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Sneyders de Vogel. 266 Trois plaisantesfautes. TROIS PLAISANTES FAUTES. Dans l'oeuvre encyelop~dique qu'est le Renart le Contrefait on trouve aussi insgrge une histoire de Jules C~sar, assez fantaisiste d'ailleurs, dans laquelie je voudrais relever quelques passages curieux. Nous lisons darts Su6tone que C6sar, jeune et portant encore la robe pr6texfe, fur fianc~ /~ Cossutia, qui n'6tait que d'une famille ~questre; mais que, d~sign~ pour ~tre flamen dialis, il rabandonna pour ~pouser Corn61ie, lille de Cinna (Flamen dialis destinatus, dimissa Cossutia, quae familia equestri sed admodum dives praetextato desponsata fuerat, Corneliam Cinnae quater consulis filiam duxit uxorem). Le texte fran~ais nous raconte cette histoire de la faqon suivante: Et lors lui fu femme donn~e Qui de chevalier estoit n~e: 20525 Cossucia avoit en nom; Belle estoit et de grant renom. Celle contraire avoit est6 A ung des grans de la cit6; Avant que Julius le prist 20530 Et que ses nopces en feyst, Ottroy~e fur et donn~e A ung des grans de la contr6e. Ce Ronmain fur de grant renon: Putecratus avoit a nora. 20535 Et Julis ot la renomm6e Qu'a cestui ot est6 donn6e, Si se tint a monlt esbahy; Pour ce se dessevra de ly. Prinst une aultre qu'ot nora Cornille. Changeons contraire au v. 20527 en contraite. L'auteur fran~ais nous raeonte doric que Cossutia avait d'abord 6td promise h un noble Romain Putecratus, et qu'h cause de cela C6sar I'a quitt6e. O~ a-t-ii pris ce d6tail que les historiens latins ignorent? M. Lemaitre, l'6diteur du Renart le Contrefait, croit que Putecratus n'est autre que le fameux tribun Publius Clodius, qui ~ la v~rit6 a 6t~ l'amant non de Cossutia, mais de Pompeia, la seconde femme de C6sar. Mais il n'en est rien. L'auteur se base ici, comme ailleurs, sur les Faits des Romains, ofa nous iisons: ,,Sa premiere fame ot non Cossucia, qui de chevaliers estoit e mout riche. Cele avoit est~ fianciee d'un noble RomaJn qui ot non Pretextatus, ainz que Juilles l'espousast. Ceste lessa juilles Cesar e prist une autre, la fille Cynne, qui avoit est6 consele quatre foiz; cele fu apelee Cornille". (Rome, Vat. Reg. 893, f. 1 v.). Nous voyons que Putecratus se prdsente ici sous la forme de Pretextatus, personnage qui doit son existence au texte de Su6tone praetextato (so. Caesari) desponsata fnerat, que notre auteur n'a pas compris. Un pen plus loin, aux v. 20629 et suiv., l'auteur du Renart le Contre]ait nous raconte que le sage Marcus Tulius, en adressant un beau discours C6sar, l'envoya ,,en la terre d'Aise" ,,ez partiez de Bethanye". On se demande

Trois plaisantes fautes

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Sneyders de Vogel. 266 Trois plaisantes fautes.

TROIS PLAISANTES FAUTES.

Dans l'oeuvre encyelop~dique qu'est le Renart le Contrefait on trouve aussi insgrge une histoire de Jules C~sar, assez fantaisiste d'ailleurs, dans laquelie je voudrais relever quelques passages curieux.

Nous lisons darts Su6tone que C6sar, jeune et portant encore la robe pr6texfe, fur fianc~ /~ Cossutia, qui n'6tait que d'une famille ~questre; mais que, d~sign~ pour ~tre flamen dialis, il rabandonna pour ~pouser Corn61ie, lille de Cinna (Flamen dialis destinatus, dimissa Cossutia, quae familia equestri sed admodum dives praetextato desponsata fuerat, Corneliam Cinnae quater consulis filiam duxit uxorem). Le texte fran~ais nous raconte cette histoire de la faqon suivante:

Et lors lui fu femme donn~e Qui de chevalier estoit n~e:

20525 Cossucia avoit en nom; Belle estoit et de grant renom. Celle contraire avoit est6 A ung des grans de la cit6; Avant que Julius le prist

20530 Et que ses nopces en feyst, Ottroy~e fur et donn~e A ung des grans de la contr6e. Ce Ronmain fur de grant renon: Putecratus avoit a nora.

20535 Et Julis ot la renomm6e Qu'a cestui ot est6 donn6e, Si se tint a monlt esbahy; Pour ce se dessevra de ly. Prinst une aultre qu'ot nora Cornille.

Changeons contraire au v. 20527 en contraite. L'auteur fran~ais nous raeonte doric que Cossutia avait d'abord 6td promise h un noble Romain Putecratus, et qu'h cause de cela C6sar I'a quitt6e. O~ a-t-ii pris ce d6tail que les historiens latins ignorent? M. Lemaitre, l'6diteur du Renart le Contrefait, croit que Putecratus n'est autre que le fameux tribun Publius Clodius, qui ~ la v~rit6 a 6t~ l 'amant non de Cossutia, mais de Pompeia, la seconde femme de C6sar.

Mais il n'en est rien. L'auteur se base ici, comme ailleurs, sur les Faits des Romains, ofa nous iisons: ,,Sa premiere fame ot non Cossucia, qui de chevaliers estoit e mout riche. Cele avoit est~ fianciee d'un noble RomaJn qui ot non Pretextatus, ainz que Juilles l'espousast. Ceste lessa juilles Cesar e prist une autre, la fille Cynne, qui avoit est6 consele quatre foiz; cele fu apelee Cornille". (Rome, Vat. Reg. 893, f. 1 v.).

Nous voyons que Putecratus se prdsente ici sous la forme de Pretextatus, personnage qui doit son existence au texte de Su6tone praetextato (so. Caesari) desponsata fnerat, que notre auteur n'a pas compris.

Un pen plus loin, aux v. 20629 et suiv., l'auteur du Renart le Contre]ait nous raconte que le sage Marcus Tulius, en adressant un beau discours C6sar, l'envoya ,,en la terre d'Aise" ,,ez partiez de Bethanye". On se demande

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ce que Cic6ron vient faire ici et pourquoi C6sar doit aller darts la paisible B6thanie en Jud6e, L'explication de ces d6tails se trouve encore dans les Fairs des Romains: ,,Li premier ost ou Cesar ala furent en la terre de Ayse en cele pattie qui est apelee Bythinia . . . . La l'envoia Marcus Thermus uns prevoz de Rome" (Rome, Vat. Reg. 893, f. 2 v.); ces mots sont la tra- duction de Su6tone, chap. 2: Stipendia prima in Asia fecit Marci Thermi praetoris contubernio, a quo ad accersendam classem in Bithyniam missus . . . . ; d ans la traduction italienne ce Thermus est devenu Marco Trinio, forme qui remonte peut-~tre h la leqon Terinus, qu'on trouve par exemple dans le ms. 23083 de la Bibl. Nationale de Paris et le ms. 10168 de la Bibl. Royale de Bruxelles.

Les Fairs des Romains nous racontent ensuite que C6sar avait 6t6 envoy6 en Bithynie afin d' y rassemhler une flotte pour d6truire Mytil~ne, ,,ce est uns isles ou l anes Sent Pol brisa quant Festus, li procurerres de la terre d'outre met l'envoioit 1i6 a Rome a Noiron". La confusion entre Mytil~ne et Melita, l'ile de Malte, o~ saint Paul a fair naufrage ~), se retrouve naturel- lement darts notre Renart, qui en outre fair de Festus un ,,procureur de la mer"l

Et voil~ comment on 6crit l'histoire . . . . au moyen hge.

6roningen. K. SN~YDERS DZ VOGEL.

RABELAIS, P A N T A G R U E L , CHAP. VII.

Hier volgen eenige aanteekeningen bij een paar titels uit het lange ,,repertoyre", dat een parodie is op den catalogus der boekerij van St. Victor, dien Savigny in 1805 hog gezien heeft (Oeschichte des R~m. Rechts, V, 59).

I. De calcaribus removendis. Dit is een der uitvallen tegen de glossatoren van de Pandecten, op wie Rabelais zeer gebeten was blijkens chap. V, waar hi] Accursius, den schrijver van de Glossa ordinaria (van ~k 1227) noemt. Hier heeft hij 't gemunt op M. Albericus de Rosata (of Rosciate) bij Bergamo. Deze was een erkend groot practicus (zie Savigny, VI, 129) en zal er wel slag van hebben gehad de sporen, d.i. strijdmiddelen, bij de tegenpartij weg te nemen en de processen te winnen. De titei is dus heel passend en ,,plaisamment forg6". Vgl. bij Erasmus, Adagia (Chil. 2, cent. 2 no. 7), waardoor wij herinnerd worclen aan Aristophanes' ~Ipe =),~• e[ ~z~Xe~ (Vogels, vs. 759) d.i . neem een hanespoor als ge vechten wilt.

II. De batis]oltis principium, leer der goudblaadjes, d. i. goudmakerij. Vgl. Spa. bati]ulla = batidor de oro, goudslager.

Ill. Le Iaguenat des Hespaignolz, supercoquelicantiqud par Frai lnigo. Hier is Rabelais recht op dreef, meet dan ooit denken we aan Erasmus, of aan Marnix, die half Franschman was en aan een hog lateren geestver- want Swift.

M.i. moet de vertaling luiden: De zweetlucht der Spanjaarden, luid bezongen door broeder lfiigo, d. w. z. de arbeidzaamheid der Spanjaarden, overdreven verheerlijkt door een pretmakenden doeniet.

1) Acres des Ap6tres, XXVIll, I.