22
LIRE, FAIRE LIRE LIRE, FAIRE LIRE COMPTES RENDUS DE LECTURE Judith Butler TROUBLE DANS LE GENRE : POUR UN FÉMINISME DE LA SUBVERSION Préface d’Éric Fassin, traduit par Cynthia Kraus, La Découverte, Paris, 2005, 283 p., 23 euros Il est rare de rendre compte d’un livre génial, qui se referme sur des ques- tions restées en suspens. Celui-ci s’ap- parente aux Gender Studies, études portant sur la question du « genre » au sens sexué du mot (masculin, féminin, neutre), développées depuis les années 1970 dans les universités amé- ricaines sous le contrôle des fémi- nistes : la séparation des sexes serait la réplique de la séparation des pouvoirs entre hommes dominants et femmes dominées. Le livre comprend trois sections. La pre- mière, « Sujets de sexe/genre/désir », dévoile la dimension normative du fémi- nisme classique. Judith Butler rem- place cette contestation conformiste par une critique qui déstabilise tout l’ordre sexuel, selon le mot clé du titre : « trouble », qui signifie une perturbation des sens (troubles visuels…) ou de l’es- prit (« Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue » soupire Phèdre évoquant Hyppolite). Qu’est-ce, au fond, que le sexe ? Où passent ses frontières ? Est- il anatomique, hormonal, culturel ? La généalogie, au sens nietzschéen du terme, de cette différence des sexes montre combien l’appartenance sexuelle relève plus de la domination sociale que du règne de la nature. L’auteure critique radicalement la « pré- somption d’hétérosexualité » (p. 26) qui impose une norme sexuelle – c’est-à- dire qui associe la constante biologique à une loi morale, donc culturelle, seule- ment en vue de perpétuer l’espèce. S’exclamer : « C’est une fille ! C’est un garçon ! », c’est introduire un nouveau- né dans l’ordre de la nature, mais c’est aussi le placer dans un « genre » mas- culin ou féminin déterminé par la culture. Le sujet n’a rien à dire sur cette détermination, il la reçoit comme un destin sociologique. Il n’a d’autres moyens de se défendre, pour faire par- ler son désir en propre – et par là le socialiser – que d’afficher son non- conformisme ou sa rébellion par l’ho- mosexualité, le lesbianisme, le travestissement, le transsexualisme, etc., dont la fonction essentielle sont de jeter le trouble dans les « genres » prédéterminés. L’auteure pousse la critique plus loin : le sujet est une « construction masculi- niste » qui exclut « la possibilité struc- turale et sémantique du genre féminin » (p. 75) ; la femme n’est construite comme « féminine » que par et pour le désir masculin. Le masculin serait essentiel, le féminin seulement un « accident » au service des appétits légitimes (en ce sens, ils sont transcen- dants) du masculin. Dans cette idéolo- gie, « on ne naît pas femme, on le devient », comme l’a écrit Simone de Beauvoir. La généalogie nietzschéenne démolit la transcendance de la sexualité chère aux romantiques, et dévoile son vrai mobile : seuls les usages sociaux déterminent le sujet dans l’hétéro- sexualité normale appelée aussi « hété- ronormativité » – comme l’écrit Serge Chaumier 1 . Le « genre » n’est pas donné de toute éternité (Ewigkeit), il est un « faire », une « pratique » (a doing), qui s’accomplit en s’adaptant à 142

Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE LIRE, FAIRE LIRE

COMPTES RENDUS DE LECTURE

Judith Butler

TROUBLE DANS LE GENRE : POUR UN FÉMINISME DE LA SUBVERSION

Préface d’Éric Fassin, traduit par Cynthia Kraus, La Découverte, Paris, 2005, 283 p., 23 euros

Il est rare de rendre compte d’un livregénial, qui se referme sur des ques-tions restées en suspens. Celui-ci s’ap-parente aux Gender Studies, étudesportant sur la question du « genre » ausens sexué du mot (masculin, féminin,neutre), développées depuis lesannées 1970 dans les universités amé-ricaines sous le contrôle des fémi-nistes : la séparation des sexes serait laréplique de la séparation des pouvoirsentre hommes dominants et femmesdominées.Le livre comprend trois sections. La pre-mière, « Sujets de sexe/genre/désir »,dévoile la dimension normative du fémi-nisme classique. Judith Butler rem-place cette contestation conformistepar une critique qui déstabilise toutl’ordre sexuel, selon le mot clé du titre :« trouble », qui signifie une perturbationdes sens (troubles visuels…) ou de l’es-prit (« Un trouble s’éleva dans mon âmeéperdue » soupire Phèdre évoquantHyppolite). Qu’est-ce, au fond, que lesexe ? Où passent ses frontières ? Est-il anatomique, hormonal, culturel ? Lagénéalogie, au sens nietzschéen duterme, de cette différence des sexesmontre combien l’appartenancesexuelle relève plus de la dominationsociale que du règne de la nature.

L’auteure critique radicalement la « pré-somption d’hétérosexualité » (p. 26) quiimpose une norme sexuelle – c’est-à-dire qui associe la constante biologiqueà une loi morale, donc culturelle, seule-ment en vue de perpétuer l’espèce.S’exclamer : « C’est une fille ! C’est ungarçon ! », c’est introduire un nouveau-né dans l’ordre de la nature, mais c’estaussi le placer dans un « genre » mas-culin ou féminin déterminé par la culture. Le sujet n’a rien à dire sur cettedétermination, il la reçoit comme undestin sociologique. Il n’a d’autresmoyens de se défendre, pour faire par-ler son désir en propre – et par là lesocialiser – que d’afficher son non-conformisme ou sa rébellion par l’ho-mosexualité, le lesbianisme, letravestissement, le transsexualisme,etc., dont la fonction essentielle sontde jeter le trouble dans les « genres »prédéterminés.L’auteure pousse la critique plus loin :le sujet est une « construction masculi-niste » qui exclut « la possibilité struc-turale et sémantique du genreféminin » (p. 75) ; la femme n’estconstruite comme « féminine » que paret pour le désir masculin. Le masculinserait essentiel, le féminin seulementun « accident » au service des appétitslégitimes (en ce sens, ils sont transcen-dants) du masculin. Dans cette idéolo-gie, « on ne naît pas femme, on ledevient », comme l’a écrit Simone deBeauvoir. La généalogie nietzschéennedémolit la transcendance de la sexualitéchère aux romantiques, et dévoile sonvrai mobile : seuls les usages sociauxdéterminent le sujet dans l’hétéro-sexualité normale appelée aussi « hété-ronormativité » – comme l’écrit SergeChaumier1. Le « genre » n’est pasdonné de toute éternité (Ewigkeit), ilest un « faire », une « pratique » (adoing), qui s’accomplit en s’adaptant à

142

Page 2: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 143

l’histoire. Il est « performatif » : il fait cequ’il dit (p. 96.) Ce chamboulement« trouble » l’ordre en invitant sur scènece qui a été « forclos » du représen-table et du pensable. Le genre sexuelne se réduit pas à l’anatomie binaire, aucontraire, il est incertain (mâle etfemelle à la fois), pluriel (plus quebinaire), vagabond (aventurier) et poly-morphe (transformable).La deuxième partie « Prohibition, psy-chanalyse et production de la matricehétérosexuelle », inspirée par la FrenchTheorie (Foucault, Lacan, Derrida,Deleuze, Lévi-Strauss, etc.) interrogeles définitions de l’altérité et del’échange promues par la psychanalyseet par l’anthropologie structurale. Letabou de l’inceste, interdit majeur, struc-ture ces deux concepts. L’idée princi-pale est que ce n’est pas ce tabou quiest au commencement du complexed’Œdipe, mais celui de l’homosexua-lité : « Le tabou de l’homosexualitésemble devoir précéder le tabou hétéro-sexuel de l’inceste ; le tabou de l’homo-sexualité crée en fait les“prédispositions” hétérosexuelles sanslesquelles le conflit œdipien n’est paspossible » (p. 156-157, et circa). Cetterévolution des perspectives provientd’une réflexion sur la mélancolie. Cettetristesse chronique (« défaillance del’amour-propre », écrit William Styron2)proviendrait d’une identification avecl’objet d’amour du même sexe. Maisune prescription de l’ordre social a déjà« interdit » cette identification, sansparvenir à l’abolir : il reste comme unterritoire lointain et perdu, mais ineffa-çable. La perception de cet objet, refou-lée par la censure et cependant là(absent/présent), dont on perçoit lesombres derrière le rideau, persiste elleaussi. Le résultat, c’est un deuil mélan-colique sans fin – et, ajoutons-nous,sans autre cause que fantasmatique.

L’hétérosexualité ne serait pas l’originemais la conséquence d’une prohibitionhomosexuelle primordiale.Dans la troisième partie, « Actes corpo-rels subversifs », Judith Butler critiqued’abord le travail de Julia Kristeva, et luioppose Foucault et surtout MoniqueWittig. Le corps, convoité, est unchamp de bataille entre les pouvoirs,hétérosexuel et homosexuel. Le corps« corporé », si l’on ose dire, n’existeque dominé. Le sexe visible, lui, estobjectif et invariable, mais le genre(gender) est variable et incertain : la culture peut déguiser le sexe en lui fai-sant dire autre chose que ce qu’il ditqu’il est dans la nature. Monique Wittigva plus loin. Le sexe « femelle » deslesbiennes n’est pas une marque « cor-porée », mais une variable culturelle quidit que seule la femme est sexuée. Lafemme n’est pas « femme » en tantqu’opposée à l’homme, elle est – ditd’ailleurs la langue française – « unepersonne du sexe », comme s’il n’yavait pas de sexe ailleurs que dans, ousur, la femme, et (si l’on ose dire) « envue » du masculin. L’appartenancesexuelle est décisive : elle est au fon-dement de toute dérive comme detoute norme. Dans l’anglo-américain,queer (« étrange », « bizarre » ; d’où« homosexuel », « pédé » ; verbes :« gâter », « abîmer » ; adverbe : « detravers ») s’oppose à straight (« carré »,« droit », « direct », « normal » ;adverbes : « en ordre », « sans hésita-tion »), non seulement comme l’homo-sexualité, « déviante », s’oppose àl’hétérosexualité, « normale », maiscomme le désir du semblable absolu,primaire et archaïque (homo-) s’opposeà la loi sociale secondaire et collective(nécessairement hétéro-) qui le res-treint pour l’étouffer. Alors, le désir fon-damental – fontal et originel – du sujetse rebelle par la guerre théâtralisée des

LIRE, FAIRE LIRE*

COMPTESRENDUS

DELECTURE

Page 3: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE genres qui est, en réalité, la guerre tou-jours recommencée du sexe contre lui-

même. Éros et Polèmos n’ont pasencore fini de… s’aimer3 !

Au terme d’un si beau travail, dont nousn’avons montré que quelques aspects,il reste des questions.D’abord, dans cette polémique, quedevient le masculin ? À force d’êtreaccusé de tous les maux, ne risque-t-ilpas d’être caricaturé ? De devenir à sontour aussi méconnu qu’on se plaint quele féminin l’a été ? Ne sera-t-il pas laprochaine terre inconnue des genres ?Ensuite, pourquoi cette référence à laFrench Theory ? Celle-ci relève d’unclub mondain de femmes et d’hommesqui appartiennent à des institutionsprestigieuses qui échangent leurssujets comme des dons et des contre-dons. Il y eut, sans doute, quelquesgénies, mais combien de bavards,d’« importants », d’ambitieux. JudithButler cite longuement Lacan – discu-table sans doute, mais un génie suigeneris. Que n’a-t-elle lu Certeau,Dolto, Gauchet, Leclaire, Perrier, Sédat,Swain, Vasse – qui sais-je encore ? –,qui ont beaucoup écrit sur l’interdit, l’al-térité, l’identité et ses troubles… Et quedire des anthropologues qui, dans celivre, se résument presque au seul Lévi-Strauss ? En revanche, on lui sait gré denous présenter des auteures commeJoan Riviere ou Monique Wittig.Le dernier point, plus sérieux, est aucœur de la deuxième partie. En rempla-çant le désir hétérosexuel par le désirhomosexuel, Judith Butler n’opère enréalité que la substitution d’une cartepar une autre qui appartient au mêmejeu. On peut changer les cartes à l’infinijusqu’à trouver celle qui « répond » lemieux, sans modifier d’un iota la struc-ture du désir érotique initial. Or, la fron-tière entre le processus primaire et le

processus secondaire n’est pas tran-chée au couperet, comme dans leslivres, mais elle est fluide – comme unestuaire. Des images secondaires vien-nent peu à peu revêtir les pulsions pri-maires qui sont des forces obscuressans visage et sans nom. Ce que nousappelons l’instinct, et que nous versonsau bénéfice du « donné » sans lequelon ne peut vivre (la faim, la soif, lesouffle, l’évitement « spontané » desdangers…) est en réalité l’ébauche duprocessus secondaire : il distingue l’at-tendu de l’inattendu, il donne du« temps au temps » par la répétition, larégularité (en particulier des assouvis-sements), le rythme, autant de confortsphysiques qui fortifient la constitutiondu sujet et diminuent son angoisse.Puis la mémoire prend le relais, et pro-pose des représentations plus adap-tées qui articulent l’irreprésenté à lareprésentation. C’est là, dans ceremous, que sévit peut-être le fan-tasme originaire qui n’est ni hétéro-, nihomo-, mais auto- : car il s’agit d’unauto-engendrement incestueux, pro-hibé par la morale et impossible dansles faits. C’est là que sourd, peut-êtreencore, la source de la mélancolie : laperte d’une « position » impossible àtenir mais qui continue de faire signe àtravers les fantasmes. Alors on com-prend mieux pourquoi ce livre insistetant sur la transgression des normes,seule possibilité, à jamais impossibledans les faits, de recommencer, derepartir à zéro.

Pierre Mayol

1. CHAUMIER S., L’amour fissionnel : le nouvel

art d’aimer, Fayard, Paris, 2004, p. 112. Cet

excellent livre développe des thèses inspi-

rées par Judith Butler et les élargit à la

réflexion et à l’expérience européennes.

144

Page 4: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 145

2. STYRON W., Face aux ténèbres, Paris,

Gallimard, 1990, p. 15.

3. Lire GONTIER F., Homme ou femme ? La

confusion des sexes, Perrin, Paris, 2006.

Historique et anecdotique, ce livre est pas-

sionnant par les « cas » qu’il présente : le

« bal des métamorphoses » à la cour de

Russie, les « déviances » sexuelles dans la

religion ou dans l’armée, les amours homo-

sexuelles, l’opinion des médecins, celle des

moralistes, etc.

**

Christine Détrez, Anne Simon

À LEUR CORPS DÉFENDANT : LES FEMMES À L’ÉPREUVE DU NOUVEL ORDRE MORAL

Le Seuil, Paris, 2006, 281 pages, 21 euros.

Christine Détrez et Anne Simon s’atta-chent dans ce livre à rendre comptedes normes sociales omniprésentesdans les représentations artistiques, lit-téraires, publicitaires et médiatiques,qui perpétuent et essentialisent lecorps féminin. Elles précisent en cesens que les « représentations artis-tiques, comme les discours média-tiques ou scientifiques les plusvulgarisés, tendent à maintenir, tout enle cautionnant sous des apparencesmodernes, un rapport mythique et inti-miste de la femme à son corps » (p. 17)et, en ce sens, ces représentations rap-pelées dans les écrits contemporainsne cessent de cantonner les femmesaux valeurs familialistes, au prix dequelques aménagements avec lamorale traditionnelle. Les auteures tra-vaillent principalement à partir d’un cor-pus d’œuvres littéraires, privilégiant lalittérature féminine métropolitaine.L’ouvrage s’organise en trois parties. Lapremière, « Le charme discret des

anciens stéréotypes », montre com-ment les apparentes transgressionssexuelles décrites dans la littératurecontemporaine empruntent aux clichésles plus communs de l’intimité fémi-nine et reproduisent les stéréotypes desexe (et sexuels). La deuxième partie,« Questions de littérature, questionspolitiques ? » questionne la façon dontl’écriture intimiste reconduit l’opposi-tion traditionnelle entre espacepublic/masculin et espace privé/fémi-nin, comment les expositions de pratiques corporelles (notamment spor-tives) véhiculent les clichés essentia-listes, replaçant symboliquementchacun et chacune « à sa place », à cequi lui est permis de faire, d’espérer. Latroisième partie du livre se consacre authème « Corps féminin et vulgatesmorales » et montre comment des pro-pos se prétendant scientifiques, ou fai-sant références aux sciences,détournent le savoir en reproduisant làencore les clichés et le sens commun.L’ordre sexuel du monde et la morale,qui assignent les femmes à certainscomportements, conduites, manièresd’être et rapports au corps, et cecidepuis l’enfance, trouvent donc dansl’illusion du savoir scientifique et dansla vulgate hygiéniste, de nouveaux sup-ports de légitimation. Les magnifiques analyses sociolitté-raires et la qualité du style d’écriture desauteures font la force de l’ouvrage.Terminons donc en leur laissant laplume : « Discours littéraires, discoursscientifiques, discours médiatiques, cesrobes de mots taillées sur le corps desfemmes gênent souvent aux entour-nures. Certes, les nouveaux habits de lamoralité découvrent désormais sansproblème ce sein que Tartuffe ne voulaitvoir. Mais, que ce soit par la reconduc-tion à peine voilée des stéréotypes lesplus éculés ou par la diffusion de

LIRE, FAIRE LIRE*

COMPTESRENDUS

DELECTURE

Page 5: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE normes morales, les corsets symbo-liques, visant à garder la femme dans le

droit chemin du convenable, enserrenttoujours les corps » (p. 251).

Sylvia Faure

**

Sous la direction de Mircea Vultur

LES JEUNES EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE

Les Presses de l’université Laval, coll. « Regards sur la jeunessedu monde », Québec, 2004, 142 p., 14 euros.

Les livres sur les jeunes Européens nesont guère nombreux. Plus raresencore sont les publications en languefrançaise concernant les jeunesd’Europe centrale et orientale. C’estdonc avec grand intérêt qu’il faut consi-dérer la parution sur ce sujet d’unouvrage collectif publié sous la directionde Mircea Vultur, professeur d’écono-mie et de sociologie au centre« Urbanisation, culture et société » del’Institut national de la recherche scien-tifique (université du Québec) etmembre de l’observatoire Jeunes etsociété du même institut. Ce livre s’ins-crit dans la collection « Regards sur lajeunesse du monde » dirigée parMadeleine Gauthier, responsable del’observatoire Jeunes et société, collec-tion qui se propose « de réunir desouvrages portant sur l’état des travauxréalisés sur la jeunesse dans différentspays du monde afin […] d’en identifierles principales thématiques et lamanière de les aborder selon les socié-tés ». Perspective pleinement tenuepour ce troisième livre de la collection,faisant suite à La recherche sur lesjeunes et la sociologie au Canada

(Madeleine Gauthier et Diane Pacom,dir., 2001), La jeunesse au Québec(Madeleine Gauthier, dir., 2003) et pré-cédant La jeunesse au Mexique (JoséAntonio Pérez Islas et Monica Valdez,dir., 2004). À l’exception de Guy Bajoit, professeurémérite de sociologie à l’universitécatholique de Louvain-la-Neuve, qui asigné la postface du livre, tous lesauteurs de cet ouvrage sont originairesd’Europe centrale et orientale. Venantde différentes disciplines (sociologie,économie, sciences politiques ousciences de l’éducation) et de diffé-rents pays, ils sont animés par unemême volonté de comprendre, en ana-lysant la situation des jeunes, les ten-dances d’évolutions qui caractérisentces sociétés. Privilégiant une approchethématique, le livre comporte sept cha-pitres étudiant la participation civique, laformation scolaire, les valeurs reli-gieuses des jeunes, les itinérairessocioprofessionnels et les politiques del’emploi, tant dans des cas nationaux(Roumanie, Russie, Slovaquie) quedans une perspective d’ensemble surcette partie de l’Europe. Ainsi que le souligne Mircea Vulturdans l’introduction du livre (« L’“autreEurope” et ses jeunes »), la technocra-tie bureaucratique des pays du blocsoviétique a voulu construire politique-ment le lien social. Dès lors, la jeunesseétait considérée comme un groupesocial défini de façon exogène, commeune entité spécifique et homogène, afinde faciliter le contrôle social et l’imposi-tion d’un ordre au sein d’une sociétéréglementée. Après les transforma-tions de 1989, la jeunesse perd soncaractère de notion abstraite instituéepar les régimes communistes. Lesjeunes passent du statut de membresd’un groupe à celui d’individus. Dèslors, dans les sociétés post-totalitaires,

146

Page 6: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 147

comme dans les sociétés industriellesavancées, le fait d’être jeune n’a pas lamême signification selon les catégoriessociales, les situations scolaires et pro-fessionnelles. Les ancrages identitairesdiffèrent et les jeunes ont des repré-sentations nouvelles des rapports autravail, à la politique, à la religion. Concernant le travail, il apparaît notam-ment que son utilité pour la société estpeu valorisée par les jeunes. Présentédans les sociétés communistes commeun devoir social, le travail était chargéd’une vision normative aujourd’huiremise en cause. Mircea Vultur et ElenaFecioru pensent que les jeunes sont levecteur d’un processus qui amorce lafin d’une morale sociale du travail, cellequi soumettait les individus aux impéra-tifs de la société. Ainsi, les jeunesRoumains ayant suivi des études uni-versitaires privilégient les perspectivesde promotions individuelles qu’on leuroffre. En matière de participation poli-tique et d’implication civique, les jeunesont été très présents dans les mouve-ments sociaux ayant entraîné la transi-tion démocratique. Ils ont fait preuved’une participation politique relative-ment active dans les années qui ontsuivi la chute des régimes commu-nistes. Cet engagement s’est progres-sivement affaibli, éloignant les jeunesdes questions politiques au profit depréoccupations professionnelles oupersonnelles et témoignant sans douted’une perte de confiance vis-à-vis dupersonnel et des institutions politiques. Quant au regain religieux constatéparmi les jeunes d’Europe centrale etorientale, il témoigne lui aussi d’uneréaction face aux volontés politiques deconstruction du social. Par des déci-sions politiques, le pouvoir communistea tenté de produire et d’accélérer unesécularisation de la société, sécularisa-tion qui s’est inscrite, en Europe occi-

dentale, dans la longue durée d’un pro-cessus de rationalisation et de différen-ciation de la société. En même tempsqu’il combattait la religion traditionnelle,le pouvoir politique tentait d’implanterune « religion politique » qui prenait laforme de cérémonies politiques, defêtes laïques ou de rites d’initiation uti-lisés comme moyen de socialisationdans les mouvements de jeunesse.Mais le pouvoir communiste a moinsréussi à effacer la religion qu’à faireobstacle à sa présence institutionnelle.La religion perdura au niveau individuelou dans des modes d’organisationinformels. Très présent dans les mou-vements qui ont provoqué l’écroule-ment du régime communiste, lereligieux s’est lui-même érigé contre lepolitique. En ce sens, comme le sou-ligne Alexandru Gurau, il s’agit moinsaujourd’hui d’un « retour du religieux »que d’un « renouveau religieux ». L’individualisation du croire, présenteen Europe occidentale, se manifesteaussi en Europe centrale et orientale.On assiste dans toute l’Europe à uneredéfinition du rapport à l’institution reli-gieuse. On pourrait d’ailleurs appliquerà d’autres domaines de la vie sociale cequ’Alexandru Gurau nous dit des rela-tions des jeunes à la religion.L’adhésion et les modes d’engagementdécoulent non plus de relations d’auto-rité, mais de choix personnels orientésvers la mobilisation de ressourcesvariées dans un projet d’accomplisse-ment identitaire individuel. « La coexis-tence des valeurs pragmatiques,matérialistes et religieuses apparaîtcomme le résultat d’une opération debricolage qui vise la réalisation de soi. »Plus globalement, les modes de vie etles valeurs se diversifient et s’individua-lisent ; les jeunes font leurs propreschoix et mettent en avant des projetsde réalisation personnelle.

LIRE, FAIRE LIRE*

COMPTESRENDUS

DELECTURE

Page 7: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE Toutefois, si les jeunes pouvaient seprévaloir dans les sociétés commu-

nistes d’un statut social relativementprotégé, ils ne bénéficient guère désor-mais de politiques publiques visant àremédier aux problèmes qu’ils affron-tent, pauvreté et chômage notamment.En Europe centrale et orientale, lesjeunes se trouvent dorénavant confron-tés à la transition vers un avenir incer-tain. Comme le souligne Guy Bajoitdans sa postface (« D’une Europe àl’autre »), les conditions du change-ment social et culturel ont été très dif-férentes en Europe de l’Ouest : lalenteur des évolutions a permis unetransition politique, juridique et adminis-trative mieux contrôlée, la crise écono-mique a été moins profonde, les jeunespeuvent s’appuyer sur les « beauxrestes » de l’État providence… et il n’ya pas eu de grand espoir déçu ! Plus les éléments du cadre politique etinstitutionnel des anciens régimes com-munistes se transforment, ainsi que leremarque Mircea Vultur, plus les par-cours individuels des jeunes seconstruisent de manières diversifiées,sous l’influence de temporalités diffé-rentes. « Imbriqués dans la substanceflottante du social postcommuniste, lesjeunes ont tout à refaire mais la com-munauté évoquée par Tönnies, lesclasses sociales exaltées par Marx etles règles sociales valorisées parDurkheim ne constituent pas desrepères pour donner une orientationclaire à leurs actions. » Les jeuneschangent, tant individuellement quedans leurs relations les uns avec lesautres, et que dans leur rapport à lasociété dans son ensemble : à traverseux, les rapports sociaux, économiqueset politiques se reconstruisent danscette partie de l’Europe. Ce livre nouspropose un ensemble suggestif d’ana-lyses et d’interprétations de ces chan-

gements à l’œuvre dans les sociétésd’Europe centrale et orientale, change-ments dont les jeunes sont des acteursprivilégiés.

Bernard Roudet

**

« ENFERMEMENTS ET ÉDUCATIONS »

Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » : le temps del’histoire, no 7, CNFE-PJJ, décembre 2005.

Le temps de l’histoire, revue du CNFE-PJJ, connaît quelques changements.Le titre devient sous-titre et la voilàrebaptisée, à l’occasion de son inscrip-tion sur le site www.revues.org, d’unintitulé qui explicite son champ d’inves-tigation. Occasion aussi d’ouvrir soncomité de rédaction à quelques jeuneshistoriens.

Mais la ligne éditoriale et les préoccu-pations restent les mêmes. Après desnuméros précédemment signalés danscette rubrique (« Images de l’enfanceet de la jeunesse “irrégulières” »,« Pratiques éducatives et système judi-ciaire », « Les sciences du psychismeet l’enfance “irrégulière” ») – désor-mais accessibles en ligne – et avant« Le corps du délinquant », c’est tout« naturellement » que cette nouvellelivraison se consacre à un couple entension qui traverse toute l’histoire del’institution judiciaire et au traitementdes enfants et des jeunes « irrégu-liers » (orphelins, enfants abandonnéset délaissés, mineurs déficients et han-dicapés, délinquants juvéniles, etc.),qui, comme le rappellent en introduc-tion J.-J. Yvorel et É. Yvorel, les codirecteurs du dossier, « oscille entredes dispositifs d’isolement, d’enferme-ment plus ou moins stricts de ces

148

Page 8: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 149

populations et des dispositifs plusouverts sur la société civile ».Revue d’histoire et d’historiens, s’ap-puyant sur des archives, et qui nousdonne à voir les éléments d’unearchéologie des questions qui conti-nuent à interroger aujourd’hui lesacteurs des politiques de réparation etde prévention, et plus généralementceux des politiques d’éducation et dejeunesse.Quatre parties ponctuent ce numéro.Dans la première, « Impossible prisonéducative », des auteurs se penchent surquelques essais de conciliation de l’en-fermement et de la démarche éducative. La hausse de l’incarcération desmineurs de justice, étudiée par J.-J. Yvorel à partir d’archives officiellesdu XIXe siècle, naît au croisement decroyances sur les vertus éducatives del’enfermement, de la désignation depopulations comme potentiellementdangereuses (les migrants paupérisésen zone urbaine) et de la montée d’unpouvoir autoritaire. Deux expérienceséducatives dans le cadre carcéral mon-trent leurs limites : l’une, étudiée par J.-F. Condette, est celle des coloniesagricoles autour de la centrale deClairvaux (1850-1864), qui aboutit à uneexploitation des jeunes mineurs déte-nus, l’autre, par É. Yvorel, témoignedes limites d’une utopie lancée par l’ad-ministration au lendemain de laSeconde Guerre mondiale de prisons-écoles, qui seraient axées sur l’ensei-gnement initial et professionnel : ellen’arrivera pas à avoir une offre adaptéeet sera finalement abandonnée.La deuxième partie, « Ordre éducatif etenfermement », qui s’ouvre par unegénéalogie, signée L. Mucchielli, de laloi du 9 septembre 2002 sur les« centres éducatifs fermés », est consa-crée à deux « institutions éducativestotales », pour reprendre les termes de

Goffman : A. Thomazeau, analyse lesystème de contraintes et les para-doxes auxquels sont confrontées leséducatrices des internats de rééduca-tion pour filles, de la Libération au débutdes années 1960 » ; et F. Backman la« construction d’espaces et de tempo-ralités de référence » au petit séminairemissionnaire auvergnat de Cellule (sic !)en Puy-de-Dôme, qui se révèle instanceautant d’enfermement qu’éducative.La troisième partie, « Alternatives etrésistances », nous donne à voir l’expé-rimentation des communes péda -gogiques en Ukraine soviétique– 1920-1924 – (E. Aunoble), la résis-tance des familles populaires à l’égardde l’assistance publique de la Seine– 1870-1930 – (I. Jablonka), suivi dansune partie « Pistes de recherche » de laprésentation de l’expérience philanthro-pique des Lads’Club à Manchester– 1888-1914 – (C. Boli).Autant de tentatives pour concilierenfermement et éducation, qui s’avè-rent génératrices de dérives institution-nelles et d’échec éducatif, mais dont leprojet resurgit pourtant périodique-ment. Force de l’utopie ? Déni desenseignements de l’histoire ?

Bernard Bier

**

Yves Raibaud

TERRITOIRES MUSICAUX EN RÉGION :L’ÉMERGENCE DES MUSIQUES AMPLIFIÉESEN AQUITAINE

Maison des sciences de l’homme d’Aquitaine, Pessac, 2005,332 p., 21 euros

La nouvelle collection « Culture enrégion » des éditions de la Maison des

LIRE, FAIRE LIRE*

COMPTESRENDUS

DELECTURE

Page 9: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE sciences de l’homme d’Aquitaine

accueille pour sa deuxième livraisonl’ouvrage d’Yves Raibaud, qui est à lafois un universitaire (actuellementmaître de conférences associé à l’IUTMichel de Montaigne) et un respon-sable culturel (il dirige l’école demusique de Blanquefort à proximité deBordeaux). L’ouvrage est issu d’unethèse préparée sous la direction deJean-Pierre Augustin et soutenue en2004. L’origine académique du livrepourrait inquiéter le lecteur rebuté parles inconvénients inhérents à ce genrelittéraire : le texte d’Yves Raibaud estparfois touffu, chargé de références, etil comporte un certain nombre de répé-titions qui auraient sans doute pu êtreévitées. Mais ces légers défauts sontlargement compensés par le contenu etla richesse de l’ouvrage qui, de fait, pro-pose trois écrits en un seul volume.

Nous avons d’abord une descriptionprécise et documentée des actions etinitiatives en matière de musique ampli-fiée dans la région Aquitaine. Elle s’ac-compagne d’une réflexion bienargumentée sur les entrées théoriquesrelatives au domaine, l’auteur emprun-tant beaucoup à la sociologie, maisaussi à la science politique et évidem-ment à la géographie, pour tenter d’éla-borer une « géographie sociale desphénomènes culturels ». Le lecteurtrouvera par ailleurs ici une approchedes politiques culturelles territorialiséesqui tranche délibérément avec nombred’analyses politistes : le territoired’Yves Raibaud se dévoile ici, non pascomme un simple réceptacle de don-nées et de logiques sociales exogènes,mais comme un véritable construitsocial.

Trois entrées par conséquent mais éga-lement un effort constant pour les arti-

culer dans une perspective systémique.L’auteur, acteur et observateur privilé-gié des politiques culturelles territo-riales, est bien placé pour constater lastagnation de la démocratisation cultu-relle et le désenchantement des pro-fessionnels de ce domaine. Il reconnaîtla nécessité de renouveler les perspec-tives en ouvrant les espaces publics dela culture et en favorisant leur copro-duction avec les usagers. L’émergenced’une forme de culture populaire venuedu rock, qui tend à s’instituer sous l’ap-pellation de musiques actuelles oumusiques amplifiées, lui semble consti-tuer un exemple prometteur à cetégard. Mais l’ouvrage postule égale-ment le fait que les cultures dites émer-gentes entretiennent des liens étroitsavec les transformations des espacesvécus. Elles participent à la construc-tion des territoires, au point de consti-tuer avec ces derniers des sortes defigures duelles (ex : hip-hop et ban-lieue). Pour autant, l’auteur récuse lathèse d’une relation à sens unique quiferait de la culture sur les territoires unesimple conséquence de déterminantssocio-économiques ou d’une volontépolitique fondée sur le principe del’équité sociale et territoriale. En adop-tant, dans la lignée de Guy Di Méo, l’hy-pothèse de l’instance culturelle commesuperstructure partie prenante de la for-mation sociospatiale des territoires,Yves Raibaud reconnaît l’autonomie duchamp artistique et la multiplicité desfonctions sociales de la culture (objetde consommation mais aussi facteurd’intégration ou production de normeset de valeurs). Pour éviter le terrainpiégé des définitions de la culture, ilemprunte à Matthieu Béra et YvonLamy leur approche d’une sociologie du« bien culturel » qui considère ce der-nier comme « un processus collectif dequalification ».

150

Page 10: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 151

Cette approche lui semble particulière-ment fructueuse pour analyser l’émer-gence des musiques amplifiées aumoment même où, dans les années1990, elles s’organisent en réseau ets’inscrivent dans des politiquespubliques qui se concrétisent par deséquipements spécialisés. L’auteurmontre ainsi que les disputes entreacteurs, préalables au tour de table dufinancement de la Rock-School Barbey(Bordeaux) ou du Florida (Agen), produi-sent de nouveaux critères de qualifica-tion faisant appel à des ordres degrandeur compatibles avec la cultureprofessionnelle de chaque service del’État (Jeunesse et Sports, Politique dela ville, Culture, Santé, Environnement)et à leurs correspondants aux diffé-rentes échelles territoriales. La particu-larité des musiques amplifiées estqu’elles entrent de droit dans les poli-tiques publiques de la culture par laPolitique de la ville, c’est-à-dire par lebiais d’un dispositif territorialisé. YvesRaibaud montre de manière convain-cante que la qualification culturelle desmusiques amplifiées (musiques desjeunes et des quartiers) est à l’origineune qualification territoriale avant d’êtreune qualification esthétique. Lesmusiques amplifiées et, plus largement,ce qu’on nomme à présent culturesurbaines, sont attachées au contextedes villes et particulièrement à celui desbanlieues. L’assemblage symboliqueentre cultures et territoires se décritcomme un catalogue des objets cultu-rels qualifiant ces lieux (danse hip-hop,graff, rap, skate…) qui est indissociablede leur représentation dans un cadreurbain : la barre d’immeuble, les cagesd’escalier, les parkings, les grillages…

S’il n’est pas totalement novateur (voirles études d’Howard S. Becker sur leschaînes interactives de production

culturelle ou, sur un plan différent, ceuxd’Antoine Hennion sur la médiation), lepropos d’Yves Raibaud est très stimu-lant. Il donne un éclairage très intéres-sant de la notion de territorialisation despolitiques culturelles en refusant deréduire celle-ci à des stratégies d’ac-teurs institutionnels coupées de leursracines spatio-culturelles. Les leadersdes musiques amplifiées et/ou des cultures urbaines, porte-parole desjeunes et des quartiers fragiles, devien-nent les acteurs de la construction de labanlieue par leur capacité à mettre enœuvre « une technologie de l’interven-tion culturelle simple et communi-cante ». Ce qui n’empêche pas, bien aucontraire, que des jeunes s’emparentde ce qui leur est proposé pour en faireun outil de promotion personnelle et decréation artistique.

L’auteur démontre avec pertinence quec’est à l’intersection des lieux et despratiques musicales que les change-ments se produisent et que les ques-tions d’organisation et de politique seposent. On peut cependant lui repro-cher d’avoir trop laissé de côté ce voletinstitutionnel. À l’heure d’une décentra-lisation administrative de plus en pluscontestée, tant elle ressemble à undésengagement pur et simple de l’État,comment les acteurs territoriaux(publics et privés) de cette nouvellescène musicale vont-ils pouvoirconstruire un « vivre et faireensemble » ? Cette interrogation posela question des référentiels communs àces différents acteurs mais aussi celledes structures d’accompagnement etde soutien. L’avenir des émergencesmusicales brillamment décrites parYves Raibaud n’est certainement pasgaranti par un délitement progressif despolitiques publiques de la culture, ni parune territorialisation conduite de façon

LIRE, FAIRE LIRE*

COMPTESRENDUS

DELECTURE

Page 11: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE hasardeuse, encore moins par le jeuspontané de toutes les « forces » en

présence.

Alain Lefebvre

**

Muriel Darmon

LA SOCIALISATION

Armand Colin, coll. « 128 », Paris, 2006, 128 pages, 9 euros

Comment la société construit-elle lesindividus ? Qu’appelle-t-on la socialisa-tion ? L’ouvrage de Muriel Darmonéclaire avec rigueur mais très claire-ment, les questions de socialisation.Quatre grands chapitres structurent lelivre. Le premier s’intéresse à la sociali-sation primaire, aux questions d’éduca-tion, aux dimensions inconscientes dela socialisation et invite à lire les travauxportant ou croisant les variables declasse ou de genre. Le deuxième cha-pitre ouvre le questionnement sur lasocialisation plurielle, s’intéresse auxanalyses se rapportant aux effets desinfluences plurielles, aux conditionshétérogènes de la socialisation, maisaussi à la confrontation d’instances dif-férentes de socialisation (la famille, lagarde d’enfants, les pairs, l’école). Lesmodes de la socialisation secondaire,notamment professionnels, sont pré-sentés dans le troisième chapitre.L’ouvrage s’achève sur un quatrième etdernier chapitre qui questionne les ins-tances institutionnelles et politiques dela socialisation, ainsi que les effets desprocessus de socialisation sur les indi-vidus. Finalement : qu’est-ce que lasocialisation ? L’auteure présente demanière habile différentes théories,sans que jamais le propos soit jargon-

nant. Elle part d’une définition préa-lable, discutée tout au long des pages : « La définition la plus simple que nouspouvons proposer, et qui va nous servirde fil directeur pour parcourir théorieset enquêtes empiriques, est donc lasuivante : “façon dont la société formeet transforme les individus”. Une telledéfinition pose plus de problèmesqu’elle n’en résout, et donne ce faisantune première idée de la tâche à laquellesont confrontées les analyses de lasocialisation : substituer au termevague de “façon” des processus réelset déterminés (comment la socialisa-tion s’opère-t-elle ?), au terme abstraitet global de “société” des agents ouinstances précis (“qui” ou “qu’est-cequi” socialise ?), à la désignation géné-rique de l’action de la socialisation surles individus l’analyse de ses effets, deses produits, de ses résultats spéci-fiques (qu’est-ce qui est intériorisé parl’individu socialisé ?) » (p. 6).Chacun, étudiants, chercheurs, ou pro-fessionnels de l’éducation, de la forma-tion, de l’animation, etc., trouvera dansce livre une aide précieuse pour mieuxappréhender à la fois un champ social(l’éducation, la formation, l’anima-tion…), un domaine conceptuel (socio-logie de la socialisation) et des outilsthéoriques permettant de mieux com-prendre ou de faire comprendre lesactions socialisatrices émanant de lafamille, de l’école, des professionnelsde l’éducation et de la santé, des insti-tutions de la jeunesse ou de la sociali-sation entre pairs.

Sylvia Faure

152

Page 12: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 153

PARUTIONS

Gérard Mermet

FRANCOSCOPIE : ÉDITION 2007

Larousse, Paris, 2006, 510 p., 32 euros

Francoscopie est considéré commel’ouvrage de référence sur l’état de laFrance et des Français. Tous les deuxans, il décrit et analyse les attitudes, lescomportements, les opinions et lesvaleurs dans tous les domaines de lavie quotidienne : santé, famille, viesociale, travail, revenus, consomma-tion, loisirs, et met en évidence les évo-lutions dans le temps, fournit descomparaisons avec les autres pays,notamment de l’Union européenne.L’ouvrage dresse un portrait détaillé etargumenté des « vraies gens », dansune société traversée de tensions, oùle fantasme et l’émotion l’emportentparfois sur la réalité et la raison. Il sou-ligne ainsi les singularités et « excep-tions » nationales, atouts mais aussi àcertains moments handicaps à l’adapta-tion au monde. Il identifie les tendanceset propose une vision prospective de laFrance. Cette douzième édition accordeune place particulière aux grandestransformations en cours : la nouvellerelation au corps, au temps, au travail,aux autres ; la place croissante dufoyer ; l’évolution réelle du pouvoird’achat ; les nouveaux modes deconsommation ; l’influence des médiassur la vie collective et individuelle ; l’in-cidence des nouveaux outils de com-munication et de loisirs… Depuis plusde vingt ans, Gérard Mermet racontedans Francoscopie l’histoire de laFrance et des Français. Elle intéressetous ceux qui cherchent à savoir, com-

prendre, comparer, se situer, agir, parti-ciper, anticiper.

Sous la direction de Marie-Christine Bureau, Élisabeth Dugué,Barbara Rist, Françoise Rouard

DÉFAILLANCE ET INVENTIONS DE L’ACTION SOCIALE

L’Harmattan, coll. « Logiques sociales », Paris, 2006, 315 p.,28,30 euros

Cet ouvrage est le fruit d’une collabora-tion entre deux équipes de recherche :l’équipe « Politiques et action sociales :acteurs et régulation » du laboratoireLise (UNIR CNAM/CNRS) et l’équipe« Expérience des personnes aux prisesavec l’action publique » du Centred’études de l’emploi. Au croisement dediverses disciplines (sociologie, maisaussi psychologie et linguistique), lestravaux des chercheurs interrogent lamise en œuvre actuelle des politiquessociales. Des études de cas montrentles limites de ces politiques, confron-tées à la montée de la pauvreté et auxnouvelles formes d’exclusion : la dis-tance se creuse entre l’action sociale etles publics qu’elle devrait soutenir.Mais, de ce fait même, les populations,méconnues tant comme sujets qu’ac-teurs, développent des stratégies, indi-viduelles ou collectives, qui constituentun travail d’invention de la société. Lescontributions sociohistoriques qui pré-cèdent l’exposé des recherches empi-riques réunies dans ce volumepermettent de situer ce mouvementd’invention du social dans la durée.Aujourd’hui comme hier, la société secrée à partir des manques caractérisantl’action en direction des populations lesplus fragiles. Les attaques suscitéespar les défaillances des politiques, lesefforts pour combler leurs manques,

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS

Page 13: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE font surgir de nouveaux acteurs et for-gent de nouvelles conceptions. C’est

dire que cet ouvrage, tout autant qu’aumonde académique, s’adresse aux pro-fessionnels du social et aussi aux déci-deurs qui devraient y trouver matière àalimenter leur action.

Anne Dhoquois

BANLIEUES CRÉATIVES : 150 ACTIONS DANS LES QUARTIERS EN FRANCE

Autrement, Paris, 2006, 208 p., 15 euros

Au-delà des événements dont la ban-lieue a été le théâtre à l’automne 2005,au-delà de l’image négative dont ellesouffre, au-delà de la stigmatisation deses habitants, si les quartiers étaientavant tout un lieu propice à l’innovationsociale ? Porteurs de projet en toutgenre y développent en effet une créa-tivité hors du commun pour faire faceaux difficultés sociales ou écono-miques, mais aussi pour valoriser unerichesse humaine trop peu considéréepar l’ensemble de la société. Ce livre-enquête se veut un outil de travail pourceux qui vivent dans ces quartiers ets’engagent sur tous les fronts pour yaméliorer le quotidien, mais aussi unesource d’informations originales,variées et grand public pour ceux quiveulent changer leur regard :150 monographies, des portraits, desfiches-action, un lexique et des index.Pour agir, reproduire, réfléchir… etcomprendre !

Jean-Claude Gillet

L’ANIMATION EN QUESTIONS

Érès, coll. « Trames », Ramonville Saint-Agne, 2006, 221 p.,13 euros

Cet ouvrage a été écrit en pensant auxquestions souvent répétées que lesquelque 6 000 animateurs rencontréspar l’auteur depuis plus de dix ans n’ontpas manqué de lui poser de façon trèsrégulière. Peu à peu, le schéma de sesréponses s’est construit autour dequatre enjeux de cette profession : laquantification des animateurs – il existeaujourd’hui suffisamment de statis-tiques en la matière pour lever beau-coup d’ambiguïtés concernant lechamp des animateurs professionnels ;le point sur la perte des valeurs dites« historiques » chez les animateursd’aujourd’hui ; les nouveaux métiers quientrent (ou ont tenté d’entrer) enconcurrence avec les animateurs pro-fessionnels ; les rapports difficiles entretravail social et animation. Jean-ClaudeGillet synthétise les courants sociolo-giques actuels et développe une visionengagée et personnelle des différentesfacettes de ce métier (quartiers, hôpital,établissements pour personnes âgéesou handicapées…). Sa conception del’animation est politique : quel que soitson statut, l’animateur a pour rôle dedévelopper les compétences psychoso-ciales de l’individu acteur, c’est un vec-teur de changement, de transformationsociale, un élément de « désordre »favorisant le développement de la créa-tivité, et qui provoque souvent la résis-tance des institutions. Cet état deslieux constitue une réflexion stimulantesur ce métier qui suscitera sûrement ledébat et pose implicitement la questionde son devenir.

154

Page 14: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 155

Corinne Chaponnière, Martine Chaponnière

LA MIXITÉ : DES HOMMES ET DES FEMMES

Infolio, coll. « Illico », Gollion (Suisse), 157 p., 11 euros

Vivre ensemble ou séparés, établir desrapports de collaboration ou de sujé-tion, jouer des rôles complémentairesou parallèles : nos sociétés règlent demanière variable la question des rela-tions entre les hommes et les femmes.Ce livre propose une synthèse desavancées et des reculs de la mixitédepuis la Renaissance. Il examine lamanière dont elle s’inscrit dans lasociété, l’éducation, le travail et la poli-tique, à travers des expériences pion-nières, des progrès et des régressions.L’ouvrage montre comment la mixités’articule sur une série de valeurs qui luisont proches : l’égalité, la liberté, la laï-cité et la civilité.

Vincent Delahaye, Robert Rochefort

PROMESSES DE BANLIEUE

L’Aube, La Tour-d’Aigues, coll. « Monde en cours – essai »,2006, 220 p., 18 euros.

L’image de la banlieue est mal enpoint : insécurité, chômage, violence,dégradations… Tous ces qualificatifssont aujourd’hui de véritables clichés.Les événements de novembre 2005n’ont rien arrangé, ils ont au contraireaccentué cette perception. Il suffit delire n’importe quel article pour retrouverles mêmes excès : les banlieues flam-bent, l’insécurité y règne en perma-nence, le banlieusard est un« sous-citoyen ». La banlieue repré-sente une zone de non-droit où lesjeunes n’ont aucun avenir. Trop, c’esttrop ! On ne peut plus accepter ces sté-réotypes, on ne peut plus vivre avecces principes manichéens. Pour

Vincent Delahaye, maire de banlieue, etRobert Rochefort, sociologue, la coupeest pleine. Dans ce livre, ils donnentune autre image de la banlieue, beau-coup plus pragmatique et optimiste. Ilsallient leurs expériences, à la fois diffé-rentes et complémentaires : le terrainet la réflexion. Au cours d’un voyage àtravers la banlieue, ils portent un regardréaliste, sans complaisance, et sansméconnaître les problèmes pour les-quels ils proposent des solutions.Maintenant, il est temps de parler de labanlieue qui gagne, de son potentiel, desa perspective d’avenir pour les jeunes.La banlieue est un vivier où l’espritd’entreprise se développe, où vivreensemble et intégration ont déjà acquisun véritable sens.

Jacques Vauthier, Cyril Duchamp

AU SECOURS ! LA GÉNÉRATION INTERNET ARRIVE…

Eska, Paris, 2006, 121 p., 25 euros.

Voici qu’apparaît une nouvelle généra-tion que l’on pourrait appeler la « géné-ration Internet ». Des 500 ordinateursde l’an 1983 qui étaient connectés,nous sommes passés à plus de300 millions avec un bon milliard d’utili-sateurs. La France comptait plus de25 millions de personnes qui se sontbranchés sur la toile en 2005 dont 85 %de jeunes de moins de 25 ans. Quoioffrir à ces générations qui sont si àl’aise sur Internet pour discuter enligne, télécharger de la musique, secréer des blogs dont certains ont unvéritable succès ? Ne sommes-nouspas confrontés à une rupture dans laconstitution des connaissances pources jeunes générations qui pensentautrement à partir de la masse d’infor-mations qui leur est proposée ? Les

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS

Page 15: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE USA ont commencé une formidableréadaptation de leurs méthodes péda-

gogiques en lien avec l’utilisation desdonnées disponibles sur la toile.L’Angleterre équipe toutes ses classesélémentaires de tableaux interactifspermettant non seulement de montreren direct aux petits élèves des res-sources numériques disponibles sur lessites mais aussi de faire des testsd’évaluation avec ces mêmes boîtes devote que l’on voit lors des débats télé-visés, laissant ainsi au placard les bonsvieux tableaux noirs. Au-delà de cesdonnées locales, nous assistons à unevéritable géopolitique des réseaux per-mettant des formations à distance dontle poids économique ne cesse decroître, comme l’avait prédit le cabinetMeryl Lynch en l’an 2000. Les entre-prises sont, de fait, en train de serecomposer autour de cette mondialisa-tion des compétences. Les pays qui ontparié sur ces nouvelles technologies del’information et de la communicationvoient leur dynamisme économique sedévelopper à grande vitesse. L’Afriquepeut, en particulier, faire un saut tech-nologique qui laissera au rang de mau-vais souvenir l’état de ses universités,délabrées, et son isolement scienti-fique. Oui mais comment prendre encompte ces nouvelles donnes généra-tionnelles ? Où en est la réflexion surces contraintes de la mondialisation oùles entreprises de services peuvent tra-vailler 24 h sur 24 grâce au décalagehoraire… ? Comment aider la « généra-tion Internet » à s’insérer dans une nou-vel ordre mondial ? Tel est le but de cetouvrage : amener le grand public à uneprise de conscience de cette nouvelleréalité qui éclaire singulièrement lesangoisses des jeunes.

Claude Dilain

CHRONIQUE D’UNE PROCHE BANLIEUE

Stock, Paris, 2006, 228 p., 16,50 euros

C’est à Clichy-sous-Bois, à l’automne2005, après la mort tragique de deuxadolescents, que les émeutes qui ontébranlé la France ont vraiment com-mencé. Les images des affrontementsavec la police et des voitures calcinéesont fait le tour du monde. Mais quiconnaît vraiment Clichy-sous-Bois ?Claude Dilain est maire de cette com-mune depuis 1995. Né à Saint-Denisd’une famille modeste, c’est à Clichyqu’il s’installe comme pédiatre et qu’ildécouvre la violence du combat poli-tique lors de campagnes électoraleshouleuses. Loin des clichés, il évoque lecourage et la dignité des habitantsd’une des villes les plus pauvres deFrance. Il exprime la colère et le déses-poir d’une population abandonnée par laRépublique. N’est-il pas temps de chan-ger notre regard sur ces banlieues, siproches et si lointaines, dans lesquellesse concentrent tous les maux de notresociété, se demande Claude Dilain.Cette chronique du quotidien est untémoignage émouvant et passionné.Celui d’un homme amoureux de sa ville,qui croit profondément aux valeurs de laRépublique. Au-delà de la crise des ban-lieues, il nous alerte sur le discrédit quitouche nos institutions. Un livre essen-tiel pour comprendre les enjeux poli-tiques et humains des débats à venir.

Caroline Glorion, Ludovic Aubert

ÉCOUTEZ-NOUS !

Plon, Paris, 2006, 166 p., 17,50 euros

« Ali est mort. C’était un de noscopains. Poursuivi par les flics, chute de

156

Page 16: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 157

Mobylette… Ils lui ont roulé sur la tête !La nouvelle se répand comme une traî-née de poudre. Je sens que ce soir il vay avoir du grabuge. J’ai 16 ans. J’habiteà la cité des 4 000 à La Courneuve.Nous sommes en 1986. Vingt ansaprès, la même violence embrase lescités. La même rage, la même haine del’État, des institutions, précipitent descentaines de jeunes dans la rue faceaux forces de l’ordre. Derrière les voi-tures qui brûlent, il y a des gars commemoi. J’ai 36 ans aujourd’hui, et j’aipassé pas loin de dix ans derrière lesbarreaux. Si ma révolte est toujourstenace, j’ai pris du recul et j’ai envie deraconter ce que nous vivons. Vousapprendrez à nous connaître.L’engrenage, la spirale de la violence etde l’exclusion, l’échec scolaire, l’insalu-brité des prisons, le chômage de nosparents, la démission des responsablespolitiques, l’intoxication intégriste oufrontiste qui côtoie celle du hasch ou ducrack qui inonde les cités. Vous décou-vrirez nos codes, nos valeurs, notre étatd’esprit, notre haine et notre détresse,nos ambitions et nos rêves… Je veuxraconter pour éclairer les événements,donner des clefs pour comprendre etréfléchir tout haut à ma propre respon-sabilité. Alors… Écoutez-nous ! »Ludovic Aubert a grandi en cité.Violence, délinquance, prison, errance.Aujourd’hui, il travaille à la communautéEmmaüs de Pau. Caroline Glorion, jour-naliste et réalisatrice, travaille à l’unitéDocumentaires de France 2. Elle ren-contre Ludovic Aubert dans le cadred’un reportage. Un long compagnon-nage de presque vingt ans leur permetde tisser des liens étroits et confiants.Lors des visites au parloir, dans les pri-sons où Ludovic sera incarcéré, naîtl’idée de ce récit.

Marc Hatzfeld

LA CULTURE DES CITÉS : UNE ÉNERGIE POSITIVE

Autrement, coll. « Frontières », Paris, 2006, 105 p., 13 euros

Les cités de la banlieue ne se réduisentpas aux problèmes qu’elles posent…Elles s’offrent aussi comme unerichesse potentielle pour la collectivité.Ressource d’initiatives économiquesadaptées à des niches inexploitées, res-source d’énergie entrepreneuriale, res-source de transgression des idéesreçues, ressource de débrouillardise etd’audace à tous les niveaux, ressourced’inventivité finalement. Il s’y produit lemeilleur et le pire, selon le point de vueou la morale de chacun, mais il s’y pro-duit des idées, des langages, desmusiques, des familles, des métis-sages, des ruptures, des valeurs, desmœurs nouvelles. En ethnologue, MarcHatzfeld invite à ajuster notre regard,sans angélisme, sans prétendre àquelque vertu intrinsèque de la traditionpopulaire ou du supposé exotisme eth-nique. L’enjeu est ici d’inciter à l’usageet au partage de la culture des cités.

Zlata Filipovic, Mélanie Challenger

PAROLES D’ENFANTS DANS LA GUERRE :JOURNAUX INTIMES D’ENFANTS ET DEJEUNES GENS 1914-2004

XO, Paris, 2006, 453 p., 19,90 euros

Tous les jours, nous voyons les ravagesde la guerre à la télévision. Nousvoyons, mais nous ne voulons pas vrai-ment savoir. Ces enfants, eux, ont vécula guerre. Leurs journaux sont boulever-sants. « Je pensais que la guerre n’arri-vait qu’aux autres. Mais elle allait entrerdans ma vie sans prévenir, et mon journal serait un journal de guerre. »

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS

Page 17: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE Zlata avait 11 ans, et son journal a bou-leversé le monde entier. Aujourd’hui, à

25 ans, Zlata n’a rien oublié, et elle avoulu faire entendre la voix d’autresenfants qui, pris dans la guerre, se sontconfiés à un journal. Dans une cavesans eau ni électricité, séparés desparents, avalant des souris pour sur-vivre, s’endormant au son des sirènes,réveillés par le fracas des bombes, aumilieu de blessés et de mourants,Piete, Nina, Inge, Gunner, Hans, Sheila,Stanley, Yitskhok, Clara, Ed, Zlata,Shiran, Mary et Hoda ont vu, un jour,leur vie basculer. La guerre est arrivéechez eux, leur volant leur enfance. Lesballes ont tué ceux qu’ils aimaient, lesprivant de leur famille, de leurs amis, et,parfois, de leur avenir, les forçant àdevenir adultes avant l’heure. Cesparoles d’enfants dans la guerre consti-tuent un témoignage exceptionnel. Del’Allemagne de 1914 à l’Irak de 2004, ladouleur et la force qui émanent desjournaux sont les mêmes. Dans la vio-lence de la guerre, les enfants sontégaux. Et notre impuissance à empê-cher leur souffrance devient un renon-cement insupportable. Pendant deuxans, Zlata Filipovic et MelanieChallenger, de la fondation Mostar, ontcherché, lu, exploré des archives poursélectionner ces textes, inédits pour laplupart, introuvables pour les autres.L’émotion qui court sur ces pages, àtravers le XXe siècle et à travers lemonde, est intense, poignante.

Patrick Clastres, Paul Dietschy

SPORT, CULTURE ET SOCIÉTÉ EN FRANCE DU XIXE SIÈCLE À NOS JOURS

Hachette, coll. « Carré – Histoire », Paris, 2006, 254 p.,15,90 euros

Cet ouvrage explore deux aspectsimportants mais longtemps négligés del’histoire de la France contemporaine :le sport et, par extension, l’éducationphysique. Le pays de Pierre deCoubertin a compté parmi les acteursessentiels du sport moderne.Infatigables promoteurs du sport inter-national, inventeurs d’épreuvesconnues dans le monde entier commele Tour de France ou les 24 heures duMans, les Français ont donné naissanceà un modèle original d’organisationsportive, creuset pour certains de lanation française et dans lequel l’Étatjoue un rôle fondamental. C’est cetteoriginalité et son insertion dans l’his-toire de la France, son évolution socialeet culturelle, que le livre traite, en envi-sageant depuis la fin du XVIe sièclel’émergence d’une attention nouvelleau corps, pour arriver au sport contem-porain, miroir, dans l’âge de la consom-mation de masse, des dynamismes etdes contradictions de la société fran-çaise. L’ouvrage insiste aussi sur lesmoments fondamentaux que furentpour le sport la Belle Époque, le Frontpopulaire, le régime de Vichy ou laRépublique gaullienne. Il se veut enfinune synthèse des travaux universitairesproduits depuis vingt-cinq ans enFrance, accompagnée de documentsinédits.

158

Page 18: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 159

Catherine Nafti-Malherbe

LES DISCRIMINATIONS POSITIVES À L’ÉCOLE : ENTRE RELÉGATION ET SOCIALISATION

Cheminements, Coudray, 2006, 360 p., 22 euros

Ce livre retrace l’histoire de l’enseigne-ment spécialisé dans l’école publique etprivée, mais l’auteure a voulu aller au-delà de cette vision macrosociologiquepour relater la difficulté de coexister aujour le jour dans ces structures. Pourcela, elle a étudié deux sections d’en-seignement général et adapté pendantun an et interrogé les enseignants etles élèves. À la manière du sociologue,elle définit avec précision les relationsde violence et de violence symbolique,les rapports des dominations qui senouent et se dénouent sans que per-sonne ne perçoive réellement lesenjeux implicites et explicites qui sejouent dans ce monde scolaire. Elles’efforce de montrer la complexité desrelations qui résulte des changementsparadigmatiques dans la société sco-laire française.

Édith Tartar-Goddet

PRÉVENIR ET GÉRER LA VIOLENCE EN MILIEU SCOLAIRE

Retz, coll. « Éducation », Paris, 2006, 253 p., 17,50 euros

La violence scolaire est un thème d’unebrûlante actualité. Elle est la résultanted’une violence généralisée qui se mani-feste de différentes façons dans notresociété : violences familiales et rela-tionnelles, violences des médias, violences professionnelles et écono-miques, violences politiques… Ce livreaborde la violence scolaire sous l’anglerelationnel. Il s’adresse à tous ceux qui,dans les établissements, travaillent,

étudient, apportent leur aide, partici-pent à des actions contre la violence enespérant qu’elles auront des répercus-sions positives à l’extérieur des établis-sements. La prise en charge de laviolence consiste en effet, d’abord etavant tout, à poser des actes éducatifsqui participeront, de près ou de loin, àl’étayage et à la construction psychiqueet sociale des enfants et des adoles-cents. L’auteure met à jour les consé-quences directes et indirectes, visibleset sournoises de la violence sur les per-sonnes, les groupes, les établisse-ments afin de contrebalancer ces effetspar des conduites appropriées et desactions spécifiques. Les lecteurs trou-veront tout au long du livre desméthodes, des outils, des compé-tences, des savoir-être et des savoir-faire déjà expérimentés dans denombreux établissements et ayantmontré leur efficacité. Une vision forteet des pistes d’actions concrètes etmobilisatrices pour les professionnelset les parents.

Patrick Pelège, Chantal Picod

ÉDUQUER À LA SEXUALITÉ : UN ENJEU DE SOCIÉTÉ

Dunod, coll. « Enfances », Paris, 2006, 262 p., 25 euros

Contrairement aux idées reçues, l’en-trée privilégiée de l’éducation à lasexualité n’est pas que du côté de labiologie et de la prévention, mais ellese situe résolument du côté dessciences humaines. Il s’agit ici de sortirdes discours convenus, et particulière-ment de la vogue du dévoilement dusexe, de la technicité, de la commercia-lisation, pour comprendre et éclairerl’importance de l’éducation à la sexua-lité dans la construction de l’individu etde ses relations aux autres. Coécrit par

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS

Page 19: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE deux spécialistes très fortement impli-qués dans la réflexion sur l’éducation à

la sexualité en institution, l’ouvragetraite de ses aspects fondamentaux ensix chapitres qui abordent tour à tourune perspective anthropologique de lasexualité ; les modèles familiaux etsociaux qui balisent l’identité sexuelle ;la construction sociale de l’homophobieet du sexisme ; la place et la questiondes images et des représentationsmédiatisées, dont celles de la porno-graphie ; le développement psycho-sexuel de la naissance à l’âge adulte ;les enjeux relationnels et éthiques del’éducation à la sexualité. Le proposs’adresse aux professionnels de l’Édu-cation nationale, de l’éducation spéciali-sée, de la protection de l’enfance et del’adolescence, de l’éducation à la santéet de la réduction des risques sexuels.

Isabelle Méténier

HISTOIRE PERSONNELLE, DESTINÉE PROFESSIONNELLE : ENFANCE, ADOLESCENCE ET CARRIÈREPROFESSIONNELLE – LES LIENS INVISIBLES

Demos, coll. « Développement personnel », Paris, 2006, 160 p.,26 euros

Pourquoi sommes-nous attirés par unmétier plutôt qu’un autre ? Une bonnescolarité garantit-elle le bonheur au tra-vail ? En quoi notre histoire familiale a-t-elle une influence sur notre réussite etnos choix professionnels ? Nous pou-vons décider inconsciemment de« réparer » l’échec de nos parents enréalisant une « belle carrière » ou, à l’in-verse, rester dans un emploi sansenvergure pour ne pas les dépasser oureproduire leurs erreurs. Pourquoi ces différences de choix ? Et peut-on d’ailleurs parler de choix ? Il y a dans chaque famille des « mythes

professionnels ». Un travail peut nousaider à combler des carences affectives,ou au contraire à nous différencier d’unfrère, d’un parent qui fait référence pourla famille. Sans aucun doute, la vie pro-fessionnelle est le théâtre d’enjeux exis-tentiels plus importants que le simplefait d’avoir une sécurité financière. Celivre montre que nos choix se forgentsur des « fidélités inconscientes » à nosparents et nos aïeux, et que celles-ci ontune influence dans notre sentiment denous « accomplir » au travail.

Stéphanie Marteau, Pascale Tournier

BLACK, BLANC, BEUR… LA GUERRE CIVILEAURA-T-ELLE VRAIMENT LIEU ?

Albin Michel, Paris, 224 p., 16 euros

L’égalité républicaine : leurre ou réa-lité ? Malgré l’existence d’une HauteAutorité de lutte contre les discrimina-tions et pour l’égalité (HALDE) et lespromesses de la classe politique, lesrésistances restent vives : certainsn’admettent pas que la France, en semétissant, a changé. Pascale Tournieret Stéphanie Marteau ont enquêté surcette ségrégation qui ne dit pas sonnom. Des origines de la commissionStasi à l’ascension fulgurante de l’asso-ciation Ni putes ni soumises, les deuxjournalistes montrent commentmanœuvres d’appareil et conformismese conjuguent pour maintenir des situa-tions acquises, que ce soit dans les par-tis politiques, les médias, ou même lessyndicats dont le conservatisme en lamatière stupéfie. Une petite révolutionest pourtant à l’œuvre. Insensiblement,elle gagne les grandes entreprises,notamment sous l’impulsion de patronscharismatiques tels Claude Bébéar ou Yazid Sabeg. Mais il faudra encore beaucoup de protestations, de

160

Page 20: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 161

polémiques, mais aussi de lobbyingpour que l’ascenseur social passe d’unétage à l’autre.

Pascal Dreyer

ÊTRE BÉNÉVOLE AUJOURD’HUI :MOTIVATIONS - ENGAGEMENT -RECONNAISSANCE

Marabout, coll. « Vie quotidienne », Paris, 2006, 5,90 euros

Vous souhaitez devenir bénévole etrejoindre, comme près de dix millionsde Français, une association répondantclairement à votre désir d’engage-ment ? Cet ouvrage va vous être d’uneaide précieuse. Donner de son temps,partager affectivement et concrète-ment sa réalisation, prendre des responsabilités… Entre plaisir etcontraintes, l’engagement bénévolepose de multiples questions. Pour vousaider à y répondre et identifier la causequi vous touche et l’association aveclaquelle agir, ce guide vous propose :un panorama de la vie associative ; destémoignages de bénévoles de tousâges et statuts sociaux ; des conseilspratiques pour vous accompagner dansvos choix ; les principaux points juri-diques pour connaître vos droits.

Fadela Amara, Mohamed Abdi

LA RACAILLE DE LA RÉPUBLIQUE

Le Seuil, Paris, 2006, 17 euros

Trois ans déjà que, face aux violencesexercées contre certaines filles desquartiers, Fadela Amara lançait ce cri ducoeur : « Ni putes ni soumises. » Elleest alors devenue le symbole d’unféminisme d’urgence, d’un féminismepopulaire. Après la publication du Guidedu respect – immense succès –, voici

La racaille de la République, où, à partirde leurs origines, des souffrances pareux endurées, Fadela Amara etMohammed Abdi analysent et dénon-cent des situations d’injustice, dressentun constat de l’augmentation de l’in-égalité des chances, de la montée desviolences, de la difficulté à intégrer et àaccepter ces Françaises et ces Françaisqu’on continue encore à traiter commedes immigrés. Dénonçant les faux pro-phètes et la recrudescence de discoursreligieux où l’islam est détourné à desfins politiques, cartographiant la situa-tion dans certains quartiers où d’autreslois que celles de la Républiquerègnent, ils en appellent à une sociétéoù la loi, le droit et la justice nous per-mettraient de mieux vivre ensembledans le respect du bien commun ancrédans les valeurs de la République.

Sous la direction de Jean-Pierre Augustin,Observatoire national des métiers del’animation et du sport (ONMAS)

VERS LES MÉTIERS DE L’ANIMATION ET DUSPORT : LA TRANSITION PROFESSIONNELLE

La Documentation française, Paris, 2006, 280 p., 24 euros

La transition professionnelle vers lesmétiers de l’animation et du sport estdéjà largement engagée et l’on peutobserver une forte progression desemplois dans ces deux secteurs d’acti-vités depuis une vingtaine d’années.Cette transition, liée à l’émergenced’une société de loisirs, modifie le sta-tut socioprofessionnel des individus,les règles d’appartenance aux groupeset la hiérarchie sociale des goûts. À cetitre, l’action publique est face à deschoix politiques dans les domaines desloisirs, de l’animation et du sport. Lesenjeux de cette régulation distribuéeentre de multiples acteurs publics et

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS

Page 21: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

LIRE, FAIRE LIRE privés appellent à un effort d’analyse,de coopération et de coordination.

Malgré de multiples initiatives, forceest de constater que la plupart desactions visant à connaître les branchesanimation et sport ne permettent pasaujourd’hui d’avoir une évaluation suffi-samment précise de l’emploi, de sesmécanismes d’évolution et de ses rela-tions complexes avec les formationsinitiales ou continues. Afin de dépasserune mosaïque de dispositifs et de pro-poser une organisation susceptible deproduire des études, l’ONMAS a étécréé en avril 2002. Après une évocationhistorique de l’émergence d’unesociété de loisirs et des prémices de laprofessionnalisation de l’animation etdu sport, cet ouvrage propose – au-delàde ses rapports annuels d’activités, col-loques et études – une réflexion appro-fondie dans le champ concerné et seveut une entrée en matière pour com-prendre comment s’organisent lesnégociations autour de la constitutiondes métiers de l’animation et du sport.

Henri Eckert

AVOIR VINGT ANS À L’USINE

La Dispute, coll. « Essais », Paris, 2006, 218 p., 18 euros

Parmi les jeunes hommes de 15 à29 ans en emploi en France aujourd’hui,un sur deux est ouvrier ! Ainsi le groupeouvrier, vieux par son histoire, est-iljeune, de la jeunesse de ceux qui, ausortir de l’école, entrent à l’usine.S’appuyant sur de nombreux récits dejeunes ouvriers, recueillis en milieuindustriel ou lors d’entretiens hors del’usine, Henri Eckert reconstitue le récitglobal des moments essentiels de l’en-trée dans la condition ouvrière aujour-d’hui. On suit donc ces « simplesouvriers », comme ils disent, depuis le

temps d’avant, celui de l’école, jusqu’àl’entrée à l’usine, de l’apprentissage dutravail industriel à la soumission à la dis-cipline qu’il requiert. On accède à laquotidienneté de l’usine où ces jeunesproduisent sous surveillance. Puis l’au-teur nous invite à quitter les atelierspour aborder quelques aspects de la vieouvrière hors travail, du loisir jusqu’àl’investissement dans la maison et lavie familiale. Henri Eckert, fils d’ouvrier,enseignant puis conseiller d’orientationpsychologue, aujourd’hui sociologue auCEREQ à Marseille, nous fait pénétrerdans la réalité de l’usine et de la cultureouvrière contemporaine. À travers l’his-toire de ceux et celles qui y consacrentleurs forces, il nous raconte l’aventurede la production des biens matérielsavant qu’ils nous apparaissent sous laforme abstraite de marchandises surles rayons des temples de la consom-mation postmoderne.

Catherine Tricot

J’AI 18 ANS : LE GUIDE DE MES DROITS

La Dispute, coll. « Chroniques », Paris, 149 p., 16 euros

Ce guide coordonné par Katia Meimounet sous la direction de Catherine Tricot,est un outil pédagogique permettant defaire connaître le droit, et ses limites,aux jeunes générations. Alors que denombreux pédagogues en appellentaujourd’hui à une meilleure inscriptionde l’éducation civique et juridique dansles établissements scolaires (voir lenuméro du Monde de l’éducation del’été 2006) et que le ministère de l’Édu-cation nationale instaure les prémicesd’une « culture humaniste » aux élèvespar le biais d’initiation à la culture juri-dique, à la sociologie et l’anthropologie,à l’histoire de l’art, et à la culture scien-tifique, ce guide présente de manière

162

Page 22: Trouble Dans Le Genre - Judith Butler

N° 41 AGORA * DÉBATS/JEUNESSE 163

ludique les droits qui s’appliquentaujourd’hui en France aux personnesvivant sur ce territoire, quelle que soitleur nationalité. Des droits à la citoyen-neté, à ceux du travail, de la famille, dela formation aux lois de protection desindividus, des droits de l’enfant, ducorps et celles concernant la vie quoti-dienne (passer son permis de conduire,les assurances, le logement…), lesinformations sont nombreuses, organi-sées de façon thématique et donc clai-rement accessibles. Un recueil utile auxformateurs et animateurs, enseignantset pédagogues, aux parents et aux res-ponsables d’institutions de jeunesse,autant qu’aux jeunes.

LIRE, FAIRE LIRE*

PARUTIONS