants de main-d'œuvre des différents secteurs socio-écono­miques. Toutefois, cette tendance concerne principalementl'enseignement supérieur. L'extension du secondaire spécia­lisé et de la formation professionnelle de base n'est en effetpas encore à la mesure des besoins prévisibles en main­d'œuvre (graphique 1 et tableau 2).

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 157

Graphique 1Développement des formations supérieures et professionnelles

- - - - - - Secondaireprofessionnel

- •• - Université

---Ecolessupérieures

- • - • Secondairetechnique

_.---

_o·o .r-- 0 0 - 0

.... 0

800 000 ..,.---------------,

700 000

600 000

500 000

400 000

300 000

200 000

100 000

O+--'-----r-........--r--........-r----'---i

96-97 97-98 98-99 99-00

Source: Centre d'Informations de gestion de l'éducation. MOET

Tableau 2Projection de la structure de la main-d'œuvre technique

1996 2005 2010

EffectifsPrimaire 636246Ouvriers qualifiés avec certificat 809831 2428691 4561018Ouvriers qualifiés sans certificat 761425 5761425 10761 000Secondaire spécialisé 1 378282 2500920 4285230Supérieur 816098 1 516098 2215098

RatiosSupérieur/sec. spécialisé/ouvriers qualifiés 1/1,5/2,5 1/1,7/5,5 III ,9/6,8Travailleurs de niveau universitaire 18,5 % 12,42% 10,15 %

Source: Projet du réseau des universités/écoles supérieures. Janvier 2000

Structure professionnelle de la formation

La trop faible représentation des domaines des technolo­gies et de l'agriculture-sylviculture-pêche dans la structure dela formation signale un déséquilibre par rapport aux besoinsfuturs du développement scientifique et technologique et del'industrialisation de l'agriculture (graphiques 2 et 3).

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 157

Graphique 1Développement des formations supérieures et professionnelles

- - - - - - Secondaireprofessionnel

- •• - Université

---Ecolessupérieures

- • - • Secondairetechnique

_.---

_o·o .r-- 0 0 - 0

.... 0

800 000 ..,.---------------,

700 000

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500 000

400 000

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200 000

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96-97 97-98 98-99 99-00

Source: Centre d'Informations de gestion de l'éducation. MOET

Tableau 2Projection de la structure de la main-d'œuvre technique

1996 2005 2010

EffectifsPrimaire 636246Ouvriers qualifiés avec certificat 809831 2428691 4561018Ouvriers qualifiés sans certificat 761425 5761425 10761 000Secondaire spécialisé 1 378282 2500920 4285230Supérieur 816098 1 516098 2215098

RatiosSupérieur/sec. spécialisé/ouvriers qualifiés 1/1,5/2,5 1/1,7/5,5 III ,9/6,8Travailleurs de niveau universitaire 18,5 % 12,42% 10,15 %

Source: Projet du réseau des universités/écoles supérieures. Janvier 2000

Structure professionnelle de la formation

La trop faible représentation des domaines des technolo­gies et de l'agriculture-sylviculture-pêche dans la structure dela formation signale un déséquilibre par rapport aux besoinsfuturs du développement scientifique et technologique et del'industrialisation de l'agriculture (graphiques 2 et 3).

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158 TRÂN KHANH DUC

Graphique 2Structure professionnelle des formations secondaires spécialisés (1998)

Ecole normale

20%

Culture

30%

Agriculture17%

Source: Projet du réseau des universités/écoles supérieures. Janvier 2000

Graphique 3Structure professionnelle de la formation des universités/écoles

supérieures (1997)

Santé/Sports Culture/Beaux-ansEçole nOfTTl(}!e 3% 1%

3%

Technique1911/0

Economie/DroÎt43%

Source: Projet du réseau des universités/écoles supérieures. Janv. 2000.

Tableau 3Projet de restructuration des niveaux de formation (%)

1999 2005 2010

Formation professionnelle 37,1 55,1 71,0Secondaire spécialisé 13,4 19,9 21,0Supérieur 49,5 25,0 8,0Total 100,0 100,0 100,0

Source: Projet du réseau des universités/écoles supérieures. Janvier 2000

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 159

Afin de rééquilibrer la structure des ressources humaines,il est urgent de reconfigurer l'ensemble du système deformation professionnelle et de formation spécialisée etsupérieure en renforçant de manière conséquente la partrelative des deux premières, ce qui aura pour effet deramener les formations universitaires à un niveau de repré­sentation plus adapté.

Les enseignants

Les effectifs d'enseignants et de cadres de gestion duministère de l'éducation-formation s'élèvent, tous niveauxconfondus, à environ 800 000 dont 30 000 enseignants dansl'enseignement supérieur et 10 000 dans les établissementssecondaires spécialisés et de formation professionnelle(tableau 4). Cependant, la part des enseignants qualifiés(professeurs, docteurs) dans l'enseignement supérieur estencore insuffisant (environ la %) pour le développement dela formation et l'amélioration de sa qualité.

Tableau 4Effectifs des enseignants des établissements

Établissements 1996-1997 1997-1998 1998-1999 1999-2000

Formation professionnelle - '" 6 000 7 000 '" 7 500Secondaire spécialisée 9 690 9 770 9 732 9 565Écoles supérieures 5 339 6 406 6 806 -Universités 18175 19368 21229 30309

Source: Centre d'Informations de gestion de l'éducation. MOET

Le budget de l'éducation

L'éducation reste une priorité stratégique de la politiquenationale mais la part du budget d'État qui lui est réservée

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 159

Afin de rééquilibrer la structure des ressources humaines,il est urgent de reconfigurer l'ensemble du système deformation professionnelle et de formation spécialisée etsupérieure en renforçant de manière conséquente la partrelative des deux premières, ce qui aura pour effet deramener les formations universitaires à un niveau de repré­sentation plus adapté.

Les enseignants

Les effectifs d'enseignants et de cadres de gestion duministère de l'éducation-formation s'élèvent, tous niveauxconfondus, à environ 800 000 dont 30 000 enseignants dansl'enseignement supérieur et 10 000 dans les établissementssecondaires spécialisés et de formation professionnelle(tableau 4). Cependant, la part des enseignants qualifiés(professeurs, docteurs) dans l'enseignement supérieur estencore insuffisant (environ la %) pour le développement dela formation et l'amélioration de sa qualité.

Tableau 4Effectifs des enseignants des établissements

Établissements 1996-1997 1997-1998 1998-1999 1999-2000

Formation professionnelle - '" 6 000 7 000 '" 7 500Secondaire spécialisée 9 690 9 770 9 732 9 565Écoles supérieures 5 339 6 406 6 806 -Universités 18175 19368 21229 30309

Source: Centre d'Informations de gestion de l'éducation. MOET

Le budget de l'éducation

L'éducation reste une priorité stratégique de la politiquenationale mais la part du budget d'État qui lui est réservée

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160 TRÂN KHANH DUC

n'a été que de 10 % pour Ja période de 1995-1997, 14,5 %en 1999 et 15 % en 2000. D'une manière générale, la part dubudget réservée aux dépenses récurrentes d'éducation nesuffisent qu'à couvrir les salaires, les allocations salarialeset les bourses des élèves, qui représentent environ 80-90 %de ces dépenses. Le reste, c'est à dire entre 10 et 20 % dubudget récurrent, ne pel1l1et pas de répondre aux besoinsspécifiques de l'amélioration de la qualité de l'éducation. Ilfaudrait consacrer environ un tiers du budget de J'éducationà cette tâche. Ces dernières années, grâce à l'extension desfOl1l1ations non-publiques dans les zones économiques déve­loppées, les recettes non-budgétaires ont augmenté maiselles sont encore loin de couvrir les besoins. Le graphique 4présente la structure des dépenses publiques de formation.

Graphique 4Budget de l'État pour la formation (1997)

Post-doc

3%

Enseignementsupérieur

45%

Autres

15%

Secondaire

technique

18%~~---

Secondaire

professionnel

19%

Source: Centre d'Informations de gestion de ('éducation. MOET

Pour accroître Jes ressources financières de l'éducation,l'option des 'pouvoirs publics est de diversifier les sourcesde financement en vue de faire passer la part du budgetconsacrée à l'éducation-formation de 13,6 % (1998) à14,5 % en 1999 et à 15 % en 2000, et d'accroître progressi­vement la part du financement d'origine non-budgétaire

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 161

(assistance internationale, contribution de la population) de10 % actuellement à 20-30 % dans les années qui viennent.

Problèmes et enjeux du système éducatif

La pression du développement de la formation continue às'exercer à tout niveau, en particulier au niveau universitaireet dans le secondaire supérieur. Cependant l'infrastructure etle corps enseignant sont encore loin de répondre aux besoinsactuels et futurs.

Les investissements dans l'éducation restent limités etsont insuffisants pour réunir les conditions d'améliorationde la qualité (infrastructure, équipements pédagogiques,amélioration du niveau de qualification des enseignants). Lebudget annuel moyen par élève est de USD 30-50 pourl'enseignement général et de USD 300-400 pour l'enseigne­ment supérieur et le secondaire spécialisé. Entre 80 et 90 %des dotations sont consacrés aux salaires des enseignants etaux dépenses courantes. Le renforcement de l'infrastructurene bénéficie que du reste.

La qualité et l'efficacité de l'éducation laissent encore àdésirer. Le niveau de beaucoup d'étudiants diplômés desuniversités et écoles supérieures est encore loin des besoinsen main-d'œuvre qualifiée. Certains étudiants/élèves diplô­més trouvent difficilement un emploi. Les résultats préli­minaires d'une enquête auprès de 51 universités/écolessupérieures (1999) sur l'emploi des étudiants diplômésmontrent que 27,5 % du total de ces étudiants sont encoresans emploi six mois après la fin de leurs études, et que24 % ont trouvé un emploi sans relation avec leur spécialitéde formation.

Les formations supérieures qui attirent les étudiants demanière croissante sont la technologie, le droit, les langues

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 161

(assistance internationale, contribution de la population) de10 % actuellement à 20-30 % dans les années qui viennent.

Problèmes et enjeux du système éducatif

La pression du développement de la formation continue às'exercer à tout niveau, en particulier au niveau universitaireet dans le secondaire supérieur. Cependant l'infrastructure etle corps enseignant sont encore loin de répondre aux besoinsactuels et futurs.

Les investissements dans l'éducation restent limités etsont insuffisants pour réunir les conditions d'améliorationde la qualité (infrastructure, équipements pédagogiques,amélioration du niveau de qualification des enseignants). Lebudget annuel moyen par élève est de USD 30-50 pourl'enseignement général et de USD 300-400 pour l'enseigne­ment supérieur et le secondaire spécialisé. Entre 80 et 90 %des dotations sont consacrés aux salaires des enseignants etaux dépenses courantes. Le renforcement de l'infrastructurene bénéficie que du reste.

La qualité et l'efficacité de l'éducation laissent encore àdésirer. Le niveau de beaucoup d'étudiants diplômés desuniversités et écoles supérieures est encore loin des besoinsen main-d'œuvre qualifiée. Certains étudiants/élèves diplô­més trouvent difficilement un emploi. Les résultats préli­minaires d'une enquête auprès de 51 universités/écolessupérieures (1999) sur l'emploi des étudiants diplômésmontrent que 27,5 % du total de ces étudiants sont encoresans emploi six mois après la fin de leurs études, et que24 % ont trouvé un emploi sans relation avec leur spécialitéde formation.

Les formations supérieures qui attirent les étudiants demanière croissante sont la technologie, le droit, les langues

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étrangères et l'économie. L'extension de la fonnation secon­daire spécialisée est encore trop limitée pour répondre auxbesoins en ressources humaines des secteurs économiques etdes différentes régions.

L'organisation spatiale des établissements d'enseigne­ment supérieur et secondaire spécialisé, concentrés principa­lement sur Hanoi, Hô Chi Minh Ville et d'autres centresurbains, n'est pas équilibrée. Certaines provinces n'ont niuniversité ni école supérieure ou secondaire spécialisée poursatisfaire leurs besoins en ressources humaines.

L'organisation et la gestion de l'éducation doivent êtreaméliorés. Le niveau de qualification et les compétences del'ensemble des cadres sont encore inférieurs aux besoins, enparticulier en ce qui concerne les connaissances et lescompétences en matière de gestion publique de l'éducation.Les effectifs enseignants sont insuffisants et présentent undéséquilibre en tennes de qualifications. Les enseignantsqualifiés (professeurs, docteurs) ne représentent que 10 %du total des enseignants des universités et écolessupérieures.

Adaptabilité du système d'enseignement supérieuret professionnel et marché du travail

L'adaptabilité du système d'enseignement supeneur etprofessionnel doit être analysée à deux niveaux: au niveaumacro, il s'agit d'étudier l'adaptabilité de l'enseignementsupérieur et professionnel au marché du travail sous l'angledes politiques et des stratégies de son développement, lastructure du réseau des universités et des écoles spécialisées,et le cadre législatif et les nonnes de fonnation; au niveaumicro, il s'agit d'étudier l'adaptabilité des différents typesd'universités et établissements professionnels dans quelquesbranches représentatives et la demande sur le marché du

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étrangères et l'économie. L'extension de la fonnation secon­daire spécialisée est encore trop limitée pour répondre auxbesoins en ressources humaines des secteurs économiques etdes différentes régions.

L'organisation spatiale des établissements d'enseigne­ment supérieur et secondaire spécialisé, concentrés principa­lement sur Hanoi, Hô Chi Minh Ville et d'autres centresurbains, n'est pas équilibrée. Certaines provinces n'ont niuniversité ni école supérieure ou secondaire spécialisée poursatisfaire leurs besoins en ressources humaines.

L'organisation et la gestion de l'éducation doivent êtreaméliorés. Le niveau de qualification et les compétences del'ensemble des cadres sont encore inférieurs aux besoins, enparticulier en ce qui concerne les connaissances et lescompétences en matière de gestion publique de l'éducation.Les effectifs enseignants sont insuffisants et présentent undéséquilibre en tennes de qualifications. Les enseignantsqualifiés (professeurs, docteurs) ne représentent que 10 %du total des enseignants des universités et écolessupérieures.

Adaptabilité du système d'enseignement supérieuret professionnel et marché du travail

L'adaptabilité du système d'enseignement supeneur etprofessionnel doit être analysée à deux niveaux: au niveaumacro, il s'agit d'étudier l'adaptabilité de l'enseignementsupérieur et professionnel au marché du travail sous l'angledes politiques et des stratégies de son développement, lastructure du réseau des universités et des écoles spécialisées,et le cadre législatif et les nonnes de fonnation; au niveaumicro, il s'agit d'étudier l'adaptabilité des différents typesd'universités et établissements professionnels dans quelquesbranches représentatives et la demande sur le marché du

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 163

travail, par le biais de l'analyse de la restructuration desobjectifs et des programmes, les méthodes de gestion de laformation et les relations entre les établissements deformation et les établissements de production...

Les changements du système d'éducation et de l'ensei­gnement supérieur et professionnel au niveau macro et auniveau micro sont en interaction et s'expriment de manièreconcrète dans l'emploi des diplômés de ces établissements.De ce fait, l'étude de l'emploi des diplômés est d'unegrande importance pour l'évaluation du niveau d'adaptationdu système d'enseignement supérieur et professionnel aumarché du travail, ainsi que pour l'étude des ajustementsnécessaires aux activités de formation de ces établissementset du système éducatif dans son ensemble.

La réforme du système éducatif en vue de son adaptationaux besoins du développement socio-économique et aumarché du travail nécessite la mise en place d'un systèmed'information sur le marché du travail, le renforcement del'orientation professionnelle et du conseil dans le choixprofessionnel, et le développement des services d'emploi ausein même du système d'enseignement supérieur etprofessionnel.

De manière directe ou indirecte, l'adaptation del'enseignement supérieur et professionnel au marché de lamain-d'œuvre qualifiée et au marché de la matière grisepasse, dans la réalité, par l'interaction entre l'offre et lademande de main-d'œuvre qualifiée, par la formation danschaque branche et dans les différents lieux, et peut êtreappréciée par des indicateurs quantitatifs (nombre depersonnes formées, nombre d'emplois créés) ou qualitatifstels que le niveau de qualification nécessaire et l'adéquationdans le temps de la structure de formation aux besoins réelsen main-d'œuvre qualifiée. En conséquence, les résultatsdes études sur le travail, l'emploi, l'utilisation et le chômage

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 163

travail, par le biais de l'analyse de la restructuration desobjectifs et des programmes, les méthodes de gestion de laformation et les relations entre les établissements deformation et les établissements de production...

Les changements du système d'éducation et de l'ensei­gnement supérieur et professionnel au niveau macro et auniveau micro sont en interaction et s'expriment de manièreconcrète dans l'emploi des diplômés de ces établissements.De ce fait, l'étude de l'emploi des diplômés est d'unegrande importance pour l'évaluation du niveau d'adaptationdu système d'enseignement supérieur et professionnel aumarché du travail, ainsi que pour l'étude des ajustementsnécessaires aux activités de formation de ces établissementset du système éducatif dans son ensemble.

La réforme du système éducatif en vue de son adaptationaux besoins du développement socio-économique et aumarché du travail nécessite la mise en place d'un systèmed'information sur le marché du travail, le renforcement del'orientation professionnelle et du conseil dans le choixprofessionnel, et le développement des services d'emploi ausein même du système d'enseignement supérieur etprofessionnel.

De manière directe ou indirecte, l'adaptation del'enseignement supérieur et professionnel au marché de lamain-d'œuvre qualifiée et au marché de la matière grisepasse, dans la réalité, par l'interaction entre l'offre et lademande de main-d'œuvre qualifiée, par la formation danschaque branche et dans les différents lieux, et peut êtreappréciée par des indicateurs quantitatifs (nombre depersonnes formées, nombre d'emplois créés) ou qualitatifstels que le niveau de qualification nécessaire et l'adéquationdans le temps de la structure de formation aux besoins réelsen main-d'œuvre qualifiée. En conséquence, les résultatsdes études sur le travail, l'emploi, l'utilisation et le chômage

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des travailleurs qualifiés sont stratégiques. La capacitéd'adaptation de la main-d'œuvre qualifiée se manifesteencore dans les résultats des études sur les besoins présentset futurs de reconversion et de perfectionnement.

L'adaptation de l'enseignement supérieur et profession­nel au marché du travail à différents niveaux peut êtreestimée par le biais de différentes évaluations qualitatives etquantitatives reposant sur des indicateurs concrets. Parallè­lement, la capacité d'adaptation doit être envisagée relative­ment à chaque période et chaque étape de développement del'économie et de la société.

L'emploi des étudiants diplômés des universitéset des écoles supérieures

L'enquête de 1999 menée auprès des étudiants diplômésdes 51 universités et écoles supérieures est la première enson genre. La plupart des établissements de l'échantillonappartiennent au secteur public, sont gérés au niveau central,et représentent les sept groupes de formation du systèmed'éducation-formation. Les étudiants diplômés des établisse­ments de l'échantillon représentent 36,7 % du total desdiplômés des établissements du pays. Au cours de cetteenquête, 20540 étudiants ont été interrogés.

Tableau 5Établissements de l'enquête menée en 1999 auprès des étudiants

diplômés

Propriété Niveau de gestion

du Total~ublique peuple

Central Local

Universités 43 1 43 1 44Écoles supérieures 50 1 50 1 51Total 7 - 7 - 7

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des travailleurs qualifiés sont stratégiques. La capacitéd'adaptation de la main-d'œuvre qualifiée se manifesteencore dans les résultats des études sur les besoins présentset futurs de reconversion et de perfectionnement.

L'adaptation de l'enseignement supérieur et profession­nel au marché du travail à différents niveaux peut êtreestimée par le biais de différentes évaluations qualitatives etquantitatives reposant sur des indicateurs concrets. Parallè­lement, la capacité d'adaptation doit être envisagée relative­ment à chaque période et chaque étape de développement del'économie et de la société.

L'emploi des étudiants diplômés des universitéset des écoles supérieures

L'enquête de 1999 menée auprès des étudiants diplômésdes 51 universités et écoles supérieures est la première enson genre. La plupart des établissements de l'échantillonappartiennent au secteur public, sont gérés au niveau central,et représentent les sept groupes de formation du systèmed'éducation-formation. Les étudiants diplômés des établisse­ments de l'échantillon représentent 36,7 % du total desdiplômés des établissements du pays. Au cours de cetteenquête, 20540 étudiants ont été interrogés.

Tableau 5Établissements de l'enquête menée en 1999 auprès des étudiants

diplômés

Propriété Niveau de gestion

du Total~ublique peuple

Central Local

Universités 43 1 43 1 44Écoles supérieures 50 1 50 1 51Total 7 - 7 - 7

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 165

Panni les 51 établissements enquêtés, deux sont desuniversités nationales et trois régionales. Les résultats del'enquête montrent que les étudiants ayant un emploi repré­sentent 72,5 % et les sans-emploi 27,5 % (dont 3,7 %suivent des études complémentaires).

Renforcer la capacité d'adaptation del'enseignement supérieur et professionnel

Améliorer le cadre légal et la gestion de la formation

Dans le passé, l'outil fondamental de la mise en œuvrede la politique éducative était la planification des activitéséducatives au niveau national et au niveau local par le biaisdes plans quinquennaux de développement économique etsocial et l'élaboration des stratégies de long tenne (10-20ans) établissant les objectifs prioritaires de développementde l'enseignement à chaque niveau, le financement publicde référence et d'autres indicateurs. Sur cette base, l'Étatétait en mesure de définir et de mettre en oeuvre desobjectifs de développement de l'éducation en cohérenceavec les programmes nationaux. La définition des objectifset la mise en oeuvre des programmes au niveau nationalconstituaient un outil fondamental de mise en oeuvre de lapolitique éducative au Viêt-nam.

Dans les années à venir vont se développer des program­mes d'extension et de généralisation du secondaire de base,de fonnation de ressources humaines hautement qualifiées,et de développement éducatif des régions en difficulté. Unedes grandes avancées dans la mise en oeuvre des politiqueséducatives est la réglementation des activités éducatives auniveau national et au niveau local en relation étroite avec lamise en place progressive d'un État de droit au Viêt-nam.

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 165

Panni les 51 établissements enquêtés, deux sont desuniversités nationales et trois régionales. Les résultats del'enquête montrent que les étudiants ayant un emploi repré­sentent 72,5 % et les sans-emploi 27,5 % (dont 3,7 %suivent des études complémentaires).

Renforcer la capacité d'adaptation del'enseignement supérieur et professionnel

Améliorer le cadre légal et la gestion de la formation

Dans le passé, l'outil fondamental de la mise en œuvrede la politique éducative était la planification des activitéséducatives au niveau national et au niveau local par le biaisdes plans quinquennaux de développement économique etsocial et l'élaboration des stratégies de long tenne (10-20ans) établissant les objectifs prioritaires de développementde l'enseignement à chaque niveau, le financement publicde référence et d'autres indicateurs. Sur cette base, l'Étatétait en mesure de définir et de mettre en oeuvre desobjectifs de développement de l'éducation en cohérenceavec les programmes nationaux. La définition des objectifset la mise en oeuvre des programmes au niveau nationalconstituaient un outil fondamental de mise en oeuvre de lapolitique éducative au Viêt-nam.

Dans les années à venir vont se développer des program­mes d'extension et de généralisation du secondaire de base,de fonnation de ressources humaines hautement qualifiées,et de développement éducatif des régions en difficulté. Unedes grandes avancées dans la mise en oeuvre des politiqueséducatives est la réglementation des activités éducatives auniveau national et au niveau local en relation étroite avec lamise en place progressive d'un État de droit au Viêt-nam.

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Les différents acquis de réflexion et d'orientation politiquesen matière d'éducation ont été intégrés dans la Constitutionde 1992 et la Loi sur l'Éducation de 1998. La promulgationde la Loi sur l'Éducation au Viêt-nam a consacré la mise enplace progressive d'un système législatif de l'éducationcorrespondant à la période actuelle de développement natio­nal dont les objectifs principaux sont l'industrialisation et lamodernisation.

Mettre en place d'un système d'information sur lemarché du travail au service de l'éducation

Des études récentes montrent que le système deformation de la main-d'œuvre qualifiée (secondaire spécia­lisé, formation professionnelle) commence à s'adapter àl'organisation du marché (développement des formations decourte durée, formation à la demande...). Ces changementsne sont cependant pas encore à la mesure des besoins quis'expriment sur le marché du travail, ni de la structure del'emploi. Ces dernières années, la réforme de l'éducationmenée pour répondre aux besoins du marché du travail àcourt, moyen et long terme s'est heurtée à des obstacles dontle plus important est l'absence d'un système d'informationsur le marché du travail permettant de générer lesindicateurs quantitatifs et de structure nécessaires à la miseen œuvre et au fonctionnement des activités de formationdes ressources humaines.

État actuel et besoins

Le système d'information sur le marché du travail joueun rôle important non seulement dans l'élaboration des

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Les différents acquis de réflexion et d'orientation politiquesen matière d'éducation ont été intégrés dans la Constitutionde 1992 et la Loi sur l'Éducation de 1998. La promulgationde la Loi sur l'Éducation au Viêt-nam a consacré la mise enplace progressive d'un système législatif de l'éducationcorrespondant à la période actuelle de développement natio­nal dont les objectifs principaux sont l'industrialisation et lamodernisation.

Mettre en place d'un système d'information sur lemarché du travail au service de l'éducation

Des études récentes montrent que le système deformation de la main-d'œuvre qualifiée (secondaire spécia­lisé, formation professionnelle) commence à s'adapter àl'organisation du marché (développement des formations decourte durée, formation à la demande...). Ces changementsne sont cependant pas encore à la mesure des besoins quis'expriment sur le marché du travail, ni de la structure del'emploi. Ces dernières années, la réforme de l'éducationmenée pour répondre aux besoins du marché du travail àcourt, moyen et long terme s'est heurtée à des obstacles dontle plus important est l'absence d'un système d'informationsur le marché du travail permettant de générer lesindicateurs quantitatifs et de structure nécessaires à la miseen œuvre et au fonctionnement des activités de formationdes ressources humaines.

État actuel et besoins

Le système d'information sur le marché du travail joueun rôle important non seulement dans l'élaboration des

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 167

politiques nationales d'emploi mais aussi dans l'élaborationet la mise en oeuvre des politiques de développement deressources humaines de qualité. Certains élémentsconstitutifs d'un tel système d'information ont cependant étémis en place et se sont développés au cours des dernièresannées. Il s'agit des recensements (à rythme décennal, ledernier datant de 1999), des annuaires de l'Office Généralde la Statistique sur le travail et l'éducation, des enquêtessur l'emploi (depuis 1994) conduites par le Ministère duTravail, Invalides et des Affaires Sociales (MOLISA) et desdonnées produites par différents services du MOLISA, desdocuments statistiques annuels des différents ministères telsque l'Agriculture, l'Éducation, des résultats d'enquêtes dedifférents projets et sujets d'études du ministère del'Éducation-formation menés par des chercheurs vietna­miens et étrangers, et d'informations sur les recrutementsdans les mass media (journaux, radio, TV).

Malgré l'existence de ces différentes sources d'informa­tion régulières ou ponctuelles, systématiques ou occasion­nelles, il manque encore au Viêt-nam un système unifiéd'information produisant les indicateurs nécessaires pourenregistrer les signaux du marché du travail afin de répondreaux besoins diversifiés de l'ensemble de la société, enparticulier l'administration publique du travail, celle del'éducation, les entreprises, les établissements de forma­tion... et les travailleurs à la recherche d'un emploi ou d'uncours de formation adéquat. Certains signaux importants dumarché du travail ne sont pas enregistrés ou actualisés,comme le nombre de chômeurs par âge, par genre, parmétier de formation, par secteur. .. , le volume de la demandede travail par métier, par niveau de formation exigé dans lesdifférents secteurs économiques ct dans les entreprises,actuellement et dans les prochaines années, ou l'emploi desétudiants diplômés... Autrement dit, l'information portant

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 167

politiques nationales d'emploi mais aussi dans l'élaborationet la mise en oeuvre des politiques de développement deressources humaines de qualité. Certains élémentsconstitutifs d'un tel système d'information ont cependant étémis en place et se sont développés au cours des dernièresannées. Il s'agit des recensements (à rythme décennal, ledernier datant de 1999), des annuaires de l'Office Généralde la Statistique sur le travail et l'éducation, des enquêtessur l'emploi (depuis 1994) conduites par le Ministère duTravail, Invalides et des Affaires Sociales (MOLISA) et desdonnées produites par différents services du MOLISA, desdocuments statistiques annuels des différents ministères telsque l'Agriculture, l'Éducation, des résultats d'enquêtes dedifférents projets et sujets d'études du ministère del'Éducation-formation menés par des chercheurs vietna­miens et étrangers, et d'informations sur les recrutementsdans les mass media (journaux, radio, TV).

Malgré l'existence de ces différentes sources d'informa­tion régulières ou ponctuelles, systématiques ou occasion­nelles, il manque encore au Viêt-nam un système unifiéd'information produisant les indicateurs nécessaires pourenregistrer les signaux du marché du travail afin de répondreaux besoins diversifiés de l'ensemble de la société, enparticulier l'administration publique du travail, celle del'éducation, les entreprises, les établissements de forma­tion... et les travailleurs à la recherche d'un emploi ou d'uncours de formation adéquat. Certains signaux importants dumarché du travail ne sont pas enregistrés ou actualisés,comme le nombre de chômeurs par âge, par genre, parmétier de formation, par secteur. .. , le volume de la demandede travail par métier, par niveau de formation exigé dans lesdifférents secteurs économiques ct dans les entreprises,actuellement et dans les prochaines années, ou l'emploi desétudiants diplômés... Autrement dit, l'information portant

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168 TRÂN KHANH DUC

sur les relations concrètes entre l'offre et la demande, lavaleur et le coût de la main-d'œuvre, et la concurrence sur lemarché du travail, ne peuvent pas être recueillie par lescanaux actuels, et a fortiori actualisée et intégrée dans unsystème d'information sur le marché du travail régional etmondial prenant en compte les impératifs d'exportation etde coopération avec les pays étrangers dans le domaine dutravail.

Les principales explications de cette situation sont lessuivantes : absence d'une institution nationale ayant desfonctions, tâches et attributions de collecte, traitement etdiffusion de l'information sur le marché du travail en vue derépondre aux divers besoins; absence d'un système unifiéd'indicateurs nationaux servant à alimenter des bases dedonnées permettant à chaque ministère de disposerd'informations pour gérer le travail ou l'éducation. De plus,la collecte d'information sur le marché du travail n'a pasencore suscité un intérêt suffisant pour rassembler lesmoyens financiers et les compétences que justifieraient sonimportance et sa complexité, et l'insuffisance des sourcesd'information sur le marché du travail entrave considérable­ment le processus de restructuration des ressources humai­nes en réponse aux besoins multiformes du marché dutravail en termes de structure professionnelle et de niveau dequalification et devient de ce fait une question de grandeimportance dans la stratégie du développement éducatif auViêt-nam.

Structure et fonctionnement

Le système éducatif, à travers ses différentes filières etniveaux de formation, en particulier l'enseignement supé­rieur et l'enseignement spécialisé, constitue la source princi-

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sur les relations concrètes entre l'offre et la demande, lavaleur et le coût de la main-d'œuvre, et la concurrence sur lemarché du travail, ne peuvent pas être recueillie par lescanaux actuels, et a fortiori actualisée et intégrée dans unsystème d'information sur le marché du travail régional etmondial prenant en compte les impératifs d'exportation etde coopération avec les pays étrangers dans le domaine dutravail.

Les principales explications de cette situation sont lessuivantes : absence d'une institution nationale ayant desfonctions, tâches et attributions de collecte, traitement etdiffusion de l'information sur le marché du travail en vue derépondre aux divers besoins; absence d'un système unifiéd'indicateurs nationaux servant à alimenter des bases dedonnées permettant à chaque ministère de disposerd'informations pour gérer le travail ou l'éducation. De plus,la collecte d'information sur le marché du travail n'a pasencore suscité un intérêt suffisant pour rassembler lesmoyens financiers et les compétences que justifieraient sonimportance et sa complexité, et l'insuffisance des sourcesd'information sur le marché du travail entrave considérable­ment le processus de restructuration des ressources humai­nes en réponse aux besoins multiformes du marché dutravail en termes de structure professionnelle et de niveau dequalification et devient de ce fait une question de grandeimportance dans la stratégie du développement éducatif auViêt-nam.

Structure et fonctionnement

Le système éducatif, à travers ses différentes filières etniveaux de formation, en particulier l'enseignement supé­rieur et l'enseignement spécialisé, constitue la source princi-

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 169

pale de main-d'œuvre technique qualifiée pour lesentreprises et les organisations de l'ensemble du pays. Pourpiloter les divers types de formation de courte ou de longuedurée, le système d'enseignement supérieur et professionneldoit disposer d'informations sur la demande de main­d'œuvre qualifiée à chaque étape de développement Cesinformations sont nécessaires à l'élaboration des plans et àl'identification de la structure professionnelle aussi bienqu'à la définition des objectifs et des programmes. L'adap­tation des formes, des objectifs et des programmes desformations de courte durée, dynamiques, aux besoins demain-d'œuvre ne présente pas autant de difficultés que celledes formations de longue durée (1-3 ans). L'adaptation desformations de longue durée aux changements de la demandede travail requiert du temps et des ressources (enseignants,équipement de formation ...), et de ce fait, des informationset des projections fiables sur la demande par profession, parniveau de qualification à l'échelle nationale, par secteur etpar région.

Le mécanisme d'attribution d'emploi aux diplômés aprèsleurs études a été aboli, mais des informations permettantune orientation professionnelle et un conseil en matièred'emploi adaptés aux jeunes diplômés sont nécessaires pouraméliorer l'efficacité et la qualité de la formation dispenséepar les différents établissements. En d'autres termes, lesystème éducatif en général et les établissements supérieurset spécialisés en particulier, doivent contribuer à aider demanière active leurs élèves à réussir leur entrée sur lemarché du travail. Ces dernières années, les établissementssupérieurs et spécialisés ont développé au bénéfice de leursactivités de formation plusieurs approches du marché dutravail telles que le renforcement des relations avec lesentreprises de production et de services, l'organisation deconférences avec les employeurs afin d'identifier leurs

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 169

pale de main-d'œuvre technique qualifiée pour lesentreprises et les organisations de l'ensemble du pays. Pourpiloter les divers types de formation de courte ou de longuedurée, le système d'enseignement supérieur et professionneldoit disposer d'informations sur la demande de main­d'œuvre qualifiée à chaque étape de développement Cesinformations sont nécessaires à l'élaboration des plans et àl'identification de la structure professionnelle aussi bienqu'à la définition des objectifs et des programmes. L'adap­tation des formes, des objectifs et des programmes desformations de courte durée, dynamiques, aux besoins demain-d'œuvre ne présente pas autant de difficultés que celledes formations de longue durée (1-3 ans). L'adaptation desformations de longue durée aux changements de la demandede travail requiert du temps et des ressources (enseignants,équipement de formation ...), et de ce fait, des informationset des projections fiables sur la demande par profession, parniveau de qualification à l'échelle nationale, par secteur etpar région.

Le mécanisme d'attribution d'emploi aux diplômés aprèsleurs études a été aboli, mais des informations permettantune orientation professionnelle et un conseil en matièred'emploi adaptés aux jeunes diplômés sont nécessaires pouraméliorer l'efficacité et la qualité de la formation dispenséepar les différents établissements. En d'autres termes, lesystème éducatif en général et les établissements supérieurset spécialisés en particulier, doivent contribuer à aider demanière active leurs élèves à réussir leur entrée sur lemarché du travail. Ces dernières années, les établissementssupérieurs et spécialisés ont développé au bénéfice de leursactivités de formation plusieurs approches du marché dutravail telles que le renforcement des relations avec lesentreprises de production et de services, l'organisation deconférences avec les employeurs afin d'identifier leurs

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170 TRÂN KHANH DUC

besoins et leurs critiques sur les "produits de la formation"des établissements, le suivi de l'information sur le recrute­ment de la main-d'œuvre par le biais des mass média, ledéveloppement de formations à la demande ou de forma­tions sur contrat. Cependant, ces activités semblent avoir uncaractère spontané, propre à chaque établissement et àchaque niveau de formation, et manquent de coordination. Iln'y a aucun échange permanent d'information entre lesinstitutions de formation et les entreprises, et entre lesdifférents organismes de gestion de l'éducation et du travail,et entre les établissements de formation et le marché dutravail. L'efficacité du recueil et du traitement desinformations sur le marché du travail reste donc limitée. Lagestion, la planification des activités de formation, etl'organisation de la formation dans les établissementssouffrent d'un manque d'orientation globale reposant sur lessignaux émis par le marché du travail lors des changementsrapides des besoins en main-d'œuvre technique qualifiée.

Pour la mise en place progressive et le développementd'un système d'information sur le marché du travail auservice du développement de l'éducation, il est nécessairede mettre en place, en parallèle avec une batterie d'indica­teurs nationaux communs sur le marché du travail tels quedes données sur la population, la population active, lechômage, l'emploi, la distribution du travail par industrie,par secteur économique... , un système reposant sur lesindicateurs suivants : informations annuelles sur l'emploides diplômés des établissements spécialisés par structureprofessionnelle et niveau de formation des différentssecteurs et localités.

Pour répondre aux exigences de mise en place et dedéveloppement d'un système d'information sur le marchédu travail au service du développement de l'éducation, il esttemps que le ministère de l'Éducation-formation crée un

170 TRÂN KHANH DUC

besoins et leurs critiques sur les "produits de la formation"des établissements, le suivi de l'information sur le recrute­ment de la main-d'œuvre par le biais des mass média, ledéveloppement de formations à la demande ou de forma­tions sur contrat. Cependant, ces activités semblent avoir uncaractère spontané, propre à chaque établissement et àchaque niveau de formation, et manquent de coordination. Iln'y a aucun échange permanent d'information entre lesinstitutions de formation et les entreprises, et entre lesdifférents organismes de gestion de l'éducation et du travail,et entre les établissements de formation et le marché dutravail. L'efficacité du recueil et du traitement desinformations sur le marché du travail reste donc limitée. Lagestion, la planification des activités de formation, etl'organisation de la formation dans les établissementssouffrent d'un manque d'orientation globale reposant sur lessignaux émis par le marché du travail lors des changementsrapides des besoins en main-d'œuvre technique qualifiée.

Pour la mise en place progressive et le développementd'un système d'information sur le marché du travail auservice du développement de l'éducation, il est nécessairede mettre en place, en parallèle avec une batterie d'indica­teurs nationaux communs sur le marché du travail tels quedes données sur la population, la population active, lechômage, l'emploi, la distribution du travail par industrie,par secteur économique... , un système reposant sur lesindicateurs suivants : informations annuelles sur l'emploides diplômés des établissements spécialisés par structureprofessionnelle et niveau de formation des différentssecteurs et localités.

Pour répondre aux exigences de mise en place et dedéveloppement d'un système d'information sur le marchédu travail au service du développement de l'éducation, il esttemps que le ministère de l'Éducation-formation crée un

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 171

organisme spécialisé responsable de cette question (qui peutêtre constitué dans le cadre du Centre d'information actuelde ce ministère). Un tel organisme pourrait non seulementfournir des informations et des données statistiques sur lesystème éducatif mais encore servir d'organisme de collecteet de traitement des informations nécessaires sur le marchédu travail au niveau national, avec son réseau composé desdépartements provinciaux et des établissements du ministèredans l'ensemble du pays. La mise en place un systèmed'information actualisée sur le marché du travail à caractèresystématique, traitée de manière permanente, basée sur desindicateurs unifiés et fiables est l'une des conditions pourl'amélioration de la capacité d'adaptation du système deformation au marché du travail au Viêt-nam.

Niveaux d'évaluation de la capacité d'adaptation dusystème d'enseignement supérieur et professionnel aumarché du travail

L'évaluation de la capacité d'adaptation de l'enseigne­ment supérieur et professionnel suit globalement les niveauxsuivants:

• Très haut : le système d'enseignement supeneur etprofessionnel répond à temps et totalement à tous lesbesoins en main-d'œuvre du marché du travail en termesde quantité, de structure professionnelle et de niveau deformation, le système éducatif lui-même étant trèsintégré dans les mécanismes de marché.

• Haut le système d'enseignement supérieur etprofessionnel répond aux besoins en main-d'œuvre dumarché du travail et le facteur « marché» exerce une

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 171

organisme spécialisé responsable de cette question (qui peutêtre constitué dans le cadre du Centre d'information actuelde ce ministère). Un tel organisme pourrait non seulementfournir des informations et des données statistiques sur lesystème éducatif mais encore servir d'organisme de collecteet de traitement des informations nécessaires sur le marchédu travail au niveau national, avec son réseau composé desdépartements provinciaux et des établissements du ministèredans l'ensemble du pays. La mise en place un systèmed'information actualisée sur le marché du travail à caractèresystématique, traitée de manière permanente, basée sur desindicateurs unifiés et fiables est l'une des conditions pourl'amélioration de la capacité d'adaptation du système deformation au marché du travail au Viêt-nam.

Niveaux d'évaluation de la capacité d'adaptation dusystème d'enseignement supérieur et professionnel aumarché du travail

L'évaluation de la capacité d'adaptation de l'enseigne­ment supérieur et professionnel suit globalement les niveauxsuivants:

• Très haut : le système d'enseignement supeneur etprofessionnel répond à temps et totalement à tous lesbesoins en main-d'œuvre du marché du travail en termesde quantité, de structure professionnelle et de niveau deformation, le système éducatif lui-même étant trèsintégré dans les mécanismes de marché.

• Haut le système d'enseignement supérieur etprofessionnel répond aux besoins en main-d'œuvre dumarché du travail et le facteur « marché» exerce une

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172 TRÂN KHANH DUC

influence considérable sur le processus d'organisationdes activités du système de formation.

• Moyen : le système d'enseignement supérieur etprofessionnel ne peut répondre qu'à certains besoins enmain-d'œuvre du marché du travail (dans certains typesde formation ou dans certaines zones du marché dutravail). Le facteur «marché» n'exerce qu'une faibleinfluence sur le processus d'organisation des activités dusystème.

• Bas: le système ne répond pas aux besoins en main­d'œuvre du marché du travail, ni en termes de quantiténi en termes de structure professionnelle ou de niveaude formation, et le facteur "marché" n'apparaît pas dansle processus d'organisation des activités du système.

• Très bas : le système d'enseignement supérieur etprofessionnel n'a pas la capacité de répondre auxbesoins en main-d'œuvre du marché du travail. Lefacteur "marché" n'est pas pris en considération ou ne semanifeste pas dans le processus de développement dusystème de formation.

D'après une étude menée par le ministère sur le niveaud'adaptation de chaque secteur du système d'enseignementsupérieur et professionnel au marché du travail, cettecapacité d'adaptation se situe actuellement au niveau«moyen ».

Conclusion

Le Viêt-nam est dans une période de tranSItIon d'uneéconomie centralisée vers une économie de marché multi­sectorielle, orientée vers le socialisme sous la gestion del'État. Les caractéristiques et les règles du marché (offre-

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influence considérable sur le processus d'organisationdes activités du système de formation.

• Moyen : le système d'enseignement supérieur etprofessionnel ne peut répondre qu'à certains besoins enmain-d'œuvre du marché du travail (dans certains typesde formation ou dans certaines zones du marché dutravail). Le facteur «marché» n'exerce qu'une faibleinfluence sur le processus d'organisation des activités dusystème.

• Bas: le système ne répond pas aux besoins en main­d'œuvre du marché du travail, ni en termes de quantiténi en termes de structure professionnelle ou de niveaude formation, et le facteur "marché" n'apparaît pas dansle processus d'organisation des activités du système.

• Très bas : le système d'enseignement supérieur etprofessionnel n'a pas la capacité de répondre auxbesoins en main-d'œuvre du marché du travail. Lefacteur "marché" n'est pas pris en considération ou ne semanifeste pas dans le processus de développement dusystème de formation.

D'après une étude menée par le ministère sur le niveaud'adaptation de chaque secteur du système d'enseignementsupérieur et professionnel au marché du travail, cettecapacité d'adaptation se situe actuellement au niveau«moyen ».

Conclusion

Le Viêt-nam est dans une période de tranSItIon d'uneéconomie centralisée vers une économie de marché multi­sectorielle, orientée vers le socialisme sous la gestion del'État. Les caractéristiques et les règles du marché (offre-

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ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 173

demande, valeur, concurrence...) exercent une forte influen­ce sur tous les domaines de la vie de la société, et enparticulier sur l'enseignement supérieur et professionnel.Avec le processus de mise en place de l'économie demarché, des marchés tels que le marché des capitaux, lemarché des matières premières, le marché monétaire, lemarché du travail, etc. ont fait leur apparition, mais ils sontencore embryonnaires et mal articulés. Le marché du travailn'est pas encore sous la gestion de l'État (par le biais d'unsystème législatif...) et il reste sous l'influence d'anciensmécanismes comme le système salarial des fonctionnairesd'État et de plusieurs éléments imprévisibles qui conduisentà des irrationalités et à des difficultés de fonctionnement.

Si le système d'enseignement supérieur et professionnel aconnu beaucoup de changements positifs, il ne peut cepen­dant répondre à tous les besoins en main-d'œuvre del'économie de marché, et une grande partie des travailleursformés n'est pas encore employée. Certains emploisqualifiés ne sont pas pourvus de manière satisfaisante, enparticulier dans les joint-ventures et les zones franches, dansles zones lointaines et reculées, et à l'exportation. Parailleurs, les formations dispensées ne répondent pas toujoursaux besoins et l'on enregistre un manque de travailleurshautement qualifiés, de gestionnaires et d'hommesd'affaires de haut niveau. Enfin, les mécanismes du marchéne sont pas encore pris en compte dans le processus deplanification de la formation.

L'attention doit se porter sur les besoins en main­d'œuvre de différents segments des marchés du travaildomestiques et étrangers. C'est d'une importance particu­lière pour le Viêt-nam, pays abondant en ressourceshumaines mais encore en retard dans son développement, etaccusant un taux de chômage élevé. Le Viêt-nam ne disposeencore ni d'un système d'enquêtes statistiques annuelles sur

ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET MARCHÉ DU TRAVAIL 173

demande, valeur, concurrence...) exercent une forte influen­ce sur tous les domaines de la vie de la société, et enparticulier sur l'enseignement supérieur et professionnel.Avec le processus de mise en place de l'économie demarché, des marchés tels que le marché des capitaux, lemarché des matières premières, le marché monétaire, lemarché du travail, etc. ont fait leur apparition, mais ils sontencore embryonnaires et mal articulés. Le marché du travailn'est pas encore sous la gestion de l'État (par le biais d'unsystème législatif...) et il reste sous l'influence d'anciensmécanismes comme le système salarial des fonctionnairesd'État et de plusieurs éléments imprévisibles qui conduisentà des irrationalités et à des difficultés de fonctionnement.

Si le système d'enseignement supérieur et professionnel aconnu beaucoup de changements positifs, il ne peut cepen­dant répondre à tous les besoins en main-d'œuvre del'économie de marché, et une grande partie des travailleursformés n'est pas encore employée. Certains emploisqualifiés ne sont pas pourvus de manière satisfaisante, enparticulier dans les joint-ventures et les zones franches, dansles zones lointaines et reculées, et à l'exportation. Parailleurs, les formations dispensées ne répondent pas toujoursaux besoins et l'on enregistre un manque de travailleurshautement qualifiés, de gestionnaires et d'hommesd'affaires de haut niveau. Enfin, les mécanismes du marchéne sont pas encore pris en compte dans le processus deplanification de la formation.

L'attention doit se porter sur les besoins en main­d'œuvre de différents segments des marchés du travaildomestiques et étrangers. C'est d'une importance particu­lière pour le Viêt-nam, pays abondant en ressourceshumaines mais encore en retard dans son développement, etaccusant un taux de chômage élevé. Le Viêt-nam ne disposeencore ni d'un système d'enquêtes statistiques annuelles sur

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174 TRÂN KHANH DUC

l'emploi des diplômés des établissements supeneurs etprofessionnels dans l'ensemble du pays, ni d'un système decollecte et d'évaluation des informations sur les besoins demain-d'œuvre. La mise en place d'un projet national surcette question est urgente.

Bibliographie

BÔ GrAo D{)C-DÀO T~o [1998], Dé tài nghiên CUu cùa BQ s6B96-52-03, Dap (mg ngành gÙlO dlf-c cao dJng và chuyênmôn nhu cau cua thi trttimg lao d9ng, Hà N(>i. (MOET,Sujet d'études ministériel B96-52-03, Adaptation del'enseignement supérieur et spécialisé au marché dutravail au Viêt-nam, Hanoi.)

Bô GrAo D{)C-DÀO T~o [2000], DI! an m<;1ng lu6i d~i h<;>c/caodâng, 1/2000 (Dl! thao), Hà N(>i. (MOET, Projet du réseaudes universités/écoles supérieures).

BÔ GIAo D{)C-DÀO T~o, TRUNG TÂM THÔNG TIN QUÀN LY GIAoDl)C [1999], Sô' li~u giao dlf-c - 000 tc;o aViçt Nam, HàN(>i. (MOET, Centre d'Information sur la gestion del'éducation, Données sur l'éducation-formation au Viêt­nam, Hanoi.)

BÔ GrAo D{)C-DÀO T~O, TRUNG TÂM THÔNG TIN QUAN LY GIAoD{)C [2000], Kêt qua diê'u tra vé' th'!c tr(}ng vi~c làm cacsinh viên co bâng Dc;i hf/clmo dJng, nam 1999, Hà N(>i.(MOET, Centre d'Information sur la gestion del'éducation, Résultats d'enquête sur l'emploi des étudiantsdiplômés des universités/écoles supérieures en 1999,Hanoi.)

GÙlO d,!c và Dào t(}o aVi~t Nam [2000], Nhà xuât bân giaodl;lC, Hà N(>i. (Éducation et formation au Vietnam, Hanoi,Maison d'Éditions de l'Éducation)

174 TRÂN KHANH DUC

l'emploi des diplômés des établissements supeneurs etprofessionnels dans l'ensemble du pays, ni d'un système decollecte et d'évaluation des informations sur les besoins demain-d'œuvre. La mise en place d'un projet national surcette question est urgente.

Bibliographie

BÔ GrAo D{)C-DÀO T~o [1998], Dé tài nghiên CUu cùa BQ s6B96-52-03, Dap (mg ngành gÙlO dlf-c cao dJng và chuyênmôn nhu cau cua thi trttimg lao d9ng, Hà N(>i. (MOET,Sujet d'études ministériel B96-52-03, Adaptation del'enseignement supérieur et spécialisé au marché dutravail au Viêt-nam, Hanoi.)

Bô GrAo D{)C-DÀO T~o [2000], DI! an m<;1ng lu6i d~i h<;>c/caodâng, 1/2000 (Dl! thao), Hà N(>i. (MOET, Projet du réseaudes universités/écoles supérieures).

BÔ GIAo D{)C-DÀO T~o, TRUNG TÂM THÔNG TIN QUÀN LY GIAoDl)C [1999], Sô' li~u giao dlf-c - 000 tc;o aViçt Nam, HàN(>i. (MOET, Centre d'Information sur la gestion del'éducation, Données sur l'éducation-formation au Viêt­nam, Hanoi.)

BÔ GrAo D{)C-DÀO T~O, TRUNG TÂM THÔNG TIN QUAN LY GIAoD{)C [2000], Kêt qua diê'u tra vé' th'!c tr(}ng vi~c làm cacsinh viên co bâng Dc;i hf/clmo dJng, nam 1999, Hà N(>i.(MOET, Centre d'Information sur la gestion del'éducation, Résultats d'enquête sur l'emploi des étudiantsdiplômés des universités/écoles supérieures en 1999,Hanoi.)

GÙlO d,!c và Dào t(}o aVi~t Nam [2000], Nhà xuât bân giaodl;lC, Hà N(>i. (Éducation et formation au Vietnam, Hanoi,Maison d'Éditions de l'Éducation)

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7

Travail, emploi et développementindustriel dans les années 90

Vo Dai Luoc

L'économie du Viêt-nam est encore très en retard. Elle aété gravement endommagée par une guerre destructrice quis'est prolongée pendant plusieurs décennies. À la fin desannée 1980, le pays a traversé une période de crise avec unefaible croissance accompagnée d'un taux d'inflation impor­tant et d'une croissance démographique considérable. De cefait, le travail et l'emploi sont devenus des problèmesurgents. Dans les années 1990, la croissance économique aconnu un rythme plus élevé. Le taux de croissance indus­trielle, en particulier, s'est amélioré, la demande de travails'est accrue et la pression sur l'emploi a diminué, mais lasituation reste délicate, notamment depuis 1997. Ce texteprésente et analyse les relations entre le développementindustriel, le travail et l'emploi au Viêt-nam au cours desannées 1990.

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Travail, emploi et développementindustriel dans les années 90

Vo Dai Luoc

L'économie du Viêt-nam est encore très en retard. Elle aété gravement endommagée par une guerre destructrice quis'est prolongée pendant plusieurs décennies. À la fin desannée 1980, le pays a traversé une période de crise avec unefaible croissance accompagnée d'un taux d'inflation impor­tant et d'une croissance démographique considérable. De cefait, le travail et l'emploi sont devenus des problèmesurgents. Dans les années 1990, la croissance économique aconnu un rythme plus élevé. Le taux de croissance indus­trielle, en particulier, s'est amélioré, la demande de travails'est accrue et la pression sur l'emploi a diminué, mais lasituation reste délicate, notamment depuis 1997. Ce texteprésente et analyse les relations entre le développementindustriel, le travail et l'emploi au Viêt-nam au cours desannées 1990.

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176 VODAILUOC

Taux de croissance industrielle, travail et emploi

De 1991 à 1999, le taux de croissance industrielle auViêt-nam s'est maintenu à un rythme élevé (tableau 1).

Tableau 1Croissance démographique et croissance industrielle 1990-1999

AnnéesTaux de croissance Taux de croissance

de la population industrielle

1990 2,2 0,11991 2,3 10,41992 2,4 17,11993 2,3 12,61994 2,1 13,71995 2 13,91996 1,9 14,51997 1,8 13,81998 1,7 12,51999 1,7 10,4

Source: Office Général de la Statistique

Le taux de croissance du produit industriel pour la dé­cennie 1991-1999 est estimé à 13 % en moyenne annuelleavec 13,5 % annuels pour la période 1991-1995 et 12 %annuels pour la période 1996-2000. Ce taux de croissance adépassé celui de l'agriculture (4-5 %/an) et celui desservices (7-8 %/an). Parallèlement à un accroissementimportant de la production industrielle, la croissancedémographique s'est fortement ralentie. Le taux decroissance de la population est en effet pasé de 2,4 % en1992 à 1,8 % en 1999. La combinaison de ces deuxtendances est l'un des facteurs qui ont contribué à maintenirle taux de croissance du PIB à un niveau élevé, de 8,5 % enmoyenne annuelle pour la période de 1990-1997. Pendantcette période, entre 1,2 et 1,3 millions de nouveaux emplois

176 VODAILUOC

Taux de croissance industrielle, travail et emploi

De 1991 à 1999, le taux de croissance industrielle auViêt-nam s'est maintenu à un rythme élevé (tableau 1).

Tableau 1Croissance démographique et croissance industrielle 1990-1999

AnnéesTaux de croissance Taux de croissance

de la population industrielle

1990 2,2 0,11991 2,3 10,41992 2,4 17,11993 2,3 12,61994 2,1 13,71995 2 13,91996 1,9 14,51997 1,8 13,81998 1,7 12,51999 1,7 10,4

Source: Office Général de la Statistique

Le taux de croissance du produit industriel pour la dé­cennie 1991-1999 est estimé à 13 % en moyenne annuelleavec 13,5 % annuels pour la période 1991-1995 et 12 %annuels pour la période 1996-2000. Ce taux de croissance adépassé celui de l'agriculture (4-5 %/an) et celui desservices (7-8 %/an). Parallèlement à un accroissementimportant de la production industrielle, la croissancedémographique s'est fortement ralentie. Le taux decroissance de la population est en effet pasé de 2,4 % en1992 à 1,8 % en 1999. La combinaison de ces deuxtendances est l'un des facteurs qui ont contribué à maintenirle taux de croissance du PIB à un niveau élevé, de 8,5 % enmoyenne annuelle pour la période de 1990-1997. Pendantcette période, entre 1,2 et 1,3 millions de nouveaux emplois

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EMPLOI ET INDUSTRIE 177

ont été crées en moyenne chaque année. En conséquence, letaux de chômage a baissé.

Depuis 1997 cependant, la baisse du taux de croissanceindustrielle et le déclin parallèle du commerce et del'investissement ont conduit à un ralentissement de la crois­sance du PIB et à une nouvelle augmentation du taux dechômage. Le taux de chômage de la population active enmilieu urbain est passé de 5,9 % en 1996 à 6,1 % en 1997,6,9 % en 1998 et 7,4 % en 1999 [GSO, 2000: 10].

La hausse du chômage et le ralentissement de la crois­sance industrielle sont aujourd'hui des problèmes dont letraitement présente un caractère d'urgence. Les chiffres quiviennent d'être évoqués appellent quelques remarques.

Pour réduire le taux de chômage, il faut que le taux decroissance industrielle soit toujours supérieur à 13 % l'an.Le tableau 2 montre en effet que de 1992 à 1997, grâce à untaux de croissance industrielle supérieur à 13 %, le taux dechômage a baissé. Or depuis 1998, le taux de croissance in­dustrielle s'est réduit progressivement, passant en dessousde la barre des 13 %, conduisant à une hausse du taux dechômage.

Il n'est pas réaliste d'envisager de maintenir un taux decroissance industrielle supérieur à 13 % sur le long termesans une politique industrielle et commerciale adéquate.C'est ce que montre l'exemple de la Chine, qui a réussi àmaintenir un taux de croissance industriel de 14 % sur lapériode 1978-1998, soit pendant vingt ans, certainesprovinces côtières chinoises, dont la population est équiva­lente à celle du Viêt-nam, attaignant des taux de l'ordre de16-18 %.

Au Viêt-nam, les taux de croissance relativement élevésqu'ont connu ces dix dernières années l'industrie et le bâti­ment n'ont pas modifié la structure sectorielle de l'emploi.Alors que le taux de croissance industrielle pendant cette

EMPLOI ET INDUSTRIE 177

ont été crées en moyenne chaque année. En conséquence, letaux de chômage a baissé.

Depuis 1997 cependant, la baisse du taux de croissanceindustrielle et le déclin parallèle du commerce et del'investissement ont conduit à un ralentissement de la crois­sance du PIB et à une nouvelle augmentation du taux dechômage. Le taux de chômage de la population active enmilieu urbain est passé de 5,9 % en 1996 à 6,1 % en 1997,6,9 % en 1998 et 7,4 % en 1999 [GSO, 2000: 10].

La hausse du chômage et le ralentissement de la crois­sance industrielle sont aujourd'hui des problèmes dont letraitement présente un caractère d'urgence. Les chiffres quiviennent d'être évoqués appellent quelques remarques.

Pour réduire le taux de chômage, il faut que le taux decroissance industrielle soit toujours supérieur à 13 % l'an.Le tableau 2 montre en effet que de 1992 à 1997, grâce à untaux de croissance industrielle supérieur à 13 %, le taux dechômage a baissé. Or depuis 1998, le taux de croissance in­dustrielle s'est réduit progressivement, passant en dessousde la barre des 13 %, conduisant à une hausse du taux dechômage.

Il n'est pas réaliste d'envisager de maintenir un taux decroissance industrielle supérieur à 13 % sur le long termesans une politique industrielle et commerciale adéquate.C'est ce que montre l'exemple de la Chine, qui a réussi àmaintenir un taux de croissance industriel de 14 % sur lapériode 1978-1998, soit pendant vingt ans, certainesprovinces côtières chinoises, dont la population est équiva­lente à celle du Viêt-nam, attaignant des taux de l'ordre de16-18 %.

Au Viêt-nam, les taux de croissance relativement élevésqu'ont connu ces dix dernières années l'industrie et le bâti­ment n'ont pas modifié la structure sectorielle de l'emploi.Alors que le taux de croissance industrielle pendant cette

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178 VO DAI LUOC

période était relativement élevé, et dépassait celui des servi­ces et de l'agriculture, on aurait pu s'attendre à uneaugmentation de la main-d'œuvre industrielle. Le tableau 2montre cependant que la part de la main-d'œuvre indus­trielle dans l'emploi total a décliné de manière continue aucours de la dernière décennie, passant de 13,9 % en 1991 à12,9 % en 1999, cette baisse étant toutefois relative.L'explication de ce phénomène tient à la fois au fait lessecteurs qui ont connu la croissance la plus forte sont ceuxdont l'intensité en travail est la plus faible, et à ce que denombreuses entreprises ont réduit leurs effectifs dans le ca­dre du processus de rénovation.

Tableau 2Structure de la main-d'œuvre par secteur économique (%)

AnnéesMain-d'œuvre Agriculture Industrie Services

(000) (%) (0/0) (%)

1991 30794 72,6 13,9 13,51992 31 819 72,9 13,4 13,71993 32716 73,0 13,3 13,71994 33664 70,0 13,2 16,81995 34589 69,7 13,2 17,31996 35792 69,2 12,5 18,21997 36994 68,7 12,5 18,71998 38194 68,2 12,7 19,01999 39394 66,7 12,9 19,3

Source: Office Général de la Statistique

La baisse du taux de croissance démographique de 2,3 %en 1991 à 1,7 % en 1999 représente une performance im­portante qui contribue au développement industriel. Il restecependant trop élevé. L'histoire du siècle passé a montréqu'aucun pays industrialisé n'a connu un taux de croissancedémographique dépassant 1,1 %. La raison en est simple:chaque point d'accroissement de la population contribue à

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période était relativement élevé, et dépassait celui des servi­ces et de l'agriculture, on aurait pu s'attendre à uneaugmentation de la main-d'œuvre industrielle. Le tableau 2montre cependant que la part de la main-d'œuvre indus­trielle dans l'emploi total a décliné de manière continue aucours de la dernière décennie, passant de 13,9 % en 1991 à12,9 % en 1999, cette baisse étant toutefois relative.L'explication de ce phénomène tient à la fois au fait lessecteurs qui ont connu la croissance la plus forte sont ceuxdont l'intensité en travail est la plus faible, et à ce que denombreuses entreprises ont réduit leurs effectifs dans le ca­dre du processus de rénovation.

Tableau 2Structure de la main-d'œuvre par secteur économique (%)

AnnéesMain-d'œuvre Agriculture Industrie Services

(000) (%) (0/0) (%)

1991 30794 72,6 13,9 13,51992 31 819 72,9 13,4 13,71993 32716 73,0 13,3 13,71994 33664 70,0 13,2 16,81995 34589 69,7 13,2 17,31996 35792 69,2 12,5 18,21997 36994 68,7 12,5 18,71998 38194 68,2 12,7 19,01999 39394 66,7 12,9 19,3

Source: Office Général de la Statistique

La baisse du taux de croissance démographique de 2,3 %en 1991 à 1,7 % en 1999 représente une performance im­portante qui contribue au développement industriel. Il restecependant trop élevé. L'histoire du siècle passé a montréqu'aucun pays industrialisé n'a connu un taux de croissancedémographique dépassant 1,1 %. La raison en est simple:chaque point d'accroissement de la population contribue à

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EMPLOI ET INDUSTRIE 179

déduire de quelques trois pour cent le rythme de la crois­sance économique. La réduction du taux de croissancedémographique reste l'une des tâches importantes desannées à venir.

Emploi et développement de l'industrie dans lesecteur d'État

En 1999, le secteur d'État représentait environ 43 % duproduit industriel. Si l'on ajoute le produit des co­entreprises entre l'État et l'étranger, ce pourcentage dépasse77 %. Le secteur non-étatique domestique ne représentedonc que 23 % du produit industriel.

Cependant, l'industrie du secteur d'État absorbe peu detravailleurs et ne crée pas de nouveaux emplois. On évalueles travailleurs surnuméraires sans emploi des entreprisesd'État à environ 6 % de l'ensemble des travailleurs de cesentreprises l

. Le nombre de travailleurs dont ces entreprisesdevront se séparer dans le cadre du processus d'actionna­risation et de restructuration des entreprises d'État d'ici àl'an 2003 est estimé à 400000. Le développement des en­treprises d'État d'ici à l'an 2003, en particulier dansl'industrie, permettra donc difficilement de créer de nou­veaux emplois.

De 1991 à 1995, le secteur industriel d'État a connu untaux de croissance annuel stable et élevé, supérieur à 14 %.Mais loin d'augmenter, le nombre de travailleurs employéspar ce secteur a baissé. La plus grande partie del'investissement de l'État est en effet réservée aux grandsprojets avec un niveau de technologie relativement moderneet donc peu intensifs en main-d'œuvre. Indirectementcependant, le développement du secteur industriel étatique a

1 Voir chapitre 8 de cet ouvrage.

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déduire de quelques trois pour cent le rythme de la crois­sance économique. La réduction du taux de croissancedémographique reste l'une des tâches importantes desannées à venir.

Emploi et développement de l'industrie dans lesecteur d'État

En 1999, le secteur d'État représentait environ 43 % duproduit industriel. Si l'on ajoute le produit des co­entreprises entre l'État et l'étranger, ce pourcentage dépasse77 %. Le secteur non-étatique domestique ne représentedonc que 23 % du produit industriel.

Cependant, l'industrie du secteur d'État absorbe peu detravailleurs et ne crée pas de nouveaux emplois. On évalueles travailleurs surnuméraires sans emploi des entreprisesd'État à environ 6 % de l'ensemble des travailleurs de cesentreprises l

. Le nombre de travailleurs dont ces entreprisesdevront se séparer dans le cadre du processus d'actionna­risation et de restructuration des entreprises d'État d'ici àl'an 2003 est estimé à 400000. Le développement des en­treprises d'État d'ici à l'an 2003, en particulier dansl'industrie, permettra donc difficilement de créer de nou­veaux emplois.

De 1991 à 1995, le secteur industriel d'État a connu untaux de croissance annuel stable et élevé, supérieur à 14 %.Mais loin d'augmenter, le nombre de travailleurs employéspar ce secteur a baissé. La plus grande partie del'investissement de l'État est en effet réservée aux grandsprojets avec un niveau de technologie relativement moderneet donc peu intensifs en main-d'œuvre. Indirectementcependant, le développement du secteur industriel étatique a

1 Voir chapitre 8 de cet ouvrage.

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contribué à celui d'autres secteurs telles que les services in­dustriels, la production des matières premières et l'énergie,et par conséquent à la création de nouveaux emplois dansd'autres secteurs. D'ici à l'an 2005 cependant, le taux decroissance moyen annuel du secteur industriel public nedevrait pas dépasser 14 %, et n'aura donc, en toutehypothèse, qu'une incidence marginale sur la création denouveaux emplois.

Emploi et développement de l'industrie dans lesecteur privé

Le secteur industriel privé se compose de sociétés à res­ponsabilité limitée et de sociétés par actions. Il représenteactuellement environ 1 % du PIB, 8 % du capital enregistréet emploie 12 % du total de la main-d'œuvre en 1995. Lapart de ce secteur dans l'emploi total est stable. Si l'onajoute aux sociétés les entreprises familiales, le secteur privéne représente que 23 % du produit industriel.

La part du secteur privé enregistré dans la production na­tionale reste modeste. Elle ne représente que 1 % du PIB,alors que ce secteur emploie près de 12 % du total de lamain-d'œuvre. Malgré sa faible participation au PIB, cesecteur témoigne en effet d'une grande capacitéd'absorption de main-d'œuvre.

On estime que l'investissement du secteur privé par tra­vailleur est de 5 à 10 fois moins élevé que celui du secteurindustriel d'État, ce qui veut dire qu'avec un mêmeinvestissement, le secteur privé est en mesure de créer plusd'emplois que le secteur d'État. Depuis 1992, les investis­sements du secteur privé ont diminué de manière continue,passant de 33 % du total de l'investissement en 1992 à 20 %en 1999. Alors que la part dans le total de l'investissementpublic (incluant le budget, le crédit, et les entreprises d'État

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contribué à celui d'autres secteurs telles que les services in­dustriels, la production des matières premières et l'énergie,et par conséquent à la création de nouveaux emplois dansd'autres secteurs. D'ici à l'an 2005 cependant, le taux decroissance moyen annuel du secteur industriel public nedevrait pas dépasser 14 %, et n'aura donc, en toutehypothèse, qu'une incidence marginale sur la création denouveaux emplois.

Emploi et développement de l'industrie dans lesecteur privé

Le secteur industriel privé se compose de sociétés à res­ponsabilité limitée et de sociétés par actions. Il représenteactuellement environ 1 % du PIB, 8 % du capital enregistréet emploie 12 % du total de la main-d'œuvre en 1995. Lapart de ce secteur dans l'emploi total est stable. Si l'onajoute aux sociétés les entreprises familiales, le secteur privéne représente que 23 % du produit industriel.

La part du secteur privé enregistré dans la production na­tionale reste modeste. Elle ne représente que 1 % du PIB,alors que ce secteur emploie près de 12 % du total de lamain-d'œuvre. Malgré sa faible participation au PIB, cesecteur témoigne en effet d'une grande capacitéd'absorption de main-d'œuvre.

On estime que l'investissement du secteur privé par tra­vailleur est de 5 à 10 fois moins élevé que celui du secteurindustriel d'État, ce qui veut dire qu'avec un mêmeinvestissement, le secteur privé est en mesure de créer plusd'emplois que le secteur d'État. Depuis 1992, les investis­sements du secteur privé ont diminué de manière continue,passant de 33 % du total de l'investissement en 1992 à 20 %en 1999. Alors que la part dans le total de l'investissementpublic (incluant le budget, le crédit, et les entreprises d'État

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EMPLOI ET INDUSTRIE 181

elles-mêmes) est passé pendant la même période de 41 % à61 %, il a pennis de créer peu de nouveaux emplois. La plusgrande partie des prêts accordés par les banques aux entre­prises d'État proviennent de l'épargne de la population. Orle secteur privé ne reçoit qu'entre 20 et 30 % du total descrédits bancaires. C'est une situation paradoxale au regarddes priorités actuelles. Les crédits ne s'orientent pas vers lesecteur -le secteur privé- qui a la possibilité d'employerbeaucoup de travailleurs mais au contraire vers celui -lesecteur d'État- qui est dans l'impossibilité d'en absorber da­vantage.

Le capital thésaurisé par la population reste important.D'après les estimations du Ministère du Plan et del'Investissement (MPI) et de l'Office Général de la Statisti­que, 36 % du total de ce capital seulement sont mobiliséspour le financement des investissements pour le développe­ment. Le reste, estimé à hauteur de USD 4-5 milliards, restedans les bas de laine. Ces chiffres signalent un autreparadoxe: celui d'une abondance en capital et en main­d'œuvre non encore utilisée. Les causes de cette sont diver­ses, mais les principales résident dans le développementinsuffisant des marchés et dans un environnement peuefficace.

Développement industriel et répartitiongéographique de la population

Comme nous l'avons vu, le développement industrielVietnamien a connu une progression considérable dans lesannées 1990, la part de l'industrie et du bâtiment ayant net­tement augmenté. Ce développement aurait pu conduire à unchangement dans la structure de la population urbaine etrurale. Mais dans la réalité ce changement est lent. De 1990à 1999, la population urbaine n'a augmenté que de 1,3 %

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elles-mêmes) est passé pendant la même période de 41 % à61 %, il a pennis de créer peu de nouveaux emplois. La plusgrande partie des prêts accordés par les banques aux entre­prises d'État proviennent de l'épargne de la population. Orle secteur privé ne reçoit qu'entre 20 et 30 % du total descrédits bancaires. C'est une situation paradoxale au regarddes priorités actuelles. Les crédits ne s'orientent pas vers lesecteur -le secteur privé- qui a la possibilité d'employerbeaucoup de travailleurs mais au contraire vers celui -lesecteur d'État- qui est dans l'impossibilité d'en absorber da­vantage.

Le capital thésaurisé par la population reste important.D'après les estimations du Ministère du Plan et del'Investissement (MPI) et de l'Office Général de la Statisti­que, 36 % du total de ce capital seulement sont mobiliséspour le financement des investissements pour le développe­ment. Le reste, estimé à hauteur de USD 4-5 milliards, restedans les bas de laine. Ces chiffres signalent un autreparadoxe: celui d'une abondance en capital et en main­d'œuvre non encore utilisée. Les causes de cette sont diver­ses, mais les principales résident dans le développementinsuffisant des marchés et dans un environnement peuefficace.

Développement industriel et répartitiongéographique de la population

Comme nous l'avons vu, le développement industrielVietnamien a connu une progression considérable dans lesannées 1990, la part de l'industrie et du bâtiment ayant net­tement augmenté. Ce développement aurait pu conduire à unchangement dans la structure de la population urbaine etrurale. Mais dans la réalité ce changement est lent. De 1990à 1999, la population urbaine n'a augmenté que de 1,3 %

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(de 20,3 % à 21,3 %) tandis que l'industrie et le bâtimentont connu une augmentation de plus de 10 % au cours de lamême période. Plusieurs raisons peuvent expliquer cetteévolution. La principale raison est que le développementindustriel, ainsi que nous l'avons signalé, n'a pas été en me­sure d'absorber davantage de travailleurs, et n'est donc pasparvenu à attirer en ville une main-d'œuvre ruraleimportante. D'autre part, les travailleurs employés dans lesservices sont en majorité les travailleurs en surplus des vil­les. Seul un petit nombre de travailleurs ruraux issus desuniversités et des écoles supérieures techniques a eu lapossibilité d'obtenir un emploi en ville. La majorité destravailleurs non qualifiés venant des zones rurales n'onttrouvé que des emplois rudimentaires et saisonniers, et nesont donc pas considérés comme citadins. Enfin, unesoixantaine de parcs industriels sont déjà opérationnels,mais ils n'ont pas absorbé beaucoup de travailleurs.

Développement des nouvelles technologies etpromotion de l'éducation et de la formation

Le processus d'industrialisation et de modernisation dupays dans les dix années à venir impose de suivre les orien­tations de développement suivantes: développer et rehausserla structure de l'industrie manufacturière, mettre en place etdévelopper les infrastructures liées à l'énergie, auxtransports et aux télécommunications, développer lesindustries à haute technologie en général et l'informatiqueen particulier...

Ces orientations exigent que le Viêt-nam développe lestechnologies sous deux aspects: d'une part l'importationd'équipements modernes pour l'industrie, les transports, lescommunications, et l'énergie, et d'autres part le plein déve-

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(de 20,3 % à 21,3 %) tandis que l'industrie et le bâtimentont connu une augmentation de plus de 10 % au cours de lamême période. Plusieurs raisons peuvent expliquer cetteévolution. La principale raison est que le développementindustriel, ainsi que nous l'avons signalé, n'a pas été en me­sure d'absorber davantage de travailleurs, et n'est donc pasparvenu à attirer en ville une main-d'œuvre ruraleimportante. D'autre part, les travailleurs employés dans lesservices sont en majorité les travailleurs en surplus des vil­les. Seul un petit nombre de travailleurs ruraux issus desuniversités et des écoles supérieures techniques a eu lapossibilité d'obtenir un emploi en ville. La majorité destravailleurs non qualifiés venant des zones rurales n'onttrouvé que des emplois rudimentaires et saisonniers, et nesont donc pas considérés comme citadins. Enfin, unesoixantaine de parcs industriels sont déjà opérationnels,mais ils n'ont pas absorbé beaucoup de travailleurs.

Développement des nouvelles technologies etpromotion de l'éducation et de la formation

Le processus d'industrialisation et de modernisation dupays dans les dix années à venir impose de suivre les orien­tations de développement suivantes: développer et rehausserla structure de l'industrie manufacturière, mettre en place etdévelopper les infrastructures liées à l'énergie, auxtransports et aux télécommunications, développer lesindustries à haute technologie en général et l'informatiqueen particulier...

Ces orientations exigent que le Viêt-nam développe lestechnologies sous deux aspects: d'une part l'importationd'équipements modernes pour l'industrie, les transports, lescommunications, et l'énergie, et d'autres part le plein déve-

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EMPLOI ET INDUSTRIE 183

loppement de l'informatique dans toutes les industries pourminimiser les coûts de production.

Ces deux aspects du développement nécessitent unemain-d'œuvre importante en quantité mais aussi en termesde qualification, avec une structure rationnelle. Ceci doitconcerner non seulement les travailleurs des industries tra­ditionnelles mais aussi ceux de l'éducation et de laformation professionnelle, et comprend la maîtrise de lalangue anglaise ; l'édition, la publication, le commerce desinformations et des données; la publicité, la commercialisa­tion, la distribution, la consultation ; les activités dans laradiodiffusion et dans la télévision; les services publics: del'élaboration des politiques jusqu'à leur exécution, lecontrôle, la supervision ; la poste, les communications, ladiffusion des informations ; la production de logiciels ; lesactivités de planification, des finances, d'audit, etc...

La plupart de ces métiers et professions sont relativementnouveaux pour la main-d'œuvre vietnamienne. Dans lesannées à venir, le Viêt-nam devra donc déployer tous sesefforts afin de fournir autant de cadres et agents compétentsdans ces spécialités que nécessaire.

Développement industriel et emploi

En 2010, la population du Viêt-nam pourrait atteindre 88millions d'habitants avec une population active de 56,8millions, et chaque année le nombre de nouveaux travail­leurs est d'au moins 1,2 millions. Dans les années quiviennent, la pression sur l'emploi sera de plus en plus forte.Il apparaît donc nécessaire de mettre en place une politiquede développement industriel permettant de résoudre les pro­blèmes d'emploi.

La politique de développement industriel doit prendre encompte les industries intensives en main-d'œuvre, ou sus-

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loppement de l'informatique dans toutes les industries pourminimiser les coûts de production.

Ces deux aspects du développement nécessitent unemain-d'œuvre importante en quantité mais aussi en termesde qualification, avec une structure rationnelle. Ceci doitconcerner non seulement les travailleurs des industries tra­ditionnelles mais aussi ceux de l'éducation et de laformation professionnelle, et comprend la maîtrise de lalangue anglaise ; l'édition, la publication, le commerce desinformations et des données; la publicité, la commercialisa­tion, la distribution, la consultation ; les activités dans laradiodiffusion et dans la télévision; les services publics: del'élaboration des politiques jusqu'à leur exécution, lecontrôle, la supervision ; la poste, les communications, ladiffusion des informations ; la production de logiciels ; lesactivités de planification, des finances, d'audit, etc...

La plupart de ces métiers et professions sont relativementnouveaux pour la main-d'œuvre vietnamienne. Dans lesannées à venir, le Viêt-nam devra donc déployer tous sesefforts afin de fournir autant de cadres et agents compétentsdans ces spécialités que nécessaire.

Développement industriel et emploi

En 2010, la population du Viêt-nam pourrait atteindre 88millions d'habitants avec une population active de 56,8millions, et chaque année le nombre de nouveaux travail­leurs est d'au moins 1,2 millions. Dans les années quiviennent, la pression sur l'emploi sera de plus en plus forte.Il apparaît donc nécessaire de mettre en place une politiquede développement industriel permettant de résoudre les pro­blèmes d'emploi.

La politique de développement industriel doit prendre encompte les industries intensives en main-d'œuvre, ou sus-

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184 VO DAI LUOC

ceptibles de promouvoir en parallèle le développement desindustries intensives en main-d'œuvre. Les industries à lesplus intensives en main-d'œuvre sont le textile, l 'habille­ment, la manufacture des produits agro-aquatiques, etc. Ledéveloppement de l'habillement peut favoriser ledéveloppement du textile, du coton. De la même manière, ledéveloppement de l'industrie sucrière peut entraîner celuides plantations de canne à sucre et celui des confiseries.Dans les conditions actuelles du commerce international,toutes les industries doivent être compétitives sur le marchéinternational. C'est une condition de survie. Il apparaîtqu'alors que l'industrie du vêtement au Viêt-nam a connuun développement important dans le passé, la plus grandepartie de ses matières premières a été importée car la pro­duction textile ne pouvait satisfaire les besoins de l'industried'habillement moderne. De ce fait, de 1990 à 1999, laproduction d'étoffe domestique a connu une diminutioncontinue, passant de 318 millions de mètres en 1990 à 222millions de mètres en 1995. En 1999, elle s'est redresséepour atteindre 320 millions de mètres dépassant, un peu leniveau atteint en 1990. Ces dernières années, 50 manufactu­res de sucre ont été construites, mais le prix de revient dusucre domestique reste supérieur à celui d'autres pays étran­gers, alors que sa qualité est inférieure. Cette situation aconduit à des difficultés de débouchés et créé des problèmespour les manufactures ainsi que les planteurs de canne àsucre endettés qui ne parviennent pas à vendre leur récolte.Ces exemples montrent qu'il n'est pas facile de développerde manière efficace des industries intensives en main­d'œuvre. La question qui se pose est celle de la planificationà long terme et de la manière d'organiser le développementde ces industries, en particulier en matière d'intervention del'État et de participation de la population.

Dans le passé, l'État finançait la construction des manu-

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ceptibles de promouvoir en parallèle le développement desindustries intensives en main-d'œuvre. Les industries à lesplus intensives en main-d'œuvre sont le textile, l 'habille­ment, la manufacture des produits agro-aquatiques, etc. Ledéveloppement de l'habillement peut favoriser ledéveloppement du textile, du coton. De la même manière, ledéveloppement de l'industrie sucrière peut entraîner celuides plantations de canne à sucre et celui des confiseries.Dans les conditions actuelles du commerce international,toutes les industries doivent être compétitives sur le marchéinternational. C'est une condition de survie. Il apparaîtqu'alors que l'industrie du vêtement au Viêt-nam a connuun développement important dans le passé, la plus grandepartie de ses matières premières a été importée car la pro­duction textile ne pouvait satisfaire les besoins de l'industried'habillement moderne. De ce fait, de 1990 à 1999, laproduction d'étoffe domestique a connu une diminutioncontinue, passant de 318 millions de mètres en 1990 à 222millions de mètres en 1995. En 1999, elle s'est redresséepour atteindre 320 millions de mètres dépassant, un peu leniveau atteint en 1990. Ces dernières années, 50 manufactu­res de sucre ont été construites, mais le prix de revient dusucre domestique reste supérieur à celui d'autres pays étran­gers, alors que sa qualité est inférieure. Cette situation aconduit à des difficultés de débouchés et créé des problèmespour les manufactures ainsi que les planteurs de canne àsucre endettés qui ne parviennent pas à vendre leur récolte.Ces exemples montrent qu'il n'est pas facile de développerde manière efficace des industries intensives en main­d'œuvre. La question qui se pose est celle de la planificationà long terme et de la manière d'organiser le développementde ces industries, en particulier en matière d'intervention del'État et de participation de la population.

Dans le passé, l'État finançait la construction des manu-

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EMPLOI ET INDUSTRIE 185

factures, prenait les décisions en matière de localisation, detechnologie et d'équipement, de production, et d'activitésd'import-export... Ce type d'organisation a produit desrésultats peu convainquants. Le capital provenant du budgetde l'État été souvent gaspillé, et entraîné une corruption par­fois importante. La dette des entreprises qui éprouvent desdifficultés de remboursement est réechelonnée, fait l'objetde délais de grâce, ou est remise, ce qui signifie qu'iln'existe aucune pression économique suffisamment impéra­tive pour les obliger à améliorer leur gestion. Ainsi,certaines manufactures sucrières, juste après leurconstruction et l'installation de leur équipement, et avantmême leur mise en exploitation, ont enregistré des pertesreprésentant une part importante de leur valeur réelle.D'autre part, l'équipement importé s'est souvent avéré ob­solète et coûteux, du fait du manque de responsabilité de lapart des cadres de gestion, et d'une mauvaise gestion opéra­tionnelle. Telles sont les raisons principales qui ont conduità l'inefficacité et à des pertes importantes dans cesindustries. La rénovation de leurs méthodes d'organisationet de développement est une nécessité.

L'État pourrait ne prendre en charge que la planificationà long terme des surfaces réservées à la plantation de lacanne à sucre et du coton, l'attribution de terrains pour laconstruction des manufactures, l'investissement dans laconstruction des routes et du réseau de distribution del'énergie électrique, de la fourniture d'eau courante, dudrainage, et du réseau de communications de ces zones, etl'allocation des crédits à long terme, etc., c'est-à-dire fournirdes conditions socio-économiques favorables au dévelop­pement de ces industries. En revanche, la taille des unités,les choix en matière de technologie importée, l'organisationde la production, et les stratégies en matière de débouchésdevraient relever de la responsabilité des entreprises domes-

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factures, prenait les décisions en matière de localisation, detechnologie et d'équipement, de production, et d'activitésd'import-export... Ce type d'organisation a produit desrésultats peu convainquants. Le capital provenant du budgetde l'État été souvent gaspillé, et entraîné une corruption par­fois importante. La dette des entreprises qui éprouvent desdifficultés de remboursement est réechelonnée, fait l'objetde délais de grâce, ou est remise, ce qui signifie qu'iln'existe aucune pression économique suffisamment impéra­tive pour les obliger à améliorer leur gestion. Ainsi,certaines manufactures sucrières, juste après leurconstruction et l'installation de leur équipement, et avantmême leur mise en exploitation, ont enregistré des pertesreprésentant une part importante de leur valeur réelle.D'autre part, l'équipement importé s'est souvent avéré ob­solète et coûteux, du fait du manque de responsabilité de lapart des cadres de gestion, et d'une mauvaise gestion opéra­tionnelle. Telles sont les raisons principales qui ont conduità l'inefficacité et à des pertes importantes dans cesindustries. La rénovation de leurs méthodes d'organisationet de développement est une nécessité.

L'État pourrait ne prendre en charge que la planificationà long terme des surfaces réservées à la plantation de lacanne à sucre et du coton, l'attribution de terrains pour laconstruction des manufactures, l'investissement dans laconstruction des routes et du réseau de distribution del'énergie électrique, de la fourniture d'eau courante, dudrainage, et du réseau de communications de ces zones, etl'allocation des crédits à long terme, etc., c'est-à-dire fournirdes conditions socio-économiques favorables au dévelop­pement de ces industries. En revanche, la taille des unités,les choix en matière de technologie importée, l'organisationde la production, et les stratégies en matière de débouchésdevraient relever de la responsabilité des entreprises domes-

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186 VODAILUOC

tiques ou étrangères. L'État ne devrait pas intervenirdirectement dans les opérations productives et commercia­les, mais, en tant qu'actionnaire, s'en tenir à un rôle decontrôle et non pas de chef d'entreprise comme il le faitactuellement.

Il faut de plus encourager le développement des petites etmoyennes entreprises. L'expérience de certains pays montreque ces entreprises peuvent absorber un grand nombre detravailleurs. À l'heure actuelle, la plupart des entreprisesindustrielles privées sont de petites et moyennes entreprises,et ce secteur joue un rôle important dans l'utilisation de lamain-d'œuvre. Toutefois, notre politique, qui a connu biendes réformes, n'est pas encore adaptée aux besoins du dé­veloppement, ce qui se traduit par des difficultés dansl'attribution des licences, par des impôts et taxes élevés, parles insuffisances du droit commercial, par des procédurescompliquées dans l'attribution des terrains, dans la locationdes terrains, etc... Pour encouragement de manière signifi­cative le développement des petites et moyennes entreprises,il est nécessaire de poursuivre la rénovation des politiquesde l'État dans les domaines suivants:

• L'État doit identifier les domaines d'activités interditsau secteur privé ou limités. En dehors de ces domaines,les petites et moyennes entreprises doivent avoir laliberté de mener leurs activités productives etcommerciales, tandis qu'à la nécessité d'obtention d'unelicence pourrait se substituer une déclaration aux auto­rités compétentes permettant à ces dernières d'exercerles contrôles nécessaires.

• Les petites et moyennes entreprises intensives en main­d'œuvre devraient être exonérées d'impôt, en fonctionde critères précis qui restent à définir.

• Les petites et moyennes entreprises intensives en main­d'œuvre intensive devraient se voir accorder des crédits

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tiques ou étrangères. L'État ne devrait pas intervenirdirectement dans les opérations productives et commercia­les, mais, en tant qu'actionnaire, s'en tenir à un rôle decontrôle et non pas de chef d'entreprise comme il le faitactuellement.

Il faut de plus encourager le développement des petites etmoyennes entreprises. L'expérience de certains pays montreque ces entreprises peuvent absorber un grand nombre detravailleurs. À l'heure actuelle, la plupart des entreprisesindustrielles privées sont de petites et moyennes entreprises,et ce secteur joue un rôle important dans l'utilisation de lamain-d'œuvre. Toutefois, notre politique, qui a connu biendes réformes, n'est pas encore adaptée aux besoins du dé­veloppement, ce qui se traduit par des difficultés dansl'attribution des licences, par des impôts et taxes élevés, parles insuffisances du droit commercial, par des procédurescompliquées dans l'attribution des terrains, dans la locationdes terrains, etc... Pour encouragement de manière signifi­cative le développement des petites et moyennes entreprises,il est nécessaire de poursuivre la rénovation des politiquesde l'État dans les domaines suivants:

• L'État doit identifier les domaines d'activités interditsau secteur privé ou limités. En dehors de ces domaines,les petites et moyennes entreprises doivent avoir laliberté de mener leurs activités productives etcommerciales, tandis qu'à la nécessité d'obtention d'unelicence pourrait se substituer une déclaration aux auto­rités compétentes permettant à ces dernières d'exercerles contrôles nécessaires.

• Les petites et moyennes entreprises intensives en main­d'œuvre devraient être exonérées d'impôt, en fonctionde critères précis qui restent à définir.

• Les petites et moyennes entreprises intensives en main­d'œuvre intensive devraient se voir accorder des crédits

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EMPLOI ET INDUSTRIE 187

et prêts de manière préferentielle, sur la base d'une ana­lyse de leurs projets d'activités.

• Création de conditions favorables aux petites et moyen­nes entreprises sur une base légale d'égalité et avec desprocédures simplifiées, par exemple pour les droitsd'accès à la location de terrains à bas prix.

• Planification à long terme et construction de zonesindustrielles réservées aux petites et moyennesentreprises avec une bonne infrastructure et au voisinagede routes pour en favoriser l'accès.

• Organisation d'un système de formation à la gestion desactivités commerciales et productives et d'un systèmed'information au service des petites et moyennes entre­pnses...

Dans une perspective d'intégration internationale, le dé­veloppement industriel impose une amélioration globale dela qualité des ressources humaines. L'avantage comparatifque constituent les ressources humaines au Viêt-nam neréside pas seulement dans les salaires encore bas, et qui sontfavorables au développement des industries intensives enmain-d'œuvre, mais encore dans leur adaptation rapide auxtechnologies modernes. Les dix dernières années ont montréque les travailleurs vietnamiens sont parvenus à maîtriserdes technologies relativement modernes comme les télécom­munications. Certaines entreprises mixtes avec capitauxétrangers utilisent également des technologies modernes queleurs employés ontv également été à même de maîtriser.C'est sur l'adaptation rapide à la technologie moderne quel'accent doit être mis pour l'avenir. À l'ère de la transitionvers une économie de la connaissance, la capacitéd'adaptation des travailleurs vietnamiens revêt une impor­tance cruciale. Pour valoriser cet avantage comparatif, il fautintervenir dans les domaines suivants:

EMPLOI ET INDUSTRIE 187

et prêts de manière préferentielle, sur la base d'une ana­lyse de leurs projets d'activités.

• Création de conditions favorables aux petites et moyen­nes entreprises sur une base légale d'égalité et avec desprocédures simplifiées, par exemple pour les droitsd'accès à la location de terrains à bas prix.

• Planification à long terme et construction de zonesindustrielles réservées aux petites et moyennesentreprises avec une bonne infrastructure et au voisinagede routes pour en favoriser l'accès.

• Organisation d'un système de formation à la gestion desactivités commerciales et productives et d'un systèmed'information au service des petites et moyennes entre­pnses...

Dans une perspective d'intégration internationale, le dé­veloppement industriel impose une amélioration globale dela qualité des ressources humaines. L'avantage comparatifque constituent les ressources humaines au Viêt-nam neréside pas seulement dans les salaires encore bas, et qui sontfavorables au développement des industries intensives enmain-d'œuvre, mais encore dans leur adaptation rapide auxtechnologies modernes. Les dix dernières années ont montréque les travailleurs vietnamiens sont parvenus à maîtriserdes technologies relativement modernes comme les télécom­munications. Certaines entreprises mixtes avec capitauxétrangers utilisent également des technologies modernes queleurs employés ontv également été à même de maîtriser.C'est sur l'adaptation rapide à la technologie moderne quel'accent doit être mis pour l'avenir. À l'ère de la transitionvers une économie de la connaissance, la capacitéd'adaptation des travailleurs vietnamiens revêt une impor­tance cruciale. Pour valoriser cet avantage comparatif, il fautintervenir dans les domaines suivants:

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188 VODAILUOC

• Susciter une demande de plus en plus importante de tra­vailleurs qualifiés par des politiques appropriées. Il fauten particulier créer des zones de haute technologie,encourager les investisseurs étrangers dans les industriesà technologie moderne, favoriser les importations etl'utilisation des technologies modernes, et encourager etvénérer les créateur des technologies modernes...

• Renforcer la formation des travailleurs qualifiés: accroέtre l'investissement dans la construction d'écoles d'ou­vriers qualifiés, d'universités et d'écoles supérieurestechniques; encourager les sociétés à organiser des coursde formation pour les ouvriers et les cadres techniques;créer des conditions favorables et encourager les jeunesà suivre des cours de formation technique à l'étranger. ..

• Protéger les travailleurs qualifiés: leur assurer dessalaires dignes, le droit à la mobilité, la protection desdroits d'auteur (copyright), des récompenses, lerespect...

Des travailleurs de qualité constituent une force d'uneimportance décisive pour le développement industriel natio­nal. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre une politiqueparticulière concernant leur formation.

Le développement industriel au Viêt-nam doit à la foiscontribuer à résoudre les problèmes d'emploi et répondreaux besoins de la mise en place d'une industrie moderne,suffisamment forte pour garantir une bonne intégration in­ternationale. Un tel développement nécessite des ressourceshumaines de haute qualité.

Si l'on ne parvient pas à développer les industries tradi­tionnelles intensives en main-d'œuvre, il sera difficile derésoudre les problèmes d'emploi, ce qui peut conduire àl'instabilité sociale et à l'impossibilité de valoriser l'avan­tage de la main-d'œuvre à bas salaire dans la premièrepériode du développement technologique. Mais si l'attention

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• Susciter une demande de plus en plus importante de tra­vailleurs qualifiés par des politiques appropriées. Il fauten particulier créer des zones de haute technologie,encourager les investisseurs étrangers dans les industriesà technologie moderne, favoriser les importations etl'utilisation des technologies modernes, et encourager etvénérer les créateur des technologies modernes...

• Renforcer la formation des travailleurs qualifiés: accroέtre l'investissement dans la construction d'écoles d'ou­vriers qualifiés, d'universités et d'écoles supérieurestechniques; encourager les sociétés à organiser des coursde formation pour les ouvriers et les cadres techniques;créer des conditions favorables et encourager les jeunesà suivre des cours de formation technique à l'étranger. ..

• Protéger les travailleurs qualifiés: leur assurer dessalaires dignes, le droit à la mobilité, la protection desdroits d'auteur (copyright), des récompenses, lerespect...

Des travailleurs de qualité constituent une force d'uneimportance décisive pour le développement industriel natio­nal. Il est donc nécessaire de mettre en œuvre une politiqueparticulière concernant leur formation.

Le développement industriel au Viêt-nam doit à la foiscontribuer à résoudre les problèmes d'emploi et répondreaux besoins de la mise en place d'une industrie moderne,suffisamment forte pour garantir une bonne intégration in­ternationale. Un tel développement nécessite des ressourceshumaines de haute qualité.

Si l'on ne parvient pas à développer les industries tradi­tionnelles intensives en main-d'œuvre, il sera difficile derésoudre les problèmes d'emploi, ce qui peut conduire àl'instabilité sociale et à l'impossibilité de valoriser l'avan­tage de la main-d'œuvre à bas salaire dans la premièrepériode du développement technologique. Mais si l'attention

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EMPLOI ET INDUSTRIE 189

ne se porte que sur le développement des industries tradi­tionnelles, la modernisation de l'économie sera difficile. Ledéveloppement des industries à technologie moderne doitdonc également être une priorité. La combinaison desindustries modernes et des industries traditionnelles est unenécessité, ces dernières constituant la base du développe­ment des premières. En contrepartie, le développement desindustries modernes doit être la force motrice de la progres­sion économique et industrielle.

Bibliographie

PHAM MINH HAC [1999], Gùio d~u' Viçt Nam tn(oc nguffng Citathé' kj XXI, Nhà Xuat bàn Chinh tr! Qu6c gia, Hà N<)i.(L'éducation vietnamienne au seuil du xxr siècle,Hanoi, Maison des Éditions des Politiques Nationales)

Vü QUANG VI~T [1997], Kinh té' Viçt Nam trên duàng phuttrié/l, Nhà XWlt bàn Thành ph6 HÔ chi Minh. (L'économiedu Viêt-nam sur la voie du développement, Maison desÉditions de Ho-Chi-Minh-Ville.)

THONG Cl)C THONG KÊ [2000], Niên Gium Thông ké Viçt Nam1999, Nhà Xuat bàn Th6ng kê, Hà N<)i. (GSO, Annuairedes statistiques du Viêt-nam 1999, Hanoi, Maison desÉditions de la Statistique)

56 tay Thôllg kê Thông tin vé' thi truDng lao d(Jng Vift Nam[1999], Nhà Xuat bàn Chinh tr! Qu6c gia. (Bulletind'Informations sur le marché du travail au Viêt-nam,Hanoi, Maison des Éditions des Politiques Nationales)

BÔ KÉ HOACH DAU TV [2000], H6 trç cho viçc chuâ/I bi m(JtchuO'ng trinh phut trié/I kinh té' - xa h(Ji cua Vift Nam dén2010, Hà N<)i. (MPI, Appui à l'élaboration d'unprogramme de développement sodo-économique au Viêt­nam en 2020, Hanoi.)

EMPLOI ET INDUSTRIE 189

ne se porte que sur le développement des industries tradi­tionnelles, la modernisation de l'économie sera difficile. Ledéveloppement des industries à technologie moderne doitdonc également être une priorité. La combinaison desindustries modernes et des industries traditionnelles est unenécessité, ces dernières constituant la base du développe­ment des premières. En contrepartie, le développement desindustries modernes doit être la force motrice de la progres­sion économique et industrielle.

Bibliographie

PHAM MINH HAC [1999], Gùio d~u' Viçt Nam tn(oc nguffng Citathé' kj XXI, Nhà Xuat bàn Chinh tr! Qu6c gia, Hà N<)i.(L'éducation vietnamienne au seuil du xxr siècle,Hanoi, Maison des Éditions des Politiques Nationales)

Vü QUANG VI~T [1997], Kinh té' Viçt Nam trên duàng phuttrié/l, Nhà XWlt bàn Thành ph6 HÔ chi Minh. (L'économiedu Viêt-nam sur la voie du développement, Maison desÉditions de Ho-Chi-Minh-Ville.)

THONG Cl)C THONG KÊ [2000], Niên Gium Thông ké Viçt Nam1999, Nhà Xuat bàn Th6ng kê, Hà N<)i. (GSO, Annuairedes statistiques du Viêt-nam 1999, Hanoi, Maison desÉditions de la Statistique)

56 tay Thôllg kê Thông tin vé' thi truDng lao d(Jng Vift Nam[1999], Nhà Xuat bàn Chinh tr! Qu6c gia. (Bulletind'Informations sur le marché du travail au Viêt-nam,Hanoi, Maison des Éditions des Politiques Nationales)

BÔ KÉ HOACH DAU TV [2000], H6 trç cho viçc chuâ/I bi m(JtchuO'ng trinh phut trié/I kinh té' - xa h(Ji cua Vift Nam dén2010, Hà N<)i. (MPI, Appui à l'élaboration d'unprogramme de développement sodo-économique au Viêt­nam en 2020, Hanoi.)

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8

Réfornle des entreprises, enlploiet gestion de la nlain-d'œuvre

Trân Tiên Cuong

Rénovation de l'économie et emploi

La politique de Renouveau, d'ouverture et d'intégrationdu Viêt-nam a débuté en 1986 par une série de mesurespolitiques portant sur le développement d'une économiepluri-sectorielle, la réfonne des entreprises d'État, l' encou­ragement au secteur non-étatique, la promotion des exporta­tions et l'absorption de l'investissement étranger, ainsi quepar des réfonnes macro-économiques telles que lasuppression des subventions, la réfonne des prix, la réfonnedu système bancaire, la séparation des banques commer­ciales de la banque d'État, etc.

La mise en oeuvre de ces mesures de Renouveau apennis l'apparition progressive d'une économie pluri­sectorielle, tandis que la structure de l'économie se modi-

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Réfornle des entreprises, enlploiet gestion de la nlain-d'œuvre

Trân Tiên Cuong

Rénovation de l'économie et emploi

La politique de Renouveau, d'ouverture et d'intégrationdu Viêt-nam a débuté en 1986 par une série de mesurespolitiques portant sur le développement d'une économiepluri-sectorielle, la réfonne des entreprises d'État, l' encou­ragement au secteur non-étatique, la promotion des exporta­tions et l'absorption de l'investissement étranger, ainsi quepar des réfonnes macro-économiques telles que lasuppression des subventions, la réfonne des prix, la réfonnedu système bancaire, la séparation des banques commer­ciales de la banque d'État, etc.

La mise en oeuvre de ces mesures de Renouveau apennis l'apparition progressive d'une économie pluri­sectorielle, tandis que la structure de l'économie se modi-

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192 TRÂN TlÊN CUONG

fiait au détriment de l'agriculture et en faveur de l'industrieet des services. A l'issue de quinze ans de Renouveau, leViêt-nam est passé d'une économie à deux secteurs, lesecteur d'État et le secteur collectif, à une économie pluri­sectorielle comprenant des entreprises d'État, des entrepri­ses collectives, des entreprises privées et individuelles, etdes co-entreprises avec l'étranger. Parallèlement, les partsde l'industrie, de l'agriculture et des services, qui étaientrespectivement de 22,7 %, 38,7 % et 38,6 % en 1990, sontpassées à 33,3 %, 24,5 % et 42,2 % en 2000.

Ce changement structurel et sectoriel a eu un impact surla structure de l'emploi, mais le changement est lent et nes'est pas encore traduit par une augmentation significativede la création d'emploi dans l'industrie et les services. En1999, la population d'âge actif du Viêt-nam est de 39millions de personnes, dont 67,7 % sont employés dansl'agriculture, 12,9 % dans l'industrie et 19,3 % dans lesservIces.

Au cours des dix dernières années, l'économie vietna­mienne a connu un taux de croissance moyen annuel de7,4 %. La production a pratiquement doublé depuis 1990.Cependant, le ralentissement récent de la croissance aaffecté non seulement l'économie dans son ensemble, maiségalement la structure de l'emploi, tout en accroissant lesproblèmes liés au travail et à l'emploi. Avant la crisefinancière et monétaire régionale, l'économie vietnamiennea enregistré des taux de croissance relativement élevés:9,5 % en 1995, 9,3 % en 1996 et 8,2 % en 1997. Maisdepuis 1998, le taux de croissance économique a chuté demanière importante: 5,8 % en 1998 et seulement 4,8 % en1999. La plupart des secteurs économiques ont été touchéspar cette baisse, à l'exception du secteur agriculture­foresterie-pêche. Le taux de croissance de la productionindustrielle est passé de 15,1 % en 1995 à 12,1 % en 1998 et

192 TRÂN TlÊN CUONG

fiait au détriment de l'agriculture et en faveur de l'industrieet des services. A l'issue de quinze ans de Renouveau, leViêt-nam est passé d'une économie à deux secteurs, lesecteur d'État et le secteur collectif, à une économie pluri­sectorielle comprenant des entreprises d'État, des entrepri­ses collectives, des entreprises privées et individuelles, etdes co-entreprises avec l'étranger. Parallèlement, les partsde l'industrie, de l'agriculture et des services, qui étaientrespectivement de 22,7 %, 38,7 % et 38,6 % en 1990, sontpassées à 33,3 %, 24,5 % et 42,2 % en 2000.

Ce changement structurel et sectoriel a eu un impact surla structure de l'emploi, mais le changement est lent et nes'est pas encore traduit par une augmentation significativede la création d'emploi dans l'industrie et les services. En1999, la population d'âge actif du Viêt-nam est de 39millions de personnes, dont 67,7 % sont employés dansl'agriculture, 12,9 % dans l'industrie et 19,3 % dans lesservIces.

Au cours des dix dernières années, l'économie vietna­mienne a connu un taux de croissance moyen annuel de7,4 %. La production a pratiquement doublé depuis 1990.Cependant, le ralentissement récent de la croissance aaffecté non seulement l'économie dans son ensemble, maiségalement la structure de l'emploi, tout en accroissant lesproblèmes liés au travail et à l'emploi. Avant la crisefinancière et monétaire régionale, l'économie vietnamiennea enregistré des taux de croissance relativement élevés:9,5 % en 1995, 9,3 % en 1996 et 8,2 % en 1997. Maisdepuis 1998, le taux de croissance économique a chuté demanière importante: 5,8 % en 1998 et seulement 4,8 % en1999. La plupart des secteurs économiques ont été touchéspar cette baisse, à l'exception du secteur agriculture­foresterie-pêche. Le taux de croissance de la productionindustrielle est passé de 15,1 % en 1995 à 12,1 % en 1998 et

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 193

à 7,7 % en 1999. Dans le même temps, la part des servicesdans le PIB est passée de 44,1 % en 1995 à 40,7 % en 1999tandis que celle de l'agriculture-foresterie-pêche a connupour les mêmes années une baisse de 27,2 % à 25,6 %[GSO, 1999 et 2000].

Malgré un taux de croissance économique élevémaintenu pendant une période relativement longue, l'emploidemeure l'un des problèmes majeurs de la rénovation du faitde la lenteur du processus de restructuration de l'économie,de la baisse du taux de croissance ces deux ou troisdernières années, et d'un accroissement de la populationd'âge actif de 1,2 à 1,3 million de personnes chaque année.La rénovation économique doit donc être envisagée dans sesrelations avec les problèmes de travail et d'emploi, et avecle développement des ressources humaines.

Au nombre de ces problèmes, le sous-emploi et les sur­effectifs prennent une importance croissante, en particulieren milieu rural. Du fait de la lenteur de la restructurationéconomique, la reconversion de la main-d'œuvre de l'agri­culture vers l'industrie et les services n'a pas pu intervenirde manière rapide. En dix ans, la main-d'œuvre employéedans l'industrie et les services a augmenté de 14,2 % mais lamain-d'œuvre agricole ne s'est réduite que de 4 %. La plusgrande partie de la population active reste employée dansl'agriculture (68 %), mais avec une durée du travail repré­sentant entre 65 et 75 % du temps de travail disponible l

. Les25 à 35 % restants représentent le sous-emploi. Il faut doncd'une part résoudre les problèmes de sous-emploi pour unepartie importante de la population travaillant dans l'agricul­ture, et d'autre part favoriser la restructuration de l'écono-

1 « Les personnes sous-employées sont celles dont le temps de travail aucours de la semaine précédant l'enquête du MOLlSA était inférieur à 40heures ou au nombre d'heures de travail stipulé [par le Code du Travail],et qui souhaiteraient travailler davantage... ». [MOLlSA, 2000 : 23]

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 193

à 7,7 % en 1999. Dans le même temps, la part des servicesdans le PIB est passée de 44,1 % en 1995 à 40,7 % en 1999tandis que celle de l'agriculture-foresterie-pêche a connupour les mêmes années une baisse de 27,2 % à 25,6 %[GSO, 1999 et 2000].

Malgré un taux de croissance économique élevémaintenu pendant une période relativement longue, l'emploidemeure l'un des problèmes majeurs de la rénovation du faitde la lenteur du processus de restructuration de l'économie,de la baisse du taux de croissance ces deux ou troisdernières années, et d'un accroissement de la populationd'âge actif de 1,2 à 1,3 million de personnes chaque année.La rénovation économique doit donc être envisagée dans sesrelations avec les problèmes de travail et d'emploi, et avecle développement des ressources humaines.

Au nombre de ces problèmes, le sous-emploi et les sur­effectifs prennent une importance croissante, en particulieren milieu rural. Du fait de la lenteur de la restructurationéconomique, la reconversion de la main-d'œuvre de l'agri­culture vers l'industrie et les services n'a pas pu intervenirde manière rapide. En dix ans, la main-d'œuvre employéedans l'industrie et les services a augmenté de 14,2 % mais lamain-d'œuvre agricole ne s'est réduite que de 4 %. La plusgrande partie de la population active reste employée dansl'agriculture (68 %), mais avec une durée du travail repré­sentant entre 65 et 75 % du temps de travail disponible l

. Les25 à 35 % restants représentent le sous-emploi. Il faut doncd'une part résoudre les problèmes de sous-emploi pour unepartie importante de la population travaillant dans l'agricul­ture, et d'autre part favoriser la restructuration de l'écono-

1 « Les personnes sous-employées sont celles dont le temps de travail aucours de la semaine précédant l'enquête du MOLlSA était inférieur à 40heures ou au nombre d'heures de travail stipulé [par le Code du Travail],et qui souhaiteraient travailler davantage... ». [MOLlSA, 2000 : 23]

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194 TRÂN TIÊN CUONG

mie en direction de l'industrie et des services, pour assurerla croissance.

Par ailleurs, la rénovation économique a conduit à unenouvelle répartition de la production et de l'emploi nonseulement entre les trois grands secteurs d'activité que nousvenons d'évoquer, mais aussi entre les différents secteursinstitutionnels que comporte désormais l'économie pluri­sectorielle du Viêt-nam. Au cours des quinze dernièresannées, la réforme des entreprises d'État a constitué unepriorité. Elle s'est opérée de manière continue et encohérence avec la recherche de solutions aux problèmes liésau travail et à l'emploi dans les entreprises d'État. Larestructuration du secteur d'État exige à la fois unerestructuration de l'emploi pour supprimer les sur-effectifs,et de porter une plus grande attention au développement desressources humaines afin de satisfaire les besoins deRenouveau de ces entreprises.

Ces quinze années de Renouveau correspondentégalement à quinze ans de mise en oeuvre de politiqued'ouverture et d'intégration économique régionale etinternationale. L'ouverture et l'intégration2 ont créé desconditions favorables à l'acquisition de nouvelles techno­logies, à l'accumulation d'expérience en matière de gestion,à l'amélioration de la qualification professionnelle et desméthodes de travail de la main-d'oeuvre. L'ouverture etl'intégration figurent parmi les facteurs qui ont conduit à larestructuration de l'emploi. Actuellement, une part impor­tante de la main-d'œuvre, soit 270 000 personnes, travaillentdans les entreprises à participation étrangère, tandis que cesentreprises absorbent et créent indirectement des emplois

2 Intégration signifie ici la mise en oeuvre des engagements pris auniveau régional en matière de réduction des barrières tarifaires et nontarifaires, de libéralisation des investissements, de mobilité de la main­d'œuvre, etc.

194 TRÂN TIÊN CUONG

mie en direction de l'industrie et des services, pour assurerla croissance.

Par ailleurs, la rénovation économique a conduit à unenouvelle répartition de la production et de l'emploi nonseulement entre les trois grands secteurs d'activité que nousvenons d'évoquer, mais aussi entre les différents secteursinstitutionnels que comporte désormais l'économie pluri­sectorielle du Viêt-nam. Au cours des quinze dernièresannées, la réforme des entreprises d'État a constitué unepriorité. Elle s'est opérée de manière continue et encohérence avec la recherche de solutions aux problèmes liésau travail et à l'emploi dans les entreprises d'État. Larestructuration du secteur d'État exige à la fois unerestructuration de l'emploi pour supprimer les sur-effectifs,et de porter une plus grande attention au développement desressources humaines afin de satisfaire les besoins deRenouveau de ces entreprises.

Ces quinze années de Renouveau correspondentégalement à quinze ans de mise en oeuvre de politiqued'ouverture et d'intégration économique régionale etinternationale. L'ouverture et l'intégration2 ont créé desconditions favorables à l'acquisition de nouvelles techno­logies, à l'accumulation d'expérience en matière de gestion,à l'amélioration de la qualification professionnelle et desméthodes de travail de la main-d'oeuvre. L'ouverture etl'intégration figurent parmi les facteurs qui ont conduit à larestructuration de l'emploi. Actuellement, une part impor­tante de la main-d'œuvre, soit 270 000 personnes, travaillentdans les entreprises à participation étrangère, tandis que cesentreprises absorbent et créent indirectement des emplois

2 Intégration signifie ici la mise en oeuvre des engagements pris auniveau régional en matière de réduction des barrières tarifaires et nontarifaires, de libéralisation des investissements, de mobilité de la main­d'œuvre, etc.

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 195

pour des dizaines de milliers d'autres travailleurs. Maisl'intégration représente également un défi important pour leViêt-nam, non seulement à cause de la nécessaireréorientation de l'emploi entre les différents secteurs d'acti­vité et entre les différents secteurs institutionnels, mais aussià cause des bouleversements qu'elle entraîne dans lesmétiers, dans la structure des investissements, et du risqueque comporte la concurrence des entreprises étrangères pourla production nationale. La concurrence étrangère peut eneffet entraîner la faillite d'entreprises employant des travail­leurs vietnamiens et donc une augmentation du chômage, encas de trop faible compétitivité. En conséquence, les besoinsen matière de recyclage, de formation initiale et de dévelop­pement des ressources humaines sont donc importants.

Actuellement, sur le plan institutionnel, la main-d'œuvreest répartie en trois secteurs principaux qui sont l'adminis­tration publique, le secteur des entreprises et le secteur horsentreprises3

, avec en marge une petite partie de la main­d'œuvre envoyée à l'étranger pour une durée de travaildéterminée par des contrats signés avec les employeursétrangers. L'un des objectifs de la réforme de l'adminis­tration étant la réduction des effectifs employés par l'État, lapart de l'emploi public dans l'emploi total devrait se réduiredans les années à venir. Les actifs hors entreprise sontprincipalement employés dans l'agriculture et par les ména­ges. Mais pour répondre aux besoins de la restructurationéconomique, la main-d'œuvre employée dans l'agriculturedevra également voir ses effectifs se réduire.

L'activité des ménages est régie par le Décret 66/HDBTdu 2 mars 1992. Depuis la promulgation de la Loi sur lesentreprises, les ménages exerçant une activité économiqueont tendance à s'« entreprenariser », c'est à dire à s'enregis-

3 Professions libérales, entrepreneurs et travailleurs individuels, entre­prises/exploitations familiales.

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 195

pour des dizaines de milliers d'autres travailleurs. Maisl'intégration représente également un défi important pour leViêt-nam, non seulement à cause de la nécessaireréorientation de l'emploi entre les différents secteurs d'acti­vité et entre les différents secteurs institutionnels, mais aussià cause des bouleversements qu'elle entraîne dans lesmétiers, dans la structure des investissements, et du risqueque comporte la concurrence des entreprises étrangères pourla production nationale. La concurrence étrangère peut eneffet entraîner la faillite d'entreprises employant des travail­leurs vietnamiens et donc une augmentation du chômage, encas de trop faible compétitivité. En conséquence, les besoinsen matière de recyclage, de formation initiale et de dévelop­pement des ressources humaines sont donc importants.

Actuellement, sur le plan institutionnel, la main-d'œuvreest répartie en trois secteurs principaux qui sont l'adminis­tration publique, le secteur des entreprises et le secteur horsentreprises3

, avec en marge une petite partie de la main­d'œuvre envoyée à l'étranger pour une durée de travaildéterminée par des contrats signés avec les employeursétrangers. L'un des objectifs de la réforme de l'adminis­tration étant la réduction des effectifs employés par l'État, lapart de l'emploi public dans l'emploi total devrait se réduiredans les années à venir. Les actifs hors entreprise sontprincipalement employés dans l'agriculture et par les ména­ges. Mais pour répondre aux besoins de la restructurationéconomique, la main-d'œuvre employée dans l'agriculturedevra également voir ses effectifs se réduire.

L'activité des ménages est régie par le Décret 66/HDBTdu 2 mars 1992. Depuis la promulgation de la Loi sur lesentreprises, les ménages exerçant une activité économiqueont tendance à s'« entreprenariser », c'est à dire à s'enregis-

3 Professions libérales, entrepreneurs et travailleurs individuels, entre­prises/exploitations familiales.

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trer pour se transformer en entreprises. C'est donc du côtédes entreprises qu'il faut rechercher une solution aux pro­blèmes d'emploi, et plus particulièrement dans le dévelop­pement de toutes les formes d'entreprises pour renforcer lacréation d'emploi. Parallèlement, le renforcement desexportations de main-d'œuvre peut également jouer un rôledans le domaine de l'emploi.

L'économie vietnamienne connaît actuellement unepériode de transition vers une économie de marché à orien­tation socialiste. La croissance économique doit accompa­gner le développement, dont elle constitue la base, afin degarantir les droits sociaux des travailleurs, en particulier ledroit à l'emploi, non seulement pour les travailleurs en sur­effectif des entreprises d'État mais aussi pour ceux quisouffrent du sous-emploi hors du secteur des entreprises etde l'administration. Depuis 1997, la tendance à la baisse desrecettes de l'État a entraîné une réduction des dépensesconsacrées à la résolution des problèmes de sur-effectifsdans les entreprises d'État, à la création d'emploi et audéveloppement des ressources humaines. En 1997, le tauxde croissance des recettes budgétaires a atteint 5,3 %seulement, et pour la première fois depuis 1993, ce taux étaitinférieur à celui de la croissance économique. Cela aégalement été le cas en 1998, pour la deuxième annéeconsécutive. Le montant total des recettes est passé de22,9 % du PIB en 1996 à 20,5 % en 1997 et à 18,7 % en1999. La part de la recette totale en provenance desentreprises d'État (à l'exclusion des taxes d' import-export) aenregistré une baisse continue, passant de 41,5 % du totaldes recettes budgétaires en 1996 à 39,3 % en 1999. Parallè­lement, la contribution des entreprises d'État au PIB estpassée de 9,8 % en 1995 à 7 % en 1999. La principaleexplication de cette tendance réside dans la baisse du tauxde croissance économique, et en particulier du taux de

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trer pour se transformer en entreprises. C'est donc du côtédes entreprises qu'il faut rechercher une solution aux pro­blèmes d'emploi, et plus particulièrement dans le dévelop­pement de toutes les formes d'entreprises pour renforcer lacréation d'emploi. Parallèlement, le renforcement desexportations de main-d'œuvre peut également jouer un rôledans le domaine de l'emploi.

L'économie vietnamienne connaît actuellement unepériode de transition vers une économie de marché à orien­tation socialiste. La croissance économique doit accompa­gner le développement, dont elle constitue la base, afin degarantir les droits sociaux des travailleurs, en particulier ledroit à l'emploi, non seulement pour les travailleurs en sur­effectif des entreprises d'État mais aussi pour ceux quisouffrent du sous-emploi hors du secteur des entreprises etde l'administration. Depuis 1997, la tendance à la baisse desrecettes de l'État a entraîné une réduction des dépensesconsacrées à la résolution des problèmes de sur-effectifsdans les entreprises d'État, à la création d'emploi et audéveloppement des ressources humaines. En 1997, le tauxde croissance des recettes budgétaires a atteint 5,3 %seulement, et pour la première fois depuis 1993, ce taux étaitinférieur à celui de la croissance économique. Cela aégalement été le cas en 1998, pour la deuxième annéeconsécutive. Le montant total des recettes est passé de22,9 % du PIB en 1996 à 20,5 % en 1997 et à 18,7 % en1999. La part de la recette totale en provenance desentreprises d'État (à l'exclusion des taxes d' import-export) aenregistré une baisse continue, passant de 41,5 % du totaldes recettes budgétaires en 1996 à 39,3 % en 1999. Parallè­lement, la contribution des entreprises d'État au PIB estpassée de 9,8 % en 1995 à 7 % en 1999. La principaleexplication de cette tendance réside dans la baisse du tauxde croissance économique, et en particulier du taux de

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ENTREPRlSES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 197

croissance dans les entreprises d'État en raison de la crisefinancière régionale.

La diminution des recettes budgétaires et les effortseffectués en vue de limiter le déficit budgétaire à hauteur de3-5 % du PIB pourraient conduire à des réductions desdépenses récurrentes, des dépenses réservées aux program­mes d'emploi, au fonds national pour la promotion del'emploi, à la sédentarisation de la population, ou aureboisement des surfaces dénudées. Le problème des res­sources financières se pose non seulement pour le traitementdes questions liées aux sur-effectifs dans les entreprisesd'État, mais aussi pour la création de nouveaux emplois et ledéveloppement des ressources humaines.

Travail, emploi et développement des ressourceshumaines dans les entreprises d'État

Au cours des quinze dernières années, des effortsimportants ont été déployés pour résoudre les problèmesd'emploi, en liaison avec un certain nombre de mesuresdestinées à favoriser la restructuration du secteur d'État et àréformer les mécanismes de gestion de ce secteur. Durantles dernières années de la décennie 1980, l'État a donné lapriorité à la réforme de la gestion des entreprises d'État àtravers des mesures permettant de convertir le système deplanification centralisée aux mécanismes de marché, et desupprimer les subventions, en particulier les subventions àl'emploi, en passant d'un système d'attribution d'emplois àvie à un système de libre recrutement de la main-d'œuvrepar les entreprises. Cette conversion, tout en apportant unnouveau souffle aux entreprises d'État, a dans le mêmetemps fait apparaître à la fin des années 1980 et au début desannées 1990 un excédent de main-d'œuvre de 700000personnes. Pendant cette période du processus de réforme

ENTREPRlSES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 197

croissance dans les entreprises d'État en raison de la crisefinancière régionale.

La diminution des recettes budgétaires et les effortseffectués en vue de limiter le déficit budgétaire à hauteur de3-5 % du PIB pourraient conduire à des réductions desdépenses récurrentes, des dépenses réservées aux program­mes d'emploi, au fonds national pour la promotion del'emploi, à la sédentarisation de la population, ou aureboisement des surfaces dénudées. Le problème des res­sources financières se pose non seulement pour le traitementdes questions liées aux sur-effectifs dans les entreprisesd'État, mais aussi pour la création de nouveaux emplois et ledéveloppement des ressources humaines.

Travail, emploi et développement des ressourceshumaines dans les entreprises d'État

Au cours des quinze dernières années, des effortsimportants ont été déployés pour résoudre les problèmesd'emploi, en liaison avec un certain nombre de mesuresdestinées à favoriser la restructuration du secteur d'État et àréformer les mécanismes de gestion de ce secteur. Durantles dernières années de la décennie 1980, l'État a donné lapriorité à la réforme de la gestion des entreprises d'État àtravers des mesures permettant de convertir le système deplanification centralisée aux mécanismes de marché, et desupprimer les subventions, en particulier les subventions àl'emploi, en passant d'un système d'attribution d'emplois àvie à un système de libre recrutement de la main-d'œuvrepar les entreprises. Cette conversion, tout en apportant unnouveau souffle aux entreprises d'État, a dans le mêmetemps fait apparaître à la fin des années 1980 et au début desannées 1990 un excédent de main-d'œuvre de 700000personnes. Pendant cette période du processus de réforme

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des entreprises d'État, une partie de la main-d'œuvre ensurplus dont le reclassement était impossible s'est vuattribuer des allocations de l'État (Décision 176/TTG)4.

À la suite de la restructuration, les entreprises d'État ontvu leur nombre se réduire d'environ 6 600 entre 1990 et1998, mais leurs effectifs ont peu baissé. La raison en estque les problèmes d'emploi n'ont pas pu être résolus, et queles ressources financières pour l'aide au placement se sontavérées insuffisantes. C'est également la raison pour la­quelle la faillite et la dissolution d'un certain nombred'entreprises d'État sont laissées en suspens.

En dehors de la restructuration proprement dite, uncertain nombre de mesures ont été mises en œuvre pourranimer les forces motrices, limiter les pertes d'emplois, etalléger le fardeau de l'État en termes de subventionsaccordées aux entreprises dont l'existence ne semble plusjustifiée. Au nombre de ces mesures figurent l'actionnarisa­tion, le transfert, la mise en gérance ou la locationd'entreprises d'État. À la fin du premier semestre 2000, ondénombrait 460 entreprises actionnarisées et 27 entreprisestransférées aux collectivités de travailleurs ou vendues ausecteur non-étatique.

Au cours des dernières années, l'amélioration de l'effica­cité des entreprises d'État, la poursuite de l'actionnarisation,la diversification des formes de propriété, les fusions, lesdissolutions, les locations, les mises en gérance, les restruc­turations, et les investissements dans les technologiesnouvelles ont conduit à un accroissement du surplus demain-d'œuvre. On estime que dans les trois ans quiviennent, 430 000 travailleurs surnuméraires employésactuellement dans des entreprises actionnarisées, fusionnées,mises en gérance, transférées aux collectifs de travailleurs,vendues, louées ou dissoutes devront retrouver un emploi

4 Voir Chapitre 1, p. 36, note 1.

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des entreprises d'État, une partie de la main-d'œuvre ensurplus dont le reclassement était impossible s'est vuattribuer des allocations de l'État (Décision 176/TTG)4.

À la suite de la restructuration, les entreprises d'État ontvu leur nombre se réduire d'environ 6 600 entre 1990 et1998, mais leurs effectifs ont peu baissé. La raison en estque les problèmes d'emploi n'ont pas pu être résolus, et queles ressources financières pour l'aide au placement se sontavérées insuffisantes. C'est également la raison pour la­quelle la faillite et la dissolution d'un certain nombred'entreprises d'État sont laissées en suspens.

En dehors de la restructuration proprement dite, uncertain nombre de mesures ont été mises en œuvre pourranimer les forces motrices, limiter les pertes d'emplois, etalléger le fardeau de l'État en termes de subventionsaccordées aux entreprises dont l'existence ne semble plusjustifiée. Au nombre de ces mesures figurent l'actionnarisa­tion, le transfert, la mise en gérance ou la locationd'entreprises d'État. À la fin du premier semestre 2000, ondénombrait 460 entreprises actionnarisées et 27 entreprisestransférées aux collectivités de travailleurs ou vendues ausecteur non-étatique.

Au cours des dernières années, l'amélioration de l'effica­cité des entreprises d'État, la poursuite de l'actionnarisation,la diversification des formes de propriété, les fusions, lesdissolutions, les locations, les mises en gérance, les restruc­turations, et les investissements dans les technologiesnouvelles ont conduit à un accroissement du surplus demain-d'œuvre. On estime que dans les trois ans quiviennent, 430 000 travailleurs surnuméraires employésactuellement dans des entreprises actionnarisées, fusionnées,mises en gérance, transférées aux collectifs de travailleurs,vendues, louées ou dissoutes devront retrouver un emploi

4 Voir Chapitre 1, p. 36, note 1.

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 199

[Commission pour la réfonne de la gestion des entreprisescentrales, 2000]. Certains de ces employés ne pourront pasêtre replacés. Les autres devront se tourner vers d'autresemployeurs.

Le nombre de travailleurs employés par les entreprisesd'État est de 1,7 million et représente 5 % de l'emploi total.Plus d'un million travaillent dans les entreprises dépendantdu gouvernement central et plus de 700 000 dans celles quidépendent des Provinces. La restructuration des entreprisesd'État est appelée à se poursuivre, bien que ces chiffressoient déjà faibles. La compétitivité est en effet un facteurvital pour ces entreprises dans le contexte de leur intégrationselon les conditions de l'APTA. Elle implique unemodernisation de la technologie et des équipements pouraméliorer la compétitivité des entreprises d'État, qui vaconduire à de nouveaux accroissements des excédents demain-d'œuvre et renforcer la pression sur l'emploi.

Il apparaît donc nécessaire de rechercher, parallèlement àla réfonne des entreprises d'État, des solutions appropriéesaux problèmes d'emploi. C'est pour cette raison que larestructuration du secteur d'État s'est accompagnée d'uneréfonne des méthodes de gestion de la main-d'œuvre, enparticulier l'adaptation des relations de travail aux mécanis­mes de marché. L'amélioration de l'autonomie des entre­prises en matière de recrutement, l'abolition de l'emploi àvie, la suppression progressive des subventions, et lepassage aux contrats de travail vont dans ce sens.

À la suite de la mise en oeuvre du doi moi, et plusrécemment du Code du travail, les relations de travail entreles entreprises d'État et leurs employés se sont modifiéespour s'adapter au marché et aux besoins des activitésproductives et commerciales des entreprises. L'entreprise aaujourd'hui le droit de choisir les fonnes et le système derémunération, et de décider du niveau de salaires de ses

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 199

[Commission pour la réfonne de la gestion des entreprisescentrales, 2000]. Certains de ces employés ne pourront pasêtre replacés. Les autres devront se tourner vers d'autresemployeurs.

Le nombre de travailleurs employés par les entreprisesd'État est de 1,7 million et représente 5 % de l'emploi total.Plus d'un million travaillent dans les entreprises dépendantdu gouvernement central et plus de 700 000 dans celles quidépendent des Provinces. La restructuration des entreprisesd'État est appelée à se poursuivre, bien que ces chiffressoient déjà faibles. La compétitivité est en effet un facteurvital pour ces entreprises dans le contexte de leur intégrationselon les conditions de l'APTA. Elle implique unemodernisation de la technologie et des équipements pouraméliorer la compétitivité des entreprises d'État, qui vaconduire à de nouveaux accroissements des excédents demain-d'œuvre et renforcer la pression sur l'emploi.

Il apparaît donc nécessaire de rechercher, parallèlement àla réfonne des entreprises d'État, des solutions appropriéesaux problèmes d'emploi. C'est pour cette raison que larestructuration du secteur d'État s'est accompagnée d'uneréfonne des méthodes de gestion de la main-d'œuvre, enparticulier l'adaptation des relations de travail aux mécanis­mes de marché. L'amélioration de l'autonomie des entre­prises en matière de recrutement, l'abolition de l'emploi àvie, la suppression progressive des subventions, et lepassage aux contrats de travail vont dans ce sens.

À la suite de la mise en oeuvre du doi moi, et plusrécemment du Code du travail, les relations de travail entreles entreprises d'État et leurs employés se sont modifiéespour s'adapter au marché et aux besoins des activitésproductives et commerciales des entreprises. L'entreprise aaujourd'hui le droit de choisir les fonnes et le système derémunération, et de décider du niveau de salaires de ses

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200 TRÂN TIÊN CUONG

employés en fonction de leur efficacité productive etcommerciale. Ces mesures ont entraîné une amélioration dessalaires et des revenus.

D'après les lois en vigueur, il ya trois types de contrat detravail : le contrat à durée indéterminée; le contrat de courtedurée de 1 à 3 ans et le contrat d'une durée de moins d'un anou saisonnier. Parmi ces contrats, ceux dont la durée estsupérieure à un an et les conventions collectives sont régispar des articles très stricts en faveur de la protection desintérêts des employés. Les employeurs liés par ces deuxcatégories de contrat ont des difficultés à licencier leursemployés.

Alors que la majorité des entreprises d'État recrutent surcontrats à durée indéterminée ou de 1 à 3 ans, les entreprisesappartenant à des secteurs soumis à forte concurrence, dontles besoins en main-d'œuvre qualifiée sont faibles, ou dontles activités sont saisonnières ou instables, préfèrent avoirrecours à des contrats de durée plus courte afin d'éviter dedevoir verser des compensations en cas de licenciement, etde mieux répondre aux besoins du marché. Les entreprisesd'État connaissent des surplus de main-d'œuvre parce que lamajorité des contrats de travail sont à durée indéterminée.Ces surplus incluent des travailleurs dont la santé estprécaire ou dont le niveau de qualification est insuffisant,mais qu'il est difficile de licencier, ce qui conduit à uneproductivité faible et à des coûts de production élevés.

D'après les rapports de 3 639 entreprises pour l'année1998, le nombre de travailleurs en sur-effectif est de 92 274,soit 9,1 % du total. Les petites et moyennes entreprisespubliques (capital inférieur à 3 milliards de dôngs) connais­sent une proportion de sur-effectifs très élevée, quireprésente environ 15 % du total, soit 2,5 fois celle desentreprises dont le capital est supérieur à 5 milliards dedôngs. Les femmes, les jeunes, les travailleurs non-qualifiés

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employés en fonction de leur efficacité productive etcommerciale. Ces mesures ont entraîné une amélioration dessalaires et des revenus.

D'après les lois en vigueur, il ya trois types de contrat detravail : le contrat à durée indéterminée; le contrat de courtedurée de 1 à 3 ans et le contrat d'une durée de moins d'un anou saisonnier. Parmi ces contrats, ceux dont la durée estsupérieure à un an et les conventions collectives sont régispar des articles très stricts en faveur de la protection desintérêts des employés. Les employeurs liés par ces deuxcatégories de contrat ont des difficultés à licencier leursemployés.

Alors que la majorité des entreprises d'État recrutent surcontrats à durée indéterminée ou de 1 à 3 ans, les entreprisesappartenant à des secteurs soumis à forte concurrence, dontles besoins en main-d'œuvre qualifiée sont faibles, ou dontles activités sont saisonnières ou instables, préfèrent avoirrecours à des contrats de durée plus courte afin d'éviter dedevoir verser des compensations en cas de licenciement, etde mieux répondre aux besoins du marché. Les entreprisesd'État connaissent des surplus de main-d'œuvre parce que lamajorité des contrats de travail sont à durée indéterminée.Ces surplus incluent des travailleurs dont la santé estprécaire ou dont le niveau de qualification est insuffisant,mais qu'il est difficile de licencier, ce qui conduit à uneproductivité faible et à des coûts de production élevés.

D'après les rapports de 3 639 entreprises pour l'année1998, le nombre de travailleurs en sur-effectif est de 92 274,soit 9,1 % du total. Les petites et moyennes entreprisespubliques (capital inférieur à 3 milliards de dôngs) connais­sent une proportion de sur-effectifs très élevée, quireprésente environ 15 % du total, soit 2,5 fois celle desentreprises dont le capital est supérieur à 5 milliards dedôngs. Les femmes, les jeunes, les travailleurs non-qualifiés

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 201

et les travailleurs fonnés au niveau secondaire ou qui ont unniveau de fonnation professionnelle de base sont les pre­miers à subir les conséquences de la réfonne et constituentune part importante des surplus.

En dehors des travailleurs surnuméraires, d'autrestravailleurs sont employés dans des activités qui pourraientêtre simplifiées sans que l'activité de l'entreprise en souffre.Les résultats des enquêtes basées sur l'évaluation desentreprises montrent que les travailleurs en surplus représen­tent 9,4 % du total de l'emploi dans ces entreprises [Vi~n

Quan 1:5' Kinh té Trung uang, 2000b]. Ces travailleurspeuvent être considérés comme potentiellement en excédent.La prise en compte de ce potentiel porte le pourcentage à18,5 %.

La résolution des problèmes d'emploi dans les entrepri­ses d'État n'impose pas seulement de trouver des solutionsaux problèmes posés par les sur-effectifs, mais d'envisagerune solution globale combinant une assistance de la part desentreprises non-étatiques avec des politiques sociales enfaveur des travailleurs reconvertis et employés dans lesecteur non-étatique.

La capacité de création de nouveaux emplois par lesentreprises d'État apparaît limitée parce qu'elle dépend deleurs résultats productifs et commerciaux. La création denouveaux emplois demande un accroissement des investis­sements qui se heurte à des ressources financières limitées età une faible efficacité des investissements, dont une partieimportante n'est pas consacrée au développement de laproduction mais à l'amélioration de la technologie et de lacompétitivité. Seule l'amélioration de l'efficacité des activi­tés productives et commerciales peut contribuer à l'accumu­lation du capital et au développement de la production, pourpennettre à l'État d'investir ultérieurement dans Je dévelop­pement de la production sociale.

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 201

et les travailleurs fonnés au niveau secondaire ou qui ont unniveau de fonnation professionnelle de base sont les pre­miers à subir les conséquences de la réfonne et constituentune part importante des surplus.

En dehors des travailleurs surnuméraires, d'autrestravailleurs sont employés dans des activités qui pourraientêtre simplifiées sans que l'activité de l'entreprise en souffre.Les résultats des enquêtes basées sur l'évaluation desentreprises montrent que les travailleurs en surplus représen­tent 9,4 % du total de l'emploi dans ces entreprises [Vi~n

Quan 1:5' Kinh té Trung uang, 2000b]. Ces travailleurspeuvent être considérés comme potentiellement en excédent.La prise en compte de ce potentiel porte le pourcentage à18,5 %.

La résolution des problèmes d'emploi dans les entrepri­ses d'État n'impose pas seulement de trouver des solutionsaux problèmes posés par les sur-effectifs, mais d'envisagerune solution globale combinant une assistance de la part desentreprises non-étatiques avec des politiques sociales enfaveur des travailleurs reconvertis et employés dans lesecteur non-étatique.

La capacité de création de nouveaux emplois par lesentreprises d'État apparaît limitée parce qu'elle dépend deleurs résultats productifs et commerciaux. La création denouveaux emplois demande un accroissement des investis­sements qui se heurte à des ressources financières limitées età une faible efficacité des investissements, dont une partieimportante n'est pas consacrée au développement de laproduction mais à l'amélioration de la technologie et de lacompétitivité. Seule l'amélioration de l'efficacité des activi­tés productives et commerciales peut contribuer à l'accumu­lation du capital et au développement de la production, pourpennettre à l'État d'investir ultérieurement dans Je dévelop­pement de la production sociale.

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202 TRÂN TlÊN CUONG

La mise en œuvre actuelle de la réforme des entreprisesd'État au travers de mesures telles que l'actionnarisation, lamise en gérance, la vente ou la location n'assurent passeulement un emploi aux travailleurs dans les nouvellesentreprises selon la législation du travail en vigueur, maiscréent en outre une base solide pour une meilleure efficacitédes activités productives et commerciales susceptible defavoriser l'accumulation du capital, le développement de laproduction, l'absorption des employés des entreprises d'Étatreconverties et, plus généralement, de l'ensemble de lamain-d'œuvre. Ce mouvement s'accompagne de la mise enoeuvre de politiques sociales compatibles avec le traitementdes problèmes de sur-effectifs et avec la reconversion desentreprises du secteur d'État en entreprises non-étatiques.

L'analyse des problèmes du travail dans le cadre de laréforme des entreprises d'État doit respecter les principessuivants: (a) la responsabilité concernant la résolution desproblèmes de surplus de main-d'œuvre et de replacementdoit être partagée entre l'État et l'entreprise; (b) la résolu­tion des problèmes de surplus de main-d'œuvre doit inter­venir par le biais de politiques adaptées à chacune desoptions prévues par la réforme des entreprises d'État et àchaque catégorie de travailleurs; (c) la solution retenue doitêtre conforme à la loi en vigueur pour maintenir la stabilitésociale, et les travailleurs en surplus doivent être encouragésà s'impliquer dans leur reconversion.

L'application de mesures d'encouragement et d'assis­tance spécifique, ainsi que des lois en vigueur varie selon lescas. Une politique complémentaire d'encouragement oud'assistance est nessaire pour assister les entreprises d'Étatdans la recherche de solutions concernant les sur-effectifs etpour aider ceux qui ont perdu leur emploi à la suite d'unedissolution ou d'une faillite à trouver ou à créer un autreemploi. Pour d'autres catégories de travailleurs, en particu-

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La mise en œuvre actuelle de la réforme des entreprisesd'État au travers de mesures telles que l'actionnarisation, lamise en gérance, la vente ou la location n'assurent passeulement un emploi aux travailleurs dans les nouvellesentreprises selon la législation du travail en vigueur, maiscréent en outre une base solide pour une meilleure efficacitédes activités productives et commerciales susceptible defavoriser l'accumulation du capital, le développement de laproduction, l'absorption des employés des entreprises d'Étatreconverties et, plus généralement, de l'ensemble de lamain-d'œuvre. Ce mouvement s'accompagne de la mise enoeuvre de politiques sociales compatibles avec le traitementdes problèmes de sur-effectifs et avec la reconversion desentreprises du secteur d'État en entreprises non-étatiques.

L'analyse des problèmes du travail dans le cadre de laréforme des entreprises d'État doit respecter les principessuivants: (a) la responsabilité concernant la résolution desproblèmes de surplus de main-d'œuvre et de replacementdoit être partagée entre l'État et l'entreprise; (b) la résolu­tion des problèmes de surplus de main-d'œuvre doit inter­venir par le biais de politiques adaptées à chacune desoptions prévues par la réforme des entreprises d'État et àchaque catégorie de travailleurs; (c) la solution retenue doitêtre conforme à la loi en vigueur pour maintenir la stabilitésociale, et les travailleurs en surplus doivent être encouragésà s'impliquer dans leur reconversion.

L'application de mesures d'encouragement et d'assis­tance spécifique, ainsi que des lois en vigueur varie selon lescas. Une politique complémentaire d'encouragement oud'assistance est nessaire pour assister les entreprises d'Étatdans la recherche de solutions concernant les sur-effectifs etpour aider ceux qui ont perdu leur emploi à la suite d'unedissolution ou d'une faillite à trouver ou à créer un autreemploi. Pour d'autres catégories de travailleurs, en particu-

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 203

lier ceux qui ont des difficultés à trouver un autre emploi ouauxquels le Code du travail s'applique (travailleurs ayantatteint l'âge de la retraite, en fin de contrat de travail, enarrêt d'activité volontaire, en particulier les travailleursqualifiés), la décision d'attribution d'une assistance complé­mentaire relève de chaque entreprise.

En ce qui concerne les travailleurs répondant auxconditions de retraite, en fin de contrat de travail ou en arrêtvolontaire de travail, il n'est pas nécessaire pour l'État demettre en place de mesures spécifiques d'encouragement oud'assistance, dans la mesure où s'appliquent les régimes deretraite ou d'arrêt d'activité. Les politiques vis-à-vis de cetype de travailleurs sont les suivantes:

(a) Ceux qui répondent aux conditions de retraite ont accèsaux régimes de retraite régis par le règlement de laSécurité Sociale vietnamienne promulguée par le Décret12/CP du 26 janvier 1995.

(b) Ceux qui tenninent leur contrat de travail maisn'atteignent pas l'âge de la retraite au moment de larestructuration de la main-d'œuvre peuvent bénéficierd'une allocation d'arrêt d'activité selon l'alinéa 1 del'article 42 du Code du travail (un demi-mois de salairepour chaque année de travail accompagné d'indemnités sinécessaire) avec une allocation complémentaire selonl'article 28 du règlement de la Sécurité Sociale.

(c) Ceux qui n'entrent pas dans le cadre des sur-effectifsmais souhaitent cesser leur activité se voient appliquer lalégislation en vigueur en matière d'arrêt d'activité afind'éviter la mobilité des travailleurs qualifiés dont lesentreprises ont besoin.

Pour réduire la pression de la main-d'œuvre en sur­effectif, il semble nécessaire d'encourager les départs en

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 203

lier ceux qui ont des difficultés à trouver un autre emploi ouauxquels le Code du travail s'applique (travailleurs ayantatteint l'âge de la retraite, en fin de contrat de travail, enarrêt d'activité volontaire, en particulier les travailleursqualifiés), la décision d'attribution d'une assistance complé­mentaire relève de chaque entreprise.

En ce qui concerne les travailleurs répondant auxconditions de retraite, en fin de contrat de travail ou en arrêtvolontaire de travail, il n'est pas nécessaire pour l'État demettre en place de mesures spécifiques d'encouragement oud'assistance, dans la mesure où s'appliquent les régimes deretraite ou d'arrêt d'activité. Les politiques vis-à-vis de cetype de travailleurs sont les suivantes:

(a) Ceux qui répondent aux conditions de retraite ont accèsaux régimes de retraite régis par le règlement de laSécurité Sociale vietnamienne promulguée par le Décret12/CP du 26 janvier 1995.

(b) Ceux qui tenninent leur contrat de travail maisn'atteignent pas l'âge de la retraite au moment de larestructuration de la main-d'œuvre peuvent bénéficierd'une allocation d'arrêt d'activité selon l'alinéa 1 del'article 42 du Code du travail (un demi-mois de salairepour chaque année de travail accompagné d'indemnités sinécessaire) avec une allocation complémentaire selonl'article 28 du règlement de la Sécurité Sociale.

(c) Ceux qui n'entrent pas dans le cadre des sur-effectifsmais souhaitent cesser leur activité se voient appliquer lalégislation en vigueur en matière d'arrêt d'activité afind'éviter la mobilité des travailleurs qualifiés dont lesentreprises ont besoin.

Pour réduire la pression de la main-d'œuvre en sur­effectif, il semble nécessaire d'encourager les départs en

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retraite anticipée. Ainsi, les travailleurs ayant 30 ans d'an­cienneté, qui ont contribué au fonds de la Sécurité Sociale,et à qui il manque entre un et cinq ans pour atteindre l'âgede la retraite (c'est-à-dire qui ont entre 55 et 60 ans pour leshommes et entre 50 et 55 ans pour les femmes), mais quisouhaitent partir en retraite, remplissent les conditions pourbénéficier pleinement de leurs droits à la retraite d'après lesrèglements du Décret 93/CP du 12 novembre 1998. Dans laréalité cependant, peu nombreux sont ceux qui souhaitentpartir en retraite à cause du faible niveau des pensions parcomparaison avec les revenus perçus en activité dans lesentreprises d'État. De même, d'après le Décret 93/CP, lestravailleurs (âgés de 60 ans pour les hommes et de 55 anspour les femmes) ayant contribué au fonds de la sécuritésociale pendant 15 à 19 ans remplissent les conditions pourpartir en retraite avec une pension de retraite inférieure à lapension de retraite normale. Là encore, peu de travailleursoptent pour un départ en retraite anticipée à cause de la pertede revenu que cela implique et préfèrent attendre encore uneannée de contribution au fonds de la Sécurité Sociale pourremplir les conditions de retraite normale et recevoir unepension de retraite complète.

Dans le cas des entreprises en voie de dissolution ou enfaillite, les pertes d'emplois sont inévitables. Dans uncertain nombre d'entreprises, les noms des travailleurs quiont été obligés d'arrêter leur activité depuis longtemps maisn'ont pas encore reçu leurs indemnités figurent encoresouvent dans la liste des employés, alors que dans la réalitéils ont perdu leur emploi. Ces travailleurs sont dans unesituation comparable à celle des travailleurs des entreprisesen faillite ou dissoutes. La politique, dans ce cas, est de lesencourager à trouver un nouvel emploi, de les assister danscette démarche et de les aider à surmonter les difficultésqu'ils rencontrent.

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retraite anticipée. Ainsi, les travailleurs ayant 30 ans d'an­cienneté, qui ont contribué au fonds de la Sécurité Sociale,et à qui il manque entre un et cinq ans pour atteindre l'âgede la retraite (c'est-à-dire qui ont entre 55 et 60 ans pour leshommes et entre 50 et 55 ans pour les femmes), mais quisouhaitent partir en retraite, remplissent les conditions pourbénéficier pleinement de leurs droits à la retraite d'après lesrèglements du Décret 93/CP du 12 novembre 1998. Dans laréalité cependant, peu nombreux sont ceux qui souhaitentpartir en retraite à cause du faible niveau des pensions parcomparaison avec les revenus perçus en activité dans lesentreprises d'État. De même, d'après le Décret 93/CP, lestravailleurs (âgés de 60 ans pour les hommes et de 55 anspour les femmes) ayant contribué au fonds de la sécuritésociale pendant 15 à 19 ans remplissent les conditions pourpartir en retraite avec une pension de retraite inférieure à lapension de retraite normale. Là encore, peu de travailleursoptent pour un départ en retraite anticipée à cause de la pertede revenu que cela implique et préfèrent attendre encore uneannée de contribution au fonds de la Sécurité Sociale pourremplir les conditions de retraite normale et recevoir unepension de retraite complète.

Dans le cas des entreprises en voie de dissolution ou enfaillite, les pertes d'emplois sont inévitables. Dans uncertain nombre d'entreprises, les noms des travailleurs quiont été obligés d'arrêter leur activité depuis longtemps maisn'ont pas encore reçu leurs indemnités figurent encoresouvent dans la liste des employés, alors que dans la réalitéils ont perdu leur emploi. Ces travailleurs sont dans unesituation comparable à celle des travailleurs des entreprisesen faillite ou dissoutes. La politique, dans ce cas, est de lesencourager à trouver un nouvel emploi, de les assister danscette démarche et de les aider à surmonter les difficultésqu'ils rencontrent.

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 205

Travail, emploi et développement du secteurnon-étatique

Par nature, le secteur économique non-étatique est consi­déré comme un secteur dynamique, avec de grandespotentialités en matière de création d'emploi. La mise enoeuvre de la politique de Renouveau dans les dernièresannées de la décennie 1980 et au début des années 1990 amobilisé les potentialités de millions de vietnamiens, etcontribué à une rapide diversification, au développement dela production agricole, à un développement important del'économie familiale, et à la création d'entreprises privées,de petites et moyennes entreprises, et de sociétés.

L'investissement et le développement des différentssecteurs institutionnels ont été encouragés au cours de cesquinze années de Renouveau. Les mesures prises dans cecadre, et qui ont particulièrement contribué à la recherche desolutions aux problèmes d'emploi dans le secteur non­étatique s'articulent autour de quatre axes principaux.

Le premier axe concerne la mise en place d'une politiqued'encouragement au développement du secteur non-étatiqueet à l'investissement national et étranger dans ce secteur. LaRésolution 16 NQ/TW (1988) encourageant le développe­ment de l'industrie et de l'artisanat du secteur non-étatique,la Loi sur les sociétés et la Loi sur les entreprises privées(1990), la Loi sur l'encouragement à l'investissementdomestique (1994, amendée en 1998), la Loi sur l'investis­sement étranger au Viêt-nam et surtout la promulgation dela Loi sur les entreprises (1999) basée sur la fusion de la Loisur les entreprises privées et de la Loi sur les sociétés (1990)ont en effet permis de mettre en place des conditions plusfavorables à l'investissement, à la création d'entreprise, etpar conséquent à la création d'emploi dans le secteur non-

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Travail, emploi et développement du secteurnon-étatique

Par nature, le secteur économique non-étatique est consi­déré comme un secteur dynamique, avec de grandespotentialités en matière de création d'emploi. La mise enoeuvre de la politique de Renouveau dans les dernièresannées de la décennie 1980 et au début des années 1990 amobilisé les potentialités de millions de vietnamiens, etcontribué à une rapide diversification, au développement dela production agricole, à un développement important del'économie familiale, et à la création d'entreprises privées,de petites et moyennes entreprises, et de sociétés.

L'investissement et le développement des différentssecteurs institutionnels ont été encouragés au cours de cesquinze années de Renouveau. Les mesures prises dans cecadre, et qui ont particulièrement contribué à la recherche desolutions aux problèmes d'emploi dans le secteur non­étatique s'articulent autour de quatre axes principaux.

Le premier axe concerne la mise en place d'une politiqued'encouragement au développement du secteur non-étatiqueet à l'investissement national et étranger dans ce secteur. LaRésolution 16 NQ/TW (1988) encourageant le développe­ment de l'industrie et de l'artisanat du secteur non-étatique,la Loi sur les sociétés et la Loi sur les entreprises privées(1990), la Loi sur l'encouragement à l'investissementdomestique (1994, amendée en 1998), la Loi sur l'investis­sement étranger au Viêt-nam et surtout la promulgation dela Loi sur les entreprises (1999) basée sur la fusion de la Loisur les entreprises privées et de la Loi sur les sociétés (1990)ont en effet permis de mettre en place des conditions plusfavorables à l'investissement, à la création d'entreprise, etpar conséquent à la création d'emploi dans le secteur non-

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étatique, que celles qui prévalaient au début de la période deRenouveau.

Le second axe est la mise en œuvre de mesuresd'encouragement à la production dans l'agriculture, laforesterie et la pêche. Il s'agit en particulier d'encouragerl'élargissement de l'échelle de production et les restruc­turations pour favoriser la création d'emploi. Au nombre deces mesures figure le contrat forfaitaire dans l'agriculture(Directive 100-CT/TW du 13 janvier 1981 confirmée par laRésolution 10 NQ/TW du 5 avril 1988) dont l'objectif étaitde libérer les forces productives, de valoriser les poten­tialités du secteur agricole, d'encourager le développementet la protection des droits à l'exercice d'activités productiveset commerciales par le secteur familial, le secteur privé et lesecteur individuel. C'est dans le même esprit d'encourage­ment au développement du secteur non-étatique qu'ont étémises en place la politique de développement de l'économiecoopérative dans le cadre de la Loi sur les coopératives, etun certain nombre de programmes spécifiques comme lesprogrammes 327 sur "le reboisement des collines dénudéeset des terrains inoccupés", le Programme des 5 millionsd'hectares de forêt, le Programme de la pêche au large, leProgramme 773 sur l'exploitation et l'utilisation des terresmises en jachère, etc. Par ailleurs, la politique de développe­ment de l'économie des exploitations agricoles régie par laRésolution 03/20001NQ-CP du 2 février 2000 du Gouverne­ment a pour objectif de concentrer la production dansl'agriculture et de favoriser l'emploi de la main-d'œuvreagricole pour le développement des exploitations agricoleset ainsi de s'attaquer au problème du sous-emploi dansl'agriculture.

Le troisième axe est constitué par une politique definancement et de crédit spécifique destinée à assister lesménages pauvres, et par le programme de développement du

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étatique, que celles qui prévalaient au début de la période deRenouveau.

Le second axe est la mise en œuvre de mesuresd'encouragement à la production dans l'agriculture, laforesterie et la pêche. Il s'agit en particulier d'encouragerl'élargissement de l'échelle de production et les restruc­turations pour favoriser la création d'emploi. Au nombre deces mesures figure le contrat forfaitaire dans l'agriculture(Directive 100-CT/TW du 13 janvier 1981 confirmée par laRésolution 10 NQ/TW du 5 avril 1988) dont l'objectif étaitde libérer les forces productives, de valoriser les poten­tialités du secteur agricole, d'encourager le développementet la protection des droits à l'exercice d'activités productiveset commerciales par le secteur familial, le secteur privé et lesecteur individuel. C'est dans le même esprit d'encourage­ment au développement du secteur non-étatique qu'ont étémises en place la politique de développement de l'économiecoopérative dans le cadre de la Loi sur les coopératives, etun certain nombre de programmes spécifiques comme lesprogrammes 327 sur "le reboisement des collines dénudéeset des terrains inoccupés", le Programme des 5 millionsd'hectares de forêt, le Programme de la pêche au large, leProgramme 773 sur l'exploitation et l'utilisation des terresmises en jachère, etc. Par ailleurs, la politique de développe­ment de l'économie des exploitations agricoles régie par laRésolution 03/20001NQ-CP du 2 février 2000 du Gouverne­ment a pour objectif de concentrer la production dansl'agriculture et de favoriser l'emploi de la main-d'œuvreagricole pour le développement des exploitations agricoleset ainsi de s'attaquer au problème du sous-emploi dansl'agriculture.

Le troisième axe est constitué par une politique definancement et de crédit spécifique destinée à assister lesménages pauvres, et par le programme de développement du

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 207

micro-crédit en milieu rural, tandis que le dernier axe estbasé sur la création d'emploi dan le cadre du ProgrammeNational pour la Promotion de l'Emploi régi par laRésolution 120IHDBT de 1992.

Pour mieux exploiter les potentialités du secteur non­étatique en matière de création d'emploi, il est nécessaire derenforcer les politiques d'encouragement à ce secteur, et enparticulier de créer un environnement plus favorable, plussain, plus transparent, et d'encourager l'esprit productif etcommercial et l'enrichissement légal en éliminant lesrèglements et licences inutiles dont l'accumulation entravel'enregistrement des entreprises et des activités productiveset commerciales, et en abandonnant les contrôles et lesinspections superfétatoires. C'est dans cette optique que lepremier ministre a promulgué le 3 février 2000 la décision19/TTG qui supprime 84 règlements non confonnes à la Loisur les Entreprises. Les organismes gouvernementauxpoursuivent actuellement l'examen des règlements envigueur pour supprimer ceux qui sont inutiles

Stimuler le développement des petites et moyennesentreprises constitue l'un des moyens importants de créationd'emploi. Cette question a fait l'objet de nombreux débatsmais jusqu'à présent, aucune politique dans ce domaine n'aencore été arrêtée.

Les mesures suivantes apparaissent en outre nécessaires:poursuivre la simplification et la décentralisation, au profitdes provinces et des unités de gestion des zonesindustrielles, de la procédure d'autorisation d'attribution delicence d'investissement pour les projets de petite etmoyenne taille; diminuer les coûts de location des terrains,augmenter le nombre d'entreprises ayant accès au systèmede taxe à taux préférentiel ; accroître la consommation desproduits nationaux; abaisser le plafond des taux d'intérêt ducrédit pour encourager les entreprises à investir; émettre

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 207

micro-crédit en milieu rural, tandis que le dernier axe estbasé sur la création d'emploi dan le cadre du ProgrammeNational pour la Promotion de l'Emploi régi par laRésolution 120IHDBT de 1992.

Pour mieux exploiter les potentialités du secteur non­étatique en matière de création d'emploi, il est nécessaire derenforcer les politiques d'encouragement à ce secteur, et enparticulier de créer un environnement plus favorable, plussain, plus transparent, et d'encourager l'esprit productif etcommercial et l'enrichissement légal en éliminant lesrèglements et licences inutiles dont l'accumulation entravel'enregistrement des entreprises et des activités productiveset commerciales, et en abandonnant les contrôles et lesinspections superfétatoires. C'est dans cette optique que lepremier ministre a promulgué le 3 février 2000 la décision19/TTG qui supprime 84 règlements non confonnes à la Loisur les Entreprises. Les organismes gouvernementauxpoursuivent actuellement l'examen des règlements envigueur pour supprimer ceux qui sont inutiles

Stimuler le développement des petites et moyennesentreprises constitue l'un des moyens importants de créationd'emploi. Cette question a fait l'objet de nombreux débatsmais jusqu'à présent, aucune politique dans ce domaine n'aencore été arrêtée.

Les mesures suivantes apparaissent en outre nécessaires:poursuivre la simplification et la décentralisation, au profitdes provinces et des unités de gestion des zonesindustrielles, de la procédure d'autorisation d'attribution delicence d'investissement pour les projets de petite etmoyenne taille; diminuer les coûts de location des terrains,augmenter le nombre d'entreprises ayant accès au systèmede taxe à taux préférentiel ; accroître la consommation desproduits nationaux; abaisser le plafond des taux d'intérêt ducrédit pour encourager les entreprises à investir; émettre

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208 TRÂN T1ÊN CUONG

des emprunts d'État et des obligations pour augmenter lescapacités d'investissement de l'État; amender les politiquesexistantes et en promulguer de nouvelles pour attirer etmettre en confiance les investisseurs; organiser le dialogueentre le gouvernement d'une part, les investisseurs et lesentrepreneurs d'autre part, pour la création d'un environ­nement plus favorable aux investissements nationaux etétrangers; accroître les exportations de main-d'œuvre, etc.

Développement du marché du travail etgaranties sociales pour les travailleurs

Les outils dont dispose l'État pour traiter les questionsrelatives au travail et à l'emploi sont la gestion des entrepri­ses publiques, les mesures administratives relatives à l'em­ploi, et les programmes nationaux d'emploi. Le ProgrammeNational pour la Promotion de l'Emploi a été lancé en 1992.Il a été renommé Programme National Cible pour laCréation d'Emploi en 1998. L'action de l'État en matièred'emploi se concentre sur la croissance économique pourcréer des emplois, garantir l'emploi dans les unités deproduction, lutter contre les licenciements massifs, et aiderles travailleurs en difficulté à créer leur propre emploi ou àen rechercher un. Parallèlement, l'État a également préparédes textes qui constituent la base légale des relations detravail, y compris pour les catégories de travailleurs qui nepeuvent pas trouver un emploi dans les entreprises d'État, etdans la création d'un fonds d'assistance à la réorganisationde l'emploi et à l'actionnarisation des entreprises d'Étatpour soutenir la restructuration de ce secteur.

En dépit des efforts déployés et des résultats obtenus, lesproblèmes relatifs au travail, à l'emploi et au développementdes ressources humaines n'ont pas encore pu être surmontéscomme le montrent le taux élevé de sous-emploi et la diffi-

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des emprunts d'État et des obligations pour augmenter lescapacités d'investissement de l'État; amender les politiquesexistantes et en promulguer de nouvelles pour attirer etmettre en confiance les investisseurs; organiser le dialogueentre le gouvernement d'une part, les investisseurs et lesentrepreneurs d'autre part, pour la création d'un environ­nement plus favorable aux investissements nationaux etétrangers; accroître les exportations de main-d'œuvre, etc.

Développement du marché du travail etgaranties sociales pour les travailleurs

Les outils dont dispose l'État pour traiter les questionsrelatives au travail et à l'emploi sont la gestion des entrepri­ses publiques, les mesures administratives relatives à l'em­ploi, et les programmes nationaux d'emploi. Le ProgrammeNational pour la Promotion de l'Emploi a été lancé en 1992.Il a été renommé Programme National Cible pour laCréation d'Emploi en 1998. L'action de l'État en matièred'emploi se concentre sur la croissance économique pourcréer des emplois, garantir l'emploi dans les unités deproduction, lutter contre les licenciements massifs, et aiderles travailleurs en difficulté à créer leur propre emploi ou àen rechercher un. Parallèlement, l'État a également préparédes textes qui constituent la base légale des relations detravail, y compris pour les catégories de travailleurs qui nepeuvent pas trouver un emploi dans les entreprises d'État, etdans la création d'un fonds d'assistance à la réorganisationde l'emploi et à l'actionnarisation des entreprises d'Étatpour soutenir la restructuration de ce secteur.

En dépit des efforts déployés et des résultats obtenus, lesproblèmes relatifs au travail, à l'emploi et au développementdes ressources humaines n'ont pas encore pu être surmontéscomme le montrent le taux élevé de sous-emploi et la diffi-

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 209

cuité d'adapter les ressources humaines aux besoins del'industrialisation et de la modernisation. Cette situationdécoule d'une attention insuffisante portée au développe­ment du marché du travail et à ses mécanismes. Ledéveloppement de ce marché nécessite en effet que l'onaccorde une attention particulière aux politiques etorientations suivantes:

- Politique d'accroissement de la demande de travail par lesoutien apporté aux fonds de démarrage dans le petitcommerce et les petites et moyennes entreprises, et ledéveloppement des programmes de création d'emploi etd'exportation de main-d'œuvre;

- Politique de réduction de l'offre de travail, en particulier àtravers la planification familiale et la mobilité de la main­d'œuvre vers des zones peu touchées par la pressiond'une main-d'œuvre surabondante;

- Politique d'assistance financière aux travailleurs qui ontperdu leur emploi ou dont le contrat de travail est préma­turément interrompu, et aide financière pour le recyclage.

- Développement du réseau des services de l'emploi, cesservices ayant des fonctions d'information sur la demandede travail, de consultation et de placement.

- Développement d'un système d'information sur le marchédu travail couvrant l'offre et la demande de travail,capable de fournir aux demandeurs d'emploi et auxemployeurs de l'information sur les centres de formationet de perfectionnement des ressources humaines. Cesystème doit être étendu à l'ensemble du pays, connectéen réseau et informatisé.

- Mise en place et développement d'un marché des cadresde gestion et de direction d'entreprises. Dans les entre­prises d'État il faut accélérer le passage des directeurs,directeurs-adjoints et chefs-comptables, de fonctionsadministratives à des fonctions commerciales et de ges-

ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 209

cuité d'adapter les ressources humaines aux besoins del'industrialisation et de la modernisation. Cette situationdécoule d'une attention insuffisante portée au développe­ment du marché du travail et à ses mécanismes. Ledéveloppement de ce marché nécessite en effet que l'onaccorde une attention particulière aux politiques etorientations suivantes:

- Politique d'accroissement de la demande de travail par lesoutien apporté aux fonds de démarrage dans le petitcommerce et les petites et moyennes entreprises, et ledéveloppement des programmes de création d'emploi etd'exportation de main-d'œuvre;

- Politique de réduction de l'offre de travail, en particulier àtravers la planification familiale et la mobilité de la main­d'œuvre vers des zones peu touchées par la pressiond'une main-d'œuvre surabondante;

- Politique d'assistance financière aux travailleurs qui ontperdu leur emploi ou dont le contrat de travail est préma­turément interrompu, et aide financière pour le recyclage.

- Développement du réseau des services de l'emploi, cesservices ayant des fonctions d'information sur la demandede travail, de consultation et de placement.

- Développement d'un système d'information sur le marchédu travail couvrant l'offre et la demande de travail,capable de fournir aux demandeurs d'emploi et auxemployeurs de l'information sur les centres de formationet de perfectionnement des ressources humaines. Cesystème doit être étendu à l'ensemble du pays, connectéen réseau et informatisé.

- Mise en place et développement d'un marché des cadresde gestion et de direction d'entreprises. Dans les entre­prises d'État il faut accélérer le passage des directeurs,directeurs-adjoints et chefs-comptables, de fonctionsadministratives à des fonctions commerciales et de ges-

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210 TRÂN TlÊN CUONG

tion de contrats de travail et le passage d'un système derémunération dépendant du classement, du grade et de lataille de l'entreprise en un système basé sur les résultats etle développement de l'entreprise. Les entreprises d'État etles entreprises des autres secteurs doivent progressive­ment mettre en place un marché des cadres de gestion,l'évaluation et la sélection des talents par le marché créantles conditions d'un équilibre entre l'offre et la demandede main-d'œuvre et de compétences de gestion.

- Perfectionnement de la législation du travail pour la pro­tection des droits des travailleurs comme des employeurset révision des réglementations susceptibles de nuire à laflexibilité du marché du travail et de restreindre la mobili­té du travail ou sa restructuration.

Conclusion

La croissance économique est un facteur essentiel dans larésolution des problèmes du travail et de l'emploi. Lesproblèmes posés par le développement des ressourceshumaines s'accroissent de jour en jour, dans un contexte oùle Viêt-nam doit faire face au chômage et aux défis del'intégration. Mais un développement des ressourceshumaines répondant aux exigences de l'industrialisation, dela modernisation et de l'intégration est d'une importancecruciale pour la croissance économique. En outre, le traite­ment des problèmes liés au travail et à l'emploi peutcontribuer à la stabilité sociale et aussi à la croissance.

Dans le processus de transformation des mécanismes degestion du travail, de l'emploi et des ressources humaines enmécanismes de marché, la clé de la croissance et de laréponse aux problèmes du travail et de l'emploi est la miseen place d'un climat favorable au développement desactivités commerciales, et l'amélioration de la compétitivité

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tion de contrats de travail et le passage d'un système derémunération dépendant du classement, du grade et de lataille de l'entreprise en un système basé sur les résultats etle développement de l'entreprise. Les entreprises d'État etles entreprises des autres secteurs doivent progressive­ment mettre en place un marché des cadres de gestion,l'évaluation et la sélection des talents par le marché créantles conditions d'un équilibre entre l'offre et la demandede main-d'œuvre et de compétences de gestion.

- Perfectionnement de la législation du travail pour la pro­tection des droits des travailleurs comme des employeurset révision des réglementations susceptibles de nuire à laflexibilité du marché du travail et de restreindre la mobili­té du travail ou sa restructuration.

Conclusion

La croissance économique est un facteur essentiel dans larésolution des problèmes du travail et de l'emploi. Lesproblèmes posés par le développement des ressourceshumaines s'accroissent de jour en jour, dans un contexte oùle Viêt-nam doit faire face au chômage et aux défis del'intégration. Mais un développement des ressourceshumaines répondant aux exigences de l'industrialisation, dela modernisation et de l'intégration est d'une importancecruciale pour la croissance économique. En outre, le traite­ment des problèmes liés au travail et à l'emploi peutcontribuer à la stabilité sociale et aussi à la croissance.

Dans le processus de transformation des mécanismes degestion du travail, de l'emploi et des ressources humaines enmécanismes de marché, la clé de la croissance et de laréponse aux problèmes du travail et de l'emploi est la miseen place d'un climat favorable au développement desactivités commerciales, et l'amélioration de la compétitivité

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ENTREPRISES, EMPLOI ET MAIN-D'ŒUVRE 211

de tous les types d'entreprises du Viêt-nam, et de l'écono­mie dans son ensemble. L'État a la responsabilité d'orienterle passage à un système de marché et de mettre en place desmesures permettant à tous les travailleurs d'avoir accès à laprotection sociale.

Bibliographie

BAN DOl MOI QUÀN Ly DOANH NGHlêp TRUNG D'ONG [2000],

Bao cao tbng kêt dbi mOi và phat trùfn doanh nghi4p nhàmtdc tit nam 1986 dtn nay (Commission pour la réformede la gestion des entreprises centrales, Bilan de larénovation et développement des entreprises d'État de1986 à aujourd 'hui).

BO LAO DôNG - THUONG BINH VÀ )CA HOI, TRUNG TÂM THONG

TIN - THONG KÊ LAO DôNG VÀ )CA HÔI [2000], ThI!c trf;lnglao d91lg-vi4c làm aVi4t Nam 1999, Hà N(>i, Nhà Xuatban Th6ng kê, JMOLISA, Status of labour-employment inVietnam 1999, Hanoi, Statistical Publishing House.

CONG HàA XÂ HOI CHÙ NGHÏA VlêT NAM [19941, B9 LuÇlt Laod91lg, Hà NQi, Nhà Xuat ban Chinh tT! Qu6c gia.(Assemblée Nationale de la République Socialiste du Viet­nam, Code du travail, Éditions des Politiques Nationales).

TRAN TIÉN CUONG [2000], Bao cao nghiên clfu vê' cac van dê'lao d9ng trong cdi cach doanh nghi4p nhà mtdc cua Vi4nNghiên Clfu qudn ly kinh tl trung uO'ng, HÔi thao vé c,icvan dé lao dQng trong di cach doanh nghi~p nhà mroc,Hà N(>i, Thang 6. (Résultats d'études et d'enquêtes sur lesproblèmes du travail durant la réforme des entreprisesd'État et synthèse des opinions, communication auSéminaire sur les problèmes du travail durant la réformedes entreprises d'État, Hanoi, juin 2000.)

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de tous les types d'entreprises du Viêt-nam, et de l'écono­mie dans son ensemble. L'État a la responsabilité d'orienterle passage à un système de marché et de mettre en place desmesures permettant à tous les travailleurs d'avoir accès à laprotection sociale.

Bibliographie

BAN DOl MOI QUÀN Ly DOANH NGHlêp TRUNG D'ONG [2000],

Bao cao tbng kêt dbi mOi và phat trùfn doanh nghi4p nhàmtdc tit nam 1986 dtn nay (Commission pour la réformede la gestion des entreprises centrales, Bilan de larénovation et développement des entreprises d'État de1986 à aujourd 'hui).

BO LAO DôNG - THUONG BINH VÀ )CA HOI, TRUNG TÂM THONG

TIN - THONG KÊ LAO DôNG VÀ )CA HÔI [2000], ThI!c trf;lnglao d91lg-vi4c làm aVi4t Nam 1999, Hà N(>i, Nhà Xuatban Th6ng kê, JMOLISA, Status of labour-employment inVietnam 1999, Hanoi, Statistical Publishing House.

CONG HàA XÂ HOI CHÙ NGHÏA VlêT NAM [19941, B9 LuÇlt Laod91lg, Hà NQi, Nhà Xuat ban Chinh tT! Qu6c gia.(Assemblée Nationale de la République Socialiste du Viet­nam, Code du travail, Éditions des Politiques Nationales).

TRAN TIÉN CUONG [2000], Bao cao nghiên clfu vê' cac van dê'lao d9ng trong cdi cach doanh nghi4p nhà mtdc cua Vi4nNghiên Clfu qudn ly kinh tl trung uO'ng, HÔi thao vé c,icvan dé lao dQng trong di cach doanh nghi~p nhà mroc,Hà N(>i, Thang 6. (Résultats d'études et d'enquêtes sur lesproblèmes du travail durant la réforme des entreprisesd'État et synthèse des opinions, communication auSéminaire sur les problèmes du travail durant la réformedes entreprises d'État, Hanoi, juin 2000.)

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212 TRÂN TlÊN CUONG

TONG Cl}C THONG ~ [1997], Niên gùim thông kê 1996, HàN(?i, Nhà Xu~t bàn Th6ng kê. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1996, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C THONG ~ [1998], Niên gùim thông kê 1997, HàN(?i, Nhà Xuât bàn Th6ng kê. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1997, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C TH6NG~ [1999], Niên gùim thông kê 1998, NhàXuât bàn Th6ng kê, Hà N(?i. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1998, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C TH6NG KÊ [2000], Niên gùim thông kê 1999, NhàXuât bàn Th6ng kê, Hà NQi. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1999, Hanoi, Maisond'Édition des statistiques).

VI~N QUÀN LY KINH TÉ TRUNG D'ONG [2000a], Kinh tê'ViçtNam 1999, Hà N(?i. (Institut central de Gestion économi­que, L'économie vietnamienne en 1999, Hanoi)

VI~N QUÀN LY KINH TÉ TRUNG D'ONG [2000b], Kêt qua nghiêncU'u vé' cac cac van dé' lao di)ng trang cdi cach doanhnghiçp nhà m/6'c, Hà NQi, Thang 5. (Institut central deGestion économique, Résultats d'études sur les problèmesdu travail durant la réforme des entreprises d'État, Hanoi,mai)

VI~N QUÀN L YKINH TÉ TRUNG D'ONG [2000c], Rio cao vê' dnhhllting cua khuôn kh6 phap ly và viçc hinh thành thi trllimglao di)ng aViçt Nam, Hà NQi, Thang 2. (Institut central deGestion économique, Rapport sur l'influence de larénovation du cadre législatif et la mise en place dumarché du travail au Viêt-nam, Hanoi).

212 TRÂN TlÊN CUONG

TONG Cl}C THONG ~ [1997], Niên gùim thông kê 1996, HàN(?i, Nhà Xu~t bàn Th6ng kê. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1996, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C THONG ~ [1998], Niên gùim thông kê 1997, HàN(?i, Nhà Xuât bàn Th6ng kê. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1997, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C TH6NG~ [1999], Niên gùim thông kê 1998, NhàXuât bàn Th6ng kê, Hà N(?i. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1998, Hanoi, Maisond'Éditions des statistiques).

TONG Cl}C TH6NG KÊ [2000], Niên gùim thông kê 1999, NhàXuât bàn Th6ng kê, Hà NQi. (Office Général desStatistiques, Annuaire statistique 1999, Hanoi, Maisond'Édition des statistiques).

VI~N QUÀN LY KINH TÉ TRUNG D'ONG [2000a], Kinh tê'ViçtNam 1999, Hà N(?i. (Institut central de Gestion économi­que, L'économie vietnamienne en 1999, Hanoi)

VI~N QUÀN LY KINH TÉ TRUNG D'ONG [2000b], Kêt qua nghiêncU'u vé' cac cac van dé' lao di)ng trang cdi cach doanhnghiçp nhà m/6'c, Hà NQi, Thang 5. (Institut central deGestion économique, Résultats d'études sur les problèmesdu travail durant la réforme des entreprises d'État, Hanoi,mai)

VI~N QUÀN L YKINH TÉ TRUNG D'ONG [2000c], Rio cao vê' dnhhllting cua khuôn kh6 phap ly và viçc hinh thành thi trllimglao di)ng aViçt Nam, Hà NQi, Thang 2. (Institut central deGestion économique, Rapport sur l'influence de larénovation du cadre législatif et la mise en place dumarché du travail au Viêt-nam, Hanoi).

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Quel rôle pour la protection sociale dans leRenouveau?

Fiona Howell

Pendant la période de planification centralisée, la popula­tion urbaine du Viêt-nam bénéficiait de la protection socialepar le biais des fonds sociaux des institutions étatiques etdes entreprises. La population rurale s'appuyait principale­ment sur la terre pour assurer sa subsistance. Toutefois, lesoutien de la famille étendue a longtemps été la principaleforme de protection sociale. Du fait de l'ouverture aumarché, la population vietnamienne est exposée à de plusgrands risques et incertitudes car les programmes actuels deprotection sociale ne peuvent répondre aux besoins desécurité économique et sociale.

Le pays a atteint des taux impressionnants de croissanceéconomique pendant la première moitié des années 1990 eta dépassé les 9 % en 1996 et 1997 [GSO, 2000b]. Le déve­loppement de l'agriculture à partir de 1990, qui a permis auViêt-nam, d'importateur de riz de devenir exportateur, est

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Quel rôle pour la protection sociale dans leRenouveau?

Fiona Howell

Pendant la période de planification centralisée, la popula­tion urbaine du Viêt-nam bénéficiait de la protection socialepar le biais des fonds sociaux des institutions étatiques etdes entreprises. La population rurale s'appuyait principale­ment sur la terre pour assurer sa subsistance. Toutefois, lesoutien de la famille étendue a longtemps été la principaleforme de protection sociale. Du fait de l'ouverture aumarché, la population vietnamienne est exposée à de plusgrands risques et incertitudes car les programmes actuels deprotection sociale ne peuvent répondre aux besoins desécurité économique et sociale.

Le pays a atteint des taux impressionnants de croissanceéconomique pendant la première moitié des années 1990 eta dépassé les 9 % en 1996 et 1997 [GSO, 2000b]. Le déve­loppement de l'agriculture à partir de 1990, qui a permis auViêt-nam, d'importateur de riz de devenir exportateur, est

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214 FIONA HOWELL

une réussite significative. Cependant, la crise économiquerégionale a eu pour effet de ralentir la croissance du PIBdans l'agriculture, la pêche et la foresterie de 27,2 % en1995 à 25,8 % en 1998. Le sous-emploi dans les zonesrurales est estimé à 27 %. Le chômage urbain a atteint 7,4 %en 1999 [GSO, 2000b]. Avec près de 80 % d'une populationde 77 millions de personnes [GSO, 2000b] et 75 % de lapopulation active vivant en zone rurale [GSO, 2000b], lapression pour la création d'emploi dans les provinces ruralesaugmente. Le volume de la population active s'accroit à untaux relativement élevé de 2,9 % par an, soit de 1,2 millionde personnes. Les migrations internes des zones rurales versles zones urbaines ont augmenté pour des raisons économi­ques. Des individus et des familles recherchent un emploidans les nouvelles zones économiques.

Là où la croissance est intervenue, elle n'a pas étéuniforme. Selon l'enquête Vietnam Living Standards Survey1997-1998 [GSO, 2000c], le rapport entre le quintile le plusriche et le quintile le plus pauvre est passé de 4,9 en 1993 à5,5 en 1998. L'écart entre les niveaux de vie ruraux eturbains a également crû, les dépenses par tête augmentantdeux fois plus vite dans les zones urbaines (61 %) que dansles zones rurales (30 %).

La pauvreté a régressé de manière significative pendantles années 1990, le nombre de personnes vivant en dessousdu seuil de pauvreté alimentaire passant de 25 % en 1993 à15 % en 1998. C'est une réussite impressionnante dans unintervalle aussi court. L'envergure des programmes deprotection sociale mis en œuvre pendant cette période a euun impact considérable sur la réduction du nombre deménages pauvres. Toutefois, 45 % de la population rurale et10 % de la population urbaine vivent encore sous le seuil depauvreté [World Bank, 1999]. Il Y a aussi le risque de voirun grand nombre de familles retomber sous le seuil de pau-

214 FIONA HOWELL

une réussite significative. Cependant, la crise économiquerégionale a eu pour effet de ralentir la croissance du PIBdans l'agriculture, la pêche et la foresterie de 27,2 % en1995 à 25,8 % en 1998. Le sous-emploi dans les zonesrurales est estimé à 27 %. Le chômage urbain a atteint 7,4 %en 1999 [GSO, 2000b]. Avec près de 80 % d'une populationde 77 millions de personnes [GSO, 2000b] et 75 % de lapopulation active vivant en zone rurale [GSO, 2000b], lapression pour la création d'emploi dans les provinces ruralesaugmente. Le volume de la population active s'accroit à untaux relativement élevé de 2,9 % par an, soit de 1,2 millionde personnes. Les migrations internes des zones rurales versles zones urbaines ont augmenté pour des raisons économi­ques. Des individus et des familles recherchent un emploidans les nouvelles zones économiques.

Là où la croissance est intervenue, elle n'a pas étéuniforme. Selon l'enquête Vietnam Living Standards Survey1997-1998 [GSO, 2000c], le rapport entre le quintile le plusriche et le quintile le plus pauvre est passé de 4,9 en 1993 à5,5 en 1998. L'écart entre les niveaux de vie ruraux eturbains a également crû, les dépenses par tête augmentantdeux fois plus vite dans les zones urbaines (61 %) que dansles zones rurales (30 %).

La pauvreté a régressé de manière significative pendantles années 1990, le nombre de personnes vivant en dessousdu seuil de pauvreté alimentaire passant de 25 % en 1993 à15 % en 1998. C'est une réussite impressionnante dans unintervalle aussi court. L'envergure des programmes deprotection sociale mis en œuvre pendant cette période a euun impact considérable sur la réduction du nombre deménages pauvres. Toutefois, 45 % de la population rurale et10 % de la population urbaine vivent encore sous le seuil depauvreté [World Bank, 1999]. Il Y a aussi le risque de voirun grand nombre de familles retomber sous le seuil de pau-

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 215

vreté alimentaire puisque environ 21 % de la population sesituent maintenant juste au-dessus de ce seuil, et demeurenten dessous du seuil de pauvreté générale [World Bank,1999]. Les grandes variations de niveau de vie qui existentdans les différentes régions soulignent le besoin d'une distri­bution plus ciblée des programmes de réduction de lapauvreté vers les zones les plus pauvres.

Le Viêt-nam a développé des programmes et pris desmesures afin de répondre à certains de ces problèmes. LeProgramme de lutte contre la faim et de réduction de lapauvreté (HEPR) est le plus remarquable des programmesactuels. Le Programme National de l'Emploi a été lancé en1998 avec l'objectif ambitieux de réduire le taux de chôma­ge dans les zones urbaines à 5 % et d'augmenter à 75 % lesheures économiquement actives dans les zones rurales enl'an 2000. Un plan d'assurance sociale a été mis en œuvreen 1995 afin de fournir une couverture sociale aux employésdu gouvernement, du secteur d'État et des entreprises non­étatiques de plus de 10 employés. Un fonds de secoursd'urgence existe aussi dans l'enveloppe de la protectionsociale, au bénéfice des personnes les plus vulnérables c'est­à-dire les infirmes, les orphelins, les personnes touchées parles catastrophes naturelles et celles qui se trouvent ensituation de famine.

Quel a été le rôle de ces mécanismes de protectionsociale pour garantir que la pauvreté et le chômage nedeviennent pas des problèmes qui affectent la stabilitésociale et le développement économique? Quels ont étéleurs autres effets? Quels sont les besoins actuels et à courtterme de la population vietnamienne dans la transition àl'œuvre? Ce chapitre tente de fournir quelques réponses àces questions pour ce qui concerne les travailleurs vietna­miens et leurs familles. Il décrira brièvement les différentesformes existantes de protection sociale et leur efficacité

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 215

vreté alimentaire puisque environ 21 % de la population sesituent maintenant juste au-dessus de ce seuil, et demeurenten dessous du seuil de pauvreté générale [World Bank,1999]. Les grandes variations de niveau de vie qui existentdans les différentes régions soulignent le besoin d'une distri­bution plus ciblée des programmes de réduction de lapauvreté vers les zones les plus pauvres.

Le Viêt-nam a développé des programmes et pris desmesures afin de répondre à certains de ces problèmes. LeProgramme de lutte contre la faim et de réduction de lapauvreté (HEPR) est le plus remarquable des programmesactuels. Le Programme National de l'Emploi a été lancé en1998 avec l'objectif ambitieux de réduire le taux de chôma­ge dans les zones urbaines à 5 % et d'augmenter à 75 % lesheures économiquement actives dans les zones rurales enl'an 2000. Un plan d'assurance sociale a été mis en œuvreen 1995 afin de fournir une couverture sociale aux employésdu gouvernement, du secteur d'État et des entreprises non­étatiques de plus de 10 employés. Un fonds de secoursd'urgence existe aussi dans l'enveloppe de la protectionsociale, au bénéfice des personnes les plus vulnérables c'est­à-dire les infirmes, les orphelins, les personnes touchées parles catastrophes naturelles et celles qui se trouvent ensituation de famine.

Quel a été le rôle de ces mécanismes de protectionsociale pour garantir que la pauvreté et le chômage nedeviennent pas des problèmes qui affectent la stabilitésociale et le développement économique? Quels ont étéleurs autres effets? Quels sont les besoins actuels et à courtterme de la population vietnamienne dans la transition àl'œuvre? Ce chapitre tente de fournir quelques réponses àces questions pour ce qui concerne les travailleurs vietna­miens et leurs familles. Il décrira brièvement les différentesformes existantes de protection sociale et leur efficacité

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216 FIONA HOWELL

relative à fournir un soutien à des niveaux de revenuadéquats, et des services à la population. Il proposera aussides changements et des exigences supplémentaires pour lesmécanismes de protection sociale au Viêt-nam.

Ce chapitre recommande d'investir dans la protectionsociale aujourd'hui pour atténuer les effets des prochainesséries de mesures économiques qui pourraient voir denombreux travailleurs des entreprises publiques licenciés,des niveaux de chômage plus élevés chez les jeunes, descoûts de santé plus importants et les dépenses socialeslimitées par les recettes fiscales. Maintenir des niveaux devie adéquats, investir dans le développement des compé­tences et préserver le pouvoir d'achat des familles pauvrespeut aider à construire un marché intérieur, créer desemplois et réduire la pauvreté Il est particulièrementimportant que les problèmes de la protection sociale soientreconnus et affrontés et que les solutions à ces problèmessoient entièrement financées par le gouvernement au mo­ment où les stratégies pour les dix années à venir sontpréparées dans la perspective du Congrès du Parti en 2001.

La Protection Sociale

Le Viêt-nam consacre une part relativement élevée(10,5 %) du budget de l'État aux transferts sociaux, alorsque dans les voisins cette part n'atteint pas les 5 % enmoyenne, mais elle est considérablement plus faible quecelle des pays de l'OCDE (autour de 25-35 %). La plusgrande partie des fonds vont aux anciens combattants, auxmembres survivants des familles des morts ou invalides deguerre, à ceux qui ont fait une contribution particulière à larévolution, ainsi qu'aux pensions d'État versées aux anciensemployés civils et militaires du gouvernement. Un trèspetite part du budget de l'État, soit 0,3 %, est destinée à

216 FIONA HOWELL

relative à fournir un soutien à des niveaux de revenuadéquats, et des services à la population. Il proposera aussides changements et des exigences supplémentaires pour lesmécanismes de protection sociale au Viêt-nam.

Ce chapitre recommande d'investir dans la protectionsociale aujourd'hui pour atténuer les effets des prochainesséries de mesures économiques qui pourraient voir denombreux travailleurs des entreprises publiques licenciés,des niveaux de chômage plus élevés chez les jeunes, descoûts de santé plus importants et les dépenses socialeslimitées par les recettes fiscales. Maintenir des niveaux devie adéquats, investir dans le développement des compé­tences et préserver le pouvoir d'achat des familles pauvrespeut aider à construire un marché intérieur, créer desemplois et réduire la pauvreté Il est particulièrementimportant que les problèmes de la protection sociale soientreconnus et affrontés et que les solutions à ces problèmessoient entièrement financées par le gouvernement au mo­ment où les stratégies pour les dix années à venir sontpréparées dans la perspective du Congrès du Parti en 2001.

La Protection Sociale

Le Viêt-nam consacre une part relativement élevée(10,5 %) du budget de l'État aux transferts sociaux, alorsque dans les voisins cette part n'atteint pas les 5 % enmoyenne, mais elle est considérablement plus faible quecelle des pays de l'OCDE (autour de 25-35 %). La plusgrande partie des fonds vont aux anciens combattants, auxmembres survivants des familles des morts ou invalides deguerre, à ceux qui ont fait une contribution particulière à larévolution, ainsi qu'aux pensions d'État versées aux anciensemployés civils et militaires du gouvernement. Un trèspetite part du budget de l'État, soit 0,3 %, est destinée à

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 217

l'assistance sociale: Fonds d'urgence pour les faminesd'avant récolte, Secours pour les catastrophes naturelles etFonds de garantie sociale pour l'aide courante (SGFRR).

Le cadre législatif de la protection sociale comprend à lafois l'assurance sociale et l'assistance sociale. Le systèmede sécurité sociale touche la main-d'œuvre des entreprisesenregistrées. Le système d'assurance sociale est conçu pourmaintenir le niveau de vie des membres cotisants. Différen­tes rétributions d'assistance sociale existent pour lesfamilles pauvres et indigentes, les veuves, les handicapés etles personnes âgées. L'assistance sociale fournit un mini­mum d'aide financière et/ou des dons en nature pour unedurée temporaire ou indéfinie, par exemple pendant decourtes périodes de rétablissement après des catastrophesnaturelles, ou sur de plus longues périodes pour unepersonne âgée sans moyens d'existence.

Le Viêt-nam s'appuie largement sur l'aide de la commu­nauté aux groupes vulnérables à partir des organisations demasse, des organisations non-gouvernementales, des admi­nistrations locales, des citoyens privés et des communautésfournissant des fonds et des services. Pendant la période1995-1998, les dépenses du gouvernement dans le secteursocial se sont montées approximativement à 25,6 % desdépenses totales de l'État [MOLISA, 1999a]. Toutefois,beaucoup parmi les plus pauvres ne reçoivent aucune assis­tance de l'État.

L'efficacité des programmes d'assistance sociale n'a pasencore été évaluée. Les salaires sont toujours faibles (lesalaire mensuel minimum est monté à 180 000 VND, alorsque le salaire moyen en 1998 était de 600 850 VND). Lesalaire moyen est de 712 600 VND en zone urbaine et de496290 en zone rurale [GSO, 2000c]. Il n'y a pasd'ajustement automatique des salaires à l'inflation, ce quiinduit un fardeau considérable pour les travailleurs salariés.

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 217

l'assistance sociale: Fonds d'urgence pour les faminesd'avant récolte, Secours pour les catastrophes naturelles etFonds de garantie sociale pour l'aide courante (SGFRR).

Le cadre législatif de la protection sociale comprend à lafois l'assurance sociale et l'assistance sociale. Le systèmede sécurité sociale touche la main-d'œuvre des entreprisesenregistrées. Le système d'assurance sociale est conçu pourmaintenir le niveau de vie des membres cotisants. Différen­tes rétributions d'assistance sociale existent pour lesfamilles pauvres et indigentes, les veuves, les handicapés etles personnes âgées. L'assistance sociale fournit un mini­mum d'aide financière et/ou des dons en nature pour unedurée temporaire ou indéfinie, par exemple pendant decourtes périodes de rétablissement après des catastrophesnaturelles, ou sur de plus longues périodes pour unepersonne âgée sans moyens d'existence.

Le Viêt-nam s'appuie largement sur l'aide de la commu­nauté aux groupes vulnérables à partir des organisations demasse, des organisations non-gouvernementales, des admi­nistrations locales, des citoyens privés et des communautésfournissant des fonds et des services. Pendant la période1995-1998, les dépenses du gouvernement dans le secteursocial se sont montées approximativement à 25,6 % desdépenses totales de l'État [MOLISA, 1999a]. Toutefois,beaucoup parmi les plus pauvres ne reçoivent aucune assis­tance de l'État.

L'efficacité des programmes d'assistance sociale n'a pasencore été évaluée. Les salaires sont toujours faibles (lesalaire mensuel minimum est monté à 180 000 VND, alorsque le salaire moyen en 1998 était de 600 850 VND). Lesalaire moyen est de 712 600 VND en zone urbaine et de496290 en zone rurale [GSO, 2000c]. Il n'y a pasd'ajustement automatique des salaires à l'inflation, ce quiinduit un fardeau considérable pour les travailleurs salariés.

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218 FIONA HOWELL

Le gouvernement fait des ajustements de salaires quand il lejuge utile.

Les programmes actuels de sécurité sociale

Le système de sécurité sociale a été conçu à l'originepour le personnel du gouvernement, les employés des entre­prises d'État et les forces années (y compris les personnelsde la sécurité publique). Les employés recevaient un salairede base peu élevé, et le système de sécurité socialefournissait des taux de compensation élevés (75 % du salairede base en fin de carrière). Les cotisations étaient payées àl'État par les entreprises, ce qui entraînait des déficits. Leprivilège d'une retraite anticipée existait pour des catégoriesspécifiques de travailleurs.

En 1990 le système de sécurité sociale a été revu dans laperspective de le remplacer par un système adapté à la tran­sition vers l'économie de marché. Le nouveau systèmecouvre la même population d'assurés en y ajoutant lesnouvelles entreprises non-étatiques de plus de dix travail­leurs. Une attention particulière a été accordée à l'assurancemaladie du fait des difficultés dans le secteur de la santé oùont été introduites des mesures de paiement de droits par lesutilisateurs pour l'accès aux soins individuels. L'assurancemaladie, qui consiste en systèmes obligatoires et volontaireset dépend du ministère de la santé, et les remboursements desécurité sociale qui relèvent du ministère du travail, desinvalides et des affaires sociales ont été introduits en 1993 et1995 respectivement. Le Code du travail (promulgué enjanvier 1995) a fourni la base légale pour la mise en placedu système d'assurance sociale à travers le décret 12/CPd'avril 1995. Le Code du travail fournit également le cadrelégal de deux nouvelles structures administratives : VSI -

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Le gouvernement fait des ajustements de salaires quand il lejuge utile.

Les programmes actuels de sécurité sociale

Le système de sécurité sociale a été conçu à l'originepour le personnel du gouvernement, les employés des entre­prises d'État et les forces années (y compris les personnelsde la sécurité publique). Les employés recevaient un salairede base peu élevé, et le système de sécurité socialefournissait des taux de compensation élevés (75 % du salairede base en fin de carrière). Les cotisations étaient payées àl'État par les entreprises, ce qui entraînait des déficits. Leprivilège d'une retraite anticipée existait pour des catégoriesspécifiques de travailleurs.

En 1990 le système de sécurité sociale a été revu dans laperspective de le remplacer par un système adapté à la tran­sition vers l'économie de marché. Le nouveau systèmecouvre la même population d'assurés en y ajoutant lesnouvelles entreprises non-étatiques de plus de dix travail­leurs. Une attention particulière a été accordée à l'assurancemaladie du fait des difficultés dans le secteur de la santé oùont été introduites des mesures de paiement de droits par lesutilisateurs pour l'accès aux soins individuels. L'assurancemaladie, qui consiste en systèmes obligatoires et volontaireset dépend du ministère de la santé, et les remboursements desécurité sociale qui relèvent du ministère du travail, desinvalides et des affaires sociales ont été introduits en 1993 et1995 respectivement. Le Code du travail (promulgué enjanvier 1995) a fourni la base légale pour la mise en placedu système d'assurance sociale à travers le décret 12/CPd'avril 1995. Le Code du travail fournit également le cadrelégal de deux nouvelles structures administratives : VSI -

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 219

Assurance Sociale du Viêt-nam, et VHI - Assurancemaladie du Viêt-nam.

Graphique 1Salaire et compensation totale en moyenne mensuelle par secteur et

par an

lJCompensalion 97-98

mCompensation 92-93

• Salaires 97·98

a Salaires 92-93

Adminislmlion publique. police. armée

Entreprises d'Etat

Pilni. org:misilLions de masse

CoopC'l'3lives

Enlrcprises priv~es

Entreprises familiale.

Secteur d'Économie mixte

Entreprises 100010 éuungères

Joint ventures

Autres

1 11

1 11

Iiiiiimm 1

1

li 1 !1 J 1

1 1

~1 1 1

1 ! 11

1 1

200 400 600 800 1000'000 VND

La sécurité sociale, qui est liée à l'emploi, fournit uneaide aux familles en cas d'absence au travail pour cause demaladie, maternité, accident de travail ou maladie profes­sionnelle etc., et compense en partie ou en totalité la pertede revenu; prend en charge la prime de licenciement ou dechômage temporaire ou partiel qui compense, partiellementou totalement la perte de revenu; offre une compensationpour dépenses de santé, une avance pour les soins de santégratuits (à domicile, dans une clinique, ou dans un servicede santé) et finance d'autres mesures de protection socialetelles que des allocations logement et éducation. Les autresformes de prestations de sécurité sociale incluses dans leCode du travail comprennent des compensations pour perte

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220 FIONA HOWELL

d'emploi, fin de contrat et licenciement pour raIsonséconomiques.

Les dispositions de sécurité sociale du Code du travailprennent en compte la couverture de l'ensemble des actifssans préciser la forme de cette couverture ni sa durée.Toutefois, Il % de la main-d'œuvre seulement bénéficientactuellement d'une couverture sociale. L'agriculture regrou­pe environ 70 % de la main-d'œuvre et se trouve hors duchamp de la couverture obligatoire, excepté dans lessecteurs particuliers classés comme entreprises d'État. Seuls10 % des travailleurs des entreprises privées paient descontributions de sécurité sociale [VSI, 1998]. Le fait qu'unesi petite proportion de la main-d'œuvre bénéficie de lacouverture de sécurité sociale a pour conséquence que pourleur retraite ou durant leur grossesse, maladie ou blessure,les travailleurs doivent s'appuyer sur leur famille.

En 1998, plus de 1,2 million d'anciens employés dusecteur d'État recevaient une pension de retraite. Le budgetde l'État assume les coûts de près de 90 % de ces pensions,car le système de cotisation de retraite n'a été établi qu'en1995. Cela représente 5 % du budget de l'État, et près de lamoitié du total des dépenses sociales.

Environ 13 % de la population, soit 10 millions depersonnes bénéficient de l'assurance maladie. Près de 6millions relèvent du système d'assurance obligatoire et 4millions du système d'assurance volontaire. Ces 10 millionsde bénéficiaires de l'assurance maladie comprennent près de3 millions de pensionnés et de « personnes méritantes» quireçoivent une assistance du SGFRR.

Les ressources financières limitées, étant donné l'am­pleur des dépenses requises, limitent les possibilités d'offrirà la population un service de santé adéquat. Des problèmesde coûts croissants des fournitures et des services, aggravéspar les pratiques des utilisateurs et des fournisseurs de soins

220 FIONA HOWELL

d'emploi, fin de contrat et licenciement pour raIsonséconomiques.

Les dispositions de sécurité sociale du Code du travailprennent en compte la couverture de l'ensemble des actifssans préciser la forme de cette couverture ni sa durée.Toutefois, Il % de la main-d'œuvre seulement bénéficientactuellement d'une couverture sociale. L'agriculture regrou­pe environ 70 % de la main-d'œuvre et se trouve hors duchamp de la couverture obligatoire, excepté dans lessecteurs particuliers classés comme entreprises d'État. Seuls10 % des travailleurs des entreprises privées paient descontributions de sécurité sociale [VSI, 1998]. Le fait qu'unesi petite proportion de la main-d'œuvre bénéficie de lacouverture de sécurité sociale a pour conséquence que pourleur retraite ou durant leur grossesse, maladie ou blessure,les travailleurs doivent s'appuyer sur leur famille.

En 1998, plus de 1,2 million d'anciens employés dusecteur d'État recevaient une pension de retraite. Le budgetde l'État assume les coûts de près de 90 % de ces pensions,car le système de cotisation de retraite n'a été établi qu'en1995. Cela représente 5 % du budget de l'État, et près de lamoitié du total des dépenses sociales.

Environ 13 % de la population, soit 10 millions depersonnes bénéficient de l'assurance maladie. Près de 6millions relèvent du système d'assurance obligatoire et 4millions du système d'assurance volontaire. Ces 10 millionsde bénéficiaires de l'assurance maladie comprennent près de3 millions de pensionnés et de « personnes méritantes» quireçoivent une assistance du SGFRR.

Les ressources financières limitées, étant donné l'am­pleur des dépenses requises, limitent les possibilités d'offrirà la population un service de santé adéquat. Des problèmesde coûts croissants des fournitures et des services, aggravéspar les pratiques des utilisateurs et des fournisseurs de soins

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 221

de santé, semblent avoir conduit à une sur-utilisation desproduits et à un recours excessif aux services de santé. Unsystème de facturation aux usagers a été introduit pourtenter de réduire ces problèmes financiers. Mais cettepolitique a entraîné des difficultés accrues pour les membresles plus pauvres et les moins protégés de la société. Despressions supplémentaires pour le financement des soins desanté interviendront avec le vieillissement de la population.

L'assistance sociale l

Des pensions sont allouées aux anciens combattants etinvalides de guerre et aux familles qui se sont le plusengagées dans la révolution et dans la guerre de réunifica­tion nationale. Ces transferts concernent environ 1,4 millionde personnes, soit 3 % de la population et 5 % des ménages.

Le gouvernement finance aussi les cartes d'assurancemaladie des familles pauvres, près de 10 millions en 1999.La garantie sociale pour le fonds de secours permanentcouvre de nombreux groupes désavantagés de la société,dont les handicapés, les personnes âgées sans ressources, lesorphelins et les enfants des rues, les drogués, les prostituéeset les personnes atteintes du Sida. Cependant, l'aideaccordée dans le cadre des programmes d'assistance socialene répond aux besoins ni en termes de couverture ni entermes de niveau. Alors que plus d'un million de personnesdevraient bénéficier de l'assistance sociale, moins de 20 %reçoivent en réalité une aide du gouvernement. Seules 2 %des personnes recevant une assistance sociale sont soignéesdans des institutions spécialisées. Le nombre de personnesgravement handicapées était estimé à 1 305 000 en 1999,mais moins de 40 %, soit 502 000 ont bénéficié d'une assis-

1 MOLISA, 1999

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 221

de santé, semblent avoir conduit à une sur-utilisation desproduits et à un recours excessif aux services de santé. Unsystème de facturation aux usagers a été introduit pourtenter de réduire ces problèmes financiers. Mais cettepolitique a entraîné des difficultés accrues pour les membresles plus pauvres et les moins protégés de la société. Despressions supplémentaires pour le financement des soins desanté interviendront avec le vieillissement de la population.

L'assistance sociale l

Des pensions sont allouées aux anciens combattants etinvalides de guerre et aux familles qui se sont le plusengagées dans la révolution et dans la guerre de réunifica­tion nationale. Ces transferts concernent environ 1,4 millionde personnes, soit 3 % de la population et 5 % des ménages.

Le gouvernement finance aussi les cartes d'assurancemaladie des familles pauvres, près de 10 millions en 1999.La garantie sociale pour le fonds de secours permanentcouvre de nombreux groupes désavantagés de la société,dont les handicapés, les personnes âgées sans ressources, lesorphelins et les enfants des rues, les drogués, les prostituéeset les personnes atteintes du Sida. Cependant, l'aideaccordée dans le cadre des programmes d'assistance socialene répond aux besoins ni en termes de couverture ni entermes de niveau. Alors que plus d'un million de personnesdevraient bénéficier de l'assistance sociale, moins de 20 %reçoivent en réalité une aide du gouvernement. Seules 2 %des personnes recevant une assistance sociale sont soignéesdans des institutions spécialisées. Le nombre de personnesgravement handicapées était estimé à 1 305 000 en 1999,mais moins de 40 %, soit 502 000 ont bénéficié d'une assis-

1 MOLISA, 1999

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222 FIONA HOWELL

tance sociale. Parmi les 134 000 personnes agees isoléesenregistrées en 1999, seules 68 000 (51 %) recevaient uneassistance sociale. De la même manière, seuls 40 500 des155 600 enfants déplacés enregistrés, soit 26 %, ont reçuune allocation qui était versée aux familles ou aux institu­tions auprès desquelles ils étaient placés.

Comme on pouvait s'y attendre, le montant des alloca­tions est nettement plus élevé pour les pensions de retraite etles autres versements du fonds d'assistance sociale, quiatteignent en moyenne 2 715 000 VND par an, soit 16 USD2

par mois. Ces allocations ne peuvent être considéréescomme généreuses au regard du dollar quotidien correspon­dant au niveau de subsistance: une allocation de 1 USD parjour équivaut à environ 420 000 VND par mois, ou5 040 000 VND par an.

Cependant, les personnes qui reçoivent une allocationmensuelle du SGFRR perçoivent des montants moinsélevés, atteignant approximativement 336 000 VND par an,soit 2 USD par mois. Les montants moyens de versementpour les blessés de guerre sont de 979 000 VND par an, soit5 USD par mois. Les montants varient aussi selon laprovince où réside la personne handicapée. Une aide plusimportante peut être fournie par les autorités des provinces,districts et communes plus riches. Alors que le gouverne­ment central a fixé des niveaux nationaux minimum, lasous-dotation importante du programme SGFRR a limité lacapacité du budget central à tenir le niveau des dépensesnécessaires, et les autorités locales doivent compenser ledéficit. En fonction de leurs situations économiquesrespectives, les différentes localités sont plus ou moinscapables d'assumer cette charge.

2 Montants calculés avec un taux de change de 1 USD = 14 000 dongsvietnamiens

222 FIONA HOWELL

tance sociale. Parmi les 134 000 personnes agees isoléesenregistrées en 1999, seules 68 000 (51 %) recevaient uneassistance sociale. De la même manière, seuls 40 500 des155 600 enfants déplacés enregistrés, soit 26 %, ont reçuune allocation qui était versée aux familles ou aux institu­tions auprès desquelles ils étaient placés.

Comme on pouvait s'y attendre, le montant des alloca­tions est nettement plus élevé pour les pensions de retraite etles autres versements du fonds d'assistance sociale, quiatteignent en moyenne 2 715 000 VND par an, soit 16 USD2

par mois. Ces allocations ne peuvent être considéréescomme généreuses au regard du dollar quotidien correspon­dant au niveau de subsistance: une allocation de 1 USD parjour équivaut à environ 420 000 VND par mois, ou5 040 000 VND par an.

Cependant, les personnes qui reçoivent une allocationmensuelle du SGFRR perçoivent des montants moinsélevés, atteignant approximativement 336 000 VND par an,soit 2 USD par mois. Les montants moyens de versementpour les blessés de guerre sont de 979 000 VND par an, soit5 USD par mois. Les montants varient aussi selon laprovince où réside la personne handicapée. Une aide plusimportante peut être fournie par les autorités des provinces,districts et communes plus riches. Alors que le gouverne­ment central a fixé des niveaux nationaux minimum, lasous-dotation importante du programme SGFRR a limité lacapacité du budget central à tenir le niveau des dépensesnécessaires, et les autorités locales doivent compenser ledéficit. En fonction de leurs situations économiquesrespectives, les différentes localités sont plus ou moinscapables d'assumer cette charge.

2 Montants calculés avec un taux de change de 1 USD = 14 000 dongsvietnamiens

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 223

Les besoins de protection sociale

La ressource la plus abondante et la plus précieuse duViêt-nam est sa population. Son développement entraîneraune plus grande prospérité, mais ce développement doitintervenir dans l'immédiat pour mettre fin à la pauvreté etau chômage. Des mesures supplémentaires sont nécessairespour améliorer l'alimentation et la nutrition, les soins desanté, l'éducation, l'eau potable et l'hygiène, l'habitat, lasécurité, et donner à chacun la possibilité de participerpleinement à la vie sociale.

Les mesures existantes doivent être développées et denouvelles mesures doivent être mises en œuvre pour attein­dre ces objectifs. Les programmes HEPR et des 1000communes les plus pauvres ont été définis pour répondreaux besoins immédiats des personnes les plus démuniesvivant dans les zones les plus pauvres. Le budget de l'Étatcouvre actuellement un tiers des coûts du programmeHEPR, les communautés devant apporter les deux tiersrestants. L'aide étrangère est également utilisée pourappuyer le programme HEPR. Le gouvernement estimequ'il faudra attendre 2015 pour assurer l'accès universel auxservices sociaux. Les programmes HEPR et des 1000 com­munes sont nécessaires et doivent se poursuivre, mais ilsdoivent être financés de manière adéquate par le budget del'État. Les programmes de protection sociale existantsdoivent être renforcés par des mesures et des programmessociaux supplémentaires pour protéger les générationsfutures de ces problèmes de pauvreté.

La sécurité sociale

À long terme, une plus grande partie de la main-d'œuvredevra être couverte par des systèmes de sécurité sociale.

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 223

Les besoins de protection sociale

La ressource la plus abondante et la plus précieuse duViêt-nam est sa population. Son développement entraîneraune plus grande prospérité, mais ce développement doitintervenir dans l'immédiat pour mettre fin à la pauvreté etau chômage. Des mesures supplémentaires sont nécessairespour améliorer l'alimentation et la nutrition, les soins desanté, l'éducation, l'eau potable et l'hygiène, l'habitat, lasécurité, et donner à chacun la possibilité de participerpleinement à la vie sociale.

Les mesures existantes doivent être développées et denouvelles mesures doivent être mises en œuvre pour attein­dre ces objectifs. Les programmes HEPR et des 1000communes les plus pauvres ont été définis pour répondreaux besoins immédiats des personnes les plus démuniesvivant dans les zones les plus pauvres. Le budget de l'Étatcouvre actuellement un tiers des coûts du programmeHEPR, les communautés devant apporter les deux tiersrestants. L'aide étrangère est également utilisée pourappuyer le programme HEPR. Le gouvernement estimequ'il faudra attendre 2015 pour assurer l'accès universel auxservices sociaux. Les programmes HEPR et des 1000 com­munes sont nécessaires et doivent se poursuivre, mais ilsdoivent être financés de manière adéquate par le budget del'État. Les programmes de protection sociale existantsdoivent être renforcés par des mesures et des programmessociaux supplémentaires pour protéger les générationsfutures de ces problèmes de pauvreté.

La sécurité sociale

À long terme, une plus grande partie de la main-d'œuvredevra être couverte par des systèmes de sécurité sociale.

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224 FIONA HOWELL

C'est une difficulté courante dans les pays qui ont un secteuragricole et un emploi non-salarié importants. Au Viêt-nam,la plus grande partie de la main-d'œuvre se trouve encoredans les zones rurales et la majorité des travailleurs n'ontpas accès aux régimes de retraite. Il n'existe donc pas deprestations ni de primes de retraite incitant les plus âgésd'entre eux à arrêter de travailler. Nombreux sont ceux qui,en l'absence d'autres sources de revenu, sont obligés detravailler le plus longtemps possible. Plus de 24 % despersonnes de plus de 60 ans ont une double activité [GSO,2000c].

L'extension progressive de la couverture de sécuritésociale peut être réalisée par étapes successives. Les pre­miers groupes cibles pourraient être les personnes quientrent dans le champ de la réglementation mais ne sont pasencore membres, les employés du Parti et des organisationsde masse, les employés et les membres des coopérativesenregistrées du secteur non-agricole, et les employés desentreprises non-étatiques de moins de 10 travailleurs. Ceciélargirait la couverture de la main-d'œuvre à environ 26 %des salariés3 ou davantage et fournirait une protectionsociale plus importante à ces travailleurs pour les risquesimmédiats de maladie, grossesse ou blessure et à long tenne,d'infinnité et de vieillesse.

À moyen tenne, la couverture de sécurité sociale pourraitêtre étendue aux agriculteurs et travailleurs des zonesrurales, aux travailleurs des entreprises non-enregistrées, etaux travailleurs indépendants. Ceci pourrait assurer unecouverture presque totale de la main-d'oeuvre. Une réfonneextensive de ce type nécessite une durée suffisante de miseen œuvre, car un changement abrupt dans la politique deretraite peut affecter négativement les travailleurs prochesde l'âge de la retraite.

3 Calcul effectué à partir des données sur le salariat dans GSO, 2000c.

224 FIONA HOWELL

C'est une difficulté courante dans les pays qui ont un secteuragricole et un emploi non-salarié importants. Au Viêt-nam,la plus grande partie de la main-d'œuvre se trouve encoredans les zones rurales et la majorité des travailleurs n'ontpas accès aux régimes de retraite. Il n'existe donc pas deprestations ni de primes de retraite incitant les plus âgésd'entre eux à arrêter de travailler. Nombreux sont ceux qui,en l'absence d'autres sources de revenu, sont obligés detravailler le plus longtemps possible. Plus de 24 % despersonnes de plus de 60 ans ont une double activité [GSO,2000c].

L'extension progressive de la couverture de sécuritésociale peut être réalisée par étapes successives. Les pre­miers groupes cibles pourraient être les personnes quientrent dans le champ de la réglementation mais ne sont pasencore membres, les employés du Parti et des organisationsde masse, les employés et les membres des coopérativesenregistrées du secteur non-agricole, et les employés desentreprises non-étatiques de moins de 10 travailleurs. Ceciélargirait la couverture de la main-d'œuvre à environ 26 %des salariés3 ou davantage et fournirait une protectionsociale plus importante à ces travailleurs pour les risquesimmédiats de maladie, grossesse ou blessure et à long tenne,d'infinnité et de vieillesse.

À moyen tenne, la couverture de sécurité sociale pourraitêtre étendue aux agriculteurs et travailleurs des zonesrurales, aux travailleurs des entreprises non-enregistrées, etaux travailleurs indépendants. Ceci pourrait assurer unecouverture presque totale de la main-d'oeuvre. Une réfonneextensive de ce type nécessite une durée suffisante de miseen œuvre, car un changement abrupt dans la politique deretraite peut affecter négativement les travailleurs prochesde l'âge de la retraite.

3 Calcul effectué à partir des données sur le salariat dans GSO, 2000c.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 225

De même, une approche progressive peut être suivie pourintroduire des changements ultérieurs, mais ces change­ments doivent démarrer aujourd'hui pour avoir l'impactdésiré dans la ou 20 ans. La couverture volontaire, parexemple, peut être offerte relativement vite, particulièrementpour les travailleurs qui ont perdu leur travail dans leprocessus d' actionnarisation des entreprises d'État et ontretrouvé un emploi stable. Dans l'ensemble, les travailleursdu secteur public préfèrent la forfaitaire à la pensionmensuelle. En 1997, plus de 69 000 retraités ont perçu unesomme forfaitaire et 34 000 seulement reçoivent unepension mensuelle [VSI, 1998]. Une somme forfaitaire nefournit cependant pas une sécurité de retraite comparable àcelle d'une pension mensuelle stable.

Des activités de mise en conformité devraient démarrerimmédiatement pour assurer l'adhésion de tous les secteursau Code du travail et permettre aux travailleurs de bénéficierde leurs droits à la sécurité sociale. Pour assurer l'extensionde l'application du Code du travail à tous les types d'activi­té, les entreprises enregistrées de moins de la personnes, oucelles dont la masse salariale totale dépasse la millions deVND par mois pourraient être progressivement concernées.

La vieillesse

Dans un contexte de changements dans la famille et lasociété vietnamiennes, la structure par âge de la populationest une autre dimension qui aura un impact croissant sur lestaux de dépendance, l'allègement de la pauvreté et l'intégra­tion sociale. Selon les projections, la proportion des person­nes âgées de 60 ans et plus passera à 24,8 % de lapopulation après 2020. Cette augmentation, associée à laréduction de la taille de la famille aura pour effet d'accroître

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 225

De même, une approche progressive peut être suivie pourintroduire des changements ultérieurs, mais ces change­ments doivent démarrer aujourd'hui pour avoir l'impactdésiré dans la ou 20 ans. La couverture volontaire, parexemple, peut être offerte relativement vite, particulièrementpour les travailleurs qui ont perdu leur travail dans leprocessus d' actionnarisation des entreprises d'État et ontretrouvé un emploi stable. Dans l'ensemble, les travailleursdu secteur public préfèrent la forfaitaire à la pensionmensuelle. En 1997, plus de 69 000 retraités ont perçu unesomme forfaitaire et 34 000 seulement reçoivent unepension mensuelle [VSI, 1998]. Une somme forfaitaire nefournit cependant pas une sécurité de retraite comparable àcelle d'une pension mensuelle stable.

Des activités de mise en conformité devraient démarrerimmédiatement pour assurer l'adhésion de tous les secteursau Code du travail et permettre aux travailleurs de bénéficierde leurs droits à la sécurité sociale. Pour assurer l'extensionde l'application du Code du travail à tous les types d'activi­té, les entreprises enregistrées de moins de la personnes, oucelles dont la masse salariale totale dépasse la millions deVND par mois pourraient être progressivement concernées.

La vieillesse

Dans un contexte de changements dans la famille et lasociété vietnamiennes, la structure par âge de la populationest une autre dimension qui aura un impact croissant sur lestaux de dépendance, l'allègement de la pauvreté et l'intégra­tion sociale. Selon les projections, la proportion des person­nes âgées de 60 ans et plus passera à 24,8 % de lapopulation après 2020. Cette augmentation, associée à laréduction de la taille de la famille aura pour effet d'accroître

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226 FIONA HOWELL

le poids de la dépendance vis-à-vis de ceux qui travaillentou qui en sont capables.

Les programmes de contrôle des naissances ont réussi àréduire le taux de croissance de la population à 1,6 %, ce quisignifie qu'il y aura moins de jeunes gens dans la populationpour soutenir les personnes âgées, dont l'espérance de vieaugmente. Cette situation a des implications socio-économi­ques importantes pour la planification de la sécurité socialepublique et pour les plans individuels et familiaux definancement des retraites et des autres systèmes de soutien.

Les programmes de protection sociale concernant lespersonnes âgées doivent prendre en compte l'état de santé etl'autonomie, les conditions de vie et les 'activités économi­ques. Le vieillissement de la population crée de nouveauxbesoins qui pèsent sur des systèmes de santé déjà surchar­gés. La prévalence de maladies chroniques chez lespersonnes âgées peut devenir aussi importante que lesmaladies infectieuses telles que le paludisme, la dengue, etc.[Meyers and Maggi, 1994].

La plus grande partie des aménagements de vie et desoins des personnes âgées sont liés aux conditions de vie deleur parenté plus jeune. Entre 72 % (dans le nord) et 82 %(dans le sud) des personnes âgées vivent sans enfant adulte[Bui The Cuong et al., 1999J. De sérieux problèmesapparaissent souvent quand les personnes âgées n'ont pasd'enfants ou d'autres membres de la famille pour les aider.Les personnes qui atteignent l'âge de la retraite s'appuientsouvent sur leur conjoint et leurs enfants en cas de besoin.Dans de nombreux cas, l'aide potentielle est réduite oumême inexistante. Quatre types d'événements peuventaffaiblir ou supprimer le soutien traditionnel: le décès duconjoint, le divorce ou la séparation, l'absence d'enfants, etla migration de membres de la famille. La perte du conjointqui était la source principale de revenu engendre des problè-

226 FIONA HOWELL

le poids de la dépendance vis-à-vis de ceux qui travaillentou qui en sont capables.

Les programmes de contrôle des naissances ont réussi àréduire le taux de croissance de la population à 1,6 %, ce quisignifie qu'il y aura moins de jeunes gens dans la populationpour soutenir les personnes âgées, dont l'espérance de vieaugmente. Cette situation a des implications socio-économi­ques importantes pour la planification de la sécurité socialepublique et pour les plans individuels et familiaux definancement des retraites et des autres systèmes de soutien.

Les programmes de protection sociale concernant lespersonnes âgées doivent prendre en compte l'état de santé etl'autonomie, les conditions de vie et les 'activités économi­ques. Le vieillissement de la population crée de nouveauxbesoins qui pèsent sur des systèmes de santé déjà surchar­gés. La prévalence de maladies chroniques chez lespersonnes âgées peut devenir aussi importante que lesmaladies infectieuses telles que le paludisme, la dengue, etc.[Meyers and Maggi, 1994].

La plus grande partie des aménagements de vie et desoins des personnes âgées sont liés aux conditions de vie deleur parenté plus jeune. Entre 72 % (dans le nord) et 82 %(dans le sud) des personnes âgées vivent sans enfant adulte[Bui The Cuong et al., 1999J. De sérieux problèmesapparaissent souvent quand les personnes âgées n'ont pasd'enfants ou d'autres membres de la famille pour les aider.Les personnes qui atteignent l'âge de la retraite s'appuientsouvent sur leur conjoint et leurs enfants en cas de besoin.Dans de nombreux cas, l'aide potentielle est réduite oumême inexistante. Quatre types d'événements peuventaffaiblir ou supprimer le soutien traditionnel: le décès duconjoint, le divorce ou la séparation, l'absence d'enfants, etla migration de membres de la famille. La perte du conjointqui était la source principale de revenu engendre des problè-

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 227

mes immédiats et importants pour le conjoint survivant. Lasécurité sociale, en fournissant une pension au survivant,permet de maintenir une aide financière à la famille procheaprès le décès du titulaire, qu'il ait été en activité ou retaité.

À un moment donné de la dernière partie de leur cycle devie, les individus doivent choisir de continuer leur activitéou de prendre leur retraite. Pour certains, la décision departir en retraite ne relève pas d'un choix personnel. Elle estsouvent obligatoire, déterminée par des facteurs quiéchappent à leur contrôle tels que les politiques gouverne­mentales et la législation, les pratiques traditionnelles detravail, les possibilités d'emploi, la politique de l'employeuret l'état de santé du travailleur. Cependant, en l'absenced'une épargne suffisante, ou d'un système de sécuritésociale, la retraite est souvent un passage à des conditions devie inférieures qui empirent si la retraite se poursuit sans uneforme appropriée d'aide ou de revenu. 26 % des retraitésvivent en dessous du, seuil de pauvreté [World Bank, 1999].Si les pensions de retraite peuvent être perçues comme unobstacle à la croissance économique parce qu'elles augmen­tent le coût du travail, il existe peu d'alternatives plusefficientes ou équitables pour assurer une sécurité de revenuaux personnes âgées.

Le chômage

Le marché du travail exclut de manière croissante lestravailleurs peu qualifiés, la population vieillit, les écarts desanté entre les groupes sociaux demeurent, les familles sontplus instables, et les pressions pour réduire les dépensespubliques restent fortes. Les efforts entrepris pour réformerles entreprises d'État par l'actionnarisation ont entraînéd'importantes réductions d'effectifs. Selon une enquête du

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 227

mes immédiats et importants pour le conjoint survivant. Lasécurité sociale, en fournissant une pension au survivant,permet de maintenir une aide financière à la famille procheaprès le décès du titulaire, qu'il ait été en activité ou retaité.

À un moment donné de la dernière partie de leur cycle devie, les individus doivent choisir de continuer leur activitéou de prendre leur retraite. Pour certains, la décision departir en retraite ne relève pas d'un choix personnel. Elle estsouvent obligatoire, déterminée par des facteurs quiéchappent à leur contrôle tels que les politiques gouverne­mentales et la législation, les pratiques traditionnelles detravail, les possibilités d'emploi, la politique de l'employeuret l'état de santé du travailleur. Cependant, en l'absenced'une épargne suffisante, ou d'un système de sécuritésociale, la retraite est souvent un passage à des conditions devie inférieures qui empirent si la retraite se poursuit sans uneforme appropriée d'aide ou de revenu. 26 % des retraitésvivent en dessous du, seuil de pauvreté [World Bank, 1999].Si les pensions de retraite peuvent être perçues comme unobstacle à la croissance économique parce qu'elles augmen­tent le coût du travail, il existe peu d'alternatives plusefficientes ou équitables pour assurer une sécurité de revenuaux personnes âgées.

Le chômage

Le marché du travail exclut de manière croissante lestravailleurs peu qualifiés, la population vieillit, les écarts desanté entre les groupes sociaux demeurent, les familles sontplus instables, et les pressions pour réduire les dépensespubliques restent fortes. Les efforts entrepris pour réformerles entreprises d'État par l'actionnarisation ont entraînéd'importantes réductions d'effectifs. Selon une enquête du

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228 FIONA HOWELL

MüLISA sur le travail et l'emploi en 1998, le chômageurbain est passé de 5,7 % en 1996 (5,1 % pour les femmes)à 5,8 % en 1997 (5,3 % pour les femmes) et s'est encoreaccru en 1998 [MüLISA, 1999b]. Le taux de chômage auniveau national était de 6,6 % en 1998 (6,3 % pour lesfemmes). Cependant des estimations des départementsprovinciaux du travail situent le chômage urbain à environ7 % en 1998 et 7,4 % en 1999 (graphique 2).

Graphique 2Taux de chômage de la main-d'œuvre d'âge actif dans les zones

urbaines

%

;:.m= ..,~ .... --.~ ..~.~.~~5

43 .

2/

1996 1997 1998 1999

~.

Depuis plusieurs années, le MüLISA réfléchit sur l'assu­rance chômage dans le cadre des politiques d'emploi plutôtque dans celles de la sécurité sociale. La sécùrité sociale estpourtant un outil permettant de s'attaquer au problème duchômage. Un système d'assurance-chômage peut améliorerla portée des mesures touchant directement le marché dutravail, et alléger les difficultés financières des travailleursau chômage. Le versement d'une assurance-chômage peutêtre directement lié au recyclage professionnel, à desprogrammes de travaux publics, à l'auto-création d'emploiou à la recherche d'emploi.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 229

De quelle manière peut-on coordonner et rendre complé­mentaires les politiques de sécurité sociale en matière dechômage, de vieillesse et de reconversion et les politiquesd'emploi? Jusqu'à quel degré les systèmes d'assurancevieillesse et chômage peuvent-ils être associés à l'objectif delutte contre le chômage?

Des plans de retraite anticipée ou de pré-retraite sontsouvent mis en place pour leur impact positif sur l'emploides travailleurs les plus jeunes. Cela n'a pas été le cas auViêt-nam. Le pays a affirmé sa capacité à créer des emploisen nombre suffisant pour absorber les 1,2 million denouveaux entrants annuels sur le marché du travail, sansrecourir à une politique de retraite anticipée. Les mesures deprésentées en 1999 étaient destinées à encourager lestravailleurs des entreprises d'État à prendre une retraiteanticipée et recevoir leur pension publique. Ces retraitéssont cependant aujourd'hui en concurrence avec les nou­veaux entrants sur le marché du travail pour des emplois,parce qu'ils ne peuvent pas vivre avec leurs pensionsmodiques. L'abaissement de l'âge effectif de la retraiteréduit le montant des pensions versées du fait d'uneprogression salariale interrompue entraînant un calcul surdes salaires plus bas que s'ils avaient mené leur parcoursprofessionnel à terme, et d'un nombre restreint d'années decotisation. Cela provoque un alourdissement des chargespour les familles des travailleurs.

Les salariés sont en faible nombre par rapport auxtravailleurs qui ne relèvent pas du Code du travail. Ledéveloppement du travail non salarié a été encouragé pourcombattre le chômage. Il faut maintenant s'assurer que cesemplois fournissent des conditions de travail, une rémuné­ration, une stabilité de l'emploi et une protection socialeadéquates. Un emploi rémunérateur reste la principalesource d'indépendance économique pour la population.

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 229

De quelle manière peut-on coordonner et rendre complé­mentaires les politiques de sécurité sociale en matière dechômage, de vieillesse et de reconversion et les politiquesd'emploi? Jusqu'à quel degré les systèmes d'assurancevieillesse et chômage peuvent-ils être associés à l'objectif delutte contre le chômage?

Des plans de retraite anticipée ou de pré-retraite sontsouvent mis en place pour leur impact positif sur l'emploides travailleurs les plus jeunes. Cela n'a pas été le cas auViêt-nam. Le pays a affirmé sa capacité à créer des emploisen nombre suffisant pour absorber les 1,2 million denouveaux entrants annuels sur le marché du travail, sansrecourir à une politique de retraite anticipée. Les mesures deprésentées en 1999 étaient destinées à encourager lestravailleurs des entreprises d'État à prendre une retraiteanticipée et recevoir leur pension publique. Ces retraitéssont cependant aujourd'hui en concurrence avec les nou­veaux entrants sur le marché du travail pour des emplois,parce qu'ils ne peuvent pas vivre avec leurs pensionsmodiques. L'abaissement de l'âge effectif de la retraiteréduit le montant des pensions versées du fait d'uneprogression salariale interrompue entraînant un calcul surdes salaires plus bas que s'ils avaient mené leur parcoursprofessionnel à terme, et d'un nombre restreint d'années decotisation. Cela provoque un alourdissement des chargespour les familles des travailleurs.

Les salariés sont en faible nombre par rapport auxtravailleurs qui ne relèvent pas du Code du travail. Ledéveloppement du travail non salarié a été encouragé pourcombattre le chômage. Il faut maintenant s'assurer que cesemplois fournissent des conditions de travail, une rémuné­ration, une stabilité de l'emploi et une protection socialeadéquates. Un emploi rémunérateur reste la principalesource d'indépendance économique pour la population.

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230 FIONA HOWELL

Hommes et femmes veulent un emploi régulier pour gagnerleur vie, pour garantir leurs conditions de vie, et pourrépondre aux besoins actuels et futurs de leurs familles.

Les inégalités croissantes de salaires et le nombrecroissant de «travailleurs pauvres» posent également pro­blème. Le revenu mensuel moyen était en 1996 de 78 850VND (5,6 USD) dans le quintile le plus pauvre, et de 574700 (41 USD) dans le quintile le plus aisé, soit 7,3 fois plus[GSO,2000a].

Tableau 1Moyenne des salaires et compensations en 1997-98 par type

d'employeur

Secteur institutionnel Salaire Compensation Total Totalmoyen moyenne VND llSD

Administration, armée, police 466,53 140,09 606,62 43,33Entreprises d'État 734,55 217,32 951,87 67,99Parti et organisat, de masse 391,69 88,18 479,87 34,28Coopérative 248,25 21,31 269,56 19,25Entreprises privées 748,89 103,71 852,60 53,53Petites entreprises familiales 623,79 44,48 668,27 47,73Secteur économique mixte 716,07 131,04 847,11 60,51Entreprises 100 % étrangères 982,05 204,38 1 186,43 84,75Co-entreprises 795,71 172,35 968,06 69,15Ensemble (moyenne) 600,85 106,05 706,90 50,49

Source: GSO [2000c].

Le Viêt-nam souffre également de possibilités d'emploilimitées pour la majorité de la main-d'œuvre rurale. Unegrande partie de cette main-d'œuvre souhaite augmenter sesrevenus mais se trouve contrainte par des outils, unéquipement, une fonnation et des infrastructures insuffi­santes. Le sous-emploi reflète la sous-utilisation de lacapacité productive de la main-d'œuvre. Le taux d'utilisa­tion du temps de travail de la population d'âge actif dans leszones rurales est évalué à environ 73,5 % [GSO, 2000b]. Le

230 FIONA HOWELL

Hommes et femmes veulent un emploi régulier pour gagnerleur vie, pour garantir leurs conditions de vie, et pourrépondre aux besoins actuels et futurs de leurs familles.

Les inégalités croissantes de salaires et le nombrecroissant de «travailleurs pauvres» posent également pro­blème. Le revenu mensuel moyen était en 1996 de 78 850VND (5,6 USD) dans le quintile le plus pauvre, et de 574700 (41 USD) dans le quintile le plus aisé, soit 7,3 fois plus[GSO,2000a].

Tableau 1Moyenne des salaires et compensations en 1997-98 par type

d'employeur

Secteur institutionnel Salaire Compensation Total Totalmoyen moyenne VND llSD

Administration, armée, police 466,53 140,09 606,62 43,33Entreprises d'État 734,55 217,32 951,87 67,99Parti et organisat, de masse 391,69 88,18 479,87 34,28Coopérative 248,25 21,31 269,56 19,25Entreprises privées 748,89 103,71 852,60 53,53Petites entreprises familiales 623,79 44,48 668,27 47,73Secteur économique mixte 716,07 131,04 847,11 60,51Entreprises 100 % étrangères 982,05 204,38 1 186,43 84,75Co-entreprises 795,71 172,35 968,06 69,15Ensemble (moyenne) 600,85 106,05 706,90 50,49

Source: GSO [2000c].

Le Viêt-nam souffre également de possibilités d'emploilimitées pour la majorité de la main-d'œuvre rurale. Unegrande partie de cette main-d'œuvre souhaite augmenter sesrevenus mais se trouve contrainte par des outils, unéquipement, une fonnation et des infrastructures insuffi­santes. Le sous-emploi reflète la sous-utilisation de lacapacité productive de la main-d'œuvre. Le taux d'utilisa­tion du temps de travail de la population d'âge actif dans leszones rurales est évalué à environ 73,5 % [GSO, 2000b]. Le

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 231

sous-emploi au Viêt-nam est lié à l'importance du secteuragricole et à son rythme relativement lent de développementéconomique (graphique 3).

Les inégalités de revenu se sont accrues durant la transi­tion, même si le chômage demeure relativement modeste. Laplus grande partie de la main-d'œuvre reste bloquée dansdes emplois à basse productivité qui laissent peu depossibilités d'émerger de la pauvreté. L'objectif de créer desemplois à haute productivité pour une main-d'œuvre enextension rapide n'a pas encore été atteint.

Graphique 3Taux d'utilisation du temps de travail en zone rurale

80

76

72-"'-->p;'

%

68

64 '

601996 1997 1998 1999

Source: Ministry of Labour, Invalids and Social Affairs

Il est nécessaire de réformer le système actuel de sécuritésociale pour le transformer en un système global d'assu­rance chômage. Cette transformation pourrait inclurel'expansion et l'amélioration des programmes d'allocationssociales, des subventions pour les emplois à bas salaires etdes déductions de taxes salariales au profit des chômeurs delongue durée et des programmes de formation en directiondes groupes les plus désavantagés sur le marché du travail.Ces mesures peuvent jouer un rôle important dans la

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232 FIONA HOWELL

réduction des inégalités sur le marché du travail et dans laprévention de la pauvreté, même s'ils ne doivent avoir qu'unimpact limité sur le chômage à court tenne.

Les problèmes d'emploi au Viêt-nam sont également liésà la surabondance de main-d'œuvre dans les entreprisesd'État dans le système économique précédent. En dépitd'importantes réductions d'effectifs au début du processusde transition, la restructuration d'entreprises non concurren­tielles et l'ajustement de la structure des emplois et dessalaires pour accroître la productivité constitue un un défiimportant. Étant donné les niveaux actuels de chômage et lamontée des inégalités de revenu, des réductions supplémen­taires d'effectifs sont susceptibles d'augmenter le taux depauvreté et les tensions sociales.

Une aide doit être assurée à ceux qui ne travaillent pas,mais il faut aussi mieux préparer les individus à l'emploi. Ledéfaut d'accès à un emploi à la fois productif et bienrémunéré est l'une des principales causes de la pauvreté.Certains pays de la région ont mieux réussi que d'autresdans la création et la pérennisation d'emplois dans destransitions économiques à grande échelle. Ainsi, Hong­Kong, la Chine populaire, la République de Corée etSingapour ont d'abord mis en place des industries à forteintensité de travail pour ensuite passer à des industries àhaute technologie. Dans ces économies, le chômage étaitrelativement faible, et le manque de main-d'œuvre a été larègle. Elles ont énonnément investi dans l'éducation et lafonnation. Le Viêt-nam peut s'appuyer sur ces exemplespour tenter de résoudre ses problèmes actuels d'emploi.

La protection maternelle et infantile

Un nombre croissant de ménages au Viêt-nam dépend dedeux personnes rétribuées pour maintenir un niveau de vie

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réduction des inégalités sur le marché du travail et dans laprévention de la pauvreté, même s'ils ne doivent avoir qu'unimpact limité sur le chômage à court tenne.

Les problèmes d'emploi au Viêt-nam sont également liésà la surabondance de main-d'œuvre dans les entreprisesd'État dans le système économique précédent. En dépitd'importantes réductions d'effectifs au début du processusde transition, la restructuration d'entreprises non concurren­tielles et l'ajustement de la structure des emplois et dessalaires pour accroître la productivité constitue un un défiimportant. Étant donné les niveaux actuels de chômage et lamontée des inégalités de revenu, des réductions supplémen­taires d'effectifs sont susceptibles d'augmenter le taux depauvreté et les tensions sociales.

Une aide doit être assurée à ceux qui ne travaillent pas,mais il faut aussi mieux préparer les individus à l'emploi. Ledéfaut d'accès à un emploi à la fois productif et bienrémunéré est l'une des principales causes de la pauvreté.Certains pays de la région ont mieux réussi que d'autresdans la création et la pérennisation d'emplois dans destransitions économiques à grande échelle. Ainsi, Hong­Kong, la Chine populaire, la République de Corée etSingapour ont d'abord mis en place des industries à forteintensité de travail pour ensuite passer à des industries àhaute technologie. Dans ces économies, le chômage étaitrelativement faible, et le manque de main-d'œuvre a été larègle. Elles ont énonnément investi dans l'éducation et lafonnation. Le Viêt-nam peut s'appuyer sur ces exemplespour tenter de résoudre ses problèmes actuels d'emploi.

La protection maternelle et infantile

Un nombre croissant de ménages au Viêt-nam dépend dedeux personnes rétribuées pour maintenir un niveau de vie

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 233

adéquat. Le revenu des femmes est souvent vital pour lasurvie de la famille. Le nombre de femmes qui travaillentpendant leurs années de maternité augmente, ce qui rendencore plus impérative l'existence d'une protection mater­nelle adéquate. Non seulement le congé de maternité et dessoins médicaux appropriés sont essentiels pour permettre àune femme de conserver ou de recouvrer sa santé et deretourner à son travail, mais la compensation de son revenupendant son congé est également indispensable pour sonbien-être, celui de son enfant et celui de sa famille.

Cependant, les femmes qui travaillent et sont enceintesdoivent souvent menacées de perdre de leur emploi ou devoir suspendre leur salaire et confrontées à des risques desanté accrus du fait d'une protection inadéquate de leuremploi, même si cet emploi est couvert par les lois du tra­vail. La majorité des femmes qui travaillent ne bénéficientd'aucune protection en matière de santé, ni de garantie del'emploi et d'un niveau de revenu raisonnable avant et aprèsl'accouchement.

Les femmes qui restent employées pendant leur gros­sesse, bénéficient d'un congé de maternité et retournenttravailler après ce congé sont beaucoup moins susceptiblesde souffrir des effets négatifs de leur maternité. Ceci est du àun meilleur accès à des ressources économiques et à dessoins médicaux avant, pendant et après la naissance. Lesdroits des femmes qui travaillent doivent être renforcés pouréviter les renvois pour grossesse et pour garantir que lecongé de maternité ne se traduira pas par la fin discrimina­toire de l'emploi pour toutes les femmes qui travaillent.

La maladie et l'infirmité

Selon le Bilan sur la Pauvreté [Participatory PovertyAssessment reports, 1999], les ménages les plus pauvres

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 233

adéquat. Le revenu des femmes est souvent vital pour lasurvie de la famille. Le nombre de femmes qui travaillentpendant leurs années de maternité augmente, ce qui rendencore plus impérative l'existence d'une protection mater­nelle adéquate. Non seulement le congé de maternité et dessoins médicaux appropriés sont essentiels pour permettre àune femme de conserver ou de recouvrer sa santé et deretourner à son travail, mais la compensation de son revenupendant son congé est également indispensable pour sonbien-être, celui de son enfant et celui de sa famille.

Cependant, les femmes qui travaillent et sont enceintesdoivent souvent menacées de perdre de leur emploi ou devoir suspendre leur salaire et confrontées à des risques desanté accrus du fait d'une protection inadéquate de leuremploi, même si cet emploi est couvert par les lois du tra­vail. La majorité des femmes qui travaillent ne bénéficientd'aucune protection en matière de santé, ni de garantie del'emploi et d'un niveau de revenu raisonnable avant et aprèsl'accouchement.

Les femmes qui restent employées pendant leur gros­sesse, bénéficient d'un congé de maternité et retournenttravailler après ce congé sont beaucoup moins susceptiblesde souffrir des effets négatifs de leur maternité. Ceci est du àun meilleur accès à des ressources économiques et à dessoins médicaux avant, pendant et après la naissance. Lesdroits des femmes qui travaillent doivent être renforcés pouréviter les renvois pour grossesse et pour garantir que lecongé de maternité ne se traduira pas par la fin discrimina­toire de l'emploi pour toutes les femmes qui travaillent.

La maladie et l'infirmité

Selon le Bilan sur la Pauvreté [Participatory PovertyAssessment reports, 1999], les ménages les plus pauvres

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234 FIONA HOWELL

sont souvent ceux dont les soutiens de famille n'ont plus lapossibilité de travailler et qui n'ont pas d'autres ressources.Ces ménages sont composés de femmes divorcées, deveuves avec de nombreux enfants, de malades chroniquesou d'infirmes, et de personnes âgées. Si le principal soutiende famille est malade et incapable de travailler, la famille ensouffrira à moins d'avoir une bonne assurance de santé etune assurance sociale ou des parents qui peuvent apporter lesoutien nécessaire. Les pauvres ne bénéficient pas de cesréseaux de protection. Il y a une forte corrélation entre lapauvreté et la maladielinfirmité. Les ménages les pluspauvres ont cinq fois plus de risques d'avoir un membre deleur famille malade ou infirme que les ménages les plusfavorisés [Participatory Poverty Assessment reports, 1999].

Les hommes qui ont été astreints à des travaux péniblespendant des années ont souvent de graves problèmes desanté ou souffrent de sérieux accidents de travail. Beaucoupdoivent prendre leur retraite à un âge précoce et peuventavoir besoin de quelqu'un pour s'occuper d'eux à la maison.Ce peut être un enfant qui a du quitter l'école lorsque lesfemmes sont forcées de devenir soutien de famille pour lasurvie de tous les membres.

La qualité et la quantité de la main-d'œuvre dans unménage, ainsi que le rapport entre le nombre d'actifs et deconsommateurs dans le ménage sont des indicateursimportants des niveaux de bien-être ou de pauvreté dans lesBilans sur la Pauvreté. [Participatory Poverty Assessmentreports, 1999]. Une personne de plus dans la famille, infirmeou âgée peut être une cause de pauvreté si cette personne nepeut pas travailler et a besoin de soins particuliers. Lafamille perd deux soutiens de famille - la personne maladeou infinne, et la personne qui s'en occupe. Cette dernièrepeut parfois disposer d'un revenu, mais à la conditionqu'elle puisse travailler chez elle ou à proximité.

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sont souvent ceux dont les soutiens de famille n'ont plus lapossibilité de travailler et qui n'ont pas d'autres ressources.Ces ménages sont composés de femmes divorcées, deveuves avec de nombreux enfants, de malades chroniquesou d'infirmes, et de personnes âgées. Si le principal soutiende famille est malade et incapable de travailler, la famille ensouffrira à moins d'avoir une bonne assurance de santé etune assurance sociale ou des parents qui peuvent apporter lesoutien nécessaire. Les pauvres ne bénéficient pas de cesréseaux de protection. Il y a une forte corrélation entre lapauvreté et la maladielinfirmité. Les ménages les pluspauvres ont cinq fois plus de risques d'avoir un membre deleur famille malade ou infirme que les ménages les plusfavorisés [Participatory Poverty Assessment reports, 1999].

Les hommes qui ont été astreints à des travaux péniblespendant des années ont souvent de graves problèmes desanté ou souffrent de sérieux accidents de travail. Beaucoupdoivent prendre leur retraite à un âge précoce et peuventavoir besoin de quelqu'un pour s'occuper d'eux à la maison.Ce peut être un enfant qui a du quitter l'école lorsque lesfemmes sont forcées de devenir soutien de famille pour lasurvie de tous les membres.

La qualité et la quantité de la main-d'œuvre dans unménage, ainsi que le rapport entre le nombre d'actifs et deconsommateurs dans le ménage sont des indicateursimportants des niveaux de bien-être ou de pauvreté dans lesBilans sur la Pauvreté. [Participatory Poverty Assessmentreports, 1999]. Une personne de plus dans la famille, infirmeou âgée peut être une cause de pauvreté si cette personne nepeut pas travailler et a besoin de soins particuliers. Lafamille perd deux soutiens de famille - la personne maladeou infinne, et la personne qui s'en occupe. Cette dernièrepeut parfois disposer d'un revenu, mais à la conditionqu'elle puisse travailler chez elle ou à proximité.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 235

Les personnes gravement malades ont souvent besoin desoins médicaux au-delà du centre de santé de leur commune,c'est-à-dire au chef-lieu du district ou de la province. Dansce cas, les membres du ménage doivent fréquemment mobi­liser leur capital, emprunter, ou vendre leur force de travailpour payer les traitements. Maladie et blessures ont à la foisdes coûts directs comme le transport, la nourriture, lesmédicaments et le coût de la personne soignante, et descoûts indirects induits par la perte de revenu liée à uneactivité réduite. Les ménages pauvres sont obligés de vivreavec une santé précaire lorsque les coûts du traitement sonttout simplement inabordables.

Il faut donc rendre les soins de santé abordables. Lesdépenses de santé, qui représentaient 4,7 % du budget del'État en 1990 sont passées à 5,6 % en 1998 (soit 1,2 % duPIB). Cela représente un investissement insuffisant dans lesressources humaines du pays.

Les ménages les plus pauvres

À l'évidence, la croissance économique est nécessaire audéveloppement social. Mais la croissance économique seulene suffit pas. Un taux élevé d'expansion du produit par têten'améliore pas nécessairement le niveau de vie des pauvres.Même quand des taux élevés de croissance ont été atteints,la croissance n'a pas été égalitaire, et les retombées pour lesplus pauvres sont faibles. Les niveaux de pauvreté absolued'une grande partie de la population ont pu être réduits,mais pas de manière égalitaire. Nombreux sont ceux quivivent dans la pauvreté, particulièrement dans les zonesrurales et reculées. Un taux élevé de croissance du PIB ruralest nécessaire pour réduire la pauvreté. Des politiquesredistributives sont donc cruciales pour stimuler la crois-

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 235

Les personnes gravement malades ont souvent besoin desoins médicaux au-delà du centre de santé de leur commune,c'est-à-dire au chef-lieu du district ou de la province. Dansce cas, les membres du ménage doivent fréquemment mobi­liser leur capital, emprunter, ou vendre leur force de travailpour payer les traitements. Maladie et blessures ont à la foisdes coûts directs comme le transport, la nourriture, lesmédicaments et le coût de la personne soignante, et descoûts indirects induits par la perte de revenu liée à uneactivité réduite. Les ménages pauvres sont obligés de vivreavec une santé précaire lorsque les coûts du traitement sonttout simplement inabordables.

Il faut donc rendre les soins de santé abordables. Lesdépenses de santé, qui représentaient 4,7 % du budget del'État en 1990 sont passées à 5,6 % en 1998 (soit 1,2 % duPIB). Cela représente un investissement insuffisant dans lesressources humaines du pays.

Les ménages les plus pauvres

À l'évidence, la croissance économique est nécessaire audéveloppement social. Mais la croissance économique seulene suffit pas. Un taux élevé d'expansion du produit par têten'améliore pas nécessairement le niveau de vie des pauvres.Même quand des taux élevés de croissance ont été atteints,la croissance n'a pas été égalitaire, et les retombées pour lesplus pauvres sont faibles. Les niveaux de pauvreté absolued'une grande partie de la population ont pu être réduits,mais pas de manière égalitaire. Nombreux sont ceux quivivent dans la pauvreté, particulièrement dans les zonesrurales et reculées. Un taux élevé de croissance du PIB ruralest nécessaire pour réduire la pauvreté. Des politiquesredistributives sont donc cruciales pour stimuler la crois-

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236 FIONA HOWELL

sance rurale et être efficace dans la réduction de la pauvreté.Les politiques de protection sociale sont un exemple demesures redistributives qui peuvent être utilisées pourorienter la croissance de manière plus équilibrée.

Les mécanismes de protection sociale doivent suppléerplutôt que supplanter les systèmes traditionnels et les effortsdes organisations de la société civile, dont les ONG. Enmême temps, il faut continuer à offrir aux personnesinfirmes, âgées et autres personnes vulnérables à même detravailler, la possibilité de participer activement à la vie dela communauté et de maintenir leur indépendance par laformation et l'accès à d'autres occupations productives.

Selon l'Enquête sur les niveaux de vie au Viêt-nam[GSO, 2000c], l'écart entre les riches et les pauvress'accroît, les dépenses des ménages du quintile le plus élevéétant sept fois plus élevées que celles des ménages duquintile le plus bas. Le revenu moyen par tête dans lequintile le plus élevé est 10,S fois plus important que celuidu quintile le plus bas. La moyenne annuelle des dépensespar tête du groupe le plus riche est 4,6 fois plus élevée quecelle du groupe le plus pauvre en 1992-1993 et S,S fois en1997-1998. Le groupe le plus prospère a dépensé 3,2 foisplus en nourriture et boisson que le groupe le plus démunien 1997-1998. La majorité des pauvres résident en zonerurale, liSe de la population vivant encore dans la pauvretéalimentaire et près de la moitié de la population ruralevivant sous le seuil de pauvreté générale.

. Les prestations sociales, même si elles ne représententque de petites sommes, contribuent de manière significativeau maintien des familles pauvres au-dessus de la ligne depauvreté. Les transferts sociaux sont le plus souvent la seuleforme régulière de revenu des personnes âgées ouhandicapées. Les autres prestations sociales telles que lesexonérations de droits scolaires ou les cartes de soins

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sance rurale et être efficace dans la réduction de la pauvreté.Les politiques de protection sociale sont un exemple demesures redistributives qui peuvent être utilisées pourorienter la croissance de manière plus équilibrée.

Les mécanismes de protection sociale doivent suppléerplutôt que supplanter les systèmes traditionnels et les effortsdes organisations de la société civile, dont les ONG. Enmême temps, il faut continuer à offrir aux personnesinfirmes, âgées et autres personnes vulnérables à même detravailler, la possibilité de participer activement à la vie dela communauté et de maintenir leur indépendance par laformation et l'accès à d'autres occupations productives.

Selon l'Enquête sur les niveaux de vie au Viêt-nam[GSO, 2000c], l'écart entre les riches et les pauvress'accroît, les dépenses des ménages du quintile le plus élevéétant sept fois plus élevées que celles des ménages duquintile le plus bas. Le revenu moyen par tête dans lequintile le plus élevé est 10,S fois plus important que celuidu quintile le plus bas. La moyenne annuelle des dépensespar tête du groupe le plus riche est 4,6 fois plus élevée quecelle du groupe le plus pauvre en 1992-1993 et S,S fois en1997-1998. Le groupe le plus prospère a dépensé 3,2 foisplus en nourriture et boisson que le groupe le plus démunien 1997-1998. La majorité des pauvres résident en zonerurale, liSe de la population vivant encore dans la pauvretéalimentaire et près de la moitié de la population ruralevivant sous le seuil de pauvreté générale.

. Les prestations sociales, même si elles ne représententque de petites sommes, contribuent de manière significativeau maintien des familles pauvres au-dessus de la ligne depauvreté. Les transferts sociaux sont le plus souvent la seuleforme régulière de revenu des personnes âgées ouhandicapées. Les autres prestations sociales telles que lesexonérations de droits scolaires ou les cartes de soins

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 237

médicaux gratuits ont un effet limité, car les plus pauvresn'envoient pas leurs enfants à l'école ou n'utilisent pasrégulièrement les centres de santé à cause des difficultésd'accès et de l'absence de revenu numéraire.

Les coûts de la Protection Sociale

La famille a été une source de stabilité pour la sociétévietnamienne, mais la modernisation, l'urbanisation et lamobilité croissante du travail sont en train de modifier cettesituation. Le passage de la famille étendue à une familleplus restreinte provoque des perturbations dans les systèmestraditionnels de soutien aux personnes âgées, malades ouhandicapées.

La participation croissante des femmes à l'emploi élèvela demande ou le recours aux services de garderie et autresservices assimilés pour les enfants, les personnes âgées etles malades. La mobilité renforcée du travail signifie aussil'absence de l'un ou des deux parents dans beaucoup defamilles. De nouvelles mesures sont nécessaires pourassister toutes les catégories de population pendant lapériode actuelle de transition et aussi au cours des vingtprochaines années pour assurer aux enfants des pauvres deplus grandes possibilités pour une vie meilleure.

Les programmes de protection sociale peuvent faciliter lamise en place d'un environnement dans lequel les réformeséconomiques seront politiquement plus acceptables et lapauvreté durablement réduite. Les groupes les moinsvulnérables tendent à exercer de fortes pressions sur desressources rares en période de crise économique. Le Viêt­nam a reconnu la nécessité d'augmenter les dépensessociales dans le cadre des programmes HEPR et des 1000communes les plus pauvres, mais il doit aussi augmentercelles du programme SGFRR, à la fois en termes de

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 237

médicaux gratuits ont un effet limité, car les plus pauvresn'envoient pas leurs enfants à l'école ou n'utilisent pasrégulièrement les centres de santé à cause des difficultésd'accès et de l'absence de revenu numéraire.

Les coûts de la Protection Sociale

La famille a été une source de stabilité pour la sociétévietnamienne, mais la modernisation, l'urbanisation et lamobilité croissante du travail sont en train de modifier cettesituation. Le passage de la famille étendue à une familleplus restreinte provoque des perturbations dans les systèmestraditionnels de soutien aux personnes âgées, malades ouhandicapées.

La participation croissante des femmes à l'emploi élèvela demande ou le recours aux services de garderie et autresservices assimilés pour les enfants, les personnes âgées etles malades. La mobilité renforcée du travail signifie aussil'absence de l'un ou des deux parents dans beaucoup defamilles. De nouvelles mesures sont nécessaires pourassister toutes les catégories de population pendant lapériode actuelle de transition et aussi au cours des vingtprochaines années pour assurer aux enfants des pauvres deplus grandes possibilités pour une vie meilleure.

Les programmes de protection sociale peuvent faciliter lamise en place d'un environnement dans lequel les réformeséconomiques seront politiquement plus acceptables et lapauvreté durablement réduite. Les groupes les moinsvulnérables tendent à exercer de fortes pressions sur desressources rares en période de crise économique. Le Viêt­nam a reconnu la nécessité d'augmenter les dépensessociales dans le cadre des programmes HEPR et des 1000communes les plus pauvres, mais il doit aussi augmentercelles du programme SGFRR, à la fois en termes de

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238 FIONA HOWELL

couverture des groupes vulnérables et de niveau desprestations versées. Les fonds alloués dans le cadre duprogramme SGFRR permettent d'entretenir les systèmestraditionnels de soutien et d'agir préventivement pour éviteraux ménages de tomber en-dessus de la ligne de pauvreté.Lorsqu'un ménage tombe sous la ligne de pauvreté, il entrede toute façon en concurrence pour accéder aux ressourcesdu programme HEPR.

Le « seuil de pauvreté» permettant de relever duprogramme HEPR est un revenu par tête de 2,5 millions dedongs par an (environ 15 USD par mois) dans les districtsruraux et de 3 millions de dongs (18 USD par mois) dans lesdistricts urbains. Le programme HEPR fournit seulement uncrédit pour des activités génératrices de revenu, mais paspour les chocs soudains tels que les situations de crise duesà la maladie ou l'infirmité. Il faut souvent trois mois oudavantage pour recevoir un financement du HEPR, ce qui enfait un mécanisme inadapté pour répondre aux besoinsétendus des ménages pauvres, tels que des financementsd'urgence pour payer les soins de membres de la famille.

Les problèmes actuels de la protection sociale

Le défaut d'accès à un emploi productif et rémunérateurest l'une des causes les plus importantes de la pauvreté. Lesautres causes de pauvreté au Viêt-nam comprennent: (a)une croissance économique plus lente que prévue etl'ajustement structurel; (b) la pression démographique (c) lemauvais état de santé, l'incidence du Sida et des handicapsde guerre; (d) l'absence de scolarité et de compétences; (e)le défaut d'accès à un capital productif tel que la terre, lecrédit et d'autres services d'appui économique ; (f) lescatastrophes naturelles comme les sécheresses ou les

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couverture des groupes vulnérables et de niveau desprestations versées. Les fonds alloués dans le cadre duprogramme SGFRR permettent d'entretenir les systèmestraditionnels de soutien et d'agir préventivement pour éviteraux ménages de tomber en-dessus de la ligne de pauvreté.Lorsqu'un ménage tombe sous la ligne de pauvreté, il entrede toute façon en concurrence pour accéder aux ressourcesdu programme HEPR.

Le « seuil de pauvreté» permettant de relever duprogramme HEPR est un revenu par tête de 2,5 millions dedongs par an (environ 15 USD par mois) dans les districtsruraux et de 3 millions de dongs (18 USD par mois) dans lesdistricts urbains. Le programme HEPR fournit seulement uncrédit pour des activités génératrices de revenu, mais paspour les chocs soudains tels que les situations de crise duesà la maladie ou l'infirmité. Il faut souvent trois mois oudavantage pour recevoir un financement du HEPR, ce qui enfait un mécanisme inadapté pour répondre aux besoinsétendus des ménages pauvres, tels que des financementsd'urgence pour payer les soins de membres de la famille.

Les problèmes actuels de la protection sociale

Le défaut d'accès à un emploi productif et rémunérateurest l'une des causes les plus importantes de la pauvreté. Lesautres causes de pauvreté au Viêt-nam comprennent: (a)une croissance économique plus lente que prévue etl'ajustement structurel; (b) la pression démographique (c) lemauvais état de santé, l'incidence du Sida et des handicapsde guerre; (d) l'absence de scolarité et de compétences; (e)le défaut d'accès à un capital productif tel que la terre, lecrédit et d'autres services d'appui économique ; (f) lescatastrophes naturelles comme les sécheresses ou les

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 239

inondations; (h) l'exclusion des femmes et autres groupesdésavantagés et vulnérables dans les domaines économique,social, ethnique et juridique; et (i) le fardeau croissant dessystèmes d'aide communautaires et familiaux.

Les mesures d'ajustement structurel ont créé parinadvertance de nouveaux groupes de pauvres pendant latransition d'un système socialiste vers un système orientévers le marché. L'inflation aggravé la pauvreté de nom­breuses personnes au début des années 1990. Certainsindicateurs sociaux et sanitaires se sont dégradés durant latransition. Les politiques et les programmes de protectionsociale existants ne sont pas adaptés au soutien de tous lesgroupes qui se trouvent dans l'incapacité de faire face à dessituations défavorables.

Les coûts de mise en œuvre des réformes et autresmesures de stabilisation économique se sont souventtraduites par des coupes dans les budgets alloués auxservices sociaux en général et à la protection sociale enparticulier, dans le but d'atteindre les objectifs budgétairesconvenus. Le montant des budgets sociaux disponibles estsouvent instable, ce qui rend difficile pour les gouverne­ments locaux la planification du lancement des programmesde protection sociale. Les difficultés économiques jettentsouvent le doute sur les promesses de financement de laprotection sociale. Les dépenses pour les réseaux deprotection sociale sont passés de 9,3 % du budget de l'Étaten 1990 à Il,2 % en 1998, mais cela ne suffit pas pourarrêter le cycle de la pauvreté.

L'impact des coupes budgétaires infligées aux program­mes de protection sociale est préjudiciable aux pauvres etaux personnes vulnérables, à court et moyen terme. Alorsque le Viêt-nam prête une attention accrue au maintien desressources du secteur social pendant le processus d'ajuste­ment et de stabilisation, on introduit une tarification pour les

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usagers et des systèmes de partage des coûts sans prendre enconsidération la capacité des pauvres à supporter cescharges. On peut citer en exemple les droits pour charges deservice dans le système d'assurance maladie et la TVA pourles biens et services, qui ont été introduits ces deuxdernières années. Les autorités doivent évaluer plussoigneusement la solvabilité de la population quand ellesprennent des mesures qui comprennent des taxes indirectes,des droits pour les usagers et d'autres frais d'accès aux bienset services, dont l'enseignement primaire et les soins desanté de base qui sont davantage utilisés par les pauvres etles populations désavantagées. Le Viêt-nam a essayé demettre en place un système de frais d'utilisation des servicespublics pour ceux qui peuvent payer et de subventionner lesservices pour ceux qui ne peuvent pas payer, mais cela n'apas été un succès total. Les dépenses moyennes de santé desménages se montent à 5,2 % de leurs dépenses totales. Lesménages les plus pauvres n'ont pas les moyens d'effectuerdes dépenses de santé car près de 71 % de leurs dépensessont consacrées à l'alimentation, qui ne représente que 43 %des dépenses totales pour les ménages les plus riches. Lesdépenses de santé représentent cependant 4,6 % desdépenses totales pour les ménages les plus pauvres et 5 %pour les plus aisés.

Les dépenses publiques pour le secteur social restentfaibles par rapport aux besoins. L'augmentation desdotations pour la protection sociale dans les budgets publicsdevrait faire l'objet d'une plus grande attention si le Viêt­nam veut atteindre ses objectifs d'amélioration des niveauxde vie. On estime que les 20 % les plus pauvres de lapopulation ne bénéficient que de 7 % de l'ensemble desdépenses de pensions de retraite et des allocations pourinfirmité. Les dépenses publiques de protection sociale enfaveur de ceux qui ne sont pas protégés par le système

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usagers et des systèmes de partage des coûts sans prendre enconsidération la capacité des pauvres à supporter cescharges. On peut citer en exemple les droits pour charges deservice dans le système d'assurance maladie et la TVA pourles biens et services, qui ont été introduits ces deuxdernières années. Les autorités doivent évaluer plussoigneusement la solvabilité de la population quand ellesprennent des mesures qui comprennent des taxes indirectes,des droits pour les usagers et d'autres frais d'accès aux bienset services, dont l'enseignement primaire et les soins desanté de base qui sont davantage utilisés par les pauvres etles populations désavantagées. Le Viêt-nam a essayé demettre en place un système de frais d'utilisation des servicespublics pour ceux qui peuvent payer et de subventionner lesservices pour ceux qui ne peuvent pas payer, mais cela n'apas été un succès total. Les dépenses moyennes de santé desménages se montent à 5,2 % de leurs dépenses totales. Lesménages les plus pauvres n'ont pas les moyens d'effectuerdes dépenses de santé car près de 71 % de leurs dépensessont consacrées à l'alimentation, qui ne représente que 43 %des dépenses totales pour les ménages les plus riches. Lesdépenses de santé représentent cependant 4,6 % desdépenses totales pour les ménages les plus pauvres et 5 %pour les plus aisés.

Les dépenses publiques pour le secteur social restentfaibles par rapport aux besoins. L'augmentation desdotations pour la protection sociale dans les budgets publicsdevrait faire l'objet d'une plus grande attention si le Viêt­nam veut atteindre ses objectifs d'amélioration des niveauxde vie. On estime que les 20 % les plus pauvres de lapopulation ne bénéficient que de 7 % de l'ensemble desdépenses de pensions de retraite et des allocations pourinfirmité. Les dépenses publiques de protection sociale enfaveur de ceux qui ne sont pas protégés par le système

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 241

officiel de sécurité sociale sont faibles. Elles représententmoins de 10 % du budget des dépenses sociales, et netouchent qu'une toute petite partie des très pauvres [WorldBank, 1998].

La majorité des personnes âgées vivent avec un ouplusieurs de leurs enfants. Il y a cependant une limite au rôleque peut jouer la famille dans le soutien économique despersonnes âgées. Il est probable que le problème le plussérieux de partage/soutien qui est soulevé dans la famille estque le nombre de personnes concernées est relativementfaible. Le rapport entre les actifs employés et les autresmembres de la famille peut se réduire au point que le groupene peut plus fonctionner.

Les enfants et les petits-enfants sont souvent les princi­paux appuis des personnes qui ne peuvent plus travailler.Ainsi la situation économique de nombreuses personnesâgées et de nombreux chômeurs est intimement liée à lasituation plus générale de la famille dans son ensemble. Àl'inverse, la situation économique de la famille peut sedéteriorer brusquement quand il devient nécessaire desoutenir des vieux parents ou des membres infirmes ou auchômage. Les niveaux de vie déclinent quand les ressourcesdisponibles se réduisent et que davantage d'argent estnécessaire pour les soins de santé et les dépenses de la viecourante. Un effort doit être fait pour maintenir lesressources des pauvres et des chômeurs et préserver leuraccès aux services sociaux dont ils ont besoin.

Les décideurs doivent être prudents dans leurshypothèses et vérifier l'équité des services de soins à l'inté­rieur des familles. Des entraves courantes au développementde la politique de protection sociale peuvent être signalées :

• les autorités supposent généralement que la capacité deprise en charge des familles et des communautés estsuffisante, et quelquefois sans limite;

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officiel de sécurité sociale sont faibles. Elles représententmoins de 10 % du budget des dépenses sociales, et netouchent qu'une toute petite partie des très pauvres [WorldBank, 1998].

La majorité des personnes âgées vivent avec un ouplusieurs de leurs enfants. Il y a cependant une limite au rôleque peut jouer la famille dans le soutien économique despersonnes âgées. Il est probable que le problème le plussérieux de partage/soutien qui est soulevé dans la famille estque le nombre de personnes concernées est relativementfaible. Le rapport entre les actifs employés et les autresmembres de la famille peut se réduire au point que le groupene peut plus fonctionner.

Les enfants et les petits-enfants sont souvent les princi­paux appuis des personnes qui ne peuvent plus travailler.Ainsi la situation économique de nombreuses personnesâgées et de nombreux chômeurs est intimement liée à lasituation plus générale de la famille dans son ensemble. Àl'inverse, la situation économique de la famille peut sedéteriorer brusquement quand il devient nécessaire desoutenir des vieux parents ou des membres infirmes ou auchômage. Les niveaux de vie déclinent quand les ressourcesdisponibles se réduisent et que davantage d'argent estnécessaire pour les soins de santé et les dépenses de la viecourante. Un effort doit être fait pour maintenir lesressources des pauvres et des chômeurs et préserver leuraccès aux services sociaux dont ils ont besoin.

Les décideurs doivent être prudents dans leurshypothèses et vérifier l'équité des services de soins à l'inté­rieur des familles. Des entraves courantes au développementde la politique de protection sociale peuvent être signalées :

• les autorités supposent généralement que la capacité deprise en charge des familles et des communautés estsuffisante, et quelquefois sans limite;

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• pour de nombreuses familles les réseaux d'aide sontrestreints et généralement affectés par les transitions,faillites, catastrophes naturelles, etc. ; et

• la charge des soins dans la famille incombe générale­ment aux femmes au moment où elles sont de plus enplus insérées dans l'emploi.

Les raisons d'existence de la protection sociale

Il ne sera pas facile d'élever le niveau de qualificationdes travailleurs en raison d'une part du déclin des équipe­ments de la formation professionnelle, et d'autre part detechnologies dépassées. Le pays doit prendre la décisionstratégique d'investir dans le développement des qualifica­tions pour renforcer la compétitivité au lieu de privilégier letravail à bas coût, car il ne pourra jamais espérer, étantdonné la taille de sa main-d'œuvre, entrer en compétitionavec ses voisins, en particulier la Chine, et leurs systèmes debas salaires. Un investissement de la part du gouvernementaujourd 'hui peut entraîner à plus long terme une réductiondurable de la pauvreté et la croissance économique. Peud'éducation mène à des emplois faiblement rémunérés etinstables qui conduisent souvent à l'endettement et à lapauvreté.

Le développement d'activités à forte intensité de travailpeut être nécessaire pour créer des emplois et construire lesinfrastructures nécessaires, particulièrement dans les zonesrurales et reculées. Les programmes de travaux publicsfinancés par le gouvernement et qui comprennent de laformation professionnelle fournissent un revenu nécessaireau soutien des familles et aussi de la formation dans descompétences employables.

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• pour de nombreuses familles les réseaux d'aide sontrestreints et généralement affectés par les transitions,faillites, catastrophes naturelles, etc. ; et

• la charge des soins dans la famille incombe générale­ment aux femmes au moment où elles sont de plus enplus insérées dans l'emploi.

Les raisons d'existence de la protection sociale

Il ne sera pas facile d'élever le niveau de qualificationdes travailleurs en raison d'une part du déclin des équipe­ments de la formation professionnelle, et d'autre part detechnologies dépassées. Le pays doit prendre la décisionstratégique d'investir dans le développement des qualifica­tions pour renforcer la compétitivité au lieu de privilégier letravail à bas coût, car il ne pourra jamais espérer, étantdonné la taille de sa main-d'œuvre, entrer en compétitionavec ses voisins, en particulier la Chine, et leurs systèmes debas salaires. Un investissement de la part du gouvernementaujourd 'hui peut entraîner à plus long terme une réductiondurable de la pauvreté et la croissance économique. Peud'éducation mène à des emplois faiblement rémunérés etinstables qui conduisent souvent à l'endettement et à lapauvreté.

Le développement d'activités à forte intensité de travailpeut être nécessaire pour créer des emplois et construire lesinfrastructures nécessaires, particulièrement dans les zonesrurales et reculées. Les programmes de travaux publicsfinancés par le gouvernement et qui comprennent de laformation professionnelle fournissent un revenu nécessaireau soutien des familles et aussi de la formation dans descompétences employables.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 243

Les politiques, programmes, lois et règlements sociauxqui renforcent la participation socio-économique des fem­mes, des handicapés, des personnes âgées productives, desminorités ethniques, et qui protègent et assistent les groupesdésavantagés et vulnérables tels que les enfants, les person­nes âgées dépendantes et les malades, contribuent à réduirela pauvreté. Les fonds d'assistance sociale jouent un rôleimportant dans la protection sociale des groupes vulné­rables. Il est décisif d'améliorer la capacité et l'efficacité dusystème de protection sociale pour permettre à la populationde développer ses compétences et au pays de réduiredavantage la pauvreté et d'assurer une distribution pluséquitable de la richesse quand la croissance économiques'accélère. Cela peut aussi promouvoir une plus grandecohésion sociale pendant la période de transition.

Les tendances démographiques montrent que les tranchesd'âge particulièrement touchées par la guerre se rétrécissent,ce qui fournit l'occasion d'orienter les financements versd'autres besoins d'assistance sociale sans léser les groupesexistants. Même si 80 % des dépenses actuelles de sécuritésociale du gouvernement sont destinées aux agents publics,le montant de ces dépenses se réduit avec la responsabilisa­tion fiscale du système d'assurance sociale et la baisse dunombre d'employés du secteur public. Les sommes ainsidégagées peuvent être réorientées vers les groupes vulnéra­bles qui ne sont pas officiellement protégés (à la différencede ceux qui relèvent du SGFRR) afin de leur fournir unemeilleure couverture et d'améliorer les niveaux deprestations qui leurs sont destinées.

Le Viêt-nam doit dépenser davantage pour la santé etl'éducation des pauvres. Pour 100 VND dépensés par legouvernement, les familles doivent en dépenser 80 pour lascolarité primaire de leur enfant. Scolariser un enfant dansl'école secondaire coûte la moitié du revenu d'une famille

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 243

Les politiques, programmes, lois et règlements sociauxqui renforcent la participation socio-économique des fem­mes, des handicapés, des personnes âgées productives, desminorités ethniques, et qui protègent et assistent les groupesdésavantagés et vulnérables tels que les enfants, les person­nes âgées dépendantes et les malades, contribuent à réduirela pauvreté. Les fonds d'assistance sociale jouent un rôleimportant dans la protection sociale des groupes vulné­rables. Il est décisif d'améliorer la capacité et l'efficacité dusystème de protection sociale pour permettre à la populationde développer ses compétences et au pays de réduiredavantage la pauvreté et d'assurer une distribution pluséquitable de la richesse quand la croissance économiques'accélère. Cela peut aussi promouvoir une plus grandecohésion sociale pendant la période de transition.

Les tendances démographiques montrent que les tranchesd'âge particulièrement touchées par la guerre se rétrécissent,ce qui fournit l'occasion d'orienter les financements versd'autres besoins d'assistance sociale sans léser les groupesexistants. Même si 80 % des dépenses actuelles de sécuritésociale du gouvernement sont destinées aux agents publics,le montant de ces dépenses se réduit avec la responsabilisa­tion fiscale du système d'assurance sociale et la baisse dunombre d'employés du secteur public. Les sommes ainsidégagées peuvent être réorientées vers les groupes vulnéra­bles qui ne sont pas officiellement protégés (à la différencede ceux qui relèvent du SGFRR) afin de leur fournir unemeilleure couverture et d'améliorer les niveaux deprestations qui leurs sont destinées.

Le Viêt-nam doit dépenser davantage pour la santé etl'éducation des pauvres. Pour 100 VND dépensés par legouvernement, les familles doivent en dépenser 80 pour lascolarité primaire de leur enfant. Scolariser un enfant dansl'école secondaire coûte la moitié du revenu d'une famille

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pauvre [World Bank, 1998]. Le pouvoir d'achat desménages pauvres doit être maintenu. Plus du quart des650 000 décès d'enfant en 1997 ont été provoqués par lamalnutrition et des carences vitaminiques. Ceci est du à undéfaut de pouvoir d'achat des familles pauvres plutôt qu'àun manque de nourriture. Même quand les allocations dugouvernement ne sont pas élevées (environ 200 000 dongspar mois) la stabilité d'un paiement régulier apporte unesécurité. Les ménages qui disposent de revenus réguliers,même faibles, tels que des emplois rémunérés ou salariés,des pensions ou des prestations régulières de sécuritésociale, sont en meilleure position pour affronter les chocssoudains ou les risques pour leur vie.

Les options de la protection sociale

Les politiques sociales doivent réagir à la baisse de lademande de travail peu qualifié qui résulte de l'ouvertureéconomique et des changements technologiques. Les deuxoptions de politique sociale que le Viêt-nam peut considérerpour favoriser la création d'emploi pour les individus peuqualifiés sont les suivantes:

• Il faut mettre en œuvre de politiques destinées àaméliorer la qualité de la main-d'œuvre par l'éducationet la formation professionnelle tout en permettant deréduire le nombre des travailleurs faiblement qualifiés. Ilfaut également recycler les travailleurs licenciés par lesentreprises d'État pour en faire une main-d'oeuvrequalifiée et expérimentée, ce qui peut s'avérer positifpour l'économie dans son ensemble à travers un accrois­sement de la productivité, pour les travailleurs eux­mêmes, et pour leurs familles. L'éducation et la forma­tion ne représentent cependant pas une solution garantie

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pauvre [World Bank, 1998]. Le pouvoir d'achat desménages pauvres doit être maintenu. Plus du quart des650 000 décès d'enfant en 1997 ont été provoqués par lamalnutrition et des carences vitaminiques. Ceci est du à undéfaut de pouvoir d'achat des familles pauvres plutôt qu'àun manque de nourriture. Même quand les allocations dugouvernement ne sont pas élevées (environ 200 000 dongspar mois) la stabilité d'un paiement régulier apporte unesécurité. Les ménages qui disposent de revenus réguliers,même faibles, tels que des emplois rémunérés ou salariés,des pensions ou des prestations régulières de sécuritésociale, sont en meilleure position pour affronter les chocssoudains ou les risques pour leur vie.

Les options de la protection sociale

Les politiques sociales doivent réagir à la baisse de lademande de travail peu qualifié qui résulte de l'ouvertureéconomique et des changements technologiques. Les deuxoptions de politique sociale que le Viêt-nam peut considérerpour favoriser la création d'emploi pour les individus peuqualifiés sont les suivantes:

• Il faut mettre en œuvre de politiques destinées àaméliorer la qualité de la main-d'œuvre par l'éducationet la formation professionnelle tout en permettant deréduire le nombre des travailleurs faiblement qualifiés. Ilfaut également recycler les travailleurs licenciés par lesentreprises d'État pour en faire une main-d'oeuvrequalifiée et expérimentée, ce qui peut s'avérer positifpour l'économie dans son ensemble à travers un accrois­sement de la productivité, pour les travailleurs eux­mêmes, et pour leurs familles. L'éducation et la forma­tion ne représentent cependant pas une solution garantie

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 245

pour tous. Aussi une seconde option, complémentaire,est-elle nécessaire.

• Il faut mettre en œuvre des politiques qui permettentd'accroître les possibilités d'emploi pour les travailleurspeu qualifiés en rendant des activités moins productiveséconomiquement viables, en particulier dans le secteurdes services. Des subventions à l'emploi ciblée pour­raient être mises en place par le biais du système fiscalet du système de sécurité sociale. Ces subventionspeuvent aider les travailleurs faiblement qualifiés àaccéder à l'indépendance économique, au respect de soiet à s'intégrer dans la société. Les politiques socialesfavorables à l'emploi qui offrent à des hommes et desfemmes des possibilités d'emploi aident les ménages àharmoniser les obligations familiales et professionnelleset forment la population dans les types de compétencesqu'exige l'économie moderne pour accroître les tauxd'activité.

Une autre option politique à considérer, particulièrementdans les zones rurales, est la mise en œuvre d'un programmede travaux d'utilité collective, conçu pour compléter plutôtque concurrencer les activités privées locales, pour créer desbiens qui renforceront le revenu national, et destiné àdisparaître progressivement à mesure que la demande detravail s'accélérera. Un programme de travaux d'utilitécollective peut alléger le chômage et produire des infrastruc­tures de qualité pour lesquelles il existe un besoin. Dans leszones rurales on pourrait y ajouter le développement deschemins ruraux, des lignes électriques, des systèmes decrédit et un accès amélioré à l'éducation et aux services desanté.

Des politiques sociales publiques devraient être instau­rées pour faciliter l'insertion progressive des groupesdésavantagés et minoritaires en leur ouvrant des possibilités

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 245

pour tous. Aussi une seconde option, complémentaire,est-elle nécessaire.

• Il faut mettre en œuvre des politiques qui permettentd'accroître les possibilités d'emploi pour les travailleurspeu qualifiés en rendant des activités moins productiveséconomiquement viables, en particulier dans le secteurdes services. Des subventions à l'emploi ciblée pour­raient être mises en place par le biais du système fiscalet du système de sécurité sociale. Ces subventionspeuvent aider les travailleurs faiblement qualifiés àaccéder à l'indépendance économique, au respect de soiet à s'intégrer dans la société. Les politiques socialesfavorables à l'emploi qui offrent à des hommes et desfemmes des possibilités d'emploi aident les ménages àharmoniser les obligations familiales et professionnelleset forment la population dans les types de compétencesqu'exige l'économie moderne pour accroître les tauxd'activité.

Une autre option politique à considérer, particulièrementdans les zones rurales, est la mise en œuvre d'un programmede travaux d'utilité collective, conçu pour compléter plutôtque concurrencer les activités privées locales, pour créer desbiens qui renforceront le revenu national, et destiné àdisparaître progressivement à mesure que la demande detravail s'accélérera. Un programme de travaux d'utilitécollective peut alléger le chômage et produire des infrastruc­tures de qualité pour lesquelles il existe un besoin. Dans leszones rurales on pourrait y ajouter le développement deschemins ruraux, des lignes électriques, des systèmes decrédit et un accès amélioré à l'éducation et aux services desanté.

Des politiques sociales publiques devraient être instau­rées pour faciliter l'insertion progressive des groupesdésavantagés et minoritaires en leur ouvrant des possibilités

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de participer à la vie économique, sociale et politique àmoyen et long terme. Il est possible par exemple des'assurer que les groupes ethniques minoritaires ont lapossibilité d'apprendre la langue Kinh pour être en mesured'accéder à l'information qui leur est nécessaire pourpleinement participer à la vie de la société.

Il est en outre nécessaire de financer et de mettre enœuvre des politiques spécifiques visant les groupes les plusvulnérables en matière de sécurité sociale, de services desanté, d'éducation et de formation, et des programmespublics d'emploi.

La protection sociale pour les pauvres s'adresse à la foisà l'insécurité permanente liée à la pauvreté et à l'insécuritécontingente telle que le chômage, l'incapacité, la retraite etla vieillesse. Le Viêt-nam doit renforcer ses mécanismesactuels de protection sociale pour les pauvres pour lesétendre, au-delà de l'aide financière accordée, à la créationde capacités humaines productives.

Le secteur privé peut jouer un rôle critique de responsabi­lité citoyenne dans la société en veillant à la protection, àl'adéquation, et à l'équité des niveaux de salaire, desconditions de travail, des pratiques de recrutement, de laformation et des autres facilités et prestations, y compris ence qui concerne les travailleurs migrants. Le gouvernementpeut encourager l'adoption de pratiques appropriées par desrèglements, taxes et autres incitations. Il doit égalementaccepter la responsabilité de veiller à la conformité et àl'application de normes adaptées de protection pour sescitoyens. Le secteur privé peut être associé au développe­ment et au fonctionnement d'infrastructures sociales commeles instituts de développement technique et professionnel,les logements à faible coût, les garderies et les infrastruc­tures permettant de répondre aux autres besoins sociaux.

246 FIONA HOWELL

de participer à la vie économique, sociale et politique àmoyen et long terme. Il est possible par exemple des'assurer que les groupes ethniques minoritaires ont lapossibilité d'apprendre la langue Kinh pour être en mesured'accéder à l'information qui leur est nécessaire pourpleinement participer à la vie de la société.

Il est en outre nécessaire de financer et de mettre enœuvre des politiques spécifiques visant les groupes les plusvulnérables en matière de sécurité sociale, de services desanté, d'éducation et de formation, et des programmespublics d'emploi.

La protection sociale pour les pauvres s'adresse à la foisà l'insécurité permanente liée à la pauvreté et à l'insécuritécontingente telle que le chômage, l'incapacité, la retraite etla vieillesse. Le Viêt-nam doit renforcer ses mécanismesactuels de protection sociale pour les pauvres pour lesétendre, au-delà de l'aide financière accordée, à la créationde capacités humaines productives.

Le secteur privé peut jouer un rôle critique de responsabi­lité citoyenne dans la société en veillant à la protection, àl'adéquation, et à l'équité des niveaux de salaire, desconditions de travail, des pratiques de recrutement, de laformation et des autres facilités et prestations, y compris ence qui concerne les travailleurs migrants. Le gouvernementpeut encourager l'adoption de pratiques appropriées par desrèglements, taxes et autres incitations. Il doit égalementaccepter la responsabilité de veiller à la conformité et àl'application de normes adaptées de protection pour sescitoyens. Le secteur privé peut être associé au développe­ment et au fonctionnement d'infrastructures sociales commeles instituts de développement technique et professionnel,les logements à faible coût, les garderies et les infrastruc­tures permettant de répondre aux autres besoins sociaux.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 247

Le Viêt-nam a la possibilité d'augmenter les ressourcesgouvernementales pour le développement social en utilisantle produit de l'actionnarisation des entreprises d'État. Là oùl'État a décentralisé les programmes de protection sociale, legouvernement central doit assurer un accompagnementfinancier adapté. Les provinces les plus riches, qui sontcapables d'augmenter leurs ressources, doivent recevoirmoins que les provinces les plus pauvres, mais le gouverne­ment central doit aussi inciter les provinces les plus pauvresà être moins dépendantes du budget central.

Une des raisons du développement du système despensions de retraite a été la forte préférence des individus dedécharger la famille d'une grande partie de l'obligation desoutien économique des personnes âgées. Il ne s'agit pasd'un choix entre le soutien familial et le soutien gouverne­mental. Les pouvoirs publics doivent aider les familles àrester réactives face aux besoins de leurs membres les plusâgés, mais fournir aide et soins extérieurs quand cela s'avèreune nécessité vitale. Une des grandes réussites des systèmesde protection sociale a été de réduire la pauvreté despersonnes âgées. Il est toutefois nécessaire, pour maintenirla prospérité dans une société qui vieillit, de répartir lefardeau entre les générations. Il est important quel'information soit donnée sur tous les programmes deprotection sociale pour que les ménages pauvres, qui sontsupposés accéder à ces services et allocations, soient aucourant de ce qu'ils sont et de la manière dont ils peuventaccéder à cette aide.

La protection sociale ne doit pas être envisagée commeune collection de programmes à court terme de secours auxpauvres, mais plutôt comme un processus de développementproductif qui implique toute la population du Viêt-nam, etrenforce sa contribution au développement global du pays.

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 247

Le Viêt-nam a la possibilité d'augmenter les ressourcesgouvernementales pour le développement social en utilisantle produit de l'actionnarisation des entreprises d'État. Là oùl'État a décentralisé les programmes de protection sociale, legouvernement central doit assurer un accompagnementfinancier adapté. Les provinces les plus riches, qui sontcapables d'augmenter leurs ressources, doivent recevoirmoins que les provinces les plus pauvres, mais le gouverne­ment central doit aussi inciter les provinces les plus pauvresà être moins dépendantes du budget central.

Une des raisons du développement du système despensions de retraite a été la forte préférence des individus dedécharger la famille d'une grande partie de l'obligation desoutien économique des personnes âgées. Il ne s'agit pasd'un choix entre le soutien familial et le soutien gouverne­mental. Les pouvoirs publics doivent aider les familles àrester réactives face aux besoins de leurs membres les plusâgés, mais fournir aide et soins extérieurs quand cela s'avèreune nécessité vitale. Une des grandes réussites des systèmesde protection sociale a été de réduire la pauvreté despersonnes âgées. Il est toutefois nécessaire, pour maintenirla prospérité dans une société qui vieillit, de répartir lefardeau entre les générations. Il est important quel'information soit donnée sur tous les programmes deprotection sociale pour que les ménages pauvres, qui sontsupposés accéder à ces services et allocations, soient aucourant de ce qu'ils sont et de la manière dont ils peuventaccéder à cette aide.

La protection sociale ne doit pas être envisagée commeune collection de programmes à court terme de secours auxpauvres, mais plutôt comme un processus de développementproductif qui implique toute la population du Viêt-nam, etrenforce sa contribution au développement global du pays.

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Bibliographie

FIONA HOWELL

BUI THÊ CUONG, TRUONG SI ANH, GOODKlND D.,KNODEL J. AND FRIEDMAN J. [1999], Vietnamese ElderlyAmidst Transformations in Social Welfare Policy,Research Report No 99-436, Population Studies Centre,University of Michigan.

CONSULTATIVE GROUP MEETING PARTICIPATORY POVERTYASSESSMENT [1999], Vietnam: Attacking Poverty -, Jointreport of the Governrnent - Donor - Non-governrnentorganisations Working Group, reports prepared for theWorld Bank, December.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [2000a], Figures on SocialDevelopment in 1990s in Vietnam, Hanoi, StatisticalPublishing House.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [2000b], Statistical Year­book 1999, Hanoi, Statistical Publishing House.

GENERAL STATISTICAL OFFICE [2000c], Vietnam LivingStandards Survey 1997-98, Hanoi, Statistical PublishingHouse.

ILO [1999], Social Safety Nets in Vietnam, UNDP SPPDReport, Hanoi, 11/1999.

MEYERS AND MAGGI [1994] "Worldwide population ageing:Implications for health research" in Ageing Clinical andExperimental research, 5 (2).

MINISTRY OF LABOUR, INVALIDS AND SOCIAL AfFAIRS[1999a], Statistics on Social Safety Net in Vietnam,Hanoi, Labour and Social Affairs Publishing House.

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Bibliographie

FIONA HOWELL

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MINISTRY OF LABOUR, INVALIDS AND SOCIAL AfFAIRS[1999a], Statistics on Social Safety Net in Vietnam,Hanoi, Labour and Social Affairs Publishing House.

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QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 249

MINISTRY OF LABOUR, INVALIDS AND SOCIAL AFFAIRS

[1999b], Status of labour-employment in Vietnam, 1998,Hanoi: Statistical Publishing House.

VSI [1998], Statistical Data - unpublished

WORLD BANK [1998], Vietnam-Rising to the Challenge,Economie Report, Poverty Reduction and EconomieManagement Sector Unit, East Asia and Pacifie Region,November.

QUEL ROLE POUR LA PROTECTION SOCIALE? 249

MINISTRY OF LABOUR, INVALIDS AND SOCIAL AFFAIRS

[1999b], Status of labour-employment in Vietnam, 1998,Hanoi: Statistical Publishing House.

VSI [1998], Statistical Data - unpublished

WORLD BANK [1998], Vietnam-Rising to the Challenge,Economie Report, Poverty Reduction and EconomieManagement Sector Unit, East Asia and Pacifie Region,November.

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10

Évolution récentedu système d'activités des ruraux:

le cas du bassin du fleuve Rouge

Pascal Bergeret

Étant donné le poids démographique des ruraux au Viêt­nam (80 % de la population), il va sans dire que lesquestions relatives au travail, à l'emploi et aux ressourceshumaines ne peuvent être abordées sans prendre en comptedes évolutions rurales.

L'objectif de ce chapitre est de rendre compte del'évolution du système d'activités des ruraux au Viêt-nam,plus particulièrement dans le bassin du fleuve Rouge, depuisla mise en place des réformes. Nous entendons par systèmed'activités l'ensemble des activités économiques des mem­bres des foyers ruraux, desquelles ils tirent leurs revenus, enprenant en considération les relations existant entre cesactivités et leur environnement (physique, économique,culturel, technique et politique). La mise en œuvre de la

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Évolution récentedu système d'activités des ruraux:

le cas du bassin du fleuve Rouge

Pascal Bergeret

Étant donné le poids démographique des ruraux au Viêt­nam (80 % de la population), il va sans dire que lesquestions relatives au travail, à l'emploi et aux ressourceshumaines ne peuvent être abordées sans prendre en comptedes évolutions rurales.

L'objectif de ce chapitre est de rendre compte del'évolution du système d'activités des ruraux au Viêt-nam,plus particulièrement dans le bassin du fleuve Rouge, depuisla mise en place des réformes. Nous entendons par systèmed'activités l'ensemble des activités économiques des mem­bres des foyers ruraux, desquelles ils tirent leurs revenus, enprenant en considération les relations existant entre cesactivités et leur environnement (physique, économique,culturel, technique et politique). La mise en œuvre de la

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252 PASCAL BERGERET

politique économique de l'État n'est évidemment pas sansconséquences sur ces systèmes d'activités.

Les informations sur lesquelles se base cette présentationsont issues de travaux de recherche et de développementrural conduits dans le cadre du Programme Fleuve Rouge,programme de coopération franco-vietnamien mis en œuvredepuis 1989 dans différents sites du bassin du fleuve Rouge.Les actions conduites en partenariat avec l'Institut desSciences Agricoles du Viêt-nam, les stations de vulgarisa­tion agricole locales et les foyers paysans ont permisd'accumuler des références locales sur les systèmes d'acti­vités des ruraux et leur évolution récente. L'objet de cechapitre est de caractériser cette évolution à partir d'étudesde cas plutôt que de bâtir un tableau général de la situation,basé sur des statistiques obtenues à partir d'échantillonsreprésentatifs lourds. Nous pensons que les études qualita­tives et quantitatives peuvent se compléter avantageusementpour la compréhension de phénomènes complexes'.

Dans un premier temps nous évoquerons rapidement lecontexte national et la place du secteur rural dans le modèled'Économie socialiste de marché, actuellement mis enœuvre par l'État vietnamien. Nous étudierons ensuite le casdu delta du fleuve Rouge à partir d'exemples pris dans larégion de Nam Thanh (Hai Duong): la diversification desproductions et la pluri-activité des ruraux y sont les princi-

1 La suite de ce texte fait référence à des enquêtes menées dans le cadrede cette coopération. Plusieurs passages réguliers auprès d'unéchantillon de familles permettent, sur chaque site de travail duProgramme Fleuve Rouge de se faire une idée de la situation socio­économique des foyers paysans et de son évolution. Les résultats detelles enquêtes sont mobilisés à des fms de développement expérimental(mise au point d'innovations adaptées aux conditions locales et test deces innovations dans le milieu réel) ou à des fins plus académiques(mémoires et thèses présentés par des étudiants/chercheurs vietnamiensou français opérant au sein du Programme Fleuve Rouge).

252 PASCAL BERGERET

politique économique de l'État n'est évidemment pas sansconséquences sur ces systèmes d'activités.

Les informations sur lesquelles se base cette présentationsont issues de travaux de recherche et de développementrural conduits dans le cadre du Programme Fleuve Rouge,programme de coopération franco-vietnamien mis en œuvredepuis 1989 dans différents sites du bassin du fleuve Rouge.Les actions conduites en partenariat avec l'Institut desSciences Agricoles du Viêt-nam, les stations de vulgarisa­tion agricole locales et les foyers paysans ont permisd'accumuler des références locales sur les systèmes d'acti­vités des ruraux et leur évolution récente. L'objet de cechapitre est de caractériser cette évolution à partir d'étudesde cas plutôt que de bâtir un tableau général de la situation,basé sur des statistiques obtenues à partir d'échantillonsreprésentatifs lourds. Nous pensons que les études qualita­tives et quantitatives peuvent se compléter avantageusementpour la compréhension de phénomènes complexes'.

Dans un premier temps nous évoquerons rapidement lecontexte national et la place du secteur rural dans le modèled'Économie socialiste de marché, actuellement mis enœuvre par l'État vietnamien. Nous étudierons ensuite le casdu delta du fleuve Rouge à partir d'exemples pris dans larégion de Nam Thanh (Hai Duong): la diversification desproductions et la pluri-activité des ruraux y sont les princi-

1 La suite de ce texte fait référence à des enquêtes menées dans le cadrede cette coopération. Plusieurs passages réguliers auprès d'unéchantillon de familles permettent, sur chaque site de travail duProgramme Fleuve Rouge de se faire une idée de la situation socio­économique des foyers paysans et de son évolution. Les résultats detelles enquêtes sont mobilisés à des fms de développement expérimental(mise au point d'innovations adaptées aux conditions locales et test deces innovations dans le milieu réel) ou à des fins plus académiques(mémoires et thèses présentés par des étudiants/chercheurs vietnamiensou français opérant au sein du Programme Fleuve Rouge).

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 253

paux constituants des dynamiques locales. Puis nousaborderons le cas de régions du bassin du fleuve Rouge pluséloignées de Hanoi, à savoir la région de Thanh Hoa (PhuTho) dans les collines de la moyenne région, et le district deCho Don (Bac Kan) dans la zone des montagnes du Nord.Dans ces zones aussi, les évolutions sont rapides et notableset résultent de l'effet conjugué des forces du marché et del'action de l'État. Elles affectent en premier lieu les systè­mes de production agricoles et se traduisent par unestratification accélérée de la population.

Le modèle d'Économie socialiste de marché

Depuis à peu près 15 ans, le Viêt-nam s'est engagé dansune voie de développement originale centrée sur de la miseen place de ce que l'on appelle couramment l'Économiesocialiste de marché. Bien que les contours de ce modèleéconomique ne soient pas très bien fixés, on est aujourd'huien mesure d'en dégager les grandes lignes.

Il repose sur la promotion d'un secteur d'État fort etcompétitif, bénéficiant par le biais des co-entreprises, del'investissement étranger et du transfert de technologiesavancées, intensives en capital. En 1996, le secteur d'Étatreprésentait 42,6 % du PIB et sa croissance entre 1988 et1996 a été légèrement supérieure à celle du secteur privé[World Bank, 1997]. On peut interpréter la fermeture denombreuses entreprises d'État et les licenciements massifsintervenus au début des années de doi moi comme unevolonté de "dégraissage" et de consolidation de ce secteur,afin qu'il puisse pleinement jouer son rôle de fer de lance del'Économie socialiste de marché. Le secteur d'État, mis àpart les administrations, est avant tout industriel, et tournévers l'export. Les entreprises d'État fournissent un peu plus

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 253

paux constituants des dynamiques locales. Puis nousaborderons le cas de régions du bassin du fleuve Rouge pluséloignées de Hanoi, à savoir la région de Thanh Hoa (PhuTho) dans les collines de la moyenne région, et le district deCho Don (Bac Kan) dans la zone des montagnes du Nord.Dans ces zones aussi, les évolutions sont rapides et notableset résultent de l'effet conjugué des forces du marché et del'action de l'État. Elles affectent en premier lieu les systè­mes de production agricoles et se traduisent par unestratification accélérée de la population.

Le modèle d'Économie socialiste de marché

Depuis à peu près 15 ans, le Viêt-nam s'est engagé dansune voie de développement originale centrée sur de la miseen place de ce que l'on appelle couramment l'Économiesocialiste de marché. Bien que les contours de ce modèleéconomique ne soient pas très bien fixés, on est aujourd'huien mesure d'en dégager les grandes lignes.

Il repose sur la promotion d'un secteur d'État fort etcompétitif, bénéficiant par le biais des co-entreprises, del'investissement étranger et du transfert de technologiesavancées, intensives en capital. En 1996, le secteur d'Étatreprésentait 42,6 % du PIB et sa croissance entre 1988 et1996 a été légèrement supérieure à celle du secteur privé[World Bank, 1997]. On peut interpréter la fermeture denombreuses entreprises d'État et les licenciements massifsintervenus au début des années de doi moi comme unevolonté de "dégraissage" et de consolidation de ce secteur,afin qu'il puisse pleinement jouer son rôle de fer de lance del'Économie socialiste de marché. Le secteur d'État, mis àpart les administrations, est avant tout industriel, et tournévers l'export. Les entreprises d'État fournissent un peu plus

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254 PASCAL BERGERET

des deux tiers du produit industriel national. Le reste del'économie relève du secteur privé, le secteur collectif etcoopératif ayant quasiment disparu. Le secteur privé qui, sil'on y inclut l'agriculture familiale, fournit juste un peumoins de 60 % du PIB, est avant tout composé de micro etpetites entreprises. Dans le secteur non agricole, la plupartdes 350000 entreprises privées créées depuis 1988 comp­tent moins de 20 employés. Les enquêtes conduites par leMOLISA [MOLISA/IRD, 1999] montrent que plus de 60 %de l'emploi non-agricole sont le fait de ces petites entrepri­ses ou du travail indépendant. Ainsi donc, le modèled'Économie socialiste de marché instauré par le doi moientend moderniser l'économie vietnamienne grâce à uneindustrialisation pilotée par le secteur d'État. Le reste del'économie, c'est à dire avant tout l'agriculture et les servi­ces, est en grande partie laissé à l'initiative des familles etdes individus, dont le doi moi a su libérer le dynamisme. Cerelatif désintérêt de l'État pour ce qui n'est pas industriel setraduit par une politique d'investissement public asymétri­que. Ainsi, de 1990 à 1995 la part de l'agriculture dans lesinvestissements de l'État n'a cessé de décroître, passant de17,1 % des dépenses d'investissement à 11,5 %, alors qu'en1995 l'agriculture fournissait 28,4 % du PIB [GeneralStatistical Office, 1996; 1997]. De même, le secteur agri­cole a reçu moins de 10 % du volume des investissementsétrangers depuis le début des années 1990.

Pour ce qui est de l'agriculture et des activités rurales, ledéveloppement observé ces dernières années2 peut être engrande partie considéré comme le fruit du dynamisme de lapopulation, et singulièrement de la petite agriculture fami-

2 Par exemple, les productions végétales vivrières exprimées en équiva­lent paddy sont passées de 324,6 kg/habitant en 1990 à 364,8 en 1995,soit un bond de 12,4%. le taux est de 23,6% pour la viande de porc.Source: Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

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des deux tiers du produit industriel national. Le reste del'économie relève du secteur privé, le secteur collectif etcoopératif ayant quasiment disparu. Le secteur privé qui, sil'on y inclut l'agriculture familiale, fournit juste un peumoins de 60 % du PIB, est avant tout composé de micro etpetites entreprises. Dans le secteur non agricole, la plupartdes 350000 entreprises privées créées depuis 1988 comp­tent moins de 20 employés. Les enquêtes conduites par leMOLISA [MOLISA/IRD, 1999] montrent que plus de 60 %de l'emploi non-agricole sont le fait de ces petites entrepri­ses ou du travail indépendant. Ainsi donc, le modèled'Économie socialiste de marché instauré par le doi moientend moderniser l'économie vietnamienne grâce à uneindustrialisation pilotée par le secteur d'État. Le reste del'économie, c'est à dire avant tout l'agriculture et les servi­ces, est en grande partie laissé à l'initiative des familles etdes individus, dont le doi moi a su libérer le dynamisme. Cerelatif désintérêt de l'État pour ce qui n'est pas industriel setraduit par une politique d'investissement public asymétri­que. Ainsi, de 1990 à 1995 la part de l'agriculture dans lesinvestissements de l'État n'a cessé de décroître, passant de17,1 % des dépenses d'investissement à 11,5 %, alors qu'en1995 l'agriculture fournissait 28,4 % du PIB [GeneralStatistical Office, 1996; 1997]. De même, le secteur agri­cole a reçu moins de 10 % du volume des investissementsétrangers depuis le début des années 1990.

Pour ce qui est de l'agriculture et des activités rurales, ledéveloppement observé ces dernières années2 peut être engrande partie considéré comme le fruit du dynamisme de lapopulation, et singulièrement de la petite agriculture fami-

2 Par exemple, les productions végétales vivrières exprimées en équiva­lent paddy sont passées de 324,6 kglhabitant en 1990 à 364,8 en 1995,soit un bond de 12,4%. le taux est de 23,6% pour la viande de porc.Source: Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 255

liale, dynamisme dont l'expression a été rendue possible parle doi moi. L'intervention de l'État est restée focalisée surdes fonctions essentielles comme l'hydraulique rizicole ouencore la diffusion de variétés rizicoles productives. Mais àla fin des années 1990, l'écart se creuse dangereusemententre le niveau de vie et les revenus des ruraux et desurbains. Une étude récente du Ministère du Plan et desInvestissements révèle que les ruraux n'achètent que 29 %des produits de consommation alors qu'ils représentent80 % de la population3

Le cas de la région de Nam Thanh (Hai Duong)

La petite région de Nam Thanh est située au cœur dudelta du Fleuve Rouge, dans la province de Hai Duong,60 km à l'Est de Hanoi. Elle est composée des deux districtsde Nam Sach et Thanh Ha et compte environ 300 000 habi­tants répartis dans 47 communes. Entièrement entourée parles fleuves Thai Binh et Kinh Thay, elle constitue un casierhydraulique autonome, mesurant environ 35 km dans sa plusgrande longueur orientée nord-ouestlsud-est et couvrant unesurface un peu inférieure à 200 km2

, Chaque famille agri­cole possède en moyenne 0,25 ha, ce qui, pour 5 personnesreprésente 500 m2 de rizières par tête. Les rendements sontélevés, de l'ordre de lOT/ha pour le total des deux saisonsrizicoles, ce qui donne donc une production annuelle de 500kg/tête, en paddy, bien au-dessus du seuil d'autosuffisanceestimé à 350 kg/tête.

Parmi les principales caractéristiques de cette région, latrès forte densité de population que l'on y trouve (couram­ment 1000 hab./km2

) et la relative proximité de Hanoifigurent au premier rang des facteurs déterminant les

3 Vietnam News du 13 mai 1999

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 255

liale, dynamisme dont l'expression a été rendue possible parle doi moi. L'intervention de l'État est restée focalisée surdes fonctions essentielles comme l'hydraulique rizicole ouencore la diffusion de variétés rizicoles productives. Mais àla fin des années 1990, l'écart se creuse dangereusemententre le niveau de vie et les revenus des ruraux et desurbains. Une étude récente du Ministère du Plan et desInvestissements révèle que les ruraux n'achètent que 29 %des produits de consommation alors qu'ils représentent80 % de la population3

Le cas de la région de Nam Thanh (Hai Duong)

La petite région de Nam Thanh est située au cœur dudelta du Fleuve Rouge, dans la province de Hai Duong,60 km à l'Est de Hanoi. Elle est composée des deux districtsde Nam Sach et Thanh Ha et compte environ 300 000 habi­tants répartis dans 47 communes. Entièrement entourée parles fleuves Thai Binh et Kinh Thay, elle constitue un casierhydraulique autonome, mesurant environ 35 km dans sa plusgrande longueur orientée nord-ouestlsud-est et couvrant unesurface un peu inférieure à 200 km2

, Chaque famille agri­cole possède en moyenne 0,25 ha, ce qui, pour 5 personnesreprésente 500 m2 de rizières par tête. Les rendements sontélevés, de l'ordre de lOT/ha pour le total des deux saisonsrizicoles, ce qui donne donc une production annuelle de 500kg/tête, en paddy, bien au-dessus du seuil d'autosuffisanceestimé à 350 kg/tête.

Parmi les principales caractéristiques de cette région, latrès forte densité de population que l'on y trouve (couram­ment 1000 hab./km2

) et la relative proximité de Hanoifigurent au premier rang des facteurs déterminant les

3 Vietnam News du 13 mai 1999

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256 PASCAL BERGERET

systèmes d'activités. Le débouché principal des produitsagricoles (riz, cultures d'hiver et de printemps4, et porcsnotamment) est surtout constitué de marchés locaux ourégionaux et les activités de petite transformation (produitsalimentaires) et de service (commerce, petite mécanique,artisanat, etc.) y foisonnent. Toutefois, on observe de fortesvariations en fonction de la localisation des communes et dela situation particulière de chaque foyer vis-à-vis de l'accèsau capital, notamment au moment de l'installation du ména­ge (aide financière des parents, capital de départ, accès aucrédit). Le niveau de formation du jeune couple au momentde son installation ainsi que l'expérience professionnelleantérieure qu'il peut mobiliser dans son système d'activitésconstituent aussi des facteurs importants de différenciation.La répartition égalitaire des rizières entre habitants d'unemême commune a permis de maintenir une certaine homo­généité foncière jusqu'à présent, mais l'accélération récentedes transactions risque d'accélérer les processus de différen­ciation entre foyers. Les transactions foncières dans le deltadu fleuve Rouge n'atteignent certes pas l'envergure decelles que l'on peut observer au sud, dans le delta duMékong. Ainsi, certaines sources signalent que de 1992 à1998, le nombre de foyers paysans sans terres dans le deltadu Mékong a plus que décuplé, passant de 12250 à1363405

• Par contraste, le nombre des foyers paysans sansterres dans le delta du fleuve Rouge reste très faible. Mais lacession des droits d'utilisation du sol, autorisée par la loi estun phénomène courant6

• Certaines familles paysannes préfé-

4 Maïs, légumineuses comme le pois mongo, légumes, pomme de terre,etc.5 Le Courrier du Vietnam du 19 octobre 1998 : "L'accumulation desterres dans le delta du Mékong".6 On rappelle que la loi foncière de 1993 prévoit la possibilité de céder,de léguer en héritage, et d'utiliser comme caution bancaire les titres fon­ciers donnant droit à l'utilisation du sol. De tels titres ont été distribués

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systèmes d'activités. Le débouché principal des produitsagricoles (riz, cultures d'hiver et de printemps4, et porcsnotamment) est surtout constitué de marchés locaux ourégionaux et les activités de petite transformation (produitsalimentaires) et de service (commerce, petite mécanique,artisanat, etc.) y foisonnent. Toutefois, on observe de fortesvariations en fonction de la localisation des communes et dela situation particulière de chaque foyer vis-à-vis de l'accèsau capital, notamment au moment de l'installation du ména­ge (aide financière des parents, capital de départ, accès aucrédit). Le niveau de formation du jeune couple au momentde son installation ainsi que l'expérience professionnelleantérieure qu'il peut mobiliser dans son système d'activitésconstituent aussi des facteurs importants de différenciation.La répartition égalitaire des rizières entre habitants d'unemême commune a permis de maintenir une certaine homo­généité foncière jusqu'à présent, mais l'accélération récentedes transactions risque d'accélérer les processus de différen­ciation entre foyers. Les transactions foncières dans le deltadu fleuve Rouge n'atteignent certes pas l'envergure decelles que l'on peut observer au sud, dans le delta duMékong. Ainsi, certaines sources signalent que de 1992 à1998, le nombre de foyers paysans sans terres dans le deltadu Mékong a plus que décuplé, passant de 12250 à1363405

• Par contraste, le nombre des foyers paysans sansterres dans le delta du fleuve Rouge reste très faible. Mais lacession des droits d'utilisation du sol, autorisée par la loi estun phénomène courant6

• Certaines familles paysannes préfé-

4 Maïs, légumineuses comme le pois mongo, légumes, pomme de terre,etc.5 Le Courrier du Vietnam du 19 octobre 1998 : "L'accumulation desterres dans le delta du Mékong".6 On rappelle que la loi foncière de 1993 prévoit la possibilité de céder,de léguer en héritage, et d'utiliser comme caution bancaire les titres fon­ciers donnant droit à l'utilisation du sol. De tels titres ont été distribués

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 257

rant utiliser leur main-d'œuvre disponible dans des activitésnon-agricoles pourront par exemple céder les titres foncierssur certaines parcelles, définitivement ou non, à d'autresfamilles disposant d'un excédent de main-d'œuvre. De tellescessions se font contre argent et leur officialisation donnelieu au paiement d'une redevance. Il est probable (bien quece sujet soit délicat à aborder lors d'enquêtes) que certainescessions de droits fonciers s'opèrent en remboursement dedettes. Par ailleurs, les familles quittant le delta du fleuveRouge pour tenter leur chance au sud ou sur les hautsplateaux du centre cèdent leurs titres fonciers à des prochesavant leur départ. On est tenté de voir dans ces transactionsl'émergence d'un véritable marché foncier. Cette émergenceest certes retardée par les limitations imposées par la loifoncière?, mais elle pourrait fort bien s'accélérer dans unavenir proche, à l'image du Sud.

Nous allons maintenant préciser ces traits généraux enprenant l'exemple de deux communes contrastées mais nonatypiques du delta du fleuve Rouge.

Quoc Tuan, une commune commerçante prospère

La commune de Quoc Tuan, située dans le district deNam Sach est doublement bénie des dieux. Tout d'abord,elle est située sur un axe de communication important, laNationale 183, qui, à partir de la route nOS pennet d'attein­dre la province côtière de Quang Ninh. Quang Ninh, c'est lafameuse baie d'Ha Long, un des premiers sites touristiquesdu Viêt-nam, mais c'est aussi une importante zone indus-

aux familles paysannes à partir de 1993, dans le cadre de la nouvellepolitique foncière de l'État, et leur confèrent un droit d'utilisation de 15ans pour les rizières. L'État demeure le seul propriétaire du sol.7 Plafond de surface fixé à 3 ha de rizières par famille.

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 257

rant utiliser leur main-d'œuvre disponible dans des activitésnon-agricoles pourront par exemple céder les titres foncierssur certaines parcelles, définitivement ou non, à d'autresfamilles disposant d'un excédent de main-d'œuvre. De tellescessions se font contre argent et leur officialisation donnelieu au paiement d'une redevance. Il est probable (bien quece sujet soit délicat à aborder lors d'enquêtes) que certainescessions de droits fonciers s'opèrent en remboursement dedettes. Par ailleurs, les familles quittant le delta du fleuveRouge pour tenter leur chance au sud ou sur les hautsplateaux du centre cèdent leurs titres fonciers à des prochesavant leur départ. On est tenté de voir dans ces transactionsl'émergence d'un véritable marché foncier. Cette émergenceest certes retardée par les limitations imposées par la loifoncière?, mais elle pourrait fort bien s'accélérer dans unavenir proche, à l'image du Sud.

Nous allons maintenant préciser ces traits généraux enprenant l'exemple de deux communes contrastées mais nonatypiques du delta du fleuve Rouge.

Quoc Tuan, une commune commerçante prospère

La commune de Quoc Tuan, située dans le district deNam Sach est doublement bénie des dieux. Tout d'abord,elle est située sur un axe de communication important, laNationale 183, qui, à partir de la route nOS pennet d'attein­dre la province côtière de Quang Ninh. Quang Ninh, c'est lafameuse baie d'Ha Long, un des premiers sites touristiquesdu Viêt-nam, mais c'est aussi une importante zone indus-

aux familles paysannes à partir de 1993, dans le cadre de la nouvellepolitique foncière de l'État, et leur confèrent un droit d'utilisation de 15ans pour les rizières. L'État demeure le seul propriétaire du sol.7 Plafond de surface fixé à 3 ha de rizières par famille.

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258 PASCAL BERGERET

trielle et un bassin d'emploi lié à l'exploitation de mines decharbon. Les habitants de Quoc Tuan exploitent à fond cetavantage et nombre d'entre eux se sont spécialisés dans lacollecte de riz et de porcs vifs à destination des marchés deQuang Ninh. Quoc Tuan peut donc se comparer à une sorted'entrepôt stockant une partie du riz excédentaire et desporcs de Nam Thanh en vue de les exporter sur Quang Ninh.Les revenus du commerce représentent pour ses habitantsdes sommes pouvant dépasser de loin les revenus agricoles.L'autre avantage de Quoc Tuan, c'est l'abondance de riziè­res hautes8

, pouvant porter des cultures d'hiver, sourceimportante de revenus monétaires. C'est ainsi qu'on a vu sedévelopper ces dernières années une nouvelle spécialitélocale, la culture d'échalote en hiver. De nombreux habi­tants de Quoc Tuan se sont lancés dans cette spéculation quidemande d'importantes dépenses en intrants9

, et cela malgréun niveau de risque élevé, qui tient principalement àl'instabilité des prix. Mais la proximité de la route et laprésence de grossistes locaux assurent à la commune deQuoc Tuan une place privilégiée dans les circuits d'écoule­ment de cette culture et les perspectives de forts bénéficesqu'elle présente contrebalancent les risques encourus. Laprospérité générale de cette commune n'est pas égalitaire­ment répartie entre toutes les familles qui y habitent. Si l'onprend comme indicateur le revenu annuel par tête\O, onobserve de fortes variations entre les familles, de 1 000 000

8 On rappelle que la notion de rizières hautes, en milieu de delta, tient àdes dénivelés de quelques dizaines de centimètres qui déterminent leprofil hydrique des parcelles (propension à l'inondation pour les rizières"basses", ressuyage aisé en fin de saison des pluies propice à la mise enplace de cultures d'hiver pour les rizières "hautes").9 Surtout les semences qui ne se conservent que fort difficilement d'uneannée sur l'autre et doivent la plupart du temps être achetées au prix fortà l'automne.10 D'après une série d'enquêtes conduites en 1995.

258 PASCAL BERGERET

trielle et un bassin d'emploi lié à l'exploitation de mines decharbon. Les habitants de Quoc Tuan exploitent à fond cetavantage et nombre d'entre eux se sont spécialisés dans lacollecte de riz et de porcs vifs à destination des marchés deQuang Ninh. Quoc Tuan peut donc se comparer à une sorted'entrepôt stockant une partie du riz excédentaire et desporcs de Nam Thanh en vue de les exporter sur Quang Ninh.Les revenus du commerce représentent pour ses habitantsdes sommes pouvant dépasser de loin les revenus agricoles.L'autre avantage de Quoc Tuan, c'est l'abondance de riziè­res hautes8

, pouvant porter des cultures d'hiver, sourceimportante de revenus monétaires. C'est ainsi qu'on a vu sedévelopper ces dernières années une nouvelle spécialitélocale, la culture d'échalote en hiver. De nombreux habi­tants de Quoc Tuan se sont lancés dans cette spéculation quidemande d'importantes dépenses en intrants9

, et cela malgréun niveau de risque élevé, qui tient principalement àl'instabilité des prix. Mais la proximité de la route et laprésence de grossistes locaux assurent à la commune deQuoc Tuan une place privilégiée dans les circuits d'écoule­ment de cette culture et les perspectives de forts bénéficesqu'elle présente contrebalancent les risques encourus. Laprospérité générale de cette commune n'est pas égalitaire­ment répartie entre toutes les familles qui y habitent. Si l'onprend comme indicateur le revenu annuel par tête\O, onobserve de fortes variations entre les familles, de 1 000 000

8 On rappelle que la notion de rizières hautes, en milieu de delta, tient àdes dénivelés de quelques dizaines de centimètres qui déterminent leprofil hydrique des parcelles (propension à l'inondation pour les rizières"basses", ressuyage aisé en fin de saison des pluies propice à la mise enplace de cultures d'hiver pour les rizières "hautes").9 Surtout les semences qui ne se conservent que fort difficilement d'uneannée sur l'autre et doivent la plupart du temps être achetées au prix fortà l'automne.10 D'après une série d'enquêtes conduites en 1995.

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 259

VND à plus de 8 000 000 VND. La moitié des famillesenviron ont un revenu annuel total supérieur à 3 000 000VND/tête. Pour elles, la riziculture et l'élevage porcin repré­sentent bon an mal an d'un tiers à un quart du revenu, lereste étant fourni par les cultures sèches (l'échalote enparticulier) et les activités non-agricoles (surtout le commer­ce), en proportion variable selon le profil économique desfamilles. Récemment, certaines familles ont décidé dediversifier davantage leur système de production et ontcommencé à sur-creuser certaines rizières pour en faire desétangs destinés à la pisciculture commerciale. L'autre moitiédes familles, dont les revenus annuels sont inférieurs à3 000 000 VND par tête, tirent la moitié de leur revenu de lariziculture et de l'élevage porcin, et le reste des activités nonagricoles et des cultures sèches. À l'étage inférieur de cetteclassification, les familles dont les revenus sont inférieurs à1 200 000 VND/tête représentent à peu près Il % du total.Elles ne peuvent se permettre de prendre les risques inhé­rents à la culture de l'échalote. En outre, pour ces familles,la nature des revenus non-agricoles est différente. Cesrevenus proviennent non pas du commerce, mais d'activitéssalariées temporaires, dans la commune, ou plus fréquem­ment hors de la commune. Ainsi, la % des familles d'unecommune prospère comme Quoc Tuan doivent envoyer unou plusieurs de leurs membres à la recherche d'emploistemporaires, parfois assez loin. À cet égard, les centresurbains régionaux et les bassins d'emploi comme QuangNinh revêtent une grande importance pour ces familles. Cestravailleurs précaires constituent une sorte de prolétariatrural dont les revenus dépendent fortement du niveau del'activité économique régionale.

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 259

VND à plus de 8 000 000 VND. La moitié des famillesenviron ont un revenu annuel total supérieur à 3 000 000VND/tête. Pour elles, la riziculture et l'élevage porcin repré­sentent bon an mal an d'un tiers à un quart du revenu, lereste étant fourni par les cultures sèches (l'échalote enparticulier) et les activités non-agricoles (surtout le commer­ce), en proportion variable selon le profil économique desfamilles. Récemment, certaines familles ont décidé dediversifier davantage leur système de production et ontcommencé à sur-creuser certaines rizières pour en faire desétangs destinés à la pisciculture commerciale. L'autre moitiédes familles, dont les revenus annuels sont inférieurs à3 000 000 VND par tête, tirent la moitié de leur revenu de lariziculture et de l'élevage porcin, et le reste des activités nonagricoles et des cultures sèches. À l'étage inférieur de cetteclassification, les familles dont les revenus sont inférieurs à1 200 000 VND/tête représentent à peu près Il % du total.Elles ne peuvent se permettre de prendre les risques inhé­rents à la culture de l'échalote. En outre, pour ces familles,la nature des revenus non-agricoles est différente. Cesrevenus proviennent non pas du commerce, mais d'activitéssalariées temporaires, dans la commune, ou plus fréquem­ment hors de la commune. Ainsi, la % des familles d'unecommune prospère comme Quoc Tuan doivent envoyer unou plusieurs de leurs membres à la recherche d'emploistemporaires, parfois assez loin. À cet égard, les centresurbains régionaux et les bassins d'emploi comme QuangNinh revêtent une grande importance pour ces familles. Cestravailleurs précaires constituent une sorte de prolétariatrural dont les revenus dépendent fortement du niveau del'activité économique régionale.

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260 PASCAL BERGERET

Thai Tan, une commune très agricole et déprimée

Contrairement à Quoc Tuan, la commune de Thai Tan nebénéficie pas d'une très bonne desserte routière. Coincée àl'ouest de Nam Sach dans un méandre du Fleuve Thai Binh,elle souffre d'un enclavement relatif. Par ailleurs, autredifférence avec Quoc Tuan, l'espace agricole à l'intérieurdes digues comporte beaucoup de rizières basses, facilementinondables et impropres à la mise en place de culturesd'hiver. Il s'ensuit que les familles de Thai Tan dépendentavant tout, pour leurs revenus, des activités agricolesclassiques, la riziculture et l'élevage porcin. La proximité dufleuve, toutefois, signifie que la commune dispose d'impor­tantes surfaces de terres de berge, à l'extérieur des digues.Ainsi, les surfaces consacrées aux cultures destinées à l'ali­mentation du bétail (patates douces, maïs) sont importanteset l'on peut s'attendre à ce que l'élevage porcin occupe uneplace primordiale dans la structure des revenus. À Thai Tanles revenus annuels par tête varient grosso modo de 800 000VND à 3 200 OOOVND. Les familles dont le revenu dépasse2 000 000 VND/tête/an représentent environ 40 % du total.Elles développent deux stratégies distinctes. Ou bien ellestentent d'accroître au maximum leur niveau de productionagricole, en y consacrant une forte proportion de leur main­d'œuvre et en élargissant les surfaces qu'elles cultivent. Detels foyers disposent d'une surface en rizières supérieure à lamoyenne, pouvant dépasser 1000 m2 par tête, et exploitentau maximum les terres à l'extérieur des digues. Ellesproduisent un volume important d'aliment pour bétail ettirent de l'élevage porcin près du tiers de leur revenu. Ellescomplètent toutes leur revenus par des activités nonagricoles épisodiques employant la main-d'œuvre disponi­ble en période creuse (salariat temporaire ou petit commer­ce). Les familles les mieux nanties de Thai Tan, misent àfond sur des activités de service à destination des habitants

260 PASCAL BERGERET

Thai Tan, une commune très agricole et déprimée

Contrairement à Quoc Tuan, la commune de Thai Tan nebénéficie pas d'une très bonne desserte routière. Coincée àl'ouest de Nam Sach dans un méandre du Fleuve Thai Binh,elle souffre d'un enclavement relatif. Par ailleurs, autredifférence avec Quoc Tuan, l'espace agricole à l'intérieurdes digues comporte beaucoup de rizières basses, facilementinondables et impropres à la mise en place de culturesd'hiver. Il s'ensuit que les familles de Thai Tan dépendentavant tout, pour leurs revenus, des activités agricolesclassiques, la riziculture et l'élevage porcin. La proximité dufleuve, toutefois, signifie que la commune dispose d'impor­tantes surfaces de terres de berge, à l'extérieur des digues.Ainsi, les surfaces consacrées aux cultures destinées à l'ali­mentation du bétail (patates douces, maïs) sont importanteset l'on peut s'attendre à ce que l'élevage porcin occupe uneplace primordiale dans la structure des revenus. À Thai Tanles revenus annuels par tête varient grosso modo de 800 000VND à 3 200 OOOVND. Les familles dont le revenu dépasse2 000 000 VND/tête/an représentent environ 40 % du total.Elles développent deux stratégies distinctes. Ou bien ellestentent d'accroître au maximum leur niveau de productionagricole, en y consacrant une forte proportion de leur main­d'œuvre et en élargissant les surfaces qu'elles cultivent. Detels foyers disposent d'une surface en rizières supérieure à lamoyenne, pouvant dépasser 1000 m2 par tête, et exploitentau maximum les terres à l'extérieur des digues. Ellesproduisent un volume important d'aliment pour bétail ettirent de l'élevage porcin près du tiers de leur revenu. Ellescomplètent toutes leur revenus par des activités nonagricoles épisodiques employant la main-d'œuvre disponi­ble en période creuse (salariat temporaire ou petit commer­ce). Les familles les mieux nanties de Thai Tan, misent àfond sur des activités de service à destination des habitants

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 261

de la commune et nécessitant un certain capital (commerce,artisanaL.). Elles tentent de réinvestir les bénéfices de cesactivités dans l'achat de terres afin de consolider leur assiseagricole. Quant aux autres foyers de la commune (60 %), leniveau de leur production agricole (riziculture, culturessèches et élevage porcin), ne leur permet pas de s'enrichir.Elles dépendent fortement des compléments de revenusprocurés par l'emploi temporaire non agricole, ainsi qued'activités faiblement rémunératrices mais demandant peude capital (micro-commerce, petit artisanat).

À la frange inférieure de cette catégorie, 25 % des famil­les de Thai Tan mènent une existence précaire, avec unrevenu égal ou un peu inférieur à 1000 000 VND/tête et paran. Ce sont des vieillards ne pouvant pas beaucoup intensi­fier leur production agricole ou s'employer comme travail­leurs temporaires et dont la progéniture n'a pas les moyensde leur venir en aide, ou encore des familles ne disposantque de peu de surface agricole et de peu de capital et nesurvivant que par des activités non agricoles épisodiques etaléatoires. Car le contexte micro-local, très agricole, n'estguère favorable à l'emploi salarié, alors que l'offre detravail est justement forte. Il s'ensuit un sous-emploi chroni­que dont les foyers les plus démunis souffrent le plus. Cesfamilles en difficulté envisagent souvent l'émigration com­me un moyen d'échapper à leur condition locale. Un officieldu district de Nam Sach ne nous disait-il pas qu'il estimait à1 % la proportion de la population de Nam Thanh migrantannuellement, notamment vers les hauts-plateaux du centre?

Thanh Hoa, dans les collines de la moyennerégion

Thanh Hoa est une petite région située à 130 kilomètresau nord-ouest de Hanoi et traversée par le fleuve Rouge.

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 261

de la commune et nécessitant un certain capital (commerce,artisanaL.). Elles tentent de réinvestir les bénéfices de cesactivités dans l'achat de terres afin de consolider leur assiseagricole. Quant aux autres foyers de la commune (60 %), leniveau de leur production agricole (riziculture, culturessèches et élevage porcin), ne leur permet pas de s'enrichir.Elles dépendent fortement des compléments de revenusprocurés par l'emploi temporaire non agricole, ainsi qued'activités faiblement rémunératrices mais demandant peude capital (micro-commerce, petit artisanat).

À la frange inférieure de cette catégorie, 25 % des famil­les de Thai Tan mènent une existence précaire, avec unrevenu égal ou un peu inférieur à 1000 000 VND/tête et paran. Ce sont des vieillards ne pouvant pas beaucoup intensi­fier leur production agricole ou s'employer comme travail­leurs temporaires et dont la progéniture n'a pas les moyensde leur venir en aide, ou encore des familles ne disposantque de peu de surface agricole et de peu de capital et nesurvivant que par des activités non agricoles épisodiques etaléatoires. Car le contexte micro-local, très agricole, n'estguère favorable à l'emploi salarié, alors que l'offre detravail est justement forte. Il s'ensuit un sous-emploi chroni­que dont les foyers les plus démunis souffrent le plus. Cesfamilles en difficulté envisagent souvent l'émigration com­me un moyen d'échapper à leur condition locale. Un officieldu district de Nam Sach ne nous disait-il pas qu'il estimait à1 % la proportion de la population de Nam Thanh migrantannuellement, notamment vers les hauts-plateaux du centre?

Thanh Hoa, dans les collines de la moyennerégion

Thanh Hoa est une petite région située à 130 kilomètresau nord-ouest de Hanoi et traversée par le fleuve Rouge.

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262 PASCAL BERGERET

Appartenant à la province de Phu Tho, elle est constituéedes deux districts de Thanh Ba et Ha Hoa, qui comptent autotal 230 000 habitants et s'étendent sur 500 km2

• Mais avecune densité de 1 500 habitants par km2 de rizières, soit unesurface de l'ordre de 650 m2 de rizières par personne, lesrizières seules ne peuvent assurer la sécurité alimentairelocale. En effet, les rizières de Thanh Hoa produisent unemoyenne de 6 à 7 tonnes de paddy par an, en deux cycles deculture, ce qui représente environ 400 kg de paddy par têteet par an. Nous ne sommes pas très loin de la barre des350 kg considérés comme nécessaires pour couvrir les be­soins alimentaires, et les mauvaises années, cette région doitimporter une partie du riz qu'elle consomme. Les foyerscomptent donc sur les revenus provenant des cultures decollines (thé11

, arbres fruitiers, manioc) pour renforcer lasécurité de leur alimentation et la stabilité de leur revenu.Les cultures de pente fournissent, avec l'élevage (porcin etbovin notamment), l'essentiel des revenus monétaires del'agriculture. Chaque foyer possède une surface de terres decollines à peu près équivalente à la surface en rizières, soitenviron 3 000 m2

À Thanh Hoa, les revenus sont avant tout agricoles. Lesréformes de la fin des années 1980 ont, avec la décollectivi­sation, redynamisé ce secteur qui a connu de profondschangements. Tout d'abord, les foyers ont cherché à recapi­taliser leurs exploitations en développant l'élevage. Chaquefamille a cherché à augmenter le nombre de ses porcs, ainsique leur poids à la vente. À cette fin, la culture du maniocs'est développée rapidement sur les collines. Comme le thén'était que faiblement rémunéré, le manioc commença à lesupplanter, au fur et à mesure de l'arrachage des plants dethé les plus souffreteux. Mais un retournement de conjonc-

Il La Province de Phu Tho est connue pour sa production de thé. Cettespécialité date du temps de la colonisation française.

262 PASCAL BERGERET

Appartenant à la province de Phu Tho, elle est constituéedes deux districts de Thanh Ba et Ha Hoa, qui comptent autotal 230 000 habitants et s'étendent sur 500 km2

• Mais avecune densité de 1 500 habitants par km2 de rizières, soit unesurface de l'ordre de 650 m2 de rizières par personne, lesrizières seules ne peuvent assurer la sécurité alimentairelocale. En effet, les rizières de Thanh Hoa produisent unemoyenne de 6 à 7 tonnes de paddy par an, en deux cycles deculture, ce qui représente environ 400 kg de paddy par têteet par an. Nous ne sommes pas très loin de la barre des350 kg considérés comme nécessaires pour couvrir les be­soins alimentaires, et les mauvaises années, cette région doitimporter une partie du riz qu'elle consomme. Les foyerscomptent donc sur les revenus provenant des cultures decollines (thé11

, arbres fruitiers, manioc) pour renforcer lasécurité de leur alimentation et la stabilité de leur revenu.Les cultures de pente fournissent, avec l'élevage (porcin etbovin notamment), l'essentiel des revenus monétaires del'agriculture. Chaque foyer possède une surface de terres decollines à peu près équivalente à la surface en rizières, soitenviron 3 000 m2

À Thanh Hoa, les revenus sont avant tout agricoles. Lesréformes de la fin des années 1980 ont, avec la décollectivi­sation, redynamisé ce secteur qui a connu de profondschangements. Tout d'abord, les foyers ont cherché à recapi­taliser leurs exploitations en développant l'élevage. Chaquefamille a cherché à augmenter le nombre de ses porcs, ainsique leur poids à la vente. À cette fin, la culture du maniocs'est développée rapidement sur les collines. Comme le thén'était que faiblement rémunéré, le manioc commença à lesupplanter, au fur et à mesure de l'arrachage des plants dethé les plus souffreteux. Mais un retournement de conjonc-

Il La Province de Phu Tho est connue pour sa production de thé. Cettespécialité date du temps de la colonisation française.

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 263

ture sur le thé a récemment inversé cette dynamique avec unregain de replantation des théiers 12

• Parallèlement, sur lesrizières où l'on ne pratiquait généralement que deux culturesde riz, une troisième culture, souvent du maïs, a fait sonapparition il y a quelques années. Ce maïs permet de sécuri­ser la période de soudure alimentaire, au printemps, pour lesfamilles les plus démunies. Il est surtout utilisé pour l'ali­mentation des porcs, et contribue pleinement aux processusd'accumulation. Récemment, le manioc et le maïs ont étécomplétés dans la ration des porcs par des aliments concen­trés distribués par de grandes firmes internationales, commeRhône Poulenc ou CP 13

• Ce développement de l'élevageporcin a permis en retour d'augmenter les quantités de fu­mure organique, et donc les rendements en riz. Laproduction rizicole a aussi bénéficié du progrès génétique etde l'introduction de variétés productives, et cela depuis letemps des coopératives. Plus récemment, l'introduction devariétés à cycle court a permis de dégager les rizièressuffisamment tôt à l'automne pour cultiver le maïs avantque le fraîchissement hivernal ne se fasse sentir. L'améliora­tion variétale touche également le maïs, et les semenceshybrides se répandent actuellement très vite à Thanh Hoa.En un mot c'est un phénomène vigoureux d'intensificationqui est à l'œuvre dans les rizières de Thanh Hoa, lié audéveloppement de l'élevage porcin.

La mise en valeur des pentes connaît aussi des boulever­sements. On a déjà signalé le regain d'intérêt envers le thé.Mais avant même ce mouvement, les agriculteurs de ThanhHoa avaient misé sur le développement de la production

12 Retournement dû à l'investissement de la société belge SIPEF,associée en co-entreprise à la compagnie d'État VINATEA qui opère laprincipale usine de transformation locale. On a ici un rare exempled'investissement étranger re-dynamisant une filière agricole.13 Charoen Pokphand, grand conglomérat agroalimentaire Thaïlandais

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 263

ture sur le thé a récemment inversé cette dynamique avec unregain de replantation des théiers 12

• Parallèlement, sur lesrizières où l'on ne pratiquait généralement que deux culturesde riz, une troisième culture, souvent du maïs, a fait sonapparition il y a quelques années. Ce maïs permet de sécuri­ser la période de soudure alimentaire, au printemps, pour lesfamilles les plus démunies. Il est surtout utilisé pour l'ali­mentation des porcs, et contribue pleinement aux processusd'accumulation. Récemment, le manioc et le maïs ont étécomplétés dans la ration des porcs par des aliments concen­trés distribués par de grandes firmes internationales, commeRhône Poulenc ou CP 13

• Ce développement de l'élevageporcin a permis en retour d'augmenter les quantités de fu­mure organique, et donc les rendements en riz. Laproduction rizicole a aussi bénéficié du progrès génétique etde l'introduction de variétés productives, et cela depuis letemps des coopératives. Plus récemment, l'introduction devariétés à cycle court a permis de dégager les rizièressuffisamment tôt à l'automne pour cultiver le maïs avantque le fraîchissement hivernal ne se fasse sentir. L'améliora­tion variétale touche également le maïs, et les semenceshybrides se répandent actuellement très vite à Thanh Hoa.En un mot c'est un phénomène vigoureux d'intensificationqui est à l'œuvre dans les rizières de Thanh Hoa, lié audéveloppement de l'élevage porcin.

La mise en valeur des pentes connaît aussi des boulever­sements. On a déjà signalé le regain d'intérêt envers le thé.Mais avant même ce mouvement, les agriculteurs de ThanhHoa avaient misé sur le développement de la production

12 Retournement dû à l'investissement de la société belge SIPEF,associée en co-entreprise à la compagnie d'État VINATEA qui opère laprincipale usine de transformation locale. On a ici un rare exempled'investissement étranger re-dynamisant une filière agricole.13 Charoen Pokphand, grand conglomérat agroalimentaire Thaïlandais

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264 PASCAL BERGERET

fruitière: productions anciennes comme les bananes, maisdemandées sur de nouveaux marchés, comme le marchéchinois, ou productions nouvelles comme les agrumes, etplus récemment les longanes ou les kakis. Les agriculteursont alors commencé à remplacer dans leurs vergers lesessences "traditionnelles", comme le jacquier, par ces nou­velles essences "commerciales". Il est à noter que cesdynamiques productives vont de pair avec la transformationdes circuits d'approvisionnement en intrants : engrais,semences sélectionnées, plants d'arbres fruitiers, provendeanimale. Désormais, les agriculteurs de Thanh Hoa peuventavoir recours à ces facteurs de l'intensification, disponiblessur le marché local. L'intensification de la productions'appuie aussi sur le développement des marchés de con­sommation, résultat de l'augmentation générale du niveaude vie depuis les réformes. Il est un secteur où la dynamiqueproductive est spectaculaire, celui de la pisciculture. Dansces zones de collines, la pisciculture a toujours été pratiquéesous la forme de lâchers d'alevins et de récolte des poissonspar pêche ou assèchement des mares. Depuis quelquesannées, la pisciculture aussi a connu un mouvement d'inten­sification, basé sur une conduite raisonnée de cette activité:alimentation des poissons, choix des espèces, associationsophistiquée entre riziculture et pisciculture dans certainesrizières basses inondées à la saison des pluies, élevage encages dans la zone du fleuve Rouge. Dans ces zones basses,près du fleuve, certains producteurs se sont lancés dans decoûteux aménagements de retenues d'eau à partir dedéfluents ou d'anciens bras morts du fleuve. Ces réservoirsnaturels sont alors barrés par des digues artificielles, àgrands coups de bulldozer, de manière à retenir l'eau aprèsla saison des crues pour y pratiquer une pisciculture àgrande échelle. Ailleurs, certaines retenues collinaires sontdonnées en adjudication par les comités populaires à de

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fruitière: productions anciennes comme les bananes, maisdemandées sur de nouveaux marchés, comme le marchéchinois, ou productions nouvelles comme les agrumes, etplus récemment les longanes ou les kakis. Les agriculteursont alors commencé à remplacer dans leurs vergers lesessences "traditionnelles", comme le jacquier, par ces nou­velles essences "commerciales". Il est à noter que cesdynamiques productives vont de pair avec la transformationdes circuits d'approvisionnement en intrants : engrais,semences sélectionnées, plants d'arbres fruitiers, provendeanimale. Désormais, les agriculteurs de Thanh Hoa peuventavoir recours à ces facteurs de l'intensification, disponiblessur le marché local. L'intensification de la productions'appuie aussi sur le développement des marchés de con­sommation, résultat de l'augmentation générale du niveaude vie depuis les réformes. Il est un secteur où la dynamiqueproductive est spectaculaire, celui de la pisciculture. Dansces zones de collines, la pisciculture a toujours été pratiquéesous la forme de lâchers d'alevins et de récolte des poissonspar pêche ou assèchement des mares. Depuis quelquesannées, la pisciculture aussi a connu un mouvement d'inten­sification, basé sur une conduite raisonnée de cette activité:alimentation des poissons, choix des espèces, associationsophistiquée entre riziculture et pisciculture dans certainesrizières basses inondées à la saison des pluies, élevage encages dans la zone du fleuve Rouge. Dans ces zones basses,près du fleuve, certains producteurs se sont lancés dans decoûteux aménagements de retenues d'eau à partir dedéfluents ou d'anciens bras morts du fleuve. Ces réservoirsnaturels sont alors barrés par des digues artificielles, àgrands coups de bulldozer, de manière à retenir l'eau aprèsla saison des crues pour y pratiquer une pisciculture àgrande échelle. Ailleurs, certaines retenues collinaires sontdonnées en adjudication par les comités populaires à de

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 265

petits groupes de familles qui les alevinent et y pratiquentaussi une pisciculture très contrôlée, en ce qu'elle doitrespecter les contraintes liées au calendrier d'irrigation.

De tels exemples, dont on pourrait étendre encore la liste,suffisent à rendre compte de l'extraordinaire dynamisme del'agriculture locale. Mais tous les foyers de Thanh Hoa nes'inscrivent pas de la même manière dans ce mouvement. Làaussi règnent la disparité et les différenciations. Enmoyenne l 4, le revenu des familles ne dépend que pour 17 %de métiers non-agricoles, salariés ou non, confirmant laprépondérance de l'agriculture et de l'élevage dans la struc­ture des revenus. 11 faut toutefois noter l'importance desallocations, retraites et pensions qui, pour les nombreusesfamilles en bénéficiant représentent typiquement 20 % durevenu. L'État vietnamien ne lésine pas sur ce poste dedépense qui perpétue la reconnaissance de la nation enversles familles ayant perdu un fils ou un mari au combat, ouenvers les anciens combattants toujours vivants. Mais cesont l'agriculture et l'élevage qui fournissent le plus grosdes revenus, pas moins de 60 % en moyenne. Les revenusannuels par tête s'étalent de 800 000 VND à 3 400 000VND, la médiane étant à 2 000 000 VND (chiffres 1998). 11semble que les familles les plus avancées dans les processusd'intensification et d'accumulation soient aussi celles quibénéficient le plus des "allocations de l'État": pensions,retraites. Ces ressources monétaires régulières leur permet­tent en effet de financer leurs investissements productifs etde compenser les prises de risque inhérentes à la mise enœuvre de productions et de techniques nouvelles. Mais lesfamilles ne bénéficiant pas des allocations de l'État setrouvent désavantagées dans la course à l'intensificationagricole. Elles ne sont pas en mesure de concurrencer lesplus nantis lors des adjudications de retenues d'eau, par

14 Chiffres résultant d'enquêtes conduites en 1998

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 265

petits groupes de familles qui les alevinent et y pratiquentaussi une pisciculture très contrôlée, en ce qu'elle doitrespecter les contraintes liées au calendrier d'irrigation.

De tels exemples, dont on pourrait étendre encore la liste,suffisent à rendre compte de l'extraordinaire dynamisme del'agriculture locale. Mais tous les foyers de Thanh Hoa nes'inscrivent pas de la même manière dans ce mouvement. Làaussi règnent la disparité et les différenciations. Enmoyenne l 4, le revenu des familles ne dépend que pour 17 %de métiers non-agricoles, salariés ou non, confirmant laprépondérance de l'agriculture et de l'élevage dans la struc­ture des revenus. 11 faut toutefois noter l'importance desallocations, retraites et pensions qui, pour les nombreusesfamilles en bénéficiant représentent typiquement 20 % durevenu. L'État vietnamien ne lésine pas sur ce poste dedépense qui perpétue la reconnaissance de la nation enversles familles ayant perdu un fils ou un mari au combat, ouenvers les anciens combattants toujours vivants. Mais cesont l'agriculture et l'élevage qui fournissent le plus grosdes revenus, pas moins de 60 % en moyenne. Les revenusannuels par tête s'étalent de 800 000 VND à 3 400 000VND, la médiane étant à 2 000 000 VND (chiffres 1998). 11semble que les familles les plus avancées dans les processusd'intensification et d'accumulation soient aussi celles quibénéficient le plus des "allocations de l'État": pensions,retraites. Ces ressources monétaires régulières leur permet­tent en effet de financer leurs investissements productifs etde compenser les prises de risque inhérentes à la mise enœuvre de productions et de techniques nouvelles. Mais lesfamilles ne bénéficiant pas des allocations de l'État setrouvent désavantagées dans la course à l'intensificationagricole. Elles ne sont pas en mesure de concurrencer lesplus nantis lors des adjudications de retenues d'eau, par

14 Chiffres résultant d'enquêtes conduites en 1998

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266 PASCAL BERGERET

exemple. Ou elles ne pourront pas acquérir de nouvellesterres de collines où planter du thé. Les plus défavoriséssont sans doute les jeunes couples s'installant sans ressour­ces et sans aide notable des parents. De tels ménages n'ontqu'un accès limité aux rizières si leur installation estpostérieure à 1993, date de la dernière distribution desterres. L'économie de leur foyer se base souvent sur quel­ques ares de manioc et sur un porc à l'engrais, seul espoird'accumulation. Si ce porc, souvent maladif car achetéparmi les porcelets les moins chers, vient à mourir aprèsplusieurs mois de patient engraissement, les perspectivesd'avenir du jeune couple s'assombrissent. Le mari seraobligé de louer son travail à vil prix au lieu de se consacrerau développement de l'assise productive familiale. Arrivésau bout de l'impasse, ces jeunes gens n'auront d'autresalternatives que de tenter une improbable migration versHanoi, ou de vivre d'expédients. Les vols sont fréquents àThanh Hoa et le gardiennage des plantations et des mares estune nécessité pour qui veut préserver sa richesse.

Cho Don, dans les montagnes du Nord

Distant de 200 km de Hanoi, situé à une altitudemoyenne de 500 m, avec des sommets à plus de 1000 m, etcouvrant une surface de 800 km2

, le district de Cho Doncompte 45000 habitants, ce qui représente une densité de 56habitants/km2. Nous sommes ici dans un monde de forêts, detorrents, de crêtes et de précipices où les déplacements sefont principalement à pied. La forêt couvre encore unebonne partie des terroirs villageois : plus du tiers dans lapartie sud, plus du quart dans la partie nord.

Avec une surface moyenne d'environ 700 m2!habitant etdes rendements de l'ordre de 3 tonnes!ha et par cycle, onestime que les besoins en riz de la population sont couverts

266 PASCAL BERGERET

exemple. Ou elles ne pourront pas acquérir de nouvellesterres de collines où planter du thé. Les plus défavoriséssont sans doute les jeunes couples s'installant sans ressour­ces et sans aide notable des parents. De tels ménages n'ontqu'un accès limité aux rizières si leur installation estpostérieure à 1993, date de la dernière distribution desterres. L'économie de leur foyer se base souvent sur quel­ques ares de manioc et sur un porc à l'engrais, seul espoird'accumulation. Si ce porc, souvent maladif car achetéparmi les porcelets les moins chers, vient à mourir aprèsplusieurs mois de patient engraissement, les perspectivesd'avenir du jeune couple s'assombrissent. Le mari seraobligé de louer son travail à vil prix au lieu de se consacrerau développement de l'assise productive familiale. Arrivésau bout de l'impasse, ces jeunes gens n'auront d'autresalternatives que de tenter une improbable migration versHanoi, ou de vivre d'expédients. Les vols sont fréquents àThanh Hoa et le gardiennage des plantations et des mares estune nécessité pour qui veut préserver sa richesse.

Cho Don, dans les montagnes du Nord

Distant de 200 km de Hanoi, situé à une altitudemoyenne de 500 m, avec des sommets à plus de 1000 m, etcouvrant une surface de 800 km2

, le district de Cho Doncompte 45000 habitants, ce qui représente une densité de 56habitants/km2. Nous sommes ici dans un monde de forêts, detorrents, de crêtes et de précipices où les déplacements sefont principalement à pied. La forêt couvre encore unebonne partie des terroirs villageois : plus du tiers dans lapartie sud, plus du quart dans la partie nord.

Avec une surface moyenne d'environ 700 m2/habitant etdes rendements de l'ordre de 3 tonnes/ha et par cycle, onestime que les besoins en riz de la population sont couverts

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 267

à 80 % en année nonnale. Mais cette moyenne cache degrandes disparités, sur lesquelles nous reviendrons plus loin.Les pentes sont cultivées en complément de la riziculture etproduisent principalement du maïs, du manioc et plus rare­ment du riz de montagne, tributaire de la pluie pour sonalimentation hydrique. Cette agriculture sur pente reposetraditionnellement sur la défriche-brûlis. Des parcelles sontouvertes dans la forêt, par abattage des plus grands arbres etbrûlis du couvert végétal. On y cultive pendant 3 à 6 ans duriz pluvial, puis du maïs ou du manioc. Après cette périodede mise en culture, la parcelle est laissée au repos pendantla à 15 ans, le temps que s'y reconstitue un recru forestier,avant une nouvelle mise en culture. Aucun engrais, niorganique ni minéral, n'est utilisé sur les pentes, ce quilimite les rendements. Certaines parcelles en bas de pente,au sol profond et bénéficiant de transferts de fertilité par leseaux de ruissellement sont cultivées en pennanence, etportent en général du maïs. Depuis une dizaine d'années, onobserve sur les pentes un mouvement de plantation de ver­gers d'abricotiers à des fins commerciales. La région de ChoDon a acquis une certaine réputation grâce à cetteproduction fruitière. Enfin, le domaine forestier, encoreabondant, est largement exploité pour son bois (d'œuvre etde chauffe), et de nombreux autres produits de cueillette15

Récemment la plantation d'espèces forestières à intérêtcommercial, comme le cannelier, a été encouragée par lespouvoirs publics et fait l'objet d'un engouement réel.L'élevage occupe aussi une place importante dans le sys­tème agraire. Les vastes espaces disponibles pour le pacage

15 Pousses de bambou, champignons, plantes médicinales, miel, etc...sans compter les produits d'une chasse encore très active, même si lesanimaux sauvages se font de plus en plus rares (oiseaux, singes, reptiles,petits mammifères et parfois un occasionnel félin, un grand python, oumême un ours.)

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 267

à 80 % en année nonnale. Mais cette moyenne cache degrandes disparités, sur lesquelles nous reviendrons plus loin.Les pentes sont cultivées en complément de la riziculture etproduisent principalement du maïs, du manioc et plus rare­ment du riz de montagne, tributaire de la pluie pour sonalimentation hydrique. Cette agriculture sur pente reposetraditionnellement sur la défriche-brûlis. Des parcelles sontouvertes dans la forêt, par abattage des plus grands arbres etbrûlis du couvert végétal. On y cultive pendant 3 à 6 ans duriz pluvial, puis du maïs ou du manioc. Après cette périodede mise en culture, la parcelle est laissée au repos pendantla à 15 ans, le temps que s'y reconstitue un recru forestier,avant une nouvelle mise en culture. Aucun engrais, niorganique ni minéral, n'est utilisé sur les pentes, ce quilimite les rendements. Certaines parcelles en bas de pente,au sol profond et bénéficiant de transferts de fertilité par leseaux de ruissellement sont cultivées en pennanence, etportent en général du maïs. Depuis une dizaine d'années, onobserve sur les pentes un mouvement de plantation de ver­gers d'abricotiers à des fins commerciales. La région de ChoDon a acquis une certaine réputation grâce à cetteproduction fruitière. Enfin, le domaine forestier, encoreabondant, est largement exploité pour son bois (d'œuvre etde chauffe), et de nombreux autres produits de cueillette15

Récemment la plantation d'espèces forestières à intérêtcommercial, comme le cannelier, a été encouragée par lespouvoirs publics et fait l'objet d'un engouement réel.L'élevage occupe aussi une place importante dans le sys­tème agraire. Les vastes espaces disponibles pour le pacage

15 Pousses de bambou, champignons, plantes médicinales, miel, etc...sans compter les produits d'une chasse encore très active, même si lesanimaux sauvages se font de plus en plus rares (oiseaux, singes, reptiles,petits mammifères et parfois un occasionnel félin, un grand python, oumême un ours.)

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268 PASCAL BERGERET

des ammaux pennettent l'entretien de trois buffles enmoyenne par foyer. Certains foyers panni les plus aiséspossèdent des troupeaux de bovins pouvant compterplusieurs dizaines de têtes. Les porcs, de race locale pour laplupart, sont laissés en divagation à proximité des maisonset cherchent eux-mêmes une bonne partie de leur nourriture.Sur les trois porcs qu'un foyer engraisse chaque année, il yen a un destiné à la consommation familiale. Il est probableque bon nombre de familles à Cho Don consomment plus deviande que leurs compatriotes des collines et du delta. Unepisciculture extensive pratiquée dans de petits bassins au fildes cours d'eau vient compléter les disponibilités enprotéines animales.

Une famille moyenne à Cho Don vit probablement mieuxque nombre de foyers dans le delta ou dans les collines etcela, même si les revenus annuels par tête sont faibles(1 400 000 dôngs en moyenne, selon des enquêtes conduitesen 1996 dans deux communes du district). Mais les revenusrépertoriés rendent mal compte de la richesse sur piedreprésentée par les gros ruminants, non plus que des prélè­vements sur l'espace non agricole, notamment la forêt,difficiles à quantifier, mais dont on pressent le rôle primor­dial dans l'économie des familles.

Le système agricole qui vient d'être décrit -riziculturedominante, productions complémentaires sur pentes, arbori­culture, élevage porcin et bubalin, exploitation de la forêt,cueillette et chasse- concerne, avec des variations, environ80 % de la population, d'ethnie Tay. On observe, à l'inté­rieur de ce système, de grandes disparités dues principale­ment à l'inégale répartition du foncier, notamment desrizières16 •

16 Contrairement au delta, les réalités locales font qu'à Cho Don lesrizières n'ont pas été redistribuées égalitairement après la loi de 1993.

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des ammaux pennettent l'entretien de trois buffles enmoyenne par foyer. Certains foyers panni les plus aiséspossèdent des troupeaux de bovins pouvant compterplusieurs dizaines de têtes. Les porcs, de race locale pour laplupart, sont laissés en divagation à proximité des maisonset cherchent eux-mêmes une bonne partie de leur nourriture.Sur les trois porcs qu'un foyer engraisse chaque année, il yen a un destiné à la consommation familiale. Il est probableque bon nombre de familles à Cho Don consomment plus deviande que leurs compatriotes des collines et du delta. Unepisciculture extensive pratiquée dans de petits bassins au fildes cours d'eau vient compléter les disponibilités enprotéines animales.

Une famille moyenne à Cho Don vit probablement mieuxque nombre de foyers dans le delta ou dans les collines etcela, même si les revenus annuels par tête sont faibles(1 400 000 dôngs en moyenne, selon des enquêtes conduitesen 1996 dans deux communes du district). Mais les revenusrépertoriés rendent mal compte de la richesse sur piedreprésentée par les gros ruminants, non plus que des prélè­vements sur l'espace non agricole, notamment la forêt,difficiles à quantifier, mais dont on pressent le rôle primor­dial dans l'économie des familles.

Le système agricole qui vient d'être décrit -riziculturedominante, productions complémentaires sur pentes, arbori­culture, élevage porcin et bubalin, exploitation de la forêt,cueillette et chasse- concerne, avec des variations, environ80 % de la population, d'ethnie Tay. On observe, à l'inté­rieur de ce système, de grandes disparités dues principale­ment à l'inégale répartition du foncier, notamment desrizières16 •

16 Contrairement au delta, les réalités locales font qu'à Cho Don lesrizières n'ont pas été redistribuées égalitairement après la loi de 1993.

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 269

Les 20 % de la population restants se répartissent en deuxethnies, les Dao et les Kinh. Les Dao sont arrivés dans larégion plus tardivement que les Tay. Les fonds de valléeétant déjà occupés par les Tay, les Dao se sont installés surles hauteurs où ils ont pratiqué une agriculture basée surl'abattis-brûlis. Comme toute la subsistance des communau­tés Dao reposait sur cette agriculture de montagne, gour­mande d'espace17

, leur mode de vie était itinérant, toujours àla recherche de terres nouvelles à défricher. Pendant lapériode collectiviste, les Dao furent appelés à descendre deshauteurs et rassemblés dans des coopératives de productionoù ils pratiquèrent la riziculture inondée, ou bien sur desrizières déjà existantes, ou bien sûr des rizières qu'ils amé­nagèrent eux-mêmes. À la fin des coopératives, les Tayentendirent récupérer leur bien et les Dao furent renvoyéssur les hauteurs.

Quant aux Kinh venus du delta du fleuve Rouge pendantla période collectiviste, ils connurent un sort comparableaux Dao, et n'eurent pas accès aux rizières lorsque lescoopératives furent abolies en 1989. Mais les Kinh sereconvertirent dans le commerce et l'artisanat, s'établirent lelong des axes de communication et purent parfois s'enrichirsuffisamment pour racheter des rizières aux Tay.

Nous sommes donc en présence à Cho Don d'une sociététrès cloisonnée sur des bases ethniques, avec 20 % de lapopulation en marge du système agraire dominant. Àl'intérieur même du système Tay, les disparités sont fortes,héritage d'une période passée mais encore bien vivante, aucours de laquelle les membres de lignages dominants seconstituèrent une solide base foncière, récemment recou­vrée, et sur laquelle se fonde leur prospérité actuelle. Ces

17 Compte tenu des faibles rendements et en incluant les surfaces enrégénération, on a calculé qu'il ne fallait pas moins de 6 ha par famillepour subvenir aux seuls besoins alimentaires de base.

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 269

Les 20 % de la population restants se répartissent en deuxethnies, les Dao et les Kinh. Les Dao sont arrivés dans larégion plus tardivement que les Tay. Les fonds de valléeétant déjà occupés par les Tay, les Dao se sont installés surles hauteurs où ils ont pratiqué une agriculture basée surl'abattis-brûlis. Comme toute la subsistance des communau­tés Dao reposait sur cette agriculture de montagne, gour­mande d'espace17

, leur mode de vie était itinérant, toujours àla recherche de terres nouvelles à défricher. Pendant lapériode collectiviste, les Dao furent appelés à descendre deshauteurs et rassemblés dans des coopératives de productionoù ils pratiquèrent la riziculture inondée, ou bien sur desrizières déjà existantes, ou bien sûr des rizières qu'ils amé­nagèrent eux-mêmes. À la fin des coopératives, les Tayentendirent récupérer leur bien et les Dao furent renvoyéssur les hauteurs.

Quant aux Kinh venus du delta du fleuve Rouge pendantla période collectiviste, ils connurent un sort comparableaux Dao, et n'eurent pas accès aux rizières lorsque lescoopératives furent abolies en 1989. Mais les Kinh sereconvertirent dans le commerce et l'artisanat, s'établirent lelong des axes de communication et purent parfois s'enrichirsuffisamment pour racheter des rizières aux Tay.

Nous sommes donc en présence à Cho Don d'une sociététrès cloisonnée sur des bases ethniques, avec 20 % de lapopulation en marge du système agraire dominant. Àl'intérieur même du système Tay, les disparités sont fortes,héritage d'une période passée mais encore bien vivante, aucours de laquelle les membres de lignages dominants seconstituèrent une solide base foncière, récemment recou­vrée, et sur laquelle se fonde leur prospérité actuelle. Ces

17 Compte tenu des faibles rendements et en incluant les surfaces enrégénération, on a calculé qu'il ne fallait pas moins de 6 ha par famillepour subvenir aux seuls besoins alimentaires de base.

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270 PASCAL BERGERET

différents segments de la population sont donc différemmentarmés pour faire face aux profonds bouleversements qui,depuis ces dernières années, affectent les équilibres locaux.

L'ouverture au marché

Depuis la fin de la collectivisation, la voie de l'enrichis­sement passe par la vente de produits agricoles ou de laforêt. Dans une zone comme Cho Don l'accès au marché estconditionné par l'accès aux routes. En effet, même s'ilexiste des marchés locaux, les débouchés offerts par laconsommation interne du district restent limités, du faitnotamment de la faiblesse de la densité de population. Lesdébouchés sont donc au loin, là où existe une demande pourles produits exportés par Cho Don: fruits, viande, animauxvifs, bois, produits forestiers à forte valeur, cannelle, etc...Les principaux marchés sont urbains, à Hanoi, ou enchemin, à Thai Nguyen, capitale provinciale. Cela signifieque les produits doivent être transportés sur d'assez longuesdistances, et donc évacués par la route. Il est aisé de repérerdes gradients de richesse et de monétarisation de l'économielocale en fonction de la distance à la route. Les systèmesproches des routes exportent des produits à forte valeurcomme les fruits, ou des produits animaux. Ceux qui sont unpeu plus éloignés commercialisent des céréales comme lemaïs, et les plus isolés répondent davantage à des logiquesd'autosubsistance. À ce jeu, ce sont évidemment les foyersles mieux nantis, installés dans les bas fonds rizicoles oùpassent les routes et où les contacts avec les marchands etautres intermédiaires des filières peuvent s'établir aisément,qui sortent gagnants. Les Tay moins bien placés ou, à plusforte raison, les Dao isolés sur leurs hauteurs et prisonniersde logiques de subsistance ne peuvent profiter de tellesopportunités.

270 PASCAL BERGERET

différents segments de la population sont donc différemmentarmés pour faire face aux profonds bouleversements qui,depuis ces dernières années, affectent les équilibres locaux.

L'ouverture au marché

Depuis la fin de la collectivisation, la voie de l'enrichis­sement passe par la vente de produits agricoles ou de laforêt. Dans une zone comme Cho Don l'accès au marché estconditionné par l'accès aux routes. En effet, même s'ilexiste des marchés locaux, les débouchés offerts par laconsommation interne du district restent limités, du faitnotamment de la faiblesse de la densité de population. Lesdébouchés sont donc au loin, là où existe une demande pourles produits exportés par Cho Don: fruits, viande, animauxvifs, bois, produits forestiers à forte valeur, cannelle, etc...Les principaux marchés sont urbains, à Hanoi, ou enchemin, à Thai Nguyen, capitale provinciale. Cela signifieque les produits doivent être transportés sur d'assez longuesdistances, et donc évacués par la route. Il est aisé de repérerdes gradients de richesse et de monétarisation de l'économielocale en fonction de la distance à la route. Les systèmesproches des routes exportent des produits à forte valeurcomme les fruits, ou des produits animaux. Ceux qui sont unpeu plus éloignés commercialisent des céréales comme lemaïs, et les plus isolés répondent davantage à des logiquesd'autosubsistance. À ce jeu, ce sont évidemment les foyersles mieux nantis, installés dans les bas fonds rizicoles oùpassent les routes et où les contacts avec les marchands etautres intermédiaires des filières peuvent s'établir aisément,qui sortent gagnants. Les Tay moins bien placés ou, à plusforte raison, les Dao isolés sur leurs hauteurs et prisonniersde logiques de subsistance ne peuvent profiter de tellesopportunités.

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 271

La politique forestière de l'État

La loi foncière prévoit que les attributions de terres depente, y compris celles couvertes de forêts doivent tenircompte de la capacité des familles à les entretenir et lesvaloriser. Cette capacité se mesure par la richesse de lafamille ainsi que sa main-d'œuvre. Ainsi les grandes famil­les aisées se voient attribuer de larges parcelles forestières etde fortes surfaces de terres en pente, qui atteignent couram­ment plusieurs hectares, parfois plusieurs dizainesd'hectares. Les autres se contenteront de lots plus réduits.

Il faut tout de même noter que les familles Dao quidépendent entièrement des cultures sur pentes pour leursubsistance se sont vues attribuer des surfaces supérieures àla moyenne des foyers. Mais l'effet le plus marquant de cesdispositions légales provient du fait que maintenant, laplupart des terres de pente sont attribuées individuellementaux familles. Celles-ci font valoir leurs droits de cueillette etd'exploitation sur les parcelles qui leur ont été attribuées etcommencent à en interdire l'accès aux autres. Les famillesles plus pauvres doivent donc pratiquer la cueillette fores­tière, indispensable complément à leurs revenus, sur lesportions les plus lointaines des finages, là où les terres n'ontpas encore été attribuées. Dans de telles conditions ladéfriche-brûlis ne peut évidemment plus se pratiquer. Lesfamilles qui y ont recours pour leur subsistance, c'est à direles familles Tay les moins favorisées, et surtout les famillesDao doivent donc transformer radicalement leur système deproduction.

Cette appropriation individuelle des terres de pentefavorise les plantations privées d'essences forestières etfruitières. En cela, elle conforte des processus d'accumula­tion déjà en cours. Mais pour ce qui est des productionsvivrières, céréales et manioc notamment, en abolissant ladéfriche-brûlis, elle contraint la frange la plus défavorisée

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 271

La politique forestière de l'État

La loi foncière prévoit que les attributions de terres depente, y compris celles couvertes de forêts doivent tenircompte de la capacité des familles à les entretenir et lesvaloriser. Cette capacité se mesure par la richesse de lafamille ainsi que sa main-d'œuvre. Ainsi les grandes famil­les aisées se voient attribuer de larges parcelles forestières etde fortes surfaces de terres en pente, qui atteignent couram­ment plusieurs hectares, parfois plusieurs dizainesd'hectares. Les autres se contenteront de lots plus réduits.

Il faut tout de même noter que les familles Dao quidépendent entièrement des cultures sur pentes pour leursubsistance se sont vues attribuer des surfaces supérieures àla moyenne des foyers. Mais l'effet le plus marquant de cesdispositions légales provient du fait que maintenant, laplupart des terres de pente sont attribuées individuellementaux familles. Celles-ci font valoir leurs droits de cueillette etd'exploitation sur les parcelles qui leur ont été attribuées etcommencent à en interdire l'accès aux autres. Les famillesles plus pauvres doivent donc pratiquer la cueillette fores­tière, indispensable complément à leurs revenus, sur lesportions les plus lointaines des finages, là où les terres n'ontpas encore été attribuées. Dans de telles conditions ladéfriche-brûlis ne peut évidemment plus se pratiquer. Lesfamilles qui y ont recours pour leur subsistance, c'est à direles familles Tay les moins favorisées, et surtout les famillesDao doivent donc transformer radicalement leur système deproduction.

Cette appropriation individuelle des terres de pentefavorise les plantations privées d'essences forestières etfruitières. En cela, elle conforte des processus d'accumula­tion déjà en cours. Mais pour ce qui est des productionsvivrières, céréales et manioc notamment, en abolissant ladéfriche-brûlis, elle contraint la frange la plus défavorisée

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272 PASCAL BERGERET

de la population à réinventer une agriculture sur pente fixe,pennanente et donc intensifiée. Les pratiques culturalesdevront dorénavant pennettre l'entretien de la fertilité dessols, une lutte efficace contre les mauvaises herbes, unresserrement des cycles culturaux et une accélération dessuccessions culturales. Encore faut-il que de telles parcellessoient bien protégées de la divagation des animaux, buffleset bovins. Cela signifie la construction de solides haies ou lecreusement de profondes tranchées, ajoutant encore à lacharge en travail de ces foyers. On le voit, ce sont les foyersles plus fragiles qui se trouvent condamnés à l'innovation età une prise de risque maximum.

Conclusion

Les cas présentés dans les lignes qui précèdent illustrentbien le dynamisme des ruraux, prompts à utiliser toutes lesopportunités découlant de la libéralisation de l'économie.Dans le delta, et aussi dans la moyenne région, les foyersagricoles mobilisent différentes sources de revenus au seinde systèmes d'activités complexes où le commerce, l'artisa­nat, les activités de service et le salariat occasionnel tiennentune place importante. Sans compter les transferts de l'Étatsous fonne de retraites ou de pensions, on observe quel'accès à ces sources de revenus non agricoles favorise ladiversification des productions agricoles en ce qu'il pennetaux agriculteurs d'accepter un niveau de risque plus élevé. Ils'ensuit que le niveau général de l'activité économiquedétennine de manière très directe le niveau de revenu desruraux et influence indirectement la nature des systèmes deproduction agricole. Depuis 1997, la croissance économiqueglobale ayant diminué, les ruraux ont de plus en plus de malà mobiliser de telles sources de revenu. Il s'ensuit un sous­emploi accru et une précarité accentuée pour les franges les

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de la population à réinventer une agriculture sur pente fixe,pennanente et donc intensifiée. Les pratiques culturalesdevront dorénavant pennettre l'entretien de la fertilité dessols, une lutte efficace contre les mauvaises herbes, unresserrement des cycles culturaux et une accélération dessuccessions culturales. Encore faut-il que de telles parcellessoient bien protégées de la divagation des animaux, buffleset bovins. Cela signifie la construction de solides haies ou lecreusement de profondes tranchées, ajoutant encore à lacharge en travail de ces foyers. On le voit, ce sont les foyersles plus fragiles qui se trouvent condamnés à l'innovation età une prise de risque maximum.

Conclusion

Les cas présentés dans les lignes qui précèdent illustrentbien le dynamisme des ruraux, prompts à utiliser toutes lesopportunités découlant de la libéralisation de l'économie.Dans le delta, et aussi dans la moyenne région, les foyersagricoles mobilisent différentes sources de revenus au seinde systèmes d'activités complexes où le commerce, l'artisa­nat, les activités de service et le salariat occasionnel tiennentune place importante. Sans compter les transferts de l'Étatsous fonne de retraites ou de pensions, on observe quel'accès à ces sources de revenus non agricoles favorise ladiversification des productions agricoles en ce qu'il pennetaux agriculteurs d'accepter un niveau de risque plus élevé. Ils'ensuit que le niveau général de l'activité économiquedétennine de manière très directe le niveau de revenu desruraux et influence indirectement la nature des systèmes deproduction agricole. Depuis 1997, la croissance économiqueglobale ayant diminué, les ruraux ont de plus en plus de malà mobiliser de telles sources de revenu. Il s'ensuit un sous­emploi accru et une précarité accentuée pour les franges les

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 273

plus défavorisées de la population. Les logiques d'autosuffi­sance et de minimisation du risque reprennent le dessus, cequi va à l'encontre de la diversification des productions.

En zone de montagne, à ces incertitudes de l'environne­ment économique s'ajoutent celles liées aux bouleverse­ments engendrés par la politique forestière de l'État quisemble renforcer les différenciations sociales déjà à l'œuvre.

Il est probable que le modèle d'Économie socialiste demarché touche ici une de ses limites, et qu'une politiqueplus volontariste d'investissement en direction du secteuragricole se révèle nécessaire afin d'enrayer les phénomènesnégatifs qui frappent actuellement le monde rural. Cettepolitique visant à rétablir une certaine parité entre le monderural et le monde urbain passe certainement par la construc­tion accélérée d'infrastructures dans les zones enclavées, parl'amélioration des conditions de formation, tant initiale queprofessionnelle, ainsi que par le développement des servicessociaux, au premier rang desquels la santé. Dans le secteurproductif, il semble qu'un élément crucial de cette politiquedevrait viser à une meilleure organisation des marchés desproduits agricoles de manière à accroître le poids desproducteurs dans les transactions commerciales et à réduirele risque économique lié à de trop fortes fluctuations desprix. De tels objectifs ne peuvent être atteints que si denouvelles relations s'instaurent entre les producteurs eux­mêmes, leur permettant une véritable action collective faceaux autres acteurs des filières. L'État tant au niveau centralque local se doit de favoriser l'expression de tels intérêtscollectifs et de les servir par l'adoption de toute mesure depolitique agricole tendant à réduire le risque économique duproducteur. En aval de la production agricole, il importe quedes emplois ruraux soient créés, seul moyen d'éviter unexode rural massif, encore contenu au Nord, mais déjàréalité au Sud. Il semble que la multiplication de petites

SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX 273

plus défavorisées de la population. Les logiques d'autosuffi­sance et de minimisation du risque reprennent le dessus, cequi va à l'encontre de la diversification des productions.

En zone de montagne, à ces incertitudes de l'environne­ment économique s'ajoutent celles liées aux bouleverse­ments engendrés par la politique forestière de l'État quisemble renforcer les différenciations sociales déjà à l'œuvre.

Il est probable que le modèle d'Économie socialiste demarché touche ici une de ses limites, et qu'une politiqueplus volontariste d'investissement en direction du secteuragricole se révèle nécessaire afin d'enrayer les phénomènesnégatifs qui frappent actuellement le monde rural. Cettepolitique visant à rétablir une certaine parité entre le monderural et le monde urbain passe certainement par la construc­tion accélérée d'infrastructures dans les zones enclavées, parl'amélioration des conditions de formation, tant initiale queprofessionnelle, ainsi que par le développement des servicessociaux, au premier rang desquels la santé. Dans le secteurproductif, il semble qu'un élément crucial de cette politiquedevrait viser à une meilleure organisation des marchés desproduits agricoles de manière à accroître le poids desproducteurs dans les transactions commerciales et à réduirele risque économique lié à de trop fortes fluctuations desprix. De tels objectifs ne peuvent être atteints que si denouvelles relations s'instaurent entre les producteurs eux­mêmes, leur permettant une véritable action collective faceaux autres acteurs des filières. L'État tant au niveau centralque local se doit de favoriser l'expression de tels intérêtscollectifs et de les servir par l'adoption de toute mesure depolitique agricole tendant à réduire le risque économique duproducteur. En aval de la production agricole, il importe quedes emplois ruraux soient créés, seul moyen d'éviter unexode rural massif, encore contenu au Nord, mais déjàréalité au Sud. Il semble que la multiplication de petites

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274 PASCAL BERGERET

industries agroalimentaires pourrait absorber sur place lesurplus de main-d'œuvre agricole, tout en tirant parti del'avantage comparatif évident que l'agriculture confère auViêt-nam. Un cercle vertueux pourrait alors s'instaurer parlequel le niveau de vie des masses rurales s'élevantprogressivement, ce sont tous les secteurs économiques quibénéficieraient du développement d'un marché intérieurrétabli dans son rôle moteur de l'économie nationale.

Les années 1999 et 2000 marquent un tournant significa­tif avec, pour la première fois depuis le début du doi moi,une augmentation notable de la part de l'agriculture dans lebudget de l'État. Cela reflète bien le fait que le gouverne­ment vietnamien a conscience des enjeux liés à l'avenir del'agriculture et du monde rural. Gageons que le Viêt-nam,une fois de plus, saura trouver une réponse originale auxdifficiles défis auxquels il se trouve confronté à l'aube de cetroisième millénaire.

Bibliographie

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1996], Statistical Yearbook1995, Hanoi, Statistical Publishing House

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1997], Statistical Yearbook1996, Hanoi, Statistical Publishing House

MOLISA/IRD [1999], Système d'observatoire de l'emploi etdes ressources humaines. Rapport sur le premier passagede l'enquête auprès des ménages, déc. 1996, Hanoi,Maison des Éditions du Travail, 138 p. (en vietnamien).

WORLD BANK [1997], Vietnam Deepening Reform forGrowth, Report No 17031-VN, World Bank, WashingtonDC,October

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industries agroalimentaires pourrait absorber sur place lesurplus de main-d'œuvre agricole, tout en tirant parti del'avantage comparatif évident que l'agriculture confère auViêt-nam. Un cercle vertueux pourrait alors s'instaurer parlequel le niveau de vie des masses rurales s'élevantprogressivement, ce sont tous les secteurs économiques quibénéficieraient du développement d'un marché intérieurrétabli dans son rôle moteur de l'économie nationale.

Les années 1999 et 2000 marquent un tournant significa­tif avec, pour la première fois depuis le début du doi moi,une augmentation notable de la part de l'agriculture dans lebudget de l'État. Cela reflète bien le fait que le gouverne­ment vietnamien a conscience des enjeux liés à l'avenir del'agriculture et du monde rural. Gageons que le Viêt-nam,une fois de plus, saura trouver une réponse originale auxdifficiles défis auxquels il se trouve confronté à l'aube de cetroisième millénaire.

Bibliographie

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1996], Statistical Yearbook1995, Hanoi, Statistical Publishing House

GENERAL STATISTICAL OFFICE [1997], Statistical Yearbook1996, Hanoi, Statistical Publishing House

MOLISA/IRD [1999], Système d'observatoire de l'emploi etdes ressources humaines. Rapport sur le premier passagede l'enquête auprès des ménages, déc. 1996, Hanoi,Maison des Éditions du Travail, 138 p. (en vietnamien).

WORLD BANK [1997], Vietnam Deepening Reform forGrowth, Report No 17031-VN, World Bank, WashingtonDC,October

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SYSTÈME D'ACTIVITÉS DES RURAUX

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PASCAL BERGERET

Carte 2Le petit district de Nam Tbanb

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Il

Changements, mécanismes, tendances :le débat contemporain

Ch. Gironde, A. Donneier-Freire, Lê Ngu Binh

Les discussions du séminaire IRD-Molisa-IUED-BM dejuillet 2000 sur le travail, l'emploi et les ressources humai­nes au Viêt-nam ont fait ressortir un certain nombre dequestions transversales qui rappellent avec force les liensétroits qui existent entre ces thèmes. Au-delà des différentesinstitutions qu'ils représentaient, les participants ont montrépar leurs interventions que les questions d'éducation et defonnation professionnelle ne pouvaient être abordées sépa­rément de celles du travail, de même que la question socialen'était indépendante ni des unes ni de l'autre. Si les analysesdes évolutions en cours sont parfois convergentes, elles fontaussi parfois l'objet de controverses, ou témoignent de lanécessité de mener des investigations complémentaires.

Ainsi, le débat contemporain porte à la fois sur la natureet l'ampleur des changements intervenus, sur l'efficience etles limites des mécanismes régulant les activités économi­ques et sociales, et sur les tendances perçues.

Il

Changements, mécanismes, tendances :le débat contemporain

Ch. Gironde, A. Donneier-Freire, Lê Ngu Binh

Les discussions du séminaire IRD-Molisa-IUED-BM dejuillet 2000 sur le travail, l'emploi et les ressources humai­nes au Viêt-nam ont fait ressortir un certain nombre dequestions transversales qui rappellent avec force les liensétroits qui existent entre ces thèmes. Au-delà des différentesinstitutions qu'ils représentaient, les participants ont montrépar leurs interventions que les questions d'éducation et defonnation professionnelle ne pouvaient être abordées sépa­rément de celles du travail, de même que la question socialen'était indépendante ni des unes ni de l'autre. Si les analysesdes évolutions en cours sont parfois convergentes, elles fontaussi parfois l'objet de controverses, ou témoignent de lanécessité de mener des investigations complémentaires.

Ainsi, le débat contemporain porte à la fois sur la natureet l'ampleur des changements intervenus, sur l'efficience etles limites des mécanismes régulant les activités économi­ques et sociales, et sur les tendances perçues.

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278 CH. GIRONDE, A. DORMEIER, LE NGU BINH

Les changements

S'il semble se dégager un consensus sur les changementsfondamentaux intervenus dans les domaines du travail, del'emploi et des ressources humaines, les analyses diffèrentsur la portée de ces changements et leur signification enmatière de gestion économique. Par ailleurs se posent denouvelles questions sur le rôle des institutions nécessaires àun développement économique dont l'orientation est diffici­lement perceptible.

Le développement économique est désonnais le fait desdiverses composantes de la société vietnamienne - individus,familles, entreprises privées- et non plus des seuls secteursétatique et coopératif. L'effort de l'État en matière de légis­lation et d'environnement macro-économique a favorisél'émergence de ces nouveaux agents économiques et lesacteurs, comme les secteurs de l'économie vietnamienne, sesont diversifiés. L'agriculture, le commerce, les services, etdans une moindre mesure l'industrie sont concernés. Cetteévolution s'est renforcée au cours de la période, notammentavec l'ouverture de l'économie aux entreprises et aux capi­taux étrangers. La croissance qui a accompagné ces change­ments a pennis une amélioration d'ensemble des conditionsde vie et un recul de la pauvreté. Si cette croissance se baseencore sur un secteur agricole prédominant, les industriess'affinnent de plus en plus comme un acteur économiqueimportant

Dans le même temps, les changements économiques ontengendré des besoins nouveaux de qualification de la main­d'œuvre pour les entreprises, tandis que s'exprime une de­mande sociale accrue en matière d'éducation. Cettedemande s'est individualisée, traduisant une évolution de laconception confucéenne de l'éducation, qui est désonnaisdavantage considérée comme un investissement. Les chan-

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Les changements

S'il semble se dégager un consensus sur les changementsfondamentaux intervenus dans les domaines du travail, del'emploi et des ressources humaines, les analyses diffèrentsur la portée de ces changements et leur signification enmatière de gestion économique. Par ailleurs se posent denouvelles questions sur le rôle des institutions nécessaires àun développement économique dont l'orientation est diffici­lement perceptible.

Le développement économique est désonnais le fait desdiverses composantes de la société vietnamienne - individus,familles, entreprises privées- et non plus des seuls secteursétatique et coopératif. L'effort de l'État en matière de légis­lation et d'environnement macro-économique a favorisél'émergence de ces nouveaux agents économiques et lesacteurs, comme les secteurs de l'économie vietnamienne, sesont diversifiés. L'agriculture, le commerce, les services, etdans une moindre mesure l'industrie sont concernés. Cetteévolution s'est renforcée au cours de la période, notammentavec l'ouverture de l'économie aux entreprises et aux capi­taux étrangers. La croissance qui a accompagné ces change­ments a pennis une amélioration d'ensemble des conditionsde vie et un recul de la pauvreté. Si cette croissance se baseencore sur un secteur agricole prédominant, les industriess'affinnent de plus en plus comme un acteur économiqueimportant

Dans le même temps, les changements économiques ontengendré des besoins nouveaux de qualification de la main­d'œuvre pour les entreprises, tandis que s'exprime une de­mande sociale accrue en matière d'éducation. Cettedemande s'est individualisée, traduisant une évolution de laconception confucéenne de l'éducation, qui est désonnaisdavantage considérée comme un investissement. Les chan·

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LE DÉBAT CONTEMPORAIN 279

gements sont donc porteurs de déséquilibres dans la mesureoù l'offre, même si elle est nettement plus réactive, suit avecdécalage les besoins de l'économie et l'évolution desvaleurs et aspirations de la société.

En matière d'éducation, un effort accru de l'État et ledéveloppement d'une offre privée ont pennis de satisfairepartiellement les besoins et la demande. Le bilan est moinssatisfaisant en ce qui concerne la fonnation professionnelle.Considérée comme une fonnation par défaut (pour ceux quine peuvent accéder aux filières longues de l'enseignementgénéral) offrant peu de perspectives de débouchés, elledemeure le parent pauvre du système éducatif. Il est admisque les contenus sont inadaptés aux besoins des entreprises.Mais la question des contenants - attitudes et pédagogie desenseignants et fonnateurs - a également été soulevée. Lescompétences acquises, trop "statiques ", sont en effetinadéquates face à des besoins de compétences" flexibles"ou dynamiques.

La mesure des changements, et les interventions qu'ilsexigent, demeurent cependant controversés. Les change­ments introduits dans la législation ou l'environnementmacro-économique ne sauraient ~tre effectifs en l'absencede changement des mentalités. La préférence pour un em­ploi stable (dans le secteur étatique) plutôt que pour unemploi mieux rémunéré (dans le privé), ou l'habitude des'en remettre aux décisions de l'État sont cités commeautant de comportements qui limitent les changements. Àl'inverse, les problèmes liés à "la mentalité de l'État" ontégalement été évoqués, notamment les tracasseries adminis­tratives, la lenteur de l'actionnarisation, ou encore l'impos­sibilité de licencier.

C'est sur cette base qu'a pu être avancée l'idée que leschangements n'ont pas été aussi importants qu'ils peuvent leparaître. Les besoins en matière d'éducation et de fonnation

LE DÉBAT CONTEMPORAIN 279

gements sont donc porteurs de déséquilibres dans la mesureoù l'offre, même si elle est nettement plus réactive, suit avecdécalage les besoins de l'économie et l'évolution desvaleurs et aspirations de la société.

En matière d'éducation, un effort accru de l'État et ledéveloppement d'une offre privée ont pennis de satisfairepartiellement les besoins et la demande. Le bilan est moinssatisfaisant en ce qui concerne la fonnation professionnelle.Considérée comme une fonnation par défaut (pour ceux quine peuvent accéder aux filières longues de l'enseignementgénéral) offrant peu de perspectives de débouchés, elledemeure le parent pauvre du système éducatif. Il est admisque les contenus sont inadaptés aux besoins des entreprises.Mais la question des contenants - attitudes et pédagogie desenseignants et fonnateurs - a également été soulevée. Lescompétences acquises, trop "statiques ", sont en effetinadéquates face à des besoins de compétences" flexibles"ou dynamiques.

La mesure des changements, et les interventions qu'ilsexigent, demeurent cependant controversés. Les change­ments introduits dans la législation ou l'environnementmacro-économique ne sauraient ~tre effectifs en l'absencede changement des mentalités. La préférence pour un em­ploi stable (dans le secteur étatique) plutôt que pour unemploi mieux rémunéré (dans le privé), ou l'habitude des'en remettre aux décisions de l'État sont cités commeautant de comportements qui limitent les changements. Àl'inverse, les problèmes liés à "la mentalité de l'État" ontégalement été évoqués, notamment les tracasseries adminis­tratives, la lenteur de l'actionnarisation, ou encore l'impos­sibilité de licencier.

C'est sur cette base qu'a pu être avancée l'idée que leschangements n'ont pas été aussi importants qu'ils peuvent leparaître. Les besoins en matière d'éducation et de fonnation

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professionnelle devraient donc être relativisés: aux estima­tions sur les besoins en main-d'œuvre qualifiée, il a mêmeété objecté qu'il n'existait pas de problème d'éducation.

Les discussions sur la portée et les limites des change­ments ont conduit à une réflexion plus large sur le devenirde la gestion de l'économie et l'arbitrage entre ce qui relèveencore de la responsabilité de l'État et ce qui est désonnaisdu ressort du marché. La question de l'emploi a fourni lameilleure illustration de ce débat, opposant les partisansd'une planification à dix ans de l'emploi aux tenants d'unepolitique privilégiant l'adaptabilité de la main-d'œuvre aumarché.

Le débat sur les mentalités et sur le rôle des institutions adébouché sur une réflexion quant à la direction des change­ments, ou plutôt une interrogation puisqu'il s'est avérédifficile d'identifier un point d'aboutissement des change­ments en cours.

Les mécanismes

À la différence d'un système qui reposait sur les déci­sions de l'État, le système actuel est caractérisé par denouvelles interactions entre l'État et les autres composantesde la société. La production des richesses, mais aussi letravail et l'éducation, sont ainsi entrés dans la sphère desbiens et des échanges marchands.

Mais la croissance génère des inégalités entre lesdifférents secteurs de l'économie, régions, et catégories dela population. L'agriculture et les populations rurales sontles premières concernées. Ces inégalités économiques etsociales sont très visibles en matière d'éducation et dequalification de la main d'œuvre. L'État a donc un rôle àjouer dans le développement des zones défavorisées en

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professionnelle devraient donc être relativisés: aux estima­tions sur les besoins en main-d'œuvre qualifiée, il a mêmeété objecté qu'il n'existait pas de problème d'éducation.

Les discussions sur la portée et les limites des change­ments ont conduit à une réflexion plus large sur le devenirde la gestion de l'économie et l'arbitrage entre ce qui relèveencore de la responsabilité de l'État et ce qui est désonnaisdu ressort du marché. La question de l'emploi a fourni lameilleure illustration de ce débat, opposant les partisansd'une planification à dix ans de l'emploi aux tenants d'unepolitique privilégiant l'adaptabilité de la main-d'œuvre aumarché.

Le débat sur les mentalités et sur le rôle des institutions adébouché sur une réflexion quant à la direction des change­ments, ou plutôt une interrogation puisqu'il s'est avérédifficile d'identifier un point d'aboutissement des change­ments en cours.

Les mécanismes

À la différence d'un système qui reposait sur les déci­sions de l'État, le système actuel est caractérisé par denouvelles interactions entre l'État et les autres composantesde la société. La production des richesses, mais aussi letravail et l'éducation, sont ainsi entrés dans la sphère desbiens et des échanges marchands.

Mais la croissance génère des inégalités entre lesdifférents secteurs de l'économie, régions, et catégories dela population. L'agriculture et les populations rurales sontles premières concernées. Ces inégalités économiques etsociales sont très visibles en matière d'éducation et dequalification de la main d'œuvre. L'État a donc un rôle àjouer dans le développement des zones défavorisées en

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LE DÉBAT CONTEMPORAIN 281

facilitant, par exemple, l'accès à l'éducation, ou encore enfavorisant la mise à disposition des infrastructures.

Face à ces constats, l'efficience du marché a été mise encause. L'information sur les prix ne correspondant pastoujours aux opportunités et risques réels du marché, lesagents économiques sont conduits à adopter des comporte­ments par défaut: les producteurs agricoles qui manquentd'information sur les débouchés sont dans ce cas. Lemanque d'information et l'accès inégal à l'informationposent donc problème, et certains pensent qu'il revient àl'État d'assurer la coordination de l'information.

Au-delà de l'efficience, c'est l'existence même dumarché qui est discutée. Le marché du travail a ainsi étéqualifié d'embryonnaire, et même d'inexistant, dans lamesure où, soit il n'existe pas de législation sur lesconditions de travail ni de système d'assurances, soit unetelle législation ne s'applique qu'à une minorité d'emplois.C'est pourquoi, en dépit des modifications apportées à lalégislation du travail, certains considèrent qu'il serait erronéde parler de marché du travail. En outre, ce "marché dutravail" génère un nombre d'emplois insuffisant, notam­ment en milieu rural, en raison d'un certain nombre deproblèmes tels que le manque d'incitations à la créationd'entreprises.

L'État, tout comme le marché, suscite de vifs débats, enparticulier sur les fonctions et responsabilités à l'intérieur del'appareil étatique. La question se pose très concrètement enmatière de formation, les représentants du monde du travailinsistant sur l'inadéquation de la formation professionnelleaux besoins de qualifications des entreprises. Selon eux, ilincombe au Ministère de l'Éducation et de la FormationProfessionnelle d'entreprendre une réforme du système deformation pour répondre aux besoins nouveaux. En réponse,les représentants de l'éducation et de la formation profes-

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facilitant, par exemple, l'accès à l'éducation, ou encore enfavorisant la mise à disposition des infrastructures.

Face à ces constats, l'efficience du marché a été mise encause. L'information sur les prix ne correspondant pastoujours aux opportunités et risques réels du marché, lesagents économiques sont conduits à adopter des comporte­ments par défaut: les producteurs agricoles qui manquentd'information sur les débouchés sont dans ce cas. Lemanque d'information et l'accès inégal à l'informationposent donc problème, et certains pensent qu'il revient àl'État d'assurer la coordination de l'information.

Au-delà de l'efficience, c'est l'existence même dumarché qui est discutée. Le marché du travail a ainsi étéqualifié d'embryonnaire, et même d'inexistant, dans lamesure où, soit il n'existe pas de législation sur lesconditions de travail ni de système d'assurances, soit unetelle législation ne s'applique qu'à une minorité d'emplois.C'est pourquoi, en dépit des modifications apportées à lalégislation du travail, certains considèrent qu'il serait erronéde parler de marché du travail. En outre, ce "marché dutravail" génère un nombre d'emplois insuffisant, notam­ment en milieu rural, en raison d'un certain nombre deproblèmes tels que le manque d'incitations à la créationd'entreprises.

L'État, tout comme le marché, suscite de vifs débats, enparticulier sur les fonctions et responsabilités à l'intérieur del'appareil étatique. La question se pose très concrètement enmatière de formation, les représentants du monde du travailinsistant sur l'inadéquation de la formation professionnelleaux besoins de qualifications des entreprises. Selon eux, ilincombe au Ministère de l'Éducation et de la FormationProfessionnelle d'entreprendre une réforme du système deformation pour répondre aux besoins nouveaux. En réponse,les représentants de l'éducation et de la formation profes-

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282 CH. GIRONDE, A. DORMEIER, LE NGU BINH

sionnelle font valoir que pour entreprendre une telleréfonne, il est impératif que le Ministère du Travail commeles représentants des entreprises, fassent connaître leursbesoins de main-d'œuvre qualifiée. Ce débat sur lesresponsabilités illustre la nécessité et la difficulté de mettreen place des mécanismes de partenariat entre les ministères.

Les problèmes de création d'emploi suscitent égalementdes débats. Certains mettent l'accent sur l'importanced'accélérer l'actionnarisation des entreprises publiquestandis que d'autres pensent que c'est davantage du côté despetites et moyennes entreprises qu'il faudrait se tourner, cesdernières pouvant jouer un rôle plus important notammenten milieu rural. Bien que ces positions ne sont pas aussicontradictoires qu'elles peuvent le paraître, elles renvoient àla question des priorités à court tenne de la stratégie dedéveloppement vietnamienne, dans un contexte de capitauxlimités pour l'investissement, et d'effet d'éviction possibleen matière d'investissements entre les entreprises publiquesou actionnarisées, intensives en capital, et les petites etmoyennes entreprises, relativement plus intensives entravail. En tout état de cause, le montant des ressources quipeuvent être mobilisées pour le développement reste unobjet de débat, l'existence d'une importante épargne thésau­risée demeurant incertaine.

En ce qui concerne le développement des ressourceshumaines et de la création d'emploi, le lien entre fonnationprofessionnelle et emploi est contesté par certains: le niveaude l'emploi serait fonction non pas tant de la fonnationprofessionnelle et du niveau de qualification de la main­d'œuvre, que de la croissance économique et du volumed'activité.

Alors que les changements intervenus au cours desquinze dernières années et les mécanismes à l'œuvre n'ontpas été encore totalement analysés et que leur interprétation

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sionnelle font valoir que pour entreprendre une telleréfonne, il est impératif que le Ministère du Travail commeles représentants des entreprises, fassent connaître leursbesoins de main-d'œuvre qualifiée. Ce débat sur lesresponsabilités illustre la nécessité et la difficulté de mettreen place des mécanismes de partenariat entre les ministères.

Les problèmes de création d'emploi suscitent égalementdes débats. Certains mettent l'accent sur l'importanced'accélérer l'actionnarisation des entreprises publiquestandis que d'autres pensent que c'est davantage du côté despetites et moyennes entreprises qu'il faudrait se tourner, cesdernières pouvant jouer un rôle plus important notammenten milieu rural. Bien que ces positions ne sont pas aussicontradictoires qu'elles peuvent le paraître, elles renvoient àla question des priorités à court tenne de la stratégie dedéveloppement vietnamienne, dans un contexte de capitauxlimités pour l'investissement, et d'effet d'éviction possibleen matière d'investissements entre les entreprises publiquesou actionnarisées, intensives en capital, et les petites etmoyennes entreprises, relativement plus intensives entravail. En tout état de cause, le montant des ressources quipeuvent être mobilisées pour le développement reste unobjet de débat, l'existence d'une importante épargne thésau­risée demeurant incertaine.

En ce qui concerne le développement des ressourceshumaines et de la création d'emploi, le lien entre fonnationprofessionnelle et emploi est contesté par certains: le niveaude l'emploi serait fonction non pas tant de la fonnationprofessionnelle et du niveau de qualification de la main­d'œuvre, que de la croissance économique et du volumed'activité.

Alors que les changements intervenus au cours desquinze dernières années et les mécanismes à l'œuvre n'ontpas été encore totalement analysés et que leur interprétation

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LE DÉBAT CONTEMPORAIN 283

fait l'objet de débats importants parce qu'il s'agit dedéterminer les actions à entreprendre pour permettre au paysde poursuivre son développement et atteindre ses objectifs,en particulier dans le domaine social, l'incertitude domineen ce qui concerne l'avenir tel qu'il se dessine à partir destendances perçues aujourd'hui.

Les tendances

Dans ce domaines, les divergences sont d'autant moinsaffirmées que dominent les incertitudes, qui rappellent quela transition n'est pas achevée.

En ce qui concerne les agents économiques, le dynamis­me ne faiblit pas. On constate au contraire une tendance à lamobilité croissante de la main-d'œuvre. Cette mobilité,particulièrement visible dans les campagnes, reste toutefoismesurée. En ce qui concerne les institutions, le développe­ment du système législatif se poursuit, motivé par un besoinplus pressant de formalisation des relations de travail. Lamobilité croissante de la main-d'œuvre et la complexifica­tion du système législatif attestent de la poursuite duprocessus de changement, et ce en dépit des entraves et desdéséquilibres évoqués.

Cependant la différenciation et les inégalités éducatives,économiques et sociales croissantes pourraient aboutir àbloquer les transformations en cours. Il en est ainsi dudécalage croissant entre l'enseignement général et la forma­tion professionnelle, et entre l'offre et la demande deformation professionnelle et de travail. Des déséquilibressont manifestes dans les deux sens, avec des régions oùl'offre est excédentaire (Hai Phong) et d'autres où il fautfaire venir des travailleurs qualifiés (Dong Nai). Dans lesdeux cas, l'activité économique et l'emploi s'en trouventaffectés.

LE DÉBAT CONTEMPORAIN 283

fait l'objet de débats importants parce qu'il s'agit dedéterminer les actions à entreprendre pour permettre au paysde poursuivre son développement et atteindre ses objectifs,en particulier dans le domaine social, l'incertitude domineen ce qui concerne l'avenir tel qu'il se dessine à partir destendances perçues aujourd'hui.

Les tendances

Dans ce domaines, les divergences sont d'autant moinsaffirmées que dominent les incertitudes, qui rappellent quela transition n'est pas achevée.

En ce qui concerne les agents économiques, le dynamis­me ne faiblit pas. On constate au contraire une tendance à lamobilité croissante de la main-d'œuvre. Cette mobilité,particulièrement visible dans les campagnes, reste toutefoismesurée. En ce qui concerne les institutions, le développe­ment du système législatif se poursuit, motivé par un besoinplus pressant de formalisation des relations de travail. Lamobilité croissante de la main-d'œuvre et la complexifica­tion du système législatif attestent de la poursuite duprocessus de changement, et ce en dépit des entraves et desdéséquilibres évoqués.

Cependant la différenciation et les inégalités éducatives,économiques et sociales croissantes pourraient aboutir àbloquer les transformations en cours. Il en est ainsi dudécalage croissant entre l'enseignement général et la forma­tion professionnelle, et entre l'offre et la demande deformation professionnelle et de travail. Des déséquilibressont manifestes dans les deux sens, avec des régions oùl'offre est excédentaire (Hai Phong) et d'autres où il fautfaire venir des travailleurs qualifiés (Dong Nai). Dans lesdeux cas, l'activité économique et l'emploi s'en trouventaffectés.

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284 CH. GIRONDE, A. DORMEIER, LE NGU BINH

Les anciens repères et valeurs disparaissent ou serecomposent sans qu'il soit possible de spéculer sur leurévolution. Par ailleurs, la globalisation et l'ouverture crois­sante sur l'extérieur - association de libre-échange del'ASEAN (AFTA), accord commercial avec les États-Unis ­rendent encore plus complexes les transformations en cours.

Les questions de l'inégalité, de la recherche de limitesacceptables de la pauvreté et du déséquilibre entre zonesurbaines et rurales sont également préoccupantes. Dans cecontexte, il apparaît nécessaire de réduire les risques pourles différents agents économiques. La recherche de lacroissance devrait donc désormais s'accompagner de cellede la réduction des risques. À cet égard, un système desécurité sociale peut comporter des opportunités économi­ques et pas seulement des coûts, et l'étude des systèmes desécurité traditionnels existant au Viêt-nam contribuerait sansdoute à la limitation des mécanismes de reproduction desinégalités. Ceci ne peut cependant être entrepris qu'enassurant une représentation des acteurs et des populationsles plus vulnérables.

L'ensemble de ces tendances et réflexions ont amené lesparticipants à souligner l'intérêt de certaines pistes derecherche. Les principales propositions peuvent se regrouperautour des axes suivants:

1. À l'image d'un système législatif qui, s'il s'enrichit,devient également plus compliqué, la complexificationglobale de l'économie et de la société génère unensemble de questions liées au rôle des acteurs et leursinteractions. Il s'agirait de se pencher notamment sur larelation « État-marché» ;

2. Impact de la globalisation et de l'ouverture économiquesur le système éducatif et les questions sociales engénéral (santé, logement, etc.) ;

284 CH. GIRONDE, A. DORMEIER, LE NGU BINH

Les anciens repères et valeurs disparaissent ou serecomposent sans qu'il soit possible de spéculer sur leurévolution. Par ailleurs, la globalisation et l'ouverture crois­sante sur l'extérieur - association de libre-échange del'ASEAN (AFTA), accord commercial avec les États-Unis ­rendent encore plus complexes les transformations en cours.

Les questions de l'inégalité, de la recherche de limitesacceptables de la pauvreté et du déséquilibre entre zonesurbaines et rurales sont également préoccupantes. Dans cecontexte, il apparaît nécessaire de réduire les risques pourles différents agents économiques. La recherche de lacroissance devrait donc désormais s'accompagner de cellede la réduction des risques. À cet égard, un système desécurité sociale peut comporter des opportunités économi­ques et pas seulement des coûts, et l'étude des systèmes desécurité traditionnels existant au Viêt-nam contribuerait sansdoute à la limitation des mécanismes de reproduction desinégalités. Ceci ne peut cependant être entrepris qu'enassurant une représentation des acteurs et des populationsles plus vulnérables.

L'ensemble de ces tendances et réflexions ont amené lesparticipants à souligner l'intérêt de certaines pistes derecherche. Les principales propositions peuvent se regrouperautour des axes suivants:

1. À l'image d'un système législatif qui, s'il s'enrichit,devient également plus compliqué, la complexificationglobale de l'économie et de la société génère unensemble de questions liées au rôle des acteurs et leursinteractions. Il s'agirait de se pencher notamment sur larelation « État-marché» ;

2. Impact de la globalisation et de l'ouverture économiquesur le système éducatif et les questions sociales engénéral (santé, logement, etc.) ;

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LE DÉBAT CONTEMPORAIN 285

3. Meilleure compréhension des problèmes de la formationprofessionnelle;

4. Demande en éducation-formation, tant en ce quiconcerne l'identification des besoins que le rôle desacteurs impliqués. Deux perspectives s'opposent en toilede fond, celle de "planification de la main-d'œuvre"d'une part, et celle de la maximisation de l'employabili­té d'autre part;

Les changements, mécanismes et tendances identifiés, lesréflexions apportées et les pistes de recherche ouvertesdurant ce séminaire indiquent que le Viêt-nam fait l'expé­rience d'un processus de transition itératif par nature. Lesdébats ont montré que les transformations en cours s'avèrentautrement plus complexes qu'un simple changement parrapport à l'ancien système. C'est une nouvelle dynamiqueéconomique et sociale qui est à l'œuvre. Toute la questionest de savoir quelle stratégie de développement durable lepays réussira à mettre en place conjointement à unecroissance économique maîtrisée.

LE DÉBAT CONTEMPORAIN 285

3. Meilleure compréhension des problèmes de la formationprofessionnelle;

4. Demande en éducation-formation, tant en ce quiconcerne l'identification des besoins que le rôle desacteurs impliqués. Deux perspectives s'opposent en toilede fond, celle de "planification de la main-d'œuvre"d'une part, et celle de la maximisation de l'employabili­té d'autre part;

Les changements, mécanismes et tendances identifiés, lesréflexions apportées et les pistes de recherche ouvertesdurant ce séminaire indiquent que le Viêt-nam fait l'expé­rience d'un processus de transition itératif par nature. Lesdébats ont montré que les transformations en cours s'avèrentautrement plus complexes qu'un simple changement parrapport à l'ancien système. C'est une nouvelle dynamiqueéconomique et sociale qui est à l'œuvre. Toute la questionest de savoir quelle stratégie de développement durable lepays réussira à mettre en place conjointement à unecroissance économique maîtrisée.

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Conclusion

Nolwen Henan: Jean-Yves Martin

L'obsession du Viêt-nam est la sortie définitive de lapauvreté. L'introduction progressive de mécanismes demarché dans la régulation de l'activité économique aentraîné la libération de forces qui ont pennis la croissanceet l'enrichissement. C'est en éloignant le spectre de lapauvreté que le marché a gagné ses lettres de noblesse.L'initiative individuelle, qui est à la base du dynamismeéconomique que connaît actuellement le pays, est enconséquence encouragée de toutes les manières et a entraînéune multiplication des intervenants sur les marchés. Enouvrant le champ à d'autres opérateurs, l'État a progressive­ment circonscrit le sien [Lê Dang Doanh, 2001]. La fin de laplanification centralisée, l'abandon progressif du système desubventions, et la mise en place d'un cadre législatif etréglementaire marquent la reconfiguration de la place et durôle de l'État.

Dans le domaine de l'emploi, la restructuration du sec­teur d'État et le démantèlement des coopératives ontentraîné une mobilité accrue de la main-d'œuvre alors que lesecteur privé familial et capitaliste, domestique etinternational, en se développant, a pennis l'émergence d'un

Conclusion

Nolwen Henan: Jean-Yves Martin

L'obsession du Viêt-nam est la sortie définitive de lapauvreté. L'introduction progressive de mécanismes demarché dans la régulation de l'activité économique aentraîné la libération de forces qui ont pennis la croissanceet l'enrichissement. C'est en éloignant le spectre de lapauvreté que le marché a gagné ses lettres de noblesse.L'initiative individuelle, qui est à la base du dynamismeéconomique que connaît actuellement le pays, est enconséquence encouragée de toutes les manières et a entraînéune multiplication des intervenants sur les marchés. Enouvrant le champ à d'autres opérateurs, l'État a progressive­ment circonscrit le sien [Lê Dang Doanh, 2001]. La fin de laplanification centralisée, l'abandon progressif du système desubventions, et la mise en place d'un cadre législatif etréglementaire marquent la reconfiguration de la place et durôle de l'État.

Dans le domaine de l'emploi, la restructuration du sec­teur d'État et le démantèlement des coopératives ontentraîné une mobilité accrue de la main-d'œuvre alors que lesecteur privé familial et capitaliste, domestique etinternational, en se développant, a pennis l'émergence d'un

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288 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

marché du travail qui se structure progressivement. Le doimoi a imposé la contractualisation des relations entreemployeurs et employés, y compris dans le secteur d'État.Dans le domaine de l'éducation, la fin de la gratuité etl'apparition de nouveaux acteurs, non-étatiques, désormaisautorisés à intervenir dans les champs de l'éducation et de laformation, contribuent à l'émergence d'un marché éducatif.

Face aux forces libérées du marché, la réaffirmation del'orientation socialiste des stratégies mises en œuvre parl'État conduit à déplacer son rôle d'impulsion et de conduitevers un rôle de garant et d'arbitre. C'est le Code du Travailqui doit désormais réguler les relations de travail. L'applica­tion du Code du Travail dans tous les secteurs de l'économieest encore loin d'être une réalité, mais l'État s'attache à luidonner force de loi. En matière d'éducation, l'État reste legarant de l'éducation pour tous. Il maintient l'enseignementprimaire hors du champ des droits scolaires et des acteursprivés, et veille en particulier à favoriser l'accès à l'écoledes milieux et des zones défavorisés.

« Les performances [... ] du Viêt-nam en matière decroissance ne correspondent pas seulement à un train deréformes orthodoxes organisées autour de la consolidationdes droits de propriété, de la stabilité macro-économique, dela modification du système fiscal et de la libéralisation ducommerce, mais aussi à un modèle de développement précisqui diffère des stratégies adoptées par les pays émergentsd'Asie du Sud-Est» [Weigel, 1997: 23]. La fin de laplanification centralisée ne signifie cependant pas l'abandonde la planification. Les mécanismes de marché préviennenttoute possibilité de commande directe, mais imposent, parl'incertitude qu'ils génèrent, une planification indicativepermettant d'anticiper sur des évolutions qui pourraientremettre en cause les équilibres recherchés. Il s'agit deconcilier, dans les choix de développement, le dynamisme

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marché du travail qui se structure progressivement. Le doimoi a imposé la contractualisation des relations entreemployeurs et employés, y compris dans le secteur d'État.Dans le domaine de l'éducation, la fin de la gratuité etl'apparition de nouveaux acteurs, non-étatiques, désormaisautorisés à intervenir dans les champs de l'éducation et de laformation, contribuent à l'émergence d'un marché éducatif.

Face aux forces libérées du marché, la réaffirmation del'orientation socialiste des stratégies mises en œuvre parl'État conduit à déplacer son rôle d'impulsion et de conduitevers un rôle de garant et d'arbitre. C'est le Code du Travailqui doit désormais réguler les relations de travail. L'applica­tion du Code du Travail dans tous les secteurs de l'économieest encore loin d'être une réalité, mais l'État s'attache à luidonner force de loi. En matière d'éducation, l'État reste legarant de l'éducation pour tous. Il maintient l'enseignementprimaire hors du champ des droits scolaires et des acteursprivés, et veille en particulier à favoriser l'accès à l'écoledes milieux et des zones défavorisés.

« Les performances [... ] du Viêt-nam en matière decroissance ne correspondent pas seulement à un train deréformes orthodoxes organisées autour de la consolidationdes droits de propriété, de la stabilité macro-économique, dela modification du système fiscal et de la libéralisation ducommerce, mais aussi à un modèle de développement précisqui diffère des stratégies adoptées par les pays émergentsd'Asie du Sud-Est» [Weigel, 1997: 23]. La fin de laplanification centralisée ne signifie cependant pas l'abandonde la planification. Les mécanismes de marché préviennenttoute possibilité de commande directe, mais imposent, parl'incertitude qu'ils génèrent, une planification indicativepermettant d'anticiper sur des évolutions qui pourraientremettre en cause les équilibres recherchés. Il s'agit deconcilier, dans les choix de développement, le dynamisme

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CONCLUSION 289

économique et la répartition équitable des fruits de lacroissance.

La croissance a permis de réduire la pauvreté, mais elle aprovoqué une différenciation croissante de la société vietna­mienne. Avec le marché du travail sont apparus le chômageet le sous-emploi, la précarisation du statut de travail pourune très grande partie de la main-d'œuvre vietnamienne, etun accroissement des inégalités de revenu. Le chômage resteglobalement faible, en particulier en milieu rural, maisconstitue une menace réelle pour la stabilité sociale. Lesous-emploi est particulièrement répandu en milieu rural,qui n'en a pourtant pas le monopole. Il se traduit par descomportements de diversification des activités économiques,qui sont une source de dynamisme, mais constituent enmême temps un facteur d'instabilité qui peut entraver lacrOIssance.

Parallèlement, les pertes d'emploi massives qui ontaccompagné la restructuration de l'économie et l'apparitionsur le marché de nouveaux employeurs ont rendu la main­d'œuvre plus vulnérable. L'accroissement des contrats àdurée déterminée courte, qui ne sont pas toujours écrits, et ledéveloppement de la sous-traitance augmentent de manièreinquiétante le nombre de travailleurs dont l'emploi et lesrevenus peuvent être remis en question au gré des variationsde la conjoncture économique. Ces changements ont eu uneincidence forte sur la détermination des revenus, salariaux etnon-salariaux, creusant l'écart entre travailleurs "protégés"et travailleurs vulnérables, en fonction de leur pouvoir denégociation en matière de revenu et selon qu'ils relèvent duchamp d'application théorique ou effectif du Code duTravail, ou qu'ils en sont exclus.

La reprise de la dynamique scolaire après l'ébranlementcausé par les nouvelles orientations de l'État au début desannées 1990 a engendré une reconfiguration du système. Le

CONCLUSION 289

économique et la répartition équitable des fruits de lacroissance.

La croissance a permis de réduire la pauvreté, mais elle aprovoqué une différenciation croissante de la société vietna­mienne. Avec le marché du travail sont apparus le chômageet le sous-emploi, la précarisation du statut de travail pourune très grande partie de la main-d'œuvre vietnamienne, etun accroissement des inégalités de revenu. Le chômage resteglobalement faible, en particulier en milieu rural, maisconstitue une menace réelle pour la stabilité sociale. Lesous-emploi est particulièrement répandu en milieu rural,qui n'en a pourtant pas le monopole. Il se traduit par descomportements de diversification des activités économiques,qui sont une source de dynamisme, mais constituent enmême temps un facteur d'instabilité qui peut entraver lacrOIssance.

Parallèlement, les pertes d'emploi massives qui ontaccompagné la restructuration de l'économie et l'apparitionsur le marché de nouveaux employeurs ont rendu la main­d'œuvre plus vulnérable. L'accroissement des contrats àdurée déterminée courte, qui ne sont pas toujours écrits, et ledéveloppement de la sous-traitance augmentent de manièreinquiétante le nombre de travailleurs dont l'emploi et lesrevenus peuvent être remis en question au gré des variationsde la conjoncture économique. Ces changements ont eu uneincidence forte sur la détermination des revenus, salariaux etnon-salariaux, creusant l'écart entre travailleurs "protégés"et travailleurs vulnérables, en fonction de leur pouvoir denégociation en matière de revenu et selon qu'ils relèvent duchamp d'application théorique ou effectif du Code duTravail, ou qu'ils en sont exclus.

La reprise de la dynamique scolaire après l'ébranlementcausé par les nouvelles orientations de l'État au début desannées 1990 a engendré une reconfiguration du système. Le

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maintien d'une structure égalitaire n'est maintenant plusassuré. Les nouvelles modalités de répartition de la chargedu financement de l'éducation entre l'État et les famillesrendent plus problématiques l'accès et le maintien à l'école,même dans le primaire, pour les familles les plus démunies.Par ailleurs, le développement des fonnations longues, enparticulier l'enseignement secondaire supérieur et l'ensei­gncment supérieur, qui reflète la libération des aspirationsdes familles en matière d'éducation-fonnation et les trans­formations sur le marché du travail, a pu se faire grâce àl'apparition d'une offre privée en complément de l'offrepublique. Ainsi, l'accès même au système scolaire et lalongévité dans ce système sont de plus en plus dépendantesdes capacités de financement des familles. L'offre nouvellese manifeste principalement en milieu urbain, et contribue àaccroître le décalage entre les villes et les campagnes.

Le système antérieur au doi moi se voulait égalitaire.L'équilibre ainsi mis en place a été remis en question aussibien dans le travail que dans l'éducation par les mécanismesde production d'inégalités propres au marché. Dans cecontexte, la préservation de l'orientation socialiste entraînela recherche de l'équité pour compenser une égalité quel'État n'est plus en mesure d'assurer, et qui n'apparaît plusaujourd'hui comme le meilleur moyen d'assurer le dévelop­pement. Le souci de l'accroissement du bien-être collectifpasse donc par la correction des inégalités à travers la redis­tribution des revenus et par le biais de programmes d'inter­vention ciblés sur les groupes et les lieux les plus défavorisés.

Les inégalités se manifestent de manière particulièrementaiguë dans le domaine de la protection sociale et de la santé,qui ont une incidence directe sur l'éducation et le travail. Ona pu avoir l'impression, au cours de la première moitié desannées 1990, que le retrait de l'État et la marchandisationdes services publics de base conduisaient à un effondrement

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maintien d'une structure égalitaire n'est maintenant plusassuré. Les nouvelles modalités de répartition de la chargedu financement de l'éducation entre l'État et les famillesrendent plus problématiques l'accès et le maintien à l'école,même dans le primaire, pour les familles les plus démunies.Par ailleurs, le développement des fonnations longues, enparticulier l'enseignement secondaire supérieur et l'ensei­gncment supérieur, qui reflète la libération des aspirationsdes familles en matière d'éducation-fonnation et les trans­formations sur le marché du travail, a pu se faire grâce àl'apparition d'une offre privée en complément de l'offrepublique. Ainsi, l'accès même au système scolaire et lalongévité dans ce système sont de plus en plus dépendantesdes capacités de financement des familles. L'offre nouvellese manifeste principalement en milieu urbain, et contribue àaccroître le décalage entre les villes et les campagnes.

Le système antérieur au doi moi se voulait égalitaire.L'équilibre ainsi mis en place a été remis en question aussibien dans le travail que dans l'éducation par les mécanismesde production d'inégalités propres au marché. Dans cecontexte, la préservation de l'orientation socialiste entraînela recherche de l'équité pour compenser une égalité quel'État n'est plus en mesure d'assurer, et qui n'apparaît plusaujourd'hui comme le meilleur moyen d'assurer le dévelop­pement. Le souci de l'accroissement du bien-être collectifpasse donc par la correction des inégalités à travers la redis­tribution des revenus et par le biais de programmes d'inter­vention ciblés sur les groupes et les lieux les plus défavorisés.

Les inégalités se manifestent de manière particulièrementaiguë dans le domaine de la protection sociale et de la santé,qui ont une incidence directe sur l'éducation et le travail. Ona pu avoir l'impression, au cours de la première moitié desannées 1990, que le retrait de l'État et la marchandisationdes services publics de base conduisaient à un effondrement

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CONCLUSION 291

du système de protection sociale. Pourtant, si les problèmesdemeurent nombreux et les inégalités encore importantes, ilapparaît clairement que l'État entend assumer pleinementson rôle dans ce domaine et, dans la mesure du possible,l'étendre, préservant ainsi la cohérence de la stratégie affi­chée d'économie socialiste de marché. Le redistributif est aucœur du socialisme.

La conciliation entre une stratégie de croissance baséesur l'incitation au développement de l'initiative individuelleet l'extension d'un système de redistribution dont les payspauvres ne sont pas censés avoir les moyens est un exercicedifficile. À ce stade, et en dépit des discours politiques etstratégiques dont le dernier Congrès du Parti s'est faitl'écho, la politique de protection sociale reste en retrait parrapport à la priorité accordée à la croissance. Parallèlement,la décentralisation, tout en accroissant l'autonomie desprovinces, renforce les déséquilibres et pennet en principeaux provinces dont les revenus sont importants de consacrerplus de ressources que les autres à la réduction de lapauvreté et à la protection sociale. Il existe aujourd'hui desprovinces particulièrement riches et des provinces particu­lièrement pauvres. Les choix de stratégie de développementeffectués par l'État central doivent donc prendre en comptela capacité des provinces à les conduire dans des directionsqu'il ne maîtrise pas nécessairement en totalité.

Les écarts entre les provinces résultant de leur richesserelative, de leur enclavement plus ou moins important, del'importance et de la qualité de leurs bassins d'emploi, pro­duisent des effets différenciés d'attraction sur les investisse­ments privés, domestiques et étrangers. Le parc productif dupays est caractérisé par une très grande hétérogénéité entennes d'âge, de provenance, et de niveau technologique. Lerattrapage technologique au sein du pays et par rapport auxpays voisins est l'une des priorités de la stratégie de

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du système de protection sociale. Pourtant, si les problèmesdemeurent nombreux et les inégalités encore importantes, ilapparaît clairement que l'État entend assumer pleinementson rôle dans ce domaine et, dans la mesure du possible,l'étendre, préservant ainsi la cohérence de la stratégie affi­chée d'économie socialiste de marché. Le redistributif est aucœur du socialisme.

La conciliation entre une stratégie de croissance baséesur l'incitation au développement de l'initiative individuelleet l'extension d'un système de redistribution dont les payspauvres ne sont pas censés avoir les moyens est un exercicedifficile. À ce stade, et en dépit des discours politiques etstratégiques dont le dernier Congrès du Parti s'est faitl'écho, la politique de protection sociale reste en retrait parrapport à la priorité accordée à la croissance. Parallèlement,la décentralisation, tout en accroissant l'autonomie desprovinces, renforce les déséquilibres et pennet en principeaux provinces dont les revenus sont importants de consacrerplus de ressources que les autres à la réduction de lapauvreté et à la protection sociale. Il existe aujourd'hui desprovinces particulièrement riches et des provinces particu­lièrement pauvres. Les choix de stratégie de développementeffectués par l'État central doivent donc prendre en comptela capacité des provinces à les conduire dans des directionsqu'il ne maîtrise pas nécessairement en totalité.

Les écarts entre les provinces résultant de leur richesserelative, de leur enclavement plus ou moins important, del'importance et de la qualité de leurs bassins d'emploi, pro­duisent des effets différenciés d'attraction sur les investisse­ments privés, domestiques et étrangers. Le parc productif dupays est caractérisé par une très grande hétérogénéité entennes d'âge, de provenance, et de niveau technologique. Lerattrapage technologique au sein du pays et par rapport auxpays voisins est l'une des priorités de la stratégie de

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292 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

développement vietnamienne. À ce stade se pose la questionde l'arbitrage entre un développement basé sur des technolo­gies intensives en travail, qui permettraient à court terme deréduire la pression sur l'emploi en utilisant une main­d'œuvre peu formée et mal payée, et un développements'appuyant sur des technologies plus sophistiquées, enparticulier dans le domaine de l'information, qui n'estenvisageable qu'à moyen terme en raison de l'effortd'investissement requis, à la fois dans l'équipement et dansla formation, et qui conduirait à une élévation des niveauxde rémunération.

La sortie de la pauvreté est encore récente, fragile, etpour partie inachevée. L'éventail des choix stratégiques estdonc réduit par la faiblesse de l'accumulation. Le courtterme reste tyrannique. Le taux de croissance démographi­que a pu se réduire régulièrement depuis vingt ans grâce à laplanification familiaie, mais demeure encore élevé au regardde l'importance de la population, et de sa distribution dansl'espace national. La pression sur l'emploi constitue unecontrainte forte, alors que la main-d'œuvre, bien scolariséemais peu formée, dépend principalement aujourd'hui desrevenus de son travail. Enfin, la tentation d'accorder lapriorité dans les investissements aux secteurs intensifs entravail est d'autant plus forte que le niveau éducatif élevé etle faible coût de la main-d'œuvre par comparaison avec lesautres pays de même niveau de développement constituentl'un des principaux attraits du Viêt-nam pour les investis­seurs étrangers. Le Viêt-nam place également de grandsespoirs dans cet avantage comparatif en matière d'exporta­tion de main-d'œuvre, pour bénéficier d'emplois crées àl'étranger et générer des rentrées de devises. Accorder lapriorité aux secteurs intensifs en travail pourrait donc appa­raître également rationnel du point de vue de la compétitivi­té internationale.

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développement vietnamienne. À ce stade se pose la questionde l'arbitrage entre un développement basé sur des technolo­gies intensives en travail, qui permettraient à court terme deréduire la pression sur l'emploi en utilisant une main­d'œuvre peu formée et mal payée, et un développements'appuyant sur des technologies plus sophistiquées, enparticulier dans le domaine de l'information, qui n'estenvisageable qu'à moyen terme en raison de l'effortd'investissement requis, à la fois dans l'équipement et dansla formation, et qui conduirait à une élévation des niveauxde rémunération.

La sortie de la pauvreté est encore récente, fragile, etpour partie inachevée. L'éventail des choix stratégiques estdonc réduit par la faiblesse de l'accumulation. Le courtterme reste tyrannique. Le taux de croissance démographi­que a pu se réduire régulièrement depuis vingt ans grâce à laplanification familiaie, mais demeure encore élevé au regardde l'importance de la population, et de sa distribution dansl'espace national. La pression sur l'emploi constitue unecontrainte forte, alors que la main-d'œuvre, bien scolariséemais peu formée, dépend principalement aujourd'hui desrevenus de son travail. Enfin, la tentation d'accorder lapriorité dans les investissements aux secteurs intensifs entravail est d'autant plus forte que le niveau éducatif élevé etle faible coût de la main-d'œuvre par comparaison avec lesautres pays de même niveau de développement constituentl'un des principaux attraits du Viêt-nam pour les investis­seurs étrangers. Le Viêt-nam place également de grandsespoirs dans cet avantage comparatif en matière d'exporta­tion de main-d'œuvre, pour bénéficier d'emplois crées àl'étranger et générer des rentrées de devises. Accorder lapriorité aux secteurs intensifs en travail pourrait donc appa­raître également rationnel du point de vue de la compétitivi­té internationale.

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CONCLUSION 293

D'un autre côté, en ne prêtant pas une attention suffisanteaux nouvelles technologies, le Viêt-nam se priverait de toutepossibilité de rattrapage. C'est un défi que le Viêt-nam estprêt à relever. Pour ce pays, investir dans le savoir s'inscritdans une longue tradition. Et le savoir apparaît déjà commel'enjeu majeur du XXIc siècle. Les dirigeants vietnamiens enont pleinement conscience et ont inscrit le développementdes technologies de pointe comme l'une des priorités pourles dix ans à venir. Cependant, les moyens qui doivent êtreréunis pour la mise en œuvre de ce second volet de lastratégie de développement ne sont pas immédiatementdisponibles. Dans l'immédiat, à défaut de pouvoir attirer demanière crédible les capitaux nécessaires, l'accent est missur la formation à l'instar des choix effectués par Singapouril y a une vingtaine d'années. Alors que le Viêt-nam persistedans la revendication de son indépendance, l'ouverture surl'extérieur et l'intégration régionale et internationale impo­sent une interdépendance croissante. Les choix en matièrede stratégie de développement effectués par le Viêt-nam etsa capacité à les mettre en œuvre vont déterminer la placeque ce pays peut occuper dans le monde. À l'issue de quinzeans de renouveau, c'est une nouvelle page de l'histoire duViêt-nam qui s'ouvre. À mesure que les problèmes spécifi­ques auxquels le Viêt-nam a été confronté par le passés'atténuent, les problèmes liés au développement occupentle devant de la scène, renvoyant le Viêt-nam à des questionsque la majorité des pays pauvres ont en partage, et à unstatut plus ordinaire. En même temps, le Viêt-nam affronte,de par ses choix, des questions qui se posent de manière plushabituelle dans les pays déjà industrialisés. De la capacité dece pays à mener la stratégie de développement qu'il achoisie dans le cadre qu'il a défini dépend l'avenir del'économie socialiste de marché [Lê Dang Doanh, 2001].

CONCLUSION 293

D'un autre côté, en ne prêtant pas une attention suffisanteaux nouvelles technologies, le Viêt-nam se priverait de toutepossibilité de rattrapage. C'est un défi que le Viêt-nam estprêt à relever. Pour ce pays, investir dans le savoir s'inscritdans une longue tradition. Et le savoir apparaît déjà commel'enjeu majeur du XXIc siècle. Les dirigeants vietnamiens enont pleinement conscience et ont inscrit le développementdes technologies de pointe comme l'une des priorités pourles dix ans à venir. Cependant, les moyens qui doivent êtreréunis pour la mise en œuvre de ce second volet de lastratégie de développement ne sont pas immédiatementdisponibles. Dans l'immédiat, à défaut de pouvoir attirer demanière crédible les capitaux nécessaires, l'accent est missur la formation à l'instar des choix effectués par Singapouril y a une vingtaine d'années. Alors que le Viêt-nam persistedans la revendication de son indépendance, l'ouverture surl'extérieur et l'intégration régionale et internationale impo­sent une interdépendance croissante. Les choix en matièrede stratégie de développement effectués par le Viêt-nam etsa capacité à les mettre en œuvre vont déterminer la placeque ce pays peut occuper dans le monde. À l'issue de quinzeans de renouveau, c'est une nouvelle page de l'histoire duViêt-nam qui s'ouvre. À mesure que les problèmes spécifi­ques auxquels le Viêt-nam a été confronté par le passés'atténuent, les problèmes liés au développement occupentle devant de la scène, renvoyant le Viêt-nam à des questionsque la majorité des pays pauvres ont en partage, et à unstatut plus ordinaire. En même temps, le Viêt-nam affronte,de par ses choix, des questions qui se posent de manière plushabituelle dans les pays déjà industrialisés. De la capacité dece pays à mener la stratégie de développement qu'il achoisie dans le cadre qu'il a défini dépend l'avenir del'économie socialiste de marché [Lê Dang Doanh, 2001].

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294 NOLWEN HENAFF, JEAN-YVES MARTIN

Bibliographie

Cry, Central Committee 's Political Report to the NinthNational Congress of the Communist Party of Vietnam,April 2001, http:INietnamnews.vnagency.com.vn/2001­04/20.

LE DANG DOANH [2001], « Où en est l'économievietnamienne après dix ans de politique de rénova­tion? », Alternatives Sud, Vol. VIIU : 143-160, CETRIIL'Harmattan.

Weigel J.-Y. [1997], "The Quest for the 'Socialist MarketEconomy' in China and Vietnam", in Weigel J.-Y.(Coord.), « La double transition du socialisme et du sous­développement en Chine et au Vietnam : vers le'socialisme de marché' ? », Mondes en développement,Tome 25 - 1997 nO 99 : 9-25.

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Bibliographie

Cry, Central Committee 's Political Report to the NinthNational Congress of the Communist Party of Vietnam,April 2001, http:INietnamnews.vnagency.com.vn/2001­04/20.

LE DANG DOANH [2001], « Où en est l'économievietnamienne après dix ans de politique de rénova­tion? », Alternatives Sud, Vol. VIIU : 143-160, CETRIIL'Harmattan.

Weigel J.-Y. [1997], "The Quest for the 'Socialist MarketEconomy' in China and Vietnam", in Weigel J.-Y.(Coord.), « La double transition du socialisme et du sous­développement en Chine et au Vietnam : vers le'socialisme de marché' ? », Mondes en développement,Tome 25 - 1997 nO 99 : 9-25.

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Document:L'adaptation de la politique

de sécurité sociale au développementde l'économie de marché

Nguyên Huu Dung

Quelques questions relatives à la connaissance etaux concepts de la politique de sécurité sociale

Les questions sociales ont un sens très large qui couvretous les aspects de la vie, qu'ils soient politiques, économi­ques, culturels ou sociaux. Les débats concernant ledéveloppement et la politique sociale se réfèrent souvent àdes problèmes tels que l'emploi, la pauvreté, les servicessociaux (éducation, soins médicaux, population et santé dela reproduction, etc.), les femmes et la famille, la jeunesse,les enfants, les questions religieuses, les minorités ethni­ques, les groupes sociaux vulnérables, l'habitat, les calami­tés naturelles, la criminalité, etc. Lors du Sommet Mondialsur le Développement Humain qui s'est tenu à Copenhagueen mars 1995, les contenus du développement et de la politi­que sociale ont été évoqués de manière relativement exhaus­tive en se référant aux trois questions majeures à résoudre demanière prioritaire: le développement de l'emploi; l'éradi-

Document:L'adaptation de la politique

de sécurité sociale au développementde l'économie de marché

Nguyên Huu Dung

Quelques questions relatives à la connaissance etaux concepts de la politique de sécurité sociale

Les questions sociales ont un sens très large qui couvretous les aspects de la vie, qu'ils soient politiques, économi­ques, culturels ou sociaux. Les débats concernant ledéveloppement et la politique sociale se réfèrent souvent àdes problèmes tels que l'emploi, la pauvreté, les servicessociaux (éducation, soins médicaux, population et santé dela reproduction, etc.), les femmes et la famille, la jeunesse,les enfants, les questions religieuses, les minorités ethni­ques, les groupes sociaux vulnérables, l'habitat, les calami­tés naturelles, la criminalité, etc. Lors du Sommet Mondialsur le Développement Humain qui s'est tenu à Copenhagueen mars 1995, les contenus du développement et de la politi­que sociale ont été évoqués de manière relativement exhaus­tive en se référant aux trois questions majeures à résoudre demanière prioritaire: le développement de l'emploi; l'éradi-

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cation de la faim et la réduction de la pauvreté; etl'intégration sociale des groupes vulnérables.

Un modèle illustratif du cadre des activités liées audéveloppement social est présenté par l'ESCAP :

Allègement de la pauvreté

~~Développement Intrégation

De l'emploi sociale

1

Politiques et ProgrammesQuestions sociales: Groupes sociaux:

• Population • Pauvres urbains et ruraux

• Santé • Femmes

• Éducation • Enfants

• Emploi • Jeunes

• Conditions de logement • Personnes âgées

• Environnement • Handicapés

• Désastres • Minorités

• Criminalité

• Protection sociale

• Famille1

Un contexte favorable:

- Paix et hannonie sociale- Oroits de l'homme et responsabilités civiques- Maîtrise de la promotion du développement social- Développement durable et équitable- Création d'un environnement économique international favorable

La protection sociale est un élément clé du système depolitique sociale. Prise dans un sens large, elle inclut géné­ralement la politique d'assurance sociale et l'assistance auxgroupes vulnérables (handicapés, orphelins, personnes âgéesisolées, etc.). Au Viêt-nam les conditions historiquesparticulières font que la politique à l'égard de ceux qui sesont engagés pour le pays est devenue un élément fonda­mental de la politique sociale. À l'assurance et à l'assistance

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cation de la faim et la réduction de la pauvreté; etl'intégration sociale des groupes vulnérables.

Un modèle illustratif du cadre des activités liées audéveloppement social est présenté par l'ESCAP :

Allègement de la pauvreté

~~Développement Intrégation

De l'emploi sociale

1

Politiques et ProgrammesQuestions sociales: Groupes sociaux:

• Population • Pauvres urbains et ruraux

• Santé • Femmes

• Éducation • Enfants

• Emploi • Jeunes

• Conditions de logement • Personnes âgées

• Environnement • Handicapés

• Désastres • Minorités

• Criminalité

• Protection sociale

• Famille1

Un contexte favorable:

- Paix et hannonie sociale- Oroits de l'homme et responsabilités civiques- Maîtrise de la promotion du développement social- Développement durable et équitable- Création d'un environnement économique international favorable

La protection sociale est un élément clé du système depolitique sociale. Prise dans un sens large, elle inclut géné­ralement la politique d'assurance sociale et l'assistance auxgroupes vulnérables (handicapés, orphelins, personnes âgéesisolées, etc.). Au Viêt-nam les conditions historiquesparticulières font que la politique à l'égard de ceux qui sesont engagés pour le pays est devenue un élément fonda­mental de la politique sociale. À l'assurance et à l'assistance

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 297

sociales s'ajoute donc une politique en faveur de ceux quiont contribué à la libération du pays.

Un nouveau concept, désigné sous le terme de Réseauxde Sécurité Sociale (Social Safety Nets), a été introduitrécemment au niveau international. Il s'agit d'un système demesures relatives à la protection sociale des personnes(assurance sociale et assistance) comprenant, dans un sensplus large, également les politiques d'emploi, d'éradicationde la faim et de réduction de la pauvreté (HEPR). C'est dansson acception large que le concept de sécurité sociale estutilisé ici: politique d'emploi; politique d'assurance sociale; politique HEPR ; politique pour les grands contributeurs àla nation; politique d'assistance sociale ; et politique deprévention des fléaux sociaux.

Situation générale de la politique de sécuritésociale

À l'issue de 15 ans de rénovation, le Viêt-nam a obtenude grands succès au plan économique et social. La crois­sance économique est élevée et stable autour de 8 % par anen moyenne. En 2000, le PIB a doublé par rapport à 1990.La production agricole en particulier s'est développée demanière importante grâce à douze années de récoltes excep­tionnelles. En 1999 la production alimentaire a été de 33,8millions de tonnes, soit un dépassement de 2 millions detonnes par rapport à 1998, ce qui constitue la plus forteaugmentation jamais enregistrée avec une production ali­mentaire moyenne par tête d'environ 440 kg par an. Lesprogès réalisés dans l'agriculture contribuent à assurer lasécurité alimentaire du pays et à améliorer la vie de lapopulation. La part des recettes budgétaires dans le PIB estpassée de moins de 15 % à 21-22 % pendant la décennie1990. L'investissement total a dépassé les 30 % du PŒ par

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 297

sociales s'ajoute donc une politique en faveur de ceux quiont contribué à la libération du pays.

Un nouveau concept, désigné sous le terme de Réseauxde Sécurité Sociale (Social Safety Nets), a été introduitrécemment au niveau international. Il s'agit d'un système demesures relatives à la protection sociale des personnes(assurance sociale et assistance) comprenant, dans un sensplus large, également les politiques d'emploi, d'éradicationde la faim et de réduction de la pauvreté (HEPR). C'est dansson acception large que le concept de sécurité sociale estutilisé ici: politique d'emploi; politique d'assurance sociale; politique HEPR ; politique pour les grands contributeurs àla nation; politique d'assistance sociale ; et politique deprévention des fléaux sociaux.

Situation générale de la politique de sécuritésociale

À l'issue de 15 ans de rénovation, le Viêt-nam a obtenude grands succès au plan économique et social. La crois­sance économique est élevée et stable autour de 8 % par anen moyenne. En 2000, le PIB a doublé par rapport à 1990.La production agricole en particulier s'est développée demanière importante grâce à douze années de récoltes excep­tionnelles. En 1999 la production alimentaire a été de 33,8millions de tonnes, soit un dépassement de 2 millions detonnes par rapport à 1998, ce qui constitue la plus forteaugmentation jamais enregistrée avec une production ali­mentaire moyenne par tête d'environ 440 kg par an. Lesprogès réalisés dans l'agriculture contribuent à assurer lasécurité alimentaire du pays et à améliorer la vie de lapopulation. La part des recettes budgétaires dans le PIB estpassée de moins de 15 % à 21-22 % pendant la décennie1990. L'investissement total a dépassé les 30 % du PŒ par

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an (soit 102-103 000 milliards de dôngs par an). Le dévelop­pement économique permet de mieux répondre aux besoinssociaux, y compris en matière de sécurité sociale. La part del'investissement public dans les secteurs sociaux se monte àenviron un quart du total des dépenses publiques annuelles.En outre, les ressources provenant des communautés, despersonnes privées, des organisations socio-économiques, del'aide et de la coopération internationales, s'élèvent souventà environ 30 % des dépenses de ces secteurs. L'État aaccordé une priorité particulière à la création d'emploi, auHEPR, aux allocations préférentielles aux grands contribu­teurs, à l'assistance sociale aux populations vulnérables,etc., et ces dépenses prioritaires dépassent 14 % desdépenses totales de l'État, soit l'équivalent de ce qui estdépensé pour le secteur éducatif.

Le système des politiques de sécurité sociale est unensemble cohérent qui comprend:

• Les politiques macro-économiques de l'État dans le butd'articuler la politique de sécurité sociale à la politiquede développement économique pour créer une combinai­son harmonieuse entre la croissance économique,l'équité et le progrès social;

• La mise en place d'un système légal permettantd'institutionnaliser les directives, orientations et résolu­tions du Parti et du gouvernement en ce qui concerne lasécurité sociale, i.e. le Code du travail, la Loi surl'éducation, la Loi sur la protection, les soins etl'éducation des enfants, les ordonnances concernant lesauteurs de grandes contributions à la nation, leshandicapés, les personnes âgées, etc.

• L'élaboration de programmes-cible nationaux et la cons­titution de fonds pour le secteur de la sécurité sociale(programmes pour l'emploi, HEPR, programme pour lescommunes en difficulté extrême, pour l'eau et l'hygiène,

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an (soit 102-103 000 milliards de dôngs par an). Le dévelop­pement économique permet de mieux répondre aux besoinssociaux, y compris en matière de sécurité sociale. La part del'investissement public dans les secteurs sociaux se monte àenviron un quart du total des dépenses publiques annuelles.En outre, les ressources provenant des communautés, despersonnes privées, des organisations socio-économiques, del'aide et de la coopération internationales, s'élèvent souventà environ 30 % des dépenses de ces secteurs. L'État aaccordé une priorité particulière à la création d'emploi, auHEPR, aux allocations préférentielles aux grands contribu­teurs, à l'assistance sociale aux populations vulnérables,etc., et ces dépenses prioritaires dépassent 14 % desdépenses totales de l'État, soit l'équivalent de ce qui estdépensé pour le secteur éducatif.

Le système des politiques de sécurité sociale est unensemble cohérent qui comprend:

• Les politiques macro-économiques de l'État dans le butd'articuler la politique de sécurité sociale à la politiquede développement économique pour créer une combinai­son harmonieuse entre la croissance économique,l'équité et le progrès social;

• La mise en place d'un système légal permettantd'institutionnaliser les directives, orientations et résolu­tions du Parti et du gouvernement en ce qui concerne lasécurité sociale, i.e. le Code du travail, la Loi surl'éducation, la Loi sur la protection, les soins etl'éducation des enfants, les ordonnances concernant lesauteurs de grandes contributions à la nation, leshandicapés, les personnes âgées, etc.

• L'élaboration de programmes-cible nationaux et la cons­titution de fonds pour le secteur de la sécurité sociale(programmes pour l'emploi, HEPR, programme pour lescommunes en difficulté extrême, pour l'eau et l'hygiène,

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 299

pour la prévention des fléaux sociaux, les fonds pourl'emploi, les fonds de solidarité, etc.).

• La politique de socialisation visant à mobiliser toutes lesressources, particulièrement celles des individus et deslocalités, et à les intégrer dans d'autres programmes­cible pour une utilisation plus efficace de ces ressourcespour la sécurité sociale.

Ce système s'est progressivement amélioré et il estproche des réalités. Il en est résulté la création de 1,2 à 1,3million de nouveaux emplois par an en moyenne, un tauxmoyen annuel de croissance de l'emploi de 2,9 %, le déclindu chômage urbain de 9-10 % en 1990-1992 à 6-7 %pendant la période 1995-2000. Le taux de pauvreté desménages s'est réduit de 20 % en 1995 à Il % en 2000, soit300000 ménages pauvres de moins par an, dont 2 % defamilles souffrant de la faim. Environ six millions depersonnes (soit 14 % de la main-d'œuvre) ont touché desprestations de l'assurance sociale obligatoire et d'autressystèmes d'aide sociale (dont les grands contributeurs à lanation). Environ 22 % des personnes particulièrement vulné­rables (personnes gravement handicapées, personnes âgéesisolées, orphelins, etc.) bénéficient d'une aide régulière.Parmi eux, Il,7 % sont pris en charge par les centressociaux de l'État et le reste par les communautés. Plus de90 % des ménages ont accès aux services de santé, 60 % àl'eau potable. 85 % du pays est couvert par la télévision duViêt-nam et 95 % par la radiodiffusion. Il en résulte uneamélioration du niveau de vie des populations vulnérablesqui sont mieux intégrées dans la communauté, et uneparticipation plus large de tous les groupes sociaux, ycompris les populations vulnérables, à la construction et audéveloppement du pays.

Toutefois le Viêt-nam doit faire face à de nombreux pro­blèmes dans la mise en oeuvre de la politique de sécurité

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 299

pour la prévention des fléaux sociaux, les fonds pourl'emploi, les fonds de solidarité, etc.).

• La politique de socialisation visant à mobiliser toutes lesressources, particulièrement celles des individus et deslocalités, et à les intégrer dans d'autres programmes­cible pour une utilisation plus efficace de ces ressourcespour la sécurité sociale.

Ce système s'est progressivement amélioré et il estproche des réalités. Il en est résulté la création de 1,2 à 1,3million de nouveaux emplois par an en moyenne, un tauxmoyen annuel de croissance de l'emploi de 2,9 %, le déclindu chômage urbain de 9-10 % en 1990-1992 à 6-7 %pendant la période 1995-2000. Le taux de pauvreté desménages s'est réduit de 20 % en 1995 à Il % en 2000, soit300000 ménages pauvres de moins par an, dont 2 % defamilles souffrant de la faim. Environ six millions depersonnes (soit 14 % de la main-d'œuvre) ont touché desprestations de l'assurance sociale obligatoire et d'autressystèmes d'aide sociale (dont les grands contributeurs à lanation). Environ 22 % des personnes particulièrement vulné­rables (personnes gravement handicapées, personnes âgéesisolées, orphelins, etc.) bénéficient d'une aide régulière.Parmi eux, Il,7 % sont pris en charge par les centressociaux de l'État et le reste par les communautés. Plus de90 % des ménages ont accès aux services de santé, 60 % àl'eau potable. 85 % du pays est couvert par la télévision duViêt-nam et 95 % par la radiodiffusion. Il en résulte uneamélioration du niveau de vie des populations vulnérablesqui sont mieux intégrées dans la communauté, et uneparticipation plus large de tous les groupes sociaux, ycompris les populations vulnérables, à la construction et audéveloppement du pays.

Toutefois le Viêt-nam doit faire face à de nombreux pro­blèmes dans la mise en oeuvre de la politique de sécurité

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sociale. Depuis plusieurs années le chômage est élevé. Lenombre de personnes au chômage depuis au moins un ans'élevait à 1,05 million en 1998, et à 1,75 million en 1999.Le taux de chômage urbain est très élevé et a tendance àcroître. Ce taux était de 6,0 % en 1997, 6,9 % en 1998 et6,7 % en 1999 [MüLISA, 2000].

Le sous-emploi rural est très important. En 1998, lesconséquences sévères de calamités telles que les inondationset la sécheresse ont altéré la production agricole, et ainsi laproportion effective du temps de travail utilisé par la main­d'œuvre rurale de 15 ans et plus a été de 71,1 % en 1998,soit une baisse de 2 % par rapport à 1997. En 1999 lasituation a été plus favorable, mais le taux n'a été que de73,5 %. C'est le groupe d'âge des 15-24 ans qui constitue laplus grande partie des travailleurs sous-employés (32,8%),suivi par les 25-34 ans (29,4 %) et les 35-44 ans (21,3 %). Ily a actuellement 8,1 millions d'hectares de terres agricolessur l'ensemble du pays, et la demande de main-d'œuvrepour l'agriculture n'excède pas les 19 millions de personnes.Ainsi, en l'absence de développement de l'emploi non­agricole, la main-d'œuvre en excédent pourrait êtrenombreuse (environ 9 millions).

Le développement inégal entre les régions, et particuliè­rement entre les zones rurales et les grandes villes quiconcentrent les zones industrielles (Hanoi, HCMV, VungTau, Haiphong, Danang, Cantho, etc.), a entraîné des flux demigrations spontanées d'ampleur et de vitesse croissantesdes zones rurales vers les grandes villes, particulièrement àHCMV où travaillent et vivent environ 120 000 migrantsdont 70 000 travailleurs venant de différentes provincespour y chercher un emploi, et à Hanoi où leur nombre estd'environ 20 000. Ils viennent dans les villes pour chercherun emploi à revenu plus élevé que celui qu'ils peuventobtenir dans les zones rurales (nombre d'entre eux prennent

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sociale. Depuis plusieurs années le chômage est élevé. Lenombre de personnes au chômage depuis au moins un ans'élevait à 1,05 million en 1998, et à 1,75 million en 1999.Le taux de chômage urbain est très élevé et a tendance àcroître. Ce taux était de 6,0 % en 1997, 6,9 % en 1998 et6,7 % en 1999 [MüLISA, 2000].

Le sous-emploi rural est très important. En 1998, lesconséquences sévères de calamités telles que les inondationset la sécheresse ont altéré la production agricole, et ainsi laproportion effective du temps de travail utilisé par la main­d'œuvre rurale de 15 ans et plus a été de 71,1 % en 1998,soit une baisse de 2 % par rapport à 1997. En 1999 lasituation a été plus favorable, mais le taux n'a été que de73,5 %. C'est le groupe d'âge des 15-24 ans qui constitue laplus grande partie des travailleurs sous-employés (32,8%),suivi par les 25-34 ans (29,4 %) et les 35-44 ans (21,3 %). Ily a actuellement 8,1 millions d'hectares de terres agricolessur l'ensemble du pays, et la demande de main-d'œuvrepour l'agriculture n'excède pas les 19 millions de personnes.Ainsi, en l'absence de développement de l'emploi non­agricole, la main-d'œuvre en excédent pourrait êtrenombreuse (environ 9 millions).

Le développement inégal entre les régions, et particuliè­rement entre les zones rurales et les grandes villes quiconcentrent les zones industrielles (Hanoi, HCMV, VungTau, Haiphong, Danang, Cantho, etc.), a entraîné des flux demigrations spontanées d'ampleur et de vitesse croissantesdes zones rurales vers les grandes villes, particulièrement àHCMV où travaillent et vivent environ 120 000 migrantsdont 70 000 travailleurs venant de différentes provincespour y chercher un emploi, et à Hanoi où leur nombre estd'environ 20 000. Ils viennent dans les villes pour chercherun emploi à revenu plus élevé que celui qu'ils peuventobtenir dans les zones rurales (nombre d'entre eux prennent

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 301

un travail manuel et pénible), ce qui provoque de trèsgrandes difficultés pour l'administration urbaine et sur­charge les services publics (transports, soins de santé, écoleet alimentation en eau, etc.). En outre, une partie de cesmigrants tombe dans la drogue, la prostitution ou deviennentdes enfants de rue, des mendiants, etc.

Actuellement la proportion de ménages pauvres dansl'ensemble du pays demeure élevée (11 % en 2000). Dansles zones rurales environ 20,4 % des ménages vivent dans lapauvreté, et le nombre de paysans pauvres atteint presque 10millions; 22 provinces ont un taux très élevé (plus de 20 %)de pauvreté, particulièrement dans les zones montagneuseset reculées où résident des minorités ethniques et dont letaux de pauvreté dépasse les 40 %, et surtout dans les 1 715villages en difficulté extrême où il peut s'élever à 70 %.

Il y a une inégalité croissante entre les riches et lespauvres. Selon les résultats de l'enquête rurale, le rapportentre les quintiles extrêmes en matière de dépenses était de7,3 en 1996 et de Il,23 en 1998. Le rapport de revenu entreles ménages urbains et les ménages ruraux était respec­tivement de 5 et de 7.

Chaque année le nombre de bénéficiaires de secoursd'urgence du fait de calamités et de perte de récoltes se situeentre 1 et 1,5 million (en 1999 plus de 2 millions de person­nes ont souffert de la faim). En 1998, entre 3,5 à 5 % quivenaient de sortir de la pauvreté y sont retombés. En 1999,75 000 des 410 000 ménages qui étaient sortis de la pauvretéy sont retombés du fait des inondations dans la régionCentre côtier.

La politique des salaires est inadaptée. Il est impossiblede vivre sur le seul salaire, et les salaires sont peu incitatifs,particulièrement pour la main-d'œuvre très qualifiée, ce quiconduit à entraver l' activi té créative. Ceci altère la producti­vité et l'efficacité de la main-d'oeuvre.

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 301

un travail manuel et pénible), ce qui provoque de trèsgrandes difficultés pour l'administration urbaine et sur­charge les services publics (transports, soins de santé, écoleet alimentation en eau, etc.). En outre, une partie de cesmigrants tombe dans la drogue, la prostitution ou deviennentdes enfants de rue, des mendiants, etc.

Actuellement la proportion de ménages pauvres dansl'ensemble du pays demeure élevée (11 % en 2000). Dansles zones rurales environ 20,4 % des ménages vivent dans lapauvreté, et le nombre de paysans pauvres atteint presque 10millions; 22 provinces ont un taux très élevé (plus de 20 %)de pauvreté, particulièrement dans les zones montagneuseset reculées où résident des minorités ethniques et dont letaux de pauvreté dépasse les 40 %, et surtout dans les 1 715villages en difficulté extrême où il peut s'élever à 70 %.

Il y a une inégalité croissante entre les riches et lespauvres. Selon les résultats de l'enquête rurale, le rapportentre les quintiles extrêmes en matière de dépenses était de7,3 en 1996 et de Il,23 en 1998. Le rapport de revenu entreles ménages urbains et les ménages ruraux était respec­tivement de 5 et de 7.

Chaque année le nombre de bénéficiaires de secoursd'urgence du fait de calamités et de perte de récoltes se situeentre 1 et 1,5 million (en 1999 plus de 2 millions de person­nes ont souffert de la faim). En 1998, entre 3,5 à 5 % quivenaient de sortir de la pauvreté y sont retombés. En 1999,75 000 des 410 000 ménages qui étaient sortis de la pauvretéy sont retombés du fait des inondations dans la régionCentre côtier.

La politique des salaires est inadaptée. Il est impossiblede vivre sur le seul salaire, et les salaires sont peu incitatifs,particulièrement pour la main-d'œuvre très qualifiée, ce quiconduit à entraver l' activi té créative. Ceci altère la producti­vité et l'efficacité de la main-d'oeuvre.

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302 NGUYEN HUU DUNG

Les réseaux de sécurité sociale ne sont pas encoreajustés. L'assurance sociale ne couvre en particulier que 6millions de personnes, soit 14 % de la main-d'œuvre. Cesont principalement des employés des entreprises d'État etdes grandes entreprises (sur la base des ajustements opéréspar le Code du travail). Il n'y a pas encore d'assurancechômage, et la majorité des travailleurs agricoles, et non­agricoles hors secteur d'État ne bénéficient pas de l' assuran­ce sociale. Le niveau de vie des personnes vulnérables ethandicapées reste bas et leur existence difficile.

Une partie de la population tombe dans les fléaux so­ciaux, que ce soit la drogue, la prostitution ou la criminalité.Selon les données encore incomplètes des provinces et villesil y avait 130 000 personnes droguées et 55 000 prostituéesdans l'ensemble du pays en 1998. Ces chiffres sont loin derefléter la réalité. Il n'y a pas eu d'améliorations de ce pointde vue en 1999. Les fléaux sociaux ont des conséquenceséconomiques, culturelles et sociales sévères, laissent degraves séquelles et réduisent l'espérance de vie, en particu­lier la pandémie du Sida. En 1995,2913 personnes atteintesdu Sida ont été recensées, et en juillet 1999 le chiffre étaitde 14034 personnes dans l'ensemble du pays, parmi les­quelles 70 à 75 % étaient des personnes droguées et 6 à 8 %ont été atteintes par transmission sexuelle.

Soutenir et améliorer le système de sécuritésociale dans le futur

En ce début du XXle siècle la révolution scientifique ettechnologique s'impose au monde, la science devient laprincipale force de production, et l'information et la con­naissance jouent un rôle motetÎr. L'économie du savoirimpose aux pays qui souhaitent se développer uneréorganisation de leur structure économique et une réorien-

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Les réseaux de sécurité sociale ne sont pas encoreajustés. L'assurance sociale ne couvre en particulier que 6millions de personnes, soit 14 % de la main-d'œuvre. Cesont principalement des employés des entreprises d'État etdes grandes entreprises (sur la base des ajustements opéréspar le Code du travail). Il n'y a pas encore d'assurancechômage, et la majorité des travailleurs agricoles, et non­agricoles hors secteur d'État ne bénéficient pas de l' assuran­ce sociale. Le niveau de vie des personnes vulnérables ethandicapées reste bas et leur existence difficile.

Une partie de la population tombe dans les fléaux so­ciaux, que ce soit la drogue, la prostitution ou la criminalité.Selon les données encore incomplètes des provinces et villesil y avait 130 000 personnes droguées et 55 000 prostituéesdans l'ensemble du pays en 1998. Ces chiffres sont loin derefléter la réalité. Il n'y a pas eu d'améliorations de ce pointde vue en 1999. Les fléaux sociaux ont des conséquenceséconomiques, culturelles et sociales sévères, laissent degraves séquelles et réduisent l'espérance de vie, en particu­lier la pandémie du Sida. En 1995,2913 personnes atteintesdu Sida ont été recensées, et en juillet 1999 le chiffre étaitde 14034 personnes dans l'ensemble du pays, parmi les­quelles 70 à 75 % étaient des personnes droguées et 6 à 8 %ont été atteintes par transmission sexuelle.

Soutenir et améliorer le système de sécuritésociale dans le futur

En ce début du XXle siècle la révolution scientifique ettechnologique s'impose au monde, la science devient laprincipale force de production, et l'information et la con­naissance jouent un rôle motetÎr. L'économie du savoirimpose aux pays qui souhaitent se développer uneréorganisation de leur structure économique et une réorien-

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 303

tation de leurs investissements vers le capital humain pourque se développent des ressources humaines intellectuelleset que s'améliore la capacité à faire face à la concurrence,dans la région et dans le monde.

Parallèlement à la transition vers l'économie du savoir, lamondialisation génère de nouveaux défis et offre de nouvel­les opportunités aux pays. Les avantages comparatifs jouentmaintenant en faveur des pays disposant de ressourceshumaines très qualifiées, d'un environnement juridiquefavorable et d'une société stabilisée. Dans le monde nou­veau, le terme de développement durable devient l'expres­sion commune des nations, qui lui donnent comme signifi­cation majeure de répondre de manière harmonieuse auxobjectifs de croissance économique, d'équité sociale et deprogrès, d'environnement écologique favorable et de protec­tion des ressources naturelles.

Pour le Viêt-nam, la première décennie du xxr siècleouvre une nouvelle période de développement reposant surla valorisation des forces de l'ensemble de la population, lapoursuite de la rénovation, la promotion de l'industrialisa­tion et de la modernisation, l'édification et la défense duViêt-nam socialiste. Dans ce contexte la politique de sécuri­té sociale devrait contribuer de manière importante à lastabilisation socio-économique et à l'impulsion d'un nou­veau rythme de développement en mettant l'accent sur lacroissance de l'emploi, l'éradication de la faim et la réduc­tion de la pauvreté, en accordant une plus grande attentionaux grands contributeurs à la nation, et en luttant contre lesfléaux sociaux.

Améliorer la politique de sécurité de l'emploi

Il faut poursuivre les réformes politiques et institution­nelles pour libérer le potentiel de main-d'œuvre, de terre, de

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 303

tation de leurs investissements vers le capital humain pourque se développent des ressources humaines intellectuelleset que s'améliore la capacité à faire face à la concurrence,dans la région et dans le monde.

Parallèlement à la transition vers l'économie du savoir, lamondialisation génère de nouveaux défis et offre de nouvel­les opportunités aux pays. Les avantages comparatifs jouentmaintenant en faveur des pays disposant de ressourceshumaines très qualifiées, d'un environnement juridiquefavorable et d'une société stabilisée. Dans le monde nou­veau, le terme de développement durable devient l'expres­sion commune des nations, qui lui donnent comme signifi­cation majeure de répondre de manière harmonieuse auxobjectifs de croissance économique, d'équité sociale et deprogrès, d'environnement écologique favorable et de protec­tion des ressources naturelles.

Pour le Viêt-nam, la première décennie du xxr siècleouvre une nouvelle période de développement reposant surla valorisation des forces de l'ensemble de la population, lapoursuite de la rénovation, la promotion de l'industrialisa­tion et de la modernisation, l'édification et la défense duViêt-nam socialiste. Dans ce contexte la politique de sécuri­té sociale devrait contribuer de manière importante à lastabilisation socio-économique et à l'impulsion d'un nou­veau rythme de développement en mettant l'accent sur lacroissance de l'emploi, l'éradication de la faim et la réduc­tion de la pauvreté, en accordant une plus grande attentionaux grands contributeurs à la nation, et en luttant contre lesfléaux sociaux.

Améliorer la politique de sécurité de l'emploi

Il faut poursuivre les réformes politiques et institution­nelles pour libérer le potentiel de main-d'œuvre, de terre, de

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304 NGUYEN HUU DUNG

ressources naturelles, de capital des individus pour investirdans la production et pour la création d'emploi. Il faudraiten particulier :

• Mettre en place des politiques globales concernant lataxation, le crédit, le développement des infrastructures,la technologie, la publicité et la vente des produits, envue de créer dans la société un environnement concur­rentiel sain en gardant à l'esprit que le problème le plusimportant est celui de la croissance de l'emploi;

• Encourager la fonnation professionnelle, en liaison avecles besoins d'emploi des travailleurs et les relationsoffre-demande sur le marché du travail. Il faut fonnerune main-d'œuvre hautement qualifiée pour pouvoirrépondre à la demande des zones d'exportation et deszones de haute technologie, pour exporter de la main­d'œuvre, et pour offrir dans le même temps une qualifi­cation aux travailleurs dont le niveau de fonnation estfaible;

• Améliorer la politique concernant le marché du travailpour pennettre le développement de ce marché demanière positive et saine. Ce marché doit être concur­rentiel capable de fournir des emplois au plus grandnombre, tout en restant sous le contrôle et la régulationde l'État;

• Encourager l'exportation de différents types de main­d'œuvre et d'experts accroître la proportion de travail­leurs qualifiés dans la main-d'œuvre exportée. Lesindustries de haute technologie doivent faire l'objetd'une attention particulière, y compris le secteur deslogiciels pour lequel le Viêt-nam dispose d'un avantagecomparatif;

• Mettre en place et développer un système d'assurancechômage, ce qui implique en particulier de mener desétudes sur la mise en place d'une assurance couvrant les

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ressources naturelles, de capital des individus pour investirdans la production et pour la création d'emploi. Il faudraiten particulier :

• Mettre en place des politiques globales concernant lataxation, le crédit, le développement des infrastructures,la technologie, la publicité et la vente des produits, envue de créer dans la société un environnement concur­rentiel sain en gardant à l'esprit que le problème le plusimportant est celui de la croissance de l'emploi;

• Encourager la fonnation professionnelle, en liaison avecles besoins d'emploi des travailleurs et les relationsoffre-demande sur le marché du travail. Il faut fonnerune main-d'œuvre hautement qualifiée pour pouvoirrépondre à la demande des zones d'exportation et deszones de haute technologie, pour exporter de la main­d'œuvre, et pour offrir dans le même temps une qualifi­cation aux travailleurs dont le niveau de fonnation estfaible;

• Améliorer la politique concernant le marché du travailpour pennettre le développement de ce marché demanière positive et saine. Ce marché doit être concur­rentiel capable de fournir des emplois au plus grandnombre, tout en restant sous le contrôle et la régulationde l'État;

• Encourager l'exportation de différents types de main­d'œuvre et d'experts accroître la proportion de travail­leurs qualifiés dans la main-d'œuvre exportée. Lesindustries de haute technologie doivent faire l'objetd'une attention particulière, y compris le secteur deslogiciels pour lequel le Viêt-nam dispose d'un avantagecomparatif;

• Mettre en place et développer un système d'assurancechômage, ce qui implique en particulier de mener desétudes sur la mise en place d'une assurance couvrant les

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 305

accidents du travail et d'une assurance chômage pour lestravailleurs;

• Enfin, poursuivre la mise en œuvre du programme desoutien à l'emploi pour les chômeurs, les travailleurssous-employés et les groupes vulnérables sur le marchédu travail.

Rénover l'assurance sociale

La couverture de l'assurance sociale doit être progressi­vement élargie aux entreprises de toute taille et de tous lessecteurs employant des salariés. Il faut en particulier:

• Conduire un projet pilote sur l'assurance sociale volon­taire pour les travailleurs ruraux, les travailleurs desménages d'artisans et les travailleurs indépendants;

• Examiner et réviser les éléments inadéquats de la polit­ique d'assurance sociale (i.e. l'âge de la retraite pour lesfemmes, le système des prestations forfaitaires, les tauxde contribution et d'indemnité, etc.) en conformité avecla nouvelle perspective de mieux garantir les droits et lesallocations des travailleurs;

• Améliorer le système d'organisation et de gestion dufonds de l'assurance sociale tout en renforçant l'admi­nistration d'État de l'assurance sociale.

Renforcer la lutte contre la pauvreté

L'option la plus fondamentale pour une réduction durablede la pauvreté est la création d'opportunités de développe­ment économique, d'emploi et de création de revenu. Il esten particulier nécessaire de :

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 305

accidents du travail et d'une assurance chômage pour lestravailleurs;

• Enfin, poursuivre la mise en œuvre du programme desoutien à l'emploi pour les chômeurs, les travailleurssous-employés et les groupes vulnérables sur le marchédu travail.

Rénover l'assurance sociale

La couverture de l'assurance sociale doit être progressi­vement élargie aux entreprises de toute taille et de tous lessecteurs employant des salariés. Il faut en particulier:

• Conduire un projet pilote sur l'assurance sociale volon­taire pour les travailleurs ruraux, les travailleurs desménages d'artisans et les travailleurs indépendants;

• Examiner et réviser les éléments inadéquats de la polit­ique d'assurance sociale (i.e. l'âge de la retraite pour lesfemmes, le système des prestations forfaitaires, les tauxde contribution et d'indemnité, etc.) en conformité avecla nouvelle perspective de mieux garantir les droits et lesallocations des travailleurs;

• Améliorer le système d'organisation et de gestion dufonds de l'assurance sociale tout en renforçant l'admi­nistration d'État de l'assurance sociale.

Renforcer la lutte contre la pauvreté

L'option la plus fondamentale pour une réduction durablede la pauvreté est la création d'opportunités de développe­ment économique, d'emploi et de création de revenu. Il esten particulier nécessaire de :

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306 NGUYEN HUU DUNG

• Prendre des mesures pour les pauvres concernantl'attribution d'usage à long terme de la terre,l'exonération des taxes agricoles, l'attribution de créditsassociés à des transferts de technologie pour les régionspauvres, d'assistance et de conseil, et une politiqued'achat public et de soutien des prix des produitsagricoles, etc. ;

• Améliorer l'environnement. Il faut faciliter l'accès despauvres aux services sociaux de base, en particulier lessoins de santé, l'éducation, l'eau potable, les services desanté maternelle et de planification familiale, etc. ;

• Développer des réseaux de protection sociale peutpermettre de limiter les risques encourus par les pauvresen général, à la fois dans leur famille et dans leurcommunauté, et par les groupes vulnérables en particu­lier. Des politiques et des programmes doivent êtredéveloppées, à la fois pour contrôler les désastresnaturels, et aider ceux qui sont fréquemment victimesd'inondations, sécheresse et pertes de récolte. Un traite­ment préférentiel doit être assuré aux pauvres pour qu'ilspuissent bénéficier des programmes sociaux cibles;

• Élargir le fonctionnement démocratique pour permettreaux personnes et régions pauvres de participer directe­ment aux programmes de développement socio­économique, et d'échapper ainsi activement à lapauvreté. Les pauvres pourraient se voir accorder uneassistance juridique.

Mettre en œuvre efficacement les politiques en faveurdes grands contributeurs à la nation

Cela signifie réviser et finaliser les politiques et les pro­grammes en faveur des grands contributeurs pour porter

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• Prendre des mesures pour les pauvres concernantl'attribution d'usage à long terme de la terre,l'exonération des taxes agricoles, l'attribution de créditsassociés à des transferts de technologie pour les régionspauvres, d'assistance et de conseil, et une politiqued'achat public et de soutien des prix des produitsagricoles, etc. ;

• Améliorer l'environnement. Il faut faciliter l'accès despauvres aux services sociaux de base, en particulier lessoins de santé, l'éducation, l'eau potable, les services desanté maternelle et de planification familiale, etc. ;

• Développer des réseaux de protection sociale peutpermettre de limiter les risques encourus par les pauvresen général, à la fois dans leur famille et dans leurcommunauté, et par les groupes vulnérables en particu­lier. Des politiques et des programmes doivent êtredéveloppées, à la fois pour contrôler les désastresnaturels, et aider ceux qui sont fréquemment victimesd'inondations, sécheresse et pertes de récolte. Un traite­ment préférentiel doit être assuré aux pauvres pour qu'ilspuissent bénéficier des programmes sociaux cibles;

• Élargir le fonctionnement démocratique pour permettreaux personnes et régions pauvres de participer directe­ment aux programmes de développement socio­économique, et d'échapper ainsi activement à lapauvreté. Les pauvres pourraient se voir accorder uneassistance juridique.

Mettre en œuvre efficacement les politiques en faveurdes grands contributeurs à la nation

Cela signifie réviser et finaliser les politiques et les pro­grammes en faveur des grands contributeurs pour porter

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 307

leurs conditions de vie matérielle et spirituelle au niveau dela moyenne de la population de leur localité. Il faut:• Décentraliser la gestion et les soins aux grands

contributeurs et l'associer à un mouvement del'ensemble de la société, qui doit rembourser la dettequ'elle a à l'égard de ces contributeurs ;

• Renforcer le mouvement de remboursement cette dette,en particulier en intégrant ce programme dans le Pro­gramme National d'Allègement de la Pauvreté, leProgramme de Promotion de l'Emploi et le programmede développement économique et culturel des zonesmontagneuses. Des mesures préférentielles peuvent per­mettre aux grands contributeurs, à leurs parents et à leursfamilles d'avoir accès aux services sociaux, particulière­ment aux soins de santé, à l'éducation et à l'eau potable;

• S'attacher à répondre aux problèmes issus de la périodede guerre tels que les confirmations de décès de soldats,les invalides, les grands contributeurs à la nation, lescadres de la guerre de résistance, le repérage des tombesde soldats, la construction et la gestion de mémoriaux etde cimetières de héros, la délivrance d'informations àleur famille sur les lieux de sépulture, etc. ;

• Étudier les mesures préférentielles en faveur de ceux quiont fait de grandes contributions pendant les périodesd'industrialisation et de modernisation, de constructionet de défense du pays.

Améliorer l'assistance sociale des populationsvulnérables et désavantagées

À travers les efforts publics, ceux de la communauté etceux des groupes-cibles eux-mêmes, il s'agit de garantir lastabilité du niveau de vie des groupes vulnérables et désa-

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 307

leurs conditions de vie matérielle et spirituelle au niveau dela moyenne de la population de leur localité. Il faut:• Décentraliser la gestion et les soins aux grands

contributeurs et l'associer à un mouvement del'ensemble de la société, qui doit rembourser la dettequ'elle a à l'égard de ces contributeurs ;

• Renforcer le mouvement de remboursement cette dette,en particulier en intégrant ce programme dans le Pro­gramme National d'Allègement de la Pauvreté, leProgramme de Promotion de l'Emploi et le programmede développement économique et culturel des zonesmontagneuses. Des mesures préférentielles peuvent per­mettre aux grands contributeurs, à leurs parents et à leursfamilles d'avoir accès aux services sociaux, particulière­ment aux soins de santé, à l'éducation et à l'eau potable;

• S'attacher à répondre aux problèmes issus de la périodede guerre tels que les confirmations de décès de soldats,les invalides, les grands contributeurs à la nation, lescadres de la guerre de résistance, le repérage des tombesde soldats, la construction et la gestion de mémoriaux etde cimetières de héros, la délivrance d'informations àleur famille sur les lieux de sépulture, etc. ;

• Étudier les mesures préférentielles en faveur de ceux quiont fait de grandes contributions pendant les périodesd'industrialisation et de modernisation, de constructionet de défense du pays.

Améliorer l'assistance sociale des populationsvulnérables et désavantagées

À travers les efforts publics, ceux de la communauté etceux des groupes-cibles eux-mêmes, il s'agit de garantir lastabilité du niveau de vie des groupes vulnérables et désa-

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308 NGUYEN HUU DUNG

vantagés à un niveau au moins égal au minimum vital, etl'améliorer progressivement. Cela signifie:• Assurer la prise en charge et l'assistance à la plupart des

groupes vulnérables par l'État, la famille et la commu­nauté en s'attachant particulièrement à répondre auproblème des enfants des rues et des enfants mis préco­cement au travail pour gagner leur vie;

• Examiner et réviser la politique et les mécanismes del'assistance sociale, les taux et la fixation du niveau deressources financières permettant d'en bénéficier. Il fautmettre en place des fonds d'assistance sociale alimentéspar des ressources diverses (budget d'État, contributionsde la population, aide humanitaire, etc.) et assurer ledéveloppement et la gestion efficace du « fonds decompassion ». Il est important de respecter les échéanceset d'atteindre les objectifs pour donner aux familles lapossibilité de progresser. On doit se soucier en particu­lier de l'assistance mutuelle dans le cadre des commu­nautés, communes et villages selon la tradition qui veutque « la feuille intacte couvre les feuilles déchirées ».Dans certaines grandes villes, il faut, en plus del'assistance communautaire, créer des centres sociauxouverts pour s'occuper des groupes-cibles qui rencon­trent des difficultés spécifiques;

• Concevoir une politique et mettre en place des mécanis­mes d'autonomisation et d'intégration des groupes vul­nérables dans la communauté, en particulier pour lesaider à tirer bénéfice des programmes-cibles nationauxqui visent l'emploi, l'éradication de la faim et l' allège­ment de la pauvreté, l'éducation, le soin et la protectiondes enfants en difficulté. Il faut également garantirl'accès de ces groupes aux services sociaux (éducation,soins de santé, eau potable) et aux autres éléments dubien-être public comme l'information, les activités

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vantagés à un niveau au moins égal au minimum vital, etl'améliorer progressivement. Cela signifie:• Assurer la prise en charge et l'assistance à la plupart des

groupes vulnérables par l'État, la famille et la commu­nauté en s'attachant particulièrement à répondre auproblème des enfants des rues et des enfants mis préco­cement au travail pour gagner leur vie;

• Examiner et réviser la politique et les mécanismes del'assistance sociale, les taux et la fixation du niveau deressources financières permettant d'en bénéficier. Il fautmettre en place des fonds d'assistance sociale alimentéspar des ressources diverses (budget d'État, contributionsde la population, aide humanitaire, etc.) et assurer ledéveloppement et la gestion efficace du « fonds decompassion ». Il est important de respecter les échéanceset d'atteindre les objectifs pour donner aux familles lapossibilité de progresser. On doit se soucier en particu­lier de l'assistance mutuelle dans le cadre des commu­nautés, communes et villages selon la tradition qui veutque « la feuille intacte couvre les feuilles déchirées ».Dans certaines grandes villes, il faut, en plus del'assistance communautaire, créer des centres sociauxouverts pour s'occuper des groupes-cibles qui rencon­trent des difficultés spécifiques;

• Concevoir une politique et mettre en place des mécanis­mes d'autonomisation et d'intégration des groupes vul­nérables dans la communauté, en particulier pour lesaider à tirer bénéfice des programmes-cibles nationauxqui visent l'emploi, l'éradication de la faim et l' allège­ment de la pauvreté, l'éducation, le soin et la protectiondes enfants en difficulté. Il faut également garantirl'accès de ces groupes aux services sociaux (éducation,soins de santé, eau potable) et aux autres éléments dubien-être public comme l'information, les activités

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 309

culturelles, etc. Enfin il faut développer des unités deproduction animées par les individus ciblés par lesprogrammes tels que les handicapés, les personnes âgéesisolées, etc., et renforcer les mesures préférentiellesrelatives aux produits, à la taxation, aux prêts et auxmarchés de consommation, pour aider ces personnesdans les activités individuelles de production, lagénération de revenu et l'amélioration de leur niveau devie, tout cela associé à leur réhabilitation fonctionnelleet en tant qu'individus utiles à la société;

• Étudier, développer et réviser les programmes, lespolitiques et les modalités de préparation active auxcalamités, à la protection des victimes, aux secours d'ur­gence, particulièrement dans les zones qui sont frappéespar les inondations ou la sécheresse. L'existence defonds de prévoyance régionaux indépendants est néces­saire, en priorité pour les zones fréquemment confron­tées à des désastres et des difficultés. Ces fonds doiventêtre décentralisés. Les programmes d'intervention faceaux désastres doivent être gérés de manière unifiée etciblée au niveau central, mais leur mise en œuvre doitreposer sur l'initiative locale, les vivres, équipements etforces étant mobilisés à partir des lieux concernés. Ondoit en outre envisager des changements de modes deculture et d'élevage en fonction des conditions naturel­les, du climat et de l'environnement des zones fréquem­ment confrontées aux désastres, et planifier l'adaptationdes groupes sociaux et des infrastructures de productionaux conditions d'inondation et de tempête pour enlimiter au maximum les effets négatifs.

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 309

culturelles, etc. Enfin il faut développer des unités deproduction animées par les individus ciblés par lesprogrammes tels que les handicapés, les personnes âgéesisolées, etc., et renforcer les mesures préférentiellesrelatives aux produits, à la taxation, aux prêts et auxmarchés de consommation, pour aider ces personnesdans les activités individuelles de production, lagénération de revenu et l'amélioration de leur niveau devie, tout cela associé à leur réhabilitation fonctionnelleet en tant qu'individus utiles à la société;

• Étudier, développer et réviser les programmes, lespolitiques et les modalités de préparation active auxcalamités, à la protection des victimes, aux secours d'ur­gence, particulièrement dans les zones qui sont frappéespar les inondations ou la sécheresse. L'existence defonds de prévoyance régionaux indépendants est néces­saire, en priorité pour les zones fréquemment confron­tées à des désastres et des difficultés. Ces fonds doiventêtre décentralisés. Les programmes d'intervention faceaux désastres doivent être gérés de manière unifiée etciblée au niveau central, mais leur mise en œuvre doitreposer sur l'initiative locale, les vivres, équipements etforces étant mobilisés à partir des lieux concernés. Ondoit en outre envisager des changements de modes deculture et d'élevage en fonction des conditions naturel­les, du climat et de l'environnement des zones fréquem­ment confrontées aux désastres, et planifier l'adaptationdes groupes sociaux et des infrastructures de productionaux conditions d'inondation et de tempête pour enlimiter au maximum les effets négatifs.

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310 NGUYEN HOU DUNG

Prévenir et combattre activement les fléaux sociaux, enparticulier l'usage de la drogue et la prostitution

• Il faut travailler à rehausser la conscience de la popula­tion sur ces problèmes dans le contexte nouveau. Enarticulation avec une action de propagande etd'éducation sur la qualité de la nature et des traditionsdes vietnamiens et les objectifs de construction de lanouvelle société, éléments convenant à l'appropriationde références sociales, de valeurs et d'identité culturelle,on doit combattre et prévenir activement les fléauxsociaux. Il doit en découler de notre part des attitudesconséquentes de patience, d'énergie, d'implacabilité,d'intolérance, d'évitement de déviations droitières etd'abandon à mi-chemin, pour atteindre l'objectif centralde prévention, d'arrêt et d'élimination progressive desfléaux sociaux de la vie sociale.

• Il faut renforcer la législation socialiste, accroître l'effi­cacité des organes législatifs et exécutifs, rénoverl'administration publique et l'ordre. Il est en outreindispensable de réprimer les crimes de trafic, prostitu­tion, contrebande, etc. Le plus important cependant estde nettoyer l'environnement des fléaux sociaux mon­tants et de développer une société saine. Il faut doncfavoriser le développement en profondeur du mouve­ment de la famille harmonieuse et civilisée et desgroupes de solidarité locale, encourager l'identité tradi­tionnelle et utiliser tous les talents. L'accent doit êtremis sur la gestion, la construction d'écoles et de lieuxpublics sans fléaux sociaux. Ces mesures doivent sedoubler d'un mouvement national d'ensemble de partici­pation à la prévention et au combat contre les fléauxsociaux, et de montée de l'opposition de l'opinion publi­que à ces maux, particulièrement à la base (hameaux,

310 NGUYEN HOU DUNG

Prévenir et combattre activement les fléaux sociaux, enparticulier l'usage de la drogue et la prostitution

• Il faut travailler à rehausser la conscience de la popula­tion sur ces problèmes dans le contexte nouveau. Enarticulation avec une action de propagande etd'éducation sur la qualité de la nature et des traditionsdes vietnamiens et les objectifs de construction de lanouvelle société, éléments convenant à l'appropriationde références sociales, de valeurs et d'identité culturelle,on doit combattre et prévenir activement les fléauxsociaux. Il doit en découler de notre part des attitudesconséquentes de patience, d'énergie, d'implacabilité,d'intolérance, d'évitement de déviations droitières etd'abandon à mi-chemin, pour atteindre l'objectif centralde prévention, d'arrêt et d'élimination progressive desfléaux sociaux de la vie sociale.

• Il faut renforcer la législation socialiste, accroître l'effi­cacité des organes législatifs et exécutifs, rénoverl'administration publique et l'ordre. Il est en outreindispensable de réprimer les crimes de trafic, prostitu­tion, contrebande, etc. Le plus important cependant estde nettoyer l'environnement des fléaux sociaux mon­tants et de développer une société saine. Il faut doncfavoriser le développement en profondeur du mouve­ment de la famille harmonieuse et civilisée et desgroupes de solidarité locale, encourager l'identité tradi­tionnelle et utiliser tous les talents. L'accent doit êtremis sur la gestion, la construction d'écoles et de lieuxpublics sans fléaux sociaux. Ces mesures doivent sedoubler d'un mouvement national d'ensemble de partici­pation à la prévention et au combat contre les fléauxsociaux, et de montée de l'opposition de l'opinion publi­que à ces maux, particulièrement à la base (hameaux,

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POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 311

villages, communes, districts, etc.).

• Mettre en œuvre efficacement les programmes decréation d'emploi, de formation professiOImelle, d'éradi­cation de la faim et d'allègement de la pauvreté, dedéveloppement des réseaux de protection sociale,particulièrement dans les zones rurales, de réduction etd'élimination des fléaux sociaux, tout en renforçantl'éducation morale de tous et avant tout des jeunes, despauvres, des chômeurs et des populations vulnérables.On doit prêter une attention particulière aux actionscombinant enseignement et mise en pratique, éducationau travail, formation professionnelle et production, etréhabilitation et intégration des individus impliqués dansles fléaux sociaux (prostitution et usage de la drogue),actions entreprises par l'État et les communautés pourleur donner de l'attention, de l'humanité et des possi­bilités de revenir dans le droit chemin.

POLITIQUE DE SECURITE SOCIALE 311

villages, communes, districts, etc.).

• Mettre en œuvre efficacement les programmes decréation d'emploi, de formation professiOImelle, d'éradi­cation de la faim et d'allègement de la pauvreté, dedéveloppement des réseaux de protection sociale,particulièrement dans les zones rurales, de réduction etd'élimination des fléaux sociaux, tout en renforçantl'éducation morale de tous et avant tout des jeunes, despauvres, des chômeurs et des populations vulnérables.On doit prêter une attention particulière aux actionscombinant enseignement et mise en pratique, éducationau travail, formation professionnelle et production, etréhabilitation et intégration des individus impliqués dansles fléaux sociaux (prostitution et usage de la drogue),actions entreprises par l'État et les communautés pourleur donner de l'attention, de l'humanité et des possi­bilités de revenir dans le droit chemin.

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Index des sigles et abréviations

Asian Development BankZone asiatique de libre-échangeAssociation des Nations de l'Asie du Sud-EstBanque MondialeInstitut Central de Gestion Économique

IDHIRDIUED

ENIESCAP

ADBAFTAASEANBMCMIE(MPI)CHXHCNVN Công Hoa Xa Hôi Chu Nghia Viet Nam

(République Socialiste du Viêt-nam)COMECON Conseil pour l'Assistance Économique

MutuelleÉcole Normale d'InstituteursCommission Économique et Sociale pourl'Asie et le PacifiqueFonds Monétaire InternationalGroupe de Recherche et d'ÉchangeTechnologiqueBureau Général des StatistiquesConseil des MinistresProgramme national d'éradication de la faimet de réduction de la pauvretéIndice de Développement HumainInstitut de Recherche pour le DéveloppementInstitut Universitaire d'Études duDéveloppementMinistère de l'Éducation et de la FormationMinistry of FinancesMinistère de la Santé

MOETMOFMOH

FMIGRET

GSOHDBTHEPR

Index des sigles et abréviations

Asian Development BankZone asiatique de libre-échangeAssociation des Nations de l'Asie du Sud-EstBanque MondialeInstitut Central de Gestion Économique

IDHIRDIUED

ENIESCAP

ADBAFTAASEANBMCMIE(MPI)CHXHCNVN Công Hoa Xa Hôi Chu Nghia Viet Nam

(République Socialiste du Viêt-nam)COMECON Conseil pour l'Assistance Économique

MutuelleÉcole Normale d'InstituteursCommission Économique et Sociale pourl'Asie et le PacifiqueFonds Monétaire InternationalGroupe de Recherche et d'ÉchangeTechnologiqueBureau Général des StatistiquesConseil des MinistresProgramme national d'éradication de la faimet de réduction de la pauvretéIndice de Développement HumainInstitut de Recherche pour le DéveloppementInstitut Universitaire d'Études duDéveloppementMinistère de l'Éducation et de la FormationMinistry of FinancesMinistère de la Santé

MOETMOFMOH

FMIGRET

GSOHDBTHEPR

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314 INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS

MOLISA

MOSTE

MPINEPNIED

OCDE

OMCONGPCVPŒPMERDVNRVNSGFRR

SIDA

TCTK

TVAUNDP

UNESCO

VEFSSVINATABAVINATEAVLSSVNDVSI

Ministère du Travail, des Invalides et desAffaires socialesMinistère de la Science, Technologie etEnvironnementMinistère du Plan et de l'InvestissementProgramme National de l'EmploiNational Institute for EducationalDevelopmentOrganisation de Coopération et deDéveloppement ÉconomiquesOrganisation Mondiale du CommerceOrganisation Non GouvernementaleParti Communiste VietnamienProduit Intérieur BrutPetites et Moyennes EntreprisesRépublique Démocratique du Viêt-namRépublique du Viêt-namFonds de garantie sociale pour l'aidecouranteSwedish International DevelopmentAuthorityThông Cuc Thông Kê (Bureau Général desStatistiques)Taxe sur la Valeur AjoutéeProgramme des Nations Unies pour leDéveloppementOrganisation des Nations-Unies pourl'Éducation, la Science et la CultureVietnam Education Financing Sector StudyCompagnie Vietnamienne du TabacCompagnie Vietnamienne du ThéVietnam Living Standards SurveyDong vietnamien (monnaie)Vietnam Social Insurance

314 INDEX DES SIGLES ET ABREVIATIONS

MOLISA

MOSTE

MPINEPNIED

OCDE

OMCONGPCVPŒPMERDVNRVNSGFRR

SIDA

TCTK

TVAUNDP

UNESCO

VEFSSVINATABAVINATEAVLSSVNDVSI

Ministère du Travail, des Invalides et desAffaires socialesMinistère de la Science, Technologie etEnvironnementMinistère du Plan et de l'InvestissementProgramme National de l'EmploiNational Institute for EducationalDevelopmentOrganisation de Coopération et deDéveloppement ÉconomiquesOrganisation Mondiale du CommerceOrganisation Non GouvernementaleParti Communiste VietnamienProduit Intérieur BrutPetites et Moyennes EntreprisesRépublique Démocratique du Viêt-namRépublique du Viêt-namFonds de garantie sociale pour l'aidecouranteSwedish International DevelopmentAuthorityThông Cuc Thông Kê (Bureau Général desStatistiques)Taxe sur la Valeur AjoutéeProgramme des Nations Unies pour leDéveloppementOrganisation des Nations-Unies pourl'Éducation, la Science et la CultureVietnam Education Financing Sector StudyCompagnie Vietnamienne du TabacCompagnie Vietnamienne du ThéVietnam Living Standards SurveyDong vietnamien (monnaie)Vietnam Social Insurance

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A

Index

B

Actionnarisation, 37,109,179,198,208,225-227,247,279,282Activité- à compte propre, 36,53, 81-85, 90- familiale, 81, 125-126, 205

AFTA, 165, 199,284Agriculture, 14,36-37,47-55,71,88-91,96,120-128,137,157,176-178,191-195,206,213,220,254-274,278,280,297,300Aide, 14, 139, 141-agences, 118,121,125,146- publique au développement, 136

Alphabétisation, 11-12,26-27,59,70,118,120-121,155Analphabétisme, 57-65, 72, 76Apprentissage, 106, 124-131, 143, 148Armée, Il, 13,24,47,52, 102, 104,230Artisan, 55, 88, 305Artisanat, 123, 132,205,256,261,269,272ASEAN, 16, 155, 284Assurance- chômage, 40, 228, 231, 302, 304- maladie, 219-221, 240- sociale, 215-219, 234, 243, 296-297,

299, 302, 305Autorités locales, 41, 122, 140, 222

Bac Kan, 253Bassin du fleuve Rouge, 253Bourses, 58, 60, 147,159Budget de l'éducation, 16,59,100,146,159-161Budget de J'État, 180, 185, 196-197,216­241,274,297,308

cCadres, 12, 32, 106, 129, 159, 162, 183,185, 188, 209, 307Cambodge, 12-13Centre Côtier, 63Centre-Nord, 63Certificat, 74, 76, 80, 157-de résidence, 74

Chine, 12, 135, 142, 177,232,242,294Cho Don, 253, 266-270Chômage, 16,39,42,129,135,144,163,170,173, 177, 195,210,214-246,28~299,305- assurance, 40, 228, 231, 302, 304-demandeurs d'emploi, 81-85,127,209

Classe- salles, 26, 123, 131

Co-entreprise, 127, 173, 179, 192,253,263Colonial, 12, 25

A

Index

B

Actionnarisation, 37,109,179,198,208,225-227,247,279,282Activité- à compte propre, 36,53, 81-85, 90- familiale, 81, 125-126, 205

AFTA, 165, 199,284Agriculture, 14,36-37,47-55,71,88-91,96,120-128,137,157,176-178,191-195,206,213,220,254-274,278,280,297,300Aide, 14, 139, 141-agences, 118,121,125,146- publique au développement, 136

Alphabétisation, 11-12,26-27,59,70,118,120-121,155Analphabétisme, 57-65, 72, 76Apprentissage, 106, 124-131, 143, 148Armée, Il, 13,24,47,52, 102, 104,230Artisan, 55, 88, 305Artisanat, 123, 132,205,256,261,269,272ASEAN, 16, 155, 284Assurance- chômage, 40, 228, 231, 302, 304- maladie, 219-221, 240- sociale, 215-219, 234, 243, 296-297,

299, 302, 305Autorités locales, 41, 122, 140, 222

Bac Kan, 253Bassin du fleuve Rouge, 253Bourses, 58, 60, 147,159Budget de l'éducation, 16,59,100,146,159-161Budget de J'État, 180, 185, 196-197,216­241,274,297,308

cCadres, 12, 32, 106, 129, 159, 162, 183,185, 188, 209, 307Cambodge, 12-13Centre Côtier, 63Centre-Nord, 63Certificat, 74, 76, 80, 157-de résidence, 74

Chine, 12, 135, 142, 177,232,242,294Cho Don, 253, 266-270Chômage, 16,39,42,129,135,144,163,170,173, 177, 195,210,214-246,28~299,305- assurance, 40, 228, 231, 302, 304-demandeurs d'emploi, 81-85,127,209

Classe- salles, 26, 123, 131

Co-entreprise, 127, 173, 179, 192,253,263Colonial, 12, 25

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316 INDEX

Collectivisation, 13, 270Commerce, 16,36-37,48-55,82,88-92,109,177, 183-184,209,256,258,261,269,272,278,288- petit commerce, 49, 81, 90-93, 129,

260Communes, 27, 33, 38, 86, 101, 121,222­223,235-237,255-257,260,268,298,303,308,310Compétitivité, 18, 134, 145,242,292Construction, 39, 50, 85, 90, 124-128,137,139,177,181-188,273Coopératives, 28-32, 49, 107-110,224,263,269,287Corée, 130, 232Cours-du soir, 76-particuliers,77,123

Créche, 31, 74Crédit, 129, 135, 180, 238, 245, 256, 304Croissance- démographique, 175-178,292-économique, 13,56,175-179,213,

227,235,238,242-243,273,282,285,297-298,303

- industrielle, 175-178

D

Da Nang, 136Dao, 269-271Décentralisation, 100, 207, 291, 309Décolonisation, 12Delta- du neuve Rouge, 21, 63, 74-75, 251­

276-du Mékong, 21, 59,62-63,72,75,256

Démobilisation, 78Développement humain, 117-119, 127,130-133,145-146indice, 119

Diplômes, 33, 58, 76-80, 94,104,120Diplômés, 104, 124-125,161-174Dong Nai, 136,283

E

Écoles-fondées par le peuple, 61,101- maternelles, 77- privées, 33, 61, 102-publiques, 77, 101- semi-publiques, 101

-supérieures, 77,138,156-164,174,182,188

Économie Socialiste de Marché, 252,253,273,291,293Éducation- politique éducative, 12,24-27,57-58,

73,131,165- réfonne éducative, 25-27, 130-131- socialisation, 28, 32, 42

Emploi-à vie, 36,197,199- auto-, 36, 109, 129- centres de promotion, 38,40,87, 105,

127- création, 18, 36-40, 138, 143, 192,

196,206-209,214,216,228-244,282,298,304,311

-demandeurs, 81-85,127,209- fonds national, 197-plein-, 16, 18,35, 114- perte d'emploi, 220- programme national de promotion, 38- recherche d'emploi, 80- sous-emploi, 193, 196, 206, 208, 214,

230,261,273,289,300Enseignant5, 26, 62, 64, 91-92, 10 1-1 02,122,124,131,159-162,169,279Enseignement-de base, 11-12,32- général, 33-34, 42, 58, 105, 130, 161,

279,283-post-primaire, 32, 61,103- post-secondaire, 32, 103, 119-126- pré-scolaire, 28, 31,62,73,77- primaire, 25, 31-32, 58-63, 72-77,

100-102, 114, 119, 130, 155, 240, 243,288,290

-secondaire, 25, 31-34, 54-65, 73-80,100-103, 119-131, 155-166,200,243,290

-supérieur, 31, 60-61, 77, 79,103,153-174,290

Entrepreneur, 142Entrepreneuriat, 134, 138, 144Entreprises- actionnarisées, 198-d'État, 52, 54,112,139,141,146,

179-180, 192-210, 218-220, 225-232,244,247,253,302

316 INDEX

Collectivisation, 13, 270Commerce, 16,36-37,48-55,82,88-92,109,177, 183-184,209,256,258,261,269,272,278,288- petit commerce, 49, 81, 90-93, 129,

260Communes, 27, 33, 38, 86, 101, 121,222­223,235-237,255-257,260,268,298,303,308,310Compétitivité, 18, 134, 145,242,292Construction, 39, 50, 85, 90, 124-128,137,139,177,181-188,273Coopératives, 28-32, 49, 107-110,224,263,269,287Corée, 130, 232Cours-du soir, 76-particuliers,77,123

Créche, 31, 74Crédit, 129, 135, 180, 238, 245, 256, 304Croissance- démographique, 175-178,292-économique, 13,56,175-179,213,

227,235,238,242-243,273,282,285,297-298,303

- industrielle, 175-178

D

Da Nang, 136Dao, 269-271Décentralisation, 100, 207, 291, 309Décolonisation, 12Delta- du neuve Rouge, 21, 63, 74-75, 251­

276-du Mékong, 21, 59,62-63,72,75,256

Démobilisation, 78Développement humain, 117-119, 127,130-133,145-146indice, 119

Diplômes, 33, 58, 76-80, 94,104,120Diplômés, 104, 124-125,161-174Dong Nai, 136,283

E

Écoles-fondées par le peuple, 61,101- maternelles, 77- privées, 33, 61, 102-publiques, 77, 101- semi-publiques, 101

-supérieures, 77,138,156-164,174,182,188

Économie Socialiste de Marché, 252,253,273,291,293Éducation- politique éducative, 12,24-27,57-58,

73,131,165- réfonne éducative, 25-27, 130-131- socialisation, 28, 32, 42

Emploi-à vie, 36,197,199- auto-, 36, 109, 129- centres de promotion, 38,40,87, 105,

127- création, 18, 36-40, 138, 143, 192,

196,206-209,214,216,228-244,282,298,304,311

-demandeurs, 81-85,127,209- fonds national, 197-plein-, 16, 18,35, 114- perte d'emploi, 220- programme national de promotion, 38- recherche d'emploi, 80- sous-emploi, 193, 196, 206, 208, 214,

230,261,273,289,300Enseignant5, 26, 62, 64, 91-92, 10 1-1 02,122,124,131,159-162,169,279Enseignement-de base, 11-12,32- général, 33-34, 42, 58, 105, 130, 161,

279,283-post-primaire, 32, 61,103- post-secondaire, 32, 103, 119-126- pré-scolaire, 28, 31,62,73,77- primaire, 25, 31-32, 58-63, 72-77,

100-102, 114, 119, 130, 155, 240, 243,288,290

-secondaire, 25, 31-34, 54-65, 73-80,100-103, 119-131, 155-166,200,243,290

-supérieur, 31, 60-61, 77, 79,103,153-174,290

Entrepreneur, 142Entrepreneuriat, 134, 138, 144Entreprises- actionnarisées, 198-d'État, 52, 54,112,139,141,146,

179-180, 192-210, 218-220, 225-232,244,247,253,302

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INDEX 317

-familiales, 5181-83,106,109,136,138-139, 180, 230

- privées, 107, 111, 117, 192, 208, 220,254,278

-publiques,33,104-106,117,128,200,208,216,282

-réfonnedes, 191-210Épargne, 126, 134, 138, 181, 227, 282Éradication de la Faim, 121,215,223,237-238,297-298Europe de l'Est, 52, 146Exonérations, 72, 122, 236Exportation- de main-d'œuvre, 196, 208-209, 292

F

Famine, 215Femmes, 38,48,88, 120, 125, 127,200,204,228-245,295,305Filles, 119,121Fléaux sociaux, 42, 297, 299, 302-303,310-311Flexibilité, 40, 99, 210Fonction publique, 36, 40, 54, 81, 94fonctionnaires, 53, 96, 173

Formation- auto-fonnation, 65, 126- centres de, 104, 124, 156, 209- continue, 160- de guerre, Il- extra-scolaire, 65, 79-80, 104, 125- initiale, 76, 106, 195- institutionnelle, 65, 79-80, 103, 126,

303- non-institutionnelle, 65, 79-80, 103,

126-professionnelle, 79,103,106,131,

158-159

G

Guerre, 11-14,46, 54, 118, 175, 221, 238,243,307

- blessés, ,22

H

Haiphong, 136,300Hai Duong, 252, 255Handicapés, 217, 221, 243, 296, 298, 309

Hanoi, 41, 74-75, 85-86,92,136,155,161,253,255,261,266,270,300Hautes Terres du Nord, 63Hauts plateaux du Centre, 62-63Heures supplémentaires, 93Ho-Chi-Minh-Ville,77, 136, 161,300Hong Kong, 37, 137

1

Inde, 142Indonésie, 130Industrialisation, 130, 142, 144Industrie, 11-13,37,46,49,50-5,55-56,66,90,109,120-146,170,177-188,191­193,205, 278-légère, 137-lourde, Il,46, 137-manufacturière, 124-129, 138, 144,

182,184- industries traditionnelles, 183, 188

Industrielproduit, 176, 179, 180, 192, 254zone, 139, 187,207,258,300

Inégalités, 19,24,46,51,57-66,119,120,122, 230-232, 280, 283-284, 315-289-290InOation, 54,175,217,239Informatique, 76,133,147,182logiciels, 146, 148, 183,304

Inspection du travail, 40Intégrationrégionale et internationale, 24, 34, 36, 58,

114,117,127,133,187-188,191,194,213,244,270,278,284,293

Invalides-civils, 38, 216-de guerre, 38, 216, 221-222

Investissement, 12-13,27,33,59-60,70,126-149,177-188,235,242,253,263,273,278,282,292,297- étranger, 36, 136-139, 191, 205, 253,

263

J

Japon, 137Jardin d'enfants, 31, 74Jeunesse, 37-38, 47, 49, 52, 63, 65, 78,84-85, 105-106, 117, 169, 188, 200, 216,226,229,266,295,311

INDEX 317

-familiales, 5181-83,106,109,136,138-139, 180, 230

- privées, 107, 111, 117, 192, 208, 220,254,278

-publiques,33,104-106,117,128,200,208,216,282

-réfonnedes, 191-210Épargne, 126, 134, 138, 181, 227, 282Éradication de la Faim, 121,215,223,237-238,297-298Europe de l'Est, 52, 146Exonérations, 72, 122, 236Exportation- de main-d'œuvre, 196, 208-209, 292

F

Famine, 215Femmes, 38,48,88, 120, 125, 127,200,204,228-245,295,305Filles, 119,121Fléaux sociaux, 42, 297, 299, 302-303,310-311Flexibilité, 40, 99, 210Fonction publique, 36, 40, 54, 81, 94fonctionnaires, 53, 96, 173

Formation- auto-fonnation, 65, 126- centres de, 104, 124, 156, 209- continue, 160- de guerre, Il- extra-scolaire, 65, 79-80, 104, 125- initiale, 76, 106, 195- institutionnelle, 65, 79-80, 103, 126,

303- non-institutionnelle, 65, 79-80, 103,

126-professionnelle, 79,103,106,131,

158-159

G

Guerre, 11-14,46, 54, 118, 175, 221, 238,243,307

- blessés, ,22

H

Haiphong, 136,300Hai Duong, 252, 255Handicapés, 217, 221, 243, 296, 298, 309

Hanoi, 41, 74-75, 85-86,92,136,155,161,253,255,261,266,270,300Hautes Terres du Nord, 63Hauts plateaux du Centre, 62-63Heures supplémentaires, 93Ho-Chi-Minh-Ville,77, 136, 161,300Hong Kong, 37, 137

1

Inde, 142Indonésie, 130Industrialisation, 130, 142, 144Industrie, 11-13,37,46,49,50-5,55-56,66,90,109,120-146,170,177-188,191­193,205, 278-légère, 137-lourde, Il,46, 137-manufacturière, 124-129, 138, 144,

182,184- industries traditionnelles, 183, 188

Industrielproduit, 176, 179, 180, 192, 254zone, 139, 187,207,258,300

Inégalités, 19,24,46,51,57-66,119,120,122, 230-232, 280, 283-284, 315-289-290InOation, 54,175,217,239Informatique, 76,133,147,182logiciels, 146, 148, 183,304

Inspection du travail, 40Intégrationrégionale et internationale, 24, 34, 36, 58,

114,117,127,133,187-188,191,194,213,244,270,278,284,293

Invalides-civils, 38, 216-de guerre, 38, 216, 221-222

Investissement, 12-13,27,33,59-60,70,126-149,177-188,235,242,253,263,273,278,282,292,297- étranger, 36, 136-139, 191, 205, 253,

263

J

Japon, 137Jardin d'enfants, 31, 74Jeunesse, 37-38, 47, 49, 52, 63, 65, 78,84-85, 105-106, 117, 169, 188, 200, 216,226,229,266,295,311

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318

k

INDEX

p

Kien Xuong, 74Kinh, 71,120-121,246,269

L

langues étrangères, 76, 106, 124, 161licenciement, 28, 52, 200, 219, 279Loi- sur les entreprises, 195,205- sur l'éducation, 298

M

Main-d'œuvre-exportation, 196,208-209,292

Malaisie, 130Métier, 65,91-93, 106, 122, 127, 132,167Migrations, 40, 43, 83, 87, 96, 266- migrants, 38,41,74, 84-85, 92, 125,

128,246,300- migrants temporaires, 92- spontanées, 40, 83, 87, 300

Minorités ethniques, 25, 71-73,101,120­121,243,295,301- Dao, 269, 270, 271- Tay, 268, 269, 270, 271

Mobilité du travail, 50, 82-84, 96,127,130, 138, 188,194, 203, 209-210, 237, 283,287Modernisation, 12, 18,45,47,148,166,182, 188, 199,209-210,237, 303, 307Mondialisation, 114, 117, 134-135, 145,303Multiactivité, 89, 252

N

Nam Thanh, 252, 255, 258Nouvelle économie du savoir, 18, 117,135, 147, 187~utrition, 223-malnutrition, 244

oOMC,135Organisations de masse, 27, 33, 38-39,138,217,224Orientation professionnelle, 123, 128,163,169Ouvrier,25,3I,91,188-qualifié, 31,103,124,157,188

Parents, 60-65, 72, 90,121,131,234,237,241, 255-256, 307Pauvreté, 14,60,72,100,118-123,131,206, 214-247, 271, 278-279, 284, 287,289,291-293-réduction, 121,245,223,237-238,

297-298- seuil, 117,214,227,236,238

Pédagogie, 27, 131, 279Pension de retraite, 53, 113,204,220,222,227,240,247Pénurie, Il, 14,26, 122, 135Phu Tho, 253, 262Planification- centralisée, 12, 18, 25-41, 46, 54, 78,

82-83,104,113,197,213,287-288- familiale, 14, 209, 226, 292, 306

Pluriactivité, 89,252Philippines, 130PME, 126, 136, 138, 139Politique sociale, 201-202, 244-245, 295­296Productivité, 37,48,118,124,129-145,200,231-232,244,301Propriété, 17,54, 57, 147-148, 198,288Protection- des travailleurs, 13, 40-maternelle et infantile, 232-sociale, 12-19,28,40,66, 113,211,

213-247,290-291,296-297,306,311

QQualifications, 29, 32, 33, 87,101,127­131,137,144,153,161-163,168-169,183,194,200,242,278,280-282,304QuangNam, 136Quang Ngai, 136Quang Ninh, 136, 258

R

Rationnement, 11-16,24,54,83Reconstruction, 13,46,62, 118Reconversion, 39, 48, 81, 163, 193,202,229Redoublement, 75,119Réfugiés, 37, 39Régions reculées, 10,58,119-122,173,235,242,301

318

k

INDEX

p

Kien Xuong, 74Kinh, 71,120-121,246,269

L

langues étrangères, 76, 106, 124, 161licenciement, 28, 52, 200, 219, 279Loi- sur les entreprises, 195,205- sur l'éducation, 298

M

Main-d'œuvre-exportation, 196,208-209,292

Malaisie, 130Métier, 65,91-93, 106, 122, 127, 132,167Migrations, 40, 43, 83, 87, 96, 266- migrants, 38,41,74, 84-85, 92, 125,

128,246,300- migrants temporaires, 92- spontanées, 40, 83, 87, 300

Minorités ethniques, 25, 71-73,101,120­121,243,295,301- Dao, 269, 270, 271- Tay, 268, 269, 270, 271

Mobilité du travail, 50, 82-84, 96,127,130, 138, 188,194, 203, 209-210, 237, 283,287Modernisation, 12, 18,45,47,148,166,182, 188, 199,209-210,237, 303, 307Mondialisation, 114, 117, 134-135, 145,303Multiactivité, 89, 252

N

Nam Thanh, 252, 255, 258Nouvelle économie du savoir, 18, 117,135, 147, 187~utrition, 223-malnutrition, 244

oOMC,135Organisations de masse, 27, 33, 38-39,138,217,224Orientation professionnelle, 123, 128,163,169Ouvrier,25,3I,91,188-qualifié, 31,103,124,157,188

Parents, 60-65, 72, 90,121,131,234,237,241, 255-256, 307Pauvreté, 14,60,72,100,118-123,131,206, 214-247, 271, 278-279, 284, 287,289,291-293-réduction, 121,245,223,237-238,

297-298- seuil, 117,214,227,236,238

Pédagogie, 27, 131, 279Pension de retraite, 53, 113,204,220,222,227,240,247Pénurie, Il, 14,26, 122, 135Phu Tho, 253, 262Planification- centralisée, 12, 18, 25-41, 46, 54, 78,

82-83,104,113,197,213,287-288- familiale, 14, 209, 226, 292, 306

Pluriactivité, 89,252Philippines, 130PME, 126, 136, 138, 139Politique sociale, 201-202, 244-245, 295­296Productivité, 37,48,118,124,129-145,200,231-232,244,301Propriété, 17,54, 57, 147-148, 198,288Protection- des travailleurs, 13, 40-maternelle et infantile, 232-sociale, 12-19,28,40,66, 113,211,

213-247,290-291,296-297,306,311

QQualifications, 29, 32, 33, 87,101,127­131,137,144,153,161-163,168-169,183,194,200,242,278,280-282,304QuangNam, 136Quang Ngai, 136Quang Ninh, 136, 258

R

Rationnement, 11-16,24,54,83Reconstruction, 13,46,62, 118Reconversion, 39, 48, 81, 163, 193,202,229Redoublement, 75,119Réfugiés, 37, 39Régions reculées, 10,58,119-122,173,235,242,301

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INDEX 319

Rémunération, 12,51,94-95,102,11 l,133,154,199,210,229,292Retraite, 37, 52, 113,305- anticipée, 52, 203, 218, 229- pension, 53,113,204,220,222,227,

240,247- régime de, 203, 224

Réunification, 12-13, 25, 34, 46-47, 221Revenu, l'l, 37, 49, 51, 54, 57, 64-66, 70,72, 80-93, 117-146,200,204,216-245,251,255,258,260-272,300-301,305,309

S

Salaire, 24, 51, 60, 94,101,107,123,128,131,140,144,159,161,187-188,199,203,217-218,229-233,242,246,301Salariat, 55, 81,95,224,260, 272Salariés, 28, 41, 42, 53-55, 81-89, 111,113,120,217,224,229,244,259-261,265,305Santé, 13-17,26,28,36,48,54-55,83,104,125,200,216-246,273,284,290,295,299,301,306-308- dépenses de, 219, 235, 240

Scolaire-abandon, 18,26,29,32,73,75,101,

119,287-288-carte scolaire, 58-crise, 26- culture, 62, 63, 75-droits, 34,41, 101-102,122-124,148,

233,236,240-équipement, 121-parcours, 60, 62, 64, 74-75,106- système, 25-34, 58, 62, 65,100-102,

153,290- rattrapage, 76- réussite, 74, 77

Scolarisation- déscolarisation, 28, 71-taux, 29, 119-120, 155- taux net, 74, 155

Secteur-collectif, 15,23,26,109,192,254- coopératif, 28-32,42,49, 52, 54, 62,

107-110,206,224,263,269,287-d'Etat, 15, 18,26,36,40,51-54,81­

83, 11 1, 113, 128, 136, 179-180, 192­202,215,220,253,287,302

- familial, 52, 206

- individuel, 206-manufacturier, 124, 128, 138, 144- non-étatique, 114, 179, l'Il, 198,201,

205-207- privé, 15,23, 26, 36, 52-56, 81, 114,

136,139,180,186,246,253,287Services, 18,28,36,46-66,70,81-83,90,109,120-128,139-142,148,163,167,169,176-183,191-193,209,216-247,254,273,278,290Singapour, 137,232,293Social- assistance sociale, 217, 221,222, 243,

297-298, 307-308- assurance sociale, 215, 217, 219,234,

243,296-297,299,302,305- couverture sociale, 215, 220- fiéaux sociaux, 42, 297,299,302-303,

310-311- politique sociale, 201-202, 244-245,

295-296- sécurité sociale, 204, 217-231, 241­

246,295,297-303-stabilité sociale, 202, 210, 215, 289

Socialisme, 11-16, 34, 45, 96, 172, 291,294- de marché, 252-253, 273, 291, 293

Socialiste, 10-15,28,58,66,73, 117-118,129, 196,21 1,239,252-253,273,288,290Spécialisation, 88, 90, 92, 131Spécialités, 124, 126, 130, 161, 183,258,262Subventions, 15,28,94, 109, 191, 197­199,231,245,287

T

Taiwan, 137Tay, 268, 269,270, 271Technologie, 18,27,45, 109, 129-148,157,161,179-188,194,198-201,232,242,244,253,291,293,302,304,306Thai Dinh, 74, 255, 260Thaïlande, 130Thanh "oa,253,261,262,263,265,266Travail-code, 38, 40, 42. 55-56,193, 199,203,

211,219-220, 225, 229, 288-289,298,302

- contrat, 55-56, 200, 203, 209-demande, 167, 169, 175,209,244-245

INDEX 319

Rémunération, 12,51,94-95,102,11 l,133,154,199,210,229,292Retraite, 37, 52, 113,305- anticipée, 52, 203, 218, 229- pension, 53,113,204,220,222,227,

240,247- régime de, 203, 224

Réunification, 12-13, 25, 34, 46-47, 221Revenu, l'l, 37, 49, 51, 54, 57, 64-66, 70,72, 80-93, 117-146,200,204,216-245,251,255,258,260-272,300-301,305,309

S

Salaire, 24, 51, 60, 94,101,107,123,128,131,140,144,159,161,187-188,199,203,217-218,229-233,242,246,301Salariat, 55, 81,95,224,260, 272Salariés, 28, 41, 42, 53-55, 81-89, 111,113,120,217,224,229,244,259-261,265,305Santé, 13-17,26,28,36,48,54-55,83,104,125,200,216-246,273,284,290,295,299,301,306-308- dépenses de, 219, 235, 240

Scolaire-abandon, 18,26,29,32,73,75,101,

119,287-288-carte scolaire, 58-crise, 26- culture, 62, 63, 75-droits, 34,41, 101-102,122-124,148,

233,236,240-équipement, 121-parcours, 60, 62, 64, 74-75,106- système, 25-34, 58, 62, 65,100-102,

153,290- rattrapage, 76- réussite, 74, 77

Scolarisation- déscolarisation, 28, 71-taux, 29, 119-120, 155- taux net, 74, 155

Secteur-collectif, 15,23,26,109,192,254- coopératif, 28-32,42,49, 52, 54, 62,

107-110,206,224,263,269,287-d'Etat, 15, 18,26,36,40,51-54,81­

83, 11 1, 113, 128, 136, 179-180, 192­202,215,220,253,287,302

- familial, 52, 206

- individuel, 206-manufacturier, 124, 128, 138, 144- non-étatique, 114, 179, l'Il, 198,201,

205-207- privé, 15,23, 26, 36, 52-56, 81, 114,

136,139,180,186,246,253,287Services, 18,28,36,46-66,70,81-83,90,109,120-128,139-142,148,163,167,169,176-183,191-193,209,216-247,254,273,278,290Singapour, 137,232,293Social- assistance sociale, 217, 221,222, 243,

297-298, 307-308- assurance sociale, 215, 217, 219,234,

243,296-297,299,302,305- couverture sociale, 215, 220- fiéaux sociaux, 42, 297,299,302-303,

310-311- politique sociale, 201-202, 244-245,

295-296- sécurité sociale, 204, 217-231, 241­

246,295,297-303-stabilité sociale, 202, 210, 215, 289

Socialisme, 11-16, 34, 45, 96, 172, 291,294- de marché, 252-253, 273, 291, 293

Socialiste, 10-15,28,58,66,73, 117-118,129, 196,21 1,239,252-253,273,288,290Spécialisation, 88, 90, 92, 131Spécialités, 124, 126, 130, 161, 183,258,262Subventions, 15,28,94, 109, 191, 197­199,231,245,287

T

Taiwan, 137Tay, 268, 269,270, 271Technologie, 18,27,45, 109, 129-148,157,161,179-188,194,198-201,232,242,244,253,291,293,302,304,306Thai Dinh, 74, 255, 260Thaïlande, 130Thanh "oa,253,261,262,263,265,266Travail-code, 38, 40, 42. 55-56,193, 199,203,

211,219-220, 225, 229, 288-289,298,302

- contrat, 55-56, 200, 203, 209-demande, 167, 169, 175,209,244-245

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320 INDEX

- division, Il,48,71, 88-droit du, 100, 114- inspection du , 40-permis, 41- relations, lU, 133, 199,208,283,288-travaux d'utilité collective, 245

Travailleurs-à l'étranger, 39- expatriés, 52, 196, 208-209, 292-indépendan~,51,81,224,305

- sur gages, 55- protection, 40- surnuméraires, 95, 179, 193-203

uUniversité, 58,61,64,76-77,102-103,125,131,155,159,162

vVieillesse, 224-225, 229, 246Vulnérabilité, 113,215,217,236-239,243,246,284,289,295-311Vung Tau, 28, 136,300

zZone industrielle, 139, 187

320 INDEX

- division, Il,48,71, 88-droit du, 100, 114- inspection du , 40-permis, 41- relations, lU, 133, 199,208,283,288-travaux d'utilité collective, 245

Travailleurs-à l'étranger, 39- expatriés, 52, 196, 208-209, 292-indépendan~,51,81,224,305

- sur gages, 55- protection, 40- surnuméraires, 95, 179, 193-203

uUniversité, 58,61,64,76-77,102-103,125,131,155,159,162

vVieillesse, 224-225, 229, 246Vulnérabilité, 113,215,217,236-239,243,246,284,289,295-311Vung Tau, 28, 136,300

zZone industrielle, 139, 187

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Table des matières

Introduction, par Nolwen Henaffet Jean- Yves Martin 9

1. Politiques d'éducation formation et politiques d'emploi parNolwen Henaffet Jean-Yves Martin 23

2. Restructuration économique et recomposition sociale parNolwen Henaff et Jean-Yves Martin 45

3. Les stratégies individuelles et familiales par Nolwen Henaffet Jean-Yves Martin 69

4. Stratégies des institutions et des entreprises par NolwenHenaffet Jean-Yves Martin............................................................ 99

5. Le développement des ressources humaines: répondre auxdéfis de la mondialisation et de la nouvelle économie dusavoir par Geoffrey B. Hainsworth 117

6. Enseignement superaeur et professionnel et marché dutravail par Trân Khanh Duc.......................................................... 153

Table des matières

Introduction, par Nolwen Henaffet Jean- Yves Martin 9

1. Politiques d'éducation formation et politiques d'emploi parNolwen Henaffet Jean-Yves Martin 23

2. Restructuration économique et recomposition sociale parNolwen Henaff et Jean-Yves Martin 45

3. Les stratégies individuelles et familiales par Nolwen Henaffet Jean-Yves Martin 69

4. Stratégies des institutions et des entreprises par NolwenHenaffet Jean-Yves Martin............................................................ 99

5. Le développement des ressources humaines: répondre auxdéfis de la mondialisation et de la nouvelle économie dusavoir par Geoffrey B. Hainsworth 117

6. Enseignement superaeur et professionnel et marché dutravail par Trân Khanh Duc.......................................................... 153

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322 EMPLOI ET RESSOURCES HUMAINES AU VIÊT-NAM

7. Travail, emploi et développement industriel dans lesannées 1990 par Vo Dai Luoe 175

8. Rénovation des entreprises, emploi et gestion de la main-d'œuvre par rrân Tiên Cuong 191

9. Quel rôle pour la protection sociale dans la rénovation?par Fiona Howe//........................................................................... 213

10. Évolution récente du système d'activités des ruraux auViêt-nam: le cas du bassin du neuve Rouge parPasealBergeret 251

11. Les stratégies d'éducation, de formation et d'emploi: lesdiscussions par Christophe Gironde, Alexandre Dormeier-Freire, Lê Ngu Binh 277

Conclusion par Nolwen Henaffet Jean-Yves Martin 287

Document: L'adaptation de la politique de sécurité socialeau développement de l'économie de marché par Nguyên HuuDung 295

Index des sigles et abréviations '" 313

Index 315

Table des matières 321

322 EMPLOI ET RESSOURCES HUMAINES AU VIÊT-NAM

7. Travail, emploi et développement industriel dans lesannées 1990 par Vo Dai Luoe 175

8. Rénovation des entreprises, emploi et gestion de la main-d'œuvre par rrân Tiên Cuong 191

9. Quel rôle pour la protection sociale dans la rénovation?par Fiona Howe//........................................................................... 213

10. Évolution récente du système d'activités des ruraux auViêt-nam: le cas du bassin du neuve Rouge parPasealBergeret 251

11. Les stratégies d'éducation, de formation et d'emploi: lesdiscussions par Christophe Gironde, Alexandre Dormeier-Freire, Lê Ngu Binh 277

Conclusion par Nolwen Henaffet Jean-Yves Martin 287

Document: L'adaptation de la politique de sécurité socialeau développement de l'économie de marché par Nguyên HuuDung 295

Index des sigles et abréviations '" 313

Index 315

Table des matières 321

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ÉDITIONS KARTHALA

Collection Méridiens

Les Açores, Christian RudelL'Afrique du Sud, Georges LoryL'Algérie, Catherine BelvaudeL'Azerbaïdjan, Antoine ConstantLe Bénin, Philippe DavidLa Bolivie, Christian RudelLe Botswana, Marie LoryLe Burkina Faso, Frédéric LejealLa Côte d'Ivoire, Philippe DavidLe Cambodge, Soizick CrochetLa Colombie, Catherine FougèreLes Comores, Pierre VérinLe Congo-Kinshasa, A. Malu-MaluCuba, Maryse RouxDjib9uti, André LaudouzeLes Emirats arabes unis, Frauke Heard-BeyL'Équateur, Christian RudelL'Estonie, S. Champonnois et F. de LabriolleLe Ghana, Patrick Puy-DenisLa Guinée, Muriel DeveyL'Indonésie, Robert AarsséL'Irak, Pierre PintaLa Jordanie, Marc LavergneLe Laos, Carine HannLa Lettonie, S. Champonnois et F. de LabriolleLa Lituanie, Leonas TeiberisMadagascar, Pierre VérinLe Maroc, J.-P. Lozato-GiotardMayotte, Guy FontaineLe Mexique, Christian RudelLa Mongolie, Jacqueline ThevenetLe Mozambique, Daniel JouanneauLe Nigeria, Marc-Antoine de MontclosLa Nouvelle-Calédonie, Antonio RalluyLe Paraguay, Christian RudelLe Portugal, Christian RudelLa Roumanie, Mihaï E. SerbanSào Tomé et Principe, Dominique GalletLe Sénégal, Muriel DeveyLe Sultanat d'Oman, Bruno Le Cour GrandmaisonLa Syrie, Jean ChaudouetLe Togo, Yvonne FrançoisLa Tunisie, Ezzedine MestiriLa Turquie, Jane HervéLe Vietnam, Joël Luguern

ÉDITIONS KARTHALA

Collection Méridiens

Les Açores, Christian RudelL'Afrique du Sud, Georges LoryL'Algérie, Catherine BelvaudeL'Azerbaïdjan, Antoine ConstantLe Bénin, Philippe DavidLa Bolivie, Christian RudelLe Botswana, Marie LoryLe Burkina Faso, Frédéric LejealLa Côte d'Ivoire, Philippe DavidLe Cambodge, Soizick CrochetLa Colombie, Catherine FougèreLes Comores, Pierre VérinLe Congo-Kinshasa, A. Malu-MaluCuba, Maryse RouxDjib9uti, André LaudouzeLes Emirats arabes unis, Frauke Heard-BeyL'Équateur, Christian RudelL'Estonie, S. Champonnois et F. de LabriolleLe Ghana, Patrick Puy-DenisLa Guinée, Muriel DeveyL'Indonésie, Robert AarsséL'Irak, Pierre PintaLa Jordanie, Marc LavergneLe Laos, Carine HannLa Lettonie, S. Champonnois et F. de LabriolleLa Lituanie, Leonas TeiberisMadagascar, Pierre VérinLe Maroc, J.-P. Lozato-GiotardMayotte, Guy FontaineLe Mexique, Christian RudelLa Mongolie, Jacqueline ThevenetLe Mozambique, Daniel JouanneauLe Nigeria, Marc-Antoine de MontclosLa Nouvelle-Calédonie, Antonio RalluyLe Paraguay, Christian RudelLe Portugal, Christian RudelLa Roumanie, Mihaï E. SerbanSào Tomé et Principe, Dominique GalletLe Sénégal, Muriel DeveyLe Sultanat d'Oman, Bruno Le Cour GrandmaisonLa Syrie, Jean ChaudouetLe Togo, Yvonne FrançoisLa Tunisie, Ezzedine MestiriLa Turquie, Jane HervéLe Vietnam, Joël Luguern

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Collection Économie et développement

1. Essais (13,5 x 21,5)

Afrique peut gagner (L '), P. MerlinAfrique s'invente (Une), Enda GrafSahelAgriculture urbaine à Lomé (L'), C. SchilterA la recherche des logiques paysannes, P.M DecoudrasApproches participatives du développement, M LammerinkArachide au Sénégal (L'), Cl. Freud et al.Comment les pauvres gèrent leur argent, S. RutherfordDésarroi camerounais (Le), G. Courade (éd.)Développement local, G. LazarevJ;:au au Proche-Orient, H. AyebJ;:conomie pol. du post-ajustement, H. Ben HammoudaJ;:conomie urbaine en Afrique (L '), E.s. NdioneJ;:leveurs d'Ethiopie, B. FayeEtat-entrepôt au Bénin (L'), 1. IguéFemmes pionnières de Guinée, K. De BoodtForêt et Etat en Afrique (La), G. ButtoudInsertion urbaine à Bamako (L '), D. OuédraogoManioc en Afrique de l'Est (Le), A. BarampamaMort de la brousse (La), K. MarikaNaissance d'une ville au Sénégal, P. NicolasNouvelles paroles de brousse, Le GraapParticipation paysanne et aménagements, G. Bel/onclePlaidoyer macroéconomique pour l'Al., 0. OuedraogoQuestion énergétique au Sahel (La), 1.-P. Minviel/eRelève paysanne en Côte-d'Iv. (La), Y. AffouRepenser l'aide à l'Afrique, N. van de Wal/eRéveil des campagnes africaines, J.-Cl. DevèzeSanté et médecine en Bolivie, E. ValdezTontines et banques au Cameroun, A. HenryTransports urbains en Afrique, X GodardZones franches industrielles d'export., J-P. BarbierZone franc à l'heure de l'euro (La), Ph. Hugon

2. Études et synthèses (16 x 24)

Afrique peut-elle être compétitive (L'), Cl. MaingyAgriculture et ruralité au Brésil, M ZanoniAgricultures familiales, RafacAjustement structurel et au-delà, R. van der Hoeven et al.

Collection Économie et développement

1. Essais (13,5 x 21,5)

Afrique peut gagner (L '), P. MerlinAfrique s'invente (Une), Enda GrafSahelAgriculture urbaine à Lomé (L'), C. SchilterA la recherche des logiques paysannes, P.M DecoudrasApproches participatives du développement, M LammerinkArachide au Sénégal (L'), Cl. Freud et al.Comment les pauvres gèrent leur argent, S. RutherfordDésarroi camerounais (Le), G. Courade (éd.)Développement local, G. LazarevJ;:au au Proche-Orient, H. AyebJ;:conomie pol. du post-ajustement, H. Ben HammoudaJ;:conomie urbaine en Afrique (L '), E.s. NdioneJ;:leveurs d'Ethiopie, B. FayeEtat-entrepôt au Bénin (L'), 1. !guéFemmes pionnières de Guinée, K. De BoodtForêt et Etat en Afrique (La), G. ButtoudInsertion urbaine à Bamako (L '), D. OuédraogoManioc en Afrique de l'Est (Le), A. BarampamaMort de la brousse (La), K. MarikaNaissance d'une ville au Sénégal, P. NicolasNouvelles paroles de brousse, Le GraapParticipation paysanne et aménagements, G. BellonclePlaidoyer macroéconomique pour l'Al., 0. OuedraogoQuestion énergétique au Sahel (La), 1.-P. MinvielleRelève paysanne en Côte-d'Iv. (La), Y. AffouRepenser l'aide à l'Afrique, N. van de WalleRéveil des campagnes africaines, J.-Cl. DevèzeSanté et médecine en Bolivie, E. ValdezTontines et banques au Cameroun, A. HenryTransports urbains en Afrique, X GodardZones franches industrielles d'export., J-P. BarbierZone franc à l'heure de l'euro (La), Ph. Hugon

2. Études et synthèses (16 x 24)

Afrique peut-elle être compétitive (L'), Cl. MaingyAgriculture et ruralité au Brésil, M ZanoniAgricultures familiales, RafacAjustement structurel et au-delà, R. van der Hoeven et al.

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Alimentation et nutrition, D. LemonnierAvenir des planteurs camerounais (L '), P JaninBarons du caoutchouc (Les), J.B. SerierBarrages internationaux et coopération, F. ConacBibliographie et lexique du foncier, M Cubrilo el C. GoislardBooms et crises du cacao, F. RufCarences nutritionnelles, D. LemonnierChamps du cacao (Les), E. Hanak-Freud el al.Comment réduire pauvreté et inégalité, M LévyCompagnie générale des oléagineux (La), M Diallo Cô-TrungConstruire la ville africaine, C. GirardDépistage VIH et le conseil en Afrique (L'), A. DesclauxDéveloppement durable au Sahel, Ch. BeckerDéveloppement urbain en Côte-d'Ivoire, Th. PaulaisDimension humaine dans le développement, M CerneaÉconomie informelle au Mexique (L '), F. RoubaudÉtats, politiques et développement en Asie de l'Est, GemdevGérer le foncier rural, Ph. Lavigne-DelvilleHommes et les termitières en Afrique (L '), F. JrokoInnovation technol. Dans les pays du Sud, R. TreillonIntégration et coopération région. en Afr. Ouest, R. LavergneIntégration régionale dans le monde (L '), GemdevMarchés d'Afrique, Th. PaulaisMédecine traditionnelle au Rwanda, Pc. RwangaboNouvelles orientations du pastoralisme, 1. ScoonesOffice du Niger, grenier à mil du Mali, P. BonnevalPêche dans le Delta central du Niger (La), J. Quensière, un

volume de texte (496 p.) et un volume de cartes avec notice. Les2 vol. sont vendus ensemble

Politiques alimentaires en Afrique du Nord, M PadillaPolitique du médicament en Afrique (Une), C. KlimekPopulations et env. dans les pays du Sud, E. GendreauQuelles politiques foncières pour l'A. ?, Ph. Lavigne-De/villeReconnaissance du savoir rural, Jan ScoonesRessource humaine (La), Enda GrafSavoirs paysans et développement, G. Dupré el al.Sécurisation foncière en Afrique, E. Le Roy el al.Sécurité alimentaire en questions, N. SliiubleSénégal en quête d'une croissance durable (Le), A. DiagneSociétés rurales et environnement, G. Rossi el al.Terres méditerranéennes, A. M JouveTransport dans les villes du Sud, X Godard el al.Vallée du fleuve Sénégal (La), B. Crousse el al.Village à l'heure de l'ajustement (Le), G. Courade

Alimentation et nutrition, D. LemonnierAvenir des planteurs camerounais (L '), P JaninBarons du caoutchouc (Les), J.B. SerierBarrages internationaux et coopération, F. ConacBibliographie et lexique du foncier, M Cubrilo el C. GoislardBooms et crises du cacao, F. RufCarences nutritionnelles, D. LemonnierChamps du cacao (Les), E. Hanak-Freud el al.Comment réduire pauvreté et inégalité, M LévyCompagnie générale des oléagineux (La), M Diallo Cô-TrungConstruire la ville africaine, C. GirardDépistage VIH et le conseil en Afrique (L'), A. DesclauxDéveloppement durable au Sahel, Ch. BeckerDéveloppement urbain en Côte-d'Ivoire, Th. PaulaisDimension humaine dans le développement, M CerneaÉconomie informelle au Mexique (L '), F. RoubaudÉtats, politiques et développement en Asie de l'Est, GemdevGérer le foncier rural, Ph. Lavigne-DelvilleHommes et les termitières en Afrique (L '), F. frokoInnovation technol. Dans les pays du Sud, R. TreillonIntégration et coopération région. en Afr. Ouest, R. LavergneIntégration régionale dans le monde (L '), GemdevMarchés d'Afrique, Th. PaulaisMédecine traditionnelle au Rwanda, Pc. RwangaboNouvelles orientations du pastoralisme, 1. ScoonesOffice du Niger, grenier à mil du Mali, P. BonnevalPêche dans le Delta central du Niger (La), J. Quensière, un

volume de texte (496 p.) et un volume de cartes avec notice. Les2 vol. sont vendus ensemble

Politiques alimentaires en Afrique du Nord, M PadillaPolitique du médicament en Afrique (Une), C. KlimekPopulations et env. dans les pays du Sud, E. GendreauQuelles politiques foncières pour l'A. ?, Ph. Lavigne-De/villeReconnaissance du savoir rural, fan ScoonesRessource humaine (La), Enda GrafSavoirs paysans et développement, G. Dupré el al.Sécurisation foncière en Afrique, E. Le Roy el al.Sécurité alimentaire en questions, N. SliiubleSénégal en quête d'une croissance durable (Le), A. DiagneSociétés rurales et environnement, G. Rossi el al.Terres méditerranéennes, A. M JouveTransport dans les villes du Sud, X Godard el al.Vallée du fleuve Sénégal (La), B. Crousse el al.Village à l'heure de l'ajustement (Le), G. Courade

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Collection Dictionnaires et langues

Apprends l'arabe tchadien (J'), Jullien de Pommerol P.Apprends le bambara (J'), (+ 8 cassettes), Moralès JApprends le wolof (J'), (+ 4 cassettes), DioufJ.-L. et Yaguello M.Arabe dans le bassin du Tchad: le parler des Ulâd Eli (L'),

Zeltner J-C et Tourneux HArabe tchadien: émergence d'une langue véhiculaire (L'), Jullien de

Pommerol P.Dictionnaire arabe tchadien-français, suivi d'un index français-arabe et

d'un index des racines arabes, Jullien de Pommerol P.Dictionnaire caraïbe-français (avec cédérom), Breton R.P. R.Dictionnaire du malgache contemporain (malgache-français et français­

malgache), Rajaonarimanana N.Dictionnaire français-éwé, suivi d'un index éwé-français, Rongier J.Dictionnaire français-foulfouldé et index foulfouldé, Dialecte peul de

l'Extrême-Nord du Cameroun, Parietti G.Dictionnaire français-haoussa, suivi d'un index haoussa-français,

Caron B. et Amfani A.HDictionnaire orthographique sanga, Diki-Kidiri M.Dictionnaire peul de l'agriculture et de la nature (Diamaré, Cameroun),

Tourneux H et Y0"a DaïrouDictionnaire pluridialectal des racines verbales du peul (peul-français­

anglais), Seydou C (dir.)Dictionnaire pratique du créole de Guadeloupe (Marie-Galante),

Tourneux H et Barbotin M.Dictionnaire swahili-français, Lenselaer A.Dictionnaire usuel yoruba-français, suivi d'un index français-yoruba,

Sachnine M.Dictionnaire wolof-français, suivi d'un index français-wolof, Fall A.,

Santos R.. Doneux JGrammaire moderne du Kabyle, Naït-Zerrad K.Grammaire pratique de l'arabe tchadien, Jullien de Pommerol P.Nord-Cameroun à travers ses mots (Le), Seignobos Cet Tourneux HSyntaxe historique créole, Alleyne M.Vocabulaire peul du monde rural, Maroua-Garoua (Cameroun),

Tourneux H et Y0"a Daïrou

Collection Dictionnaires et langues

Apprends l'arabe tchadien (J'), Jullien de Pommerol P.Apprends le bambara (J'), (+ 8 cassettes), Moralès JApprends le wolof (J'), (+ 4 cassettes), DioufJ.-L. et Yaguello M.Arabe dans le bassin du Tchad: le parler des Ulâd Eli (L'),

Zeltner J-C et Tourneux HArabe tchadien: émergence d'une langue véhiculaire (L'), Jullien de

Pommerol P.Dictionnaire arabe tchadien-français, suivi d'un index français-arabe et

d'un index des racines arabes, Jullien de Pommerol P.Dictionnaire caraïbe-français (avec cédérom), Breton R.P. R.Dictionnaire du malgache contemporain (malgache-français et français­

malgache), Rajaonarimanana N.Dictionnaire français-éwé, suivi d'un index éwé-français, Rongier J.Dictionnaire français-foulfouldé et index foulfouldé, Dialecte peul de

l'Extrême-Nord du Cameroun, Parietti G.Dictionnaire français-haoussa, suivi d'un index haoussa-français,

Caron B. et Amfani A.HDictionnaire orthographique sanga, Diki-Kidiri M.Dictionnaire peul de l'agriculture et de la nature (Diamaré, Cameroun),

Tourneux H et Y0"a DaïrouDictionnaire pluridialectal des racines verbales du peul (peul-français­

anglais), Seydou C (dir.)Dictionnaire pratique du créole de Guadeloupe (Marie-Galante),

Tourneux H et Barbotin M.Dictionnaire swahili-français, Lenselaer A.Dictionnaire usuel yoruba-français, suivi d'un index français-yoruba,

Sachnine M.Dictionnaire wolof-français, suivi d'un index français-wolof, Fall A.,

Santos R.. Doneux JGrammaire moderne du Kabyle, Naït-Zerrad K.Grammaire pratique de l'arabe tchadien, Jullien de Pommerol P.Nord-Cameroun à travers ses mots (Le), Seignobos Cet Tourneux HSyntaxe historique créole, Alleyne M.Vocabulaire peul du monde rural, Maroua-Garoua (Cameroun),

Tourneux H et Y0"a Daïrou

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Achevé d'imprimer en février 2003sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery

58500 ClamecyDépôt légal: février 2003

Numéro d'impression: 302001

Imprimé en France

Achevé d'imprimer en février 2003sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery

58500 ClamecyDépôt légal: février 2003

Numéro d'impression: 302001

Imprimé en France

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> col ecl-on Tropiques

Au tournant des années 1990, un certain nombre d'auteurs viet­namiens et internationaux ont fait le point sur les implicationséconomiques et sociales du Renouveau (doi moi), telles qu'onpouvait les appréhender au cours des premières années de sonlancement.

Dix ans plus tard, alors que les problèmes auxquels le Viêt-namest confronté chan~ent de nature, du fait du mouvement d'inté­~ration ré~ionale et internationale, il est possible de faire unbilan des évolutions qu'a connues ce pays depuis le milieu desannées 1980, en particulier dans les domaines de l'éducation,des ressources humaines, du travail et de l'emploi. Ces dimen­sions apparaissent indissociables et fondamentales dans l'évolu­tion contemporaine du Viêt-nam.

Les différents chapitres de cet ouvra~e ont été rédi~és à la suited'un séminaire co-or~anisé à Hanoï en juillet 2000 par l'Institutde recherche pour le développement ORO), le ministère viet­namien du Travail (MOLl5Al, l'IUED et la Banque mondiale.

Économiste, spécialiste du marché du travail, Nolwen Henaff estchargée de recherche à l'/RD. Sociologue, spécialiste des systèmeséducatifs, Jean-Yves Martin est directeur de recherche à J'IRD. I/sont conduit de 1995 à 1999 à Hanoï un programme de recherchesur le travail, J'emploi et les ressources humaines au Viêt-nam encoopération avec le MOL/SA. Leurs recherches s'appuient sur lesrésultats d'enquêtes nationales et locales en milieu urbain etrural, menées auprès de ménages, d'entreprises et d'institutionsde formation.

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U

1 Il 19 782845 863606 ISBN: 2-84586-360-8

> col ecl-on Tropiques

Au tournant des années 1990, un certain nombre d'auteurs viet­namiens et internationaux ont fait le point sur les implicationséconomiques et sociales du Renouveau (doi moi), telles qu'onpouvait les appréhender au cours des premières années de sonlancement.

Dix ans plus tard, alors que les problèmes auxquels le Viêt-namest confronté chan~ent de nature, du fait du mouvement d'inté­~ration ré~ionale et internationale, il est possible de faire unbilan des évolutions qu'a connues ce pays depuis le milieu desannées 1980, en particulier dans les domaines de l'éducation,des ressources humaines, du travail et de l'emploi. Ces dimen­sions apparaissent indissociables et fondamentales dans l'évolu­tion contemporaine du Viêt-nam.

Les différents chapitres de cet ouvra~e ont été rédi~és à la suited'un séminaire co-or~anisé à Hanoï en juillet 2000 par l'Institutde recherche pour le développement ORO), le ministère viet­namien du Travail (MOLl5Al, l'IUED et la Banque mondiale.

Économiste, spécialiste du marché du travail, Nolwen Henaff estchargée de recherche à l'/RD. Sociologue, spécialiste des systèmeséducatifs, Jean-Yves Martin est directeur de recherche à J'IRD. I/sont conduit de 1995 à 1999 à Hanoï un programme de recherchesur le travail, J'emploi et les ressources humaines au Viêt-nam encoopération avec le MOL/SA. Leurs recherches s'appuient sur lesrésultats d'enquêtes nationales et locales en milieu urbain etrural, menées auprès de ménages, d'entreprises et d'institutionsde formation.

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1 Il 19 782845 863606 ISBN: 2-84586-360-8