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ARTS VISUELS 63 Affaire de famille Rares sont aujourd’hui les lignées familiales consacrées à l’art photographique, comme les Sudre ou le studio Ely à Aix, les Detaille à Mar- seille. Leur galerie présente une sélection de clichés historiques : trois générations héritières de Nadar et plus d’un siècle de photographie à Marseille, en Provence et en des contrées plus lointaines. En 1902, recommandé par le studio suisse Bois- sonnas, Fernand Detaille prend la succession de l’atelier Nadar avec la bénédiction de ce dernier. La Canebière se nommait alors rue Noailles. Après plusieurs déménagements, le studio Detaille s’est installé dans le quartier Périer pour ouvrir une galerie dédiée à la photographie dans la tradition de ses prestigieux ancêtres (voir Zib’35). Plus d’une trentaine de clichés dont plu- sieurs vintage balisent cette saga familiale que l’on retrouve dans le détail dans le livre intitulé sobrement Detaille (voir p.68). Malgré le temps passé et la pointe de nostalgie qui l’enveloppe, l’exposition retrace en fait souvent l’histoire de modernités, par le truchement de techniques novatrices (l’avènement de la photographie au 19 e , l’acétate, le procédé panoramique Linhof, le numérique aujourd’hui, la digigraphie utilisée pour la majorité de ces tirages après numé- risation des plaques de verre par Hélène Detaille), de certains sujets (le Pont Transbordeur par Albert) ou bien par une approche plus plastique (les graphismes architecturaux de Gérard). L’exposition s’ouvre par un superbe et très pic- tural tirage d’époque daté de 1899, La Bande des cinq, par Fernand, dans lequel figurent les portraits de deux protagonistes de l’image moderne, Nadar et Auguste Lumière. C.L. Générations jusqu’au 28 janv Galerie Detaille, Marseille 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com GALERIE DETAILLE | TROCADE © Albert Detaille, lecture du journal au soleil, escaliers du Palais Longchamp, vers 1930 © Gerard Detaille, tour de l'armateur, CMA-CGM, architecte Zaha Hadid, Marseille 2008 Un des intérêts de MarseilleProvence2013 est d’avoir suscité, par delà la grande aspiration européenne, des propositions plus locales. Parmi les dernières initiatives, la Trocade, née du rapprochement des associations Mouvart et Marseille2013Off, se positionne comme une alternative aux principes imposés par le diktat du marché de l’art. Trocade propose d’acquérir une œuvre d’art contemporain en échange de tout sauf de l’argent. Suite à un appel à contribution auprès des artistes de Marseille et de la région, toutes expressions confondues, une sélection d’une centaine d’œuvres (sur près de deux cents reçues) sera présentée fin novembre. Durant ces trois jours d’exposition la visite est libre. Si une œuvre vous intéresse, communiquez votre propo- sition de troc et vos coordonnées via un feuillet autocollant que vous apposez sur le mur à côté de l’élue (un bloc de feuilles en échange de 5euros). À l’issue de l’expo, si votre offre lui convient, l’artiste vous contacte pour faire affaire directement avec vous. Échange non fossé Je troque une œuvre contre… une des miennes, un objet, un service… En face de la valeur imma- térielle que j’attribue de moi-même à une œuvre d’art (elle me plait !) que puis-je offrir en équiva- lence ? Ce troc modifie-t-il la nature de ma relation à cette œuvre et plus généralement à toute œuvre d’art ? Cette peinture prend-elle un sens identique selon que je l’échange contre mon scooter, un voyage, la réfection design d’un salon ou le récital de mes propres chansons ? Cela limite-t-il la spéculation, suscite-t-il d’autres liens que l’acte monnayé ? Un exemple : contre quoi pourrai-je échanger un Traquandi ? (Gérard Tra- quandi, parrain de l’évènement et artiste reconnu sur le marché de l’art, déclare rouler lui-même dans une voiture troquée). Alors artistes et collectionneurs de toutes obé- diences trinquons à la Trocade ! C.L. Trocade les 24, 25, 26 nov 28 rue de la République, Marseille 2 e www.trocade.fr Troquons (ceci n’est pas une insulte) Comment débuter une collection d’art contemporain sans débourser un radis ? La Trocade peut vous y aider. Sur le mode du troc, une proposition alternative de Mouvart et Marseille2013Off Gerard Traquandi © Malika Mokadem

Trocade dans Zibeline

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Zibeline n°46

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Page 1: Trocade dans Zibeline

ARTS VISUELS 63

Affaire de familleRares sont aujourd’hui les lignées familialesconsacrées à l’art photographique, comme lesSudre ou le studio Ely à Aix, les Detaille à Mar-seille. Leur galerie présente une sélection declichés historiques : trois générations héritièresde Nadar et plus d’un siècle de photographie àMarseille, en Provence et en des contrées pluslointaines.En 1902, recommandé par le studio suisse Bois-sonnas, Fernand Detaille prend la succession del’atelier Nadar avec la bénédiction de ce dernier.La Canebière se nommait alors rue Noailles.Après plusieurs déménagements, le studioDetaille s’est installé dans le quartier Périer pourouvrir une galerie dédiée à la photographie dansla tradition de ses prestigieux ancêtres (voirZib’35). Plus d’une trentaine de clichés dont plu-sieurs vintage balisent cette saga familiale quel’on retrouve dans le détail dans le livre intitulésobrement Detaille (voir p.68). Malgré le tempspassé et la pointe de nostalgie qui l’enveloppe,l’exposition retrace en fait souvent l’histoire demodernités, par le truchement de techniquesnovatrices (l’avènement de la photographie au19e, l’acétate, le procédé panoramique Linhof, lenumérique aujourd’hui, la digigraphie utilisée

pour la majorité de ces tirages après numé-risation des plaques de verre par Hélène Detaille),de certains sujets (le Pont Transbordeur parAlbert) ou bien par une approche plus plastique(les graphismes architecturaux de Gérard).L’exposition s’ouvre par un superbe et très pic-tural tirage d’époque daté de 1899, La Bande descinq, par Fernand, dans lequel figurent lesportraits de deux protagonistes de l’imagemoderne, Nadar et Auguste Lumière. C.L.

Générationsjusqu’au 28 janvGalerie Detaille, Marseille04 91 53 43 46www.galeriedetaille.com

GALERIE DETAILLE | TROCADE

© Albert Detaille, lecture du journal au soleil, escaliers du Palais Longchamp, vers 1930

© Ge�rard Detaille, tour de l'armateur, CMA-CGM, architecte Zaha Hadid, Marseille 2008

Un des intérêts de MarseilleProvence2013 estd’avoir suscité, par delà la grande aspirationeuropéenne, des propositions plus locales. Parmi

les dernières initiatives, la Trocade, née durapprochement des associations Mouvart etMarseille2013Off,  se positionne comme unealternative aux principes imposés par le diktat dumarché de l’art. Trocade propose d’acquérir uneœuvre d’art contemporain en échange de toutsauf de l’argent. Suite à un appel à contributionauprès des artistes de Marseille et de la région,toutes expressions confondues, une sélectiond’une centaine d’œuvres (sur près de deux cents

reçues) sera présentée fin novembre. Durant cestrois jours d’exposition la visite est libre. Si uneœuvre vous intéresse, communiquez votre propo-sition de troc et vos coordonnées via un feuilletautocollant que vous apposez sur le mur à côtéde l’élue (un bloc de feuilles en échange de5euros). À l’issue de l’expo, si votre offre luiconvient, l’artiste vous contacte pour faire affairedirectement avec vous.

Échange non fosséJe troque une œuvre contre… une des miennes,un objet, un service… En face de la valeur imma-térielle que j’attribue de moi-même à une œuvred’art (elle me plait !) que puis-je offrir en équiva-lence  ? Ce troc modifie-t-il la nature de marelation à cette œuvre et plus généralement àtoute œuvre d’art ? Cette peinture prend-elle unsens identique selon que je l’échange contre monscooter, un voyage, la réfection design d’un salonou le récital de mes propres chansons ? Celalimite-t-il la spéculation, suscite-t-il d’autres liensque l’acte monnayé ? Un exemple : contre quoipourrai-je échanger un Traquandi ? (Gérard Tra-quandi, parrain de l’évènement et artiste reconnusur le marché de l’art, déclare rouler lui-mêmedans une voiture troquée). Alors artistes et collectionneurs de toutes obé-diences trinquons à la Trocade !C.L.

Trocadeles 24, 25, 26 nov28 rue de la République, Marseille 2e

www.trocade.fr

Troquons(ceci n’est pas une insulte)Comment débuter une collectiond’art contemporain sans débourserun radis ? La Trocade peut vous y aider. Sur le mode du troc, une proposition alternative deMouvart et Marseille2013Off

Ge�rard Traquandi ©

Malika M

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