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1 Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale Objectif : comprendre l’évolution des relations que les différentes sociétés entretiennent entre elles et les enjeux économiques et sociaux de ces relations. Sous-partie 1 : L’internationalisation des échanges et les effets de la mondialisation : Objectif : comprendre les grandes évolutions du commerce international et leur effet en retour sur les institutions économiques et sociales. On va dans un premier temps chercher à comprendre comment fonctionne le commerce international (sans parler vraiment des marchés financiers) et voir les conséquences que le commerce international a sur les Etats. Chapitre 10 – Mondialisation des économies et internationalisation des entreprises : Objectif : comprendre le fonctionnement du commerce international On va maintenant voir ce qu’est la mondialisation, ce gros truc dont on nous parle constamment dans les journaux sans vraiment le définir. Tout le problème est de bien comprendre ce que c’est. I. Qu’est-ce que la mondialisation ? On va commencer par définir simplement ce qu’est la mondialisation. La mondialisation désigne l’extension des marchés à l’échelle de la planète. Dans une économie mondialisée, chaque pays dispose d’un marché intérieur qui est plus ou moins ouvert sur un marché extérieur. A. Les faits importants de l’histoire de la mondialisation : On va commencer en retraçant rapidement l’histoire de la mondialisation. Pour ce faire, on a besoin de quelques repères. 1. Comment observer le commerce international ? On va devoir rapidement reposer les outils pour observer la mondialisation et plus spécifiquement le commerce international. Pour observer la mondialisation, on doit alors s’intéresser aux échanges marchands à l’échelle de la planète : on pourra s’intéresser aux marchés de biens et de services (ce qu’on appelle le commerce international ), aux marchés de capitaux (marchés monétaires + marchés financiers + marchés dérivés ; ce qu’on appelle la finance internationale ) et aux marchés du travail. Attention, dans ce cours, on ne traitera en profondeur que du commerce international. Le principal outil dont on dispose est la balance des paiements. Document 1 de la FD. La balance des paiements est une présentation comptable des échanges de richesses entre un pays et ses partenaires extérieurs. Par construction comptable, la balance des paiements est toujours équilibrée. C’est quelque chose de logique puisque l’on note l’entrée d’argent lorsqu’on exporte un bien ou un service, et inversement. Ce sont les comptes intermédiaires qui permettant d’analyser la situation d’un pays par rapport à l’étranger. Lesquels nous intéressent ? Mettons-les en gras. Document 1 – Présentation de la structure de la balance des paiements. 1. Compte des transactions courantes ----------------------------------------------- 1.1. Biens et services 1.1.1. Biens ----------------------------- Agriculture-sylviculture-pêche + ---- ---- - ---- ---- Soldes --------------- --------------- Soldes ------------------ Soldes ------------------

Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Page 1: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale Objectif : comprendre l’évolution des relations que les différentes sociétés entretiennent entre elles et les enjeux économiques et sociaux de ces relations.

Sous-partie 1 : L’internationalisation des échanges et les effets de la mondialisation : Objectif : comprendre les grandes évolutions du commerce international et leur effet en retour sur les institutions économiques et sociales. On va dans un premier temps chercher à comprendre comment fonctionne le commerce international (sans parler vraiment des marchés financiers) et voir les conséquences que le commerce international a sur les Etats.

Chapitre 10 – Mondialisation des économies et internationalisation des entreprises : Objectif : comprendre le fonctionnement du commerce international On va maintenant voir ce qu’est la mondialisation, ce gros truc dont on nous parle constamment dans les journaux sans vraiment le définir. Tout le problème est de bien comprendre ce que c’est.

I. Qu’est-ce que la mondialisation ? On va commencer par définir simplement ce qu’est la mondialisation. La mondialisation désigne l’extension des marchés à l’échelle de la planète. Dans une économie mondialisée, chaque pays dispose d’un marché intérieur qui est plus ou moins ouvert sur un marché extérieur.

A. Les faits importants de l’histoire de la mondialisation : On va commencer en retraçant rapidement l’histoire de la mondialisation. Pour ce faire, on a besoin de quelques repères.

1. Comment observer le commerce international ? On va devoir rapidement reposer les outils pour observer la mondialisation et plus spécifiquement le commerce international. Pour observer la mondialisation, on doit alors s’intéresser aux échanges marchands à l’échelle de la planète : on pourra s’intéresser aux marchés de biens et de services (ce qu’on appelle le commerce international), aux marchés de capitaux (marchés monétaires + marchés financiers + marchés dérivés ; ce qu’on appelle la finance internationale) et aux marchés du travail. Attention, dans ce cours, on ne traitera en profondeur que du commerce international. Le principal outil dont on dispose est la balance des paiements. Document 1 de la FD. La balance des paiements est une présentation comptable des échanges de richesses entre un pays et ses partenaires extérieurs. Par construction comptable, la balance des paiements est toujours équilibrée. C’est quelque chose de logique puisque l’on note l’entrée d’argent lorsqu’on exporte un bien ou un service, et inversement. Ce sont les comptes intermédiaires qui permettant d’analyser la situation d’un pays par rapport à l’étranger. Lesquels nous intéressent ? Mettons-les en gras.

Document 1 – Présentation de la structure de la balance des paiements.

1. Compte des transactions courantes ----------------------------------------------- 1.1. Biens et services 1.1.1. Biens ----------------------------- Agriculture-sylviculture-pêche

+ ---- ----

- ---- ----

Soldes --------------- ---------------

Soldes ------------------

Soldes ------------------

Page 2: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Les plus intéressants sont :

- 1.1.1. Le solde de la balance commerciale. C’est la différence entre les exportations et les importations de biens.

- 1.1.2. Le solde la balance des services. C’est la différence entre les exportations et les importations de services.

- 3.1. Le solde de la balance des investissements directs. C’est la différence entre les IDE réalisés à l’étranger par la France et les IDE réalisés par des étrangers en France.

Quand un solde est excédentaire, cela signifie qu’il y a eu plus d’entrées de richesses que de sorties de richesses. Exemple : excédent de la balance commerciale : il y a eu plus d’exportations de biens que d’importations. Quand un solde est déficitaire, cela signifie qu’il y a eu plus de sorties de richesses que d’entrées de richesses. Exemple : déficit de la balance des IDE : il y eu plus d’IDE français faits à l’étranger que d’IDE étrangers faits en France.

2. Quand commence la mondialisation moderne ? Alors, avant de partir en sucette, on va juste prendre un peu de recul historique pour éviter de raconter tout et n’importe quoi. Document 2 de la FD.

Industrie agro-alimentaire Biens de consommation Automobile Biens d'équipement Biens intermédiaires Energie... 1.1.2. Services--------------------------- Tourisme Transport Services financiers Services d'assurance Services de construction Services de communication Services d'informatique et d'information Négoce international... ------------------------------------------------1.2. Revenus Rémunérations des salariés Revenus d'investissements ------------------------------------------------ 1.3 Transferts courants Secteur des administrations publiques Autres secteurs (dont : envois de fonds des travailleurs) ------------------------------------------------

E X P O R T A T I O N S

---- P E R C U

(E) S

----

I

M P O R T A T I O N S

---- V E R S É

(E) S

----

Solde de la

balance

commerciale

---------------

Solde de la

balance

des services

--------------- Solde de la

balance des revenus ---------------

Solde de la balance des

transferts courants

---------------

SOLDE

DE LA

BALANCE

DES

TRANSAC-

TIONS

COURANTES

------------------ 2. Compte de capital (Achat/vente de brevets//Aides à l’investissement) -----------------------------------------2.1 Transferts en capital -----------------------------------------2.2 Acquisitions d’actifs non financiers ------------------------------------------------

--------------- Solde du compte

de capital

---------------

SOLDE DE LA

BALANCE DES

TRANSACTIONS

COURANTES

ET DU COMPTE

DE CAPITAL

=

CAPACITE OU

BESOIN DE

FINANCEMENT

DE LA NATION

------------------ 3. Compte financier (Investissement/Achat d’actions//Achat de réserves) -----------------------------------------------3.1 Investissements directs Français à l’Etranger Etrangers en France -----------------------------------------------3.2 Investissements de portefeuille -----------------------------------------------3.3 Autres investissements -----------------------------------------------3.4 Avoirs de réserve --------------------------------------------------------------------------------------

----

P E R C U

(E) S

----

----

V E R S É

(E) S

---

--------------- Solde de la balance des investissements

directs ---------------

-------------

--------------- Solde des flux financiers hors

avoirs de réserve

--------------- Variation des

avoirs de réserve bruts -------------

--------------- POSITION

EXTERIEURE =

VARIATION DU PATRIMOINE FINANCIER

VIS-A-VIS DU RESTE DU MONDE ------------

Page 3: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

3

Document 2 – Un peu d’histoire : « Le grand tournant de l’internationalisation des économies en ce qui concerne les flux commerciaux ne date pas du milieu du XXème siècle mais du milieu du XIXème siècle. On estime que le commerce mondial a augmenté de :

- 135% entre 1800 et 1840 - a été multiplié par 4 entre 1840 et 1870 - a été multiplié par 2 entre 1870 et 1900 - a augmenté encore de 50% entre 1900 et 1913

« La principale source de telles augmentations fut la diminution des coûts de transport grâce au développement du chemin de fer et de l’amélioration des moyens de transport maritimes. […]

« Le monde a ensuite connu une période de fort ralentissement du commerce international suite à la Grande Dépression de 1929. Les pays ont alors tenté de soutenir leur production nationale et de réduire le chômage en produisant à domicile ce qu’ils importaient auparavant en érigeant des barrières commerciales importantes. Tous les pays développés adoptèrent cette stratégie commerciale (dite d’appauvrissement du voisin) qui entraîna une spirale à la baisse des échanges commerciaux et accéléra encore la chute de la production. […].

« La période de l’après-guerre fut à l’inverse marquée par une croissance du PIB mondial exceptionnelle accompagnée d’une augmentation des échanges encore plus spectaculaire. […] Ces évolutions sur longue période amènent certains économistes à considérer que le niveau actuel d’ouverture commerciale n’est qu’un retour à un niveau qu’elle avait déjà atteint au début du XXème siècle ».

T. Mayer & J-L. Mucchielli, Economie internationale, 2005

A. Maddison, L’économie mondiale, une perspective millénaire, 2001

� Quand commence la mondialisation ? A tout prendre, on dit qu’il y a un tournant au milieu du XIXème siècle. Les échanges internationaux de marchandises commencent à augmenter fortement aux alentours des années 1830. � Petit rappel du TD1 ? Quand commence la Révolution Industrielle et la croissance forte de la croissance mondiale ? Au milieu du XIXème siècle également, plus proche de 1820 selon Maddison. Cette augmentation accompagne celle du PIB dont le premier rythme important de croissance a lieu à partir de 1820 selon Maddison. � Est-ce que la croissance du CI se voit bien dans les chiffres qu’on a dans le graphique ? Oui, clairement tous les pays augmentent leurs exportations (sauf Amérique Latine) de 1970 à 1913.

� Y a-t-il une rupture particulière ? C’est après la Première Guerre Mondiale et surtout après le Crash de 1929 que cela va diminuer. Cette croissance du PIB et des échanges internationaux va prendre fin avec le Crash de 1929.

� Quelle date devons-nous attendre pour un retour à la situation passée ? Ce n’est qu’à partir des années 1970 que le monde retrouve l’importance du commerce international qu’il avait en 1913. Confirmer avec le transparent sur les Etats-Unis d'Amérique.

3. Les évolutions importantes du commerce international depuis la Seconde Guerre Mondiale :

On peut cela dit maintenant préciser les choses pour la période post-Seconde Guerre Mondiale. Que s’est-il passé dans le détail ? Prenons maintenant différents documents pour bien voir les choses.

Page 4: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

4

a. Quelle quantité de produits ? Le volume des échanges internationaux : Document 1 page 240. Partir du questionnement sur le côté, 2, 3, 4, demander à un élève de le prouver à chaque fois. Leur demander de prendre en prise de notes les preuves. On observe une corrélation positive entre la croissance économique et la croissance des échanges mondiaux. De 1950 à aujourd’hui, les taux de croissance du PIB mondial et des échanges mondiaux vont dans le même sens. De plus, les accélérations et ralentissements de ces deux variables sont simultanés sauf sur la période 1996-2000. Entre 1950 et 1990, les périodes de forte croissance économique s’accompagnent d’une croissance des échanges internationaux environ une fois et demie plus rapide. Depuis le début des années 1990, la croissance des échanges mondiaux acquiert une certaine autonomie par rapport à la croissance de la production mondiale. Entre 1990-1996, la croissance du commerce mondial est quatre fois plus rapide que celle de la production. Cet écart de croissance se réduit pour la fin de la décennie, mais le commerce mondial croît tout de même deux fois plus vite que la production. Document 3 page 240. Même procédure pour idée 5. On assiste à une ouverture croissante des économies, c'est-à-dire que les marchandises circulent de plus en plus d’un pays à l’autre. Depuis 1960, les taux d’exportation des principaux pays industrialisés ont doublé (ou presque doublé au Royaume-Uni et au Japon).

b. Quels produits ? La composition des échanges internationaux : Documents 4 et 5 pages 240 et 241. Même procédure pour idée 6. La structure du commerce mondial de biens par groupes de produits s’est profondément transformée au cours du XXème siècle. Leur demander de noter ces idées-là sous forme d’un graphique à dessiner en même temps au tableau. Au début du siècle, les produits primaires (alimentation + énergie) représentaient presque les deux tiers des exportations mondiales ; les produits manufacturés, un peu plus d’un tiers. En 1963, les produits primaires représentent moins de la moitié des exportations mondiales ; les produits manufacturés plus de la moitié. À la fin du siècle, les produits manufacturés représentent les trois quarts des exportations mondiales et les produits primaires, le quart restant. Document 3 de la FD.

Document 3 – Taux de croissance annuel moyen des exportations de services par région, 1990-2008 :

OMC, Statistiques du commerce international, 2009

Il y a une accélération de la croissance des exportations de services depuis les années 2000. Leur demander d’entourer dans le document 3 ce qui le prouve.

Page 5: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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c. Qui ? Les partenaires principaux des échanges internationaux : Document 4 de la FD.

Document 4 – Les principaux partenaires du commerce international : Exportations mondiales des marchandises (en milliards de dollars et en %) par régions et pour certains pays

OMC, Statistiques du commerce international, 2008

� Quels sont les pays qui dominent dans les échanges internationaux ? On constate que ce sont les pays occidentaux qui sont les principaux partenaires commerciaux dans l’échange de biens et de services avec le rôle prépondérant de l’Europe. Parmi les autres pays du monde, l’Amérique du Nord perd de son influence dans les exportations, surtout les Etats-Unis d'Amérique ; et en Asie, les deux plus importants sont la Chine et le Japon avec le Japon qui cède sa place à la Chine au courant des années 2000. Les pays d’Amérique du Sud et d’Afrique représentent par contre une faible part du commerce international. Attention, cela ne signifie pas que les échanges sont fait n’importe comment entre les pays. Bien au contraire. Document 5 de la FD.

Document 5 – Les flux de commerce international entre et dans les différentes régions du monde :

OMC, Statistiques du commerce international, 2007

On constate que trois grandes zones concentrent la majorité du commerce international : c’est l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie qui représentent à eux trois 54,3% du commerce international en 2006 pour des échanges qui ont seulement lieu entre pays de la même zone. Pourquoi une telle situation ? Document 6 de la FD.

Page 6: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Document 6 – Les accords régionaux structurent le commerce international :

OMC, Statistiques du commerce international, 2008

Ceci s’explique par l’existence d’accords de commerce qui incitent aux échanges localisés dans une zone. C’est le cas de l’Union Européenne dont les pays réalisent 68% des échanges avec d’autres pays de l’Union Européenne en 2007.

B. Pourquoi faire du CI ? Le débat théorique entre libre-échange et protectionnisme : Cela dit, pourquoi les pays échangent-ils des produits entre eux ? Ne serait-il pas plus simple de produire tout à la maison ? Quel est l’intérêt pour un pays de s’ouvrir au CI ? Et dans quelle mesure doit-il s’ouvrir ? Attention, sur cette question, il y a deux grandes positions possibles : celle du libre-échange et celle du protectionnisme. Mais ces deux positions sont dans un continuum :

On va essayer de voir ce qui peut se passer quand un pays ouvre totalement ses frontières aux biens et services produits à l’étranger puis montrer pour quelles raisons les pays limitent l’ouverture par le protectionnisme.

1. Les effets positifs du libre-échange sur la croissance économique : Pourquoi les pays peuvent-ils décider de pratiquer le libre-échange, c'est-à-dire l’ouverture totale des frontières aux échanges internationaux.

a. Les avantages de l’ouverture commerciale : Qu’est-ce qui incite un pays à ouvrir ses frontières aux échanges internationaux ? On va essayer de distinguer un petit peu les cas. Les économistes ont formulé deux grandes explications. Document 7 de la FD.

Document 7 – Avantages absolus et avantages comparatifs : « Si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que nous ne sommes en état

de l’établir nous même, il vaut bien mieux que nous la lui achetions avec quelque partie du produit de notre

Page 7: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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industrie, employée dans le genre dans lequel nous avons quelque avantage ». Adam Smith, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776.

« Supposons deux ouvriers sachant l’un et l’autre faire des souliers et des chapeaux : l’un d’eux peut exceller dans les deux métiers ; mais, en faisant des chapeaux, il ne l’emporte sur son rival (…) que de 20 %, tandis qu’en travaillant à des souliers, il a sur lui l’avantage (…) de 33 %. Ne serait-il pas de l’intérêt des deux que l’ouvrier le plus habile se livrât exclusivement à l’état de cordonnier, et le moins adroit à celui de chapelier ? ».

David Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817 On va voir à partir de ces deux citations les deux configurations. Cf. TD12 pour un approfondissement. Lisons la première citation.

� Que nous dit assez simplement Smith ? Que certains pays produisent mieux que d’autres. Et que chacun a intérêt à consommer les biens et services produits par ceux qui sont les meilleurs. • Selon Adam Smith, les pays peuvent avoir des avantages absolus à l’échange : si on

compare deux pays entre eux pour la production d’une seule marchandise, on constate que chaque pays peut être plus productif que l’autre pays dans la production d’une marchandise différente.

� Quelqu'un peut-il me donner un exemple ? Le Brésil est plus productif dans la production de café que la France. La France est plus productive que le Brésil dans la production d’automobiles. Il est dans l’intérêt de la France d’acheter du café brésilien et dans l’intérêt du Brésil d’acheter des automobiles françaises. Par exemple, le Brésil est plus productif que la France dans la production de café. La France est plus productive que le Brésil dans la production de voitures. Si les deux pays échangent leurs marchandises, chacun pourra donc payer moins cher les produits consommés. � Et alors, quelle conséquence cela va-t-il avoir à plus long terme ? Par conséquent, chaque pays aura intérêt à se spécialiser. En se spécialisant dans les productions pour lesquelles le pays est le productif, chaque pays utilise plus efficacement ses facteurs de production. Avec cette production supplémentaire, chaque pays dispose de plus de richesses échangeables avec les pays étrangers, ce qui rend intéressant l’ouverture. C’est ce phénomène de spécialisation qui accompagne l’ouverture qu’on appelle la division internationale du travail. Petite preuve de cela :

Document 8 – Une preuve indirecte de la spécialisation internationale : « Dans la lignée des travaux de Bernard et Jensen publiés en 1995 pour les États-unis, des chercheurs de

plusieurs pays ont examiné les différences entre les entreprises exportatrices et celles qui ne le sont pas, au regard de plusieurs critères de performance. S’agissant de la productivité, le principal message émanant de dix années de recherche microéconométrique est le suivant : la productivité des entreprises exportatrices est plus élevée que celle des entreprises qui ne le sont pas ».

Pisu, « Exportations et productivité », Document de travail de la Banque Nationale de Belgique, 2008 Problème : pourquoi un pays qui est moins productif que l’étranger dans tous les domaines peut-il malgré tout avoir intérêt à faire du commerce international ? Prenons la deuxième citation du document 7. Qu’est-ce que l’on constate ? • Selon David Ricardo, les pays ont toujours des avantages comparatifs à l’échange : si

on compare d’abord à l’intérieur du pays les différentes productivités par secteur, on constate qu’un pays a toujours un secteur dans lequel la productivité est supérieure à celle des autres. Il peut donc se spécialiser dans ce secteur pour

Page 8: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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augmenter sa production totale et disposer de plus de richesses pour échanger avec l’étranger, ce qui rend intéressant l’ouverture internationale.

Prenons un exemple. Document 9 – Les avantages comparatifs de la Russie au milieu des années 2000 :

« Dans ses grandes lignes, la structure du commerce extérieur russe s’aligne sur celle héritée de l’Union soviétique. Néanmoins, la polarisation des exportations sur les matières premières semble s’accentuer. […] Ses positions les plus fortes sont concentrées dans les produits primaires. Ce sont les secteurs du ‘nickel’, du ‘gaz naturel et du gaz manufacturé’, des ‘autres bois bruts ou simplement équarris’, des ‘lingots et formes primaires en fer ou en acier’, des ‘engrais manufacturés’, des ‘engrais bruts’, de l’‘aluminium’, des ‘autres moteurs et machines motrices et parties’, des ‘autres métaux communs non ferreux et cermets’ et des ‘ferrailles, déchets et débris de fonte, de fer ou d’acier’, pour ne citer que la première dizaine. […] Le pétrole vient à la onzième place […].

« [Une telle spécialisation devrait s’expliquer par la théorie des avantages comparatifs]. Les résultats de nos calculs selon la méthode du CEPII montrent encore une fois la spécialisation de la Russie sur les hydrocarbures et les produits primaires. La Russie démontre [ses] avantages comparatifs les plus forts sur les ‘huiles brutes de pétrole ou de minéraux bitumeux’, le ‘gaz naturel et gaz manufacturé’, les ‘produits raffinés du pétrole’, l’‘aluminium’, les ‘lingots et formes primaires en fer ou en acier’, les ‘engrais manufacturés’, les ‘autres bois bruts ou simplement équarris’, le ‘nickel’, le ‘cuivre’ et les ‘larges plats et tôles, en fer ou en acier’. […] La structure des avantages comparatifs correspond à celle des positions par marché, avec un resserrement plus net des avantages sur les hydrocarbures et produits primaires ».

O. Garanina, « Evolution de la spécialisation internationale de la Russie depuis la transition », Document de travail du LEPII-EPIID, 2006

Par exemple, la Russie exporte surtout des biens pour lesquels elle a une forte productivité relative comme le gaz naturel, les engrais manufacturés et les lingots de fer et d’acier. � On peut juste ajouter une chose. Comme tous les pays ont des avantages comparatifs, que risquent de faire les pouvoirs publics ? NB : comme tous les pays ont des avantages comparatifs, même mineurs, il est fréquent que les pouvoirs publics interviennent pour développer les avantages comparatifs et pousser à l’exportation. Exemple : ce sont les politiques économiques qui ont aidé les secteurs de l’industrie automobile et de l’informatique à se développer en Corée du Sud.

b. Les conséquences pour la croissance économique : Quels vont être les avantages du commerce international. On peut résumer assez simplement. Les effets du commerce international sur la croissance économique sont de deux ordres :

- avec l’ouverture des frontières, les consommateurs bénéficient de la diversification des produits. Il y a donc une augmentation du niveau de vie grâce aux nouvelles possibilités de consommation. De plus, comme les entreprises nationales vendent également à l’étranger, elles augmentent leurs possibilités de vente, ce qui incite à augmenter la production (���� croissance).

- avec la spécialisation qui accompagne l’ouverture internationale, les pays réalisent des gains de productivité. Comme on peut produire plus avec autant ou moins de moyens pour produire, il y a une augmentation de la production (���� croissance).

2. Les raisons des politiques protectionnistes :

Pourquoi alors ne pas ouvrir les pays complètement à l’échange international ? Pour quelles raisons doit-on se restreindre ? Le protectionnisme est une décision politique par laquelle on limite plus ou moins fortement l’ouverture du pays au commerce international. Quels arguments conduisent les pays à adopter des mesures protectionnistes ?

Page 9: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Document 10 de la FD. Document 10 – Les arguments en faveur du protectionnisme :

Différents arguments sont évoqués pour expliquer que les pays n’ouvrent que de manière limitée leurs frontières au commerce international : - l’argument de l’industrie naissante : selon Friedrich List dans Système national d’économie politique (1841), il est dans l’intérêt d’un pays de limiter le commerce international des produits fabriqués par un nouveau secteur industriel. En théorie, une industrie naissante ne dispose pas de la meilleure technique de production possible et est donc concurrencée facilement par les industries déjà implantées. L’ouverture au commerce international empêcherait le nouveau secteur de se développer. Il faut donc limiter temporairement l’exposition du nouveau secteur au commerce international afin de permettre la maturation du secteur. C’est ce qu’on appelle le « protectionnisme éducateur ». - l’argument de l’industrie vieillissante : une autre raison au protectionnisme est de défendre les anciennes industries qui ont perdu leur avantage comparatif. Il s’agit pour les pouvoirs publics de défendre les intérêts de tous les acteurs (propriétaires et salariés) des anciennes industries en retirant les secteurs de la concurrence issue du commerce international. - l’argument général des limites à la redistribution : le deuxième argument sur l’industrie vieillissante renvoie à l’idée qu’il y a des gagnants et des perdants à l’ouverture internationale, car on conduit certains secteurs à se reconvertir ou à disparaître lorsqu’ils sont relativement peu productifs. Mettre en place le protectionnisme est un moyen pour éviter les effets redistributifs spécifiques au commerce international. � A faire par jeu de rôles en séparant la classe en deux secteurs avec ouverture au CI. - l’argument des ressources des pouvoirs publics : il peut être dans l’intérêt des pouvoirs publics de mettre en place des mesures protectionnistes car ce sont des sources de revenus pour eux. Ces mesures sont intéressantes pour les pouvoirs publics car elles paraissent indolores aux consommateurs qui ne subissent pas le coût de la mesure directement (paiement d’une taxe) mais indirectement (ils ne bénéficient pas des réductions de prix liées à la spécialisation internationale mais ne s’en rendent pas compte). - l’argument des termes de l’échange : les termes de l’échange désignent le rapport des prix entre les produits exportés et les produits importés. Pour certains auteurs, comme Samir Amin, dans Le développement inégal (1973), le commerce international est une situation défavorable aux pays en voie de développement comme l’Afrique et le Moyen-Orient : en exportant des produits liés aux ressources naturelles et à l’agriculture, et en important des produits manufacturés, ces pays vendent des produits à faible prix contre des produits à prix élevés, ce qui entretient le sous-développement des pays en voie de développement. En ce sens, cet argument est une reformulation de la conception marxienne (Le Capital, 1867) indiquant que le commerce international est un signe de l’exploitation capitaliste.

A partir de : Mayer & Mucchielli, Economie internationale, 2004 Maintenant qu’on a dit cela, se pose une question importante. Comment mettre en place des mesures protectionnistes ? � A votre avis ? Il y a deux manières :

- par les barrières tarifaires : les pouvoirs publics mettent en place des taxes sur les importations pour limiter le commerce international. Document 2 page 240. On constate que les barrières tarifaires sont en forte diminution depuis la Seconde Guerre Mondiale. Alors que les taxes représentaient 40% de la valeur des importations dans les années 1940, elles n’en représentent plus que 4% en 2000 selon le GATT.

- par les barrières non tarifaires : les pouvoirs publics mettent en place des réglementations sur les échanges, sur le produit ou sur son processus de production pour réguler et implicitement limiter le commerce international.

Exemples de règles : • quotas : les pouvoirs publics fixent une limite numérique à l’importation.

Exemple : jusqu’en janvier 2005, les produits textiles arrivant en France et provenant de Chine étaient soumis à des quotas.

• normes sanitaires, normes environnementales, etc. : un produit n’est accepté par les douanes que s’il respecte certaines règles (visant à limiter les effets néfastes pour l’environnement de la composition du produit ou du processus de production). Ces règles sont très nombreuses. Document 11 de la FD.

Page 10: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Document 11 – Les barrières non tarifaires :

OMC, Rapport sur le commerce mondial, 2005

3. Entre libre-échange et protectionnisme : quelle est la régulation du commerce

international ? On constate qu’une économie ouverte peut avoir aussi bien intérêt au libre-échange total qu’au protectionnisme. Problème : quand on pays devient protectionniste, il empêche tous ceux qui veulent du libre-échange de commercer. Comment réguler alors le commerce international ? Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pour éviter que la fermeture des économies des années 1930 ne se reproduise, différentes institutions internationales ont vu le jour.

- pour le commerce : on a crée le GATT, General Agreement on Tariffs and Trade, à partir de 1948. C’est un accord international de commerce, appuyé par une organisation chargée de son respect, visant à conduire les différents pays à négocier leurs tarifs douaniers. En 1995, le GATT est devenu l’OMC, Organisation Mondiale du Commerce, pour inclure dans les négociations le commerce international de services. Le principe principal du GATT et de l’OMC est celui de la « clause de la nation la plus favorisée ». Quelqu'un peut-il l’expliquer à partir du document 1 page 243 ? Lire le document 1 page 243. Il s’agit de faire en sorte que tous les pays bénéficient à chaque fois des meilleures conditions d’importations possibles. C’est ce principe qui explique la baisse des droits de douane depuis la Seconde Guerre Mondiale. Mais ce principe est de nos jours malmené par la multiplication des accords régionaux (comme l’Union Européenne, chapitre 12) et par la multiplication des barrières non tarifaires.

- pour les monnaies internationales : le commerce suppose également un échange de monnaies. Ces monnaies peuvent être différentes. Le prix d’une monnaie étrangère s’appelle le taux de change. Par exemple : fin mars 2010, 1€ s’achète pour 1,36$. A la sortie de la Seconde Guerre Mondiale, pour stabiliser le commerce, les Accords de Bretton Woods ont été signé le 22 juillet 1944 : le système monétaire international décide d’entrer dans un régime de change fixe, c'est-à-dire que les taux de change entre pays restent les mêmes et varient suite à des accords politiques. On invente le FMI pour vérifier que les politiques économiques des différents pays soient compatibles avec cet objectif politique de stabilité des taux de change.

Page 11: Troisième partie : Les enjeux de l’ouverture internationale

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Suite à la multiplication du $ à partir de 1958, les Etats-Unis d'Amérique décident de sortir du système le 15 août 1971. La majorité des pays adoptent à partir de 1973 un régime de change flexible : désormais, les taux de change varient selon les lois de marché, c'est-à-dire selon l’offre et la demande des différentes monnaies.

II. Les choix des entreprises dans les économies mondialisées :

Maintenant, venons-en au concret. Pour le moment, nous avons parlé essentiellement de pays. Nous avons fait comme si c’était des pouvoirs publics qui décidaient sciemment de commercer ou non avec l’étranger. Mais nous ne devons pas oublier que les premiers acteurs du commerce international sont ceux qui commercent, c'est-à-dire essentiellement des entreprises qui font in fine bénéficier les consommateurs de leur position internationale. Comment les entreprises s’inscrivent-elles dans une économie ouverte ?

A. Pourquoi et comment les firmes deviennent-elles internationales ? On va commencer par une question toute bête. Celle des causes et des formes. Qu’est-ce qu’une FMN d’abord ? Demander à un élève de spécialité. Une firme multinationale (ou firme transnationale) est une grande entreprise nationale qui possède ou contrôle plusieurs autres filiales de production dans plusieurs pays. Prenons juste différents exemples. Document 12 de la FD.

Document 12 – Les grandes FMN (non financières) : Classement mondial des FMN selon leur quantité d’actifs à l’étranger (en millions de dollars) :

Classement pour les seuls PVD des FMN selon leur quantité d’actifs à l’étranger (en millions de dollars) :

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1. Les causes de l’internationalisation des firmes : Pour quelles raisons les entreprises cherchent-elles à devenir internationales ? Demandez aux élèves d’aider à faire le rappel. Rappel : une entreprise recherche la compétitivité pour augmenter ses profits et se maintenir dans la concurrence. La compétitivité peut être de deux types :

- compétitivité-prix : désigne la capacité pour une entreprise et plus généralement pour une nation de produire et de vendre plus en réduisant ses coûts de production.

- compétitivité hors-prix : désigne la capacité pour une entreprise et plus généralement pour une nation de produire et de vendre plus en diversifiant les produits et la qualité des produits offerts.

D’où la question : Pourquoi le fait d’être international aide à la compétitivité d’une entreprise ? Document 2 page 264.

- la FMN augmente sa compétitivité-prix par l’implantation dans plusieurs pays : o réduction des coûts de transport (dont les douanes) pour l’achat des

matières premières et pour la livraison des produits finis o réduction des coûts salariaux et des coûts du capital fixe en décomposant

la production en différents lieux selon les caractéristiques des pays. Attention, cela ne veut pas dire qu’on cherche toujours les salaires les plus bas ; les FMN embauchent dans les pays à hauts salaires si la productivité des salariés est importante. Recherche du meilleur rapport qualité/prix.

- la FMN augmente sa compétitivité hors-prix par l’implantation dans plusieurs pays :

o capacité plus grande d’adapter ses produits à la demande locale Leur montrer le transparent sur l’implantation du groupe Renault en 2009. Par exemple : Renault est implanté dans différents pays :

- il y a des centres de design dans chaque zone géographique (compétitivité hors-prix)

- les centres de design et d’ingénierie sont de préférence dans des grandes villes (compétitivité-prix : main d’œuvre qualifiée abondante donc moins coûteuse)

- il y a des centres de montage et de logistique dans chaque zone géographique (compétitivité-prix : réduction des coûts de transport ; compétitivité hors-prix : implantation sur les marchés locaux)

2. Les formes contemporaines de l’internationalisation : Cela dit, comment se traduit concrètement l’organisation des firmes multinationales ? Comment les entreprises font-elles pour devenir internationales ? Il y a deux grands moyens :

- en devenant propriétaire par l’investissement direct à l’étranger : une entreprise crée à l’étranger ou y achète un nouvel établissement. Attention, dans le cas du rachat, on ne parle d’IDE que si l’entreprise achète plus de 10% du capital existant ; si elle achète moins de 10%, on parle d’investissement de portefeuille.

- en réalisant des contrats : (Document 1 page 264) les contrats d’alliance, les contrats de sous-traitance, contrats de cession de licences, contrats de crédits (franchising : intérêt partiel, donc plus longue dépendance ; leasing : crédit-bail, location en même temps qu’acquisition du bien).

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Comment les entreprises tirent-elles partie de leur internationalisation ? Document 4 page 265 et document 13 de la FD. Question : mettez en relation les deux documents, c'est-à-dire montrer que le document 13 de la FD peut servir d’exemple pour le document 4 page 265.

Document 13 – Externalisation et décomposition internationale des processus de production : « ‘‘Ah, vous parlez du Meccobaï’’ m’a lancé avec désinvolture, lors d’un déjeuner, le consultant d’un cabinet de conseil en management. ‘‘Le quoi ?’’, ai-je demandé, croyant entendre quelque expression russe. ‘‘Make or buy’’. En français : ‘‘fabriquer ou acheter’’. ‘‘Je vais vous expliquer. Prenez ce moulin à poivre’’ m’a-t-il dit en soupesant le banal petit objet, composé d’un flacon de verre, d’un couvercle en aluminium et d’une manivelle de bois coiffée d’un bouchon décoratif. ‘‘Imaginez que nous arrivions dans l’entreprise qui le fabrique. Pour chaque élément, chaque composant, nous posons au patron la même question : make or buy ? Nous lui demandons en fait s’il est réellement vital pour lui de fabriquer dans son usine cette manivelle de bois, ce bouchon, ce couvercle d’aluminium et ce flacon […]. « Tout acheteur aguerri bombardé dans une entreprise de quelque secteur que ce soit peut détecter les processus qui pourraient être réalisés moins cher ailleurs. On voit l’éditeur provençal Actes Sud faire imprimer des ouvrages en Thaïlande ou des grandes marques de canapé confier la couture de leurs coussins à des ateliers du Maghreb. […] Autre illustration, le vélo vedette du groupe Décathlon, le modèle ‘‘B’Twin’’, le plus vendu au monde, et dont les centaines de pièces viennent de trente pays différents. […] Les cadres viennent à 70% de Chine et de Taïwan, et à 30% du Portugal. Les éclairages et les garde-boue sont français, les jantes viennent de Belgique ou d’Espagne, les dérailleurs sont fournis par une société américaine qui fait fabriquer en Irlande, les selles et les pédales arrivent d’Italie, les leviers de frein du Portugal, et les pneus de Thaïlande. La Suisse, qui fournit des rayons haut de gamme, est l’un de ces pays ‘‘chers’’ qui profitent de leur forte tradition cycliste ».

F. Benhamou, Le grand bazar mondial, 2005 En devenant internationales, les entreprises peuvent pleinement appliquer la décomposition internationale du processus de production : la DIPP signifie que les différentes étapes d’un processus de production sont réparties dans différents pays sous l’action d’une FMN qui tire avantage des caractéristiques de ses différents établissements et de ses différents contrats.

B. Quels sont les effets économiques de l’internationalisation des entreprises ? Passons maintenant aux conséquences de l’internationalisation des entreprises.

1. Mutations quantitatives et qualitatives du commerce international : Quels sont les effets des FMN sur le commerce international ? Documents 9 page 242, 11 page 243 et 5 page 265. Question : Repérez les effets des FMN sur le commerce international.

• Effet quantitatif : il y a une croissance du commerce international. L’augmentation du nombre de multinationales (70 000 en 2004 contre 37 000 en 1990) et du nombre de leurs filiales (690 000 en 2004 contre 70 000 en 1990) intensifient les flux d’échange de produits.

• Effets qualitatifs : � Il y a une concentration du commerce international autour des FMN : 75% des

exportations américaines sont liées à des FMN, 80% des exportations britanniques, 90% des exportations singapouriennes.

� Il y a une concentration du commerce international pour les pays développés qui hébergent la majorité des FMN : sur les 100 plus grandes FMN, 90 sont occidentales.

� Il y a un développement fort du commerce intra-firme (à l’intérieur de la même entreprise) et du commerce intra-branche : le commerce intra-branche désigne les échanges entre pays de produits issus du même secteur économique. En 2005, un tiers des échanges mondiaux se font à l’intérieur de la même entreprise et concernent donc la même branche industrielle.

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2. Les effets ambigus des FMN sur l’emploi dans le monde : On va maintenant voir les effets de ces FMN sur l’emploi. On va devoir prendre le temps de distinguer les choses, selon le pays d’accueil et le pays de départ. On va essayer d’observer les effets des FMN sur l’emploi. C’est un thème souvent médiatisé et qui se rapporte à la question des délocalisations. Une délocalisation désigne la fermeture d’une unité de production locale et le transfert de cette production à l’étranger (soit par l’IDE, soit par un contrat avec un sous-traitant). Quels pays vont être les plus concernés ? Regardons les IDE.

� A votre avis, quels sont les pays concernés par la délocalisation ? Qui perdrait des emplois ? Qui en gagnerait ?

Regardons maintenant les faits. Document 14 de la FD. Document 14 – Les flux d’IDE dans le monde : des mythes à la réalité :

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Contrairement aux représentations, ce sont les pays développés qui sont à la fois les destinateurs et les destinataires des IDE. Dans les années 2000, les pays développés perçoivent environ 70% des IDE et financent 85% des IDE. Les trois premiers pays à financer et à recevoir des IDE en 2007 sont les Etats-Unis d'Amérique, le Royaume-Uni et la France (!). NB : sur ce point, on peut noter le rôle primordial des FMN. Une partie importante des IDE sortants et entrants (respectivement 50% et 80% dans le cas de la France) provient d’entreprises qui font partie du même groupe. Dans le cas français, on passe de 66,3 milliards d’IDE entrants en 2008 à 9,7 milliards en retirant les sommes liées à des transferts intra-groupes. Comparons maintenant par rapport au passé. Document 2 page 175. La situation à la fin du XXème siècle est très différente de celle du début du XXème siècle : ce sont les pays développés qui sont désormais concernés par les IDE alors que c’était les pays en voie de développement au début du XXème siècle. Quelles vont être les conséquences des IDE sur les pays concernés, c'est-à-dire essentiellement les pays développés ? Attention, n’oublions pas que la France est le 3ème pays d’accueil des IDE et le 3ème pays de financement. Donc elle est concernée par toutes les cases du tableau. N’oublions pas non plus que l’essentiel du commerce international a lieu entre pays développés. Lire les documents 3, 4, 6, et 7 page 246-248 et le document 4 page 279. Puis remplir le tableau sur le modèle ci-dessous.

Effets positifs Effets négatifs Effets sur les pays d’accueil des IDE

Document 4 page 279 : contribuent à l’industrialisation du pays et aux transferts de technologie � permet la croissance à long terme Document 6 page 247 : contribuent à la création d’emplois à court terme

Document 4 page 279 : peut accroître la dépendance financière du pays à l’égard des FMN d’origine étrangère Document 3 page 246 : les FMN ne développent pas toujours la production pour le pays d’accueil mais pour l’étranger � pas de développement nécessaire du marché local

Effets sur les pays de départ des IDE

Document 6 page 247 : l’entreprise qui réalise un IDE réduit ses coûts de production, ce qui lui fait gagner en compétitivité-prix ; elle peut alors investir plus dans le pays de financement et permet des créations d’emploi à long terme. Document 7 page 247 : une entreprise qui délocalise peut réduire ses coûts de production à court terme et revenir ensuite dans le pays de départ (relocalisation), ce qui augmente doublement les emplois

Document 3 page 246 : comme la production de biens se fait à l’étranger, il n’est plus nécessaire de produire dans le pays de départ, ce qui détruit de l’emploi à court terme Document 4 page 246 : idem pour la production de services Document 6 page 247 : les IDE détruisent des emplois à court terme

D’où viennent alors les représentations négatives associées aux délocalisations :

- dans les médias, on ne parle que des destructions d’emploi, jamais des créations. - dans les médias, on ne dit pas quelle proportion des ménages français perçoivent des

dividendes des IDE. - dans les médias, on parle des augmentations de prix mais pas des réductions de prix

liées au commerce international.